COMPÉTENCE

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COMPÉTENCE

Les pouvoirs du Président du


Tribunal judiciaire
18 DÉCEMBRE 2019  / AURÉLIEN BAMDÉ   / POSTER UN COMMENTAIRE

Ce tableau synthétise les pouvoirs conférés au Président du Tribunal judiciaire,


nouvelle juridiction de droit commun issue de la fusion entre le Tribunal de grande
instance et le Tribunal d’instance opérée par la loi n° 2019-222 du 23 mars 2019 de
programmation 2018-2022 et de réforme pour la justice et mise en oeuvre par:
 Le décret n°2019-912
 Le décret n°2019-913
 Le décret n°2019-914
 Le décret n°2019-965
 L’ordonnance n° 2019-964
[table id=329 /]

Exceptions de procédure:
l’incompétence
23 MARS 2019  / AURÉLIEN BAMDÉ   / 2 COMMENTAIRES

(A jour de la réforme opérée par le décret n° 2019-1333 du 11 décembre


2019 réformant la procédure civile, pris en application de la loi n° 2019-222 du 23
mars 2019 de programmation 2018-2022 et de réforme pour la justice)
 

Les moyens de défense devant être soulevés in limine litis, soit avant toute défense au
fond, sont ce que l’on appelle les exceptions de procédure.
L’article 73 du CPC définit l’exception de procédure comme « tout moyen qui tend
soit à faire déclarer la procédure irrégulière ou éteinte, soit à en suspendre le cours. »
Il ressort de cette définition que l’exception de procédure se distingue très nettement
de la défense au fond et des fins de non-recevoir.

I) Généralités
 A) Exception de procédure, défense au fond et fin de non-recevoir
L’exception de procédure s’oppose à la défense au fond car elle ne repose pas sur une
contestation du bien-fondé de la prétention du demandeur, mais porte uniquement sur
la procédure dont elle a pour objet de paralyser le cours.

L’exception de procédure se distingue également de la fin de non-recevoir, en ce


qu’elle est constitutive d’une irrégularité qui concerne le fond ou la forme des actes de
procédure ; elle affecte la validité de la procédure, alors que la fin de non-recevoir est
une irrégularité qui touche au droit d’agir et atteint l’action elle-même : « est
irrecevable toute prétention émise par ou contre une personne dépourvue du droit
d’agir » (articles 32 et 122 du CPC).
B) Spécificité des exceptions de procédure: la présentation  in limine litis
Pour qu’une exception de procédure prospère, l’article 74 du CPC prévoit qu’elle doit,
à peine d’irrecevabilité, être soulevée simultanément et avant toute défense au fond ou
fin de non-recevoir.

Cette disposition précise qu’il en est ainsi alors même que les règles invoquées au
soutien de l’exception seraient d’ordre public (V. en ce sens Cass. soc., 5 janv. 1995,
n° 92-19823).
Il s’infère de l’article 74 du CPC que les exceptions de procédure ne peuvent donc pas
être soulevées n’importe quand. Plusieurs règles doivent être observées par les parties.

==> Avant toute défense au fond


 Principe
 Il est de principe que les exceptions de procédure doivent être soulevées
in limine litis, soit avant toute défense au fond.
 Pour mémoire, par défense au fond il faut entendre, selon l’article 71 du
CPC, « tout moyen qui tend à faire rejeter comme non justifiée, après
examen au fond du droit, la prétention de l’adversaire.»
 Dès lors que l’exception de procédure est soulevée après la prise de
conclusions exposant les prétentions, fussent-elles banales et de pure forme,
ou l’exercice d’un recours, elle est irrecevable.
 Ainsi, il a par exemple été jugé que le fait de s’en rapporter à justice
constitue une défense au fond, interdisant ensuite de soulever une exception
d’incompétence (  2e  civ., 7 juin 2007, n°06-15920).
 Cette règle est applicable devant toutes les juridictions, y compris devant
la Cour d’appel.
 S’agissant spécifiquement de la procédure applicable devant le Tribunal
de grande, l’article 771 du CPC prévoit que les exceptions de procédure ne
peuvent être soulevées que devant le Juge de la mise en état seul compétent
pour statuer sur ces dernières.
 Les parties ne sont donc plus recevables à soulever ces exceptions
ultérieurement.
 Dans un arrêt du 12 mai 2016, la Cour de cassation a précisé que le
conseiller de la mise en état n’est saisi des demandes relevant de sa
compétence que par les conclusions qui lui sont spécialement adressées (  2e
civ.,12 mai 2016, n° 14-25054).
 En application, d’ailleurs, de l’article 775 du CPC « si les ordonnances
du juge de la mise en état n’ont pas au principal autorité de la chose jugée,
il est fait exception pour celles statuant sur les exceptions de procédure et
sur les incidents mettant fin à l’instance».
 Tempérament
 Nonobstant la prise de conclusions au fond, il est admis que le plaideur
puisse soulever, par la suite, une exception de procédure en cas de
formulation d’une demande incidente par la partie adverse
 Peu importe la nature de la demande incidente (reconventionnelle,
additionnelle ou en intervention), la partie contre qui cette demande est
formulée peut, en réponse, opposer une exception d’incompétence en
réponse
==> Simultanéité
L’article 74 prévoit expressément que, pour être recevable, les exceptions de
procédure doivent être soulevées simultanément

Cette règle a été posée afin d’éviter qu’un plaideur ne se livre à des manœuvres
dilatoires, en étirant dans le temps, pour faire durer la procédure, l’invocation des
exceptions de procédure.

Il en résulte un certain nombre de points de vigilances pour les plaideurs, tant en


matière de procédure écrite, qu’en matière de procédure orale.

 En matière de procédure écrite


 Obligation est faite aux parties de soulever toutes les exceptions de
procédures en même temps, ce qui implique qu’elles doivent figurer dans le
même jeu de conclusions.
 À cet égard, si la Cour de cassation admet que les exceptions de
procédure puissent être présentées dans les mêmes écritures, elles doivent
être formellement abordées par le plaideur avant l’exposé des défenses au
fond.
 Ajouté à cette exigence, les exceptions de procédure doivent être
soulevées avant l’exposé d’une fin de non-recevoir, fût-ce à titre subsidiaire.
 En matière de procédure orale
 Les exceptions de procédure doivent être soulevées avant l’ouverture des
débats.
 La question s’est longtemps posée de savoir si la prise de conclusions au
fond avant l’audience des plaidoiries ne rendait pas irrecevable les
exceptions de procédure qui seraient soulevées pour la première fois le jour
de l’audience.
 Dans un arrêt du 6 mai 1999, la Cour de cassation a répondu
positivement à cette question estimant qu’il était indifférent que la
procédure soit orale : dès lors que des défenses au fond sont présentées par
une partie, cela fait obstacle à l’invocation d’exceptions de procédure
(  2e  civ., 6 mai 1999, n°96-22143).
 Fortement critiquée par la doctrine, la Cour de cassation est revenue sur
sa position dans un arrêt du 16 octobre 2003 considérant au visa de l’article
74 du CPC que « les exceptions doivent, à peine d’irrecevabilité, être
soulevées avant toute défense au fond ; que, devant le tribunal de
commerce, la procédure étant orale, les prétentions des parties peuvent être
formulées au cours de l’audience et qu’il en est notamment ainsi des
exceptions de procédure» (  2e civ., 16 oct. 2003, n°01-13036).
 Peu importe désormais que des conclusions au fond aient été prises avant
l’audience des plaidoiries : les exceptions de procédure peuvent être
soulevées, en tout état de cause, le jour de l’audience.
 Seul l’ordre de présentation oral doit donc être considéré et il suffit, par
conséquent, que l’exception de procédure soit exposée verbalement à
l’audience, in limine litis, lors des plaidoiries, avant les autres explications
orales touchant au fond de l’affaire, pour être recevable.
 Selon les mêmes principes, un tribunal de commerce ne saurait relever
d’office – qui plus est sans observer le principe de la contradiction et inviter
les parties à présenter leurs observations – l’irrecevabilité d’une exception
d’incompétence en se déterminant d’après la seule chronologie des
conclusions du défendeur contenant ses différents moyens de défense, alors
même que celui-ci aurait soulevé l’exception d’incompétence après une
défense au fond exprimée dans des conclusions antérieures écrites(  2e  civ.,
20 nov. 2003).
 C’est donc bien uniquement au jour des plaidoiries qu’il convient de se
placer pour apprécier l’ordre des moyens de défense présentés par un
plaideur et que doit, en particulier, être examinée l’antériorité de l’exception
d’incompétence par rapport aux autres moyens.
 Dans un arrêt du 22 juin 2017, la Cour de cassation est néanmoins venue
apporter un tempérament à sa position en considérant, s’agissant de la
procédure applicable devant le Tribunal de commerce que lorsque le juge a
organisé les échanges écrits entre les parties conformément au dispositif de
mise en état de la procédure orale prévu par l’article 446-2 du code de
procédure civile, la date de leurs prétentions et moyens régulièrement
présentés par écrit est celle de leur communication entre elles dès lors qu’un
calendrier de mise en état a été élaboré par le juge (  2e civ., 22 juin 2017, n°
16-17118)
 En cas de calendrier fixé par le Juge, dans le cadre d’une procédure orale,
la date de l’exposé des moyens et des prétentions qui doit être prise en
compte est celle de leur communication entre parties et non celle de
l’audience
==> Succession de procédures
Quid lorsque l’exception de procédure est soulevée pour la première fois,
consécutivement à une procédure de référé, une tentative de conciliation ou encore
dans le cadre d’un appel ou d’un pourvoi en cassation ?
 L’exception de procédure consécutivement à une procédure de référé
 Il est de jurisprudence constante que les exceptions de procédure peuvent
être soulevées dans le cadre d’une procédure de référé, alors même qu’elles
n’auraient pas été préalablement présentées dans le cadre d’une instance en
référé.
 La raison en est que les deux procédures sont distinctes : tandis que le
juge des référés statue au provisoire, le juge saisi du fond du litige statue au
principal.
 Dans un arrêt du 29 mai 1991, la Cour de cassation a jugé en ce sens que
« l’instance de référé étant distincte de l’instance au fond, la cour d’appel a
justement retenu que le fait par une partie de ne pas invoquer une clause
attributive de compétence dans le cadre d’une instance de référé ne
manifestait pas la volonté non équivoque de cette partie de renoncer à s’en
prévaloir dans le cadre d’une instance ultérieure au fond, quand bien même
les deux instances concerneraient le même litige» (  com. 28 mai 1991,
n°89-19683).
 L’exception de procédure consécutivement à une tentative de conciliation
 Principe
 En matière de conciliation, la solution retenue par la Cour de
cassation est identique à celle adoptée pour la procédure de référé.
 En effet, l’invocation, pour la première fois, d’une exception de
procédure postérieurement à la tentative de conciliation n’est pas
frappée d’irrecevabilité, alors même que des défenses au fond auraient
été présentées dans le cadre de cette dernière procédure (  soc., 22 janv.
1975).
 Il importe peu que la tentative de conciliation ait ou non été
obligatoire ; en tout état de cause elle ne fait pas obstacle à la
présentation d’une exception de procédure.
 Exception
 En matière de divorce, les exceptions de procédure doivent être
dès l’audience de conciliation, faute de quoi elles deviennent
irrecevables dans le cadre de l’instance en divorce
 L’article 1073 du CPC prévoit en ce sens que « le juge aux
affaires familiales est, le cas échéant, juge de la mise en état.»
 Dans la mesure où le juge de la mise en état possède une
compétence exclusive pour statuer sur les exceptions de procédure, il est
certain que le juge aux affaires familiales dispose des mêmes pouvoirs
 L’exception de procédure soulevée dans le cadre d’un appel
 Principe
 Lorsqu’une exception de procédure est soulevée pour la première
fois en appel elle est, par principe, irrecevable, dans la mesure où, par
hypothèse, des défenses au fond ont été présentées en première instance.
 La condition tenant à l’invocation à titre in limine litis des
exceptions de procédure n’est donc pas remplie (V. en ce sens 1ère  civ.,
14 avr. 2010, n°09-12.477).
 Cette solution s’applique quand bien même c’est la compétence
d’une juridiction étrangère qui serait revendiquée.
 Exception
 Il est de jurisprudence constante que, par dérogation, une
exception d’incompétence peut être soulevée pour la première fois en
appel, dès lors qu’elle est soulevée avant toute défense au fond, ce qui
sera le cas lorsque le défendeur n’a pas comparu en première instance.
 La Cour de cassation a précisé dans un arrêt du 25 novembre 1981
qu’il n’était pas nécessaire que l’exception d’incompétence figure dans
la déclaration d’appel
 Elle peut valablement être soulevée dans des conclusions
postérieures (  2e  civ. , 25 nov. 1981)
 L’exception de procédure soulevée dans le cadre d’un pourvoi en cassation
 À l’instar de la procédure d’appel, la Cour de cassation considère que les
exceptions de procédure ne peuvent pas être soulevées pour la première fois
dans le cadre d’un pourvoi en cassation (  1ère  civ., 28 févr. 2006, n° 03-
21048)
 La règle posée à l’article 74 du CPC est d’interprétation stricte de sorte
que dès lors que des défenses au fond ont été soulevées en première instance
ou en appel par le plaideur, il lui est défendu d’exciper des exceptions de
procédure devant la haute juridiction, quand bien même l’exception
soulevée serait d’ordre public (, ass. plén., 26 mai 1967, n°63-12709).
C) Liste des exceptions de procédure
 Au nombre des exceptions de procédure figurent :
 Les exceptions d’incompétence
 Les exceptions de litispendance et de connexité
 Les exceptions dilatoires
 Les exceptions de nullité
Cette liste est-elle limitative ? Selon certains auteurs, comme Serge Guinchard ou
Isabelle Pétel-Teyssié, la définition de l’article 73 du CPC permet de concevoir
d’autres exceptions, dès lors qu’elles tendent à la finalité énoncée par cet article.

Cette opinion a été illustrée par la jurisprudence qui a qualifié d’exception de


procédure la règle « le criminel tient le civil en l’état » (Cass. 1ère  civ., 28 avril 1982)
en précisant que l’exception était de la nature de celle visée à l’article 108 du CPC,
c’est-à-dire une exception dilatoire ou encore l’incident tendant à faire constater la
caducité du jugement par application de l’article 478 du CPC procédure civile (Cass.
2e  civ., 22 novembre 2001) ou l’incident de péremption (Cass. 2e  civ., 31 janvier
1996).
Quant au régime juridique des exceptions de procédure, il obéit à des règles strictes
fixées par l’article 74 du CPC : « les exceptions doivent être invoquées avant toute
défense au fond ou fin de non-recevoir » et la deuxième chambre civile, le 8 juillet
2004, puis le 14 avril 2005 a précisé, montrant la rigueur de ces dispositions, qu’une
partie n’était pas recevable à soulever une exception de procédure après une fin de
non-recevoir, peu important que les incidents aient été présentés dans les mêmes
conclusions.
II) Régime 
S’agissant de l’exception d’incompétence, elle est régie par les articles 75 à 91 du
Code de procédure civile. Le moyen tiré de l’incompétence consiste à contester à la
juridiction saisie :

 Soit sa compétence matérielle


 Soit sa compétence territoriale
A) Incompétence et défaut de pouvoir
L’incompétence ne doit pas être confondue avec le défaut de pouvoir du Juge.
 Une juridiction peut avoir été valablement saisie par une partie, sans pour autant
être investie du pouvoir de trancher le litige.
 Tel sera le cas du Juge des référés qui, nonobstant les règles qui régissent
sa compétence matérielle et territoriale, ne dispose pas du pouvoir de statuer
au principal
 Tel sera encore le cas du Juge-commissaire dont le pouvoir est limité à la
vérification des créances, de sorte qu’il lui est interdit de statuer sur leur
validité
 Une Juridiction peut, à l’inverse, être pleinement investie du pouvoir de
trancher une question qui lui est soumise, sans pour autant être matériellement
ou territorialement compétente pour statuer.
 Tel sera le cas du Tribunal judiciaire qui dispose du pouvoir de statuer au
principal tout en étant incompétent pour se prononcer sur un litige de nature
commerciale
 Il en va de même pour le Tribunal de commerce de Paris qui dispose du
pouvoir de statuer sur l’ouverture d’une procédure collective, mais qui n’est
pas compétent pour se prononcer sur une procédure de redressement
judiciaire ouverte à l’encontre d’un débiteur dont le siège social est situé à
Marseille
Tandis que l’incompétence relève de la catégorie des exceptions de procédure, et qui
donc ne peut être soulevée qu’in limine litis, le défaut de pouvoir est constitutif d’une
fin de non-recevoir et peut, dès lors, être soulevée en tout état de cause.
B) Le déclinatoire d’incompétence
L’article 75 du CPC dispose que s’il est prétendu que la juridiction saisie en première
instance ou en appel est incompétente, la partie qui soulève cette exception doit, à
peine d’irrecevabilité

 D’une part, la motiver, soit exposer les raisons en fait et en droit qui fonde
l’incompétence excipée
 D’autre part, désigner la juridiction compétence, faute de quoi l’incompétence
soulevée est irrecevable
C) L’invocation de l’exception d’incompétence
Le Code de procédure civile distingue selon que l’incompétence de la juridiction est
soulevée par une partie ou par le juge.

==> L’incompétence soulevée par les parties


L’exception d’incompétence n’étant envisagée par le Code de procédure civile que
comme un moyen de défense, le demandeur est irrecevable à contester la compétence
de la juridiction qu’il a saisie (V. en ce sens Cass. 3e  civ., 29 avr. 2002, n° 00-20973)
==> L’incompétence relevée par le Juge
Il ressort des articles 76 et 77 du Code de procédure civile qu’il convient de distinguer
selon que le juge soulève d’office son incompétence matérielle ou territoriale

 L’incompétence matérielle
 Principe
 L’article 76 du CPC prévoit que l’incompétence peut être
prononcée d’office en cas de violation d’une règle de compétence
d’attribution lorsque cette règle est d’ordre public ou lorsque le
défendeur ne comparaît pas.
 Cette disposition précise que l’incompétence matérielle ne peut
l’être qu’en ces cas.
 Le pouvoir du juge de soulever d’office son incompétence
matérielle reste une faculté, de sorte qu’il ne le fera que si les intérêts de
l’une des parties sont menacés.
 En cas d’inaction du juge ou des parties, la compétence de la
juridiction saisie pourra donc être prorogée
 Tempérament
 L’alinéa 2 de l’article 76 du CPC ajoute que devant la cour d’appel
et devant la Cour de cassation, cette incompétence ne peut être relevée
d’office que si l’affaire relève de la compétence d’une juridiction
répressive ou administrative ou échappe à la connaissance de la
juridiction française.
 L’incompétence territoriale
 Principe
 Il ressort de l’article 76 du CPC que l’incompétence territoriale ne
peut jamais être soulevée en matière contentieuse.
 En matière gracieuse, en revanche, l’article 77 prévoit que le juge
peut relever d’office son incompétence territoriale
 Là encore, il ne s’agit que d’une simple faculté, de sorte que la
compétence territoriale de la juridiction saisie peut être prorogée en cas
d’inaction du juge ou des parties.
 Exception
 Le juge ne peut relever d’office son incompétence territoriale en
matière contentieuse que dans les litiges relatifs à l’état des personnes,
dans les cas où la loi attribue compétence exclusive à une autre
juridiction ou si le défendeur ne comparaît pas.
==> Cas particulier de l’exception de compétence au sein du Tribunal judiciaire

Animé par le souci de limiter les incidents d’instance, le législateur a, dans


concomitamment à la fusion du Tribunal de grande instance et du Tribunal d’instance,
introduit un article 82-1 dans le Code de procédure civile qui vise à régler les
questions de compétence au sein du Tribunal judiciaire.

La création de nouvelle disposition est issue du rapport sur l’amélioration et la


simplification de la procédure civile.qui comportait 30 propositions « pour une justice
civile de première instance modernisée ».
Au nombre de ces propositions figurait celle appelant à « mettre fin aux exceptions
d’incompétence et simplifier la gestion des fins de non-recevoir et des exceptions de
nullité » (proposition n°18)
À cette fin il était notamment suggéré :

 D’une part, dans l’attente de l’instauration du point d’entrée unique que


pourrait constituer le tribunal judiciaire, de permettre au juge de trancher les
exceptions d’incompétence territoriale et matérielle au sein du tribunal de
grande instance, voire au sein du tribunal de grande instance et du tribunal
d’instance
 D’autre part, en cas de mise en place du Tribunal judiciaire, de permettre au
juge de statuer sur les exceptions d’incompétence par simple mesure
d’administration judiciaire, insusceptible de recours, puisque seule la
compétence territoriale sera concernée, à l’instar des juridictions
administratives.
Le tribunal judiciaire ayant finalement été créé, c’est la seconde option qui a été
retenue par le législateur.

 Principe : règlement de l’incident de compétence par l’adoption d’une


mesure judiciaire
 L’article 82-1 du CPC dispose en ce sens que « par dérogation aux
dispositions de la présente sous-section, les questions de compétence au
sein d’un tribunal judiciaire peuvent être réglées avant la première
audience par mention au dossier, à la demande d’une partie ou d’office par
le juge.»
 Ainsi, lorsqu’un incident de compétence survient dans le cadre d’une
instance pendante devant le Tribunal judiciaire et que la difficulté
d’attribution est interne, celui-ci peut être réglé par l’adoption d’une mesure
d’administration judiciaire.
 La conséquence en est que, contrairement à un incident de compétence
ordinaire, la mesure prise par le juge est insusceptible de voie de recours.
 La difficulté de compétence peut être réglée
 Soit à la demande des parties
 Soit d’office par le juge
 S’agissant de la difficulté de compétence en elle-même, elle peut
concerner l’attribution de l’affaire au juge des contentieux de la protection,
au juge de l’exécution, au Juge aux affaires familiale ou encore au Président
de la juridiction
 Formalités
 En ce que le règlement de l’incident de compétence interne au Tribunal
judiciaire consiste en l’adoption d’une mesure d’administration judiciaire, la
décision du juge se traduit, non pas par le prononcé d’une décision, mais par
l’apposition d’une mention au dossier tenu par le greffe
 Notification
 Les parties ou leurs avocats en sont avisés sans délai par tout moyen
conférant date certaine.
 Renvoi
 Une fois le juge compétent (JCP, JEX, JAF etc.) désigné par le juge saisi
à tort, le dossier de l’affaire est aussitôt transmis par le greffe au juge
désigné.
 Contestations
 À l’examen, les parties sont susceptibles de contester la compétence du
juge désigné à deux stades de la procédure
 Contestation devant le juge désigné par le premier Juge saisi
 La compétence du juge à qui l’affaire a été ainsi renvoyée
peut être remise en cause par ce juge ou une partie dans un délai de
trois mois.
 Le délai pour contester la compétence du juge désigné est
donc de trois mois, ce qui est un délai bien plus longtemps que le
délai de droit commun pour interjeter appel d’une décision statuant
sur un incident de compétence, lequel est de 15 jours à compter de la
notification de la décision (  84 CPC).
 En cas de contestation de la compétence du juge désigné, la
procédure se déroule en deux temps
 Premier temps: le juge, d’office ou à la demande
d’une partie, renvoie l’affaire par simple mention au dossier au
président du tribunal judiciaire.
 Second temps: le président renvoie l’affaire, selon les
mêmes modalités, au juge qu’il désigne, étant précisé que sa
décision n’est pas susceptible de recours.
 Contestation devant le Juge désigné par le Président du tribunal
judiciaire
 Lorsque l’affaire est renvoyée par le Président du tribunal
judiciaire, la compétence du Juge désigné peut être contestée par les
parties
 En pareil cas, la décision se prononçant sur la compétence
peut faire l’objet d’un appel dans les conditions prévues aux articles
83 à 91 du CPC.
 Le délai pour interjeter appel est donc ici, non pas de trois
mois, mais de 15 jours.
D) La décision du Juge
Lorsqu’une exception d’incompétence est caractérisée, le juge dispose de deux
options :

 Soit il admet l’exception d’incompétence


 Soit il rejette l’exception d’incompétence
1. La décision admettant l’exception d’incompétence
Lorsque le juge initialement saisi se déclare incompétent, il convient de distinguer
deux hypothèses :

 Soit il invite seulement les parties à mieux se pourvoir


 Soit il désigne la juridiction compétente
==> Invitation à mieux se pourvoir
L’article 81 du CPC prévoit que « lorsque le juge estime que l’affaire relève de la
compétence d’une juridiction répressive, administrative, arbitrale ou étrangère, il
renvoie seulement les parties à mieux se pourvoir. »
Dans ces hypothèses, la désignation de la juridiction compétente est donc prohibée
puisque le juge n’a pas le pouvoir d’imposer sa compétence à ces juridictions.

Ainsi, le juge peut se contenter, dans le dispositif de son jugement, d’inviter les parties
à saisir la juridiction compétente, sans pour autant la désigner. Il les invitera donc à
« mieux se pourvoir ».
==> Désignation de la juridiction compétente
Lorsque le litige relève de la compétence d’une juridiction autre que des juridictions
répressives, administratives arbitrales ou étrangères, le juge qui se déclare incompétent
a l’obligation, conformément à l’article 81 du CPC, de désigner la juridiction qu’il
estime compétente.

Tel sera le cas lorsque le litige relèvera de la compétence des juridictions civiles ou
commerciales.
Précision qui n’est pas sans importance, l’alinéa 2 in fine de l’article 81 du CPC
prévoit que la désignation par le juge de la juridiction compétente « s’impose aux
parties et au juge de renvoi ».
Cela signifie que, quand bien même le juge de renvoi s’estimerait incompétent, il n’a
d’autre choix que de statuer le litige qui lui est soumis en suite d’une déclaration
d’incompétence.

==> Modalités du renvoi
L’article 82 du CPC prévoit que, en cas de renvoi devant une juridiction désignée, le
dossier de l’affaire lui est transmis par le greffe, avec une copie de la décision de
renvoi, à défaut d’appel dans le délai.

Dans un arrêt du 6 juillet 2000, la Cour de cassation a précisé que, en cas de carence
du greffe, les dispositions de l’article 82 du CPC « ne dispensent pas les parties
d’accomplir, s’il y a lieu, les diligences propres à éviter la péremption de l’instance »
(Cass. 2e  civ. 6 juill. 2000, n°98-17893)
Lorsque le greffe accomplit sa tâche, dès réception du dossier, les parties sont invitées
par tout moyen par le greffe de la juridiction désignée à poursuivre l’instance et, s’il y
a lieu, à constituer avocat dans le délai d’un mois à compter de cet avis.

Lorsque devant la juridiction désignée les parties sont tenues de se faire représenter,
l’affaire est d’office radiée si aucune d’elles n’a constitué avocat dans le mois de
l’invitation qui leur a été faite en application de l’alinéa précédent.

==> Effets de la déclaration d’incompétence


Deux situations doivent être distinguées :

 Le juge invite les parties à mieux se pourvoir


 Dans cette hypothèse le juge est immédiatement dessaisi et l’instance est
éteinte.
 Il en résulte que les parties sont dans l’obligation :
 Soit d’interjeter appel si elles entendent contester cette déclaration
d’incompétence
 Soit d’introduire une nouvelle instance devant la juridiction
compétente qui
 En toute hypothèse, il leur reviendra de déterminer la juridiction
compétente qui, par hypothèse, n’a pas été désignée.
 Le juge désigne la juridiction qu’il estime compétente
 Dans cette hypothèse, il est dessaisi de l’affaire, sans pour autant qu’il en
résulte une extinction de l’instance
 En effet, l’instance a vocation à se poursuivre devant la juridiction
désignée
 Les parties sont donc dispensées d’accomplir des formalités de saisine,
soit concrètement de faire délivrer une nouvelle assignation.
 L’instance est suspendue tant que le délai pour interjeter appel de la
déclaration d’appel n’a pas écoulé.
 Ce n’est qu’à l’expiration de ce délai que le dossier de l’affaire est
transmis à la juridiction désignée.
En tout état de cause l’article 79 du CPC précise que « lorsqu’il ne se prononce pas
sur le fond du litige, mais que la détermination de la compétence dépend d’une
question de fond, le juge doit, dans le dispositif du jugement, statuer sur cette question
de fond et sur la compétence par des dispositions distinctes ».
L’alinéa 2 précise que « sa décision a autorité de chose jugée sur cette question de
fond ».
Il ressort de la règle ainsi posée que lorsque le juge est contraint, pour statuer sur sa
compétence, de trancher une question de fond, sa décision aura autorité de la chose
jugée sur cette question de fond.

Par exception, la décision rendue par le juge des référés ne sera jamais revêtue de cette
autorité de la chose jugée. Et pour cause, celui-ci ne statue jamais au principal. Sa
décision est toujours rendue au provisoire.

2. La décision rejetant l’exception d’incompétence


Lorsque le juge s’estime compétent, il dispose de deux options :

 Soit il dissocie la question de sa compétence du reste de l’affaire


 Soit il statue sur le tout dans un même jugement
==> Le juge dissocie la question de sa compétence du reste de l’affaire
Dans cette hypothèse, le juge statuera en deux temps :

 Première phase
 Il statue sur sa compétence et corrélativement sursoit à statuer sur le fond
 En application de l’article 80 du CPC, dans cette hypothèse l’instance est
alors suspendue jusqu’à l’expiration du délai pour former appel et, en cas
d’appel, jusqu’à ce que la cour d’appel ait rendu sa décision.
 L’incident de compétence sera ainsi définitivement réglé avant que le
juge ne se prononce sur le fond
 Seconde phase
 Le juge statue sur le fond du litige, étant précisé que toutes les voies de
recours seront épuisées contre la décision qui a préalablement tranché la
question de la compétence
 L’appel de cette décision ne pourra donc porter que sur le fond et non
plus sur la compétence.
==> Le juge statue sur le tout dans un même jugement
L’article 78 du CPC prévoit que le juge peut, dans un même jugement, mais par des
dispositions distinctes, se déclarer compétent et statuer sur le fond du litige, après
avoir, le cas échéant, mis préalablement les parties en demeure de conclure sur le fond.

Ainsi, la possibilité s’offre au juge de ne pas dissocier la question de la compétence du


reste de l’affaire. Il optera notamment pour cette option lorsque l’incident de
compétence n’est pas sérieux, à tout le moins ne soulève aucune difficulté.

Le juge est sûr de son fait, de sorte qu’il n’est pas nécessaire qu’il dissocie la
compétence du fond.

Reste que l’article 78 du CPC lui impose de trancher par dispositions distinctes dans
son dispositif.

Par ailleurs, il doit avoir préalablement et expressément invité les parties à conclure
sur le fond, étant précisé que cette obligation pèse sur toutes les juridictions, y compris
les Cours d’appel.

E) Les voies de recours


Jusqu’en 2017 il existait une dualité des voies de recours pour contester une décision
statuant sur la compétence d’une juridiction : le contredit et l’appel.

Ces deux recours étaient tous deux portés devant la cour d’appel, et leur existence
interdisait le pourvoi en cassation contre la décision des premiers juges même rendue
en premier et dernier ressort mais ils n’étaient pas utilisables indifféremment.

Cette dualité des voies de recours a été supprimée par le décret n°2017-891 du 6 mai
2017 à la faveur de l’appel qui est désormais la seule voie de recours pour contester
une décision qui tranche une question de compétence.
Reste que le Code distingue désormais deux procédures d’appel, selon que le jugement
contesté statue exclusivement sur la compétence ou selon qu’elle statue sur la
compétence et sur le fond du litige

1. L’appel du jugement statuant exclusivement sur la compétence


==> Une voie de recours unique : l’appel
L’article 83 du CPC pose que « lorsque le juge s’est prononcé sur la compétence sans
statuer sur le fond du litige, sa décision peut faire l’objet d’un appel dans les
conditions prévues par le présent paragraphe. »
La voie du contredit est ainsi complètement abandonnée. Il en va de même,
précise l’alinéa 2 de cette disposition, lorsque « le juge se prononce sur la compétence
et ordonne une mesure d’instruction ou une mesure provisoire ».
Peu importe que la déclaration d’incompétence soit assortie du prononcé d’une mesure
provisoire ou d’instruction : la seule voie de recours ouverte aux parties c’est l’appel.

==> Délai d’appel
L’article 84 du CPC prévoit que le délai pour interjeter appel est de quinze jours à
compter de la notification du jugement.

En principe, la notification est assurée par le greffe qui notifie le jugement aux parties
par lettre recommandée avec demande d’avis de réception.

Il notifie également le jugement à leur avocat, dans le cas d’une procédure avec
représentation obligatoire.

En cas d’appel, l’appelant doit, à peine de caducité de la déclaration d’appel, saisir,


dans le délai d’appel, le premier président en vue, selon le cas, d’être autorisé à
assigner à jour fixe ou de bénéficier d’une fixation prioritaire de l’affaire.

==> Déclaration d’appel
L’article 85 prévoit que l’appel est interjeté par voie de déclaration accomplie auprès
du greffe de la Cour d’appel

Cette déclaration d’appel doit contenir :

 Les mentions prescrites selon le cas par les articles 901 ou 933


 La représentation est obligatoire
 L’article 901 prévoit que la déclaration d’appel est faite par acte
contenant, outre les mentions prescrites par l’article 58, et à peine de
nullité :
 La constitution de l’avocat de l’appelant ;
 L’indication de la décision attaquée ;
 L’indication de la cour devant laquelle l’appel est porté ;
 Les chefs du jugement expressément critiqués auxquels
l’appel est limité, sauf si l’appel tend à l’annulation du jugement ou
si l’objet du litige est indivisible.
 Elle est signée par l’avocat constitué.
 Elle est accompagnée d’une copie de la décision.
 Elle est remise au greffe et vaut demande d’inscription au
rôle.
 La représentation n’est pas obligatoire
 L’article 933 prévoit quant à lui que :
 la déclaration comporte les mentions prescrites par
l’article 58.
 Elle désigne le jugement dont il est fait appel, précise
les chefs du jugement critiqués auquel l’appel est limité, sauf si
l’appel tend à l’annulation du jugement ou si l’objet du litige est
indivisible, et mentionne, le cas échéant, le nom et l’adresse du
représentant de l’appelant devant la cour.
 Elle est accompagnée de la copie de la décision.
 La déclaration d’appel doit préciser qu’elle est dirigée
contre un jugement statuant sur la compétence et doit, à peine
d’irrecevabilité, être motivée, soit dans la déclaration elle-même,
soit dans des conclusions jointes à cette déclaration.
==> Instruction et jugement
L’article 85 du CPC prévoit que l’appel est instruit et jugé comme en matière de
procédure à jour fixe si les règles applicables à l’appel des décisions rendues par la
juridiction dont émane le jugement frappé d’appel imposent la constitution d’avocat,
ou, dans le cas contraire, comme il est dit à l’article 948.

==> La décision de la Cour d’appel


Qu’elle confirme ou infirme la décision contestée, en application de l’article 86 du
CPC, il échoit à la Cour d’appel de renvoyer l’affaire à la juridiction qu’elle estime
compétente. Cette décision s’impose aux parties et au juge de renvoi.

Lorsque le renvoi est fait à la juridiction qui avait été initialement saisie, l’instance se
poursuit à la diligence du juge.
==> Notification
Le greffier de la cour notifie aussitôt l’arrêt aux parties par lettre recommandée avec
demande d’avis de réception.

==> Voies de recours
Si l’arrêt rendu par la Cour d’appel n’est pas susceptible d’opposition, il peut faire
l’objet d’un pourvoi en cassation.

Le délai de pourvoi en cassation (deux mois) court à compter de sa notification.

==> Évocation au fond
 Principe
 L’article 88 du CPC autorise la Cour d’appel à évoquer le fond
 Autrement dit, il lui est permis de se prononcer au-delà de la compétence
de la juridiction saisie en première instance, ce qui revient à priver les
parties d’un double degré de juridiction
 C’est la raison pour laquelle cette faculté est subordonnée à la
satisfaction de conditions
 Conditions
 Deux conditions cumulatives doivent être remplies pour que la Cour
d’appel soit autorisée à évoquer l’affaire qui lui est déférée au fond :
 D’une part, elle doit être la juridiction d’appel relativement à la
juridiction qu’elle estime compétente
 La Cour d’appel doit ainsi posséder une plénitude de
juridiction
 La juridiction qu’elle considère comme compétence doit, en
particulier, se situer dans son ressort
 D’autre part, l’évocation de l’affaire au fond est permise si la
Cour d’appel estime de bonne justice de donner à l’affaire une solution
définitive après avoir ordonné elle-même, le cas échéant, une mesure
d’instruction.
 Cette condition, purement subjective, est laissée à
l’appréciation souveraine de la Cour d’appel
 Procédure
 L’article 89 du CPC pose que quand elle décide d’évoquer, la cour invite
les parties, le cas échéant par lettre recommandée avec demande d’avis de
réception, à constituer avocat dans le délai qu’elle fixe, si les règles
applicables à l’appel des décisions rendues par la juridiction dont émane le
jugement frappé d’appel imposent cette constitution.
 Si aucune des parties ne constitue avocat, la cour peut prononcer d’office
la radiation de l’affaire par décision motivée non susceptible de recours.
 Copie de cette décision est portée à la connaissance de chacune des
parties par lettre simple adressée à leur domicile ou à leur résidence.
2. L’appel du jugement statuant sur la compétence et le fond du litige
L’appel du jugement statuant sur la compétence et le fond du litige est régi par les
articles 90 et 91 du CPC.

Il ressort de ces dispositions qu’il convient de distinguer selon que le jugement


critiqué a été rendu en premier ressort ou en dernier ressort.

Les pouvoirs de la Cour d’appel sont, en effet, différents selon que l’on se trouve dans
l’une ou l’autre situation.

En tout état de cause, le délai pour interjeter appel de la décision de première instance
est d’un mois à compter de la notification de la décision.

==> Le jugement critiqué a été rendu en premier ressort


Dans cette hypothèse, l’article 90 du CPC pose que le jugement critiqué peut alors être
frappé d’appel dans l’ensemble de ses dispositions.

Les modalités d’application de ce principe diffèrent toutefois selon que l’arrêt rendu
confirme ou infirme la décision rendue en première instance du chef de la compétence

 L’arrêt de la Cour d’appel confirme le jugement du chef de la compétence


 Lorsque la Cour confirme la décision rendue en première instance du
chef de la compétence, rien ne fait obstacle à ce qu’elle se prononce, dans le
même temps, sur le fond du litige.
 Dans cette hypothèse, c’est donc la même Cour d’appel qui est amenée à
statuer sur l’ensemble des dispositions du jugement critiqué.
 L’arrêt de la Cour d’appel infirme le jugement du chef de la compétence
 Dans cette hypothèse, l’article 90 du CPC distingue deux situations :
 La Cour est juridiction d’appel relativement à la juridiction
qu’elle estime compétente
 En pareil cas, l’article 90, al. 2e du CPC dispose que la Cour
d’appel saisie statue néanmoins sur le fond du litige
 Ainsi, l’incompétence de la juridiction de première instance
ne fait pas obstacle à ce que la Cour statue sur le fond du litige
 La solution est logique puisque cette dernière est, en tout
état de cause, la juridiction compétente pour connaître de l’appel sur
le fond dont est frappé le jugement rendu en première instance
 La Cour n’est pas la juridiction d’appel relativement à la
juridiction qu’elle estime compétente
 Dans cette hypothèse, l’article 90 al. 3 du CPC prévoit que
la Cour doit renvoyer l’affaire devant la cour qui est juridiction
d’appel relativement à la juridiction qui eût été compétente en
première instance.
 Cette décision s’impose alors aux parties et à la cour de
renvoi.
 Quand bien même cette dernière s’estimerait incompétente,
elle n’aura donc d’autre choix que de statuer.
==> Le jugement critiqué a été rendu en dernier ressort
 Principe
 L’article 91 du CPC prévoit que lorsque le juge s’est déclaré compétent
et a statué sur le fond du litige dans un même jugement rendu en dernier
ressort, celui-ci peut être frappé d’appel exclusivement sur la compétence.
 Ainsi l’effet dévolutif de l’appel ne pourra pas s’étendre aux dispositions
sur le fond.
 La raison en est que le jugement frappé d’appel a été rendu en dernier
ressort, ce qui dès lors implique qu’il est insusceptible d’être frappé d’appel
sur le fond du litige.
 Tout au plus les parties pourront former un pourvoi en cassation, si elles
souhaitent critiquer les dispositions du jugement sur le fond.
 Mise en œuvre du principe
 L’alinéa 2 de l’article 91 précise que, en cas d’appel, lorsque la cour
infirme la décision attaquée du chef de la compétence, elle renvoie l’affaire
devant la juridiction qu’elle estime compétente à laquelle le dossier est
transmis à l’expiration du délai du pourvoi ou, le cas échéant, lorsqu’il a été
statué sur celui-ci.
 Plusieurs enseignements peuvent être retirés de cette disposition
 Renvoi devant la juridiction compétente
 En cas d’infirmation du jugement rendu en dernier ressort
du chef de la compétence, la Cour d’appel doit renvoyer l’affaire
devant la juridiction compétence
 À cet égard le texte précise que la décision de renvoi
s’impose aux parties et à la juridiction de renvoi.
 Cette dernière n’aura ainsi d’autre choix que de statuer,
quand bien même elle s’estimerait compétente
 Délai du renvoi
 L’affaire est renvoyée à la juridiction compétente seulement
à l’expiration du délai de pouvoir, soit deux mois à compter de la
notification de la décision
 Réformation des dispositions sur le fond
 Lorsque la Cour d’appel infirme le jugement qui lui est
déféré du chef de la compétence, quand bien même il a été rendu en
dernier ressort, le renvoi devant la juridiction compétence a pour
conséquence de réformer les dispositions du jugement sur le fond.
 C’est là une véritable entorse au principe qui pose l’absence
d’un double degré de juridiction pour les décisions rendues en
dernier ressort.
 Exception au principe
 L’article 91 du CPC prévoit que, un pourvoi formé à l’encontre des
dispositions sur le fond rend l’appel irrecevable.
 Ainsi, si les parties entendent former un pourvoi en cassation, elles se
privent de la possibilité d’interjeter appel de la décision rendue en dernier
ressort du chef de la compétence.
 Dans l’hypothèse, où la compétence serait discutable, les parties auront
dès lors tout intérêt à saisir d’abord la Cour d’appel avec cette perspective
de voir leur affaire rejuger sur le fond en cas d’arrêt infirmatif

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