Du Droit A La Philosophie PDF
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à
la philosophie
JacquesDerrida
galilée
JACQUES DERRIDA
Du droit
à la philosophie
GALILÉE
Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation
réservés pour tous les pays, y compris l'URSS.
© Éditions Galilée, 1990
9, rue Linné, 75005 Paris
A Jean-Luc Nancy
tient en réserve, les capitalisant ainsi dans ses plis, prêt à les
faire valoir et plus, une multiplicité de sens possibles.
On devrait commencer par dêcapitaliser. Il faudrait employer
ou déployer ces significations. Mais si cette forme, Du droit à
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garde la mémoire, certes, elle est faite pour cela. Elle monu-
mentalise les noms et les titres, ceux qu'elle a donnés, ceux de
qui elle a reçu le sien.
Mais à son corps défendant, il peut toujours lui arriver autre
chose, et la structure de son espace même en est affectée. Elle
peut d'abord oublier ses propres élus : on sait qu'elle en perd
parfois le nom dans des profondeurs de plus en plus inacces-
sibles. Et cette sélectivité signifie d'abord, sans doute, la finitude
d'une mémoire institutionnelle. Toutefois le paradoxe est ail-
leurs, même s'il est aussi l'effet d'une finitude essentielle : ce
qu'on appelle une institution doit parfois garder la mémoire
de ce qu'elle exclut et tente sélectivement de vouer à l'oubli.
La surface de son archive est alors marquée par ce qu'elle tient
au-dehors, expulse ou ne tolère pas. Elle prend la figure inversée
du rejet, elle se laisse dessiner par cela même qui la menace
ou qu'elle ressent comme une menace. Pour s'identifier, pour
être ce qu'elle est, pour se délimiter elle-même et se reconnaître
dans son nom, elle doit épouser son adversaire en creux, si on
peut dire. Il lui faut bien en porter les traits, voire en supporter
le nom comme une marque négative. Et il arrive que l'exclu,
celui dont les traits sont lourdement gravés dans le creux de
l'archive, imprimés à même le support ou la surface institu-
tionnelle, finisse par devenir à son tour le subjectile qui porte
la mémoire du corps institutionnel. Cela vaut pour la violence
fondatrice des États, pour les nations et les peuples qu'elle ne
manque jamais d'opprimer ou de détruire - et cela n'a jamais
lieu une fois pour toutes mais doit nécessairement se continuer
ou se répéter selon des processus et des rythmes divers. Mais
cela vaut aussi, à une échelle apparemment plus modeste, pour
les institutions académiques, la philosophique en particulier.
De plus, l'exemple académique suppose, structurellement,
l'exemple politico-étatique. Pour rester hors de France et dans
le passé, disons que l'Université de Francfort, ce n'est pas
seulement, mais c'est aussi l'institution qui refusa de conférer
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1. Cette remarque est développée plus bas, dans Popularités..., p. 525 sq.
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loi [nach dem Gesetz — qui signifie aussi l'être devant la loi, Vor
dem Gesetz, de chacun, un être-devant-la-loi à la fois moral et
juridique, donc, et donc aussi antérieur à cette distinction entre
les deux lois]; mais pour déterminer par là l'arbitre, il ne peut
ni ne doit, s'il doit être pur, s'appuyer sur cette conscience en
tant que mobile, mais il doit au contraire s'établir sur le principe
de la possibilité d'une contrainte externe, qui puisse se concilier
avec la liberté de chacun suivant des lois universelles. »
Cette conscience (exclue comme « mobile » du droit) est
néanmoins la conscience du droit strict. Est-ce une conscience
morale ou une conscience juridique? La conscience de l'obli-
gation est déjà juridique et encore morale. C'est elle qui « fonde »
le droit strict, mais Kant suggère qu'elle n'appartient pas à
l'ordre de ce qu'elle fonde. Le fondement du droit strict ne
serait pas juridique. Non pas au sens où l'on pourrait dire,
selon un geste heideggerien, que la juridicité du droit ou
l'essence du droit n'a rien de juridique (avec toutes les consé-
quences didactico-institutionnelles qui peuvent s'ensuivre) mais
au sens où l'être droit du droit, c'est son droit (moral et
juridique) à être droit : ordre de la loi et non de l'être. Question
de stricture ¹.
La possibilité d'une analogie entre le droit et la rectilinéarité
a un rapport étroit avec la pédagogie, même si ce rapport
paraît principiel et virtuel. Il s'agit en effet de la présentation
(Darstellung) d'un concept, de sa présentation dans une intui-
tion pure et a priori mais suivant une analogie. Kant vient
(avant la Remarque, précisément) de définir le « droit strict » :
« la possibilité d'une contrainte réciproque complète s'accordant
avec la liberté de chacun suivant des lois universelles » (§ E).
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1. P. 110-111.
2. Je renvoie une fois encore à « Lapsus Judicii » (dans L'impératif
catégorique, notamment p. 50-51). Nancy y décrit remarquablement la
doublure ou le doublement qui m'importe ici : « Tel est le sens proprement
juridique (ni fondateur, ni explicatif, ni interprétatif, ni vérificateur, ni
relevant — mais doublant tous ces sens, ou, comme on dit en navigation,
les remontant au plus près...) de la question critique : " Comment des
jugements synthétiques a priori sont-ils possibles? " » (p. 51). Je crois qu'il
faut donc préciser ceci : en raison de cette doublure ou de cet effet de
double, l'hégémonie du juridique consiste précisément dans l'effacement ou
plutôt dans le re-trait du « proprement juridique ». Ou encore : si l'on veut
absolument qu'il y ait du proprement juridique dans ces conditions, c'est à
la condition qu'il ne soit plus strictement juridique, etc.
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juillet-août 1990.
[On en aura plus d'un signe : ces notes n'étaient pas destinées, comme
on dit, à la publication.
Rien pourtant ne devait les tenir celées. Quoi de plus public, au
principe, et de plus montrable qu'un enseignement ? Quoi de plus exposé,
sinon, comme c'est ici le cas, sa mise en scène ou remise en question?
C'est pourquoi, première raison, j'ai accepté la proposition qui m'a été
faite de reproduire ces notes sans la moindre modification.
Il y aura fallu d'autres raisons puisque j'ai longtemps hésité. Que
pouvait en effet signifier le fragment (plus ou moins arbitrairement cadré,
au * massicot ») d'une seule séance, la première de surcroît, plus que
d'autres marquée par les insuffisances, les approximations, la généralité
programmatique énoncées devant un auditoire plus anonyme et indéter-
miné que jamais? Pourquoi cette séance plutôt qu'une autre, et pourquoi
mon discours continu plutôt que d'autres, plutôt que les échanges critiques
qui s'ensuivirent? Je n'aurais pu arrêter une réponse à ces questions
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1. Voir Appendice.
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1. [P. 82].
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1. [Ibid., p. 82].
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Je n'ai pas cité ce long texte pour jouer avec son actualité;
ni seulement pour y relever toutes les lignes de clivage qui
toujours, et toujours de façon spécifique, partagent un champ
de lutte incessante quant à l'institution philosophique. Mais
aussi pour anticiper un peu, Condillac s'oppose à une institution
à partir d'une autre institution, d'un autre lieu institutionnel
(les académies), et il le fait au nom d'une philosophie qui
inspirera massivement les projets pédagogico-philosophiques de
la Révolution et de l'après-Révolution (l'épisode proprement
révolutionnaire, nous le verrons se réduire à presque rien). Il
s'agira donc là d'un enjeu central, visible ou dissimulé, de
toute l'histoire politico-pédagogique du XIXe siècle à nos jours.
Nous en aborderons bientôt directement l'analyse. D'allure
révolutionnaire ou progressiste au regard d'un certain corps
enseignant, le discours de Condillac représente déjà un autre
corps enseignant en formation, une idéologie (idéologique) en
passe de devenir comme on dit dominante, promise elle-même
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1. [lbid., p. 237].
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Il n'y aura pas d'État politique fixe, s'il n'y a pas un corps
enseignant avec des principes fixes. [...] Il y aurait un corps
enseignant, si tous les proviseurs, censeurs et professeurs de
l'Empire avaient un ou plusieurs chefs, comme les Jésuites
avaient un général, des provinciaux; [...] Si l'on jugeait qu'il
fût important que les fonctionnaires et professeurs de lycée ne
fussent pas mariés, on pourrait arriver à cet état de choses
facilement et en peu de temps [...] le moyen d'obvier à tous
les inconvénients serait de faire une loi du célibat pour tous
les membres du corps enseignant, excepté pour les professeurs
des écoles spéciales et des lycées et pour les inspecteurs. Le
mariage dans ces places ne présente aucun inconvénient. Mais
les directeurs et maîtres d'étude des collèges ne pourraient se
marier sans renoncer à leur place. [...] Sans être lié par des
vœux, le corps enseignant n'en serait pas moins religieux.
[Instructions à Fourcroy.]
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que quand je dit je, vous ne savez plus, déjà, qui parle et à
qui je renvoie, un je renvoie, s'il y a ou non signature d'en-
seignant, puisque je prétends aussi décrire en termes d'essence
l'opération du corps anonyme en transit enseignant - feignent
de supposer ou de faire croire que mon corps n'y est pour
rien : il n'existerait, il ne serait là que pour représenter, signifier,
enseigner, délivrer les signes de deux autres corps au moins.
Lesquels [...].
APPENDICE
AVANT-PROJET
POUR LA CONSTITUTION D'UN GROUPE DE RECHERCHES
SUR L'ENSEIGNEMENT PHILOSOPHIQUE
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MODES DE FONCTIONNEMENT DU GREPH (statuts)
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1. [Voir p. 148].
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scène que vous croyez voir vous serait, pour l'essentiel dirait-
il, indéchiffrable.
Il a cinquante-deux ans, il parle de ses onze ans. Il était
déjà philosophe. Mais comme tout le monde, n'est-ce pas.
Enfin pas encore philosophe car, voir le corpus des œuvres
complètes de la maturité, ce déjà aura été un pas-encore.
On n'aura rien compris, pour l'essentiel dirait-il, à l'âge (par
exemple de Hegel) si l'on ne pense pas d'abord la structure
conceptuelle, dialectique, spéculative, de ce déjà-pas-encore. A
quelque âge que ce soit, singulièrement et par excellence celui
de la philosophie ou pour la philosophie.
Tout de même, quelle scène, cet Ecce homo sous pli minis-
tériel. Il doit bien y avoir assez de force, sous le dérisoire, pour
qu'à la fin du même siècle, appartenant assez au même âge
pour s'expliquer sans cesse avec lui, un autre Ecce homo en fasse
son adversaire à peu près principal.
A l'abri du déjà-pas-encore, la confidence autobiographique
manoeuvre l'anecdote en vue de la démonstration. Elle entraîne
l'événement de l'âge comme une figure dans la phénoménologie
de l'esprit, un moment dans la logique. L'album de famille est
ouvert au bon endroit pour le ministre. Auquel il aura beaucoup
parlé de sa vie privée, on devra le préciser. Ouvert au bon endroit
mais de telle sorte qu'aucune illustration ne soit détachable de
l'interminable et continu discours philosophique qui ouvre pré-
cisément l'album, qui vient sourdre de dessous chaque image.
La scène, précisément, est difficile à voir au moment où on sous-
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1. [Ibid., p. 120].
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1. [Ibid., p. 120-123].
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L'HERITAGE DE HEGEL
ET L'AVENIR DE SON ÉTABLISSEMENT
1. [lbid., p. 6].
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pour des voyages, 300 thalers pour l'année écoulée, 300 pour
l'année en cours, etc.). Pour obtenir ces « gratifications extra-
ordinaires », il avait dû faire auprès du chancelier Hardenberg
l'éloge philosophique et politique de Hegel, l'éloge de son
influence politique et non seulement de sa philosophie politique.
De son influence politique, dans une situation difficile, sur un
milieu d'étudiants en pleine agitation. Altenstein sait ce qu'il
faut dire, même si ce qu'il pense est plus compliqué :
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1. [lbid., p. 276].
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rappelle que j'ai encore entre les mains des billets de loterie
de l'emprunt bavarois, sur le destin desquels je n'ai rien appris
depuis [...]. Je me permets de noter leurs numéros sur la petite
feuille ci-jointe et de prier votre fils - puisqu'il travaille dans
l'administration des Finances - de prendre à ce sujet des
renseignements [...]». Puis il évoque la difficulté à être approuvé
en matière de philosophie, de théologie, de christianisme :
«... c'est en appliquant les concepts et la raison aux matières
concernant l'État qu'on y parvient le plus mal [à recevoir cet
assentiment]; mais j'ai moi-même déjà expressément témoigné
que je ne voulais pas y parvenir mieux avec notre bande
d'apôtres de la liberté. Mais on ne doit pas davantage se soucier
de ceux qui sont de l'autre côté ¹. »
Et de fait, si par son comportement politique aussi bien que
par sa philosophie politique, Hegel semble soutenir l'État contre
la « bande » des « démagogues », ce soutien est conditionnel,
complexe, et toute une réserve stratégique peut faire passer
Hegel pour un ennemi aux yeux de ceux « qui sont de l'autre
côté ». De cette réserve stratégique, du recours qu'elle peut
trouver dans le système de la philosophie du droit, des effets
concrets qu'elle eut dans le champ politique d'alors, nous avons
beaucoup de signes. Pour des raisons évidentes, nous devrons
nous limiter, tout à l'heure, à ceux qui sont lisibles dans la
Lettre sur les lycées 2.
Ecce homo, c'est moi entre onze et treize ans. Celui qui dit
cela n'est pas seulement un homme mûr et qui pense déjà à
la mort, à la Caisse des veuves de l'Université et à l'après-
Hegel (aura-t-il jamais pensé à autre chose?). C'est le Hegel
philosophe qui n'est pas un adulte comme les autres, un homme
1. [Ibid., p. 282].
2. Une fois de plus, et pour mesurer toute la complexité de cette stratégie,
toutes les contraintes avec lesquelles sa ruse a dû compter, je renvoie à
Jacques d'Hondt, Hegel et son temps, notamment à la partie sur Les
démagogues et au chapitre sur Hegel clandestin.
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Hegel joue, comme tous les enfants sans doute, mais joue ici
le rôle d'une figure ou d'un moment dans la pédagogie de
l'esprit. Puis l'anecdote est au service d'une thèse, elle doit
emporter une conviction et entraîner des décisions politiques.
Elle se justifie, effaçant ainsi sa singularité anecdotique, d'une
vieille expérience commune (die allgemeine ältere Erfahrung).
C'est l'expérience commune qui atteste que cet enseignement
n'excède pas la force intellectuelle (Fassungskraft) des lycéens.
Enfin cette capacité, dont témoigne le petit Hegel de onze ans,
ce n'est pas encore la capacité philosophique proprement dite,
la capacité spéculative, c'est la mémoire, la mémoire de certains
contenus sans vie, de contenus de l'entendement, de contenus
qui sont des formes (définitions, règles et figures de syllogismes).
Et ce pas-encore propage ses effets sur toute la lettre, sur toute
la machinerie pédagogique que Hegel propose au ministre. Ce
pas-encore du déjà, nous le verrons, interdit cela même qu'il
paraît favoriser, à savoir l'enseignement de la philosophie dans
les lycées.
Quand Hegel dit qu'il se souvient encore de l'idea clara et
de la syllogistique, on y perçoit, mêlées, de la coquetterie
(raffinement et radotage, puérilité jouée du grand mathémati-
cien qui ferait semblant de s'étonner de connaître encore ses
tables de multiplication), une certaine tendresse affectée pour
ce reste d'enfant en lui, de l'ironie surtout dans le défi lancé
à la modernité pédagogique, « défi lancé aux préjugés actuels
sur la pensée par soi-même, l'activité productive... » ¹. Et quoi
de plus actuel (aujourd'hui encore, l'âge de Hegel aura bien
duré) que cette monotone modernité pédagogique qui s'oppose
à la mémoire mécanique, à la mnémotechnique au nom de la
spontanéité productive, de l'initiative, de ce qu'on découvre par
soi, de façon vivante, etc.? Mais l'ironie de Hegel est double :
il sait qu'ailleurs il s'en est pris au formalisme mnémotechnique
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1. Op. cit., p. 9 : « [...] celle qu'il publie, qu'il expose aux attaques des
ennemis et qui franchit, péniblement, le barrage de la censure; [...] celle
que ses amis et disciples intelligents lisent entre les lignes... complétant
par les indications orales [...], et en tenant compte des inflexions que lui
imposent des événements, des incidents, une législation qu'ils subissent
également. Et puis, [...] la philosophie du droit dont Hegel suit effectivement
les maximes, [...] comment il traite les institutions positives dont il élabore
la théorie : le métier et le gain, le mariage et la famille, la société civile,
l'administration, l'État - et aussi comment elles le traitent. »
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1. [Ibid., p. 67].
2. [Ibid., p. 69. Souligné par Hegel].
3. [Ibid., p. 70].
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2. [Ibid., p. 70-71].
3. [Op. cit., p. 360-361].
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LA PHILOSOPHIE REFOULÉE
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La philosophie et ses classes
lit
LES DEFENSES DE LA PHILOSOPHIE
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La philosophie et ses classes
L'AGE DE LA PHILOSOPHIE
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LE FRONT AUJOURD'HUI
* La Nouvelle Critique, 84, mai 1975, 85, juin 1975. [Repris dans
Greph, Qui a peur de la philosophie ?]
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Les corps divisés
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Philosophie des États Généraux
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Philosophie des États Généraux
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Philosophie des États Généraux
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Philosophie des États Généraux
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Qui a peur de la philosophie?
(Je passe la parole à Roland Brunet. J'ai dit tout à l'heure que
les États Généraux devaient n'appartenir et ne revenir à personne,
et je le répète, mais je ne sais pas si je me contredirais en disant
néanmoins que sans Brunet je ne suis pas sûr que ces États Généraux
auraient eu lieu, qu'il s'agisse de leur « idée » ou de leur préparation.
Nous sommes quelques-uns à pouvoir en témoigner.)
APPENDICE
APPEL
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Qui a peur de la philosophie?
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Qui a peur de la philosophie?
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Philosophie des États Généraux
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Qui a peur de la philosophie ?
POUR COMMENCER
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Philosophie des États Généraux
Mais au-delà de ce combat pour la survie, tel qu'il nous est actuel-
lement imposé par la « réforme Haby », seule une transformation profonde
peut assurer le développement de l'enseignement et de la recherche
philosophiques. Seule une transformation profonde peut répondre aujour-
d'hui à une demande, à un besoin, à une affirmation aussi, cette
affirmation méconnue de tous ceux qui voudraient tout soumettre à
certaines analyses normalisatrices des contraintes techno-économiques.
Or c'est cette affirmation qui animera nos États Généraux. Après des
séances d'information, d'analyse, après les débats les plus ouverts, des
engagements y seront pris, et des actions entreprises.
Que vous soyez ou non philosophes, enseignants, chercheurs, étudiants,
élèves, joignez-vous à nous, diffusez notre appel, mobilisez-vous et venez
nombreux.
Le Comité de préparation des États Généraux de la Philosophie :
277
Qui a peur de la philosophie ?
ETATS GENERAUX
DE LA PHILOSOPHIE
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Philosophie des États Généraux
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Le langage et les institutions philosophiques
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La philosophie dans sa langue nationale
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Le langage et les institutions philosophiques
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La philosophie dans sa langue nationale
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Le langage et les institutions philosophiques
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* *
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La philosophie dans sa langue nationale
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Le langage et les institutions philosophiques
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La philosophie dans sa langue nationale
Descartes, qui avait perdu sa mère alors qu'il avait un an, c'est
un langage grand-maternel (il avait été élevé par sa grand-
mère) qu'il oppose à celui de ses précepteurs; ceux-ci lui
imposaient la loi du savoir et la loi tout court en latin. Langage
de la loi puisque le latin, langue du père si vous voulez, langue
de la science et de l'école, langue non domestique, c'est surtout
une langue du droit. Et la plus grande résistance à la langue
vivante (naturelle, maternelle, etc.) est venue du monde juri-
dique.
Bien entendu, l'ordonnance de Villers-Cotterêts ne représente
elle-même que la forme légale, la scansion et la sanction
juridico-administrative d'un mouvement plus ample qui l'a
préparée et qui l'a suivie, à la fois dans la progression du
français et dans la résistance à la francisation. Les facteurs de
progression et de résistance furent divers et nombreux. La
Réforme, par exemple, a fait progresser le français en luttant
contre l'appareil de l'église catholique : lutte économique, lutte
pour la réappropriation des textes contre une Église internatio-
nale dominée et dominant par le latin. Il y a eu là toute une
dimension « nationaliste » du protestantisme dont le relais aura
été pris, après l'écrasement de la Réforme en France, par une
Église plus « gallicane » au XVIIe siècle. Les Protestants veulent
avoir leur Nouveau Testament en français : celui de Lefevre
d'Étaples en 1523, celui d'Olivetan en 1535, quelques années
avant l'Ordonnance de Villers-Cotterêts. En 1541 Calvin, théo-
ricien des protestants français, réédite son Institution de la
religion chrétienne en français. Inutile de rappeler ici le rôle
qu'ont joué, dans d'autres pays, les traductions de la Bible au
moment de la Réforme : à la fois dans la constitution ou la
formation définitive d'une langue de référence et dans l'histoire
d'une problématique de la traduction.
L'Église ne cesse de résister, au moins au XVIe siècle, contre
cette extension du français qu'on peut suivre aussi dans la
littérature, autour de la Pléiade, de Montaigne, de Rabelais, etc.
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Le langage et les institutions philosophiques
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• La philosophie dans sa langue nationale
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précise dans ses articles 110 et 111 qui stipulent que les actes
et opérations de justice se feraient désormais en français :
1. [Ibid., p. 30].
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II
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Les romans de Descartes ou l'économie des mots
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1. [Ibid., p. 962-963].
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Le langage et les institutions philosophiques
Il est vrai que j'ai été trop obscur en ce que j'ai écrit de
l'existence de Dieu dans ce traité de la Méthode, et bien que
ce soit la pièce la plus importante, j'avoue que c'est la moins
élaborée de tout l'ouvrage; ce qui vient en partie de ce que je
ne me suis résolu de l'y joindre que sur la fin, et lorsque le
libraire me pressait [remarquez la modernité de la stratégie, la
problématique de la vulgarisation philosophique, des « media »,
des pressions éditoriales, etc.]. Mais la principale cause de son
obscurité vient de ce que je n'ai osé [même argument, même
mot que dans l'autre lettre] m'étendre sur les raisons des
sceptiques, ni dire toutes les choses qui sont nécessaires ad
abducendam mentem a sensibus [le latin pour l'argument codé!] :
car il n'est pas possible de bien connaître la certitude et
l'évidence des raisons qui prouvent l'existence de Dieu selon
ma façon qu'en se souvenant distinctement de celles qui nous
font remarquer de l'incertitude en toutes les connaissances que
nous avons des choses matérielles; et ces pensées ne m'ont pas
semblé propres à mettre dans un livre, où j'ai voulu que les
femmes mêmes pussent entendre quelque chose, et cependant que
les plus subtils trouvassent aussi assez de matière pour occuper
leur attention ¹. (Je souligne.)
1. [Ibid., p. 991].
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Le langage et les institutions philosophiques
écrit que comme une histoire, ou, si vous l'aimez mieux, que
comme une fable, en laquelle, parmi les exemples qu'on peut
imiter, on en trouvera peut-être aussi plusieurs autres qu'on
aura raison de ne pas suivre [...] ¹. » La fable est un récit dont
on n'a pas à accréditer la vérité factuelle. Mais il peut porter
la signification exemplaire d'une vérité : « Il me reste ici encore
beaucoup d'autres choses à expliquer, et je serai même bien
aise d'y ajouter quelques raisons pour rendre mes opinions plus
vraisemblables. Mais afin que la longueur de ce discours vous
soit moins ennuyeuse, j'en veux envelopper une partie dans
l'invention d'une fable, au travers de laquelle j'espère que la
vérité ne laissera pas de paraître suffisamment, et qu'elle ne
sera pas moins agréable à voir que si je l'exposais toute nue 2. »
Fiction qui laisse paraître l'essence, la fable porte la vérité,
l'exhibe ou la manifeste de façon attrayante. Elle fait désirer
la vérité. Le roman évite aussi l'ennui, mais l'identité s'arrête
là. Car Descartes, dans les autres usages du mot « roman », ne
semble pas lui reconnaître cette valeur de vérité :
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Les romans de Descartes ou l'économie des mots
d'où vient que le reste ne paraît pas tel qu'il est, et que ceux
qui règlent leurs mœurs par les exemples qu'ils en tirent, sont
sujets à tomber dans les extravagances des paladins de nos
romans, et à concevoir des desseins qui passent leurs forces.
J'estimais fort l'éloquence, et j'étais amoureux de la poésie;
mais je pensais que l'une et l'autre étaient des dons de l'esprit
plutôt que des fruits de l'étude ¹.
1. [Ibid., p. 129].
2. [Œuvres complètes II, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade,
1980, p. 550 sq.].
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1. [Ibid., p. 161-162].
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1. [P. 912].
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1. [Ibid., p. 915].
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Chaire vacante : censure, maîtrise, magistralité
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Chaire vacante : censure, maîtrise, magistralitê
1. Immanuel Kant, Critique de la raison pure, Paris, PUF, 1944, p. 558 sq.
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1. [Ibid., p. 560].
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Théologie de la traduction
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1. Ibid., p. 258-259.
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Théologie de la traduction
mondes qui en vérité n'en sont qu'un est assurée par le symbole
(Bild) et cette symbolicité se développe dans le jeu de l'Ab-
bildung et de l'Einbildung, de la reproduction imaginative.
D'où la complexité du rapport à Kant, car ce privilège de
l'Einbildungskraft (imagination) a aussi une filiation kantienne.
D'où également le rôle essentiel de la poésie et du discours
poétique dans ces Leçons. La poésie est au cœur de la philo-
sophie, le poème est un philosophème. L'opposition à Kant
atteste la filiation de la Critique de la faculté de juger que
Schelling lit alors qu'il est étudiant à Tübingen, très peu de
temps avant que Fichte (sa grande admiration) et Goethe ne
l'aident à être nommé à Iéna en 1798, l'année même où Kant
rassemble les textes du Conflit des Facultés. Très peu de temps
après, jeune professeur à Iéna (où il ne reste que cinq ans),
Schelling donne ses Leçons sur les études académiques. Le schéma
argumentatif depuis lequel il critique Kant ressemble à celui
de la troisième Critique (geste analogue chez Hegel qui ne s'en
cachera pas); il recourt à l'unité des instances dissociées par les
deux autres Critiques. Cette unité, c'est celle de l'imagination
(Einbildungskraft) et de l'œuvre d'art, qui en est le produit.
L'imagination, comme Einbildungskraft que Schelling distingue
de l'Imagination (fausse fantaisie ¹), résout toujours une contra-
diction en proposant un schème médiateur, c'est-à-dire tra-
ducteur. Cette traduction par YEinbildung, c'est aussi le contrat
qui lie la philosophie et l'art, singulièrement la langue phi-
losophique et la langue poétique. La raison et l'imagination
sont une seule et même chose 2 mais l'une « dans l'idéal » (im
Idealen) et l'autre dans le réal (im Realen). On ne peut s'étonner
de cette identité ou de cette analogie, de cette inter-traductibilité
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1. Ibid., p. 49.
III
Mochlos
L'œil de l'Université
Mochlos
ou le conflit des facultés *
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même divisible. Mais Kant veut encore faire passer une limite
entre les conflits légaux et les conflits illégaux. Un conflit illégal
n'oppose, publiquement, que des opinions, des sentiments, des
inclinations particulières. Il y va toujours de l'influence sur le
peuple, mais ce conflit ne peut donner lieu à un arbitrage
juridique et rationnel. Il tient d'abord à la demande du peuple
qui, considérant la philosophie comme un bavardage, préfère
s'adresser aux facultés supérieures ou aux hommes d'affaires de
la science pour leur demander des jouissances, des facilités, des
réponses qui sont de l'ordre de la bonne aventure, de la magie,
de la thaumaturgie. Le peuple cherche des conducteurs habiles
(kunstreiche Führer), des « démagogues ». Et les membres des
facultés supérieures, par exemple les théologiens, peuvent, aussi
bien que les hommes d'affaires formés par ces Facultés, répondre
à cette demande. Dans le cas de ces conflits illégaux, la faculté
de philosophie, selon Kant, est en tant que telle absolument
impuissante et sans recours. La solution ne peut venir que du
dehors, cette fois encore du gouvernement. Si celui-ci n'inter-
vient pas, autrement dit s'il prend le parti des intérêts parti-
culiers, il voue à la mort la Faculté de philosophie, à savoir
l'esprit même de l'Université. C'est ce que Kant appelle le
moyen « héroïque » - au sens ironique de la médecine héroïque
- qui met fin à une crise par la mort. Certains seraient tentés
de se précipiter pour reconnaître la mise à mort de la philo-
sophie contre laquelle certains d'entre nous se battent dans
plusieurs pays d'Occident, notamment en France ¹. Mais les
choses ne se laissent pas si facilement comprendre dans ce
schéma kantien. Le conflit « illégal » n'intéresse Kant que secon-
dairement : mettant en jeu des inclinations particulières et des
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1. [PUF, 1990].
2. [Paris, PUF, 1962].
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Dans d'autres cas, elle serait tout simplement impossible sans de très longs
commentaires sur la valeur de telle ou telle expression idiomatique.
[Paru d'abord en anglais, « The Principle of Reason : The University in
the Eyes of its Pupils », Diacritics, Fall, 1983, Johns Hopkins, puis en
espagnol, « El principio de Razón : La Universidad en los ojos de sus
pupilo/as », trad. B. Mazzoldi et R.P. Díaz, Nomade 3, juin 1984, Pasto,
Nariño, Colombie, avant d'être publié dans Le cahier du Collège International
de Philosophie, n° 2, Paris, Osiris, 1986].
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Le principe de raison et Vidée de l'Université
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Mochlos, l'œil de l'Université
1. Dans The Oxford Literary Review, vol. 5, 1 & 2 (double issue), 1982.
[Repris depuis dans Institution and Interpretation, Minneapolis, 1987, p. 22.]
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Mochlos, l'œil de l'Université
(Der Satz vom Grund, p. 45 [cf. trad. franç., p. 79]). Qu'est-ce qui résisterait
à cet ordre des époques et, dès lors, à toute la pensée heideggerienne de
l'épochalisation? Peut-être, par exemple, une affirmation de la raison (un
rationalisme, si l'on veut) qui, au même moment (mais qu'est-ce alors
qu'un tel moment?) 1. ne se plierait pas au principe de raison dans sa
forme leibnizienne, c'est-à-dire inséparable d'un finalisme ou d'une pré-
dominance absolue de la cause finale; 2. ne déterminerait pas la substance
comme sujet; 3. proposerait une détermination non-représentative de l'idée.
Je viens de nommer Spinoza. Heidegger en parle très rarement, très briè-
vement et ne le fait jamais, à ma connaissance, de ce point de vue et dans
ce contexte.
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Elle installe l'homme dans une forme qui lui permette d'assurer
sa maîtrise sur terre et au-delà de la terre. Tout cela doit être
médité comme l'effet du principe de raison ou, plus rigoureu-
sement, d'une interprétation dominante de ce principe, d'une
certaine accentuation dans l'écoute que nous faisons à son
appel ¹. Mais j'ai dit que je ne pouvais pas ici toucher à cette
question de l'accent. Ce n'est pas mon propos.
1. [Pour ce passage voir Der Satz vom Grund, p. 198-203; trad. franç.,
p. 255-261].
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1. [Ibid., p. 82 et 87].
2. [Trad. H. Corbin, Paris, Gallimard, 1951].
3. [Cf. Die Selbstbehauptung der deutschen Universität. L'auto-affirmation
de l'Université allemande, trad. G. Granel, Trans-Europ-Repress, 1982].
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Éloge de la philosophie
J. DERRIDA
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Les antinomies de la discipline philosophique
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Les antinomies de la discipline philosophique
1. Premier commandement
2. Deuxième commandement
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3. Troisième commandement
D'une part, nous nous sentons en droit d'exiger que la
recherche ou le questionnement philosophiques ne soient jamais
dissociés de l'enseignement. N'est-ce pas le thème de notre
Colloque, devant le retour de la même menace?
Mais d'autre part, nous nous sentons aussi autorisés à rappeler
que, peut-être pour l'essentiel, quelque chose de la philosophie
ne se limite pas, ne s'est pas toujours limité à des actes
d'enseignement, à des événements scolaires, à ses structures
institutionnelles, voire à la discipline philosophique elle-même.
Celle-ci peut toujours être débordée, parfois provoquée par de
l'inenseignable. Peut-être doit-elle se plier à enseigner l'inen-
seignable, à se produire en renonçant à elle-même, en excédant
sa propre identité.
Comment, dans le même maintenant de la discipline, main-
tenir la limite et l'excès? qu'il faut enseigner cela même? que
cela ne s'enseigne pas?
4. Quatrième commandement
D'une part, nous jugeons normal d'exiger des institutions à
la mesure de cette discipline impossible et nécessaire, inutile
518
Les antinomies de la discipline philosophique
5. Cinquième commandement
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Mochlos, l'œil de l'Université
6. Sixième commandement
7. Septième commandement
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Les antinomies de la discipline philosophique
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Mochlos, l'œil de l'Université
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Les antinomies de la discipline philosophique
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Mochlos, l'œil de l'Université
J.D.
Popularités
Du droit à la philosophie du droit *
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Mochlos, l'œil de l'Université
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Du droit à la philosophie du droit
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Mochlos, l'œil de l'Université
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Mochlos, l'œil de l'Université
1. [Ibid., p. 91].
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Du droit à la philosophie du droit
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Annexes
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- « Qui a peur de la philosophie ? »
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« Qui a peur de la philosophie? »
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Annexes
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« Qui a peur de la philosophie? »
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Annexes
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« Qui a peur de la philosophie ? »
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Annexes
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« Qui a peur de la philosophie? »
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Annexes
PHILOSOPHIE
551
Annexes
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Titres
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Annexes
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Titres
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Annexes
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Titres
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Annexes
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Titres
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Annexes
560
Titres
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Annexes
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Titres
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Annexes
INTERSCIENCE ET LIMITROPHIE
564
Titres
565
Annexes
PERFORMATIVITE
Une fois encore, dans le contexte que nous définissons ici, les
« savoirs » entre lesquels il s'agit de reconnaître de nouvelles voies
ne se limitent pas à ce qu'on appelle couramment des « sciences »
(mathématique, logique, science de la nature, sciences humaines ou
sociales). Ils s'étendent à toutes les compétences, dans quelque domaine
que ce soit. Le Collège devra s'ouvrir ainsi, en vertu des mêmes
nécessités trans- ou inter-férentielles, aux expériences artistiques et à
tous leurs langages (« pratique et théorie » de la littérature, des arts
plastiques, de la musique, du théâtre, du cinéma, de toutes les
techniques audio-visuelles, etc.).
Ces possibilités sont admises comme allant de soi et empirique-
ment organisées dans bien des Universités; c'est chose courante aux
États-Unis par exemple. Il s'agit d'officialiser, d'enrichir et de sys-
tématiser ces recherches, de faire place, dans certaines conditions,
non seulement à des travaux théoriques sur les arts et les techniques
de toutes sortes, mais à des recherches dites « créatrices ». Tékhnè et
poièsis, disions-nous plus haut : les compétences auxquelles nous en
appelons ne seraient pas seulement théoriques, elles définiraient aussi
un savoir-faire ou un savoir-produire, et donc, comme il va de soi
pour une compétence, la capacité de la performance. Nous devons
insister sur ce point, car il situe sans doute un des enjeux les plus
originaux pour le Collège, le haut risque et la difficulté du calcul.
Insister sur la performance ne revient pas, bien entendu, à valoriser
le caractère « performant », comme on dit, de techniques ou d'opé-
rations programmables et rentabilisables. Nous avons tenu à marquer
au contraire que le Collège devrait échapper aux modes de calculs
dominants à cet égard, ce qui ne le voue pas à l'improductivité,
mais requiert la prise en compte d'autres rythmes, de structures
566
Titres
367
Annexes
568
Titres
AU-DELA DE L INTERDISCIPLINARITE
569
Annexes
1. Limitrophie « externe »
Telle avancée pourra d'abord mettre en évidence un lieu ou un
thème qu'aucune discipline déterminée, en tant que telle, n'aura
jusqu'ici reconnu et traité. Bien entendu, cela ne signifie pas que
cette topique nouvelle ait été en principe inaccessible à une recherche
déjà instituée et légitimée; et l'on pourra justement objecter que le
progrès normal d'une discipline consiste à découvrir et analyser de
nouveaux objets ou de nouvelles propriétés dans un champ d'objec-
tivité déjà identifié. Toute contribution scientifique, du plus modeste
mémoire aux élaborations les plus ambitieuses, se conforme en
principe à cette norme, et c'est ce qu'on appelle la « recherche ».
Il nous faut donc préciser quel type de frayage transversal il s'agira
ici de privilégier systématiquement. D'abord, critère quantitatif que
nous croyons pertinent, certains frayages peuvent être acceptés en
principe par telle ou telle institution et aussitôt privés, en fait, de
tout avenir; faute de soutiens suffisants, les travaux originaux sont
aussitôt marginalisés, contenus dans un espace étroit, retenus dans une
sorte de sous-développement. L'insuffisance de soutien n'est jamais
insignifiante ou purement aléatoire. Elle renvoie à des motivations, à
des intérêts et à des structures politico-institutionnelles qui méritent
chaque fois d'être interrogées au moment où l'on tente d'y suppléer,
et dans ce mouvement même. On doit chaque fois se demander :
pourquoi telles ou telles recherches n'ont-elles pas pu se développer?
Qu'est-ce qui y fait obstacle? Et qui? Et comment? Pourquoi? En vue
de quoi? Le Collège pourrait jouer, jusqu'à un certain point, un rôle
de révélateur théorico-institutionnel. Retournant à l'occasion cette
question vers ses propres limites, il multiplierait les questions de ce
type et leur donnerait les développements les plus conséquents.
Il est par définition impossible de donner a priori une liste
raisonnée de ces exclusions, forclusions, interdictions ou marginali-
sations (discrètes ou violentes). Par définition, les exemples que nous
pourrions en donner seraient pour une part déjà périmés. Dans le
cours d'un travail que nous ne voulons pas ici prédéterminer, ces
« déverrouillages » apparaîtront et on proposera à leur sujet différents
modèles d'interprétation générale ou d'intervention particulière. Nous
570
Titres
2. Limitrophie « interne »
Un autre type de travail limitrophe pourra définir la mission du
Collège. Cette fois c'est à l'intérieur d'une seule discipline, d'un
dispositif théorico-institutionnel déjà organisé, que la question des
limites peut surgir. C'est le moment où tel savoir positif rencontre
dans son champ autonome des difficultés ou des limites que son
axiomatique et son procès propres ne permettent pas de lever. Une
science ou une tekhnè en général interrogent alors leurs propres
présuppositions, déplacent, déforment le cadrage de leur probléma-
tique, le plient à d'autres configurations. Ce moment - typique et
normal pour toute recherche - n'est pas nécessairement celui d'une
« crise épistémologique » ou d'une « enquête sur les fondements », etc.
Ces modèles du moment dit « critique » peuvent se transformer et,
bien qu'ils aient d'abord une allure philosophique, ils peuvent aussi
déranger l'assurance philosophique sur laquelle ils sont encore
construits. Cette assurance philosophique a une histoire, elle a pris
des formes multiples et « le philosophe » ne peut éviter de l'interroger
sous toutes ces formes, depuis le questionnement classique sur l'es-
sence de la métaphysique, les limites et la destination de la philo-
571
Annexes
572
Titres
573
Annexes
574
Titres
575
Annexes
577
Annexes
AVERTISSEMENT 580
DESTINATIONS 586
I. PENSER LA DESTINATION :
Fins et confins pour la philosophie, les sciences et les arts.
Destination et légitimation; légitimation et finalisation 591
A. Les questions de la métaphysique et de l'onto-
théologie 595
B. Problématique de l'achèvement ou de la limite de
la philosophie 595
C. L'exemple de Heidegger 596
D. « Études féminines » 599
579
Annexes
AVERTISSEMENT
580
Coups d'envoi
II
581
Annexes
ne saurait être ici constamment exhibée comme telle. Cela tient aux
limites d'un tel Rapport, qu'il s'agisse des limites matérielles de ce
chapitre ou, surtout, de celles qui tiennent au genre, à la finalité ou
à la destination d'un tel texte, à la nature même de la mission qui
lui est assignée. Rien de fortuit à cela, les valeurs de finalité, de
destination, comme toute la sémantique de la mission (mettre, émettre,
missive, missile, envoi, etc.), formeront l'un des foyers essentiels de
mes propositions ou « projections ». Me référant implicitement mais
sans dissimulation à d'autres travaux (dont les miens), tirant direc-
tement ou indirectement les enseignements de toutes les consultations
engagées au cours des derniers mois par la Mission, j'essaierai de me
limiter à des conclusions pratiques ou techniques quant aux recherches
à instituer dans le Collège, à celles en tout cas qui me paraissent
devoir être engagées en priorité. Mais la nécessité de ces conclusions
devrait pouvoir s'imposer à partir d'autres prémisses. Telle sera ici ma
règle : projeter la nécessité de certaines recherches mais toujours de
telle sorte qu'on puisse en être convaincu à partir d'autres perspectives
ou d'autres prémisses dont il ne sera rien dit, voire sans autre
« perspective » ou « prémisse » générale que l'intérêt intrinsèque de
telles recherches. L'unité non systématique de ladite « projection » ou
de la « mise en perspective », la possibilité de coordination qu'elle
pourrait présenter ne doit donc être considérée ici que comme un
intérêt supplémentaire, une prime à laquelle on pourra attribuer toutes
les valeurs qu'on voudra (philosophique, esthétique, économique,
raison, poème, tableau, histoire, etc.).
Me contentant souvent de nommer ou d'intituler, de situer des
« topoi », je devrai naturellement laisser dans l'implicite la référence
à de nombreux travaux, français ou étrangers, mais aussi l'essentiel
d'une analyse des « champs » philosophique, techno-scientifique,
poïétique, etc. De ces macro- ou micro-analyses que nous pratiquons
constamment et qui orientent notre démarche ici même, nous ne
retiendrons que des indices : ceux qui nous ont guidés dans la
définition du Collège, de son projet, de son idée régulatrice, de sa
constitution, ceux qui se sont spectaculairement confirmés dans le
temps de la Mission, ceux qui nous ont aidés à découvrir ou à mieux
situer de nouvelles orientations, enfin tous ceux qui ont pris la forme
582
Coups d'envoi
583
Annexes
III
Rappelons-le une fois pour toutes : pour des raisons déjà dites
dans la première partie du Rapport, nous devrons nous servir trop
souvent de mots que nous voudrions voir reçus sans assurance et
sans tranquillité. Car c'est sans assurance et sans tranquillité que je
parlerai par exemple de proposition de recherche, de recherche pro-
prement philosophique, scientifique, théorico-pratique, poïétique, etc.,
ou de recherche sur un thème, ou de problématique ou de champ. On
l'a maintenant compris : tous ces mots restent pour l'instant inévi-
tables, mais ce sont pour le Collège des titres de problèmes et des
titres problématiques, y compris la valeur de titre et de problème :
les lois et les processus de légitimation, la production des titres et des
problèmes légitimes, voilà aussi ce que le Collège devra en permanence
étudier, analyser, transformer, notamment dans son propre espace.
Le concept de légitimation lui-même, devenu si utile et si « légitime »
dans tant de discours sociologiques (sociologie des institutions de
recherche et d'enseignement, sociologie des arts et de la culture, etc.),
ne doit pas rester hors de portée pour ce questionnement : comment
s'est-il construit? Quelles sont ses présuppositions et ses limites?
Quelle est aujourd'hui la sociologie, la finalité et la stratégie de ses
« usages »?, etc. Nous reviendrons sur ces questions. Ce que nous
avons nommé provisoirement et entre guillemets « pensée », dans la
première partie, devrait marquer le style et le lieu d'une telle
démarche. Elle procède aux limites et « au sujet » de toutes ces
valeurs courantes, nommées « philosophie », « science », « art »,
« recherche », « technique », « théorie », « pratique », « problème »,
« loi », « légitimité », « titre », etc. Ces précautions ne sont pas de
584
Coups d'envoi
IV
585
Annexes
DESTINATIONS
586
Coups d'envoi
587
Annexes
1. [Cf. Martin Heidegger « Zeit und Sein », dans Zur Sache des Denkens,
Tübingen, 1976].
588
Coups d'envoi
589
Annexes
590
Coups d'envoi
I. PENSER LA DESTINATION :
FINS ET CONFINS POUR LA PHILOSOPHIE,
LES SCIENCES ET LES ARTS
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Annexes
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Coups d'envoi
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Annexes
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Coups d'envoi
595
Annexes
596
Coups d'envoi
597
Annexes
598
Coups d'envoi
D
De nombreux indices nous permettent de l'affirmer, de tels pro-
grammes et centres seraient actifs et efficaces, ils attireraient beaucoup
de chercheurs et associeraient de nombreuses compétences, celles de
philosophes, mais aussi bien de philologues, historiens, poéticiens,
linguistes, logiciens, politologues, sociologues, traducteurs, écri-
vains, etc. Ils devront donc être à la fois structurés dans leur identité
propre et traversés par tous les autres axes de recherche. Mais cela
doit pouvoir être dit de toutes les unités de recherche que nous
serons conduits à déterminer. Un autre indice particulièrement exem-
plaire à cet égard serait celui des « études féminines » - bien que,
en apparence du moins, il n'ait pas de rapport direct avec le précédent
exemple. Je tiens que ce rapport est essentiel mais sans entreprendre
de le démontrer ici, je rappellerai seulement quelques évidences. Le
sous-développement institutionnel de ces études est scandaleux dans
notre pays (en comparaison par exemple avec les États-Unis, pour
l'Université, avec la richesse et la force de ces « études » en France
hors des institutions publiques).
Comme le rappelle le « Rapport Godelier », il n'y a qu'une seule
unité de recherche « Études féminines » habilitée par l'ancien gou-
vernement en France (animée par Hélène Cixous, à l'Université de
Paris VIII). D'autre part, il est trop évident que si les études féminines
doivent, pour cette raison même, se développer très largement dans
le Collège, elles doivent aussi rayonner, sans se dissoudre, dans tous
les autres lieux de recherches.
Les « thèmes » que nous situerons sous ce titre ne doivent pas être
dissociés, en droit, des précédents qu'il peuvent croiser en bien des
599
Annexes
600
Coups d'envoi
601
Annexes
602
Coups d'envoi
d'entre eux nous ont dit préférer travailler dans ces conditions plutôt
que dans un espace qui leur serait statutairement réservé, au CNRS
par exemple ou dans d'autres institutions de recherche. A tort ou à
raison, ils craignent de s'y trouver trop enfermés (théoriquement) et
trop engagés (socio-politiquement) et ils préfèrent des échanges plus
ouverts et plus multiples avec des philosophes, des chercheurs en
sciences sociales et aussi - il faut le noter avec insistance - dans les
sciences de la vie ou de la « nature », en France et à l'étranger. Cette
dimension internationale prend ici certains aspects particuliers sur
lesquels certains de nos correspondants ont attiré à plusieurs reprises
notre attention.
603
Annexes
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Coups d'envoi
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Annexes
606
Coups d'envoi
D
Pragmatique. Malgré tout ce qu'elle peut partager avec une lin-
guistique, une sémiotique, une sémantique générale ou une philo-
sophie du langage, la pragmatique se développe aujourd'hui, surtout
hors de France, comme une discipline relativement originale. Qu'elle
concerne l'énonciation (les speech acts) ou un contexte sémiotique
plus complexe (comprenant par exemple des comportements ges-
tuels), elle me paraît opérer aujourd'hui une redistribution générale
de grande conséquence. Outre ses résultats propres, qui sont riches,
elle induit une co-implication essentielle de « disciplines » qui se
607
Annexes
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Coups d'envoi
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Annexes
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Coups d'envoi
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Annexes
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Coups d'envoi
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Annexes
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Coups d'envoi
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Annexes
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Coups d'envoi
617
Annexes
PRÉAMBULE
619
Annexes
tement et à court terme dans la définition des programmes, ils ont voulu
dessiner les grandes orientations de la transformation progressive des contenus
de l'enseignement qui est indispensable, même si elle doit prendre du
temps, pour suivre, et même devancer, autant que possible, l'évolution de
la science et de la société.
Des commissions de travail spécialisées acceptant ces principes continue-
ront ou commenceront un travail de réflexion plus approfondi sur chacune
des grandes régions du savoir. Elles essaieront de proposer, dans des notes
d'étape qui pourraient être remises au mois de juin 1989, non le programme
idéal d'un enseignement idéal, mais un ensemble d'observations précises,
dégageant les implications des principes proposés. »
L'une de ces commissions (Philosophie et Épistémologie), coprésidée par
Jacques Bouveresse et Jacques Derrida, et composée de Jacques Brunschwig,
Jean Dhombres, Catherine Malabou et Jean-Jacques Rosat, remit au minis-
tère en juin 1989 le « Rapport de la Commission de Philosophie et
d'Épistémologie ».]
620
CINQ POINTS FONDAMENTAUX
(synthèse du Rapport)
621
Annexes
622
Rapport de la Commission de Philosophie et d'Èpistémologie
623
Annexes
4. Les Programmes
624
Rapport de la Commission de Philosophie et d'Épistémologie
PRINCIPES
PREMIER PRINCIPE
Étendre l'enseignement de la philosophie en l'articulant
en trois temps avec un moment fort en terminale.
625
Annexes
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Rapport de la Commission de Philosophie et d'Épistémologie
627
Annexes
Sans pouvoir rappeler ici tous les travaux et toutes les expériences
qui nous paraissent justifier la présence d'un enseignement philoso-
phique avant la terminale, nous tenons pour certain que l'accès à la
philosophie n'est pas et ne doit pas être conditionné par un « âge »
(qui serait d'ailleurs variable d'un élève à l'autre au moment du
seul passage de la première à la terminale), ni par la ligne d'une
frontière entre deux classes. Les racines de ce vieux préjugé ont été
maintenant largement et publiquement reconnues, analysées, mises
en cause. Ce préjugé est aujourd'hui plus néfaste que jamais.
Il importe que les enseignements fondamentaux, qu'ils soient
scientifiques ou non, et surtout quand ils contribuent à la formation
du citoyen responsable, entraîné à la vigilance dans la lecture, le
langage, l'interprétation et l'évaluation, soient articulés sur une culture
critique et philosophique. Nous parlons ici aussi bien du citoyen
français que du citoyen européen. « De la philosophie » est d'ailleurs
enseignée ou inculquée, sans « professeur de philosophie », avant la
terminale et hors de France, sous une forme non déclarée, au travers
d'autres disciplines, et mieux vaut prendre conscience de ce fait et
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Rapport de la Commission de Philosophie et d'Épistémologie
629
Annexes
SECOND PRINCIPE
Associer plus étroitement la philosophie aux autres disci-
plines afin qu'elle contribue à l'unité et à la cohérence de
la formation, sans rien perdre de sa spécificité.
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Rapport de la Commission de Philosophie et d'Épistémologie
TROISIÈME PRINCIPE
Spécifier d'une manière bien plus rigoureuse les exigences
à l'égard des élèves.
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Annexes
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Rapport de la Commission de Philosophie et d'Épistémologie
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Annexes
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Rapport de la Commission de Philosophie et d'Épistémologie
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Annexes
QUATRIÈME PRINCIPE
Penser enfin les problèmes spécifiques de l'enseignement
de la philosophie dans le technique, où la situation est
franchement inacceptable pour les enseignants comme pour
les élèves.
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Rapport de la Commission de Philosophie et d'Épistémologie
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PROPOSITIONS
PREMIERE PROPOSITION
Créer un enseignement d'« Initiation philosophique inter-
disciplinaire » en première.
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Rapport de la Commission de Philosophie et d'Épistémologie
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Annexes
DEUXIÈME PROPOSITION
Faire porter la partie principale de l'épreuve de philoso-
phie du baccalauréat d'enseignement général sur un pro-
gramme spécial défini annuellement dans chaque Acadé-
mie, tout en conservant un programme général, établi
nationalement, comme cadre de référence durable pour
l'enseignement de la philosophie en terminale.
640
Rapport de la Commission de Philosophie et d'Épistémologie
641
Annexes
642
Rapport de la Commission de Philosophie et d'Épistémologie
643
Annexes
TROISIÈME PROPOSITION
Réorganiser l'épreuve écrite du baccalauréat d'enseigne-
ment général en associant à la dissertation (ou commen-
taire de texte) un exercice de questions.
644
Rapport de la Commission de Philosophie et d'Épistémologie
645
Annexes
QUATRIÈME PROPOSITION
Concevoir des modalités d'enseignement de la philosophie
réellement appropriées aux élèves de l'enseignement tech-
nique.
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Rapport de la Commission de Philosophie et d'Épistémologie
CINQUIÈME PROPOSITION
Organiser systématiquement, à l'intérieur du corps des
professeurs de philosophie, une réflexion et des échanges
sur la didactique de leur discipline.
647
Annexes
SIXIÈME PROPOSITION
Inclure un enseignement de philosophie dans la formation
des maîtres de toutes les disciplines.
648
Rapport de la Commission de Philosophie et d'Épistémologie
649
Annexes
SEPTIÈME PROPOSITION
Réorganisation du premier cycle des Universités
650
Rapport de la Commission de Philosophie et d'Épistémologie
651
Annexes
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Rapport de la Commission de Philosophie et d'Épistémologie
653
Annexes
654
Rapport de la Commission de Philosophie et d'Êpistêmologie
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Rapport de la Commission de Philosophie et d'Épistémologie
657
Annexes
658
Rapport de la Commission de Philosophie et d'Épistémologie
661
Table des matières
662
Table des matières
IV. ANNEXES
Sarah Kofman
Aberrations
Le devenir-femme d'Auguste Comte
Jacques Derrida
La carte postale
de Socrate à Freud et au-delà
Jean-Claude Lebensztejn
Zig Zag
CET OUVRAGE
A ÉTÉ COMPOSÉ
ET ACHEVÉ D'IMPRIMER
POUR LE COMPTE DES ÉDITIONS GALILÉE
PAR L'IMPRIMERIE FLOCH
À MAYENNE EN OCTOBRE 1 9 9 0
N° d'édition : 394.
N° d'impression : 29599.
Dépôt légal : octobre 1990.
(Imprimé en France)
Du droit à la philosophie : ce titre annonce aussi bien un livre
militant (il faut reconnaître, en théorie et en pratique, le droit de
tous à la philosophie) qu'un livre de réflexion et d'histoire sur
ce qui a depuis toujours lié le droit à la philosophie.
Cet ouvrage rassemble les textes que Jacques Derrida aura
consacrés, depuis 1975, aux questions de l'enseignement et de
la recherche, à l'école et à l'université. Une réflexion
philosophique sur l'histoire, notamment sur l'histoire moderne
des institutions académiques, doit être aussi une réflexion
critique sur l'institution philosophique elle-même. Que sont,
que devraient être l'enseignement et la recherche
philosophiques ? En France mais aussi hors de France ? Quels
ont été et quels seront demain les enjeux de ces questions pour
la pensée comme pour la politique ? Pourquoi et comment
assurer le droit de tous à la philosophie et que signifie un tel
droit pour une démocratie à venir ? Quelles contradictions ou
apories risquent-elles ici de nous paralyser à chaque pas ?
La « déconstruction », telle que Derrida l'a toujours entendue et
pratiquée, concerne aussi bien les structures institutionnelles et
politiques que la sémantique des discours, notamment dans
l'histoire de la philosophie. Et la plupart des textes rassemblés
en ce livre se réfèrent ainsi à l'histoire d'une action collective
qu'ils tentent à la fois de penser, d'archiver et de porter en
avant.
10 90
S 20 454 0
290 F