Aristote Langage
Aristote Langage
Aristote Langage
P H I L O S O P H I E S
A R I S TO TE
L E LANGAGE
PAR A N N E C A U Q U E L I N
Collection dirigée p a r
Françoise Balibar, J e a n - P i e r r e L e f e b v r e
P i e r r e M a c h e r e y e t Yves Vargas
ISBN 2 13 0 4 3 3 1 5 4
ISSN 0766-1398
5 Introduction
12 1 / Du côté de la cité
Le langage : apprentissage d'une situation, 12
La mimesis, 16; la mimesis est une poiesis, 17; le
langage entre poiesis et praxis, 20; le langage entre
production et reproduction, 22
Les « lieux » de langages, 26
Premier lieu : le non-lieu, 28 ; Second lieu : lieu de
la doxa, 30; Troisième lieu : lieu du vraisem-
blable, 34; Dernier lieu : lieu de la parole vraie, 38
127 Bibliographie
Introduction
1 / LE SUPPORT CORPOREL
Maladie de la prononciation :
Psellos : celui qui retranche une lettre ou une syllabe.
Traulos : celui qui blèse (il ne peut prononcer certaines lettres).
Ischnophoros : le bègue.
Son et parole :
Le son-bruit (psophos), faire du bruit (psophein).
Le ton (phtoggos) : faire entendre un ton, un son, une voix
(phthéggesthai )
La voix (phônê ).
Le langage, la parole (dialectos).
Cf. pour les distinctions : HA, IV, 9; De gen. an., V, 7,
786 b 21 ; De an., II 8, 420 b 5 - 421 a 6.
Le dauphin
« ... Le dauphin laisse échapper un léger cri et murmure
dans l'air, au moment où il s'élance hors de l'eau, mais ces
bruits ne sont pas de même nature que ceux dont nous avons
parlé (les insectes et les poissons) ; dans le cas du dauphin, il
s'agit bien d'une voix, le dauphin possédant à la fois poumons
et trachée artère, mais comme sa langue n'est pas libre et qu'il
manque de lèvres, il ne peut émettre aucun son articulé de la
voix... »
L'éléphant
« ... l'éléphant émet un son de voix, qui, s'il est effectué sans
le secours des narines et au moyen de la bouche même, est
une sorte de souffle analogue à la respiration ou au soupir d'un
homme; mais effectué avec les narines, il est alors semblable
au son rauque d'une trompette... »
L'homme
« . . . les animaux vivipares quadrupèdes émettent des sons de
voix de différentes sortes, mais aucun ne possède le langage.
En fait, cette faculté est le propre de l'homme. Tous les
animaux en effet qui ont la parole possèdent aussi la voix,
mais ceux qui ont la voix n'ont pas tous la parole. Les hommes
qui sont sourds de naissance sont aussi tous muets; ils peuvent
bien émettre des sons vocaux, mais ne peuvent jamais parler.
Les enfants en bas âge de même qu'ils ne commandent pas
leurs autres membres ne sont pas maîtres non plus au début
de leur langue; elle est encore imparfaite, de sorte qu'ils bal-
butient et blèsent.
« Les sons vocaux et les modes de langage varient d'un lieu
à l'autre. On remarque que la voix diffère par l'aigu et le grave,
tandis que l'espèce des sons pouvant être émis ne diffère en
rien au sein d'un même genre d'animaux... »
(Sur le grave et l'aigu dans les voix, voir De gen. an., V, 7.)
De interpretatione, 1, 16 a, 8-18
La parole symbolise non les choses mais les états de l'âme
relativement aux choses :
Vocabulaire et textes / 123
Ibid., 2, 16 a, 18-30
Ibid., 4, 16 b - 17 a
Discours d'assertion et discours d'action.
« ... le discours est une parole qui a une signification et
dont chacune des parties peut avoir une signification par elle-
même, mais ne constitue pas une assertion. Je dirais qu' “anthro-
pos", par exemple, signifie bien quelque chose mais ne veut pas
dire de lui-même que cela est ou n'est pas. Il n'y aura propo-
sition affirmative ou négative que si l'on ajoute quelque chose.
124 / Aristote. Le langage
Topiques I, 1, 100 a, 18
« ... Le présent traité se propose de trouver une méthode qui
nous rendra capables de raisonner déductivement ( sullogiszes-
thai) en prenant appui sur des opinions "doxiques" (endoxa)
sur tous les sujets (problêma) qui peuvent se présenter,
comme aussi lorsque nous aurons nous-mêmes à répondre d'une
affirmation, de ne rien dire qui lui soit contraire.
« Il nous faut donc commencer par dire ce qu'est un raison-
nement déductif et quelles en sont les variétés, pour faire com-
prendre la nature de la déduction dialectique (dialectikos
sullogismos). »
Ibid. I, 1, 100 b, 20
« Sont doxiques les opinions qui sont reçues par tous les
hommes, ou par la plupart d'entre eux, ou par les sages, et
Vocabulaire et textes / 125
parmi ces derniers, soit par tous, soit par la plupart, soit enfin
les plus notables et les plus illustres. Mais est éristique le raison-
nement déductif qui part d'opinions, qui, bien qu'elles paraissent
bien établies, en réalité ne le sont pas... »
Pour ces deux extraits la traduction de base que j'ai adoptée
est celle de J. Brunschwig, excepté pour les endoxa où je propose
au lieu d' « opinions admises » qui me paraît trop fort, de
garder le terme doxa, qui semble avoir sa place et être « admis »
dans les domaines de la recherche sociologique.
Ibid., I, 165 a
« ... Ceux qui ne sont pas habiles à manipuler les cailloux sont
trompés par ceux qui savent s'en servir ainsi pour les arguments...
ceux qui n'ont pas idée de la signification des mots font de
faux raisonnements... »
126 / Aristote. Le langage
Catégories, 1, 1 a 1-5
« ... On appelle homonymes les choses dont le nom seul est
commun, tandis que la notion désignée par ce nom est diverse.
Par exemple, animal est aussi bien un homme réel, qu'un
homme en peinture; ces deux choses n'ont, en effet, de commun
que le nom, alors que la notion désignée par le nom est diffé-
rente. Car si l'on veut rendre raison de chacune d'elles, c'est
une définition différente qu'il faudra donner... »
Les jeux avec les mots sont utiles et agréables.
Bibliographie
P o u r la France, les ouvrages d'Aristote sont disponibles en
traduction seule chez « Vrin », ou en édition bilingue dans l'édi-
tion « Les Belles-Lettres ». Une édition bilingue de la Poëtique
avec de nombreuses notes existe au Seuil (Roselyne D u p o n t - R o c
et Jean Lallot, 1980).
Histoire des animaux, traduction J. Tricot, Vrin, 2e éd., 1987.
Les Parties des animaux, traduction Pierre Louis, Les Belles-Lettres,
1956.
De la génération et de la corruption, traduction Charles Mugler,
Les Belles-Lettres, 1966.
Marche des animaux. Mouvement des animaux (avec un index des trai-
tés biologiques), traduction Pierre Louis, Les Belles-Lettres, 1973.
De la génération des animaux, traduction Pierre Louis, Les Belles-
Lettres, 1961.