Ce document présente les principes de la géographie humaine. Il explique l'évolution de la conception de cette discipline au fil du temps, passant d'un élément parmi d'autres à une science à part entière prenant en compte les interactions entre l'homme et son environnement physique.
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Principes de gographie humaine [ocument lectroni!ue" # P$ %idal de La &lache IN'()*C'I)N p+ sens et objet de la gographie humaine. 1. -examen critique de la conception de gographie humaine : la gographie humaine est une des branches !ui ont rcemment pouss sur le ,ieux tronc de la gographie$ -' il ne s' agissait !ue d' une pith.te/ rien ne serait moins nou,eau$ L' lment humain 0ait essentiellement partie de toute gographie 1 l' homme s' intresse surtout 2 son semblable/ et/ d.s !u' a commenc l' .re des prgrinations et des ,o3ages/ c' est le spectacle des di,ersits sociales associ 2 la di,ersit des lieux !ui a pi!u son attention$ Ce !u' *l3sse a retenu de ses ,o3ages/ c' est 4 la connaissance des cits et des moeurs de beaucoup d' hommes 4 $ Pour la plupart des auteurs anciens aux!uels la gographie 0ait remonter ses titres d' origine/ l' ide de contre est insparable de celle de ses habitants 1 l' exotisme ne se traduit pas moins par les mo3ens de nourriture et l' aspect ph3si!ue des hommes/ !ue par les montagnes/ les dserts/ les 0leu,es !ui 0orment leur entourage$ La gographie humaine ne s' oppose donc pas 2 une gographie d' o5 l' lment humain serait exclu 1 il n' en a exist de telle !ue dans l' esprit de !uel!ues spcialistes exclusi0s$ 6ais elle apporte une conception nou,elle des rapports entre la terre et l' homme/ conception suggre par une connaissance plus s3nthti!ue des lois ph3si!ues !ui rgissent notre sph.re et des relations entre les 7tres ,i,ants !ui la peuplent$ p8 C' est l' expression d' un d,eloppement d' ides et non le rsultat direct et pour ainsi dire matriel de l' extension des dcou,ertes et des connaissances gographi!ues$ Il semblerait !ue la grande lumi.re !ui se pro9eta au x,ie si.cle sur l' ensemble de la terre e:t pu donner lieu 2 une ,ritable gographie humaine$ 'el ne 0ut pas le cas$ Les moeurs des habitants tiennent assurment une grande place dans les rcits et les compilations !ue nous a lgus cette po!ue$ 6ais !uand ce n' est pas le mer,eilleux/ c' est l' anecdote !ui 3 domine$ ans ces di,ers t3pes de socits !ui d0ilent sous nos 3eux/ aucun principe de classi0ication gographi!ue ne se 0ait 9our$ Ceux !ui/ d' apr.s ces donnes/ essa3aient de retracer des tableaux ou des 4 miroirs 4 du monde/ ne se montrent en rien suprieurs 2 -trabon$ Lors!ue/ en ;<=>/ &ernard %arenius crit sa gographie gnrale, l' oeu,re la plus remar!uable !ui ait paru a,ant (itter/ il emploie 2 propos des phnom.nes humains !ui doi,ent 0igurer dans les descriptions de contres/ des expressions montrant une condescendance pres!ue ddaigneuse$ ?insi deux si.cles de dcou,ertes a,aient accumul des notions sur les peuples les plus di,ers/ sans !u' il s' en dgage@t/ pour un esprit proccup de classi0ication scienti0i!ue/ rien de satis0aisant et de net A Cependant la pense scienti0i!ue a,ait t de longue date attire par les in0luences du monde ph3si!ue et leur action sur les socits humaines$ Ce serait 0aire in9ure 2 une ligne de penseurs !ui ,a des premiers philosophes grecs 2 'huc3dide/ ?ristote/ Bippocrate et Cratosth.ne/ !ue de ne pas tenir compte des ,ues ingnieuses/ par0ois pro0ondes/ !ui sont semes dans leurs crits$ Comment le spectacle ,ari et grandissant du monde extrieur n' e:tDil pas ,eill/ par un 9uste retour sur la marche des socits humaines/ un cho dans ces coles philosophi!ues nes sur les ri,ages d' Ionie E Il s' tait trou, l2 des penseurs !ui/ comme Braclite/ ,ritable prdcesseur de &acon/ 9ug.rent !ue l' homme/ plutFt !ue de ri,er la recherche de la ,rit 2 la contemplation de 4 son microcosme 4 / aurait grande raison d' tendre son horiGon et de demander des lumi.res 4 au monde plus grand 4 dont il 0ait partie$ Ils commenc.rent par chercher dans le milieu ph3si!ue l' explication de ce !ui les 0rappait dans le temprament des habitants$ Puis/ 2 mesure !ue les obser,ations sur la marche des ,nements et des socits s' accumul.rent dans le temps et dans l' espace/ on comprit mieux !uelle part il con,enait d' 3 assigner aux causes gographi!ues$ p= Les considrations de 'huc3dide sur la Hr.ce archaI!ue/ de -trabon sur la position de l' Italie/ proc.dent des m7mes exigences d' esprit !ue certains chapitres de l' esprit des lois ou de l' histoire de la civilisation en Angleterre de 'homas &ucJle$ (itter s' inspire aussi de ces ides dans son erdkunde, mais il le 0ait da,antage en gographe$ -i/ par un reste de pr,ention histori!ue/ il assigne un rFle spcial 2 cha!ue grande indi,idualit continentale/ du moins l' interprtation de la nature reste pour lui le pi,ot$ ?u contraire/ pour la plupart des historiens et des sociologues/ la gographie n' inter,ient !u' 2 titre consultati0$ )n part de l' homme pour re,enir par un dtour 2 l' homme$ )n se reprsente la terre comme 4 la sc.ne o5 se droule l' acti,it de l' homme 4 / sans r0lchir !ue cette sc.ne elleDm7me est ,i,ante$ Le probl.me consiste 2 doser les in0luences subies par l' homme/ 2 0aire la part d' un certain genre de dterminisme s' exerant 2 tra,ers les ,nements de l' histoire$ Kuestions assurment gra,es et intressantes/ mais !ui pour 7tre rsolues exigent une connaissance 2 la 0ois gnrale et plus appro0ondie du monde terrestre !u' il n' tait possible de l' obtenir 9us!u' 2 ces derniers temps$ ii. -le principe de l' unit terrestre et la notion de milieu : l' ide !ui plane sur tous les progr.s de la gographie est celle de l' unit terrestre$ La conception de la terre comme un tout dont les parties sont coordonnes/ o5 les phnom.nes s' enchaLnent et obissent 2 des lois gnrales dont dri,ent les cas particuliers/ a,ait/ d.s l' anti!uit/ 0ait son entre dans la science par l' astronomie$ -ui,ant l' expression de Ptolme/ la gographie est 4 la science sublime !ui lit dans le ciel l' image de la terre 4 $ 6ais la conception de l' unit terrestre resta longtemps con0ine dans le domaine mathmati!ue$ Clle n' a pris corps dans les autres parties de la gographie !ue de nos 9ours/ et surtout par la connaissance de la circulation atmosphri!ue !ui prside aux lois du climat$ e plus en plus/ on s' est le, 2 la notion de 0aits gnraux lis 2 l' organisme terrestre$ C' est a,ec raison !ue Fr$ (atGel insiste sur cette conception dont il 0ait la pierre d' angle de son anthropogographie. les 0aits de gographie humaine se rattachent 2 un ensemble terrestre et ne sont explicables !ue par lui$ Ils sont en rapport a,ec le milieu !ue cre/ dans cha!ue partie de la terre/ la combinaison des conditions ph3si!ues$ p< Cette notion de milieu/ c' est surtout la gographie botani!ue !ui a contribu 2 la mettre en lumi.re/ lumi.re !ui se pro9ette sur toute la gographie des 7tres ,i,ants$ ?lexandre e Bumboldt a,ait signal/ a,ec sa prescience accoutume/ l' importance de la ph3sionomie de la ,gtation dans la caractristi!ue d' un pa3sage/ et/ lors!u' en ;M+< B$ &erghaus publia/ sous son inspiration/ la premi.re dition de son atlas phsique, le climat et la ,gtation 3 taient mis nettement en rapport$ Cet aperu 0cond ou,rait la ,oie 2 une nou,elle srie de recherches$ Il ne s' agissait plus en e00et d' un classement sui,ant les esp.ces/ mais d' une ,ue embrassant tout l' ensemble du peuplement ,gtal dans une contre/ de 0aon 2 noter les caract.res par les!uels s' exprime l' in0luence des conditions ambiantes N sol/ temprature/ humidit$ La ph3sionomie de la ,gtation est bien le signalement le plus expressi0 d' une contre/ comme son absence en est un des traits !ui nous tonne$ Lors!ue nous cherchons 2 ,o!uer un pa3sage en0oui dans nos sou,enirs/ ce n' est pas une plante en particulier/ un palmier/ un oli,ier/ dont l' image se dresse dans notre mmoire 1 c' est l' ensemble des ,gtaux di,ers !ui re,7tent le sol/ en soulignent les ondulations et les contours/ lui impriment par leur silhouette/ leurs couleurs/ leur espacement ou leurs masses/ un caract.re commun d' indi,idualit$ La steppe/ la sa,ane/ la sil,e/ le pa3sage de parc/ la 0or7tDclairi.re/ la 0or7tDgalerie/ sont les expressions collecti,es !ui rsument pour nous cet ensemble$ Il ne s' agit pas d' une simple impression pittores!ue/ mais d' une ph3sionomie due aux 0onctions m7mes des plantes et aux ncessits ph3siologi!ues de leur existence$ C' est ce !ue les obser,ations et les recherches exprimentales de la gographie botani!ue/ surtout depuis !u' elles se sont tendues aux rgions tropicales et tempres/ 2 toutes les ingalits d' altitudes/ ont dmontr par l' anal3se et la comparaison$ La concurrence des plantes entre elles est si acti,e !u' il n' 3 a !ue les mieux adaptes au milieu ambiant !ui par,iennent 2 s' 3 maintenir$ Cncore n' estDce 9amais !u' 2 l' tat d' !uilibre instable$ Cette adaptation s' exprime de di,erses mani.res/ la taille/ les dimensions et la position des 0euilles/ le re,7tement pileux/ les 0ibres des tissus/ le d,eloppement des racines/ etc$ Non seulement cha!ue plante pour,oit de son mieux 2 l' accomplissement de ses 0onctions ,itales 1 mais il se 0orme entre ,gtaux di00rents des associations telles !ue l' une pro0ite du ,oisinage de l' autre$ Kuelles !ue soient les ,arits d' esp.ces !ui cohabitent/ pO !uelles !ue soient m7me les di00rences extrieures des procds d' adaptation dont elles usent/ il 3 a dans toute cette population ,gtale un signalement commun/ au!uel ne se trompe pas un oeil exerc$ 'elle est la leon d' oecologie, !ue nous de,ons aux recherches de la gographie botani!ue N oecologie/ c' estD2Ddire/ sui,ant les termes m7mes de celui !ui a in,ent ce nom/ la science !ui tudie 4 les mutuelles relations de tous les organismes ,i,ant dans un seul et m7me lieu/ leur adaptation au milieu !ui les en,ironne 4 $ Car il est ,ident !ue ces relations n' embrassent pas seulement les plantes$ -ans doute/ les animaux dous de locomotion/ et l' homme a,ec son intelligence/ sont mieux arms !ue la plante pour ragir contre les milieux ambiants$ 6ais/ si l' on r0lchit 2 tout ce !u' impli!ue ce mot de milieu ou d' environnement sui,ant l' expression anglaise/ 2 tous les 0ils insouponns dont est tisse la trame !ui nous enlace/ !uel organisme ,i,ant pourrait s' 3 soustraire E Cn somme/ ce !ui se dgage nettement de ces recherches/ c' est une ide essentiellement gographi!ue N celle d' un milieu composite/ dou d' une puissance capable de grouper et de maintenir ensemble des 7tres htrog.nes en cohabitation et corrlation rcipro!ue$ Cette notion paraLt 7tre la loi m7me !ui rgit la gographie des 7tres ,i,ants$ Cha!ue contre reprsente un domaine o5 se sont arti0iciellement runis des 7tres disparates !ui s' 3 sont adapts 2 une ,ie commune$ -i l' on consid.re les lments Goologi!ues !ui entrent dans la composition d' une 0aune rgionale/ on constate !u' elle est des plus htrog.nes 1 elle se compose de reprsentants des esp.ces les plus di,erses/ !ue des circonstances/ tou9ours di00iciles 2 prciser/ mais lies 2 la concurrence ,itale/ ont amens dans cette contre$ Pourtant ils s' 3 sont accommods 1 et/ si les relations !u' ils entretiennent entre eux sont plus ou moins hostiles/ elles sont telles cependant !ue leurs existences semblent solidaires$ Les Lles m7mes/ pour,u !u' elles aient !uel!ue tendue/ ne 0ont pas exception 2 cette di,ersit$ Nous recueillons cheG les naturalistes GooDgographes/ des expressions telles !ue 4 communaut de ,ie 4 / ou bien 4 association 0aunisti!ue 4 $ Formules signi0icati,es/ !ui montrent !ue dans son peuplement animal comme dans son peuplement ,gtal/ toute tendue de sur0ace participant 2 des conditions analogues de relie0/ de position et de climat/ est un milieu composite concentrant des associations 0ormes d' lments di,ers/ indig.nes/ trans0uges/ en,ahisseurs/ sur,i,ants de priodes pM antrieures/ mais unies par les liens d' une adaptation commune$ e !uelle application ces donnes sontDelles susceptibles !uant 2 la gographie humaine E C' est ce !ue nous allons rechercher$ iii. -l' homme et le milieu : mais a,ant d' aller plus loin/ une !uestion se rencontre 2 la!uelle il 0aut bri.,ement rpondre$ La gographie botani!ue s' appuie d92 sur un nombre imposant d' obser,ations et de recherches 1 la gographie Goologi!ue/ !uoi!ue bien moins a,ance/ compte de 0ructueuses explorations 2 son acti0 N !uelles sont les donnes dont dispose la gographie humaine E ' o5 lui ,iennentDelles E -ontDelles asseG nombreuses pour autoriser les conclusions !ue nous a,ons d92 laiss entre,oir E ans l' tude des rapports de la terre et de l' homme/ la perspecti,e a t change 1 plus de recul a t obtenu$ )n n' en,isageait gu.re aupara,ant !ue la priode histori!ue/ c' estD2Ddire le dernier acte du drame humain/ un temps tr.s court par rapport 2 la prsence et 2 l' action de l' homme sur la terre$ L' in,estigation prhistori!ue nous a montr l' homme rpandu depuis un temps immmorial dans les parties les plus di,erses du globe/ arm du 0eu/ taillant des instruments 1 et/ si rudimentaires !ue paraissent ses industries/ on ne saurait considrer comme ngligeables les modi0ications !u' a pu subir/ de leur 0ait/ la ph3sionomie de la terre$ Le chasseur palolithi!ue/ les premiers culti,ateurs nolithi!ues ont ou,ert des br.ches et cr aussi des associations dans le monde des animaux et des plantes$ Ils ont opr sur des points di,ers/ indpendamment les uns des autres/ comme le prou,ent les di,ersits restes en usage dans les procds de production du 0eu$ L' homme a in0lu/ plus anciennement et plus uni,ersellement !u' on ne pensait/ sur le monde ,i,ant$ e ce !ue l' esp.ce humaine s' est rpandue ainsi de bonne heure sur les rgions les plus di,erses/ il rsulte !u' elle a eu 2 se soumettre 2 des cas d' adaptations multiples$ Cha!ue groupe a rencontr dans le milieu spcial o5 il de,ait assurer sa ,ie/ des auxiliaires ainsi !ue des obstacles N les procds aux!uels il a eu recours en,ers eux reprsentent autant de solutions locales du probl.me de l' existence$ )r/ 9us!u' au moment o5/ l' intrieur des continents s' tant ou,ert/ des explorations scienti0i!ues en ont s3stmati!uement obser, les populations/ un pais rideau nous drobait ces d,eloppements ,aris d' humanits$ Les in0luences de milieu ne se r,laient 2 nous !u' 2 tra,ers une masse de contingences histori!ues !ui les ,oile$ pP La ,ision directe de 0ormes d' existence en troit rapport a,ec le milieu/ telle est la chose nou,elle !ue nous de,ons 2 l' obser,ation s3stmati!ue de 0amilles plus isoles/ plus arrires de l' esp.ce humaine$ Les ser,ices !ue nous signalions tout 2 l' heure comme a3ant t rendus 2 la gographie botani!ue par l' anal3se des 0lores extraDeuropennes/ sont prcisment ceux dont la gographie humaine est rede,able 2 la connaissance des peuples rests ,oisins de la nature/ aux naturvolker. !uel!ue part !u' on 0asse aux changes/ il est impossible d' 3 mconnaLtre un caract.re mar!u d' autonomie/ d' endmisme. il nous 0ait comprendre comment certains hommes placs en certaines conditions dtermines de milieux/ agissant d' apr.s leur propre inspiration/ s' 3 sont pris pour organiser leur existence$ N' estDce pas/ apr.s tout/ sur ces bases !ue se sont le,es les ci,ilisations !ui ne sont !ue des accumulations d' expriences E Cn grandissant/ en se compli!uant/ elles n' ont pas enti.rement rompu a,ec ces origines$ Plusieurs de ces 0ormes primiti,es d' existence sont prissables 1 plusieurs sont teintes ou en ,oie d' extinction N soit$ 6ais elles nous laissent/ comme tmoins ou comme reli!ues/ les produits de leur industrie locale/ armes/ instruments/ ,7tements/ etc$/ tous les ob9ets dans les!uels se matrialise/ pour ainsi dire/ leur a00init a,ec la nature ambiante$ )n a eu raison de les recueillir/ d' en 0ormer des muses spciaux o5 ils sont groups et gographi!uement coordonns$ *n ob9et isol dit peu de chose 1 mais des collections de m7me pro,enance nous permettent de discerner une empreinte commune/ et donnent/ ,i,e et directe/ la sensation du milieu$ ?ussi des muses ethnographi!ues tels !ue celui !u' a 0ond 2 &erlin l' in0atigable ardeur de &astian/ ou ceux de LeipGig ou d' autres ,illes/ sontDils de ,ritables archi,es o5 l' homme peut s' tudier luiDm7me/ non point in abstracto, mais sur des ralits$ ?utre progr.s N nous sommes mieux instruits sur la rpartition de notre esp.ce/ nous sa,ons mieux dans !uelle proportion numri!ue l' homme occupe les di,erses parties de la terre$ Qe n' a00irmerais pas !u' on poss.de un in,entaire exact de l' humanit/ et !ue le chi00re de ;$ O>> millions reprsente positi,ement celui de nos semblables 1 mais ce !ui est certain/ c' est !ue gr@ce 2 des sondages prati!us un peu partout dans l' ocan humain/ 2 des recensements rpts/ 2 des estimations plausibles/ on dispose de chi00res d92 asseG prcis pour permettre d' tablir des rapports$ ans la mobilit !ui prside aux rapports de tous les 7tres ,i,ants/ l' tat numri!ue et territorial de cha!ue esp.ce est une notion scienti0i!ue de haute ,aleur$ Clle 9ette un 9our sur l' ,olution du p;> phnom.ne$ La population humaine est un phnom.ne en marche 1 c' est le 0ait mis pleinement en ,idence/ lors!ue/ parDdessus les statisti!ues particuli.res des tats/ on consid.re l' ensemble de sa distribution sur le globe$ Il 3 a des parties !u' elle occupe en 0orce/ o5 elle semble a,oir utilis/ m7me outre mesure/ toutes les possibilits d' espace$ Il 3 en a d' autres o5/ sans !ue des raisons de sol et de climat 9usti0ient cette anomalie/ elle est reste 0aible/ clairseme$ Comment expli!uer ces ingalits/ sinon par des courants d' immigration a3ant pris naissance en des temps antrieurs 2 l' histoire et dont la gographie seule peut nous aider 2 trou,er la trace E Ct naturellement au9ourd' hui ces contres ngliges de,iennent des 0o3ers d' appel pour les mou,ements !ui agitent l' humanit actuelle$ *n des rapports les plus suggesti0s est celui !ui existe entre le nombre d' habitants et une certaine portion de sur0ace 1 autrement dit la densit de population$ -i l' on met en regard des statisti!ues dtailles de population a,ec des cartes galement dtailles/ comme en poss.dent au9ourd' hui pres!ue tous les principaux pa3s du monde/ il est possible/ par un tra,ail d' anal3se/ de discerner des correspondances entre les rassemblements humains et les conditions ph3si!ues$ )n touche ainsi 2 l' un des probl.mes essentiels !ue soul.,e l' occupation de la terre$ Car l' existence d' un groupement de population dense/ d' une cohabitation nombreuse d' 7tres humains dans un minimum d' espace/ garantissant 2 la collecti,it des mo3ens assurs de ,i,re/ est/ si l' on 3 r0lchit/ une con!u7te !ui n' a pu 7tre ralise !u' 2 la 0a,eur de rares et prcieuses circonstances$ ?u9ourd' hui les 0acilits du commerce nous mas!uent les di00icults !u' ont rencontres/ pour 0ormer sur place des groupes compacts/ les hommes d' autre0ois$ Cependant/ la plupart des groupements actuels sont des 0ormations !ui remontent haut dans le pass 1 leur tude anal3ti!ue permet d' en comprendre la gen.se$ Cn ralit la population d' une contre se dcompose/ comme l' a bien montr Le,asseur/ en un certain nombre de no3aux/ entours d' auroles d' intensit dcroissante$ Clle se groupe sui,ant des points ou des lignes d' attraction$ Les hommes ne se sont pas rpandus 2 la 0aon d' une tache d' huile/ ils se sont primiti,ement assembls 2 la 0aon des coraux$ *ne sorte de cristallisation a agglomr sur certains points des bancs de populations humaines$ Ces populations 3 ont/ par leur intelligence/ accru les ressources naturelles et la ,aleur des lieux/ de telle sorte !ue p;; d' autres sont ,enues pour participer/ de gr ou de 0orce/ aux bn0ices de ce patrimoine/ et des couches successi,es se sont accumules sur les terrains d' lection$ Nous possdons au9ourd' hui des donnes anthropologi!ues sur !uel!uesDunes des contres o5 se sont ainsi superposes des allu,ions humaines$ L' Curope centrale/ le bassin mditerranen/ l' Inde anglaise/ nous prsentent/ 2 titres di,ers/ des exemplaires d' apr.s les!uels il est possible de se rendre compte de la composition des peuplements humains$ La complexit de ces peuplements est/ d' une 0aon gnrale/ ce !ui nous 0rappe$ Lors!u' on essaie de distinguer/ d' apr.s les indices anthropologi!ues rputs les plus persistants/ les lments !ui entrent dans la population non seulement d' une grande contre/ mais d' une circonscription rgionale de moindre tendue/ on constate !u' 2 peu d' exceptions pr.s c' est l' absence d' homognit !ui est la r.gle$ L' anthropologie distingue en France des lments tr.s anciens/ remontant aux temps prhistori!ues/ 2 cFt d' lments ,enus ultrieurement/ sou,ent d' une rgion/ d' un dpartement m7me$ Il 3 a dans cette di,ersit des degrs !u' expli!uent su00isamment la nature et la position des contres 1 mais/ dans l' tat actuel de l' ,olution du peuplement humain/ bien rare sont les parties !ui semblent a,oir enti.rement chapp aux 0lots d' in,asions !ui ont circul 2 la sur0ace de la terre N !uel!ues archipels lointains/ !uel!ues cantons montagneux/ tout au plus$ 67me dans la rgion des sil,es a0ricaines/ les n.gres de haute taille et les p3gmes 2 teint plus clair coexistent en rapports rcipro!ues$ )n peut d.s 2 prsent considrer comme ac!uise/ contrairement aux habitudes du langage courant !ui les con0ond sans cesse/ la distinction 0ondamentale du peuplement et de la race$ -ous les con0ormits de langue/ de religion et de nationalit/ persistent et ne laissent pas de tra,ailler les di00rences spci0i!ues implantes en nous par un long ata,isme$ Cependant ces groupes htrog.nes se combinent dans une organisation sociale !ui 0ait de la population d' une contre/ en,isage dans son ensemble/ un corps$ Il arri,e par0ois !ue chacun des lments !ui entrent dans cette composition s' est cantonn dans un genre de ,ie particulier N les uns chasseurs/ les autres agriculteurs/ les autres pasteurs 1 on les ,oit/ en ce cas/ cooprer/ unis les uns aux autres par une solidarit de besoins$ Le plus sou,ent/ 2 l' exception de !uel!ues molcules obstinment r0ractaires tels !ue g3psies/ gitanes/ tGiganes/ p;R etc$ Ddans nos socits d' Curope/ l' in0luence sou,eraine du milieu a tout ralli 2 des occupations et 2 des moeurs analogues$ es signes matriels traduisent ces analogies$ 'elle est la 0orce assouplissante !ui pr,aut sur les di00rences originelles et les combine dans une adaptation commune$ Les associations humaines/ de m7me !ue les associations ,gtales et animales/ se composent d' lments di,ers soumis 2 l' in0luence du milieu$ )n ne sait !uels ,ents les ont runis/ ni d' o5/ ni 2 !uelle po!ue 1 mais ils coexistent dans une contre !ui/ peu 2 peu/ les a mar!us de son empreinte$ Il 3 a des socits de longue date incorpores au milieu/ mais il 3 en a d' autres en 0ormation/ !ui ,ont se recrutant et se modi0iant de 9our en 9our$ -ur cellesDci/ malgr tout/ les conditions ambiantes exercent leur pression et on les ,oit en ?ustralie/ au Cap/ ou en ?mri!ue/ s' imprgner aussi des lieux o5 se droulent leurs destines$ Les boers ne ralisentDils pas un des plus remar!uables t3pes d' adaptation E iv. -l' homme !acteur gographique : parDdessus le localisme dont s' inspiraient les conceptions antrieures/ des rapports gnraux entre la terre et l' homme se 0ont 9our$ La rpartition des hommes a t guide dans sa marche par le rapprochement et la con,ergence des masses terrestres$ Les solitudes ocani!ues ont di,is des oecoum"nes longtemps ignorantes les unes des autres$ -ur l' tendue des continents les groupes !ui ont essaim 2 et l2/ ont rencontr entre eux des obstacles ph3si!ues !u' ils n' ont surmonts !u' 2 la longue N montagnes/ 0or7ts/ marcages/ contres sans eau/ etc$ La ci,ilisation se rsume dans la lutte contre ces obstacles$ Les peuples !ui en sont sortis ,ain!ueurs ont pu mettre en commun les produits d' une exprience collecti,e/ ac!uise en di,ers milieux$ ' autres communauts ont perdu/ par un long isolement/ la 0acult d' initiati,e !ui a,ait mis en oeu,re leurs premiers progr.s 1 incapables de s' le,er par leurs propres 0orces auDdessus d' un certain stade/ elles 0ont songer 2 ces socits animales !ui semblent a,oir puis la somme de progr.s dont elles taient susceptibles$ ?u9ourd' hui toutes les parties de la terre entrent en rapport 1 l' isolement est une anomalie !ui semble un d0i/ et ce n' est plus entre contres contiguSs et ,oisines/ mais entre contres lointaines !u' est le contact$ Les causes ph3si!ues dont les gographes s' taient prcdemment attachs 2 montrer la ,aleur/ ne sont pas pour cela ngligeables 1 il importe tou9ours de mar!uer l' in0luence du relie0/ du climat/ de la position continentale ou insulaire sur les socits humaines 1 mais nous p;+ de,ons en,isager leurs e00ets con9ointement sur l' homme et sur l' ensemble du monde ,i,ant$ C' est ainsi !ue nous pou,ons le mieux apprcier le rFle !u' il con,ient d' attribuer 2 l' homme comme 0acteur gographi!ue$ ?cti0 et passi0/ il est 2 la 0ois les deux$ Car/ sui,ant le mot bien connu/ 4 natura non nisi parendo ,incitur 4 $ *n minent gographe russe/ 6$ ToeIJo0/ a 0ait remar!uer !ue les ob9ets soumis 2 la puissance de l' homme sont surtout ce !u' il appelle 4 les corps meubles 4 $ Il 3 a en e00et sur la partie de l' corce terrestre !ui est directement soumise 2 l' action mcani!ue des eaux courantes/ des geles/ des ,ents/ des plantes par leurs racines/ des animaux par les transports de molcules et le pitinement/ un rsidu de dsagrgation sans cesse renou,el/ disponible/ susceptible de se modi0ier et d' accueillir des 0ormes di,erses$ ans les parties les plus ingrates du -ahara les dunes sont le dernier asile de la ,gtation et de la ,ie$ L' action de l' homme trou,e plus de 0acilits 2 s' exercer dans les contres o5 ces matriaux meubles sont rpartis a,ec abondance !ue dans celles o5 une carapace calcaire/ une cro:te latriti!ue par exemple ont endurci et strilis la sur0ace$ 6ais il 0aut a9outer !ue la terre elleDm7me/ sui,ant l' expression de &erthelot/ est !uel!ue chose de ,i,ant$ -ous l' in0luence de la lumi.re et d' nergies dont le mcanisme nous chappe/ les plantes absorbent et dcomposent les corps chimi!ues 1 les bactries 0ixent dans certains ,gtaux l' aGote de l' atmosph.re$ La ,ie/ trans0orme en passant d' organismes en organismes/ circule 2 tra,ers une 0oule d' 7tres N les uns laborent la substance dont se nourrissent les autres 1 !uel!uesDuns transportent les germes de maladies !ui peu,ent dtruire d' autres esp.ces$ Ce n' est pas seulement 2 la 0a,eur des agents inorgani!ues !ue se produit l' action trans0ormatrice de l' homme 1 il ne se contente pas de mettre 2 pro0it/ a,ec sa charrue/ les matriaux de dcomposition du sousDsol 1 d' utiliser les chutes d' eau/ la 0orce de pesanteur accrue par les ingalits du relie0 1 il collabore a,ec toutes ces nergies ,i,antes !ui se groupent et s' associent sui,ant les conditions de milieu$ Il entre dans le 9eu de la nature$ Ce 9eu n' est pas exempt de pripties$ Il 0aut remar!uer !ue/ dans beaucoup de parties de la terre/ sinon dans la totalit/ les conditions de milieu dtermines par le climat n' ont pas la 0ixit !ue semblent leur attribuer les mo3ennes enregistres par nos cartes$ Le climat est p;8 une rsultante !ui oscille autour d' une mo3enne/ plutFt !u' il ne s' 3 tient$ Les donnes beaucoup trop impar0aites encore !ue nous possdons/ ont toute0ois mis en lumi.re le 0ait !ue ces oscillations semblent a,oir un caract.re priodi!ue/ c' estD2Ddire !u' elles persistent plusieurs annes tantFt dans un sens/ tantFt dans un autre$ es sries plu,ieuses alternent a,ec des sries s.ches 1 et si ces ,ariations n' apportent pas grand trouble dans les contres abondamment arroses/ il n' en est pas de m7me dans celles !ui ne reoi,ent !ue le minimum ncessaire$ )n comprend la porte de cette obser,ation/ car l' inter,ention de l' homme peut consolider le moment positi0/ asseoir sur un tat temporaire un tat 0ixe/ 0ixe du moins 9us!u' 2 nou,el ordre$ Prenons un exemple N du nord de l' ?0ri!ue au centre de l' ?sie/ les obser,ateurs sont 0rapps de spectacles de dsolation !ui contrastent a,ec les ,estiges de culture et les ruines !ui attestent une ancienne prosprit$ CelleDci reposait sur le 0ragile cha0audage de tra,aux d' irrigation/ gr@ce aux!uels l' homme russissait 2 tendre aux priodes s.ches le bn0ice des priodes humides$ Kue la 0onction bien0aisante soit interrompue !uel!ue temps/ tous les ennemis !ue combattait l' irrigation prendront le dessus$ -urtout/ chose plus gra,e/ l' adaptation aura pris un autre cours$ ' autres habitudes auront pr,alu cheG les hommes 1 leur existence sera lie 2 d' autres mo3ens/ 2 d' autres 7tres exigeant d' autres disponibilits d' espace$ La 0or7t n' a pas de plus grand ennemi !ue le pasteur 1 les digues et les canaux ont un ad,ersaire acharn dans le bdouin dont elles g7nent les prgrinations$ L' action de l' homme tire sa principale puissance des auxiliaires !u' elle mobilise dans le monde ,i,ant N plantes de culture/ animaux domesti!ues 1 car il met ainsi en branle des 0orces contenues/ !ui trou,ent gr@ce 2 lui le champ libre/ et !ui agissent$ La plupart des associations ,gtales 0ormes par la culture se composent d' lments primiti,ement disperss$ C' taient des plantes niches sur des pentes exposes au soleil/ ou sur les bords des 0leu,es/ !u' a,ait relgues sur certains points la concurrence d' esp.ces groupes en plus grandes masses et constitues en plus gros bataillons$ u cantonnement propice o5 elles s' taient retranches/ ces plantes/ !ue la reconnaissance des hommes de,ait un 9our bnir/ guettaient le moment o5 des circonstances nou,elles leur li,reraient plus d' espace$ L' homme/ en les adoptant dans sa client.le/ leur a rendu ce ser,ice/ il les a dlies$ u m7me coup/ il a 0ra3 la route 2 un cort.ge de ,gtaux ou d' animaux non con,is 1 il a substitu des associations nou,elles 2 celles !ui a,aient a,ant lui pris possession de l' espace$ p;= Qamais/ sans l' homme/ les plantes de culture !ui cou,rent au9ourd' hui une partie de la terre/ n' auraient con!uis sur les associations ri,ales l' espace !u' elles occupent$ FautDil donc penser !ue/ si la main de l' homme se retirait/ les associations aux dpens des!uelles elles se sont tendues/ reprendraient leurs droits E (ien de moins certain$ *ne nou,elle conomie naturelle peut a,oir eu le temps de se substituer 2 l' ancienne$ La 0or7t tropicale en disparaissant a 0ait place 2 la brousse 1 et ce changement/ en modi0iant les conditions de lumi.re/ a limin en partie les 7tres !u' elle abritait/ notamment les glossines redoutables !ui en cartaient d' autres esp.ces$ ?illeurs c' est le sousDbois !ui/ sous 0orme de maquis ou de garrigues, a succd 2 la 0or7t N d' autres enchaLnements se sont produits/ trans0ormant aussi bien le milieu ,i,ant !ue les conditions conomi!ues$ )n entre,oit !u' un champ nou,eau/ pres!ue illimit/ s' ou,re aux obser,ations/ peutD7tre 2 l' exprimentation$ Cn tudiant l' action de l' homme sur la terre/ et les stigmates !u' a d92 imprimes 2 sa sur0ace une occupation tant de 0ois sculaire/ la gographie humaine poursuit un double ob9et$ Clle n' a pas seulement 2 dresser le bilan des destructions !ui/ a,ec ou sans la participation de l' homme/ ont si singuli.rement rduit depuis les temps plioc.nes le nombre des grandes esp.ces animales$ Clle trou,e aussi/ dans une connaissance plus intime des relations !ui unissent l' ensemble du monde ,i,ant/ le mo3en de scruter les trans0ormations actuellement en cours et celle !u' il est permis de pr,oir$ 2 cet gard/ l' action prsente et 0uture de l' homme/ maLtre dsormais des distances/ arm de tout ce !ue la science met 2 son ser,ice/ dpasse de beaucoup l' action !ue nos lointains aIeux ont pu exercer$ FlicitonsDnousDen/ car l' entreprise de colonisation 2 la!uelle notre po!ue a attach sa gloire/ serait un leurre si la nature imposait des cadres rigides au lieu d' ou,rir cette marge aux oeu,res de trans0ormation ou de restauration !ui sont au pou,oir de l' homme$ I$ (CP?('I'I)N B)66C- -*( HL)&C p;P chapitre i. #ue d' ensemble. $. -ingalits et anomalies : pour apprcier les rapports de la terre et de l' homme/ la premi.re !uestion !ui se pose est celleDci N comment l' esp.ce humaine estDelle rpartie sur la sur0ace terrestre E )u/ pour serrer de plus pr.s/ dans !uelles proportions numri!ues en occupeDtDelle les di00rentes contres E Il est 2 prsumer/ en e00et/ bien !ue le critrium ne soit pas in0aillible/ !ue l' homme/ rare ou nombreux/ en groupes denses ou clairsems/ imprime au sol une mar!ue plus ou moins durable/ !ue son rFle est plus acti0 ou plus passi0/ !u' il s' exerce en tout cas d' une 0aon di00rente$ Le gographe ne peut se contenter des chi00res !ue 0ournissent les statisti!ues o00icielles$ Il 0aut bien !u' il 3 9oigne les donnes !ue peu,ent lui 0ournir des sources di,erses/ puis!u' il s' agit de dterminer/ par la comparaison des espaces disponibles et des e00ecti0s/ 9us!u' 2 !uel degr est accomplie actuellement l' occupation humaine de la terre$ 'outes les parties de la sur0ace terrestre doi,ent entrer en ligne de compte 1 ce !ui/ malgr l' insu00isance de certains renseignements/ n' a rien au9ourd' hui de chimri!ue$ L' ensemble seul a une pleine signi0ication/ prcisment par les di00rences/ les contrastes et anomalies !u' il dcou,re$ Ces anomalies ne laissent pas d' 7tre suggesti,es$ L' aire de rpartition d' une esp.ce/ !u' il s' agisse de l' homme ou de toute autre esp.ce ,i,ante/ n' est pas moins instructi,e par les pR> lacunes et les discontinuits !u' elle r,.le/ !ue par les tendues !u' elle cou,re$ )n estime !ue la population de la terre/ en ;P;+/ s' l.,e en,iron 2 ;$ <+;$ =;O$ >>> habitants$ ' o5 il rsulterait/ pour l' ensemble de la terre/ une densit mo3enne de ;; habitants par Jilom.tre carr N chi00re !u' on peut traiter de pure abstraction/ car/ entre le maximum atteint par les ci,ilisations a,ances et le minimum ralis par les socits rudimentaires/ il ne correspond 2 aucune tape !ui semble durable dans les contres en ,oie de peuplement$ )r/ comment cette population estDelle rpartie E Les deux tiers des habitants de la terre sont concentrs dans un espace !ui n' est !ue le septi.me de sa super0icie$ L' Curope/ l' Inde/ la Chine propre et l' archipel du Qapon absorbent 2 eux seuls plus d' un milliard d' habitants$ C' est dans ce groupe de territoires/ isols les uns des autres/ rests longtemps sans rapports directs/ !ue se sont rassembls tous les gros bataillons$ *n autre groupe/ il est ,rai/ s' a,ance depuis un si.cle 2 pas de gant N on compte/ en ;P;>/ plus de ;>; millions d' habitants aux tatsD*nis$ Ce chi00re/ toute0ois/ n' gale pas encore le !uart de la population de l' Curope/ 2 super0icie 2 peu pr.s gale$ &ien plus 0ortement s' accusent les di00rences/ si on les calcule entre contres situes au nord et contres situes au sud de l' !uateur$ La Gone tempre est loin d' atteindre sans doute dans l' hmisph.re austral la m7me tendue !ue dans le nFtre 1 mais si l' on compare la population du sud du &rsil/ des tats de la Plata/ du Chili/ du Cap/ de l' ?ustralie et de la Nou,elleDUlande 2 celle !ui occupe des rgions correspondantes et ni plus ni moins 0a,orises dans notre hmisph.re/ la disproportion/ malgr les accroissements rcents !ui modi0ient peu 2 peu la balance/ reste encore extr7mement mar!ue$ Il 0aut ,aluer 2 ;= millions en,iron de Jilom.tres carrs/ une 0ois et demie l' Curope/ l' tendue des contres tempres de l' hmisph.re austral 1 et ce n' est gu.re/ tout compte 0ait/ !u' au chi00re de R< 2 RO millions !u' on peut en estimer la population actuelle$ *n certain rapprochement tend sans doute 2 s' oprer entre ces chi00res 1 mais combien grande est encore la distance 2 con!urir/ si tant est !u' elle doi,e 7tre con!uise A )n peut dire !ue/ a,ant l' essor inouI de l' migration europenne au xixe si.cle/ phnom.ne !ui reprsente pR; un point tournant dans l' ,olution du peuplement humain/ la rpartition de notre esp.ce sur le globe ne di00rait gu.re de ce !ue l' on obser,e au9ourd' hui/ par exemple/ 2 6adagascar/ o5 plus du tiers de la population s' accumule sur un espace !ui n' est !ue le ,ingti.me de l' Lle$ e telles ingalits sontDelles 9usti0ies par les conditions naturelles E La multiplication de l' esp.ce humaine rencontre de gra,es obstacles/ en partie insurmontables/ soit dans une surabondance de ,ie ,gtale et microbienne/ tou00ant l' acti,it de l' homme/ comme c' est le cas dans les sil,es !uatoriales 1 soit dans une pnurie !ui/ par insu00isance d' eau ou de chaleur/ anmie en !uel!ue sorte toutes les sources d' existence$ ?u contraire/ la clmence du climat/ l' abondance spontane des mo3ens de nourriture sont des circonstances propices$ )n a essa3/ 2 la suite de Candolle/ de dresser le bilan des plantes nourrici.res d' apr.s l' origine N si parmi les rgions les plus 0a,orises on compte le domaine mditerranen et l' Inde/ le -oudan pourrait 3 0igurer au m7me titre/ et l' on ne ,oit pas !ue sa contribution ait 9amais t bien 0orte au peuplement du globe$ *n critrium plus s:r serait dans les 0acilits d' acclimatation !u' o00rent certains climats$ Celui/ par exemple/ o5 une priode plu,ieuse et chaude de !uatre 2 cin! mois succ.de 2 des hi,ers de temprature et d' humidit modres/ permet 2 la ,gtation d' accomplir par an deux c3cles et 2 l' homme de prati!uer deux rcoltes$ Les europens s' mer,eillent du changement 2 ,ue !ui/ de mai 2 9uin/ trans0orme les campagnes du sud du Qapon$ ?ux 9oies bru3antes de la moisson succ.de en un clin d' oeil l' acti,it silencieuse des nou,eaux germes !u' on ,ient de dposer dans le sol$ Ce rgime/ !ui est celui de l' ?sie des moussons/ a s:rement stimul la 0condit humaine 1 mais l' aDtDil 0ait partout E *n autre t3pe de climat 0a,orable/ !uoi!ue moins libral en somme/ est celui !ui mnage 2 la ,gtation/ apr.s une interruption hi,ernale/ une priode d' au moins six mois de temprature dpassant ;> degrs/ a,ec des pluies su00isantes$ Le c3cle est asseG long pour ou,rir 2 l' acclimatation une marge considrable 1 il est peu de crales !ui n' 3 trou,ent place/ et a,ec elles nombre d' arbres 0ruitiers et de lgumineuses$ Cette heureuse ,arit/ par les compensations !u' elle o00re et les garanties contre ce danger de 0amine !ui 0ut le cauchemar des anciennes socits humaines/ est assurment une des circonstances les plus propices !u' ait pu rencontrer leur d,eloppement$ ?ucune de ces causes ne peut 7tre nglige 1 aucune ne peut su00ire$ 'out ce !ui touche 2 l' homme est 0rapp de contingence$ e toutes pRR parts/ 2 cFt de domaines propices o5 l' homme a multipli/ on peut en signaler de semblables dont les e00ets ont t 0aibles ou nuls N 2 cFt du &engale surpeupl/ l' ?ssam et m7me la &irmanie 0aiblement occups 1 2 cFt du 'onJin/ le Laos$ Ct !u' tait/ a,ant le dernier si.cle/ cette ,alle du 6ississipi dont le climat/ a,ec ses pluies de printemps et de commencement d' t/ est/ au dire de ?$ T$ Hreel3/ 4 une des principales bases sur les!uelles repose la prosprit de la grande rpubli!ue 4 E *n terrain de chasse !ui/ de,enu terrain agricole/ ne peut opposer 2 l' Curope !u' une densit in0rieure 2 R> habitants par Jilom.tre carr$ La m7me impression d' ingalit et d' anomalie nous 0rappe/ si nous tournons notre attention ,ers ces marchesD0ronti.res de la terre habite !ue l' homme n' occupe !u' 2 son corps d0endant/ sans doute sous la pression des populations ,oisines$ Notre race a pouss des a,antDpostes dans les hautes altitudes/ dans les dserts/ dans les rgions polaires$ Il 3 a/ dans cette extension de l' homme en dpit du 0roid/ de la scheresse/ de la rar0action de l' air/ un d0i !ui est bien une des a00irmations les plus remar!uables de son hgmonie sur la nature$ ans ces domaines !ui semblaient pour lui 0rapps d' interdit/ l' homme s' est a,anc 1 mais pas partout du m7me pas$ La 0orce d' impulsion !ui a pouss l' humanit hors de ses limites naturelles/ s' est exerce ingalement sui,ant les rgions$ C' est dans l' hmisph.re boral de l' ancien continent !ue les rgions dserti!ues ont le plus d' tendue 1 elles sont pourtant relati,ement moins dpour,ues de population !ue les parties arides de l' ?mri!ue et de l' ?ustralie$ L' homme a russi 2 s' 3 accrocher 2 tout ce !ui pou,ait lui donner !uel!ue prise$ Les explorations !ui de nos 9ours ont pntr au plus pro0ond des continents nous permettent de circonscrire 2 peu pr.s les parties o5 l' homme ne paraLt !u' 2 la drobe et en 0ugiti0$ L' ?rabie a le ahna 1 l' Iran/ ses Vh,ir et ses VaraJoum 1 le 'urJestan/ son 'aJlamaJan 1 le 'ibet/ ses lugubres plateaux !ue l' on tra,erse des semaines enti.res sans rencontrer un 7tre humain$ Le -ahara oriental/ dans le dsert de Lib3e/ !ui a pourtant ses oasis/ et le -ahara occidental/ dans le 'anesrou0t/ sont des dserts au sens absolu$ 6ais/ en dehors de ces parties tout 2 0ait dshrites/ nous remar!uons !ue/ dans ces rgions arides d' ?0ri!ue et d' ?sie/ pour peu !ue s' o00re un espace moins inhospitalier/ une population s' en est empare$ .s !u' un peu d' eau apparaLt ou se laisse pR+ souponner/ l' homme/ guettant ces points d' lection/ a creus des puits/ prati!u des canalisations !u' il a prolonges par0ois par un e00ort sans cesse renaissant/ obstin de,ant l' aggra,ation des s,rits du climat 2 a,oir tout de m7me le dernier mot$ Il lutte comme agriculteur 1 il lutte aussi comme pasteur/ rFdant de p@turages en p@turages/ 2 mesure !u' ils s' puisent/ ce !ui ne tarde gu.re$ )n a dit de ces tribus touareg !ue/ si peu nombreuses !u' elles soient/ elles sont encore en exc.s par rapport aux ressources de la contre$ -i donc il 3 a des contres o5 l' on s' tonne de trou,er trop peu d' hommes/ il 3 en a d' autres o5 l' on peut s' tonner 2 bon droit d' en rencontrer trop$ Les hautes altitudes sont l' !ui,alent des dserts$ 2 =$ >>> m$/ la pression de la colonne d' air a d92 diminu de moiti/ les sources de chaleur ,itale s' appau,rissent dans l' ox3g.ne rar0i 1 et cependant/ d.s 8>> ou =>> m$ ?uDdessous de cette altitude/ au 'ibet/ commencent 2 se montrer !uel!ues bourgades en pierre et des rudiments de culture$ Pres!ue aussi haut/ sur les plateaux du Prou et de la &oli,ie/ se hasardent !uel!ues tablissements miniers et !uel!ues lopins de terre$ C' est dans les climats secs/ exempts des brouillards intenses et de l' humidit !uatoriale/ !ue l' habitat permanent atteint ses plus grandes altitudes N il s' panouit entre +$ >>> et R$ >>> m$ -ur les plateaux tropicaux de la rgion s.che/ au 6exi!ue comme en ?b3ssinie et dans l' Wmen$ Point de di00rence en cela entre l' ancien et le nou,eau monde 1 ces hauts plateaux 0urent m7me le s9our de prdilection des ci,ilisations amricaines$ 6ais/ dans les montagnes de la Gone tempre/ les choses ont pris un cours di00rent$ La Gone des p@turages/ !ui surmonte celle des 0or7ts/ est 0r!uente dans le Pamir/ l' ?laI/ les 'ianDChan/ par les p@tres JirghiG 2 des hauteurs dpassant 8$ >>> m$ 6oins le,s/ !uoi!ue dpassant par0ois +$ >>> m$/ sont les a%las, domaines o5 s' est implante la ,ie pastorale des Jourdes et des turcomans$ Cn0in le mot Alpes tait d92 connu des anciens comme s3non3me de hauteurs et de p@turages$ Cette annexion rguli.re des hautes altitudes 2 la ,ie conomi!ue n' a,ait 9us!u' 2 nos 9ours rien d' !ui,alent dans les parcs des montagnes (ocheuses/ les paramos des ?ndes/ sans !u' aucune raison de climat ni m7me de 0aune 9usti0i@t ces di00rences$ -ans doute la prsence de l' homme n' 3 est !ue temporaire 1 mais c' est prcisment 2 l' en,ergure de ses migrations et de l' espace !u' elles englobent/ !ue se mesure/ dans ces rgions en marge/ la 0orce d' expansion de l' humanit$ pR8 La plus sensible ingalit/ en somme pourtant/ est celle !ui se r,.le entre le nord et le sud/ entre l' hmisph.re continental et l' hmisph.re ocani!ue/ l' arctoge et la notoge de certains Goologues$ C' est un 0ait remar!uable !ue l' existence d' une chaLne de populations adaptes/ sur pres!ue toute l' tendue du 0ront !ue les terres opposent au pFle boral N de la pninsule des tchouJtches 2 la Laponie/ du Hroenland 2 l' ?lasJa$ Numri!uement 0aibles/ elles rach.tent cette in0riorit par l' amplitude de leurs mou,ements$ )n a trou, des traces d' tablissements temporaires 9us!u' au del2 de M> degrs de latitude dans le Hroenland$ L' habitat ne saurait a,oir/ dans ces parages/ de limites 0ixes$ *n perptuel ,aDetD,ient 3 est la loi d' existence des animaux et des hommes$ Il 3 a un 0lux et un re0lux dans cette mare humaine !ui bat les abords inhospitaliers du pFle septentrional$ Nulle trace de cette nergie d' expansion/ de cette 0orce de con!u7te/ ne se montre dans les extrmits mridionales !ue pro9ettent les continents en 0ace du pFle oppos$ Le climat n' e:t pas t plus d0a,orable 1 tout au contraire$ Les tapes intermdiaires n' eussent pas man!u entre la 'erre e Feu et les terres antarcti!ues 1 la distance de O>> 2 M>> Jilom$ Kui les spare n' e:t pas t au del2 des mo3ens de na,igateurs tels !ue les esJimaux$ Ct pourtant/ il n' a pas t trou, trace humaine dans l' intrieur des 0iords relati,ement abrits de la terre de Hraham/ 2 la latitude de l' Islande$ L' e00ort a langui 0aute d' espace 1 et l' in0riorit relati,e !ue l' on constate cheG les mammi0.res de l' hmisph.re austral semble s' 7tre tendue aux hommes$ Il rsulte de ce !ui prc.de !ue la rpartition des hommes ne s' expli!ue pas par la ,aleur des contres$ Celui !ui/ 9etant un regard de connaisseur sur les climats et les sols/ essa3erait d' en dduire le degr d' occupation humaine/ s' exposerait 2 des mcomptes$ Le calcul d' un 0ermier supputant les probabilits de rcoltes d' apr.s les !ualits de ses champs/ n' est pas de mise pour le gographe$ *ne 0oule d' anomalies nous a,ertissent !ue la rpartition actuelle de l' esp.ce humaine est un 0ait pro,isoire/ issu de causes complexes/ tou9ours en mou,ement$ ?ctuellement/ nous constatons/ dans un coup d' oeil d' ensemble/ un chi00re approximati0 reprsentant le total des hommes tr.s ingalement rpartis sur la sur0ace terrestre$ Cet tat n' est !u' un point/ et nullement un point d' !uilibre/ dans une ,olution dont nous ne pou,ons encore saisir !ue tr.s impar0aitement les allures$ Parmi les causes dont il dri,e/ il 3 en a !ui persistent/ d' autres !ui s' teignent/ d' autres !ui entrent en 9eu$ Le rsultat actuel est essentiellement mobile et pro,isoire 1 nanmoins/ c' est un rsultat/ a3ant comme tel la ,aleur d' un point de perspecti,e/ d' o5 il est possible d' obser,er pR= rtrospecti,ement la marche des phnom.nes/ et peutD7tre de hasarder !uel!ues pr,isions$ -ur ce point/ toute0ois/ une grande rser,e s' impose$ )n a exprim/ au x,iiie si.cle/ l' opinion !ue la terre pourrait tout au plus nourrir trois milliards d' habitants$ Il su00irait 2 ce compte !ue la population actuelle doubl@t/ comme elle a 0ait en Curope au xixe si.cle/ pour !ue le plein 0:t dpass$ 'moins du peuplement acti0 de nombre de contres nou,elles/ nous sommes tents au9ourd' hui de nous croire en marche ,ers des totaux bien suprieurs$ Nous pourrions peutD7tre nous tromper aussi/ et exagrer les chances 0utures de population/ comme nos de,anciers taient enclins 2 les rduire$ (ien ne dit !u' il 3 ait/ entre rgions analogues/ une densit normale atteinte par les unes/ ,ers la!uelle les autres s' acheminent$ Il 3 a trente ou !uarante ans/ une des contres les plus 0ertiles du monde/ celle des prairie states, au centre des tatsD*nis/ s' est le,e pres!ue d' un bond 2 ;< ou ;O millions d' @mes 1 ce chi00re ne reprsente en somme !u' une densit de ;= 2 R> habitants par Jilom.tre carr/ bien in0rieure 2 celle des contres agricoles d' Curope 1 et il ne semble pas/ d' apr.s les derniers recensements/ !u' il 3 ait tendance 2 le dpasser$ La ci,ilisation contemporaine met en mou,ement/ 2 cFt de causes !ui 0a,orisent l' accroissement de la population/ d' autres causes !ui tendraient plutFt 2 la rduire$ -i ce sont surtout les premi.res !ui ont agi pendant le xixe si.cle/ il se pourrait !ue les autres prissent le dessus au cours des gnrations sui,antes$ ii. -le point de dpart. on pourrait penser !ue les irrgularits !ue prsente la rpartition de l' esp.ce humaine sont dues 2 un tat d' ,olution peu a,ance$ L' homme tant nou,eauD,enu dans certaines parties de la terre/ on s' expli!uerait !ue ces rgions n' eussent pas encore le nombre d' habitants !ue mriteraient leurs ressources$ Clles n' auraient commenc !ue tard 2 7tre atteintes par la mare montante du 0lot humain$ 6ais cette ,ue n' est pas con0irme par les 0aits 1 car il semble !ue/ pres!ue sur tous les points de la terre/ l' homme est un hFte d92 tr.s ancien$ Les recherches !ui ont t pousses de nos 9ours dans les parties les plus di,erses de la sur0ace terrestre ont mis 2 9our/ soit sous 0orme de s!uelettes/ soit sous 0orme d' ob9ets tra,aills/ des traces pres!ue uni,erselles de l' anti!ue prsence de l' homme$ es en!u7tes s3stmati!ues pR< dans l' ?mri!ue du nord ont conclu 2 la di00usion gnrale de l' homme !uaternaire sur ce continent$ Ni dans l' ?mri!ue du sud/ ni au Cap/ ni en ?ustralie/ c' estD2Ddire dans les parties de la terre !u' on pourrait croire arrires/ les anti!ues ,estiges humains ne 0ont d0aut$ C' est un 0ait ac!uis !ue d.s les @ges dits palolithi!ues/ tandis !ue les glaciers !ui a,aient en,ahi une partie des continents n' a,aient pas encore accompli leur retrait d0initi0/ l' humanit a,ait d92 ralis un progr.s !ui constitue/ dans la classe suprieure des 7tres ,i,ants/ une ,ritable singularit gographi!ue N elle a,ait tendu son aire d' habitat dans des proportions telles !u' elle !ui,alait pres!ue 2 l' ubi!uit$ Ce pri,il.ge de !uasiDubi!uit/ elle l' a,ait communi!u d92/ ou de,ait le communi!uer dans la suite/ aux animaux entrs dans sa client.le/ notamment au chien/ son prcoce acol3te$ Cette 4 ,aste et prcoce di00usion 4 / sui,ant l' expression de arXin/ suppose l' exercice d' une mentalit suprieure 1 elle prou,e !u' il tait de longue date arm des dons intellectuels et sociaux !ui pou,aient assurer son succ.s dans la lutte pour l' existence$ .s lors et pas plus tFt commence l' oeu,re dont nous a,ons 2 nous occuper ici/ l' oeu,re gographi!ue de l' homme$ Les routes de la gographie se dtachent 2 ce moment de celles de l' anthropologie$ Par !uelle suite d' ac!uisitions et de per0ectionnements/ m7ls de pertes 2 certains gards/ l' organisme humain taitDil entr en possession de ces prcieux a,antages E 2 l' anthropologie de le rechercher$ Nous ne pou,ons ici !ue 9eter un regard 0urti0 sur ces !uestions d' origine$ Ce n' est pas le dbut/ mais l' aboutissement d' une longue ,olution antrieure !ui correspond au moment o5 l' homme s' est rpandu sur la terre$ 2 une po!ue o5 ni le climat/ ni la con0iguration des terres et des mers ne correspondaient exactement 2 l' tat actuel/ il se prsente 2 nous comme un 7tre constitu de longue date en ses traits 0ondamentaux/ en possession d' une !uantit de traits communs !ui exc.dent de beaucoup la somme des di00rences$ -i intressant !u' il soit de constater cheG l' australien ou le ngrito un moindre d,eloppement de la colonne ,ertbrale/ une gracilit plus grande des membres in0rieurs ser,ant de support au tronc/ ces di00rences sont peu de chose en comparaison de la chaLne de ressemblances ph3si!ues et morales !ui unit entre eux les membres du genre humain et en 0ait un tout$ Qe ne puis parler !u' en passant de l' en!u7te ethnographi!ue !ui/ de nos 9ours/ s' est tendue aux peuples les plus di,ers$ -ous les ,ariantes pRO des milieux ambiants/ une impression d' unit domine$ Comment expli!uer !u' 2 tra,ers ces di00rences on ait tant d' occasions de constater entre contres tr.s loignes des similitudes et des con,ergences E -ur les principaux incidents de l' existence/ et particuli.rement sur la mort/ la maladie/ la sur,i,ance des @mes/ des ides !u' on peut regarder comme le triste et uni,ersel partage de l' humanit ont engendr des rites/ des superstitions/ des reprsentations 0igures/ mas!ues ou statuettes/ tout un matriel ethnographi!ue analogue$ Il 3 a un 0ond primiti0 commun/ sur le!uel l' homme se rencontre 2 peu pr.s partout semblable 2 luiDm7me$ Con0ormment aux m7mes ides il a dress/ align/ cha0aud des blocs ou simplement amoncel des pierres pour abriter des spultures$ -ui,ant les m7mes arrangements il a construit en -uisse et en Nou,elleDHuine des cases lacustres sur pilotis$ )n peut se demander si ces analogies ne s' expli!uent pas par des emprunts rcipro!ues/ car les relations/ m7me 2 grande distance/ n' ont 9amais man!u absolument$ Les emprunts de,iennent toute0ois 0ort in,raisemblables entre contres arides spares par la Gone !uatoriale/ ou entre contres tropicales spares par des ocans$ Combien n' aDtDil pas 0allu de si.cles/ en Curope m7me/ pour !ue l' usage du 0er/ connu sur les bords de la 6diterrane/ se rpandLt en -candina,ie E L' h3poth.se d' emprunts/ !uand elle ne s' appuie !ue sur ces analogies m7mes/ est gratuite$ Il 0aut se rappeler !ue nos conceptions et nos habitudes se sont accumules sur un tu0 plus ancien et plus pro0ond !u' on n' imagine$ Cette di00usion gnrale de l' esp.ce humaine s' e00ectua par des ,oies !ue nous n' a,ons pas le mo3en de retracer$ -oit !u' il 3 ait eu un centre uni!ue de dispersion/ soit !u' on admette une pluralit !ui/ en tout cas/ ne put 7tre !u' asseG restreinte/ il 0aut !ue l' humanit ait trou, de,ant elle de ,astes espaces continus pour se rpandre$ *n morcellement insulaire e:t t incompatible a,ec les dplacements !ue suppose cette extension$ C' est comme 7tre terrien/ par les mo3ens de locomotion appropris 2 son organisme/ !u' il put 0ranchir des distances !ui nous tonneraient si nous ne sa,ions pas de !uoi sont capables les peuples primiti0s$ La mer n' entra !ue plus tard au ser,ice des migrations humaines$ Il est signi0icati0 !ue les tribus ,i,ant 2 proximit de la mer ou m7me dans des archipels/ comme ces ngritos pars sur les cFtes mridionales de l' ?sie/ soient restes trang.res 2 toute ,ie maritime$ L' usage de la na,igation est un progr.s tardi,ement ac!uis/ !ui resta longtemps l' apanage d' un petit nombre/ et !u' on ne saurait compter au rang de ces in,entions primordiales !ui [email protected] uni,ersellement la di00usion de l' humanit$ pRM Kuand les europens ont tendu leurs dcou,ertes et leurs obser,ations sur l' ensemble du globe/ ils ont trou, beaucoup de tribus !ui ignoraient l' usage de la ,oile/ d' autres !ui ne prati!uaient pas la poterie/ un plus grand nombre aux!uelles les mtaux taient inconnus 1 mais la possession du 0eu 0aisait partie du patrimoine commun$ es trou,ailles d' ob9ets calcins accompagnent les plus anciennes traces de l' homme$ La di00rence des procds en usage pour obtenir le 0eu/ par 0rottement/ par percussion/ ou autres mo3ens plus particuliers/ indi!ue !ue l' in,ention dut s' accomplir d' une 0aon indpendante en di00rents points de la terre$ Il n' est pas interdit de penser !ue ce 0ut dans une des rgions tropicales 2 inter,alles de saison s.che !ue l' in,ention 0it 0ortune$ Lors!u' on nous conte comment les indig.nes de l' ?0ri!ue tropicale recueillent/ sur une couche d' herbes s.ches particuli.rement in0lammables/ la poudre incandescente !u' ils ont 0ait 9aillir en 0rottant une pi.ce de bois tendre a,ec une pi.ce de bois pointue/ il semble !u' on assiste 2 une des expriences dcisi,es !ui donn.rent lieu 2 la conser,ation et au transport de la 0lamme une 0ois obtenue$ Le climat !ui met 2 porte l' un de l' autre le tapis dessch de la brousse et le bois dur/ c' estD2Ddire le combustible et l' allumette/ reprsente le milieu le plus 0a,orable 2 la marche de cette in,ention$ C' est l2 sans doute !ue ,curent les promthes inconnus !ui par,inrent les premiers 2 s' approprier cette 0orce incalculable !ue reclait un 9aillissement d' tincelle$ L' extension pres!ue uni,erselle d' une tr.s ancienne humanit s' expli!ue par la possession de cette arme$ Le 0eu n' tait pas seulement un instrument d' atta!ue et de d0ense contre la 0aune ri,ale/ 2 la!uelle elle a,ait 2 disputer son existence 1 il lui 0ournit la possibilit de s' clairer/ de cuire ses aliments$ L' homme put ainsi s' accommoder 2 peu pr.s de tous les climats/ disposer d' un plus grand nombre de mo3ens de nourriture$ Il 0ut plus libre de se mou,oir 2 tra,ers la cration ,i,ante$ Ce ne 0ut/ il est ,rai/ !u' une couche tr.s mince et discontinue !ue la population !ui se rpandit ainsi sur la sur0ace de la terre$ La comparaison des peuples actuels dont les genres de ,ie se rapprochent de ceux !ue prati!uaient ces primiti0s/ peut donner !uel!ue ide de la densit mo3enne !u' ils pou,aient atteindre$ Cxceptons comme ngligeable la minime somme d' habitants relgus au del2 du cercle polaire ou dans les dserts intertropicaux N il 3 a/ aux abords de <> degrs lat$ N$/ une srie de peuples de ci,ilisation relati,ement 0ixe/ aux!uels la chasse et la p7che/ accompagne cheG !uel!uesDuns d' un peu d' le,age et d' agriculture/ 0ournissent le principal de leur subsistance$ pRP 'chouJtches/ toungouses/ iaJoutes/ samo3.des/ lapons/ etc$/ circulent ainsi 2 tra,ers cet ensemble de 0or7ts/ steppes et toundras !ui composent dans l' ?sie septentrionale un pa3sage peu di00rent de celui o5 nos palolithi!ues de l' Curope centrale chassaient le renne$ *n nomadisme rgl d' apr.s les migrations des animaux/ ainsi !ue la ncessit de ne se mou,oir !ue par petits groupes N telles sont les conditions actuelles/ analogues 2 celles !u' on entre,oit dans le lointain pass$ Clles sont 0a,orables 2 une large di00usion en espace/ comme le prou,e l' extension des esJimaux/ et elles s' accordent ainsi a,ec les 0aits !ue constate l' archologie prhistori!ue$ C' est donc une leon d' archaIsme !ue nous donne cet tat social$ Lors!u' on a essa3 d' ,aluer en chi00res la population de ces peuples !ui garnissent sur une tendue immense la ceinture borale des continents/ les calculs les plus probables ne sont pas arri,s 2 un total de =>>$ >>> habitants N ce n' est pas m7me ; par Jilom.tre carr 1 ils ne composeraient pas/ 2 eux tous/ la population d' une seule de nos grandes ,illes de deuxi.me ordre A e ,astes espaces n' ont pu 7tre occups autrement pendant la priode/ dcisi,e d92 pour l' a,enir/ de la cration ,i,ante/ o5 l' homme/ arm du 0eu/ entra/ nou,eau champion/ dans l' ar.ne$ Ce n' est pas !ue/ d.s cette po!ue/ il ne se soit 0orm sur certains points de premi.res bauches de condensations humaines$ La p7che/ plus !ue la chasse/ 3 donna lieu$ Parmi les amas de rebuts de cuisine &kjokkenmoddingen' trou,s sur les cFtes de anemarJ/ o5 des dbris d' oiseaux et de b7tes sau,ages se m7lent 2 des amoncellements d' ar7tes de poissons et d' cailles de mollus!ues/ il 3 en a !ui n' ont pas moins de 8>> pieds de long/ ;R> de large/ et 9us!u' 2 M pieds de haut$ Ils datent d' une po!ue o5 l' homme n' a,ait d' autres instruments !ue des os ou des silex taills/ ni d' autre animal domesti!ue !ue le chien$ L' abondance du menu/ autant !ue les dimensions des amas/ montrent !ue des groupes relati,ement nombreux ont ,cu l2$ La mer/ au contact des cFtes ou des bancs !ui 0a,orisent l' accomplissement des 0onctions ,itales/ est une grande pour,o3euse de nourriture$ es tmoins ont dcrit/ sur les cFtes mridionales du Chili/ les sc.nes !ui se droulent 2 mare basse/ !uand non seulement hommes et 0emmes/ mais chiens/ porcs et/ a,ec de grands cris/ oiseaux de mer accourent ,ers la pro,ende laisse par le 0lot/ ,ers la table !ue !uotidiennement la nature tient ou,erte 2 tous ces commensaux$ La ,ie de p7che cFti.re suppose un certain degr de sdentarit p+> !ui s' accommode d' une densit suprieure$ C' est elle !ui/ d.s les temps tr.s anciens/ a ramass sur les cFtes du Qapon une population de pro0essionnels/ ,i,ant de poissons crus/ dont le nombre/ encore au9ourd' hui/ gale le ,ingti.me de la population totale de l' empire du soleilDle,ant$ PeutD7tre aDtDelle contribu aussi 2 condenser les populations de la Chine mridionale$ -ur les cFtes de la Colombie &ritanni!ue/ les ethnologistes amricains ont remar!u !ue les tribus nutJas/ thlinJits/ haIdas/ !ui se li,raient 2 la p7che/ a,aient une densit tr.s suprieure 2 celle des algon!uins ,i,ant de chasse dans l' intrieur des continents$ )n saisit dans ces 0aits le premier anneau de chaLnes !ui ne se sont pas rompues 1 on peroit des cons!uences signi0icati,es de di00rences sociales d92 applicables 2 ces anciens @ges$ N' exagrons pas cependant$ *ne contre !ue son isolement conser,e archaI!ue/ l' Islande/ peut ser,ir de terme de comparaison$ resse au milieu de l' ocan comme un pilier d' appel pour les 7tres ,i,ants de l' air et des eaux/ elle mnage aux poissons l' abri de ses 0iords/ aux oiseaux de mer les an0ractuosits de ses 0alaises/ 2 tous des re0uges o5 ils ,iennent 0ra3er et nicher 1 et dans ce pullulement de ,ie animale ne man!uait pas encore il 3 a un demiDsi.cle le grand pingouin/ l' alca impennis, un des animaux au9ourd' hui disparus dont les restes entrent dans la composition des kjokkenmoddingen. la population humaine n' a pas man!u d' a00luer aussi 2 ce rendeGD,ous/ particuli.rement sur la cFte de l' ouest/ baigne par les courants chauds$ Les contingents/ si clairsems dans l' intrieur/ s' 3 ren0orcent$ 6ais 2 combien se monte au total la densit de l' troite bande littorale E 2 P habitants en,iron par Jilom.tre carr$ C' est sans doute/ par analogie/ le maximum !u' on puisse en,isager pour les po!ues primiti,es$ Kue sur de ,astes espaces/ parcourus par des poignes d' hommes/ certaines places 0a,orises en aient retenu ensemble un plus grand nombre N il 0aut donc l' admettre$ 6ais ce maximum ancien de densit ne reprsenterait !u' un minimum dans les conditions actuelles 1 c' est le plus !ue puissent atteindre les libres dons de la nature$ Il 3 a lieu de se demander si cette esp.ce humaine aux rangs si clairsems a pu exercer d92 une in0luence sensible sur la ph3sionomie de la terre$ -er0 des conditions naturelles/ l' homme taitDil en mesure de les modi0ier E Il ne 0audrait peutD7tre pas se h@ter de conclure par la ngati,e$ Les usages du 0eu sont multiples 1 rien ne prou,e p+; !u' il se soit born 2 allumer des 0o3ers 0ugiti0s/ comme ceux !ui noircissent pour !uel!ues 9ours le sol/ l2 o5 a stationn un campement de nomades$ L' ide de mnager des espaces dcou,erts est ne/ comme la domestication du chien/ d' un besoin de scurit et de ,igilance/ !ui semble a,oir prsid d.s les premiers temps aux moindres tablissements humains$ 2 d0aut d' instruments capables de ,enir 2 bout des arbres/ le 0eu o00rait le mo3en d' extirper la ,gtation parasite/ de dgager le sol en,ironnant/ d' carter les possibilits d' embuscades et de surprises$ L' humidit du climat ne prot.ge la 0or7t !ue lors!u' elle n' est pas interrompue priodi!uement par le retour de longs mois de scheresse$ Les incendies de brousse !ui a,aient 0rapp le na,igateur Bannon le long des cFtes du -ngal/ se prati!uent encore en grand 9us!ue dans les parties les plus intrieures de l' ?0ri!ue$ La cendre de certaines plantes 0ournit le sel/ condiment essentiel de nourriture 1 l' herbe croLt plus 0ine et plus sa,oureuse/ plus recherche par les antilopes/ 2 la suite des incendies !ui ont amend le sol$ Ct si le chasseur tire parti de ces a,antages/ il n' est pas dit !u' ils aient pass inaperus pour ceux de ses compagnons ou de ses compagnes !ui prati!uaient d92 la cueillette de certaines graines alimentaires$ L' usage de semer des grains sur br:lis/ pour en tirer successi,ement deux ou trois rcoltes/ est une des 0ormes les plus uni,ersellement rpandues de culture primiti,e$ Clle s' associe naturellement 2 la ,ie de chasse 1 comme on le ,oit encore cheG les tribus gonds/ bhils ou autres/ !ui hantent les plateaux herbeux de l' Inde centrale$ &eaucoup de parties de la terre ont chapp sans doute 2 toute modi0ication sensible pendant ces priodes/ puis!u' il en reste encore au9ourd' hui !ue l' action de l' homme n' a pas atteintes$ 6ais il n' en 0ut pas de m7me partout$ Le pa3sage naturel 0ut entam 2 l' endroit le plus sensible$ La rduction de l' tendue 0oresti.re au nord et au sud de la Gone !uatoriale est un 0ait !ui 0rappe les obser,ateurs spciaux$ L' existence de nombreux reprsentants du sousDbois dans des espaces au9ourd' hui dcou,erts/ la trans0ormation de lianes !ui/ d' ariennes/ sont de,enues !uasi souterraines pour s' adapter 2 de nou,elles conditions d' existence/ semblent indi!uer !u' une partie du domaine immense occup par la sa,ane a t taill aux dpens de la 0or7t$ -i l' on ,oit celleDci/ d.s !u' on s' loigne de !uel!ues degrs de l' !uateur/ se r0ugier/ pourchasse des plateaux et des croupes/ dans les ra,ins et ,alles/ le climat seul n' est pas responsable de cette limination$ &eaucoup de ,estiges de l' @ge de pierre/ par exemple dans le FoutaD9alon et le -oudan occidental/ nous a,ertissent !u' il p+R 0aut beaucoup tenir compte de l' homme$ C' est dans ces rgions !ue s' est droul le premier acte de cette lutte a,euglment sans merci !ue l' homme a engage et !u' il poursuit encore contre l' arbre$ -on action s' exerait 2 cet gard/ de complicit a,ec la puissante 0aune d' herbi,ores !ue l' po!ue mioc.ne a,ait rpandue dans le monde$ (unies par bandes normes/ telles !ue les ont dcrites a,ec stup0action certains obser,ateurs/ dans l' ?0ri!ue centrale/ les antilopes sont/ 2 certains moments de l' anne/ une arme d,orante/ dont les 9arrets ner,eux tendent au loin les ra,ages$ ' immenses !uantits de nourriture herbace ont d: alimenter les besoins de ces troupeaux d' hmiones/ onagres/ che,aux/ lphants sau,ages/ ainsi !ue de ces bisons !ui/ a,ant ;MO>/ s' taient multiplis par plusieurs diGaines de millions dans les prairies des tatsD*nis$ L' herbe renaLt 2 la pluie sui,ante/ mais les 9eunes pousses d' arbres sont dtruites$ ans la concurrence tou9ours allume entre l' herbe et l' arbre/ l' action de ces armes d' herbi,ores/ dont nous ne ,o3ons plus au9ourd' hui !ue des e00ecti0s rduits/ pesa certainement d' un grand poids$ L' homme/ plus tard/ eut 2 les combattre pour d0endre contre eux ses cultures 1 mais 2 l' origine il a,ait trou, en elles des auxiliaires pour l' aider 2 se 0aire place nette$ p++ chapitre ii. (ormation de densit. $. -groupes et sur!aces de groupements : depuis l' po!ue lointaine o5 l' esp.ce humaine se rpandit sur les continents/ elle a peu gagn en di00usion$ Les progr.s accomplis sous ce rapport dans la priode !ui nous est connue se rduisent 2 peu de choses N !uel!ues Lles au centre de l' ?tlanti!ue et surtout dans l' ocan Indien et les mers australes$ Kue les 6ascareignes/ 2 ;=> lieues seulement de 6adagascar/ 0ussent restes un asile o5 ,i,ait en paix/ a,ant l' arri,e rcente de l' homme et du chien/ le dronte &dudo ineptus', cela ne laisse pas de surprendre$ Le 0lot humain a 0ini par atteindre ces rogatons terrestres 1 mais 2 ces maigres annexions se borne 2 peu pr.s le bilan des con!u7tes rcentes de l' oecoum"ne. en re,anche/ la population a gagn prodigieusement/ !uoi!ue ingalement/ en densit$ Clle s' est moins accrue en tendue !u' elle ne s' est localise en pro0ondeur$ Il 0aut s' unir pour collaborer/ en ,ertu des ncessits primordiales de la di,ision du tra,ail 1 et d' autre part des di00icults s' opposent 2 la coexistence de 0orces nombreuses runies$ 'el 0ut le dilemme !ui s' est pos aux socits les plus rudimentaires/ aussi bien !u' il se pose aux ci,ilisations les plus a,ances$ Il n' 3 a pas d' hiatus entre les deux/ mais seulement des di00rences de degrs$ Kuelle !ue soit l' importance des groupes dont il 0ait partie/ l' homme n' agit et ne ,aut gographi!uement !ue par groupes$ C' est par groupes !u' il agit 2 la sur0ace de la terre 1 et m7me dans les contres o5 la population semble 0ormer un ensemble des plus cohrents/ elle se rsoudrait/ si l' on regardait de pr.s/ en une multitude de groupes ou de cellules ,i,ant/ comme celles du corps/ d' une ,ie commune$ groupes molculaires. Dces groupes sont en dpendance mani0este de la nature des contres$ Comme les plantes se rabougrissent p+8 2 d0aut de chaleur ou d' humidit/ ainsi se racornissent en pareilles conditions les groupes humains$ *ne douGaine de huttes/ cheG les esJimaux/ passe pour une grande agglomration 1 et au del2 de O= degrs de latitude/ le maximum est de deux ou trois$ *n rassemblement de ;8 3ourtes est un ,illage !ui 0ait 0igure dans la pro,ince d' ?nad3r$ La scheresse au -ahara/ dans le Valahari/ en ?ustralie/ produit le m7me e00et !ue le climat polaire$ Foureau note cheG les touareg 4 le 0ractionnement in0ini par petits groupes des habitants 4 $ ans l' ?Ir/ les groupes se rduisent 2 + ou 8 tentes$ Les krals des hottentots runissent par0ois plus de ;>> indi,idus 1 on en compte 2 peine une douGaine dans les campements de bochimans ou d' australiens$ ?illeurs/ dans la silve !uatoriale a0ricaine/ dans la montana ou les bosques du ,ersant oriental des ?ndes/ l' importance des tablissements humains est en proportion in,erse de la luxuriance ,gtale$ Ce !u' on rencontre au Congo/ entre l' !uateur et le < e degr de latitude nord ou sud/ ce sont des ,illages d' une trentaine de cases 1 on nous parle de ,illages n' en a3ant !ue M ou ;>$ Ces chi00res ne seraient sans doute gu.re dpasss dans l' intrieur de &orno ou de -umatra$ 6ais la di00rence entre les contres dont le climat p.che par exubrance et celles o5 il p.che par anmie/ se montre dans la rapidit a,ec la!uelle les groupes grossissent d.s !ue cesse l' oppression de la 0or7t 1 une recrudescence subite dans le nombre et l' importance des ,illages se produit sur la lisi.re de la sil,e$ 'andis !ue la 0or7t elleDm7me accroLt sa population au ,oisinage de la sa,ane/ celleDci se cou,re de ,illages dont les habitants se chi00rent par centaines/ atteignent par0ois le millier$ groupes nomadisants. Dces groupes/ 2 !uel!ue genre de ,ie !u' ils appartiennent/ sont en rapport dtermin a,ec une certaine portion d' espace$ Ni la raison ni l' exprience n' admettent de peuple sans racines/ c' estD2Ddire sans un domaine o5 s' exerce son acti,it/ !ui assure et maintient son existence$ Pas de groupe/ m7me au plus bas p+= degr de l' chelle sociale/ !ui n' ait et ne re,endi!ue @prement son territoire$ )n dit !ue les plus humbles peuplades australiennes a,aient l' habitude de dterminer par des pierres ou certaines mar!ues connues les espaces dont la contenance pou,ait pour,oir 2 leurs besoins de chasse/ de cueillette/ de pro,isions d' eau et de bois$ L' tendue supplant 2 l' insu00isance/ ce sont en gnral les groupes les plus indigents !ui rclament le plus d' espace$ 6ais une tr.s 0aible densit de population n' exclut nullement un certain degr de richesse et de puissance$ Les tribus pastorales de l' ?sie et du -ahara ont leurs p@turages attitrs !u' elles 0r!uentent successi,ement dans leurs parcours priodi!ues$ Ces p@turages ont leur nom 1 ce sont/ 2 la di00rence des ,agues tendues de bled, des contres pour,ues d' un tat ci,il$ Il est possible !ue des mois se passent sans !ue ces domaines soient ,isits par leurs possesseurs 1 il 0aut !ue l' herbe ait eu le temps de pousser en l' absence de l' homme$ Ces sur0aces !ue ses pieds 0oulent si rarement n' en sont pas moins un domaine/ une dpendance du groupe$ Kuel!uesDuns de ces groupes/ surtout au coeur des dserts/ ne sont !ue d' humbles et insigni0iantes collecti,its$ 6ais tel n' est pas tou9ours le cas$ Certaines tribus du -ahara oriental ont des rami0ications depuis l' g3pte 9us!u' au centre de l' ?0ri!ue$ Les larba/ dans leurs migrations priodi!ues entre le 6Gab et les marchs de &oghar et de 'enietDClDBad/ embrassent un parcours d' en,iron =>> Jm$ C' est aussi une longue tape !ue celle !ui m.ne les <$ =>> JirghiG des ,alles du Ferghana ,ers les hauts plateaux de l' ?laI$ e tels exodes supposent un certain degr d' organisation territoriale$ Le sort de cette richesse ambulante !ui se chi00re par des centaines de mille moutons ou ch.,res/ sans compter @nes/ che,aux et chameaux/ ne saurait 7tre li,r au hasard$ Il impli!ue des dispositions relati,es aux passages/ aux ra,itaillements en eau/ aux tapes/ tout ce !u' exige la 9ouissance rguli.re d' un ,aste domaine pastoral$ Le cercle ne peut 7tre dtermin a,ec une enti.re rigueur 1 une certaine marge est ncessaire/ car il 0aut compter a,ec les caprices des saisons/ suppler au besoin 2 l' absence de ,gtation aux endroits pr,us$ Paissant tour 2 tour les herbes des daas ou redirs, celles !u' humecte le lit des oued, les tou00es aromati!ues des steppes/ les gnrations aussi ,ite puises !ue parues des plantes annuelles/ se rabattant au besoin sur les 9ach.res des champs limitrophes/ ces troupes d,orantes ont besoin de larges disponibilits d' espace$ (arement p+< m7me elles peu,ent runir tous leurs membres 1 il 0aut se sparer pour ,i,re 1 ?braham et Loth ,ont paLtre leurs troupeaux ,ers les points opposs de l' horiGon$ Ce n' est !u' en des occasions solennelles/ 9o3eusement accueillies/ !ue la tribu peut se donner 2 elleDm7me le spectacle de sa magni0icence et dplo3er/ comme IsraSl de,ant &alaam/ toute la multitude de ses tentes$ ?insi est exclue du domaine o5 pr,aut la ,ie pastorale toute occupation intensi,e du sol 1 ou du moins la part !ui est 0aite 2 celleDci ne peut s' accroLtre sans gra,e dommage pour le pasteur$ rapports des groupes entre eux. Dla sil,e tropicale/ la sa,ane herbeuse/ la steppe pastorale se traduisent/ sous le rapport de la densit d' habitants/ par des groupes dissemblables/ disposant d' une part tr.s ingale d' espace$ 'oute0ois/ comme ils 0ont partie d' un ensemble terrestre !u' anime en son entier la prsence de l' homme/ des ractions s' changent entre eux$ Par l' e00et des transactions !ui s' tablissent ou des mou,ements !ui se rpercutent entre les populations humaines/ des ren0lements de densit tendent 2 se 0ormer sur les lignes o5 des genres de ,ie di00rente entrent en contact$ Nous a,ons signal plus haut l' accroissement !ui correspond/ en ?0ri!ue/ 2 la Gone de contiguIt entre la sil,e et la sa,ane$ )n peut obser,er le m7me phnom.ne sur la marge indcise !ui s' interpose/ dans l' ancien continent/ entre le domaine de la ,ie pastorale et le domaine agricole N aussi bien sur les con0ins sahariens du 'ell et du -oudan !ue sur les lisi.res des steppes de l' ?sie occidentale$ es marchs/ par0ois des ,illes/ surgissent sur ces points de rencontre/ ou plutFt de soudure/ car c' est un lien de solidarit !ui unit ces di,erses 0amilles de groupes$ -i l' on se demande/ en e00et/ comment ont pu se 0ormer et durer ces grandes organisations pastorales !ui gra,itent depuis le -ahara 9us!u' en 6ongolie/ on constate !ue leur existence est en rapport a,ec les marchs agricoles !ui leur permettent d' changer leurs produits$ L' parpillement d' un cFt et la concentration de l' autre apparaissent comme deux 0aits connexes$ L' exploitation pastorale/ !ui/ de nos 9ours/ a pris possession de grandes sur0aces en ?ustralie et en ?mri!ue/ con0irme/ en les s3stmatisant/ ces rapports$ ans les contres ,oues 2 la ,ie pastorale/ p+O telles !ue le HrandD&assin de l' ?mri!ue du nord/ le sud des Pampas de l' ?rgentine/ la partie occidentale de la Nou,elleDHalles u -ud/ les contrastes atteignent leur maximum entre l' exiguIt de mainDd' oeu,re humaine et l' abondance de capital pastoral$ La disproportion est in0iniment plus 0orte !ue dans l' ancien monde entre le nombre du btail et celui des hommes$ )n peut estimer 2 = ou < moutons par homme le chi00re !ue poss.dent les puissantes tribus pastorales dont nous a,ons parl$ ?u contraire/ en ?ustralie/ on cite des troupeaux de =>$ >>> 2 M>$ >>> moutons !ui n' exigent !u' un personnel de ;= 2 R> personnes$ ans la rpubli!ue argentine/ des estancias dtiennent 2 elles seules des troupeaux de ;<>$ >>> moutons$ ?utre exemple N l' tat de T3oming/ aux tatsD*nis/ possdait/ en ;P>>/ plus de = millions de moutons et n' a pas ;=>$ >>> habitants$ C' est donc sur de grands espaces la rduction au minimum de l' lment humain 1 mais cela/ prcisment parce !u' il existe ailleurs des centres de commerce/ de puissants 0o3ers de consommation/ des ports/ des ,illes immenses/ o5 ces manu0actures de laine et de ,iande ont leurs dbouchs$ Ces contrastes 0ont partie de l' conomie gnrale$ l' accumulation sur place. D,oulant caractriser des peuples !ui ,g.tent dans un tat de ci,ilisation rudimentaire sans un espoir de progr.s/ %irgile s' exprime en disant 4 !u' ils ne sa,aient ni 0aire masse de leurs produits ni en prati!uer l' pargne 4 $ )n ne saurait mieux mettre le doigt sur le principe d' o5 sort un accroissement de densit dans les groupes humains$ -eule/ la ,ie sdentaire/ directement ou indirectement/ donne consistance 2 l' occupation du sol$ )r l' agriculture est le seul rgime !ui ait 2 l' origine permis de cohabiter sur un point 0ixe et d' 3 concentrer le ncessaire pour l' existence$ 'oute0ois n' est pas agriculteur celui !ui/ apr.s a,oir br:l l' herbe/ 9ette !uel!ues poignes de grains et s' loigne 1 mais celui !ui amasse et 0ait des rser,es$ Le pasteur/ dans les rgions arides/ essaie de 0aire subsister sans pro,isions assembles d' a,ance/ 2 la 0ortune des saisons/ le plus d' animaux possible$ Les peuples chasseurs de l' ?mri!ue du nord n' ignoraient pas la culture 1 mais/ dit PoXell/ 4 il tait de prati!ue pres!ue uni,erselle de dissiper de grandes !uantits de nourriture dans une constante succession de 07tes/ dont l' obser,ation superstitieuse ne tardait pas 2 dissiper les appro,isionnements 1 et l' abondance p+M 0aisait bientFt place au dn:ment et m7me 2 la 0amine 4 $ L' agriculteur ne tombe pas dans ces mprises 1 la pr,o3ance et m7me l' a,arice lui sont passes dans le sang$ Il cumule le patrimoine des gnrations passes et sui,antes$ Le premier pas 0ut l' acclimatation de plantes et la domestication d' animaux 1 l' ensilotage ou la mise en grange 0ut le second$ noaux de densit et lacunes intermdiaires. les cultures soudanaises occupent un grand espace en ?0ri!ue$ 6ais il 3 a une in0irmit inhrente 2 cette agriculture !ui ne prati!ue pas la 0umure du sol et ne connaLt pas la charrue$ Clle n' utilise !ue les parties o5 le sol meuble permet 2 une simple houe d' 3 en0ouir la semence 1 l' aridit des gr.s ou des granites la rebute$ Clle est capable nanmoins/ dans les conditions 0a,orables du sol/ de donner lieu 2 une densit considrable d' habitants$ WunJer et CminDPacha dcri,ent 2 l' en,i 4 les 0iles de cases !ui se succ.dent l' une pr.s de l' autre pendant pr.s d' une heure 4 / dans l' )uganda$ Bans 6e3er parle dans les m7mes termes des cultures !ui s' talent o5 s' chelonnent en terrasses sur les croupes du (ouanda/ par ;$ <>> m$ ' altitude$ 2 des altitudes bien moindres/ sur le mo3en Chari/ ?$ Che,alier signale 4 tel pa3s !ui n' est !u' un ,aste champ ,erger 4 $ Il 3 a/ dans le -oudan nigrien/ dit Lucien 6arc/ 4 des contres o5 l' on peut marcher deux 9ours sans perdre un seul instant les cases de ,ue 4 $ C$ -alesses estime 2 8> habitants par Jilom.tre carr la population de certains districts du FoutaD9alon$ -eulement/ ces 0o3ers de densit sont sporadi!ues 1 ils sont spars par des inter,alles ,ides$ Incapable de sub,enir 2 l' puisement du sol/ cha!ue groupe se sent bientFt 2 l' troit dans l' espace !u' il exploite$ -ur un sol !ui nous est pourtant dpeint comme 0ertile/ on nous apprend !u' un ,illage a besoin de disposer d' une priphrie triple de celle !u' il culti,e e00ecti,ement$ *ne sorte de roulement entretient de ,astes rser,es de terrains buissonneux 2 cFt des cultures$ 6algr tout/ il arri,e un moment o5 le pa3s surpeupl se ,oit oblig de re9eter une partie de sa population$ Ku' arri,eDtDil alors E Ce n' est pas 2 proximit/ mais au del2 des obstacles naturels !ui circonscri,ent son domaine/ bien 2 distance/ !u' il met ce re9eton$ p+P Les marches 2 tra,ers des espaces ,ides/ les 9ournes passes sans ,oir ni cases/ ni ,isages d' hommes/ morne re0rain de l' exploration a0ricaine/ s' expli!uent ainsi$ Les guerres et la traite ont contribu certes 2 largir ces lacunes N nulle part le homo homini lupus ne s' appli!ue mieux$ 6ais si le groupe social est rest isol/ molculaire/ incapable de concerter sa d0ense/ il 3 a surtout au 0ond de cela un mode impar0ait d' agriculture$ es sc.nes d' apparences contradictoires d0ilent ainsi sous les 3eux/ et nos 9ugements sur les chi00res totaux de population s' en ressentent$ Le peuplement de la terre s' est opr par taches/ dont les auroles dans les pa3s les plus ci,iliss 0inissent par se re9oindre 1 encore pas tou9ours$ (ichtho0en/ dans son 9ournal de ,o3age en Chine/ note entre pro,inces ,oisines et tr.s ci,ilises/ comme le BouDP et le BoDNan/ des traces de sparations anciennes et 0ondamentales$ Cntre les chambres et chambrettes dont/ sui,ant son expression/ se compose la Chine/ les cloisons/ en !uel!ue sorte/ sont des marchesD0ronti.res/ montagneuses ou accidentes/ dont les habitants ,i,ant en clans/ par petits hameaux/ prati!uent d' autres modes d' existence !ue ceux de la plaine$ Les deux peuplements/ !uoi!ue contigus/ ne se 0ondent pas$ La solution de continuit reste apparente$ L' Inde/ dit -umner 6aine/ 4 est plutFt un assemblage de 0ragments !u' une ancienne socit compl.te en elleDm7me 4 $ C00ecti,ement/ sans parler des encla,es 2 demi sau,ages !ui con0inent soit au &engale/ soit au pa3s des mahrattes/ le ,illage hindou/ t3pe de la ci,ilisation du nord/ est organis pour se su00ire comme si rien n' existait autour de lui$ Constitu en unit agricole/ a,ec son personnel attitr de 0onctionnaires et d' artisans/ il 0orme un microcosme$ Les anal3ses des derniers recensements indi!uent !ue la plupart des existences restent en0ermes dans ce cadre/ sau0 pour contracter mariage dans le ,illage ,oisin$ Ce n' est pas entre ,illages/ mais entre le rgime de communauts de ,illages et celui de tribus !ue s' interpose l' isolement/ tant il est ,rai !ue c' est par l' intermdiaire de causes sociales !ue s' exerce l' in0luence des conditions gographi!ues A groupements de dates diverses en )urope. Dle spectacle !u' o00re au9ourd' hui le peuplement/ dans la ma9eure partie de l' Curope/ est p8> tellement composite !u' il 0audrait sou,ent des cartes 2 tr.s grande chelle pour distinguer les soudures !ui ont 0ini par rapprocher en une apparence de continuit les di00rents groupes$ 'oute0ois/ m7me sur des cartes 2 mdiocre chelle/ les bords de la 6diterrane montrent de singuli.res lacunes$ 2 !uel!ues Jilom.tres de distance la population tombe d' un haut degr de densit 2 un degr de rar0action !ui touche au dsert$ Les campos con0inent en Cspagne aux huertas * les garrigues / 2 la cousti"re du Languedoc 1 les plans du %ar/ aux bassins de Hrasse et de Cannes 1 la murgia !uasi dserte/ au littoral populeux des Pouilles$ ans le Plopon.se/ les petites plaines d' ?rgos/ d' ?chaIe/ d' lide/ de 6essnie et de Laconie/ !ui ne reprsentent !u' un R> e de la sur0ace/ contiennent un !uart des habitants$ La ,ie urbaine et la ,ie de clans sont deux plantes !ui ont trou, autour de la 6diterrane un sol 0a,orable 1 elles subsistent encore cFte 2 cFte$ Cette coexistence a contribu 2 crer/ puis 2 maintenir entre les di,ers groupes lmentaires une cohsion !ui 0ait 0@cheusement d0aut dans les parties du littoral/ comme le (i0/ l' ?lbanie/ les -3rtes/ o5 le commerce et la ,ie urbaine n' ont pu/ 9us!u' 2 prsent/ pousser de 0ortes racines$ La grande industrie a boule,ers depuis un si.cle les conditions du peuplement dans l' Curope centrale et occidentale$ Ce peuplement s' o00rait d92 comme un palimpseste sur le!uel dix si.cles d' histoire a,aient inscrit bien des ratures$ 6arais asschs/ 0or7ts d0riches n' a,aient pas cess d' a9outer des touches nou,elles au 0ond primiti0$ es 0ormes di,erses d' tablissements correspondent 2 ces di,ersits d' origine 1 si bien !u' un coup d' oeil tant soit peu exerc ne con0ondra pas les pa3s aux ,ieux ,illages et ceux o5 une colonisation ultrieure a dissmin les 0ermes en hameaux 2 tra,ers les brandes et les essarts. puis l' industrie est ,enue et a 0ait sortir du sol une ligne nou,elle d' tablissements humains$ Cependant le no3au primiti0 du peuplement se laisse encore discerner$ )n peut a00irmer/ preu,es en mains/ !ue les hommes/ ici comme ailleurs/ se sont obstins longtemps 2 s' accumuler sur certains lieux/ pres!ue 2 l' exclusion des autres$ Kuels lieux E Ce n' tait pas in,ariablement les plus 0ertiles/ mais les plus 0aciles 2 tra,ailler N les plateaux calcaires en -ouabe/ &ourgogne/ &err3/ Poitou/ etc$ 1 les terrains meubles et 0riables o5 la 0or7t n' a,ait pu !u' impar0aitement s' implanter dans ses retours o00ensi0s apr.s les priodes glaciaires/ et !ui 0orment une sorte de bande depuis le sud de la (ussie 9us!u' au nord de la France$ 'elles 0urent les clairi.res/ les espaces ars et dcou,erts/ les sites attracti0s o5 se rencontr.rent les premiers rassemblements europens/ o5 ils commenc.rent 2 prendre cohsion et 0orce$ p8; ' intressantes reconstitutions cartographi!ues/ au mo3en des trou,ailles prhistori!ues et des documents cadastraux/ ont t tentes pour le Turtemberg 1 on 3 ,oit les tablissements des po!ues romaine et alamanni!ue se superposer exactement/ sur les sur0aces non 0oresti.res/ 2 ceux de l' po!ue nolithi!ue et du premier @ge du 0er$ Ce n' est !u' ultrieurement !ue de nou,eaux groupes ,iennent s' interposer entre eux$ Il n' est pas douteux !ue les choses se soient passes de m7me en France$ Lors!ue 6$ Qullian nous dpeint le territoire d' un peuple gaulois comme 4 un ,aste espace ren0ermant au centre des terres culti,es/ protg 2 ses 0ronti.res par des obstacles continus/ 0or7ts ou marcages/ etc$ 4 / c' est le signalement exact d' une de ces units 0ondamentales !u' il nous donne$ Nous a,ons essa3 nousDm7me de retracer d' apr.s ces principes/ pour la France et l' Curope centrale/ une carte de l' occupation histori!ue du sol$ ii. -mouvements de peuples et migrations. densit par re!oulement. Don ne saurait trop 0aire part/ dans la 0luctuation des phnom.nes humains/ aux troubles dus aux chocs des peuples/ aux in,asions rptes/ 2 un tat chroni!ue de guerre$ Certaines contres sont plus exposes !ue d' autres 2 ces mou,ements d,astateurs N ainsi la Gone des steppes !ui s' tend de la 6ongolie au 'urJestan/ ou de l' ?rabie au 6aghreb$ L' histoire 3 enregistre une srie d' in,asions/ depuis celles !ue mentionne Brodote 9us!u' 2 celles !u' ont 0inalement contenues les russes/ ou depuis les arabes 9us!u' aux almora,ides et hilaliens$ La pousse des massaI dans l' ?0ri!ue orientale/ celle des ca0res dans l' ?0ri!ue australe se sont rpercutes au loin et ont 9onch de dbris de peuples une partie de ce continent$ L' ?mri!ue du nord n' a pas chapp 2 ces perturbations N ne ,itDon pas/ au x,iiie si.cle/ une tribu obscure/ dite des pieds-noirs, sortie du bord des montagnes (ocheuses/ s' tendre tout 2 coup/ gr@ce 2 la possession du che,al/ 2 tra,ers les prairies de l' ouest E Cn dehors m7me de ces ar.nes ou,ertes/ espaces prdestins aux mou,ements de ,aste en,ergure/ l' absence de scurit/ dans notre Curope/ a longtemps 0rapp d' interdiction des ,oies naturelles !ui semblaient 0aites pour p8R attirer les hommes$ Pendant des si.cles/ les plateaux de Podolie et de Halicie/ si populeux au9ourd' hui/ ,irent dboucher/ le long du sentier noir, les tribus !ui priodi!uement/ comme des nues de sauterelles/ s' chappaient des steppes$ Les ch@teaux ou ,ieux burgs !ui dominent les ,alles du (hin et du (hFne 0urent les re0uges des populations de la plaine contre le 4 droit du poing 4 &!austrecht'. hier encore/ notre ,o3ageur Cre,aux nous apprenait !u' en ?maGonie/ pour 0uir les dprdations dont le grand 0leu,e est le ,hicule/ les tribus indig.nes s' en cartaient ,ers les ,alles moins accessibles$ Ces 0aits ont eu sur la rpartition des populations humaines des cons!uences !ui ont sou,ent sur,cu aux causes !ui les a,aient produites$ Ils ont eu pour rsultat de re0ouler les populations dans des contres abrites/ !ui ont pris de ce che0 un accroissement anormal$ Les montagnes de la HrandeDVab3lie/ les oasis du 6Gab et peutD7tre celles du 'ouat et du 'a0ilelt/ doi,ent 2 des accidents histori!ues de cette esp.ce l' exc.s de population !ui s' 3 trou,e$ Les articulations pninsulaires de la Hr.ce/ et surtout les Lles ad9acentes/ ont t congestionnes 2 la suite des con!u7tes tur!ues$ 2 l' in,asion ottomane est imputable aussi le re0oulement !ui a pouss au coeur de la rgion 0oresti.re longtemps dlaisse au sud de la -a,e/ dans la +houmadia, les populations !ui s' taient d,eloppes sur les plateaux dcou,erts du centre de la pninsule$ L' histoire de notre ?lgrie/ de l' *Jraine/ de la Ciscaucasie/ nous montre combien tardi,e/ apr.s ces priodes d' in,asions et d' inscurit/ a t par0ois la re,endication de ces contres dignes d' un meilleur sort$ Ces plaines ou,ertes a,aient cd en partie leur population aux montagnes/ !ui sou,ent l' ont garde$ ?ux exemples d92 cits on peut a9outer le Caucase/ citadelle de peuples dont la di,ersit tonnait les anciens/ les ?lpes transil,aines o5 s' est re0orme la nationalit roumaine/ les &alJans o5 s' est reconstitu/ pendant la domination tur!ue/ le peuple bulgare$ Ces montagnes doi,ent aux re0oulements une densit !u' elles n' auraient pas atteinte spontanment/ par leurs ressources propres$ densit par concentration. Dtel n' est pas cependant le cours normal des 0aits/ tel du moins !ue nous pou,ons l' entre,oir$ Les hommes ont commenc par se porter sur certains sites d' lection !ue la 0acilit de culture a,ait dsigns 2 leur choix et !ue peu 2 peu l' accumulation p8+ du patrimoine signalait 2 leurs con,oitises$ Ils 3 ont 0orm groupe/ enracin leurs tablissements/ s' 3 sont concentrs/ tandis !ue les alentours restaient ngligs ou ,ides$ Il 0aut s' imaginer ces d,eloppements primiti0s de population comme susceptibles d' atteindre une densit relati,ement 0orte/ !uoi!ue borns dans l' espace/ en0erms dans des cadres !ue leurs mo3ens ne leur permettaient gu.re d' agrandir$ i,ers indices dans les contres les plus di00rentes permettent de se rendre compte de ce mode sporadi!ue de peuplement intensi0 1 et c' est un des rsultats les plus curieux des connaissances rcemment ac!uises sur l' intrieur de l' ?0ri!ue/ !ue de nous le montrer sur le ,i0 et encore 2 l' oeu,re$ Ce !ui oppose au9ourd' hui 2 l' expansion sur place des groupes agricoles soudanais des obstacles !u' ils ne sont pas par,enus 2 surmonter/ c' est/ a,onsDnous ,u/ l' imper0ection de l' outillage et l' absence de science agricole$ La 0or7t/ le marcage 0urent/ en Curope/ aussi des 0orces hostiles aux!uelles il tait di00icile et paraissait m7me chimri!ue de se mesurer$ Clles cernaient les groupes dans des espaces restreints$ Il a 0allu/ pour briser ces cadres/ un concours de circonstances et d' e00orts dont la srie/ entre,ue seulement par chappes/ est l' histoire des con!u7tes du sol$ La collaboration d' entreprises collecti,es et mthodi!ues/ l' in,ention de meilleurs instruments/ l' introduction de plantes s' accommodant de sols plus pau,res/ et parDdessus tout la substitution de la science aux procds empiri!ues/ ont 2 peu pr.s ralis en Curope la solidarit des di,ers modes d' exploitation !ui unit la contre en un tout$ 6ais nous ,o3ons encore/ en d' autres grandes contres de ci,ilisation et de peuplement/ telles !ue la Chine et le Qapon/ les cultures concentres dans les plaines ou sur les terrasses in0rieures/ et les montagnes 0rustres de tout emploi pastoral$ L' tendue des terres culti,es n' atteindrait m7me/ au Qapon/ !ue ;= p$ ;>> de la super0icie totale$ 'ous ces 0aits/ actuels ou histori!ues/ permettent d' en,isager le surpeuplement comme la cons!uence prcoce de cet instinct ou de cette ncessit !ui porta les hommes 2 se rassembler et 2 0ormer groupe sur certaines places/ pour 3 poursui,re obstinment les m7mes routines$ surpeuplement et migration. Dle surpeuplement/ en ces conditions/ ne peut trou,er d' issue !ue l' migration$ La Chine/ !ui est p88 sans doute au9ourd' hui le pa3s d' ancienne ci,ilisation o5 subsistent da,antage les irrgularits primiti,es/ est le th@tre d' une 0oule de ces migrations anon3mes/ obscures/ dont le total 0init par changer la 0ace du monde$ Les ,o3ageurs !ui en ont parcouru l' intrieur ont t sou,ent tmoins du spectacle sui,ant$ Ils rencontrent sur leur route des 0amilles enti.res se dplaant d' une contre 2 une autre$ *ne 0amine/ une pidmie/ ou simplement la di00icult de ,i,re les a 0orces 2 abandonner leurs 0o3ers$ L' un d' eux nous dpeint 4 ces 0amilles de culti,ateurs/ d' aspect dcent/ !ui campent sur les bords des chemins/ emportant a,ec elles la nourriture pour le ,o3age 4 $ ?insi il ne s' agit pas d' un proltariat ,agabond/ mais de groupes 0orms/ cohrents/ dont 0emmes/ en0ants et ,ieillards 0ont partie/ 2 la recherche d' un terrain propice pour 3 planter leurs pnates et continuer leurs habitudes traditionnelles$ C' est ce !u' il 3 a de plus rsistant dans la socit chinoise/ la 0amille/ !ui se transplante dans son intgrit pour 0aire souche ailleurs/ et !ui/ gr@ce 2 sa cohsion/ 3 russira$ N' estDce pas en raccourci l' image du mcanisme par le!uel s' op.rent les phnom.nes de peuplement E C' est par essaims 2 la mani.re des abeilles/ plutFt !ue par agglutination 2 la mani.re des coraux/ !ue les hommes se multiplient$ Le surplus de population ne cherche pas 2 se d,erser sur les espaces ,acants !ui existent dans le ,oisinage immdiat N !u' 3 0eraitDil s' il n' 3 peut ,i,re sui,ant ses habitudes et ses mo3ens E )n 0ranchit au besoin de grandes distances/ en !u7te d' un milieu analogue 2 celui !u' on est contraint de !uitter$ C' est ce s3st.me/ !ue les chinois ont su le,er 2 la hauteur d' une colonisation mthodi!ue/ !ui les a guids 2 tra,ers les compartiments de leur domaine$ *ne carte des agrandissements successi0s de la Chine/ telle par exemple !ue l' a es!uisse (ichtho0en dans son grand ou,rage/ montre moins une extension progressi,e/ comme le 0erait une carte histori!ue de France/ !u' une srie de colonisations pousses en a,antDpostes$ es bassins spars les uns des autres ont t successi,ement ac!uis 2 la ci,ilisation suprieure !u' a,aient su 0ormer les 0ils de Ban$ Comme des ,ases communicants/ si l' !uilibre ,ient 2 7tre rompu/ ces bassins le rtablissent d' euxDm7mes$ Lors!ue/ au x,iie si.cle/ le riche 4 pa3s des KuatreDFleu,es 4 / le -seuD'ch' ouan/ eut t ruin par les incursions tibtaines/ des groupes d' immigrants a00lu.rent pour combler les ,ides/ apportant si 0id.lement a,ec eux leurs dieux lares et leurs traditions domesti!ues !ue leurs descendants p8= sa,ent encore dire de !uelle pro,ince taient ,enus leurs anc7tres$ Lors!ue/ en ;M<;/ les anglais/ pntrant de plus en plus dans les pro0ondeurs de leur empire indien/ entreprirent l' organisation des pro,inces centrales/ ils constat.rent non sans surprise combien rcente tait l' occupation agricole de ces contres$ Clle remonte aux progr.s !ue 0it/ ,ers la 0in du x,ie si.cle/ sous l' empereur ?Jbar/ la puissance mongole dans les ,alles de la Nerbudda et de la 'apti$ Ces contres taient restes un terrain de chasse des gonds$ 6ais le sol 3 est 0orm de ces couches noires de regur, dit cotton soil, !ui depuis longtemps tait 0ructueusement culti, dans le Houd9erat et autour du gol0e de Camba3e$ e la population presse sur la cFte occidentale partirent des groupes !ui graduellement install.rent le tra,ail agricole dans ces terres de grand a,enir$ L' in0iltration se poursuit encore 1 elle 0ait tache autour d' elle$ Clle gagne peu 2 peu/ ditDon/ les che0s de clans/ 9aloux de se rele,er 2 leurs propres 3eux par un ,ernis super0iciel d' hindouisme$ Kuand la ruche est trop pleine/ des essaims s' en chappent$ C' est l' histoire de tous les temps$ Ce n' est pas par hasard !ue les li,res o5 sont consigns les plus ,ieux sou,enirs de l' humanit/ le ,endidadDsad/ la bible/ les documents chinois/ les chroni!ues mexicaines/ sont pleins de rcits de migrations$ Il n' est gu.re de peuple cheG le!uel ne sur,i,e la rminiscence obscure d' un tat d' in!uitude/ de trieb, sui,ant l' expression de V$ (itter/ !ui le 0orait 2 migrer de place en place 9us!u' au moment de trou,er ce s9our d0initi0/ sans cesse promis par la ,oix di,ine/ sans cesse cart par des mal0ices$ Ce sont tou9ours des domaines limits/ 2 la taille de ceux !u' ils pou,aient connaLtre/ !ui sont le terme poursui,i d' tapes en tapes N pour les hbreux la terre de Chanaan/ pour les Iraniens les 9ardins successi0s de -oughd (-ogdiane)/ 6our, (6argiane ou 6er,)/ &aJhdi (&actriane)$ Non moins accidente est l' od3sse des nahuatlacas pour atteindre en0in 4 la terre des 9oncs et des glaIeuls 4 / les bords du lac o5 se 0onda 'enochtitlan/ la ,ille de 6exico$ La ,ieille Italie prati!uait sur ses populations d92 trop presses dans l' ?pennin ces amputations !ui en dtachaient la 0leur de 9eunesse &ver sacrum', pour l' en,o3er chercher 0ortune$ L' histoire primiti,e de l' Curope celti!ue et germani!ue se rsume en une srie de p8< migrations/ contre les!uelles la puissance romaine et le plus tard carlo,ingienne s' e00orc.rent/ sou,ent en ,ain/ de ragir$ Les hel,.tes !u' attire la renomme des plaines de -aintonge/ les su.,es !ui cherchent 2 se substituer aux -!uanes dans ce !ue Csar appelle la meilleure partie de leur domaine/ sont des groupes en mal d' espace/ en !u7te de territoires/ 0aute de sa,oir tirer parti du leur$ C' est par centaines de mille !ue les pa3sans russes de la terre noire se prcipitaient en -ibrie/ si le gou,ernement russe n' e:t oppos une digue 2 l' irruption trop brus!ue du 0lot$ sens gnral de l' volution du peuplement. Dce n' est pas 2 la 0aon d' une nappe d' huile en,ahissant rguli.rement la sur0ace terrestre !ue l' humanit en a pris possession solide et durable$ es inter,alles ,ides ont persist longtemps/ persistent encore en partie/ 2 maintenir la sparation des groupes$ CeuxDci obissent 2 une loi de ncessit en se sparant/ en s' cartant les uns des autres$ e di,ers cFts/ par amas irrguliers/ comme des points d' ossi0ication/ de petits centres de densit ont apparu de bonne heure$ Combinant leurs aptitudes/ transmettant un patrimoine d' expriences/ ils 0urent d' humbles ateliers de ci,ilisation$ Kuel!uesDuns de ces groupes/ pro0itant de conditions 0a,orables/ ont pu ser,ir de laboratoires 2 la 0ormation de races destines plus tard 2 s' tendre et 2 9ouer leur rFle dans le monde$ Il est arri, cependant !ue/ dans des contres situes 2 l' cart/ l' isolement a t rig en s3st.me$ Les bn0iciaires du sol se sont e00orcs de maintenir autour d' eux la sparation par des mo3ens arti0iciels 1 car l' ide de 0ronti.re est aussi enracine !ue celle de guerre$ ?insi les sil,ati!ues a0ricains s.ment d' emb:ches les abords de leurs ,illages 1 les clans montagnards/ tels !ue tcherJesses/ Jourdes/ Ja0irs/ se sont retranchs dans les parties les moins accessibles 1 les tibtains euxDm7mes ont relgu dans les ,alles les plus cartes leurs sanctuaires nationaux$ ?u9ourd' hui/ ces centres d' isolement 0ont l' e00et d' exceptions$ Les destines de l' humanit eussent t 0rappes de paral3sie si ces conditions primiti,es a,aient pr,alu$ L' isolement exposait ces socits 2 s' atrophier/ 2 rester perptuellement asser,ies aux habitudes contractes sous l' impression du milieu o5 s' tait r,l pour eux le secret d' une existence meilleure$ Ces communauts humaines auraient 0ini par ressembler 2 ces socits animales !ue nous ,o3ons 0iges dans leur organisation/ rptant les m7mes oprations/ ,i,ant sur le progr.s 9adis ralis une 0ois pour toutes$ p8O 6ais un 0erment tra,aillait ces socits lmentaires/ les poussait 2 croLtre et 2 se rpandre au dehors$ Leurs re9etons se trou,aient ainsi/ dans le ,aste monde/ en 0ace de conditions dont la nou,eaut pou,ait rebuter les uns/ mais !ui ou,rait aux plus suprieurement dous des sources de ra9eunissement et d' expansion$ (enan a bien dcrit la trans0ormation !ui s' opra cheG les beniDisraSl !uand ils entr.rent en contact a,ec la terre de Chanaan$ Cette histoire s' est sou,ent rpte dans la suite$ *ne ,entilation salutaire/ dans la plus grande partie des contres/ a 0cond les rapports des hommes$ p8P chapitre iii. ,es grandes agglomrations humaines : A!rique et Asie : d.s les temps les plus reculs/ certains points de la terre ont ,u s' paissir les rangs humains$ 4 croisseG et multiplieG 4 est un des plus anti!ues prceptes !u' ait couts l' humanit$ L' ide de 4 multitudes semblables/ sui,ant l' expression bibli!ue/ aux grains de sable des ri,ages de la mer 4 hante de bonne heure les imaginations$ La 0ormation de densit s' est ralise d' abord sporadi!uement/ 2 la 0a,eur de circonstances toutes locales$ Les dcou,ertes d' instruments de l' @ge de pierre ont 0ourni d' intressantes indications sur ces centres primiti0s de rassemblement$ 6ais la plupart de ces tentati,es n' ont pas de suite 1 elles se heurtent longtemps 2 la di00icult de ,i,re nombreux sur de petits espaces$ Parmi ces groupes prcoces/ les uns ont cd 2 une 0orce centri0uge/ ils se sont dtachs de leur no3au/ comme les satellites d' une plan.te$ 6ais 2 la longue d' autres se sont rapprochs et/ s' il est permis de poursui,re la comparaison/ condenss en nbuleuses$ Ces agglomrations se sont 0ormes indpendamment/ asseG loin les unes des autres$ Leur 0ortune a t di00rente/ les unes n' a3ant cess de s' accroLtre/ tandis !ue d' autres/ Dmais ceci a t l' exception/ Dont dclin ou ne sont !ue l' ombre d' ellesDm7mes$ *ne lente laboration les a,ait prpares/ car aux po!ues lointaines o5 l' g3pte et la Chalde apparaissent dans l' histoire/ elles comptent d92 des traditions et des sou,enirs !ui leur communi!uent une aurole de haute anti!uit$ Les grecs a,aient t 0rapps de ces grandes socits du Nil et de l' Cuphrate 1 ils ne le 0urent pas moins/ lors!u' apr.s ?lexandre ils apprirent 2 connaLtre l' Inde du Pend9ab et de la ,alle du Hange$ La Chine/ r,le plus tard/ tonna par ses multitudes les contemporains de 6arco Polo$ ' autres agglomrations sont ,enues/ dans la suite des temps/ s' a9outer 2 celles dont 0urent tmoins ces anciens @ges 1 mais dans ces 0ormations ultrieures inter,ient une telle complexit p=> de 0acteurs !ue les causes gographi!ues bien !ue tou9ours e00ecti,es/ s' 3 laissent moins directement discerner !ue dans ces premi.res mani0estations de 0orce collecti,e/ d' o5 l' humanit commena 2 ra3onner sur la terre$ Leur rpartition semble en rapport a,ec une Gone comprise en,iron entre le tropi!ue du nord et le 8> e degr de latitude$ Le climat est asseG chaud pour !ue nombre de plantes puissent accomplir tr.s rapidement leur c3cle de maturit et mettre 2 pro0it l' inter,alle entre les bien0aits priodi!ues des pluies ou des crues 0lu,iales$ L' eau douce/ sous 0orme de sources/ de lacs/ de nappe phrati!ue ou de courant/ est la collaboratrice indispensable de ces climats tropicaux ou subtropicaux$ Les grands 0leu,es surtout/ issus des hauts massi0s asiati!ues/ et nourris de pluies priodi!ues/ agissent 2 la 0ois par leurs eaux imprgnes de substances solubles et par leurs dpFts d' allu,ions$ )n serait tent de croire !ue les plus grands rassemblements humains ont d:/ d.s l' origine/ correspondre 2 la section terminale o5 le courant satur ach.,e de re9eter sa charge de matriaux$ N' estDce pas/ en e00et/ dans !uel!uesDuns des grands deltas !ui s' chelonnent depuis le Nil 9us!u' au WangD'seuDViang !ue se pressent au9ourd' hui les plus 0ortes densits d' habitants E La &asseDg3pte/ le &engale sont actuellement les parties les plus populeuses de l' g3pte et de l' Inde$ ?ux embouchures du WangD'seu/ l' Lle 'songD6ing et la pninsule BaID6en atteignent la proportion h3pertrophi!ue/ l' une de ;$ 8O=/ l' autre de O>> habitants par Jilom.tre carr$ Ce serait pourtant une illusion$ Cn ralit/ l' homme n' a pris pied !ue tard/ et d92 arm par l' exprience/ sur ces terres amphibies$ Ces marcages/ o5 la pente 0ait d0aut/ !ue l' inondation menace/ n' ont t humaniss !u' au prix de grands e00orts$ 'ous ne l' ont pas t 1 car/ m7me sur cette 0range littorale de l' ?sie des moussons/ 2 cFt de deltas surpeupls d' autres attendent encore les multitudes !ui pourraient 3 ,i,re$ Ce !ui est ,rai/ c' est !ue ces grands 0leu,es reprsentent/ sui,ant les conditions di,erses de leur rgime/ de leur pente/ de la composition de leurs eaux/ de l' origine de leurs troubles/ autant de t3pes di,ers d' nergies naturelles$ Instincti,ement/ l' homme s' est senti attir sur leurs bords par l' a00lux de cette riche ,ie animale et ,gtale !ue dpeignent les peintures des anciens @ges pharaoni!ues$ Kue la 0ertilit se concentre ainsi sur les ri,es du 0leu,e ou !u' elle s' panouisse p=; aux alentours/ c' est une table ou,erte ,ers la!uelle se prcipitent tous les 7tres$ 6ais de longues suites d' e00orts combins sont ncessaires pour arri,er 2 discipliner ces grandes masses d' eau/ pour 3 rallier des 0oules humaines/ et cela n' a t ralis !ue dans !uel!ues parties de la terre$ i. -gpte. l' homme a pullul de bonne heure sur l' allu,ion 0riable/ riche en substances chimi!ues/ !ue le Nil/ assagi dans des bie0s successi0s/ apporte des ,olcans d' ?b3ssinie et dpose dans la longue ,alle !ui s' ou,re 2 partir d' ?ssouan$ L2 se droule/ comme un long serpent/ la terre noire &kmi' entre les sables 0au,es$ Les trou,ailles prhistori!ues donnent les indices d' une densit prcoce$ La population de 0ellahs !ui a 0ourni le le,ier de la ci,ilisation g3ptienne et !ui compte encore au9ourd' hui pour <R p$ ;>> de la population totale/ est un t3pe original d' humanit/ singuli.rement 0id.le 2 luiDm7me 2 tra,ers les @ges/ 0ermement implant dans son domaine/ essentiellement proli0i!ue$ Clle commena par s' panouir librement sur ce sol 0cond/ par se complaire 2 ses prodigalits 1 se rassemblant peu 2 peu par petits groupes d' agriculteurs/ rpartis par nou%ts ou nomes semblables aux nahiehs d' au9ourd' hui$ (ien n' 3 ressemble 2 la ,ie concentre et prcautionneuse des oasis$ &ien 2 tort/ on assimile par0ois l' g3pte 2 une longue oasis N nom spcialement in,ent par les g3ptiens pour les di00rencier de leur propre contre$ Le 0ellah se disperse librement/ il a ,ite 0ait de transporter en cas de besoin son habitation rudimentaire d' un point 2 un autre de la bande allu,iale !ui est son seul et ,ritable domicile$ La nature du sol 0it de l' organisation collecti,e une ncessit$ Clle est telle !ue la salinit ne tarde pas 2 imprgner l' eau de,enue stagnante$ L' obligation d' assurer au 0lot de crue un prompt coulement/ apr.s en a,oir prle, le tribut/ ne s' imposait donc pas moins p=R !ue celle de la capter au passage$ La tentation de con0is!uer l' eau s' e00aa de,ant la ncessit de la restituer aussitFt apr.s en a,oir 0ait usage$ C' est 2 cette conception !ue rpondit le s3st.me de bassins chelonns parall.lement au Nil et s' coulant les uns ,ers les autres N sorte d' appareil moul au 0leu,e/ !ui eut pour e00et de doubler l' tendue !ue sa crue peut atteindre et l' espace ou,ert 2 la population$ L' accroissement de densit n' excluait pas un appel croissant de mainDd' oeu,re$ )n le ,oit/ sous les pharaons/ s' exercer sur les populations ,oisines de Palestine et de -3rie/ surtout sur ces populations de Nubie dont le 0lot ininterrompu ne cesse/ comme en ,ertu d' une loi naturelle/ de s' couler ,ers l' g3pte$ Cet a00lux/ nanmoins/ n' a pas sensiblement altr le 0ond indig.ne N preu,e de la 0condit persistante !u' il a su opposer 2 toutes les ,icissitudes$ 6ais le domaine !u' il occupe est trop restreint et les conditions d' amnagement trop arti0icielles pour !ue la densit de la population n' ait pas considrablement ,ari depuis l' anti!uit classi!ue$ L2 comme ailleurs/ les suites des con!u7tes arabe et tur!ue diminu.rent sensiblement le capital humain$ ?u moment de l' expdition 0ranaise d' g3pte/ la population n' tait estime !u' 2 R$ 8<>$ R>> habitants 1 ,ingtDtrois ans apr.s/ 6ehemetD?li l' ,aluait 2 R$ =+<$ 8>>$ *n demiDsi.cle apr.s commence la srie des recensements/ comportant une marge de plus en plus restreinte d' incertitude$ Ils r,.lent un progr.s aussi rapide !ue prodigieux N ;M8< N 8$ 8O<$ 88> ;MMR N <$ M+;$ ;+; ;MPO N P$ O+8$ 8>= ;P>O N ;;$ RMO$ +=P ;P;O N ;R$ =<<$ >>> ainsi la race indig.ne/ agricole et sdentaire/ Dcar aupr.s d' elle le nombre d' trangers ou de bdouins nomades est insigni0iant/ Da 0ait preu,e depuis trois !uarts de si.cle d' une tonnante lasticit$ Il 0aut noter en premi.re ligne !ue cet accroissement correspond 2 une extension notable de l' aire culti,able/ le s3st.me d' irrigation permanente par canaux/ au mo3en de grands barrages et d' appareils l,atoires/ a3ant t gnralis surtout dans le Fa3oum et la &asseDg3pte$ La super0icie culti,able/ ,alue/ il 3 a ,ingtDcin! ans/ 2 un peu plus de R+$ >>> Jilom.tres carrs/ dpasserait au9ourd' hui +;$ >>>$ Cn outre/ les cultures industrielles/ au premier rang des!uelles le coton/ entraLnent de plus grandes exigences de mainDd' oeu,re$ ans les parties !u' atteint p=+ l' irrigation permanente/ les rcoltes d' hi,er/ d' t et d' automne se succ.dent sans interruption$ ?insi s' expli!ue le bond rapide !ui a doubl en moins d' un demiDsi.cle la population de cette ,ieille terre d' g3pte N exemple non pas uni!ue/ mais particuli.rement saisissant de la rpercussion directe !u' exerce sur les phnom.nes de population tout progr.s conomi!ue$ ii. -+halde. l' g3pte s' est maintenue comme 0o3er de population humaine/ tandis !ue d' autres 0o3ers ont dpri et/ comme la Chalde/ attendent une h3pothti!ue rsurrection$ Ce n' est pas !u' 2 l' origine les sources de d,eloppement aient man!u$ C' est aussi le sol de couleur sombre/ mais plus 9aune et plus imprgn de calcaire !ue celui du Nil/ al sa-od, !u' apportent le 'igre et l' Cuphrate/ !ui ser,it de no3au 2 la primiti,e Chalde$ L' Cuphrate/ dont le 0lot de printemps charrie cette allu,ion/ subit/ dans les grands marcages !ue l' ancienne puissance de &ab3lone par,int/ pour un temps/ 2 assainir/ une premi.re dcantation$ C' est ce !ui permit/ en attendant les grands tra,aux de canalisation !ue de,ait accomplir la monarchie bab3lonienne/ aux plus anciens habitants de se grouper d92 en nombre/ de 0ormer de petits ro3aumes/ de b@tir ces ,illes dont les noms/ depuis longtemps teints/ retentissent dans les plus ,ieilles lgendes bibli!ues$ Il est douteux cependant !ue les ressources de la contre aient 9amais suscit une densit de population telle !u' on peut la supposer d.s lors en g3pte$ Les conditions de crue taient moins rguli.res 1 leur amnagement/ plus incertain et plus prcaire$ Les d3nasties bab3loniennes semblent incessamment proccupes d' augmenter par des transplantations de peuples la somme de mainDd' oeu,re !u' exigent les grands tra,aux et l' entretien de cette ci,ilisation urbaine$ %olontairement ou non/ les trangers a00luent$ La population prsente un aspect cosmopolite !ui 0rappe les obser,ateurs et !u' ont plusieurs 0ois exprim les grecs$ 2 tra,ers tant de si.cles/ le 0il de continuit s' est rompu$ )n ,oit encore/ aux approches de &assora/ les lambeaux de ces palmeraies !ui 0aisaient/ le long de l' Cuphrate/ l' admiration des romains au p=8 i,e si.cle de notre .re$ 6ais/ peuples et cultures semblent au9ourd' hui rduits en poussi.re$ Le corps de population !ui constitue l' ossature rsistante de l' g3pte n' existe plus ici$ )5 le trou,er/ parmi ces groupes htrog.nes/ ,aguement ,alus 2 un million d' hommes/ composs de bdouins nomades et d' agriculteurs ensemenant 2 la ,ole !uel!ues 0onds humides E La reconstitution de ces anti!ues populations de l' lam/ de la Chalde/ d' ?ssur !ui multipli.rent 9adis sur les bords du Varoun/ de l' Cuphrate et du 'igre/ ne serait probablement pas auDdessus des 0orces d' un grand tat moderne$ 6ais ce serait une oeu,re de longue haleine$ Ct si/ reprenant 2 pied d' oeu,re le tra,ail sculaire de l' ancienne Chalde !ue les six derniers si.cles d' anarchie ont russi 2 anantir/ on essa3ait de ,i,i0ier 2 nou,eau le territoire !u' elle embrassait/ ce territoire/ en 0in de compte/ ne dpasserait pas/ comme on l' a montr/ R>$ >>> 2 R=$ >>> Jilom.tres carrs$ Prcieuse con!u7te assurment/ mais pour la!uelle les pr,isions les plus optimistes restent bien en de2 des chi00res d' hommes !ue peu,ent aligner l' Inde/ la Chine ou l' Curope$ -itus dans la Gone s.che !ui tra,erse l' ?sie occidentale/ spars par de grands inter,alles dserts/ ces lieux de concentration/ de m7me !ue ceux du Ferghana et de -amarJand/ sous les massi0s neigeux de l' ?sie centrale/ ne sont !ue des taches de densit sur un 0ond pres!ue ,ide$ L' g3pte seule/ gr@ce 2 sa position entre l' ?0ri!ue et l' ?sie/ la 6diterrane et la mer (ouge/ est un carre0our d' esp.ce humaine$ Clle prsente en petit le spectacle d' une de ces collecti,its persistantes !ui 0ixent pour longtemps sur certains points le pi,ot des relations des hommes$ iii. -Asie centrale. ce n' est 9amais en les considrant isolment/ dans leurs a,antages propres/ !u' on se rendra compte de grandes agglomrations occupant de ,astes tendues terrestres$ Ces a,antages peu,ent rester nuls/ s' ils ne sont ,i,i0is par un apport d' nergies et d' intelligences !ui se communi!ue de contres 2 d' autres$ Il 3 a donc 2 considrer les liaisons !ui p== existent entre l' ensemble continental et les rgions o5 sont ,enues s' accumuler les allu,ions humaines$ C' tait une des ides ch.res 2 Varl (itter !ue certaines contres a,aient exerc une sorte de ,ertu ducatrice sur les peuples N cela n' est ,rai !u' autant !ue l' on obser,e par !uels chemins ces peuples 3 sont par,enus/ c' estD2Ddire par !uelle initiation progressi,e ils sont passs$ La connexit de contres se prolongeant sur de grandes distances/ capables d' ou,rir des perspecti,es aux groupes !ui s' 3 chelonnent/ est/ sous ce rapport/ un 0ait de premi.re importance$ Clle 0ournit des occasions de contact/ sans ncessairement donner lieu 2 des chocs$ L' attention est attire par l2 ,ers la priphrie extrieure des hautes chaLnes de plissements !ui sillonnent le continent asiati!ue$ -ur une 0range plus ou moins troite !ui les borde/ se droule une srie de contres dont !uel!uesDunes sont tr.s anciennement spcialises comme contres histori!ues$ ?insi le long des chaLnes de l' ?rmnie et de l' Iran/ se succ.dent les noms d' )sro.ne/ d' ?ss3rie/ d' lam$ ?utour du noeud o5 se croisent les chaLnes de l' ?sie centrale/ se droulent d' une part la &actriane et la -ogdiane/ de l' autre la -ri!ue 1 et en0in/ au sud des Bimala3as/ le pa3s des Cin!DFleu,es/ l' anti!ue pantschanada, au9ourd' hui Pend9ab$ 'erres de culture/ en m7me temps !ue ,oies de relations et de commerce/ elles ont ser,i de cheminement aux hommes$ Les ,oies histori!ues par les!uelles la Chine communi!uait a,ec l' ?sie centrale longeaient/ l' une au nord/ l' autre au sud du bassin du 'arim/ les grandes chaLnes des 'ianDChan et des VouenDIun$ 'andis !ue/ dans les replis des chaLnes et dans l' intrieur des bassins !u' elles abritent/ les obstacles aux libres communications s' accumulent/ elles trou,ent au contraire des directions traces d' a,ance sur les terrasses !ui se sont tales au pied des montagnes$ Les points o5 les ri,i.res s' chappent des d0ils montagneux ont tou9ours t des sites de choix pour les tablissements humains$ L' eau est d' un maniement plus 0acile !u' ailleurs N on peut/ gr@ce aux cFnes de d9ections/ dri,er des saignes en tous sens/ et la pente reste encore asseG 0orte pour tendre au loin le rseau des rigoles$ Les espagnols du 6exi!ue/ habitus 2 ces prati!ues lmentaires d' irrigation/ dsignaient sous le nom de bocca del agua les issues par les!uelles les ri,i.res sortent des 6ontagnes (ocheuses N d92 a,ant eux les indiens pueblos a,aient su en tirer parti$ -i m7me le tribut ,ers par les neiges et les glaciers est tr.s abondant/ il arri,e !u' en a,al l' eau souterraine a00lue$ -ous les sables !ui succ.dent aux amoncellements de blocs et de gra,iers dont le 0leu,e s' est dcharg d' abord/ elle s' in0iltre pour reparaLtre en sources/ en !ontanili, ou 7tre 0acilement p=< atteinte par des puits$ Cn tout cas/ l' emploi agricole des eaux n' exige !u' un amnagement simple/ et nullement hors de la porte de ces indig.nes !ui/ sui,ant le mot d' un des meilleurs connaisseurs de l' ?sie centrale/ 4 sa,ent 0ort bien utiliser les moindres ruisseaux/ mais sont incapables d' excuter des tra,aux d' irrigation importants 4 $ Le sol n' est pas moins propice !ue l' eau$ Compos de terrains de transport/ il reste imprgn/ sous le climat sec des rgions subtropicales/ des substances !ue l' action des ,ents ou le ruissellement des eaux 3 ont accumules$ -oustrait au la,age puisant des pluies tropicales/ il tient en rser,e une 0oule de rsidus solubles/ d' lments tels !ue chaux/ potasse/ magnsie/ et par l2 une 0ertilit intrins.!ue pr7te 2 surgir$ Cha!ue anne les hommes ,o3aient se renou,eler le m7me miracle N une pousse subite de ,gtation/ une 0loraison mer,eilleuse 9aillissant/ au premier contact des pluies de printemps/ de terrains !ui/ aupara,ant/ prsentaient toutes les apparences de mort$ Ct ces lgions de plantes annuelles remplissaient en !uel!ues mois leurs promesses de grains A Cette leon ne 0ut pas perdue pour les hommes$ Nulle r,lation/ si ce n' est celle du 0eu/ ne 0it sur eux une impression plus 0orte$ -ans parler des m3thes !u' elle engendra/ elle leur apprit 2 surprendre et 2 pier l' arri,e de l' eau du ciel/ 2 adapter leurs cultures en cons!uence$ Il 3 eut/ 2 cFt des oasis d' irrigation/ des cultures de terrains non irrigus$ )n appelle bangar, dans le Pend9ab/ les plateaux intermdiaires entre les ,alles irrigues ou khadar : c' est/ sembleDtDil/ le m7me mot !ue bagara, par le!uel les agriculteurs iraniens de l' ?sie centrale dsignent les terres !u' ils ensemencent dans l' espoir de l' humidit hi,ernale et printani.re 1 terres !ui/ gnralement/ sont contiguSs aux oasis irrigues$ ?insi les deux principaux modes de culture se pn.trent$ Le bl/ l' orge/ le mil sont 2 la 0ois des plantes d' irrigation et de terrains secs$ Il n' 3 a point entre l' oasis et le dsert/ entre le limon sombre et le sable 0au,e/ cette limite in0lexible !ui semble en0ermer dans un tau le culti,ateur des Vsour$ es conditions ,aries et extensibles s' o00rent 2 l' tablissement des hommes N pentes de loess arroses irrguli.rement par les pluies/ ri,i.res grossies par les neiges/ et tous les suintements !ue/ dans les hautes altitudes/ ont prpars les neiges et les glaciers$ -ur ces bandes longitudinales !ue dessine l' allure du relie0/ l' agriculture ne s' interrompt !ue pour recommencer ensuite d' apr.s un t3pe semblable$ L' usage de la charrue et des m7mes crales est prati!u d' un bout 2 l' autre$ p=O epuis plus de ,ingt si.cles/ des incursions de hordes nomades ont dchir en ?sie le rideau de cultures/ re0oul ,ers les montagnes les races !ui en a,aient 0ertilis les abords et aux!uelles nous de,ons une grande partie des plantes !ui composent notre patrimoine$ L' agriculteur tenace n' a pas l@ch prise$ 4 partout o5 il 3 a de l' eau et la bonne terre/ on trou,e le sarte 4 / dit un pro,erbe iranien$ Le pa3san persan s' est blotti/ pour laisser passer l' orage/ entre les murs de terre de son bourg$ -ur les plateaux de Vermelis et d' Crbil/ d' acti0s ,illages se pressent autour des innombrables tumuli, ,estiges des anciennes populations ass3riennes$ 'elle est la puissance de certains 0aits naturels !u' elle se mani0este partout par les m7mes e00ets$ C' est le long du ,ersant oriental des 6ontagnes (ocheuses !ue chemin.rent les migrations indig.nes ,ers le 6exi!ue$ C' est 2 l' aide des oasis chelonnes au pied des ?ndes !ue les incas du Prou propag.rent leur ci,ilisation ,ers le sud/ 9us!u' au Chili$ 6ais il ne s' est pas trou, en ?mri!ue/ au bout de ces ,oies de transmission/ une Chine ou une ,alle du Hange$ iv. -+hine. le peuple !ui a multipli dans les plaines allu,iales du BouangDBo et du WangD'seu/ et dont le nom s' associe/ pour nous/ 2 une ide de pullulement dans l' tendue/ les chinois/ rattachent leur origine aux pa3s de l' ouest$ Qamais/ d' ailleurs/ leurs relations n' ont t rompues a,ec l' ?sie centrale/ d' o5 ils tiraient le 9ade/ les che,aux/ o5 ils tablirent longtemps leurs marchs de soie$ La priphrie septentrionale du massi0 central asiati!ue a,ait pour issue naturelle/ ,ers l' est/ la Gone d' coulement o5 l' rosion ra,i,e entraLne les eaux intrieures 2 la mer$ Les bassins intrieurs/ les anciennes cu,ettes lacustres subissent d.s lors une trans0ormation N dessales par l' a00lux continuel des eaux courantes/ renou,eles par l' apport continuel d' allu,ions/ elles entrent en liaison les unes a,ec les autres N liaisons encore impar0aites/ il est ,rai 1 car le BouangDBo et ses a00luents passent par des alternances de bassins et de gorges$ Nanmoins cela su00it pour introduire plus de continuit entre les groupes/ plus de libert dans leurs relations rcipro!ues$ Le contact de ces rgions 0ut dcisi0 pour ce peuple d' agriculteurs$ *n sursaut de 0condit se produit cha!ue 0ois !ue des groupes d92 arri,s 2 certain degr de ci,ilisation/ mais p=M dans des conditions relati,es de pau,ret et de rudesse/ trou,ent occasion de prati!uer dans un milieu plus riche/ dans une ambiance plus large/ les !ualits aux!uelles ils a,aient d: leurs progr.s$ Les beniDisraSl ne tard.rent pas 2 multiplier !uand ils !uitt.rent les steppes de l' ?ram pour les terres plus 0ertiles de Chanaan$ L' hellnisme ac!uit une 0orce nou,elle de multiplication sur ces terres d' ?sie 6ineure et de -icile/ aupr.s des!uelles la Hr.ce continentale semblait a,oir 4 la pau,ret pour compagne 4 $ ?insi arri,aDtDil aux germains/ !uand/ sortis de leurs ingrats domaines du nord/ ils commenc.rent 2 s' panouir dans les pa3s rhnans$ C' est ce !u' a,aient prou, les tribus chinoises lors!ue/ 2 une po!ue !u' il est di00icile de dterminer/ elles descendirent des oasis orientales de l' ?sie intrieure pour se rpandre dans la ,alle du %eIDBo/ le grand a00luent du 0leu,e Qaune$ Parmi les pro,inces histori!ues de la Chine/ le VanD-ou et le ChenD-i mar!uent le chemin sui,i$ Clles sont en liaison naturelle$ ans la premi.re/ le dsert est encore pressant et partout ,isible 1 les ,illes !ui s' chelonnent sporadi!uement depuis -ouD'cheou 9us!u' au 0leu,e Qaune ont encore le caract.re d' oasis$ 6ais/ d.s l' entre du ChenD-i/ la continuit des cultures est dsormais assure 1 elle se prolonge en se trans0ormant$ Les culti,ateurs d' oasis apport.rent 9adis dans ces plaines de loess des arts agricoles nou,eaux a,ec les!uels ils taient d92 0amiliariss/ l' irrigation des champs au mo3en des eaux dri,s des montagnes$ 6ais en re,anche/ en 0ace de nou,eaux probl.mes/ ils apprirent euxDm7mes 2 ampli0ier leurs mthodes et leurs e00orts pour s' atta!uer 2 de plus grandes 0orces naturelles$ *n lien de 0iliation reste mani0este/ toute0ois/ a,ec les cultures nes sur les pentes de l' ?sie centrale$ 67me habilet 2 distribuer en rseau arti0iciel les ri,i.res pour,ues de pente/ 2 combiner les cultures de plateaux a,ec celles des ,alles$ Cette ci,ilisation agricole/ a,ant de s' panouir dans les ,astes plaines deltaI!ues/ semble 2 regret s' carter des chaLnes 1 elle en suit le pied/ en borde 0id.lement la 0range dans le 'cheDLi et le ChanD'oung 1 ou bien elle se prlasse dans des bassins de dimensions encore restreintes N celui de 'aIDWanDFou/ dans le ChanD-i/ un des berceaux de la ci,ilisation chinoise/ n' a !u' une tendue de =$ >>> Jilom.tres carrs 1 celui de -iDNganDFou/ sur le %eIDBo/ un des plus anciens centres populeux/ n' en a gu.re plus du double$ 6ais gr@ce 2 un rgime de pluies plus 0a,orables bien !u' alatoire encore dans ces pro,inces du nord/ la terre jaune mani0este pleinement sa puissance p=P de 0condit$ Clle de,ient le talisman au!uel est attache l' existence de ce peuple$ La con!u7te des grandes tendues n' a pas procd en Chine par grandes en9ambes/ comme elle put le 0aire de nos 9ours aux tatsD*nis 1 mais pas 2 pas/ minutieusement/ sui,ant le gnie menu et les habitudes ata,i!ues de la race$ *ne progression graduelle est sensible dans le sens o5/ de plus en plus/ les horiGons s' ou,rent/ les montagnes s' cartent/ et !ue suit le cours des eaux$ *n ciel moins a,are de pluies/ un sol o5 la terre 9aune s' miette et se disperse en allu,ions/ accueille dans le BoDNan/ pro,ince mdiatrice entre les deux rgions de la Chine/ Catha3 et 6anGi/ les immigrants ,enus de l' ouest ou du nord$ Par del2 la chaLne trans,ersale !ui spare les bassins du BouangDBo et du WangD'seu/ l' atmosph.re d' ardent soleil baigne par les pluies de moussons permet/ malgr la disparition du loess/ un plus riche assortiment de produits$ ans cette ambiance nou,elle/ l' organisation ac!uise ne prit pas N les cadres taient 0orms/ il su00it de les largir$ 'out ce !ui caractrise/ en e00et/ une conscience collecti,e plus large se rattache 2 ce groupement de pro,inces/ ChenD-i/ BoDNan/ ChanD'oung/ o5 s' ou,rirent les ,astes perspecti,es N l2 est le s9our des premi.res d3nasties/ le site des plus anciennes capitales/ la patrie des sages et des philosophes$ ?u del2 encore/ la contre intermdiaire o5 se 0ondent les contrastes du nord et du sud/ la pro,ince de BoDNan/ au sud du BouangDBo/ a reu de la phrasologie chinoise la !uali0ication de 4 0leur du milieu 4 $ La population !ui/ dans le nord/ s' agglom.re en ,illages/ se dissmine ici en innombrables hameaux 1 image d' panouissement et de con0iance/ par0ois mal place/ car l' irrgularit des saisons suspend tou9ours la menace de 0amine$ 6ais dans la rgion o5 se con0ondent les allu,ions des deux grands 0leu,es/ la lutte contre la nature soul.,e plus de di00icults$ Ce n' tait 9adis !u' un ddale de marais et de lagunes/ entre les!uels ,agabondaient des ri,i.res 2 0ortes crues 1 l' acc.s en est encore asseG di00icile pour a,oir arr7t en ;M=< la marche des taIpings ,ers le nord$ e temps en temps 4 le monstre sort de sa cage 4 N le BouangDBo/ changeant brus!uement de lit/ prcipite un 0lot trouble 2 tra,ers les campagnes$ La lutte contre de tels ennemis rclame 0orce de bras 1 il n' 3 a pour de telles contres !u' une alternati,e/ sau,agerie ou surpeuplement$ p<> La religion et l' tat surent 3 pour,oir$ L' .re des grands tra,aux collecti0s s' ou,rit en Chine en 8M< a,ant notre .re/ par le creusement d' un premier tronon du HrandDCanal/ !uatre ou cin! si.cles en,iron a,ant !u' elle ne commen@t au Qapon$ C' est le moment o5 une ,ue d' ensemble/ exigeant du peuple de tra,ailleurs/ se substitua aux entreprises particuli.res et locales$ La !uestion de population !ui/ cheG cette race de petits culti,ateurs/ tait d92 une a00aire de 0amille/ de,int aussi a00aire d' tat$ 92/ en Chine comme dans l' Inde/ la ncessit conomi!ue trans0orme en r.gle religieuse a,ait donn lieu 2 un culte de 0amille$ Pour la morale chinoise comme pour la doctrine brahmani!ue/ le mariage et la procration d' une descendance nombreuse sont le de,oir sacr !ui assure aux anc7tres l' accomplissement des rites domesti!ues$ Il s' 3 9oignit en Chine un intr7t politi!ue$ L' empereur/ che0 de la grande 0amille/ prati!uait des recensements plusieurs si.cles/ ditDon/ d92 a,ant notre .re 1 il 3 a,ait des primes 2 la population/ des amendes sur le clibat$ -i par0ois l' augmentation paraissait insu00isante/ la complaisance de la statisti!ue ne se 0aisait pas 0aute d' en0ler les chi00res$ 6ais les ralits sui,aient$ Le mot 4 e00ra3ant 4 re,ient sous la plume des europens 2 la ,ue du nombre d' en0ants dans les 0oules chinoises$ Partout o5 se concentre l' acti,it chinoise/ tra,aux de riGi.res/ halage de bateaux/ banlieues sans 0in/ tumulte dans les rues/ on a l' impression !ue le rser,oir humain coule 2 pleins bords$ )n ne sait pas au 9uste !uelle est actuellement la population totale de la Chine propre N le chi00re en a t probablement exagr dans des estimations prcdentes s' inspirant trop d' analogies europennes$ Cette population est loin de 0ormer une trame continue$ Cntre ces bassins o5 elle s' est concentre et o5 elle a multipli 2 plaisir/ s' interposent comme des marchesD0ronti.res !u' elle n' a pas entames/ portant son e00ort exclusi0 sur le pied des montagnes/ les plaines canalises/ les bassins intrieurs o5 se prati!uent les cultures traditionnelles$ Le bassin intrieur !ue dessine la pro,ince dite des KuatreDFleu,es (-seuD'ch' ouan)/ o5 se rassemblent les eaux de !uel!uesDunes des plus hautes montagnes du monde/ passe 2 bon droit pour une des p<; mer,eilles d' irrigation o5 triomphe l' agriculture chinoise 1 la population 3 atteint/ dans la plaine centrale de 'ch' engD'ou/ une densit !u' on peut ,aluer entre +>> et +=> habitants par Jilom.tre carr/ mais elle est 2 peu pr.s concentre dans cette partie de la pro,ince$ -i l' on ,alue approximati,ement 2 8= millions la population totale du -seuD'ch' ouan/ il con,ient d' a9outer !ue les deux tiers au moins se trou,ent dans la partie centrale$ Le reste/ c' estD2Ddire les 0lancs le,s des montagnes/ les parties chappant par leur altitude ou par leur loignement aux procds de 0condation !ue ncessite la proximit immdiate de centres habits/ est rest le domaine des populations antrieures/ continuant 2 3 prati!uer une culture plus ou moins primiti,e$ .s !ue cesse la rgion de loess/ o5 le sol est capable de produire sans engrais de riches moissons/ et !u' 2 sa place/ au sud du BoDNan/ se droulent ces terres incessamment la,es par les pluies dont il 0aut sans rel@che reconstituer la 0ertilit/ une marge plus grande est abandonne 2 ces populations !ui/ sous di00rents noms/ reprsentent les couches antrieures/ sinon la couche primiti,e/ sur les!uelles se sont tendues/ comme une allu,ion nou,elle/ les races plus a,ances en ci,ilisation$ Bistori!uement/ cela s' exprime par une colonisation procdant d' abord de l' ouest 2 l' est/ puis du nord au sud$ Clle s' panouit en atteignant les grands bassins intrieurs !ui relient le WangD'seu et ses magni0i!ues a00luents$ Lors!ue/ par l' accroissement mthodi!ue de ses ressources et sous l' impulsion de ses ,ieilles d3nasties/ elle par,ient 2 disposer d' une techni!ue et d' une mainDd' oeu,re su00isantes pour a00ronter les grands tra,aux de canalisation et d' endiguement/ son domaine s' agrandit d' une con!u7te o5 cette multitude proli0i!ue ,a dmesurment pulluler$ 6ais/ dans le d,eloppement organi!ue de la ci,ilisation chinoise/ ces plaines deltaI!ues 0ont l' e00et d' une excroissance norme !ui s' est gre00e sur le tronc principal$ L2 n' est p<R point l' axe de la Chine$ Le chemin de 0er central de PJin 2 BanDV' eou correspond mieux !ue la rgion littorale aux directions !u' a sui,ies ce peuple$ Kuand en0in les bassins et les plaines allu,iales se rtrcissent et 0ont place aux rgions montagneuses et entrecoupes des pro,inces du sud/ le 0lot se di,ise et ,a s' a00aiblissant$ Il s' in0iltre nanmoins par les ,alles/ par les embouchures des 0leu,es$ Ct c' est ainsi !u' il s' insinue pro0ondment/ mais progressi,ement modi0i/ dnatur par un mtissage continuel/ dans l' Indochine/ l' Indonsie/ le monde malais 1 tapes d' o5 il serait pr7t 2 dborder/ en dpit des barri.res !u' on lui oppose/ sur tout le pourtour du Paci0i!ue$ v. -$nde. l' tude des grandes agglomrations humaines !u' encadrent d' une part l' BindouDVoutch et les montagnes de l' ?ssam/ de l' autre les Bimala3as et le cap Comorin/ montre les analogies pro0ondes des grands phnom.nes humains$ 2 l' origine des mou,ements !ui ont d,ers sur l' Inde/ comme sur la Chine/ des 0lots nou,eaux de populations/ agit une cause gographi!ue N le passage de l' ?sie s.che 2 l' ?sie humide/ de la rgion des oasis 2 celle des pluies de moussons$ La transition est naturelle entre les ,alles !ue 0ertilisent les eaux du Nar3n/ du Uara0chan/ de l' )xus et le pa3s des Cin!DFleu,es/ le Pend9ab/ ,estibule histori!ue/ et sans doute aussi prhistori!ue/ des in,asions et immigrations de peuples$ Les tribus ar3ennes/ !ue l' acheminement le long des montagnes guida ,ers la grande plaine indoDgangti!ue/ 3 trou,.rent aussi ,ers l' est/ comme les tribus chinoises a00luant du VanD-ou et de l' ?sie centrale/ l' attrait d' un enrichissement progressi0 de nature$ ?u del2 du seuil de -irhind/ les pluies de moussons se prononcent et se rgularisent 1 le sol sablonneux s' impr.gne de rser,es d' eau 2 une 0aible pro0ondeur/ la sur0ace du .oab, ou 6sopotamie entre la 9oumna et p<+ le Hange/ est perce d' innombrables puits$ Le peuple des palmiers/ 0iguiers/ lauriers/ s' enrichit de nou,elles recrues 1 les cultures de riG/ bananiers/ canne 2 sucre/ ,iennent s' a9outer 2 celles des saisons s.ches$ Comme en Chine/ une sorte de conscration religieuse s' attacha 2 la contre o5 des populations laborieuses et pau,res s' taient ,ues initier 2 une ,ie plus large$ Chose remar!uable/ en e00et/ ce n' est pas le &engale/ o5 pourtant les 0acults nourrici.res sont 2 leur comble/ !ui mar!ua ainsi dans les traditions reconnaissantes de ce peuple 1 c' est la haute ,alle du Hange 9us!u' 2 la ,ille sacre de &nar.s/ !ui dans le sanscritisme brahmani!ue est la contre bnie/ le pa3s du milieu/ madhia desa / 9us!ueDl2 se conser,e 2 peu pr.s dans sa puret le t3pe de communaut ,illageoise !ue les ar3ens a,aient apport a,ec eux/ comme une organisation traditionnelle dont la discipline rglemente ,o!ue les rgions s.ches d' o5 ils ,enaient$ 6ais plus on a,ance ,ers les rgions de pluies abondantes/ soit ,ers l' est dans le &engale/ soit ,ers le sud ,ers Cochin et 'ra,ancore/ plus les groupements se dissminent et se multiplient 1 le ,illage 0erm 0ait place 2 une poussi.re de hameaux entre les!uels il est sou,ent di00icile de tracer une sparation$ 67me changement en Chine$ Lors!u' on a 0ranchi ,ers le sud les pro,inces de BoDNan et de ChanD'oung/ le changement de nature se traduit par une dispersion caractristi!ue des habitations$ 4 d' innombrables petites 0ermes/ toutes semblables/ groupes par douGaines de maisons en terre a,ec !uel!ues arbres N rarement on ,oit un plus grand ,illage 4 N ainsi se prsente la ph3sionomie des campagnes !u' arrose le Ban/ dans la pro,ince de BouDP$ Ct dans la plaine de 'ch' engD'ou (pro,ince de -seuD'ch' ouan)/ les membres de la mission l3onnaise s' tonnent de cette route !ui pendant M> Jilom$ Cn,iron 4 n' est/ pour ainsi dire/ !u' une seule rue borde de maisons 4 $ L' esp.ce humaine s' panouit plus librement sur un sol plus riche en promesses N toute0ois les bases de l' tat social ne di00.rent !u' en apparence$ Le ,illage 0erm tait une expansion de la 0amille 1 le hameau/ c' est la 0amille elleDm7me unissant ses 0orces en une petite communaut agricole$ p<8 ?insi se composent d' une multitude de petits groupes/ cellules ,i,antes/ ces agglomrations dont la masse nous tonne$ La trame est 0orme d' un entrecroisement innombrable de 0ils tnus/ mais !ui n' en sont pas moins solides et rsistants$ Les alignements d' habitations !ui se succ.dent dans le nord de la Chine sont combins de 0aon 2 runir en un groupe les 0amilles !ui se rattachent les unes aux autres par une communaut de descendance et de rites$ ans le ,illageDt3pe de l' Inde septentrionale/ les liens de 0amille constituent une telle chaLne entre les habitants !ue/ par suite des prescriptions et prohibitions !ui r.glent le mariage/ les unions dans le ,illage m7me sont rendues pres!ue impossibles$ )n cherche 0emme dans le ,illage ,oisin$ -ur ces ensembles/ toute0ois/ plane un air de ressemblance$ *ne ci,ilisation commune les pn.tre/ capable de gagner de proche en proche/ et doue/ dans l' Inde non moins !u' en Chine/ d' une 0orce remar!uable de propagation$ )n est en prsence d' une de ces imposantes crations humaines !u' une longue histoire a 0aonnes$ ' un nombre d' hommes d' origines di,erses/ rassembls 2 po!ues successi,es dans certains domaines pri,ilgis/ elle a 0ait un bloc$ Il a 0allu pour cela un apport plusieurs 0ois renou,el d' acti,its/ un patrimoine grossissant d' ac!uisitions$ *ne 0orce de rapprochement et de concentration s' est dgage/ capable de maintenir dans un rapport de collecti,it d' immenses multitudes humaines N non toute0ois sans !ue/ dans les interstices de ces grands corps/ il n' 3 ait place pour des groupes r0ractaires/ rests 0id.les 2 leur tat primiti0$ Il en tait ainsi dans ces grandes monarchies !u' autre0ois ont ,ues l' g3pte/ la Perse/ et par l2 ces ci,ilisations contemporaines de l' Inde et de la Chine restent empreintes d' un trait d' archaIsme$ Plus on tudiera la composition de ces agglomrations/ mieux on ,erra !u' elles sont le rsultat d' une sdimentation prolonge/ et dans les allu,ions !ui ont contribu 2 les 0ormer/ on reconnaLt les apports successi0s guids par des ,oies naturelles$ ?ux peuples plus a,ancs p<= dont la ,ague est ,enue en dernier lieu/ il a appartenu d' imprimer sur ces contres le sceau d' institutions sociales et politi!ues/ !ui/ dsormais/ les dsigne et les classe dans le monde$ Leur rFle a consist surtout 2 mettre/ par l' ascendant de leur ci,ilisation/ plus de cohsion entre les groupes prexistants/ 2 assembler en une construction des matriaux pars$ Ils se sont superposs 2 des couches antrieures$ Nous ne pou,ons encore !ue souponner les mlanges dont se compose l' agglomration chinoise$ ?u Qapon on distingue au moins trois ou !uatre t3pes 0ondamentalement di00rents$ Kuant 2 l' Inde/ les recherches poursui,ies depuis trente ans par l' ethnographic -ur,e3 nous 0ont entre,oir combien d' lments di,ers entrent dans cet ensemble de +>> millions d' hommes$ Pour ne parler !ue de la plaine indoDgangti!ue/ !ue de ,ariantes et !uelle insondable di,ersit de races sont recou,ertes sous ces ti!uettes sommaires et pro,isoires N indoDar3en/ ar3oDdra,idien/ mongoloDdra,idien A .s !u' on entre dans l' anal3se des caract.res ethni!ues/ on souponne de bien autres di,ersits !ue celles des langues/ et l' on commence 2 distinguer sur !uels 0ondements et de combien de matriaux s' di0ient ces blocs humains si bien ciments !u' ils semblent dsormais 2 toute preu,e$ 'oute0ois/ leur 0orce d' accroissement n' est pas illimite/ pas plus !ue la s.,e d' in,entions !ui les a anims dans le principe$ La s.,e semble tarie et l' accroissement semble au9ourd' hui arri, 2 un point !uasi stationnaire$ (ien du moins/ pas plus dans l' Inde !u' en Chine/ ne peut 7tre compar aux progr.s !u' a accomplis/ dans le cours du xixe si.cle/ la population de l' Curope$ La population de la Chine/ d' apr.s un 9uge bien plac pour en parler/ le ministre amricain T$ T$ (ocJhill/ ne se serait !ue tr.s lentement accrue pendant le si.cle dernier$ L2/ comme dans l' Inde/ l' abondante natalit est tenue en chec par une mortalit pres!ue aussi 0orte$ Considre par petites priodes/ la population peut accuser par0ois un accroissement notable 1 mais il 0aut/ pour en bien 9uger/ prendre du recul$ C' est l' ternelle histoire des ,aches grasses$ %ienne ensuite la priode contraire N un cort.ge de 0laux/ 0amine/ pidmies/ d0iant l' e00ort m7me de l' administration britanni!ue/ ne tarde pas/ comme en ,ertu d' une priodicit/ 2 s' abattre 1 et du coup disparaissent tous les 7tres 0aibles !ue la mis.re/ le d0aut d' h3gi.ne/ la ,ie prcaire/ a,aient prdisposs 2 leurs coups$ p<< vi. -archipels asiatiques. -0apon. le continent asiati!ue tait/ par sa con0iguration taille 2 grands traits/ par l' tendue des rapports !u' il ou,re/ seul apte 2 0ournir 2 de telles agglomrations le domaine !ui leur con,ient$ 6ais 2 l' ombre de ce continent/ se droule un monde insulaire !ue les moussons mettent en continuels rapports a,ec lui$ -umatra/ Qa,a/ &orneo n' en ont t dtachs !u' 2 une po!ue postrieure au d,eloppement d' une puissante animalit parmi la!uelle 0igurent les plus anciens spcimens connus d' esp.ce humaine$ 2 la 0a,eur des articulations innombrables !ui dcoupent ces archipels dont 6arco Polo bloui estimait les Lles par milliers/ s' est 0orme ce !u' on appelle la race malaise N groupe plutFt !ue race/ n du mlange et de la 0ermentation de la ,ie maritime$ Par l' une de ses extrmits il se lie aux dra,idiens du can et par l' autre aux races de la Core et de la Chine$ ans cette immense di00usion/ les lments les plus htrog.nes/ les degrs les plus ingaux d' tat social coexistent$ Cntre les cFtes et l' intrieur s' accusent de pro0ondes di00rences N de tr.s anciens a00lux d' immigrants/ tamouls de l' Inde ou chinois du FouDVian/ ont rpandu sur le littoral des contingents sans cesse accrus d' hommes et de ci,ilisations/ tandis !ue/ dans les ,alles et sur les pentes des montagnes/ ,gtaient des tribus demiDci,ilises comme les bataJs de -umatra ou les da3aJs de &orneo/ et !ue de ,ritables primiti0s par,enaient 2 maintenir leur sur,i,ance dans l' intrieur des 0or7ts tropicales$ La concentration de la population s' est ralise dans !uel!ues parties seulement de ce domaine insulaire N 2 Qa,a o5/ d.s les temps anciens/ les hindous apport.rent leurs cultures de riG/ les lments d' une ci,ilisation suprieure et !u' ils prdispos.rent ainsi 2 pro0iter mer,eilleusement de la scurit et des a,antages de l' administration europenne 1 en0in dans les Philippines/ o5 la ,alle centrale et la rgion deltaI!ue du sud de Luon montrent une densit en ,oie rapide d' accroissement$ p<O Les trois principales Lles de l' archipel 9aponais/ ViouD-iou/ -iJoJ et Bondo/ reprsentent au9ourd' hui une agglomration humaine suprieure en nombre total 2 celle des Iles &ritanni!ues/ 2 l' extrmit oppose de l' ancien continent$ Les traces de l' homme sont tr.s anciennes dans cet archipel/ de m7me !ue sur tout le pourtour sudDoriental du continent asiati!ue$ L' ide !ue l' on peut se 0aire de la dmographie de ce Qapon primiti0 est celle d' une population 2 la!uelle les abondantes p7cheries de son littoral maritime ,alurent de bonne heure une densit relati,ement 0orte$ )n sait 2 !uel point le poisson entre au9ourd' hui comme nourriture principale dans l' alimentation 9aponaise$ *n ,ingti.me de la population actuelle se li,re encore 2 la p7che$ ans aucune contre/ aDtDon pu dire/ la mer n' a pris une plus grande part au d,eloppement matriel et moral d' un peuple$ Nul doute !u' une 0ormation prcoce de densit n' ait t atteinte de ce che0 sur les cFtes 9aponaises$ Ce littoral dcoup/ baign par les courants/ n' est pas sans analogie a,ec la cFte de sounds et de 0iords !ui s' tend/ sur l' autre bord du Paci0i!ue/ entre le Puget -ound et l' ?lasJa$ L2 aussi/ de riches p7cheries/ 2 la rencontre des courants/ ont amass de bonne heure une population relati,ement nombreuse$ 6ais/ pour !ue le Qapon ne demeur@t point au stade o5 se sont arr7tes ces tribus nutJas/ thlinJit/ etc$/ du nordDouest amricain/ d' autres causes sont entres en 9eu$ Le contact de l' ?sie tait autrement 0cond !ue celui de l' ?mri!ue prcolombienne$ La proximit d' un grand continent populeux et ci,ilis est histori!uement sensible aux en,irons du ,iie si.cle a,ant notre .re$ C' est dans l' Lle la plus mridionale/ ViouD-iou/ la plus rapproche de la Core et de la Chine/ !ue commence le tra,ail d' organisation !ui donne son estampille 2 la socit en 0ormation$ e l2/ elle ra3onne et multiplie$ Clle gagne successi,ement les deux grandes Lles a,ec les!uelles la mettent en rapports les innombrables indentations de la mer intrieure$ L' Lle de Bondo tait encore/ dans l' intrieur/ occupe par un peuple !ui est rest pour les 9aponais l' image m7me de la barbarie/ les aInos$ 'andis !u' ils sont impito3ablement pourchasss ,ers le nord/ les d3nasties impriales se 0ont/ au p<M contraire/ un de,oir d' accueillir et de rpartir parmi leurs su9ets les immigrants !ui ,iennent de Chine et de Core$ CeuxDci apportent/ en e00et/ des arts nou,eaux/ soit pour l' industrie/ soit pour l' agriculture et l' amnagement des riGi.res$ Ce 0lot prcieux d' immigrants est aliment par les 0laux !ui 0rappent priodi!uement les populations du continent ,oisin N 0amines/ r,oltes/ guerres ci,iles et trang.res$ Le lgendaire pa3s de 1ipango 9oue 2 cet gard le rFle de re0uge et ren0orce ainsi 2 maintes reprises son peuplement$ 'elle a t sou,ent la destine des Lles aux po!ues troubles !ui boule,ersent les populations des continents 1 tel 0ut/ en Curope/ le rFle des Lles Ioniennes au temps des in,asions tur!ues$ -i l' on met hors de compte la croissance urbaine/ due surtout 2 l' apparition rcente de la grande industrie/ l' intense peuplement 9aponais est strictement attach 2 l' amnagement des riGi.res et aux cultures dlicates (th) aux!uelles les pentes in0rieures des collines pr7tent leur abri$ *n amnagement minutieux et parcellaire du sol/ dans des compartiments exigus !u' encadrent les montagnes/ l' irrigation assure par les pluies de moussons/ l' engrais 0ourni par les dbris de poissons ou par les herbes dont on dpouille la montagne/ telles sont les bases d' une conomie rurale aussi intensi,e !ue restreinte$ Pas ou peu d' le,age 1 pas d' exploitation des montagnes$ L' homme n' a song 2 demander aux ,ersants !ue cou,re une mosaI!ue 0leurie de plantes herbaces &hara', !u' un engrais 2 en0ouir dans le sol/ peutD7tre aussi un plaisir esthti!ue/ un principe d' art$ Ce n' est pas sans surprise !u' on constate !ue dans les trois grandes Lles o5 s' est constitue la ci,ilisation 9aponaise et dont la population atteint une densit comparable 2 celle de l' ?ngleterre et de l' Italie du nord/ la super0icie culti,e n' atteint gu.re !ue le septi.me du sol$ 6ais c' est une culture de 9ardiniers/ obtenant par an deux rcoltes et m7me trois dans le sudDouest$ Le 9aponais/ en sa !ualit d' imitateur/ se montre encore plus spcialiste !ue le chinois dans le choix des espaces !u' il met en ,aleur$ La densit s' abaisse progressi,ement/ au Qapon/ ,ers le 8> e degr de latitude (nord de Bondo) et tombe dans l' Lle d' Wso 2 moins de R> habitants par Jilom.tre carr$ 67me chute brus!ue sur le continent/ lors!ue au del2 des plaines de PJin et du littoral on dpasse p<P le 8> e degr$ epuis trois si.cles !ue les plaines du Leao/ au pied des montagnes de 6andchourie/ ont t entames par la colonisation chinoise/ ses progr.s n' ont gu.re dpass encore la pro,ince de 6ouJden$ CelleDci n' a m7me !u' une densit in0rieure 2 celle de la montagneuse Core/ et au del2/ dans la pro,ince de Hirin/ par 8= degrs de latitude/ c' est 2 un chi00re tout 2 0ait insigni0iant !ue tombe la proportion relati,e d' habitants$ ?insi les grands rassemblements humains cessent en ?sie 2 peu pr.s ,ers la latitude o5 ils se ren0orcent en Curope$ CstDce la nature seule !u' il con,ient d' incriminer E -ans doute la rudesse du climat continental/ !ui d92 dans le sud de la 6andchourie ne permet !ue des bls de printemps/ doit entrer en ligne de compte 1 mais une culture per0ectionne e:t trou, un ,aste champ dans ces pasages de parc, mlanges de prairies et de bou!uets d' arbres/ !ui caractrisent la pro,ince de l' ?mour et !ui reprsentent probablement la ph3sionomie ,gtale primiti,e de notre Curope$ vii. -conclusion. en ralit/ cette limite asiati!ue des grandes agglomrations humaines est celle d' une 0orme de ci,ilisation$ Le chinois comme le 9aponais ont pouss le plus loin !u' il leur tait possible a,ec leurs procds traditionnels/ la culture minutieuse dont ils a,aient contract l' habitude$ CheG toutes les socits agricoles !ui ont essaim dans la Gone terrestre !ue nous ,enons de considrer/ des con0ins de la Lib3e 2 ceux de la 6andchourie/ c' est le maniement de l' eau 0ournie par les pluies et les 0leu,es/ la prati!ue de l' irrigation de plus en plus tendue/ !ui ont t les grands 0acteurs de d,eloppement numri!ue$ (estreint dans les oasis/ limit 2 une 0range bordi.re le long des montagnes de l' ?sie centrale/ ce mode de culture a trou, dans les plaines du Hange et de la Chine des domaines 2 souhait pour s' panouir$ ?insi de puissants 0o3ers d' appel se sont 0orms pour les hommes$ Leur ra3onnement s' est tendu sur toute la priphrie insulaire de l' ?sie orientale$ Le cadre spcial dans le!uel ont grandi ces socits est gographi!uement di00rent de celui !ui dlimite les populeuses socits d' Curope$ La pntration rcipro!ue !ue 0a,orisent les communications modernes pourra 2 la longue attnuer ces di00rences 1 il est probable nanmoins !u' elles subsisteront dans les traits principaux de la dmographie$ es agglomrations principalement 0ondes sur l' industrie pO> et la ,ie urbaine prsentent sous bien des rapports d' autres modes d' existence/ d' autres phnom.nes !ue celles !ui se sont tablies sur une collaboration agricole d' une multitude d' 7tres humains groups par 0amilles ou par ,illages$ )n ne saurait mconnaLtre dans cellesDci un caract.re d' archaIsme !ui nous reporte aux premiers e00orts !u' a d: 0aire l' esp.ce humaine pour se constituer en 0orce et en nombre$ La surabondance de produits obtenus par un ingnieux amnagement de l' eau dans des climats interrompant 2 peine la ,gtation de l' anne/ eut un e00et mer,eilleux pour permettre la coexistence sur des points restreints de 0orts groupes numri!ues$ L' adaptation de l' eau 2 des cultures rguli.res/ 0oisonnant sur place et se succdant 2 prompts inter,alles/ contribua 2 concentrer les hommes/ de m7me !ue/ primiti,ement/ l' usage du 0eu a,ait 0acilit leur dispersion dans pres!ue toutes les parties de la terre$ L' une et l' autre de ces in,entions primordiales se retrou,ent dans la rpartition actuelle de notre esp.ce$ C' est parce !ue/ d.s les anciens @ges/ des groupes se sont rpandus sporadi!uement 2 tra,ers les tendues continentales/ !ue nous rencontrons 2 l' heure actuelle tant de di,ersits et d' ingalits/ autrement inexplicables/ dans leur degr de culture$ Ct c' est parce !ue l' irrigation/ apr.s a,oir appris aux hommes 2 se serrer sur des points dtermins/ leur a 0ourni/ en certaines contres/ un th.me de per0ectionnements s' engendrant les uns les autres/ !ue nous ,o3ons des agglomrations !ui n' ont pas attendu pour grandir les 0acilits !u' o00rent les transports modernes$ Ces impulsions initiales ont donn le branle et orient le d,eloppement gographi!ue de l' humanit$ )n peut/ au reste/ constater ce 0ait/ !u' 2 chacune des tapes de ce d,eloppement correspond une appropriation nou,elle de ressources ou d' nergies naturelles$ C' est par des e00orts d' in,ention !ue l' homme d' au9ourd' hui comme de 9adis par,ient 2 se 0aire une place de plus en plus considrable sur la terre$ pO; chapitre iv. ,' agglomration europenne. $. -les limites : parmi les !uatre groupes d' agglomration humaine/ DInde/ Chine/ Curope/ tatsD*nis/ Dle groupe europen est au9ourd' hui le principal$ ans la rpartition de l' esp.ce humaine sur le globe/ il reprsente un 0o3er dont l' action se rpercute partout 1 comme puissance numri!ue et conomi!ue/ il est le bloc prpondrant !ui met son poids dans la balance$ Cette supriorit numri!ue est de date rcente$ Il est probable !u' au commencement du xixe si.cle la population de l' Curope n' atteignait pas le chi00re d92 atteint par l' Inde et la Chine N elle s' le,ait/ d' apr.s les calculs les plus plausibles/ 2 ;O= millions en,iron$ -i l' on consid.re !u' a,ant les ,ides/ pour le moment incalculables/ causs par la guerre/ elle tait ,alue/ en ;P;8/ 2 88M millions/ il en rsulte un accroissement d' en,iron ;=> p$ ;>> dans une priode dpassant 2 peine un si.cle$ La densit mo3enne/ !ui tait 2 peu pr.s de ;P p$ ;>> en ;M>>/ tait arri,e 2 dpasser/ dans ces derni.res annes/ le chi00re de 8= p$ ;>>$ Il est ,rai !u' une mo3enne s' tendant indistinctement 2 l' Curope enti.re perd beaucoup de sa ,aleur$ *n trait plus signi0icati0 de cette statisti!ue rtrospecti,e est !ue/ ,ers ;M;=/ aucune grande rgion sur le continent europen n' a,ait une densit comparable 2 celle du ro3aume lombardD,nitien/ soit P> habitants par Jilom.tre carr N la richesse agricole/ le legs histori!ue de grands tra,aux publics expli!uaient cette supriorit$ Cette contre a notablement accru sa population dans le cours du dernier si.cle 1 mais/ sans parler de la HrandeD&retagne/ la &elgi!ue/ la pro,ince rhnane/ pOR la -axe montrent au9ourd' hui une densit suprieure 2 la sienne$ La rpartition a donc ,ari aussi bien !ue l' e00ecti0 total$ es dplacements de densit ont eu lieu$ )n est en prsence d' un 0ait en marche/ pro,o!uant des chocs en retour !ui se transmettent d' une contre 2 l' autre$ Car c' est/ depuis un demiDsi.cle en,iron/ dans l' Curope orientale/ en (ussie notamment/ !ue l' accroissement de la population proc.de 2 l' allure la plus acclre$ -ans doute/ des obstacles de climat s' opposent 2 ce !ue l' Curope/ dans sa totalit/ soit entraLne dans ce mou,ement N nanmoins l' organisme europen est tel au9ourd' hui !ue les ner0s moteurs agissent a,ec 0orce 9us!u' aux extrmits des membres$ Le cadre dans le!uel se circonscrit/ actuellement du moins/ l' agglomration europenne/ pourrait 7tre approximati,ement trac/ au nord/ par le <> e degr de latitude$ ?u del2 de cette ligne/ le long de la!uelle s' chelonne/ en a,antDpostes/ une range de grandes ,illes/ s' tend une ,aste rgion (R$ =>>$ >>> Jilom.tres carrs en,iron) o5 la densit de population ne dpasse gu.re au total + hab$ Par Jm! cube$ Cependant/ baigne au nord par une mer !ui reste gnralement libre/ cette rgion/ depuis dix si.cles au moins/ est entre dans le cercle d' attraction des contres ,oisines$ Ce sont d' abord les p7cheries !ui ont attir les hommes 1 puis/ dans la suite des si.cles/ le commerce des bois et des 0ourrures/ au9ourd' hui les mines et l' nergie h3drauli!ue$ L' exploitation de ces ressources nou,elles a imprim un accroissement sensible/ depuis un demiDsi.cle/ 2 la population de ces 4 con0ins de l' oecoum.ne 4 $ Comme dans tous les pa3s de colonisation/ les ,illes maritimes en ont surtout pro0it N les deux tiers de la population nor,gienne sont sur les cFtes/ et l' on remar!ue/ en -candina,ie comme en Finlande/ une proportion relati,ement 0orte de population urbaine$ 6ais les ressources nourrici.res sont trop indigentes pour laisser beaucoup de marge 2 l' accroissement 1 l' migration/ !ui s' 3 d,eloppe au moins aussi ,ite !ue la natalit/ et m7me/ 2 l' occasion/ des 0amines se chargent d' 3 mettre un terme$ pO+ 2 l' est/ la ligne de dmarcation !ui circonscrit l' agglomration europenne a un caract.re histori!ue autant au moins !ue gographi!ue$ Clle touche 2 la steppe saline/ mais sans borner la rgion 0ertile de la terre noire$ )n peut la considrer comme la ligne pro,isoire autour de la!uelle oscille le pendule/ entre le domaine des socits assises et celui des groupes plus ou moins instables$ Clle est 9alonne/ comme la limite septentrionale/ par une srie de ,illes rapidement grandissantes/ entre les!uelles la %olga sert de lien$ ?u del2/ dans les gou,ernements d' )u0a/ )renbourg/ ?straJhan/ sur une super0icie au moins gale 2 celle de la France/ la densit de la population ne dpasse gu.re en mo3enne une douGaine d' habitants par Jilom.tre carr$ Cntre cette rgion 0aiblement peuple et les contres d' accroissement rapide et continu !ui se prolongent 9us!u' 2 la ri,e occidentale du grand 0leu,e/ le contraste actuel exprime la lisi.re ,ers la!uelle expire la ci,ilisation europenne$ ans ses tapes successi,es/ c' est par une range de ,illes !u' elle a procd/ !u' elle a 0ait 0ront contre la barbarie 1 et ce sont des 0leu,es !ui ont ser,i d' appui 2 ces 0ondations urbaines$ 'our 2 tour le (hin et le anube/ puis/ lors!ue l' oeu,re romaine 0ut reprise par les carolingiens et le saintDempire germani!ue/ l' Clbe/ la -aale et l' Clster/ plus tard encore l' )der/ la %istule et le niepr ont ,u sur leurs bords s' tablir/ en rapports les unes a,ec les autres/ des ranges de ,illes N portes d' entre et de sortie entre deux mondes/ 2 la 0ois centres de propagande religieuse/ places d' armes/ lieux de 0oires et de commerce$ 6ersebourg/ puis LeipGig 1 6agdebourg et Bambourg 1 &reslau et antGig 1 (iga et Vie,/ tracent des lignes successi,es$ Clles anticipent/ dans le d,eloppement de l' Curope/ sur le rFle 0utur des ,illes commerantes !ui/ de Ni9nLIDNo,gorod 2 ?straJhan/ centralisent autour de la %olga les relations de l' Curope orientale et des steppes$ La ,ille a son rFle 2 part dans la 0ormation du peuplement$ C' est un organe politi!ue/ un noeud de rapports$ Clle est l' expression d' autres phnom.nes !ue le ,illage/ c' est pour!uoi elle peut exister indpendamment de lui$ L' ?mri!ue et l' ?ustralie apportent de rcents exemples de grandes ,illes sui,ant leurs destines sans le cort.ge de moindres tablissements !ui les accompagne en Curope$ Clles ser,ent de points de ra,itaillement d' o5 la population s' lance 2 de nou,elles con!u7tes$ pO8 ii. -point de dpart et conditions d' extension. il reste donc !ue plus des deux tiers de l' Curope constituent/ au point de ,ue de la population/ un groupe 2 peu pr.s compact de densit le,e$ )n distingue bien encore dans cet ensemble des parties 0aiblement peuples/ mais elles sont entames de toutes parts/ et de plus en plus rduites 2 la retraite !ue leur laissent les hautes montagnes/ les 0or7ts ou les sur0aces marcageuses$ Les interstices diminuent entre les rangs presss !ui les assi.gent$ Cn somme/ il n' 3 a pas entre les mailles de ce tissu d' inter,alles ,ides/ comparables 2 ceux !ui sparent l' Inde de la Chine 1 ou/ dans l' Inde m7me/ le Pend9ab du pa3s des 6ahrattes/ le &engale du Carnatic$ Les agglomrations asiati!ues sont nes et ont grandi sous l' in0luence d' une cause principale/ le climat des moussons$ es centres de densit sporadi!ues se sont rapprochs et ont 0orm masse/ gr@ce 2 une collaboration de pluies/ de soleil et de 0leu,es/ surexcitant pres!ue sans rpit la 0orce producti,e du sol$ Les phnom.nes humains se laissent malaisment circonscrire en des limites prcises 1 on constate toute0ois !ue c' est approximati,ement entre ;> et 8> degrs de latitude nord !ue se localisent ces 0o3ers humains$ L' agglomration europenne/ au contraire/ ne touche !ue par ses extrmits mridionales 2 cette Gone terrestre$ L' oeu,re !ui a abouti 2 runir en Curope pr.s du !uart de la population du globe/ s' est gnralement accomplie dans des conditions de climat et de latitude dont les exigences dpassent de beaucoup celles des contres tropicales ou subtropicales$ Clle reprsente par l2 !uel!ue chose d' original dans l' histoire du peuplement du globe$ Clle se distingue ainsi/ non seulement des agglomrations anti!ues !ui ont eu pour si.ge l' ?sie orientale et l' g3pte/ mais m7me de celles !ui sont en ,oie de 0ormation dans les contres d' ?mri!ue 1 bien !ue/ 2 ,rai dire/ cellesDci n' tant encore !u' 2 leur premier stade/ il soit di00icile de se prononcer sur leur 0uture extension$ Le phnom.ne !ui a accumul dans cette pninsule de l' ancien monde la masse principale d' humanit/ prsente une ,olution plus complexe !ue celles !ue nous a,ons d92 cherch 2 retracer$ Le 0ait initial cependant paraLt 7tre/ ici comme ailleurs/ l' abondance de ressources ,gtales propres 2 la nourriture de l' homme$ L' Curope/ sous ce rapport/ surtout dans les parties de son territoire !ue n' ont pas atteintes les liminations des priodes glaciaires/ n' est pas moins richement dote !ue les rgions !ui semblent/ au dire des botanistes/ a,oir le plus contribu 2 enrichir le patrimoine de ressources pO= alimentaires N l' Inde/ le -oudan/ ou la Chine$ Kuel!uesDunes des crales les plus utiles/ 0roment et orge/ nombre de lgumes/ tels !ue 0.,es/ pois/ lentilles/ apparaissent sur les bords europens de la 6diterrane/ soit comme indig.nes/ soit comme des emprunts tr.s anciens 2 des contres limitrophes$ L' acclimatation des ,gtaux !ui se concentrent autour du domaine mditerranen/ trou,a dans le commerce de bonne heure allum sur ses bords un ,hicule naturel 1 a9outons !ue/ au centre m7me de cette mer/ la 0conde -icile semblait prdestine 2 ser,ir d' organe de transmission$ Parmi les ressources nourrici.res dont s' enrichit progressi,ement l' Curope/ la 6diterrane a 0ourni la plus grande part/ mais non la seule$ La di,ersit des plantes alimentaires dont Pline l' ancien 0ait mention comme en usage cheG les peuples subDou transDalpins/ est tr.s remar!uable/ con0irme d' ailleurs par les trou,ailles prhistori!ues$ Nous ,itons de mentionner les ressources !ue l' alimentation pou,ait tirer de la chasse ou de l' le,age/ puis!u' il ne s' agit !ue de genres de ,ie 0a,orables 2 la 0ormation d' un peuplement dense$ Par la 0acilit de l' existence/ a,ec les a,antages et les incon,nients !u' elle entraLne/ les parties de l' Curope situes au sud de 8> degrs se rapprochent de celles !ui ont 0a,oris en ?sie l' panouissement de l' esp.ce humaine$ C' est en pensant 2 elles !ue 6irabeau a pu parler de contres o5 4 les e00orts des pires gou,ernements ne russiraient pas 2 emp7cher la population de s' accroLtre 4 $ Cn ralit/ elle ne s' est pas tou9ours accrue dans le ro3aume de Naples et dans l' Cspagne mridionale/ et elle a subi bien des rgressions temporaires 1 mais on doit reconnaLtre !u' elle a tou9ours montr/ dans les circonstances propices/ tendance 2 s' accumuler$ Ce n' est gu.re !ue dans les grandes ,illes du sud de l' Italie et de l' Cspagne !ue se rencontre ce proltariat ,i,ant de peu dont se surchargent les agglomrations de l' Inde ou du sud de la Chine/ ou m7me l' hexapole !ui garnit le pied des montagnes/ dans le 'urJestan oriental$ -ans doute/ 2 d0aut d' autres besoins/ celui de la nourriture !uotidienne s' impose 1 mais cette !uestion m7me perd de son acuit et de,ient/ sui,ant les saisons/ tout 2 0ait aise 2 rsoudre$ 4 2 6urcie/ cri,ait e Laborde/ on ne saurait pO< trou,er une ser,ante pendant l' t 1 et beaucoup de celles !ui sont places !uittent leurs conditions 2 l' entre de la belle saison$ ?lors elles se procurent aisment de la salade/ !uel!ues 0ruits/ des melons/ surtout du piment 1 ces denres su00isent 2 leur nourriture$ 4 on peut rapprocher ce tmoignage de ceux !ui nous ,iennent des oasis du 'urJestan/ situes en,iron aux m7mes latitudes/ au su9et de ces populations !ui conser,ent 2 Vachgar/ WarJand et Vhotan/ les ,ieilles traditions d' agriculture iranienne$ 4 pendant les mois d' t/ dit -emeno0/ les 0ruits et les melons su00isent 2 remplacer la charit publi!ue$ 4 l2 aussi/ cette manne priodi!ue est une prime 2 l' oisi,et et au !arniente. la nature se charge/ mo3ennant le minimum d' e00orts/ et pour ainsi dire au rabais/ de pour,oir aux ncessits !ui gr.,ent/ sous d' autres latitudes/ les socits humaines$ Cependant les contres europennes o5 l' homme peut s' a00ranchir de la continuit de l' e00ort/ sont l' exception$ 2 peine aDtDon dpass d' une centaine de Jilom.tres les ri,es de la 6diterrane !ue les exigences de climat se multiplient$ Clles s' imposent d92 aux populations circumDalpines/ balJani!ues et danubiennes N combien plus encore 2 celles !u' on entre,oit d.s les premi.res lueurs de l' histoire/ groupes le long des terres 0ertiles !ui sui,ent en,iron le => e degr de latitude/ et se prolongent/ par l' archipel danois/ 9us!u' au sud de la -u.de A Cn 0ace de ces longs hi,ers/ de ces brumes/ de ces intempries incompatibles a,ec la ,ie en plein air/ ch.re au napolitain de nos 9ours comme 2 son anc7tre de Pompi/ l' abri/ le ,7tement/ le chau00age/ l' clairage ,iennent singuli.rement compli!uer le probl.me de l' existence$ Ce 0ut une ncessit naturelle !ui substitua aux draperies 0lottantes les ,7tements serrs au corps/ la saie, les braies gauloises 1 !ui a9uste au sommet de l' habitat un toit le,/ et 0ortement inclin pour permettre le ruissellement des pluies$ Cet habitat/ surtout/ prend une importance plus grande dans la ,ie !uotidienne 1 ce n' est plus l' installation sommaire o5 l' on s' accommode apr.s 9ourne passe sur les places publi!ues/ mais le s9our o5 se prati!uent les tra,aux d' hi,er/ o5 s' entretiennent les industries domesti!ues/ le home, la maison a,ec toutes les ides et les sentiments !u' elle ,eille$ CroLtre et multiplier de,ient/ dans ces conditions/ un prcepte !ui suppose l' e00ort/ et au succ.s du!uel concourent des 0acteurs de temps/ d' ingniosit/ de pers,rance$ pOO ?u del2 du 8> e degr de latitude/ l' homme doit compter a,ec des ncessits d' habitat/ de ,7tementDoutre la nourritureD!u' on peut comparer 2 ces poids supplmentaires dont on charge dans les courses certains concurrents$ Plusieurs sociologues/ depuis Le Pla3/ se sont attachs 2 anal3ser les budgets d' ou,riers ruraux ou urbains en di00rentes contres d' Curope$ Parmi les exemples !u' ils apportent/ 9e choisis de pr0rence ceux !ui concernent les rgions o5 s' est le plus mani0est de nos 9ours l' accroissement de la population$ Cn &elgi!ue/ en -axe/ en Testphalie (-olingen)/ 2 -he00ield/ la rpartition des dpenses s' tablit 2 peu pr.s sur les bases sui,antes N <> 2 <= p$ ;>> pour la nourriture/ ;= 2 R> p$ ;>> pour le ,7tement/ ;R p$ ;>> pour le logement/ = p$ ;>> pour le chau00age et l' clairage$ ' apr.s des ,aluations plus rcentes/ dont le anemarJ/ pa3s tr.s prosp.re/ a t l' ob9et/ les dpenses de nourriture ne reprsentent plus gu.re pour cha!ue 0amille !ue la moiti de la totalit des dpenses/ la proportion restant 2 peu pr.s la m7me pour le reste$ Le m7me obser,ateur 0ait cette remar!ue gnrale !ue plus le budget est petit/ plus est grande la proportion des dpenses de nourriture$ )n peut tendre la porte de cette obser,ation$ Kuand le tisserand de 'ch' engD'ou a prle, sur son maigre salaire la somme ncessaire 2 son cuelle de riG/ il est 0ort 2 pr,oir !ue le super0lu/ s' il en reste/ passe 2 la maison de 9eu$ ans l' Inde/ lors!ue la hausse du coton/ pro,o!ue par la guerre de -cession amricaine/ eut rpandu l' argent cheG les culti,ateurs du har,ar/ les bn0ices/ ditDon/ enrichirent surtout le bi9outier de ,illage$ Ne saitDon pas en0in combien/ m7me dans nos contres mridionales d' Curope/ le go:t de la parure/ du 9eu (loterie) prime tout autre emploi des bn0ices alatoires dont ,entuellement on dispose E Il existe donc des climats o5/ apr.s satis0action donne aux besoins de nourriture/ l' homme mo3en/ !ui reprsente en somme le principal lment numri!ue de la population/ peut 2 peu pr.s impunment se li,rer 2 ses 0antaisies$ 'out autre est la conception sociale !ui rsulte/ dans nos climats/ de ce !ue 6ontes!uieu appelle le 4 ncessaire ph3si!ue 4 $ Les de,oirs grandissent a,ec les ncessits/ liminent ou du moins rabaissent 2 un ni,eau tr.s in0rieur cet lment de parasitisme !ui 0ait pulluler/ dans des climats moins exigeants/ la mendicit et le ,agabondage$ Le mendiant n' 3 est plus 4 un 7tre pOM aim de ieu 4 $ *ne considration imprieuse s' attache 2 l' extrieur du logement et de la personne/ 2 ce !ui constitue le con0ort et ce !u' exprime bien la 0ormule anglaise/ standard o! li!e. cependant/ pour sub,enir non seulement 2 ces exigences/ mais en outre aux obligations !u' impose la ,ie moderne/ impFts/ h3gi.ne/ ducation/ dlassements/ etc$/ l' e00ort est ncessaire$ Il 0aut crer plus de ressources pour tenir t7te 2 plus de de,oirs$ Nos contres d' Curope centrale ou septentrionale en o00raientDelles les mo3ens E Clles ne paraissaient pas de primeDabord disposes par la nature pour entretenir des multitudes pareilles 2 celles des bords du 0leu,e &leu ou du Hange$ -i pourtant elles les galent ou dpassent/ c' est parce !u' elles ont su tirer des ressources naturelles plus !ue n' ont 0ait les socits asiati!ues$ ?ux produits du sol elles ont a9out ceux du sousDsol 1 a,ec les ressources de l' agriculture elles ont combin celles de l' le,age$ Clles ont appel en0in la science 2 leurs secours$ La 0ormation de l' agglomration europenne apparaLt ainsi comme une oeu,re d' intelligence et de mthode pres!ue autant !ue de nature$ iii. -r2le des relations commerciales : ce progr.s n' a pas t le pri,il.ge d' une race$ Non !u' il 0aille r,o!uer en doute les !ualits suprieures dont l' homme a 0ait preu,e en Curope pour mettre en ,aleur a,ec plus d' intensi0ier !u' ailleurs les ressources !ue reclait le milieu$ 6ais il ne 0aut pas oublier/ !uand il est !uestion de l' Curope/ la correspondance naturelle !ui en unit toutes les parties$ Par son e00ilement progressi0 en 0orme de pninsule/ son exiguIt relati,e/ par les 0acilits de passages !ui attnuent l' obstacle des chaLnes ou des massi0s !ui la sillonnent/ par les ,oies naturelles !u' ou,rent ses 0leu,es/ les peuples tr.s di,ers/ tr.s htrog.nes !ue les circonstances 3 ont groups/ ne tardent 9amais longtemps 2 entrer en communications rcipro!ues$ Le localisme/ cause de stagnation/ ne tient pas longtemps 1 de telle sorte !ue le progr.s accompli par les uns n' est pas perdu pour les autres$ Le nombre de contres !ui chappent au mou,ement gnral se rduit d' @ge en @ge/ et soit plus lentement/ soit plus ,ite/ chacun prend le pas dans l' a,ance conomi!ue$ 'out ce !ue nous sa,ons du pass de l' Curope tend 2 montrer !uel rFle ont 9ou/ dans la marche de sa ci,ilisation/ l' imitation et l' exemple$ pOP Le grand panouissement de population et de richesse !ue/ dans les cin! si.cles !ui prc.dent l' .re chrtienne/ les ti!uettes de 3allstatt, puis de ,a 4"ne, signalent au nord des ?lpes et dans le nordDest de la Haule/ coIncide a,ec l' a00luence croissante de relations mditerranennes$ L' imitation des monnaies macdoniennes/ des ob9ets trus!ues/ la 0ormation d' un art mixte 4 de st3le romain pro,incial 4 !ue r,.lent les trou,ailles sur les bords du (hin et du anube/ sont les indices d' une trans0ormation conomi!ue !ui a pntr l' tat social$ )n peut conclure du tmoignage de -trabon !u' un accroissement de population 0ut/ en Haule/ un des premiers rsultats de la paix romaine/ bien !ue ces 0ertiles contres d' occident ne dussent pas chapper 2 la longue 2 4 la disette d' hommes 4 / au dpeuplement/ dirionsDnous/ !ui atteignait d92 la Hr.ce et les contres a3ant/ comme elles/ support le 0aix d' un long e00ort de ci,ilisation$ L' impulsion !u' a,ait prou,e l' Curope centrale/ celle du nord la ressentit 2 son tour/ lors!ue/ ,ers le ,e si.cle de l' .re chrtienne/ la na,igation et l' agriculture eurent 2 leur disposition un outillage plus per0ectionn !ue celui des anciens @ges de bronGe$ Le nord scandina,e de,int alors le 0o3er de cette 0ermentation de peuples !ui a,ait secou/ !uatre ou cin! cents ans aupara,ant/ le monde celti!ue$ Il 0aut a,oir les 3eux sur ces causes gnrales pour se rendre compte du 0ait !ui est proprement le su9et de notre tude N la 0ormation en Curope du principal groupe humain !ui existe actuellement sur le globe$ C' est le rsultat d' une oeu,re de longue haleine/ !ui a procd/ non d' un mou,ement continu/ mais par saccades 1 !ui a t tra,erse par des catastrophes/ !ui a connu des priodes de rgression/ mais dont pourtant on peut mar!uer les tapes/ et !ui/ 0inalement/ se totalise pM> par un progr.s de beaucoup suprieur aux pr,isions de la plupart des penseurs du x,iiie si.cle$ Par additions successi,es/ dont approximati,ement on peut estimer les dates/ le domaine d' occupation intensi,e s' est agrandi$ ans cette srie de con!u7tes/ les principales batailles ont t gagnes sur les 0or7ts/ !u' on a d0riches 1 sur les marais/ !u' on a desschs 1 sur les montagnes/ !u' on a adaptes 2 l' conomie pastorale 1 sur les allu,ions/ !u' on a arraches 2 la mer$ Cn0in/ il 3 a un si.cle et demi/ l' aurore de la grande industrie s' est le,e dans une contre de la HrandeD&retagne/ o5 se concentraient le 0er et la houille$ Parmi les artisans de l' oeu,re !ui s' labora alors autour de &irmingham/ de 6anchester/ de -he00ield et de NeXcastle/ plus d' un promoteur est sorti de ce milieu social !ue nous cherchions/ dans les pages !ui prc.dent/ 2 caractriser d' apr.s les budgets d' ou,riers$ L' exemple de l' ?ngleterre a gagn le continent$ Les ncessits de la grande industrie se sont traduites par un accroissement en proportions inouIes des 0orces de transport/ de sorte !ue le mou,ement commercial n' a pas cess et ne cesse pas de s' tendre$ Ku' une priode sans exemple d' in,entions mcani!ues ait donn l' essor 2 un accroissement sans prcdents de population/ c' est un 0ait de nature 2 9eter !uel!ue lueur sur le genre de causes !ui ont la prpondrance dans l' ,olution du peuplement humain$ Il correspond 2 l' ,eil d' initiati,es/ 2 une plus grande somme d' nergie et d' intelligence appli!ues 2 l' exploitation des ressources naturelles$ La cration de richesses nou,elles rclame et appelle 2 son secours un plus grand nombre de 0orces humaines 1 un accroissement en rsulte$ 6ais le 0lot s' aplanit en s' tendant$ Il arri,e tFt ou tard !ue cette cration engendre aussi de nou,eaux besoins/ !u' elle introduit des habitudes !ui peu 2 peu produisent 2 leur tour leurs e00ets sur la marche du peuplement$ es rpercussions di,erses/ m7me en sens contraire/ peu,ent naLtre sui,ant les temps et les lieux$ Le progr.s porte en luiDm7me ses correcti0s$ e,ant ces 0aits gros de cons!uences/ il 0aut s' attendre 2 ce !ue le phnom.ne dmographi!ue/ en se droulant dans son ampleur/ se montre sous des 0aces tr.s di,erses$ pM; chapitre v. 5gions mditerranennes : lors!ue les hommes commenc.rent 2 entrer en rapport par del2 la barri.re montagneuse !ui borde la 6diterrane/ le sud reprsenta pour l' ultramontain le pa3s des 0ruits/ de m7me !ue/ par une gnralisation semblable/ l' Curope centrale apparut au mditerranen comme le pa3s des 0or7ts$ Cette distinction reposait assurment sur un 0ondement naturel 1 mais du moins cette image tait d92 une trans0ormation obtenue par un tra,ail humain sculaire$ Nous a,ons caractris ainsi le genre de ,ie !ui a pr,alu sur les bords de la 6diterrane N 4 ce n' est pas le champ/ mais le 9ardin !ui de,int ici le pi,ot de la ,ie sdentaire 4 $ Il con,ient d' a9outer !ue le 9ardin/ ou pour mieux dire/ la culture de plantation a t/ dans ces contres/ le principe de la concentration des habitants$ Clle en 0ut et elle en est reste le principal 0acteur/ si du moins l' on 0ait abstraction des ,illes$ i. -les points !aibles : la nature ph3si!ue/ dans la rgion mditerranenne/ se pr7te indi00remment 2 des genres de ,ie dont l' in0luence sur la population est tr.s di,erse N la culture des crales telles !ue l' orge ou le bl/ celle des arbustes/ primiti,ement ,igne/ 0iguier/ oli,ier/ et l' le,age pastoral/ surtout de la ch.,re et du mouton$ Ce classement repose sur une distinction tr.s ancienne N elle 0igure dans Cicron comme ,ieille 0ormule de droit$ Cntre la 4 terre de semences 4 et la 4 terre de plantations 4 la distinction cheG les anciens est courante 1 on se demande seulement si l' arboriculture n' est pas une branche de pMR l' art agricole$ Kuant 2 la ,ie pastorale/ elle impli!ue non seulement di00rence/ mais opposition$ Clle est le principe d' un antagonisme !ui a 0rapp les obser,ateurs depuis 'huc3dide 9us!u' 2 -trabon/ et !ui persiste encore/ sous une 0orme attnue/ de nos 9ours$ Cn e00et/ dans le cadre !u' embrassent les plis des chaLnes ibri!ues et pro,enales/ de l' ?pennin/ des ?lpes dinari!ues et du Pinde/ la plaine et la montagne s' enche,7trent N celleDci/ neigeuse en hi,er/ mais o00rant en t de 0rais p@turages 1 l' autre/ hospitali.re en hi,er/ apr.s le renou,eau !ui suit les pluies d' automne/ mais subissant du 0ait des scheresses d' t une interruption de ,gtation !ui peut durer 9us!u' 2 deux mois$ Le btail/ aisment mobile/ !ui est/ dans la rgion mditerranenne/ la 0orme caractristi!ue de richesse &pecunia', trou,e ainsi alternati,ement dans la plaine et la montagne ce !ui lui con,ient$ *n rgime pastoral est issu de cette solidarit 1 il est possible d' en conce,oir le d,eloppement$ 2 proximit d' abord/ puis/ 2 mesure !ue se 0ormaient des collecti,its pastorales asseG 0ortes pour assurer leurs migrations/ 2 des distances considrables/ les troupeaux/ sui,ant l' ordre des saisons/ ont pass des hauteurs 2 la plaine et vice versa. c' est ainsi !ue/ des ?lpes dinari!ues au littoral dalmate/ du Pinde aux plaines de la 'hessalie/ des ?bruGGes 2 la campagne romaine et au ta,ogliere de Pouille/ en0in des montagnes du Leon et de 'eruel aux plaines de l' ?ndalousie/ s' tablit le rgime de la transhumance$ La montagne/ en d,ersant priodi!uement sur la plaine ses pasteurs et ses troupeaux/ 3 g7nait toute poursuite de tra,ail agricole$ Ce tra,ail/ dans les plaines o5 les cons!uences du rgime ont t pousses 2 l' extr7me/ 0init par se rduire 2 deux courtes apparitions de tra,ailleurs/ l' une en octobre pour les semences/ l' autre en 9uin pour les rcoltes$ ?insi s' expli!ue !ue/ dans les plaines assu9etties 2 un tel rgime/ n' ait pu se nouer ce contrat !ui/ par un rapport !uotidien de soins assidus/ unit le culti,ateur 2 la terre$ La petite proprit n' a pu s' enraciner a,ec la tnacit ncessaire/ pour peu !ue des priodes de guerre et de troubles se soient prolonges 1 elle a t emporte par la tourmente et a 0ait place 2 ce rgime de lati!undia !ui p.se encore en Cspagne et en Italie sur !uel!uesDuns des domaines o5 des populations ont prospr 9adis/ o5 elles pourraient encore ,i,re 2 l' aise$ Il 3 a l2/ dans l' tat actuel/ une des causes restricti,es de la densit pM+ de population autour de la 6diterrane$ Clle atteint les plaines/ tr.s sensiblement dans le sud de l' Curope/ et plus encore dans l' ?0ri!ue du nord o5 la colonisation 0ranaise ragit non sans succ.s$ Cette complication de 0aits ph3si!ues et histori!ues se traduit dans la densit de population par des points 0aibles et ce !u' on pourrait appeler une srie d' anomalies ngati,es$ ii. -r2le des cultures arbustives : il en est autrement des domaines o5 s' est implante la culture arbusti,e N l2 se sont 0orms de bonne heure/ ont grossi successi,ement/ se sont conser,s comme en rser,e pendant les temps de crises/ les rangs pais d' une population !ui ne se lasse pas de pr7ter de nou,elles recrues 2 la ,ie urbaine limitrophe ou m7me 2 l' migration d' outreDmer$ Les obser,ateurs !u' attiraient d.s l' anti!uit classi!ue les probl.mes de ci,ilisation/ ont par0aitement not !ue ce t3pe de culture n' tait pas une cration lmentaire et spontane/ mais l' expression d' un progr.s/ d' un degr de ,ie suprieure$ Comme tous les progr.s de ce genre/ c' tait une oeu,re de collaboration/ se transmettant par ,oie de contact et d' imitation sui,ant !ue le permettait l' analogie des climats$ L' origine et le centre de propagation de ce genre de ,ie peu,ent 7tre cherchs sans hsitation dans la partie du domaine mditerranen con0inant aux grandes socits anti!ues de l' Cuphrate et du Nil$ Le ,hicule en 0ut l' intercourse maritime/ !ue les dcou,ertes prhistori!ues en Cr.te et dans l' archipel gen nous montrent comme un des 0aits les plus anciens et des plus dcisi0s de la gographie des ci,ilisations$ Les trou,ailles de ,ases crtois ou gens 9us!ue dans la BauteDg3pte/ et rcipro!uement celles d' ob9ets g3ptiens en Cr.te/ ou,rent de larges horiGons !ui se prolongent 9us!u' aux premi.res d3nasties pharaoni!ues/ peutD7tre au del2$ 2 l' po!ue o5 l' Lle de -antorin n' a,ait pas encore ,u sa partie centrale s' e00ondrer dans une con,ulsion ,olcani!ue/ c' estD2Ddire il 3 a !uarante si.cles au bas mot/ ses habitants entretenaient un commerce de poteries a,ec le dehors 1 ils culti,aient l' oli,ier/ l' orge/ di,ers lgumes$ Il est possible de pM8 discerner/ 2 tra,ers ces rapports primiti0s/ le germe !ui/ sui,ant des circonstances di,erses de temps et de lieux/ s' est panoui/ grossissant autour de la 6diterrane les rangs de la population$ Comme tout progr.s destin 2 exciter dans l' humanit un surcroLt de 0orce collecti,e/ il s' accomplit au contact de socits ingales/ mais tra,aillant sur un 0onds commun$ Les bords europens de la 6diterrane sou00rent de scheresses saisonni.res 1 mais/ 2 la di00rence des rgions 0ranchement arides/ le tribut d' humidit ,ers par l' hi,er/ le printemps et l' automne su00it pour entretenir dans le sousDsol/ D2 l' exception des pa3s Jarsti!ues/ Ddes rser,es persistantes d' humidit$ Ce sont elles !ue l' arbre ou l' arbuste puise par la longueur de ses racines$ Il 0aut tenir grand compte du sousDsol dans la culture mditerranenne$ -i l' irrigation 9oue un rFle !u' on ne saurait exagrer/ elle n' est point cependant la dispensatrice absolue de population et de richesse dans les rgions subdserti!ues$ Cette nuance de climat nous expli!ue pour!uoi une culture de terres s.ches a constamment coexist/ dans le sud de l' Curope/ a,ec une culture d' irrigation$ CelleDci exigeait une somme de tra,aux collecti0s et d' organisation !ui n' a pu 7tre atteinte !u' 2 la longue 1 d' autre part/ les sur0aces prou,es par un mau,ais coulement des eaux rclamaient de co:teux tra,aux de desschement$ ?u contraire/ la culture arbusti,e a pu de primeDabord se propager et s' tendre sur les terrains o5/ la sur0ace tant s.che/ le sousDsol restait su00isamment humect$ (emar!uons/ en e00et/ !ue les plantes de ce genre !ui/ par l' anciennet de leur culture/ semblent a,oir de bonne heure ac!uis la prpondrance N la ,igne/ le 0iguier/ l' oli,ier/ aux!uels on peut a9outer l' amandier/ sont de celles !ui ne ncessitent pas l' irrigation$ Qe suis port/ par tous ces indices/ 2 considrer les contres 2 sur0ace s.che et 2 sousDsol humide comme le plus ancien t3pe mditerranen de culture et de population denses$ Il en est une !ui/ par sa position et sa nature/ con,ient 2 cette pM= d0inition N c' est la plaine calcaire !ui/ 2 l' extrmit sudDest de la pninsule itali!ue/ s' a,ance comme un pont 2 la rencontre de l' orient$ Clle 0ait partie de la rgion !ue les grecs ont tr.s anciennement connue sous le nom d' Iap3gie et !ue les romains dsignaient par celui d' ?pulie/ !ui se perptua sous la 0orme plurielle signi0icati,e N le puglie. dans cet ensemble/ la bande littorale !ui s' tend de &arletta 9us!u' 2 &ari et m7me au del2 9us!u' 2 &rindisi et Lecce se distingue d.s l' anti!uit/ ,u l' norme !uantit de ,ases !ui en sont originaires/ comme un 0o3er de population$ 6algr le cours di00rent !u' a pris l' histoire/ la contre reste encore une terre bnie dont la mau,aise administration sculaire n' a pas russi 2 paral3ser les a,antages$ Cntre une double srie parall.le de ,illes/ l' une sur la cFte/ l' autre 2 ;> Jilom.tres dans l' intrieur/ s' encadre la campagne s.che et lumineuse o5/ sous l' ombrage tamis des oli,iers/ 0iguiers/ p7chers/ etc$/ s' tend et gagne de plus en plus le ,ignoble/ sans atteindre toute0ois la prdominance exclusi,e !ue lui abandonne/ sur un sol galement sec/ son mule moins 0a,orise/ la +ousti"re du &asDLanguedoc$ iii. -les 6 rivi"res 6 : le commerce maritime et la colonisation grcoDphnicienne ont propag/ 9us!u' 2 l' extrmit des limites !u' elles pou,aient atteindre/ ces cultures minemment lucrati,es$ -ans l' ,eil de ,ie gnrale dont nous a,ons signal les prcoces indices/ on comprendrait mal comment ce genre de ,ie suprieure a ra3onn de ri,age en ri,age/ donnant lieu 2 di,erses combinaisons$ Certaines cFtes/ par leur exposition et leur pente/ se droulent comme des espaliers dont l' homme n' a eu !u' 2 tailler les gradins$ Ct/ d' autre part/ elles mnagent/ 2 l' abri du mistral et des ,ents du nord/ de petites plages sablonneuses 2 porte les unes des autres/ communi!uant aisment gr@ce 2 la clmence des ,ents et 2 l' uni0ormit du rgime/ 0a,orables ainsi 2 une ,ie de cabotage et de p7che$ 'elle est/ par excellence/ la Gone de Ligurie/ !ue la nomenclature populaire a distingue par le nom caractristi!ue de ri,i.re N ri,i.re du Ponant/ de H7nes 2 -anD(emo 1 ri,i.re du Le,ant/ de H7nes 2 la -peGia$ La montagne 3 serre de pr.s la cFte/ pM< l' en,eloppe pour ainsi dire$ )n ,oit sur les pentes tournes ,ers la mer blanchir entre les plantations et les bois d' oli,iers le bourg principal !ue des sentiers en gradins/ !uotidiennement escalads par des @nes/ relient 2 la plage$ Cntre deux promontoires !ui l' enserrent/ se pro0ile en arc de cercle/ comme 4 une corde 2 demi tendue 4 / dit (eclus/ l' anse o5 les bateaux peu,ent 7tre tirs sur le sable$ bourg et marine se correspondent/ se ,oient mutuellement/ se compl.tent/ par0ois sous le m7me nom$ Ce dualisme est l' image de la combinaison d' o5 est n un genre de ,ie essentiellement propice 2 la collaboration 0amiliale/ car il unit les occupations de la mer 2 celles d' une culture exigeant plus de soins !ue d' e00orts musculaires$ 'el est/ sans parler des causes sur,enues au cours des temps/ l' attrait !ui a pouss les hommes 2 se presser sur cette 0range de cabotage et de p7che$ PeutD7tre estDce en -3rie/ sur cette partie du littoral !ui s' tend du sud de 'ripoli 9us!u' au mont Carmel/ !u' il 0audrait en chercher le protot3pe$ L2 se droula 9adis/ de &3blos 2 '3r/ toute la srie des ,illes phniciennes/ ppini.res de colonies !ui ont essaim sur tous les ri,ages$ Les ,illes ont subi le sort !ui 0rappe les crations histori!ues 1 mais/ le long des petites rades !ui se succ.dent/ s' chelonnent de nombreux ,illages/ indice et ultime reli!ue/ pour ainsi dire/ de la population dense !ui s' est presse sur cette cFte$ e cette rencontre de conditions/ ,erger et marine, est ne une combinaison propre 2 la ,ie de la 6diterrane/ !ui concentre la population et la ,ie sur certaines parties du littoral/ tandis !ue d' autres sont inhospitali.res$ Ce t3pe de rivi"re se rp.te ailleurs le long de la 6diterrane en proportions plus ou moins rduites$ Parmi les organisations aux!uelles il a donn lieu/ celle de Catalogne est une des plus remar!uables$ *ne ppini.re de bourgs associs 2 des marines s' est 0orme au nordDest et au sudDouest de &arcelone N l' une (Costa e Le,ante)/ 9us!u' au cap de Creus 1 l' autre (Costa e Ponente)/ 9us!u' 2 'arragone$ Kuel!ue pMO changement !u' apporte la ,ie moderne a,ec l' industrie/ les ,illes et l' en,ahissement cosmopolite/ ces genres de ,ie subsistent/ non comme sur,i,ance/ mais comme expression d' harmonies naturelles !ui ont 0a,oris la multiplication des hommes$ iv. -7ones d' altitude : c' est un 0ait persistant/ dans notre rgion mditerranenne/ !ue la densit de population se localise dans la Gone des cultures de plantations$ ?uDdessus de M>> m.tres/ les tablissements humains de,iennent rares/ sau0 aux extrmits mridionales de ce domaine$ Cncore m7me les ,illages chelonns sur les pentes mridionales de la -ierra Ne,ada ne dpassentDils pas en gnral la limite des oli,iers (;$ R>> m$)/ et s' il se trou,e 2 et l2/ en -icile/ des bourgs populeux comme les bourgs 9umeaux de Calascibetta (MOM m$)/ et de Castrogio,anni/ l' anti!ue Benna (PPO m$)/ la tranche principale de la population de l' Lle estDelle circonscrite entre +>> et M>> m.tres$ Cette Gone populeuse par excellence se subdi,ise elleDm7me sui,ant les di,ers lments dont elle se compose et dont elle s' est graduellement enrichie$ Ces limites respecti,es se dessinent par des lignes d' tablissements$ C' est ainsi !ue la tranche in0rieure/ o5 prosp.rent les cultures d' agrumes/ se termine sur les 0lancs orientaux et mridionaux de l' Ctna par une range populeuse !ue semble rgir la courbe de ni,eau de +>> m.tres N ni,eau de sources o5 s' alimentent les irrigations$ -ur les collines argileuses mioc.nes !ui bordent l' arc extrieur de l' ?pennin/ de &ologne 2 'ermoli/ une bande de population concentre comme dans le sud de l' Italie/ mais librement dissmine/ suit 0id.lement la rpartition de l' oli,ier entre R>> et <>> m.tres en,iron$ La ,igne et l' oli,ier se 0ont mutuellement cort.ge 1 la ,igne/ cependant/ est attire par les causes conomi!ues actuelles ,ers la plaine$ C' est par la ch@taigneraie/ du moins !uand la nature du terrain s' 3 pr7te/ !ue ce mode de culture/ pMM de gradins en gradins/ 0ait preu,e de la plus grande 0orce expansi,e$ ?,ec elle monte aussi la Gone des populations denses$ Clle ne commence !ue ,ers 8>> m.tres/ et plus haut seulement/ ,ers <>> ou O>> m.tres/ elle de,ient dominante$ *ne ligne d' tablissements humains correspond sou,ent 2 la limite o5 l' oli,ier/ a,ec les cultures !ui l' accompagnent/ c.de la place au ch@taignier$ Hr@ce 2 cet arbre nourricier/ le 0lot d' une population dense a pu atteindre ses extr7mes limites sur les 0lancs de l' ?pennin/ des ?lpes mridionales et des C,ennes$ Ces hauteurs/ elle les dlaisse au9ourd' hui/ rebute par le tra,ail minutieux et pnible !u' exigent les terrassements en gradins/ di0ice maonn !u' il 0allait sans cesse rparer et entretenir$ Ce tra,ail de -is3phe n' est plus 2 la porte ni du go:t des habitants 1 aussi la partie suprieure de ces anciennes terrasses culti,es prsenteDtDelle sou,ent l' aspect d' une pierraille croulante/ abandonne 2 la ,aine p@ture$ *ne sorte de 0lux et de re0lux en sens ,ertical rgit les mou,ements de la population$ Ce !ue 9adis elle cherchait en hauteur/ c' tait la scurit/ sou,ent la salubrit 1 au9ourd' hui/ l' attraction contraire pr,aut$ v. -r2le des montagnes : les montagnes bordi.res de la 6diterrane atteignent rarement +$ >>> m.tres/ mais un grand nombre culminent entre ;$ =>> m.tres et R$ >>> m.tres/ c' estD2Ddire dans la Gone o5 les prcipitations ont leur ,aleur maximum$ CellesDci appartenant surtout 2 la saison 0roide amassent des neiges en m7me temps !u' elles produisent des pluies$ ?insi se nourrissent les ri,i.res/ se gon0lent de 0ortes sources/ s' entretiennent de prcieuses rser,es pour les scheresses d' t$ Cn gnral/ il man!ue 2 ces montagnes une tendue de Gones suprieures o5 p:t se 0ormer/ comme dans nos ?lpes/ une 0conde conomie pastorale$ C' est comme ch8teaux d' eaux et 2 leur pied !u' elles sont productrices d' agglomrations humaines$ epuis le mont )l3mpe de 'hessalie 9us!u' 2 la -ierra Ne,ada de la Cordill.re bti!ue apparaLt nettement ce rFle de la montagne$ Les chaLnes 0ragmentaires !ui se dressent sur le pourtour e00ondr de l' ancienne gide/ seraient une rgion d' exemples classi!ues$ pMP 2 leur pied/ gr@ce 2 elles/ ont exist de tr.s anciennes agglomrations humaines$ L' anti!ue L3die/ la &ith3nie/ la 'hrace/ la 6acdoine sont des contres histori!ues dont les racines plongent dans la prhistoire$ ?u pied de l' )l3mpe de &ith3nie/ sur sa terrasse ra,ine par les torrents/ &rousse/ toute ruisselante d' eaux ,i,es/ est un site dont les hommes ont de tout temps recherch la 0condit puissante$ Ce n' est pas/ du moins dans le principe/ sur les bords marcageux de l' Bermos/ du Ca3stre/ du 6andre/ !ue se sont installs les tablissements humains 1 les appellations 0iliales dont les hommes ont ailleurs !uali0i leurs 0leu,es/ Hange/ Nil/ %olga/ (hin/ de,raient s' appli!uer ici aux montagnes N c' est au pied du -ip3le/ du 'mole/ du 6essogis/ aux endroits m7mes o5 9aillissent les sources/ o5 courent les ruisseaux 4 no3ant les 0leurs et les 0euillages/ les taillis et les 0utaies/ dans la continuelle ,apeur d' un bain nourricier 4 $ -ous les noms hellniss de 6agnsie/ Philadelphie/ etc$/ d0igurs ou remplacs 2 leur tour par des ,ocables turcs/ se dguisent des sites bien plus anciens$ 2 mesure !ue la puissance politi!ue s' 3 est 0orme et !ue s' 3 sont d,eloppes des relations commerciales/ des ,illes/ capitales politi!ues/ sont nes soit sur les cFtes/ soit sur les promontoires 0ormant acropoles$ Car ces ,alles m.nent au 0ond de l' ?sie$ -ardes/ dans celle de l' Bermos/ 0ut la t7te de route conduisant 2 -use$ 6ais/ a,ant ces priodes/ tant de 0ois troubles et !ui ont entass tant de ruines/ c' est dans la 0condit naturelle/ l' abondance exubrante de ce !ui est ncessaire 2 la ,ie !ue rside le secret de l' attrait !ui a rassembl ici les hommes$ Par ces couloirs/ 2 l' cran des montagnes/ se glisse la ,gtation mditerranenne N ce sont des 0or7ts d' arbres 0ruitiers/ o5 no3ers et m:riers se m7lent au 0iguier/ 2 l' oli,ier et 2 la ,igne$ *n rapport troit/ con0irm par l' ethnographie/ unit ici l' Curope et l' ?sie$ L' )l3mpe thessalien se laisse entre,oir aussi comme un centre de 0ormation de peuples$ La chaLne du Varatas/ !ui le prolonge au nord/ domine de ;$ M>> 2 ;$ P>> m.tres en,iron la 9ampania, la plaine o5 0ut Pella/ capitale de Philippe e 6acdoine/ l' mathie des anciens/ 2 l' extrmit de la!uelle -aloni!ue na!uit de 'herma/ le lieu de sources chaudes$ e nombreux tumuli ne montrent !u' un ,illage 2 l' emplacement pP> de Pella/ et la plaine a l' air au9ourd' hui d' une ncropole$ 6ais le surgissement ou la dcharge des eaux au dbouch des montagnes a,ait dsign !uel!uesDuns de ces sites in,ariables !ue ne dlaissent plus/ apr.s les a,oir adopts/ les tablissements humains$ 'ous les ,o3ageurs/ depuis Cousinr3/ se sont plu 2 dcrire %odena/ la ,ille des eaux/ !ui dguise sous son nom sla,e l' desse macdonienne/ l' ?egae plus ancienne encore$ e ses terrasses de tra,ertin s' croulent en cascades/ puis se multiplient en ruisseaux/ cumant ou poudro3ant 2 tra,ers de magni0i!ues ,ergers/ des masses d' eau ,enues de l' intrieur$ %odena est le dbouch du bassin de 6onastir/ l' ancienne Plagonie 1 mais/ le long de la m7me chaLne/ se succ.dent d' autres sites humains/ Niausta/ puis %erria (&errhoea des anciens grecs/ Vara0eria des turcs)$ CellesDci/ d' apr.s Q$ C,i9ic/ ne mar!uent pas des points de passages/ elles doi,ent tout aux a,antages locaux$ Ces ,illes/ tant de 0ois assaillies ou d,astes/ persistent en ,ertu des lois naturelles !ui rgissent les tablissements humains$ L' eau est pour elles un gage de ,ie imprissable 1 elles pourraient 2 elles trois/ dit un anglais/ 4 alimenter de leur nergie h3drauli!ue toutes les manu0actures de 6anchester 4 $ Cn attendant !ue ce pronostic se ralise/ elles ont perdu/ auDdessus d' elles/ la 0lorissante couronne de ,illages !ue dtruisit/ au temps de l' insurrection grec!ue/ ?liDPacha e Qanina/ et dans la plaine !ui s' tend 2 leurs pieds r.gne 2 peu pr.s la solitude$ La montagne est donc non seulement ,ocatrice mais conser,atrice de population$ Le 0ertile bassin !ue tra,erse la -trouma a,ant de par,enir 2 la mer/ et/ plus 2 l' est/ celui de rama !u' une barri.re de =>> m.tres de haut spare de son port de Va,ala/ ont contract leur population sur les 0lancs des montagnes$ CellesDci/ contre0orts a,ancs du (hodope (&oGDagh)/ dominent de ;$ M>> m.tres en,iron des plaines basses/ dont le centre est en partie lacustre$ Le long de la ,oie romaine &via )gnatia', la ,ille 0onde par Philippe n' est plus pP; !u' un ,illage en ruine 1 mais/ 2 l' issue des eaux ruisselantes/ rama conser,e un peu d' acti,it$ L2/ comme 2 -r.s/ un reste de ,ie urbaine/ colle 2 la montagne/ comme un germe endormi/ est le signe d' une puissance latente !ui ne demande !u' 2 s' panouir encore/ !uand ,iendra son heure$ Clle sonnera !uand la petite proprit libre aura remplac le s3st.me des tchi!liks ou lati!undia !u' 3 a,ait implant la domination tur!ue$ L' Italie/ !uoi!ue l' histoire ne l' ait gu.re pargne/ a mieux conser, ses centres de population$ Parmi les bassins successi0s !ue relie l' ?rno/ celui de Luc!ues mrite particuli.rement l' attention$ Il n' est pas comme celui o5 Florence a succd 2 Pistoia/ au dbouch d' un des passages principaux de l' ?pennin$ Il doit sa 0ertilit aux eaux ,enues des ?lpes ?puanes (cime culminante/ ;$ P8< m$)$ Le tribut !ue lui apporte le -erchio 3 rencontre/ comme l' ?rno luiDm7me/ l' obstacle du mont Pisan (P;M m$)/ !ui l' emp7che de ,oir Pise$ Le drainage a d: se combiner a,ec l' irrigation pour discipliner et rpartir l' a00lux surabondant des eaux bien0aisantes$ 'andis !ue l' oli,ier garnit les premi.res pentes/ remplac par le ch@taignier auDdessus de =<> m.tres/ la plaine s' tend comme une mar!ueterie de petits champs rectangulaires o5 serpente la ,igne entre m:riers et rables/ dont le rideau/ ren0orc par des peupliers et des saules/ abrite un 0oisonnement de crales et de lgumes N le tout nourrit une des plus 0ortes agglomrations de l' Italie$ La 0onction bien0aisante de l' eau s' 3 accomplit dans sa plnitude$ Les cultures de plaines s' 3 combinent a,ec celles des ,ersants$ La gamme de produits/ eu gard 2 la latitude/ est compl.te 1 s' il 3 man!ue les agrumes !ui n' apparaissent gu.re !ue ,ers 8> degrs de latitude/ en re,anche/ dans le sud de l' Italie/ la ch@taigne n' entre plus gu.re dans l' alimentation$ Le cadre rempli dborde au dehors$ Ce coin de 'oscane mrite de ser,ir de t3pe$ La Campanie ne se rsume pas dans Naples et sa banlieue/ ni dans les ,ignobles !ui cernent le %su,e N le trait gographi!ue essentiel est l' arc de cercle intrieur !ue dessinent les chaLnes calcaires brus!uement interrompues au bord de la plaine$ 2 leur pied se pressent les populations et les ,illes/ depuis Capoue/ au dbouch du %olturne/ par Caserta/ 6addaloni/ Nola/ -arno/ Nocera/ 9us!u' 2 l' peron calcaire !ui spare ce groupe naturel de celui de -alerne$ pPR Le %ulture 0ait naLtre comme une oasis dans les solitudes de la &asilicate$ Plus de =>> habitants par Jm!$ -e pressent sur le 0lanc occidental de l' ?spromonte$ L' Ctna ramasse autour de ses 0lancs/ au ni,eau des sources/ une des plus extraordinaires 0ourmili.res du monde N +=P hab$ ?u Jm!$ -ur le pourtour entier/ 9us!u' 2 <>> hab$ -ur la partie est et sud$ e m7me/ dans le Plopon.se/ Valamata/ hriti.re de 6ess.ne/ groupe au pied du 'a3g.te (R$ 8>> m$) une population double de celle du ro3aume$ Le Canigou (R$ OM= m$) dispense 2 la %ega de Prades/ puis au (i,ieral de la plaine roussillonnaise/ une richesse d' eau !ui depuis le xe si.cle/ 0in des luttes d,astatrices entre 0rancs et arabes/ 3 a entretenu une densit croissante de population$ Le Henil/ chapp de la -ierra Ne,ada (Cerro e 6ulhacen/ +$ 8M; m$) est le crateur d' un groupe humain !ue l' anti!uit a,ait connu sous le nom d' Iliberris/ remplac depuis par celui de Hrenade$ ans cette partie mridionale de la rgion mditerranenne/ le ni,eau suprieur des cultures de plantations s' l.,e de plus en plus$ Les agrumes remontent 9us!u' 2 O>> m.tres dans le bassin de Hrenade$ -i l' on cherche !uelle est en mo3enne/ autour de la 6diterrane/ la Gone d' altitude o5 se plaLt l' habitat humain/ il 0audrait la dterminer en,iron entre R>> et 8>> m.tres$ Clle chappe aux exhalaisons !ui rendent sou,ent la plaine dangereuse et elle admet la plupart des cultures !ui 0ont la richesse du domaine climati!ue mditerranen$ C' est 2 ce ni,eau !ue/ autour de la Campagne (omaine/ se droule la ligne des Castelli romani/ !ue se nichent les ,ieux oppida !ui bordent/ sur les monts des %ols!ues/ la 0range dserte des marais Pontins/ !ue d' anciennes ,illes dominent les abords passablement dserts de l' anti!ue trurie$ C' est dans cette Gone d' altitude !ue les plis de l' ?pennin embrassent dans leurs sinuosits un grand nombre de bassins/ !ui 0orment autant d' units dmographi!ues$ Les ri,i.res !ui les relient entre eux ont peine 2 se 0ra3er une issue/ et il a 0allu plus d' une 0ois !ue le tra,ail des hommes aid@t 2 l' ,acuation des eaux$ L' ?rno/ le 'ibre/ comme l' ?terno et la Pescara sur le ,ersant adriati!ue/ tra,ersent une succession de bassins N celui d' ?reGGo (ROR m$)/ ceux de Foligno/ de (ieti/ d' ?!uila/ de -ulmona$ La ,ie 3 est saine et 0orte$ %asari attribuait 2 l' air ,i0 d' ?reGGo !uel!ue chose du gnie de pP+ 6ichelD?nge$ ?utour de Foligno/ d' ?ssise/ de (ieti/ de -ulmona/ se dressent les plus hautes chaLnes de l' ?pennin calcaire/ aussi s.ches sur les 0lancs !ue ruisselantes de sources 2 la base N %ettore/ R$ 8OO m$ 1 Hran -asso/ R$ P;8 m$ 1 %elino/ R$ 8MO m$ 1 6a9ella/ R$ OP= m$ Le 9ardin en est le premier plan 1 la montagne grise en 0orme le 0ond$ Les oppida/ ,ieilles enceintes 0orti0ies/ se nichent sur les perons dans les parties non culti,ables$ La ,ie urbaine n' 3 est pas cheG elle/ mais une ,ie cantonale asseG puissante/ !ue la main de (ome a groupe en 0aisceau/ prpare d' ailleurs par des a00inits de langue$ ans la puret et la ,i,acit de l' air se conser,e et se re0orme un matriel humain !ui a 0ourni autre0ois 2 cette m7me (ome le meilleur contingent de ses lgions/ et au9ourd' hui la mainDd' oeu,re !u' elle recrute pour l' exploitation de la campagna. ce ,aDetD,ient cre un r3thme caractristi!ue de la ,ie mditerranenne$ vi. -in!luences arabes : la ph3sionomie de la 6diterrane a chang au cours des temps/ le peuplement suit la m7me marche$ *ne touche nou,elle ,ient 0oncer le tableau de la densit/ !uand/ apr.s la dpopulation !ui a,ait accompagn la dcadence de l' empire romain/ la domination arabe russit 2 s' tablir dans le sud de l' Italie et en Cspagne$ Clle apportait a,ec elle de nou,elles cultures/ le coton/ la canne 2 sucre/ le riG/ les agrumes/ issues des rgions tropicales et ser,ies par une science plus a,ance de l' irrigation$ La 6diterrane/ dans sa moiti mridionale/ o00rait un domaine 2 souhait$ Clle a des hi,ers plus doux/ sui,is/ il est ,rai/ de scheresses plus longues 1 mais si pour l' irrigation on dispose de !uantits su00isantes/ il est possible d' 3 reproduire la mer,eille des rgions tropicales/ c' estD2Ddire de 0aire succder sans interruption/ sur des espaces restreints/ des cultures d' esp.ces ,aries 1 de crer en0in de puissants appels d' hommes$ L' oeu,re des arabes/ !ui a sur,cu 2 leur domination/ a/ comme 9adis celle des phniciens/ contribu 2 mridionaliser la 6diterrane$ ans ces contres !ui/ dans leur tat primiti0/ 0aisaient aux orientaux l' e00et d' une terre de 0or7ts et de p@turages/ elle a ache, de mettre au premier plan le ,erger/ le 9ardin dont la ,ie pullulante est due 2 l' art dlicat !ue persans et arabes a,aient pouss 2 la per0ection$ -ans doute/ l' organisation de l' eau pP8 n' a,ait pas attendu les arabes pour 7tre une proccupation habituelle des peuples mditerranens 1 Platon ne 0aitDil pas allusion 2 de belles et anti!ues lois !ui a,aient pour ob9et cette !uestion ,itale E es traces de tr.s anciens traits et de con,entions entre peuples ont t conser,es en Hr.ce 1 il n' est pas douteux !ue/ en (oussillon/ une organisation exist@t 2 l' po!ue ,isigothi!ue$ )n ne saurait/ toute0ois/ re0user aux arabes le mrite d' a,oir serr de plus pr.s !ue leurs de,anciers le probl.me de l' irrigation$ La -icile leur o00rit en premier lieu un champ mer,eilleux d' exprience$ Clle pro,o!ua un a00lux de population$ La prosprit du %al 6aGGara au xe si.cle 3 runissait une population !ui sans doute n' a,ait pas alors d' gale en Curope 1 ce 0o3er de prosprit et de tra,ail attirait des immigrants de la Ligurie et du nord de l' Italie 1 la +onca .' :ro de Palerme a,ait une population !u' on peut 9uger non in0rieure 2 celle d' au9ourd' hui$ Nous de,ons sa,oir particuli.rement gr 2 cette organisation/ puis!ue c' est d' elle !ue proc.dent au9ourd' hui ces minutieux tra,ailleurs maltais !ui/ a,ec les mahonais/ ,iennent changer en 9ardins les banlieues de nos ,illes algriennes$ Les ,egas et huertas d' Cspagne s' organis.rent 2 la sicilienne$ )ntDelles diminu d' tendue E PeutD7tre sur certains points$ Clles s' chelonnent/ comme on sait/ sur la cFte orientale et mridionale depuis %alence 9us!u' 2 6alaga/ et 2 !uel!ue distance ,ers l' intrieur depuis Lorca 9us!u' 2 Hrenade$ Il 0aut pro0iter des gorges par les!uelles les ri,i.res/ dbouchant des montagnes 2 proximit du littoral/ disposent encore d' une pente sensible pour en maLtriser l' coulement$ 6r Qean &runhes a donn de leur organisation une anal3se prcise et documente/ 2 la!uelle 9e dois ren,o3er le lecteur$ (appelons seulement !ue plus de +>>$ >>> habitants se pressent sur l' espace d' un millier de Jilom.tres carrs !u' on embrasse du haut de la tour de la cathdrale de %alence$ Les bourgs ramasss !u' on obser,ait aux approches ,ers 'arragone et -agonte se dispersent en une multitude de barracas, pP= toutes de t3pe uni0orme$ LuGerne/ haricots/ arachides m7me/ se succ.dent sans interruption$ L' oranger 3 g.le par0ois/ mais rarement$ Le tribunal de aguas, tous les 9eudis matin/ r.gle la rpartition des eaux entre la multitude des petits propritaires/ prati!uant/ a,ec l' appoint d' engrais chimi!ues/ une culture intensi,e$ C' est un t3pe d' agglomration humaine dont les rgions industrielles de l' Curope centrale o00rent seules l' !ui,alent$ pPO chapitre vi. +onclusions : rsultats et contingences : l' occupation humaine du globe est entre/ ,ers le dernier tiers du xixe si.cle/ dans une phase nou,elle/ trop compli!ue pour !u' on puisse en aborder d' emble l' examen$ Pr.s de !uatre si.cles s' taient couls depuis la dcou,erte de l' ?mri!ue N c' tait 2 peine si l' Curope/ dans cet inter,alle/ a,ait russi 2 lui en,o3er neu0 ou dix millions de ses en0ants/ 2 peu pr.s autant !ue les seuls tatsD*nis reoi,ent de nos 9ours en deux dcades$ 2 ce compte/ les prairies de l' ?mri!ue du nord/ les pampas de l' ?rgentine ris!uaient de rester longtemps encore dans le m7me tat !u' au temps de Colomb$ Ce n' est pas d' un mot !u' on peut donner la 0ormule de tels changements$ 6ais nous pou,ons d92 constater d' apr.s ce !ui prc.de/ combien la densit de la population est lie aux !uestions de genres de ,ie$ Ce n' est pas asseG de dire d' une 0aon gnrale !ue cha!ue genre de ,ie a ses exigences d' espace/ plus grandes pour le chasseur ou pour le pasteur !ue pour l' agriculteur 1 bien !ue la !uestion se pose encore actuellement en ces termes/ et aussi pressante !ue 9amais/ dans l' ouest amricain comme en ?ustralie et sur les con0ins du 'ell et du -ahara$ Cn ralit/ toute spcialit et toute nuance de genres de ,ie/ tout progr.s/ tout changement dans les rapports conomi!ues de contres/ a son retentissement sur la population$ C' est comme maraLchers et horticulteurs !ue les maltais ou les mahonais sortent de leurs Lles pour aller peupler les banlieues urbaines de l' ?lgrie$ La prati!ue de l' le,age sur des plateaux unis !ue les chars peu,ent sillonner 0it essaimer les boers$ Culti,ateurs particuli.rement experts 2 d0richer la 0or7t/ les 0rancoDcanadiens ont pu 2 leur aise multiplier sur place autour du -aintDLaurent$ Cn re,anche/ il a su00i d' une succession de mau,aises rcoltes/ le 0lau se gre00ant sur une mau,aise constitution de la proprit/ pour !ue l' Irlande perdLt en ,ingt ans la moiti en,iron de sa population$ e ce mlange et de cet entrecroisement pPM perptuel des 0aits sociaux et des 0aits gographi!ues rsultent bien plus de complexits et de ,icissitudes !u' on n' en imagine d' ordinaire$ )n ris!ue 0ort de se tromper !uand on 0onde ses pronostics sur l' tat actuel$ -a prolongation dpend des phnom.nes aux!uels il est li$ ' autre part/ il 3 a asseG d' exemples montrant la m7me race proli0i!ue ou strile sui,ant les temps et les lieux/ pour Fter beaucoup de 0ondement 2 l' importance !u' on s' est plu sou,ent 2 attribuer aux causes ethni!ues$ C' est surtout 2 propos de la population !u' on peut dire !ue les causes gographi!ues n' agissent sur l' homme !ue par l' intermdiaire des 0aits sociaux$ ' o5 les oscillations !ue l' histoire permet d' entre,oir dans le pass et de pr,oir pour l' a,enir/ de brus!ues pousses succdant 2 des temps d' arr7t/ sui,ant une allure en somme asseG dconcertante$ Le surpeuplement/ initial et pour ainsi dire congnital 2 l' esp.ce humaine/ rentre essentiellement dans ce double caract.re conomi!ue et gographi!ue N conomi!ue/ puis!u' il a le plus sou,ent pour cause l' insu00isance 2 tirer parti du sol et l' emploi de mthodes agricoles trop extensi,es 1 gographi!ue par les 0ormes !u' il re,7t et les e00ets !u' il engendre sui,ant les milieux o5 il se produit$ Il est naturel !ue moins l' espace est tendu/ plus tFt le point de saturation soit atteint$ C' est pour!uoi l' on ,oit des Lles/ des articulations littorales/ d' troites bandes bornes par les montagnes/ charges d' une population surabondante/ se d0aire par l' migration de ce surplus$ Kuel!uesDunes ont d: 2 cela un rFle !ui a eu son importance dans la ci,ilisation$ C' est par la Phnicie/ la Bellade/ les Lles de la mer ge et de la mer Ionienne !ue la 6diterrane est de,enue ce !u' elle reste dans l' histoire gnrale/ un lieu de concentration et de s3ncrtisme de peuples$ )n peut attribuer de m7me un rFle prpondrant/ dans la colonisation de l' ?rchipel 9aponais/ aux deux Lles mridionales !u' une mer intrieure/ plus dcoupe !ue la 6diterrane/ relie 2 l' Lle principale N c' est dans ViouD-iou et -iJoJ et sur les ri,ages !ui leur 0ont 0ace !ue se pressent les plus denses populations de l' empire$ 6ais des domaines ainsi restreints seraient impuissants 2 donner aux socits humaines la consistance !ui les assure contre les chances de destruction$ Le bassin de la 6diterrane/ image encore impar0aite de ce !u' il 0ut/ malgr les e00orts de restauration !ui 3 ram.nent la ,ie/ n' estDil pas un exemple de la 0ragilit de ces ci,ilisations/ aux!uelles man!ue la large base territoriale E ?ussi la 0ormation des grandes agglomrations !ue nous a,ons essa3 de dcrire et dont la 0orce numri!ue est de taille 2 supporter tous les tributs !ue les 0laux/ guerres/ pidmies ou 0amines/ peu,ent 3 prle,er/ constitue 2 nos pPP 3eux le principal le,ier d' action !ue l' humanit ait russi 2 combiner$ Ces pais bataillons peu,ent sans s' appau,rir su00ire 2 une expansion !ui s' tend autour d' eux comme une aurole$ Le 0lot de la colonisation chinoise/ apr.s s' 7tre a,anc du nord ,ers le sud/ rparant au besoin ses pertes/ recou,rant ses con!u7tes perdues/ 0init/ dans les pro,inces montagneuses du sud/ par se di,iser/ se rami0ier en 0ilets de plus en plus amincis$ 6ais tant il s' en 0aut !ue sa 0orce d' expansion soit teinte/ !ue dans l' Indochine et la 6alaisie l' lment chinois est le 0erment le plus acti0 des socits !u' il pn.tre$ L' Inde/ de son cFt/ 0ournit des tra,ailleurs 2 l' ?ssam et 2 la &irmanie 1 sa colonisation ra3onne sur l' ?0ri!ue orientale$ e ces deux grands groupes sortira peutD7tre le supplment de bras et d' intelligences humaines dont le man!ue se 0ait encore si 0@cheusement sentir dans la plupart des contres tropicales$ L' Curope 0ut aussi un 0o3er de colonisation pour elleDm7me/ a,ant de le de,enir pour le nou,eau monde$ Les contres d92 populeuses de Flandre et des Nerlandes 0ournissent pendant le mo3en @ge des colons/ non seulement au pa3s du &randebourg !ui en tire son nom de !laming, mais aux marches orientales de l' ?llemagne$ La (ussie plus tard puisa 2 son tour dans l' Curope centrale des contingents de colons pour reconstituer son ;kraine, sa 0ronti.re des steppes$ Les agglomrations ont ser,i 2 leur mani.re la cause du progr.s 1 car rien de nou,eau ne se cre sans !ue l' ,olution souhaite ait 2 sa porte de su00isantes disponibilits d' hommes$ )n puisa dans ces multitudes pour la construction des grands tra,aux publics !ui 0urent l' orgueil de certaines d3nasties chinoises 1 pour ces barrages h3drauli!ues et ces tanJs innombrables !u' on admire dans le sud de l' Inde$ Ct/ ce !ui nous touche de plus pr.s/ la moderne ,olution industrielle de l' Curope eut la chance de trou,er dans la prsence de populations asseG denses la mainDd' oeu,re et le personnel dont elle a,ait besoin$ ans les rgions le,es et pau,res de -axe/ de -ilsie/ de la For7tDNoire/ des %osges/ du L3onnais taient installes des populations nombreuses pour les!uelles l' industrie tait un appoint/ a,ant de de,enir une ,ocation$ Les manu0actures !ui se 0ond.rent dans le centre et l' ouest de l' ?ngleterre 2 la 0in du x,iiie si.cle/ recrut.rent leur personnel dans la classe de petits agriculteurs !ue ruinait alors une crise conomi!ue$ C' est ainsi !ue/ au9ourd' hui/ le Qapon peuple ses rcentes usines a,ec la surabondante population de sa campagne$ 6ais les causes en apparence les plus durables peu,ent a,oir 0ait leur temps$ Il se peut !ue dans l' arsenal mou,ant des causes conomi!ues d' autres prennent leur place$ L' augmentation croissante des p;>> besoins/ la multiplicit des ser,ices de notre ci,ilisation moderne re!ui.rent sans cesse un plus grand concours de 0orces humaines$ 6ais les 0acilits de transport permettent au9ourd' hui 2 la mainDd' oeu,re d' a00luer/ sans se 0ixer/ m7me 2 de grandes distances$ Kui peut dire d' ailleurs !ue 0orce reste s3non3me de nombre E ?,ec les progr.s du machinisme l' intelligence supple au nombre$ Ku' ad,iendraDtDil en0in si d' autres sources de pou,oir se substituent 2 celles !ui exigent un appareil encombrant E ?insi l' examen des 0aits/ comme il arri,e sou,ent/ pose plus de !uestions !u' il n' en rsout$ II$ LC- F)(6C- C CI%ILI-?'I)N p;>+ chapitre i. ,es groupements et les milieux. i. -la !orce du milieu : 2 mesure !ue les rangs de la population humaine se sont paissis/ de nou,eaux rapports ont t nous a,ec le sol$ es groupes en nombre croissant ont senti la ncessit de se localiser/ de prendre racine dans une contre plus ou moins dtermine$ %olontaire peutD7tre et spontane cheG les uns/ cette concentration a t pour d' autres un e00et de 0orce ma9eure/ rsultant de pousses !ui les ont re0ouls dans des rgions moins hospitali.res$ Il est di00icile d' admettre !ue ce soit en ,ertu d' un libre choix !ue des socits humaines aient accommod leur existence au climat du -ahara ou 2 celui des rgions circumpolaires/ au point d' en paraLtre au9ourd' hui insparables$ Progressi,ement donc/ et par une suite d' ,nements dont l' histoire ne montre !ue les rpercussions ultimes/ un tassement s' est opr entre les milliers/ puis les millions d' hommes !ui a,aient 2 s' arranger de l' espace !ue les eaux/ les dserts glacs ou arides laissaient libre$ L' occupation s' est 0aite plus intensi,e$ Les habitants ont d: se mettre en compl.te harmonie a,ec l' entourage et s' imprgner du milieu$ -ous ce nom de milieu, cher 2 l' cole de 'aine/ sous celui d' environment, d' emploi 0r!uent en ?ngleterre/ ou m7me sous celui d' oecologie, !ue BaecJel a introduit dans la langue des naturalistes/ Dtermes !ui au 0ond re,iennent 2 la m7me ide/ Dc' est tou9ours la m7me proccupation !ui s' impose 2 l' esprit/ 2 mesure !ue se dcou,re da,antage p;>8 l' intime solidarit !ui unit les choses et les 7tres$ L' homme 0ait partie de cette chaLne 1 et dans ses relations a,ec ce !ui l' en,ironne/ il est 2 la 0ois acti0 et passi0/ sans !u' il soit 0acile de dterminer en la plupart des cas 9us!u' 2 !uel point il est soit l' un/ soit l' autre$ Il a t dit des choses pntrantes et 9ustes sur les in0luences de position/ de climat/ sur le poids dont p.se le monde inorgani!ue 1 et l' on est loin assurment d' a,oir puis la mati.re$ -i l' homme/ trop dsarm de,ant le climat et les 0orces inanimes/ est plus 2 l' aise ,isD2D,is du monde ,i,ant/ encore 0autDil compter !ue les 7tres aux!uels il a a00aire/ a3ant subi comme lui les in0luences du climat ambiant/ les lui ren,oient rpercutes/ accrues et multiplies de toutes parts$ Ce n' est pas entre des indi,idus !ue son acti,it s' exerce/ mais entre des associations collecti,es/ !ui n' ont pas moins de droits/ les uns et les autres/ 2 7tre regards comme autant d' expressions du milieu$ ?insi cette notion de milieu/ !ui se rsumait 9adis en une 0ormule trop simple/ ne cesse de se compli!uer par les progr.s de notre connaissance du monde ,i,ant 1 mais cette complication m7me permet de la serrer de plus pr.s$ ?u point de ,ue gographi!ue/ le 0ait de cohabitation/ c' estD2Ddire l' usage en commun d' un certain espace/ est le 0ondement de tout$ ans les cadres rgionaux o5 se sont accommods des groupes humains/ ils se sont trou,s en prsence d' autres 7tres/ animaux et plantes/ galement groups et ,i,ant en rapports rcipro!ues$ Les causes !ui ont prsid 2 ces rassemblements sont di,erses 1 elles tiennent au moins autant au hasard !u' 2 des a00inits spci0i!ues$ Les ,icissitudes de climat ont a00ect/ troubl de di,erses 0aons la rpartition des plantes 1 les pripties de la concurrence ,itale ont modi0i en tous sens la distribution des 7tres 1 et pour les hommes en particulier la dispute de l' espace n' a pas cess de produire des e00ets perturbateurs$ C' est par colonies/ par essaims/ plutFt !ue par le 9eu rgulier d' expansions naturelles/ !ue se sont 0orms la plupart des rassemblements ,i,ants$ Parmi les 7tres !ui les composent/ beaucoup ont apport dans l' espace !ui les tient runis des !ualits ou des habitudes contractes ailleurs$ 6ais 2 d0aut d' a00init originelle/ le lien gographi!ue !ui les relie est asseG 0ort pour les maintenir en cohsion et pour 0ormer un 0aisceau de tous ces 7tres/ en ,ertu du besoin !u' ils ont de s' appu3er les uns sur les autres$ Il ne tient !u' 2 nous de ,oir 2 l' oeu,re cet e00ort d' accommodation 2 un espace donn N une 0ente de rocher/ pour peu !u' il s' 3 soit nich un peu de poussi.re/ se tapisse de !uel!ues mousses aupr.s des!uelles ad,iennent/ au hasard des germes !u' a p;>= apports le ,ent/ des plantes di,erses 1 et autour de ces ,gtaux/ un monde bruissant d' insectes ne tarde pas 2 a00luer$ 'elle est/ en raccourci/ l' image s3mboli!ue des groupements aux!uels on assiste$ Cette interdpendance de tous les cohabitants d' un m7me espace/ de tous les commensaux d' une m7me table/ ennemis ou auxiliaires/ chasseurs ou gibiers/ tient aux conditions dans les!uelles 0onctionne leur organisme/ et rel.,e ainsi du climat$ L' tude de la ph3siologie des 7tres ,i,ants autres !ue l' homme nous 0ait pntrer dans le secret de ces rapports$ Il est ,rai !u' elle ne date gu.re !ue d' hier$ C' est surtout parmi les reprsentants minuscules du monde animal/ insectes ou rats/ aux!uels semble d,olu le redoutable rFle d' agents de transmission/ !u' il 3 a des connexits et des relations 2 saisir$ Les di00rentes esp.ces de glossines/ messag.res de tripanosomes, laboratoires ,i,ants dans les!uels m:rissent les germes pathog.nes !ui in0estent de ,astes contres en ?0ri!ue et ailleurs/ commencent 2 nous 7tre connues dans leurs exigences d' habitat/ dans le 0onctionnement m7me de leurs secrtions 1 et nous pou,ons discerner !ue les unes et les autres/ comme les 0ormations ,gtales aux!uelles elles sont associes/ sont/ 2 di,ers degrs/ 0onction de la temprature et de l' humidit ambiante$ Nous n' a,ons pas a00aire 2 des 0laux ,aguement di00us 1 mais 2 des 7tres localiss/ et/ 9us!ue dans leurs migrations priodi!ues/ assu9ettis 2 des conditions strictement dtermines de climat$ Cha!ue collecti,it ,i,ante/ dans les cadres tracs par les climats/ obit 2 ses propres besoins/ poursuit ses buts 1 et ces acti,its multiples s' entrecroisent a,ec la nFtre$ L' homme inter,ient en associ autant !u' en maLtre$ 2 la suite des plantes et des animaux !u' il introduit/ beaucoup d' autres se glissent sans sa permission et tra,aillent pour d' autres buts$ LuiDm7me sert 2 son insu 2 des 0ins !u' il ne souponnait gu.re$ Il ,ous est arri,/ marchant sur des chaumes/ de 0aire le,er des nues d' insectes N ,ous ,errieG/ en ,ous retournant/ !ue des oiseaux pient ,os pas 1 ,ous leur ser,eG de rabatteur$ Le sentiment obscur et in!uitant de cette 0orce en,eloppante !ui se dgage autour de nous du milieu ph3si!ue et du milieu ,i,ant/ 0ut 9adis une hantise de l' imagination humaine/ comme l' attestent/ sous toutes les latitudes/ tant de m3thologies/ de prati!ues superstitieuses/ de dictons et lgendes$ )n dirait au9ourd' hui !ue ce sentiment s' e00ace/ ou !ue du moins/ par la 0oule d' ob9ets exoti!ues !ui entrent dans notre ,ie !uotidienne/ il a perdu toute 0orme concr.te$ L' homme p;>< de nos 9ours n' a d' 3eux !ue pour se contempler dans l' exercice de sa puissance$ &ien des choses pourtant de,raient nous a,ertir des e00ets tou9ours acti0s sur nousDm7mes de ces in0luences collecti,es$ Qamais plus d' occasions n' ont t o00ertes d' assister 2 la transplantation de groupes humains dans des milieux di00rents$ La colonisation/ l' immigration nous mettent en prsence de pa3s/ non pas neu0s comme on dit 2 tort/ mais autrement organiss sous l' in0luence d' autres conditions ph3si!ues$ Ce n' est !u' au prix d' une appropriation plus ou moins lente et di00icile !ue les nou,eaux ,enus par,iennent 2 s' 3 installer 1 !uand ce passage est accompli/ !ue d' autres habitudes ont t contractes et !u' un commencement d' hrdit les a d92 cimentes/ nous nous trou,ons en 0ace de t3pes humains nou,eaux$ Les re9etons dtachs du ,ieux tronc ont mu dans ces atmosph.res di00rentes$ )n cite sou,ent l' exemple du ankee de la Nou,elleD?ngleterre 1 mais il 3 a/ dans l' intrieur des ?ppalaches/ d' autres groupes/ plus isols/ moins connus/ !ui ont galement d,i/ mais dans d' autres sens/ du t3pe originel$ Les boers sont l' exemple le plus 0rappant de ce !ue peut de,enir/ en deux si.cles/ un groupe !ui a chang l' atmosph.re de la Bollande pour l' air sec des plateaux a0ricains$ Ct dans les hautes ,alles du &rsil mridional/ 2 l' cart des ,illes/ de nou,eaux t3pes de population sont en train de se 0ormer$ Les ,ieilles considrations !ui nous ont t transmises d' @ge en @ge sur la puissance des milieux accrue de la complicit des habitudes/ ne sont nullement des ,aleurs ngligeables dans l' tat des ci,ilisations prsentes$ ii. -l' adaptation au milieu che7 les plantes et les animaux : cette puissance des milieux 0ait !ue les 7tres ,i,ants cherchent 2 s' 3 adapter par les mo3ens dont ils disposent$ Notre plan.te est conditionne de telle sorte !ue l' existence de ses habitants doit se plier 2 d' incessantes ,icissitudes de climat$ L' imagination d' un Tells se plairait sans doute 2 dcrire ce !ue serait l' existence des habitants d' une plan.te dont l' axe serait inclin de 0aon 2 chapper aux ,ariations diurnes et saisonales$ Pour nous/ les parox3smes de temprature ou de scheresse/ les brus!ues ,agues de chaud et de 0roid sont une source continuelle d' preu,es 1 si bien m7me !u' un changement de ,ent/ un coup de sirocco, de khamsin, ou/ comme on dit en -ardaigne/ de levante maladetto, su00it pour produire une secousse/ 9eter le trouble passager dans notre organisme$ *n e00ort sans cesse renou,el serait ncessaire pour 0aire 0ace p;>O 2 ces ,icissitudes/ si l' adaptation et l' accoutumance n' inter,enaient pas pour en amortir les chocs$ L' adaptation !ui,aut 2 une conomie d' e00orts !ui/ une 0ois ralise/ assure 2 cha!ue 7tre/ 2 moins de 0rais/ l' accomplissement paisible et rgulier de ses 0onctions$ -i elle man!ue/ l' organisme s' in!ui.te 1 il 0ait de son mieux pour 3 tendre$ es expriences ont montr !ue des plantes transportes de la plaine 2 la montagne taient capables en tr.s peu d' annes de modi0ier leurs organes extrieurs pour les mettre en rapport a,ec leur nou,el habitat$ Cette impro,isation/ !uel !u' en soit l' intr7t/ ne saurait passer pour une adaptation d0initi,e 1 il 0aut sans doute une longue hrdit pour assurer la transmission rguli.re de caract.res ac!uis pour la circonstance$ 6ais ce !u' elle met bien en lumi.re/ c' est l' extr7me sensibilit des organismes 2 toute ,ariation du milieu ambiant$ *n changement d' altitude a pour e00et immdiat de 0aire 9ouer un ressort dont le mcanisme/ asseG m3strieux/ a00ecte les organes de communication et d' change a,ec le monde extrieur$ (i,e au sol/ astreinte 2 ,i,re et 2 se nourrir sur place/ la plante n' a !ue des mo3ens limits de rsistance$ Ils n' en sont !ue plus caractristi!ues$ C' est sur les tissus/ le 0euillage/ la taille/ le d,eloppement respecti0 des organes extrieurs et souterrains !ue porte l' adaptation$ Contraction des 0euilles/ pilosit/ enduit coriac/ 0ormation d' organes de rser,e/ ici le pelotonnement des branches/ ailleurs leur talement en parasols/ reprsentent autant de 0ormes di,erses de protection contre la scheresse/ l' @pret du 0roid/ les assauts des ,ents/ les morsures de l' air ambiant$ Ces procds ne sont pas sans rencontrer des analogies dans le r.gne animal N il su00it de rappeler entre mille exemples/ le pachm ou du,et de la ch.,re de Cachemir/ l' paisse toison du 3acJ/ la 0ourrure dont se re,7t le tigre en 6andchourie et !ui de,ient comme la li,re commune des animaux des rgions arcti!ues$ 6ais/ l' animal disposant par la locomotion d' un a,antage !ui lui permet de s' manciper/ d' chapper 2 une treinte rigoureuse du milieu/ c' est principalement sur les organes de locomotion !u' a port son e00ort$ Comme par l' e00et d' un stimulant spcial/ toute la 0orce de ce !ue nous appelons l' instinct animal a agi dans ce sens$ -i l' on se borne aux grandes esp.ces animales !ui partagent a,ec l' homme le s9our de la terre 0erme/ c' est comme coureurs ou grimpeurs !ue se di00rencient les hFtes des rgions dont le dualisme s' oppose dans toute la nature/ espaces dcou,erts et 0or7ts$ L' adaptation n' clate pas moins a,ec le relie0 et le sol$ 2 la ,igueur lasti!ue de leurs croupes les !uids doi,ent de 0ranchir ,i,ement de grandes distances 1 2 sa p;>M carrure arcboute sur des piliers espacs le 3acJ doit son imperturbable aplomb$ e leurs durs sabots terminant des 9arrets ner,eux/ le mou00lon/ le chamois assurent de roc en roc leurs exploits d' acrobates 1 tandis !ue le chameau tale son pied large et mou sur le sable 1 !ue l' lphant ramasse en a,ant le poids de son corps pour 0ra3er sa piste 2 tra,ers la ,gtation des mares spongieuses$ e !uelle application ces exemples sontDils 2 l' homme E Il est ,ident d' abord !ue/ par ses organes de respiration/ de nutrition/ de secrtion/ il reste/ comme les animaux/ imbib des in0luences du milieu ambiant$ L' exprimentation mdicale n' estDelle pas prcisment 0onde sur ces analogies ph3siologi!ues E 6ais on peut remar!uer en outre !ue/ si dans sa raction contre les exigences du milieu les procds d0ensi0s peu,ent 2 certains gards di00rer/ le principe m7me dont cette d0ense s' inspire cheG les hommes ressemble 2 celui !ue nous obser,ons cheG les animaux$ Il s' agit/ pour les uns comme pour les autres/ de culti,er un a,antage spcial/ de consolider la supriorit !ui leur est propre$ Le recours !ue les uns ont cherch dans ce !ui les distingue/ la locomotion/ l' homme le cherche dans ce !ui le distingue aussi/ son cer,eau$ Il a tendu son e00ort ,ers ce !ui crait 2 son pro0it une nou,eaut/ ,ers ce !ui a,ait l' attrait d' une in,ention 1 et il a trou, dans cet e00ort le m7me plaisir !ue celui !ue les animaux les mieux arms pour la course ou pour l' atta!ue prou,ent 2 exercer leur agilit ou leur 0orce$ Libre de disposer de bras pour saisir et de doigts pour modeler la mati.re/ il a cr l' instrument$ 2 la di00rence des l3s 4 !ui ne 0ilent pas 4 / il pour,oit luiDm7me 2 la protection de son corps$ Kuant 2 la ,itesse/ c' est 2 l' animal/ puis aux nergies accumules dans la mati.re !u' il l' emprunte$ Il 3 a comme un principe immanent de progr.s dans ces con0lits !ui naissent des ncessits du milieu$ iii. -l' adaptation de l' homme au milieu : dans les conceptions simplistes des anciens/ 2 cha!ue principale Gone terrestre correspondait une race spciale 1 et lors!ue par hasard certains 0aits contraires 2 la thorie sur,enaient/ on cherchait des explications plus ou moins ,raisemblables$ C' est ainsi !ue/ dans leurs relations a,ec le nord/ les romains a3ant eu connaissance/ un 9our/ d' hommes 2 teint 0onc/ les sa,ants d' alors se [email protected] de supposer !ue des indiens a,aient t 9ets dans ces rgions par un nau0rage$ p;>P L' exprience a 0ait 9ustice de ces ides 1 mais il n' en reste pas moins !ue/ de toutes parts/ s' o00rent des cas d' adaptation ph3siologi!ue des plus remar!uables$ La 0orte pigmentation de la peau/ l' acti,it des glandes de secrtion dont elle est pour,ue/ constituent pour les n.gres un a,antage sur les autres races !ui se trou,ent aussi dans les rgions tropicales 1 l' acti,e ,aporation !ui se produit 2 la sur0ace des tissus/ et le re0roidissement !ui en est la suite/ maintiennent l' !uilibre entre la chaleur du corps et celle de l' extrieur$ L' indien de l' ?maGonie est loin d' 7tre aussi bien arm contre son climat$ -i nous passons des rgions humides et chaudes 2 celles o5 les contrastes de temprature sont plus prcipits/ o5 la scheresse de l' air est susceptible d' atteindre les plus hauts degrs/ d' autres traits d' adaptation nous 0rappent$ Ce climat sec resserre les tissus de la peau/ prcipite la circulation du sang$ Le sang/ plus pau,re en eau/ agit ,i,ement sur le s3st.me ner,eux et en excite la 0onction$ ?ssocie 2 des ,ariations brus!ues/ heure par heure/ de temprature/ au rapide renou,ellement des lments de l' air/ cette scheresse est un toni!ue et un stimulant$ Bippocrate l' a,ait dit/ en pensant aux mditerranens$ L' obser,ation s' appli!ue mieux encore aux populations sahariennes ou steppi!ues par rapport aux n.gres du -oudan$ Partout o5 se produit ce contact/ de l' ?tlanti!ue 2 l' ocan Indien/ depuis les maures du -ngal 9us!u' aux massaI des rgions niloti!ues/ on ,oit comme un 0ait naturel/ 0ond sur la supriorit intellectuelle/ la domination ou la prpotence des races ,i,ant sous l' atmosph.re dserti!ue$ 6ais/ d' autre part/ l' altitude inter,ient comme principe perturbateur engendrant d' autres cons!uences$ es populations relati,ement nombreuses sont tablies/ 2 R$ >>> m.tres et plus/ sur les plateaux !ui/ dans les contres les plus loignes du globe/ en ?b3ssinie comme dans les ?ndes/ occupent une partie des rgions tropicales$ Clles s' 3 sont acclimates de longue date et 0orment comme des Llots distincts$ La scheresse de l' air/ par l' obstacle !u' elle oppose aux 0ermentations de la ,ie microbienne/ 3 garantit cette remar!uable salubrit dont l' attrait rassembla sans doute les hommes 2 l' abri de la maladie des terres basses$ Issus de races assurment bien di,erses/ ils semblent nanmoins a,oir contract sous l' in0luence ambiante un caract.re commun !ui s' est enracin N l' antipathie pour l' e00ort$ L' gale douceur des tempratures et la 0acilit du climat n' en sont probablement pas la seule cause$ Comme la tension atmosphri!ue diminue sensiblement dans ces hautes altitudes/ la combinaison de l' ox3g.ne de l' air a,ec les globules du sang s' op.re plus lentement dans les poumons N l' apathie/ la rpugnance 2 toute prolongation d' e00ort musculaire ou autre/ p;;> seraient/ d' apr.s des obser,ations dignes de 0oi/ la cons!uence de ce ralentissement du mcanisme essentiel !ui/ par le sang/ agit sur la ,ie ner,euse$ Kue de phrases on a rptes sur l' air d' atonie et de tristesse !u' exprime la ph3sionomie de ces indig.nes d' ?mri!ue A Le 0ait est rel 1 et 9e me rappelle a,oir t 0rapp/ au 6exi!ue/ de l' absence de mou,ement et de gaLt/ m7me cheG les en0ants/ dans les groupes !ui se 0ormaient pour les repas autour des gares$ Cela ne seraitDil pas un simple e00et d' hrdit ph3siologi!ue E )n recueillerait sans doute beaucoup d' autres exemples d' accords semblables/ entrs dans le temprament et ciments par l' hrdit/ si l' on possdait une connaissance plus compl.te des peuplades perdues dans l' intrieur des continents$ Lors!ue Nachtigal pntra dans le 'ibesti/ un des coins alors les plus inaccessibles du -ahara/ l' aspect des habitants lui rappela ces 4 thiopiens troglod3tes 4 dont l' adresse 2 courir et 2 sauter tait pro,erbiale du temps d' Brodote N peuple de ch.,res ,i,ant dans un pa3s de rochers$ Leur corps maigre et bien proportionn/ aux attaches 0ines/ exprime la prompte obissance des muscles aux ner0s moteurs$ ?u contraire/ dans la rgion du BautDNil/ -chXein0urth nous dcrit des tribus !ue leurs longues 9ambes ti!ues et leurs attitudes d' chassiers en sentinelle au bord de l' eau/ ne singularisent pas moins comme peuple de marcages$ ?insi/ comme il arri,e dans l' animalit/ c' est dans les organes de locomotion !u' apparaissent surtout les di00rences entre ces primiti0s$ )n comprend !u' une adaptation extr7mement rigoureuse 2 de certains milieux rende ceux !u' elle a ainsi 0aonns r0ractaires 2 des milieux di00rents$ arXin remar!ue !ue/ plus un groupe humain est bas dans l' chelle des ci,ilisations/ plus il est incapable d' acclimatation$ L' obser,ation est d' une grande porte/ mais elle n' exclut nullement pareille incapacit cheG des peuples a,ancs en ci,ilisation$ L' ab3ssin se tient 2 l' cart des marcages !ui bordent sa citadelle naturelle/ comme le chibcha ou le !uitchua des ?ndes ,ite l' humidit 0oresti.re de la montana, et comme le ho,a de l' Imrina laisse aux saJala,es le s9our des plaines$ (cipro!uement le chinois et l' annamite/ peuples de plaines/ rpugnent aux s9ours montagneux dont les lolos/ les moIs et autres tribus ont su par0aitement s' accommoder$ La Gone marcageuse !ui/ sous le nom de tra%, borde au sudDest les Bimala3as/ n' est point absolument inhabite 1 cependant c' est une rgion o5 ne se hasarde gu.re l' hindou et !ui 0orme/ entre la montagne et la plaine/ une des limites ethni!ues les plus mar!ues !ui existent$ p;;; Le rFle de l' altitude est dcisi0 dans ces exemples 1 c' est elle !ui dessine des Gones de sgrgation rigoureuse/ !ui trace des adaptations irrductibles$ )n ne saurait s' attendre 2 des limitations aussi nettes sui,ant de simples di00rences de latitude$ Cependant l' exemple des n.gres est encore ici instructi0$ Ceux de l' ouest de l' ?0ri!ue ont eu le 0@cheux pri,il.ge de ser,ir de champ d' exprience$ *n accident de l' histoire/ !ui est aussi un paradoxe gographi!ue/ Dsans parler d' un acte de l.seDhumanit/ Dles a transplants aux tatsD*nis/ bien au del2 de leur domaine d' origine$ Introduits dans les plantations depuis plusieurs si.cles/ ils s' 3 trou,ent au9ourd' hui en contact a,ec une ci,ilisation !ui/ par l' attrait de ses salaires/ les pousse au dehors et leur ou,re un large champ$ Le s9our des tats du sud ne leur a pas t d0a,orable/ puis!ue/ dans le demiDsi.cle !ui ,ient de s' couler/ leur nombre a doubl$ %oici pourtant l' ,olution !ue permet de souponner l' anal3se des derniers recensements N elle consiste en un double phnom.ne 1 tandis !ue le contingent n.gre augmente dans !uel!ues grandes ,illes du nord/ Philadelphie/ NeX WorJ/ Chicago/ il ne cesse de diminuer dans les tats ruraux/ 6ar3land/ %irginie/ VentucJ3/ 'ennessee/ !ui 0orment la Gone marginale et extr7me de son domaine$ *n phnom.ne de contraction se de,ine/ !ui rar0ie peu 2 peu l' lment n.gre au del2 du += e degr de latitude en,iron/ et le condense au contraire dans la rgion en de2/ soit entre la Caroline du sud et la Louisiane$ L' aurole se resserre en s' paisissant$ L' in0luence du climat/ malgr le contrepoids d' attractions conomi!ues/ ram.ne insensiblement l' expansion n.gre ,ers les contres humides et chaudes !ui en circonscri,ent les limites naturelles$ )n serait entraLn par ces 0aits ,ers les !uestions de prdispositions et d' immunits pathologi!ues 1 chapitre curieux/ mais encore peu explor d' une science !ui n' est pas de notre domaine$ iv. -!ormation des groupes ethniques complexes : nous sommes donc en prsence de groupes !ui semblent cheG eux/ dans leur milieu naturel 1 !uel!uesDuns m7me ont cristallis sur place 1 d' autres/ arrachs 2 leur milieu/ tendent 2 s' en rapprocher$ Kue 0autDil penser E CstDce 2 un cantonnement rgional/ ,ou 2 l' endmisme/ !u' aboutit la notion du milieu E 'el n' est point assurment le spectacle !ue prsentent les ralits actuelles$ p;;R (ien n' est 2 ce point tranch 1 ni dans la nature humaine dont la plasticit gale les ressources/ ni dans la nature ph3si!ue !ui admet dans son 9eu tant de di,ersits et de nuances$ Les contrastes ramasss/ opposant brus!uement les climats/ sont relati,ement rares N c' est par transitions graduelles !ue les Gones s' attnuent et se trans0orment$ N' estDce pas par addition de touches de plus en plus mar!ues/ mais ,entuellement interrompues par des retours de ph3sionomies !u' on cro3ait disparues/ !ue se droulent/ sui,ant les climats/ sil,es/ sa,anes/ steppes/ prairies et 0or7ts E Conditions propices au mlange des hommes$ 2 mesure !ue les groupes tendaient 2 con!urir et 2 occuper plus d' espace/ rien dans la nature ne s' opposait srieusement 2 la 0ormation de groupes intermdiaires ser,ant de traits d' union entre les distinctions 0ondamentales de races$ Comme dans les peintures pharaoni!ues o5 ,oisinent cFte 2 cFte les 0igures claires/ rouge@tres/ 9us!u' au noir le plus pur/ l' image de l' humanit dut apparaLtre de plus en plus composite$ L' analogie des climats 0ournit le 0il conducteur$ Clle 0a,orise l' in0iltration/ guide l' accoutumance$ Les brus!ues transports de groupes d' un certain milieu 2 un milieu tout di00rent ont t rarement couronns de succ.s 1 ils ont t par0ois pa3s de dsastres/ comme l' attestent les tentati,es a,ortes dont abonde/ pres!ue 9us!u' 2 nos 9ours/ l' histoire de la colonisation moderne$ -i l' ?0ri!ue du nord est le champ o5 ne cessent de se croiser smites/ berb.res et n.gres/ c' est en raison des a00inits !u' elle o00re respecti,ement au n.gre par ses oasis/ aux autres par les similitudes de priodicit saisonale/ la correspondance des c3cles de ,gtation/ l' usage des m7mes animaux domesti!ues$ )n a sou,ent constat par !uelles transitions pres!ue insensibles on passe des 0ellahs g3ptiens aux barbarins de Nubie/ de l2 aux bed9as et aux thiopiens de l' ?0ri!ue orientale$ Il 3 a plus N entre ceuxDci et les maures de l' ?0ri!ue occidentale/ l' ethnographie signale de singuli.res ressemblances 1 comme si aux deux extrmits du continent les m7mes causes a,aient produit les m7mes e00ets/ et !ue/ de ces mlanges hamiti!ues ou smiti!ues a,ec une proportion de sang n.gre/ 0ussent rsults des groupes tr.s analogues$ e bons obser,ateurs ont dcrit le processus de ce mtissage N c' est d' abord/ cheG le berb.re ou l' arabe/ la coloration de la peau !ui se 0once 1 les autres caract.res/ neG droit/ l.,res minces/ che,eux lisses/ persistent plus longtemps/ Det sans doute aussi la p;;+ supriorit crbrale$ )n a l' impression d' un phnom.ne en marche/ en ,oie d' expansion$ L' Inde reprsente/ dans son immensit/ une des rgions dont le climat est le plus homog.ne 1 entre le Pend9ab et Ce3lan/ sur R< degrs de latitude/ la temprature mo3enne de l' anne n' accuse pas m7me deux degrs de di00rence 1 il est ,rai !ue les !uantits de pluie sont tr.s ingales$ Ce ,aste espace ser,it d' ar.ne 2 une race !ui tient le milieu entre les tribus ar3ennes ,enues par le nordDouest et les ngroIdes dont on discerne les restes dans l' extr7meDsud$ -ous le nom de dra,idiens/ se range toute une srie de t3pes connexes/ dont on peut sui,re la gradation/ depuis le sau,age des monts de 'ra,ancore 9us!u' au 'amoul ci,ilis des plaines/ depuis le -autal noir et trapu du Chota Nagpour 9us!u' au brahmane oli,@tre et lanc de la plaine du Hange 1 race/ d' ailleurs/ solide et 0ortement enracine$ C' est dans ce 0ond/ rest original malgr les mlanges/ !ue puise l' migration actuelle ,ers l' assam et ,ers la &irmanie 1 de l2/ sans doute/ ,inrent 9adis les Jhmers du Cambodge$ Les multiples croisements/ in,itables dans une si ,aste contre/ ont eu pour e00et de rendre la race mallable/ apte 2 absorber un grand nombre d' lments$ Plus souple encore est peutD7tre la combinaison ethni!ue !u' on dsigne sous le nom de race malaise$ Clle a trou, son expansion dans le monde d' archipels et de dtroits !ui s' tend 2 l' est du continent asiati!ue/ comme sous son ombre$ Cntre le rser,oir humain de l' Inde/ le groupe mlansien tr.s mlang luiDm7me/ et les races mongoloIdes/ s' interpose un ensemble de t3pes/ !ui participe plus ou moins des uns et des autres$ Il se charge au sudDest/ au ,oisinage mlansien/ d' lments plus 0oncs 1 tandis !u' aux Philippines/ et d92 m7me aux Cl.bes/ se montrent des indi,idus !u' on prendrait pour des 9aponais$ ?ucun hiatus/ dans cette Gone de moussons/ n' interrompt la chaLne des races$ Le docteur Bam3 insistait 0r!uemment dans ses leons sur 4 l' extr7me di00icult d' une dlimitation scienti0i!ue entre 9aunes et blancs 4 $ La 0ormation d' un peuple sibrien 0ournira/ un 9our/ le commentaire de cette remar!ue$ Celle du peuple russe la con0irme indirectement en une certaine mesure$ Cntre la %olga et la &alti!ue/ dans une Gone !ui ne s' carte gu.re du == e degr de latitude/ et !ue caractrise l' alternance de clairi.res 2 sols meubles et de 0or7ts 2 0euilles cadu!ues/ !ui prsente par cons!uent la m7me combinaison de matriaux de construction et de terroirs agricoles/ sla,es et 0innois ne cessent de s' entrepntrer et graduellement se con0ondent$ 'our 2 tour les mord,es/ tchrmisses/ et autres tribus 0innoises s' incorporent au peuple des p;;8 grandsDrusses/ dans une indi,idualit !ui ne s' a00irme !ue da,antage en se ren0orant de nou,elles recrues$ Qe n' a9outerai 2 cette suite d' exemples !ue celui des bords europens de la 6diterrane$ Par une rare 0ortune/ les lueurs de l' histoire 3 plongent asseG loin dans le pass pour permettre de saisir une longue srie chronologi!ue$ Clle montre une continuit de rapports/ !ui est l' expression non mconnaissable d' in0luences naturelles$ )n assiste depuis trois mille ans 2 un a00lux sans cesse rpt de peuples ,enus du nord N tour 2 tour doriens et hell.nes/ rh.tes et trus!ues/ celtes et gaulois/ germains/ sla,es/ normands s' 3 crent des tablissements$ Ces nou,eaux ,enus ont plus ou moins pa3 leur tribut aux ts d,orants/ 2 la malaria/ 2 tout ce !ui se m7le de per0idement dangereux 2 l' attrait du climat mditerranen$ 6ais apr.s des liminations/ ces contingents se sont absorbs dans la masse/ non sans l' enrichir de nou,eaux germes$ Ct au9ourd' hui ces m7mes mditerranens s' implantent en Cali0ornie/ au Chili/ dans l' ?rgentine/ guids par l' analogie des climats/ 3 transportant leur indi,idualit intacte$ -ur tous ces phnom.nes/ ,i,ant et agissant sous nos 3eux en di,erses parties de la terre/ plane l' in0luence sou,eraine des milieux$ Nous la ,o3ons s' exercer de proche en proche/ en des cadres naturellement appropris$ 6ais on saisit aussi dans ces exemples l' importance de ce !u' on peut appeler le 0acteur social$ Cet instinct de rapprochement !ui pousse les hommes 2 s' assimiler les uns aux autres est 0ait de mobiles di,ers N il 3 a cheG les uns le dsir d' une organisation sociale 0onde sur la hirarchie et particuli.rement sur l' escla,age 1 cheG les autres/ l' ambition et le besoin de s' agrger 2 un tat social 9ug suprieur$ Cn tout cas/ l' imitation/ le prestige du nou,eau/ l' ,eil d' une 0oule de suggestions nes du contact et du ,oisinage d' autres groupes/ tra,aillent 2 crer une mentalit di00rente de celle !ui s' labore dans l' isolement de certains milieux$ Les incompatibilits ethni!ues/ les di00rences irrductibles ne rsistent pas 2 cette ambiance/ imprieuse dans son ampleur/ !ui les en,eloppe$ Clles se 0ondent/ comme au creuset/ pour donner des produits nou,eaux$ 'elle est donc l' impression double et !uel!ue peu contradictoire !ue laisse l' examen comparati0 des 0aits de groupement$ 'andis !ue certains milieux nous montrent des groupes retranchs et comme par!us dans une 9alouse autonomie/ d' autres/ au contraire/ impriment aux socits !ui s' 3 0orment un cachet de s3ncrtisme/ !ui est et sera sans doute de plus en plus la mar!ue de l' humanit 0uture$ p;;= v. -races et genres de vie : on est amen 2 penser !ue les ensembles de caract.res ph3si!ues et moraux !ui spci0ient les di,ers groupements/ sont chose tr.s complexe/ dans la!uelle entrent des lments !ui appartiennent 2 un pass prim$ Qe ne parle pas seulement du probl.me anthropologi!ue/ celui des principales ,arits de races humaines dont les origines se perdent dans un pass si lointain !u' elles chappent enti.rement 2 la gographie humaine$ 6ais dans les @ges !ui se rapprochent da,antage du nFtre/ il est possible d' entre,oir des conditions susceptibles d' engendrer des e00ets !ui/ au9ourd' hui/ ont cess de se produire$ Lors!ue l' humanit tait rpartie par groupes rares/ dissmins/ troitement borns dans leurs contacts/ combien plus stricte tait la concentration des traits de race A La rudesse des exigences !uotidiennes de la ,ie/ ne laissant subsister !ue les plus rigoureusement adapts/ tendait 2 liminer les di00rences dans l' intrieur des groupes$ Comme les sau,ages actuels/ les hommes de ce temps se pliaient di00icilement aux changements de toute sorte/ et ,i,aient entre eux N les 4 caract.res somatologi!ues 4 !ui constituent ce !u' on appelle 2 proprement parler une race/ pou,aient ac!urir/ 2 la 0a,eur de cet isolement relati0/ une contexture solide assurant leur perptuit$ ' autres indices nous a,ertissent !ue nous ne pou,ons pas tout 2 0ait 9uger de ces anciens temps d' apr.s les nFtres$ Il s' est produit dans ce pass/ !ui pourtant se coordonne encore directement a,ec notre prsent/ certains 0aits !u' il paraLt di00icile/ sinon impossible/ de reproduire dans les conditions actuelles$ Ne sembleDtDil pas/ par exemple/ !ue la domestication d' animaux/ accomplie d.s l' aurore des principales ci,ilisations/ soit au9ourd' hui un art en !uel!ue sorte prim/ de,enu incompatible a,ec les rapports actuels de l' animalit et des hommes E *ne d0iance incurable s' est glisse/ a sans doute rompu une intimit primiti,e$ Il 0aut donc !u' 2 bien des gards/ lors!ue nous essa3ons de comprendre les ralits tr.s complexes !ui s' o00rent 2 notre anal3se/ nous tenions compte de conditions maintenant abolies/ mais dont les e00ets persistent 2 tra,ers les trans0ormations des temps$ Ce !ui/ au contraire/ pr,aut a,ec les progr.s des ci,ilisations/ ce !ui se d,eloppe/ ce sont des modes de groupements sociaux originairement sortis de la collaboration de la nature et des hommes/ mais de plus en plus mancips de l' in0luence directe des milieux$ L' homme s' est cr des genres de ,ie$ 2 l' aide de matriaux et d' lments pris dans la nature ambiante/ il a russi/ non d' un seul coup/ mais par une p;;< transmission hrditaire de procds et d' in,entions/ 2 constituer !uel!ue chose de mthodi!ue !ui assure son existence/ et !ui lui 0ait un milieu 2 son usage$ Chasseur/ p7cheur/ agriculteur/ il est cela gr@ce 2 une combinaison d' instruments !ui sont son oeu,re personnelle/ sa con!u7te/ ce !u' il a9oute de son che0 2 la cration$ 67me dans des genres de ,ie !ui ne dpassent pas un degr asseG humble de ci,ilisation/ la part d' in,ention est asseG sensible pour attester la 0condit de cette initiati,e$ Ct par l2 s' introduit entre les groupements un nou,eau principe de di00renciation$ Car le genre de ,ie/ par la nourriture et les habitudes !u' il impli!ue/ est/ 2 son tour/ une cause !ui modi0ie et ptrit l' 7tre humain$ L' esJimau/ p7cheur de pho!ues/ ga, d' huile/ et/ par ce rgime/ capitonnant contre le 0roid les couches adipeuses de son piderme/ ne ressemble gu.re au chasseur toungouse et iaJoute/ pas plus !u' au pasteur lapon/ ses congn.res des rgions arcti!ues$ &ien !ue soumis les uns et les autres aux m7mes climats/ le bdouin se distingue ph3si!uement du 0ellah/ le sarte du JirghiG 1 et 9us!ue dans l' uni0ormit de la Gone !uatoriale/ les tribus de paga3eurs ,oues 2 la na,igation de l' )ubangui ou du Congo/ sangas/ ba3andGi/ etc$/ di00.rent par le d,eloppement de leur thorax aussi bien !ue par leur mentalit/ de celles !ue leurs habitudes casani.res cla!uemurent dans leurs ,illages agricoles$ Cependant/ !uoi !u' on puisse attendre des genres de ,ie/ il 3 a autre chose$ Certains traits de races/ ,enus de loin/ distincts de ceux !ue peu,ent expli!uer les conditions actuelles/ surnagent/ persistent a,ec une singuli.re tnacit$ 6algr les mlanges !ui/ d.s 2 prsent/ 0ont !u' un groupe homog.ne de !uel!ue tendue est une extr7me raret/ m7me dans l' intrieur de l' ?0ri!ue/ certains caract.res de races dposs en nous par une incommensurable hrdit/ remontent comme des ,agues de 0ond$ L' nergie accumule !u' ils portent en eux se ramasse en des personnalits !ui tranchent en bien ou en mal sur les autres 1 ou/ plus sou,ent m7me/ les 0orces di,erses !ue nous portons en nous s' 3 li,rent bataille$ ans certains groupes/ la ,ertu de la race est plus ,i,ace !u' en d' autres 1 elle les mar!ue d' un trait saillant !ui les distingue/ !ui est pour eux une 0orce$ ' autant plus remar!uable est cette persistance des traits de race/ !ue bien des causes conspirent pour les amortir/ pour les no3er dans des groupements htrog.nes N langues/ religions/ 0ormations politi!ues/ ,illes$ Les groupes linguisti!ues englobent tant d' lments disparates A Les tats sont oeu,res de l' histoire/ a,ec ses hasards$ Pour des religions telles !ue l' islam/ il n' existe !ue des p;;O cro3ants$ La grande ,ille est un rouleau de ni,ellement$ 6algr tout/ pourtant/ le germe ethni!ue/ !uand on le croit mort/ a des r,eils$ Les mlanges ne par,iennent pas enti.rement 2 le dtruire$ Ce !ue des si.cles lointains ont dpos en nous/ rclame ainsi contre une tendance 2 l' uni0ormit par la mo3enne/ !ui/ si elle de,ait pr,aloir/ serait en 0in de compte/ un asseG triste aboutissement du progr.s des relations humaines$ p;;P chapitre ii. ,es instruments et le matriel. i. -intr<t de l' tude des muses ethnographiques : il tait bon d' en,isager d' abord/ dans un coup d' oeil d' ensemble/ ce complexe !ui constitue la population d' une contre N les di00rents lments !ui entrent dans la composition des groupes 1 tout ce !u' ont assembl les circonstances et tout ce !ue tient runi la 0orce des milieux$ Il 3 a peu de groupes homog.nes/ si m7me il en existe/ au point de ,ue de la race$ 6ais/ sous l' in0luence des di,ers milieux/ l' acti,it et l' industrie humaines se sont orientes en sens di00rent 1 des suggestions locales ont agi/ et/ pour raliser les intentions !ui se sont 0ait 9our/ des instruments ont t imagins$ &re0/ un tra,ail s' est 0ait !ui reprsente autant d' essais indpendants de rsoudre en communaut le probl.me de l' existence sous la pression des in0luences gographi!ues$ Ces in0luences se dessinent a,ec le relie0 des choses concr.tes/ lors!u' on examine un de ces muses ethnographi!ues comme il en existe dans certaines ,illes d' Curope ou des tatsD*nis/ o5 l' on a eu soin de coordonner d' une 0aon s3stmati!ue/ et en nombre su00isant/ les spcimens d' ob9ets et d' instruments en usage cheG les di00rents peuples$ Les sa,ants !ui ont prsid 2 ces collections en ont cherch de pr0rence les lments dans les socits o00rant le plus de chances d' originalit/ par leur isolement/ leur autonomie/ et sou,ent dans les ci,ilisations les plus menaces de prir$ Cette 9uxtaposition pr7te 2 comparaisons instructi,es$ 2 cFt des matriels relati,ement riches !u' o00rent les ci,ilisations de la 6lansie ou du CentreD?0ricain/ il en est de chti0s et de rudimentaires/ et !ui sont tels/ non par le hasard des trou,ailles/ mais par l' indigence des milieux$ Kuel!ues co!uilles tranchantes/ !uel!ues pointes de 0l.che ou amulettes en os N ,oil2 tout ce !ui reprsente les insulaires andamans dans ce muse des ci,ilisations 1 !uel!ues engins de p7che/ a,ec une peau de pho!ue pour ,7tement/ rsument 2 peu pr.s l' outillage des 0ugiens/ tandis !u' 2 l' autre extrmit du p;R> m7me continent/ les esJimaux ont su tirer d' une nature plus ingrate encore un matriel in0iniment plus riche$ Par0ois/ certains spcimens appartiennent d92 au pass/ ils ,o!uent un tat de ci,ilisation dcapite/ !ui a d92 perdu en partie/ a,ec sa raison d' 7tre/ ce !ui 0aisait son orgueil et son luxe N ainsi disparaissent les peaux de bisons sur les!uelles les sioux bariolaient leurs textes hirogl3phi!ues/ les manteaux de plumes dont s' ornaient les grands che0s pol3nsiens/ les boucliers en peaux de bu00les !ui 0iguraient dans l' attirail guerrier des ri,erains des grands lacs a0ricains/ les belles haches en serpentine ou en nphrite !u' on 0abri!uait en Nou,elleDCaldonie et en Nou,elleDUlande$ Clles ,ont re9oindre dans le pass ces grandes pirogues 2 becs richement sculpts !ue ,irent les CooJ/ les &ougain,ille/ les umont ' *r,ille/ et dont ils nous ont laiss des dessins/ tmoignages d' industries en train de s' teindre et de ci,ilisations condamnes/ dont !uel!uesDunes n' auront bientFt plus !ue les ,itrines de muses pour dernier asile A Kuelles !u' elles soient cependant/ humbles ou riches/ ces collections ,o!uent des socits !ui ont ,cu/ ,olu/ !ui ont subi l' action des temps comme celle des lieux$ Qus!u' en Nou,elleDCaldonie des indices attestent une ci,ilisation !ui 0ut 9adis moins rudimentaire$ Ce n' est pas/ en e00et/ sur l' impression super0icielle d' exotisme !ui rsulte de la runion d' ob9ets rassembls de toutes parts/ !u' il 0aut s' arr7ter$ Lors!u' une ide mthodi!ue a prsid 2 leur classement/ on ne tarde pas 2 perce,oir !u' un rapport intime unit les ob9ets de m7me pro,enance$ Isols/ ils ne 0rappent !ue par un air de biGarrerie 1 groups/ ils dc.lent une empreinte commune$ Peu 2 peu/ par la comparaison et l' anal3se/ l' impression gographi!ue se prcise$ e m7me !ue l' aspect du 0euillage et des organes ,gtaux d' une plante/ !ue celui de la 0ourrure et des organes de locomotion d' un animal permettent 2 un botaniste ou 2 un Goologue de discerner sous !uelles in0luences gnrales de climat et de relie0 ces 7tres prati!uent leur existence/ il est possible au gographe de discerner/ d' apr.s le matriel soumis 2 son examen/ dans !uelles conditions de milieu il a t 0orm$ CstDce 2 une rgion de sil,es tropicales/ de steppes/ ou de bois rsineux !u' appartiennent ces t3pes d' habitations/ d' armes et d' ustensiles E Pour !uel genre de proie ou de mo3ens de subsistance/ ces instruments ontDils t combins E La mati.re et la 0orme de ces appareils de chasse/ de capture/ de d0ense/ de tra,ail/ de dpFt/ de transport/ dnoncent une pro,enance et une approximation se rapportant 2 certains genres de ,ie/ 0orms euxDm7mes sous l' in0luence de conditions ph3si!ues et biologi!ues !u' il est possible de dterminer$ Cn ce sens une leon de p;R; gographie comparati,e se dgage des tmoignages des socits les plus humbles$ Ct !uant aux socits ,olues dont le matriel in0iniment accru ne saurait se circonscrire dans les ,itrines d' un muse/ il s' 3 conser,e/ du moins pro,isoirement/ asseG de ,estiges locaux d' usages et de costumes/ pour !ue les spcimens en soient instructi0s$ L' mancipation du milieu local n' est 9amais aussi absolue !ue nos 3eux de citadins nous le 0eraient croire$ ii. -l' empreinte de la silve quatoriale : parmi les grandes Gones de climat et de ,gtation/ aucune n' est mar!ue d' un cachet d' oecologie plus 0rappant !ue celle des 0or7ts tropicales humides/ approximati,ement circonscrites entre ;> degrs au nord et au sud de l' !uateur$ Nous a,ons dit !uelles causes 3 conspirent 2 maintenir l' isolement des groupes humains$ )n aurait tort cependant de conclure !u' il ne s' 3 est pas d,elopp de ci,ilisations intressantes$ La ma9est du monde ,gtal n' a pas t une magni0icence perdue pour les oeu,res des hommes$ Les 0:ts lancs 2 grand diam.tre/ piliers sur les!uels s' tagent les galeries 0oresti.res/ 0ournirent aux constructions les matriaux de gros oeu,re/ les pi.ces de charpente$ Les bois durs et compacts se pr7t.rent au tra,ail de moulures et d' ornement$ i,erses esp.ces d' arbres/ 0iguiers ou autres/ mirent au ser,ice des hommes une corce 0lexible/ propre 2 se dcouper en bandes et 2 ac!urir par macration la solidit d' un tissu$ ans l' innombrable 0amille de palmiers !ui peuplent cette Gone/ depuis l' elaeis guineensis, a0ricain/ la mauritia !lexuosa du &rsil/ 9us!u' au cocotier pol3nsien/ l' homme mit 2 pro0it pour ses instruments ou ses di0ices les 0ibres !ui soutiennent les 0euilles et les 0ilaments tenaces dont s' entortillent les troncs$ Le mode d' adaptation des pi.ces htrog.nes !ui entrent dans la composition d' un instrument ou d' une arme/ d' une case ou d' un bateau/ a t sou,ent une pierre d' achoppement pour les industries primiti,es$ es che,illes en os ou en mtal ou m7me des enduits de poix ou de goudron ont pour,u ailleurs 2 ces ncessits$ es 0ilaments ,gtaux remplissent ici le m7me o00ice$ Ce 0ut a,ec eux !u' on lia le manche de bois et la hache de 9ade/ le bois et la corde de l' arc/ !u' on par,int 2 a9uster les pi.ces de charpente/ 2 assu9ettir hermti!uement les bandes d' corce 0ormant paroi le long des cases/ 2 maintenir dans le bateau les poutres assembles et 2 leur superposer un appareil moteur$ Les peuples m7mes !ui connaissent l' usage du 0er n' en continu.rent pas moins 2 user des 0ibres ou du rachis de leurs palmiers comme mo3en de liaison et de soudure$ (ien dans cette prodigieuse p;RR pousse ,gtale ne demeura inaperu$ Ces palmiers/ ces pandanes/ ces musaces ont de longues et larges 0euilles !ue l' atmosph.re gorge d' humidit/ mais !ui doi,ent nanmoins 2 la ncessit de rsister 2 une ,aporation puissante une extraordinaire consistance de tissu N ces 0rondaisons s' o00rirent d' ellesDm7mes pour 0ormer par leur assemblage des nattes souples et rsistantes/ des rcipients 2 toute preu,e/ et pour mnager aux habitations un re,7tement de 4 tuiles ,gtales 4 non moins impermable !ue celui dont nous sommes rede,ables 2 la tuile ou 2 l' ardoise$ L' homme a entam pro0ondment ce monde ,gtal grandiose$ Il en a dis9oint les lments pour les maLtriser$ Ce n' est pas dans la masse 0oresti.re reste intacte/ mais en bordure/ dans les parties limitrophes !ui en ont t dtaches/ !u' on peut le mieux obser,er ses e00ets sur les ci,ilisations humaines$ Les botanistes ont not sur plusieurs points les traces incontestables des d0richements !ui en ont restreint l' tendue$ 'elle est d' ailleurs la puissance de la ,gtation !ue des gramines arbusti,es/ des roseaux gants se h@tent de prendre les places !ue la destruction de la sil,e laisse pour un court instant ,ides 1 et c' est ainsi !ue le bambou/ annexe et succdan de ce genre de 0or7ts/ est arri, 2 occuper une aire dont l' tendue immense contribue 2 expli!uer la di,ersit d' emplois au!uel il donne lieu$ Il s' associe de la sorte aux matriaux dont l' homme a pu 0aire usage 1 il 0ournit son appoint dans ce somptueux arsenal d' nergies ,gtales/ sous le!uel a succomb l' acti,it des sil,ati!ues euxDm7mes/ mais !ui a puissamment ser,i les ri,erains de la sil,e$ La ,gtation tropicale a non seulement ser,i/ mais maintes 0ois inspir les oeu,res des hommes$ Ce sont des di0ices ,i,ants !ue ces tages superposs des galeries 0oresti.res/ depuis le sousDbois 2 rasDdeDsol et les arbres 2 miDhauteur/ 9us!u' aux cimes supr7mes !ue surmonte et en,eloppe la toiture arienne de 0euillage$ -i l' architecture des cases n' en est !u' une reproduction bien mdiocre/ elle n' en dc.le pas moins !uel!ue lointaine rminiscence$ Les entrelacements de lianes !ui permettent 2 certains hFtes de la 0or7t de circuler sans toucher terre/ de,inrent entre les mains des hommes ces ponts ,gtaux !u' on trou,e en usage depuis l' ?0ri!ue occidentale 9us!u' 2 la 6lansie 1 les indig.nes d' ?maGonie en prirent mod.le pour les hamacs/ !ui semblent a,oir leur origine cheG eux$ Les gros 0ruits sphri!ues du lagenaria et du cocotier/ comme ailleurs les oeu0s d' autruche/ communi!u.rent aux coupes ou calebasses tailles dans leurs 0lancs/ une con0iguration ronde ou o,ale$ *n autre t3pe de rcipient 0ut 0ourni par le c3lindre creux !ui existe entre cha!ue noeud du bambou/ et dont la capacit p;R+ peut aller 9us!u' 2 deux litres$ La nature ,i,ante a cela de caractristi!ue/ !u' elle sugg.re la 0orme en m7me temps !u' elle 0ournit les matriaux$ Il 3 a un air de 0amille entre les oeu,res matrielles issues de ces ci,ilisations tropicales$ Les analogies de climat et de nature ,i,ante l' expli!uent su00isamment/ sans !u' il soit ncessaire de supposer des rapports et des emprunts/ bien in,raisemblables/ !uand il s' agit de contres spares par des tendues ocani!ues telles !ue l' ?tlanti!ue ou l' ocan Indien$ e l' ouestDa0ricain au Congo/ puis de la 6lansie aux Philippines/ en0in en ?maGonie/ le t3pe de case rectangulaire 2 pignon domine$ L' abondance et les proportions de bois durs/ capables de 0ournir des piliers d' angles et des soli,es trans,ersales/ ont permis de donner 2 ces constructions des dimensions considrables/ abritant de nombreux hFtes/ se pr7tant 2 ser,ir de lieux de rassemblement et de danse 1 on trou,e 9us!ue cheG les tribus les plus recules de Nou,elleDHuine ces t3pes de maisons communes$ Partout/ dans ces rgions/ le sol est stagnant et humide/ rceptacle de reptiles et d' ennemis de toute sorte N partout aussi ou peu s' en 0aut/ l' habitat est maintenu par des piliers ou pilotis 2 distance du sol 1 non seulement sur les bords des 0leu,es ou des lacs du %nGuela/ mais 9us!ue sur les collines o5 se logent de pr0rence les populations de 6lansie/ ou dans les rgions le,es !ue les tagals des Philippines choisissent pour leurs hameaux$ Il 0aut en0in !u' un re,7tement pais et sans d0aut prot.ge l' habitation contre l' assaut des pluies N de l2 ces toits 2 0orte inclinaison o5/ gr@ce au raphia/ au bananier/ au rane,ala/ au cocotier/ 2 une multitude d' essences galement souples et rsistantes/ un habile entrecroisement des tiges ou des 0euilles compose une suprastructure impermable !ui en,eloppe la case pres!ue tout enti.re$ 'antFt s' cartant asseG des parois ,gtales !ui constituent le mur pour laisser la place d' une ,randah/ tantFt s' articulant de 0aon 2 emboLter l' une dans l' autre deux toitures superposes/ ce pittores!ue couronnement de la construction lui imprime une ph3sionomie caractristi!ue/ !ui a d: 0rapper l' imagination des hommes/ inspirer autour d' elle un ,eil de go:t artisti!ue/ car elle n' a pas t sans rapport a,ec l' architecture chinoise et 9aponaise$ L' analogie des matriaux s' exprime plus d' une 0ois dans l' analogie des instruments$ e ces bois durs et 0ortement colors/ dont la consistance conser,e les ar7tes ,i,es et les moulures dlicates gra,es par la main de l' ou,rier/ les mlansiens/ les a0ricains du Congo et du ahome3/ les amricains de l' ?maGonie ont tir ces si.ges sculpts/ ces escabeaux ou tabourets sur les!uels s' est exerce/ par0ois 9us!u' au p;R8 dlire/ leur ,er,e dcorati,e$ La massue/ !ui en d' autres contres est reste une arme grossi.re et 0ruste/ s' est ra00ine/ aussi bien en Pol3nsie !u' en Hu3ane/ par une lgance et une ,arit de 0ormes !ui lui ont donn la ,aleur d' un ornement et d' un insigne de domination$ Cn0in/ il a su00i d' ,ider le diam.tre de certains troncs/ pour obtenir ces tambours normes !u' on trou,e/ depuis l' ouestDa0ricain 9us!u' 2 la 6lansie/ ser,ant de signaux et d' appels/ remplissant l' o00ice !ui re,ient ailleurs aux cornes et con!ues marines$ Les lani.res d' corce 0ournies par di00rentes essences de !icus, par l' artocarpus en Indonsie/ le m:rier 2 papier en )canie/ ont donn lieu/ gr@ce 2 des prparations de macration et de battage/ 2 ces tissus dont l' industrie pol3nsienne nous 0ournit de riches chantillons/ mais !u' 2 un degr plus humble on retrou,e en usage pres!ue uni,ersel tout le long de la Gone sub!uatoriale/ de la Pol3nsie 2 l' Indonsie/ de l' )uell 9us!u' 2 l' )rno!ue$ Non moins caractristi!ues sont les applications aux!uelles se sont pr7ts les longs tu3aux de gramines arborescentes N dans les sil,es de l' ?maGone/ comme dans celles de &orno/ de -umatra et de la pres!u' Lle 6alaise/ ils ont t con,ertis en cette arme de 9et/ &loXgun (blasrohr) !ue nous appelons sarbacane/ et d' o5 partent/ mus par le sou00le/ le pro9ectile ou la 0l.che empoisonne$ Cngin essentiellement appropri 2 la 0or7t paisse/ o5 l' arc et la sagaie ne seraient pas d' un bon usage/ il s' 3 est spcialis 2 tel point !u' au9ourd' hui son aire d' extension a dcru en m7me temps !ue celle de la 0or7t m7me$ 6ais/ comme les tissus d' corce et beaucoup d' autres in,entions caractristi!ues dont l' emploi ,a se rtrcissant/ il atteste le parti !ue ces embr3ons de ci,ilisation ont su tirer du monde ,gtal au milieu du!uel ils ,oluaient$ Cn l' absence m7me de rapports directs/ de singuli.res con,ergences sont l2 pour attester une marche commune dans les procds d' emprunts tirs de la nature ambiante$ L' usage m7me des mtaux a stimul l' industrie indig.ne sans la trans0ormer$ Il est remar!uable de constater surtout dans le centre et l' ouest a0ricain/ combien la techni!ue du mtal s' 3 inspire de 0ormes dri,es du rgime ,gtal$ )n dirait !ue le 0er ne s' est substitu au bois !u' en l' imitant$ Il 3 a parmi ces couteaux de 9et/ ces serpes/ ces instruments de sacri0ice !ui sont originaires de la rgion entre l' )uell et le CassaI/ une ,arit de 0ormes !ui rappelle celle !ui s' exhale des innombrables essences runies et concentres dans la 0or7t tropicale$ Les uns se pro0ilent s3mtri!uement le long d' un axe semblable 2 la ner,ure mdiane d' une 0euille de bananier 1 d' autres se terminent en lancoles comme une tige de palmier 1 d' autres s' incur,ent/ et/ dans p;R= leur conca,it/ pro9ettent des dents ou lamelles semblables aux stipules !ui se dtachent de la gaLne d' une 0euille$ iii. -centres de dveloppement originaux : naturellement/ une connaissance plus compl.te du monde tropical a mis en relie0/ se dtachant sur ce 0onds commun/ une ,arit inattendue de d,eloppements originaux$ L' intrieur a0ricain/ par exemple/ a cess de nous apparaLtre comme un morne ensemble d' uni0orme barbarie$ -ur les bords du CassaI/ du Congo/ de l' )uell/ les obser,ations de ,o3ageurs scienti0i!ues ont dress de,ant nous des t3pes relati,ement a,ancs de ci,ilisations N ainsi cheG les baJoubas/ les batJ.s/ les mongbouttous/ cheG d' autres encore$ )n a sou,ent remar!u/ depuis Li,ingstone/ la di00rence de nature 2 l' est et 2 l' ouest des grands lacs a0ricains$ Cntre les masaI et les peuples du Congo les instruments/ les armes/ les ,7tements s' opposent comme la steppe 2 la sil,e/ la 0aune de grands coureurs 2 la 0aune arboricole/ le pasteur au culti,ateur$ les malais. Dc' est dans le monde insulaire et pninsulaire de 6alaisie et de 6lansie/ au sud du continent asiati!ue et comme 2 son ombre/ !ue de nou,eau la ,gtation tropicale se dploie dans sa splendeur$ Clle s' accompagne/ dans les grandes Lles ,oisines du ,aste continent/ comme -umatra et &orno/ d' une richesse inaccoutume en esp.ces de mammi0.res$ La richesse et l' originalit du matriel ethnographi!ue sont en harmonie a,ec cette nature ,i,ante$ Les bataJs de l' intrieur de -umatra/ les semangs et saJaIs de la pres!u' Lle malaise/ les da3aJs et Jeniahs de &orno/ ont constitu/ chacun dans son genre/ des t3pes d' armes/ ,7tements/ instruments/ 0igures aussi archaI!ues maintenant par rapport 2 la ci,ilisation malaise !ue le paraissent au milieu de nous celles du p@tre castillan ou du paliJare$ ?u bord des gol0es ou des 0leu,es/ au penchant des collines/ entre les 0or7ts !ui cou,rent l' intrieur 2 peine connu de ce petit continent !u' on appelle la Nou,elleDHuine (plus de M>>$ >>> Jilom.tres carrs)/ des n.gres dolichocphales 2 paisse toison che,elue ont/ sans le secours des mtaux/ 0abri!u des massues/ des arcs/ des tambours comme les n.gres d' ?0ri!ue/ des mas!ues 0tichistes comme ceux du ahome3/ des tabourets artistement sculpts pour appu3er la t7te/ comme on en use au Qapon/ des pirogues 2 balanciers et plate0ormes comme il en 0ourmille entre les Lles du Paci0i!ue$ Ces sur0aces terrestres ,ont s' miettant/ se dispersant en une p;R< poussi.re d' Lles dont les marins se racontaient/ du temps de 6arco Polo/ 4 !u' il 3 en a,ait ;R$ O>>/ toutes habites sans compter celles !u' on ne sait pas 4 $ 6ais si l' appau,rissement de la nature ,gtale 3 correspond au rtrcissement des sur0aces/ les analogies gnrales subsistent$ Il n' 3 a pas d' hiatus ,ritable entre le monde malais et le monde pol3nsien 1 une connexit s' 3 laisse aperce,oir/ beaucoup plus nette !u' entre l' est et l' ouest de l' ?0ri!ue !uatoriale$ Il 0aut ici certainement tenir grand compte des relations d' changes et d' emprunts !ui se sont produites sur les ,oies d' une colonisation embrassant pres!ue toute l' tendue du Paci0i!ue$ 'oute0ois c' est encore la nature ambiante !ui 0ournit le 0il conducteur$ les polnsiens. Ddans l' in,entaire tropical des continents/ les seuls animaux mis 2 contribution sont les oiseaux/ surtout au &rsil et en Hu3ane/ ou les hFtes puissants des marais ou sa,anes/ lphants en ?0ri!ue/ bu00les en ?sie$ La 0aune marine n' apparaLt !ue 2 et l2 sous les 0ormes minuscules de perles ou monnaies d' change$ Clle prend/ au contraire/ de plus en plus d' importance en Indonsie/ en 6lansie/ pour de,enir en0in prpondrante dans les archipels du Paci0i!ue$ 92 2 &orno/ en Nou,elleDHuine/ et 9us!ue dans les montagnes de la &irmanie et de l' ?ssam/ on ,oit les longs boucliers de bois se garnir et se rehausser de co!uilles/ 2 &orno des cuirasses d' corce se blinder d' cailles de poissons/ en Nou,elleDHuine les mas!ues 0antasti!ues se recou,rir d' une pla!ue en carapace de tortue$ ?insi s' annoncent les approches d' une rgion maritime !ui se distingue entre toutes les autres par la ,arit et la magni0icence de sa 0aune$ C' est entre l' ocan Indien et la partie tropicale du grand ocan !ue le domaine des tortues gantes/ des huLtres perli.res/ se rencontre a,ec celui de la cprea moneta, premier spcimen de cette monnaie de co!uillage !ui eut une si extraordinaire dispersion/ du nautilus, et surtout de la mer,eille des mer,eilles/ le tridacna gigas, dont les co!uilles bi,al,es/ larges sou,ent d' un m.tre et semblables 2 un bnitier/ se drapent des plus ,i,es couleurs$ Cette rgion indoDpaci0i!ue/ par ses constructions de coraux !ui mnagent l' abri et la nourriture/ entre leurs rci0s et dans leurs lagunes/ 2 des lgions de poissons/ est/ 2 sa mani.re/ un puissant 0o3er de ,ie$ L' empreinte de cette animalit maritime s' est communi!ue 2 l' industrie humaine$ Pri,s de mtaux/ ces ocaniens ont utilis la duret et les dimensions du tridacna gigas, !u' ils trou,aient implant sur les rci0s de pol3piers/ pour en 0abri!uer des ornements et des armes$ Par un 0rottement obstin au mo3en d' une pierre ench@sse dans une tige de bambou/ p;RO ils en ,idaient le centre/ ou ils en taillaient les ar7tes$ es dis!ues/ des bracelets/ des instruments a3ant le tranchant de la hache sont sortis de ce patient tra,ail$ e plus/ les grands rFdeurs des mers tropicales/ s!uales/ cachalots/ ont contribu par leurs dents et leurs ar7tes 2 hrisser les massues/ lances et harpons/ et 2 ren0orcer d' accessoires aussi meurtriers !ue pittores!ues l' arsenal sur le!uel est 0onde l' existence de ces insulaires$ *ne note 0ortement caractrise d' endmisme pr,aut 2 la 0a,eur du morcellement insulaire$ Le matriel ethnographi!ue/ comme le genre de ,ie/ ,arient d' archipels en archipels$ 2 cFt de spcimens per0ectionns d' art nauti!ue/ on constate l' ignorance de la na,igation$ C' est ainsi !ue l' archipel des Lles 6att3/ si ,oisin de la Nou,elleDHuine/ s' en distingue par l' absence de tout matriel na,al$ Les 0ormes de massues/ !uoi!ue empruntes aux m7mes mati.res/ se di,ersi0ient d' Lle en Lle$ L' attirail et l' accoutrement guerrier se spcialisent$ L' insulaire des -alomon/ a,ec son dis!ue d' caille pla!u sur le 0ront/ son arc en bois de cocotier et son bouclier de 0ilaments ,gtaux/ reprsente un des t3pes les plus originaux$ Plus trange et plus 0ormidable est le guerrier des Lles Hilbert/ arm d' une massue !ue hrissent des dents de s!uales/ et protg par une cuirasse de 0ilaments de cocotiers garnie de che,elures humaines/ dont il s' en,eloppe hermti!uement/ malgr le climat/ et !ui ,o!ue 9e ne sais !uelle 0igure de samouraI ou de che,alier du mo3en @ge gare dans ces mers pol3nsiennes A Parmi cette di,ersit de ci,ilisations insulaires/ s' talait en0in/ aux temps o5 ces socits taient encore intactes/ l' aristocrati!ue che0 maori/ a,ec le casseDt7te en serpentine ou en os de baleine suspendu au poignet/ et le manteau en phormium tenax dans le!uel se drapait son importance$ ans cette lointaine Nou,elleDUlande/ terme extr7me ,ers le sud des colonisations pol3nsiennes/ comme dans l' archipel des Ba,aI/ ,ers le nord/ ces ci,ilisations insulaires a,aient 9et un certain clat$ L2/ comme 2 'onga/ -amoa/ 'ahiti/ se prati!uait la construction de ces grandes pirogues !ui 0irent l' admiration des CooJ et des umont ' *r,ille$ Kuand on songe !ue les artisans !ui a,aient su accoupler ensemble de grandes pirogues/ longues par0ois de +> m.tres/ asseG troitement relies pour manoeu,rer ensemble/ n' a,aient eu pour accomplir cette di00icile besogne d' autres matriaux/ en dehors du bois/ !ue des 0ilaments ,gtaux et des gommes/ ni d' autres instruments !ue la co!uille ou la pierre/ cette admiration ne peut !ue redoubler$ p;RM iv. -le monde des savanes dcouvertes : plus on s' loigne ,ers les tropi!ues/ plus la ,gtation cesse d' 7tre sou,eraine maLtresse$ 2 la sa,ane boise succ.de la sa,ane herbeuse/ 2 celleDci la steppe$ ?,ec l' amoindrissement de la ,gtation diminuent les emprunts dont elle est l' ob9et$ 6ais la substitution d' une 0aune de steppe 2 la 0aune de 0or7t donne lieu 2 des combinaisons nou,elles$ C' est le r.gne animal !ui de,ient le guide de l' industrie humaine$ Par troupeaux/ par hordes innombrables/ antilopes/ gaGelles/ autruches/ bisons/ o,ids/ animaux coureurs adapts par leur pelage ou leurs plumes 2 de plus grandes di,ersits de milieux et 2 de plus grandes intempries de climat/ s' o00rent comme mati.res ,i,antes$ Le cuir dcoup en lani.res/ tendu en boucliers/ assoupli en ,7tements ou rcipients/ remplit l' o00ice d,olu dans la Gone tropicale humide aux lianes/ 0ilaments/ c3lindres de bambou/ corce ,gtale$ Le d,eloppement de la ,ie pastorale en ?0ri!ue dans l' un et l' autre hmisph.re a accentu cette empreinte commune$ Pasteurs et guerriers/ les massaI et gallas au nord de l' !uateur/ les ca0res et Goulous au sud/ s' accordent pour emprunter aux dpouilles d' animaux leur !uipement et leurs ustensiles$ 6ais le go:t de chacun ou les circonstances locales introduisent des ,ariantes$ Le bouclier oblong en peau de boeu0 prend cheG les Goulous/ ces spartiates de l' ?0ri!ue/ des proportions en rapport a,ec leur haute taille$ Le guerrier matbl s' entoure d' une ceinture o5 pendent des peaux de b7tes$ Plus paci0i!ue/ le pasteur hrro a consacr un soin particulier 2 l' outillage transportable !u' exige son genre de ,ie 1 il oppose un ample manteau de peau/ le karo!, aux brus!ues ,ariations de temprature$ CheG les peuplades guerri.res de l' est a0ricain/ l' di0ice de la che,elure ressemble 2 une crini.re lonine !ue rehausse un encadrement de plumes d' autruche N et la 0igure ainsi a00uble des guerriers massaI ou du Ja,irondo ressuscite 2 nos 3eux ces chasseurs berb.res !ue reprsentent/ au nord du -ahara/ les gra,ures rupestres de la priode nolithi!ue/ ou les lib3ens !ue nous montrent les monuments g3ptiens de la dixDneu,i.me d3nastie$ -i in0rieure !ue soit la 0aune des steppes du nou,eau monde elle ne 0it pas d0aut 2 l' industrie humaine N dans l' ?mri!ue du sud le guanaco 0ournit aux tehuelchs de Patagonie le cuir ncessaire pour le maniement de la bola, et/ apr.s l' introduction du che,al/ pour le harnachement de leurs montures$ Les sioux dans l' ?mri!ue du nord dress.rent leurs tentes a,ec des peaux de bison/ ou en 0irent la trame de ces to00es sur les!uelles des 0igures peintes retraaient des signes gnalogi!ues ou parlaient un langage s3mboli!ue$ p;RP &eaucoup de ces choses appartiennent au pass N une note d' archaIsme se m7le ainsi 2 la note d' exotisme$ Nos 3eux en Curope sont accoutums 2 associer ces di00rences tranches de costumes et d' a00ublements 2 des rgions exceptionnellement restes 2 l' cart/ ,i,ant de leur ,ie propre$ Il s' en trou,e encore de telles/ bien !ue plus rares cha!ue 9our/ dans nos montagnes d' Curope/ autour de la 6diterrane/ et sporadi!uement dans les ?lpes et les Carpathes$ Le p@tre castillan/ le paliJare/ le berger ,ala!ue/ le tirolien/ l' uGule des 'atras/ sont des exemplaires 2 peu pr.s intacts de ces sur,i,ances d92 partiellement en pril de mort$ Kuel!ues pi.ces de costume/ le plus sou,ent/ demeurent les seuls indices des exigences locales des milieux$ ?u9ourd' hui/ comme de temps immmorial/ le touareg/ ca,alier ,oil du dsert/ prot.ge par le litham son ,isage et ses 3eux contre la 0ine poussi.re !ui 0lotte dans l' air$ Contre les ingalits du soir et du matin/ du soleil et de l' ombre/ la chlamde ,elue en peau de mouton/ la mastruca sarde/ le capuchon du burnous prot.gent les paules et compl.tent l' image tou9ours ,i,ante de t3pes connus/ !ue 0igurent les terresDcuites anti!ues$ -ous di00rentes 0ormes/ a,ec ou sans broderies/ on peut obser,er/ de l' Cspagne 2 l' Iran/ l' existence d' une pi.ce de ,7tement/ la gu7tre de 0eutre ou de cuir/ rendue indispensable par les taillis et broussailles !ui encombrent le sol en l' absence de ,ritables 0or7ts$ v. -survivances et dveloppements autonomes dans les 7ones tempres et !roides : l' empreinte locale est tenace$ Clle subsiste dans nos contres ci,ilises sous les 0ormes multiples des ob9ets de premi.re ncessit !ue continue 2 0abri!uer l' industrie domesti!ue N les 9arres/ les ,ases et poteries en Cspagne/ comme en &erbrie et en g3pte/ s' 3 reproduisent tels encore !u' ils sortirent des mains des premiers potiers !ui prati!u.rent l' art de 0aonner la mati.re argileuse$ L' habilet 2 plier le bois aux 0ormes et aux usages les plus ,aris trou,a/ dans les 0or7ts 2 0euilles cadu!ues de l' Curope centrale et orientale/ mati.re 2 s' exercer en sens di00rent N nous ,errons le parti !ue l' art de la construction et celui du transport surent tirer de ces bois rsistants et 0lexibles 1 mais/ si l' on ,eut encore au9ourd' hui se 0aire une ide de la 0amiliarit a,ec la!uelle en us.rent nos p.res/ on n' a !u' 2 considrer ce !ui reste de leur mobilier dans !uel!ues campagnes recules 1 ou mieux encore !u' 2 ,oir 2 combien d' applications les emploie l' industrie domesti!ue dans les gou,ernements 0orestiers de (ussie d' Curope$ Le bois/ pour bien des choses/ 3 tient lieu de mtal 1 le mou9iJ est p;+> charpentier comme le 0ellah est potier$ Les deltas du 'onJin et de la Hu3ane amaGonienne ne sont gu.re in0rieurs 2 cet gard au delta du Nil$ L' isolement/ la spcialisation des genres de ,ie sont/ pour !uel!ue temps encore/ des garanties de conser,ation$ ans les steppes de l' ?sie centrale/ le matriel des pasteurs JirghiG/ tentes de 0eutre/ lani.res de cuir/ cordes de laine/ tapis et ,7tements/ ustensiles/ est enti.rement emprunt au btail !ui constitue la richesse 1 et il garde/ malgr l' in,asion du coton et des importations trang.res/ ce caract.re local !ui/ cheG nos montagnards/ nous 0rappe comme un archaIsme$ Il existe/ le long des 0iords et des 0leu,es poissonneux !ui sillonnent dans le nordDouest de l' ?mri!ue la bande en partie ,ierge des 0or7ts de la Colombie britanni!ue/ un groupe de tribus dites nutkas !ui 0orment un chapitre curieux et uni!ue d' ethnographie amricaine$ L2 se conser,e un ensemble encore 2 peu pr.s complet de ci,ilisation matrielle portant 2 un haut degr l' empreinte d' un milieu spcial$ Le bois domine dans les constructions et les ustensiles$ ans ces maisons de planches/ !ue prc.dent des piliers sculpts reprsentant des 0igures totmi!ues/ la poterie est inconnue/ et c' est dans des ,ases de bois !u' au mo3en de pierres br:lantes on proc.de 2 la cuisson des aliments$ Cependant pour trou,er des socits gardant plus strictement encore l' empreinte locale/ il 0aut pousser 9us!u' 2 ces peuples !ue la con0iguration de l' hmisph.re boral rel.gue autour des mers arcti!ues/ au del2 de la ceinture 0oresti.re !ui entoure le nord de l' ancien et du nou,eau monde$ Il est ,rai !ue ce !u' on appelle par antiphrase la ci,ilisation les assi.ge/ sous 0orme d' alcool/ et les dcime$ Ceux/ toute0ois/ !ui/ comme les samo3.des/ ont pu s' accommoder du s9our de la toundra/ des steppes de l' extr7meDnord/ chappent plus !ue les chasseurs de 0ourrures au pril !ui les guette$ Ils trou,ent dans l' le,age du renne et dans l' existence du bouleauDnain/ seul arbrisseau !ui se hasarde 9us!u' en ces parages/ la mati.re des ,7tements dont ils se cou,rent/ des peaux ou des corces dont ils re,7tent leurs tentes d' t/ des rcipients dont ils 0ont usage$ Plus spcialis dans un autre genre de milieu arcti!ue est l' ensemble des tribus innuit ou esJimaux/ !ui ont su se crer une patrie depuis le nord de l' ?lasJa 9us!u' au Hroenland$ L2/ ce n' est pas l' le,age du renne/ ni la p7che dans les 0iords !ui sub,iennent 2 l' existence N mais les grands mammi0.res marins/ !u' il 0aut/ l' t/ poursui,re au large/ ou/ pendant l' hi,er/ surprendre dans les trous de glace o5 ils ,iennent respirer$ Pour sub,enir au ,7tement/ 2 la nourriture/ 2 l' abri/ 2 l' armement/ au transport/ rien !ue les peaux/ les d0enses ou les os/ l' huile p;+; de ces animaux 1 la neige pour 3 prati!uer des demeures hi,ernales 1 et ce !ue les courants marins peu,ent re9eter de bois 0lotts sur les ri,ages A Ce !ue l' esJimau est par,enu 2 raliser a,ec ces mo3ens est extraordinaire$ Nul autre !ue ce spcialiste des rgions polaires amricaines n' a pu s' accommoder de ce milieu N cet isolement a protg son originalit$ C' est a,ec un mlange de bois et de peaux de morses ou de pho!ues !u' il 0abri!ue ses embarcations/ a,ec les dents ou d0enses de ces animaux !u' il arme ses harpons 1 il n' est pas 9us!u' 2 l' arc dont 9adis le bois tait remplac par un assemblage d' os articuls$ ans l' excution techni!ue et le 0ini artisti!ue des ob9ets ,aris !u' exigeait leur genre de ,ie/ 4 les esJimaux/ dit (atGel/ ont ralis de grandes choses 4 $ Ce !u' il 3 a cheG eux de plus remar!uable/ apr.s le ,7tement !ui est l' arme contre le climat/ ce sont les instruments de locomotion N le traLneau/ !ue des attelages de chiens 0ont glisser sur la neige ou le tapis de mousse/ et surtout le caak, la longue et mince bar!ue cou,erte de cuir/ dans l' ori0ice du!uel s' introduit le p7cheur et !ui est comme le prolongement de sa personne$ conclusion. ,es civilisations strotpes : l' intr7t !u' excitent de nos 9ours ces exemplaires de ci,ilisations autonomes se 9usti0ie$ )n 3 ,oit comment/ spontanment/ indpendamment les uns des autres/ sur des points tr.s di,ers/ ont pu s' organiser des genres de ,ie$ Forc de tirer parti des ressources 0ournies par le milieu/ ne pou,ant 0aire dpendre sa ,ie de l' apport 0aible et alatoire du commerce/ l' homme a concentr son ingniosit sur un nombre par0ois tr.s restreint de matriaux/ et a su les plier 2 une extraordinaire multiplicit de ser,ices$ 'el a t le rFle du bambou ou du cocotier sous les tropi!ues/ du dattier ou de l' aga,e dans les contres arides/ du bouleau dans les rgions subarcti!ues/ du renne dans le nord de l' ancien monde/ du pho!ue ou du morse dans le nord du nou,eau 1 de telle sorte !u' on pourrait/ 2 l' exemple de certains gographes botanistes/ attribuer 2 telle ou telle de ces esp.ces ,i,antes la ,aleur d' un t3pe et en 0aire le signalement de certains domaines de ci,ilisation$ 6ais/ si intressantes !ue paraissent ces ci,ilisations/ par cela m7me !u' elles sont attaches 2 des milieux spciaux/ elles sont 0rappes d' in0irmit$ Il leur man!ue le don de se communi!uer et de se rpandre$ 'oute0ois/ si leur dpendance en,ers le milieu local est une in0riorit/ elle ne 0ait !ue mieux clater en certains cas la puissance p;+R et la ,arit d' in,entions dont l' homme est capable$ Car il s' en 0aut !ue ces ci,ilisations autonomes/ !ue nous sommes tents de traiter de rudimentaires et primiti,es/ soient toutes au m7me ni,eau et se montrent sur le m7me plan$ Le temps n' est plus o5 le centre a0ricain nous apparaissait sous l' aspect d' une morne uni0ormit barbare$ Il 3 a/ ou il 3 a eu parmi ces socits des degrs di,ers 1 !uel!uesDunes/ comme ces mongbouttous !u' a dcrits -chXein0Yrth/ taient par,enus 2 un asseG haut degr d' ,olution/ par comparaison a,ec d' autres groupes$ Cntre les esJimaux de l' extr7meDnord de l' ?mri!ue et les 0ugiens de l' extr7meDsud/ l' ingalit est un abLme N tous ces peuples pourtant ont eu 2 se dbattre/ li,rs 2 leurs propres ressources/ contre une nature plus ou moins inhospitali.re$ Le succ.s a t ingal comme l' e00ort$ )n remar!ue toute0ois/ 2 tra,ers la ,arit des matriaux 0ournis par la nature/ une ressemblance dans les procds d' adaptation mis en oeu,re$ Les instruments !ue l' homme a 0abri!us pour l' atta!ue ou la d0ense/ pour le transport/ ou comme rcipients/ ne s' cartent pas sensiblement de certaines 0ormes gnrales$ Kue ce soient la pierre/ l' or/ la co!uille ou le bois !ui entrent dans leur composition/ la hache/ la massue/ l' arc/ prsentent le m7me ensemble$ La pirogue creuse dans un tronc/ le canot d' corce/ le ca3aJ re,7tu de peaux/ le grement des ,oiles de nattes/ de lin et de cuir comme cheG les anciens celtes/ di00.rent plus par les matriaux !ue par les 0ormes$ Ce !ui s' exprime ainsi/ c' est l' intention !ui prside 2 l' adaptation de la mati.re/ c' est l' lment in,enti0 par le!uel l' homme 3 imprime sa mar!ue$ Il 3 a dans l' esprit humain asseG d' unit pour !u' elle se mani0este par des e00ets 2 peu pr.s semblables$ p;++ chapitre iii. ,es moens de nourriture : parmi les rapports !ui rattachent l' homme 2 un certain milieu/ l' un des plus tenaces est celui !ui apparaLt en tudiant les mo3ens de nourriture 1 le ,7tement/ l' armement sont beaucoup plus su9ets 2 se modi0ier sous l' in0luence du commerce !ue le rgime alimentaire par le!uel/ empiri!uement/ sui,ant les climats o5 ils ,i,ent/ les di00rents groupes sub,iennent aux ncessits de l' organisme$ Il existe 2 cet e00et une remar!uable di,ersit de combinaisons N bdouin ou 0ellah ri,erains de la 6diterrane/ europen du centre ou du nord/ chinois/ 9aponais ou esJimau/ chacun a ralis/ a,ec les lments 0ournis par le milieu/ accrus de ce !u' il a pu 3 9oindre/ un t3pe de subsistance !ui est entr dsormais dans le temprament/ s' est 0orti0i par les habitudes$ e tous les caract.res par les!uels les hommes se distinguent et se signalent entre eux/ c' est celui !ui 0rappe le plus les obser,ateurs primiti0s/ comme le prou,ent ces noms d' ichthophages, lotophages, galactophages, !ue nous a lgus la nomenclature des anciens/ les indications ethnographi!ues d' Brodote sur les peuples de -c3thie/ ou la mention d' anthropophages libralement rpandue sur les cartes du x,ie si.cle$ Cncore au9ourd' hui/ dans notre Curope m7me/ on ,oit persister/ en domaines 2 peu pr.s impntrables/ les consommateurs d' huile et de beurre/ de pain de 0roment et de pain de seigle/ malgr les ni,ellements !u' op.rent/ en cela comme en toutes choses/ les progr.s de la ,ie urbaine$ Ce n' est pas le cas de traiter ici la rpartition gographi!ue des mo3ens de nourriture en gnral 1 notre intention est de montrer comment persistent sous cette 0orme certaines in0luences de milieu$ C' est donc dans les rgions o5 ces in0luences sont le plus battues en br.che/ c' estD2Ddire dans les rgions extraDtropicales/ !ue nous prendrons nos exemples$ ?ussi bien/ la di,ision est naturelle/ c' est celle !ui spare le domaine de la banane de celui o5 la ,igne et le bl m:rissent p;+8 con,enablement leurs 0ruits/ en de2 de +> degrs d' un cFt ou de l' autre de l' !uateur$ i. -tpe mditerranen : le premier exemple !ui s' o00re est celui du bassin mditerranen$ Il reprsente un t3pe de climat bien mar!u/ dont les deux termes principaux sont des ts secs et des hi,ers doux/ raccords par des saisons de transition plus ou moins humides$ Puis/ nulle part nous ne pou,ons sui,re aussi loin dans le pass les traces d' habitudes stables et de ci,ilisations 0ixes$ ans les plus anciennes tombes d' g3pte on trou,e le bl/ l' orge/ la 0.,e 1 sur les plus anciennes peintures 0igurent le 0iguier/ la ,igne/ l' oignon N c' estD2Ddire l' ensemble 2 peu pr.s complet des plantes nourrici.res dont subsiste au9ourd' hui le 0ellah$ Cela reprsente d92 une longue laboration culturale/ une combinaison !ui a group des plantes !ui 9adis croissaient 2 et l2 en des habitats plus ou moins distincts/ !ui les a 0ait passer de l' tat de sau,ageons 2 celui de plantes per0ectionnes/ adoucies/ assouplies en ,arits di,erses$ L' g3pte a pu s' enrichir de cultures industrielles/ accueillir de nou,elles plantes ,enues surtout de &ab3lonie ou du -oudan 1 le menu de l' indig.ne n' a gu.re chang$ C' est un ,gtarien/ en !ui s' oppose le contraste/ si nettement accus dans les po.mes homri!ues/ a,ec le pasteur nourri de 0romage de brebis ou de ch.,re et de la chair de ses agneaux$ Parmi les crales !ui sont le 0ondement de son rgime/ l' orge a t longtemps la 0a,orite 1 seme en no,embre et rcolte en mars ou a,ril/ elle m:rit plus tFt !ue le bl et/ chose prcieuse dans ces terres d' irrigation/ laisse plus longtemps la place libre pour d' autres cultures$ 6ais l2/ comme tout autour de la 6diterrane/ le bl n' a pas tard 2 la supplanter$ Immdiatement sem apr.s les pluies d' automne/ il pro0ite du bre0 ralentissement caus par l' hi,er pour pousser dans le sol des radicelles pro0ondes/ s' 3 impr.gne d' aGote et d' autres substances !ue plus tard la tige/ en s' le,ant/ trans0ormera au contact de l' air/ 9us!u' au 9our o5 la turgescence 0a,orise par les derni.res pluies de printemps aboutira/ sous la chaude et s.che in0luence de l' t mditerranen/ 2 la 0ormation de l' pi$ Le c3cle de la plante se moule exactement sur celui des saisons 1 2 cha!ue tape de croissance correspond un optimum de conditions propices$ Ce bl dur des pa3s mditerranens doit 2 l' abondance du gluten ses !ualits minemment nutriti,es/ et demeure ainsi dans ces rgions l' aliment par excellence N manger du pain, cheG les grecs modernes/ est s3non3me de manger. p;+= toute l' anti!uit classi!ue distingue comme principaux mtiers de la terre le labourage et la plantation 1 celui !ui produit l' orge sacre ou le bl/ et l' habile 9ardinier !ui/ par la gre00e ou la taille/ per0ectionne les produits d' arbres ou arbustes dont les pro0ondes racines bra,ent la scheresse esti,ale$ L' art de 'riptol.me a pour complment/ dans les ides anciennes/ celui !ue les habiles horticulteurs phniciens ont traditionnellement transmis 2 leurs successeurs actuels de -0ax ou de VerJennah$ Pour comprendre l' importance alimentaire de ces cultures d' arbres/ il 0aut les associer 2 celles !ui se multiplient 2 leur ombre N aux tapis d' orge/ 0.,es ou bl/ garnissant/ sous le mince 0euillage de l' oli,ier/ les gradins en terrasses 1 2 ces ,ignes courant en 0estons le long des branches de 0r7ne en Vab3lie/ d' ormeaux ou d' rables en Italie 1 2 ce luxuriant 9ardinage o5 prosp.rent sous les 0iguiers/ p7chers/ ou autres arbres 2 0ruit/ les piments/ salades/ courges/ melons et past.!ues/ dont se compose la table ou,erte o5 se complaLt le mditerranen$ Il 3 trou,e/ dans les br:lants ts/ ce !u' il 0aut pour tancher sa soi0 ou pour stimuler son apptit engourdi$ Parmi ces arbres il en est un !ue la bible nomme le roi de tous 1 et peutD7tre ce titre dcern 2 l' oli,ier surprendrait ceux !ui n' ont pu ,ri0ier de visu le rFle !u' il 9oue dans l' alimentation des peuples berb.res$ L' huile d' oli,e dans l' ?0ri!ue du nord et les rgions ad9acentes du sud de la 6diterrane/ est un ob9et de consommation bien plus !ue d' exportation$ L' arbre producteur/ tr.s anciennement per0ectionn par la culture/ et si bien adapt au climat mditerranen !u' apr.s plusieurs si.cles de dure il persiste 2 se renou,eler/ 2 se propager par re9etons/ accumule lentement dans son 0ruit les substances grasses/ riches en carbone$ Il ne s' coule pas moins de six mois entre l' po!ue de la 0loraison/ !ui a lieu en a,ril/ et celle de la maturation !ui commence en no,embre$ C' est 2 la 0a,eur de cette longue laboration !ue se concentrent dans le 0ruit les sucs !ue/ par ses longues racines/ par son 0euillage prenne/ l' oli,ier emprunte 2 l' air et au sol$ Il en rsulte un produit de mati.res grasses/ !ui peut 2 la rigueur tenir lieu de ,iande/ et !ui la remplace en e00et pres!ue enti.rement dans l' alimentation ordinaire du berb.re$ Kui a ,u la galette de 0roment 0rotte d' huile consomme !uotidiennement cheG nos indig.nes d' ?lgrie/ a pris sur le 0ait un de ces t3pes de rgime alimentaire depuis longtemps 0ixs/ !ui se transmettent de si.cle en si.cle$ ?ux 9ours de 07te sont rser,s le mouton/ 4 l' agneau pascal 4 / et ces distributions de ,iande par t7te d' habitant m@le/ sont prati!ues encore en pa3s berb.re$ p;+< ii. -tpe amricain, le ma%s : comme l' arbre de 6iner,e/ le maIs/ dans les climats chauds/ mais 2 pluies de printemps prolonges dans la premi.re partie de l' t/ est aussi un de ces ,gtaux nourriciers !ue la reconnaissance des hommes honore d' un culte$ Kuand les pluies d' t ncessaires 2 la prosprit de la plante se 0ont attendre/ on ,oit encore les indiens pueblos !ui habitent dans le Colorado le pied des 6ontagnes (ocheuses/ in,o!uer par des processions/ dont les participants balancent dans cha!ue main un pi de maIs/ l' arri,e du phnom.ne bien0aisant$ e m7me !ue le bl s' associe 2 notre ci,ilisation classi!ue/ de m7me le maIs est insparable du d,eloppement de la ci,ilisation amricaine$ Kuand les europens arri,.rent en ?mri!ue/ ils trou,.rent cette plante culti,e aussi bien sur les bords du 6assachusets/ !ue sur les plateaux du 6exi!ue et du Prou$ es grains ont t dcou,erts plus tard dans les mounds ou tumuli de la ,alle du 6ississipi$ Clle a,ait d92 donn lieu 2 de nombreuses ,arits/ assouplies 2 des climats asseG di,ers/ bien !ue ne dpassant gu.re au nord le 8= e degr de latitude$ ?ussi le maIs/ pour les amricains d' au9ourd' hui comme pour ceux de 9adis/ estDil le corn, la graine par excellence/ comme le bl pour le mditerranen$ -ur les hauts plateaux du Prou/ il 0ormait/ a,ec la pomme de terre et le !uinoa/ la base de la nourriture$ Il s' associait au 6exi!ue a,ec des lgumineuses/ telles !ue le !ripol ou haricot noir/ et il 3 trou,e 2 cFt de lui l' !ui,alent du ,in de palmier dans le pulque, li!ueur 0ermente obtenue par incisions de la hampe 0lorale du mague ou aga,e/ une de ces plantes 2 tout usage !ui 0ournissent 2 la 0ois boisson/ nourriture et ,7tement$ Le maIs a cess depuis longtemps d' 7tre une culture exclusi,ement amricaine 1 mais c' est encore aux tatsD*nis !ue se trou,e le centre de la production/ en,iron P> pour ;>> de la rcolte mondiale 1 et l' on sait !uelle est/ par l' le,age de porcs au!uel elle donne lieu/ l' importance !u' il occupe dans l' conomie rurale de la grande rpubli!ue$ Le maIs est donc/ au m7me titre !ue le bl/ le riG/ la ,igne/ le th/ Dpour ne citer !ue les principales plantes !u' a adoptes l' alimentation humaine/ Dun de ces ob9ets de transmission !ui ont ser,i de ,hicules 2 la ci,ilisation gnrale$ C' est en ?mri!ue/ peutD7tre cheG les chibchas de Colombie/ !ue sa culture a pris naissance 1 et de l2 elle s' est rpandue dans l' Curope mridionale/ en ?0ri!ue et 9us!ue dans le nord de la Chine$ Comme ceux !ui recueillirent le bl parmi les tou00es de crales sau,ages des ,alles de l' ?sie occidentale/ ou p;+O ceux !ui prirent l' initiati,e de culti,er le riG dans les 0la!ues abandonnes par les crues priodi!ues de 0leu,es de l' ?sie des moussons/ la reconnaissance doit aller 2 ces indig.nes d' ?mri!ue !ui surent choisir/ prser,er et di,ersi0ier par la culture une plante !ue ses graines lourdes et peu transportables eussent probablement expose 2 une prompte disparition$ Ce n' est pas un mdiocre legs de ces ci,ilisations dites primiti,es/ !ue le don de cette culture nourrici.re !ui a pris/ partout o5 elle s' est tablie/ une remar!uable signi0ication sociale$ La rapidit de sa croissance contribua peutD7tre 2 entretenir cheG les indig.nes des habitudes peu 0ixes$ 6ais elle aida 2 la colonisation de l' ?mri!ue 1 car/ 0acile 2 culti,er 2 la main et sans charrue/ prompt 2 porter des graines !ui 2 l' tat laiteux/ au bout de sept 2 huit semaines/ sont d92 comestibles/ le maIs 0ut/ sous 0orme de graines/ de 0arine/ ou de grains grills/ le ,iati!ue des explorateurs et des pionniers/ ainsi !ue plus tard la pro,idence du petit 0ermier au!uel/ par sa croissance rapide/ il pa3a les 0rais de premier tablissement$ Introduit dans notre Curope/ il laissa place entre ses tiges espaces 2 des cultures subsidiaires de courges/ haricots/ tomates/ tournesols/ et 0acilita pres!ue partout/ depuis l' ?!uitaine 9us!u' 2 la brian7a lombarde et 2 l' )ltnie ,ala!ue/ l' existence du petit propritaire ,i,ant de son propre tra,ail sur sa terre$ In0rieur au bl en gluten/ mais riche en carbonates h3drats propres 2 l' engraissement et en glucose/ la 0arine de maIs entra sous des noms di,ers &tortilla, polenta, mamaliga' dans l' alimentation !uotidienne des classes rurales d' une partie de l' Curope mridionale$ iii. -tpe europen central : 0ondamental en ?mri!ue/ le maIs/ en Curope/ n' a 0ait !ue s' a9outer 2 une table d92 richement ser,ie$ epuis longtemps/ s' a00irme la distinction entre les consommateurs mridionaux d' huile et de pur 0roment/ et les populations !ui leur sont contiguSs au nord du domaine mditerranen$ Ku' il 3 e:t dans cette mo3enne Curope celti!ue et danubienne/ !ui s' tend au nord du 8= e degr de latitude/ une ,arit de mo3ens de nourriture 0onde sur certaines prati!ues d' conomie rurale/ c' est ce !ue l' archologie/ 2 d0aut de l' histoire/ laisse apparaLtre$ )n entre,oit/ d.s les ,ie et ,e si.cles a,ant QsusDChrist/ aux lueurs des ci,ilisations de la '.ne et de Ballstatt/ aux dbris des stations lacustres/ une srie de domaines nourriciers/ 0ormant il est ,rai plutFt des pro,inces autonomes !u' un ensemble/ mais participant 2 l' en,i aux 0a,eurs d' un climat ensoleill/ !ui laisse largement 2 la ,gtation six mois au moins de temprature et de pluies propices$ p;+M Le sol s' 3 partageait naturellement entre espaces dcou,erts dont les arbres ne sont pas exclus/ et 0or7ts o5 dominent les arbres 2 0euilles cadu!ues$ C' est dans ce cadre !ue se sont 0ixs les groupements et les habitudes des populations rurales$ Les tmoignages anciens/ ceux de Pol3be/ -trabon/ Pline/ d' Brodote m7me sont unanimes sur l' abondance nourrici.re et le nombre des populations 1 ce n' est pas d' hier !ue la multitude des peuples tablis au coeur de l' Curope est un ob9et d' tonnement et un peu de crainte pour les mditerranens$ 6ais en m7me temps des di00rences se mani0estent a,ec les contres de ci,ilisation plus ancienne$ )n discerne un tat conomi!ue moins uni0i/ plus imprgn de localisme !ue celui des ri,erains de la 6diterrane$ Chacun de ces peuples/ gaulois/ germains/ ill3riens/ daces/ thraces/ sarmates/ a ses habitudes propres d' alimentation et de boisson N di,erses sortes de mils/ surtout cheG les sla,es et dans l' est de l' Curope/ le seigle ou l' peautre cheG les germains/ le mil et le seigle 2 cFt du bl cheG les lacustres de l' Curope centrale 1 comme boissons dri,es/ ici la cer,oise/ la bi.re de 0roment/ l' h3dromel/ peutD7tre d92 la tsuica ,ala!ue/ li!ueur de prunes$ Certaines cultures spciales/ comme l' peautre/ ont encore conser, un reste d' existence dans !uel!ues cantons de -uisse allemande ou de -ouabe 1 mais !uoi!ue le bl et la ,igne/ a,ec leur escorte d' arbres 0ruitiers originaires d' )rient/ aient pres!ue enti.rement pr,alu/ les habitudes nourrici.res contractes dans cette partie centrale de l' Curope/ apr.s a,oir t 9adis modi0ies dans une certaine mesure par la con!u7te de (ome/ ne c.dent !ue lentement de nos 9ours 2 celles !ue propage autour d' elle la ,ie urbaine$ Les conditions de climat et de sol !ui ont 0a,oris ce remar!uable d,eloppement se trou,ent runies en Curope entre 8= et == degrs en,iron de latitude N de l' ?!uitaine au nord de l' ?ngleterre/ de la Lombardie au sud de la -candina,ie/ de la pninsule balJani!ue 2 la rgion de 6oscou$ Plus au sud une 0@cheuse restriction est oppose par la scheresse des ts et la pnurie de terre ,gtale 1 plus au nord c' est la 0r!uence des geles et la bri.,et de la saison chaude/ !ui abr.gent et compromettent les cultures$ 6ais dans l' inter,alle un asseG ,aste domaine s' ou,re 2 des possibilits !ue l' homme a largement mises 2 pro0it$ Le mot de 4 pa3sage de parc 4 !u' on appli!ue par0ois 2 la ph3sionomie de cette partie de l' Curope rpond plutFt 2 un tat primiti0 !u' 2 une ralit prsente 1 car entre les cultures et les arbres dont nos exigences alimentaires ont 0ait lection/ un classement s' est tabli/ des groupements plus ou moins s3stmati!ues ont remplac le libre p;+P enche,7trement des esp.ces$ La 0or7t/ !uand elle n' a pas disparu/ s' est retranche sur de certains sols/ 2 de certains ni,eaux 1 et tandis !ue les cultures de crales re,endi!uaient des champs ou espaces libres/ c' est sui,ant des dispositions spciales !ue se sont ordonnes les nombreuses esp.ces d' arbres !ue l' homme a admis 2 concourir 2 son alimentation$ La plupart se sont rallis 2 porte des groupements humains/ comme des 0a,oris !u' on aime 2 ,oir N c' est ainsi !ue/ sui,ant les terrains et les lieux/ le ch@taignier/ le no3er/ pour ne citer !ue les plus rpandus/ sont les compagnons 0id.les des maisons rurales ou des ,illages$ Plus d' ailleurs on s' a,ance ,ers le nord/ plus il con,ient de tenir compte de l' orientation/ des ncessits de l' obli!uit croissante des ra3ons solaires N aussi ,oitDon s' tager sur les pentes 0a,orises tantFt ces ch@taigneraies en gradins !ui cou,raient les 0lancs du %i,arais/ tantFt les pruniers !ui/ de l' ?!uitaine 2 la pninsule balJani!ue/ pars.ment les 0lancs des collines le mieux abrites$ 2 cFt des champs !ui s' talent/ ces arbres et lgumes culti,s en 9ardins/ rassembls en ,ergers ou courtils autour des habitations/ reprsentent une des deux 0aces/ et non la moindre/ de la ph3sionomie nourrici.re !ue l' homme/ aidant la nature/ a imprime 2 ces contres$ -i la ch@taigne ne 9oue plus au9ourd' hui dans l' alimentation humaine le m7me rFle !ue lors!u' elle supplait en hi,er 2 l' insu00isance des pro,isions de crales/ on ,oit encore/ 2 la densit de populations !ui correspond 2 la ch@taigneraie/ la preu,e de l' attraction !u' elle a exerce sur les hommes$ Le no3er/ outre son 0ruit/ 0ournit son huile 2 la consommation 9ournali.re$ La rcolte du prunier o00re en -erbie et dans l' )ltnie ,ala!ue l' image de 9oie !ui s' associe 2 nos ,endanges$ )n pourrait s' tonner/ puis!ue la 0or7t s' oppose aux cultures/ de l' importance !ui lui est accorde dans les proccupations des hommes d' autre0ois/ de la 0r!uente rptition/ dans les chartes ou contrats ruraux/ de clauses !ui la concernent$ e toutes les raisons !u' on pourrait allguer 2 ce propos/ besoin de combustible/ de matriaux ou simplement de chasse/ la principale est sans contredit son utilit pour l' le,age$ Il n' est pas rare !u' on aperoi,e/ dans des espaces au9ourd' hui compl.tement dboiss/ un ch7ne isol !ue le hasard/ !uel!ue superstition peutD7tre/ ont prser,$ Ce patriarche est le plus sou,ent le dernier tmoin !ui subsiste de ce bois ou de ces bo!ueteaux/ !u' ont maintenant remplacs les cultures/ mais !ui 9adis tenaient pr.s d' elle leur rFle$ 4 !uand on 0euillette/ dit un 0orestier allemand/ Hradmann/ les collections de chartes du haut mo3en @ge/ on ne trou,e pres!ue 9amais le nom du bois/ sans !ue celui du porc n' 3 soit mentionn$ 4 m7me chose cheG nous/ o5 la glande est si 0r!uemment p;8> l' ob9et de transactions et clauses spciales$ Les nombreuses ,arits de ch7nes 2 0euilles cadu!ues/ et subsidiairement les arbres 2 0agnes comme le h7tre/ sans parler du ch@taignier/ taient regards comme nourriciers/ comme indispensables lments d' conomie rurale/ par opposition aux esp.ces !ui n' ont pour elles !ue leur beaut esthti!ue ou leur rFle trop mconnu d' agents naturels$ *ne ide d' utilit prati!ue et !uotidienne s' 3 attachait$ ?,ant !ue l' introduction du maIs/ et plus tard celle des cultures industrielles eussent 0acilit et tendu encore l' le,age du porc/ cet animal proli0i!ue 0ut une des ressources !ui assuraient l' existence humaine N cela n' a pas chang$ Il grouille dans les rues des ,illages/ il cohabite a,ec le pa3san/ son engraissement est un ob9et de tendres proccupations/ son sacri0ice 0ait date dans le calendrier rural$ ?,ec sa chair et ses relie0s de toutes sortes/ d:ment manipuls et conser,s/ se compose pour l' anne le menu pres!ue exclusi0 d' alimentation carne$ Ct les choses ne se passent pas autrement !ue lors!ue les 9ambons de Haule 0aisaient 0igure aupr.s de la gastronomie romaine/ ou !ue les textes anciens nous parlaient d' innombrables troupeaux de porcs ,agabondant dans la 4 Pannonie glandi0.re 4 $ iv. -tpe europen septentrional. tout ce 0aisceau de cultures nourrici.res se dnoue 2 mesure !ue le ch7ne 0ait place aux essences aciculaires/ la terreDnoire aux sols pau,res en humus/ et !ue la ,gtation des plantes annuelles cesse de disposer de !uatre ou cin! mois de hautes tempratures N le porc dsormais 0ait d0aut 2 l' le,age/ le maIs et le bl d' hi,er aux crales 1 a,ec eux disparaissent nombre d' arbres 0ruitiers/ et surtout le cort.ge de lgumineuses ,aries/ 0.,es/ lentilles/ haricots/ pois/ !ui contribuent pour une si 0orte part 2 l' alimentation des peuples d' Curope N in,asion ,enue du sud !ui expire ,ers 6oscou$ Il semblerait donc !u' au nord du == e degr de latitude/ l' conomie rurale n' e:t !u' 2 enregistrer un appau,rissement successi0$ 6ais c' est alors !u' au nordDouest/ et 9us!u' asseG a,ant dans le nord/ les a,antages du climat ocani!ue entrent en 9eu$ Certains ,gtaux tels !ue le chou/ les ra,es ou na,ets 2 racines charnues/ probablement indig.nes dans l' Curope occidentale/ ont tenu de bonne heure leur place dans le rgime alimentaire des peuples celtes et germani!ues$ ?,ec le seigle/ crale rusti!ue/ et l' orge/ !ui entre toutes les crales se contente du c3cle le plus court/ ces plantes ont 2 pour,oir 2 la nourriture ,gtale des hommes/ en attendant les ressources subsidiaires !ui sont ,enues p;8; s' 3 a9outer par la suite$ Ce sont ces graines !ui/ a,ec l' a,oine/ ont contribu 2 0ixer/ tr.s loin ,ers le nord/ des populations agricoles$ Les trou,ailles archologi!ues en donnent la preu,e$ )n discerne distinctement ces spcimens d' ancienne agriculture dans l' empreinte !u' ils ont laisse sur la p@te encore molle de poteries !ui ne datent pas de moins !ue de l' po!ue nolithi!ue$ Ces ,ents d' ouest !ui/ par la 6anche/ la mer du Nord et la &alti!ue/ prolongent 9us!u' au nord du lac Ladoga les in0luences ocani!ues/ compensent la 0aiblesse de l' insolation et la bri.,et des ts par une douceur relati,e de temprature !ui restreint les ris!ues de geles/ et !ui surtout engendre une humidit 0a,orable 2 l' herbe$ ans la rapide croissance des prs/ le d,eloppement des parties tendres des a9oncs et autres plantes de l' ouest/ la ,ache laiti.re de proportions modestes trou,e des conditions aussi propices !ue le porc dans les pa3s 2 graines/ !ue le mouton dans la Gone miDpastorale et miDagricole !ui borde les contres arides$ Cette 0acilit 2 trou,er sa subsistance en a 0ait une proprit accessible aux plus pau,res/ comme la ch.,re en d' autres pa3s$ Par l2 a commenc de se gnraliser en Curope l' usage alimentaire du lait/ au!uel les grands peuples agriculteurs de l' Cxtr7meD)rient sont obstinment rests r0ractaires$ *ne crale longtemps ddaigne par les peuples du midi/ l' a,oine/ a d: aux m7mes circonstances de climat sa 0ortune$ -ans a,oir une maturit aussi rapide !ue l' orge/ elle dispose nanmoins 9us!ue dans l' intrieur de la -candina,ie d' une dure su00isante entre les geles de printemps et d' automne$ C' est elle !ui/ dans la Gone des herbages/ de,ient de plus en plus la crale 0a,orite 1 soit !u' elle 0ournisse 2 l' homme une nourriture combine a,ec le laitage/ le porridge cher aux cossais 1 soit !u' elle ser,e 2 l' engraissement du btail bo,in/ hFte naturel de cette Gone de cultures$ Cn0in/ ce t3pe de genres de ,ie/ d92 constitu dans le nordDouest de l' Curope/ s' est enrichi d' un auxiliaire inattendu a,ec une plante ,enue du Prou/ la pomme de terre$ 6oins borne dans ses exigences !ue l' a,oine/ a3ant aussi des pr0rences pour un rgime doux et plu,ieux/ elle a 0ourni un appoint de premier ordre aux besoins nou,eaux ns de la ci,ilisation contemporaine$ Il 0allait en e00et une srie d' ac!uisitions supplmentaires pour assurer l' existence de populations dont les rangs n' ont cess de s' paissir depuis un si.cle et demi en,iron$ L2 o5 l' insu00isance des chaleurs d' t s' opposait au rendement des crales/ comme en Irlande ou dans les grass counties d' ?ngleterre/ l2 galement o5 les tourbi.res et marcages laisss par les anciens glaciers durent 7tre coloniss comme en -candina,ie et dans le nord de l' ?llemagne/ de nou,eaux groupes p;8R d' habitants se sont 0orms et ont grossi$ Nulle part/ en ces deux derniers si.cles/ l' Curope n' a ,u un plus rapide accroissement de population$ Il a coIncid/ comme e00et et cause/ a,ec le d,eloppement de la grande industrie et des agglomrations urbaines$ C' est 9ustement au seuil de cette Gone/ entre => et == degrs de latitude/ !ue s' chelonnent les principaux bassins houillers o5 l' emploi de la 0orce mcani!ue de la ,apeur a localis les principaux 0o3ers industriels du monde$ *ne norme demande de mo3ens de nourriture a t le rsultat de cette r,olution dmographi!ue$ Non seulement les produits du monde entier ont t attirs ,ers les ports d' appro,isionnement/ mais une impulsion extraordinaire a t donne sur place aux cultures !ue 0a,orisait le climat et !ue rclamaient les exigences des habitants$ Par exemple/ la pomme de terre ser,it au x,iiie si.cle 2 la colonisation d' une partie de la Prusse 1 elle rend possible au9ourd' hui l' existence de petits groupes de culti,ateurs au seuil des rgions arcti!ues$ )n peut donc sui,re de nos 9ours une ,olution !ui se propage dans l' Curope septentrionale/ et de l2 se communi!ue 2 d' autres contres en ,ertu de certaines analogies de conditions gnrales$ Ce 0ut 9adis 2 la 0a,eur des changements conomi!ues !ui sui,irent la con!u7te romaine/ !ue le bl/ la ,igne et d' autres cultures du sud ac!uirent une expansion nou,elle !ui les porta 9us!u' 2 leurs extr7mes limites au nord$ Le christianisme/ 2 son tour/ contribua 2 les reculer 1 la ,igne gagna encore ,ers le nord un terrain !u' elle n' a pu conser,er/ et ce n' est !u' 2 la 0in du xiie si.cle !ue la culture du bl atteignit la Nor,.ge$ e m7me/ nous assistons au9ourd' hui 2 l' extension d' un t3pe de nourriture !ui a des origines lointaines/ mais dont le d,eloppement est rcent$ ans ce rgime/ la pomme de terre/ comme les cultures propices 2 l' le,age/ la ,iande de boeu0 et les produits de 0abrication laiti.re 9ouent un rFle capital$ Les statisti!ues attestent ce mou,ement$ Cn Finlande/ tandis !ue/ dans ces derni.res annes/ une sensible diminution s' est mani0este dans les ,ieilles cultures d' orge et de seigle/ on constate l' augmentation notable de la pomme de terre et de l' a,oine$ anemarJ/ -u.de mridionale/ Finlande/ Nerlande de,iennent producteurs et exportateurs de plus en plus acti0s de beurre et 0romage/ comme la -ibrie occidentale/ le Canada et peutD7tre demain le sud du Chili$ Car la consommation de ces produits s' accroLt sans cesse/ non seulement dans les contres o5 ils constituent une culture naturelle/ mais partout o5 ,a se multipliant et s' accroissant la ,ie urbaine 1 la production du lait et le d,eloppement des ,illes apparaissent comme deux 0aits s3nchroni!ues et connexes$ es causes gographi!ues et sociales se combinent ainsi dans un rsultat commun$ p;8+ v. -tpes asiatiques : le ri7. Dl' ?sie des moussons/ de l' Inde orientale 2 la Chine/ a aussi cr ses t3pes d' alimentation$ 2 la 0a,eur des pluies d' t/ de l' impulsion puissante !u' elles impriment 2 la ,gtation/ se d,eloppe tout un groupe de plantes nourrici.res/ capables de parcourir en !uel!ues mois leur c3cle et de par,enir simultanment 2 maturit$ C' est dans ce groupe !ue le peuplement humain/ si prcoce dans cette partie du globe/ a trou, les lments de s3st.mes rguliers de subsistance$ Il 3 a parmi elles une crale particuli.rement dsigne par la clrit de sa croissance et par sa ,aleur nutriti,e sans gale sur un espace restreint N recueilli peutD7tre 2 l' tat sau,age dans les ca,its lacustres &jhils' !ue laissent apr.s elles les crues priodi!ues des grands 0leu,es de l' Inde/ le riG est de,enu la plante de culture par excellence$ C' est d' elle !ue s' est empare l' industrie humaine/ pour en multiplier 2 un degr incro3able les ,arits/ pour en tirer/ par une srie d' oprations rclamant un emploi minutieux de mainDd' oeu,re/ le bn0ice de plusieurs rcoltes annuelles$ L' amnagement des eaux dans les cadres disposs pour les rece,oir/ le degr d' immersion de la plante/ la transplantation et le repi!uage 2 la main de cha!ue brin/ sans parler des manipulations !ui sui,ent la moisson (grenage/ dcorticage/ etc$)/ exigent des hommes tout le concours d' attentions/ de soins/ d' expriences lentement amasses/ de collaboration 0amiliale ou sociale/ dont ils sont capables$ Ce n' est donc pas asseG de dire !ue le riG est pour des centaines de millions d' hommes la base de nourriture 1 c' est aussi/ dans les rgions o5 cette culture s' est implante comme prpondrante/ un s3mbole de ci,ilisation$ Le contraste est 0rappant/ sous ce rapport/ entre les peuples hindous/ malais et chinois/ cheG les!uels s' est implant le tra,ail mthodi!ue/ et les peuples tropicaux mlansiens ou papous/ aux!uels la moelle 0arineuse du palmierDsago ou l' arbre 2 pain 0ournissent/ 2 moins de 0rais/ une nourriture lmentaire !ui leur su00it$ tpe chinois. D!uelle !ue soit la contre o5 la culture du riG ait pris naissance/ elle a con!uis/ dans la direction trace par les moussons asiati!ues/ une Gone si tendue !ue le tribut !u' elle 0ournit 2 l' alimentation s' accroLt d' une grande ,arit de supplments sui,ant les contres$ Il s' associe dans l' Inde du nord 2 di,erses esp.ces de mils aux noms tr.s anciens &jo-ari, bajri, ragi' et 2 certaines crales ou lgumineuses 0ournies/ gr@ce 2 la douceur de l' hi,er/ par la rcolte p;88 du printemps !ui prc.de les premi.res semailles de riG$ Le poisson d' eau douce/ dans les deltas/ les basses ,alles/ les terres successi,ement no3es et dcou,ertes/ s' a9oute comme mo3en de nourriture/ le m7me compartiment de,enant tour 2 tour ,i,ier et riGi.re$ Comme ailleurs le 0aucon a t utilis pour la chasse/ l' ingnieux chinois a su/ par des procds appropris/ utiliser les ser,ices du cormoran pour la p7che$ Le canard/ ,olatile naturel de ces rgions amphibies/ lui 0ournit/ a,ec le porc/ le seul supplment de nourriture carne !ui s' a9oute 2 son ordinaire 1 car il ignore l' le,age et il laisse aux montagnards et aux barbares des steppes la nourriture lacte$ La mer est/ pour les populations des pro,inces maritimes du sud/ Canton et Fo Vien/ une grande pour,o3euse de ces produits di,ers !ui sont pour nous la principale originalit de la cuisine chinoise$ 6ais le chinois est loin d' 7tre au m7me degr !ue le 9aponais un ichth3ophage$ C' est 2 son sol 0cond et minutieusement amend !u' il emprunte le principal de sa subsistance$ ?ussi excellent maraLcher !ue mdiocre arboriculteur/ il use a,ec a,idit des ,gtaux/ cleris/ na,ets ou chalotes !u' obtient son tra,ail 2 la b7che$ 6ais toute0ois/ dans ce climat !ui ne tarde pas/ en s' a,anant au nord/ 2 a,oir ses rigueurs/ le besoin d' une nourriture plus substantielle !ue le riG se 0ait sentir 1 le riG/ d' ailleurs/ cesse au nord du +R e degr de latitude/ d' 7tre la culture principale$ Le supplment ncessaire est emprunt 2 di,erses esp.ces de doli!ues ou haricots aux!uels se pr7te mer,eilleusement le nord de la Chine et !ui/ de temps immmorial/ sont entrs dans l' alimentation populaire$ Le soja mrite/ entre autres plantes d92 signales au m7me titre/ la reconnaissance de l' humanit$ -a graine 9oint 2 ses !ualits nutriti,es des proprits olagineuses !ui permettent d' en tirer des prparations analogues 2 l' huile et au beurre/ et d' en composer un !romage vgtal (teouD0ou) !ui 0ournit un aliment transportable et !ui est/ parmi ces populations si denses/ une ressource particuli.rement apprcie du bas peuple$ tpe japonais. Dparmi les emprunts !ue le Qapon a 0aits 2 la Chine/ le riG et le th sont peutD7tre ceux !ui ont le plus pntr dans les habitudes/ a00ect le 0ond m7me de la ci,ilisation$ Leur introduction paraLt relati,ement rcente$ C' est ,ers le commencement de l' .re chrtienne !ue 0urent entrepris/ sous l' impulsion d' un empereur no,ateur/ les tra,aux d' irrigation et les amnagements ncessaires 2 la di00usion de la culture du riG$ Kuant 2 la culture et 2 l' usage du th/ ils paraissent contemporains de l' introduction du bouddhisme entre le ixe et le xiie si.cles$ C' est comme signes de ci,ilisation suprieure/ p;8= et dans le cort.ge des ac!uisitions successi,es !ui en grossirent le patrimoine/ !ue le riG et le th ,inrent s' ad9oindre aux habitudes traditionnelles$ Le climat/ du moins 9us!ue ,ers la partie septentrionale de la grande Lle Bondo/ imbib de pluie/ baign de soleil/ ralisait les conditions idales/ et plus encore le soin mticuleux/ la ,igilance attenti,e et l' amour !ue le 9aponais consacre 2 toutes les choses du sol$ Ce ra00inement de ci,ilisation a donc gagn de proche en proche 1 il a t adopt dans ce monde 9aponais plus compl.tement sans doute !ue ne le seront 9amais les mo3ens de nourriture !u' on essaie d' importer au9ourd' hui d' Curope ou d' ?mri!ue$ 6algr tout cependant/ il garde le caract.re d' une chose de luxe$ Le riG/ du moins dans le nord/ est un aliment rser, aux riches ou aux malades$ Le th/ par le crmonial !ui accompagne son usage/ par l' aspect artisti!ue des rcipients !ui lui sont consacrs/ est un de ces lments !ui 0ont partie de l' ti!uette protocolaire par la!uelle se distingue le 9aponais de bon ton$ 6ais/ sous ces produits d' adoption/ subsistent les habitudes d' alimentation populaire/ tr.s anciennement enracines$ Les 0or7ts/ !ui 9adis 0ormaient limites entre les principauts ou cantons/ 0ournissaient un abondant gibier/ et laissaient entre elles des clairi.res/ o5 des cultures de mils et de lgumes sub,enaient 2 l' alimentation locale$ C' est surtout sur place/ et 2 part dans chacun des compartiments naturels !ui di,isent la contre/ !ue s' obtenaient les mo3ens de nourriture$ 'oute0ois une ressource gnrale pro,enait des ri,ages poissonneux !ui bordent les mers 9aponaises$ Les esp.ces 0oisonnent au contact des courants !ui s' 3 rencontrent N harengs par multitudes immenses/ sardines/ ma!uereaux/ sans oublier les s!uales !ui 0igurent en masses dans l' alimentation 9aponaise$ Il n' 3 a pas d' autre exemple d' un grand peuple tirant de la mer le principal de sa nourriture$ -es p7cheries sont au9ourd' hui parmi les plus importantes du monde 1 on peut prsumer !u' elles 0urent la raison de la densit prcoce des habitants de cet archipel$ )n ,aluait rcemment 2 R$ +8>$ >>> le nombre de personnes ,i,ant directement ou indirectement de la p7che cFti.re$ La 0orme troite et allonge de cet archipel entrecoup rend partout ais le transport du poisson 0rais 1 c' est ainsi !u' il n' est point de ,ille ou ,illage 2 l' intrieur o5 ces produits de la mer ne se consomment !uotidiennement/ sous toutes les 0ormes/ cuits ou m7me crus/ assaisonns en ce cas et dcoups en tranches 1 poissons ou m7me re!uins remplissent le rFle des animaux de boucherie sur nos marchs A )n peut incul!uer 2 ces peuples nos industries 1 mais persuader chinois et 9aponais de se nourrir 2 l' europenne est peutD7tre auDdessus des 0orces du commerce$ Il 3 a des habitudes r0ractaires/ p;8< congnitales au climat/ enracines dans les tempraments/ contre les!uelles le temps ne peut rien$ 'andis !ue l' exploitation pastorale de nos ?lpes a d,elopp dans l' air pur et sain des hautes rgions l' le,age et les habitudes alimentaires !ui en dri,ent/ le chinois/ cart des montagnes par les miasmes et les 0i.,res !u' 3 engendre le climat des moussons/ s' est acharn 2 tirer des plaines et des pentes de collines les lments de sa nourriture$ 'andis !ue les ts secs de l' ?sie occidentale/ concentrant la sa,eur du 0ruit/ ont incit les habitants 2 per0ectionner les cultures d' arbres 0ruitiers/ cet art dlicat est rest tranger aux peuples d' Cxtr7meD)rient 1 et le 9aponais luiDm7me/ cet artiste en 9ardins/ ce peintre de branches 0leuries/ ne s' 3 est point essa3$ ?u lieu du grain de raisin/ graduellement gon0l/ puis lentement labor par nos beaux automnes/ c' est la 0euille de l' arbre 2 th/ dont les gnrations se succ.dant de cueillette en cueillette 2 tra,ers la saison des pluies/ 0ournissent l' arome d' un breu,age de,enu/ 2 l' gal du ,in et du ca0/ un de ces stimulants dont l' homme se 0ait un besoin et !u' il propage par le commerce$ vi. -propagation des tpes de culture : la ci,ilisation s' est empare de ces cultures 0a,orites 1 elle en a tendu au del2 de toutes pr,isions le domaine primiti0$ Clle a su tirer de la plante originelle une 0oule de ,arits adaptes 2 di,ers genres de climats 1 de sorte !u' il est arri, sou,ent !ue son importance est plus grande dans les contres o5 elle a t acclimate !ue dans son pa3s d' origine$ Ce n' est pas au9ourd' hui dans les rgions o5 la culture du 0roment a pris naissance !u' elle est la plus producti,e 1 les moissons des pa3s mditerranens ne sont pas 2 comparer a,ec celles !ue produisent les plaines centrales de l' Curope$ C' est dans les prairies du centreDouest des tatsD*nis/ et non plus sur les plateaux tropicaux !ue le maIs grossit le plus largement ses pis$ )n peut dire de m7me !ue ce n' est pas dans les basses contres deltaI!ues !ue s' est d,elopp l' art d' amnager les eaux en ,ue du maximum de production des riGi.res$ Il 3 a en Chine une rgion reste 2 cet gard classi!ue$ ?u dbouch des montagnes !ui encadrent au nord la plaine de 'chengD'ou dans la pro,ince des KuatreD(i,i.res (-GD'chouan)/ subsiste un temple !ue la reconnaissance des peuples a le, 2 l' ingnieur !ui a su prati!uer et codi0ier l' art de maLtriser et manier les puissantes masses d' eau du min. un s3st.me de barrages et d' appareils dmontables/ accommod aux crues priodi!ues/ adapt aux pentes/ asseG puissant et asseG souple 2 la 0ois pour di,iser l' eau en rigoles p;8O et la distribuer en gradins N telle est l' oeu,re minutieuse !ui/ probablement accomplie ,ers le iiie si.cle a,ant notre .re/ trans0orma de ,astes gr.,es de sables et de cailloux en une des plus 0ertiles et des plus populeuses plaines du monde$ Les riGi.res de la plaine de 'chengD'ouDFou passent pour produire/ 2 sur0ace gale/ une 0ois et demie la !uantit de graines obtenue dans les autres pro,inces$ La culture du th/ elle aussi/ est 0ille du milieu chinois$ Cette plante !ui/ dans les hautes ,alles de l' ?ssam d' o5 elle est originaire/ prsente le 0euillage luxuriant et les proportions d' un arbre/ n' a ac!uis !u' en diminuant la hauteur de son 0:t/ en rtrcissant la sur0ace de ses 0euilles/ l' arome dlicat !ui rend cl.bres 9us!ue dans le nord de la Chine les 9ardins de th du Wunnan$ C' est de l2/ et sous 0orme arbusti,e/ !ue cette culture s' est propage 2 l' est et au nord/ 0inalement 9us!u' au Qapon$ L' art du culti,ateur a consist 2 raliser/ dans un milieu nou,eau/ les meilleures conditions de croissance N par le drainage/ les amendements/ le sarclage/ la taille prati!ue au moment propice/ c' estD2Ddire un peu a,ant l' arri,e des pluies et l' lan de la s.,e/ il a su trans0ormer et a00iner la sau,agerie du produit naturel$ e m7me !ue la ,igne/ en passant des 0or7ts de la Colchide aux contres s.ches de la 6diterrane/ la plante sudDtropicale du 6anipour n' a pris !ue dans les rgions tempres de la Chine les proportions et les !ualits !ui la distinguent$ Le rFle de ces plantes d' lection/ de,enues pour des millions d' hommes une base de nourriture ou un besoin ph3siologi!ue/ a maintes 0ois attir l' attention des gographes$ Le th/ le ca0 ont 0ourni 2 Varl (itter le su9et d' importants chapitres de l' erdkunde. 2 l' intr7t des conditions sociales lies 2 leur culture/ s' a9oute celui du ,aste commerce dont elles 0ont l' ob9et$ Ces plantes ont une histoire !ui se m7le 2 celle des hommes$ Ce sont des plantes de ci,ilisation$ ans l' extension !u' elles ont ac!uise s' exprime l' in0luence de l' homme sur l' conomie de la ,ie terrestre$ Cha!ue esp.ce aspire d' elleDm7me 2 s' tendre hors de son centre d' origine 1 mais son expansion/ !uand elle ne s' appuie !ue sur ses propres mo3ens/ rencontre bientFt des limites$ Ces limites reculent au contraire par l' inter,ention de l' homme$ -ans doute/ le th/ la ,igne/ le maIs/ le bl/ etc$/ restent assu9ettis 2 des conditions immuables dans leur gnralit et le plus sou,ent incompatibles 1 mais/ pour leur culture comme pour la plupart des phnom.nes aux!uels prend part l' intelligence de l' homme/ une marge p;8M asseG ample se dessine entre une aire minima et une aire maxima d' expansion$ Ce !u' il 3 a de ressources et de ,arits dans le 0ond m3strieux des 0orces cratrices/ se dgage/ se consolide et s' ampli0ie par les soins ,igilants de l' homme N la nature agit sous sa conduite$ Chose non moins remar!uable N l' art !ui a t ncessaire pour adapter la plante utile 2 un milieu nou,eau/ s' emploie aussi 2 la per0ectionner$ Il arri,e ainsi !ue ce n' est pas tou9ours dans son lieu d' origine/ mais dans son lieu de transplantation !u' elle obtient l' optimum ,oulu et recherch par l' homme$ La plante elleDm7me s' impr.gne du traitement dont elle est l' ob9et$ L' homme cis.le et ptrit la mati.re brute 1 il communi!ue 2 la pierre et aux mtaux les 0ormes plasti!ues !ui lui con,iennent 1 mais 2 l' gard des esp.ces ,i,antes/ surtout !uand il s' agit de ces plantes annuelles plus sensibles et plus soumises 2 son attention ,igilante/ il 0ait plus$ Cha!ue moment de leur ,olution lui o00re prise$ Pntrant/ pour ainsi dire/ dans l' intimit de leur 7tre/ s' identi0iant en elles/ il par,ient 2 modi0ier dans une certaine mesure les oprations successi,es de leur c3cle d' existence$ p;8P chapitre iv. ,es matriaux de construction : l' homme a 0ait son nid/ d.s !u' il a senti la ncessit de se 0ixer/ a,ec les matriaux !u' il a,ait sous la main$ Il a subi l' in0luence de ces matriaux$ C' est surtout 2 ce su9et !u' il est ,rai de dire !ue la mati.re dicte la 0orme$ es raisons de climat et de sol ont dtermin/ sui,ant les contres/ l' emploi prpondrant du bois/ de la terre ou de la pierre$ 6ais/ 2 leur tour/ ces matriaux guident la main de l' homme$ ?3ant chacun leurs exigences et pour ainsi dire leur gnie/ ils impriment aux tablissements humains leurs particularits de 0ormes/ de dimensions/ de rsistance$ ' o5 rsultent des t3pes gnraux !ui entrent dans le signalement caractristi!ue des contres$ Le bois/ partout o5 il s' o00rait en abondance/ 0ut et reste le matriel pr0r pour les maisons et les di0ices$ Ne 0ournissaitDil pas spontanment les poutres et des lments essentiels de charpente E Leur agencement et leur superposition taient indi!us par la mati.re m7me 1 ils s' expriment dans les piliers !ui supportent l' di0ice/ les angles en saillie !ui en dessinent les cFts/ les toits !ui en rehaussent et accentuent le sommet/ les au,ents ou galeries !ui en garnissent les bords$ L' architecture tropicale/ si l' on peut donner ce nom aux constructions rectangulaires !ui se rpartissent de l' ?0ri!ue centrale 2 la 6alaisie/ s' harmonise ainsi a,ec la ,gtation et le pa3sage$ Plus tard un st3le artisti!ue se dgagea de ces lments/ gr@ce 2 la ci,ilisation sino9aponaise$ L' architecte dans ces rgions est un charpentier/ un adaptateur et un sculpteur de pi.ces de bois/ plutFt !u' un robuste manieur de blocs de pierres$ Le Qapon surtout/ si riche en coni0.res/ c.dresDhinoli et cr3ptomrias/ !ui doi,ent 2 leur contenu rsineux une consistance incorruptible/ partage a,ec la Hr.ce/ bien !u' en un genre tout oppos/ le pri,il.ge du plus saisissant exemple d' harmonie entre l' di0ice et le milieu !ui l' encadre$ Parmi les arbres ,erts !ui l' en,ironnent/ le temple 9aponais shinto est/ dans son anti!ue simplicit/ p;=> une construction en bois de c.dre aussi harmoni!ue a,ec ce !ui l' entoure !ue le promontoire rocheux de -unium a,ec les colonnes !ui lui ont ,alu son nom$ La maison 9aponaise ordinaire ressemble 2 une cage de bois lg.rement pose sur le sol 1 la sobrit du mobilier rpond 2 celle de l' di0ice$ i. -la terre dans la 7one aride : mais le climat de la grande Gone s.che !ui se prolonge en diagonale du -oudan 2 l' Inde n' est pas propice au bois$ Il en,ie 2 l' homme le plus 0amilier des matriaux dont il ait gnralis l' emploi$ L' ab@tardissement graduel de la ,gtation arborescente ne tarde pas/ d.s !u' on s' loigne d' une douGaine de degrs de l' !uateur/ 2 se rendre sensible$ La paillote c3lindri!ue 0oisonne/ r.gne bientFt sans partage$ La ,gtation buissonneuse/ prcieuse il est ,rai pour la d0ense/ 0ournit aux pasteurs ou chasseurs d' escla,es les branchages pineux et les inextricables 0ourrs dont se hrissent les enceintes circulaires des 7ribas, comme au9ourd' hui les haies de cactus de notre ?lgrie$ 6ais elles se pr7tent mal 2 la construction$ L' arbre n' 3 est plus reprsent !ue par des su9ets rabougris et rachiti!ues/ capables tout au plus de mettre au ser,ice du constructeur des perches plus ou moins tordues/ par0aitement impuissantes 2 supporter le poids d' un grand di0ice$ 2 d0aut du bois/ un autre genre de matriaux s' o00re 2 souhait dans la Gone s.che$ La terre argileuse/ ptrissable/ susceptible d' absorber dans sa p@te des ingrdients !ui la consolident/ sche au soleil ou cuite au 0eu/ est la mati.re de maniement 0acile !ui se pr7te 2 de multiples usages$ -ous les doigts du potier/ elle a commenc par reproduire certaines 0ormes de rcipients ,gtaux/ cou00ins/ calebasses/ !ue la nature cessait de 0ournir$ )n peut remar!uer !ue la poterie/ de,enue un art !uasiDuni,ersel en Hu3ane comme au Prou/ en Chine comme en Hr.ce/ n' a t nglige !ue dans !uel!ues Lles d' )canie o5 la ,gtation elleDm7me se chargeait d' 3 pour,oir$ ans la construction/ le r.gne de la terre s' est gnralis sous 0orme de bri!ue N unie au 0er/ celleDci tend au9ourd' hui 2 supplanter toute autre mati.re 1 elle rpond au besoin tout moderne d' impro,iser/ de 0aire ,ite/ !u' il s' agisse de similiDpalais ou d' usines$ 6ais si l' on remonte aux origines/ on doit reconnaLtre !ue ce n' est pas dans les contres o5 elle s,it au9ourd' hui/ !u' est ne l' architecture de bri!ues 1 mais dans les rgions s.ches de l' ancien monde$ Les grands palais chaldens et ass3riens/ et m7me ceux !ui leur ont succd dans l' ?sie occidentale et l' Iran p;=; 9us!u' 2 l' po!ue d' ?lexandre/ taient des constructions pres!ue enti.rement composes d' argile$ C' est dans les rgions de scheresse permettant l' emploi de bri!ues crues !u' elle a maintenu sa prpondrance$ Clle r.gne encore sous cette 0orme primiti,e et pres!ue dpour,ue d' appr7ts depuis le 6aroc 9us!u' 2 la Perse/ en dpit des pluies d' hi,er !ui par0ois ris!uent de li!u0ier ces murs de terre$ ?u mobilier de ces maisons/ la terre ne 0ournit pas seulement les ,ases 2 contenir et 2 ra0raLchir les li!uides/ mais des ob9ets pour les!uels son emploi semble paradoxal N il 3 a dans l' Iran comme en Nubie des meubles en argile/ des co00res en terre s.che$ L' homme de ces contres est terrien au sens le plus absolu du mot N terrien par l' habitat/ soit !u' il di0ie sur le sol/ soit !u' il s' 3 niche$ C' est en ?0ri!ue !u' on peut le mieux sui,re/ a,ec l' appau,rissement graduel de la ,gtation/ l' emploi de plus en plus exclusi0 de la terre pour les constructions$ CheG les chillouJs du BautDNil le toit seul et l' enceinte sont en paille/ la case c3lindri!ue est en terre$ )n signale d92 dans l' arri.reDpa3s du 'ogo/ d' amples ou,rages de 0orti0ications/ dont les tours en terre battue/ relies par des courtines de m7me mati.re/ n' ont !ue leur toit coni!ue 0ait de 0euilles ou de paille$ Plus loin/ ,ers ;8 degrs de latitude/ la ,ille soudanaise de Uinder a une enceinte en terre/ en0ermant dans ses rues tortueuses des maisons en touba, ou bri!ues sches au soleil$ Cn0in dans le -oudan saharien/ l' emploi de la terre et du pis l' emporte dcidment N remparts/ maisons/ greniers/ tatas, ou 0orteresses en sont construits 1 de sorte !ue la gnralisation de ce mode de b@tir marche de pair a,ec la scheresse$ C' est lui !ui est pres!ue exclusi,ement emplo3 dans les oasis sahariennes$ ans le 6aroc mridional/ la mati.re de construction est la tabia, ,ariante de la m7me mati.re/ c' estD2Ddire une terre grasse 0oule et mlange a,ec de la paille hache et de petites pierres$ La substitution de la terrasse ou de la coupole surbaisse au toit et l' emploi exclusi0 de la terre sont deux 0aits caractristi!ues !ui se tiennent$ ?,ec le toit sur le!uel glisse la pluie/ disparaLt l' cha0audage de mati.re ,gtale !ui lui ser,ait de support$ Nulle mati.re ne se pr7te plus aisment 2 0ournir 2 l' homme des mo3ens lmentaires d' tablissement/ nulle n' a t plus tFt utilise dans les contres o5 le climat se pr7tait 2 son emploi$ )n n' a,ait/ sui,ant les cas/ !u' 2 creuser pour obtenir des parois toutes 0aites/ ou 2 se baisser pour en recueillir les lments$ Les sables durcis et ciments par les in0iltrations/ le sol allu,ial et compact de l' g3pte et de la 6sopotamie/ les terres argileuses des plateaux armniens/ de l' Iran/ et m7me dans l' Curope et l' ?sie centrale 9us!u' au nord de p;=R la Chine/ les ,astes nappes de ces sols steppiens/ imprgns de concrtions calcaires connues sous le nom de loess/ ont t ainsi/ sous une 0orme ou une autre/ utiliss par les tablissements humains$ Cn Cspagne/ l' habitat dans la terre est prati!u 2 Huadix/ pro,ince de Hrenade$ CheG les matmata du sud tunisien/ l' habitat se compose d' une cour rectangulaire taille dans le sable et 0lan!ue de rduits$ ?illeurs/ c' est dans les parois 2 pic !u' est prati!ue l' exca,ation$ 'out le monde connaLt/ depuis (ichtho0en/ ces ,illages nichs comme des al,oles sur les parois perpendiculaires de loess dans les pro,inces du nord de la Chine$ 'out un rseau de sentiers taills dans la terre relient ces habitations$ ' autres 0ois/ le ,illage se tapit asseG pro0ondment pour !u' on ne le de,ine !u' 2 la cime des arbres !ui le signalent$ -i au contraire la construction se dresse sur le sol/ elle s' impro,ise 2 peu de 0rais 1 et il est 0acile d' en le,er une autre/ s' il 3 a lieu/ 2 la place de la prcdente$ Il serait ,ain d' essa3er de tirer parti des mottes de boue !ui ont d92 ser,i et ne se pr7tent plus 2 aucun usage$ La maison est donc abandonne aussi 0acilement !u' elle est construite 1 elle n' a gu.re plus de permanence !ue la tente du pasteur$ 6ais elle persiste 2 peu pr.s 2 la m7me place 1 car elle est retenue par les occupations agricoles$ 'ous les recensements 0aits en ces derni.res annes en g3pte/ s' accordent pour accuser/ en m7me temps !u' un 0ourmillement de cases parses/ la multitude extraordinaire des cases abandonnes$ Clles subsistent/ dlaisses/ sans !u' on ait pris la peine d' en utiliser les matriaux/ 9us!u' 2 ce !ue le tassement des dbris les ait rendues in0ormes et mconnaissables$ Cette 0acilit de remplacement est un 0ait de climat !ui n' a pas t sans in0luence sociale aux premiers temps de l' occupation humaine en ces contres allu,iales$ Le sol 3 0ournissait alors un mo3en aussi 0acile !u' conomi!ue de multiplier ces demeures sur place/ de s' 3 mnager des s9ours temporaires sui,ant les saisons et les crues du 0leu,e/ de substituer une installation saine 2 la place contamine par un trop long s9our N autant de raisons !ui ont d: contribuer 2 0a,oriser en ces lieux la 0ormation de groupes si denses$ N' oublions pas !ue l' implantation durable d' une 0orte densit de population est une oeu,re de longue haleine/ !ui suppose le concours de bien des causes di,erses$ *ne de ces causes a t/ sans nul doute/ l' emploi gnral d' un matriel !ue le soleil se charge de cuire et !ue la scheresse du climat permet d' utiliser pres!ue sans appr7t$ La terre/ la bri!ue crue ont t des matriaux conomi!ues !ue l' homme a largement utiliss/ m7me hors des climats !ui en 0a,orisent l' emploi$ Cn 6ora,ie et en ?lsace m7me/ aux temps prhistori!ues/ p;=+ comme de nos 9ours en &ulgarie danubienne ou en obroud9a/ le loess a ser,i d' habitat$ )n est moins surpris de constater l' emploi combin du pis et du roseau dans les palissades construites par les chinois en ?sie centrale$ 6ais il man!ue 2 ce mode de construction ce !ui donne essentiellement aux tablissements humains leur signi0ication gographi!ue N la dure$ es ,illages et m7me des ,illes/ dans les contres s.ches de Chalde/ de -usiane/ du -eIstan et de l' ?sie centrale/ ont emprunt exclusi,ement 2 l' argile et aux bri!ues crues leurs matriaux N des amoncellements in0ormes a,ec des dbris de poteries en sont les seuls indices$ Le nom arabe de tell, si rpandu en &ab3lonie/ signale dans ces plaines allu,iales des monticules !ui ne sont autre chose !ue des restes d' tablissements humains$ Les boulements de ces murs/ !ui s' e00ritent 0aute de pierres en garantissant les saillies/ 0orment l' obstacle contre le!uel les innombrables particules sableuses !u' entraLnent les ,ents arides se dposent$ Clles s' amoncellent bientFt en telles !uantits !ue le tout 0init par se con0ondre en une masse !ui prend naturellement la 0orme d' une accumulation de mati.res meubles$ L' oeu,re de l' homme a cd 1 la nature a repris possession du sol$ es cada,res anon3mes de ,illes dormaient ainsi sous un linceul de poussi.re/ !uand Znophon parcourait a,ec les dixDmille les plaines de 6sopotamie$ Notons en passant !ue cet tat de dgradation n' est pas luiDm7me une preu,e certaine d' anciennet recule 1 car les agents ph3si!ues conspirent sous ce climat a,ec l' inconsistance des matriaux pour anantir promptement toute 0orme ,i,e et accentue$ Il ne 0aut pas non plus se laisser illusionner par le nombre de ces tmoins !ui peuplent au9ourd' hui/ dans les plaines de Chalde ou du -Istan par exemple/ les espaces pres!ue rduits 2 l' tat de solitude$ -ans nier les e00ets d' une dcadence !u' expli!uent su00isamment les causes histori!ues/ les tablissements ont pu/ sui,ant les hasards de guerres ou d' obstructions de canaux/ dprir et se re0ormer en successions si rapides !ue les calculs de populations !u' on 0onderait sur leur existence simultane seraient tr.s probablement entachs d' erreurs$ Kuand ce n' est pas par miettement/ c' est par boulement !ue prissent les di0ices de terre$ L' eau est leur principal artisan de destruction$ Les murs des ,illages persans tombent en li!u0action sous les pluies d' hi,er$ 'rop rapprochs des 0leu,es 2 inondation/ Haronne/ Loire/ (hFne/ (hin/ les murs en pis et cailloux s' croulent N la pierre seule a permis le contact des 0leu,es$ Plus incorruptible !ue le bois et moins expose aux incendies/ plus apte !ue la bri!ue 2 0ixer les 0ormes et 2 0ournir des supports/ la pierre garantit toute la dure compatible p;=8 a,ec les oeu,res de l' homme$ -i l' on compare les pa3s de la pierre/ soit autour de la 6diterrane/ soit sur les plateaux d' ?mri!ue/ soit dans l' Inde du nord/ 2 ceux o5 la terre et la bri!ue ont rgn en maLtresses/ on est 0rapp d' un singulier contraste N les p3ramides de la !uatri.me d3nastie se dressent pres!ue aussi intactes !ue lors!ue les blocs en 0urent extraits des carri.res du 6oJattan 1 on cherche en ,ain en Chalde les traces de nombreuses ,illes mentionnes par les textes 1 on a de la peine 2 situer en 6ongolie la place de VaraJoroum$ e rares tmoins des pistes !ui 3 sillonnaient l' ?sie centrale subsistent sous 0orme de tours de pierre dont parlait Ptolme 1 et c' est tout au plus si !uel!ues palissades de roseaux et de boue r,.lent 2 et l2 2 l' archologue et au gographe les ,estiges de ces ,oies commerciales ou militaires !u' a,ait russi 2 tablir d' un bout 2 l' autre du continent la domination chinoise$ %o3eG au contraire le rseau des ,oies romaines pres!ue entier sur le sol o5 il s' est incrust$ Ne seraitDil pas impossible de se 0aire une ide exacte des ,ieilles ci,ilisations amricaines si l' on n' a,ait !ue le tmoignage des mounds ou tumuli en terre !ui sont dissmins dans la ,alle du 6ississipi E *ne mesure de ces ci,ilisations nous est 0ournie au contraire par les ,astes constructions p3ramidales et les di0ices 2 gradins !ui 0rapp.rent d' tonnement les espagnols cheG les ma3as du Wucatan (Palen!ui) ou cheG les !uitchuas du Prou ('3ahuanaco pr.s du lac 'iticaca)/ ou encore par les ,estiges de la route pa,e !ui/ 2 la 0aon des ,oies romaines/ reliait CuGco 2 Kuito sur les plateaux du Prou$ La prsence et l' usage de la pierre calcaire ou ,olcani!ue ont permis 2 ces peuples/ ma3as/ a3maras/ !uitchuas/ etc$/ d' imprimer sur le sol une trace indlbile !ui a emp7ch leur nom de prir$ ii. -la pierre dans la rgion mditerranenne : l' clat de certains matriaux minraux a 0ascin le regard et tent le tra,ail de l' homme$ Il s' est atta!u aux mati.res les plus dures/ 0:tDce m7me a,ec les instruments les plus impar0aits/ pour peu !ue leur poli et leur brillant eussent le don de sduire ses 3eux$ Le silex n' a pas t seulement pour les hommes des anciens @ges une arme taille pour les besoins de la cause/ mais une mati.re/ dont l' industrie palolithi!ue/ en -u.de par exemple/ a su tirer des 0ormes ciseles de haches et de poignards/ !ui passent pour des mer,eilles d' excution$ Le 9ade dans le 'urJestan oriental/ l' agathe/ le 9aspe/ la serpentine et le cristal de roche au Qapon et en Chine/ le diamant dans l' Inde/ l' obsidienne au 6exi!ue et au Prou/ ont t patiemment tra,aills p;== et sculpts a,ec amour$ Les trsors portati0s des anciens 9aponais &magatama' taient de ,ritables crins de ces pierres tailles$ Le granit et le porph3re des sarcophages pharaoni!ues gardent/ apr.s !uatre mille ans/ leurs moulures intactes et un poli !ui est une caresse pour l' oeil$ Le basalte a 0ourni au plus ,ieil art chalden/ ainsi !u' 2 celui de l' g3pte/ une indestructible mati.re de statues$ Les oeu,res d' art ont t des mani0estations de luxe/ et des ,oies de commerce ont t traces pour s' en procurer la mati.re$ Par l2 peutD7tre l' homme a t conduit 2 la recherche des mtaux N l' or en ppites tincelantes ne 0utDil pas le premier mtal exploit E 6ais/ pour le gographe/ la signi0ication de la pierre consiste surtout dans l' emploi !u' en 0ont les constructions humaines$ Le granit !ui s' caille sous le pic ou le marteau/ le schiste !ui se dcoupe en dalles trou,ent leur emploi/ mais la pierre de construction par excellence est celle !ui se laisse tailler par le ciseau/ dcouper en pans rguliers/ appareiller/ et !ui se pr7te ainsi aux di,erses combinaisons de 0ormes !u' imagine et cre l' art de l' architecte$ Les calcaires et/ 2 un moindre titre/ les gr.s/ ont pu ainsi 0ournir des th.mes ,aris de d,eloppements artisti!ues$ *n rapport s' tablit entre la roche et les monuments$ Les calcaires du Wucatan sont insparables des constructions ma3as/ de m7me !ue les gr.s !ui bordent au sud la ,alle du Hange ,o!uent l' image des ,illes monumentales !ui se succ.dent de elhi 2 &nar.s 1 comme les gr.s ,osgiens celle des cathdrales et des ch@teaux de la ,alle rhnane$ C' est dans les gr.s !ue sont entailles les nombreuses gra,ures rupestres du -ahara algrien/ o5 se montrent les anciennes aptitudes artisti!ues de la race berb.re 1 le gr.s a conser, aux di0ices de Ptra l' tonnante intgrit de leurs moulures et de leurs ornements$ Les ,illages 0orti0is des pueblos/ dans le Colorado et le Nou,eauD6exi!ue/ sont gnralement construits en gr.s extraits du lieu m7me$ -i immdiat est ce rapport entre la roche et l' di0ice !ue plus d' une 0ois/ de m7me !u' aux &aux Cn Pro,ence/ rocs et maisons se con0ondent dans une blancheur a,euglante$ Nulle part l' architecture de la pierre n' a dispos d' un plus beau domaine et n' en a mieux tir parti !u' autour de la 6diterrane$ 'andis !u' au nord/ les chaLnes de plissements tauroDdinari!ues courent en bordure du bassin oriental/ les plateaux de Palestine et d' ?rabie ptre/ de L3bie et de C3rnaI!ue lui 0ont 0ace au sud$ 2 l' ?pennin succ.dent bientFt les chaLnes et plateaux de Pro,ence/ tandis !ue les montagnes des &alares se continuent au sud de l' Cspagne 9us!u' 2 l' ?tlas$ ?insi l' encadrement est pres!ue complet$ Partout/ si ce n' est lors!ue les allu,ions deltaI!ues ont amass des couches puissantes p;=< d' humus/ la roche a00leure/ 2 peine saupoudre de terre rouge 1 la pierre blanche/ sans cesse renaissante et renou,ele par la base/ cou,re de ses clats la sur0ace$ Clle a l' air de croLtre 2 la 0aon de l' herbe$ Cette roche/ gnralement aise 2 tra,ailler dans les carri.res ou latomies, a la proprit de durcir ensuite 2 l' air libre/ de conser,er ind0iniment sous le ciseau de l' ou,rier/ dans les moulures des angles ou la cannelure des colonnes/ toute la ,i,acit de ses ar7tes$ Lors!ue au ,oisinage des massi0s archens/ en ?tti!ue et dans les C3clades/ 2 Carrare et dans les P3rnes/ le mtamorphisme a agi sur la roche/ elle ac!uiert une texture cristalline et marmorenne$ Le calcaire d' ailleurs se pr7te 2 la 0abrication du ciment 1 si bien !ue plus d' un prcieux dbris d' di0ice anti!ue a trou, dans le 0our 2 chaux l' humble consommation de sa destine$ L' clat du soleil et la patine du temps re,7t ces marbres grecs ou italiens ou les tra,ertins d' eau douce de la Campagne romaine d' une chaude coloration/ !ui a9oute ainsi l' e00et du climat 2 celui du sol$ Il 0aut aussi 0aire la part d' autres matriaux rocheux !u' a largement mis 2 contribution le tra,ail de l' homme 1 et notamment de ceux !u' a 0ournis/ sous 0orme de la,es/ de dalles/ de pperin/ le ,olcanisme acti0 de la 6diterrane$ Ce !ui toute0ois domine et a imprim sa ph3sionomie indlbile au pa3sage mditerranen/ c' est la pierre calcaire/ !ue bien rarement la ,gtation cou,re d' un tapis asseG pais pour l' emp7cher de paraLtre 2 nu$ Il ne man!ue pas autour de la 6diterrane de bois durs et rsistants/ capables de 0ournir de bons matriaux de construction$ ans les di0ices g3ptiens/ comme dans les burgs d' po!ue m3cnienne ou dans les plus anciens temples grecs/ le bois est emplo3 comme soutien pour maintenir les murs$ Kue m7me la construction exclusi,e en bois ait t 9adis prati!ue pour certains di0ices/ c' est ce !ue semblent bien indi!uer certains monuments spulcraux de l' ?sie 6ineure 1 le classi!ue temple grec 2 colonnes et 2 0rontons n' est pas sans en o00rir des rminiscences$ 6ais la pierre a supplant le bois$ L' emploi de cette pierre a pris/ autour de la 6diterrane/ tant de 0ormes 0amili.res/ elle rpond 2 de si multiples besoins de d0ense/ d' abri/ de conser,ation/ !u' elle s' associe minutieusement aux occupations et aux habitudes$ Clle 0ournit les matriaux des murs en gradins !ui retiennent et amassent la terre sur les pentes 1 et ainsi s' est gnralis/ en m7me temps !ue les plantations d' arbres 0ruitiers/ l' usage des cultures en terrasses !ui sculptent/ pour ainsi dire/ 9us!u' 2 =>> ou <>> m.tres les 0lancs des montagnes$ ?ssembler les blocs/ en superposer les assises/ en a9uster les angles rentrants et saillants de 0aon 2 0ormer des murs pais et rsistants/ est un art essentiellement mditerranen/ p;=O dont on peut obser,er encore 2 '3rinthe et 2 Norba les ,nrables origines$ L' appareillage de la pierre 3 ,a de pair a,ec les cultures tages d' arbres 0ruitiers et de 9ardinage$ ?ux clFtures pineuses des rgions subtropicales se substituent au 6aroc des enceintes de pierre &decherras', englobant les silos 2 bord c3lindri!ue et 2 panses largies/ !ui sont entaills 2 m7me dans le sousDsol$ (ser,oirs 2 grains ou citernes cimentes sont des amnagements prati!us aussi bien en -3rie et en Palestine !ue dans l' ?0ri!ue du nord/ et dans les temps bibli!ues comme de nos 9ours$ La roche/ soit par les ca,its prati!ues dansses 0lancs/ soit par les matriaux extraits de ses carri.res/ ou m7me pars 2 la sur0ace du sol/ s' est pr7te aussi 0amili.rement aux usages de la ,ie domesti!ue/ s' 3 est assouplie de mille mani.res/ comme c' est le cas pour le bois et les mati.res ,gtales dans les rgions 0oresti.res ,oisines de l' !uateur ou du cercle polaire$ )n est amen par l2 2 considrer la rgion mditerranenne comme la patrie de l' art de la pierre d' o5/ apr.s a,oir en0ant sur place des t3pes ,aris/ il a ra3onn en dehors$ L' acropole hellni!ue/ l' oppidum italiote/ le bordj arabe/ la casbah berb.re ont un air de 0amille 1 elles proc.dent des m7mes matriaux/ a00ectent sur les cimes rocheuses les m7mes positions dominantes$ )n ,oit sur les cFtes de Ligurie ou de Pro,ence leurs murs croulants poss en nids d' aigles pour sur,eiller au loin l' horiGon$ Les constructions de t3pe m3cnien/ !ui 0aisaient l' e00et d' anti!uits aux grecs des temps classi!ues/ ne sont pas sans analogie a,ec ces enceintes 0orti0ies d' autre0ois !ue l' on dsigne du nom de nouraghes en -ardaigne mridionale/ de talaots dans les &alares 1 elles rpondaient sans doute aux m7mes besoins de d0ense$ 'oute la ,ie anti!ue de la 6diterrane a trou, son expression dans la pierre$ La ,ieille ?pulie/ comme le pa3s de Chanaan/ en portent encore l' empreinte$ es constructions c3lindri!ues/ s' amincissant ,ers le haut en une srie superpose de gradins/ dsignes sous le nom de trulli, pars.ment les murgie de la terre de &ari et d' )trante$ Clles se reproduisent sous 0orme plus lmentaire et plus primiti,e dans les constructions de hasard le,es sur les 0lancs de l' ?pennin central/ sur le Varst dalmate et 9us!ue sur les cFtes du sud de la France$ Parmi tous ces pa3s/ l' Italie est 2 9amais mar!ue de l' e00igie de la grandeur romaine$ ans un ordre plus humble/ ne resteDtDelle pas le 0o3er d' mission d' o5 les mtiers de la pierre et du marbre se rpandirent dans toute l' Curope E Nous n' a,ons pas ici 2 anal3ser les 0ormes riches et di,erses !u' a su/ de ces linaments primiti0s/ dgager l' art de l' architecte N de ces matriaux assembls/ il a di0i p3ramides et p3lones/ colonnes et porti!ues/ p;=M cintres et coupoles/ toute cette 0loraison mer,eilleuse !u' ont exprime tour 2 tour l' art g3ptien/ l' art hellni!ue/ celui de (ome et de &3Gance$ Ce n' est pas une leon d' art !ue nous cherchons dans les monuments ou les ruines !u' il a laisss sur le sol/ mais un exemple de ce !ue peut la dure sur les tablissements humains/ et par eux sur l' histoire$ 'huc3dide/ dans un passage sou,ent cit/ remar!ue !ue si ?th.nes et -parte tombaient en ruines/ celui !ui ignorerait leur histoire serait tent/ 2 la ,ue des monuments cou,rant le sol/ de s' exagrer l' importance de l' une et de rabattre celle de l' autre$ Ce !u' il dit d' ?th.nes serait encore plus ,rai de -3racuse/ construite sur des rochers calcaires/ percs par les cl.bres latomies, !ui lui pr7tent une grandeur pres!ue sans exemple$ -ur ces mamelons rocheux !ui se succ.dent de l' achradina aux epipolae, 2 la petite Lle !ui 0ut le berceau de la cit/ le regard embrasse un d,eloppement successi0 dont les tapes sont 2 9amais gra,es dans la pierre$ Ce genre de pass ne se laisse pas abolir$ L' abondance et la beaut des matriaux ont 0a,oris sur ces terres classi!ues une closion de monuments telle !ue/ m7me 2 l' tat de ruines/ elles reprsentent un des enchaLnements les plus continus !ue permette la bri.,et de l' histoire humaine$ La colline des 9busens de,enue Qrusalem/ l' acropole de Ccrops de,enue ?th.nes/ la roma quadrata du Palatin/ sont les no3aux de d,eloppements !ui/ 2 tra,ers bien des ,icissitudes/ ont persist aux lieux m7mes$ Le c3cle par le!uel/ sur un emplacement donn/ la primiti,e enceinte mure/ le ,ieil oppidum ont t trans0orms en une ,ille !ui/ elleDm7me/ a pu s' panouir en un 0o3er de ci,ilisation/ en une oeu,re d' art/ a,ec ses temples/ ses porti!ues/ ses th@tres taills dans le roc/ est la leon !ui sort du sol m7me$ 'out cela prend la 0orme et l' indestructibilit de la pierre$ L' a,antage d' h3gi.ne et de beaut !ue/ dans nos climats de l' Curope centrale ou des tatsD*nis/ la ,ille moderne cherche 2 se mnager par des parcs intercals entre les b@tisses/ des morceaux de 0or7ts ench@sss parmi ses rues/ la cit de pierre et de marbre des bords de la 6diterrane le demande 2 l' ombre 0raLche de ses porti!ues/ aux dalles de marbre de ses di0ices ou,erts 2 l' air libre$ Clle aime/ comme ses hriti.res d' au9ourd' hui/ les sites dominants !ue ,ient ra0raLchir 2 certaines heures la brise de la mer ,oisine/ les hauteurs !ue n' atteignent pas les miasmes/ les cimes battues par les ,ents sals$ Lors!ue la ,ie puissante !ui a palpit entre ces di0ices de pierre ,ient 2 diminuer ou 2 s' teindre/ les ruines permettent encore d' en saisir l' ensemble$ Le mot par le!uel les anciens auteurs cro3aient p;=P exprimer le comble de l' anantissement N etiam periere ruinae, n' a pas de sens ici$ La 0orce ,i,ace de cette ci,ilisation mditerranenne tient en partie 2 cette continuit !ui en matrialise l' histoire/ !ui en perptue les traditions par le commentaire perptuel des monuments et des ruines$ La plupart des ,illes mditerranennes !u' a connues l' anti!uit se sont enracines au point de continuer leur existence N les unes sans interruption comme 6arseille/ d' autres a,ec des clipses$ u moins/ !uand leurs destines histori!ues ont t remplies/ une sorte de ,ie latente a sur,cu sur place 2 la ,ie panouie$ L' attachement au site persiste gr@ce aux matriaux assembls/ et 2 leurs dpens$ -alone dtruite re,it dans -palato$ es ,illages se nichent dans les ruines d' ?ntioche ou d' ph.se$ Les catastrophes histori!ues !ui ruinent les ,illes ne russissent pas 2 extirper des lieux o5 elles a,aient pris racine les germes d' tablissements humains$ CeuxDci persistent sous des 0ormes plus modestes/ 2 taille rduite/ comme il arri,e aux arbrisseaux du sousDbois de succder 2 la 0or7t dtruite$ Cette association de l' ide de dure a,ec la construction de pierre est pro0ondment ancre dans l' esprit humain$ )n ,oit en ?sie 6ineure dans les contres calcaires de Carie et de L3cie beaucoup de monuments 0unraires d' po!ue hellni!ue/ sur les!uels on lit ces mots N ($$$)$ L' expression de 4 maison ternelle 4 appli!ue 2 la tombe se 9usti0ie par la dure !u' elle emprunte au roc dans le!uel elle est taille/ ou 2 la pierre a,ec la!uelle elle est construite$ ans les monuments spulcraux d' g3pte ou de 6auritanie/ l' orgueilleuse re,endication d' ternit cherche 2 s' a00irmer par la mise en oeu,re colossale de blocs dont l' accumulation d0ie le temps$ .s !ue l' homme a prtendu communi!uer 2 son existence ou 2 sa mmoire un surcroLt de dure/ tendre sa personnalit au del2 des bornes !ue sa courte ,ie lui re0use/ c' est 2 la pierre !u' il a eu recours$ iii. -le bois et la pierre dans l' )urope centrale et occidentale : c' est de l' archologie !ue de parler/ d' apr.s -trabon/ des maisons c3lindri!ues !ue les gaulois construisaient en poutres et en claies d' osier et !u' ils recou,raient d' un toit de chaume$ 67me tablis au sud des ?lpes ils 3 a,aient transport les habitudes contractes dans les rgions 0oresti.res de l' Curope centrale$ Le bois remplaait pour bien des choses la poterie et la crami!ue mditerranennes 1 les gaulois cisalpins oppos.rent leurs 0utailles en ch7ne 4 hautes comme des maisons 4 aux 9ares et amphores de leurs p;<> ,oisins d' Italie 1 de m7me !u' au9ourd' hui les bahuts et les armoires de ch7ne de nos campagnards excitent la surprise de maints trangers$ Le r.gne du bois comme matriel de construction a t plus gnral et a persist plus longtemps dans l' Curope centrale !ue dans la rgion mditerranenne$ Les maisons gauloises !ue dpeint -trabon ressemblent aux huttes c3lindri!ues !ue 0igurent/ sous la torche des lgionnaires/ les relie0s de la colonne 'ra9ane$ Les daces ne connaissaient pas d' autres masures$ Kuant aux germains/ dit 'acite/ ignorant le ciment et la bri!ue/ ils usent d' assemblages in0ormes de mati.res/ 4 materia ad omnia utuntur in0ormi 4 $ Il n' est pas interdit de de,iner/ sous le ,ague de ces expressions/ l' en0ance d' un art de construction !ui tait destin 2 prendre de plus en plus d' importance$ Ces grossiers b@tisseurs a,aient recours 2 cet assemblage de torchis et de bois/ !ui s' est perptu en se per0ectionnant et se di,ersi0iant/ notamment dans une grande partie de la France du nord et de l' ?llemagne$ Le bois usit comme charpente/ a,ant de l' 7tre comme ornement/ ser,it 2 maintenir/ contre les intempries de climats moins tolrants !ue ceux des rgions s.ches/ les 0ragiles parois de loess ou de limon !ue 0ournissait le sol$ *ne combinaison originale est ne de l' union de ces deux mati.res di00rentes/ l' une doue de rsistance au 0eu/ l' autre ser,ant 2 garantir contre les pluies la solidit de l' ensemble$ L' lgante et riche Normandie/ la Picardie ,oisine/ ont tir de bons e00ets de ces combinaisons N sur un soubassement emprunt aux silex de la craie/ les poutres entrecroises tracent sur l' assise en pis des dessins gomtri!ues$ Ce t3pe de construction/ tel !ue les allemands le dsignent sous le nom de !ach-erk, a engendr ailleurs de nombreuses ,ariantes !u' on peut sui,re 2 tra,ers les maisons rurales ou ,illageoises d' ?lsace/ de -ouabe et de Franconie$ 'oute une Curope plus 0oresti.re 9adis !u' au9ourd' hui re,it et se dpeint dans ce d,eloppement pittores!ue d' un art de construction dont les in0ormes dbuts ne pou,aient !u' exciter le ddain des mditerranens/ habitus d.s lors aux di0ices de pierre et de marbre$ Parmi les applications multiples aux!uelles les essences ,aries de nos arbres 2 0euilles cadu!ues ont donn lieu/ Dmobilier/ ustensiles agricoles/ charronnerie/ ,annerie/ etc$/ Dil 0aut donc compter au premier rang leur rFle comme pi.ces de charpentes dans les constructions$ Ce n' est pas seulement la maison de pa3san !u' a consolide une armature de ch7ne 1 lors!ue l' art de nos contres/ dans la France du nord/ se haussa 9us!u' 2 ces di0ices de pierre dpassant par leurs dimensions le temple grec et la basili!ue romaine/ d' immenses charpentes de ch7ne ou de ch@taignier 0ournirent une partie de l' ossature p;<; intrieure des cathdrales ou des halles !ui se dress.rent de Chartres 2 Wpres$ es 0or7ts aussi bien !ue des carri.res de pierres ont pass dans ces constructions$ Ce serait 0orcer la ,rit !ue de chercher dans la ph3sionomie actuelle de l' Curope/ des classements rgionaux 0onds sur les matriaux de construction$ )n peut opposer 2 la rigueur/ comme le 0ait -olo,ie0/ en se bornant aux traits gnraux si distincts encore en (ussie/ une Curope du bois !ui est celle du nord 2 une Curope de la pierre !ui serait celle de l' ouest et du sud$ ans cette Curope de l' ouest/ les di,ersits du sol ont/ d.s l' origine/ introduit dans les matriaux et par suite dans les modes de construction/ des di,ersits !ue le temps n' a 0ait !u' accroLtre$ Les mou,ements de peuples sont inter,enus pour transplanter d' autres habitudes 1 car l' homme se transporte ,olontiers a,ec sa co!uille 1 il cherche partout 2 accommoder sa demeure sui,ant ses occupations et ses propres go:ts$ L' angloDsaxon/ comme l' espagnol/ ont transport en ?mri!ue chacun ses modes 0a,oris de construction et ses dispositions 0amili.res d' habitat$ )n distingue par0ois cFte 2 cFte des di,ersits ,oulues$ C' est ainsi !ue/ dans l' Curope centrale/ on a pu/ a,ec un peu d' arbitraire/ classer les t3pes de construction rurale d' apr.s les tribus d' occupants germani!ues/ !ui s' 3 taill.rent/ entre les sla,es et les peuples de ci,ilisation romane/ leur domaine propre$ )n s' exposerait 2 de 0r!uentes erreurs en 0aisant de la nature du sol la r.gle exclusi,e des t3pes de construction$ Cela m7me est moins ,rai !ue 9amais au9ourd' hui/ par suite des 0acilits de transports et de 0abrication industrielle$ -i de toutes parts/ dans les campagnes comme dans les ,illes/ la bri!ue et le 0er/ 0abri!us en masse et 2 bon compte/ tendent 2 remplacer tous les autres matriaux/ c' est le r.gne uni,ersel des grandes puissances de l' heure/ la houille et la mtallurgie/ !ui se trahit par ces signes$ La part !ui reste nanmoins aux di,ersits et indi,idualits rgionales ne sera 9amais enti.rement abolie$ Il 3 a/ m7me dans cette Curope si trans0orme/ des domaines o5 pr,alent/ en ,ertu des lois du sol/ l' usage de la terre/ ou celui de la pierre/ ou celui du bois/ sortes de pro,inces naturelles !ui maintiennent 2 peu pr.s leurs limites$ Le chalet est un t3pe troitement uni aux ?lpes$ Combine a,ec les larges dalles de schiste !ui lui ser,ent de soubassement/ empruntant au bois les poutres de sa charpente/ les lamelles imbri!ues de son toit/ cette construction caractristi!ue r.gne depuis la -a,oie 9us!u' 2 l' ?utriche$ -ous d' autres 0ormes/ la maison de bois pr,aut en &osnie et en -erbie m7me 9us!u' aux en,irons du mont VopaoniJ$ La rgion p;<R des grands bois de ch7nes !ui borde au sud le cours de la -a,e/ est reste en ma9eure partie 0id.le aux matriaux o00erts par le sol$ L' le,age et les prati!ues de constructions s' unissent/ pour ainsi dire/ dans un m7me commentaire gographi!ue$ Les contrastes sont ,isibles et persistent plus !u' on n' est port 2 le croire entre les rgions o5 la pierre abonde et celles o5 elle man!ue$ Le temps est pass/ il est ,rai/ o5/ dans les sables et tourbi.res de la plaine germani!ue/ des chausses de bois/ pontes longi, tenaient lieu de routes$ 6ais ces matriaux de 0ortune/ pis ou terre mlange de paille hache/ terre et cailloux rouls en couches alternantes/ limon a,ec soubassement de silex/ loess et entrecroisements de poutres/ reprsentent des combinaisons ,aries pour suppler 2 la pierre de taille$ ?insi/ la &eauce/ terre de limon/ s' obstine 2 conser,er ses maisons en pis 2 toit de chaume$ Cn Champagne/ le temps n' est pas loin o5 les masures en pis/ assu9etties tant bien !ue mal par des soli,es de bois/ disparaissant pres!ue sous la cou,erture de chaume/ rgnaient l2 o5 luisent au9ourd' hui les maisons de bri!ues aux toits de tuiles$ L' architecture a consacr ces di00rences$ e grands monuments sur les!uels plane un sou00le d' art singularisent au9ourd' hui les contres du limon et de la bri!ue$ Le pa3s toulousain s' oppose au pa3s bordelais/ de m7me !u' aux marbres de l' ?rdenne/ aux pierres de l' LleDeDFrance et de la Normandie/ s' oppose l' argile de Londres et des Flandres$ e beaux di0ices de bri!ues se dressent 2 ?lbi et 'oulouse$ L' architecte s' est e00orc en ces lieux de raliser l' aspect monumental/ et/ par le seul mo3en des ressources !ui s' o00raient sur place/ d' le,er en !uel!ue sorte la bri!ue 2 la dignit de la pierre$ 6ais celleDci a l' a,antage de la plasticit et de la ,ie$ La beaut de la mati.re s' unit 2 la per0ection de l' art dans ces di0ices dont Caen s' enorgueillit et !ui semblent sortis d' un seul 9et de ces carri.res normandes dont les blocs ser,irent 2 b@tir les cathdrales d' outreDmer$ Naturellement/ c' est moins dans les di0ices d' art/ capables d' attirer de loin les matriaux de pro,enances di,erses/ !ue dans les b@tisses ordinaires !ue se gra,e l' empreinte du milieu$ La France doit passer/ parmi les contres de l' Curope transalpine/ pour la plus 0a,orise sous le rapport des matriaux de constructions$ La remar!uable extension des roches calcaires d' @ge crtac ou 9urassi!ue imprime aux constructions !u' elles ont attires sur leurs emplacements des mar!ues tr.s caractristi!ues$ Les ca,its creuses de main d' homme !ui entaillent les escarpements de craie tu00eau le long des ,alles tourangelles de la Loire/ de l' Indre et du Cher/ dsignent/ !uand p;<+ elles ne subsistent pas ellesDm7mes comme habitat/ le no3au primiti0 d' o5 se sont dtaches les blanches maisons !ui s' alignent le long de leurs parois$ Les assises de calcaire !ui ont 0ourni 2 Paris la belle pierre !ue le temps recou,re d' une 0ine et grise patine/ soulignent la range de beaux ,illages chelonns du con0luent de l' )ise 2 l' IsleD?dam/ ou encore ceux !ui se sui,ent le long des dcoupures !ui cis.lent au nord/ entre -oissons/ No3on/ Couc3 et Laon/ les plateaux de l' LleDeDFrance$ L' air monumental rpandu sur les contres se re0l.te en mille dtails/ miroite dans les plus humbles constructions 1 il tient 2 la !ualit de la pierre extraite sur place$ L2 aussi/ 2 cFt des creuttes et carri.res !ue l' homme ne s' est pas tou9ours dcid 2 abandonner/ maisons 2 pignons taills en gradins/ 2 poternes et 2 croises sculptes/ 2 larges et beaux escaliers/ montrent la 0amiliarit prcoce des habitants a,ec une mati.re !ui se pr7tait docilement au model$ Plus 0oncs de ton/ les calcaires du bassin de Lorraine et de &ourgogne communi!uent aux ,illages serrs !ui pressent leurs maisons au pied des cFtes/ une tonalit plus sombre/ 2 la!uelle les dalles de m7me nature dont l' imbrication 0orme le toit/ a9outent une note d' austrit$ La maison 9urassienne largit ses 0lancs/ ampli0ie ses 0aades sur les plateaux !ue percent de toutes parts les blanches clisses des roches$ La maison en pierre est/ dans ce cas/ comme une chose incorpore au sol m7me 1 elle 0ait partie de cet ensemble d' indices par les!uels se caractrise une ph3sionomie de contre$ La marche !u' a sui,ie en Curope la ci,ilisation/ des bords de la 6diterrane aux con0ins des rgions 0oresti.res du nord/ est 9alonne par des constructions de pierre$ C' est un mlange de pierre et de ciment !ui a permis au rseau de ,oies romaines de tra,erser les si.cles/ et sous les noms de estrades ou estres, chemins !errs, perrs, voie de la =reuse, etc$/ hochstrasse ou autres ,ocables non moins signi0icati0s/ de ser,ir de guide/ longtemps de mod.le/ 2 la circulation moderne$ 2 tra,ers l' ?!uitaine/ du Kuerc3 au Poitou/ la bande de belle pierre calcaire se signale par l' abondance d' anciens sites 0orti0is/ oppida gaulois/ ch@teauxD0orts/ enceintes mures/ etc$/ !ui s' chelonnent depuis les sites 0ameux d' *xellodunum et de Cahors/ 9us!u' 2 La (oche0oucauld et ?ngoul7me/ et de l2 ,ers Lusignan et Poitiers/ 0ormant comme une ligne d' architecture militaire et 0odale$ 2 tra,ers la &ourgogne et la Lorraine la bande septentrionale de la grande boucle calcaire trace une srie analogue de sites 0orti0is aux!uels s' accrocha de bonne heure une cristallisation d' tablissements humains N depuis (ena 9us!u' 2 ?liseD-ainteD(eine/ de ,ieux sites 0orti0is la 9alonnent p;<8 en &ourgogne 1 elle signale/ de La 6arche 2 %audmont/ les con0ins guerriers de Lorraine$ L2/ plus tard/ et pour les m7mes causes/ na!uit cette 0loraison d' architecture dont Clun3 0ut le 0o3er/ et dont l' glise de %Gela3/ sur la colline calcaire en ,edette aupr.s du 6or,an/ demeure le principal tmoin$ L' ?ngleterre chelonne la plupart de ses plus anciennes ,illes 0orti0ies (Chester) ou de ses passages 0lu,iaux ()x0ord) le long des collines calcaires !ui enserrent le bassin de Londres/ ou des hauteurs !ui/ par Lincoln et WorJ/ s' a,ancent au nord 9us!u' au cap Flamborough$ Ces lignes de constructions ont mis en saillie l' ossature politi!ue des contres$ 2 tra,ers la -ouabe et la Franconie un trait analogue est 0ourni en ?llemagne par la Gone !ui ,a de &@le 2 &amberg N ce n' est point par hasard !ue/ sur les promontoires ou contre0orts !ui la hrissent/ on rencontre les sites de ch@teauxD0orts !ue les noms de Babsbourg/ Bohenstau0en/ BohenGollern ont rendu cl.bres$ ?u nordDouest du BarG les coteaux calcaires du ,oisinage de Bildesheim s' associent 2 la cit dont l' architecture et les monuments reprsentent ce !u' il 3 a de plus ancien et de plus remar!uable dans l' ?llemagne du nord$ Les con!u7tes de la pierre sur le bois ont march de pair a,ec les progr.s de la ci,ilisation$ Les xiie et xiiie si.cles/ !ui ,irent renaLtre l' ordre et la scurit en Curope/ 0urent aussi les po!ues du triomphe de la pierre$ C' est alors !ue se dressent les cathdrales/ !ue/ sur la -eine 2 Paris/ sur la 'amise 2 Londres/ et ailleurs/ des ponts de pierre remplacent les ponts de bois primiti0s$ 2 ?,ignon/ PontD-aintDCsprit/ sur le (hFne les con0rries de 4 ponti0es 4 sont 2 l' oeu,re$ 92 sous Charles Le Chau,e les 0orti0ications de PontDeDL' arche a,aient barr le 0leu,e aux incursions normandes$ Les ponts de pierre ont stabilis les passages/ endigu les in,asions/ 0ix la gographie politi!ue/ de m7me !ue ces tours et ces murailles !ui/ dans les ,ieilles estampes/ dessinent in,ariablement les 0igures de ,illes$ Pendant longtemps au contraire l' orient et le nord restent 2 l' cart$ ans la (ussie boise !ui s' tend au nord du == e degr de latitude ou dans la Finlande/ comme gnralement en -ibrie encore de nos 9ours/ il n' 3 eut gu.re !ue des ,illes de bois/ !ue l' incendie pou,ait d,orer 2 tel point !ue les habitants 0ussent tents d' abandonner le site$ es ,illes comme &olga sur la %olga/ Qulin ou %ineta sur la &alti!ue/ &isJa en -u.de/ ont disparu sans laisser de traces$ (ien de tel n' tait possible dans cette Curope !ui/ de bonne heure/ d' )x0ord 2 Prague/ inscri,it sur le sol ses monuments de pierre/ s' incorpora d' un trait d0initi0 au sol$ p;<= iv. -le bois dans l' )urope septentrionale : un des changements les plus notables dans la nature ,gtale est celui !ui 0ait graduellement succder ,ers le nord les 0or7ts de coni0.res aux essences ,aries !ui r.gnent dans les moins hautes latitudes$ Peu 2 peu/ les arbres !ui a,aient t pour les hommes de prcieux auxiliaires/ le ch7ne/ !ui e:t mrit dans la Gone tempre 0roide de succder 2 l' oli,ier comme roi des arbres/ et/ a,ec lui/ le 0r7ne/ si prcieux encore pour la charronnerie et l' outillage agricole/ l' i0/ !ue sa 0lexibilit rsistante rendait apte 2 tant de ser,ices/ si bien !ue son domaine semble a,oir t rduit depuis les temps prhistori!ues par une exploitation sans mesure/ disparaissent/ comme a,aient d92 disparu le buis/ le ch@taignier/ le no3er$ Ce cort.ge ,ari 0ait place 2 l' uni0ormit des pins/ picas et ml.Ges/ hFtes des 0or7ts pres!ue dpour,ues de sousDbois$ Parmi elles/ se glissent pourtant 2 la 0a,eur des clairi.res et des ,alles 0lu,iales !uel!ues esp.ces 0euillues N peuplier/ aune/ sorbier/ le bouleau surtout !ui/ ,i,ace et rsistant/ tend son aire de la -ibrie 2 la -candina,ie/ du Canada 2 l' ?lasJa/ tout le long des sur0aces continentales !ui bordent le pFle arcti!ue$ La nature s' appau,rit 1 l' installation de l' homme de,ient plus lente et plus di00icile 1 les arbres 0ruitiers cessent d' accompagner les habitations$ C' est en,iron entre == et <> degrs en Curope/ ,ers => degrs en ?mri!ue/ !ue se prononce le changement$ Cependant cette nature/ si appau,rie !u' elle soit/ n' est pas strile$ es ressources nou,elles se substituent 2 celles !ui 0ont d0aut$ ans ces 0or7ts de coni0.res/ les troncs gorgs de rsine li,rent aux constructions des matriaux incorruptibles$ La souplesse du bouleau/ son corce lg.re et lasti!ue se pr7tent 2 des usages pres!ue aussi ,aris !ue ceux du bambou dans d' autres latitudes$ Le caisson de bois !ui glisse et traLne sur la mousse entre les arbres clairsems/ le canot !ue l' on transporte parDdessus les seuils dprims d' un bie0 de ri,i.re 2 un autre/ sont des applications originales !u' en a tires l' ingniosit humaine$ C' est surtout dans les instruments de transport !ue se mani0este d' abord cette originalit N chose naturelle en des contres o5 les dplacements saisonnaux ont t et restent encore en partie une condition d' existence$ Le reste sui,ra a,ec les progr.s de la ci,ilisation$ 6ais les notions runies sur l' ethnographie des peuples primiti0s/ tribus 0innoises du nord de la (ussie/ indig.nes de l' ?mri!ue septentrionale/ montrent su00isamment d92 !u' en dpit de di00icults !ue ces contres opposaient 2 l' homme/ l' occupation 3 0ut asseG ancienne i ;<< et in,tre pour a,oir cr/ l2 comme ailleurs/ un matriel spcial de ci,ilisation en harmonie a,ec la nature ambiante$ La ci,ilisation moderne/ sous sa 0orme la plus en,ahissante/ celle de l' industrie/ assi.ge cette Gone a,ec une intensit dont elle est loin 9us!u' 2 prsent d' a,oir donn les m7mes preu,es dans la Gone tropicale$ &ien peu des produits ,gtaux !ue produit la nature 0oresti.re !uatoriale ont t encore utiliss par nos grandes socits modernes 1 au contraire/ les ressources 0oresti.res du nord sont depuis longtemps entres dans la circulation gnrale$ Ce n' est plus aux besoins seuls des habitants/ mais 2 la consommation grandissante de notre industrie !u' ils sub,iennent$ Cn m7me temps/ les ressources du sol sont exploites$ Les mines l' taient dans les temps anciens par les tchoudes du nord de la -ibrie 1 le 0er l' est au9ourd' hui dans les parties les plus septentrionales de la -candina,ie$ e plus en plus/ entrent en 9eu les immenses rser,es de 0orces !ue rec.lent les masses d' eau accumules dans ces contres 1 aussi ,o3onsDnous a,ec tonnement s' a9outer aux cits histori!ues de 6oscou/ Ptrograde/ -tocJholm/ de nou,elles crations et poindre de nou,elles ppini.res urbaines en Finlande/ en -candina,ie/ en Colombie britanni!ue/ l2 o5 9adis ,gtaient a,ec peine des embr3ons d' agglomrations humaines$ La ph3sionomie des ,illes et m7me des contres se trans0orme rapidement sous l' in0luence de la bri!ue et du granit$ 'oute0ois/ les conditions intrins.!ues n' ont pas dit leur dernier mot$ -ous ces climats rigoureux o5 l' hi,er se prolonge pendant O ou M mois/ la ncessit de retenir la chaleur assure aux constructions en poutres/ malgr les dangers d' incendie/ une pr0rence 9usti0ie$ La plupart des ,illes russes du nord ont renonc 2 leurs palissades et enceintes de bois$ Cependant/ beaucoup de !uartiers restent 0id.les aux anciens matriaux/ m7me 2 6oscou$ C' est surtout le cas pour les habitations rurales$ Cn Nor,.ge/ sous le ciel mouill et lumineux par claircies/ un des lments !ui pi!uent une note claire dans le pa3sage/ c' est la maison dont les parois peintes en rouge brillent au soleil$ -i ,ous entreG/ de ces parois luisantes/ de ces planches bien unies/ s' exhale une odeur rsineuse$ Le ,illage du nord de la (ussie tourne ,ers la large rue !ui constitue son axe/ les pignons ou,rags et orns de ,i,es couleurs de ses maisons de bois$ l' i7ba russe a supplant/ en e00et/ a,ec le progr.s de la culture et du bienD7tre/ la rudimentaire et 0ruste kuta 0innoise/ dont les toits bas de branchages et de terre sourdent encore 2 et l2 dans les coins carts de la rgion marcageuse$ Le plancher de bois a remplac dans l' iGba russe le sol de terre 1 les 0en7tres et les ou,ertures ont donn passage 2 la 0ume et 2 la lumi.re 1 des bancs p;<O le long des murs et des cloisons de planches di,isent la demeure en plusieurs compartiments$ ?,ec les chambranles dcoups et peints !ui encadrent les 0en7tres/ la girouette en 0orme d' oiseau !ui surmonte le toit/ la maison s' gaie et prend un air pittores!ue$ Clle paraLt bien ce !u' elle est rellement/ une cration inspire des lieux 1 on sent !ue/ sur elle/ s' est exerce a,ec prdilection l' adresse et la 0antaisie du constructeur$ L' art !ue le mou9iJ a appli!u 2 se construire/ a,ec les matriaux !u' il a,ait 2 sa porte/ une demeure con0ortable 2 ses besoins et 2 ses go:ts/ est le m7me !ui 0ait !ue sous sa main/ sans autre instrument !ue la hache/ le bois prend les 0ormes les plus di,erses/ se pr7te aux usages les plus multiples$ Le mou9iJ est n charpentier par le besoin/ l' habitude hrditaire/ en ,ertu des conditions de la nature ambiante/ m.re de ces nombreuses industries domesti!ues restes cheG lui encore si ,i,aces$ 4 on ne se 0igure pas tous les ob9ets !u' il peut 0abri!uer a,ec du bois et dans les!uels il n' entre pas un atome de 0er 4 / dit a,ec une nuance de regret un mtallurgiste$ C' est dans l' iGba russe/ la maison 0inlandaise en -candina,ie telle !ue l' ont 0aite plusieurs gnrations de pa3sans/ a,ec leurs co00res en corce de bouleaux/ leurs tag.res 2 images et leurs principes de dcoration pittores!ue/ !ue se mani0este l' expression la plus directe d' un genre de ci,ilisation autonome/ ne au sein d' une nature ingrate$ La maison n' estDelle pas en tout pa3s l' un des signes 0id.les de la mentalit de celui !ui l' habite E p;<P chapitre v. ,es tablissements humains : les tablissements humains a9outent une expression au pa3s$ La premi.re apparition d' un hameau/ apr.s une course de hautes montagnes/ est une 9oie$ Cette impression respire dans (ichtho0en/ !uand il note 9our par 9our les spectacles de ,o3age !ui le 0rappent/ dans &arth/ !uand il passe du -ahara au -oudan$ *ne ,ille/ un ,illage/ des maisons/ sont un lment descripti0 1 soit !ue l' on consid.re leur 0orme et leurs matriaux/ leur adaptation 2 un genre de ,ie/ rural ou urbain/ agricole ou herbager/ ils 9ettent un 9our sur les rapports de l' homme et du sol$ Il 3 a donc une grande ,arit d' tablissements humains 1 mais il importe d' en embrasser l' ensemble pour 0aire 2 cha!ue lment la part !ui lui con,ient$ Le site est le premier 2 considrer/ celui du moins o5 l' on saisit le plus aisment/ sembleDtDil/ les in0luences gographi!ues$ i. -les sites : tablissements temporaires et tablissements permanents. Dcertains tablissements se prsentent comme des crations phm.res$ Les germains de l' po!ue romaine a,aient des ,illages/ mais/ comme pour les indig.nes de l' ?mri!ue du nord/ c' tait des domiciles dont on s' cartait 0r!uemment pour la chasse ou les besoins de nourriture et de ,7tement/ et !u' on abandonnait par0ois pour en 0ormer d' autres$ L' emplacement des ,illages n.gres du -oudan est su9et 2 changer si le sol s' puise/ s' il de,ient malsain 1 il est 2 la merci d' une pidmie$ La 0ixit des tablissements est en proportion du patrimoine amass sur place/ des amliorations ralises/ des relations 0ormes$ Cntre le ,illage a0ricain !u' un accident dplace/ et nos ,illages d' Curope dont nous pou,ons sui,re l' existence depuis des milliers d' annes/ il 3 a toute la distance !ui spare les ci,ilisations rudimentaires d' une p;O> ci,ilisation a,ance/ comme entre la petite ,ille d' autre0ois et les immenses cits !ue notre po!ue ,oit grandir$ -i nous laissons de cFt ces tablissements phm.res des peuples primiti0s/ nous de,ons aussi mettre de cFt les re0uges et les abris de circonstance$ ans un tat d' inscurit chroni!ue/ les tablissements humains s' cartent des sites !u' ils de,raient normalement occuper$ ?u lieu de se placer l2 o5 s' o00rent les ressources naturelles et o5 l' espace n' est pas misrablement restreint/ ils se nichent sur des points peu accessibles/ sur des amoncellements de blocs comme ceux !u' on nous dpeint dans certaines contres de l' ?0ri!ue/ sur des sommets rocheux comme les ,ieux oppida des bords de la 6diterrane ou nos ch@teauxD0orts du mo3enD@ge/ dans les Llots ou sur des caps comme les 0ondations !ue 9adis le 6elJart ou l' ?start phniciennes sem.rent autour de la 6diterrane$ 6ais ces sites ne sont pas durables/ ils sont abandonns d.s !ue les circonstances de,iennent plus propices et ne subsistent !u' 2 l' tat de ruines$ Les conditions naturelles prennent alors le dessus 1 sous le ch@teauD0ort abandonn/ un ,illage ou une ,ille se 0orment et grandissent$ 4 !uand/ dit 'huc3dide/ on commena 2 7tre rassur contre les pirateries/ les ,illes se rapproch.rent de la mer$ 4 et d' autre part la piraterie 0aisant place au commerce/ les Llots sur les!uels a,aient t dposs par les pirates euxDm7mes un germe de ,illes/ entr.rent en contact a,ec la terre 0erme et s' 3 rattach.rent m7me arti0iciellement$ '3r/ -3racuse/ ?lexandrie ont ainsi bris leurs co!uilles$ 6ais alors/ 2 partir du moment o5 l' tablissement a trou, ou con!uis les conditions 0a,orables 2 sa ,italit/ il peut 0aire preu,e d' une singuli.re persistance 2 durer/ m7me 2 tra,ers les r,olutions de l' histoire$ Cn 0ondant sur certains points 0a,orables des tablissements sur les!uels des gnrations successi,es concentrent les produits de leur acti,it/ l' homme implante un le,ier pour agir aux alentours/ par0ois au loin$ Ces tablissements 0ont 0igure gographi!ue/ non seulement par euxDm7mes/ mais par les modi0ications !u' ils produisent autour d' eux$ -ans parler des in0luences lointaines pres!ue incalculables !u' exercent les grandes cits de nos 9ours/ une ,ille/ m7me mdiocre/ cre sa banlieue et trans0orme ainsi ses alentours$ *n ,illage groupe et associe les cultures sui,ant les commodits de l' exploitation$ 67me les hameaux/ les 0ermes ou maisons isoles/ a,ec leurs ouches/ leurs courtils/ leurs ,ergers/ leurs masures/ op.rent une sparation de 0ormes !ui s' enche,7trent 2 l' tat de nature/ un classement des champs/ prairies/ ,ergers ou bois dont nos 3eux ont pris l' habitude$ L' aspect de contre pleinement ci,ilise/ a,ec sa continuit de cultures/ ses p;O; tendues o5 se mani0este une r.gle introduite par l' homme/ est un rsultat arti0iciel !ui tient 2 la !uantit/ au ,oisinage et 2 la dure des tablissements !u' il a pu 0onder$ L' absence ou la raret d' tablissements permanents se traduisent par une composition tout autre du pa3sage/ d' autres associations ,gtales/ des interruptions ou des ,ides sui,ant la nature des lieux/ l' apparition sporadi!ue de sols ingrats !ue rien n' a amends$ Ce dernier trait a t not par tous les obser,ateurs dans l' ?0ri!ue tropicale$ complexit dans les pas de vieille civilisation. Dcependant/ d.s !u' il s' agit de passer 2 l' anal3se/ de distinguer les di00rents t3pes d' tablissements dans leurs rapports a,ec les conditions naturelles et les genres de ,ie/ c' est dans les contres de ,ieille ci,ilisation !ue la complexit des 0aits rend l' obser,ation le plus di00icile$ L' aspect de nos campagnes/ en France par exemple ou dans l' Curope centrale/ est un tableau singuli.rement composite/ o5 les retouches et les disparates ne man!uent pas$ )n 3 ,oit se cFto3er des 0ormes !ui sont l' expression de di,ersits sociales et par0ois m7me de di,ersits ethni!ues$ L' usine a pris place pr.s de la maison rurale/ le ch@teau pr.s de la 0erme$ Pour!uoi ici la maison 0lamande/ l2 le ,illage alsacien 0ontDils brus!uement place aux 0ermes Xallonnes ou aux ,illages lorrains E i,erses in0luences se croisent/ parmi les!uelles les traditions ethni!ues ne sont pas mconnaissables$ )n sent a,ec !uelle circonspection doit procder l' anal3se et de combien de nuances il 0aut tenir compte$ 6ais cette complication porte en soi son enseignement$ Les tablissements humains sur le sol histori!ue de notre Curope ont/ plus pro0ondment et plus gnralement !u' ailleurs/ remani les conditions naturelles$ Kuel!ues 9alons nous permettent de remonter dans leur histoire$ Nulle part elle ne s' o00re plus ,arie et plus riche$ es bords de la 6diterrane 2 l' Curope centrale/ 9us!u' au nord scandina,e et 2 la plaine russe/ on suit une srie chronologi!ue/ comme une ,ague en,ahissante dans les rgions les plus di,erses de sol et de climat$ 'our 2 tour/ les hauteurs !ui encadrent le bassin mditerranen ont t amnages en gradins 1 les plaines !ui entourent les ?lpes ont t draines 1 les ?lpes ellesDm7mes ont t/ 9us!ue dans leurs hautes rgions/ li,res 2 l' exploitation pastorale$ ?pr.s !ue les 0or7ts 2 0euilles cadu!ues de l' Curope centrale eurent t claircies/ on s' est atta!u aux marcages des contres !u' a,ait prou,es l' action glaciaire 1 en0in/ les 0or7ts de coni0.res des terrains gra,eleux de la (ussie du nord ont t 2 leur tour atteintes par le progr.s des tablissements p;OR humains$ 2 chacune de ces con!u7tes sur les pentes/ sur les 0or7ts/ les marcages/ a correspondu l' in,ention de procds sou,ent s3stmati!ues de culture/ de modes particuliers d' conomie rurale$ -ans doute/ il 3 a des contres dont la ci,ilisation ne le c.de pas en anciennet 2 celle de l' Curope 1 mais elle le c.de en ,arits$ Cn Chine/ comme au Qapon/ et m7me dans l' Inde/ il n' 3 a pas eu d' atta!ue mthodi!ue de nou,eaux domaines de culture 1 on s' est content de tirer le meilleur parti de celui !ui/ de temps immmorial a,ait t 0ix 1 les tablissements humains sont rests plus spcialement con0ins dans certaines Gones N la montagne et la plaine 3 sont comme deux lments spars 1 ni le chinois/ ni l' annamite/ ni l' hindou/ ne propagent leurs tablissements dans les montagnes/ domaine malsain/ hostile de socits primiti,es$ La montagne a 9ou surtout un rFle passi0 1 elle s' est dpouille au pro0it de la plaine 1 elle n' a pas particip aux trans0ormations !u' entraLne le cours mobile d' une ,italit en ,eil/ 2 ce perptuel de,enir !ui a00ecte aussi l' occupation humaine$ Cn ce sens l' Curope est la plus humanise de toutes les parties du monde$ Nulle autre n' o00re une mati.re aussi riche et hirarchise d' exemples$ L' ?mri!ue a install son s3st.me d' tablissements sur d' autres bases$ Clle a br:l les tapes$ -ans doute/ le ,illage existe aux tatsD*nis dans les parties de colonisation ancienne$ 6ais les mo3ens actuels de circulation/ les crations d' entrepFts appro,isionns de toute esp.ce de marchandises/ l' usage de trans0ormer les produits agricoles en ,aleurs de ban!ue/ Ftent 2 la 0ormation des ,illages une partie de sa raison d' 7tre$ C' est 2 la ,ille/ et m7me 2 la tr.s grande ,ille !ue tendent les groupements$ C' est la ,ille !ui rgit les relations entre ruraux$ existence de tpes. Ddans cette complexit des pa3s de ,ieille ci,ilisation/ ne peutDon dcou,rir des t3pes susceptibles de classi0ication E (emar!uons d' abord !ue les 0ormes d' tablissements/ !uelles !u' elles soient/ ne se reprsentent pas isolment$ -i l' on met 2 part !uel!ues exploitations mini.res situes en pleine 0or7t ou au coeur des montagnes/ c' est par essaims/ par 0amilles en !uel!ue sorte !ue certains t3pes se rpartissent 2 la sur0ace$ -i c' est le rgime d' habitat dissmin !ui pr,aut/ les maisons/ 0ermes ou hameaux ne se comptent pas par !uel!ues units/ mais par centaines 1 c' est comme une poussi.re d' habitation !ui cou,re le sol$ -i c' est au contraire le t3pe de ,illages agglomrs !ui domine/ ils se distribuent de telle 0aon !ue/ pour peu !u' on embrasse un horiGon de !uel!ue tendue/ on aperoit tou9ours p;O+ plusieurs clochers 2 la 0ois N nombre de pro,erbes/ cheG nous/ ont not le 0ait$ Les ,illes m7mes ont tendance 2 se multiplier et 2 se presser sur certains points/ comme si elles s' attiraient les unes les autres$ ?insi/ abstraction 0aite des 0ormes !ui peu,ent ,enir 2 la tra,erse/ on discerne aisment !ue les m7mes t3pes sont tirs/ dans les rgions !u' ils occupent/ 2 un tr.s grand nombre d' exemplaires$ Il est par l2 permis de dire !ue le site gou,erne en partie l' habitat/ !ue parmi les signes !ui concourent 2 caractriser une contre/ 2 mar!uer un pa3s d' une empreinte propre/ cet indice n' est pas ngligeable$ Celui !ui/ en France/ !uitte le pa3s de Caux pour celui de &ra3/ la &rie pour la &eauce/ celleDci pour le Perche/ recueille ce sentiment sur le ,i0$ (ichtho0en ne l' exprime pas a,ec moins de nettet/ !uand il dcrit les di00rences !ui le 0rappent entre les pro,inces de Chine N di00rences autant dans le mode de groupement !ue dans la 0orme des maisons$ (ien de plus naturel/ si l' on 3 r0lchit$ L' analogie des conditions de sol/ d' h3drographie/ de climat/ 0ait !u' un t3pe d' tablissement/ une 0ois implant dans une contre/ 3 de,ient dominant/ par la ncessit !ui pousse les cohabitants 2 s' adapter les uns aux autres$ C' est un phnom.ne d' accommodation rcipro!ue$ Les relations !uotidiennes et multiples !ui naissent entre habitants d' une m7me contre ne permettaient gu.re/ autre0ois surtout/ de se dpartir des t3pes de groupement et d' habitat !ui correspondent au genre de ,ie dominant$ ans les pa3s de grande culture de crales/ la simultanit des tra,aux/ l' usage des m7mes pistes imposaient un m7me mode de groupement pour arri,er en temps utile aux parcelles 2 tra,ailler 1 le paiement s' 3 0aisant en nature/ la maison du salari aussi bien !ue celle du 0ermier ou propritaire/ de,ait 7tre amnage en ,ue de ce !u' elle de,ait contenir$ ans les rgions o5/ au contraire/ le sol se morcelait en terrains enclos/ tour 2 tour champs et p@tures/ 4 les petits pa3s 4 / comme les dsignent les habitants/ il 0allait bien !ue cha!ue 0erme s' isol@t pour sub,enir aux ncessits de cet miettement des cultures/ !u' elle se rattach@t au lacis de petits sentiers !ui cou,rent le pa3s pour s' 3 nicher en place utile$ C' est surtout dans les pa3s d' irrigation !ue la r.gle d' adaptation rcipro!ue se mani0este$ 'out 3 est tellement subordonn 2 l' lment !ui distribue la ,ie/ !u' il ne peut 3 a,oir d' autre mode de groupement/ d' autre disposition d' habitat !ue celle !u' exige la 9ouissance en commun soit des eaux courantes/ soit des nappes d' eau$ (ien de plus uni0orme en e00et !ue les baracas !ui peuplent la huerta de %alence ou !ue les innombrables petites cases !ui s' gr.nent dans la haute g3pte/ ou !ue les ,illages !ui encadrent les compartiments 2 riGi.re du 'onJin$ p;O8 L' obser,ation montre donc !u' il existe des sries$ Ce sont elles !u' il 0aut reconnaLtre et tudier et non l' exception$ Clles seules ont une ,aleur gographi!ue$ in!luence des routes. Dla plupart des auteurs !ui se sont occups des tablissements humains se sont attachs 2 mettre en lumi.re le rFle des ,oies de communication$ C' est !u' ils songeaient surtout aux ,illes$ Les routes/ c' estD2Ddire le commerce et la politi!ue/ ont 0ait les ,illes 1 il en est autrement des tablissements plus humbles !ui ont procd de mille mani.res di00rentes 2 l' exploitation du sol$ 6eitGen l' a prou, pour les anciennes communauts ,illageoises de l' Curope centrale$ Nous le ,o3ons autour de nous$ Les petits hameaux !ui se multiplient dans le sud du 6assi0 Central/ les 0ermes ,oisines mais isoles du bassin de (ennes/ les maisons rurales des rgions de bocage ne se rattachent au rseau routier !ue par des sentiers !ue la boue rend impraticables$ ans la &rie/ la rpartition de ces 0ermes/ !ui sont pourtant de grands centres d' exploitation rurale/ montre une disposition tout 2 0ait indpendante des routes N c' est par un lacis de pistes !u' elles communi!uent$ Cn Limagne/ la petite culture laisse 2 peine de place 2 !uel!ues sentiers herbeux$ Cn &eauce/ de grandes routes/ mais pas de sentiers$ Cela ne ,eut pas dire !ue les routes soient incapables de 0aire naLtre des ,illages$ La nomenclature topographi!ue en 0ait 0oi$ )n ,oit actuellement/ dans les pa3s de population dissmine/ Flandre/ ,alle de la Loire/ les maisons s' aligner docilement 2 l' appel des routes/ 0ormer des rues et donner ainsi un aspect semiDurbain 2 certaines campagnes$ 6ais !ue de pa3s (6or,an/ %ende/ -idobre) o5 la route ne 0ait naLtre aucun tablissement$ La ,ie rurale se contente d' une ,iabilit rudimentaire/ soumise 2 toutes les di00icults des saisons/ adapte aux pitons ou aux b7tes de somme$ ans l' est de la France et les plaines agricoles de l' ?llemagne/ comme en ?ngleterre/ on entre,oit le ,estige d' un t3pe d' organisation aussi ancien !ue l' assolement triennal/ o5 l' indpendance des routes est mani0este$ ?utour d' un no3au o5 se groupent les maisons rurales se droulent en longues bandes parall.les des champs soumis 2 des r.gles d' assolement communes/ de sorte !ue semailles/ tra,aux/ rcolte/ mise en p@ture s' 3 succ.dent dans le m7me ordre et s' accomplissent en m7me temps$ 2 l' origine les rues du ,illage s' 3 prolongeaient sous 0orme d' troites bandes gaGonnes ou laisses en 0riche pour la commodit des oprations agricoles$ Ce s3st.me autonome de communications/ bien !ue moins mani0este au9ourd' hui/ est de cration p;O= ,illageoise 1 il se su00it$ es routes ont pu 7tre sura9outes en ,ertu des besoins extrieurs/ mais l' unit sociale/ la cellule organise pour subsister de sa ,ie propre a,ait d92 de cette mani.re pour,u 2 sa propre ,iabilit$ Isol des routes/ l' tablissement rural doit a,oir sous la main les ressources indispensables 2 sa ,ie$ ans les rgions arides ou dserti!ues/ la nature restreint l' habitat 2 une Gone troite dont il ne peut s' carter$ La proximit de l' eau est la r.gle in0lexible 1 pas d' tablissement !ui s' en carte/ !ui ne tienne de l' oasis$ 6ais les rgions tempres laissent plus de marge 1 l' homme 3 peut choisir les sites sui,ant di00rentes combinaisons$ Le besoin de !uel!ue ,arit dans l' alimentation/ l' eau pour de multiples usages/ les terrains ncessaires 2 l' entretien d' animaux domesti!ues/ le combustible et les matriaux de construction/ la salubrit du sol/ ,oil2 un rsum des exigences de l' homme pour sa demeure$ Le probl.me a t rsolu de 0aon 2 concentrer le mieux possible la runion des choses ncessaires 1 c' est ce !ui expli!ue la 0ixit des tablissements humains dans nos rgions de ,ieille ci,ilisation$ Le principe de combinaison est s3stmati!uement appli!u dans l' organisation des anciens ,illages d' ?ngleterre 1 on 3 distingue autour de l' agglomration N ;$ Les champs de culture 1 R$ Les prairies &meado- grounds' * +$ Les p@tures$ lignes de contact. Dun relie0 dont les lignes s' harmonisent et o5 l' inclinaison des pentes ne dpasse pas les degrs !ui rend les transports et les relations di00iciles/ mais !ui 9oint 2 l' a,antage d' orientations di00rentes celui !ui rsulte d' une composition ,arie du sol 1 telles sont/ entre autres/ les conditions !ui attirent et 0ixent les tablissements ruraux$ Nos coteaux de France/ surtout dans le bassin parisien/ abondent en pareils sites$ L' rosion s' 3 est exerce asseG pour !ue des boulis aient enrichi en m7me temps !u' amorti les pentes/ sans compromettre la stabilit du sol$ Les couches du sousDsol/ n' a3ant pas t dranges par des dislocations/ se droulent en assises rguli.res N aux sables et aux matriaux 0riables/ se superposent en successions ordonnes des Gones d' ingale consistance/ calcaires ou marnes/ entre les!uelles a00leurent des sources$ 2 cette coordination/ il a t possible d' adapter un classement de prairies/ de cultures/ de ,ergers/ de taillis/ bois ou garennes/ dans le!uel les besoins de la communaut trou,ent 2 porte ce !ui leur su00it$ L' oeil embrasse aisment cette superposition rguli.re et unit le ,illage et le clocher dans l' image !u' il en retient$ -ur les 0lancs des coteaux calcaires couronns de bois !ue p;O< l' rosion a isols dans le No3onnais/ o5 aux en,irons de -aintDHobain et Laon/ des champs s' talent 9us!u' au contact des boulis a,ec les 0onds argileux N les tablissements/ dociles 2 ces dispositions linaires/ 0orment ceinture autour de cha!ue massi0$ Les collines de craie tendre du -nonais doi,ent 2 l' rosion un pro0il ,as et sensiblement conca,e dont les champs dessinent en long ruban la sinuosit$ -ur les coteaux plus raides du calcaire 9urassi!ue/ en &ourgogne ou en Lorraine/ se succ.dent/ de la base au sommet/ les prs/ les champs/ les ,ergers/ les 0or7ts/ soulignant les di00rences si lg.res !u' elles soient de sol/ de climat et d' h3drographie/ !ui se concentrent sur une centaine de m.tres d' altitude$ Ce rapprochement en raccourci de Gones di,erses 0ournit aux tablissements un cadre propice 1 il est combin en raison du ,aDetD,ient !ui relie les di,erses parties de l' exploitation rurale$ Le choix de la position reprsente la meilleure possibilit de combinaisons utiles$ Cha!ue modi0ication du relie0 o00re ainsi de nou,elles chances 0a,orables aux tablissements$ Il se produit aux in0lexions de pente/ aux intersections de plans di,ersement inclins/ une tendance ,isible au rapprochement et m7me 2 la concentration des lieux habits$ )n peut ,ri0ier en di,ers pa3s cette loi naturelle/ m7me en ceux o5 la disette d' eau ne rel.gue pas/ comme en certains plateaux calcaires/ les ,illages aux a00leurements latraux de sources ou au ,oisinage de ri,i.res$ Les plateaux de tra,ertins et de meuli.res de la &rie/ o5 l' eau est partout et 2 l' intrieur des!uels pr,aut le s3st.me de grandes 0ermes/ se couronnent sur leur priphrie de ,illages placs en corniche/ penchs d' un cFt sur des ,ergers/ adosss/ de l' autre/ 2 des champs$ ' autres exemples nous ,iennent du midi et de l' ouest$ ans la plaine du PF/ en milie/ en Lombardie et Pimont/ le pa3s 0ourmille de maisons rurales/ distantes la plupart 2 peine de =>> m.tres$ (ien ne distingue particuli.rement les alentours de ces grosses b@tisses N ni arbres/ ni 9ardins/ 2 peine !uel!ues lopins de potagers minuscules$ Clles sont indistinctement con0ondues dans l' immense 9ardin dont le tra,ail des habitants a re,7tu la plaine enti.re/ a,ec ces cultures !u' un rideau d' arbres entrelacs de 0estons de ,ignes prot.ge contre les ra3ons du soleil$ 6ais a,ec les collines du 6ont0errat reparaissent les ,illages/ couronnant les cimes de leurs clochers et de leurs ,ieilles tours$ ans le Lauraguais languedocien/ l' impermabilit du sol a 0a,oris la dispersion par bordes * mais sur la tranche !ue ces plateaux de molasse opposent aux ,alles/ se succ.dent des bourgs ou ,illages/ tr.s anciens pour la plupart/ signals au loin par des ranges de moulins p;OO 2 ,ent$ C' est un spectacle analogue !ui 0rappe le ,o3ageur !ui suit la Loire entre Chalonnes et ?ncenis et !ui ,oit sur la ri,e gauche/ de -aintDFlorent 2 Lir/ les rampes du pa3s des 6auges se hrisser de clochers et de moulins 2 0aible distance les uns des autres N derri.re cette 0aade ,illageoise !ui 0ait illusion/ on ne dcou,re/ si on la 0ranchit/ !ue de larges croupes parsemes de 0ermes dans un 0ouillis d' arbres$ *ne recrudescence de centres habits signale le bord des plateaux de loess en ?lsace/ entre -trasbourg et -a,erne/ comme en ?utriche le bord des plateaux !ue longe la 6ora,a au nord de %ienne 1 la ,igne et les ,ergers a9outent leur appoint aux cultures de crales$ C' est !ue/ dans ce cas comme dans les prcdents/ un talus adouci/ 0orm de glissements et d' boulis/ 0acilite la liaison entre les sections de pentes$ Cette disposition 0amili.re a pris racine dans les habitudes$ Il semble bien !u' a,ec le besoin instincti0 des combinaisons/ ce t3pe ait 0lott de,ant les 3eux de nos pa3sans de France/ lors!u' ils transplant.rent en ?mri!ue ce plant exoti!ue/ le ,illage agricole 1 sur les terrasses au bord du -aintDLaurent/ leurs maisons s' alignent/ ,oisines sans 7tre contiguSs/ droulant en bandes rectangulaires leurs ,ergers de pommiers/ leurs champs d' a,oine/ leurs prairies entoures de barri.res de bois/ entre la 0or7t d' en haut et la berge du 0leu,e$ )n peut considrer comme une loi gnrale la prdilection des tablissements humains pour les lignes de contact de couches gologi!ues di00rentes$ Celui des calcaires oolithi!ues surmontant les marnes du lias/ si 0r!uent en &ourgogne et en Lorraine/ a t un des plus 0conds en tablissements prcoces$ Le site 0ameux d' ?liseD-ainteD(eine mriterait de ser,ir de t3pe$ L' oc.ne parisien a 0ourni/ soit entre le calcaire et les sables/ soit entre les g3pses et les marnes ,ertes/ l' occasion de ,illages s' tageant 2 0lanc de coteaux/ le long de la -eine/ de la 6arne et de l' )ise$ Les coules de basalte !ui/ en ?u,ergne/ surmontent les coteaux d' argile/ ont 0orm 2 leur extrmit une lisi.re de ,illages/ dont le t3pe est (o3at$ Les tablissements a00ectent de pr0rence soit le palier suprieur/ ainsi !ue nous l' a,ons ,u/ soit le palier in0rieur$ Les cFtes calcaires de 6euse ne man!uent pas de bourgs situs au sommet/ mais c' est surtout leur base !ui est garnie de riches et 0lorissants ,illages se succdant de pr.s/ tous orients ,ers l' est$ 67me disposition dans les bourgs du ,ignoble bourguignon$ villages en srie. Dle nombre et le rapprochement des tablissements !ui se pressent sur ces lignes de contact sont le commentaire p;OM ,i,ant de la 0orce d' attraction !ui les tient unis$ (ien de plus 0rappant !ue ces ranges de ,illages !ui/ en de certains endroits/ semblent 7tre ns du m7me besoin/ puisant 2 la m7me s.,e$ *n coup d' oeil les embrasse se succdant sur le m7me plan/ en lignes pres!ue ininterrompues/ soit autour des coteaux de No3on et de -aintDHobain/ soit le long des berges calcaires !ui descendent ,ers l' )ise$ ?u pied des cFtes de 6euse/ entre Neu0ch@teau et %aucouleurs/ les ,illages s' alignent aussi/ unis ensemble par un lien de ressemblance/ par0ois de 0iliation N .omrm .e >reux, disait Qeanne ' arc en parlant de son ,illage natal/ !u' elle ne sparait pas du ,illage aLn et ,oisin$ Il 3 a l2 de ,ritables lignes de cristallisation$ Les tablissements humains ont obi strictement 2 l' attraction de certaines conditions propices 1 ils s' 3 sont propags comme ces coraux dont les constructions ne s' cartent pas de certaines Gones$ Ils se pr7tent/ par ce ,oisinage/ un mutuel appui et 3 trou,aient/ dans les temps troubls/ des garanties de scurit$ Les exemples ne man!uent pas hors de France/ en ?llemagne notamment/ aux pieds des platesD0ormes calcaires de -ouabe/ le long de l' )denXald/ sui,ant la bergstrasse et ailleurs$ *ne grande partie de nos populations a ,cu ainsi de ces rapports de ,illages 0ormant comme des 0amilles sociales$ tpes montagnards. Ddans les montagnes/ les lignes de cristallisation sont plus rares$ C' est le t3pe dissmin !ui pr,aut et !ui persiste$ ans les ?lpes 0rancoDpimontaises/ on rencontre des groupes de hameaux plutFt !ue des ,illages$ Cependant !uel!ues lignes d' habitat se laissent particuli.rement distinguer$ Clles correspondent aux Gones de ,gtations !ui se succ.dent en altitude$ -ur les 0lancs de ce !u' on appelle dans les %osges des collines, les habitations s' alignent sur une Gone de cultures/ !ui/ surmontant de ;>> 2 ;=> m.tres les prairies d' en bas/ s' l.,e auDdessus des brouillards sur les ,ersants o5 s' attardent les ra3ons du soleil$ Le bas de la Gone de la ch@taigneraie/ auDdessus des ,ignes/ dans les monts du %i,arais et une partie des C,ennes/ trace une ligne sensible de peuplement$ Il en est de m7me dans le 'essin$ Cn Corse/ c' est au contact de la Gone de l' oli,ier et de celle du ch@taignier !u' est la ligne de prdilection$ ans les montagnes du Cantal/ les gros ,illages sont 2 M>> ou P>> m.tres/ auDdessus des cultures/ pr.s des 0or7ts et des p@turages$ Le Qura est 9alonn d' tablissements/ respecti,ement situs 2 la limite suprieure du ,ignoble et des ,ergers/ puis 2 la limite des cultures de crales$ Il 3 a coIncidence entre les lignes d' habitat et certaines courbes de ni,eau N celle de M>> m.tres dans les ?lpes 0ranaises se signale par des 0ormes ,aries p;OP d' tablissements 1 c' est la limite entre la Gone plutFt agricole et la Gone de plus en plus pastorale$ 6ais d' autres causes inter,iennent N nergie de l' rosion/ contraste entre l' humidit des ,alles et la luminosit s.che des hauteurs/ orientation/ ,entilation/ pour multiplier les sites d' tablissements$ ans la Gone des cultures/ les hameaux ou ,illages cherchent les ,ersants ensoleills/ les paulements/ les terrasses 2 ni,eaux successi0s !u' atteint plus rarement le brouillard/ les moraines/ les cFnes de d9ection tals aux dbouchs des ,alles secondaires$ 6ais le genre de ,ie pastorale !ui s' est d,elopp dans les ?lpes/ repose sur une combinaison intime entre les prairies 2 0auchaison des rgions basses et les p@turages des hauteurs/ 4 les montagnes 4 $ Les tablissements permanents tendent 2 se placer ,ers l' extrmit suprieure des ,alles/ pour 7tre 2 porte des p@turages et non loin des bois/ et sont prcds ,ers les hauteurs par une mare montante de chalets/ casere ou habitations temporaires/ tantFt espacs 2 !uel!ue cent m.tres de distance/ tantFt pelotonns en petits groupes/ tantFt en bois/ tantFt mariant le bois et la pierre$ Cn somme/ tout ce !ui s.me la ,arit 2 la sur0ace/ tout ce !ui engendre les 0acilits d' assemblage et de combinaison se re0l.te dans la rpartition de l' habitat$ ans les montagnes/ ce sont les talus moraini!ues/ les cFnes d' boulis !ui ser,ent de si.ges pr0rs 2 des hameaux ou 2 des ,illages$ Le long des cFtes lagunaires/ l' apparition de lignes de dunes suscite sur leurs ,ersants un surcroLt d' habitations$ ans les plaines !ue sillonnent nos 0leu,es/ les terrasses !ui correspondent 2 d' anciennes berges se couronnent ,olontiers de maisons ou de ,illages$ Les monticules isols dans les rgions no3es des marschen ou polders de la &asseD?llemagne 0urent 9adis les premiers sites d' tablissements$ Les cordons pierreux appels osar en Finlande/ ser,ent/ entre les dpressions argileuses/ de points d' attraction$ ans le -ahara/ les massi0s montagneux (?Ir/ Boggar)/ condensateurs de nues/ sont les seuls sites !ui se pr7tent 2 l' habitat permanent$ )n ,oit donc !u' 2 des degrs di,ers/ mais sous tous les climats/ tout accident de relie0 introduit un lment nou,eau !ui/ par l' orientation/ la sensibilit aux in0luences mtorologi!ues/ le changement de nature du sol/ 0ournit 2 l' homme l' occasion/ tou9ours cherche/ de concentrer 2 sa porte la nourriture/ l' abri/ la demeure stable et d' ac!urir par ce mo3en des a,antages transmissibles dont se grossit son patrimoine$ Ce ne sont pas les considrations de prudence !ui pr,alent$ ans les montagnes/ les sites d' habitat a00ectent ou non les terrains p;M> meubles/ placages/ cFnes de d9ections/ endroits exposs aux boulis$ Le ,oisinage des ,olcans a attir/ 9amais cart$ ans les rgions sismi!ues/ les terrains meubles et 0riables/ les plus exposs/ sont ceux !ui ont rassembl les habitants$ ii. -l' habitat agglomr. -!ermes et villages : deux t3pes/ rentrant dans la m7me 0amille/ correspondent au genre de ,ie agricole des plaines ou,ertes de l' Curope centrale et occidentale N l' un est le ,illage/ l' autre la 0erme ou le ho!, bien distincts par leur ampleur et la rgularit de leur disposition gnrale de la borde languedocienne ou du mas pro,enal$ L' a00init entre ces deux t3pes d' tablissement rural tient 2 l' a00init des genres de ,ie aux!uels ils se rapportent$ Clle est gnti!ue/ elle se montre 2 l' origine$ Le vicus s' est group autour de la villa, comme on a ,u de nos 9ours le ,illage bulgare se 0ormer autour du tchi!lik turc$ la !erme. Dla 0erme est un tout par l' outillage/ les granges/ les animaux/ le personnel ou,rier !u' elle hberge$ Par sa rgularit/ ses dimensions/ elle s' associe 2 la ph3sionomie des grandes plaines agricoles$ Clle en est un lment ordinaire$ Le plus sou,ent au nord de la Loire/ elle a00ecte la 0orme d' une enceinte carre ou rectangulaire s' ou,rant par la grange/ enserrant une cour/ une habitation et des curies 1 c' est probablement le t3pe !ui se rapproche le plus de l' ancienne ,illa galloDromaine$ Clle n' est pas un t3pe particulier aux pa3s picards et Xallons 1 on la retrou,e/ !uoi!ue a,ec de moindres dimensions/ sur les plaines de loess de l' ?utriche entre LinG et %ienne$ N' estDce pas l' tablissement adapt par excellence 2 l' outillage considrable et au personnel nombreux !u' exigent les grandes cultures de crales E Les proccupations d' arboriculture et d' le,age se 0ont sentir dans la 0ermeDmasure caractristi!ue du pa3s de Caux$ Clle se distribue en b@timents spars/ mais tous compris dans l' enceinte rectangulaire o5 des p@tures complantes de pommiers sont encloses d' un 0oss couronn de h7tres/ tache sombre !ui se dtache 2 inter,alle pres!ue rgulier dans la brume estompe du plateau$ -ur les con0ins de l' ?rtois/ de m7me !u' en anemarJ et ailleurs/ elle se compose de trois b@timents perpendiculaires/ enserrant une cour a,ec un entourage d' arbres et de ,ergers$ Nous n' insistons pas sur l' anal3se des dtails 1 ce !u' il importe de p;M; noter/ c' est la 0ixit des t3pes/ leur multiplication et la 0idlit a,ec la!uelle ils se rp.tent sur une certaine tendue/ attestant l' exacte adaptation 2 un genre de ,ie$ La 0erme se montre tantFt dans l' inter,alle des ,illages/ tantFt coexistant a,ec eux$ C' est ainsi !ue/ dans nos plaines des en,irons de Paris/ on ,oit 2 l' entre ou 2 la priphrie du ,illage/ une de ces constructions !ue la longueur de ses murailles nues/ la large et haute porte !ui s' ou,re sur la cour intrieure/ a,ec la mare et !uel!ues grands arbres aux abords/ distinguent des maisons !ui lui succ.dent$ Cependant c' est sui,ant les pa3s/ tantFt/ la 0erme/ tantFt le ,illage agglomr !ui domine/ sans !u' il soit tou9ours 0acile de dgager les raisons de ces di00rences$ ?ssurment la prsence de l' eau 2 la sur0ace 3 contribue$ C' est la raison pour la!uelle la 0erme domine sur les meuli.res impermables de &rie/ et est 0r!uente/ comme dans le pa3s de Caux/ sur les limons !ui se pr7tent 2 la 0ormation des mares 1 tandis !u' elle est subordonne et m7me rare sur les craies permables de Picardie/ de Champagne ou sur les plateaux du 4 muschelJalJ 4 lorrain$ 6ais il 3 aurait sans doute d' autres lments 2 chercher dans le domaine de l' histoire et dans le domaine de l' ethnographie/ si l' on a,ait 2 traiter cette !uestion$ le village. Dle ,illage des grandes plaines agricoles/ tel !u' il existe en France/ dans l' Curope centrale/ dans les plaines du &asDanube/ et dans la PetiteD(ussie/ est une des expressions mthodi!ues d' un genre de ,ie$ -on pullulement sur les espaces naturellement dcou,erts ou 0aciles 2 d0richer se lit sur la carte et 0rappe la ,ue sur le terrain$ ans nos campagnes du -anterre/ de l' ?rtois/ du Cambrsis/ etc$/ dans le Vochersberg entre -a,erne et -trasbourg/ dans le BellXeg entre *nna et -oest/ dans la &orde de 6agdebourg 2 l' ouest de l' Clbe/ les ,illages se distribuent/ semblables entre eux/ comme sur un chi!uier/ 2 0aible distance les uns des autres$ La rgularit de leur rpartition est moins apparente en Champagne/ o5 ils se serrent le long des ri,i.res/ sur le plateau lorrain o5 ils a00ectionnent les dpressions/ dans le -oissonnais o5 ils sont au bord des plateaux calcaires$ Cn dpit de di00rences !u' expli!uent le climat ou des causes histori!ues/ ces tablissements ont entre eux un lien d' origine 1 la s.,e est puise aux m7mes sources$ Leur 0ormation s' est 0aite par groupes$ Ce sont comme des colonies de plantes sociales$ L' onomasti!ue r,.le sou,ent p;MR cette 0iliation N tel ,illage/ sans doute plus ancien/ est reprsent par son diminuti0/ 2 peu de distance$ Ces t3pes d' tablissement tirent leur 0orce de leur adaptation aux caract.res de sol et de climat propres 2 une partie de l' Curope$ Ces plaines unies sur les!uelles la charrue peut prolonger ses sillons rach.tent leur uni0ormit par l' a,antage de se pr7ter 2 de nombreuses combinaisons agricoles$ Les cultures peu,ent s' 3 prati!uer en grand/ par les m7mes procds/ a,ec les m7mes instruments/ aux m7mes po!ues N semences/ sarclages/ rcoltes pou,ant s' 3 0aire simultanment$ Il 3 a l2 un principe d' entente/ l' a,antage consiste en une conomie de 0rais et en commodits rcipro!ues$ Ces conditions ont 0ait naLtre un s3st.me combin de culture/ une prati!ue rgle des assolements$ .s une po!ue ancienne/ l' assolement triennal 3 a trou, son domaine/ on en a des preu,es d.s le ixe si.cle$ )n a pu ainsi associer d' un commun accord les cultures de crales ou lgumineuses a,ec les 9ach.res et les p@tures$ 6ais cette organisation n' est compatible !u' a,ec un mode d' habitat o5 tout l' espace rser, aux maisons se concentre/ o5 toutes les parcelles sont accessibles et d' o5 ra3onnent en longues bandes les pi.ces de terre alloties 2 tour de rFle$ Le ,illage agglomr autour du!uel se coordonnent les cultures/ ,ers le!uel con,ergent les sentiers ou pistes herbeuses/ persiste en ,ertu de son organisation intrins.!ue indpendamment de toute cause extrieure$ 2 proximit des maisons se centralisent les choses ncessaires 2 la communaut N les puits creuss 2 0rais communs/ organe essentiel des ,illages de plateaux permables/ les tangs et les rser,oirs des rgions 2 sousDsol impermable 1 puis les ,ergers/ les enclos de prs/ les bou!uets d' arbres$ ans nos plaines de l' ?rtois/ ce !u' on appelle le plant est une partie essentielle du ,illage$ Compos de potagers/ de ,ergers de pommiers/ de petits prs enclos de 0ils de 0er/ il 0orme aux maisons !u' il abrite et au clocher !ui seul par0ois merge/ une ceinture ,erdo3ante en t$ (ien de plus ,ari !ue ces plants/ sorte d' abrg de ,ie rurale$ ?u del2 r.gne l' uni0ormit/ s' tendent les champs et/ 9adis surtout/ les 9ach.res utilises par les troupeaux$ Le ,illage centralise l' exploitation$ modi!ications du pasage. Dainsi par le principe de combinaisons/ l' ordonnance aussi bien !ue la composition des pa3sages ont t p;M+ modi0ies$ L' homme a ralli autour de ses habitations un ensemble composite d' arbres et de plantes/ tandis !u' 2 distance de la priphrie habite/ il disposait l' espace pour ses cultures$ ans l' Curope occidentale et centrale/ c' est surtout aux dpens de l' arbre !ue s' est 0ait le changement/ tandis !ue dans l' Curope orientale c' est surtout aux dpens de la steppe$ 'outes les obser,ations de la gographie botani!ue semblent indi!uer !ue/ dans l' ouest et le centre de l' Curope/ une grande partie de la sur0ace tait le domaine des arbres 2 0euilles cadu!ues 0ormant des 0or7ts/ continues ou coupes de clairi.res comme une sorte de parc$ Il est naturel de retrou,er dans le pa3sage actuel certains ,estiges de l' tat ancien/ comme on retrou,e dans les traits de l' adulte des rminiscences des traits en0antins$ 2 ,rai dire cependant il 3 a des parties o5 l' arbre/ s' il a exist/ a t 2 peu pr.s limin$ Les croupes cra3euses !ui s' tendent entre les ,alles de l' ?ube/ de la -uiGe et de la 6arne en Champagne/ ou bien entre l' ?ncre et la -omme en Picardie/ ne montrent !ue des espaces dnuds/ o5/ 2 et l2/ !uel!ue moulin ou !uel!ue arbre isol ser,ent de point de rep.re$ La &eauce elleDm7me/ sans les alles !ui bordent ses grandes routes/ ne connaLtrait d' arbres !ue sur la lisi.re !ui assombrit sa priphrie$ 6ais le plus sou,ent/ du moins dans notre France du nord/ un !uilibre s' est tabli entre les anciens et les nou,eaux occupants ,gtaux du sol$ -i les masses 0oresti.res ont/ en grande partie/ dsert les plateaux limoneux/ elles ont trou, asile sur les sur0aces !ui mettent 2 9our l' argile 2 silex/ sur les sables !ui dans une partie du bassin parisien tantFt surmontent les calcaires et tantFt leur sont sousD9acents (Burepoix) (0or7t de %illersDCotterets)/ sur les gra,iers d' allu,ions anciennes !u' enserrent les mandres 0lu,iatiles de la -eine$ L' a00leurement des argiles 2 silex les droule en 0ranges le long des ,alles (Caux)$ L' rosion leur a mnag des asiles o5 elles se sont retranches/ et d' o5 elles dbordent encore partiellement sous 0orme de bo!ueteaux/ de garennes/ de buissons N ainsi entre le %exin et le pa3s de Caux/ ou dans le Burepoix entre Paris et la &eauce/ ou en Picardie/ sur les con0ins du Ponthieu/ de l' ?rtois/ entre %alenciennes et 6ons/ sur les con0ins du Bainaut/ des lambeaux de bois/ o5 le ch7ne et le h7tre sont 0ortement reprsents/ semblent encore protester par leur allure ,igoureuse contre les dmembrements dont ils ont t ,ictimes$ ?illeurs/ leur ancienne continuit n' est pas encore compl.tement mas!ue N c' est ainsi !u' autour du plateau de grande culture de la P,.le une ceinture 2 peine interrompue de bois se dessine$ Leurs lambeaux se rapprochent dans l' ?rrouaise/ aux con0ins p;M8 du %ermandois et de l' ?rtois$ )n peut m7me citer des plaines de grande culture o5 l' impression de 0or7t est encore omniprsente N la &rie/ ancien saltus, se distingue par un 0oisonnement de grands arbres dans l' inter,alle des cultures$ Lors!ue la cou,erture limoneuse/ plus paisse sur la con,exit du plateau/ s' amincit sur les bords/ les bois reprennent le dessus 1 c' est ce !ui arri,e dans le pa3s de Caux notamment$ *ne bande de 0or7ts/ de taillis ou de landes s' interpose entre le peuplement surtout industriel des ,alles et le peuplement surtout agricole des plateaux$ C' est 2 distance des bords/ sur le dos intact ou 2 peine mamelonn/ au sommet de larges ondulations !ue se multiplient les 0ermes ou les gros ,illages et encore lors!ue l' inter,alle entre deux ,alles est rduit/ !ue les ,illages sont comme pincs entre deux bandes de 0or7ts$ Kue la 0or7t ait t cheG elle/ dans la plupart de ces plaines/ !u' elle n' ait cd !u' 2 regret et !u' 2 demi aux empi.tements/ c' est ce !ue montrent/ notamment sur le plateau calcaire lorrain/ la 0orce et la composition !uasi intacte du sousDbois !u' elle abrite$ Les lambeaux de bois de ch7nes et de charmes/ dont les 0ormes rguli.rement gomtri!ues pi!uent 2 et l2 de taches sombres la sur0ace des chaumes/ conser,ent/ !uoi!u' 2 l' tat de rser,e/ un air de sant a00irmant la robustesse !u' ils tiennent du climat et du sol$ in!luence du climat continental. Dl' arbre semble au contraire un intrus dans la pus7ta hongroise/ sur les plateaux de Podolie et de PetiteD(ussie/ o5 les moissons de crales/ sou,ent bordes de tournesols/ ont remplac le tapis onduleux de stipa pennata. les cultures s' 3 tendent sur de grands espaces o5 l' arbre ne prend pied !ue sous la tutelle de l' homme$ Les ,ersants abrits et les pentes 3 sont/ a,ec plus de nettet !ue dans nos climats ocani!ues/ les asiles o5 se retrempe la 0or7t$ Le climat !ui a,ait 0a,oris l' extension des steppes se prolonge dans la priode actuelle/ si attnu !u' il soit/ par des in0luences hostiles 2 l' arbre N tels ces ,ents glacs du nordDest !ui am.nent au printemps des geles tardi,es/ succdant brus!uement 2 des soleils d92 chauds$ Les plateaux/ inhospitaliers aux arbres/ le sont galement aux hommes$ -ous l' in0luence du climat excessi0 de l' Curope orientale/ la m7me proccupation s' impose !u' en montagne N le besoin de procurer aux tablissements l' abri ncessaire pour les commodits de l' existence et pour les cultures dlicates dont l' homme doit s' entourer$ Les 0ertiles plateaux de Podolie o00rent sou,ent le spectacle de cultures s' tendant 2 perte de ,ue/ sans !u' on aperoi,e de ,illage 1 ceuxDci sont nichs sur les 0lancs ou 2 la naissance de ,alles secondaires/ 2 moins !ue ce p;M= soit 2 l' intrieur des pro0onds mandres burins par le niester/ la -tr3pa ou le -ereth$ Plus signi0icati,e encore est la rpartition des ,illages dans la rgion russe de la terre noire$ Ils se posent exclusi,ement soit 2 la naissance des ra,ins latraux/ soit sur les terrasses !ui bordent les 0leu,es$ Ct si les cours d' eau sont insu00isants/ des barrages arti0iciels/ organes aussi indispensables 2 ces ,illages !ue les tanks aux ,illes du sud de l' Inde/ pour,oient/ par la 0ormation d' tangs permanents/ aux usages rituels et domesti!ues$ ?insi se groupe par gros ,illages la population de la rgion de la terre noire$ Les maisons ne s' 3 dispersent pas au hasard 1 elles se subordonnent 2 un alignement N une large ,oie uni!ue 0orme l' axe du ,illage$ ?,ec la partie rser,e 2 l' habitat/ les b@timents d' exploitation dessinent un carr !ui est la cour$ Lors!ue/ s' a,anant ,ers le nord/ on arri,e au =+ e degr de latitude en,iron/ aux approches de la rgion 0oresti.re mieux pour,ue d' eau/ on ,oit peu 2 peu les ,illages s' parpiller/ s' carter des ri,i.res/ et 0ormer/ a,ec les champs d0richs !ui les entourent/ des oasis de plus en plus petites dans des 0or7ts immenses$ C' est entre == et => degrs de latitude !ue s' accuse la transition/ sensible plutFt dans le mode de construction !ue dans la 0orme des ,illages$ La maison de bois remplace la maison de pierre/ le toit de bois le toit de chaume/ mais la disposition gnrale ne change pas$ Le t3pe de ,illage compos d' une large rue reste commun 2 la rgion mosco,ite et 2 celle de la terre noire 1 la rgularit du plan persiste comme signe extrieur de l' organisation ,illageoise$ conclusion. Dne pou,onsDnous pas tirer d92 de ces obser,ations les gnralits !u' elles impli!uent E Partout nous ,o3ons !ue les sur0aces tendues o5 pr,aut une relati,e uni0ormit de relie0 et une certaine homognit de sol/ ont donn lieu 2 des ,illages agglomrs ou 2 des tablissements !ui lui ressemblent par le personnel nombreux !ui s' 3 trou,e$ Il en a t ainsi non seulement en Curope/ mais en Chine$ 4 ce sont/ dit (ichtho0en/ en parlant des ,illages des pa3s de loess/ des associations de 0amilles unies par une communaut de descendance ou du moins de rites/ dont la cohsion est maintenue par la ncessit d' entente dans la conduite des m7mes cultures$ 4 2 la Chine on pourrait a9outer la plaine indoDgangti!ue/ non compris le delta du &engale/ o5 s' est d,elopp et 0ix un des t3pes les plus complets de communaut de ,illage$ 'ous ces tablissements/ sous des 0ormes ,aries !u' expli!uent les p;M< di00rences de climat ou des degrs d' tat social/ sont l' expression du m7me besoin de centraliser sur !uel!ue point l' exploitation du sol$ *ne coopration rglant les dates des actes de la ,ie agricole/ 0ixant certains procds d' exploitation/ s' impose comme a,antageuse 2 tous$ La ncessit de s' unir pour l' amnagement des eaux/ la construction de puits/ l' entretien de certains tra,aux/ l' accommodation d' un milieu 0a,orable aux cultures/ resserre la cohabitation$ Le ,illage est un organisme bien d0ini/ distinct/ a3ant sa ,ie propre et une personnalit !ui s' exprime dans le pa3sage$ La concentration de l' habitat s' 3 associe a,ec la multiplicit des parcelles/ cellesDci ne pou,ant trou,er !ue dans le ,illage l' intermdiaire commun au!uel aboutissent toutes les pistes$ ?insi constitu/ le ,illage est apte 2 0ournir un march et 2 donner lieu 2 des industries rurales/ de m7me !ue maintenant dans la PetiteD(ussie/ dans la plaine allemande ou de la France du nord/ la culture industrielle a 9oint l' usine 2 la 0erme$ iii. -l' habitat dispers : les tablissements humains n' ont pas rencontr partout les m7mes sollicitations de groupement$ La di00usion des eaux/ la di,ersit des orientations/ le morcellement des sols/ 0ournissent spontanment sur di,ers points la somme des conditions ncessaires 2 une existence 0ixe$ Les groupements lmentaires/ tels !ue ceux !ue peu,ent 0ormer les membres d' une 0amille/ 2 peine assists de !uel!ues ,oisins/ su00isent$ ?ucune condition n' impose les di,erses ser,itudes !u' impli!ue une communaut ,illageoise$ L' habitat se disperse$ Cet habitat dispers se prsente en France sous des 0ormes di,erses/ mais a,ec un caract.re rgional asseG nettement mar!u pour !u' on puisse/ en traits gnraux/ lui assigner des limites$ 'antFt c' est la petite 0erme isole/ pres!ue ense,elie dans les arbres/ relie par des sentiers cou,erts et 0angeux 2 d' autres 0ermes distantes de !uel!ues centaines de m.tres/ cas 0r!uent en &retagne et dans l' ouest de la France$ ?illeurs/ dans le Cotentin/ s' obser,e 0r!uemment l' accouplement de deux ou trois 0ermes$ es hameaux asseG serrs/ groupant ensemble une douGaine de 0eux/ 0orment un mode de peuplement asseG ordinaire dans plusieurs parties du 6assi0 Central$ es groupes de maisons spares constituent ce !ue/ dans le pa3s &as!ue/ on appelle un quartier. maisons isoles ou hameaux/ ce sont des agrgats minuscules/ incapables d' exercer autour d' eux une attraction semblable 2 celle !ui p;MO coordonne les cultures autour des ,illages agglomrs des grandes plaines$ La ph3sionomie de pa3sage !ui rsulte de ces 0ormes d' tablissements re0l.te en ses traits gnraux un tout autre mode d' exploitation du sol/ un autre genre de ,ie/ une disposition bien di00rente de celle !ue nous a,ons obser,e dans les ,illages agglomrs$ C' est le particularisme substitu 2 la centralisation$ 'out parle ici de sparation/ tout mar!ue le cantonnement 2 part 1 des haies d' arbres dessinent partout leurs GigGags/ raient les collines/ et leurs cimes mutiles/ prsentant d' tranges silhouettes/ di,isent 9alousement les enclos et les champs$ Les m7mes cultures se droulent rarement sur de grands espaces$ C' est par lopins ,aris !u' elles s' encadrent entre les haies$ es landes s' entrem7lent a,ec les cultures$ Par0ois le m7me enclos sert tour 2 tour 2 la culture et au p@turage$ ?u lieu d' espaces unis/ rarement interrompus par des chemins/ partout des sentiers creux/ 0osss et le,es de terre garnies de buissons et d' arbres$ Ce morcellement de dtail laisse rarement place 2 des ,ues d' ensemble 1 et/ !uand un point dominant s' o00re par hasard/ c' est un pa3s 0ourr !u' on dcou,re/ o5 il est di00icile de distinguer entre des croupes et des ondulations !ui se ressemblent/ entre des sentiers !ui di,aguent$ *ne impression d' isolement se dgage de cet ensemble 1 et l' tranger se sent mal 2 l' aise de,ant ce ddale !ui lui semble inhospitalier et hostile$ ans ce s3st.me d' tablissements/ les centres de ,ie se rduisent 2 des lieux de rendeGD,ous priodi!ue/ march/ glise/ chapelle/ pang3rie$ )n est en 0ace d' un tat arrir$ Kue ce genre de ,ie ait de pro0ondes racines/ !u' il tienne au sol autant !u' 2 des habitudes/ c' est ce !ue montre sa persistance/ sa gnralit dans les contres aux!uelles il s' est adapt 1 ainsi !ue les rapports/ peutD7tre indissolubles/ !u' il a nous a,ec les institutions/ les conceptions sociales de certaines races$ Les cadres de la ,ie sociale/ aussi bien !ue l' aspect du pa3s/ soulignent la di00rence entre les rgions de ,illages agglomrs et celles o5 l' isolement/ tout au plus interrompu 2 de certains 9ours/ est la r.gle$ L' opposition entre ces deux t3pes d' tablissements n' est naturellement point particuli.re 2 la France/ !uoi!u' elle ne se prsente pas partout a,ec un caract.re aussi tranch$ Clle a t signale particuli.rement en -ouabe/ tandis !ue l' habitat agglomr r.gne sur les plaines calcaires du 6o3enDNecJar et sur les plateaux de la (auheD?lp/ le s3st.me d' habitat dissmin (einodho0) trou,e un domaine tr.s distinct et tr.s net dans la rgion moraini!ue !ui s' tend au nord du p;MM lac de Constance et de l' ?llgau$ Les m7mes causes ph3si!ues !ue celles !ui ont t signales plus haut semblent bien ici entrer aussi en 9eu N le morcellement du relie0/ la richesse en sources/ la prsence di00use des eaux ont laiss se multiplier les petites units indpendantes/ autour des!uelles se prati!ue l' exploitation du sol$ Ct ce mode d' exploitation se traduit par le mlange et les enche,7trements de champs et p@tures/ o5 se re0l.te un genre de ,ie rest miDagricole et miDpastoral$ Nulle part en Curope ce t3pe d' tablissements morcel ne se montre sur une plus grande chelle et a,ec un caract.re plus mar!u d' archaIsme !ue dans la pninsule des &alJans$ L' habitat dispers et l' habitat agglomr/ le t3pe hameau et le t3pe ,illage 3 semblent bien correspondre 2 des di00rences gographi!ues$ Cn -erbie/ comme en &ulgarie/ ce sont les parties accidentes et montagneuses/ pentes ou ,ersants 2 l' exclusion des plaines et ,alles/ !ui paraissent le domaine naturel de la dispersion$ PlutFt !ue la 0erme isole/ on rencontre l2 des maisons associes par groupes d' une douGaine de 0eux ou m7me da,antage/ dont les occupants sont ordinairement relis par des liens de 0amille$ L' habitat est cal!u ainsi sur l' tat social$ -ur les con0ins de la ,ieille -erbie et de la &ulgarie/ entre Voumano,o et Vustendil notamment/ C,i9ic a cherch 2 tracer la limite/ tou9ours incertaine en ces mati.res/ !ui sparerait les ,illages agglomrs des groupements de hameaux$ Ces hameaux/ dsigns sous le nom de kolib en &ulgarie/ 3 paraissent aussi le t3pe dominant des collines et des montagnes/ ils en constituent le mode de peuplement caractristi!ue/ en antinomie mar!ue a,ec les ,illages de plaines$ 67me contraste en %alachie N le catun, ou groupements par hameaux de +/ 8 ou = maisons ou plus/ est le t3pe des collines et des a,antDmonts/ comme le ,illage est le t3pe des plaines$ 4 partout de l' eau/ dans cha!ue repli du sol un ruisselet/ une source 1 la 0or7t/ si ra,age !u' elle ait t/ est encore prochaine/ o00rant les bois ncessaires 2 la construction de la maison et 2 l' entretien du 0eu en hi,er$ 4 m7me opposition encore au nord des Carpathes entre le peuplement par hameaux des collines et les gros ,illages des plaines de Halicie et Podolie$ Il 3 a trop de complexit dans les races et trop de 0luctuations d' ordre conomi!ue pour !ue cette dlimitation 2 base gographi!ue ne p;MP puisse 7tre entame$ es causes di,erses inter,iennent pour en modi0ier les linaments/ la prdominance de la ,ie agricole sur la ,ie pastorale peut s' accentuer 1 la dmarcation continuera cependant de subsister$ ans cette pninsule balJani!ue !ue tant d' accidents histori!ues ont tra,erse et !ui a t li,re 2 un tel enche,7trement de races/ elle rpond 2 des conditions naturelles 1 elle demeure un tmoignage ,i,ant de l' anciennet de genres de ,ie spontanment issus du milieu$ iv. -tpes de rgions subtropicales et subarctiques : soit !u' on s' a,ance dans la direction des pFles/ soit !u' on aille dans la direction de l' !uateur/ les Gones propices aux tablissements humains se rduisent progressi,ement N ici par la surabondance d' eau/ l2 par la scheresse ou par d' autres causes$ rgions subarctiques. Ddans le nord de la (ussie d' Curope/ c' est aux abords de la rgion 0oresti.re/ sur les con0ins de la 0or7t d' arbres 0euillus et de la 0or7t de coni0.res/ par =M degrs de latitude en,iron/ !ue des di00rences tranches/ inconnues 2 nos rgions tempres/ se dessinent entre les parties humanises et les parties rebelles aux tablissements$ ans la rgion de la haute %olga/ domaine des 0innois tchrmisse 2 peine entam par la colonisation russe/ le contraste s' accuse entre le hautDpa3s dont le sol 0riable cou,ert d' une couche de terre noire a permis de prati!uer des clairi.res agricoles/ et le basDpa3s o5 la 0or7t de pins et de sapins/ encore dominante/ n' est interrompue !ue par des lacs et des marcages$ Le ,illage s' est constitu/ 0lorissant/ entour de ,ergers et de massi0s de tilleuls/ bouleaux et aulnes dans le hautDpa3s$ Il n' existe dans le basDpa3s !u' 2 l' tat rudimentaire/ 4 et ne montre pas de traces de ,gtation autour des constructions 4 $ L' eau stagnante/ a,ec les miasmes et les geles !u' elle engendre/ est ,isiblement l' lment hostile$ ans les pro,inces de la &alti!ue/ comme en gnral en -candina,ie/ l' parpillement des 0ermes est le rgime !ui apparaLt/ d.s !u' 2 la continuit des plaines se substitue le morcellement propre aux contres !u' ont en,ahies les glaciers$ ?u nord du <> e degr/ la (inlande a t le si.ge d' une colonisation plus acti,e$ C' est l2 peutD7tre !ue l' homme a 0ait le plus d' e00orts pour approprier 2 ses besoins une contre peu hospitali.re$ (abote 2 la p;P> 0ois par les glaciers et 9onche de leurs dpFts/ la sur0ace en est sans cesse morcele 4 en une 0oule de petits territoires par une alternance de petites collines rocheuses/ de terrains de gra,ier/ de lacs et de champs d' argile 4 $ Ce morcellement/ l2 comme dans les rgions o5 nous l' a,ons ,u d92 pr,aloir pour d' autres causes/ a produit son e00et ordinaire N hostile 2 la 0ormation de ,illages/ et 0a,orable aux hameaux et 0ermes isols (torp)$ *ne sorte de besoin centri0uge a m7me port les pionniers de la colonisation dans le plateau in0rieur 2 s' tablir autant !ue possible 2 l' cart les uns des autres/ comme ils l' ont 0ait plus tard en ?mri!ue dans le (ar-?est, seul mo3en de combiner librement des ressources parses !ue la p7che et la chasse permettaient de 9oindre 2 une agriculture tr.s restreinte$ Peu 2 peu/ il est ,rai/ par les progr.s du drainage et de l' assainissement du sol/ une marge plus grande s' est ou,erte aux tablissements des hommes$ ans l' est du plateau lacustre/ la coutume s' tablit alors de b@tir 2 et l2 sur les collines de gra,iers et de sables/ mdiocrement 0ertiles mais moins exposes aux geles !ue les terrains argileux ou les tourbi.res du 0ond des ,alles$ es groupes sporadi!ues d' tablissements ont pris naissance 1 mais ils ne 0orment de ,ritables ensembles !ue le long des 0leu,es$ Cntre les solitudes sur les!uelles p.sent la stagnation des eaux et des marcages/ l' immobilit des 0or7ts de coni0.res et de bouleaux/ o5 l' agriculture ne dispose !ue des misrables ressources de l' cobuage/ la circulation des cours d' eau reprsente le mou,ement et la ,ie 1 c' est en e00et le long des 0leu,es !u' ont a00lu les tablissements humains$ *ne 0range d' tablissements suit 0id.lement les cours d' eau/ surtout dans la partie orientale o5 l' ,olution du rseau 0lu,ial est plus a,ance 1 ils s' gr.nent/ plutFt !u' ils ne se concentrent sur leurs ri,es$ Par une analogie remar!uable a,ec nos pa3s de montagnes/ on 3 remar!ue !ue cha!ue ,alle 0lu,iale 0orme une rgion 2 part$ ?insi la rpartition des tablissements est en rapport a,ec les 0orces ph3si!ues !ui tra,aillent 2 substituer un rseau 0lu,ial coordonn aux lab3rinthes lacustres et marcageux/ hritage des anciens glaciers !uaternaires$ la +hine. Dl' homognit du sol dans le nord de la Chine est propice aux agglomrations N les unes ne dpassent pas les proportions de hameaux/ les autres sont de gros ,illages agglomrs$ ans la ,alle p;P; du %eIDBo ce sont plutFt les hameaux runissant dans une enceinte de terre un certain nombre de maisonnes en 0orme de cubes !ue de grands ,illages 0erms$ Le ,illage se montre plus per0ectionn dans la pro,ince de ChanD'oung/ comme partie intgrante de cette ,ieille ci,ilisation !ui s' 3 est conser,e mieux !u' ailleurs$ ?,ec ses temples orns de grands arbres/ a,ec les portraits orns de moulures et d' inscriptions en pierres sculptes/ il ralise par0ois ce t3pe classi!ue !ue se complaisent 2 reprsenter les anciennes peintures chinoises$ Lors!u' on s' a,ance ,ers le sud/ du BoDNan ,ers le BouDP/ ou du ChanD'oung dans le ViangD-ou entre les deux grands 0leu,es/ surtout dans le BouDNan et le 'chDViang au sud de WangD'seu/ et dans la riche pro,ince de l' ouest/ le -GD'chouan/ l' e00et des changements de climat et de sol se 0ait sentir sur le rgime de l' habitat rural$ Plus de loess pour amortir les ingalits du sol et rpandre une teinte uni0orme sur toutes choses$ La tendance 2 l' parpillement des maisons s' accuse de plus en plus/ se con0ormant de plus pr.s 2 l' usage d' association 0amiliale$ 'antFt l' habitat suit 9us!u' au sommet des pentes les 9ardins de th !ui s' chelonnent/ tantFt il lit domicile sur les terrains relati,ement trop le,s pour !u' il soit possible d' 3 0aire par,enir en t l' eau ncessaire 2 la culture du riG 1 il se superpose aux rgions tages comme le ,illage mditerranen se superpose au ,erger$ Ces petits groupes de maisons 9uxtaposes expriment la cohabitation 0amiliale au sens tendu !u' elle a cheG ce peuple N a,ec ses rami0ications/ sa nombreuse descendance cimente en troite association par les cro3ances et les rites/ et retenant ainsi autour des ascendants des groupes de +>/ 8>/ => personnes et plus$ Les tra,aux de saisons aux!uelles la culture du riG/ la cueillette du th donnent lieu/ doi,ent 2 cette coopration 0amiliale un caract.re patriarcal/ au!uel la maison ou le groupe sert de cadre$ Cela reprsente !uel!ue chose de plus expressi0 !ue nos hameaux/ une incarnation plus exacte des principes sur les!uels est 0onde la ci,ilisation chinoise$ Nulle part ce mode de rpartition ne s' panouit plus librement !ue dans le bassin 4 rouge 4 / la grande rgion irrigue du -GD'chouan/ 4 un grand 9ardin regorgeant d' hommes 4 $ Les cultures d' arbres s' 3 m7lent aux cultures de crales et de lgumineuses/ riG/ orge/ bl/ 0.,es/ chan,re/ colGa/ etc$/ !ui se pressent troitement 1 des massi0s d' orangers/ de m:riers/ de rsineux/ de bambous/ signalent les groupes p;PR d' habitation 1 et dans cette Chine o5 le dboisement a partout mar!u ses stigmates/ o5 il ne reste 2 l' arbre partout pourchass !ue !uel!ues re0uges/ autour des temples/ ou de ces tombeaux de 0amilles !ui abondent dans la pro,ince essentiellement chinoise de BoDNan/ les haies de bambou/ peupliers/ m:riers !ui encadrent ces 0ermes du -GD'chouan/ donnent 2 et l2 la rminiscence de la 0or7t disparue$ 6ais !uelle !ue soit la 0orme de l' habitat rural/ 0ermes/ hameaux ou ,illages/ la Gone en est restreinte en Chine/ comme les modes d' exploitation !u' on 3 prati!ue$ es ,alles et des plaines !ui sont ses lieux de prdilection/ elle gagne pniblement 2 l' aide de terrassements tout ce !u' elle peut con!urir sur les collines 1 mais l' absence d' le,age met une restriction 2 ses empi.tements$ e l2 ces contrastes !ui pr7tent 2 illusion$ 2 la multitude de hameaux ou ,illages !ui se pressent dans les ,alles irrigues ou pr.s des embouchures 0lu,iales o5 l' adoucissement de la pente et le 9eu rgulier des mares 0acilitent l' amnagement des eaux/ succ.dent par0ois de grands espaces inutiliss$ Nous a,ons not !ue des inter,alles existent dans les rgions arides ou semiDarides des bords de la 6diterrane 1 mais l' explication ici ne ,aut pas/ puis!ue c' est prcisment dans les rgions arroses de la Chine centrale et mridionale !ue s' intercalent des espaces o5 l' habitat se rar0ie/ ne se montre !ue sous ses 0ormes les plus rudimentaires$ *n 0ait social/ tenant 2 des habitudes agricoles in,tres/ concentrant toute l' ingniosit et tout l' e00ort sur les cultures !ui d0raient les besoins de nourriture/ de ,7tement et d' clairage aux!uelles s' est accoutume la socit chinoise 1 telle est et restera/ du moins 9us!u' 2 nou,el ordre/ la cause de cette rpartition singuli.rement exclusi,e/ !ui ne rpond 2 rien d' imprati0 dans les conditions ph3si!ues$ &ien plutFt elle exprime un stade ancien/ 0ix dans une per0ection prcoce et au!uel un isolement sculaire a ser,i de prser,ati0$ 2 ce point de ,ue nous ne sortons gu.re de Chine en passant au 'onJin$ Le delta 3 0ourmille de ,illages analogues entre eux/ tr.s ,oisins et se reproduisant 2 des centaines d' exemplaires/ comme un t3pe de colonisation$ Le site en est circonscrit par les casiers naturels 0orms par les bourrelets des 0leu,es$ Cntre les digues le,es contre les inondations/ de petits compartiments s' inscri,ent o5 l' eau s' accumule a,ec les pluies d' t dans des arro3os/ des mares/ des tangs en partie arti0iciels$ C' est l2 !ue l' annamite du delta a constitu son ,illage 1 a,ec ses maisons en pis/ ses tangs/ ses mares/ ses 9ardinets p;P+ de lgumes et la lisi.re de bambous/ interrompue de portes/ !ui lui sert d' abri ou de d0ense/ il 0orme un tout$ L' autonomie de ce petit monde est garantie par la runion de tous les organes de culture/ de d0ense/ de rser,e et d' assurance contre la scheresse$ Ce cadre n' est !u' en partie arti0iciel$ Ces cu,ettes o5 l' on recueille l' eau des pluies sont/ comme les johls du &engale/ dri,es des 0la!ues !ue/ cha!ue t/ les pluies et les inondations laissent apr.s elles$ Il a su00i d' en consolider les contours/ d' en rgulariser le rgime pour prati!uer un amnagement minutieux/ tout 2 0ait proportionn aux 0orces de mainDd' oeu,re/ aux procds et aux instruments de culture dont disposent ces petites communauts$ L' unit sociale sur la!uelle est 0onde la socit annamite trou,e dans ce cadre une expression ad!uate 1 c' est elle !ui rduit en menue monnaie la richesse apporte en lingot par les 0leu,es$ l' $nde. Dabstraction 0aite des ,astes plateaux du centre o5 persistent les modes les plus rudimentaires d' tablissements/ l' Inde est par excellence un pa3s de ,illages$ ans cette immense agglomration d' hommes les cits ne prennent !ue R pour ;>> de la population 1 et l' habitat rural se prsente surtout sous 0orme de ,illages$ La dissmination par hameaux ou par cases ne pr,aut !ue dans le &asD&engale/ o5 de toutes parts/ les groupes s' parpillent entre des haies de bambous/ et sur la lisi.re troite de 6alabar et de 'ra,ancore/ rgions o5 l' abondance des pluies et la prsence uni,erselle des eaux permettent et 0a,orisent l' parpillement$ Le ,illage se montre au contraire tr.s agglomr dans le Pend9ab/ si populeux/ si complet/ a,ec son organisation et ses corps de mtiers/ si bien circonscrit par des murailles de terre/ !u' il ressemble 2 un campement de tribu$ Cntre les croupes herbeuses o5 l' le,age/ les marchs/ les 0oires entretiennent le mou,ement (basDpa3s ou khadar', le captage des crues dans les ,alles au mo3en de dri,ations lmentaires/ le 0orage des puits au ,oisinage des monts/ tiennent la population concentre$ Le rapprochement des genres de ,ie di00rents et hostiles se mar!ue dans le mode de groupement$ L' habitat se dlie da,antage/ de,ient plus libre/ dans la grande plaine de la 9umna et du Hange 9us!u' 2 ?llahabad et &nar.s$ Non loin des 0ronti.res menaces et des marches d' in,asions/ le ,illage a laiss se rel@cher la rigueur de l' ancienne organisation en communaut 1 les collecti,its !u' il groupe sont moindres numri!uement$ Clles sont aussi plus ,oisines 1 l' inter,alle !ui les spare n' atteint pas en mo3enne R Jilom.tres$ p;P8 Le ,oisinage de la nappe d' eau souterraine !ue les puits atteignent 2 une 0aible pro0ondeur/ a permis 2 ces communauts de se multiplier uni0ormment sur toute la sur0ace meuble et lg.re !ue circonscri,ent au nord le 'eraI/ au sud les 0alaises de gr.s de l' Inde centrale$ )n compte par centaines de mille les puits soit en maonnerie/ soit temporaires !ui/ perant de toutes parts le sol du oab (6sopotamie gangti!ue)/ 3 sont l' oeu,re anon3me et ancienne des culti,ateurs du sol$ Ils se sont groups 1 et sans doute ce mode d' habitat dans la haute et mo3enne ,alle du Hange est moins dict par la nature !ue par le dsir de rester concentrs/ de conser,er les liens entre des races di,erses traditionnelles$ C' est un t3pe de colonisation/ comme dans le delta du 'onJin$ Les groupes/ !uoi!ue rapprochs/ ,i,ent ren0erms sur euxDm7mes/ dans les cadres traditionnels !ui contiennent/ soit en agriculteurs/ soit en artisans/ tout ce !ue peu,ent rclamer les besoins et m7me les ambitions de luxe/ et !ui/ une 0ois complets/ s' ou,rent di00icilement 2 de nou,eauxD,enus$ Nulle part les recensements n' ont rele, un plus grand nombre d' habitants ,i,ant 2 l' endroit m7me dont ils sont originaires$ 'out au plus des mariages entretiennentDils !uel!ue change de population entre ,illages ,oisins$ -i d' une part la 0acilit de culture sur un sol homog.ne et ami a 0a,oris la propagation d' un m7me t3pe de ,illages/ c' est la ncessit de se prcautionner contre les insu00isances et les irrgularits des pluies !ui en a maintenu la cohsion$ Le rapport entre l' irrigation et le t3pe de ,illages ne se montre pas moins dans les rgions intrieures du dcan/ o5 il est ncessaire aussi de constituer des rser,es pour parer aux insu00isances de pluie$ Le substratum archen des roches ne permet pas d' 3 multiplier les 0orages de puits comme dans les sols meubles des plaines indoDgangti!ues 1 mais il su00it de !uel!ues barrages dans les larges ondulations de ces sur0aces de pnplaine pour 0ormer des tanks ou rser,oirs arti0iciels$ )n a compt de ces bassins 9us!u' 2 8+$ >>> rien !ue dans les ;8 districts dpendant de 6adras/ tous d' origine indig.ne$ Il n' est pas de ,illage !ui ne poss.de cet organe essentiel/ !ui est 2 la 0ois son oeu,re et sa raison d' 7tre$ ?insi/ dans l' oeu,re anon3me !ui a prcd dans le sud comme dans le nord de l' Inde les grands tra,aux !u' ont accomplis des d3nasties histori!ues/ on retrou,e/ prcdant les grands canaux du -ind et du Hange/ les digues monumentales du Ca,er3 et des 0leu,es du Carnatic/ le tra,ail prliminaire d' installations et d' amnagements modestes/ p;P= conus et excuts 2 la mesure de ,illages ou groupes restreints/ et !ui n' a,aient pas d' autre prtention !ue de nourrir des communauts de R>> 2 ;$ >>> personnes$ Leur adaptation aux conditions de sol et de climat a 0ait !ue/ soit dans les contres de 63sore et de Carnatic/ soit dans la plaine gangti!ue/ le t3pe une 0ois 0orm s' est rpt/ pres!ue sans ,ariantes/ 2 des millions d' exemplaires$ Il s' est propag autant !ue le permettaient les conditions du sol$ v. -conclusion : si incomplet !ue soit cet aperu comparati0/ il sugg.re !uel!ues remar!ues$ Il 3 a !uel!ue chose d' essentiellement gographi!ue dans la rpartition de ces 0ormes di,erses d' habitat rural !ue nous a,ons rencontres en Curope autour de la 6diterrane/ en Chine/ au 'onJin/ dans l' Inde/ et !ue nous pourrions sans doute rencontrer ailleurs$ Ces exemples montrent !ue la rpartition s' organise rgionalement$ Ce n' est pas le hasard !ui a implant ici le t3pe de ,illages agglomrs/ l2 celui de hameaux disperss/ ailleurs celui de petites maisons ou cases semes comme une poussi.re$ Cependant/ il serait chimri!ue de prtendre tablir des classi0ications gnrales en rapport a,ec les circonstances gographi!ues$ Certaines conditions seulement de sol et de climat sont compatibles a,ec le mode dissmin/ dispers/ ou agglomr 1 d' autres 3 sont r0ractaires$ Le groupement dispers con,ient aux rgions o5/ par suite du morcellement du relie0/ du sol et de l' h3drographie/ la terre arable est elleDm7me morcele$ Le ,illage agglomr est cheG lui/ au contraire/ dans les contres o5 cette sur0ace arable est continue/ d' un seul tenant/ permettant une exploitation uni0orme$ -ous l' empire de ncessits communes se sont 0ormes des associations collecti,es$ Le creusement et l' entretien de puits/ d' tangs et de mares/ la ncessit de construire des murailles/ contribue 2 resserrer et 2 agglomrer l' habitat$ Il serait ,ain de ngliger l' in0luence de la !uestion de scurit et de d0ense$ ?u contact de la steppe et des domaines d' autres genres de ,ie/ tout prend un aspect de 0orteresse N le ,illage luiDm7me/ aux con0ins du -ahara/ de l' ?rabie/ du 'urJestan/ de la 6ongolie/ de,ient une prison et un re0uge$ Par contre/ l2 o5 la scurit/ longtemps absente/ commence 2 renaLtre/ nous assistons 2 un mou,ement de dispersion$ L' habitat se dlie en !uel!ue sorte$ u ,ieux ,illage 0orti0i/ d' aspect m0iant/ de plus en plus dsert sur sa montagne/ se dtachent/ comme p;P< une bande d' coliers mancips/ des groupes de maisons s' parpillant 2 leur guise$ 6ais/ dans le groupement de l' habitat rural/ la considration de d0ense/ de re0uge/ n' est pas la principale$ Le site exprime une combinaison d' in0luences ph3si!ues/ o5 la pente/ le ni,eau d' eau 9ouent leur rFle/ a,ec une association de cultures arti0iciellement assembles$ Ces combinaisons se coordonnent di00remment/ sui,ant !ue le no3au est un ,illage/ un hameau/ une ou deux 0ermes isoles 1 mais elles existent du 0ait de l' homme$ Clles modi0ient pro0ondment le pa3sage/ et sont par l2 un des ob9ets essentiels de la gographie humaine$ e grandes di00rences sociales sont nes de di00rences d' habitat$ Le ,illage ralise un t3pe de communaut dpassant le cadre de la 0amille et du clan$ Les ,ieilles organisations ,illageoises ont leur rFle dans nos anciennes socits d' Curope/ sans parler m7me de celui !u' elles conser,ent en (ussie$ -i elles l' ont perdu/ cela tient 2 l' importance croissante des ,illes/ au d,eloppement des communications et de la ,ie commerciale !ui ont 0ait naLtre de toutes parts des germes nou,eaux$ Les industries ,illageoises ont en grande partie pri dans nos contres 1 l' industrie moderne tend 2 se distribuer d' apr.s des lois nou,elles$ 6ais il 3 a de ,astes contres o5 le ,illage est rest et reste encore l' organisme essentiel N l' Inde/ l' Indochine et une grande partie au moins de la Chine$ Le ,illage continue 2 raliser dans l' Inde ce !ui partout ailleurs est le pri,il.ge des ,illes N di,ision du tra,ail/ satis0action des besoins/ m7me du super0lu$ C' est un petit monde 0erm et dont la prise est si 0orte !u' il tou00e tout autre sentiment de communaut/ !u' il bouche l' horiGon$ 4 nous annamites/ crit le mandarin 'ran 'han &inh/ 2 cause de la grande ,arit des institutions communales/ nous nous cro3ons en Chine ou en ?mri!ue aussitFt sortis de notre ,illage$ 4 le ,illage ainsi/ dans ces contres orientales/ absorbe une plus 0orte part de ,ie sociale/ au dtriment des 0ormes plus ,astes d' organisation/ ,ille ou tat$ L' antith.se est 0orte ,isD2D,is de l' Curope 1 elle apparaLt plus 0orte encore si l' on songe aux tatsD*nis d' ?mri!ue$ 6ais tout cela est mati.re !ui participe 2 la ,ie/ s' assouplit et s' adapte aux circonstances$ L' inscurit/ l' tat de piraterie et de guerre modi0ient plus ou moins temporairement l' habitat$ ?ucun tat ne saurait 7tre considr comme d0initi0 et immuable$ Le lien !ui tenait autour de la 6diterrane les habitations troitement groupes sur les hauteurs s' est rel@ch$ Les t3pes de groupements ,oluent comme toutes p;PO choses$ Il sera d' un grand intr7t de sui,re cette ,olution/ non seulement dans les contres mditerranennes/ o5 elle est actuellement tr.s sensible/ dans les contres de colonisation rcente/ l' ?mri!ue et les rgions tempres de l' hmisph.re austral/ o5 elle est 2 ses dbuts 1 mais encore dans les contres tropicales/ et dans ces contres d' orient et d' Cxtr7meD)rient o5 la population semble 0ige en des moules tr.s anciens$ Ils ont dur dans l' isolement 1 mais ils ne rsisteront peutD7tre pas aux chemins de 0er/ 2 la grande industrie/ aux inno,ations !ui rsultent du contact a,ec le commerce mondial$ p;PP chapitre vi. ,' volution des civilisations. i. -tendance naturelle au per!ectionnement : obser,eG dans une ,itrine de muse l' attirail de ,7tements/ armes et parures du monde mlansien 1 aux co!uilles/ cailles de tortues/ dents/ ar7tes/ bois et 0ibres ,gtales/ ,ous reconnaisseG l' empreinte du milieu littoral et !uatorial 1 dans les ornements brsiliens/ ,ous retrou,eG les plumes des oiseaux bariols des 0or7ts 1 dans ceux des pasteurs ca0res les peaux de rhinocros/ les lani.res d' hippopotames 1 ,ous de,ineG autant d' adaptations 2 des genres de ,ie inspirs directement du milieu ambiant$ Ce milieu a t peu modi0i/ sau0 les incendies/ les d0richements temporaires 1 le monde ,gtal et animal reste 2 l' tat de nature 1 et d' autre part/ pres!ue rien n' a t emprunt au dehors$ QeteG ensuite un regard autour de ,ous 1 ,o3eG ces contres de haute ci,ilisation/ o5 nos champs/ prairies/ 0or7ts m7mes sont en partie des oeu,res arti0icielles/ o5 nos compagnons/ animaux et ,gtaux/ sont exclusi,ement ceux !ue nous a,ons choisis/ o5 les produits/ les instruments/ le matriel sont plus ou moins cosmopolites$ ' un cFt des ci,ilisations 0ranchement autonomes N de l' autre des ci,ilisations o5 le milieu ne se distingue !u' 2 tra,ers les complications d' lments htrog.nes$ Il semble !u' il 3 ait un abLme entre ces rudiments de culture/ expression de milieux locaux/ et ces rsultats de progr.s accumuls dont ,i,ent nos ci,ilisations suprieures$ Les uns sont si exactement cal!us sur les lieux o5 ils se trou,ent/ !u' on ne peut ni les transporter ni les imaginer ailleurs 1 les autres sont dous de la 0acult de se communi!uer et de se rpandre$ Cependant/ chacun de ces t3pes de ci,ilisations proc.de de d,eloppements !ui ont m7mes racines$ C' est dans le milieu ambiant !ue partout les groupes d' hommes ont commenc 2 chercher les mo3ens de pour,oir aux besoins de leur existence$ La plupart ont 0ait preu,e pR>> dans cette recherche de !ualits d' ingniosit et d' in,ention !ui montrent dans la nature humaine plus d' galit originelle !ue nos pr9ugs de ci,iliss ne l' admettent N l' homme ne s' est pas content d' user de l' abri des arbres/ des roches/ pour se mettre en s:ret/ de cueillir 2 l' a,enture les racines ou graines spontanment sorties du sol/ de chasser 2 la mani.re des b7tes de proie 1 il a tir du palmier/ du bambou/ des dpouilles d' animaux marins ou terrestres/ de la pierre et de l' argile/ du cui,re et du 0er/ un monde d' ob9ets !u' il a 0rapps de son empreinte/ crs 2 son intention$ Ce !ue plus tard il a obtenu en appli!uant 2 la na,igation les nergies naturelles de l' air et de l' eau/ plus tard encore/ en utilisant la 0orce d' expansion des gaG/ les sources de chaleur et de lumi.re amasses par les anciens @ges dans les entrailles du sol/ rcemment en0in les nergies plus m3strieuses de l' lectricit/ l' homme des ci,ilisations primiti,es l' a commenc en appli!uant 2 ces 0ins les animaux et plantes !ue rencontrait sa ,ue/ le sol !u' il 0oulait 2 ses pieds$ Par l2 il tait condamn 2 rencontrer des conditions plus ou moins 0a,orables$ ans l' espace mesur dont il disposait/ les auxiliaires pou,aient 7tre rares/ et l' on sait !u' en certaines contres comme l' )canie/ l' indigence de la nature nati,e paral3sa ces d,eloppements$ 'oute0ois/ m7me l2/ l' instrument !ui supple 2 ce !ui man!ue 2 l' homme en 0orce et ,itesse/ apparaLt partout comme un germe d' o5/ si rudimentaire !u' il soit/ peut sortir/ les conditions tant 0a,orables/ une longue suite de progr.s/ comme un acte d' initiati,e/ une 0orce de ,olont$ La nature 0ournit 2 l' homme des matriaux !ui ont leurs exigences propres/ leurs 0acilits spciales/ leurs incapacits aussi/ !ui se pr7tent 2 certaines applications plutFt !u' 2 d' autres 1 en cela elle est suggesti,e/ par0ois restricti,e$ 'oute0ois/ la nature n' agit !ue comme conseill.re$ Cn crant des instruments/ l' homme a poursui,i une intention 1 en s' appli!uant de plus en plus 2 per0ectionner ses armes/ ses ustensiles de chasse/ de p7che ou de culture/ les demeures o5 il pou,ait mettre en s:ret sa personne et ses biens/ son outillage domesti!ue ou ses ornements de luxe/ il a t guid par un dsir d' appropriation plus prcise 2 un but dtermin$ ans les di00rentes conditions de milieux o5 il se trou,ait plac/ a3ant tout d' abord 2 assurer son existence/ il a concentr tout ce !u' il 3 a,ait en lui d' adresse et d' ingniosit sur ce but$ Les rsultats !u' il a atteints/ si in0rieurs !u' ils puissent nous paraLtre/ tmoignent de !ualits !ui ne di00.rent de celles !ui trou,ent leur emploi dans nos ci,ilisations modernes/ !ue par la moindre somme d' expriences accumules$ Il 3 a certes des ingalits/ des degrs di,ers dans l' in,ention 1 mais partout l' tude du matriel ethnographi!ue pR>; dnote de l' ingniosit/ m7me dans un cercle restreint d' ides et de besoins$ Les instruments !ue l' homme met en oeu,re au ser,ice de sa conception de l' existence/ dri,ent d' intentions et d' e00orts coordonns en ,ue d' un genre de ,ie$ Par l2 ils 0orment un ensemble/ ils s' enchaLnent et montrent entre eux une sorte de 0iliation$ *ne application en appelle une autre$ Le chasseur/ pour per0ectionner ses armes de 9et/ boumerang/ saga3e ou 9a,elot/ sarbacane/ arc et 0l.che/ introduit des modi0ications N il recourbe ou allonge son arc sui,ant l' en,ergure !u' il doit obtenir 1 il prot.ge d' un bracelet le bras !ue peut endommager le contreDcoup de la corde 1 il garnit la 0l.che de plumes !ui rgularisent son lan/ il en amortit la pointe !uand il craint d' endommager le plumage de l' oiseau !u' il ,eut atteindre$ Il s' arme d' un bouclier !ui rsiste 2 l' atta!ue$ Le bouclier/ lger et maniable de,ant les armes de 9et/ s' est allong et alourdi en s' alliant 2 la pi!ue et 2 la lance pour permettre de s' arcDbouter contre l' assaut de l' ennemi ou de la b7te 0au,e$ -i le n.gre a0ricain de la Gone tropicale prati!ue la mtallurgie du 0er/ il ralise dans les 0ormes de couteaux/ leurs contournements et ciselures/ leurs barbelures/ une ,arit !ui ,ise autant de di,ersits d' emplois$ Le matriel !ue le JirghiG a cr 2 l' usage de sa ,ie de dplacements priodi!ues/ la 0orme de sa tente/ de ses ,7tements/ ralisent un ensemble o5 tout se tient/ comme la personni0ication d' un genre de ,ie$ e m7me/ le matriel !u' a cr l' esJimau pour sub,enir aux besoins de la p7che/ de la na,igation sur mer/ des rapides tra9ets sur la glace ou sur le sol de la toundra/ traLneaux et attelages/ Ja3aJs et harpons/ ,7tements/ huttes/ reprsente un tout dont les di,erses pi.ces sont coordonnes$ CstDce seulement le stimulant de l' utilit prati!ue !ui prside 2 ces combinaisons E )n 3 reconnaLtra un lment !ui entre dans toute oeu,re imprgne de patience et d' attention minutieuse/ !uel!ue chose d' analogue 2 ce !ui soutient l' artiste dans sa lutte contre la mati.re/ dans son e00ort pour lui communi!uer l' impression !ui est en luiDm7me$ La poterie n' est pas moins signi0icati,e 2 cet gard !ue la mtallurgie primiti,e$ Le doigt du potier indig.ne/ en Hu3ane aussi bien !u' au Prou/ depuis la Chine mridionale 9us!u' 2 l' extrmit occidentale de la &erbrie/ ptrit la mati.re au gr de ses 0antaisies et de ses besoins$ Le 0ini de certains instruments 0abri!us/ par exemple cheG les esJimaux/ a,ec de simples ar7tes ou os de poissons/ ou cheG certains pol3nsiens a,ec des co!uilles d' une remar!uable duret/ cheG les maoris de la Nou,elleDUlande a,ec les bois durs dont ils pR>R cerclaient les membrures de leurs embarcations/ dnote une patience !ui n' est autre chose !ue l' amour de l' artiste pour son oeu,re$ Cn )canie/ comme dans le Qapon primiti0/ en Chine ou au 6exi!ue/ le tra,ail humain s' est acharn sur certaines pierres dures/ 9ade/ obsidienne/ serpentine/ dont l' clat l' a,ait sduit et en a tir une multiplicit de 0igurines ou d' ob9ets/ tout un matriel de luxe !ui est transmis et sur,it en partie dans les ci,ilisations ra00ines$ L' tonnement !ue nous prou,ons de,ant la per0ection !ue les prhistori!ues du nord de l' Curope surent donner aux instruments de pierre polie 1 celui !ui nous 0rappe de,ant ces images rupestres/ o5 les artistes des grottes de l' Cspagne et du sudDouest de la France reproduisaient a,ec talent les animaux !u' ils rencontraient dans leurs chasses/ nous r,.lent cheG ces lointains anc7tres l' artiste !ui est en nous$ ?insi/ 2 tra,ers les matriaux !ue la nature lui 0ournissait/ par0ois en dpit de leur rebellion ou de leur insu00isance/ l' homme a poursui,i des intentions/ ralis de l' art$ )bissant 2 ses impulsions et 2 ses go:ts propres/ il a humanis 2 son usage la nature ambiante$ Nous ,o3ons 2 des degrs di,ers une srie de d,eloppements originaux$ Le matriel/ si appau,ri !u' il nous soit o00ert au9ourd' hui/ des ci,ilisations autonomes !ui se sont 0ormes/ dans les milieux di00rents !ue nous a r,ls la connaissance de la terre/ reprsente/ non un dbut/ mais toute une srie d' e00orts accomplis sur place$ Ces ci,ilisations rudimentaires/ !ui nous reportent aux priodes archaI!ues de nos propres ci,ilisations/ sont d92 pourtant ellesDm7mes un aboutissement/ un rsultat de progr.s dans les!uels se sont ,isiblement exercs l' initiati,e/ la ,olont/ le sens artisti!ue$ ii. -stagnation et isolement : il est alors asseG surprenant de constater !ue beaucoup de ces ci,ilisations se sont arr7tes en route/ !ue la srie des progr.s s' est interrompue/ et !ue/ en bien des endroits/ la s.,e d' in,entions semble s' 7tre tarie$ Les m7mes procds de culture se rp.tent sans modi0ications au -oudan (bien !ue de nou,elles plantes ,enues d' ?mri!ue s' 3 soient introduites)$ La m7me charrue !u' il 3 a plusieurs milliers d' annes est en usage sur les bords de la 6diterrane/ cheG les berb.res$ Les t3pes d' habitations/ cases c3lindri!ues en pis et en paille/ cases rectangulaires 2 toits inclins et piliers de soutien/ se rp.tent 2 satit/ sui,ant les Gones/ dans le centre et l' ouest a0ricain$ Le 0orgeron n.gre tra,aille a,ec son appareil portati0 comme le 0aisaient ses lointains anc7tres$ Les cou00ins du 0ellah g3ptien/ les 9arres du pa3s pR>+ castillan restent 0id.les 2 des t3pes depuis longtemps 0ixs et dsormais in,ariables !ue reprsentent les monuments 0igurs$ 67me dans ces contres de ci,ilisation a,ance/ le cercle des genres de ,ie s' est 0erm$ Les richesses minrales dont la Chine abonde n' ont pas 0ait du chinois un mineur$ Cet ingnieux culti,ateur ne s' est adonn ni 2 l' horticulture/ ni 2 l' le,age$ Les m7mes errements persistent sans changement sensible$ e telle sorte !u' apr.s a,oir not les indices d' une ,olution capable d' atteindre une per0ection relati,e/ nous notons une certaine impuissance/ soit 2 pousser plus loin/ soit 2 aborder des directions di00rentes$ La srie d' e00orts par les!uels/ chasseur ou p7cheur/ agriculteur ou pasteur/ l' homme a assur son existence/ semble a,oir aiguill son intelligence dans un sens dont elle ne d,ie plus$ *n moment arri,e o5 ces e00orts s' arr7tent$ -i rien ne ,ient de nou,eau solliciter l' acti,it/ elle s' endort sur les rsultats ac!uis$ *ne priode de stagnation succ.de 2 des priodes de progr.s ainsi !u' il est ad,enu en Chine et ailleurs$ L' homme est sollicit ,ers l' inaction par une pente naturelle$ *ne tentation de torpeur le guette$ )n a ,u des nau0rags !ue le hasard a,ait runis dans l' archipel de 'ristan a Cunha/ s' 3 habituer 2 une ,ie de lenteur et d' indolence/ au point !u' au bout d' une gnration ou deux/ ils taient incapables d' en a00ronter une autre$ Il 0aut donc !u' une 0orce trang.re inter,ienne$ -i nous en cro3ons le po.te 4 l' acti,it humaine ne peut !ue trop aisment s' endormir$ Clle ne tarde pas 2 se complaire dans un tat complet de repos$ C' est pour!uoi 9e tiens 2 lui donner ce compagnon !ui aiguillonne et agit et !ui/ tant le diable/ doit crer$ 4 diable ou non/ ce principe d' in!uitude et de mcontentement/ capable d' action cratrice/ existe dans les replis de l' @me humaine/ mais il n' agit !u' 2 son heure/ sui,ant le temps et les hommes$ Pour !u' il s' ,eille il 0aut !ue l' ide du mieux se prsente sous 0orme concr.te/ !u' on entre,oie ailleurs une ralisation capable de 0aire en,ie$ L' isolement/ l' absence d' impressions du dehors semblent donc le premier obstacle !ui s' oppose 2 cette conception du progr.s$ C00ecti,ement/ les socits humaines !ue les conditions gographi!ues ont tenu 2 l' cart/ soit dans les Lles/ soit dans les replis des montagnes/ soit dans les dserts/ soit dans les clairi.res des 0or7ts/ paraissent 0rappes d' immobilit et de stagnation$ C' est en Islande/ cheG les touareg/ dans le Va0iristan/ !ue l' archaIsme o00re au9ourd' hui ses meilleurs t3pes$ pR>8 6ais il 3 a aussi un autre isolement/ celui !ue l' homme se 0orge 2 luiDm7me par ses crations/ par tout ce !u' il cha0aude sur ses oeu,res$ 2 ces in,entions/ dans les!uelles l' homme a mis une part de luiDm7me/ 2 ces genres de ,ie !ui absorbent toute son acti,it/ il m7le ses sentiments/ ses pr9ugs/ toutes ses conceptions de la ,ie sociale$ Il 3 a9oute une conscration religieuse !ue leur pr7tent le culte de ses anc7tres/ le respect d' un pass !ui s' en,eloppe de m3st.re$ Il 0init ainsi par tisser autour de lui une toile paisse !ui l' enlace et le paral3se$ La ,ie tout enti.re du n.gre de Huine est emp7tre de rites et de superstitions !u' il serait aussi dangereux d' en0reindre !ue celle du tabou pol3nsien$ Le pa3san traditionnel cheG nous/ comme le culti,ateur hindou/ cambodgien ou chinois/ sont des personnages scrupuleux/ 0er,ents obser,ateurs de prati!ues telles !ue l' essentiel ne s' 3 distingue plus du parasite$ Cha!ue opration se compli!ue de r.gles d' obser,ance entre les!uelles l' initiati,e n' a plus de 9eu pour s' exercer$ Le genre de ,ie/ entr 2 ce point dans les habitudes/ de,ient un milieu born dans le!uel se meut l' intelligence$ Le nou,eau paraLt l' ennemi 1 on ,oit sous ces in0luences des organismes sociaux se cristalliser et/ 0aute de renou,ellement/ des oeu,res combines pour le bien commun de,enir des conser,atoires de routine$ )n a dit a,ec raison !ue la base de la socit chinoise est la 0amille$ *ne hirarchie rigoureuse en relie les membres/ unis par le culte commun des anc7tres$ Il est incontestable !ue cette 0orce du lien 0amilial a puissamment aid cette socit 2 grossir les rangs de sa population/ 2 0aire pr,aloir une discipline commune/ et !u' elle a t une source de ,ertus sociales$ 6ais n' aDtDelle pas entra, le progr.s E Ce !ui con,ient 2 une socit patriarcale ne con,ient pas 2 une socit moderne$ )n est port 2 se demander si ce patronage du che0 de 0amille ne restreint pas l' esprit d' initiati,e/ s' il ne s' oppose pas au d,eloppement de l' indi,idu E L' indi,idualisme/ briseur de routines/ n' a gu.re sa place dans un cadre !ui/ depuis la naissance/ s' a9uste 2 tous les actes de l' existence/ et ne l@che m7me pas apr.s la mort$ Comme on l' a sou,ent remar!u/ le d,eloppement outr des institutions communales rtrcit l' horiGon et produit/ m7me au sein de populations tr.s denses/ un isolement 0actice$ La communaut de ,illages/ telle !u' elle est prati!ue dans l' Inde du nord/ le mir (ou commune) russe/ l' organisation ancienne des ,illages groups dans une partie de l' Curope occidentale/ sont comme des conser,atoires persistants de mtiers spciaux/ de procds agricoles/ de t3pes d' assolements dont/ une 0ois 0ixs/ on ne pou,ait gu.re s' carter$ Ces organisations supposent une entente 0onde sur des expriences pR>= sculaires et rsumant de longs e00orts d' initiati,e/ mais elles indi!uent aussi !ue/ se reposant sur les rsultats ac!uis/ l' intelligence a cess d' en poursui,re d' autres 1 et/ par l2/ ce !ui tait mou,ement s' est 0ig 1 ce !ui tait initiati,e est de,enu habitude 1 ce !ui tait ,olont est tomb dans le domaine de l' inconscient$ C' est ainsi !ue/ parmi les socits animales/ certains groupes ont su s' le,er 2 une organisation suprieure$ Pour !ue la 0ourmi reste attache 2 sa 0ourmili.re/ l' abeille 2 sa ruche/ il a 0allu d' incalculables progr.s antrieurs/ mais les progr.s se sont arr7ts ou sont de,enus 2 peu pr.s insensibles$ Il ne reste des in,entions passes !u' une impulsion !ui se communi!ue automati!uement aux gnrations successi,es$ iii. -les contacts : il peut se 0aire !ue le contact d' autres ci,ilisations glisse sans entamer pro0ondment ces organismes endurcis$ es emprunts peu,ent se produire/ mais ils restent super0iciels entre socits peu prpares 2 ragir l' une sur l' autre$ Lors!ue le continent noir entra/ par l' intermdiaire des espagnols et des portugais/ en contact a,ec l' ?mri!ue/ un grand nombre de plantes comestibles s' introduisirent dans l' agriculture a0ricaine$ 4 le manioc/ le maIs/ l' arachide/ l' ananas/ et peutD7tre l' igname et la patate/ ont t apports ,ers le x,e si.cle sur le continent noir 4 / en un mot/ la plupart des plantes !ui ser,ent au9ourd' hui de base 2 l' alimentation$ Cet accueil montre une certaine aptitude au progr.s$ %oitDon cependant !ue les procds de cette agriculture tropicale a0ricaine aient t sensiblement modi0is/ !ue la charrue ait remplac la houe/ !ue les mo3ens d' amendement et de renou,ellement du sol se soient substitus aux habitudes traditionnelles E Cn aucune 0aon$ Les prati!ues agricoles lies au genre de ,ie ont persist/ a,ec les organismes sociaux aux!uels elles taient adaptes et !ui taient ns a,ec elles$ La ,ie de ,illage/ dans un cercle de culture born/ est reste le trait dominant de ci,ilisation$ L' addition de !uel!ues plantes n' 3 a rien chang$ L' horiGon de ces petites communauts/ isoles entre elles et li,res par l2 aux entreprises con!urantes du dehors/ est rest aussi restreint !ue prcdemment$ ?ucune ,ie urbaine solide/ en dehors de la priphrie saharienne/ n' a pris racine sur ce sol/ non !u' il 0:t rebelle 2 la ci,ilisation/ mais au contraire parce !u' une ci,ilisation exclusi,e s' 3 tait 0ait place$ pR>< L' introduction du che,al dans les plaines de l' ?mri!ue du nord/ par les europens/ 0ut une sorte de crise dans la ,ie des indig.nes$ Certaines tribus plus promptes 2 utiliser ce mo3en de guerre/ durent 2 la mobilit !u' il leur procura/ une supriorit d' atta!ue et une extension subite de puissance 1 on ,it par exemple dans le nordDouest celle des pieds-noirs, primiti,ement cantonne entre la -asJatcheXan et la Peace (i,er/ lors!ue/ ,ers le commencement du x,iiie si.cle/ elle 0ut entre en possession du che,al/ tendre subitement 9us!u' au WelloXstone et aux 6ontagnes (ocheuses le cercle de ses entreprises aux dpens de ses ,oisines$ Le nomadisme plus ou moins mar!u/ !ui tait inhrent 2 la ,ie de chasse/ reut certainement de cet auxiliaire ,enu d' Curope/ un ren0ort et un surcroLt d' expansion$ 6ais/ 2 ce phnom.ne phm.re se borne l' e00et produit$ La ,ie indig.ne/ en possession d' un mo3en nou,eau de persister dans son 7tre et dominer ses ,oisins/ aurait continu 2 durer sur ses bases traditionnelles/ si la colonisation europenne n' 3 a,ait mis ordre$ ans les cas cits/ les genres de ,ie 0orms sur place 0ont preu,e d' asseG de rsistance pour adapter 2 leurs propres besoins les inno,ations !ue des circonstances trang.res 2 leur ,olont leur apportent$ Ils trou,ent en euxDm7mes de !uoi se d0endre/ et/ dans leurs emprunts m7mes/ de !uoi se 0orti0ier dans leur 7tre$ Ils ne se modi0ient pas$ La substitution du che,al 2 la locomotion pdestre/ pas plus !ue celle des armes 2 0eu 2 l' arc ou 2 la sagaie/ ne changent rien d' essentiel aux habitudes contractes de longue date/ en rapport a,ec le milieu local$ Le choc direct de deux ci,ilisations tr.s ingales ne produit !ue des mou,ements de sur0ace$ 6ais/ sous la pression des ncessits/ il n' 3 a pas de rsistances !ui tiennent$ Les exemples ne man!uent pas de trans0ormations essentielles !ui ont modi0i/ soit sous la pression du dehors/ soit par le d,eloppement de causes conomi!ues/ des socits solidement constitues/ d92 coules dans un certain moule$ Nous pou,ons en 9uger en ,o3ant de nos 9ours/ sous l' in0luence du march uni,ersel/ le d,eloppement de la ,ie industrielle et urbaine aux dpens de la ,ie agricole et rurale/ et en constatant !u' il en rsulte des changements non seulement dans les modes d' exploitation/ mais dans les rapports sociaux/ la natalit/ les liens de 0amille/ l' alimentation/ etc$ Nous sommes 0rapps/ mus/ sou,ent in!uiets de ces 0aits mais le pass en a connu d' analogues$ u commerce/ de la scurit sur mer/ de la colonisation/ na!uit autour de la 6diterrane une 0orme sociale !ui atteignit sa plus haute expression dans la cit$ Ce 0ut une r,olution !ue celle !ui substitua la cit 2 la bourgade/ le culte de la patrie aux sanctuaires de 0amille/ pR>O un lien public aux liens de client.le 1 r,olution intellectuelle autant !ue matrielle$ Le costume changea 1 il se 0it plus simple 1 on cessa de circuler en armes$ L' @me du cito3en s' harmonisa a,ec l' aspect de la cit$ labore/ agrandie par (ome/ la notion de cit de,int une 0orme de ci,ilisation capable de se communi!uer et de se transmettre 2 des groupes de plus en plus nombreux$ Le rseau des ,oies romaines en 0ut le ,hicule$ u bassin mditerranen elle gagna une grande partie de l' Curope centrale$ ?,ec la con!u7te marcha le commerce 1 l' usage du ,in et du 0roment se gnralis.rent 1 des marchs s' ou,rirent 1 des cultures se propag.rent$ Cependant/ dans cette Curope se dressait en 0ace du monde romain un t3pe de ci,ilisation bien moins a,anc/ asseG di00rent pour !ue son originalit ait 0rapp l' esprit obser,ateur de 'acite$ Il 3 eut entre ces deux mondes non pas seulement con0lit/ mais in0iltration$ es si.cles pnibles et douloureux s' coul.rent a,ant !u' une 0usion s' accomplLt$ Clle se ralisa gr@ce 2 une 0orme religieuse/ sortie elleDm7me du creuset mditerranen/ issue du mlange d' hommes et d' ides !ui s' 3 tait accompli 1 le christianisme ser,it de trait d' union entre les deux mondes !ui semblaient s' exclure/ romain et germani!ue$ Ce !u' a,ait 0ait (ome/ Charlemagne le 0it 2 son tour N il 0ut 0ondateur de ,illes$ Ces changements/ d' ailleurs si dcisi0s !u' ils aient t dans l' histoire des ci,ilisations/ sont loin d' a,oir limin les 0ormes sociales antrieures$ Il 0aut tou9ours tenir compte des ,arits et des sur,i,ances dans l' tude des socits humaines comme des socits ,gtales ou animales$ 67me autour de la 6diterrane/ il s' en 0aut !u' ait disparu la ,ie de clans a,ec les habitudes de circulation en armes/ de sites 0orti0is/ de ,endettas 1 l' ?lbanie actuelle est une remar!uable sur,i,ance/ et non la seule/ de cet archaIsme$ 6ais ces immdiates in0luences de milieux locaux sont de,enues des exceptions$ ' autres germes ont 0ructi0i 2 cFt d' eux/ d' autres 0ormes de ,ie se sont 0ait 9our/ ont exerc leur attraction$ La ci,ilisation a ,u s' enrichir pres!ue 2 l' in0ini le 0ond sur le!uel elle tra,ailla$ iv. -contacts par invasion et opposition de genres de vie : l' Curope occidentale montre un d,eloppement 2 peu pr.s continu$ Il n' en a pas t de m7me en ?0ri!ue du nord et en ?sie/ au seuil de la Gone des dserts et des steppes$ epuis le 6aroc 9us!u' 2 l' Inde/ depuis la (ussie 9us!u' 2 l' ?rabie/ les socits n' ont pas cess d' 7tre en rapport 1 mais le contact a t le plus sou,ent hostile par l' opposition des genres de ,ie$ e grands empires se sont le,s/ depuis celui des pR>M perses 9us!u' 2 celui des arabes et des mongols$ L' islam a tendu son ,aste domaine$ 6ais aucun de ces empires n' a dispos de la srie des temps au m7me degr !ue la Chine ou !ue (ome/ continue par le christianisme$ Les in,asions arabes/ tur!ues/ mongoles/ ont interrompu le lien dans l' ?0ri!ue du nord et en Cspagne/ en ?sie 6ineure/ en Perse/ dans le nord de l' Inde/ aussi bien !ue sur les bords du nieper et de la %olga 1 elles ont t un hiatus dans le d,eloppement normal des socits 1 elles ont amen une d,iation/ d' incessantes ncessits de recommencement$ -i ces migrations/ dont nous entretient d92 Brodote/ et !ui/ surtout du i,e au xe si.cle de Q$ DC$/ s' coulent sans arr7t de l' ?ltaI 2 l' ?sie occidentale/ ont cess en grand depuis un si.cle ou deux 1 elles se poursui,ent en petit entre tribus/ entre clans et ,illages ,oisins N de Jurdes 2 armniens/ d' albanais 2 sla,es/ de bdouins 2 0ellahs$ Cependant/ 2 tra,ers ces ,icissitudes/ on obser,e la persistance 2 peine mar!ue d' anciennes ci,ilisations N l' g3pte/ sous ses tra,estissements successi0s/ garde dans sa race sa ph3sionomie de sphinx$ Le persan ,it de ses sou,enirs et de ses po.tes$ L' ?sie 6ineure/ le nord de la Perse/ le 'urJestan/ ont t 4 tur!ui0is 4 / mais comme les moeurs hellni!ues apparaissent 2 ?th.nes sous le crpissage turc !ui s' caille/ il n' est pas impossible de dcou,rir le 0ond de ci,ilisations anciennes !u' ont laiss en ?sie 6ineure les thraces/ phr3giens/ hittites/ aramens/ comme en ?rmnie et Iran/ tous ces ,ieux peuples 0ondateurs de sanctuaires et de monuments$ Les ,ieilles religions naturalistes de -3rie se sont miettes en sectes di,erses$ Ce !ue les in,asions ont impos 2 et l2/ c' est la langue/ ,7tement extrieur$ Cncore m7me/ pour su00ire aux exigences d' une ,ie plus compli!ue !ue celle des steppes/ les dialectes turcs/ tartares !ui ont remplac dans le nord de l' Iran/ et des deux cFts du Pamir/ les dialectes iraniens/ ontDils d: 0aire de larges emprunts au persan et 2 l' arabe$ Kuant 2 la langue du camp/ l' urdu, 0orme autour des sou,erains mongols de elhi/ elle n' est autre !ue la langue hindoustani imprgne de ,ocabulaire persan$ L' islam/ malgr ses cadres simples et rigides/ n' a pas chapp 2 la loi N il s' est trans0orm sui,ant les milieux o5 il s' enracinait N marabouti!ue en &erbrie/ chiite en Perse/ altr dans l' Inde au contact de l' hindouIsme$ Il a ,olu sui,ant les milieux$ Le rsultat a t un 0ractionnement de religions en sectes/ de nationalits compactes en poussi.res de nationalits$ ?rmniens/ parsis/ 9ui0s/ s3riens sont des dbris de peuples/ dont l' axe s' est dplac$ Le commerce/ l' industrie sont de,enus leur monopole/ comme pR>P autre0ois celui du phnicien et des grecs autour des ,ieilles ci,ilisations d' g3pte et d' ?ss3rie$ Ce sont des essaims !ui ,i,ent et pullulent en marge de grandes socits et rendent le ser,ice d' entretenir/ entre des corps tendant 2 l' inertie/ un reste de circulation$ Contre ce 0ractionnement ragit l' po!ue prsente$ ' hier seulement la balance penche de nou,eau$ L' ?0ri!ue du nord/ l' ?sie centrale/ l' Inde et l' g3pte sont entres dans le cercle des grandes dominations$ La 'ur!uie et la Perse sentent le cercle se re0ermer autour d' elles$ v. -contacts par le dveloppement du commerce maritime : sur un autre point la ,ie se rallume$ Le monde occidental n' a,ait eu !ue de rares et lointaines chappes sur les grandes ci,ilisations de l' Cxtr7meD)rient N le contact de,ient au9ourd' hui plus intime et c' est une des plus intressantes expriences humaines !ui s' accomplit$ L' Inde/ depuis ;M<> a,ec Lord alhousie/ a t sillonne de chemins de 0er sous le contrFle d' une domination trang.re$ ans ces derni.res annes/ le rail a pntr en Chine$ epuis la date 0atidi!ue du M 9uillet ;M=+ o5 l' escadre du Commodore Perr3 parut 2 Wedo/ le Qapon s' est ou,ert/ d' abord 2 demi/ puis largement 1 il a inaugur son premier chemin de 0er en ;MOR 1 au9ourd' hui ses usines/ sa science et 9us!u' 2 son costume sont europens$ Nul n' est parti plus tard et n' a march plus ,ite$ Cette mtamorphose dconcerte et/ cependant/ il semble !ue/ cette 0ois encore/ ce peuple n' ait 0ait !u' obir 2 une loi particuli.re de son d,eloppement/ !ue cette derni.re mue soit une rptition de celle !ui mit 9adis le ,ieux Qapon 2 l' cole de la Core et de la Chine$ Lors!u' au ,ie si.cle de notre .re/ le boudhisme pntra au Qapon/ il accomplit une r,olution semblable 2 celle !ue/ dans notre occident/ le christianisme apporta au monde barbare$ -ous ces emprunts/ le Qapon a 9alousement conser, son originalit de peuple insulaire dans son cadre de montagnes et de dcoupures littorales/ ses plerinages aux sanctuaires ombrags sous les cr3ptomerias/ le go:t de sa riante nature 0leurie et de l' art religieux !ui l' interpr.te$ CstDce de ses a,atars antrieurs !u' il a ac!uis sa singuli.re aptitude 2 s' approprier la science europenne/ 2 s' assimiler ce !ui lui a paru essentiel dans les ci,ilisations extrieures 1 nous serions 0ort embarrass de dire s' il 0aut en 0aire honneur 2 des !ualits de race/ 2 sa composition ethni!ue/ 2 sa position gographi!ue 1 notons seulement !ue le prsent ne dment pas le pass$ Le cas insulaire du 9aponais o00re un 0rappant contraste a,ec l' attitude des ci,ilisations continentales !ui se sont enracines/ poussant pR;> des re9etons autour d' elles N celle de Chine ou de l' Inde$ Le commerce de l' Curope et celui des tatsD*nis 0ont 2 l' en,i le si.ge du chinois N ils n' ont encore russi !u' impar0aitement 2 introduire en lui de nou,eaux besoins$ -' ils 3 par,iennent pour !uel!ues articles/ c' est 2 la condition de se plier 2 ses go:ts et 2 ses coutumes$ Babitue 2 rpandre sa ci,ilisation autour d' elle/ 2 se considrer comme le centre du monde/ la Chine se rsigne mal au rFle de disciple$ Clle se retranche dans sa mentalit orgueilleuse$ ?ux ides sub,ersi,es de l' Curope ou de l' ?mri!ue/ 2 leurs articles exoti!ues/ elle oppose sa morale/ sa philosophie/ ses traditions littraires/ ses habitudes domesti!ues/ sa conception du luxe et du bienD7tre$ ?ux comptiteurs 9aloux lui o00rant !ui ses cotonnades et ses machines/ !ui son ptrole/ !ui ses allumettes/ elle a longtemps oppos un 0legme ddaigneux$ Clle c.de cependant et commence 2 prendre !uel!ues marchandises$ Le chinois/ disent nos l3onnais/ de,ient 4 un intressant personnage conomi!ue 4 $ *ne priode de 0ermentation a commenc dont il est impossible de pr,oir les tapes$ 6ais/ de la Chine comme du Qapon/ on peut dire la m7me chose N l' imitation de l' tranger ne ,ient !ue du dsir de se passer de lui/ un sentiment de xnophobie en est le principe$ ?u contact de ses maLtres britanni!ues/ l' Inde a certainement ,olu 1 mais dans !uel sens E 'out ce !ue les anglais ont tent pour modi0ier par ce !u' ils cro3aient a,antageux la constitution sociale du pa3s/ pour crer/ par exemple au &engale/ une aristocratie terrienne en 0a,orisant les 7emindari au dtriment des rotts (;OP+)/ a chou ou tourn 2 mal N ils ont russi au contraire en s' appu3ant sur les organismes traditionnels/ en d,eloppant le rgime municipal/ en respectant les sou,erainets indig.nes$ Les castes n' ont en rien cd de la prise !u' elles exercent$ 'out l' di0ice social est rest 2 peu pr.s intact$ L' ducation/ la presse/ les uni,ersits/ la di00usion de la langue anglaise ont a00ect la mentalit indig.ne/ mais dans un sens autre !u' il n' tait pr,u$ es mdecins/ des chirurgiens habiles ont pu se 0ormer parmi les indig.nes 1 l' axe de la pense n' a pas t dplac$ Qamais l' attention des lettrs hindous ne s' est plus porte ,ers les anciens li,res sacrs !ue depuis !ue la science europenne les a touchs du bout de son aile$ Ct !uant au peuple/ on a remar!u !u' un des principaux rsultats des 0acilits donnes aux ,oies de communication/ a t d' augmenter l' a00luence de plerins ,ers les ,ieux sanctuaires$ ?insi la branche tordue par le ,ent reprend sa direction premi.re$ *ne cons!uence/ et celleDci capitale/ de la domination britanni!ue/ se dgage d.s 2 prsent N c' est la conscience d' une certaine pR;; unit de ci,ilisation entre membres disparates !ui s' ignoraient dans l' Inde d' hier$ vi. -caract"re gographique du progr"s : lors!ue Pascal parle de la suite des hommes comme d' un seul homme !ui subsiste tou9ours et !ui apprend continuellement/ il exprime une ,ue philosophi!ue de l' esprit/ !ue con0irme l' tat actuel de la ci,ilisation$ 6ais cela n' impli!ue nullement !ue le progr.s marche du m7me pas rgulier et uni0orme$ Le cours de l' histoire abonde l2Ddessus en dmentis$ Cncore au9ourd' hui/ nous ,o3ons dans la moiti en,iron de la terre des socits !ui n' ont rien appris depuis des milliers d' annes/ 0ixes/ comme 2 un cran d' arr7t/ sur une somme de progr.s !ui/ une 0ois atteints/ n' ont pas t dpasss$ Ces progr.s a,aient permis 2 ces socits locales de ,i,re et subsister sur place 1 elles n' ont pas t plus loin$ Il 3 a/ cependant/ des parties de la terre o5/ 2 tra,ers bien des ,icissitudes/ les progr.s n' ont t !ue rarement arr7ts/ o5/ non sans accident/ le 0lambeau a pass de main en main$ 2 !uoi tient ce pri,il.ge et pour!uoi ces di00rences E Il 3 a dans ces 0aits une rpartition 2 la!uelle les causes purement gographi!ues ne sauraient 7tre trang.res$ CstDce hasard si les terres concentres dans l' hmisph.re boral de l' ancien monde/ entre la 6diterrane et les mers de Chine/ ont ,u se produire la plupart des grands ,nements !ui ont guid les ci,ilisations E )n est 0rapp de l' en,ergure !u' 3 prennent les 0aits sociaux/ religieux ou politi!ues/ !ui ser,ent de points de rep.re dans la marche du progr.s$ L2/ par exemple/ s' est opre la di00usion de m7mes 0amilles de langues/ expressions de m7mes habitudes d' esprit/ ar3ennes depuis l' Inde 9us!u' 2 la Hermanie/ smiti!ues de l' ?rabie au 6aghreb$ L2 aussi s' est 0aite la di00usion de 0ormes religieuses 2 bases morales et philosophi!ues$ eux des principales religions entre les!uelles se partage l' humanit/ le christianisme et l' islam/ 3 ont trou, non seulement leur berceau/ mais leur aire de propagation$ Ct s' il est douteux !u' il 3 ait/ au sens o5 l' entendit )scar Peschel/ une 4 Gone de 0ondateurs de religion 4 / il est permis d' admettre !u' il 3 a des parties de la terre o5 les 0ormes religieuses ont dispos de 0acilits spciales d' expansion$ Le bouddhisme luiDm7me/ n dans l' Inde/ n' aDtDil pR;R pas chemin 2 tra,ers l' ?sie centrale au mo3en des routes de commerce !ui a,aient d92 r,l 2 l' occident la contre appele -ri!ue E 67mes remar!ues sur les genres de ,ie$ La plupart des procds de la ,ie agricole/ mthodes d' irrigation/ cultures d' arbres 0ruitiers/ usage de la charrue/ se sont largement rpandus dans les contres !u' embrasse cet ensemble$ La ,ie pastorale/ tou9ours si d,eloppe dans cette Gone/ impli!ue un nomadisme !ui la 0ait/ il est ,rai/ gnralement considrer comme un genre de ,ie in0rieur$ Cn ralit/ ce t3pe/ tel !u' il s' est organis en ?sie et dans le nord de l' ?0ri!ue/ de l' ?ltaI 2 l' ?tlas/ aux con0ins des steppes/ a,ec points d' appui et relations d' change dans les oasis ou dans les rgions limitrophes de culture/ reprsente une 0orme relati,ement le,e de ci,ilisation$ Il entretient/ par les cara,anes et les baGars/ des rapports tendus 1 il 0a,orise/ aux points de contact/ la 0ormation de marchs et de ,illes 1 il d0raie en0in le luxe patriarcal de la tente$ e grands 0aits histori!ues/ a3ant 0ortement brass les hommes/ ont pris naissance dans ce milieu$ )n a ,u les 0amilles et les tribus se combiner en con0drations/ s' agglomrer en hordes !u' ont signales des clairs de puissance !uasi mondiale$ Le cas de l' empire mongol/ !ui 0it au xiiie si.cle trembler l' Curope/ ne 0ut pas un phnom.ne isol et sans racines$ vii. -les noaux : il 3 a des contres o5 la chaLne du progr.s a t rompue (Curope orientale/ ?sie occidentale)/ o5 elle ne s' est renoue !ue plus tard ou impar0aitement$ Il 3 en a d' autres o5 les progr.s n' ont 9amais t tout 2 0ait interrompus/ !ui n' ont pas prou, ces hiatus 0unestes$ Les 0ormations politi!ues s' 3 sont succd en rapport les unes a,ec les autres (Curope occidentale et centrale/ g3pte m7me/ etc$)$ Cn somme/ les 0aits gnraux/ dans l' histoire des socits humaines/ ne se produisent 9amais d' emble$ Il 0aut pralablement triompher des obstacles accumuls autour de cha!ue groupe par les distances/ la nature des lieux/ les hostilits rcipro!ues$ *n d,eloppement embr3onnaire prc.de le plein panouissement de l' 7tre$ Il 0aut donc remonter un peu plus haut dans la chaLne des 0aits$ Le christianisme romain s' inscrit dans les cadres de l' empire d' occident/ comme le christianisme grec dans celui de l' empire d' )rient$ C' est aux dpens de cet empire et de ceux des perses et des sassanides !ue l' islam a constitu son domaine$ 6ais ces di00rents empires s' taient 0orms euxDm7mes d' lments antrieurs/ a,aient absorb en eux ceux d' g3pte/ de Chalde/ de 6acdoine$ Continuant 2 remonter pR;+ l' chelle du pass/ ces grandes 0ormes d' organisations politi!ues se dcomposent en plus petites contres/ en une multitude de 0o3ers distincts dous de ,ie propre$ La puissance pharaoni!ue s' l.,e sur la multitude de nomes clos sur les bords 0ertiliss du Nil$ e petites ro3auts/ dont !uel!ues noms seuls nous sont par,enus/ entrent dans la charpente des empires du 'igre et Cuphrate$ *n essaim de cits analogues 2 celles !ui s' taient 0ormes 2 ?th.nes/ Corinthe/ 6ilet/ se rpandent le long de la 6diterrane/ en 0ace des colonies issues de -idon/ '3r et Carthage$ La puissance de l' trurie se 0ond dans celle de (ome 1 et la con!u7te romaine/ 2 son tour/ absorbe la ci,ilisation de t3pe hallstatt pralablement 0orme au nord des ?lpes$ ?insi ces phnom.nes dont l' ampleur nous tonne/ n' ont 0ait !ue rsumer des d,eloppements antrieurs$ Ce !ue l' on distingue 2 l' origine/ c' est la multiplicit de 0o3ers distincts/ l' action de socits de dimensions moindres/ microcosmes/ agissant chacun dans leur sph.re$ Ce sont elles !ui ont ser,i de no3aux aux organisations plus ,astes !ui ont hrit de leur tra,ail$ Clles s' taient 0ormes ellesDm7mes/ 2 la 0a,eur des circonstances rgionales/ dans des conditions particuli.res de milieux$ Les allu,ions 0lu,iales du Nil et de l' Cuphrate/ les articulations du littoral mditerranen/ les ,oies d' aboutissement de l' arri.reDpa3s continental/ par le (hFne/ le anube/ le nord de la mer Noire ou la -3rie N tels a,aient t/ dans ce coin du monde/ sommairement rsums/ les a,antages !ui a,aient concouru 2 entretenir la ,ie entre ces socits de 0ormation distincte et originale$ u rapprochement et du mlange de ces di,ers lments se sont 0orms des empires/ des religions/ des tats/ sur les!uels a pass/ a,ec plus ou moins de rigueur/ le rouleau de l' histoire/ a,ec ses chutes et ses retours/ ses actions et ractions/ ses 0laux et ses bien0aits N toutes les contingences en un mot !u' entraLne le 9eu des causes humaines$ 6ais 2 tra,ers ces contingents 0iltrent les in0luences gographi!ues$ *ne rpercussion rcipro!ue n' a cess pres!ue 2 aucun moment d' agir entre les socits !ui ont couru leurs destines di,erses dans l' espace !ue circonscri,ent l' Curope/ l' ?sie occidentale et l' ?0ri!ue du nord$ Clles ont engendr des rapports !ui annoncent ceux !ue/ dans notre monde contemporain/ a cr l' extension des ,oies de commerce$ L' agrandissement des horiGons a t progressi0$ Les ,oies romaines et la na,igation maritime permirent un d,eloppement urbain dont (ome et ?lexandrie sont les t3pes$ (ome eut son grenier en g3pte/ comme notre Curope urbaine et industrielle a le sien par del2 les mers$ *ne balance s' opra entre les pa3s nourriciers et les pa3s pR;8 consommateurs$ )n peut ainsi/ dans le spectacle conomi!ue du monde romain/ aperce,oir d92/ entre l' Italie/ la Haule et la pro,ince d' ?0ri!ue/ !uel!uesDuns des rapports !ui ont leur plein d,eloppement sur une chelle in0iniment plus ,aste/ dans le monde contemporain$ Cette prcocit singuli.re tient 2 des causes gographi!ues N non pas 2 des causes simples/ mais 2 un ensemble tr.s complexe dont la 0orce s' est r,le gr@ce 2 une continuit de relations$ Ni les grands 0leu,es riches d' allu,ions/ ni la ,i,ante 6diterrane/ ni les riches plaines du anube et de la (ussie mridionale/ ne su00isent par ellesDm7mes 2 expli!uer la persistance/ sous des 0ormes di,erses/ de ci,ilisations progressi,es$ 6ais la rpartition des terres et des mers/ l' intercalation des plaines et des montagnes/ le rapprochement des pa3s de steppes et des pa3s de 0or7ts ralisent dans cette partie du globe un agencement tel !ue les causes gographi!ues ont pu mieux !u' ailleurs combiner leurs e00ets$ Il 3 a eu comme une srie d' initiations rcipro!ues$ Ce phnom.ne histori!ue ne s' est produit !ue l2 1 car les ci,ilisations amricaines sont restes con0ines sur les plateaux/ et la ci,ilisation chinoise/ si remar!uable 2 tant d' gards/ est reste pres!ue exclusi,ement attache aux plaines$ La ci,ilisation dont l' Curope moderne est l' hriti.re 0inale/ s' est nourrie 2 l' origine d' une 0oule de 0o3ers distincts/ a absorb la substance d' un grand nombre de milieux locaux$ C' est de ces antcdents/ de cette longue laboration sculaire/ !ue des rapports mutuels ont maintenue acti,e/ !u' elle a tir sa richesse et sa 0condit$ La con,ergence des 0ormes de con0iguration et de relie0/ le rapprochement des rgions dcou,ertes et des rgions boises/ ont mnag un concours de rapports et d' nergies gographi!ues !u' aucune autre rgion du globe n' a connu au m7me degr$ III$ L? CI(C*L?'I)N pR;O chapitre i. ,es moens de transport. i. -l' homme : dans toutes les contres o5 il s' est trou,/ l' homme s' est ingni d.s l' origine 2 rsoudre le probl.me du transport et de la circulation$ Il s' est ser,i d' abord pour cela des mo3ens !ue lui o00rait son propre corps$ *ne premi.re cause de di,ersits 0ut l' adaptation de ce corps aux instruments !ui 0urent in,ents pour lui ser,ir d' auxiliaires$ 'antFt c' est un coussinet !ui/ assu9ettissant le 0ardeau sur la t7te/ donne 2 la dmarche des 0emmes une allure de cariatide/ tantFt c' est un b@ton sur le!uel s' appuie le porte0aix dont les paules plient sous le poids$ Le coolie/ dans les contres o5 croLt le souple bambou/ 0ixe sur ses paules une longue tige aux extrmits de la!uelle deux charges se 0ont !uilibre$ Le mexicain de l' ?nahuac s' a,ance le 0ront inclin/ 2 la 0aon du boeu0/ sous l' treinte des courroies !ui retiennent par derri.re son 0ardeau$ Le hammal turc ou notre ,igneron conser,ent l' attitude !ue leur impose la hotte$ )n sait !ue le geste humain aux prises a,ec le 0ardeau a 0ourni aux arts plasti!ues des th.mes inpuisables/ !ui sont le meilleur commentaire de ces originales di,ersits$ Le transport par hommes/ le plus tenace comme le plus archaI!ue de tous les modes de transport/ est 2 la base de toute tude gnrale sur cette !uestion$ ans les contres des ?ndes/ o5 il a longtemps rgn/ 2 peu pr.s sans partage/ il semble !ue l' exercice de la course pR;M ait agi sur le temprament$ L' appareil respiratoire des indig.nes leur permet de gra,ir sans 7tre incommods des pentes !ui mettraient un europen hors d' haleine$ )n connaLt le rFle considrable et antisocial !ue 9oue ce genre de cor,es dans les parties de l' ?0ri!ue centrale o5 existent des insectes pernicieux pour nos animaux de transport$ Le portage humain est par,enu 2 se maintenir pres!ue exclusi,ement dans les contres/ m7me tr.s ci,ilises/ mais o5 l' extr7me densit de la population ra,ale 2 ce point la mainDd' oeu,re humaine/ !u' elle rend tout autre recours super0lu$ C' est le cas/ paraLtDil/ dans la pro,ince chinoise du -GD'chouan$ L' homme n' a pas dplo3 une moindre 0ertilit d' in,entions pour 0ranchir les obstacles !ue pour allger les 0ardeaux$ ?,ant de se hasarder sur mer/ il rencontrait l' obstacle des eaux intrieures$ Les pirogues tailles dans un tronc de ch7ne !u' on a exhumes de nos tourbi.res/ les bar!ues en cuir cal0ates de roseaux !u' Brodote dcrit sur le haut Cuphrate/ montrent comment il sut utiliser les matriaux locaux$ epuis l' Cuphrate 9us!u' au BoangDBo/ on emploie encore au9ourd' hui des peaux de boeu0 gon0les pour passer les ri,i.res$ Le nou,eau monde/ sous ce rapport/ ne le cdait pas 2 l' ancien N tmoin les lgers canots transportables !ue les indiens de l' ?mri!ue du nord sa,aient 0abri!uer a,ec des corces de bouleau$ (ares sont les peuples 2 l' acti0 des!uels on ne puisse citer d' in,ention originale$ 4 les pampens et les chi!uitiens/ dit ' )rbign3/ n' ont 9amais pens 2 s' aider d' un mo3en !uelcon!ue pour passer les ri,i.res$ 6ais les guaranis et les moxens a,aient de ,astes pirogues$$$ les araucaniens n' eurent sur la cFte !ue d' in0ormes radeaux composs de troncs d' arbres 1 mais/ au sommet des ?ndes o5 le bois man!uait absolument/ les a3maras in,ent.rent des bateaux 0orms de 9oncs solidement lis ensemble 1 sur les cFtes s.ches d' ?tacama/ ils imagin.rent de con0ectionner a,ec des peaux de pho!ues deux immenses outres remplies d' air et attaches ensemble$ 4 on pourrait citer beaucoup d' autres exemples de ces procds/ dont les spcimens 0ont au9ourd' hui l' orgueil des muses ethnographi!ues$ Ils nous montrent une multiple closion d' in,entions locales 0ortement mar!ues 2 l' empreinte du milieu$ C' est tantFt la 0lore/ tantFt la 0aune/ !ui a t mise 2 contribution$ Les lianes souples et robustes de la ,gtation tropicale ont 0ourni pour le passage des ri,i.res d' autres expdients !ue ceux !u' a,aient imagins les pasteurs pR;P des steppes$ Il n' est gu.re en somme de contres du globe o5 l' homme n' ait trou, !uel!ue mati.re premi.re 2 utiliser 1 c' est plutFt/ en certains cas/ l' e00ort d' esprit/ l' initiati,e/ !ue la mati.re !ui a 0ait d0aut$ Ce !u' on peut dire/ c' est !ue les matriaux locaux !u' il par,int 2 adapter au transport/ taient sou,ent de si impar0aits pis aller/ !u' il ne s' 3 serait pas obstin/ pour peu !ue des emprunts au dehors eussent t possibles$ 'el est surtout l' enseignement !ui rsulte de ces produits primiti0s de l' industrie humaine$ Le stade !u' ils reprsentent est celui des premiers et inutiles e00orts contre l' isolement !ui en,eloppait ces groupes locaux/ !ui emp7chait les in,entions de se transmettre et de se communi!uer de l' un 2 l' autre$ 'raLner le 0ardeau plutFt !ue le porter est une ide !ui/ par elleDm7me/ n' impli!ue pas une grande supriorit intellectuelle/ puis!ue la 0ourmi/ le scarabe et d' autres animaux pou,aient en 0ournir le mod.le 2 l' homme$ 6ais elle 0ut cheG lui un principe 0cond d' in,entions mcani!ues$ L' usage d' interposer entre le sol et le 0ardeau !u' il s' agit de mou,oir un corps c3lindri!ue donna lieu/ cheG les ass3riens/ aux traLneaux 2 rouleau/ !ue reprsentent leurs monuments$ 6ais entre le rouleau primiti0 et les roues/ soit pleines/ soit ,ides/ sur l' essieu des!uelles est pos le char/ il 3 a la distance d' un trait de gnie$ )5/ !uand se produisitDil E )n est embarrass de le dire/ malgr la lgende chinoise !ui attribue ce haut 0ait 2 un empereur rgnant il 3 a plus de !uarante si.cles$ 6ais il est permis du moins d' liminer certaines rgions de la liste de celles !ui peu,ent prtendre 2 cette in,ention$ La rondelle taille dans un tronc d' arbre/ !ui 0ut le t3pe primiti0 de la roue/ exigeait des arbres d' essence dure et de grand diam.tre$ Ce ne sont point des matriaux !ui abondent dans les contres o5 les palmiers et les arbres 2 bois tendre ou spongieux composent surtout la ,gtation$ L' in,ention ,o!ue naturellement l' ide du ch7ne et des arbres rsistants !ui peuplent les contres 0roides ou tempres$ )n peut allguer/ d' ailleurs/ !ue la ,ritable patrie d' une in,ention est le milieu dans le!uel elle se 0conde et di,ersi0ie ses applications$ 'els 0urent il 3 a un si.cle les pa3s miniers/ pour le rail et la traction 2 ,apeur$ ans les temps prhistori!ues aux!uels il 0aut remonter pour l' origine du chariot 2 roues/ il n' 3 a !ue certaines rgions !ui se soient montres capables d' en gnraliser l' emploi et d' en multiplier les applications N ce sont celles !ui 9oignaient 2 l' a,antage d' une pRR> ,gtation propice celui d' un relie0 0acile et de plaines unies sur une grande tendue$ 2 la rigueur la roue/ mise en mou,ement par la 0orce humaine/ comme dans la brouette/ peut s' accommoder d' un sol ingal et raboteux$ 6ais dans le cas de traction animale/ les conditions de sol et de relie0 prennent une importance maLtresse$ )r l' usage des chariots a de beaucoup prcd la construction des routes/ les indices ne man!uent pas/ d.s la haute anti!uit/ de l' attelage animal soit 2 la charrue/ soit au char$ La Chine/ aussi bien !ue la Chalde/ l' ont connu$ Le char de guerre 0igure dans les plus ,ieilles annales des peuples de la 6diterrane$ Il a pntr relati,ement tard en g3pte 1 mais on peut 2 peu pr.s 0ixer l' po!ue o5/ dans sa marche progressi,e/ il s' 3 est introduit/ du moins comme butin ou machine de guerre 1 et ce 0ut ,ers la x,iiie d3nastie/ soit ,ers ;M>> ans a,ant notre .re$ Nous rencontrons donc une !uestion sur la!uelle il 0aut pralablement s' expli!uer$ Les applications de la roue se sont d,eloppes en raison de l' emploi de la traction animale N nous a,ons 2 chercher !uels taient les animaux !ue l' homme a,ait su plier 2 ses besoins de circulation et de transport$ ii. -la traction animale : on s' imagine par0ois le centre de l' ?sie comme une sorte de contre pri,ilgie d' o5 se serait chapp 9adis/ ainsi !ue d' une arche de No/ un lot complet d' animaux utiles$ Il 3 eut en ralit/ outre l' ?sie centrale/ bien d' autres contres o5 l' homme s' est a,is de se mnager des auxiliaires N le 'ibet/ l' Inde/ le -oudan/ la rgion berb.reDhispani!ue/ l' Curope centrale/ les ?ndes$ La ,arit des tempraments spciaux 0orms en des milieux tr.s di,ers 0ut une circonstance utile 1 elle rpondit 2 la ,arit des obstacles !ue l' homme a,ait 2 surmonter$ Les animaux le plus anciennement domesti!us ne le 0urent pas en ,ue du transport N le chien/ le mouton/ la ch.,re/ Danimaux !ue/ malgr certains ser,ices occasionnels/ on ne peut ranger dans cette catgorie/ Dprcd.rent sans doute le boeu0/ le che,al/ l' @ne/ le chameau/ etc$ Le boeu0 0ut peutD7tre le premier animal de trait$ C' est en cette !ualit !u' il apparaLt dans les traditions chaldennes/ chinoises/ comme dans les m3thologies germani!ues$ L' emploi des bo,ids comme porteurs ne put 9amais 7tre !ue restreint/ comme il l' est encore$ 6ais l' e00ort dont est capable ce 0ront ,igoureux/ exerc 2 rompre les taillis et 2 carter les obstacles/ est le plus 0ort le,ier !ui puisse/ en s' associant 2 la roue/ dplacer de lourdes charges$ (ien/ m7me au9ourd' hui/ ne pRR; remplace la ,ache dans nos sentiers de montagnes/ le bu00le dans les riGi.res et les marcages/ le boeu0 dans nos plaines 2 bettera,es$ Nous serions ports/ toute0ois/ 2 rabaisser les tats de ser,ice de cet auxiliaire dans l' histoire des dplacements humains et du commerce/ si de nos 9ours les migrations des boers n' en a,aient pas encore 0ourni un exemple$ ?u xiiie si.cle/ le boeu0 tait l' animal le plus communment emplo3 au roulage/ dans le transit commercial !ui s' oprait entre la mer d' ?Go0 et la %olga 1 c' est ce !ue nous dit la relation de l' en,o3 de -aint Louis/ le moine (ubroucJ$ Il a t nanmoins relgu au second rang/ pour la circulation gnrale/ par des animaux !ue d' autres milieux a,aient prpars 2 ce ser,ice$ C' est dans les rgions dcou,ertes/ o5 une ,gtation clairseme impose aux troupeaux en !u7te de nourriture l' habitude de 0ranchir de grandes distances/ !ue le che,al et le chameau a,aient contract les !ualits dont la domestication s' empara$ Parmi les !uids aux 9arrets ner,eux/ au dur sabot/ aux puissants naseaux adapts aux courses rapides/ deux races domesti!ues se distinguent de bonne heure N le che,al turcoman au 0ront bomb/ et le che,al iranien de 6die au 0ront plat$ 6ais rien n' emp7che de croire !u' il 3 ait eu d' autres centres de domestication/ par exemple dans l' Curope centrale o5 des races de che,aux taient tr.s rpandues/ 2 l' tat de gibier/ d.s les temps palolithi!ues$ Les celtes/ antrieurs aux germains dans l' Curope centrale/ a,aient une supriorit !ue constate 'acite dans cet le,age$ Les grecs le reurent des peuples phr3giens ou thraces/ comme aupara,ant les chaldens l' a,aient emprunt aux m.des$ Nul doute !ue son ardeur et ses allures guerri.res n' aient beaucoup contribu 2 son adoption par l' homme 1 mais/ m7me en cet emploi/ c' est d92 associ au char !ue le montrent les guerres ass3riennes ou achennes$ ?nimal et ,hicule a,aient donc t introduits ensemble$ Ce !ui concourt 2 prou,er son introduction rcente dans le sud de l' ?sie/ c' est !u' au temps de -trabon il n' tait pas usit en ?rabie 1 il ne s' 3 rpandit !ue dans les si.cles !ui prcd.rent 6ahomet$ )n sait !uelles !ualits il de,ait 3 contracter 1 et ceci nous donne une premi.re preu,e de la souplesse d' adaptation dont il est capable/ gr@ce 2 de nombreuses ,arits de races/ et !ui lui a permis de peupler pRRR l' immense domaine !ui s' tend du renne 2 l' lphant/ des 3aJoutes 2 l' ?sie et l' ?0ri!ue tropicales/ sans parler de sa multiplication rcente et phnomnale dans les ?mri!ues A Pr9eXalsJi a signal les chameaux 2 l' tat sau,age entre le 'arim et le VouJouDNor$ C' est de l' ?sie centrale !ue semble/ en e00et/ originaire l' esp.ce/ dite bactriane/ 2 deux bosses N b7te de somme/ plus !ue de trait 1 peu capable de ,itesse/ car elle ne 0ait gu.re plus de !uatre Jilom.tres 2 l' heure 1 mais par sa sobrit/ son instinct/ son adresse 2 trou,er luiDm7me sa nourriture aux abords des campements/ animal tr.s propre 2 soutenir des mois entiers de tra9ets et 2 9ouer le rFle de na,ire au long cours des rgions arides$ Ce n' est pas un guerrier 1 ses habitudes 0legmati!ues ne sauraient 7tre dranges sans dommage 1 et les expditions dans les!uelles on l' a/ de nos 9ours/ engag/ soit dans le 'urJestan/ soit dans l' ?Ir/ ont t pour ces malheureux animaux de ,ritables hcatombes$ Pour la ,itesse toute0ois une slection habile semble a,oir obtenu/ d.s l' anti!uit/ la ,arit prcieuse du chameau de course/ dromadaire ou mhari$ C' est sans doute aux nabatens !u' en re,ient le mrite$ 4 ces gens @pres au gain/ dit -trabon/ taient les cara,aniers pro0essionnels du transit anti!ue entre la &ab3lonie et l' g3pte$ 4 leur monopole tenait 2 la possession d' un stocJ per0ectionn d' animaux de charge$ -ous le climat sec et salubre du Ned9ed le dressage leur permit d' obtenir des animaux plus rapides/ supportant mieux la soi0$ Ils cr.rent ainsi un produit de concurrence$ Ce ne 0ut pas un mdiocre a,antage pour les anti!ues socits !ui 0leurirent entre la 6diterrane et le sudDouest de l' ?sie/ !ue de pou,oir concentrer 2 leur pro0it les produits des deux 0aunes di00rentes$ -i le che,al et le chameau leur ,inrent du nord/ l' @ne leur ,int du sud$ L' @ne est un a0ricain/ issu/ non comme on l' a cru/ en le con0ondant a,ec l' hmione/ des steppes de 6sopotamie/ mais de la Gone dcou,erte 2 plantes rigides !ui spare le -ahara du -oudan$ Il s' est rpandu ,ers le nord par deux ,oies di00rentes N d' un cFt par les pa3s de l' ?tlas anciennement unis 2 l' Cspagne 1 de l' autre/ par la ,alle du Nil$ C' est dans la BauteDg3pte !u' il 0ut domesti!u d.s pRR+ les temps les plus anciens/ car les monuments le montrent/ d.s les premi.res d3nasties/ aussi multipli !u' au9ourd' hui$ Il 3 tait l' ob9et d' une demande incessante 2 la!uelle pour,o3aient les con,ois ,enus par eau de Nubie$ 'els taient les ser,ices aux!uels ses !ualits le prparaient pour les pa3s de petites cultures/ de relie0 morcel/ de transactions locales !ui abondent sur le pourtour de la 6diterrane/ !u' il s' 3 propagea rapidement et !u' il 0init par 3 de,enir le compagnon 0amilier/ le soutien social de la classe des petites gens$ 6ais/ comme ne tard.rent pas 2 le remar!uer les spcialistes/ sa propagation ,ers le nord est limite$ Il ne supporte pas/ disaient les grecs/ les 0roids de la -c3thie$ 'andis !ue de nos 9ours il est d' usage commun dans le 'urJestan oriental/ il man!ue au nord des 'ianDChan$ C' est ce !ui suggra l' ide de recourir au produit arti0iciel n de l' accouplement de l' @ne et de la 9ument$ Le mulet paraLt/ dans les sculptures ass3riennes/ b@t et harnach comme de nos 9ours$ e bonne heure/ il donna lieu 2 des centres de production et de march N c' tait l' ?rmnie et la Cappadoce aux temps homri!ues/ comme au9ourd' hui c' est le Poitou pour l' Cspagne/ le Wunnan pour le 'ibet/ les tats argentins de Qu9u3 et de -alta pour la &oli,ie$ Kuels 0urent les centres primiti0s de production o5 s' appro,isionna la Chine E 'out ce !ue nous pou,ons dire/ c' est !ue l' usage du mulet 0ut tr.s anciennement prati!u dans la Chine du nord$ ans ce cas/ comme dans bien d' autres analogues/ on ne saurait 7tre trop 0rapp de ce 0ait signi0icati0 !ue/ spare 2 tant d' gards de nous par le reste de ses habitudes matrielles et intellectuelles/ la Chine du nord s' en rapproche au contraire singuli.rement par une tr.s ancienne analogie de mo3ens de transport$ Ct cette communaut s' arr7te 2 la Chine du nord 1 elle ne ,a pas 9us!u' au Qapon$ ?upr.s de ceux !ue nous ,enons d' numrer/ les autres auxiliaires !ue l' homme s' est associs pour le transport/ n' ont !u' une importance locale$ L' lphant/ dans sa carrure superbe/ est un luxe de ra9ah ou une machine de guerre/ plutFt !u' un ser,iteur domesti!ue$ Le solide !uilibre du 3aJ/ cal sur ses 9ambes courtes/ le rend indispensable dans les escalades du 'ibet oriental 1 mais il ne s' accommode !ue des hautes altitudes$ Le renne excelle plus !ue tout autre 2 se dp7trer en t/ dans les bourbiers de la toundra 1 mais il 0uit nos tempratures d' t et la douceur des climats ocani!ues$ Le lama 0ut l' uni!ue b7te de somme des anciennes ci,ilisations amricaines/ mais sa rsistance est limite/ et il ne 0ait gu.re !ue trois ou !uatre lieues par 9our$ pRR8 Cn somme il rsulte de ce !ui prc.de !ue/ sans !u' il puisse 7tre !uestion de 0o3er commun/ il 3 a eu pourtant une rgion o5 l' emploi de la 0orce animale au transport et 2 la traction trou,a des conditions particuli.rement propices/ et 0ut de bonne heure/ par imitation ou mulation/ pouss tr.s loin N c' est la rgion semiDpastorale et semiDagricole !ui tra,erse en diagonale la partie tempre de l' ancien continent$ L' adaptation de certains animaux suprieurement appropris 2 cet usage entraLne celle d' animaux m7me mdiocrement dous 1 tandis !u' au contraire en ?mri!ue o5/ malgr une ,idente in0riorit/ certaines ressources auraient t disponibles/ ni le bison/ ni le caribou ne 0urent domesti!us$ iii. -les vhicules : les obstacles sont tr.s ingalement rpartis 2 la sur0ace des terres$ Certaines rgions se prsentent comme particuli.rement rebelles N telles sont les chaLnes plisses de l' Curasie ou des Cordill.res amricaines 1 tels encore/ les marcages des contres tropicales 2 pluies priodi!ues 1 telles surtout les sil,es !uatoriales d' ?0ri!ue ou d' ?mri!ue$ 6ais d' autres parties de sur0aces continentales o00rent des 0acilits naturelles 2 la circulation$ Ce sont principalement les contres o5/ l' accumulation l' emportant sur l' rosion/ la sur0ace est cou,erte d' un manteau de terres !ui aplanit les accidents du relie0$ Ces conditions se rencontrent dans des parties asseG di,erses de la Gone tempre N pampas ou prairies amricaines/ hauts plateaux de l' ?0ri!ue du nord/ plaines de limon ou de loess de l' Curope occidentale et centrale/ terres noires de (ussie$ Nulle part elles n' embrassent des tendues plus considrables/ d' un seul tenant/ !ue dans la rgion sans coulement ,ers la mer !ui ,a de la %olga 2 la Chine du nord$ L2 par excellence se droulent les domaines de parcours et de migration o5/ comme les troupes d' animaux errant dans les steppes/ comme les grands ,ols d' oiseaux s' abattant sur les points d' eau/ les hommes ont appris de bonne heure 2 se dplacer par grandes masses$ Il ne 0aut pas entendre !ue de telles contres soient comme une ar.ne ou,erte 2 la circulation$ 2 d0aut de montagnes/ !ui d' ailleurs s' interposent 2 et l2/ les eaux/ les sables crent des obstacles$ L' hi,er a,ec ses neiges et ses pluies dans l' Iran et le 'urJestan/ le printemps et l' automne a,ec leurs boues et leurs 0ondri.res dans la (ussie et la -ibrie mridionales/ arr7tent ou suspendent la circulation$ 6ais il n' en reste pas moins !ue/ pendant une bonne partie de l' anne/ la nature 0ait 2 peu pr.s seule les 0rais des routes$ Les longs couloirs pRR= !ui sillonnent l' Iran soit entre l' ?rmnie et l' Inde/ soit entre l' ?rmnie et le 'urJestan/ sont dpeints par les explorateurs comme des a,enues toutes pr7tes pour des routes carrossables ou des chemins de 0er$ Les m7mes remar!ues s' appli!uent aux Gones plus troites/ mais plus longues encore/ !ui 2 tra,ers l' ?sie centrale relient le 'urJestan au Hobi et aux marches chinoises de l' ouest$ L' a,antage !ue ces contres et leurs pareilles o00rent 2 la circulation/ consiste non seulement dans un minimum d' obstacles/ mais encore et surtout dans la continuit des m7mes mo3ens de transport$ Ce !ue ralise notre ci,ilisation moderne/ l' uni0ormit du rail 2 tra,ers des sections normes de la circon0rence terrestre/ se prsentait d92 comme une possibilit 2 demi es!uisse dans ces rgions$ Il tait loisible/ gr@ce 2 l' emploi d' animaux tels !ue le chameau et le che,al/ d' 3 0ranchir rguli.rement/ sans a,oir 2 recourir 2 d' autres mo3ens/ de tr.s longues distances$ *ne 0ois !ue l' attirail des tentes ou JibtJas tait assu9etti sur le dos des chameaux/ une 0ois !ue le che,al tait sell ou mieux encore/ attel au chariot/ rien n' emp7chait de se dplacer/ sous l' impulsion des di,erses circonstances !ui peu,ent induire les hommes 2 changer de place/ en plus grandes masses et sur une chelle plus considrable !u' en aucune autre partie de la terre$ Nous re,enons ainsi aux considrations prsentes plus haut sur l' origine et la pro,enance des anti!ues mo3ens de circulation et de transport$ Les applications prati!ues aux!uelles ils ont donn lieu/ les per0ectionnements suggrs par un usage intensi0 et 0r!uent/ se sont produits dans les rgions !ue prdisposaient des a,antages de relie0 et de sol$ Pour la Chine du nord/ nous sa,ons !ue les chariots 2 !uatre che,aux taient usits au moins huit si.cles a,ant notre .re$ Les documents abondent surtout pour les contres habites par les peuples !ue les textes classi!ues appelaient sc3thes ou celtes$ -i les romains construisirent les routes/ ce sont les celtes !ui a,aient 0abri!u les ,hicules per0ectionns !ui s' 3 install.rent N par exemple la rheda lg.re et rapide oppose au lourd plaustrum italiote$ e nombreux chantillons de nos muses archologi!ues attestent/ dans le pRR< nord de la Haule/ la prati!ue de recou,rir de 0euilles mtalli!ues les di,erses parties de la roue$ Les spcimens recueillis montrent une grande ,arit de t3pes$ Plus massi,es dans les spultures de &ourgogne/ les roues se montrent tr.s hautes/ tr.s minces et pourtant tr.s solides sous leur armature de 0er/ dans les trou,ailles 0aites 2 (eims/ au seuil des ,astes plaines !ui/ de la Champagne et la &elgi!ue/ s' tendent ,ers l' Curope centrale$ )n peut ,oir dans les chars !ui circulaient ainsi dans ces plaines/ bien a,ant l' .re chrtienne/ l' anc7tre lgitime du lger bugg, ,hicule par excellence des prairies amricaines$ La roue/ d' ailleurs/ a,ait reu dans les plaines du nord de la Haule des applications au matriel agricole/ tout 2 0ait trang.res au monde romain$ Ce n' est pas seulement par la ,itesse/ mais par la capacit/ le tonnage sui,ant l' expression moderne/ !ue se distinguaient les mo3ens de transport/ dans les rgions !ue nous a,ons signales$ *ne des circonstances !ui 0rapp.rent les romains dans leur rencontre a,ec les cimbres/ 0ut le ,olume et la contenance de leurs chariots/ dont la 9uxtaposition 0ormait une enceinte pour l' arme enti.re et dans les!uels toute la 0amille et tout l' a,oir trou,aient place$ Les m7mes in0luences gographi!ues perptuent les m7mes e00ets$ C' est ainsi !u' au xiiie si.cle (ubroucJ s' tonne 2 la ,ue de l' normit des chariots cou,erts dont se ser,ent les 4 tartares 4 pour leurs cara,anes 2 tra,ers les steppes de la (ussie$ Ct nous prou,ons des impressions analogues en ,o3ant de nos 9ours les modes de roulage usits dans les pampas de l' ?rgentine/ ou sur les plateaux de l' ?0ri!ue du sud 1 massi0s ,hicules aux!uels sont attels par douGaines des che,aux en ?mri!ue/ des boeu0s cheG les boers$ La gographie signale donc de ,astes contres o5 la circulation peut se prati!uer sur une grande chelle en l' absence de routes construites$ )n s' expli!ue ainsi !ue celles o5 se trou,aient de puissants animaux susceptibles d' 7tre plis au transport/ aient ac!uis une importance prcoce dans les relations humaines$ ?ussi la domestication du che,al/ !ui eut lieu ,ers la 0in de la priode nolithi!ue/ estDelle un 0ait !u' il est lgitime de mettre en rapport/ comme principe initial/ a,ec une srie de 0aits archologi!ues et histori!ues$ C' est ce !u' il nous reste 2 montrer/ en nous bornant 2 !uel!ues indications principales$ *ne chose sou,ent signale par les spcialistes en archologie pRRO prhistori!ue/ c' est !ue l' introduction successi,e de di00rents mtaux tra,aills dans l' Curope occidentale en dehors de la 6diterrane/ l' or et le bronGe d' abord/ puis le 0er et l' argent/ dut coIncider a,ec l' arri,e de peuples nou,eaux$ )n constate en e00et !u' elle correspond 2 l' apparition de rites et usages aupara,ant inusits 1 on all.gue !u' il serait di00icile d' expli!uer autrement le remar!uable degr de per0ection !ue prsente d.s le dbut ce genre de 0abrication industrielle$ L' ide de grands mou,ements de peuples est insparable de celle des changements de ci,ilisation !ui se substituent d.s lors 2 la stagnation primiti,e$ 2 !uelles directions obirent ces courants humains E -ans doute 2 des directions multiples 1 on distingue des ,oies continentales de l' est 2 l' ouest/ du nord au sud 1 mais il 3 en eut d' autres$ Ce !ui clate surtout/ c' est !u' aux caract.res essentiellement locaux !ui distinguent les restes de ci,ilisation antrieure/ aux horiGons borns !u' ils dc.lent/ a succd d.s lors dans une partie d' Curope et d' ?sie une 0luctuation inconnue$ es analogies de ci,ilisation se dessinent par larges traLnes sui,ant les analogies de relie0 et de sol$ Clles sont 9alonnes/ entre la (ussie mridionale et la Bongrie/ par les kourganes ou tumuli si riches en trou,ailles nolithi!ues 1 elles se poursui,ent m7me au del2 de l' )ural ,ers le nord de l' ?sie$ Lors!ue Pallas accomplit/ entre ;O<M et ;OO>/ le premier ,o3age d' exploration scienti0i!ue !ui e:t t tent dans la rgion entre l' )ural et l' ?ltaI/ ce 0ut pour lui un inpuisable su9et de r0lexions et de surprise !ue les traces d' exploitation mtallurgi!ue commune !ui s' o00raient 2 lui et !u' il ne cessa de rencontrer !ue ,ers l' Iniss3$ Il notait les anciens ,estiges de mines !ui ser,aient alors de rep.res aux prospecteurs russes/ les ob9ets de cui,re et d' or et l' identit du matriel 0unraire recl dans ces amoncellements de pierres/ !ui lui rappelaient les tombes de gants !u' il a,ait connues dans sa patrie/ l' ?llemagne du nord$ Kue les communications aient t directes ou non/ intermittentes ou continues/ elles s' tablirent d.s lors d0initi,ement/ de concert a,ec l' usage de plus en plus tendu des mtaux/ le long de la Gone de circulation !ui unit le centre de l' Curope a,ec le centre de l' ?sie$ Ce 0ut le signal de grands changements sociaux$ )n peut les de,iner 2 tra,ers les @ges/ d' apr.s la prsence d' ob9ets de pro,enance lointaine en nombre croissant/ d' apr.s les indices d' emprunts rcipro!ues et d' imitations du dehors/ !ui aboutissent en0in 2 des mlanges d' lments de ci,ilisation/ pRRM crent des besoins nou,eaux/ stimulent l' esprit in,enti0$ ?,ec la 0acult de 0ranchir de ,astes espaces/ un principe nou,eau de 0ermentation tait entr dans les socits humaines$ Il serait exagr de parler pour ces po!ues lointaines de ,oies de commerce$ 6ais l' origine de !uel!uesDunes des ,oies !ue retracent ultrieurement les documents histori!ues/ remonte 2 ces dplacements !ue l' archologie laisse souponner$ Les relations des colonies grec!ues du PontDCuxin a,ec l' intrieur de l' ?sie plongeaient/ d' apr.s ce !ue nous apprend Brodote/ 9us!ue dans les pro0ondeurs de la rgion mtallurgi!ue de ce continent$ La porte dite du jade sur les con0ins occidentaux de la Chine donnait acc.s/ entre autres choses/ 2 un prcieux ob9et de luxe/ pres!ue uni,ersellement recherch 2 l' po!ue nolithi!ue/ dont la pro,enance principale est dans les montagnes du VouenDIun$ Plus tard la route de la soie mit 2 pro0it les plateaux du nord de l' Iran et les couloirs !ui s' allongent au sud des 'ianDChan$ Ce sont les guerres et les r,olutions politi!ues !ui emp7ch.rent le transit de la -3rie 2 l' ?sie centrale de sur,i,re au si.cle des antonins$ Ces relations continentales/ !uand elles taient interrompues/ cherchaient 2 se rtablir d.s !ue les ,nements le permettaient$ La constitution de l' empire mongol au xiiie si.cle permit d' organiser en !uel!ues annes un tra0ic direct entre la mer Noire et la Chine du nord$ 'oute0ois le principal ob9et !ue transport.rent ces ,oies naturelles/ 0ut l' homme$ Par indi,idus ou petits groupes/ l' homme a pu circuler 2 peu pr.s partout sur le globe 1 mais par grandes masses/ cela n' est possible !ue l2 o5 il dispose de puissants mo3ens de transport$ Cette mobilit 0ut 0a,orise par la constitution de grandes communauts pastorales dans les steppes$ Les stocJs d' animaux !ui se 0orm.rent ainsi et la ncessit de dplacements priodi!ues pour les nourrir/ 0acilit.rent les dplacements d0initi0s$ Le plus rcent exemple de ces migrations en masse 0ut donn en ;OR> par les JirghiG lors!ue/ chasss de Goungarie par d' autres tribus/ ils ,inrent s' tablir entre la Caspienne et l' )ural$ Ce 0ut le dernier cas d' une srie d' in,asions !ui/ par les turcs/ mongols/ mag3ars/ bulgares/ huns remontent aux cimmriens d' Brodote N apparitions priodi!ues !ui/ a,ec leurs che,aux et leurs chariots/ sortaient du monde des steppes comme de leur milieu naturel$ Par leur 0ormation rapide et les tra9ectoires dtermines aux!uelles ils semblaient obir/ ces phnom.nes ressemblaient pRRP aux phnom.nes mtorologi!ues dont la science dtermine le 0o3er et suit le parcours$ 6ais en dehors des steppes les plaines dcou,ertes !ui s' tendent entre la mer Noire et la mer du Nord/ 0urent aussi pendant longtemps le th@tre de mou,ements de peuples$ Les noms de sc3thes/ celtes/ cimbres et teutons/ goths/ germains et sla,es/ rappellent une srie de 0luctuations !ui n' a pris 0in !ue par la constitution des tats modernes$ )n entre,oit/ aux origines des temps histori!ues/ un 0lot de peuples !ui ne cesse de couler de l' Curope centrale ,ers les pninsules mditerranennes$ *ne des principales cons!uences de cet a,antage dont disposaient/ au point de ,ue de la circulation/ certains domaines continentaux/ 0ut d' assurer aux peuples !ui en taient issus une part capitale dans la composition ethnographi!ue des rgions limitrophes$ Celtes et germains/ turcs et m7me mongols se sont superposs et mlangs/ comme en,ahisseurs ou con!urants/ 2 des races prexistantes$ Cette supriorit des rgions continentales n' tait !ue relati,e$ Clle cessa lors!ue la mer de,int la ,oie de circulation par excellence$ Les rgions intrieures sans communications 0aciles a,ec la mer/ tomb.rent alors dans un tat d' in0riorit dont toutes ne se sont pas encore rele,es$ La circulation/ !ui 0ut d' abord surtout continentale/ de,int par la suite surtout priphri!ue$ pR+; chapitre ii. ,a route. $. -!ixation des routes : le na,ire glisse sur l' eau/ le 0lot 0endu se re0orme et le sillage s' e00ace 1 la terre conser,e plus 0id.lement la trace des chemins !ue de bonne heure ont 0ouls les hommes$ La route s' imprime sur le sol 1 elle s.me des germes de ,ie N maisons/ hameaux/ ,illages/ ,illes$ 67me ce !ui semblerait au premier abord des pistes de hasard/ traces au gr des chasseurs et des bergers/ gra,e son empreinte$ Les drailles raient les 0lancs des C,ennes$ 2 tra,ers les dunes sahariennes/ les couloirs &gassi' sont polis par le pitinement des cara,anes$ es pistes entretenues par les pieds des ,o3ageurs se croisent dans la boucle du Niger 1 sur la latrite de 6adagascar/ les sentiers 0ra3s dans la 0or7t par les porteurs se conser,ent des annes enti.res$ ans les d0ils boiss de la Colombie britanni!ue/ les sentiers de chasseurs mtis ou indig.nes ont ser,i aux prospecteurs d' or/ et par0ois m7me ont guid les ingnieurs dans les tracs de chemins de 0er$ Ces minces rubans/ dont la rptition des pas humains e00leure la sur0ace/ prtendent d92 2 la permanence/ re,endi!uent une personnalit$ Ce sont surtout les obstacles !ui/ par l' e00ort !u' ils exigent/ contribuent 2 0ixer la route/ 2 la ramener dans un sillon d0ini$ La di00usion des pistes se concentre 2 leur rencontre$ Fleu,es/ marais/ montagnes imposent un point d' arr7t/ l' assistance d' auxiliaires prsents sur place/ l' organisation de nou,eaux mo3ens de transports$ Les hautes montagnes ne se pr7tent !ue sur certains points dtermins au passage$ ?ussi ,o3onsDnous/ d' un bout 2 l' autre de l' ancien monde/ certaines ,alles ou certains cols se dsigner de bonne heure 2 l' attention/ comme des ,oies 0r!uentes par les marchands/ guerriers ou plerins/ consacres par0ois par !uel!ues traces d' oeu,res commmorati,es ou par !uel!ues sur,i,ances de ,ieux cultes$ Les chaLnes de plissements rcents !ui sillonnent l' Curasie dans le sens des parall.les/ ?lpes/ 'aurus/ pR+R Bimala3a/ etc$/ ne sont accessibles !ue par certains couloirs/ des portes comme disent les gographes anciens/ par les!uelles on n' a cess de transiter depuis !ue des relations se sont 0ormes entre les hommes/ et !ui donnent la puissance 2 !ui les maLtrise$ es restes prhistori!ues 9alonnent les directions anciennement sui,ies ,ers le PetitD-aintD&ernard et le mont Hen.,re/ domaines du roi Cottius$ Le ,ieux ro3aume de Cilicie tenait les cls de la -3rie/ ces troits d0ils de HulaJ (portes de Cilicie) garnis de st.les sculptes et de rocs gra,s/ tmoignage d' anti!ues expditions militaires a,ant celles de C3rus Le Qeune et d' ?lexandre$ Les inscriptions rupestres de &histoun/ entre la Chalde et la 6die/ racontent la gloire des achmnides/ comme/ entre l' Iran et l' Inde/ les colosses taills de &amian !ui bordent les d0ils de Caboul/ celle de con!urants inconnus$ ans le ddale obscur des migrations humaines/ ces passages ser,ent de points de rep.re$ Nous sui,ons 2 tra,ers le Pinde/ par le col de 6etGo,o !ui relie l' pire 2 la 'hessalie/ la piste des migrations hellni!ues d' autre0ois/ sla,es ou ,ala!ues plus tard 1 comme 2 tra,ers les ?lpes/ au &renner/ la marche des tribus gauloises et germani!ues$ La ,alle de Ferganah et les d0ils du 'reJ expli!uent la rpartition des iraniens sur l' un et l' autre ,ersant des chaLnes de l' ?sie centrale$ C' est par les passes du Caboul !u' a coul depuis un millier d' annes un 0lot musulman dans les plaines de l' Inde du nord$ La ,oie !ui/ par &atang et 'aD'sienDLou/ tra,erse les escarpements parall.les du Fleu,e &leu/ du 6Jong et du -alouen/ n' est sou,ent !u' un sentier grimpant ou en corniche auDdessus d' abLmes 1 ce n' est pas moins le lien histori!ue !ui rattache la Chine au 'ibet/ la grande ci,ilisation orientale aux sanctuaires bouddhistes$ L' ?mri!ue/ malgr ses dividing ranges et ses blue mountains, ses passages cl.bres de Laramie et de la Cumbre/ n' a 2 opposer !ue des sou,enirs d' hier 2 ces tmoignages parlants de l' histoire humaine$ L' existence de !uel!ues points 0ixes est un principe de dure$ -ans doute/ il ne man!ue pas d' exemples de ,oies !ui ont t dlaisses apr.s a,oir t !uel!ue temps sui,ies par les hommes$ Les ,oies de cara,anes dans le -ahara ont chang plusieurs 0ois 1 la route du Nil 2 la mer (ouge/ organise par les ptolmes/ n' tait hier !u' un sou,enir archologi!ue 1 celle !ui sui,ait le sud du 'arim a pri a,ec les ,illes !u' elle reliait$ Cependant/ les hommes ont intr7t 2 sui,re les pistes ou les ,oies 0ra3es par leurs de,anciers$ Ce sont des lignes d' attraction/ le long des!uelles se nouent d' autres rapports et o5 cha!ue partie agit aussi pour son compte$ ans l' inter,alle/ entre les points de dpart et d' arri,e/ les ncessits de ra,itaillement ou de pR++ transbordement 0ixent des tapes 9alonnant la route et participant 2 la ,ie !u' elle entretient$ -i aucune cause ne ,ient 2 interrompre le cours de ces rapports/ les tablissements ns au contact des routes en tirent ren0ort et dure$ ii. -chemins muletiers et routes de chars : la nature du relie0 dcide des modes de transport N b7tes de somme ou roulage$ Le chariot ne trou,e plus d' emploi dans les contres accidentes 1 c' est surtout 2 dos de mulets !ue s' op.rent les transports$ Le mulet (!ue les sculptures ass3riennes reprsentent charg et harnach) est une des plus remar!uables applications de la 0orce et de l' adresse animales 2 l' industrie des transports$ Ce produit b@tard/ plus ,igoureux !ue l' @ne/ plus s:r !ue le che,al/ est rest en possession de ser,ices !ue ni le chameau au pied mou/ ni le 3acJ trop spcialis en hauts lieux/ ni le lama cin! 0ois plus 0aible !ue lui/ ne pou,aient rendre aussi bien$ 'andis !ue/ dans les textes anciens/ il paraLt comme animal de trait/ attel au char de grands personnages/ il s' est depuis spcialis comme porteur de 0ardeaux/ pres!ue comme grimpeur$ ans les parties escarpes et raboteuses o5 la ,oie/ ncessairement rtrcie/ exige l' e00ort constant et attenti0/ ses ser,ices s' imposent$ Il combine la souplesse des reins a,ec l' appui d' un sabot ,igoureux/ mis par le 0errement 2 l' preu,e des asprits et des chocs$ L' espace ncessaire pour un mulet charg peut se rduire 2 ; m$ R= 1 le double pour !ue deux mulets puissent se croiser$ C' est 2 ces conditions !u' est adapt le chemin muletier/ ou/ comme disent 0ort bien les espagnols/ camino de herradura. il est de,enu ainsi un t3pe de communication essentiellement appropri 2 certaines contres$ C' est l' !ui,alent de la callis romaine localis dans les parties les plus di,erses du globe$ -ans lui/ nombre de contres seraient pri,es de communications$ Les pninsules du sud de l' Curope/ les pa3s de l' ?tlas/ le Pont/ l' ?rmnie/ les con0ins occidentaux de la Chine/ en0in l' ?mri!ue espagnole et portugaise/ sont par excellence ses domaines$ Les 4 ca,es 4 ou chemins creux de nos rgions bocag.res se sou,iennent de 0iles de mulets !ui les animaient$ Les ?lpes/ au centre de l' Curope/ a,ant d' 7tre sillonnes par des ,oies internationales/ possdaient leur s3st.me propre/ leur rseau muletier$ Il existe tou9ours et s' est surtout d,elopp entre M>> et ;$ M>> m.tres/ c' estD2Ddire dans la Gone o5 con0inent les cultures et les p@turages/ sur la combinaison des!uels est 0onde l' conomie alpestre$ C' est le s3st.me de communications !ui rpond aux besoins des habitants$ Il relie les pR+8 ,alles !ue sparent des clues ou cluses * ou/ au mo3en de cols et de montes &monts, la monta dans les ?lpes de -a,oie ou de auphin)/ les p@turages !ui pendent sur les deux ,ersants$ Ce rseau montagnard se tient le plus possible sur les hauteurs/ o5 est sa raison d' 7tre$ )n chemine sans !uitter les croupes/ dans le Pinde hellni!ue$ Ce rseau reste 2 part et/ m7me dans les ?lpes/ sou,ent impar0aitement reli aux routes/ dont on ,oit/ au loin/ le ruban blanchir au 0ond des ,alles surcreuses/ !ue des escarpements brus!ues sparent de ce monde des plateaux et des croupes suprieures$ L' emploi du chariot/ le roulage/ a/ comme le chemin muletier/ son domaine gographi!ue$ C' est dans l' intrieur des grands continents/ en ?sie comme en ?mri!ue ou dans l' ?0ri!ue australe !u' il a pris son d,eloppement$ Il 3 a l2 des espaces considrables o5 il a pu 7tre prati!u gr@ce 2 l' aplanissement naturel du sol$ La route de chars a trou, des conditions propices dans ces rgions o5 l' accumulation/ l' emportant sur l' rosion/ tale des sur0aces ni,eles et dcou,ertes !ue les ra,inements n' ont !ue 0aiblement entames et o5 la raret des pluies laisse le sol asseG rsistant pour supporter le poids d' un chariot$ Les dunes et les sables mou,ants sont/ en re,anche/ les obstacles 2 surmonter dans l' inter,alle des montagnes !ui enserrent sou,ent ces bassins intrieurs$ e pareilles sur0aces ou,rent de larges routes naturelles/ certainement meilleures !ue les ,oies arti0icielles mal entretenues$ Ce !ue les arabes d' ?lgrie appellent outa dsigne ces espaces ou,erts$ )n peut rapprocher/ au point de ,ue de la circulation/ les plateaux de steppes entre le 'ell et le -ahara algrien/ la plaine entre Pend9ab et elhi/ et celle du nord de la -3rie/ les karrous de l' ?0ri!ue australe/ les pampas de l' ?mri!ue du sud/ etc$ Cntre la -c3thie et la 'artarie/ dans les plaines !ui s' tendent de la mer Noire 2 la %olga/ le chariot est depuis longtemps la r.gle$ C' est dans la Chine et le 'urJestan !ue s' organisa en grand un s3st.me de roulage$ Comme le chariot sc3the ou tartare/ l' arba mongole/ le tch-tseu chinois/ chargs de six cents Jilogrammes et traLns par !uatre che,aux sont les ,hicules appropris 2 ce genre de route$ Cependant/ ces routes !ue l' homme n' a pas 0aites/ sont l' ob9et d' une organisation !ui en rgularise le parcours$ Clles sont 9alonnes de points de rep.re/ munies de stations$ Clles prennent ainsi une personnalit pR+= !ui en assure la persistance$ L' on a pu rele,er/ de distance en distance/ les 9alons !ui mar!uaient la direction d' une de ces ,oies/ au9ourd' hui abandonne/ !u' a,aient organise les empereurs chinois de la d3nastie des hans dans les premiers si.cles de l' .re chrtienne N des piliers de pierres/ placs 2 inter,alles rguliers/ et des ,estiges de claies de roseaux contre l' en,ahissement des sables$ Ce n' est pas autrement encore au9ourd' hui/ par une ,oie 9alonne aussi et munie de stations amnages/ !ue circulent les 0onctionnaires chinois se rendant du Vansou 2 la Vachgarie$ Ces mo3ens impar0aits ont plus ou moins ser,i malgr tout 2 0ixer la circulation terrestre$ Les points d' eau/ les oasis remplissaient dans les rgions arides l' o00ice de stations intermdiaires/ les dunes et les sables tant l' obstacle !u' il 0allait ,iter ou 0ranchir au plus court$ La route 9alonne/ mar!ue de tourelles se rela3ant 2 moins de ;> Jm$ Cst le t3pe per0ectionn de ce mode lmentaire$ Clle se contente d' e00leurer le sol 1 mais la 0acilit a,ec la!uelle elle peut se prolonger pendant de longues distances/ l' absence d' entretien dont elle s' accommode/ contribuent 2 expli!uer certains phnom.nes de circulation !ui nous tonnent dans l' histoire du grand continent asiati!ue$ La 0acilit a,ec la!uelle des tribus ou des peuples se transportent depuis la Goungarie 9us!u' 2 la Caspienne/ l' impro,isation au temps de l' empire mongol d' un s3st.me de communications rguli.res d' un bout 2 l' autre de l' ?sie/ tout cela montre !uelle grande part il 0aut 0aire 2 la ,iabilit naturelle$ Le nou,eau monde o00re des exemples analogues$ Le sol uni des prairies !ui s' tendent entre +< et += degrs de latitude/ des 6ontagnes (ocheuses au bas 6issouri/ sur le!uel/ en ;MM;/ ont t poss les rails du chemin de 0er de -aintDLouis 2 -antaDF/ ser,ait 2 une piste !ui/ sous le nom de @anta-(e trail, tait sui,ie par une 0ile de charrettes lourdement charges/ entre les colonies espagnoles du Nou,eauD6exi!ue et les premiers tablissements 0onds dans les tats de l' ouest$ La carreta espagnole/ traLne par des boeu0s/ 3 a,ait trou, un champ propre$ Ces grands con,ois mettaient sept 2 huit semaines entre les 6ontagnes (ocheuses et le 6ississipi/ mais d92 des transports importants pou,aient s' e00ectuer sur des distances de plus de R$ >>> Jilom.tres$ pR+< ?insi s' imprime/ dans ces modes rudimentaires de circulation et de transport/ la mar!ue imprieuse des milieux ph3si!ues et d92 se montre la supriorit de certains domaines pour la transmission de produits et les mou,ements d' hommes et de choses$ *ne di00renciation des contres se dessine/ asseG grande pour in0luer sur le commerce/ les relations et m7me sur les 0ormations politi!ues$ iii. -la route construite. ,es voies romaines : il 0aut arri,er toute0ois 2 la route construite/ la chausse empierre telle !ue l' ont excute les romains/ pour raliser un progr.s dcisi0 dans l' ,olution des mo3ens de transports$ ' autres peuples/ il est ,rai/ les chinois/ les incas m7mes/ ont construit des routes pa,es 1 mais aux romains appartient la combinaison de ces routes en un s3st.me/ en un rseau/ dont les parties se soutiennent$ -' incorporant 2 la gographie/ attirant 2 lui les relations/ ce rseau a contribu 2 0ixer les destines des contres$ C' est l' application 2 la politi!ue d' une ide primiti,ement commerciale$ La ,oie romaine est une oeu,re d' ingnieur et de topographe$ Cet assemblage de mortier/ pierre et bton/ ptri 2 chaux et 2 sable/ est le protot3pe de nos routes modernes N il donne aux transports la rgularit et la permanence/ introduit un trait distinct dans la ph3sionomie du pa3sage$ La ,oie romaine/ hochstrasse, dans les pa3s germani!ues/ m7me au9ourd' hui en partie dlaisse par la circulation/ garde sa ph3sionomie/ on serait tent de dire/ sa 0iert d' allure$ Pour ,iter les ri,i.res/ elle suit de pr0rence les croupes !ue n' ont pas entames les ,alles di,ergentes 1 et/ sur ces dos de terrains/ cette bande de M 2 ;> m.tres de large prolonge in0lexiblement pendant des diGaines de Jilom.tres sa ligne droite$ *sant des matriaux 0ournis par le sol/ du bois comme de la pierre/ elle cou,re de dalles pol3gonales ,olcani!ues les ,oies ?ppienne ou Latine/ tandis !u' en Haule ou en Hermanie elle cha0aude sur d' normes pilotis le pont !ui tra,erse le (hin 2 6a3ence/ ou di0ie au besoin/ 2 tra,ers les marais de la Frise ou les 0agnes de l' ?rdenne/ ces chausses en bois &pontes longi', dont les madriers se montrent encore 2 demi en0oncs dans les tourbi.res$ 67me hors de ser,ice/ son empreinte demeure sur le sol N un bout de chausse herbeuse pargn par la charrue entre les hritages !u' elle spare/ nous a,ertit de son existence$ labre/ nglige/ elle su00it encore aux relations/ 2 d0aut de mieux 1 et c' est par ce !ui reste de la via egnatia !ue l' on chemine 2 tra,ers l' ?lbanie mridionale$ Clle obit 2 un plan s3stmati!ue$ e (ome ,ers le sud/ l' appia pR+O ne s' arr7te !u' 2 &rindisi 1 la !laminia, de tronons en tronons/ ne se termine !u' 2 (imini/ sur l' ?driati!ue$ 2 tra,ers la Narbonnaise/ l' aurelia se continue/ apr.s ?rles/ par la domitia, pour 9oindre l' Cspagne et l' Italie$ e L3on/ trois ,oies gagnent l' ocan ,ers la -aintonge/ l' embouchure de la -eine et celle du (hin$ La ,oie de &a,ai 2 Cologne relie et cimente en un tout le nord de la Haule/ prparant la pro,ince ecclsiasti!ue de (eims et la 0uture Picardie$ e Londres 2 Chester/ les deux mers opposes sont mises en rapports$ La ,oie romaine est surtout une oeu,re d' imprialisme/ un instrument de domination !ui serre en ses gri00es tout un 0aisceau de contres di,erses et lointaines$ Clle est reste en bien des contres associe 2 l' histoire intime et ,i,ante/ car c' est par elle !u' ont chemin/ a,ec les marchandises/ les plerins ou les armes/ tous les bruits du monde/ les ides/ les lgendes$ ?ussi le populaire n' a pas man!u de lui assigner un nom/ il l' a personni0ie/ et il a choisi pour cela dans son ,ocabulaire ce !u' il trou,ait de plus illustre N Csar/ 'ra9an/ &runehaut/ Charlemagne/ etc$ &ourgs et ,illages s' chelonnent sur son parcours/ comme le prou,e la nomenclature gographi!ue cheG nous et ailleurs N Cstre/ Caussade/ -eptime/ -oulosse/ -a,erne/ 'a,ern3/ etc$ es ,illes comme (eims/ -trasbourg/ 6ilan/ ?ugsbourg/ grandissent comme noeuds de routes$ ' autres se sont 0ormes aux croisements de la na,igation et des routes N L3on/ 6etG/ Cologne/ Paris et Londres$ L' in0luence politi!ue et commerciale de la route s' exprime topographi!uement et se perptue 9us!ue dans le plan des ,illes$ -aloni!ue est tra,erse de part en part par la via egnatia, !ui constitue sa rue principale$ Les ,oies du nord et du sud/ sous les noms de rues -aintDQac!ues et -aintDenis/ sont le petit axe de l' ellipse !ue dessine Paris$ 2 Londres/ Bolborn -treet et )x0ord -treet mar!uent les tracs !ue sui,ait/ 2 partir du pont romain/ la ,oie romaine de ou,res 2 Chester$ Ligne d' attraction tant !ue la scurit et la police 3 r.gnent/ la route se change/ dans le cas contraire/ en ligne rpulsi,e/ ,oie de guerre dont s' cartent les habitants$ Il 3 eut un temps/ dit 'huc3dide/ o5 les ,illes/ 2 cause de la piraterie/ n' osaient s' tablir au contact de la mer 1 elles se tenaient en ,ue/ mais 2 !uel!ue distance$ La m7me chose a eu lieu le long des routes !ue l' anarchie et le malheur des temps li,raient aux in,asions et au brigandage$ C' est pour!uoi/ le long de la ,alle du (hFne ou de la ,oie omitienne/ on ,oit/ sur les hauteurs ,oisines/ se dresser tant de bourgs 0orti0is/ de ,illes ou ,illages 2 enceintes mures comme les kasbah de l' ?0ri!ue du nord/ murailles au9ourd' hui ,entres et croulantes/ ruelles dsertes o5 tout porte pR+M des ,estiges d' abandon/ mais !ui racontent les mis.res et les prils des temps 9adis$ Clles ne se sont pas d' ailleurs asseG cartes de la route/ pour n' 3 pou,oir re,enir d.s !ue les circonstances rede,iennent propices$ 6ais/ en certains pa3s/ la m0iance subsiste 1 et les ,ieux bourgs restent 0arouchement 2 distance/ regardant de loin le ,aDetD,ient du commerce$ L' in0luence de la ,oie romaine a sur,cu 2 la domination dont elle tait l' instrument$ Ce n' est pas en ,ain !u' elle a,ait ser,i d' organe de communication entre les contres loignes$ C' est le rseau des ,oies romaines !ui 0it de l' Italie un tout 1 comme c' est lui !ui/ dans la Haule/ prpara la con0iguration de la France$ Les contres m7mes !ui ne rest.rent pas 0id.les aux liens crs par la con!u7te sui,irent/ dans leur d,eloppement ultrieur/ l' impulsion due 2 l' organisme ,ital dont elles a,aient t dotes par (ome$ La 0ronti.re linguisti!ue entre le 0ranais et les langues germani!ues/ en -uisse et en &elgi!ue/ a un rapport ,ident a,ec la direction des principales ,oies romaines N celle de 6artign3 2 ?,enches et de &a,ai 2 ?ixDLaDChapelle$ Le latin se substitua au grec/ dans la pninsule des &alJans/ le long des ,oies de l' ?driati!ue au anube$ La protection des routes reliant la Loire 2 la -eine et celleDci 2 l' Cscaut 0ut longtemps la principale a00aire de la ro3aut captienne/ son principal le,ier d' action sur le domaine ro3al et en dehors$ La possession de l' ?ngleterre s' est dispute/ entre saxons et danois/ le long de la ligne de ,illes et colonies chelonnes sur la ,oie romaine de ou,res 2 Chester/ de,enue le Xatling street$ iv. -routes modernes et chemins de !er : ce n' est gu.re !ue dans la priode moderne et 9us!u' 2 la ,eille des chemins de 0er/ !ue l' oeu,re s3stmati!ue des routes recommena 2 se gnraliser$ Le rseau de routes ro3ales dont Colbert/ et plus tard le corps des ponts et chausses dot.rent la France/ 0ut l' expression de l' tat centralisateur/ dont la 0orce tait tout enti.re tendue de la capitale aux 0ronti.res$ Les ,oies carrossables !ue Napolon prati!ua au mont Hen.,re/ au mont Cenis/ au -implon/ en reliant plus intimement l' Italie au corps de l' Curope/ ou,rirent le champ 2 des rapports nou,eaux$ La route est l' instrument !u' emploie 2 ses dbuts la colonisation europenne$ Cn ?lgrie/ la barri.re !ui obstrue l' acc.s de l' intrieur 0ut ou,erte 2 grands 0rais par ces routes pittores!ues et monumentales !ue les gorges de ChabetDClD?Jra ou de la Chi00a ont rendues cl.bres$ pR+P ?,ant !ue l' heure des chemins de 0er e:t sonn pour l' Inde/ une route a,ait t entreprise (;M=;)/ pour relier de part en part la plaine de +$ >>> Jilom.tres !ui se droule depuis les passes de l' ?0ghanistan 9us!u' au gol0e du &engale N la ,oie de PechaXer 2 Calcutta/ le great trunk road 0ut comme la ,oie ?ppienne du nou,el empire des Indes/ oeu,re d' imprialisme/ mais oeu,re populaire aussi/ car elle 0acilita la circulation de cette 0ourmili.re hindoue !ue des moti0s de commerce/ de religion ou de ,agabondage entretiennent en mou,ement perptuel$ ?,ant le transsibrien/ la (ussie a,ait trac 2 tra,ers la -ibrie la route des chercheurs d' or et des dports$ e ;M;; 2 ;M++/ le gou,ernement 0dral des tatsD*nis construisit une route trans,ersale/ national road, !ui/ entre le 6ar3land et l' )hio/ 0ranchit les ?lleghan3s/ mais s' arr7ta dans l' Indiana sans pousser 9us!u' 2 -aintDLouis !ui tait son but primiti0$ Ces prcdents doi,ent entrer en ligne de compte pour apprcier la grande r,olution gographi!ue 2 la!uelle les chemins de 0er ont donn le branle$ Le rseau des routes a t le cane,as sur le!uel s' est inscrit en Curope celui des chemins de 0er$ ?ccru cheG nous par l' impulsion donne aux chemins ,icinaux/ le roulage sur route a drain la circulation ,ers les chemins de 0er$ Il n' est nulle part plus acti0 !ue dans les rgions industrielles N dans celle de Lille/ par exemple/ 2 cFt d' un rseau 0err particuli.rement serr/ la route a trou, dans de nou,eaux mo3ens de transport (automobiles/ tramXa3s lectri!ues/ etc$) un renou,eau d' acti,it$ Les chemins muletiers continuent d' ailleurs 2 sillonner les montagnes et les contres 1 les pistes 2 sui,re dans les steppes des directions mar!ues ,ers d' anciens marchs$ ?insi/ dans les pa3s de ,ieille ci,ilisation/ l' appareil de circulation !u' a,ait 0orm le temps subsiste et coexiste a,ec la 0orme nou,elle$ e l2 naLt une di00rence des plus sensibles a,ec les rgions !ue n' a pas d92 sillonnes une circulation plusieurs 0ois sculaire$ Les routes bordes d' arbres 0ont partie de la ph3sionomie de nos ,ieilles contres d' Curope$ es ,illages de distance en distance/ mar!uant d' anciennes tapes/ s' animent sur leurs parcours 1 par0ois/ 2 proximit ,eillent de ,ieux bourgs au9ourd' hui un peu languissants et solitaires/ poursui,ant leur existence aux points m7mes o5 les anciennes ncessits de la circulation les a,aient 0ixs$ La place de ces marchs ou de ces petits centres administrati0s tait commande par la possibilit d' 3 par,enir en !uel!ues heures/ d' en re,enir le m7me 9our$ Leur rpartition obissait 2 une sorte de r3thme en rapport a,ec le dplacement du train ordinaire de la ,ie$ Cet ensemble man!ue dans les pa3s neu0s$ pR8> Ce sont des traits/ entre beaucoup d' autres/ !ue le regard est dconcert de ne pas trou,er dans les contres o5 le chemin de 0er/ proles sine matre creata, est seul agent et seul maLtre$ La route carrossable a,ait d92 0ait ses preu,es a,ant le chemin de 0er$ Clle a,ait contribu 2 supprimer en partie l' obstacle des ?lpes/ ou,ert l' ?lgrie/ 0ranchi les ?ppalaches/ ralis des rseaux de plusieurs milliers de Jilom.tres$ Cn ces progr.s s' exprimait le besoin de communications plus libres/ plus tendues/ !ui tra,aillait partout la ci,ilisation moderne$ Ce !ue la route tentait/ le chemin de 0er allait l' accomplir$ Le besoin allait/ sinon crer/ du moins per0ectionner l' organe$ Il est ,rai !ue le nou,eau mode de transport a,ait encore 2 surmonter de plus grands obstacles$ Les poids normes !u' il s' agit de transporter ne s' accommodent pas des pentes 0ortes 1 !uand ce n' est pas par des tranches/ des tunnels ou des ,iaducs !ue l' obstacle est surmont/ c' est au mo3en de courbes longeant le 0lanc des ,alles/ graduant l' ascension des ,ersants$ 6ais encore la prudence exigeDtDelle/ surtout sur les lignes de grand transport/ !ue ces courbes ne dpassent pas un ra3on asseG restreint$ 2 ces di00icults !ue l' art des ingnieurs a d: ,aincre cheG nous 2 grands 0rais/ s' a9outent/ s' il s' agit de rgions tropicales/ celle des 0leu,es 2 crues priodi!ues/ sur les!uels il est di00icile d' assurer aux ponts des 0ondements solides$ Cela cre des ingalits entre les rgions 1 et l' on s' expli!ue !u' il 3 ait ainsi une a,ance prise par certaines contres/ celles !ui o00raient aux exigences nou,elles de ce mode de circulation les sur0aces les plus 0a,orables$ La continuit de ,astes plaines permettant de conser,er des directions rectilignes/ la consistance du sol permettant de garantir la solidit des dblais contre les glissements/ l' aplanissement gnral des sur0aces/ de,inrent des circonstances dcisi,es$ La supriorit du bassin parisien et de nos plaines du nord sur les rgions accidentes du 6assi0 Central/ sur le morcellement territorial de la &retagne se dessina a,ec plus de 0orce$ Il s' coula des annes a,ant !ue le 6assi0 Central 0:t tra,ers de part en part 1 la compagnie dite du grand central ne put ,enir 2 bout de sa t@che et dut abandonner aux compagnies ,oisines ()rlans et p$ Dl$ Dm$) les concessions obtenues$ ans l' Curope continentale/ l' a,antage des communications 0aciles !ui a,ait 0a,oris le d,eloppement des ligues hansati!ues et les rapports entre le (hin et l' Clbe &hell-eg', re,int plus !ue 9amais 2 la Gone !ui tra,erse l' ?llemagne du nord au pied des derni.res collines$ *ne Gone de sur0aces ni,eles se prolonge en (ussie surtout entre les => et == degrs de latitude$ Combien/ au contraire/ les rugueuses pR8; pninsules de l' Curope mridionale taient moins a,antageusement disposes A Leurs chaLnes de plissement et l' acti,it de l' rosion !u' elles engendrent/ 3 multiplient les obstacles$ L' Italie a d: lutter 2 0orce de bras et d' argent contre les glissements du terrain !ui rendaient si di00icile et si dispendieuse la construction/ indispensable 2 son unit/ de chemins de 0er 2 tra,ers les ?pennins de 'oscane$ C' est !u' en e00et/ 2 mesure !ue se sont droules les cons!uences du chemin de 0er/ la di00rence s' est accentue entre les contres !ui en taient pour,ues et celles !ui ne l' taient pas/ et a cr pour ces derni.res une telle in0riorit !u' 2 tout prix il a 0allu la combattre$ L' obstacle ph3si!ue a cess d' 7tre irrductible$ L' a,antage politi!ue et commercial est asseG grand pour !ue les capitaux s' 3 mesurent$ L' en9eu a grandi en proportion des bn0ices$ C' est ainsi !ue nos montagnes et dserts ont t 0ranchis par le rail$ Les per0ectionnements mcani!ues ont march de pair$ )n ne recule pas de,ant des pentes 9uges 9adis inabordables/ 9us!u' 2 R> 2 R= millim$ Par m.tre 1 la traction lectri!ue ou,re de nou,elles perspecti,es$ ?insi dans l' ,olution des communications/ l' obstacle matriel n' est plus !ue relati0$ Il c.de 2 la ncessit de relier les grands marchs producteurs/ de per0ectionner l' outillage conomi!ue d' un tat$ CstDce 2 dire !ue les obstacles ph3si!ues soient supprims E Nullement$ Il est m7me signi0icati0 !ue ces perces de montagnes par de longs tunnels nous ont mis aux prises a,ec un danger !ue ne connaissaient pas les routes d' autre0ois/ celui de l' irruption des eaux intrieures$ Kuel!ues changements !u' aient apports les chemins de 0er/ ils s' a9outent au pass plus !u' ils ne le remplacent$ Il 0aut tenir grand compte de ce !u' a,aient pralablement accompli les routes/ des cons!uences !u' elles a,aient produites et !ui persistent 2 tra,ers les 0aits conomi!ues de l' @ge actuel$ Par exemple l' industrie moderne s' est gre00e tr.s sou,ent sur les relations cres par les routes$ -i beaucoup de nos ,illes industrielles ont su conser,er leur ,italit malgr les ,icissitudes aux!uelles leurs genres de tra,ail ont t en butte/ elles le doi,ent 2 leur position sur des routes tr.s anciennement 0r!uentes par le commerce$ L3on/ 6ilan/ Uurich/ Nuremberg/ LeipGig ont t 2 l' origine des lieux de rencontres de 0oires/ de marchs/ 2 la con,ergence des routes$ *ne des plus acti,es Gones industrielles du nord de l' ?llemagne est celle !ui se trou,e le long du BellXeg/ ,oie de commerce !ui unissait le (hin 2 la sortie du massi0 schisteux au coude !ue l' Clbe dcrit ,ers l' ouest$ La black countr elleDm7me/ en ?ngleterre/ comptait depuis longtemps des marchs !ui s' taient 0orms au passage de la route de Londres ,ers la mer d' Irlande$$$ pR8R ainsi a,ait t amass le terreau 0ertile sur le!uel de,aient 0ructi0ier les d,eloppements 0uturs$ Car ce n' est pas seulement la prsence du combustible et du minerai/ de la mati.re brute !ui 0ait les 0o3ers d' industrie N il 0aut compter l' lment ps3chologi!ue !ui tient aux habitudes/ 2 la 0amiliarit a,ec le dehors/ aux perspecti,es de relations lointaines/ en0in au crdit/ au sens des a00aires$ 'out cela/ ce sont des germes !ui se dposent le long de ces ,ieilles routes$ L2 est une des di00rences essentielles entre l' Curope et l' ?mri!ue$ pR8+ chapitre iii. ,es chemins de !er. i. -origine des chemins de !er : les deux lments !ui constituent le chemin de 0er/ le rail et la locomoti,e/ ont une commune patrie d' origine$ C' est sur les lieux o5 il a 0allu a,iser au transport de mati.res lourdes !u' on a commenc 2 se ser,ir de rails$ Le charroi sur rails 0onctionnait sous terre/ dans les mines de la HrandeD&retagne/ a,ant !u' on ne ,Lt se prolonger le ruban de ,oies 0erres 2 la sur0ace$ L' emploi de la 0orce motrice de la ,apeur/ d' abord pour le,er l' eau/ puis pour actionner les mtiers mcani!ues tait rpandu 2 la 0in du x,iiie si.cle dans les districts industriels et miniers de l' ?ngleterre et du pa3s de Halles$ La substitution de la locomoti,e 2 la machine 0ixe/ la combinaison de la locomoti,e et du rail/ telles !u' elles 0urent ralises pour la premi.re 0ois par -tephenson/ apr.s un premier essai entre -tocJton et arlington/ en ;M+> entre 6anchester et Li,erpool/ sont des ,nements en troite connexion a,ec les lieux o5 ils ont pris naissance$ Par un enchaLnement de procds et de dcou,ertes !ui se succdaient depuis plus d' un si.cle dans les rgions mini.res et mtallurgi!ues du centre et de l' est de l' ?ngleterre/ l' in,ention dcisi,e a,ait t prpare et comme 0ixe d' a,ance$ Clle est insparable des 0aits prcurseurs dans les!uels perce nettement/ sous l' impulsion de la nature/ le gnie mcani!ue de la race$ Ce 0urent notamment N ;$ La grande extraction de la houille/ cons!uence de son application 2 la 0onte des minerais 1 R$ La substitution de la houille au bois et de la ,apeur 2 la 0orce h3drauli!ue 1 +$ L' essor !ue prend l' exploitation du 0er/ par suite de sa substitution sur une grande chelle au bois dans les constructions$ ?insi/ les principaux lments de l' industrie moderne taient d92 entrs en acti,it 1 et s' annonait l' importance !u' allaient prendre les rgions dotes de 0er pR88 et de houille$ C' est dans ces laboratoires naturels des mines du 6idland/ du Lancashire/ du Northumberland/ de la &asseDcosse/ !u' on peut saluer l' a,.nement du machinisme$ ans l' espace de !uel!ues annes/ des ,oies 0erres ne tard.rent pas 2 7tre tablies entre Li,erpool et 6anchester/ 6anchester et Leeds/ Leeds et &rad0ord/ erb3 et NeXcastle 1 et les mailles du rseau n' ont plus cess de se resserrer dans cette rgion$ Il 3 a/ entre le chemin de 0er et les grandes 0orces de l' industrie moderne/ un rapport rcipro!ue de cause et d' e00et/ !ui se mar!ue d.s l' origine$ L2 0ut sign leur acte de naissance$ Ce rapport se mar!ue aussi sur les continents europens/ de m7me !u' aux tatsD*nis$ Les premiers chemins de 0er 3 apparaissent dans des rgions industrielles d92 en tra,ail/ aux!uelles ils apportent un surcroLt de ,italit/ telle/ en France/ la Gone L3onD-aintDtienne et la BauteD?lsace/ en &elgi!ue la rgion de Li.ge/ en ?llemagne celle de resde/ LeipGig/ 6agdebourg 1 de m7me/ au del2 de l' ?tlanti!ue/ des rapports se nouent entre NeX WorJ et la Pens3l,anie$ .s le dbut/ la puissance nou,elle apparaLt dans tout son 9our$ -on d,eloppement continuera 2 s' alimenter surtout dans les contres !ui disposent de mati.res d' change en asseG grand nombre pour organiser conomi!uement le tra0ic/ particuli.rement dans les rgions de houille N HrandeD&retagne/ &elgi!ue/ Testphalie/ tatsD*nis du nordDest$ ans la Pens3l,anie orientale/ six ou sept compagnies/ les coal roads ,i,ent du transport de l' anthracite$ 2 peine le rail commenaitDil 2 prendre possession de la Chine/ !ue d92 le ChanD-i/ pa3s du 0er et de la houille/ prend la t7te du mou,ement$ Le chemin de 0er rpond partout 2 l' appel de cette 0orme d' industrie essentiellement moderne !ui met en mou,ement d' normes masses minrales$ ii. -dveloppement des chemins de !er : les chemins de 0er obissent 2 une loi de multiplication !ui rappelle l' accroissement de ,itesse d: 2 la pesanteur$ Lentement d' abord/ puis de plus en plus rapidement/ ils tendent leurs rami0ications sur la sur0ace du globe$ La longueur des lignes !ui/ en ;M8>/ n' tait encore !ue de O$ <OP Jilom.tres/ et !ui/ m7me en ;MO>/ trente ans apr.s/ n' atteignait !ue R><$ )oo Jilom.tres/ s' le,ait 2 OP>$ >>> Jilom.tres en ;P>>/ et peut 7tre ,alue en ;P;; 2 ;$ +>>$ >>> Jilom.tres/ soit plus de ,ingtDcin! 0ois la circon0rence du globe$ Cncore ce rsultat ne donne !u' une impar0aite ide de la puissance de mou,ement !ui est imprim aux choses et aux hommes 1 car la plupart des lignes sont amnages au9ourd' hui pour supporter de bien plus puissantes machines et mettre pR8= en mou,ement des trains dix 0ois plus lourds !ue dans la priode de dbut$ %itesse et puissance ont au moins !uadrupl$ Cependant/ le rseau est encore loin d' en,elopper toute la partie terrestre du globe 1 de grandes sur0aces lui chappent dans l' intrieur de l' ?sie/ de l' ?0ri!ue et de l' ?mri!ue du sud 1 tandis !ue/ sur certains points/ les battements du pouls s' accl.rent 9us!u' 2 la 0i.,re/ beaucoup de contres restent 2 l' cart/ sinon inertes/ du moins obstinment 0id.les aux modes archaI!ues de transport ns du milieu gographi!ue$ Ce contraste tait bien moins mar!u autre0ois$ L' tat actuel des communications 0ait apparaLtre en lumi.re crue les e00ets de l' isolement 1 ou du moins/ l' isolement ne semblait pas 9adis une anomalie/ une sorte d' in0raction aux conditions gnrales 1 ce sont les progr.s du commerce au ser,ice d' une industrie exigeante de mati.res premi.res/ a,ide de dbouchs/ !ui ont largi l' cart/ creus pres!ue un abLme entre les contres englobes dans le rseau mondial et celles !ui lui chappent$ Il se cre ainsi des di00rences rgionales pro0ondes$ Nous n' a,ons pas 2 exposer les rsultats sociaux des chemins de 0er N leur importance est estime telle dsormais !ue/ depuis un !uart de si.cle/ ;> ou R>$ >>> Jilom.tres ,iennent s' a9outer cha!ue anne aux rseaux 0errs du globe$ La porte gographi!ue des chemins de 0er n' a t !ue plus lentement aperue$ Nous a,ons !uel!ue peine au9ourd' hui 2 comprendre !ue/ pendant une premi.re priode/ ils aient t en,isags surtout comme un mo3en de transport local$ Ce 0ut pourtant le cas/ non seulement en Curope/ mais aux tatsD*nis$ e m7me !u' en France/ en ?llemagne/ on proc.de par lignes isoles entre deux ,illes ,oisines (ParisD-aintDHermain/ L3onD-aintDtienne/ 'hannD6ulhouse/ FurthDNYremberg/ &runsXicJDTol0enbYttel/ BalleD6agdebourg/ resdeDLeipGig/ PetrogradD'sarJoD-elo) 1 les premi.res lignes construites aux tatsD*nis ne rpondent 2 aucun plan gnral 1 de grandes di00icults s' opposent au raccord d' un tat 2 l' autre$ L' oeu,re est sporadi!ue/ di00use sui,ant les besoins locaux$ Les ides ,acillent encore sur la porte gographi!ue du nou,eau mode de transport$ )n n' aperoit pas les conditions ,ritables dans les!uelles il lui est possible d' exercer pleinement son action$ 'ant !u' il n' embrasse !ue de courtes distances/ le ruban de 0er ne 0ait !u' a9outer un lment de plus aux nombreux mo3ens de communication dont disposent d92 nos ,ieilles contres d' Curope$ Le surcroLt de clrit dans un ra3on restreint n' introduit pas dans l' conomie des relations prexistantes un changement radical$ Les conditions de ,ie locale peu,ent persister/ telles !u' elles ont t 0ixes depuis des si.cles par les routes et les tapes 1 bourgs/ ,illes ou marchs rpondant aux distances mo3ennes pR8< 0ranchissables dans une 9ourne/ telles !u' elles se sont imprimes sur le sol et dans les habitudes$ Les intr7ts !ui sont lis 2 cet ancien tat conspirent pour en conser,er le bn0ice/ russissent 2 tenir en chec le chemin de 0er/ tant !u' il n' inter,ient !ue comme agent local de transport$ Ne ,o3onsDnous pas les diligences rsister plus d' une 0ois/ pour de 0aibles parcours/ 2 la concurrence de la ,oie 0erre E Lors!u' on nous raconte !ue/ en France/ 2 l' po!ue de l' tablissement des chemins de 0er/ certaines ,illes dclin.rent de propos dlibr l' a,antage d' en 7tre pour,ues/ cette mani.re de ,oir nous tonne$ Clle s' expli!ue pourtant/ sans se 9usti0ier/ par des raisons asseG naturelles 2 une po!ue o5 on pou,ait encore mettre en balance les a,antages !u' il apporte et les perturbations conomi!ues !ui en sont la suite$ Le chemin de 0er ne par,ient 2 racheter a,ec usure les 0rais d' outillage et d' tablissement !u' il exige !ue par la longueur des tra9ets et l' tendue des distances !u' il embrasse$ Les dpenses tant loin d' augmenter en proportion des longueurs Jilomtri!ues/ il en rsulte !ue l' conomie de 0rais s' accentue a,ec les distances$ Clle s' a9oute aux a,antages de rgularit/ de capacit et de ,itesse$ Cn sorte !ue/ plus le chemin de 0er tend son en,ergure/ plus il entre pleinement dans la ralit de son rFle$ Peu de personnes taient en tat de ,oir ,ers ;M+= les cons!uences !ue l' exprience de,ait mettre en lumi.re$ Ce 0ut en France le mrite de l' cole saintDsimonienne d' a,oir eu le pressentiment de ces ,rits/ d' a,oir entre,u !ue l' oeu,re 0uture des chemins de 0er s' inscri,ait dans un ,aste plan de communications mondiales/ parmi les!uelles le percement de l' isthme de -ueG$ Ces premi.res hsitations se traduisent dans le 0ait !u' en ;M8> la longueur des ,oies 0erres sur toute la sur0ace du globe n' tait encore !ue de O$ <OP Jilom.tres N et sur ce chi00re/ la part de la France tait 2 peine de =>>/ celle des tatsD*nis s' le,ait d92 2 =$ >>>$ Les tatsD*nis o00raient un spectacle instructi0 1 l' ide de rseau 3 a,ait pris corps/ et reu un commencement de ralisation$ 6algr les entra,es du particularisme d' tat/ partout/ dans ce pa3s neu0/ 0ermentait le dsir de mettre en rapport les centres de production intrieurs et ceux d' acti,it maritime$ La grande oeu,re du canal ri/ mettant NeXDWorJ en communication a,ec les lacs/ a,ait t ache,e (;MR=) 1 et cet exemple a,ait suscit la construction d' autres canaux en Pens3l,anie et ailleurs 1 tandis !ue sur l' )hio et le 6ississipi/ de nombreux ser,ices de bateaux ser,aient au transport du coton et au ,aDetD,ient de ce peuple ,o3ageur$ 6ais pour combien de temps l' impatience amricaine s' accommoderaitDelle de ces lenteurs E *n mot tait dans toutes les bouches N railroad * il tait l' ob9et d' un de ces engouements !ui se pR8O rpandent de temps en temps comme une traLne de poudre en ?mri!ue$ Par la supriorit de ,itesse/ de capacit/ de rgularit/ il con,enait plus !ue la na,igation intrieure aux besoins et aux instincts !ui sont au 0ond de l' @me 3anJee$ L' impulsion/ naturellement/ partait des grandes ,illes maritimes/ points o5 se concentraient d92 le commerce/ le tra,ail manu0acturier/ les capitaux N &oston/ NeX WorJ/ Philadelphie/ &altimore/ 0urent les capitales nourrici.res d' entreprises concurrentes$ 2 la rigueur la na,igation 0lu,iale ou le cabotage maritime pou,aient pro,isoirement su00ire 2 pour,oir de coton les manu0actures du nord N !uel!ues lignes 0urent amorces dans cette direction 1 mais une d,iation singuli.re se produisit dans les courants de circulation$ Clle prit dcidment la direction de l' ouest$ ?u del2 des ?ppalaches/ la colonisation s' tait empare des 0ertiles territoires de l' )hio 1 les mines de houille s' exploitaient 2 Pittsburg 1 Cincinnati tait de,enu un march d' le,age 1 on entrait en0in de 9our en 9our plus en contact a,ec cette prodigieuse a,enue na,igable de R$ >>> Jilom.tres !u' ou,rent les lacs et !ue bordent/ au sud et 2 l' ouest/ de ,astes espaces 0ertiles$ L' lan ne s' arr7ta plus 1 c' est de l' est 2 l' ouest plutFt !ue du nord au sud !u' agit l' attraction$ Le branle tait donn en cette direction d.s ;M+= 1 et au bout de !uel!ues annes 2 peine/ on pou,ait ,oir &oston reli par ,oie 0erre au -aintDLaurent/ NeX WorJ aux lacs )ntario et ri/ Philadelphie 2 Pittsburg/ &altimore 2 l' )hio$ ?insi se mani0estait d92 le rapport troit entre le chemin de 0er et la colonisation$ La marche de l' un se rglait sur celle de l' autre 1 un pacte se nouait entre ces deux puissances du monde moderne$ -' il s' tait trou, alors un proph.te capable de pr,oir les millions d' immigrants !ue l' Curope de,ait 9eter ,ers l' ?mri!ue/ il aurait pu du m7me coup pr,oir les milliers de Jilom.tres !ui s' a9outeraient 2 ces rudiments de rseaux 0errs$ .s ;M=8/ 2 tra,ers une con0usion de lignes entreprises et multiplies sans plan gnral/ les principales trunk lines se dessinaient dans le sens des parall.les$ ?3ant 0ranchi les principaux obstacles/ elles ,o3aient se drouler de,ant elles les perspecti,es des prairies 1 et au del2 se laissait entre,oir le (ar-?est, l' illimit dans les espoirs comme dans les espaces A iii. -l' ide nationale et stratgique : nos ,ieux pa3s d' Curope eurent 2 lutter contre d' autres di00icults$ Ce n' est pas en ,ain !ue plusieurs si.cles d' histoire a,aient tra,aill 2 0ixer la 0igure des tats et le site des ,illes$ Les chemins de 0er eurent pR8M 2 s' adapter aux rseaux prexistants de communications/ 2 des rapports ciments par le temps/ 2 des organismes politi!ues !ui a,aient 2 se d0endre contre leurs ,oisins/ 2 des indi,idualits nationales tailles sur un autre patron et 2 une mesure di00rente !u' en ?mri!ue$ Cha!ue tat aborda la construction des chemins de 0er sui,ant ses besoins et ses mo3ens$ L' ?ngleterre insulaire/ plus a,ance !ue le continent dans la ,oie de l' industrie et plus 0amili.re a,ec la puissance du crdit/ s' engagea rsolument 1 et d92 &irmingham et Li,erpool ralisaient la liaison entre son principal 0o3er d' industrie et son principal 0o3er commercial$ L' tat belge se h@ta de mettre 6alines et sa capitale en relation a,ec ?n,ers/ sa place de guerre$ Cn ?llemagne/ l' ide d' unit nationale !ue/ a,ec une remar!uable prescience/ Frdric List/ apr.s Hoethe/ a,ait dm7le dans l' a,.nement des chemins de 0er/ reut un commencement d' application par la 9onction des principales ,illes de la grande plaine du nord/ &erlin a,ec -tettin (;M8+) 1 a,ec Bambourg/ &reslau/ 6agdebourg (;M8<) 1 a,ec resde et Cologne (;M8M) 1 bientFt sui,ie de la 9onction a,ec le sud par NYremberg et ?ugsbourg$ Ct d.s ;M8R/ nos orateurs pou,aient dnoncer a,ec in!uitude les ,oies de con,ergence !ui aboutissaient 2 Cologne/ 6a3ence/ 6annheim/ et concentraient les 0orces militaires de la con0dration germani!ue$ La (ussie eut pour premier soin d' unir directement ses deux capitales/ et/ de ;M8+ 2 ;M=;/ excuta sa ligne de Ptersbourg 2 6oscou N plus tard seulement elle de,ait entreprendre la lutte contre son principal ennemi/ la distance$ L' ide stratgi!ue de conser,ation/ de d0ense/ s' imposa comme une ncessit primordiale dans la plupart de nos pa3s d' Curope$ C' est l' instinct de cha!ue 7tre de pour,oir a,ant tout 2 sa conser,ation personnelle N les tats n' 3 ont pas man!u$ Kuand on lit les dlibrations de nos assembles/ en ;M8R/ 2 propos de la constitution de nos principales lignes/ on est 0rapp de la place !u' 3 tiennent les proccupations stratgi!ues$ La (ussie/ apr.s l' preu,e de la guerre de Crime/ s' empressa de rparer l' insu00isance de son rseau ,ers les points reconnus ,ulnrables$ Plus prou,e encore apr.s la guerre de ;MO> !ui a,ait mutil notre territoire/ la France a d: reconstituer/ en ,ue de sa nou,elle 0ronti.re/ son s3st.me de circulation/ adapter et relier de nou,eau ses lignes de chemins de 0er/ ses canaux 1 et/ comme dans une chair !ui a saign les 0ibres tendent 2 se re9oindre/ elle a essa3 ainsi de cicatriser sa blessure$ C' est pour disposer plus pR8P 0acilement de ses 0orces militaires et les porter d' un bout 2 l' autre de son territoire/ !ue la 'ur!uie a entrepris les lignes !ui/ de -aloni!ue 2 Constantinople/ de -cutari 2 &agdad/ de amas 2 La 6ec!ue/ tendent 2 relier les membres loigns de ce corps puissant et lourd$ Kuand la Chine/ si d0iante et r0ractaire/ s' est dcide 2 la locomoti,e/ elle a eu soin de tracer comme ligne 0ondamentale de son rseau la ,oie !ui unit les deux parties tou9ours di,ergentes et htrog.nes de cet empire/ le nord et le sud/ PJin et BanJeou/ et comme on disait au mo3en @ge +atha et Aan7i. 4 nous cro3ons/ disait en ;M+O u0aure/ !ue les principales lignes de communication destines 2 unir le nord au midi/ l' est 2 l' ouest/ et Paris 2 toutes les extrmits du ro3aume/ ne sont pas seulement d' un intr7t commercial/ mais surtout d' intr7t national$ 4 telle 0ut en e00et la conception !ui/ en ;M8R/ prsida au plan d' ensemble !ui/ malgr les modi0ications apportes par le temps/ rgit encore la ph3sionomie de notre rseau$ -ept lignes ra3onnent de Paris ,ers l' ?ngleterre/ la &elgi!ue/ l' ?llemagne/ l' Cspagne 2 &a3onne/ l' ocan 2 Nantes/ la 6diterrane 2 6arseille/ aux!uelles s' a9outaient (titre premier de la loi du ;; 9uin ;M8R) une ligne de &ordeaux 2 6arseille et une autre de L3on 2 6ulhouse$ L' ide maLtresse est celle de l' unit nationale$ C' est sur ce tronc !ue l' arbre a d,elopp ses branches$ Ce 0ut d' abord/ comme pres!ue partout/ par des concessions partielles/ des tronons de lignes !ue procda l' excution de ce plan$ 6ais l' exprience ne tarda pas 2 montrer !u' en mati.re de chemin de 0er c' est par la combinaison et l' tendue !u' un rseau peut ac!urir la ,italit su00isante$ -i en ;M=; la longueur des lignes exploites en France n' tait encore !ue de +$ <R= Jilom.tres/ tandis !ue sept ans apr.s elle a,ait plus !ue doubl et !ue ,ingt ans apr.s elle a,ait pres!ue sextupl/ c' est !ue la 0usion des multiples compagnies du dbut en six compagnies principales a,ait 0ourni la large base territoriale ncessaire 2 l' excution et 2 l' extension du rseau$ Pour soule,er/ et comme le disait en ;MO= un orateur/ 4 mettre en mou,ement ces millions de tonnes !ui dormaient depuis des si.cles 4 / il 0allait un le,ier su00isant pour !ue/ le surplus d' un cFt compensant le d0icit pro,isoire de l' autre/ toutes les parties du territoire pussent subir l' impulsion/ participer au mou,ement de ,ie et !ue/ de proche en proche/ le tressaillement de la ,ie pR=> r,eillant les eaux dormantes les entraLn@t dans les nou,eaux courants de ci,ilisation$ C' tait un progr.s N cependant la conception du rFle des chemins de 0er ne s' est dgage !ue peu 2 peu/ par la puissance accumule et combine des e00ets$ )n mit longtemps 2 dcou,rir en Curope !ue c' tait plus encore dans le mou,ement imprim aux choses/ dans le transport des marchandises plus !ue dans celui des ,o3ageurs/ !ue consistait la r,olution pro0onde apporte par les chemins de 0er$ Cette ide n' apparaLt gu.re dans les discussions aux!uelles ils donn.rent lieu dans nos assembles$ )n consid.re la puissance de cet instrument pour mobiliser les hommes/ on ne pr,oit pas 2 !uel point il mobilisera les choses$ Pendant longtemps/ le tra0ic des marchandises 0ut/ en France/ in0rieur 2 celui des ,o3ageurs 1 il n' atteignait m7me/ en ;M==/ !u' un demiDmillion de tonnes$ L' insu00isance et l' exiguIt des gares et installations !ui datent de cette po!ue nous paraissent drisoires$ iv. -extension rcente du rseau !err : le maniement rgulier et 2 peu de 0rais de masses normes de produits et de mati.res premi.res a t rendu possible par la na,igation 2 ,apeur$ L' accroissement gnral du tonnage de,int une ncessit 2 la!uelle durent s' adapter tous les mo3ens de transports$ *ne combinaison dut s' organiser !ui 0ora les chemins de 0er 2 agrandir leurs installations et 2 augmenter la puissance de leurs machines 1 0leu,es et canaux 2 appro0ondir leurs chenaux/ 2 largir leurs cluses 1 ports 2 s' ampli0ier dans des proportions !u' on n' a,ait pu pr,oir$ Cette coopration des mo3ens de transport a march de pair a,ec l' allongement des parcours$ Clle a suscit/ au cours de son ,olution/ une telle 0oule de 0orces ,i,es !u' elle a d: sans cesse 0aire 0ace par de nou,eaux per0ectionnements 2 de nou,eaux besoins$ Cn grande partie/ la 0onction a cr l' organe$ vires acquirit eundo n' est nulle part plus applicable !u' en mati.re de chemin de 0er$ Lors!u' on compare la priode si lente des dbuts 2 l' acclration !ui ,a se prcipitant dans les !uatre ou cin! derni.res dcades/ on sent !u' une 0orce nou,elle agit en eux !ui prend sa source dans des rapports plus tendus d' un caract.re mondial$ )n aurait pu croire en ;MO= !ue la plupart des tats d' Curope a,aient ache, leurs rseaux/ sau0 pR=; l' Italie et la (ussie/ d92 pourtant 0ort a,ances 1 nanmoins/ de ;MO= 2 ;P;>/ la longueur des lignes a pres!ue tripl$ *ne loi comparable 2 celle !ui r.gle la chute des corps prside 2 cet accroissement$ e +>$ >>> dans la dcade !ui suit ;M8>/ il monte 2 <P$ >>> (;M<>)/ puis 2 ;>;$ >>> (;MO>)/ 2 ;<R$ >>> (;MM>)/ 2 R8=$ >>> (;MP>)$ Lg.re diminution de ;MP> 2 ;P>>/ mais le progr.s reprend de plus belle de ;P>> 2 ;P;>$ Cn m7me temps on commence les rseaux asiati!ues et a0ricains N en ;M=8/ celui de l' Inde !ui compte au9ourd' hui =>$ >>> Jilom.tres 1 en ;MM;/ le transcaspien 1 en ;MP;/ le transsibrien/ lments essentiels du rseau de la (ussie d' ?sie !ui ne compte pas moins de ;O$ >>> Jilom.tres au9ourd' hui 1 tandis !ue le rseau algrien est concd en ;M<> et !u' 2 l' autre extrmit de l' ?0ri!ue se constitue le rseau du Cap 1 sans parler des ,oies !ui s' ou,rent en ?ustralie et en ?mri!ue du sud$ La longueur des chemins de 0er du monde !ui en ;MO> tait ,alue 2 R><$ >>> Jilom.tres/ dpasse au9ourd' hui un million de Jilom.tres$ L' en,ergure des rapports ne cesse de croLtre a,ec les longueurs Jilomtri!ues$ C' est dans les transports directs 2 grande distance !ue le chemin de 0er ralise sa supriorit et exerce le maximum de son action gographi!ue$ ?ussi peutDon dire !ue sa t@che n' est 9amais 0inie et !u' un besoin inhrent de croissance le tra,aille$ 67me dans les contres d' Curope !ui semblent arri,es 2 un tat de saturation/ des additions et des raccordements s' imposent pour satis0aire 2 de nou,elles ncessits conomi!ues$ La France cherche 2 retenir les courants de circulation !ui lui chappent/ 2 relier plus directement ses principaux 0o3ers de production industrielle/ et surtout ses ports !ue le plan centralis de son rseau primiti0 laissait trop 2 l' cart$ La densit du rseau 0err atteint son maximum dans l' Curope occidentale et les tatsD*nis du nordDest atlanti!ue$ Cn &elgi!ue/ dans le nord de la France et dans la Gone mridionale de la plaine allemande/ il n' 3 a pas de point !ui soit 2 ;< Jilom.tres d' une ligne de chemin de 0er$ ?rri, 2 ce point/ il semble !ue le d,eloppement doi,e s' arr7ter$ 6ais la traction lectri!ue ou,re de nou,elles possibilits/ utilises surtout dans les rgions industrielles$ 'out un nou,eau rseau se gre00e sur le principal N chemins de 0er locaux et tramXa3s suburbains sont comme la menue monnaie !ui 0acilite les transactions$ Cn ?ngleterre/ en &elgi!ue/ dans la plaine subherc3nienne allemande/ dans la France du nord/ la Lombardie/ comme dans le 6assachusets/ pR=R il 3 a peu de points o5 les hommes aient 2 0aire R Jilom.tres de marche pour atteindre une ,oie 0erre$ Les pa3s o5 il semble !ue la saturation soit atteinte restent encore l' exception$ Cn dehors de l' Inde et de Qa,a/ il ne s' est 0orm de ,ritables rseaux complets !ue dans la Gone tempre$ ?ucune raison ne s' oppose cependant 2 ce !ue les chemins de 0er tendent leurs rami0ications 9us!u' au tra,ers des rgions polaires et !uatoriales$ 92 se pro9ettent des lignes de pntration partant de la cFte sur toute la priphrie des continents tropicaux N au &rsil/ dans l' ?0ri!ue orientale/ dans l' ?ustralie occidentale$ Le rail pn.tre dans la Gone arcti!ue 2 Nar,iJ/ aXson Cit3/ ?rJhangel$ ?insi des 9alons sont poss pour la 0ormation d' un rseau mondial$ Le rseau europen se relie par le transsibrien 2 celui !ui s' bauche au nord de la Chine$ Celui des tatsD*nis pn.tre dans le 6exi!ue par deux grandes art.res$ Cntre le rseau indien et le rseau russe en ?sie/ comme en ?0ri!ue entre les lignes d' ?lgrie/ d' g3pte et du Cap/ dans l' ?mri!ue du sud entre la &oli,ie et l' ?rgentine/ il 3 a solution de continuit$ 6ais le comblement de ces lacunes n' est !u' une !uestion de temps$ L' tat actuel des communications 0ait apparaLtre en lumi.re crue les e00ets de l' isolement$ Cet tat/ 9adis accept comme un 0ait naturel/ cho!ue au9ourd' hui comme un anachronisme$ Les maLtres de l' Inde ,oient dans les chemins de 0er le mo3en le plus e00icace pour combattre le 0lau !ui dcime priodi!uement leurs millions de su9ets N la 0amine$ 6ais surtout nos industries intensi,es/ dans leur apptit de dbouchs et de mati.res premi.res/ sou00rent impatiemment !ue des contres se drobent$ Leur isolement 0ait l' e00et d' une in0raction !ui ne peut durer$ Pour toutes ces raisons/ l' extension du rseau des ,oies 0erres n' est pas pr.s de s' arr7ter$ ;> 2 R>$ >>> Jilom.tres s' 3 sont a9outs annuellement dans le dernier !uart du si.cle$ Ce mou,ement continuera et peut nous rser,er encore bien des surprises$ v. -courants internationaux de l' ancien monde : une des cons!uences les plus importantes du d,eloppement du rseau mondial est l' tablissement de contacts tendant 2 la 0ormation d' une sorte d' conomie internationale$ es si.cles d' histoire a,aient le, des barri.res entre les peuples d' Curope/ dress des 0ronti.res douani.res/ organis cha!ue tat de 0aon 2 se su00ire 2 soiDm7me$ Ces habitudes traditionnelles sont pR=+ battues en br.che$ Ce ne sont plus seulement les di,erses parties d' un m7me tat !u' il s' agit de mettre en rapports plus intenses/ mais les contres !ui/ par leurs produits/ s' entr' aident et se compl.tent/ !uels !u' en soient la situation gographi!ue et le statut politi!ue$ Cntre le nordD?mri!ue et le sudDest de l' Curope se cre ainsi une chaLne de relations 0onde sur les besoins de nourriture$ Il s' en 0orme d' autres sui,ant les besoins de l' industrie en minerais ou combustible$ es lignes internationales dessinent 2 tra,ers l' Curope de grandes diagonales !ui continuent les lignes de na,igation et se combinent en une sorte de s3st.me europen$ Par Constantinople/ ce rseau se prolonge en ?sie 6ineure$ Par 6oscou et -amara/ il s' en0once en -ibrie et se relie au rseau chinois$ L' Curasie communi!ue d' une extrmit 2 l' autre/ de l' ?tlanti!ue au Paci0i!ue$ es combinaisons de tari0s 0a,orisent certains courants$ ans la concurrence des ,oies maritimes de l' ocan et de la 6diterrane/ les chemins de 0er dcident$ La -uisse occidentale est dispute entre ?n,ers et 6arseille$ Le puissant s3st.me des chemins de 0er allemands par,ient/ 2 l' aide de tari0s spciaux/ 2 re0ouler de,ant lui/ en (oumanie et dans le sudDest de la -uisse/ le commerce mditerranen/ en m7me temps !u' il se lie a,ec l' Italie par les perces alpestres$ Nos compagnies du nord/ de l' est et du p$ Dl$ Dm$ )nt des tari0s destins 2 attirer le transit$ Le p$ Dl$ Dm$ Les abaisse en 0a,eur des expditions au del2 de -ueG$ Il s' est 0orm et se d,eloppe en Curope une politi!ue internationale des chemins de 0er/ dont l' ide essentielle est la pousse ,ers l' est/ comme en ?mri!ue c' est la pousse ,ers l' ouest$ vi. -le rail et la mise en valeur de l' Amrique : nul exemple n' est plus propre 2 mettre en lumi.re la prodigieuse puissance des chemins de 0er !ue celui des tatsD*nis$ Le probl.me du transport/ transportation sui,ant l' expression comprhensible !u' on rencontre dans la littrature amricaine/ n' a nulle part t abord et rsolu a,ec plus de hardiesse$ ?,ant les chemins de 0er/ l' attention s' tait d92 porte sur les canaux/ les ,oies na,igables/ les routes 2 longue distance m7me$ 6ais seul le rail de,ait permettre de raliser les possibilits en !uel!ue sorte illimites du nou,eau monde$ ' immenses espaces/ 2 peu pr.s ,ides/ s' ou,raient au del2 de la barri.re des ?ppalaches 1 2 peine !uel!ues embr3ons de population blanche a,aient commenc 2 se 0ormer sur les bords de l' )hio$ e ;MR; pR=8 2 ;P;=/ en,iron RP$ >>>$ >>> d' europens ont 0ranchi l' ?tlanti!ue pour se transporter dans ces pa3s neu0s$ Ce 0leu,e humain !ui/ depuis trois !uarts de si.cle/ ne cesse de couler/ tantFt acclrant/ tantFt ralentissant son cours/ se nourrit de sources de plus en plus loignes$ Il roule tour 2 tour/ comme le Nil rouge succdant au Nil ,ert dans l' inondation priodi!ue/ des lments di00rents/ d' abord irlandais/ puis allemands et scandina,es/ en0in italiens/ sla,es/ orientaux de la 6diterrane$ 6ais cha!ue anne c' est encore 8>>$ >>> ou =>>$ >>> 7tres humains !ue les pa!uebots d' Curope am.nent aux ports des tatsD*nis$ epuis dix ans ce 0lot puissant en,ahit aussi le Canada N l' immigration/ 0aible aupara,ant/ s' 3 tient annuellement au9ourd' hui aux en,irons de R>>$ >>>$ Cette masse humaine 9ete par les pa!uebots d' Curope sur le continent amricain/ ne s' 3 est pas rpandue au hasard 1 elle ne s' est pas miette ainsi !ue 9adis 0aisaient nos trappeurs 0rancoDcanadiens comme une poussi.re dans ces ,astes espaces N si elle s' est canalise en !uel!ues courants principaux sui,ant une marche rguli.re/ de telle sorte !ue le centre de gra,it de la population n' a pas cess de se dplacer dans le sens de l' est 2 l' ouest/ Dc' est gr@ce aux chemins de 0er$ Ils ont ser,i de ,hicule 2 la colonisation$ Plus on s' cartait des cFtes pour s' a,ancer ,ers l' intrieur au del2 de toute route trace/ plus la locomoti,e exerait une action exclusi,e/ de,enait autocrate$ Clle donnait au sol !u' elle tra,ersait/ ou dont elle s' approchait/ la seule ,aleur !ui p:t le 0aire apprcier en ces pa3s neu0s/ celle d' un capital producteur d' ob9ets de commerce$ Le mirage !ui attire ,ers ces contres nou,elles un 0lot humain sans cesse renou,el/ n' est plus celui des mines de mtaux prcieux/ mais celui des produits et salaires aux!uels donne lieu une ,ie commerciale intense$ Il ne s' agit plus de ,i,re chichement d' une terre a,are/ de consumer son nergie dans un labeur ingrat/ mais/ apr.s a,oir emprunt 2 une terre pres!ue ,ierge un produit 0acile/ de le trans0ormer aussitFt en une richesse circulante N la moisson aussitFt change en ch.!ue$ Cette richesse ne peut naLtre !u' au contact du rail$ CeluiDci ,i,i0ie ce !u' il touche$ ans les parties encore inoccupes de l' ouest/ la concession d' une bande de terres publi!ues de +R Jilom.tres 2 droite et 2 gauche de la ligne/ 9oue le rFle d' une sub,ention pour la construction des principales ,oiesDmaLtresses !ui tra,ersent d' un ocan 2 l' autre les tatsD*nis et le pR== dominion$ Les compagnies ont t ainsi in,esties d' un capital de spculation !ui/ !uels !u' aient pu 7tre les abus/ les a intresses 2 mnager par l' application de tari0s modi!ues le transport 2 longue distance des produits !ui pou,aient alimenter leur tra0ic$ Kue ce soit aux tatsD*nis/ au Canada/ dans l' ?rgentine/ ou en ?ustralie/ ces produits ne pou,aient 7tre !ue ceux !ue rclamait la ,ieille Curope/ pour la nourriture de ses habitants/ pour la consommation de ses industries$ C' tait le bl/ le maIs/ la laine/ produits de contres tempres 1 le coton/ produit subtropical$ Le d,eloppement de la na,igation maritime/ la rgularit et la clrit des tra,erses/ a,aient si bien aplani les 0rets entre les principaux ports des deux cFts de l' ?tlanti!ue/ !u' au chemin de 0er seul appartenait le pou,oir de 0aire pencher la balance dans la concurrence des prix$ C' est ce !u' a ralis l' esprit commercial des amricains$ Ils se sont atta!us corps 2 corps et s3stmati!uement 2 la distance$ Leur 0orce tient 2 ce !u' ils sont arri,s 2 prati!uer sur les parcours gnraux/ mais non locaux/ des ,oies 0erres/ les 0rets les moins le,s !u' il 3 ait au monde N leur mo3enne s' est abaisse de pr.s d' un tiers entre ;MO> et ;P>>$ Ce rsultat n' est pas un simple e00et naturel de la concurrence 1 il a t ac!uis par une suite d' e00orts/ il date de la priode de 0usion et d' amalgamation. le mrite en re,ient 2 l' organisation des courants de tra0ics/ !ui ont concentr le plus conomi!uement possible/ entre points de production et points d' embar!uement/ la plus grande masse possible de marchandises$ Il suppose des combinaisons et des calculs sans cesse 2 l' preu,e des circonstances 1 c' est un cha0audage reposant sur des bases !u' il 0aut sans cesse sur,eiller$ L' organisation reste asseG 0luide pour !ue les courants ne puissent pas se 0iger$ Par l' ampleur !u' embrasse ce s3st.me de ,oies 0erres/ dsignes sous le nom des potentats des 0inances !ui les dirigent/ il constitue une puissance !ui tire sa 9usti0ication de l' normit des produits !u' elle s' est montre capable de soustraire 2 la loi de la pesanteur$ pR=< L' histoire des guerres de chemins de 0er/ sui,ie de contrats &pooling', reste un des chapitres les plus curieux de l' histoire conomi!ue$ 6ais/ dans cette srie de ,icissitudes/ il 3 a d' autres 0orces en 9eu !ue celles de calcul et de spculation$ Il 3 a l' entre en lice de contres nou,elles/ la rapide mise en ,aleur et en circulation de tout ce !ue le continent amricain/ au nord comme au sud et 2 l' ouest/ dans les prairies comme dans la Pampa argentine/ au Canada comme dans les 6ontagnes (ocheuses/ possdait de ressources latentes pr7tes 2 sortir de terre$ La rgion des prairies tait comme une rser,e mnage pour l' humanit grandissante$ Lors!ue/ dans la seconde moiti du xixe si.cle/ la colonisation s' 3 est d,eloppe/ elle est de,enue un grenier du monde N les dix prairies states, sur une super0icie triple de la France/ ont/ depuis ;M=>/ !uintupl leur population 1 c' est surtout dans la priode de ;M<> 2 ;MM> !ue l' agriculture en a pris possession 9us!u' 2 l' extr7me limite des rgions arides$ Clle s' est spcialise et la culture du maIs s' est concentre dans les cin! corn surplus states (Illinois/ IoXa/ Vansas/ NebrasJa/ 6issouri) !ui 0ournissent 2 eux seuls plus de la moiti de la production mondiale$ Comme au nord du 8R e degr les geles tardi,es nuisent au maIs/ c' est le bl !ui r.gne dans le 6innesota/ la ,alle de la ri,i.re (ouge/ comme plus haut dans le 6anitoba canadien d' o5 l' ?ngleterre tire M> millions d' hectolitres$ Ces sols unis/ 0aciles 2 tra,ailler/ ont l' a,antage de produire des grains de !ualit uni0orme/ !ui peu,ent 7tre con0ondus en masse dans les transports et les transactions$ La moisson 2 peine 0inie se change en ch.!ues pour les propritaires$ Kuand la rcolte de maIs man!ue ou menace de man!uer dans les cin! tats/ c' est un a00lux de pr.s de trois cent mille porcs au del2 de la mo3enne ordinaire/ !ui encombrent tout 2 coup le march de Vansas Cit3$ 2 cFt des gares s' talent les parcs 2 bestiaux pour les b7tes 2 cornes/ se dresse l' l,ateur pour les grains/ auxiliaires ncessaires au rassemblement en grande masse des ob9ets transports par le chemin de 0er$ C' est ainsi !ue/ par !uantits colossales/ grains/ bl/ ,iande/ peaux sont transports par les grangers roads, en Xagons appropris/ 2 des prix tr.s bas/ sur plus de R$ >>> Jilom.tres/ 9us!u' aux ports d' embar!uement pour l' Curope$ vii. -chemins de !er et densit de la population : l' tendue dans la continuit des conditions ph3si!ues/ tel est en ?mri!ue l' a,antage gographi!ue !ue les chemins de 0er ont mis en ,aleur$ La structure 2 grands traits de ce continent s' 3 pr7tait$ C' est pR=O au 0ond une nou,elle mani0estation des causes !ui a,aient d92 0ait leurs preu,es dans l' expansion des socits humaines$ e temps immmorial/ en ?sie/ la plaine de l' Bindoustan/ les grands plateaux de loess de la Chine a,aient montr ce !ue ,aut l' tendue dans des conditions semblables comme 0acteur numri!ue/ comme 0orce de multiplication et d' accumulation$ Il en e:t t de m7me dans la rgion russe de la terre noire si les catacl3smes des in,asions n' en a,aient retard le d,eloppement$ Cette 0ois/ c' tait a,ec le machinisme !ue l' homme entrait en possession du sol$ Par les chemins de 0er/ steamers/ tlgraphes/ l,ateurs/ charrues 2 ,apeur/ usines/ machines d' extraction/ tout ce !ue la 0orce mcani!ue peut a9outer 2 la 0orce manuelle/ tout ce !ue la capacit de transporter peut a9outer 2 la capacit de produire/ tout ce !ue la rapidit d' in0ormations stimule d' initiati,es/ a concouru 2 la mise en ,aleur de ces ,astes territoires$ Hr@ce 2 la machine/ le maximum de production peut 7tre atteint a,ec le minimum de mainDd' oeu,re$ ?ussi ,oitDon la population rurale dans les prairie states, !ui comptent d92 plus de !uarante ans de colonisation/ rester notablement in0rieure aux chi00res !u' a,aient atteints/ dans l' ancien continent/ les grandes contres agricoles$ La densit de la population dans l' IoXa ne dpasse gu.re encore ;< habitants par Jilom.tre carr/ mo3enne !u' alt.re seule la prsence de grandes ,illes comme Chicago dans l' Illinois/ -aintDLouis dans le 6issouri$ ?ussi la longueur du rseau 0err apparaLtDelle tr.s 0orte par rapport 2 la population$ )n compterait en,iron 8> Jilom.tres de chemins de 0er par ;< habitants$ Les conditions sont 2 peu pr.s les m7mes dans le Canada/ dans l' ?rgentine et l' ?0ri!ue australe anglaise$ La !uantit de mati.res disponibles pour le transport est/ dans ces pa3s neu0s/ en proportion in,erse du nombre des consommateurs sur place$ Le rFle des chemins de 0er consiste surtout 2 0ournir aux producteurs les mo3ens d' oprer sur de grandes masses/ par la puissance des mo3ens de transport !u' il met 2 leur ser,ice$ -i/ dans les grands 0o3ers d' industrie/ la concentration d' 7tres humains par millions ou centaines de mille est en rapport direct a,ec les chemins de 0er/ ce sont aussi les chemins de 0er !ui permettent la 0ormation en ?ustralie/ dans la Nou,elleDUlande/ dans la rpubli!ue argentine/ de ces immenses troupeaux de btail !ui subsistent/ pour 0ournir 2 !uel!ues marchs du monde laines/ peaux/ cornes/ ,iandes/ etc$ Le rassemblement de troupeaux de moutons de <>$ >>> t7tes/ R>>$ >>> et en0in/ cas plus rare/ de =>>$ >>> t7tes/ au gou,ernement des!uels su00isent !uel!ues hommes 2 che,al/ n' est gu.re un 0ait moins extraordinaire pR=M !ue les ,illes de =>>$ >>> ou un million d' hommes$ Cn tout cas/ ce sont des 0aits du m7me ordre/ des h3pertrophies nes/ en m7me temps/ de causes semblables$ e telles agglomrations de btail/ comme/ dans les prairie states, l' accumulation des grains dans les l,ateurs construits pour des milliers de tonnes/ correspondent aux agglomrations humaines aux!uelles elles sont destines$ Ici l' emporium, la grande ,ille/ l2 le runn, l' estancia, la !a7enda. c' est la grandeur du dbouch !ui sollicite la puissance de la production$ Hr@ce 2 la rpercussion !ue les transports rguliers par masses entretiennent/ une 0orce norme se dgage et trou,e/ de part et d' autre/ son emploi$ Les produits se concentrent et s' accumulent en ,ertu de la loi conomi!ue !ui proportionne le prix de transport 2 la !uantit transportable$ Ct c' est ici !ue le phnom.ne prend 0orme gographi!ue$ viii. -grandes lignes maritimes et grandes lignes continentales : la derni.re phase de l' histoire des communications est caractrise par l' intense collaboration du rail et de la na,igation 2 ,apeur$ La soudure des courants continentaux aux courants maritimes tend 2 se 0aire de plus en plus en un nombre limit de points d' lection !ui prennent le caract.re d' emporia mondiaux$ Les points d' expdition s' organisent pour embrasser le plus d' espace possible dans leur cercle d' appro,isionnement 1 les points d' arri,e/ pour desser,ir le march le plus large a,ec la 0onction de relation la plus tendue$ Les deux principaux groupes de ports se regardent entre RO et 8> degrs de latitude sur la cFte des tatsD*nis/ entre 8> et =8 degrs sur celle d' Curope$ L' emporium moderne/ !u' il s' appelle NeX WorJ ou Londres/ &oston ou Bambourg/ ressemble au port d' autre0ois tel !ue le peignait Qoseph %ernet/ comme un pa!uebot ressemble 2 une balancelle$ Ces ,illes normes/ produit caractristi!ue de notre si.cle/ sont les organes crs par les besoins nou,eaux du commerce$ L2 se centralisent les renseignements/ se 0orment les entrepFts/ se nouent les relations$ Kuel!ue chose de colossal et de dmesur s' associe 2 ces crations N tonnage de na,ires/ dimensions des bassins/ agglomration de chantiers et d' usines 1 l' industrie cherche 2 pro0iter des a,antages !u' o00re le transport par mer des mati.res lourdes$ La supriorit de l' outillage pr,alant sur la distance/ l' emporium moderne peut attirer des marchandises !ui sembleraient destines 2 des ports plus rapprochs de leur point d' origine$ Li aux courants continentaux et aux ri,es pR=P maritimes/ le grand port peut a,oir la puissance de les dtourner$ -on rFle le plus ,ident reste cependant la conscration et l' exploitation des relations tablies entre les lignes de la circulation mondiale 2 tra,ers les continents et les ocans$ ans l' histoire conomi!ue du dernier si.cle/ on rappellera tou9ours une coIncidence 0rappante/ celle de l' ou,erture/ 2 six mois d' inter,alle/ du premier transcontinental !ui ait tra,ers l' ?mri!ue du nord et du canal de -ueG$ L' union central paci!ic (;> mai ;M<P) 0ut le signe a,antDcoureur d' une srie de constructions !ui reli.rent l' ?tlanti!ueDnord au Paci0i!ueDnord$ ouGe ans apr.s/ cin! autres lignes tra,ersaient le continent amricain 1 le FarDTest conduisait ,ers l' Cxtr7meD)rient$ ' autres t7tes de lignes/ combinant leurs ser,ices de pa!uebots a,ec leurs ,oies 0erres/ s' a9out.rent 2 -anDFrancisco/ a,ec l' a,antage d' une tra,erse plus courte N -eattle et 'acoma dans le Puget -ound/ %ancou,er 2 l' extrmit de la bande de <$ >>> Jilom.tres !ui recueille 2 Bali0ax le ,o3ageur ,enu de Li,erpool pour le mener en = 9ours au bord du Paci0i!ue/ et ;> 9ours apr.s au Qapon$ Le commerce ,a grandissant entre l' ?mri!ue du nord et le Qapon et la Chine 1 dans la Chine dboise/ les bois de Colombie britanni!ue/ les grains du 6anitoba/ le ptrole de Cali0ornie sont l' ob9et d' une demande$ La m7me ingalit de population existe entre les deux bords du Paci0i!ue !u' entre ceux de l' ?tlanti!ue$ 'oute0ois/ a,ec ces peuples d' Cxtr7meD)rient/ il existe trop de di00rences originelles pour !u' une adaptation des marchs soit aussi aise !u' entre l' ?mri!ue et l' Curope$ L' ingniosit commerciale des amricains du nord tra,aille 2 la raliser$ Clle s' tudie 2 accommoder l' o00re 2 la demande/ 2 0latter m7me le chinois et le 9aponais comme consommateurs/ tout en le repoussant comme immigrant$ Par un autre chemin/ l' Cxtr7meD)rient s' est rattach au commerce mondial$ Lors!u' en no,embre ;M<P les premiers na,ires pass.rent de la 6diterrane dans la mer (ouge/ ralisant une des plus anciennes ides saintDsimoniennes/ des gographes aussi comptents !u' )scar Peschel taient loin d' apprcier 2 sa ,aleur la 0uture importance commerciale de cette route$ Il ne semblait pas !ue cette ,oie maritime se 0au0ilant de dtroits entre les masses continentales/ 0ranchissant 2 Hibraltar/ 6alte/ -ueG/ ?den/ -ingapore une srie de portes aises 2 0ermer/ p:t disputer la suprmatie commerciale 2 la grande ,oie maritime du Cap$ )n ne pou,ait encore se rendre compte des changements !ue la rapidit et la ponctualit des ser,ices maritimes/ l' accroissement du tonnage/ l' ou,erture d' arri.reDpa3s de,aient apporter dans les rapports pR<> des contres$ Ce !ui s' change le long de cette ,oie tortueuse !ui touche aux plus anciennes contres ci,ilises/ !ui pousse ses embranchements ,ers l' ?0ri!ue orientale et l' ?ustralie/ ce sont des ob9ets manu0acturs d' Curope contre des produits naturels de l' ?sie$ Ces produits di00.rent de ceux !ue recherchait le commerce ancien (pices/ or et encens/ etc$)/ !ui s' accommodaient des retards de longues tra,erses/ !ui pou,aient impunment a00ronter de longues 9ournes de na,igation sous les tropi!ues$ Ce sont des produits !ue rclament instamment/ 2 dates 0ixes et en !uantits considrables/ les besoins alimentaires et industriels des multitudes d' Curope$ L' ?mri!ue/ sans doute/ 3 pour,oit/ mais il serait imprudent/ pour assurer la satis0action de besoins de premi.re ncessit/ de rester 2 la merci d' un ou deux centres de production$ La rcolte de bl peut man!uer en ?mri!ue 1 celle du coton peut 7tre insu00isante 1 des piGooties et des scheresses peu,ent oprer des ra0les sur le stocJ d' animaux 2 laine et 2 peaux !ue consomme l' Curope$ Ct d' ailleurs les pa3s neu0s ne ,oientDils pas/ 2 leur tour/ augmenter leur population et se d,elopper leurs industries/ diminuant d' autant leurs disponibilits E C' est sur ces conditions/ en partie impr,ues/ !ue sont 0onds les progr.s de la grande ,oie maritime de l' ancien monde$ )n a ,u successi,ement entrer en ligne de compte/ dans le tonnage d' en,iron ;= millions de tonnes !ui sillonne le canal de -ueG/ le coton de l' Inde occidentale/ les bls du Pend9ab/ les riG de l' Indochine/ le th de la Chine du sud$ Ct 2 mesure !ue se prolongent ,ers le nord les rseaux 0errs/ inter,iennent les 0.,es olagineuses (so3a) de 6andchourie/ bientFt peutD7tre le bl de la 6andchourie du nord/ les bois de -ibrie$ La part prpondrante de l' Inde dans le commerce du canal de -ueG tient 2 l' a,ance !ue lui donne son rseau de chemins de 0er/ commenc d.s ;M=<$ C' est assurment un phnom.ne curieux et au premier abord paradoxal !ue de ,oir une contre aussi charge de population de,enir nourrici.re d' autrui$ L' Inde dispose en mo3enne d' en,iron R> millions d' hectolitres de bl pour l' Curope 1 ses rcoltes de bl et de coton sont attendues/ escomptes cha!ue anne 1 cette exportation 0ournit 2 Vurratchi et 2 &omba3 son principal lment$ Ct nanmoins si les 0amines n' ont pas disparu/ leur 0r!uence et leurs e00ets ont t en partie con9urs$ L' organisation des transports/ appu3e sur un rseau considrable de chemins de 0er (plus de =>$ >>> Jm$)/ a rgularis la circulation intrieure en m7me temps !u' elle rattachait l' arri.reDpa3s aux ports maritimes$ Ce !ue le machinisme/ supplant 2 la pnurie de bras humains/ a pu accomplir en ?mri!ue/ l' a t/ dans cette ,ieille terre/ 2 la 0a,eur des habitudes traditionnelles de ses populations pR<; rurales$ Il 3 a une ,ertu singuli.re d' lasticit dans ces anciennes ci,ilisations 0ondes sur ce !ui change le moins/ la 0condit du sol/ les 0orces rparati,es de la terre$ Kue l' Inde sillonne de chemins de 0er/ et mise 2 R> 9ours de l' Curope/ 0asse un commerce de plus de = milliards de 0rancs/ dont les deux tiers a,ec l' Curope 1 !ue l' g3pte ait ,u depuis ;MMR 2 ;MPO augmenter sa population de <$ M;8$ >>> 2 P$ O+8$ >>> et 2 ;;$ RMO$ >>> en ;P>O a,ec un commerce dpassant ;$ +>> millions/ de tels rsultats/ 9oints 2 ceux !ue nous 0ournissent d' ?lgrie et la 'unisie/ montrent une 0acult de rno,ation !ui 9usti0ie les e00orts et les espoirs dont ils sont l' ob9et$ Il est ,rai !ue ces contres sont passes sous des dominations europennes N la Chine/ !ui entre 2 peine dans la priode d' expriences/ 3 apporte une ci,ilisation autonome/ 2 peu pr.s intacte/ a,ec une somme d' habitudes/ d' intr7ts/ de pr9ugs/ dont l' adaptation 2 un s3st.me de l' tranger ne peut s' accomplir sans rsistance$ 'oute0ois/ la cause des chemins de 0er l2 aussi est gagne 1 et l' on peut attendre d' eux un contact plus intime entre les deux plus considrables 0o3ers de population du monde$ ix. -conclusion : ainsi agit/ d9ouant ou dpassant les pr,isions/ une puissance gographi!ue dont rien ne permettait de mesurer les e00ets$ e tous ces s3st.mes de communication se 0orme un rseau !u' on peut !uali0ier de mondial$ Il embrasse/ en e00et/ sinon la totalit du globe/ du moins une tendue asseG grande pour !ue rien 2 peu pr.s n' chappe 2 son treinte$ -a puissance est 0aite d' accumulation de ses e00ets$ C' est le rsultat total de combinaisons multiples/ accomplies dans des milieux di00rents/ par le rail/ la na,igation maritime ou intrieure N aux tatsD*nis/ la na,igation des HrandsDLacs a,ec les chemins de 0er !ui en recueillent et en prolongent le tra0ic 1 en ?ngleterre/ un d,eloppement extraordinaire de la marine marchande/ disposant d' un 0ret !ue compl.te la houille 1 aux Pa3sD&as et en ?llemagne/ une batellerie 0lu,iale de 0ort tonnage pntrant 9us!u' au coeur du continent/ et des chemins de 0er combinant leurs tra0ics a,ec le sudDest de l' Curope 1 en ?0ri!ue/ l' utilisation des grands 0leu,es/ Nil/ Niger/ Congo/ Uamb.Ge/ relis/ soit 2 la mer/ soit entre leurs bie0s na,igables par des ,oies 0erres 1 en0in/ l' atta!ue de l' ?sie centrale/ tandis !ue/ par le canal de -ueG/ s' accomplissait la 9onction de deux domaines aupara,ant distincts du commerce maritime$ Ce !u' il 0aut ,oir dans la ,arit des obstacles ,aincus/ c' est le dsir de raliser des adaptations telles !ue tout ce pR<R !ui gr.,e le transport des denres soit rduit au minimum/ !ue la circulation soit le moins possible soumise 2 des transbordements et 2 des 0rais accessoires$ Cntre les chemins de 0er transcontinentaux et la na,igation maritime/ il semble !u' il s' tablisse un partage d' attributions/ peutD7tre aussi un partage gographi!ue$ La concentration des continents de l' hmisph.re boral entre <> et +> degrs de latitude donne lieu 2 une extension Gonale de ,oies 0erres tra,ersant d' un bord 2 l' autre l' ?mri!ue du nord ou l' Curasie$ Le m7me ruban d' acier s' allonge sur plus de =$ >>> Jm$ Cntre NeX WorJ et -anDFrancisco/ de <$ >>> entre Bali0ax et %ancou,er/ de ;>$ >>> entre le Ba,re et %ladi,ostoJ$ Cn cin! ou six 9ours on tra,erse le continent amricain 1 en !uatorGe 9ours on peut 0ranchir au9ourd' hui la distance de Paris 2 PJin$ 'out ce !ui exige rapidit/ ,o3ageurs/ correspondance/ trou,e ainsi dans ces ,oies transcontinentales un a,antage !ue les ,oies maritimes ne peu,ent atteindre$ Les routes de l' ocan restent par excellence celles de l' hmisph.re austral$ e l' ?mri!ue du sud au cap de &onneDCsprance/ de l2 en ?ustralie et en Nou,elleDUlande/ la mer est la ,oie ncessaire$ Pousss par les grands 0rais de l' ouest/ les grands ,oiliers 0ranchissent en R8 9ours/ sans ,oir terre/ la distance entre le Cap et Tellington$ L' ocan Paci0i!ue/ d92 tra,ers en diagonale entre %ancou,er et ?ucJland/ l' est depuis peu de Panama 2 -3dne3$ es points pres!ue imperceptibles et ignors dans les ,astes tendues ocani!ues (Imangare,a par exemple) seront peutD7tre demain des tapes mondiales$ Loin d' 7tre rellement en concurrence/ les ,oies maritimes et continentales se pr7tent/ dans l' ensemble/ un concours !ui dcuple la puissance des e00ets !u' elles exercent sur la ,ie conomi!ue$ Par l' e00et de cette pntration intime des contres/ de ce contact uni,ersel aux!uels bien peu chappent encore/ il 3 a partout du 0ret 2 ramasser/ des transactions 2 raliser/ des besoins 2 satis0aire$ Ct c' est ainsi !u' un 0erment nou,eau s' introduit et tra,aille toutes les parties du globe$ pR<+ chapitre iv. ,a mer. $. -origine de la navigation maritime : l' homme/ par son corps/ ses organes/ son appareil respiratoire/ est un 7tre terrien/ attach 2 la partie solide de la terre$ Ce serait peu cependant !u' un domaine rduit au !uart de la sur0ace du globe pour 9usti0ier le mot de gographie humaine$ -i les terres seules o00rent 2 l' homme la possibilit d' imprimer sa trace/ d' enraciner ses oeu,res/ les mers ont t/ par une srie de con!u7tes o5 resplendit la lumi.re du gnie humain/ ou,ertes 2 une circulation sans limites$ epuis l' in,ention de la ,oile 9us!u' 2 celle de la boussole et du sextant/ depuis les premi.res obser,ations astronomi!ues 9us!u' au calcul des tables de dclinaisons/ on suit un enchaLnement de dcou,ertes associes 2 la na,igation maritime$ L' instinct du chasseur/ l' exprience du montagnard s' ac!ui.rent et se transmettent indi,iduellement/ tandis !ue dans le domaine des mers o5/ sur d' normes distances/ aucun point de rep.re ne 0rappe les sens/ ce n' est !ue par la science !ue l' homme est par,enu 2 trou,er des routes diminuant la part du danger$ La 0amiliarit a,ec la mer n' a pourtant t longtemps !ue le pri,il.ge de groupes restreints$ )n ne peut parler d' une attraction gnrale !ue la mer ait exerce sur les populations humaines 1 certaines cFtes seulement se sont montres attracti,es N celles par exemple o5/ cha!ue 9our/ le re0lux de la mare laissait 2 dcou,ert une pro,ende 0acile de 0aune comestible ('erre e Feu)/ celles o5 l' homme trou,ait un abri contre les exhalaisons malsaines des 0or7ts marcageuses comme dans le nordDouest de l' Curope/ ou !u' une bordure d' Lles prot.ge contre la houle du large &skiorgard scandina,e)/ celles aussi !ue le rapprochement de bancs sousDmarins rendait propices 2 la p7che ('unisie orientale/ mer du Nord)/ ou bien les parties resserres 0r!uentes 2 po!ues 0ixes par des lgions de poissons migrateurs pR<8 (6diterrane)$ 'outes ces causes/ et d' autres sans doute/ ont puissamment contribu 2 mettre !uel!ues 0ractions de l' humanit en contact !uotidien a,ec cet lment !ui/ par luiDm7me/ est plutFt ob9et de crainte$ Car/ si certaines populations ont t attires par la mer/ d' autres/ comme les perses/ s' en sont s3stmati!uement cartes et ont traduit leur a,ersion pour cet lment hostile dans leurs cro3ances$ e toutes les attractions/ la plus puissante pour l' humanit primiti,e a probablement t celle exerce par la p7che$ ?ctuellement encore/ la p7che maritime nourrit des millions d' hommes/ depuis le Qapon 9us!u' 2 la Nor,.ge$ Les ressources nourrici.res de la mer ont t l' amorce par la!uelle le terrien !u' est l' homme a t attir ,ers cet lment tranger au!uel il s' est habitu/ dont il est de,enu l' hFte et pour ainsi dire le commensal$ *n autre point de ,ue s' est r,l d.s !ue le commerce s' est d,elopp$ C' est l' a,antage o00ert par les sur0aces illimites des mers pour le transport lointain et 2 0rais rduits des produits du sol ou de l' industrie$ -ans doute/ la richesse ne peut se d,elopper !ue sur terre/ c' est parce !u' il 3 a des &ab3lone et des g3pte !u' il 3 a des Phnicie 1 mais c' est la mer !ui apporte des mtaux d' Besprie et des Cassitrides 9us!u' 2 ces lointaines socits orientales$ -es prils n' taient rien 2 cFt des obstacles !ue prsentaient les ,oies de terre$ CellesDci ont eu beau ac!urir a,ec le temps scurit et rgularit/ on ,oit encore au9ourd' hui les bls de (ussie/ les houilles anglaises/ les bois du nord/ 9us!u' aux ,ins d' ?lgrie/ pr0rer les routes maritimes 2 cause de la modicit du 0ret$ *ne 0ois la marchandise con0ie aux 0lancs du ,aisseau/ peu importe !uel!ues centaines de Jilom.tres de plus ou de moins$ ii. -la navigation B voile : l' emploi de la 0orce mcani!ue de l' air pour ,aincre la rsistance de l' eau/ c' estD2Ddire la ,oile/ contenait le germe immense de tous les progr.s 0uturs$ )n ne peut pas dire de cette in,ention !u' elle ait eu un caract.re d' uni,ersalit/ comme par exemple celle du 0eu N bien des peuples/ !ui ,i,aient en contact a,ec la mer/ ne l' ont point connue/ ou ne l' ont connue !ue tard$ 6ais 2 ceux !ui/ indpendamment d' ailleurs les uns des autres/ en ont inaugur l' emploi/ elle a con0r une prcoce supriorit$ Clle les a spcialiss$ Cn crant un genre de ,ie capable de tendre tous leurs e00orts/ elle a 0org des peuples$ Clle a combin ensemble des lments probablement tr.s di00rents de population/ cariens et phniciens/ malais et mlansiens/ peutD7tre celtes pR<= et germains/ de 0aon 2 leur imprimer par la communaut des occupations/ des caract.res !ui donnent l' illusion d' une race$ Kuelle !ue 0:t la mati.re 0ournie par le milieu local/ !ue l' on us@t/ pour capter et utiliser la 0orce du ,ent/ de nattes de palmiers ou de bambous comme les malais/ de toile de lin comme les phniciens et hell.nes/ de toile de coton comme les caraIbes/ de cuir comme les ,n.tes et les anciens celtes/ c' tait l' opposition d' une 0orce naturelle 2 une autre 0orce naturelle/ une con!u7te sur la nature/ une conomie de mainDd' oeu,re et d' e00ort musculaire$ Ces peuples ac!uirent sur les autres la supriorit !ue donne une plus grande indpendance des entra,es terrestres$ )n sait !uel a,antage procura sur les continents 2 certains peuples la possession du che,al 1 sur mer aussi le na,ire 2 ,oile 0ut un mo3en d' hgmonie/ car la piraterie en pro0ita au moins autant !ue le commerce$ Les priples et autres documents de l' anti!uit classi!ue laissent entre,oir 2 !uel degr de connaissance dtaille et minutieuse des cFtes la na,igation par,int de bonne heure dans la 6diterrane et les mers immdiatement ,oisines$ *ne riche nomenclature o5 n' est omis aucun accident ni an0ractuosit du littoral s' appli!ue 2 la cFte et l' anime d' une ,ie pittores!ue$ es dictons se rp.tent entre marins sur les passages redouts$ es sanctuaires/ des lgendes a,ec noms de 0ondateurs de ,illes 0ont comme une broderie au littoral de la mer intrieure$ La na,igation est imprgne de ces sou,enirs$ 6inutieusement attenti,e 2 la cFte/ elle ne s' en carte !u' 2 regret et le moins possible$ Il 0aut cependant se hasarder en pleine mer pour atteindre l' Cspagne et l' extrmit occidentale de la 6diterrane N ce 0ut longtemps le secret des phniciens/ et des phocens apr.s eux/ in,enteurs de na,ires plus longs et tenant mieux la mer$ Cependant/ considrant les 0aits dans leur gnralit/ il n' apparaLt pas !u' il 3 ait une sparation entre une priode de na,igation cFti.re et une priode ultrieure de na,igation au large$ 'out dpendit de la nature ph3si!ue et du rgime des ,ents$ ans la 6diterrane m7me/ les ,ents tsiens !ui sou00lent rguli.rement/ de mai 2 octobre/ du nord au sud/ unirent de bonne heure le monde hellni!ue 2 l' g3pte/ 0irent du bassin oriental un tout !ue connaLt d92 Bom.re$ es rapports s' tablirent m7me sur de plus grandes distances entre l' ?rabie du sud et 6adagascar/ entre l' ?0ri!ue orientale et la cFte de 6alabar$ L' attraction des ri,ages opposs s' exera d' autant mieux !ue l' in!uitude du retour n' existait pas 1 il tait garanti par l' alternance des pR<< moussons$ Cntre la cFte de la Chine au sud de Formose et la cFte d' ?nnam/ l' alternance de la mousson hi,ernale du nord et de la mousson esti,ale du sud a cr des rapports N le nom de mer de Chine les exprime$ La ,iolence sou,ent dangereuse de ces ,ents cesse au del2 de la digue insulaire 0orme par les Philippines/ Palaouan et &orno N ce 0ut un autre domaine !ue dsigna le nom de mer de Cl.bes et de Qolo$ 6ais 2 des domaines rgis par des ,ents connus/ et o5 l' on tait s:r de pou,oir re,enir/ succdaient des espaces !ue des dangers/ grossis ,olontiers par l' imagination/ semblaient interdire N tel tait/ au sud de la rgion 0r!uente par la na,igation arabe/ le courant redout de 6oGambi!ue !ui portait ,ers le sud a,ec ,iolence$ *n monde nou,eau commenait l2$ Les documents anciens montrent !ue la na,igation/ s' a,anant de Carthage ou de Had.s le long de la cFte d' ?0ri!ue 2 la 0a,eur des aliGs du nordDest/ ne dpassait pas -ierra Leone$ L2 s' arr7tait l' ocan ?tlanti!ue des pa3s de l' ?tlas/ au del2 rgnaient d' autres ,ents/ ,ents irrguliers !ue rencontrent les na,ires 2 ,oiles sur les cFtes de Huine 1 les 0r!uentes tornades 3 rendent encore au9ourd' hui la na,igation di00icile N il 0aut 8= 9ours 2 un ,oilier pour se rendre 2 Lagos/ tandis !u' il n' en met !ue 8R pour atteindre (ioDeDQaneiro$ Cette sparation resta la limite du monde connu des anciens$ Il est 2 remar!uer !ue le domaine des na,igations nor,giennes !ui/ entre le ,iiie et le xie si.cle/ embrassa l' immense espace maritime compris entre les Bbrides et l' Islande 9us!u' au Hroenland et m7me au Labrador/ n' empita pas au sud sur la Gone dangereuse du Hul0D-tream$ Ces na,igateurs si hardis semblent s' 7tre astreints 2 sui,re des routes asseG septentrionales pour ,iter la lisi.re du courant !ui/ par 8> degrs de latitude en,iron/ charrie des bourras!ues et !ui/ dans les mois d' hi,er/ est la Gone la plus temptueuse !u' il 3 ait sur le globe$ )n estime 2 8R 9ours la dure mo3enne d' un tra9et direct 2 ,oile d' Curope en ?mri!ue/ et/ encore au9ourd' hui/ les na,ires partis de -candina,ie continuent 2 tenir le plus possible au nord 9us!u' 2 'erreDNeu,e$ L' ide d' une mer septentrionale comprenant l' espace entre le Hroenland/ l' Islande/ la -candina,ie et l' cosse/ s' exprime maintes 0ois au x,ie si.cle dans les re,endications danoDnor,giennes$ pR<O iii. -domaines de navigation : ainsi/ par la 0amiliarit croissante a,ec la mer/ s' es!uissaient des limites naturelles/ en m7me temps !ue se dessinaient des domaines$ )n ,it des pro,inces se tailler dans un empire dont on ne connaissait pas encore l' tendue$ Ces domaines ne sont pas tou9ours d0inis/ schmatiss/ sui,ant l' expression de -trabon/ par la con0iguration des cFtes 1 leurs limites sont plutFt celles !ue trace le rgime des ,ents et des courants$ C' est la na,igation !ui 0ournit le principe des dlimitations 1 les instructions nautiques en sont le commentaire$ L' autonomie de ces domaines maritimes a t en partie consacre par des noms$ Ils sont imprgns d' une terminologie spciale$ Nous a,ons parl de celle de la 6diterrane N la nomenclature est arabe ou hindoue dans l' ocan indien/ essentiellement scandina,e dans les mers du nord de l' Curope$ Cette derni.re surtout apparaLt comme le produit d' une obser,ation exerce 2 discerner toutes les di,ersits de 0ormes dans les accidents du littoral N le !iord dsigne une chancrure troite et longue 1 le vik reprsente une anse arrondie$ 'andis !ue les mots ner et skaji s' appli!uent 2 des promontoires le,s/ peutD7tre plus allongs d' apr.s le second 1 err est une lande plate et sablonneuse$ Pour les baies de dimensions petites/ on emploie les dsinences vaag, voC, kil, etc$ 1 pour les Lles/ e ou o * une chaLne d' cueils 0orme un skiorgard. telle est la signature indlbile !ue les nor,giens ont appose aux mers par eux parcourues$ Les noms subsistent/ tandis !ue disparaissent peu 2 peu les ,arits spciales de na,ires !ui s' 3 taient adapts$ Le dho- arabe/ la grande 9on!ue chinoise !ui portait/ au temps de 6arco Polo et d' )deric e Pordenone/ 9us!u' 2 O>> hommes/ la pirogue 2 plate0orme/ les doubles pirogues 2 balancier des pol3nsiens/ !ui excit.rent l' admiration des CooJ et des umont ' *r,ille/ ont re9oint ou re9oindront bientFt dans les chantillons de nos muses de marine la kogge de la Banse ou le dragon des ,iJings$ Cependant ces spcimens archaI!ues ont eu leur extension/ leur part de dcou,ertes$ e grands espaces maritimes ont t parcourus par eux$ Il ad,int naturellement !ue/ dans certains domaines/ la na,igation aiguillonne par la concurrence 0it preu,e d' esprit plus progressi0$ Ce 0ut particuli.rement l' a,antage des marines mditerranennes N la substitution de la grande ,oile latine triangulaire 2 l' ancienne ,oile pR<M !uadrangulaire ralisa un notable progr.s$ Ce 0ut un progr.s non moins dcisi0 !uand les gnois l' eurent remplace 2 leur tour par une ,oilure plus mobile et plus maniable/ gr@ce 2 la!uelle ils purent s' a,enturer en plein ocan/ comme les portulans nous les montrent inscri,ant le nom de saint Heorges/ d.s le xi,e si.cle/ sur l' archipel des ?ores$ Cha!ue domaine de na,igation eut donc ainsi son ,olution distincte/ ses d,eloppements indpendants/ son outillage et son personnel$ Le grand progr.s consista 2 0ranchir ces limites/ 2 souder entre eux ces domaines$ Lors!ue/ par le ,o3age !ui couronna une srie mthodi!ue d' e00orts/ %asco e Hama par,int 2 6linde sur la cFte orientale d' ?0ri!ue/ il trou,a des pilotes !ui connaissaient la route de Calicut et des Indes 1 et les Indes ellesDm7mes taient le ,estibule d' un autre domaine 0r!uent/ celui des mers sinoDmalaises$ L' essor des dcou,ertes maritimes au x,ie si.cle ne s' expli!uerait gu.re sans ces prliminaires N ce 0ut un trait de lumi.re subit/ !uand l' union se 0it entre ces domaines di00rents/ !uand l' aliG du nordDest/ d92 prati!u 9us!u' aux Canaries/ eut port Colomb 9us!u' 2 la mer des CaraIbes/ et !uand/ d' autre part/ eut t ,aincu l' obstacle du cap des 'emp7tes$ 6ais on peut aussi se rendre compte des pro0ondes ingalits !ue l' isolement engendre entre les modes de ci,ilisation/ !uels !u' ils soient/ s' ils se d,eloppent indpendamment les uns des autres$ L' esprit d' in,ention n' a,ait certes pas 0ait d0aut dans ces tentati,es nauti!ues exprimentes sur plusieurs points di00rents du globe$ 6ais il s' tait arr7t ici plutFt !u' ailleurs 1 de sorte !ue/ plus progressi,e/ la na,igation europenne a,ait ac!uis une telle supriorit !u' elle ne rencontra/ dans l' ocan Indien et ailleurs/ !ue des ri,ages dont elle eut aisment raison$ Ce ne 0ut donc !ue peu 2 peu !ue la 0igure de la mer apparut dans sa plnitude$ 6ais/ d.s le x,ie si.cle/ l' unit du monde des mers 0ormant un s3st.me se substitue/ dans l' esprit des hommes/ 2 la conception 0ragmentaire !ui 0aisait de cha!ue domaine de na,igation un monde 2 part/ au del2 du!uel on ne se hasardait gu.re$ La mer de,int le trait d' union par excellence$ Clle seule tait capable d' tablir des communications rguli.res et permanentes entre les di00rentes oecoum"nes distribues 2 la sur0ace des terres$ Il 0aut se rappeler combien 0ut tenace la di,ision en grecs et barbares/ 9ui0s et gentils/ chinois et autres hommes/ pour mesurer le changement de perspecti,e$ L' humanit put s' obser,er maintenant elleDm7me/ dans les traits gnraux !ui lui sont communs/ et dans les di00rences pro0ondes !ue cre un long ata,isme$ Ce ne 0ut pas la philanthropie pR<P !ui prit le dessus dans cette rencontre 1 et cependant !ue de contrastes s' o00rent 2 la r0lexion dans cette extraordinaire histoire$ 'out ce !ui/ en bien et en mal/ caractrise la nature humaine se 0it 9our au contact entre ces socits di00rentes/ ingales/ spares par des ,olutions sculaires$ Le prosl3tisme religieux prit 2 t@che de ramener 2 une 0oi commune les in0id.les in,olontaires et dplo3a par0ois pour cela un hroIsme admirable/ tandis !ue d' autre part les plus impito3ables procds d' extermination s,issaient$ e plus en plus sduite 2 la ,ue de domaines admirablement disposs pour de,enir des patries en,iables/ des terres ,ierges o5 se ra9eunirait le tronc transplant de nos ,ieilles races/ l' Curope commena 2 se rpandre au dehors/ sur les ?mri!ues/ puis sur l' ?ustralie et sur l' ?0ri!ue du sud 1 des peuples nou,eaux se multipli.rent et cet exode tou9ours croissant eut d' incalculables cons!uences$ Cn re,anche/ la traite dpeupla en partie l' ?0ri!ue noire pour pr7ter aux plantations du nou,eau monde les bras !ui man!uaient$ Cn partie aussi disparurent les peuples !ui a,aient 0ond autour des grands lacs/ le long des 6ontagnes (ocheuses ou sur les plateaux intertropicaux d' ?mri!ue/ des con0drations/ des empires/ des embr3ons d' tats$ Qamais en somme branlement plus gnral n' a,ait retenti dans les rapports des hommes$ L' ,olution !ui commena alors n' a pas dit son dernier mot 1 c' est elle !ue nous ,o3ons se poursui,re et s' ampli0ier au9ourd' hui/ a,ec la 0orce d' tendue !ue lui pr7tent les mo3ens modernes de circulation$ iv. -l' ide d' hgmonie par l' ocan : a,ec la 0usion des domaines maritimes en un ensemble illimit de mers et d' ocans/ de nou,elles perspecti,es politi!ues apparaissaient d.s l' aurore des temps modernes$ Les r7,es d' hgmonie mondiale/ dont la ralisation s' tait tou9ours heurte 2 l' exiguIt des continents et aux limites imposes par leurs con0igurations gographi!ues/ ne semblent plus une chim.re$ L' empire des mers paraLt ,raiment pou,oir 7tre con!uis par un peuple$ *n contemporain de CromXell/ -ir Qames Barrington/ a,ait trou, le mot !ui con,enait 2 la chose N oceana. on a,ait d92 ,u des thalassocraties s' di0ier et disparaLtre$ Clles a,aient gnralement pour point d' appui des cFtes se 0aisant 0ace/ des chapelets d' Lles 0ormant archipels$ Les empires phniciens/ pRO> athniens/ carthaginois de l' anti!uit/ celui de %enise au mo3en @ge/ celui de l' Iman de 6ascate dans la premi.re moiti du xixe si.cle reprsentent ce t3pe archaI!ue de domination maritime$ Ces cha0audages pro,isoires man!uaient de bases$ L' ide !u' une domination !uelcon!ue put s' tablir au large/ sur les libres espaces ocani!ues/ ne s' tait pas prsente au droit romain/ ou plutFt il l' a,ait par a,ance exclue N 4 la mer/ disaitDil/ est une chose commune comme l' air et l' eau de pluie 4 $ Il n' en 0ut plus de m7me !uand/ en ;8P8/ les espagnols et les portugais s' accord.rent dans la prtention de se partager la domination des mers d' apr.s un mridien$ 2 mesure !ue/ sortant des 6diterranes/ des mers bordi.res ou continentales !ui 0oisonnent dans l' hmisph.re nord/ on a,ait 0ranchi les grands Finisterres par les!uels se terminent les continents/ doubl le cap de &onneDCsprance/ le cap Born/ sillonn les mers australes/ et !u' on s' tait lanc 2 tra,ers les tendues du Paci0i!ue/ on a,ait constat l' a00aiblissement/ puis la disparition des perturbations exerces par les terres sur les mers$ Non seulement on a,ait ,u s' ou,rir des routes sans 0in 1 mais les contrastes saisonnaux/ encore si mar!us dans les latitudes mo3ennes de l' ?tlanti!ue nord/ s' taient amortis$ Le monde des mers se montrait empreint d' une teinte super0icielle d' uni0ormit !u' on ne souponnait pas$ 'out particularisme s' attnuait$ 'out ce !ui dans les mers dpendantes des continents ncessitait un outillage particulier/ des habitudes de nauti!ue spciale/ s' e00aait dans l' galit remar!uable de conditions ph3si!ues$ ans l' mulation !ui s' alluma de s' approprier les contres riches de trsors rels et imaginaires/ et de s' en 0aire un gage incomparable de puissance/ ces conditions o00raient 2 ceux !ui sortiraient ,ictorieux de la lice/ des possibilits d' expansion aupara,ant inconnues$ es ambitions nou,elles se 0irent 9our$ L' ide d' hgmonie/ 0erment tou9ours acti0 dans les crations de la gomtrie politi!ue/ s' ampli0ia 2 la taille des ocans$ Les dominations/ puissantes par l' tendue/ !ue l' histoire a,ait connues sur les continents/ a,aient d: pniblement lutter contre les di00icults de communications/ la ,arit d' obstacles ph3si!ues/ les di,ersits d' adaptation rendues ncessaires par des contrastes de climat$ Clles n' a,aient russi !u' a,ec peine 2 les surmonter et s' taient puises dans cet e00ort$ Leur puissance d' expansion a,ait trou, sa pierre d' achoppement dans les di00rences ph3si!ues !ue multiplient les combinaisons du relie0/ du climat/ de la ,gtation/ et !ui/ en s' accumulant/ 0inissent par constituer le plus gra,e pRO; obstacle$ L' empire circummditerranen de (ome/ malgr le puissant rseau des ,oies !u' il a,ait cres/ a,ait chou d' un cFt contre les dserts/ de l' autre contre les 0or7ts et les marcages$ Celui des arabes n' a,ait pu prendre pied dans les plaines agricoles du continent europen$ L' immense empire des steppes 0ond par HengisDVhan a,ait trou, sa limite dans les 0or7ts du nord de l' ?sie et du centre de l' Curope$$$ pendant une longue priode/ les dominations se pourchass.rent pied 2 pied/ car il semblait !u' il n' 3 e:t le long des mers !u' un nombre limit de places 2 prendre N les Lles des pices/ les contres 2 plantations/ 2 mtaux prcieux$ Les hollandais/ du cap de &onneDCsprance aux Lles de la -onde/ se taill.rent un empire aux dpens du Portugal/ tandis !ue/ par les ?ntilles et la Hu3ane/ ils amoraient une domination des Indes occidentales 1 et c' est a,ec l' appoint des dpouilles de la Bollande et de la France !ue la HrandeD&retagne di0ia 2 son tour sa thalassocratie. 2 l' empire britanni!ue tait rser, de raliser le premier t3pe de puissance mondiale$ Hibraltar/ 6alte/ ?den/ -ingapoor/ lui li,rent les cls des compartiments maritimes !ui se succ.dent le long des masses continentales$ Il embrasse/ dans une immense en,ergure/ l' Inde/ l' ?0ri!ue orientale et l' ?ustralie autour de l' ocan Indien 1 l' ?ustralie/ la Nou,elleDUlande et le Canada/ d' un bord 2 l' autre du Paci0i!ue$ -illonne par une marine marchande gale 2 toutes les autres runies/ la mer est le ruban !ui relie ses possessions$ Il a 0allu 2 la (ussie le grand e00ort du transsibrien pour tablir/ entre ses territoires/ une communication !ui reste malgr tout bien plus impar0aite$ Ku' il se soit 0orm 2 Londres un entrepFt uni,ersel o5/ longtemps/ dut s' appro,isionner l' industrie des autres nations/ c' est une leon !ui montre pour la premi.re 0ois !uelle puissance de transport la mer pou,ait mettre 2 la disposition de l' homme$ v. -ractions continentales : le commerce maritime n' a,ait d' abord !u' e00leur les cFtes$ 6ais au del2 du ri,age o5 s' taient le,s des comptoirs/ o5 s' taient 0onds des ports/ l' intrieur a t sollicit de s' ou,rir$ Il existe des ,oies naturelles aboutissant 2 la mer/ 0acilitant la pntration des continents N ce sont les estuaires 0lu,iaux par les!uels la na,igation peut s' a,ancer 2 plus de cent Jilom.tres/ ou les 0leu,es asseG puissants pour 7tre 9us!ue dans l' intrieur le prolongement de la mer$ 2 d0aut de ,oies na,igables/ il 3 a des points de moindre rsistance par les!uels la circulation pntrait d92 ,ers l' intrieur$ pROR La terre et la mer apprirent ainsi 2 se pntrer$ Cntre ces deux mondes !ui se touchent/ le contact se changea en rapprochement plus intime$ Par les cFtes/ une nou,elle ,ie s' insinue/ !ui anime et soul.,e les continents/ car elle agrandit l' aire sur la!uelle peut agir la puissance de transport conomi!ue !ui est le grand a,antage des ,oies maritimes/ et elle 0ournit 2 la na,igation/ a,ec une abondance croissante/ le 0ret dont elle a besoin$ ?utre0ois il n' 3 a,ait !ue les ports !ui participassent aux larges perspecti,es d' outreDmer$ 6arseille/ ?msterdam/ Bambourg ,i,aient en !uel!ue sorte de leur ,ie propre$ ?u9ourd' hui c' est de l' intrieur !ue partent les ordres/ !ue sont expdies les masses de produits/ mati.res premi.res ou ob9ets d' alimentation/ dont la mer est la grande dispensatrice 1 et/ parmi les ports !ui s' en disputent le 0ret/ la slection s' tablit/ moins d' apr.s les a,antages nauti!ues !ui leur sont propres/ !ue d' apr.s les 0acilits respecti,es de leurs relations a,ec l' intrieur$ )n peut donc dire !ue/ par une r,olution longuement prpare mais de,enue surtout mani0este de nos 9ours/ les rapports entre les terres et les mers ont t modi0is$ Certains a,antages aux!uels 9adis la gographie attachait un grand prix/ tels !ue les dcoupures multiples/ les articulations de dtail du littoral/ ont pass au second plan/ tandis !ue les considrations de position prenaient le dessus$ 6ais en somme l' in0luence de la mer s' est gnralise 1 elle a largement empit sur les continents$ C' est/ sur de plus amples espaces/ par de plus grandes masses/ entre continents et ocans/ !ue l' change des marchandises et des hommes s' op.re dsormais$ Ces changes !ue la gographie ph3si!ue constate entre les climats/ la gographie humaine les ralise entre les produits$ Cet tat nou,eau !ui est le rsultat du progr.s des communications/ de l' industrie/ de l' ,eil de l' acti,it/ a son retentissement 2 son tour/ comme il est naturel/ dans la carte politi!ue$ 'ant de nou,elles 0orces sont entres en 9eu/ !ue l' tablissement d' une hgmonie uni!ue a cess de rpondre aux possibilits et peutD7tre aux conceptions les plus ambitieuses$ ' autres empires coloniaux se sont 0onds ou se prparent aux cFts de celui !ui reste le plus grand de tous$ ans ces 0ormations politi!ues 2 grande en,ergure/ les positions maritimes/ telles !ue les Lles/ les caps/ etc$/ ont leur rFle mar!u/ comme le prou,e le rFle !ue 9oue aJar dans nos possessions/ et celui !ui semble assur 2 'ahiti et 6angare,a apr.s le percement de Panama/ ou l' importance des BaXaI pour les tatsD*nis/ sur la route du Paci0i!ue$ Ce sont des 9alons/ des tapes/ des lieux d' atterrissement de c@bles/ des dpFts de charbon ou de ,i,res/ points de rel@che/ ne ,i,ant !ue d' une ,ie d' emprunt$ La ,ie ,ient de l' intrieur des pRO+ continents$ Partout se 0ait sentir/ plus pressante/ la raction de l' intrieur sur les cFtes$ C' est un s3mbole signi0icati0$ La Gone priphri!ue s' tend 1 l' aurole maritime gagne l' arri.reDpa3s$ La combinaison de l' Budson/ des HrandsDLacs a,ec les prairies/ a dcid l' a,enir des tatsD*nis$ elhi ,ient de remplacer Calcutta comme capitale des Indes 1 ce !ui a,ait dbut comme comptoir est de,enu un empire/ les ,alles du Hange et de l' Indus ont ciment le lien entre la cFte et un intrieur !ui ,a s' largissant$ C' est ainsi !ue/ par le 0leu,e (ouge/ l' attraction du 'onJin commence 2 se 0aire sentir 9us!u' au Wunnan et gagne le -GD'chouan$ La Chine/ le Qapon/ sont entraLns dans l' orbite des relations ocani!ues$ -ur les bords de l' ?tlanti!ue/ la grande masse de l' ?0ri!ue occidentale/ de l' embouchure du -ngal 2 celle du Niger/ penche de plus en plus ,ers la mer/ 2 mesure !ue les ,oies de pntration con,ergentes soutirent le tra0ic de l' intrieur$ *n Congo a pris place parmi les tats$ *ne ?maGonie commence 2 se dessiner$ Ce mou,ement a pour rsultat naturel d' accumuler/ de concentrer la ,ie aux points de 9onction$ )n pourrait !uali0ier d' h3pertrophie/ si elle tait durable/ la disproportion !ui existe entre la population de certains grands entrepFts maritimes et des contres aux!uelles ils appartiennent$ -3dne3 compte plus de la moiti de la population de la Nou,elleDHalles du sud 1 6elbourne pr.s de la moiti de celle de %ictoria 1 &uenos ?3res ren0erme 2 elle seule pr.s du cin!ui.me de l' immense rpubli!ue ?rgentine A Il 3 a une connexion entre tous ces 0aits$ La Gone de contact entre les deux sur0aces ingales !ui se partagent le globe/ s' est largie dans les deux sens 1 de plus grands espaces terrestres sont en rapport a,ec de plus grands espaces maritimes$ Le mou,ement et la ,ie se sont acclrs en cons!uence$ *ne attraction plus 0orte/ capable d' enle,er plus d' hommes 2 la gl.be 2 la!uelle ils taient attachs/ capable d' atteindre 2 de plus grandes distances des moissons enti.res/ de mettre en mou,ement des masses plus considrables de produits/ op.re entre les di00rentes contres de la terre un brassage !ui e:t aupara,ant t impossible$ Cela est l' oeu,re accomplie de nos 9ours par la na,igation maritime 1 nous laissons au lecteur le soin d' en tirer les cons!uences sociales et conomi!ues$ Clles ne sont pas 2 ddaigner 1 et cependant/ 2 la r0lexion/ toute l' oeu,re humaine paraLt impar0aite/ e00leurant 2 peine la sur0ace des choses$ Kuand on consid.re le peu d' espace !ue cou,rent les routes sui,ies par nos na,ires par rapport 2 l' immensit des ocans/ !uand surtout on songe 2 ce !ue nos instruments nous laissent souponner de la ph3siologie pRO8 et de la morphologie de ce corps immense/ de ses abLmes/ des mou,ements de 0onds !ui s' 3 produisent/ des changes !ui s' 3 op.rent/ de la ,ie !ui/ sur toute l' tendue de cette masse/ se droule sous des 0ormes et des apparences insouponnes/ lgions mou,antes/ planJton 0lottant/ 7tres rampant dans les abLmes/ Don reste con0ondu du peu !ue reprsente en ralit cet e00ort humain/ si notables !u' en soient les rsultats gographi!ues$ L' on aperoit a,ec une sorte de stupeur combien d' acti,its et d' nergies nous chappent dans l' ensemble de ce monde o5 notre petitesse s' imagine 9ouer un si grand rFle$ C' est surtout par l' intermdiaire des 7tres ,i,ants !ue l' acti,it de l' homme trou,e partout mo3en de s' exercer$ )r 2 !uoi se trou,eDtDon par,enu E Nous a,ons pu exterminer !uel!ues esp.ces d' amphibies !ui 0r!uentaient les con0ins septentrionaux du Paci0i!ue/ pourchasser les baleines des parages !u' elles 0r!uentaient/ mais 2 ces destructions se borne notre atteinte/ et nous ne sa,ons m7me pas 2 !uelles lois obissent les migrations de poissons !ui 0ont l' ob9et ordinaire de nos p7cheries$ Nous ne connaissons pas leur biologie$ Pres!ue tout nous chappe auDdessous de la mince cou,erture o5 notre prsence laisse un 0ugiti0 sillon$ Pres!ue tout/ m7me dans ce !ui touche les occupations et les industries les plus anciennes de la mer/ de,ient aussitFt m3st.re en dehors de ce !ue peroit la ,ue$ Nous n' a,ons !u' une seule arme pour pntrer dans ce monde 0erm N c' est l' esprit/ arm de science/ capable d' in,ention/ stimul au9ourd' hui par la conscience plus nette de tout ce !ui se rec.le d' nergies autour de nous$ ans le monde des mers/ comme dans celui de l' air/ les con!u7tes de l' esprit et les applications prati!ues aux!uelles elles ont donn lieu sont les plus hauts signes de la grandeur de l' homme$ C' est par elles !u' il de,ient ,raiment cito3en du monde$ Ct les changements oprs par la science sont les plus rapides N l' utopie d' hier est la ralit de demain$ F(?H6CN'- pROO i. (ormation de races : de ce !ue les traces primiti,es de l' homme se rencontrent dans pres!ue toutes les parties de la terre/ nous de,ons conclure 2 son ubi!uit mais non 2 son uni,ersalit$ Le peuplement ne pou,ait !u' 7tre intermittent/ puis!u' il tait nomadi!ue 1 et il 0aut aussi se le reprsenter comme sporadi!ue/ c' estD2Ddire a,ec des lacunes/ des inter,alles habituellement ,ides$ Les rgions arcti!ues ou les marches 0ronti.res du dsert nous o00rent une image 0id.le de cet tat$ ans ces rgions de chasse et de p7che/ c' est par petites auroles parses !ue se mani0este la prsence de l' homme$ Il 3 a des terrains de chasse plus 0a,orables sui,ant les saisons 1 il 3 a des sites pri,ilgis de p7cherie N ce sont ces lieux !ue l' homme apprit sans doute bientFt 2 connaLtre/ !u' il prit l' habitude de 0r!uenter plus assid:ment/ o5 il commena peutD7tre 2 impro,iser !uel!ues grossiers abris/ 2 tracer !uel!ues signes de reconnaissance ou de ralliement/ premi.res bauches des tablissements !ue ses arri.reDdescendants de,aient 3 implanter dans la suite$ PeutD7tre pritDil l' habitude de signaler par !uel!ues points de rep.re les directions les plus commodes pour s' 3 rendre au moment ,oulu$ 6ais/ entre ces linaments rudimentaires de rendeGD,ous priodi!ues/ ces sillages 2 peine plus durables !ue celui d' un na,ire/ il 0aut se reprsenter de grands espaces habituellement ,ides/ de larges Gones d' isolement$ L' isolement est la condition ncessaire de ce !ue nous appelons des races$ -' il ne cre pas la di00renciation/ on peut a00irmer du moins !u' il contribue 2 la maintenir$ C' est seulement a,ec son concours !ue des caract.res ph3si!ues spcialiss ont pu se constituer/ se transmettre et durer 2 tra,ers les mlanges ultrieurs$ )r l' humanit primiti,e/ autant !ue nous pou,ons l' entre,oir/ apparaLt sous 0orme de races distinctes pour,ues de caract.res permanents et durables/ homog.nes sur de grandes tendues$ pROM Nous entendons par races des di,isions 0ondes sur des caract.res somati!ues/ a00ectant soit la morphologie/ soit la ph3siologie du corps humain$ ?u9ourd' hui les races ph3si!ues se mani0estent rarement dans leur intgrit 1 gographi!uement/ on ne saisit plus gu.re !ue des groupes pro0ondment mlangs$ Il est certain cependant !ue la couleur de la peau/ l' indice cphali!ue/ l' indice nasal/ orbitoDnasal/ la 0orme des che,eux/ la taille/ 0ournissent des tmoignages persistants de caract.res ph3si!ues !ui se sont di00rencis/ 0ixs et transmis d' @ge en @ge/ persistant 2 l' tat plus ou moins pur 2 tra,ers tous les mlanges$ ?ucune exprience n' autorise 2 penser !ue le n.gre/ le 9aune/ le blanc puissent/ m7me 2 la longue/ perdre/ en ,i,ant dans un autre milieu !ue leur habitat d' origine/ leurs caract.res t3pi!ues$ La 0ormation de ces races doit 7tre considre comme remontant aux priodes les plus recules de l' histoire de l' humanit et a d: 7tre dtermine par des conditions dont nous pou,ons di00icilement nous 0aire ide$ Le peuplement humain n' a pas procd 2 la 0aon d' une nappe d' huile en,ahissant rguli.rement le domaine terrestre$ -' il est parti d' un centre/ d' ailleurs impossible 2 dterminer actuellement/ il n' a pas ra3onn galement ,ers la priphrie$ ans l' impossibilit o5 nous sommes de retracer les phases de cette ,olution/ nous ne pou,ons !ue constater une chose/ c' est !ue/ actuellement/ la population humaine est distribue par groupes N entre un petit nombre de 0o3ers d' accumulation/ il 3 a des ,ides ou du moins des contres beaucoup moins peuples$ Les causes !ui ont prsid 2 la 0ormation de ces groupes ont 0a,oris la cration d' indi,idualits$ Kuel!uesDunes sont demeures 0aibles/ d' autres ont grandi au point d' embrasser de grandes collecti,its$ Il est impossible de conce,oir/ sans l' action mille 0ois sculaire de causes sparatrices/ les di,isions !ue prsente encore l' humanit actuelle$ Les conditions naturelles !ui ont suspendu ou g7n l' expansion des groupes humains subsistent encore et agissent dans une certaine mesure N les mers d' abord 1 sur la sur0ace des terres N les marais/ les 0or7ts/ les montagnes$ Cn outre/ il 3 a des contres mieux doues !ue d' autres pour 0ournir aux besoins de l' homme une satis0action aise et abondante 1 la distribution des plantes et des animaux utiles a d: exercer une in0luence dcisi,e sur la 0ormation des groupes humains$ 'outes ces conditions ont certainement ,ari depuis le moment o5 se sont 0ormes les races actuelles$ Comment expli!uer autrement les contradictions et les obscurits de leur rpartition gographi!ue E L' une de celles !ui/ au sud de l' ?sie a t l' ob9et d' obser,ations/ est celle des ngritos$ Nettement di00rents par leurs caract.res pROP anthropologi!ues/ par leur petite taille/ leurs che,eux cr7pus/ leur indice cphali!ue brach3cphale/ des races !ui les entourent/ ils ont t reconnus par groupes sporadi!ues/ spars par de grandes distances ocani!ues/ dans les Philippines/ la pninsule malaise/ les ?ndaman/ sans !u' on soit encore en tat de dterminer leurs limites 2 l' ouest et au nord$ (ien dans cette race n' est propre 2 0aire souponner !uel!ue trace des aptitudes nauti!ues ncessaires pour expli!uer cette rpartition$ Kuelle combinaison d' ,nements serait capable d' expli!uer l' existence insulaire dans un ra3on de plus de +$ +>> Jilom.tres de groupes passi0s trangers 2 toute ,ie maritime 1 ne connaissant d' autre outillage !ue l' arc de 0orme particuli.re dont ils se ser,ent pour la chasse E Les recherches comparati,es accomplies sur les races du sudDouest de l' Curope et du nord de l' ?0ri!ue semblent tmoigner aussi en 0a,eur de changements des conditions gographi!ues$ e bons obser,ateurs distinguent parmi les berb.res un certain nombre de t3pes reprsentant des races di00rentes/ et/ parmi eux/ il s' en trou,e/ tel !ue le t3pe brun dolichocphale leptorrhinien/ !ui ressemblent aux italiens du sud/ aux siciliens et aux corses 1 d' autres (brach3cphales) !ui rappellent de pr.s certains habitants de notre 6assi0 Central$ C' est peutD7tre dans les montagnes du centre de la 'unisie !ue se retrou,ent les reprsentants actuels les plus authenti!ues de la race dolicocphale 2 0ace large !ue nous ont 0ait connaLtre les 0ouilles des grottes de la %G.re$ )n peut allguer/ !ui plus est/ !ue les relations de contiguit continentale ont d: persister asseG longtemps pour accompagner certains d,eloppements de ci,ilisation$ La preu,e en serait dans les ressemblances !u' o00rent en Curope et dans l' ?0ri!ue du nord les produits de l' industrie palolithi!ue$ ?insi l' h3poth.se de changements considrables dans la con0iguration des continents semble indispensable pour expli!uer la 0ormation des races n.gres$ *n tat sans doute moins ancien/ mais asseG loign nanmoins de l' tat actuel/ semble a,oir prsid 2 la 0ormation des races dont nous constatons au9ourd' hui l' analogie dans le sud de l' Curope et le nord de l' ?0ri!ue$ )n pourrait a9outer !ue/ parmi les h3poth.ses sur la 0ormation de la race dolichocphale blonde/ dite nordi!ue/ la plus naturelle semble celle !ui rattache son origine aux rgions laisses libres dans le nord de l' Curope par le recul des glaciers !uaternaires$ *ne preu,e de cette origine relati,ement rcente peut pRM> 7tre tire du caract.re de puret !u' elle conser,e encore dans certaines parties de la -candina,ie/ comme aussi de la 0orce d' expansion dont elle a 0ait preu,e dans tous les temps histori!ues$ *ne explosion de proli0icit dans des conditions d' isolement doit 7tre en,isage comme l' origine de races nou,elles$ Ces circonstances peu,entDelles 7tre encore ralises E )n pourrait citer comme exemple les allemands dans les campagnes intrieures du sud du &rsil/ passs de R>$ >>> 2 R>>$ >>> en deux gnrations 1 les boers dans l' ?0ri!ue du sud$ 6ais il ne semble pas !ue l' isolement ait t asseG prolong dans ces cas pour raliser !uel!ue chose de comparable 2 ce !ui a d: se produire maintes 0ois 9adis$ )n a cru remar!uer le changement !ue !uel!ues gnrations auraient russi 2 accomplir sous l' in0luence du climat des tatsD*nis du nordDest dans le temprament de l' angloDsaxon de,enu le 3anJee$ -i rels !ue soient de pareils changements/ ils sont contenus en d' troites limites/ ils ne sont pas capables d' a00ecter les caract.res primordiaux des races$ La rsistance des t3pes est un des 0aits !ue les progr.s des tudes anthropologi!ues ont mis en lumi.re$ Il 3 a des caract.res constants 2 cFt d' autres !ui peu,ent ,arier$ -i nous ne sommes pas en mesure de dire sur !uoi se 0onde cette distinction/ sa ralit ne peut 0aire l' ombre d' un doute$ Les modi0ications !u' on obser,e dans les races sont dues aux mlanges !ui s' op.rent entre elles plutFt !u' aux conditions immdiates de climat et de sol in0luant sur l' organisme$ Nous ,o3ons lapons et scandina,es/ sla,es et samo3.des/ malais et mlansiens/ aInos et 9aponais coexister aux m7mes latitudes/ et d' autre part les rgions !uatoriales 0ournir domicile 2 des races aussi di00rentes !ue les n.gres d' ?0ri!ue et !ue les indiens de l' ?mri!ue du sud$ Le probl.me de la 0ormation et de la consolidation de !uel!ues t3pes gnraux dans les!uels s' absorbe et se rsume une grande !uantit de sousDraces ne reoit donc !ue bien peu d' claircissement/ pour ne pas dire aucun/ de l' examen des conditions prsentes$ La distinction des races remonte en ralit 2 une po!ue o5 le mode de peuplement di00rait pro0ondment de celui d' au9ourd' hui$ Il 0aut le regarder comme un legs du pass$ Il n' en existe pas moins des adaptations/ rendant/ pour des raisons encore obscures/ certaines races inaptes 2 sortir de certains milieux et donnant aux races enracines dans un milieu dtermin la possibilit pRM; d' assimiler ou d' liminer les lments trangers !ui 3 sont introduits$ e ce dernier cas/ un exemple 0rappant est 0ourni par ce !ui est arri, sur les plateaux tropicaux d' ?mri!ue$ Il est certain !ue le t3pe caractristi!ue du 3anJee/ au long et maigre cou/ 2 la che,elure plate et lisse/ o00re des traits trangers 2 la mtropole/ peutD7tre en rapport a,ec des di00rences d' tat h3dromtri!ue$ )n ne ,oit pas cependant !ue nos races 0ranaises de l' ouest transplantes au Canada aient subi les m7mes trans0ormations$ Clles sont/ apr.s deux cents ans/ restes 0id.les 2 ellesDm7mes$ Plus incontestables sont les e00ets de l' altitude$ ?uDdessus de R$ >>> m.tres/ ,i,ent en ?b3ssinie et surtout en ?mri!ue un certain nombre de populations plus ci,ilises !ue leur entourage des terres chaudes et basses$ La salubrit de ces hauteurs 3 est 0a,orable 2 l' homme 1 les chirurgiens de l' expdition anglaise d' ?b3ssinie ont constat la cicatrisation rapide des blessures$ 6ais la diminution de la tension atmosphri!ue nuit 2 la combinaison de l' ox3g.ne de l' air a,ec les globules du sang/ d' o5 l' impossibilit d' e00orts musculaires ou crbraux prolongs$ )n a sou,ent not cheG les aGt.!ues l' absence de gaLt et de mou,ement/ m7me cheG les en0ants/ l' apathie et l' atonie des ph3sionomies$ Certaines races se distinguent d' autres toutes ,oisines par une 0orce de rsistance 2 certaines maladies/ de ,ritables immunits pathologi!ues$ Par l' e00et de ces dispositions/ il arri,e !ue le classement des races se prsente sous l' aspect d' une opposition tranche/ d' une incompatibilit entre rgions contiguSs$ La malaria carte le chinois et l' annamite des montagnes o5 ,i,ent les lolos/ moIs et autres peuples montagnards$ Le tera% est une sparation tranche entre l' hindou ar3anis de la plaine et les peuples mongoloIdes des pentes h3mala3ennes$ Les terres chaudes &germsir' du gol0e Persi!ue n' abritent !ue des n.gres et des mtis 2 l' exclusion des perses$ Le ho,a de 6adagascar laisse aux saJala,es le s9our des plaines/ comme le chibcha ou le !uitchua des plateaux andins a tou9ours ,it l' humidit 0oresti.re de la montana * et comme l' ab3ssin ,ite les terres tour 2 tour marcageuses et cre,asses !ui bordent sa citadelle naturelle$ *ne adaptation rigoureusement exclusi,e continue 2 maintenir ces barri.res/ mais ces 0aits correspondent 2 un tat encore peu a,anc des relations gnrales$ Les conditions normales dont on pourrait citer des exemples nombreux/ sont celles de t3pes humains ,i,ant cFte 2 cFte/ s' accommodant des m7mes milieux N bdouins et 0ellahs/ nomades et Jsouriens/ scandina,es et lapons/ iraniens et JirghiG/ 0oulb et mandingues/ bantous et ngrilles$ pRMR Il 0aut obser,er toute0ois !ue/ lors!u' on ,oit des groupes ,oisins rester 2 ce point distincts/ c' est !ue le lien social est rest l@che et !u' il ne s' est point d,elopp encore une 0orce de ci,ilisation capable de runir et de 0ondre les contrastes$ ans ces conditions/ les particularits de temprament sur les!uelles se gre00ent les habitudes prennent le dessus$ Il peut arri,er m7me !ue des causes arti0icielles de sparation telles !ue l' islam en a cres par rapport au christianisme tendent 2 perptuer les di,isions$ 2 tout prendre cependant elles sont l' indice d' un tat social relati,ement peu a,anc/ dans le!uel le localisme n' est pas encore aux prises a,ec les 0orces conomi!ues gnrales !ui entraLnent sans cesse un nombre croissant de contres dans leur orbite$ Les contrastes ramasss sur un troit espace/ capables d' engendrer des incompatibilits d' habitats entre races ,oisines sont en somme des exceptions$ Ne ,o3onsDnous pas/ par teintes graduelles/ par additions de touches successi,es/ les Gones de climat passer de l' un 2 l' autre E -teppes/ sa,anes/ 0or7tsDclairi.res/ mar!uent la transition entre la sil,e et le dsert$ Le domaine de l' oli,ier et celui des arbres 2 0euilles cadu!ues s' enche,7trent 1 entre celuiDci et les 0or7ts de coni0.res du nord/ l' apparition de sols 0a,orables mnage la transition$ Cette gamme se retrou,e dans les races humaines$ Cntre les races 2 caract.res asseG tranchs pour !u' elles conser,ent leur domaine pres!ue exclusi0 comme le n.gre et l' homo caucasicus, les intermdiaires abondent 1 et ce n' est pas seulement entre 9aunes et blancs !u' on peut noter/ a,ec le dr Bam3/ 4 l' extr7me di00icult d' une dlimitation scienti0i!ue 4 $ L' ?0ri!ue du nord est le champ o5 ne cessent de se croiser smites/ berb.res et n.gres soudaniens$ Comme dans les anciennes peintures des temps pharaoni!ues/ le clair/ le basan/ le rouge@tre/ 9us!u' au noir ,oisinent dans l' inter,alle !ui spare la 6diterrane du -oudan$ )n passe/ pres!ue insensiblement/ des t3pes g3ptiens 2 ceux de Nubie 1 et ceuxDci 0orment le pont ,ers les bed9as de l' ?0ri!ue orientale ou ,ers les n.gres du BautDNil$ L' escla,age/ la guerre/ l' islam ont donn lieu 2 des mtissages dont Nachtigal note les degrs entre arabes et gens du &ornou$ Le sang n.gre coule dans les ,eines des d3nastes marocains$ Les touareg n' ont pas enti.rement rsist 2 son in0iltration$ Cntre le -ngal et le 6aroc/ les peuples !u' on appelle maures/ berb.res croiss de sang n.gre/ o00rent une singuli.re ressemblance a,ec les thiopiens orientaux 1 si bien !u' il semble 4 !u' aux deux extrmits de l' ?0ri!ue/ les m7mes causes ont produit les m7mes e00ets et !ue/ du mlange des deux races chamiti!ues/ nubiens ou g3ptiens/ berb.res proprement dits/ a,ec une certaine proportion de sang n.gre/ sont rsults des groupes mixtes tr.s analogues/ dont nous pRM+ trou,ons l' expression la plus compl.te en ?b3ssinie d' une part/ dans le nord du -ngal de l' autre 4 $ Kuel!ue chose de semblable se prsente dans ce groupe de => millions de dra,idiens !ui/ dans l' Inde/ s' interpose entre les races n.gres !ui semblent a,oir t au sud les premiers occupants/ et les blancs ultrieurement ,enus par le nordDouest$ Leur t3pe/ sui,ant de bons obser,ateurs/ 4 par certains caract.res rappelle le n.gre et par d' autres le blanc 4 $ )n note 4 une gradation rguli.re entre dra,idiens ci,iliss de la plaine et sau,ages ngroIdes de la montagne 4 $ Kuelle !ue soit la part du mlange/ il 3 a l2 une ,ritable race reconnaissable 2 !uel!ues traits essentiels 4 remar!uablement uni0ormes et distincts 4 $ Cette race est cheG elle dans l' Inde 1 elle s' 3 est 0orme et cimente/ et/ mieux assouplie !u' aucune autre aux conditions du climat/ c' est elle !ui 0ournit les migrants 2 la &irmanie/ les tra,ailleurs des plantations de th de l' ?ssam$ Cntre les races mongoles et le groupe puissant des mlansiens/ si mlang luiDm7me/ une race/ grande par sa di00usion/ multiple par ses ,arits/ s' interpose galement/ celle des malais$ e -umatra aux Philippines/ sans parler de ses colonies lointaines/ c' est par excellence celle des archipels et des cFtes/ adonne surtout 2 la p7che/ 2 la piraterie et au commerce maritime$ *n t3pe malais/ reconnaissable et distinct/ s' est constitu 2 l' aide d' lments di,ers !u' il absorbe 1 on ,oit en gnral/ sous l' in0luence du ,oisinage mlansien/ la peau se 0oncer da,antage de l' ouest ,ers l' est$ *ne autre transition s' obser,e du sud au nord N aux Philippines et d92 m7me 2 Cl.bes/ on remar!ue des indi,idus !u' on pourrait prendre pour des 9aponais$ conclusion. Dles origines des principales di,ersits de races nous chappent 1 elles se perdent dans un pass trop lointain$ 6ais/ malgr la rser,e !ue l' imper0ection des obser,ations nous impose/ bien des 0aits nous a,ertissent !ue la mati.re humaine conser,e sa plasticit et !ue/ incessamment ptrie par les in0luences du milieu/ elle est capable de se pr7ter 2 des combinaisons et 2 des 0ormes nou,elles$ Le tra,ail de 0ormation des races est tou9ours 2 l' oeu,re$ La s.,e des combinaisons ethni!ues n' est pas tarie$ ans le creuset de la nature/ des 0orces multiples tra,aillent 1 et/ de ces nergies/ nul ne reoit plus ,i,ement pRM8 le contreDcoup !ue l' 7tre intelligent !ui sait les emplo3er 2 ses 0ins/ en utiliser les suggestions/ 3 modeler ses habitudes et ses genres de ,ie$ Ce n' est pas seulement par ses intempries/ mais par sa tonalit gnrale !u' agit le climat 1 et le climat n' est pas le seul 0acteur N le sol/ le relie0/ les 0ormes !ui engendrent les sur0aces et les contacts de terres et d' eau/ ,oil2 l' ensemble !ui agit sur les hommes$ Les peuples s' adaptent/ ou pour mieux dire s' assouplissent 2 leurs habitats successi0s$ -ur ces mlanges !ui 0orment trait d' union entre des races loignes et di,erses/ l' in0luence du milieu garde le dernier mot$ 2 la suite des slections !u' elle op.re/ un rsidu subsiste/ !ui se montre capable de rsistance et de dure$ L' ?sie centrale/ autant !u' elle se r,.le aux recherches/ est/ a,ec ses uGbeJs/ ses tadgiJs/ ses dunganes/ un champ de mlange entre races$ L' extr7me nord du ,ieux continent/ comme le constate NordensJiold/ a subi le contreDcoup de ces mlanges$ Cn Curope comme en ?sie/ la Gone entrecoupe de clairi.res et de 0or7ts/ !ui s' tend entre => et == degrs de latitude ,oit se succder mongols/ turcs/ 0innois et sla,es$ Les mongols buriates/ les mor,es et tchrmisses 0innois de la BauteD%olga subissent une russi0ication continue$ Ce phnom.ne n' est pas di00rent de celui !ue l' histoire nous 0ait pressentir ,ers l' ouest au contact des germains et des sla,es$ 'outes ces trans0ormations ethni!ues se poursui,ent le long d' une Gone o00rant les m7mes conditions 2 la ,ie agricole$ Kuand/ par 0a,eur rare/ les lueurs de l' histoire permettent de plonger un peu plus loin dans le pass/ comme dans le monde mditerranen/ !ue discernonsDnous E Les tmoignages d' arri,es successi,es du centre ou du nord de l' Curope$ -ous les noms de g.tes/ thraces/ bith3niens/ etc$/ des peuples descendent ainsi des carpathes au &osphore et de l2 en ?sie 6ineure$ Le xie si.cle a,ant notre .re ,it l' branlement rpercut du nord au sud/ d' un bout 2 l' autre de la Hr.ce/ par les in,asions doriennes 1 4 en Italie/ nous dit Pline l' ancien/ les trus!ues pouss.rent les ombriens/ a,ant d' 7tre euxDm7mes pousss par les gaulois 4 $ CeuxDci apparaissent au iiie si.cle sur les bords du gol0e du Lion/ puis en Cspagne$ e tout cela/ la nature/ par ,oie combine d' liminations et d' adaptations/ a 0ait un ensemble !ui subsiste/ incorpor au milieu$ Les nou,eaux arri,ants ont plus ou moins pa3 leur tribut aux ts d,orants/ aux longues scheresses/ aux exhalaisons malsaines et aux 0ermentations putrides 1 mais il s' est 0orm de ces lments di00rents et successi0s un compos ethni!ue/ !ui/ sans a,oir le caract.re de races homog.nes/ prsente des traits communs$ pRM= ii. ,a di!!usion des inventions. &instruments et animaux domestiques' : il 3 a dans l' ensemble des Gones tempres une rgion !ui se distingue comme particuli.rement propre 2 la di00usion des in,entions/ c' est la grande rgion continentale !ui s' tend 2 tra,ers l' ancien monde dans l' hmisph.re nord$ Les outils ou instruments et tout ce !ui constitue les mani0estations extrieures d' une ci,ilisation 3 sont en usage sur de grandes sur0aces 1 la domestication des animaux s' tend parall.lement 2 l' usage des outils 1 les modes prsentent les m7mes analogies$ )n est en prsence de 0aits de grande en,ergure/ embrassant des aires considrables/ et cela bien a,ant les mo3ens de communications des temps modernes$ Ils sont en tat pour ainsi dire de ,entilation perptuelle$ C' est entre R= et <> degrs de latitude nord !ue cette rgion peut 7tre circonscrite$ La plupart des in,entions sur les!uelles a ,cu une grande partie de l' humanit s' 3 ralisent$ la charrue. Dprenons pour exemple un instrument dont l' aire de di00usion s' tend 2 tra,ers l' ancien monde depuis la 6auritanie 9us!u' en Chine/ la charrue$ ?u sud de l' ?Ir/ dans le -oudan/ elle 0ait place 2 la culture 2 la houe/ l' outil des populations agricoles du centre a0ricain$ Cette limite exprime un rapport naturel N tandis !ue le domaine de la culture 2 la b7che est celui des rgions o5 peu d' espace su00it pour 0ournir beaucoup de nourriture/ o5 les arbres/ les racines sont les principaux produits/ la charrue n' a pu prendre naissance !ue dans les rgions o5 l' herbe l' emporte sur l' arbre/ o5 il existe des espaces dcou,erts asseG tendus dans leur continuit pour permettre de multiplier les graines$ pRM< Par !uelles sries de suggestions/ d' e00orts et de per0ectionnements le b@ton pointu !ui sert 2 en0oncer la semence dans le sol s' estDil trans0orm en la branche noueuse arme d' un soc !ui 0ut la charrue/ nous l' ignorerons tou9ours/ de m7me !ue nous ne pou,ons 0ixer le moment o5 le 9oug a t adapt 2 cet instrument et des animaux attels 2 ce 9oug$ Nous ,o3ons le boeu0 usit comme animal de trait en Chalde et nous sa,ons !uels rites traditionnels se rapportent en Chine au labour$ 6aintenant encore/ dans les spcimens les plus simples/ comme la charrue berb.re/ les lments essentiels sont combins N le soc et le coutre de 0er s' adaptent 2 la 0l.che et 2 un double emmanchement/ dont l' un sert 2 l' homme pour diriger l' instrument et l' autre sert de timon pour l' attelage$ Ce t3pe est all de bonne heure se compli!uant sui,ant les contres 1 et/ sans !u' il soit ncessaire d' ,o!uer nos charrues per0ectionnes et tracteurs mcani!ues/ d92/ au ier si.cle de notre .re/ %arron/ Pline et les agronomes latins dcri,aient a,ec surprise/ dans les plaines du nord de la Haule/ la charrue 2 roues$ la roue. Dl' in,ention de la roue ne 0ut pas moins dcisi,e$ Nous ignorons comment et 2 !uelle po!ue l' ide de traLner un 0ardeau support par des rouleaux c3lindri!ues a pris naissance 1 mais cette 0orme ingnieuse/ !uoi!ue tr.s primiti,e/ de traLnage/ coexiste/ d' apr.s les monuments ass3riens/ a,ec la roue/ le char de guerre/ l' attelage du che,al$ Il a donc 0allu !ue cette donne primiti,e 0it place 2 l' ide de la roue/ soit pleine comme on la ,oit encore en &osnie et au pa3s &as!ue/ soit ,ide comme d92 la montrent les reprsentations anti!ues$ Cntre les roues disposes s3mtri!uement/ s' interpose un essieu soutenant la caisse !ui reprsente le char$ 6ais/ 2 partir du moment o5 ce t3pe essentiel est cr/ !ue de modi0ications et d' adaptations di,erses ,iennent s' 3 gre00er A $$$ ,oil2 des exemples doublement signi0icati0s$ ' abord ils ont une ,aleur de localisation$ Puis ils nous montrent des in,entions !ui/ de !uel!ue point initial/ se sont rpandues/ communi!ues/ per0ectionnes$ (ien de pareil ne nous a 0rapp dans les ci,ilisations closes 2 l' ombre des sil,es tropicales$ Nous discernons ainsi !ue/ sur des espaces tendus/ l' esprit in,enti0 a tra,aill sur un th.me commun 1 !ue/ sans s' en carter/ il a russi 2 l' adapter aux conditions di,erses de relie0 et de sol$ Ct par l2 se glisse encore un lment gographi!ue$ Ce !ue l' on peut saisir 2 tra,ers ces in,entions/ 2 d0aut de dates et de noms !ui ne sont !ue lgendes/ ce sont les conditions naturelles !ui ont pli/ dans un sens ou un autre/ des in,entions/ legs de temps pRMO immmorial mais rest ,i,ant et per0ectible$ Ce !ui apparaLt distinctement/ c' est une suite d' applications di,erses portant sur un t3pe dtermin/ une acti,it coordonne de progr.s !ui ne paraLt gu.re dans le matriel plus uni0orme et plus 0ig de la plupart des socits tropicales$ les transports par animaux de trait. Dle moment o5 le transport par animaux se substitue au transport par hommes/ est dcisi0 dans l' ,olution des socits$ La charrue/ le chariot supposent l' emploi de la 0orce animale$ Il n' 3 a aucune raison de croire/ Dtout au contraire/ D!ue l' appropriation de certains animaux 2 nos besoins de culture et de transport ait t l' oeu,re d' une seule et m7me contre particuli.re$ 'out indi!ue !ue la domestication de ces animaux herbi,ores dociles et sociables sur les!uels est 0onde l' conomie rurale ou pastorale/ s' est opre en des points asseG di00rents$ )n de,ine toute0ois !ue certaines contres ont t particuli.rement propices$ )5 pou,ait mieux se nouer cette 0amiliarit/ aide de curiosit rcipro!ue/ !ui a rapproch de l' homme les hordes dans les!uelles il a choisi ses auxiliaires/ !u' au seuil m7me des steppes/ l2 o5/ par les cultures d' irrigation/ l' homme a,ait russi 2 concentrer des ressources/ 2 crer autour de lui l' abondance E L' g3pte/ la Chalde/ les 9ardins ou paradis de l' ?sie occidentale 9ou.rent pour les animaux le m7me rFle !ue pour les plantes$ L' homme sut 3 composer un monde ,i,ant 2 son usage$ L' acclimatation de plantes utiles 3 0ut s3stmati!uement poursui,ie depuis une haute anti!uit N 4 9' ai 0ait/ dit l' ecclsiaste/ des 9ardins et des clos o5 9' ai mis toutes sortes d' arbres$ 4 l2 0urent/ pour cette raison/ les rendeGD,ous d' animaux di,ers/ les points d' attraction !ui group.rent animaux et plantes$ Nos regards sont ainsi ramens sur ces parties de la terre/ 0ertiles/ mais encadres de scheresses/ !ui eurent le pri,il.ge/ ainsi !ue nous a,ons dit/ de raliser pour la premi.re 0ois le phnom.ne de densit du peuplement humain$ Ce n' est gu.re ailleurs !ue put se combiner ce 0cond mnage/ dont l' absence/ en certaines parties de la terre/ a pes lourdement sur la ci,ilisation$ Cette rgion comprend tout l' espace !ui s' tend entre le -oudan et l' ?sie centrale/ de la Nubie 2 la 6ongolie/ de l' Iran et de l' Inde septentrionale 2 l' ?sie 6ineure$ ?insi les anti!ues socits !ui 0leurissent en g3pte et dans l' ?sie occidentale durent 2 leur situation le grand a,antage de pou,oir concentrer 2 leur pro0it les produits de deux 0aunes di00rentes$ u nord leur ,inrent le che,al et le chameau 1 l' @ne au contraire se rpandit par le sud$ pRMM iii. >enres de vie et domaines de civilisation : il se 0orme/ 2 la longue/ des domaines de ci,ilisation absorbant les milieux locaux/ des milieux de ci,ilisation imposant une tenue gnrale !ui s' imprime dans beaucoup d' usages de la ,ie$ L' islam/ l' hindouIsme/ la Chine reprsentent des t3pes de ci,ilisation suprieure dont l' imitation s' tend bien au del2 des limites des rgions naturelles$ L' europen 9oue le m7me rFle/ le ankee tend 2 le prendre en ?mri!ue$ Comme l' extrieur est tou9ours ce !ui est le plus 0acile 2 saisir/ ce n' est !u' en emprunts super0iciels !ue consistent ces imitations$ Les che0s des peuplades gonds/ bhils et autres sau,ages de l' Inde centrale/ adoptent/ pour s' imposer 2 leurs congn.res/ le costume et l' extrieur des rad9poutes 1 au -oudan/ 2 cFt de peuplades bien sommairement ,7tues/ des personnages draps dans de longues bandes de coton cousues ensemble/ chausss de babouches en cuir 9aune ou rouge/ se distinguent comme a00ilis 2 l' islam/ comme participant 2 des a,antages d' une ci,ilisation suprieure$ L' app@t de 9ouissances nou,elles/ l' illusion de se renou,eler soiDm7me en participant/ ne 0:tDce !ue par des signes extrieurs/ 2 un tat social plus le,/ exerce sur les groupes/ comme sur les indi,idus un in0aillible e00et d' attraction$ C' est un phnom.ne semblable 2 celui !ui entraLne l' exode ,ers les ,illes$ Il 3 a sou,ent maladresse et gaucherie dans ces e00orts pour s' assimiler 2 des ,oisins plus ci,iliss/ pour s' approprier le 0ruit d' oeu,res d' autrui cres en dehors de sa sph.re propre$ N' importe N une 0orme de ci,ilisation capable de ra3onner autour d' elle de,ient une source de 0orces !ui agissent par ellesDm7mes/ indpendamment des conditions immdiates de milieu$ 6ais pour cela une condition essentielle est la connaissance rcipro!ue !u' engendre la 0acilit des rapports/ la 0r!uence des communications/ l' absence d' isolement$ C' est parce !ue/ comme on l' a ,u/ ces rapports pRMP taient mieux prpars dans la Gone !ui tra,erse l' ancien monde en diagonale au nord du tropi!ue/ !ue nous 3 rencontrons des 0ormes prcoces de ci,ilisation tailles 2 plus grands traits !u' ailleurs 1 domaines 2 souhait pour les grands empires/ les grandes religions !ui s' 3 succ.dent$ *n long tra,ail de s3ncrtisme a abouti 2 composer ces rassemblements sociaux !ue rsument les mots d' islam/ Curope chrtienne/ hindouIsme/ Chine/ centres d' in0luences dans les!uels beaucoup de centres moindres coexistent/ mais !ui gardent leur ph3sionomie d' ensemble$ Le chinois/ en dpit des di00rences pro,inciales/ reste identi!ue 2 luiDm7me sur les con0ins de la -ibrie et 2 -ingapour$ L' outillage/ les mo3ens de nourriture/ les rem.des et l' art de gurir/ les 0ormes de luxe/ en sont le s3mbole matriel$ La Chine se compose essentiellement de deux contres di00rentes/ le nord et le sud/ +atha et Aan7i. c' est dans la Chine centrale !ue s' est nourrie cette ci,ilisation$ Cependant/ il 3 a pour le chinois une mani.re 2 peu pr.s commune de se nourrir/ se loger/ se ,7tir/ de soigner ses maladies$ -es procds de culture ne ,arient pas sur de grands espaces/ tandis !u' il reste r0ractaire 2 ceux de ses ,oisins/ mongols ou autres$ Le chan,re 9adis/ la soie pour les classes riches/ le coton 0orment la trame de ses ,7tements 1 la laine/ !ue pourtant rclamerait le climat du nord de la Chine/ n' 3 0igure pas$ Comme dans les socits tr.s hirarchises et en partie archaI!ues/ le costume se compli!ue et s' embellit dans les classes riches$ ?u lieu de la 9a!uette courte a,ec pantalon et sandales !ui su00it aux proltaires/ le bourgeois cossu/ le mandarin s' en,eloppent d' une sorte de robe de chambre tombant tr.s bas/ dont la prestance est rehausse par des broderies/ des passementeries/ des insignes en 9ade ou en cristal N en cela consiste le signe extrieur/ signe en,i de la supriorit sociale$ 2 cFt de la prati!ue traditionnelle de cultures dlicates comme celle du th/ minutieuses comme celle du riG/ des manipulations compli!ues comme celles de la soie/ il 3 a des industries tr.s anciennes et ra00ines comme celle des porcelaines/ des la!ues/ du 9ade/ de la nphrite/ du bronGe/ !ui 0aisaient l' ob9et d' un commerce tendu il 3 a deux mille ans$ Le th/ transport sous 0orme de bri!ues/ est de,enu indispensable aux peuples de la haute ?sie$ La porcelaine 0igure parmi les plus anciens ob9ets de tra0ic des mers de Chine et de l' ocan Indien 1 des spcimens de l' ancien cladon chinois ne sont pas rares aux Philippines$ Ce sont les mar!ues par les!uelles s' a00irme le prestige d' une ci,ilisation et l' attraction !u' elle exerce autour d' elle$ L' islam/ dans le domaine !u' il s' arrogea aux dpens des ci,ilisations pRP> des bords de la 6diterrane et de l' ?sie occidentale/ recueillit l' hritage d' industries/ de ra00inements de culture/ miettes tombes de la table du monde anti!ue$ Les prati!ues d' irrigation a,aient 0leuri en Chalde et en g3pte 1 l' art des bri!ues mailles a,ait cr des mer,eilles en Perse 1 la coupole b3Gantine a,ait 0ond ses assises 1 des industries d' art a,aient pouss des racines$ ans la partie occidentale de son domaine/ l' anti!ue renomme des maroquins, des cuirs de Cordoue/ tait peutD7tre en rapport a,ec la tr.s anti!ue domestication de la ch.,re cheG les peuples ibri!ues$ epuis longtemps on sa,ait/ dans ces contres/ tra,ailler les peaux/ les tanner/ les assouplir et les teindre au mo3en de substances ,gtales di,erses/ dont les baGars d' ?0ri!ue ou d' )rient continuent 2 o00rir des chantillons$ Le baGar/ le cara,ansrail sont/ pres!ue autant !ue la mos!ue et le minaret d' o5 des milliers de ,oix/ depuis le 6aghreb 9us!u' au 'urJestan/ appellent les cro3ants 2 la pri.re/ les organes de cette 0orme de ci,ilisation/ une des plus prenantes !ui existent$ Clle s' appuie sur des centres religieux N La 6ec!ue/ 6dine/ 6esched/ -amarJand/ FeG/ Le Caire/ Verbla/ o5 le sentiment de la communaut se retrempe$ ?ux approches de &oJhara/ un de ces centres urbains dont la renomme lointaine attire p.lerins ou marchands/ de longues 0iles d' auberges/ restaurants/ annoncent et prc.dent la ,ille$ )n a sou,ent dit a,ec !uelle rapidit les nou,elles/ les bruits ,rais ou 0aux circulent d' un bout 2 l' autre du monde islami!ue$ Il se dgage de tout cela une 0orce d' opinion/ !ui ou,re aux cro3ants non seulement les perspecti,es d' une autre ,ie/ mais !ui/ dans celleDci m7me/ le rel.,e 2 ses propres 3eux/ et en 0ait un 7tre suprieur pour les populations du -oudan et m7me de l' Inde$ %7tement/ construction/ matriel et mobilier/ composent le signalement extrieur de cette ci,ilisation musulmane 1 ils se maintiennent a,ec une singuli.re persistance$ Le bosnia!ue islamis tend 2 se distinguer par son costume 1 et ce 0ut sans doute un contreDsens !ue de substituer au turban et au ca0tan le 0eG et la redingote tri!ue de la r0orme mahmoudienne$$$ pRP; iv. ,a ville : il 3 a des contres d' tablissements sdentaires o5 la ,ille ne s' est pas implante$ Le t3pe de ,illage est de beaucoup dominant dans les grands centres de peuplement rural de l' Inde et de l' Cxtr7meD)rient 1 encore plus dans des contres de moindre ci,ilisation comme le -oudan et l' ?0ri!ue centrale/ car on ne saurait donner le nom de ,ille 2 ces agglomrations 0ortuites !ue la puissance d' un che0 impro,ise et !ui restent ensuite 2 l' tat de termiti.re abandonne$ C' est au contraire le t3pe de ,ille !ui pr,aut absolument dans les rgions de colonisation rcente/ en ?mri!ue et en ?ustralie$ Il se combine/ en Curope/ a,ec le peuplement rural/ !uoi!ue ingalement dans l' est et l' ouest/ dans le nord/ le centre et le midi$ Nous saisissons !u' il 3 a entre ces deux t3pes d' tablissements des di00rences spci0i!ues/ plus !ue de simples di00rences de degr dans la concentration du peuplement$ Ce n' est pas une simple !uestion de nombre ou d' tendue$ La ,ille/ dans le sens plein du mot/ est une organisation sociale de plus grande en,ergure 1 elle rpond 2 un stade de ci,ilisation !ue certaines rgions n' ont pas atteint/ !u' elles n' atteindront peutD7tre 9amais d' ellesDm7mes$ L' origine des ,illes/ si loin !u' il 0aille remonter/ est un 0ait essentiellement histori!ue$ L' aurole m3thi!ue dont s' en,eloppe leur gen.se (rituel/ hros pon3me) n' est !ue l' expression de l' admiration !ue ce phnom.ne a excit parmi les hommes$ Crations du commerce et de la politi!ue/ elles accompagnent les premiers d,eloppements de grandes ci,ilisations N &ab3lone/ 6emphis/ -uGe$ La substitution du rgime urbain 2 un rgime ,illageois et cantonal 0ut/ sur les bords de la 6diterrane/ le che0Dd' oeu,re de la Hr.ce et de (ome$ Les obser,ateurs contemporains de ce phnom.ne/ 'huc3dide/ Pol3be/ -trabon/ ne s' 3 tromp.rent pas$ Ils signalent la ($$$)/ la cit anti!ue comme le s3mbole et l' expression d' une ci,ilisation suprieure$ Cn regard/ et par contraste/ ils nous montrent pRPR des peuples !ui/ de tout temps/ ,i,ent en bourgades ou petits ,illages$ ($$$) 1 et ce signalement se rapporte nettement 2 d' autres ri,erains de la 6diterrane/ !ui/ comme en ?lbanie/ en &erbrie et dans certaines parties de l' Italie mridionale persistent dans cet tat !uasi primiti0$ Ce !ui se passa dans l' anti!uit classi!ue s' est renou,el plusieurs 0ois dans la suite des temps$ La Hermanie/ a remar!u 'acite/ ne connaissait pas la ,ille$ Il 3 a eu 2 plusieurs reprises/ d' abord sous Charlemagne en Hermanie/ plus tard dans les pa3s sla,es/ dans l' Inde au moment des con!u7tes musulmanes/ dans le nou,eau monde 2 l' arri,e des europens/ des priodes de 0ondations de ,illes$ Les lments de la cit existaient/ mais attendaient pour se combiner une impulsion ,enant du dehors 1 il 0allait !u' un sou00le de ,ie plus gnral ait atteint la contre/ pour !ue des habitudes sociales in,tres/ cimentes par l' isolement/ c.dent 2 des habitudes nou,elles$ Kuand on tudie dans le pass la gen.se des ,illes/ on trou,e !ue ce !ui a 0ait clore le germe/ ce !ui en a assur le d,eloppement/ c' est gnralement la prsence d' un obstacle$ ?ux dbouchs des montagnes/ aux passages des 0leu,es/ au seuil des dserts/ au contact des cFtes/ partout o5 il 0aut s' arr7ter/ a,iser 2 de nou,eaux mo3ens de transport/ il 3 a chance pour !u' une ,ille se 0orme$ )n connaLt des tribus ri,eraines de la mer/ dans l' ouest de l' ?0ri!ue et dans le sud de l' ?sie/ !ui sont demeures inertes de,ant cette immensit 1 mais d.s !ue la na,igation existe/ elle cherche des points 0ixes N Llots cFtiers/ caps des bords de la 6diterrane/ viks ou gol0es des mers du nord 1 l2 s' amorcent les ,illes$ Kuand la mare pn.tre dans l' embouchure des 0leu,es/ la ,ille naLt au point o5 la batellerie de,ient impuissante$ -ur les bords des montagnes !ui ont longtemps arr7t les hommes/ se rangent les ,illes/ aux points o5 les produits/ les mo3ens de transport/ la circulation de la plaine doi,ent s' accommoder 2 des conditions nou,elles$ e 6ilan 2 Uurich/ de %ienne 2 L3on/ une ceinture de ,illes entoure les ?lpes$ 'irno,o au nord des &alJans s' oppose 2 VasanliJ/ comme %ladicaucase 2 'i0lis$ ?ux dbouchs des passes de Vaboul se multiplient les marchs du Pend9ab$ )n trou,e aussi des sries de ,illes s' chelonnant en bordure des dserts$ Les deux ri,es du -ahara/ comme celles de l' ?sie centrale/ ont leurs ports$ La cara,ane 3 trou,e/ apr.s les preu,es de dures tra,erses/ des lieux de dtente et de scurit/ les cara,ansrails o5 se recrutent con,o3eurs et chameaux/ d' o5 ra3onnent les transactions/ pRP+ o5 se rencontrent les hommes et circulent les nou,elles$ Figuig/ 'ombouctou/ 6er,/ &oJhara et l' hexapole du 'urJestan chinois/ 6aan/ Petra ont 9ou ce rFle$ Cn0in l' obstacle des 0leu,es a ser,i aussi de pierre d' achoppement$ )n ne compte plus les ,illes !ui doi,ent leur origine 2 un gu/ 2 un passage 0acilit par des Lles/ par0ois 2 un portage &volok', les dunum et les briva celti!ues/ les !urt germani!ues/ etc$ Le rFle des routes/ trop exclusi,ement en,isag par certains/ ne doit pas/ en tout cas/ 7tre nglig$ Lors!ue les ,oies romaines eurent assur des communications directes 2 de grandes distances/ leur trac 0ixa 2 son tour des centres urbains$ e Plaisance 2 &ologne le long de la ,oie milienne/ on ,oit s' chelonner les ,illes$ -ur la grande diagonale !ui/ du anube 2 la Propontide/ de -ingidunum 2 &3Gance/ tra,ersait la pninsule balJani!ue/ les seules ,illes sont encore celles !ui ont t implantes par (ome N NaIssus (Nich)/ -ardica (-o0ia)/ etc$ Le phnom.ne de ,illages s' le,ant 2 la dignit de ,illes se produit par le 9eu des causes conomi!ues dans les contres o5 le t3pe urbain tend 2 prdominer$ Les principales rgions industrielles de l' Curope se sont r,les des ppini.res de ,illes$ ?utour de 6anchester/ comme de Lille/ ou en -axe comme dans la Testphalie rhnane/ c' est le m7me pullulement$ ' autre part nous ,o3ons d' anciens bourgs/ des ,illes m7me dprir 1 des mo3ens administrati0s 3 soutiennent une existence 0actice/ !uand ce n' est pas asseG de l' usage/ de l' ancienne ,iabilit/ pour protger des 0ormes ,ieillies contre les circonstances !ui conspirent contre elles$ L' anachronisme !ui laisse (oubaix au rang de che0Dlieu de canton n' est pas plus anormal !ue celui !ui attribue 2 de simples marchs ruraux le titre de sousDpr0ecture$ -i l' on ,eut ,oir la ,ie urbaine/ li,re 2 elleDm7me/ agir dans toute sa 0orce/ c' est plutFt aux tatsD*nis !u' il 0aut regarder$ La ncessit de maLtriser la distance/ de combiner de ,astes espaces en un domaine conomi!ue s' 3 impose 1 la ,ille/ seul organisme correspondant 2 ces besoins/ met partout sa mar!ue$ 'out groupement nou,eau/ si modeste soitDil/ dbute comme un centre urbain$ 92 2 l' tat embr3onnaire il poss.de ou tend 2 se donner les organes !ui 0ont la ,ille N hFtels/ ban!ue/ grands magasins &general store'. la chance ,iendra !ui 0era le reste 1 l' optimisme amricain 3 compte$ Cn tout cas/ si la ,ille choue/ elle disparaLtra sans 0aire place 2 un ,illage$ pRP8 'out autres ont t les dbuts et les conditions d' accroissement de nos ,illes europennes$ Le temps a collabor 2 leur 0ormation 1 il a a9out/ pi.ce 2 pi.ce/ les parties dont se compose leur grandeur$ L' anti!uit nous a,ait montr dans l' ensemble urbain de -3racuse (?chradinaD'3chDpipolis)/ de Corinthe/ d' ?th.nes (acropole/ ,ille basse et longs murs)/ d' ph.se (le temple et le port)/ des exemples d' agrgats successi0s$ ?insi dans nos ,illes modernes$ Le no3au reste plus ou moins distinct N 2 Paris/ la cit 1 2 Londres/ le !uartier de la tour 1 2 %ienne/ le !uartier de -aintDtienne 1 2 (ome/ le Palatin$ ?utour de ce no3au se sont agglutins des lments nou,eaux N sou,ent le bourg 2 cFt de la ,ille (bourg du %atican 2 (ome)/ la basse ,ille au pied de la haute (&ruxelles)/ de puissantes abba3es comme -aintDHermainDesDPrs 2 Paris/ Testminster 2 Londres$ Puis des rues ont reli les parties &strand' * des 0aubourgs se sont allongs en 0orme de pol3pes dans des directions di00rentes$ Le s3st.me des rues garde/ malgr tant de remaniements/ la trace des !uartiers combins en un tout/ tortueux dans les parties anciennes/ plus rgulier dans les parties modernes N 2 %ienne le ring en,eloppe un lacis de ruelles bordes de ca0s et de magasins luxueux/ 2 &erlin l' ancienne ,ille de la -pre se distingue aussi nettement de la Friedrichstadt$ Par0ois m7me une ou plusieurs rues principales/ correspondant 2 d' anciennes routes maLtresses/ subsistent comme l' axe le long du!uel a grandi la ,ille$ Nos rues -aintDQac!ues sur la ri,e gauche/ -aintDenis sur la ri,e droite/ retracent le parcours de ,oies romaines/ !ui/ du nord au sud/ 0ranchissaient le 0leu,e di,is en Lles 1 comme la rue -aintDBonor/ celle !ui gagnait l' )ise et le %exin$ 2 Londres/ on suit par Bolborn et )x0ord -treet la direction 0ondamentale de la cl.bre ,oie histori!ue (Tatling -treet)/ !ui/ du gu de la 'amise/ gagnait ,ers e,a (Chester) la cFte occidentale$ 2 -aloni!ue/ la ,oie egnatia 0orme/ de part en part/ la rue principale de la ,ille$ L' unit urbaine est plus ou moins par0aite$ ans certaines ,illes/ plus a,ances dans leur d,eloppement/ comme Londres/ Paris/ la 0orme d' agrgat tend 2 disparaLtre$ Les si.cles !ui ont concouru 2 la 0ormation harmonieuse de Paris se laissent encore discerner/ comme les anneaux concentri!ues mar!uant l' accroissement annuel se dessinent sur le tronc coup d' un grand arbre$ 6ais les indi,idualits moindres se sont 0ondues dans une indi,idualit suprieure$ Ce t3pe plus ,olu est propre 2 l' Curope occidentale$ 6oscou n' a pas digr son Vremlin$ Les parties se montrent plutFt 9uxtaposes !ue 0ondues dans les grandes cits d' ?sie N ,ille tartare et ,ille chinoise 2 PJin 1 ,ille chinoise et concessions europennes 2 ChanghaI et pRP= Canton 1 ,ille marchande et cit impriale 2 'oJio 1 ,ille russe et ,ille iranienne 2 -amarJand$ Il appartenait 2 l' ?mri!ue de crer un nou,eau t3pe de cit$ Tashington/ Philadelphie/ &uenos ?3res sont sorties toutes 0aites d' un plan prconu$ Pour peu !ue la ,ille remonte 2 ces po!ues !ue la 9u,nilit amricaine traite de mdi,ales/ c' estD2Ddire au x,iie si.cle/ on 3 retrou,e encore a,ec intr7t/ bien !u' 2 demi e00ace et comme engloutie dans les constructions modernes/ la ,ille primiti,e N 2 &oston/ la pninsule mamelonne !u' une mince langue de terre/ sui,ie au9ourd' hui par Tashington -treet/ rattachait au continent 1 2 NeX WorJ/ l' extrmit mridionale de l' Lle de 6anhattan/ au sud de Tall street$ 6ais/ de nos 9ours/ la ,ille surgit trop ,ite/ toute 0aite/ sui,ant un plan partout identi!ue$ Ces blocs !uadrangulaires de maisons coups par des a,enues ou rues 2 trolle3s/ n' ont plus rien de local ni d' histori!ue/ !u' ils s' l.,ent sur les bords de l' ?tlanti!ue ou du Paci0i!ue/ sur les con0ins du 6exi!ue ou du Canada$ C' est une ci,ilisation singuli.rement exclusi,e !ui leur imprime une 0ace commune$ Il 3 eut !uel!ue chose de pareil dans ces ,illes 2 porti!ues/ thermes et colonnades !ue les romains implant.rent indistinctement dans toutes les parties de leur empire$ 6ais en ?mri!ue la ,ille se d,eloppe dans des proportions aupara,ant inconnues$ -aintDLouis disperse ses di00rents !uartiers sur une diGaine de milles de distance$ Chicago embrasse un espace plus grand !ue le dpartement de la -eine$ La ,ille amricaine a son appareil de circulation permettant de spcialiser les !uartiers/ de sparer la ,ille des a00aires de la ,ille du home, d' interposer entre elles d' immenses parcs/ d' a,oir sa campagne 2 l' intrieur$ 4 la locomoti,e/ cri,ait il 3 a d92 un demiDsi.cle ?nthon3 'rollope/ est ici comme un animal domesti!ue$ 4 !ue diraitDil au9ourd' hui E Cssaimant autour d' elle/ tendant ind0iniment ses !uartiers suburbains/ la ,ille est la plus par0aite expression de l' amricanisme$$$