Principes de Géographie Humaine LaBlache

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Principes de gographie humaine [ocument lectroni!ue" # P$ %idal de La
&lache
IN'()*C'I)N
p+
sens et objet de la gographie humaine.
1. -examen critique de la conception de
gographie humaine :
la gographie humaine est une des branches !ui
ont rcemment pouss sur le ,ieux tronc de la
gographie$ -' il ne s' agissait !ue d' une pith.te/
rien ne serait moins nou,eau$ L' lment humain
0ait essentiellement partie de toute gographie 1
l' homme s' intresse surtout 2 son semblable/ et/
d.s !u' a commenc l' .re des prgrinations et
des ,o3ages/ c' est le spectacle des di,ersits
sociales associ 2 la di,ersit des lieux !ui a
pi!u son attention$ Ce !u' *l3sse a retenu de
ses ,o3ages/ c' est 4 la connaissance des cits
et des moeurs de beaucoup d' hommes 4 $ Pour la
plupart des auteurs anciens aux!uels la gographie
0ait remonter ses titres d' origine/ l' ide de
contre est insparable de celle de ses
habitants 1 l' exotisme ne se traduit pas moins
par les mo3ens de nourriture et l' aspect ph3si!ue
des hommes/ !ue par les montagnes/ les dserts/
les 0leu,es !ui 0orment leur entourage$
La gographie humaine ne s' oppose donc pas 2 une
gographie d' o5 l' lment humain serait exclu 1
il n' en a exist de telle !ue dans l' esprit de
!uel!ues spcialistes exclusi0s$ 6ais elle
apporte une conception nou,elle des rapports
entre la terre et l' homme/ conception suggre
par une connaissance plus s3nthti!ue des lois
ph3si!ues !ui rgissent notre sph.re et des
relations entre les 7tres ,i,ants !ui la peuplent$
p8
C' est l' expression d' un d,eloppement d' ides et
non le rsultat direct et pour ainsi dire
matriel de l' extension des dcou,ertes et des
connaissances gographi!ues$
Il semblerait !ue la grande lumi.re !ui se
pro9eta au x,ie si.cle sur l' ensemble de la terre
e:t pu donner lieu 2 une ,ritable gographie
humaine$ 'el ne 0ut pas le cas$ Les moeurs des
habitants tiennent assurment une grande place
dans les rcits et les compilations !ue nous a
lgus cette po!ue$ 6ais !uand ce n' est pas le
mer,eilleux/ c' est l' anecdote !ui 3 domine$ ans
ces di,ers t3pes de socits !ui d0ilent sous
nos 3eux/ aucun principe de classi0ication
gographi!ue ne se 0ait 9our$ Ceux !ui/ d' apr.s
ces donnes/ essa3aient de retracer des tableaux
ou des 4 miroirs 4 du monde/ ne se montrent en
rien suprieurs 2 -trabon$ Lors!ue/ en ;<=>/
&ernard %arenius crit sa gographie
gnrale, l' oeu,re la plus remar!uable !ui
ait paru a,ant (itter/ il emploie 2 propos des
phnom.nes humains !ui doi,ent 0igurer dans les
descriptions de contres/ des expressions montrant
une condescendance pres!ue ddaigneuse$ ?insi
deux si.cles de dcou,ertes a,aient accumul
des notions sur les peuples les plus di,ers/ sans
!u' il s' en dgage@t/ pour un esprit proccup
de classi0ication scienti0i!ue/ rien de satis0aisant
et de net A
Cependant la pense scienti0i!ue a,ait t de
longue date attire par les in0luences du monde
ph3si!ue et leur action sur les socits humaines$
Ce serait 0aire in9ure 2 une ligne de penseurs
!ui ,a des premiers philosophes grecs 2
'huc3dide/ ?ristote/ Bippocrate et
Cratosth.ne/ !ue de ne pas tenir compte des ,ues
ingnieuses/ par0ois pro0ondes/ !ui sont semes
dans leurs crits$ Comment le spectacle ,ari et
grandissant du monde extrieur n' e:tDil pas
,eill/ par un 9uste retour sur la marche des
socits humaines/ un cho dans ces coles
philosophi!ues nes sur les ri,ages d' Ionie E
Il s' tait trou, l2 des penseurs !ui/ comme
Braclite/ ,ritable prdcesseur de &acon/
9ug.rent !ue l' homme/ plutFt !ue de ri,er la
recherche de la ,rit 2 la contemplation de
4 son microcosme 4 / aurait grande raison d' tendre
son horiGon et de demander des lumi.res 4 au monde
plus grand 4 dont il 0ait partie$
Ils commenc.rent par chercher dans le milieu
ph3si!ue l' explication de ce !ui les 0rappait dans
le temprament des habitants$ Puis/ 2 mesure !ue
les obser,ations sur la marche des ,nements
et des socits s' accumul.rent dans le temps et
dans l' espace/ on comprit mieux !uelle part il
con,enait d' 3 assigner aux causes gographi!ues$
p=
Les considrations de 'huc3dide sur la Hr.ce
archaI!ue/ de -trabon sur la position de l' Italie/
proc.dent des m7mes exigences d' esprit !ue
certains chapitres de l' esprit des lois ou de
l' histoire de la civilisation en Angleterre
de 'homas &ucJle$
(itter s' inspire aussi de ces ides dans son
erdkunde, mais il le 0ait da,antage en
gographe$ -i/ par un reste de pr,ention
histori!ue/ il assigne un rFle spcial 2 cha!ue
grande indi,idualit continentale/ du moins
l' interprtation de la nature reste pour lui le
pi,ot$ ?u contraire/ pour la plupart des historiens
et des sociologues/ la gographie n' inter,ient
!u' 2 titre consultati0$ )n part de l' homme pour
re,enir par un dtour 2 l' homme$ )n se reprsente
la terre comme 4 la sc.ne o5 se droule l' acti,it
de l' homme 4 / sans r0lchir !ue cette sc.ne
elleDm7me est ,i,ante$ Le probl.me consiste 2
doser les in0luences subies par l' homme/ 2 0aire
la part d' un certain genre de dterminisme
s' exerant 2 tra,ers les ,nements de l' histoire$
Kuestions assurment gra,es et intressantes/
mais !ui pour 7tre rsolues exigent une
connaissance 2 la 0ois gnrale et plus
appro0ondie du monde terrestre !u' il n' tait
possible de l' obtenir 9us!u' 2 ces derniers temps$
ii. -le principe de l' unit terrestre et la
notion de milieu :
l' ide !ui plane sur tous les progr.s de la
gographie est celle de l' unit terrestre$ La
conception de la terre comme un tout dont les
parties sont coordonnes/ o5 les phnom.nes
s' enchaLnent et obissent 2 des lois gnrales
dont dri,ent les cas particuliers/ a,ait/ d.s
l' anti!uit/ 0ait son entre dans la science
par l' astronomie$ -ui,ant l' expression de
Ptolme/ la gographie est 4 la science sublime
!ui lit dans le ciel l' image de la terre 4 $ 6ais
la conception de l' unit terrestre resta
longtemps con0ine dans le domaine mathmati!ue$
Clle n' a pris corps dans les autres parties de la
gographie !ue de nos 9ours/ et surtout par la
connaissance de la circulation atmosphri!ue
!ui prside aux lois du climat$ e plus en plus/
on s' est le, 2 la notion de 0aits gnraux
lis 2 l' organisme terrestre$ C' est a,ec raison
!ue Fr$ (atGel insiste sur cette conception
dont il 0ait la pierre d' angle de son
anthropogographie. les 0aits de gographie
humaine se rattachent 2 un ensemble terrestre et
ne sont explicables !ue par lui$ Ils sont en
rapport a,ec le milieu !ue cre/ dans cha!ue
partie de la terre/ la combinaison des conditions
ph3si!ues$
p<
Cette notion de milieu/ c' est surtout la gographie
botani!ue !ui a contribu 2 la mettre en
lumi.re/ lumi.re !ui se pro9ette sur toute
la gographie des 7tres ,i,ants$ ?lexandre
e Bumboldt a,ait signal/ a,ec sa prescience
accoutume/ l' importance de la ph3sionomie de la
,gtation dans la caractristi!ue d' un pa3sage/
et/ lors!u' en ;M+< B$ &erghaus publia/ sous
son inspiration/ la premi.re dition de son
atlas phsique, le climat et la ,gtation
3 taient mis nettement en rapport$ Cet aperu
0cond ou,rait la ,oie 2 une nou,elle srie de
recherches$ Il ne s' agissait plus en e00et d' un
classement sui,ant les esp.ces/ mais d' une ,ue
embrassant tout l' ensemble du peuplement ,gtal
dans une contre/ de 0aon 2 noter les caract.res
par les!uels s' exprime l' in0luence des conditions
ambiantes N sol/ temprature/ humidit$
La ph3sionomie de la ,gtation est bien le
signalement le plus expressi0 d' une contre/
comme son absence en est un des traits !ui
nous tonne$ Lors!ue nous cherchons 2 ,o!uer
un pa3sage en0oui dans nos sou,enirs/ ce n' est
pas une plante en particulier/ un palmier/ un
oli,ier/ dont l' image se dresse dans notre
mmoire 1 c' est l' ensemble des ,gtaux di,ers
!ui re,7tent le sol/ en soulignent les
ondulations et les contours/ lui impriment par
leur silhouette/ leurs couleurs/ leur espacement
ou leurs masses/ un caract.re commun
d' indi,idualit$ La steppe/ la sa,ane/ la sil,e/
le pa3sage de parc/ la 0or7tDclairi.re/ la
0or7tDgalerie/ sont les expressions collecti,es
!ui rsument pour nous cet ensemble$ Il ne
s' agit pas d' une simple impression pittores!ue/
mais d' une ph3sionomie due aux 0onctions m7mes
des plantes et aux ncessits ph3siologi!ues
de leur existence$
C' est ce !ue les obser,ations et les recherches
exprimentales de la gographie botani!ue/
surtout depuis !u' elles se sont tendues aux
rgions tropicales et tempres/ 2 toutes les
ingalits d' altitudes/ ont dmontr par
l' anal3se et la comparaison$ La concurrence des
plantes entre elles est si acti,e !u' il n' 3 a
!ue les mieux adaptes au milieu ambiant !ui
par,iennent 2 s' 3 maintenir$ Cncore n' estDce
9amais !u' 2 l' tat d' !uilibre instable$ Cette
adaptation s' exprime de di,erses mani.res/ la
taille/ les dimensions et la position des 0euilles/
le re,7tement pileux/ les 0ibres des tissus/ le
d,eloppement des racines/ etc$ Non seulement
cha!ue plante pour,oit de son mieux 2
l' accomplissement de ses 0onctions ,itales 1 mais
il se 0orme entre ,gtaux di00rents des
associations telles !ue l' une pro0ite du
,oisinage de l' autre$ Kuelles !ue soient les
,arits d' esp.ces !ui cohabitent/
pO
!uelles !ue soient m7me les di00rences
extrieures des procds d' adaptation dont elles
usent/ il 3 a dans toute cette population
,gtale un signalement commun/ au!uel ne se
trompe pas un oeil exerc$
'elle est la leon d' oecologie, !ue nous
de,ons aux recherches de la gographie botani!ue N
oecologie/ c' estD2Ddire/ sui,ant les termes
m7mes de celui !ui a in,ent ce nom/ la science
!ui tudie 4 les mutuelles relations de tous les
organismes ,i,ant dans un seul et m7me lieu/
leur adaptation au milieu !ui les en,ironne 4 $
Car il est ,ident !ue ces relations n' embrassent
pas seulement les plantes$ -ans doute/ les
animaux dous de locomotion/ et l' homme a,ec son
intelligence/ sont mieux arms !ue la plante pour
ragir contre les milieux ambiants$ 6ais/ si l' on
r0lchit 2 tout ce !u' impli!ue ce mot de milieu
ou d' environnement sui,ant l' expression
anglaise/ 2 tous les 0ils insouponns dont est
tisse la trame !ui nous enlace/ !uel organisme
,i,ant pourrait s' 3 soustraire E
Cn somme/ ce !ui se dgage nettement de ces
recherches/ c' est une ide essentiellement
gographi!ue N celle d' un milieu composite/
dou d' une puissance capable de grouper et de
maintenir ensemble des 7tres htrog.nes en
cohabitation et corrlation rcipro!ue$ Cette
notion paraLt 7tre la loi m7me !ui rgit la
gographie des 7tres ,i,ants$ Cha!ue contre
reprsente un domaine o5 se sont arti0iciellement
runis des 7tres disparates !ui s' 3 sont adapts
2 une ,ie commune$ -i l' on consid.re les
lments Goologi!ues !ui entrent dans la
composition d' une 0aune rgionale/ on constate
!u' elle est des plus htrog.nes 1 elle se
compose de reprsentants des esp.ces les plus
di,erses/ !ue des circonstances/ tou9ours
di00iciles 2 prciser/ mais lies 2 la
concurrence ,itale/ ont amens dans cette contre$
Pourtant ils s' 3 sont accommods 1 et/ si les
relations !u' ils entretiennent entre eux sont
plus ou moins hostiles/ elles sont telles
cependant !ue leurs existences semblent
solidaires$ Les Lles m7mes/ pour,u !u' elles
aient !uel!ue tendue/ ne 0ont pas exception
2 cette di,ersit$ Nous recueillons cheG les
naturalistes GooDgographes/ des expressions
telles !ue 4 communaut de ,ie 4 / ou bien
4 association 0aunisti!ue 4 $ Formules signi0icati,es/
!ui montrent !ue dans son peuplement animal
comme dans son peuplement ,gtal/ toute tendue
de sur0ace participant 2 des conditions analogues
de relie0/ de position et de climat/ est un
milieu composite concentrant des associations
0ormes d' lments di,ers/ indig.nes/ trans0uges/
en,ahisseurs/ sur,i,ants de priodes
pM
antrieures/ mais unies par les liens d' une
adaptation commune$
e !uelle application ces donnes sontDelles
susceptibles !uant 2 la gographie humaine E C' est
ce !ue nous allons rechercher$
iii. -l' homme et le milieu :
mais a,ant d' aller plus loin/ une !uestion se
rencontre 2 la!uelle il 0aut bri.,ement rpondre$
La gographie botani!ue s' appuie d92 sur un
nombre imposant d' obser,ations et de recherches 1
la gographie Goologi!ue/ !uoi!ue bien moins
a,ance/ compte de 0ructueuses explorations 2
son acti0 N !uelles sont les donnes dont
dispose la gographie humaine E ' o5 lui
,iennentDelles E -ontDelles asseG nombreuses
pour autoriser les conclusions !ue nous a,ons
d92 laiss entre,oir E
ans l' tude des rapports de la terre et de
l' homme/ la perspecti,e a t change 1 plus
de recul a t obtenu$
)n n' en,isageait gu.re aupara,ant !ue la priode
histori!ue/ c' estD2Ddire le dernier acte du
drame humain/ un temps tr.s court par rapport
2 la prsence et 2 l' action de l' homme sur la
terre$ L' in,estigation prhistori!ue nous a
montr l' homme rpandu depuis un temps
immmorial dans les parties les plus di,erses
du globe/ arm du 0eu/ taillant des instruments 1
et/ si rudimentaires !ue paraissent ses
industries/ on ne saurait considrer comme
ngligeables les modi0ications !u' a pu subir/
de leur 0ait/ la ph3sionomie de la terre$ Le
chasseur palolithi!ue/ les premiers culti,ateurs
nolithi!ues ont ou,ert des br.ches et cr
aussi des associations dans le monde des
animaux et des plantes$ Ils ont opr sur des
points di,ers/ indpendamment les uns des autres/
comme le prou,ent les di,ersits restes en
usage dans les procds de production du 0eu$
L' homme a in0lu/ plus anciennement et plus
uni,ersellement !u' on ne pensait/ sur le monde
,i,ant$
e ce !ue l' esp.ce humaine s' est rpandue ainsi
de bonne heure sur les rgions les plus di,erses/
il rsulte !u' elle a eu 2 se soumettre 2 des cas
d' adaptations multiples$ Cha!ue groupe a
rencontr dans le milieu spcial o5 il de,ait
assurer sa ,ie/ des auxiliaires ainsi !ue des
obstacles N les procds aux!uels il a eu recours
en,ers eux reprsentent autant de solutions
locales du probl.me de l' existence$ )r/
9us!u' au moment o5/ l' intrieur des continents
s' tant ou,ert/ des explorations scienti0i!ues
en ont s3stmati!uement obser, les populations/
un pais rideau nous drobait ces d,eloppements
,aris d' humanits$ Les in0luences de milieu ne se
r,laient 2 nous !u' 2 tra,ers une masse de
contingences histori!ues !ui les ,oile$
pP
La ,ision directe de 0ormes d' existence en troit
rapport a,ec le milieu/ telle est la chose
nou,elle !ue nous de,ons 2 l' obser,ation
s3stmati!ue de 0amilles plus isoles/ plus
arrires de l' esp.ce humaine$ Les ser,ices !ue
nous signalions tout 2 l' heure comme a3ant t
rendus 2 la gographie botani!ue par l' anal3se
des 0lores extraDeuropennes/ sont prcisment
ceux dont la gographie humaine est rede,able
2 la connaissance des peuples rests ,oisins
de la nature/ aux naturvolker. !uel!ue part
!u' on 0asse aux changes/ il est impossible
d' 3 mconnaLtre un caract.re mar!u d' autonomie/
d' endmisme. il nous 0ait comprendre comment
certains hommes placs en certaines conditions
dtermines de milieux/ agissant d' apr.s leur
propre inspiration/ s' 3 sont pris pour organiser
leur existence$ N' estDce pas/ apr.s tout/ sur ces
bases !ue se sont le,es les ci,ilisations !ui
ne sont !ue des accumulations d' expriences E
Cn grandissant/ en se compli!uant/ elles n' ont
pas enti.rement rompu a,ec ces origines$
Plusieurs de ces 0ormes primiti,es d' existence
sont prissables 1 plusieurs sont teintes ou en
,oie d' extinction N soit$ 6ais elles nous
laissent/ comme tmoins ou comme reli!ues/
les produits de leur industrie locale/ armes/
instruments/ ,7tements/ etc$/ tous les ob9ets
dans les!uels se matrialise/ pour ainsi dire/
leur a00init a,ec la nature ambiante$ )n a eu
raison de les recueillir/ d' en 0ormer des muses
spciaux o5 ils sont groups et gographi!uement
coordonns$ *n ob9et isol dit peu de chose 1
mais des collections de m7me pro,enance nous
permettent de discerner une empreinte commune/
et donnent/ ,i,e et directe/ la sensation du
milieu$ ?ussi des muses ethnographi!ues tels
!ue celui !u' a 0ond 2 &erlin l' in0atigable
ardeur de &astian/ ou ceux de LeipGig ou
d' autres ,illes/ sontDils de ,ritables
archi,es o5 l' homme peut s' tudier luiDm7me/
non point in abstracto, mais sur des
ralits$
?utre progr.s N nous sommes mieux instruits sur
la rpartition de notre esp.ce/ nous sa,ons mieux
dans !uelle proportion numri!ue l' homme occupe
les di,erses parties de la terre$ Qe n' a00irmerais
pas !u' on poss.de un in,entaire exact de
l' humanit/ et !ue le chi00re de ;$ O>> millions
reprsente positi,ement celui de nos semblables 1
mais ce !ui est certain/ c' est !ue gr@ce 2 des
sondages prati!us un peu partout dans l' ocan
humain/ 2 des recensements rpts/ 2 des
estimations plausibles/ on dispose de chi00res
d92 asseG prcis pour permettre d' tablir des
rapports$
ans la mobilit !ui prside aux rapports de tous
les 7tres ,i,ants/ l' tat numri!ue et territorial
de cha!ue esp.ce est une notion scienti0i!ue de
haute ,aleur$ Clle 9ette un 9our sur l' ,olution du
p;>
phnom.ne$ La population humaine est un
phnom.ne en marche 1 c' est le 0ait mis pleinement
en ,idence/ lors!ue/ parDdessus les statisti!ues
particuli.res des tats/ on consid.re l' ensemble
de sa distribution sur le globe$ Il 3 a des
parties !u' elle occupe en 0orce/ o5 elle semble
a,oir utilis/ m7me outre mesure/ toutes les
possibilits d' espace$ Il 3 en a d' autres o5/
sans !ue des raisons de sol et de climat
9usti0ient cette anomalie/ elle est reste
0aible/ clairseme$ Comment expli!uer ces
ingalits/ sinon par des courants d' immigration
a3ant pris naissance en des temps antrieurs 2
l' histoire et dont la gographie seule peut nous
aider 2 trou,er la trace E Ct naturellement
au9ourd' hui ces contres ngliges de,iennent
des 0o3ers d' appel pour les mou,ements !ui agitent
l' humanit actuelle$
*n des rapports les plus suggesti0s est celui
!ui existe entre le nombre d' habitants et une
certaine portion de sur0ace 1 autrement dit
la densit de population$ -i l' on met en regard
des statisti!ues dtailles de population
a,ec des cartes galement dtailles/ comme en
poss.dent au9ourd' hui pres!ue tous les principaux
pa3s du monde/ il est possible/ par un tra,ail
d' anal3se/ de discerner des correspondances
entre les rassemblements humains et les conditions
ph3si!ues$ )n touche ainsi 2 l' un des probl.mes
essentiels !ue soul.,e l' occupation de la terre$
Car l' existence d' un groupement de population
dense/ d' une cohabitation nombreuse d' 7tres
humains dans un minimum d' espace/ garantissant
2 la collecti,it des mo3ens assurs de ,i,re/
est/ si l' on 3 r0lchit/ une con!u7te !ui n' a
pu 7tre ralise !u' 2 la 0a,eur de rares et
prcieuses circonstances$
?u9ourd' hui les 0acilits du commerce nous mas!uent
les di00icults !u' ont rencontres/ pour 0ormer
sur place des groupes compacts/ les hommes
d' autre0ois$ Cependant/ la plupart des groupements
actuels sont des 0ormations !ui remontent haut
dans le pass 1 leur tude anal3ti!ue permet
d' en comprendre la gen.se$ Cn ralit la
population d' une contre se dcompose/ comme l' a
bien montr Le,asseur/ en un certain nombre de
no3aux/ entours d' auroles d' intensit
dcroissante$ Clle se groupe sui,ant des points
ou des lignes d' attraction$ Les hommes ne se sont
pas rpandus 2 la 0aon d' une tache d' huile/ ils
se sont primiti,ement assembls 2 la 0aon des
coraux$ *ne sorte de cristallisation a agglomr
sur certains points des bancs de populations
humaines$ Ces populations 3 ont/ par leur
intelligence/ accru les ressources naturelles et
la ,aleur des lieux/ de telle sorte !ue
p;;
d' autres sont ,enues pour participer/ de gr ou
de 0orce/ aux bn0ices de ce patrimoine/ et des
couches successi,es se sont accumules sur les
terrains d' lection$
Nous possdons au9ourd' hui des donnes
anthropologi!ues sur !uel!uesDunes des contres
o5 se sont ainsi superposes des allu,ions
humaines$ L' Curope centrale/ le bassin
mditerranen/ l' Inde anglaise/ nous prsentent/
2 titres di,ers/ des exemplaires d' apr.s les!uels
il est possible de se rendre compte de la
composition des peuplements humains$ La
complexit de ces peuplements est/ d' une 0aon
gnrale/ ce !ui nous 0rappe$ Lors!u' on essaie
de distinguer/ d' apr.s les indices
anthropologi!ues rputs les plus persistants/
les lments !ui entrent dans la population non
seulement d' une grande contre/ mais d' une
circonscription rgionale de moindre tendue/ on
constate !u' 2 peu d' exceptions pr.s c' est l' absence
d' homognit !ui est la r.gle$ L' anthropologie
distingue en France des lments tr.s anciens/
remontant aux temps prhistori!ues/ 2 cFt
d' lments ,enus ultrieurement/ sou,ent d' une
rgion/ d' un dpartement m7me$ Il 3 a dans cette
di,ersit des degrs !u' expli!uent su00isamment
la nature et la position des contres 1 mais/
dans l' tat actuel de l' ,olution du peuplement
humain/ bien rare sont les parties !ui semblent
a,oir enti.rement chapp aux 0lots d' in,asions
!ui ont circul 2 la sur0ace de la terre N
!uel!ues archipels lointains/ !uel!ues cantons
montagneux/ tout au plus$ 67me dans la rgion
des sil,es a0ricaines/ les n.gres de haute
taille et les p3gmes 2 teint plus clair
coexistent en rapports rcipro!ues$ )n peut
d.s 2 prsent considrer comme ac!uise/
contrairement aux habitudes du langage courant
!ui les con0ond sans cesse/ la distinction
0ondamentale du peuplement et de la race$ -ous
les con0ormits de langue/ de religion et de
nationalit/ persistent et ne laissent pas de
tra,ailler les di00rences spci0i!ues implantes
en nous par un long ata,isme$
Cependant ces groupes htrog.nes se combinent
dans une organisation sociale !ui 0ait de la
population d' une contre/ en,isage dans son
ensemble/ un corps$ Il arri,e par0ois !ue chacun
des lments !ui entrent dans cette composition
s' est cantonn dans un genre de ,ie particulier N
les uns chasseurs/ les autres agriculteurs/ les
autres pasteurs 1 on les ,oit/ en ce cas/
cooprer/ unis les uns aux autres par une
solidarit de besoins$ Le plus sou,ent/ 2
l' exception de !uel!ues molcules obstinment
r0ractaires tels !ue g3psies/ gitanes/ tGiganes/
p;R
etc$ Ddans nos socits d' Curope/ l' in0luence
sou,eraine du milieu a tout ralli 2 des
occupations et 2 des moeurs analogues$ es signes
matriels traduisent ces analogies$ 'elle est la
0orce assouplissante !ui pr,aut sur les
di00rences originelles et les combine dans une
adaptation commune$ Les associations humaines/
de m7me !ue les associations ,gtales et
animales/ se composent d' lments di,ers soumis
2 l' in0luence du milieu$ )n ne sait !uels ,ents
les ont runis/ ni d' o5/ ni 2 !uelle po!ue 1
mais ils coexistent dans une contre !ui/ peu 2
peu/ les a mar!us de son empreinte$ Il 3 a des
socits de longue date incorpores au milieu/
mais il 3 en a d' autres en 0ormation/ !ui ,ont
se recrutant et se modi0iant de 9our en 9our$
-ur cellesDci/ malgr tout/ les conditions
ambiantes exercent leur pression et on les ,oit
en ?ustralie/ au Cap/ ou en ?mri!ue/
s' imprgner aussi des lieux o5 se droulent
leurs destines$ Les boers ne ralisentDils pas
un des plus remar!uables t3pes d' adaptation E
iv. -l' homme !acteur gographique :
parDdessus le localisme dont s' inspiraient les
conceptions antrieures/ des rapports gnraux
entre la terre et l' homme se 0ont 9our$ La
rpartition des hommes a t guide dans sa
marche par le rapprochement et la con,ergence
des masses terrestres$ Les solitudes ocani!ues
ont di,is des oecoum"nes longtemps ignorantes
les unes des autres$ -ur l' tendue des continents
les groupes !ui ont essaim 2 et l2/ ont
rencontr entre eux des obstacles ph3si!ues
!u' ils n' ont surmonts !u' 2 la longue N montagnes/
0or7ts/ marcages/ contres sans eau/ etc$ La
ci,ilisation se rsume dans la lutte contre ces
obstacles$ Les peuples !ui en sont sortis
,ain!ueurs ont pu mettre en commun les produits
d' une exprience collecti,e/ ac!uise en di,ers
milieux$ ' autres communauts ont perdu/ par un
long isolement/ la 0acult d' initiati,e !ui
a,ait mis en oeu,re leurs premiers progr.s 1
incapables de s' le,er par leurs propres 0orces
auDdessus d' un certain stade/ elles 0ont songer
2 ces socits animales !ui semblent a,oir
puis la somme de progr.s dont elles taient
susceptibles$ ?u9ourd' hui toutes les parties de
la terre entrent en rapport 1 l' isolement est
une anomalie !ui semble un d0i/ et ce n' est
plus entre contres contiguSs et ,oisines/ mais
entre contres lointaines !u' est le contact$
Les causes ph3si!ues dont les gographes s' taient
prcdemment attachs 2 montrer la ,aleur/ ne
sont pas pour cela ngligeables 1 il importe
tou9ours de mar!uer l' in0luence du relie0/ du
climat/ de la position continentale ou insulaire
sur les socits humaines 1 mais nous
p;+
de,ons en,isager leurs e00ets con9ointement sur
l' homme et sur l' ensemble du monde ,i,ant$
C' est ainsi !ue nous pou,ons le mieux apprcier
le rFle !u' il con,ient d' attribuer 2 l' homme
comme 0acteur gographi!ue$ ?cti0 et passi0/
il est 2 la 0ois les deux$ Car/ sui,ant le mot
bien connu/ 4 natura non nisi parendo
,incitur 4 $
*n minent gographe russe/ 6$ ToeIJo0/ a 0ait
remar!uer !ue les ob9ets soumis 2 la puissance
de l' homme sont surtout ce !u' il appelle
4 les corps meubles 4 $ Il 3 a en e00et sur la
partie de l' corce terrestre !ui est directement
soumise 2 l' action mcani!ue des eaux courantes/
des geles/ des ,ents/ des plantes par leurs
racines/ des animaux par les transports de
molcules et le pitinement/ un rsidu de
dsagrgation sans cesse renou,el/ disponible/
susceptible de se modi0ier et d' accueillir des
0ormes di,erses$ ans les parties les plus
ingrates du -ahara les dunes sont le dernier
asile de la ,gtation et de la ,ie$ L' action
de l' homme trou,e plus de 0acilits 2 s' exercer
dans les contres o5 ces matriaux meubles sont
rpartis a,ec abondance !ue dans celles o5 une
carapace calcaire/ une cro:te latriti!ue par
exemple ont endurci et strilis la sur0ace$
6ais il 0aut a9outer !ue la terre elleDm7me/
sui,ant l' expression de &erthelot/ est !uel!ue
chose de ,i,ant$ -ous l' in0luence de la lumi.re
et d' nergies dont le mcanisme nous chappe/
les plantes absorbent et dcomposent les corps
chimi!ues 1 les bactries 0ixent dans certains
,gtaux l' aGote de l' atmosph.re$ La ,ie/
trans0orme en passant d' organismes en
organismes/ circule 2 tra,ers une 0oule d' 7tres N
les uns laborent la substance dont se nourrissent
les autres 1 !uel!uesDuns transportent les
germes de maladies !ui peu,ent dtruire d' autres
esp.ces$ Ce n' est pas seulement 2 la 0a,eur des
agents inorgani!ues !ue se produit l' action
trans0ormatrice de l' homme 1 il ne se contente
pas de mettre 2 pro0it/ a,ec sa charrue/ les
matriaux de dcomposition du sousDsol 1
d' utiliser les chutes d' eau/ la 0orce de pesanteur
accrue par les ingalits du relie0 1 il
collabore a,ec toutes ces nergies ,i,antes
!ui se groupent et s' associent sui,ant les
conditions de milieu$ Il entre dans le 9eu de la
nature$
Ce 9eu n' est pas exempt de pripties$ Il 0aut
remar!uer !ue/ dans beaucoup de parties de la
terre/ sinon dans la totalit/ les conditions
de milieu dtermines par le climat n' ont pas la
0ixit !ue semblent leur attribuer les mo3ennes
enregistres par nos cartes$ Le climat est
p;8
une rsultante !ui oscille autour d' une mo3enne/
plutFt !u' il ne s' 3 tient$ Les donnes beaucoup
trop impar0aites encore !ue nous possdons/
ont toute0ois mis en lumi.re le 0ait !ue ces
oscillations semblent a,oir un caract.re
priodi!ue/ c' estD2Ddire !u' elles persistent
plusieurs annes tantFt dans un sens/ tantFt
dans un autre$ es sries plu,ieuses alternent
a,ec des sries s.ches 1 et si ces ,ariations
n' apportent pas grand trouble dans les contres
abondamment arroses/ il n' en est pas de m7me
dans celles !ui ne reoi,ent !ue le minimum
ncessaire$ )n comprend la porte de cette
obser,ation/ car l' inter,ention de l' homme
peut consolider le moment positi0/ asseoir sur
un tat temporaire un tat 0ixe/ 0ixe du moins
9us!u' 2 nou,el ordre$
Prenons un exemple N du nord de l' ?0ri!ue au
centre de l' ?sie/ les obser,ateurs sont 0rapps
de spectacles de dsolation !ui contrastent
a,ec les ,estiges de culture et les ruines !ui
attestent une ancienne prosprit$ CelleDci
reposait sur le 0ragile cha0audage de tra,aux
d' irrigation/ gr@ce aux!uels l' homme russissait
2 tendre aux priodes s.ches le bn0ice des
priodes humides$ Kue la 0onction bien0aisante
soit interrompue !uel!ue temps/ tous les
ennemis !ue combattait l' irrigation prendront
le dessus$ -urtout/ chose plus gra,e/ l' adaptation
aura pris un autre cours$ ' autres habitudes
auront pr,alu cheG les hommes 1 leur existence
sera lie 2 d' autres mo3ens/ 2 d' autres 7tres
exigeant d' autres disponibilits d' espace$ La
0or7t n' a pas de plus grand ennemi !ue le pasteur 1
les digues et les canaux ont un ad,ersaire
acharn dans le bdouin dont elles g7nent les
prgrinations$
L' action de l' homme tire sa principale puissance
des auxiliaires !u' elle mobilise dans le monde
,i,ant N plantes de culture/ animaux domesti!ues 1
car il met ainsi en branle des 0orces contenues/
!ui trou,ent gr@ce 2 lui le champ libre/ et !ui
agissent$ La plupart des associations ,gtales
0ormes par la culture se composent d' lments
primiti,ement disperss$ C' taient des plantes
niches sur des pentes exposes au soleil/ ou
sur les bords des 0leu,es/ !u' a,ait relgues
sur certains points la concurrence d' esp.ces
groupes en plus grandes masses et constitues
en plus gros bataillons$ u cantonnement
propice o5 elles s' taient retranches/ ces
plantes/ !ue la reconnaissance des hommes de,ait
un 9our bnir/ guettaient le moment o5 des
circonstances nou,elles leur li,reraient plus
d' espace$ L' homme/ en les adoptant dans sa
client.le/ leur a rendu ce ser,ice/ il les a
dlies$ u m7me coup/ il a 0ra3 la route 2
un cort.ge de ,gtaux ou d' animaux non con,is 1
il a substitu des associations nou,elles 2
celles !ui a,aient a,ant lui pris possession
de l' espace$
p;=
Qamais/ sans l' homme/ les plantes de culture !ui
cou,rent au9ourd' hui une partie de la terre/
n' auraient con!uis sur les associations ri,ales
l' espace !u' elles occupent$ FautDil donc penser
!ue/ si la main de l' homme se retirait/ les
associations aux dpens des!uelles elles se
sont tendues/ reprendraient leurs droits E
(ien de moins certain$ *ne nou,elle conomie
naturelle peut a,oir eu le temps de se
substituer 2 l' ancienne$ La 0or7t tropicale en
disparaissant a 0ait place 2 la brousse 1 et ce
changement/ en modi0iant les conditions de
lumi.re/ a limin en partie les 7tres !u' elle
abritait/ notamment les glossines
redoutables !ui en cartaient d' autres esp.ces$
?illeurs c' est le sousDbois !ui/ sous 0orme de
maquis ou de garrigues, a succd 2 la
0or7t N d' autres enchaLnements se sont produits/
trans0ormant aussi bien le milieu ,i,ant !ue les
conditions conomi!ues$ )n entre,oit !u' un
champ nou,eau/ pres!ue illimit/ s' ou,re aux
obser,ations/ peutD7tre 2 l' exprimentation$
Cn tudiant l' action de l' homme sur la terre/
et les stigmates !u' a d92 imprimes 2 sa
sur0ace une occupation tant de 0ois sculaire/
la gographie humaine poursuit un double ob9et$
Clle n' a pas seulement 2 dresser le bilan des
destructions !ui/ a,ec ou sans la participation
de l' homme/ ont si singuli.rement rduit depuis
les temps plioc.nes le nombre des grandes
esp.ces animales$ Clle trou,e aussi/ dans une
connaissance plus intime des relations !ui
unissent l' ensemble du monde ,i,ant/ le mo3en
de scruter les trans0ormations actuellement
en cours et celle !u' il est permis de pr,oir$
2 cet gard/ l' action prsente et 0uture de
l' homme/ maLtre dsormais des distances/ arm
de tout ce !ue la science met 2 son ser,ice/
dpasse de beaucoup l' action !ue nos lointains
aIeux ont pu exercer$ FlicitonsDnousDen/ car
l' entreprise de colonisation 2 la!uelle notre
po!ue a attach sa gloire/ serait un leurre
si la nature imposait des cadres rigides au lieu
d' ou,rir cette marge aux oeu,res de
trans0ormation ou de restauration !ui sont au
pou,oir de l' homme$
I$ (CP?('I'I)N B)66C- -*( HL)&C
p;P
chapitre i. #ue d' ensemble. $. -ingalits et
anomalies :
pour apprcier les rapports de la terre et de
l' homme/ la premi.re !uestion !ui se pose est
celleDci N comment l' esp.ce humaine estDelle
rpartie sur la sur0ace terrestre E )u/ pour
serrer de plus pr.s/ dans !uelles proportions
numri!ues en occupeDtDelle les di00rentes
contres E Il est 2 prsumer/ en e00et/ bien !ue
le critrium ne soit pas in0aillible/ !ue l' homme/
rare ou nombreux/ en groupes denses ou clairsems/
imprime au sol une mar!ue plus ou moins durable/
!ue son rFle est plus acti0 ou plus passi0/ !u' il
s' exerce en tout cas d' une 0aon di00rente$
Le gographe ne peut se contenter des chi00res
!ue 0ournissent les statisti!ues o00icielles$ Il
0aut bien !u' il 3 9oigne les donnes !ue
peu,ent lui 0ournir des sources di,erses/
puis!u' il s' agit de dterminer/ par la comparaison
des espaces disponibles et des e00ecti0s/
9us!u' 2 !uel degr est accomplie actuellement
l' occupation humaine de la terre$ 'outes les
parties de la sur0ace terrestre doi,ent entrer
en ligne de compte 1 ce !ui/ malgr l' insu00isance
de certains renseignements/ n' a rien
au9ourd' hui de chimri!ue$ L' ensemble seul a
une pleine signi0ication/ prcisment par les
di00rences/ les contrastes et anomalies !u' il
dcou,re$ Ces anomalies ne laissent pas d' 7tre
suggesti,es$ L' aire de rpartition d' une esp.ce/
!u' il s' agisse de l' homme ou de toute autre
esp.ce ,i,ante/ n' est pas moins instructi,e
par les
pR>
lacunes et les discontinuits !u' elle r,.le/ !ue
par les tendues !u' elle cou,re$
)n estime !ue la population de la terre/ en
;P;+/ s' l.,e en,iron 2 ;$ <+;$ =;O$ >>> habitants$
' o5 il rsulterait/ pour l' ensemble de la
terre/ une densit mo3enne de ;; habitants par
Jilom.tre carr N chi00re !u' on peut traiter
de pure abstraction/ car/ entre le maximum
atteint par les ci,ilisations a,ances et le
minimum ralis par les socits rudimentaires/
il ne correspond 2 aucune tape !ui semble
durable dans les contres en ,oie de peuplement$
)r/ comment cette population estDelle rpartie E
Les deux tiers des habitants de la terre
sont concentrs dans un espace !ui n' est !ue le
septi.me de sa super0icie$ L' Curope/ l' Inde/
la Chine propre et l' archipel du Qapon
absorbent 2 eux seuls plus d' un milliard
d' habitants$ C' est dans ce groupe de territoires/
isols les uns des autres/ rests longtemps
sans rapports directs/ !ue se sont rassembls
tous les gros bataillons$ *n autre groupe/
il est ,rai/ s' a,ance depuis un si.cle 2 pas
de gant N on compte/ en ;P;>/ plus de ;>;
millions d' habitants aux tatsD*nis$ Ce
chi00re/ toute0ois/ n' gale pas encore le !uart
de la population de l' Curope/ 2 super0icie
2 peu pr.s gale$
&ien plus 0ortement s' accusent les di00rences/
si on les calcule entre contres situes au
nord et contres situes au sud de l' !uateur$
La Gone tempre est loin d' atteindre sans doute
dans l' hmisph.re austral la m7me tendue !ue
dans le nFtre 1 mais si l' on compare la
population du sud du &rsil/ des tats de la
Plata/ du Chili/ du Cap/ de l' ?ustralie et
de la Nou,elleDUlande 2 celle !ui occupe des
rgions correspondantes et ni plus ni moins
0a,orises dans notre hmisph.re/ la
disproportion/ malgr les accroissements rcents
!ui modi0ient peu 2 peu la balance/ reste
encore extr7mement mar!ue$ Il 0aut ,aluer 2
;= millions en,iron de Jilom.tres carrs/ une
0ois et demie l' Curope/ l' tendue des contres
tempres de l' hmisph.re austral 1 et ce n' est
gu.re/ tout compte 0ait/ !u' au chi00re de R< 2
RO millions !u' on peut en estimer la population
actuelle$
*n certain rapprochement tend sans doute 2
s' oprer entre ces chi00res 1 mais combien grande
est encore la distance 2 con!urir/ si tant est
!u' elle doi,e 7tre con!uise A )n peut dire !ue/
a,ant l' essor inouI de l' migration europenne
au xixe si.cle/ phnom.ne !ui reprsente
pR;
un point tournant dans l' ,olution du peuplement
humain/ la rpartition de notre esp.ce sur le
globe ne di00rait gu.re de ce !ue l' on obser,e
au9ourd' hui/ par exemple/ 2 6adagascar/ o5 plus
du tiers de la population s' accumule sur un
espace !ui n' est !ue le ,ingti.me de l' Lle$
e telles ingalits sontDelles 9usti0ies par
les conditions naturelles E La multiplication
de l' esp.ce humaine rencontre de gra,es obstacles/
en partie insurmontables/ soit dans une
surabondance de ,ie ,gtale et microbienne/
tou00ant l' acti,it de l' homme/ comme c' est le
cas dans les sil,es !uatoriales 1 soit dans
une pnurie !ui/ par insu00isance d' eau ou de
chaleur/ anmie en !uel!ue sorte toutes les
sources d' existence$ ?u contraire/ la clmence
du climat/ l' abondance spontane des mo3ens de
nourriture sont des circonstances propices$ )n
a essa3/ 2 la suite de Candolle/ de dresser
le bilan des plantes nourrici.res d' apr.s
l' origine N si parmi les rgions les plus
0a,orises on compte le domaine mditerranen
et l' Inde/ le -oudan pourrait 3 0igurer au
m7me titre/ et l' on ne ,oit pas !ue sa
contribution ait 9amais t bien 0orte au
peuplement du globe$ *n critrium plus s:r
serait dans les 0acilits d' acclimatation
!u' o00rent certains climats$ Celui/ par exemple/
o5 une priode plu,ieuse et chaude de !uatre
2 cin! mois succ.de 2 des hi,ers de temprature
et d' humidit modres/ permet 2 la ,gtation
d' accomplir par an deux c3cles et 2 l' homme
de prati!uer deux rcoltes$ Les europens
s' mer,eillent du changement 2 ,ue !ui/ de mai
2 9uin/ trans0orme les campagnes du sud du
Qapon$ ?ux 9oies bru3antes de la moisson
succ.de en un clin d' oeil l' acti,it silencieuse
des nou,eaux germes !u' on ,ient de dposer
dans le sol$ Ce rgime/ !ui est celui de l' ?sie
des moussons/ a s:rement stimul la 0condit
humaine 1 mais l' aDtDil 0ait partout E
*n autre t3pe de climat 0a,orable/ !uoi!ue moins
libral en somme/ est celui !ui mnage 2 la
,gtation/ apr.s une interruption hi,ernale/
une priode d' au moins six mois de temprature
dpassant ;> degrs/ a,ec des pluies su00isantes$
Le c3cle est asseG long pour ou,rir 2
l' acclimatation une marge considrable 1 il est
peu de crales !ui n' 3 trou,ent place/ et a,ec
elles nombre d' arbres 0ruitiers et de
lgumineuses$ Cette heureuse ,arit/ par les
compensations !u' elle o00re et les garanties
contre ce danger de 0amine !ui 0ut le cauchemar
des anciennes socits humaines/ est assurment
une des circonstances les plus propices !u' ait
pu rencontrer leur d,eloppement$
?ucune de ces causes ne peut 7tre nglige 1
aucune ne peut su00ire$ 'out ce !ui touche 2
l' homme est 0rapp de contingence$ e toutes
pRR
parts/ 2 cFt de domaines propices o5 l' homme a
multipli/ on peut en signaler de semblables
dont les e00ets ont t 0aibles ou nuls N 2 cFt
du &engale surpeupl/ l' ?ssam et m7me la
&irmanie 0aiblement occups 1 2 cFt du 'onJin/
le Laos$ Ct !u' tait/ a,ant le dernier si.cle/
cette ,alle du 6ississipi dont le climat/ a,ec
ses pluies de printemps et de commencement
d' t/ est/ au dire de ?$ T$ Hreel3/ 4 une des
principales bases sur les!uelles repose la
prosprit de la grande rpubli!ue 4 E *n terrain
de chasse !ui/ de,enu terrain agricole/ ne peut
opposer 2 l' Curope !u' une densit in0rieure 2
R> habitants par Jilom.tre carr$
La m7me impression d' ingalit et d' anomalie nous
0rappe/ si nous tournons notre attention ,ers ces
marchesD0ronti.res de la terre habite !ue
l' homme n' occupe !u' 2 son corps d0endant/ sans
doute sous la pression des populations ,oisines$
Notre race a pouss des a,antDpostes dans les
hautes altitudes/ dans les dserts/ dans les
rgions polaires$ Il 3 a/ dans cette extension de
l' homme en dpit du 0roid/ de la scheresse/ de la
rar0action de l' air/ un d0i !ui est bien une
des a00irmations les plus remar!uables de son
hgmonie sur la nature$ ans ces domaines !ui
semblaient pour lui 0rapps d' interdit/ l' homme
s' est a,anc 1 mais pas partout du m7me pas$ La
0orce d' impulsion !ui a pouss l' humanit hors
de ses limites naturelles/ s' est exerce
ingalement sui,ant les rgions$
C' est dans l' hmisph.re boral de l' ancien
continent !ue les rgions dserti!ues ont le plus
d' tendue 1 elles sont pourtant relati,ement
moins dpour,ues de population !ue les parties
arides de l' ?mri!ue et de l' ?ustralie$ L' homme
a russi 2 s' 3 accrocher 2 tout ce !ui pou,ait
lui donner !uel!ue prise$ Les explorations !ui de
nos 9ours ont pntr au plus pro0ond des
continents nous permettent de circonscrire 2 peu
pr.s les parties o5 l' homme ne paraLt !u' 2 la
drobe et en 0ugiti0$ L' ?rabie a le ahna 1
l' Iran/ ses Vh,ir et ses VaraJoum 1 le
'urJestan/ son 'aJlamaJan 1 le 'ibet/ ses
lugubres plateaux !ue l' on tra,erse des semaines
enti.res sans rencontrer un 7tre humain$ Le
-ahara oriental/ dans le dsert de Lib3e/
!ui a pourtant ses oasis/ et le -ahara occidental/
dans le 'anesrou0t/ sont des dserts au sens
absolu$ 6ais/ en dehors de ces parties tout 2 0ait
dshrites/ nous remar!uons !ue/ dans ces rgions
arides d' ?0ri!ue et d' ?sie/ pour peu !ue s' o00re
un espace moins inhospitalier/ une population
s' en est empare$ .s !u' un peu d' eau apparaLt
ou se laisse
pR+
souponner/ l' homme/ guettant ces points d' lection/
a creus des puits/ prati!u des canalisations
!u' il a prolonges par0ois par un e00ort sans
cesse renaissant/ obstin de,ant l' aggra,ation
des s,rits du climat 2 a,oir tout de m7me le
dernier mot$ Il lutte comme agriculteur 1 il
lutte aussi comme pasteur/ rFdant de p@turages en
p@turages/ 2 mesure !u' ils s' puisent/ ce !ui ne
tarde gu.re$ )n a dit de ces tribus touareg !ue/
si peu nombreuses !u' elles soient/ elles sont
encore en exc.s par rapport aux ressources de la
contre$ -i donc il 3 a des contres o5 l' on
s' tonne de trou,er trop peu d' hommes/ il 3 en
a d' autres o5 l' on peut s' tonner 2 bon droit
d' en rencontrer trop$
Les hautes altitudes sont l' !ui,alent des dserts$
2 =$ >>> m$/ la pression de la colonne d' air a
d92 diminu de moiti/ les sources de chaleur
,itale s' appau,rissent dans l' ox3g.ne rar0i 1
et cependant/ d.s 8>> ou =>> m$ ?uDdessous de
cette altitude/ au 'ibet/ commencent 2 se
montrer !uel!ues bourgades en pierre et des
rudiments de culture$ Pres!ue aussi haut/ sur
les plateaux du Prou et de la &oli,ie/ se
hasardent !uel!ues tablissements miniers et
!uel!ues lopins de terre$ C' est dans les climats
secs/ exempts des brouillards intenses et de
l' humidit !uatoriale/ !ue l' habitat permanent
atteint ses plus grandes altitudes N il s' panouit
entre +$ >>> et R$ >>> m$ -ur les plateaux
tropicaux de la rgion s.che/ au 6exi!ue comme
en ?b3ssinie et dans l' Wmen$ Point de
di00rence en cela entre l' ancien et le nou,eau
monde 1 ces hauts plateaux 0urent m7me le s9our
de prdilection des ci,ilisations amricaines$
6ais/ dans les montagnes de la Gone tempre/
les choses ont pris un cours di00rent$ La Gone
des p@turages/ !ui surmonte celle des 0or7ts/
est 0r!uente dans le Pamir/ l' ?laI/ les
'ianDChan/ par les p@tres JirghiG 2 des hauteurs
dpassant 8$ >>> m$ 6oins le,s/ !uoi!ue
dpassant par0ois +$ >>> m$/ sont les a%las,
domaines o5 s' est implante la ,ie pastorale
des Jourdes et des turcomans$ Cn0in le mot
Alpes tait d92 connu des anciens comme
s3non3me de hauteurs et de p@turages$ Cette
annexion rguli.re des hautes altitudes 2 la
,ie conomi!ue n' a,ait 9us!u' 2 nos 9ours rien
d' !ui,alent dans les parcs des montagnes
(ocheuses/ les paramos des ?ndes/ sans
!u' aucune raison de climat ni m7me de 0aune
9usti0i@t ces di00rences$ -ans doute la prsence
de l' homme n' 3 est !ue temporaire 1 mais c' est
prcisment 2 l' en,ergure de ses migrations et
de l' espace !u' elles englobent/ !ue se mesure/
dans ces rgions en marge/ la 0orce d' expansion
de l' humanit$
pR8
La plus sensible ingalit/ en somme pourtant/
est celle !ui se r,.le entre le nord et le sud/
entre l' hmisph.re continental et l' hmisph.re
ocani!ue/ l' arctoge et la notoge de
certains Goologues$ C' est un 0ait remar!uable
!ue l' existence d' une chaLne de populations
adaptes/ sur pres!ue toute l' tendue du 0ront
!ue les terres opposent au pFle boral N de la
pninsule des tchouJtches 2 la Laponie/ du
Hroenland 2 l' ?lasJa$ Numri!uement 0aibles/
elles rach.tent cette in0riorit par l' amplitude
de leurs mou,ements$ )n a trou, des traces
d' tablissements temporaires 9us!u' au del2 de
M> degrs de latitude dans le Hroenland$
L' habitat ne saurait a,oir/ dans ces parages/
de limites 0ixes$ *n perptuel ,aDetD,ient 3 est
la loi d' existence des animaux et des hommes$
Il 3 a un 0lux et un re0lux dans cette mare
humaine !ui bat les abords inhospitaliers du
pFle septentrional$ Nulle trace de cette nergie
d' expansion/ de cette 0orce de con!u7te/ ne se
montre dans les extrmits mridionales !ue
pro9ettent les continents en 0ace du pFle oppos$
Le climat n' e:t pas t plus d0a,orable 1 tout
au contraire$ Les tapes intermdiaires n' eussent
pas man!u entre la 'erre e Feu et les
terres antarcti!ues 1 la distance de O>> 2
M>> Jilom$ Kui les spare n' e:t pas t au
del2 des mo3ens de na,igateurs tels !ue les
esJimaux$ Ct pourtant/ il n' a pas t trou,
trace humaine dans l' intrieur des 0iords
relati,ement abrits de la terre de Hraham/
2 la latitude de l' Islande$ L' e00ort a langui
0aute d' espace 1 et l' in0riorit relati,e !ue
l' on constate cheG les mammi0.res de l' hmisph.re
austral semble s' 7tre tendue aux hommes$
Il rsulte de ce !ui prc.de !ue la rpartition
des hommes ne s' expli!ue pas par la ,aleur des
contres$ Celui !ui/ 9etant un regard de connaisseur
sur les climats et les sols/ essa3erait d' en
dduire le degr d' occupation humaine/
s' exposerait 2 des mcomptes$ Le calcul d' un
0ermier supputant les probabilits de rcoltes
d' apr.s les !ualits de ses champs/ n' est pas
de mise pour le gographe$ *ne 0oule d' anomalies
nous a,ertissent !ue la rpartition actuelle
de l' esp.ce humaine est un 0ait pro,isoire/
issu de causes complexes/ tou9ours en mou,ement$
?ctuellement/ nous constatons/ dans un coup
d' oeil d' ensemble/ un chi00re approximati0
reprsentant le total des hommes tr.s
ingalement rpartis sur la sur0ace terrestre$
Cet tat n' est !u' un point/ et nullement un
point d' !uilibre/ dans une ,olution dont nous
ne pou,ons encore saisir !ue tr.s impar0aitement
les allures$ Parmi les causes dont il dri,e/
il 3 en a !ui persistent/ d' autres !ui
s' teignent/ d' autres !ui entrent en 9eu$ Le
rsultat actuel est essentiellement mobile et
pro,isoire 1 nanmoins/ c' est un rsultat/
a3ant comme tel la ,aleur d' un point de
perspecti,e/ d' o5 il est possible d' obser,er
pR=
rtrospecti,ement la marche des phnom.nes/ et
peutD7tre de hasarder !uel!ues pr,isions$
-ur ce point/ toute0ois/ une grande rser,e
s' impose$ )n a exprim/ au x,iiie si.cle/
l' opinion !ue la terre pourrait tout au plus
nourrir trois milliards d' habitants$ Il su00irait
2 ce compte !ue la population actuelle doubl@t/
comme elle a 0ait en Curope au xixe si.cle/
pour !ue le plein 0:t dpass$ 'moins du
peuplement acti0 de nombre de contres nou,elles/
nous sommes tents au9ourd' hui de nous croire
en marche ,ers des totaux bien suprieurs$
Nous pourrions peutD7tre nous tromper aussi/
et exagrer les chances 0utures de population/
comme nos de,anciers taient enclins 2 les
rduire$ (ien ne dit !u' il 3 ait/ entre rgions
analogues/ une densit normale atteinte par les
unes/ ,ers la!uelle les autres s' acheminent$
Il 3 a trente ou !uarante ans/ une des contres
les plus 0ertiles du monde/ celle des prairie
states, au centre des tatsD*nis/ s' est
le,e pres!ue d' un bond 2 ;< ou ;O millions
d' @mes 1 ce chi00re ne reprsente en somme
!u' une densit de ;= 2 R> habitants par
Jilom.tre carr/ bien in0rieure 2 celle des
contres agricoles d' Curope 1 et il ne semble
pas/ d' apr.s les derniers recensements/ !u' il
3 ait tendance 2 le dpasser$
La ci,ilisation contemporaine met en mou,ement/
2 cFt de causes !ui 0a,orisent l' accroissement
de la population/ d' autres causes !ui tendraient
plutFt 2 la rduire$ -i ce sont surtout les
premi.res !ui ont agi pendant le xixe si.cle/ il
se pourrait !ue les autres prissent le dessus au
cours des gnrations sui,antes$
ii. -le point de dpart.
on pourrait penser !ue les irrgularits !ue
prsente la rpartition de l' esp.ce humaine sont
dues 2 un tat d' ,olution peu a,ance$ L' homme
tant nou,eauD,enu dans certaines parties de la
terre/ on s' expli!uerait !ue ces rgions
n' eussent pas encore le nombre d' habitants !ue
mriteraient leurs ressources$ Clles n' auraient
commenc !ue tard 2 7tre atteintes par la mare
montante du 0lot humain$ 6ais cette ,ue n' est
pas con0irme par les 0aits 1 car il semble !ue/
pres!ue sur tous les points de la terre/ l' homme
est un hFte d92 tr.s ancien$
Les recherches !ui ont t pousses de nos 9ours
dans les parties les plus di,erses de la sur0ace
terrestre ont mis 2 9our/ soit sous 0orme de
s!uelettes/ soit sous 0orme d' ob9ets tra,aills/
des traces pres!ue uni,erselles de l' anti!ue
prsence de l' homme$ es en!u7tes s3stmati!ues
pR<
dans l' ?mri!ue du nord ont conclu 2 la di00usion
gnrale de l' homme !uaternaire sur ce continent$
Ni dans l' ?mri!ue du sud/ ni au Cap/ ni en
?ustralie/ c' estD2Ddire dans les parties de la
terre !u' on pourrait croire arrires/ les
anti!ues ,estiges humains ne 0ont d0aut$ C' est
un 0ait ac!uis !ue d.s les @ges dits
palolithi!ues/ tandis !ue les glaciers !ui
a,aient en,ahi une partie des continents n' a,aient
pas encore accompli leur retrait d0initi0/
l' humanit a,ait d92 ralis un progr.s !ui
constitue/ dans la classe suprieure des 7tres
,i,ants/ une ,ritable singularit gographi!ue N
elle a,ait tendu son aire d' habitat dans des
proportions telles !u' elle !ui,alait pres!ue 2
l' ubi!uit$ Ce pri,il.ge de !uasiDubi!uit/ elle
l' a,ait communi!u d92/ ou de,ait le communi!uer
dans la suite/ aux animaux entrs dans sa
client.le/ notamment au chien/ son prcoce
acol3te$
Cette 4 ,aste et prcoce di00usion 4 / sui,ant
l' expression de arXin/ suppose l' exercice
d' une mentalit suprieure 1 elle prou,e !u' il
tait de longue date arm des dons intellectuels
et sociaux !ui pou,aient assurer son succ.s
dans la lutte pour l' existence$ .s lors et pas
plus tFt commence l' oeu,re dont nous a,ons 2 nous
occuper ici/ l' oeu,re gographi!ue de l' homme$
Les routes de la gographie se dtachent 2 ce
moment de celles de l' anthropologie$ Par !uelle
suite d' ac!uisitions et de per0ectionnements/
m7ls de pertes 2 certains gards/ l' organisme
humain taitDil entr en possession de ces
prcieux a,antages E 2 l' anthropologie de le
rechercher$ Nous ne pou,ons ici !ue 9eter un
regard 0urti0 sur ces !uestions d' origine$ Ce
n' est pas le dbut/ mais l' aboutissement d' une
longue ,olution antrieure !ui correspond au
moment o5 l' homme s' est rpandu sur la
terre$
2 une po!ue o5 ni le climat/ ni la con0iguration
des terres et des mers ne correspondaient
exactement 2 l' tat actuel/ il se prsente 2
nous comme un 7tre constitu de longue date
en ses traits 0ondamentaux/ en possession d' une
!uantit de traits communs !ui exc.dent de
beaucoup la somme des di00rences$ -i intressant
!u' il soit de constater cheG l' australien ou le
ngrito un moindre d,eloppement de la colonne
,ertbrale/ une gracilit plus grande des membres
in0rieurs ser,ant de support au tronc/ ces
di00rences sont peu de chose en comparaison
de la chaLne de ressemblances ph3si!ues et
morales !ui unit entre eux les membres du genre
humain et en 0ait un tout$
Qe ne puis parler !u' en passant de l' en!u7te
ethnographi!ue !ui/ de nos 9ours/ s' est tendue
aux peuples les plus di,ers$ -ous les ,ariantes
pRO
des milieux ambiants/ une impression d' unit
domine$ Comment expli!uer !u' 2 tra,ers ces
di00rences on ait tant d' occasions de constater
entre contres tr.s loignes des similitudes et
des con,ergences E -ur les principaux incidents
de l' existence/ et particuli.rement sur la mort/
la maladie/ la sur,i,ance des @mes/ des ides
!u' on peut regarder comme le triste et uni,ersel
partage de l' humanit ont engendr des rites/
des superstitions/ des reprsentations 0igures/
mas!ues ou statuettes/ tout un matriel
ethnographi!ue analogue$ Il 3 a un 0ond
primiti0 commun/ sur le!uel l' homme se rencontre
2 peu pr.s partout semblable 2 luiDm7me$
Con0ormment aux m7mes ides il a dress/ align/
cha0aud des blocs ou simplement amoncel des
pierres pour abriter des spultures$ -ui,ant les
m7mes arrangements il a construit en -uisse
et en Nou,elleDHuine des cases lacustres sur
pilotis$ )n peut se demander si ces analogies ne
s' expli!uent pas par des emprunts rcipro!ues/
car les relations/ m7me 2 grande distance/
n' ont 9amais man!u absolument$ Les emprunts
de,iennent toute0ois 0ort in,raisemblables entre
contres arides spares par la Gone !uatoriale/
ou entre contres tropicales spares par des
ocans$ Combien n' aDtDil pas 0allu de si.cles/
en Curope m7me/ pour !ue l' usage du 0er/
connu sur les bords de la 6diterrane/ se
rpandLt en -candina,ie E L' h3poth.se
d' emprunts/ !uand elle ne s' appuie !ue sur ces
analogies m7mes/ est gratuite$ Il 0aut se
rappeler !ue nos conceptions et nos habitudes
se sont accumules sur un tu0 plus ancien et plus
pro0ond !u' on n' imagine$
Cette di00usion gnrale de l' esp.ce humaine
s' e00ectua par des ,oies !ue nous n' a,ons pas le
mo3en de retracer$ -oit !u' il 3 ait eu un
centre uni!ue de dispersion/ soit !u' on admette
une pluralit !ui/ en tout cas/ ne put 7tre
!u' asseG restreinte/ il 0aut !ue l' humanit ait
trou, de,ant elle de ,astes espaces continus
pour se rpandre$ *n morcellement insulaire
e:t t incompatible a,ec les dplacements
!ue suppose cette extension$ C' est comme 7tre
terrien/ par les mo3ens de locomotion appropris
2 son organisme/ !u' il put 0ranchir des
distances !ui nous tonneraient si nous ne
sa,ions pas de !uoi sont capables les peuples
primiti0s$ La mer n' entra !ue plus tard au
ser,ice des migrations humaines$ Il est
signi0icati0 !ue les tribus ,i,ant 2 proximit
de la mer ou m7me dans des archipels/ comme ces
ngritos pars sur les cFtes mridionales de
l' ?sie/ soient restes trang.res 2 toute ,ie
maritime$ L' usage de la na,igation est un progr.s
tardi,ement ac!uis/ !ui resta longtemps l' apanage
d' un petit nombre/ et !u' on ne saurait compter au
rang de ces in,entions primordiales !ui
[email protected] uni,ersellement la di00usion de
l' humanit$
pRM
Kuand les europens ont tendu leurs dcou,ertes
et leurs obser,ations sur l' ensemble du globe/
ils ont trou, beaucoup de tribus !ui ignoraient
l' usage de la ,oile/ d' autres !ui ne prati!uaient
pas la poterie/ un plus grand nombre aux!uelles
les mtaux taient inconnus 1 mais la possession
du 0eu 0aisait partie du patrimoine commun$ es
trou,ailles d' ob9ets calcins accompagnent les
plus anciennes traces de l' homme$ La di00rence
des procds en usage pour obtenir le 0eu/
par 0rottement/ par percussion/ ou autres mo3ens
plus particuliers/ indi!ue !ue l' in,ention dut
s' accomplir d' une 0aon indpendante en
di00rents points de la terre$ Il n' est pas
interdit de penser !ue ce 0ut dans une des
rgions tropicales 2 inter,alles de saison s.che
!ue l' in,ention 0it 0ortune$ Lors!u' on nous
conte comment les indig.nes de l' ?0ri!ue
tropicale recueillent/ sur une couche d' herbes
s.ches particuli.rement in0lammables/ la poudre
incandescente !u' ils ont 0ait 9aillir en 0rottant
une pi.ce de bois tendre a,ec une pi.ce de bois
pointue/ il semble !u' on assiste 2 une des
expriences dcisi,es !ui donn.rent lieu 2 la
conser,ation et au transport de la 0lamme une 0ois
obtenue$ Le climat !ui met 2 porte l' un de l' autre
le tapis dessch de la brousse et le bois
dur/ c' estD2Ddire le combustible et l' allumette/
reprsente le milieu le plus 0a,orable 2 la
marche de cette in,ention$ C' est l2 sans doute
!ue ,curent les promthes inconnus !ui
par,inrent les premiers 2 s' approprier cette
0orce incalculable !ue reclait un 9aillissement
d' tincelle$
L' extension pres!ue uni,erselle d' une tr.s
ancienne humanit s' expli!ue par la possession
de cette arme$ Le 0eu n' tait pas seulement un
instrument d' atta!ue et de d0ense contre la
0aune ri,ale/ 2 la!uelle elle a,ait 2 disputer
son existence 1 il lui 0ournit la possibilit
de s' clairer/ de cuire ses aliments$ L' homme put
ainsi s' accommoder 2 peu pr.s de tous les climats/
disposer d' un plus grand nombre de mo3ens de
nourriture$ Il 0ut plus libre de se mou,oir 2
tra,ers la cration ,i,ante$
Ce ne 0ut/ il est ,rai/ !u' une couche tr.s mince
et discontinue !ue la population !ui se rpandit
ainsi sur la sur0ace de la terre$ La comparaison
des peuples actuels dont les genres de ,ie se
rapprochent de ceux !ue prati!uaient ces primiti0s/
peut donner !uel!ue ide de la densit mo3enne
!u' ils pou,aient atteindre$ Cxceptons comme
ngligeable la minime somme d' habitants relgus
au del2 du cercle polaire ou dans les dserts
intertropicaux N il 3 a/ aux abords de <> degrs
lat$ N$/ une srie de peuples de ci,ilisation
relati,ement 0ixe/ aux!uels la chasse et la
p7che/ accompagne cheG !uel!uesDuns d' un peu
d' le,age et d' agriculture/ 0ournissent le
principal de leur subsistance$
pRP
'chouJtches/ toungouses/ iaJoutes/ samo3.des/
lapons/ etc$/ circulent ainsi 2 tra,ers cet
ensemble de 0or7ts/ steppes et toundras !ui
composent dans l' ?sie septentrionale un pa3sage
peu di00rent de celui o5 nos palolithi!ues de
l' Curope centrale chassaient le renne$ *n
nomadisme rgl d' apr.s les migrations des
animaux/ ainsi !ue la ncessit de ne se mou,oir
!ue par petits groupes N telles sont les
conditions actuelles/ analogues 2 celles !u' on
entre,oit dans le lointain pass$ Clles sont
0a,orables 2 une large di00usion en espace/
comme le prou,e l' extension des esJimaux/ et elles
s' accordent ainsi a,ec les 0aits !ue constate
l' archologie prhistori!ue$ C' est donc une leon
d' archaIsme !ue nous donne cet tat social$
Lors!u' on a essa3 d' ,aluer en chi00res la
population de ces peuples !ui garnissent sur une
tendue immense la ceinture borale des continents/
les calculs les plus probables ne sont pas
arri,s 2 un total de =>>$ >>> habitants N ce n' est
pas m7me ; par Jilom.tre carr 1 ils ne
composeraient pas/ 2 eux tous/ la population
d' une seule de nos grandes ,illes de deuxi.me
ordre A e ,astes espaces n' ont pu 7tre occups
autrement pendant la priode/ dcisi,e d92 pour
l' a,enir/ de la cration ,i,ante/ o5 l' homme/
arm du 0eu/ entra/ nou,eau champion/ dans
l' ar.ne$
Ce n' est pas !ue/ d.s cette po!ue/ il ne se soit
0orm sur certains points de premi.res bauches
de condensations humaines$ La p7che/ plus !ue la
chasse/ 3 donna lieu$ Parmi les amas de rebuts de
cuisine &kjokkenmoddingen' trou,s sur les
cFtes de anemarJ/ o5 des dbris d' oiseaux et de
b7tes sau,ages se m7lent 2 des amoncellements
d' ar7tes de poissons et d' cailles de mollus!ues/
il 3 en a !ui n' ont pas moins de 8>> pieds de
long/ ;R> de large/ et 9us!u' 2 M pieds de haut$
Ils datent d' une po!ue o5 l' homme n' a,ait d' autres
instruments !ue des os ou des silex taills/ ni
d' autre animal domesti!ue !ue le chien$
L' abondance du menu/ autant !ue les dimensions
des amas/ montrent !ue des groupes relati,ement
nombreux ont ,cu l2$ La mer/ au contact des cFtes
ou des bancs !ui 0a,orisent l' accomplissement
des 0onctions ,itales/ est une grande pour,o3euse
de nourriture$ es tmoins ont dcrit/ sur les
cFtes mridionales du Chili/ les sc.nes !ui
se droulent 2 mare basse/ !uand non seulement
hommes et 0emmes/ mais chiens/ porcs et/ a,ec
de grands cris/ oiseaux de mer accourent ,ers
la pro,ende laisse par le 0lot/ ,ers la table
!ue !uotidiennement la nature tient ou,erte 2
tous ces commensaux$
La ,ie de p7che cFti.re suppose un certain degr
de sdentarit
p+>
!ui s' accommode d' une densit suprieure$ C' est
elle !ui/ d.s les temps tr.s anciens/ a ramass
sur les cFtes du Qapon une population de
pro0essionnels/ ,i,ant de poissons crus/ dont le
nombre/ encore au9ourd' hui/ gale le ,ingti.me
de la population totale de l' empire du
soleilDle,ant$ PeutD7tre aDtDelle contribu
aussi 2 condenser les populations de la Chine
mridionale$ -ur les cFtes de la Colombie
&ritanni!ue/ les ethnologistes amricains ont
remar!u !ue les tribus nutJas/ thlinJits/
haIdas/ !ui se li,raient 2 la p7che/ a,aient une
densit tr.s suprieure 2 celle des algon!uins
,i,ant de chasse dans l' intrieur des
continents$
)n saisit dans ces 0aits le premier anneau de
chaLnes !ui ne se sont pas rompues 1 on peroit
des cons!uences signi0icati,es de di00rences
sociales d92 applicables 2 ces anciens @ges$
N' exagrons pas cependant$ *ne contre !ue son
isolement conser,e archaI!ue/ l' Islande/ peut
ser,ir de terme de comparaison$ resse au milieu
de l' ocan comme un pilier d' appel pour les 7tres
,i,ants de l' air et des eaux/ elle mnage aux
poissons l' abri de ses 0iords/ aux oiseaux de
mer les an0ractuosits de ses 0alaises/ 2 tous
des re0uges o5 ils ,iennent 0ra3er et nicher 1
et dans ce pullulement de ,ie animale ne man!uait
pas encore il 3 a un demiDsi.cle le grand
pingouin/ l' alca impennis, un des animaux
au9ourd' hui disparus dont les restes entrent
dans la composition des kjokkenmoddingen.
la population humaine n' a pas man!u d' a00luer
aussi 2 ce rendeGD,ous/ particuli.rement sur la
cFte de l' ouest/ baigne par les courants chauds$
Les contingents/ si clairsems dans l' intrieur/
s' 3 ren0orcent$ 6ais 2 combien se monte au
total la densit de l' troite bande littorale E
2 P habitants en,iron par Jilom.tre carr$
C' est sans doute/ par analogie/ le maximum !u' on
puisse en,isager pour les po!ues primiti,es$
Kue sur de ,astes espaces/ parcourus par des
poignes d' hommes/ certaines places 0a,orises
en aient retenu ensemble un plus grand nombre N
il 0aut donc l' admettre$ 6ais ce maximum ancien
de densit ne reprsenterait !u' un minimum dans
les conditions actuelles 1 c' est le plus !ue
puissent atteindre les libres dons de la
nature$
Il 3 a lieu de se demander si cette esp.ce
humaine aux rangs si clairsems a pu exercer
d92 une in0luence sensible sur la ph3sionomie
de la terre$ -er0 des conditions naturelles/
l' homme taitDil en mesure de les modi0ier E
Il ne 0audrait peutD7tre pas se h@ter de conclure
par la ngati,e$ Les usages du 0eu sont multiples 1
rien ne prou,e
p+;
!u' il se soit born 2 allumer des 0o3ers 0ugiti0s/
comme ceux !ui noircissent pour !uel!ues 9ours
le sol/ l2 o5 a stationn un campement de nomades$
L' ide de mnager des espaces dcou,erts est ne/
comme la domestication du chien/ d' un besoin de
scurit et de ,igilance/ !ui semble a,oir
prsid d.s les premiers temps aux moindres
tablissements humains$ 2 d0aut d' instruments
capables de ,enir 2 bout des arbres/ le 0eu
o00rait le mo3en d' extirper la ,gtation
parasite/ de dgager le sol en,ironnant/
d' carter les possibilits d' embuscades et de
surprises$
L' humidit du climat ne prot.ge la 0or7t !ue
lors!u' elle n' est pas interrompue priodi!uement
par le retour de longs mois de scheresse$
Les incendies de brousse !ui a,aient 0rapp le
na,igateur Bannon le long des cFtes du -ngal/
se prati!uent encore en grand 9us!ue dans les
parties les plus intrieures de l' ?0ri!ue$
La cendre de certaines plantes 0ournit le sel/
condiment essentiel de nourriture 1 l' herbe
croLt plus 0ine et plus sa,oureuse/ plus
recherche par les antilopes/ 2 la suite des
incendies !ui ont amend le sol$ Ct si le chasseur
tire parti de ces a,antages/ il n' est pas dit
!u' ils aient pass inaperus pour ceux de ses
compagnons ou de ses compagnes !ui prati!uaient
d92 la cueillette de certaines graines
alimentaires$ L' usage de semer des grains
sur br:lis/ pour en tirer successi,ement deux
ou trois rcoltes/ est une des 0ormes les plus
uni,ersellement rpandues de culture primiti,e$
Clle s' associe naturellement 2 la ,ie de chasse 1
comme on le ,oit encore cheG les tribus gonds/
bhils ou autres/ !ui hantent les plateaux herbeux
de l' Inde centrale$
&eaucoup de parties de la terre ont chapp sans
doute 2 toute modi0ication sensible pendant ces
priodes/ puis!u' il en reste encore au9ourd' hui
!ue l' action de l' homme n' a pas atteintes$ 6ais
il n' en 0ut pas de m7me partout$ Le pa3sage
naturel 0ut entam 2 l' endroit le plus sensible$
La rduction de l' tendue 0oresti.re au nord et
au sud de la Gone !uatoriale est un 0ait !ui
0rappe les obser,ateurs spciaux$ L' existence
de nombreux reprsentants du sousDbois dans des
espaces au9ourd' hui dcou,erts/ la trans0ormation
de lianes !ui/ d' ariennes/ sont de,enues !uasi
souterraines pour s' adapter 2 de nou,elles
conditions d' existence/ semblent indi!uer !u' une
partie du domaine immense occup par la sa,ane
a t taill aux dpens de la 0or7t$ -i l' on
,oit celleDci/ d.s !u' on s' loigne de !uel!ues
degrs de l' !uateur/ se r0ugier/ pourchasse
des plateaux et des croupes/ dans les ra,ins
et ,alles/ le climat seul n' est pas responsable
de cette limination$ &eaucoup de ,estiges de
l' @ge de pierre/ par exemple dans le
FoutaD9alon et le -oudan occidental/ nous
a,ertissent !u' il
p+R
0aut beaucoup tenir compte de l' homme$ C' est dans
ces rgions !ue s' est droul le premier acte
de cette lutte a,euglment sans merci !ue
l' homme a engage et !u' il poursuit encore contre
l' arbre$
-on action s' exerait 2 cet gard/ de complicit
a,ec la puissante 0aune d' herbi,ores !ue
l' po!ue mioc.ne a,ait rpandue dans le monde$
(unies par bandes normes/ telles !ue les ont
dcrites a,ec stup0action certains obser,ateurs/
dans l' ?0ri!ue centrale/ les antilopes sont/
2 certains moments de l' anne/ une arme
d,orante/ dont les 9arrets ner,eux tendent
au loin les ra,ages$ ' immenses !uantits de
nourriture herbace ont d: alimenter les besoins
de ces troupeaux d' hmiones/ onagres/ che,aux/
lphants sau,ages/ ainsi !ue de ces bisons !ui/
a,ant ;MO>/ s' taient multiplis par plusieurs
diGaines de millions dans les prairies des
tatsD*nis$ L' herbe renaLt 2 la pluie sui,ante/
mais les 9eunes pousses d' arbres sont dtruites$
ans la concurrence tou9ours allume entre
l' herbe et l' arbre/ l' action de ces armes
d' herbi,ores/ dont nous ne ,o3ons plus
au9ourd' hui !ue des e00ecti0s rduits/ pesa
certainement d' un grand poids$ L' homme/ plus
tard/ eut 2 les combattre pour d0endre contre
eux ses cultures 1 mais 2 l' origine il a,ait
trou, en elles des auxiliaires pour l' aider
2 se 0aire place nette$
p++
chapitre ii. (ormation de densit. $. -groupes
et sur!aces de groupements :
depuis l' po!ue lointaine o5 l' esp.ce humaine se
rpandit sur les continents/ elle a peu gagn en
di00usion$ Les progr.s accomplis sous ce rapport
dans la priode !ui nous est connue se rduisent
2 peu de choses N !uel!ues Lles au centre de
l' ?tlanti!ue et surtout dans l' ocan Indien
et les mers australes$ Kue les 6ascareignes/
2 ;=> lieues seulement de 6adagascar/ 0ussent
restes un asile o5 ,i,ait en paix/ a,ant
l' arri,e rcente de l' homme et du chien/ le
dronte &dudo ineptus', cela ne laisse pas de
surprendre$ Le 0lot humain a 0ini par atteindre
ces rogatons terrestres 1 mais 2 ces maigres
annexions se borne 2 peu pr.s le bilan des
con!u7tes rcentes de l' oecoum"ne. en
re,anche/ la population a gagn prodigieusement/
!uoi!ue ingalement/ en densit$ Clle s' est
moins accrue en tendue !u' elle ne s' est
localise en pro0ondeur$
Il 0aut s' unir pour collaborer/ en ,ertu des
ncessits primordiales de la di,ision du
tra,ail 1 et d' autre part des di00icults
s' opposent 2 la coexistence de 0orces
nombreuses runies$ 'el 0ut le dilemme !ui s' est
pos aux socits les plus rudimentaires/
aussi bien !u' il se pose aux ci,ilisations
les plus a,ances$ Il n' 3 a pas d' hiatus entre
les deux/ mais seulement des di00rences de
degrs$ Kuelle !ue soit l' importance des
groupes dont il 0ait partie/ l' homme n' agit
et ne ,aut gographi!uement !ue par groupes$
C' est par groupes !u' il agit 2 la sur0ace de la
terre 1 et m7me dans les contres o5 la
population semble 0ormer un ensemble des plus
cohrents/ elle se rsoudrait/ si l' on regardait
de pr.s/ en une multitude de groupes ou de
cellules ,i,ant/ comme celles du corps/ d' une
,ie commune$
groupes molculaires. Dces groupes sont en
dpendance mani0este de la nature des contres$
Comme les plantes se rabougrissent
p+8
2 d0aut de chaleur ou d' humidit/ ainsi se
racornissent en pareilles conditions les groupes
humains$ *ne douGaine de huttes/ cheG les
esJimaux/ passe pour une grande agglomration 1
et au del2 de O= degrs de latitude/ le maximum
est de deux ou trois$ *n rassemblement de
;8 3ourtes est un ,illage !ui 0ait 0igure dans
la pro,ince d' ?nad3r$ La scheresse au -ahara/
dans le Valahari/ en ?ustralie/ produit le
m7me e00et !ue le climat polaire$ Foureau note
cheG les touareg 4 le 0ractionnement in0ini par
petits groupes des habitants 4 $ ans l' ?Ir/
les groupes se rduisent 2 + ou 8 tentes$ Les
krals des hottentots runissent par0ois
plus de ;>> indi,idus 1 on en compte 2 peine une
douGaine dans les campements de bochimans ou
d' australiens$
?illeurs/ dans la silve !uatoriale
a0ricaine/ dans la montana ou les bosques
du ,ersant oriental des ?ndes/ l' importance
des tablissements humains est en proportion
in,erse de la luxuriance ,gtale$ Ce !u' on
rencontre au Congo/ entre l' !uateur et le
< e degr de latitude nord ou sud/ ce sont des
,illages d' une trentaine de cases 1 on nous
parle de ,illages n' en a3ant !ue M ou ;>$ Ces
chi00res ne seraient sans doute gu.re dpasss
dans l' intrieur de &orno ou de -umatra$
6ais la di00rence entre les contres dont le
climat p.che par exubrance et celles o5 il
p.che par anmie/ se montre dans la rapidit
a,ec la!uelle les groupes grossissent d.s !ue
cesse l' oppression de la 0or7t 1 une
recrudescence subite dans le nombre et
l' importance des ,illages se produit sur la
lisi.re de la sil,e$ 'andis !ue la 0or7t elleDm7me
accroLt sa population au ,oisinage de la
sa,ane/ celleDci se cou,re de ,illages dont les
habitants se chi00rent par centaines/ atteignent
par0ois le millier$
groupes nomadisants. Dces groupes/ 2 !uel!ue
genre de ,ie !u' ils appartiennent/ sont en
rapport dtermin a,ec une certaine portion
d' espace$ Ni la raison ni l' exprience n' admettent
de peuple sans racines/ c' estD2Ddire sans un
domaine o5 s' exerce son acti,it/ !ui assure et
maintient son existence$ Pas de groupe/ m7me au
plus bas
p+=
degr de l' chelle sociale/ !ui n' ait et ne
re,endi!ue @prement son territoire$ )n dit !ue
les plus humbles peuplades australiennes a,aient
l' habitude de dterminer par des pierres ou
certaines mar!ues connues les espaces dont la
contenance pou,ait pour,oir 2 leurs besoins de
chasse/ de cueillette/ de pro,isions d' eau et de
bois$ L' tendue supplant 2 l' insu00isance/
ce sont en gnral les groupes les plus
indigents !ui rclament le plus d' espace$
6ais une tr.s 0aible densit de population n' exclut
nullement un certain degr de richesse et de
puissance$ Les tribus pastorales de l' ?sie
et du -ahara ont leurs p@turages attitrs
!u' elles 0r!uentent successi,ement dans leurs
parcours priodi!ues$ Ces p@turages ont leur
nom 1 ce sont/ 2 la di00rence des ,agues
tendues de bled, des contres pour,ues
d' un tat ci,il$ Il est possible !ue des mois se
passent sans !ue ces domaines soient ,isits par
leurs possesseurs 1 il 0aut !ue l' herbe ait eu
le temps de pousser en l' absence de l' homme$
Ces sur0aces !ue ses pieds 0oulent si rarement
n' en sont pas moins un domaine/ une dpendance
du groupe$ Kuel!uesDuns de ces groupes/ surtout
au coeur des dserts/ ne sont !ue d' humbles et
insigni0iantes collecti,its$ 6ais tel n' est pas
tou9ours le cas$ Certaines tribus du -ahara
oriental ont des rami0ications depuis l' g3pte
9us!u' au centre de l' ?0ri!ue$ Les larba/ dans
leurs migrations priodi!ues entre le 6Gab et
les marchs de &oghar et de 'enietDClDBad/
embrassent un parcours d' en,iron =>> Jm$ C' est
aussi une longue tape !ue celle !ui m.ne les
<$ =>> JirghiG des ,alles du Ferghana ,ers les
hauts plateaux de l' ?laI$ e tels exodes
supposent un certain degr d' organisation
territoriale$ Le sort de cette richesse
ambulante !ui se chi00re par des centaines de
mille moutons ou ch.,res/ sans compter @nes/
che,aux et chameaux/ ne saurait 7tre li,r au
hasard$ Il impli!ue des dispositions relati,es
aux passages/ aux ra,itaillements en eau/ aux
tapes/ tout ce !u' exige la 9ouissance rguli.re
d' un ,aste domaine pastoral$ Le cercle ne peut
7tre dtermin a,ec une enti.re rigueur 1 une
certaine marge est ncessaire/ car il 0aut
compter a,ec les caprices des saisons/ suppler
au besoin 2 l' absence de ,gtation aux endroits
pr,us$ Paissant tour 2 tour les herbes des
daas ou redirs, celles !u' humecte le
lit des oued, les tou00es aromati!ues des
steppes/ les gnrations aussi ,ite puises
!ue parues des plantes annuelles/ se rabattant
au besoin sur les 9ach.res des champs limitrophes/
ces troupes d,orantes ont besoin de larges
disponibilits d' espace$ (arement
p+<
m7me elles peu,ent runir tous leurs membres 1
il 0aut se sparer pour ,i,re 1 ?braham et
Loth ,ont paLtre leurs troupeaux ,ers les
points opposs de l' horiGon$ Ce n' est !u' en des
occasions solennelles/ 9o3eusement accueillies/
!ue la tribu peut se donner 2 elleDm7me le
spectacle de sa magni0icence et dplo3er/ comme
IsraSl de,ant &alaam/ toute la multitude de
ses tentes$ ?insi est exclue du domaine o5
pr,aut la ,ie pastorale toute occupation
intensi,e du sol 1 ou du moins la part !ui est
0aite 2 celleDci ne peut s' accroLtre sans gra,e
dommage pour le pasteur$
rapports des groupes entre eux. Dla sil,e
tropicale/ la sa,ane herbeuse/ la steppe
pastorale se traduisent/ sous le rapport de la
densit d' habitants/ par des groupes
dissemblables/ disposant d' une part tr.s
ingale d' espace$ 'oute0ois/ comme ils 0ont
partie d' un ensemble terrestre !u' anime en son
entier la prsence de l' homme/ des ractions
s' changent entre eux$ Par l' e00et des
transactions !ui s' tablissent ou des mou,ements
!ui se rpercutent entre les populations
humaines/ des ren0lements de densit tendent 2
se 0ormer sur les lignes o5 des genres de ,ie
di00rente entrent en contact$ Nous a,ons
signal plus haut l' accroissement !ui correspond/
en ?0ri!ue/ 2 la Gone de contiguIt entre la
sil,e et la sa,ane$ )n peut obser,er le m7me
phnom.ne sur la marge indcise !ui s' interpose/
dans l' ancien continent/ entre le domaine de la
,ie pastorale et le domaine agricole N aussi
bien sur les con0ins sahariens du 'ell et du
-oudan !ue sur les lisi.res des steppes de
l' ?sie occidentale$ es marchs/ par0ois des
,illes/ surgissent sur ces points de rencontre/
ou plutFt de soudure/ car c' est un lien de
solidarit !ui unit ces di,erses 0amilles de
groupes$ -i l' on se demande/ en e00et/ comment
ont pu se 0ormer et durer ces grandes
organisations pastorales !ui gra,itent depuis
le -ahara 9us!u' en 6ongolie/ on constate !ue
leur existence est en rapport a,ec les marchs
agricoles !ui leur permettent d' changer leurs
produits$ L' parpillement d' un cFt et la
concentration de l' autre apparaissent comme deux
0aits connexes$
L' exploitation pastorale/ !ui/ de nos 9ours/ a
pris possession de grandes sur0aces en ?ustralie
et en ?mri!ue/ con0irme/ en les s3stmatisant/
ces rapports$ ans les contres ,oues 2 la ,ie
pastorale/
p+O
telles !ue le HrandD&assin de l' ?mri!ue du
nord/ le sud des Pampas de l' ?rgentine/ la
partie occidentale de la Nou,elleDHalles u
-ud/ les contrastes atteignent leur maximum
entre l' exiguIt de mainDd' oeu,re humaine et
l' abondance de capital pastoral$ La disproportion
est in0iniment plus 0orte !ue dans l' ancien
monde entre le nombre du btail et celui des
hommes$ )n peut estimer 2 = ou < moutons par
homme le chi00re !ue poss.dent les puissantes
tribus pastorales dont nous a,ons parl$ ?u
contraire/ en ?ustralie/ on cite des troupeaux
de =>$ >>> 2 M>$ >>> moutons !ui n' exigent !u' un
personnel de ;= 2 R> personnes$ ans la
rpubli!ue argentine/ des estancias
dtiennent 2 elles seules des troupeaux de
;<>$ >>> moutons$ ?utre exemple N l' tat de
T3oming/ aux tatsD*nis/ possdait/ en ;P>>/
plus de = millions de moutons et n' a pas
;=>$ >>> habitants$ C' est donc sur de grands
espaces la rduction au minimum de l' lment
humain 1 mais cela/ prcisment parce !u' il
existe ailleurs des centres de commerce/ de
puissants 0o3ers de consommation/ des ports/
des ,illes immenses/ o5 ces manu0actures de
laine et de ,iande ont leurs dbouchs$ Ces
contrastes 0ont partie de l' conomie gnrale$
l' accumulation sur place. D,oulant
caractriser des peuples !ui ,g.tent dans un
tat de ci,ilisation rudimentaire sans un espoir
de progr.s/ %irgile s' exprime en disant
4 !u' ils ne sa,aient ni 0aire masse de leurs
produits ni en prati!uer l' pargne 4 $ )n ne
saurait mieux mettre le doigt sur le principe
d' o5 sort un accroissement de densit dans les
groupes humains$ -eule/ la ,ie sdentaire/
directement ou indirectement/ donne consistance
2 l' occupation du sol$ )r l' agriculture est le
seul rgime !ui ait 2 l' origine permis de
cohabiter sur un point 0ixe et d' 3 concentrer
le ncessaire pour l' existence$ 'oute0ois n' est
pas agriculteur celui !ui/ apr.s a,oir br:l
l' herbe/ 9ette !uel!ues poignes de grains et
s' loigne 1 mais celui !ui amasse et 0ait des
rser,es$ Le pasteur/ dans les rgions arides/
essaie de 0aire subsister sans pro,isions
assembles d' a,ance/ 2 la 0ortune des saisons/
le plus d' animaux possible$ Les peuples chasseurs
de l' ?mri!ue du nord n' ignoraient pas la
culture 1 mais/ dit PoXell/ 4 il tait de
prati!ue pres!ue uni,erselle de dissiper de
grandes !uantits de nourriture dans une
constante succession de 07tes/ dont l' obser,ation
superstitieuse ne tardait pas 2 dissiper les
appro,isionnements 1 et l' abondance
p+M
0aisait bientFt place au dn:ment et m7me 2 la
0amine 4 $ L' agriculteur ne tombe pas dans ces
mprises 1 la pr,o3ance et m7me l' a,arice lui
sont passes dans le sang$ Il cumule le
patrimoine des gnrations passes et sui,antes$
Le premier pas 0ut l' acclimatation de plantes
et la domestication d' animaux 1 l' ensilotage ou
la mise en grange 0ut le second$
noaux de densit et lacunes intermdiaires.
les cultures soudanaises occupent un grand
espace en ?0ri!ue$ 6ais il 3 a une in0irmit
inhrente 2 cette agriculture !ui ne prati!ue
pas la 0umure du sol et ne connaLt pas la
charrue$ Clle n' utilise !ue les parties o5 le
sol meuble permet 2 une simple houe d' 3 en0ouir
la semence 1 l' aridit des gr.s ou des granites
la rebute$ Clle est capable nanmoins/ dans
les conditions 0a,orables du sol/ de donner lieu
2 une densit considrable d' habitants$ WunJer
et CminDPacha dcri,ent 2 l' en,i 4 les 0iles
de cases !ui se succ.dent l' une pr.s de l' autre
pendant pr.s d' une heure 4 / dans l' )uganda$
Bans 6e3er parle dans les m7mes termes des
cultures !ui s' talent o5 s' chelonnent en
terrasses sur les croupes du (ouanda/ par
;$ <>> m$ ' altitude$ 2 des altitudes bien moindres/
sur le mo3en Chari/ ?$ Che,alier signale
4 tel pa3s !ui n' est !u' un ,aste champ ,erger 4 $
Il 3 a/ dans le -oudan nigrien/ dit Lucien
6arc/ 4 des contres o5 l' on peut marcher deux
9ours sans perdre un seul instant les cases de
,ue 4 $ C$ -alesses estime 2 8> habitants par
Jilom.tre carr la population de certains districts
du FoutaD9alon$ -eulement/ ces 0o3ers de
densit sont sporadi!ues 1 ils sont spars par
des inter,alles ,ides$
Incapable de sub,enir 2 l' puisement du sol/
cha!ue groupe se sent bientFt 2 l' troit dans
l' espace !u' il exploite$ -ur un sol !ui nous
est pourtant dpeint comme 0ertile/ on nous
apprend !u' un ,illage a besoin de disposer d' une
priphrie triple de celle !u' il culti,e
e00ecti,ement$ *ne sorte de roulement entretient
de ,astes rser,es de terrains buissonneux 2
cFt des cultures$ 6algr tout/ il arri,e un
moment o5 le pa3s surpeupl se ,oit oblig de
re9eter une partie de sa population$
Ku' arri,eDtDil alors E Ce n' est pas 2 proximit/
mais au del2 des obstacles naturels !ui
circonscri,ent son domaine/ bien 2 distance/
!u' il met ce re9eton$
p+P
Les marches 2 tra,ers des espaces ,ides/ les
9ournes passes sans ,oir ni cases/ ni ,isages
d' hommes/ morne re0rain de l' exploration
a0ricaine/ s' expli!uent ainsi$ Les guerres et la
traite ont contribu certes 2 largir ces
lacunes N nulle part le homo homini lupus
ne s' appli!ue mieux$ 6ais si le groupe social
est rest isol/ molculaire/ incapable de
concerter sa d0ense/ il 3 a surtout au 0ond
de cela un mode impar0ait d' agriculture$ es
sc.nes d' apparences contradictoires d0ilent
ainsi sous les 3eux/ et nos 9ugements sur les
chi00res totaux de population s' en
ressentent$
Le peuplement de la terre s' est opr par taches/
dont les auroles dans les pa3s les plus
ci,iliss 0inissent par se re9oindre 1 encore
pas tou9ours$ (ichtho0en/ dans son 9ournal
de ,o3age en Chine/ note entre pro,inces
,oisines et tr.s ci,ilises/ comme le BouDP
et le BoDNan/ des traces de sparations
anciennes et 0ondamentales$ Cntre les chambres
et chambrettes dont/ sui,ant son expression/
se compose la Chine/ les cloisons/ en !uel!ue
sorte/ sont des marchesD0ronti.res/
montagneuses ou accidentes/ dont les habitants
,i,ant en clans/ par petits hameaux/ prati!uent
d' autres modes d' existence !ue ceux de la plaine$
Les deux peuplements/ !uoi!ue contigus/ ne se
0ondent pas$ La solution de continuit reste
apparente$
L' Inde/ dit -umner 6aine/ 4 est plutFt un
assemblage de 0ragments !u' une ancienne socit
compl.te en elleDm7me 4 $ C00ecti,ement/ sans
parler des encla,es 2 demi sau,ages !ui
con0inent soit au &engale/ soit au pa3s des
mahrattes/ le ,illage hindou/ t3pe de la
ci,ilisation du nord/ est organis pour se
su00ire comme si rien n' existait autour de lui$
Constitu en unit agricole/ a,ec son personnel
attitr de 0onctionnaires et d' artisans/ il
0orme un microcosme$ Les anal3ses des derniers
recensements indi!uent !ue la plupart des
existences restent en0ermes dans ce cadre/
sau0 pour contracter mariage dans le ,illage
,oisin$ Ce n' est pas entre ,illages/ mais entre
le rgime de communauts de ,illages et celui
de tribus !ue s' interpose l' isolement/ tant il
est ,rai !ue c' est par l' intermdiaire de
causes sociales !ue s' exerce l' in0luence des
conditions gographi!ues A
groupements de dates diverses en )urope. Dle
spectacle !u' o00re au9ourd' hui le peuplement/
dans la ma9eure partie de l' Curope/ est
p8>
tellement composite !u' il 0audrait sou,ent des
cartes 2 tr.s grande chelle pour distinguer les
soudures !ui ont 0ini par rapprocher en
une apparence de continuit les di00rents
groupes$ 'oute0ois/ m7me sur des cartes 2
mdiocre chelle/ les bords de la 6diterrane
montrent de singuli.res lacunes$ 2 !uel!ues
Jilom.tres de distance la population tombe
d' un haut degr de densit 2 un degr de
rar0action !ui touche au dsert$ Les campos
con0inent en Cspagne aux huertas *
les garrigues / 2 la cousti"re du
Languedoc 1 les plans du %ar/ aux bassins
de Hrasse et de Cannes 1 la murgia !uasi
dserte/ au littoral populeux des Pouilles$
ans le Plopon.se/ les petites plaines d' ?rgos/
d' ?chaIe/ d' lide/ de 6essnie et de Laconie/
!ui ne reprsentent !u' un R> e de la sur0ace/
contiennent un !uart des habitants$ La ,ie
urbaine et la ,ie de clans sont deux plantes
!ui ont trou, autour de la 6diterrane un
sol 0a,orable 1 elles subsistent encore cFte
2 cFte$ Cette coexistence a contribu 2 crer/
puis 2 maintenir entre les di,ers groupes
lmentaires une cohsion !ui 0ait 0@cheusement
d0aut dans les parties du littoral/ comme le
(i0/ l' ?lbanie/ les -3rtes/ o5 le commerce
et la ,ie urbaine n' ont pu/ 9us!u' 2 prsent/
pousser de 0ortes racines$
La grande industrie a boule,ers depuis un si.cle
les conditions du peuplement dans l' Curope
centrale et occidentale$ Ce peuplement s' o00rait
d92 comme un palimpseste sur le!uel dix si.cles
d' histoire a,aient inscrit bien des ratures$
6arais asschs/ 0or7ts d0riches n' a,aient
pas cess d' a9outer des touches nou,elles au
0ond primiti0$ es 0ormes di,erses d' tablissements
correspondent 2 ces di,ersits d' origine 1 si
bien !u' un coup d' oeil tant soit peu exerc ne
con0ondra pas les pa3s aux ,ieux ,illages et ceux
o5 une colonisation ultrieure a dissmin
les 0ermes en hameaux 2 tra,ers les brandes
et les essarts. puis l' industrie est ,enue
et a 0ait sortir du sol une ligne nou,elle
d' tablissements humains$
Cependant le no3au primiti0 du peuplement se
laisse encore discerner$ )n peut a00irmer/
preu,es en mains/ !ue les hommes/ ici comme
ailleurs/ se sont obstins longtemps 2
s' accumuler sur certains lieux/ pres!ue 2
l' exclusion des autres$ Kuels lieux E Ce n' tait
pas in,ariablement les plus 0ertiles/ mais les
plus 0aciles 2 tra,ailler N les plateaux
calcaires en -ouabe/ &ourgogne/ &err3/ Poitou/
etc$ 1 les terrains meubles et 0riables o5 la
0or7t n' a,ait pu !u' impar0aitement s' implanter
dans ses retours o00ensi0s apr.s les priodes
glaciaires/ et !ui 0orment une sorte de bande
depuis le sud de la (ussie 9us!u' au nord de
la France$ 'elles 0urent les clairi.res/ les
espaces ars et dcou,erts/ les sites attracti0s
o5 se rencontr.rent les premiers rassemblements
europens/ o5 ils commenc.rent 2 prendre cohsion
et 0orce$
p8;
' intressantes reconstitutions cartographi!ues/
au mo3en des trou,ailles prhistori!ues et des
documents cadastraux/ ont t tentes pour le
Turtemberg 1 on 3 ,oit les tablissements des
po!ues romaine et alamanni!ue se superposer
exactement/ sur les sur0aces non 0oresti.res/
2 ceux de l' po!ue nolithi!ue et du premier
@ge du 0er$ Ce n' est !u' ultrieurement !ue de
nou,eaux groupes ,iennent s' interposer entre
eux$ Il n' est pas douteux !ue les choses se
soient passes de m7me en France$ Lors!ue
6$ Qullian nous dpeint le territoire d' un
peuple gaulois comme 4 un ,aste espace ren0ermant
au centre des terres culti,es/ protg 2 ses
0ronti.res par des obstacles continus/ 0or7ts
ou marcages/ etc$ 4 / c' est le signalement exact
d' une de ces units 0ondamentales !u' il nous
donne$ Nous a,ons essa3 nousDm7me de retracer
d' apr.s ces principes/ pour la France et
l' Curope centrale/ une carte de l' occupation
histori!ue du sol$
ii. -mouvements de peuples et migrations.
densit par re!oulement. Don ne saurait trop
0aire part/ dans la 0luctuation des
phnom.nes humains/ aux troubles dus aux chocs
des peuples/ aux in,asions rptes/ 2 un tat
chroni!ue de guerre$ Certaines contres sont
plus exposes !ue d' autres 2 ces mou,ements
d,astateurs N ainsi la Gone des steppes !ui
s' tend de la 6ongolie au 'urJestan/ ou de
l' ?rabie au 6aghreb$ L' histoire 3 enregistre
une srie d' in,asions/ depuis celles !ue
mentionne Brodote 9us!u' 2 celles !u' ont
0inalement contenues les russes/ ou depuis les
arabes 9us!u' aux almora,ides et hilaliens$ La
pousse des massaI dans l' ?0ri!ue orientale/
celle des ca0res dans l' ?0ri!ue australe se
sont rpercutes au loin et ont 9onch de dbris
de peuples une partie de ce continent$
L' ?mri!ue du nord n' a pas chapp 2 ces
perturbations N ne ,itDon pas/ au x,iiie si.cle/
une tribu obscure/ dite des pieds-noirs,
sortie du bord des montagnes (ocheuses/
s' tendre tout 2 coup/ gr@ce 2 la possession
du che,al/ 2 tra,ers les prairies de l' ouest E
Cn dehors m7me de ces ar.nes ou,ertes/ espaces
prdestins aux mou,ements de ,aste en,ergure/
l' absence de scurit/ dans notre Curope/ a
longtemps 0rapp d' interdiction des ,oies
naturelles !ui semblaient 0aites pour
p8R
attirer les hommes$ Pendant des si.cles/ les
plateaux de Podolie et de Halicie/ si populeux
au9ourd' hui/ ,irent dboucher/ le long du
sentier noir, les tribus !ui priodi!uement/
comme des nues de sauterelles/ s' chappaient
des steppes$ Les ch@teaux ou ,ieux burgs !ui
dominent les ,alles du (hin et du (hFne
0urent les re0uges des populations de la plaine
contre le 4 droit du poing 4 &!austrecht'.
hier encore/ notre ,o3ageur Cre,aux nous
apprenait !u' en ?maGonie/ pour 0uir les
dprdations dont le grand 0leu,e est le
,hicule/ les tribus indig.nes s' en cartaient
,ers les ,alles moins accessibles$
Ces 0aits ont eu sur la rpartition des
populations humaines des cons!uences !ui ont
sou,ent sur,cu aux causes !ui les a,aient
produites$ Ils ont eu pour rsultat de re0ouler
les populations dans des contres abrites/
!ui ont pris de ce che0 un accroissement
anormal$ Les montagnes de la HrandeDVab3lie/
les oasis du 6Gab et peutD7tre celles du 'ouat
et du 'a0ilelt/ doi,ent 2 des accidents
histori!ues de cette esp.ce l' exc.s de population
!ui s' 3 trou,e$ Les articulations pninsulaires
de la Hr.ce/ et surtout les Lles ad9acentes/
ont t congestionnes 2 la suite des con!u7tes
tur!ues$ 2 l' in,asion ottomane est imputable
aussi le re0oulement !ui a pouss au coeur de la
rgion 0oresti.re longtemps dlaisse au sud
de la -a,e/ dans la +houmadia, les
populations !ui s' taient d,eloppes sur les
plateaux dcou,erts du centre de la
pninsule$
L' histoire de notre ?lgrie/ de l' *Jraine/ de la
Ciscaucasie/ nous montre combien tardi,e/ apr.s
ces priodes d' in,asions et d' inscurit/
a t par0ois la re,endication de ces contres
dignes d' un meilleur sort$ Ces plaines ou,ertes
a,aient cd en partie leur population aux
montagnes/ !ui sou,ent l' ont garde$ ?ux
exemples d92 cits on peut a9outer le Caucase/
citadelle de peuples dont la di,ersit tonnait
les anciens/ les ?lpes transil,aines o5 s' est
re0orme la nationalit roumaine/ les &alJans
o5 s' est reconstitu/ pendant la domination
tur!ue/ le peuple bulgare$ Ces montagnes doi,ent
aux re0oulements une densit !u' elles n' auraient
pas atteinte spontanment/ par leurs ressources
propres$
densit par concentration. Dtel n' est pas
cependant le cours normal des 0aits/ tel du
moins !ue nous pou,ons l' entre,oir$ Les hommes
ont commenc par se porter sur certains sites
d' lection !ue la 0acilit de culture a,ait
dsigns 2 leur choix et !ue peu 2 peu
l' accumulation
p8+
du patrimoine signalait 2 leurs con,oitises$ Ils
3 ont 0orm groupe/ enracin leurs
tablissements/ s' 3 sont concentrs/ tandis
!ue les alentours restaient ngligs ou ,ides$
Il 0aut s' imaginer ces d,eloppements primiti0s
de population comme susceptibles d' atteindre
une densit relati,ement 0orte/ !uoi!ue borns
dans l' espace/ en0erms dans des cadres !ue
leurs mo3ens ne leur permettaient gu.re
d' agrandir$ i,ers indices dans les contres
les plus di00rentes permettent de se rendre
compte de ce mode sporadi!ue de peuplement
intensi0 1 et c' est un des rsultats les plus
curieux des connaissances rcemment ac!uises
sur l' intrieur de l' ?0ri!ue/ !ue de nous le
montrer sur le ,i0 et encore 2 l' oeu,re$
Ce !ui oppose au9ourd' hui 2 l' expansion sur place
des groupes agricoles soudanais des obstacles
!u' ils ne sont pas par,enus 2 surmonter/ c' est/
a,onsDnous ,u/ l' imper0ection de l' outillage et
l' absence de science agricole$ La 0or7t/ le
marcage 0urent/ en Curope/ aussi des 0orces
hostiles aux!uelles il tait di00icile et
paraissait m7me chimri!ue de se mesurer$ Clles
cernaient les groupes dans des espaces restreints$
Il a 0allu/ pour briser ces cadres/ un concours
de circonstances et d' e00orts dont la srie/
entre,ue seulement par chappes/ est l' histoire
des con!u7tes du sol$
La collaboration d' entreprises collecti,es et
mthodi!ues/ l' in,ention de meilleurs instruments/
l' introduction de plantes s' accommodant de
sols plus pau,res/ et parDdessus tout la
substitution de la science aux procds
empiri!ues/ ont 2 peu pr.s ralis en Curope la
solidarit des di,ers modes d' exploitation
!ui unit la contre en un tout$ 6ais nous
,o3ons encore/ en d' autres grandes contres
de ci,ilisation et de peuplement/ telles !ue la
Chine et le Qapon/ les cultures concentres
dans les plaines ou sur les terrasses
in0rieures/ et les montagnes 0rustres de
tout emploi pastoral$ L' tendue des terres
culti,es n' atteindrait m7me/ au Qapon/ !ue
;= p$ ;>> de la super0icie totale$ 'ous ces
0aits/ actuels ou histori!ues/ permettent
d' en,isager le surpeuplement comme la
cons!uence prcoce de cet instinct ou de cette
ncessit !ui porta les hommes 2 se rassembler
et 2 0ormer groupe sur certaines places/ pour
3 poursui,re obstinment les m7mes routines$
surpeuplement et migration. Dle
surpeuplement/ en ces conditions/ ne peut trou,er
d' issue !ue l' migration$ La Chine/ !ui est
p88
sans doute au9ourd' hui le pa3s d' ancienne
ci,ilisation o5 subsistent da,antage les
irrgularits primiti,es/ est le th@tre d' une
0oule de ces migrations anon3mes/ obscures/
dont le total 0init par changer la 0ace du
monde$ Les ,o3ageurs !ui en ont parcouru
l' intrieur ont t sou,ent tmoins du
spectacle sui,ant$ Ils rencontrent sur leur
route des 0amilles enti.res se dplaant d' une
contre 2 une autre$ *ne 0amine/ une pidmie/
ou simplement la di00icult de ,i,re les a
0orces 2 abandonner leurs 0o3ers$ L' un d' eux
nous dpeint 4 ces 0amilles de culti,ateurs/
d' aspect dcent/ !ui campent sur les bords des
chemins/ emportant a,ec elles la nourriture
pour le ,o3age 4 $ ?insi il ne s' agit pas d' un
proltariat ,agabond/ mais de groupes 0orms/
cohrents/ dont 0emmes/ en0ants et ,ieillards
0ont partie/ 2 la recherche d' un terrain
propice pour 3 planter leurs pnates et
continuer leurs habitudes traditionnelles$
C' est ce !u' il 3 a de plus rsistant dans la
socit chinoise/ la 0amille/ !ui se transplante
dans son intgrit pour 0aire souche ailleurs/
et !ui/ gr@ce 2 sa cohsion/ 3 russira$
N' estDce pas en raccourci l' image du mcanisme
par le!uel s' op.rent les phnom.nes de
peuplement E C' est par essaims 2 la mani.re
des abeilles/ plutFt !ue par agglutination
2 la mani.re des coraux/ !ue les hommes se
multiplient$ Le surplus de population ne
cherche pas 2 se d,erser sur les espaces
,acants !ui existent dans le ,oisinage immdiat N
!u' 3 0eraitDil s' il n' 3 peut ,i,re sui,ant
ses habitudes et ses mo3ens E )n 0ranchit au
besoin de grandes distances/ en !u7te d' un
milieu analogue 2 celui !u' on est contraint de
!uitter$
C' est ce s3st.me/ !ue les chinois ont su le,er
2 la hauteur d' une colonisation mthodi!ue/
!ui les a guids 2 tra,ers les compartiments
de leur domaine$ *ne carte des agrandissements
successi0s de la Chine/ telle par exemple !ue
l' a es!uisse (ichtho0en dans son grand ou,rage/
montre moins une extension progressi,e/ comme le
0erait une carte histori!ue de France/ !u' une
srie de colonisations pousses en
a,antDpostes$ es bassins spars les uns des
autres ont t successi,ement ac!uis 2 la
ci,ilisation suprieure !u' a,aient su 0ormer
les 0ils de Ban$ Comme des ,ases communicants/
si l' !uilibre ,ient 2 7tre rompu/ ces bassins
le rtablissent d' euxDm7mes$ Lors!ue/ au
x,iie si.cle/ le riche 4 pa3s des KuatreDFleu,es 4 /
le -seuD'ch' ouan/ eut t ruin par les
incursions tibtaines/ des groupes d' immigrants
a00lu.rent pour combler les ,ides/ apportant
si 0id.lement a,ec eux leurs dieux lares et
leurs traditions domesti!ues !ue leurs descendants
p8=
sa,ent encore dire de !uelle pro,ince taient
,enus leurs anc7tres$
Lors!ue/ en ;M<;/ les anglais/ pntrant de plus
en plus dans les pro0ondeurs de leur empire
indien/ entreprirent l' organisation des
pro,inces centrales/ ils constat.rent non sans
surprise combien rcente tait l' occupation
agricole de ces contres$ Clle remonte aux
progr.s !ue 0it/ ,ers la 0in du x,ie si.cle/
sous l' empereur ?Jbar/ la puissance mongole
dans les ,alles de la Nerbudda et de la
'apti$ Ces contres taient restes un terrain
de chasse des gonds$ 6ais le sol 3 est 0orm
de ces couches noires de regur, dit
cotton soil, !ui depuis longtemps tait
0ructueusement culti, dans le Houd9erat et
autour du gol0e de Camba3e$ e la population
presse sur la cFte occidentale partirent
des groupes !ui graduellement install.rent le
tra,ail agricole dans ces terres de grand a,enir$
L' in0iltration se poursuit encore 1 elle 0ait
tache autour d' elle$ Clle gagne peu 2 peu/
ditDon/ les che0s de clans/ 9aloux de se
rele,er 2 leurs propres 3eux par un ,ernis
super0iciel d' hindouisme$
Kuand la ruche est trop pleine/ des essaims s' en
chappent$ C' est l' histoire de tous les temps$
Ce n' est pas par hasard !ue les li,res o5 sont
consigns les plus ,ieux sou,enirs de l' humanit/
le ,endidadDsad/ la bible/ les documents
chinois/ les chroni!ues mexicaines/ sont pleins
de rcits de migrations$ Il n' est gu.re de
peuple cheG le!uel ne sur,i,e la rminiscence
obscure d' un tat d' in!uitude/ de trieb,
sui,ant l' expression de V$ (itter/ !ui le
0orait 2 migrer de place en place 9us!u' au
moment de trou,er ce s9our d0initi0/ sans
cesse promis par la ,oix di,ine/ sans cesse
cart par des mal0ices$ Ce sont tou9ours
des domaines limits/ 2 la taille de ceux !u' ils
pou,aient connaLtre/ !ui sont le terme
poursui,i d' tapes en tapes N pour les
hbreux la terre de Chanaan/ pour les
Iraniens les 9ardins successi0s de -oughd
(-ogdiane)/ 6our, (6argiane ou 6er,)/
&aJhdi (&actriane)$ Non moins accidente est
l' od3sse des nahuatlacas pour atteindre
en0in 4 la terre des 9oncs et des glaIeuls 4 / les
bords du lac o5 se 0onda 'enochtitlan/ la
,ille de 6exico$
La ,ieille Italie prati!uait sur ses
populations d92 trop presses dans l' ?pennin
ces amputations !ui en dtachaient la 0leur
de 9eunesse &ver sacrum', pour l' en,o3er
chercher 0ortune$ L' histoire primiti,e de
l' Curope celti!ue et germani!ue se rsume en
une srie de
p8<
migrations/ contre les!uelles la puissance
romaine et le plus tard carlo,ingienne
s' e00orc.rent/ sou,ent en ,ain/ de ragir$
Les hel,.tes !u' attire la renomme des plaines
de -aintonge/ les su.,es !ui cherchent 2 se
substituer aux -!uanes dans ce !ue Csar
appelle la meilleure partie de leur domaine/
sont des groupes en mal d' espace/ en !u7te
de territoires/ 0aute de sa,oir tirer parti
du leur$ C' est par centaines de mille !ue les
pa3sans russes de la terre noire se prcipitaient
en -ibrie/ si le gou,ernement russe n' e:t
oppos une digue 2 l' irruption trop brus!ue
du 0lot$
sens gnral de l' volution du peuplement. Dce
n' est pas 2 la 0aon d' une nappe d' huile
en,ahissant rguli.rement la sur0ace terrestre
!ue l' humanit en a pris possession solide et
durable$ es inter,alles ,ides ont persist
longtemps/ persistent encore en partie/ 2
maintenir la sparation des groupes$ CeuxDci
obissent 2 une loi de ncessit en se sparant/
en s' cartant les uns des autres$
e di,ers cFts/ par amas irrguliers/ comme des
points d' ossi0ication/ de petits centres de
densit ont apparu de bonne heure$ Combinant
leurs aptitudes/ transmettant un patrimoine
d' expriences/ ils 0urent d' humbles ateliers
de ci,ilisation$ Kuel!uesDuns de ces groupes/
pro0itant de conditions 0a,orables/ ont pu
ser,ir de laboratoires 2 la 0ormation de races
destines plus tard 2 s' tendre et 2 9ouer leur
rFle dans le monde$
Il est arri, cependant !ue/ dans des contres
situes 2 l' cart/ l' isolement a t rig en
s3st.me$ Les bn0iciaires du sol se sont
e00orcs de maintenir autour d' eux la
sparation par des mo3ens arti0iciels 1 car
l' ide de 0ronti.re est aussi enracine !ue celle
de guerre$ ?insi les sil,ati!ues a0ricains
s.ment d' emb:ches les abords de leurs ,illages 1
les clans montagnards/ tels !ue tcherJesses/
Jourdes/ Ja0irs/ se sont retranchs dans les
parties les moins accessibles 1 les tibtains
euxDm7mes ont relgu dans les ,alles les plus
cartes leurs sanctuaires nationaux$
?u9ourd' hui/ ces centres d' isolement 0ont l' e00et
d' exceptions$ Les destines de l' humanit
eussent t 0rappes de paral3sie si ces
conditions primiti,es a,aient pr,alu$
L' isolement exposait ces socits 2 s' atrophier/
2 rester perptuellement asser,ies aux
habitudes contractes sous l' impression du
milieu o5 s' tait r,l pour eux le secret
d' une existence meilleure$ Ces communauts
humaines auraient 0ini par ressembler 2 ces
socits animales !ue nous ,o3ons 0iges dans
leur organisation/ rptant les m7mes oprations/
,i,ant sur le progr.s 9adis ralis une 0ois
pour toutes$
p8O
6ais un 0erment tra,aillait ces socits
lmentaires/ les poussait 2 croLtre et 2 se
rpandre au dehors$ Leurs re9etons se trou,aient
ainsi/ dans le ,aste monde/ en 0ace de conditions
dont la nou,eaut pou,ait rebuter les uns/
mais !ui ou,rait aux plus suprieurement dous
des sources de ra9eunissement et d' expansion$
(enan a bien dcrit la trans0ormation !ui
s' opra cheG les beniDisraSl !uand ils
entr.rent en contact a,ec la terre de Chanaan$
Cette histoire s' est sou,ent rpte dans la
suite$ *ne ,entilation salutaire/ dans la plus
grande partie des contres/ a 0cond les
rapports des hommes$
p8P
chapitre iii. ,es grandes agglomrations
humaines : A!rique et Asie :
d.s les temps les plus reculs/ certains points
de la terre ont ,u s' paissir les rangs humains$
4 croisseG et multiplieG 4 est un des plus anti!ues
prceptes !u' ait couts l' humanit$ L' ide de
4 multitudes semblables/ sui,ant l' expression
bibli!ue/ aux grains de sable des ri,ages de la
mer 4 hante de bonne heure les imaginations$ La
0ormation de densit s' est ralise d' abord
sporadi!uement/ 2 la 0a,eur de circonstances
toutes locales$ Les dcou,ertes d' instruments
de l' @ge de pierre ont 0ourni d' intressantes
indications sur ces centres primiti0s de
rassemblement$ 6ais la plupart de ces tentati,es
n' ont pas de suite 1 elles se heurtent
longtemps 2 la di00icult de ,i,re nombreux
sur de petits espaces$
Parmi ces groupes prcoces/ les uns ont cd 2
une 0orce centri0uge/ ils se sont dtachs de
leur no3au/ comme les satellites d' une plan.te$
6ais 2 la longue d' autres se sont rapprochs et/
s' il est permis de poursui,re la comparaison/
condenss en nbuleuses$ Ces agglomrations se
sont 0ormes indpendamment/ asseG loin les
unes des autres$ Leur 0ortune a t di00rente/
les unes n' a3ant cess de s' accroLtre/ tandis
!ue d' autres/ Dmais ceci a t l' exception/ Dont
dclin ou ne sont !ue l' ombre d' ellesDm7mes$
*ne lente laboration les a,ait prpares/ car
aux po!ues lointaines o5 l' g3pte et la
Chalde apparaissent dans l' histoire/ elles
comptent d92 des traditions et des sou,enirs
!ui leur communi!uent une aurole de haute
anti!uit$ Les grecs a,aient t 0rapps de
ces grandes socits du Nil et de l' Cuphrate 1
ils ne le 0urent pas moins/ lors!u' apr.s
?lexandre ils apprirent 2 connaLtre l' Inde du
Pend9ab et de la ,alle du Hange$ La Chine/
r,le plus tard/ tonna par ses multitudes les
contemporains de 6arco Polo$ ' autres
agglomrations sont ,enues/ dans la suite des
temps/ s' a9outer 2 celles dont 0urent tmoins
ces anciens @ges 1 mais dans ces 0ormations
ultrieures inter,ient une telle complexit
p=>
de 0acteurs !ue les causes gographi!ues bien
!ue tou9ours e00ecti,es/ s' 3 laissent moins
directement discerner !ue dans ces premi.res
mani0estations de 0orce collecti,e/ d' o5
l' humanit commena 2 ra3onner sur la terre$
Leur rpartition semble en rapport a,ec une Gone
comprise en,iron entre le tropi!ue du nord et le
8> e degr de latitude$ Le climat est asseG
chaud pour !ue nombre de plantes puissent
accomplir tr.s rapidement leur c3cle de maturit
et mettre 2 pro0it l' inter,alle entre les
bien0aits priodi!ues des pluies ou des crues
0lu,iales$ L' eau douce/ sous 0orme de sources/
de lacs/ de nappe phrati!ue ou de courant/
est la collaboratrice indispensable de ces
climats tropicaux ou subtropicaux$ Les grands
0leu,es surtout/ issus des hauts massi0s
asiati!ues/ et nourris de pluies priodi!ues/
agissent 2 la 0ois par leurs eaux imprgnes
de substances solubles et par leurs dpFts
d' allu,ions$ )n serait tent de croire !ue les
plus grands rassemblements humains ont d:/
d.s l' origine/ correspondre 2 la section
terminale o5 le courant satur ach.,e de
re9eter sa charge de matriaux$ N' estDce pas/
en e00et/ dans !uel!uesDuns des grands deltas
!ui s' chelonnent depuis le Nil 9us!u' au
WangD'seuDViang !ue se pressent au9ourd' hui
les plus 0ortes densits d' habitants E La
&asseDg3pte/ le &engale sont actuellement
les parties les plus populeuses de l' g3pte
et de l' Inde$ ?ux embouchures du WangD'seu/
l' Lle 'songD6ing et la pninsule BaID6en
atteignent la proportion h3pertrophi!ue/ l' une
de ;$ 8O=/ l' autre de O>> habitants par Jilom.tre
carr$ Ce serait pourtant une illusion$ Cn
ralit/ l' homme n' a pris pied !ue tard/ et
d92 arm par l' exprience/ sur ces terres
amphibies$ Ces marcages/ o5 la pente 0ait
d0aut/ !ue l' inondation menace/ n' ont t
humaniss !u' au prix de grands e00orts$ 'ous
ne l' ont pas t 1 car/ m7me sur cette 0range
littorale de l' ?sie des moussons/ 2 cFt de
deltas surpeupls d' autres attendent encore les
multitudes !ui pourraient 3 ,i,re$
Ce !ui est ,rai/ c' est !ue ces grands 0leu,es
reprsentent/ sui,ant les conditions di,erses
de leur rgime/ de leur pente/ de la composition
de leurs eaux/ de l' origine de leurs troubles/
autant de t3pes di,ers d' nergies naturelles$
Instincti,ement/ l' homme s' est senti attir
sur leurs bords par l' a00lux de cette riche ,ie
animale et ,gtale !ue dpeignent les peintures
des anciens @ges pharaoni!ues$ Kue la 0ertilit
se concentre ainsi sur les ri,es du 0leu,e ou
!u' elle s' panouisse
p=;
aux alentours/ c' est une table ou,erte ,ers
la!uelle se prcipitent tous les 7tres$ 6ais
de longues suites d' e00orts combins sont
ncessaires pour arri,er 2 discipliner ces
grandes masses d' eau/ pour 3 rallier des 0oules
humaines/ et cela n' a t ralis !ue dans
!uel!ues parties de la terre$
i. -gpte.
l' homme a pullul de bonne heure sur l' allu,ion
0riable/ riche en substances chimi!ues/ !ue le
Nil/ assagi dans des bie0s successi0s/ apporte
des ,olcans d' ?b3ssinie et dpose dans la
longue ,alle !ui s' ou,re 2 partir d' ?ssouan$
L2 se droule/ comme un long serpent/ la
terre noire &kmi' entre les sables 0au,es$
Les trou,ailles prhistori!ues donnent les
indices d' une densit prcoce$ La population de
0ellahs !ui a 0ourni le le,ier de la ci,ilisation
g3ptienne et !ui compte encore au9ourd' hui
pour <R p$ ;>> de la population totale/ est un
t3pe original d' humanit/ singuli.rement 0id.le
2 luiDm7me 2 tra,ers les @ges/ 0ermement
implant dans son domaine/ essentiellement
proli0i!ue$ Clle commena par s' panouir
librement sur ce sol 0cond/ par se complaire
2 ses prodigalits 1 se rassemblant peu 2 peu
par petits groupes d' agriculteurs/ rpartis
par nou%ts ou nomes semblables aux
nahiehs d' au9ourd' hui$ (ien n' 3 ressemble
2 la ,ie concentre et prcautionneuse des
oasis$ &ien 2 tort/ on assimile par0ois
l' g3pte 2 une longue oasis N nom spcialement
in,ent par les g3ptiens pour les di00rencier
de leur propre contre$ Le 0ellah se disperse
librement/ il a ,ite 0ait de transporter en cas
de besoin son habitation rudimentaire d' un
point 2 un autre de la bande allu,iale !ui est
son seul et ,ritable domicile$
La nature du sol 0it de l' organisation collecti,e
une ncessit$ Clle est telle !ue la salinit
ne tarde pas 2 imprgner l' eau de,enue stagnante$
L' obligation d' assurer au 0lot de crue un
prompt coulement/ apr.s en a,oir prle, le
tribut/ ne s' imposait donc pas moins
p=R
!ue celle de la capter au passage$ La tentation
de con0is!uer l' eau s' e00aa de,ant la
ncessit de la restituer aussitFt apr.s en
a,oir 0ait usage$ C' est 2 cette conception
!ue rpondit le s3st.me de bassins chelonns
parall.lement au Nil et s' coulant les uns
,ers les autres N sorte d' appareil moul au
0leu,e/ !ui eut pour e00et de doubler l' tendue
!ue sa crue peut atteindre et l' espace ou,ert
2 la population$
L' accroissement de densit n' excluait pas un
appel croissant de mainDd' oeu,re$ )n le ,oit/
sous les pharaons/ s' exercer sur les
populations ,oisines de Palestine et de -3rie/
surtout sur ces populations de Nubie dont le
0lot ininterrompu ne cesse/ comme en ,ertu
d' une loi naturelle/ de s' couler ,ers l' g3pte$
Cet a00lux/ nanmoins/ n' a pas sensiblement
altr le 0ond indig.ne N preu,e de la
0condit persistante !u' il a su opposer 2
toutes les ,icissitudes$ 6ais le domaine !u' il
occupe est trop restreint et les conditions
d' amnagement trop arti0icielles pour !ue la
densit de la population n' ait pas considrablement
,ari depuis l' anti!uit classi!ue$ L2 comme
ailleurs/ les suites des con!u7tes arabe et
tur!ue diminu.rent sensiblement le capital
humain$ ?u moment de l' expdition 0ranaise
d' g3pte/ la population n' tait estime !u' 2
R$ 8<>$ R>> habitants 1 ,ingtDtrois ans apr.s/
6ehemetD?li l' ,aluait 2 R$ =+<$ 8>>$ *n
demiDsi.cle apr.s commence la srie des
recensements/ comportant une marge de plus en
plus restreinte d' incertitude$ Ils r,.lent
un progr.s aussi rapide !ue prodigieux N
;M8< N 8$ 8O<$ 88>
;MMR N <$ M+;$ ;+;
;MPO N P$ O+8$ 8>=
;P>O N ;;$ RMO$ +=P
;P;O N ;R$ =<<$ >>>
ainsi la race indig.ne/ agricole et sdentaire/
Dcar aupr.s d' elle le nombre d' trangers ou
de bdouins nomades est insigni0iant/ Da 0ait
preu,e depuis trois !uarts de si.cle d' une
tonnante lasticit$ Il 0aut noter en premi.re
ligne !ue cet accroissement correspond 2 une
extension notable de l' aire culti,able/ le
s3st.me d' irrigation permanente par canaux/ au
mo3en de grands barrages et d' appareils
l,atoires/ a3ant t gnralis surtout
dans le Fa3oum et la &asseDg3pte$ La
super0icie culti,able/ ,alue/ il 3 a ,ingtDcin!
ans/ 2 un peu plus de R+$ >>> Jilom.tres carrs/
dpasserait au9ourd' hui +;$ >>>$ Cn outre/
les cultures industrielles/ au premier rang
des!uelles le coton/ entraLnent de plus grandes
exigences de mainDd' oeu,re$ ans les parties
!u' atteint
p=+
l' irrigation permanente/ les rcoltes d' hi,er/
d' t et d' automne se succ.dent sans
interruption$ ?insi s' expli!ue le bond rapide
!ui a doubl en moins d' un demiDsi.cle la
population de cette ,ieille terre d' g3pte N
exemple non pas uni!ue/ mais particuli.rement
saisissant de la rpercussion directe !u' exerce
sur les phnom.nes de population tout progr.s
conomi!ue$
ii. -+halde.
l' g3pte s' est maintenue comme 0o3er de population
humaine/ tandis !ue d' autres 0o3ers ont dpri
et/ comme la Chalde/ attendent une
h3pothti!ue rsurrection$ Ce n' est pas !u' 2
l' origine les sources de d,eloppement aient
man!u$ C' est aussi le sol de couleur sombre/
mais plus 9aune et plus imprgn de calcaire
!ue celui du Nil/ al sa-od, !u' apportent
le 'igre et l' Cuphrate/ !ui ser,it de no3au
2 la primiti,e Chalde$ L' Cuphrate/ dont le
0lot de printemps charrie cette allu,ion/
subit/ dans les grands marcages !ue l' ancienne
puissance de &ab3lone par,int/ pour un temps/
2 assainir/ une premi.re dcantation$ C' est ce
!ui permit/ en attendant les grands tra,aux
de canalisation !ue de,ait accomplir la monarchie
bab3lonienne/ aux plus anciens habitants de se
grouper d92 en nombre/ de 0ormer de petits
ro3aumes/ de b@tir ces ,illes dont les noms/
depuis longtemps teints/ retentissent dans les
plus ,ieilles lgendes bibli!ues$
Il est douteux cependant !ue les ressources de la
contre aient 9amais suscit une densit de
population telle !u' on peut la supposer d.s
lors en g3pte$ Les conditions de crue taient
moins rguli.res 1 leur amnagement/ plus
incertain et plus prcaire$ Les d3nasties
bab3loniennes semblent incessamment proccupes
d' augmenter par des transplantations de peuples
la somme de mainDd' oeu,re !u' exigent les grands
tra,aux et l' entretien de cette ci,ilisation
urbaine$ %olontairement ou non/ les trangers
a00luent$ La population prsente un aspect
cosmopolite !ui 0rappe les obser,ateurs et
!u' ont plusieurs 0ois exprim les grecs$
2 tra,ers tant de si.cles/ le 0il de continuit
s' est rompu$ )n ,oit encore/ aux approches de
&assora/ les lambeaux de ces palmeraies !ui
0aisaient/ le long de l' Cuphrate/ l' admiration
des romains au
p=8
i,e si.cle de notre .re$ 6ais/ peuples et
cultures semblent au9ourd' hui rduits en
poussi.re$ Le corps de population !ui constitue
l' ossature rsistante de l' g3pte n' existe plus
ici$ )5 le trou,er/ parmi ces groupes
htrog.nes/ ,aguement ,alus 2 un million
d' hommes/ composs de bdouins nomades et
d' agriculteurs ensemenant 2 la ,ole !uel!ues
0onds humides E La reconstitution de ces anti!ues
populations de l' lam/ de la Chalde/
d' ?ssur !ui multipli.rent 9adis sur les bords
du Varoun/ de l' Cuphrate et du 'igre/ ne
serait probablement pas auDdessus des 0orces
d' un grand tat moderne$ 6ais ce serait une
oeu,re de longue haleine$ Ct si/ reprenant 2
pied d' oeu,re le tra,ail sculaire de l' ancienne
Chalde !ue les six derniers si.cles d' anarchie
ont russi 2 anantir/ on essa3ait de ,i,i0ier
2 nou,eau le territoire !u' elle embrassait/
ce territoire/ en 0in de compte/ ne dpasserait
pas/ comme on l' a montr/ R>$ >>> 2 R=$ >>>
Jilom.tres carrs$ Prcieuse con!u7te assurment/
mais pour la!uelle les pr,isions les plus
optimistes restent bien en de2 des chi00res
d' hommes !ue peu,ent aligner l' Inde/ la Chine
ou l' Curope$
-itus dans la Gone s.che !ui tra,erse l' ?sie
occidentale/ spars par de grands inter,alles
dserts/ ces lieux de concentration/ de m7me
!ue ceux du Ferghana et de -amarJand/ sous les
massi0s neigeux de l' ?sie centrale/ ne sont !ue
des taches de densit sur un 0ond pres!ue ,ide$
L' g3pte seule/ gr@ce 2 sa position entre
l' ?0ri!ue et l' ?sie/ la 6diterrane et la
mer (ouge/ est un carre0our d' esp.ce humaine$
Clle prsente en petit le spectacle d' une de
ces collecti,its persistantes !ui 0ixent pour
longtemps sur certains points le pi,ot des
relations des hommes$
iii. -Asie centrale.
ce n' est 9amais en les considrant isolment/
dans leurs a,antages propres/ !u' on se rendra
compte de grandes agglomrations occupant de
,astes tendues terrestres$ Ces a,antages
peu,ent rester nuls/ s' ils ne sont ,i,i0is
par un apport d' nergies et d' intelligences !ui
se communi!ue de contres 2 d' autres$
Il 3 a donc 2 considrer les liaisons !ui
p==
existent entre l' ensemble continental et les
rgions o5 sont ,enues s' accumuler les allu,ions
humaines$ C' tait une des ides ch.res 2
Varl (itter !ue certaines contres a,aient
exerc une sorte de ,ertu ducatrice sur les
peuples N cela n' est ,rai !u' autant !ue l' on
obser,e par !uels chemins ces peuples 3 sont
par,enus/ c' estD2Ddire par !uelle initiation
progressi,e ils sont passs$ La connexit de
contres se prolongeant sur de grandes distances/
capables d' ou,rir des perspecti,es aux groupes
!ui s' 3 chelonnent/ est/ sous ce rapport/ un
0ait de premi.re importance$ Clle 0ournit des
occasions de contact/ sans ncessairement donner
lieu 2 des chocs$
L' attention est attire par l2 ,ers la priphrie
extrieure des hautes chaLnes de plissements
!ui sillonnent le continent asiati!ue$ -ur une
0range plus ou moins troite !ui les borde/ se
droule une srie de contres dont !uel!uesDunes
sont tr.s anciennement spcialises comme
contres histori!ues$ ?insi le long des chaLnes
de l' ?rmnie et de l' Iran/ se succ.dent les
noms d' )sro.ne/ d' ?ss3rie/ d' lam$ ?utour du
noeud o5 se croisent les chaLnes de l' ?sie
centrale/ se droulent d' une part la &actriane
et la -ogdiane/ de l' autre la -ri!ue 1 et
en0in/ au sud des Bimala3as/ le pa3s des
Cin!DFleu,es/ l' anti!ue pantschanada,
au9ourd' hui Pend9ab$ 'erres de culture/ en m7me
temps !ue ,oies de relations et de commerce/
elles ont ser,i de cheminement aux hommes$
Les ,oies histori!ues par les!uelles la Chine
communi!uait a,ec l' ?sie centrale longeaient/
l' une au nord/ l' autre au sud du bassin du
'arim/ les grandes chaLnes des 'ianDChan
et des VouenDIun$ 'andis !ue/ dans les replis
des chaLnes et dans l' intrieur des bassins
!u' elles abritent/ les obstacles aux libres
communications s' accumulent/ elles trou,ent
au contraire des directions traces d' a,ance
sur les terrasses !ui se sont tales au pied
des montagnes$
Les points o5 les ri,i.res s' chappent des
d0ils montagneux ont tou9ours t des sites
de choix pour les tablissements humains$
L' eau est d' un maniement plus 0acile !u' ailleurs N
on peut/ gr@ce aux cFnes de d9ections/ dri,er
des saignes en tous sens/ et la pente reste
encore asseG 0orte pour tendre au loin le
rseau des rigoles$ Les espagnols du 6exi!ue/
habitus 2 ces prati!ues lmentaires
d' irrigation/ dsignaient sous le nom de
bocca del agua les issues par les!uelles
les ri,i.res sortent des 6ontagnes (ocheuses N
d92 a,ant eux les indiens pueblos a,aient su
en tirer parti$ -i m7me le tribut ,ers par
les neiges et les glaciers est tr.s abondant/
il arri,e !u' en a,al l' eau souterraine a00lue$
-ous les sables !ui succ.dent aux amoncellements
de blocs et de gra,iers dont le 0leu,e s' est
dcharg d' abord/ elle s' in0iltre pour reparaLtre
en sources/ en !ontanili, ou 7tre 0acilement
p=<
atteinte par des puits$ Cn tout cas/ l' emploi
agricole des eaux n' exige !u' un amnagement
simple/ et nullement hors de la porte de ces
indig.nes !ui/ sui,ant le mot d' un des meilleurs
connaisseurs de l' ?sie centrale/ 4 sa,ent
0ort bien utiliser les moindres ruisseaux/ mais
sont incapables d' excuter des tra,aux
d' irrigation importants 4 $
Le sol n' est pas moins propice !ue l' eau$
Compos de terrains de transport/ il reste
imprgn/ sous le climat sec des rgions
subtropicales/ des substances !ue l' action des
,ents ou le ruissellement des eaux 3 ont
accumules$ -oustrait au la,age puisant des
pluies tropicales/ il tient en rser,e une 0oule
de rsidus solubles/ d' lments tels !ue chaux/
potasse/ magnsie/ et par l2 une 0ertilit
intrins.!ue pr7te 2 surgir$ Cha!ue anne les
hommes ,o3aient se renou,eler le m7me miracle N
une pousse subite de ,gtation/ une 0loraison
mer,eilleuse 9aillissant/ au premier contact des
pluies de printemps/ de terrains !ui/ aupara,ant/
prsentaient toutes les apparences de mort$
Ct ces lgions de plantes annuelles remplissaient
en !uel!ues mois leurs promesses de grains A
Cette leon ne 0ut pas perdue pour les hommes$
Nulle r,lation/ si ce n' est celle du 0eu/
ne 0it sur eux une impression plus 0orte$
-ans parler des m3thes !u' elle engendra/ elle
leur apprit 2 surprendre et 2 pier l' arri,e
de l' eau du ciel/ 2 adapter leurs cultures en
cons!uence$ Il 3 eut/ 2 cFt des oasis
d' irrigation/ des cultures de terrains non
irrigus$ )n appelle bangar, dans le
Pend9ab/ les plateaux intermdiaires entre les
,alles irrigues ou khadar : c' est/
sembleDtDil/ le m7me mot !ue bagara, par
le!uel les agriculteurs iraniens de l' ?sie
centrale dsignent les terres !u' ils ensemencent
dans l' espoir de l' humidit hi,ernale et
printani.re 1 terres !ui/ gnralement/ sont
contiguSs aux oasis irrigues$ ?insi les deux
principaux modes de culture se pn.trent$ Le
bl/ l' orge/ le mil sont 2 la 0ois des plantes
d' irrigation et de terrains secs$ Il n' 3 a
point entre l' oasis et le dsert/ entre le
limon sombre et le sable 0au,e/ cette limite
in0lexible !ui semble en0ermer dans un tau le
culti,ateur des Vsour$ es conditions ,aries
et extensibles s' o00rent 2 l' tablissement des
hommes N pentes de loess arroses irrguli.rement
par les pluies/ ri,i.res grossies par les
neiges/ et tous les suintements !ue/ dans les
hautes altitudes/ ont prpars les neiges et les
glaciers$ -ur ces bandes longitudinales !ue
dessine l' allure du relie0/ l' agriculture ne
s' interrompt !ue pour recommencer ensuite
d' apr.s un t3pe semblable$ L' usage de la charrue
et des m7mes crales est prati!u d' un bout
2 l' autre$
p=O
epuis plus de ,ingt si.cles/ des incursions de
hordes nomades ont dchir en ?sie le rideau
de cultures/ re0oul ,ers les montagnes les races
!ui en a,aient 0ertilis les abords et aux!uelles
nous de,ons une grande partie des plantes !ui
composent notre patrimoine$ L' agriculteur tenace
n' a pas l@ch prise$ 4 partout o5 il 3 a de l' eau
et la bonne terre/ on trou,e le sarte 4 / dit un
pro,erbe iranien$ Le pa3san persan s' est blotti/
pour laisser passer l' orage/ entre les murs de
terre de son bourg$ -ur les plateaux de Vermelis
et d' Crbil/ d' acti0s ,illages se pressent
autour des innombrables tumuli, ,estiges
des anciennes populations ass3riennes$ 'elle
est la puissance de certains 0aits naturels
!u' elle se mani0este partout par les m7mes
e00ets$ C' est le long du ,ersant oriental des
6ontagnes (ocheuses !ue chemin.rent les
migrations indig.nes ,ers le 6exi!ue$ C' est
2 l' aide des oasis chelonnes au pied des
?ndes !ue les incas du Prou propag.rent
leur ci,ilisation ,ers le sud/ 9us!u' au Chili$
6ais il ne s' est pas trou, en ?mri!ue/ au
bout de ces ,oies de transmission/ une Chine
ou une ,alle du Hange$
iv. -+hine.
le peuple !ui a multipli dans les plaines
allu,iales du BouangDBo et du WangD'seu/
et dont le nom s' associe/ pour nous/ 2 une ide
de pullulement dans l' tendue/ les chinois/
rattachent leur origine aux pa3s de l' ouest$
Qamais/ d' ailleurs/ leurs relations n' ont t
rompues a,ec l' ?sie centrale/ d' o5 ils tiraient
le 9ade/ les che,aux/ o5 ils tablirent
longtemps leurs marchs de soie$ La priphrie
septentrionale du massi0 central asiati!ue
a,ait pour issue naturelle/ ,ers l' est/ la
Gone d' coulement o5 l' rosion ra,i,e
entraLne les eaux intrieures 2 la mer$ Les
bassins intrieurs/ les anciennes cu,ettes
lacustres subissent d.s lors une trans0ormation N
dessales par l' a00lux continuel des eaux
courantes/ renou,eles par l' apport continuel
d' allu,ions/ elles entrent en liaison les unes
a,ec les autres N liaisons encore impar0aites/
il est ,rai 1 car le BouangDBo et ses
a00luents passent par des alternances de bassins
et de gorges$ Nanmoins cela su00it pour
introduire plus de continuit entre les groupes/
plus de libert dans leurs relations rcipro!ues$
Le contact de ces rgions 0ut dcisi0 pour
ce peuple d' agriculteurs$ *n sursaut de 0condit
se produit cha!ue 0ois !ue des groupes d92
arri,s 2 certain degr de ci,ilisation/ mais
p=M
dans des conditions relati,es de pau,ret et de
rudesse/ trou,ent occasion de prati!uer dans un
milieu plus riche/ dans une ambiance plus large/
les !ualits aux!uelles ils a,aient d: leurs
progr.s$ Les beniDisraSl ne tard.rent pas 2
multiplier !uand ils !uitt.rent les steppes de
l' ?ram pour les terres plus 0ertiles de
Chanaan$ L' hellnisme ac!uit une 0orce nou,elle
de multiplication sur ces terres d' ?sie
6ineure et de -icile/ aupr.s des!uelles la
Hr.ce continentale semblait a,oir 4 la pau,ret
pour compagne 4 $ ?insi arri,aDtDil aux germains/
!uand/ sortis de leurs ingrats domaines du nord/
ils commenc.rent 2 s' panouir dans les pa3s
rhnans$ C' est ce !u' a,aient prou, les tribus
chinoises lors!ue/ 2 une po!ue !u' il est
di00icile de dterminer/ elles descendirent
des oasis orientales de l' ?sie intrieure
pour se rpandre dans la ,alle du %eIDBo/ le
grand a00luent du 0leu,e Qaune$
Parmi les pro,inces histori!ues de la Chine/
le VanD-ou et le ChenD-i mar!uent le chemin
sui,i$ Clles sont en liaison naturelle$ ans la
premi.re/ le dsert est encore pressant et
partout ,isible 1 les ,illes !ui s' chelonnent
sporadi!uement depuis -ouD'cheou 9us!u' au
0leu,e Qaune ont encore le caract.re d' oasis$
6ais/ d.s l' entre du ChenD-i/ la continuit
des cultures est dsormais assure 1 elle se
prolonge en se trans0ormant$ Les culti,ateurs
d' oasis apport.rent 9adis dans ces plaines de
loess des arts agricoles nou,eaux a,ec les!uels
ils taient d92 0amiliariss/ l' irrigation des
champs au mo3en des eaux dri,s des montagnes$
6ais en re,anche/ en 0ace de nou,eaux probl.mes/
ils apprirent euxDm7mes 2 ampli0ier leurs
mthodes et leurs e00orts pour s' atta!uer 2 de
plus grandes 0orces naturelles$
*n lien de 0iliation reste mani0este/ toute0ois/
a,ec les cultures nes sur les pentes de l' ?sie
centrale$ 67me habilet 2 distribuer en rseau
arti0iciel les ri,i.res pour,ues de pente/ 2
combiner les cultures de plateaux a,ec celles
des ,alles$ Cette ci,ilisation agricole/ a,ant
de s' panouir dans les ,astes plaines deltaI!ues/
semble 2 regret s' carter des chaLnes 1 elle en
suit le pied/ en borde 0id.lement la 0range dans
le 'cheDLi et le ChanD'oung 1 ou bien elle se
prlasse dans des bassins de dimensions encore
restreintes N celui de 'aIDWanDFou/ dans le
ChanD-i/ un des berceaux de la ci,ilisation
chinoise/ n' a !u' une tendue de =$ >>> Jilom.tres
carrs 1 celui de -iDNganDFou/ sur le
%eIDBo/ un des plus anciens centres populeux/
n' en a gu.re plus du double$ 6ais gr@ce 2 un
rgime de pluies plus 0a,orables bien !u' alatoire
encore dans ces pro,inces du nord/ la
terre jaune mani0este pleinement sa puissance
p=P
de 0condit$ Clle de,ient le talisman au!uel est
attache l' existence de ce peuple$
La con!u7te des grandes tendues n' a pas procd
en Chine par grandes en9ambes/ comme elle put
le 0aire de nos 9ours aux tatsD*nis 1 mais
pas 2 pas/ minutieusement/ sui,ant le gnie menu
et les habitudes ata,i!ues de la race$ *ne
progression graduelle est sensible dans le sens
o5/ de plus en plus/ les horiGons s' ou,rent/
les montagnes s' cartent/ et !ue suit le cours
des eaux$ *n ciel moins a,are de pluies/
un sol o5 la terre 9aune s' miette et se disperse
en allu,ions/ accueille dans le BoDNan/
pro,ince mdiatrice entre les deux rgions de la
Chine/ Catha3 et 6anGi/ les immigrants ,enus
de l' ouest ou du nord$ Par del2 la chaLne
trans,ersale !ui spare les bassins du
BouangDBo et du WangD'seu/ l' atmosph.re
d' ardent soleil baigne par les pluies de moussons
permet/ malgr la disparition du loess/ un plus
riche assortiment de produits$ ans cette
ambiance nou,elle/ l' organisation ac!uise ne
prit pas N les cadres taient 0orms/ il su00it
de les largir$ 'out ce !ui caractrise/ en e00et/
une conscience collecti,e plus large se rattache
2 ce groupement de pro,inces/ ChenD-i/
BoDNan/ ChanD'oung/ o5 s' ou,rirent les
,astes perspecti,es N l2 est le s9our des
premi.res d3nasties/ le site des plus anciennes
capitales/ la patrie des sages et des
philosophes$ ?u del2 encore/ la contre
intermdiaire o5 se 0ondent les contrastes du
nord et du sud/ la pro,ince de BoDNan/ au
sud du BouangDBo/ a reu de la phrasologie
chinoise la !uali0ication de 4 0leur du milieu 4 $
La population !ui/ dans le nord/ s' agglom.re
en ,illages/ se dissmine ici en innombrables
hameaux 1 image d' panouissement et de con0iance/
par0ois mal place/ car l' irrgularit des
saisons suspend tou9ours la menace de 0amine$
6ais dans la rgion o5 se con0ondent les allu,ions
des deux grands 0leu,es/ la lutte contre la
nature soul.,e plus de di00icults$ Ce n' tait
9adis !u' un ddale de marais et de lagunes/
entre les!uels ,agabondaient des ri,i.res 2
0ortes crues 1 l' acc.s en est encore asseG
di00icile pour a,oir arr7t en ;M=< la marche
des taIpings ,ers le nord$ e temps en temps
4 le monstre sort de sa cage 4 N le BouangDBo/
changeant brus!uement de lit/ prcipite un 0lot
trouble 2 tra,ers les campagnes$ La lutte contre
de tels ennemis rclame 0orce de bras 1 il n' 3 a
pour de telles contres !u' une alternati,e/
sau,agerie ou surpeuplement$
p<>
La religion et l' tat surent 3 pour,oir$ L' .re
des grands tra,aux collecti0s s' ou,rit en
Chine en 8M< a,ant notre .re/ par le creusement
d' un premier tronon du HrandDCanal/ !uatre ou
cin! si.cles en,iron a,ant !u' elle ne commen@t
au Qapon$ C' est le moment o5 une ,ue
d' ensemble/ exigeant du peuple de tra,ailleurs/
se substitua aux entreprises particuli.res et
locales$ La !uestion de population !ui/ cheG
cette race de petits culti,ateurs/ tait d92
une a00aire de 0amille/ de,int aussi a00aire
d' tat$ 92/ en Chine comme dans l' Inde/ la
ncessit conomi!ue trans0orme en r.gle
religieuse a,ait donn lieu 2 un culte de
0amille$ Pour la morale chinoise comme pour la
doctrine brahmani!ue/ le mariage et la
procration d' une descendance nombreuse sont le
de,oir sacr !ui assure aux anc7tres
l' accomplissement des rites domesti!ues$ Il
s' 3 9oignit en Chine un intr7t politi!ue$
L' empereur/ che0 de la grande 0amille/ prati!uait
des recensements plusieurs si.cles/ ditDon/
d92 a,ant notre .re 1 il 3 a,ait des primes
2 la population/ des amendes sur le clibat$
-i par0ois l' augmentation paraissait insu00isante/
la complaisance de la statisti!ue ne se 0aisait
pas 0aute d' en0ler les chi00res$ 6ais les
ralits sui,aient$ Le mot 4 e00ra3ant 4 re,ient
sous la plume des europens 2 la ,ue du nombre
d' en0ants dans les 0oules chinoises$ Partout
o5 se concentre l' acti,it chinoise/ tra,aux
de riGi.res/ halage de bateaux/ banlieues sans
0in/ tumulte dans les rues/ on a l' impression
!ue le rser,oir humain coule 2 pleins bords$
)n ne sait pas au 9uste !uelle est actuellement
la population totale de la Chine propre N le
chi00re en a t probablement exagr dans des
estimations prcdentes s' inspirant trop
d' analogies europennes$ Cette population est
loin de 0ormer une trame continue$ Cntre ces
bassins o5 elle s' est concentre et o5 elle a
multipli 2 plaisir/ s' interposent comme des
marchesD0ronti.res !u' elle n' a pas entames/
portant son e00ort exclusi0 sur le pied des
montagnes/ les plaines canalises/ les bassins
intrieurs o5 se prati!uent les cultures
traditionnelles$ Le bassin intrieur !ue dessine
la pro,ince dite des KuatreDFleu,es
(-seuD'ch' ouan)/ o5 se rassemblent les eaux
de !uel!uesDunes des plus hautes montagnes du
monde/ passe 2 bon droit pour une des
p<;
mer,eilles d' irrigation o5 triomphe l' agriculture
chinoise 1 la population 3 atteint/ dans la
plaine centrale de 'ch' engD'ou/ une densit
!u' on peut ,aluer entre +>> et +=> habitants
par Jilom.tre carr/ mais elle est 2 peu pr.s
concentre dans cette partie de la pro,ince$
-i l' on ,alue approximati,ement 2 8= millions
la population totale du -seuD'ch' ouan/ il
con,ient d' a9outer !ue les deux tiers au moins
se trou,ent dans la partie centrale$
Le reste/ c' estD2Ddire les 0lancs le,s des
montagnes/ les parties chappant par leur
altitude ou par leur loignement aux procds
de 0condation !ue ncessite la proximit
immdiate de centres habits/ est rest le
domaine des populations antrieures/ continuant
2 3 prati!uer une culture plus ou moins
primiti,e$ .s !ue cesse la rgion de loess/
o5 le sol est capable de produire sans engrais
de riches moissons/ et !u' 2 sa place/ au sud
du BoDNan/ se droulent ces terres
incessamment la,es par les pluies dont il 0aut
sans rel@che reconstituer la 0ertilit/ une
marge plus grande est abandonne 2 ces
populations !ui/ sous di00rents noms/
reprsentent les couches antrieures/ sinon la
couche primiti,e/ sur les!uelles se sont tendues/
comme une allu,ion nou,elle/ les races plus
a,ances en ci,ilisation$ Bistori!uement/ cela
s' exprime par une colonisation procdant d' abord
de l' ouest 2 l' est/ puis du nord au sud$ Clle
s' panouit en atteignant les grands bassins
intrieurs !ui relient le WangD'seu et ses
magni0i!ues a00luents$ Lors!ue/ par
l' accroissement mthodi!ue de ses ressources
et sous l' impulsion de ses ,ieilles d3nasties/
elle par,ient 2 disposer d' une techni!ue et d' une
mainDd' oeu,re su00isantes pour a00ronter les
grands tra,aux de canalisation et d' endiguement/
son domaine s' agrandit d' une con!u7te o5 cette
multitude proli0i!ue ,a dmesurment pulluler$
6ais/ dans le d,eloppement organi!ue de la
ci,ilisation chinoise/ ces plaines deltaI!ues
0ont l' e00et d' une excroissance norme !ui s' est
gre00e sur le tronc principal$ L2 n' est
p<R
point l' axe de la Chine$ Le chemin de 0er central
de PJin 2 BanDV' eou correspond mieux !ue la
rgion littorale aux directions !u' a sui,ies
ce peuple$ Kuand en0in les bassins et les plaines
allu,iales se rtrcissent et 0ont place aux
rgions montagneuses et entrecoupes des
pro,inces du sud/ le 0lot se di,ise et ,a
s' a00aiblissant$ Il s' in0iltre nanmoins par
les ,alles/ par les embouchures des 0leu,es$
Ct c' est ainsi !u' il s' insinue pro0ondment/
mais progressi,ement modi0i/ dnatur par un
mtissage continuel/ dans l' Indochine/
l' Indonsie/ le monde malais 1 tapes d' o5 il
serait pr7t 2 dborder/ en dpit des barri.res
!u' on lui oppose/ sur tout le pourtour du
Paci0i!ue$
v. -$nde.
l' tude des grandes agglomrations humaines
!u' encadrent d' une part l' BindouDVoutch
et les montagnes de l' ?ssam/ de l' autre les
Bimala3as et le cap Comorin/ montre les
analogies pro0ondes des grands phnom.nes
humains$ 2 l' origine des mou,ements !ui ont
d,ers sur l' Inde/ comme sur la Chine/ des
0lots nou,eaux de populations/ agit une cause
gographi!ue N le passage de l' ?sie s.che 2
l' ?sie humide/ de la rgion des oasis 2 celle
des pluies de moussons$ La transition est
naturelle entre les ,alles !ue 0ertilisent les
eaux du Nar3n/ du Uara0chan/ de l' )xus et le
pa3s des Cin!DFleu,es/ le Pend9ab/ ,estibule
histori!ue/ et sans doute aussi prhistori!ue/
des in,asions et immigrations de peuples$
Les tribus ar3ennes/ !ue l' acheminement le long
des montagnes guida ,ers la grande plaine
indoDgangti!ue/ 3 trou,.rent aussi ,ers l' est/
comme les tribus chinoises a00luant du
VanD-ou et de l' ?sie centrale/ l' attrait d' un
enrichissement progressi0 de nature$ ?u del2
du seuil de -irhind/ les pluies de moussons se
prononcent et se rgularisent 1 le sol
sablonneux s' impr.gne de rser,es d' eau 2 une
0aible pro0ondeur/ la sur0ace du .oab,
ou 6sopotamie entre la 9oumna et
p<+
le Hange/ est perce d' innombrables puits$ Le
peuple des palmiers/ 0iguiers/ lauriers/
s' enrichit de nou,elles recrues 1 les cultures
de riG/ bananiers/ canne 2 sucre/ ,iennent
s' a9outer 2 celles des saisons s.ches$ Comme
en Chine/ une sorte de conscration religieuse
s' attacha 2 la contre o5 des populations
laborieuses et pau,res s' taient ,ues initier
2 une ,ie plus large$ Chose remar!uable/ en
e00et/ ce n' est pas le &engale/ o5 pourtant
les 0acults nourrici.res sont 2 leur comble/
!ui mar!ua ainsi dans les traditions reconnaissantes
de ce peuple 1 c' est la haute ,alle du Hange
9us!u' 2 la ,ille sacre de &nar.s/ !ui dans
le sanscritisme brahmani!ue est la contre
bnie/ le pa3s du milieu/ madhia desa /
9us!ueDl2 se conser,e 2 peu pr.s dans sa puret
le t3pe de communaut ,illageoise !ue les ar3ens
a,aient apport a,ec eux/ comme une organisation
traditionnelle dont la discipline rglemente
,o!ue les rgions s.ches d' o5 ils ,enaient$
6ais plus on a,ance ,ers les rgions de pluies
abondantes/ soit ,ers l' est dans le &engale/
soit ,ers le sud ,ers Cochin et 'ra,ancore/
plus les groupements se dissminent et se
multiplient 1 le ,illage 0erm 0ait place 2
une poussi.re de hameaux entre les!uels il est
sou,ent di00icile de tracer une sparation$
67me changement en Chine$ Lors!u' on a 0ranchi
,ers le sud les pro,inces de BoDNan et de
ChanD'oung/ le changement de nature se traduit
par une dispersion caractristi!ue des
habitations$ 4 d' innombrables petites 0ermes/
toutes semblables/ groupes par douGaines de
maisons en terre a,ec !uel!ues arbres N
rarement on ,oit un plus grand ,illage 4 N ainsi
se prsente la ph3sionomie des campagnes
!u' arrose le Ban/ dans la pro,ince de
BouDP$ Ct dans la plaine de 'ch' engD'ou
(pro,ince de -seuD'ch' ouan)/ les membres de la
mission l3onnaise s' tonnent de cette route !ui
pendant M> Jilom$ Cn,iron 4 n' est/ pour ainsi
dire/ !u' une seule rue borde de maisons 4 $
L' esp.ce humaine s' panouit plus librement
sur un sol plus riche en promesses N toute0ois
les bases de l' tat social ne di00.rent !u' en
apparence$ Le ,illage 0erm tait une expansion
de la 0amille 1 le hameau/ c' est la 0amille
elleDm7me unissant ses 0orces en une petite
communaut agricole$
p<8
?insi se composent d' une multitude de petits
groupes/ cellules ,i,antes/ ces agglomrations
dont la masse nous tonne$ La trame est 0orme
d' un entrecroisement innombrable de 0ils tnus/
mais !ui n' en sont pas moins solides et rsistants$
Les alignements d' habitations !ui se succ.dent
dans le nord de la Chine sont combins de 0aon
2 runir en un groupe les 0amilles !ui se
rattachent les unes aux autres par une
communaut de descendance et de rites$ ans le
,illageDt3pe de l' Inde septentrionale/ les
liens de 0amille constituent une telle chaLne
entre les habitants !ue/ par suite des
prescriptions et prohibitions !ui r.glent le
mariage/ les unions dans le ,illage m7me sont
rendues pres!ue impossibles$ )n cherche 0emme
dans le ,illage ,oisin$
-ur ces ensembles/ toute0ois/ plane un air de
ressemblance$ *ne ci,ilisation commune les
pn.tre/ capable de gagner de proche en
proche/ et doue/ dans l' Inde non moins !u' en
Chine/ d' une 0orce remar!uable de propagation$
)n est en prsence d' une de ces imposantes
crations humaines !u' une longue histoire a
0aonnes$ ' un nombre d' hommes d' origines
di,erses/ rassembls 2 po!ues successi,es
dans certains domaines pri,ilgis/ elle a 0ait
un bloc$ Il a 0allu pour cela un apport plusieurs
0ois renou,el d' acti,its/ un patrimoine
grossissant d' ac!uisitions$ *ne 0orce de
rapprochement et de concentration s' est dgage/
capable de maintenir dans un rapport de
collecti,it d' immenses multitudes humaines N
non toute0ois sans !ue/ dans les interstices
de ces grands corps/ il n' 3 ait place pour des
groupes r0ractaires/ rests 0id.les 2 leur tat
primiti0$ Il en tait ainsi dans ces grandes
monarchies !u' autre0ois ont ,ues l' g3pte/ la
Perse/ et par l2 ces ci,ilisations contemporaines
de l' Inde et de la Chine restent empreintes
d' un trait d' archaIsme$
Plus on tudiera la composition de ces
agglomrations/ mieux on ,erra !u' elles sont le
rsultat d' une sdimentation prolonge/ et
dans les allu,ions !ui ont contribu 2 les
0ormer/ on reconnaLt les apports successi0s
guids par des ,oies naturelles$ ?ux peuples
plus a,ancs
p<=
dont la ,ague est ,enue en dernier lieu/ il a
appartenu d' imprimer sur ces contres le sceau
d' institutions sociales et politi!ues/ !ui/
dsormais/ les dsigne et les classe dans le
monde$ Leur rFle a consist surtout 2 mettre/
par l' ascendant de leur ci,ilisation/ plus de
cohsion entre les groupes prexistants/ 2
assembler en une construction des matriaux
pars$ Ils se sont superposs 2 des couches
antrieures$
Nous ne pou,ons encore !ue souponner les mlanges
dont se compose l' agglomration chinoise$ ?u
Qapon on distingue au moins trois ou !uatre
t3pes 0ondamentalement di00rents$ Kuant 2 l' Inde/
les recherches poursui,ies depuis trente ans
par l' ethnographic -ur,e3 nous 0ont entre,oir
combien d' lments di,ers entrent dans cet
ensemble de +>> millions d' hommes$ Pour ne
parler !ue de la plaine indoDgangti!ue/ !ue de
,ariantes et !uelle insondable di,ersit de
races sont recou,ertes sous ces ti!uettes
sommaires et pro,isoires N indoDar3en/
ar3oDdra,idien/ mongoloDdra,idien A .s !u' on
entre dans l' anal3se des caract.res ethni!ues/
on souponne de bien autres di,ersits !ue
celles des langues/ et l' on commence 2 distinguer
sur !uels 0ondements et de combien de matriaux
s' di0ient ces blocs humains si bien ciments
!u' ils semblent dsormais 2 toute preu,e$
'oute0ois/ leur 0orce d' accroissement n' est pas
illimite/ pas plus !ue la s.,e d' in,entions !ui
les a anims dans le principe$ La s.,e semble
tarie et l' accroissement semble au9ourd' hui
arri, 2 un point !uasi stationnaire$ (ien du
moins/ pas plus dans l' Inde !u' en Chine/ ne
peut 7tre compar aux progr.s !u' a accomplis/
dans le cours du xixe si.cle/ la population de
l' Curope$ La population de la Chine/ d' apr.s
un 9uge bien plac pour en parler/ le ministre
amricain T$ T$ (ocJhill/ ne se serait !ue
tr.s lentement accrue pendant le si.cle dernier$
L2/ comme dans l' Inde/ l' abondante natalit
est tenue en chec par une mortalit pres!ue
aussi 0orte$ Considre par petites priodes/
la population peut accuser par0ois un
accroissement notable 1 mais il 0aut/ pour en
bien 9uger/ prendre du recul$ C' est l' ternelle
histoire des ,aches grasses$ %ienne ensuite la
priode contraire N un cort.ge de 0laux/
0amine/ pidmies/ d0iant l' e00ort m7me de
l' administration britanni!ue/ ne tarde pas/
comme en ,ertu d' une priodicit/ 2 s' abattre 1
et du coup disparaissent tous les 7tres 0aibles
!ue la mis.re/ le d0aut d' h3gi.ne/ la ,ie
prcaire/ a,aient prdisposs 2 leurs coups$
p<<
vi. -archipels asiatiques. -0apon.
le continent asiati!ue tait/ par sa con0iguration
taille 2 grands traits/ par l' tendue des
rapports !u' il ou,re/ seul apte 2 0ournir 2
de telles agglomrations le domaine !ui leur
con,ient$ 6ais 2 l' ombre de ce continent/ se
droule un monde insulaire !ue les moussons
mettent en continuels rapports a,ec lui$
-umatra/ Qa,a/ &orneo n' en ont t dtachs
!u' 2 une po!ue postrieure au d,eloppement
d' une puissante animalit parmi la!uelle
0igurent les plus anciens spcimens connus
d' esp.ce humaine$ 2 la 0a,eur des articulations
innombrables !ui dcoupent ces archipels dont
6arco Polo bloui estimait les Lles par
milliers/ s' est 0orme ce !u' on appelle la race
malaise N groupe plutFt !ue race/ n du mlange
et de la 0ermentation de la ,ie maritime$ Par
l' une de ses extrmits il se lie aux
dra,idiens du can et par l' autre aux races de
la Core et de la Chine$
ans cette immense di00usion/ les lments les
plus htrog.nes/ les degrs les plus ingaux
d' tat social coexistent$ Cntre les cFtes et
l' intrieur s' accusent de pro0ondes di00rences N
de tr.s anciens a00lux d' immigrants/ tamouls de
l' Inde ou chinois du FouDVian/ ont rpandu
sur le littoral des contingents sans cesse
accrus d' hommes et de ci,ilisations/ tandis !ue/
dans les ,alles et sur les pentes des montagnes/
,gtaient des tribus demiDci,ilises comme
les bataJs de -umatra ou les da3aJs de &orneo/
et !ue de ,ritables primiti0s par,enaient
2 maintenir leur sur,i,ance dans l' intrieur
des 0or7ts tropicales$ La concentration de la
population s' est ralise dans !uel!ues parties
seulement de ce domaine insulaire N 2 Qa,a o5/
d.s les temps anciens/ les hindous apport.rent
leurs cultures de riG/ les lments d' une
ci,ilisation suprieure et !u' ils prdispos.rent
ainsi 2 pro0iter mer,eilleusement de la
scurit et des a,antages de l' administration
europenne 1 en0in dans les Philippines/ o5 la
,alle centrale et la rgion deltaI!ue du sud
de Luon montrent une densit en ,oie rapide
d' accroissement$
p<O
Les trois principales Lles de l' archipel 9aponais/
ViouD-iou/ -iJoJ et Bondo/ reprsentent
au9ourd' hui une agglomration humaine
suprieure en nombre total 2 celle des Iles
&ritanni!ues/ 2 l' extrmit oppose de l' ancien
continent$ Les traces de l' homme sont tr.s
anciennes dans cet archipel/ de m7me !ue sur
tout le pourtour sudDoriental du continent
asiati!ue$ L' ide !ue l' on peut se 0aire de la
dmographie de ce Qapon primiti0 est celle
d' une population 2 la!uelle les abondantes
p7cheries de son littoral maritime ,alurent
de bonne heure une densit relati,ement 0orte$
)n sait 2 !uel point le poisson entre
au9ourd' hui comme nourriture principale dans
l' alimentation 9aponaise$ *n ,ingti.me de la
population actuelle se li,re encore 2 la p7che$
ans aucune contre/ aDtDon pu dire/ la mer
n' a pris une plus grande part au d,eloppement
matriel et moral d' un peuple$ Nul doute !u' une
0ormation prcoce de densit n' ait t atteinte
de ce che0 sur les cFtes 9aponaises$
Ce littoral dcoup/ baign par les courants/
n' est pas sans analogie a,ec la cFte de sounds
et de 0iords !ui s' tend/ sur l' autre bord du
Paci0i!ue/ entre le Puget -ound et l' ?lasJa$
L2 aussi/ de riches p7cheries/ 2 la rencontre
des courants/ ont amass de bonne heure une
population relati,ement nombreuse$ 6ais/ pour
!ue le Qapon ne demeur@t point au stade o5 se
sont arr7tes ces tribus nutJas/ thlinJit/ etc$/
du nordDouest amricain/ d' autres causes sont
entres en 9eu$ Le contact de l' ?sie tait
autrement 0cond !ue celui de l' ?mri!ue
prcolombienne$ La proximit d' un grand continent
populeux et ci,ilis est histori!uement
sensible aux en,irons du ,iie si.cle a,ant
notre .re$ C' est dans l' Lle la plus mridionale/
ViouD-iou/ la plus rapproche de la Core
et de la Chine/ !ue commence le tra,ail
d' organisation !ui donne son estampille 2 la
socit en 0ormation$ e l2/ elle ra3onne et
multiplie$ Clle gagne successi,ement les deux
grandes Lles a,ec les!uelles la mettent en
rapports les innombrables indentations de la
mer intrieure$ L' Lle de Bondo tait encore/
dans l' intrieur/ occupe par un peuple !ui est
rest pour les 9aponais l' image m7me de la
barbarie/ les aInos$ 'andis !u' ils sont
impito3ablement pourchasss ,ers le nord/
les d3nasties impriales se 0ont/ au
p<M
contraire/ un de,oir d' accueillir et de rpartir
parmi leurs su9ets les immigrants !ui ,iennent
de Chine et de Core$ CeuxDci apportent/ en
e00et/ des arts nou,eaux/ soit pour l' industrie/
soit pour l' agriculture et l' amnagement des
riGi.res$ Ce 0lot prcieux d' immigrants est
aliment par les 0laux !ui 0rappent priodi!uement
les populations du continent ,oisin N 0amines/
r,oltes/ guerres ci,iles et trang.res$ Le
lgendaire pa3s de 1ipango 9oue 2 cet gard
le rFle de re0uge et ren0orce ainsi 2 maintes
reprises son peuplement$ 'elle a t sou,ent
la destine des Lles aux po!ues troubles !ui
boule,ersent les populations des continents 1
tel 0ut/ en Curope/ le rFle des Lles Ioniennes
au temps des in,asions tur!ues$
-i l' on met hors de compte la croissance urbaine/
due surtout 2 l' apparition rcente de la
grande industrie/ l' intense peuplement 9aponais
est strictement attach 2 l' amnagement des
riGi.res et aux cultures dlicates (th)
aux!uelles les pentes in0rieures des collines
pr7tent leur abri$ *n amnagement minutieux
et parcellaire du sol/ dans des compartiments
exigus !u' encadrent les montagnes/ l' irrigation
assure par les pluies de moussons/ l' engrais
0ourni par les dbris de poissons ou par les
herbes dont on dpouille la montagne/ telles
sont les bases d' une conomie rurale aussi
intensi,e !ue restreinte$ Pas ou peu
d' le,age 1 pas d' exploitation des montagnes$
L' homme n' a song 2 demander aux ,ersants !ue
cou,re une mosaI!ue 0leurie de plantes herbaces
&hara', !u' un engrais 2 en0ouir dans le sol/
peutD7tre aussi un plaisir esthti!ue/ un
principe d' art$ Ce n' est pas sans surprise
!u' on constate !ue dans les trois grandes Lles
o5 s' est constitue la ci,ilisation 9aponaise
et dont la population atteint une densit
comparable 2 celle de l' ?ngleterre et de
l' Italie du nord/ la super0icie culti,e
n' atteint gu.re !ue le septi.me du sol$ 6ais
c' est une culture de 9ardiniers/ obtenant par
an deux rcoltes et m7me trois dans le
sudDouest$ Le 9aponais/ en sa !ualit d' imitateur/
se montre encore plus spcialiste !ue le chinois
dans le choix des espaces !u' il met en ,aleur$
La densit s' abaisse progressi,ement/ au Qapon/
,ers le 8> e degr de latitude (nord de Bondo)
et tombe dans l' Lle d' Wso 2 moins de
R> habitants par Jilom.tre carr$ 67me chute
brus!ue sur le continent/ lors!ue au del2 des
plaines de PJin et du littoral on dpasse
p<P
le 8> e degr$ epuis trois si.cles !ue les
plaines du Leao/ au pied des montagnes de
6andchourie/ ont t entames par la colonisation
chinoise/ ses progr.s n' ont gu.re dpass
encore la pro,ince de 6ouJden$ CelleDci n' a
m7me !u' une densit in0rieure 2 celle de la
montagneuse Core/ et au del2/ dans la pro,ince
de Hirin/ par 8= degrs de latitude/ c' est 2
un chi00re tout 2 0ait insigni0iant !ue tombe
la proportion relati,e d' habitants$ ?insi les
grands rassemblements humains cessent en ?sie
2 peu pr.s ,ers la latitude o5 ils se ren0orcent
en Curope$ CstDce la nature seule !u' il con,ient
d' incriminer E -ans doute la rudesse du climat
continental/ !ui d92 dans le sud de la
6andchourie ne permet !ue des bls de printemps/
doit entrer en ligne de compte 1 mais une
culture per0ectionne e:t trou, un ,aste
champ dans ces pasages de parc, mlanges
de prairies et de bou!uets d' arbres/ !ui
caractrisent la pro,ince de l' ?mour et !ui
reprsentent probablement la ph3sionomie
,gtale primiti,e de notre Curope$
vii. -conclusion.
en ralit/ cette limite asiati!ue des grandes
agglomrations humaines est celle d' une 0orme de
ci,ilisation$ Le chinois comme le 9aponais ont
pouss le plus loin !u' il leur tait possible
a,ec leurs procds traditionnels/ la culture
minutieuse dont ils a,aient contract l' habitude$
CheG toutes les socits agricoles !ui ont
essaim dans la Gone terrestre !ue nous ,enons
de considrer/ des con0ins de la Lib3e 2 ceux
de la 6andchourie/ c' est le maniement de l' eau
0ournie par les pluies et les 0leu,es/ la prati!ue
de l' irrigation de plus en plus tendue/ !ui
ont t les grands 0acteurs de d,eloppement
numri!ue$ (estreint dans les oasis/ limit 2
une 0range bordi.re le long des montagnes de
l' ?sie centrale/ ce mode de culture a trou,
dans les plaines du Hange et de la Chine des
domaines 2 souhait pour s' panouir$ ?insi de
puissants 0o3ers d' appel se sont 0orms pour les
hommes$ Leur ra3onnement s' est tendu sur toute
la priphrie insulaire de l' ?sie orientale$
Le cadre spcial dans le!uel ont grandi ces
socits est gographi!uement di00rent de celui
!ui dlimite les populeuses socits d' Curope$
La pntration rcipro!ue !ue 0a,orisent les
communications modernes pourra 2 la longue
attnuer ces di00rences 1 il est probable
nanmoins !u' elles subsisteront dans les traits
principaux de la dmographie$ es agglomrations
principalement 0ondes sur l' industrie
pO>
et la ,ie urbaine prsentent sous bien des
rapports d' autres modes d' existence/ d' autres
phnom.nes !ue celles !ui se sont tablies sur
une collaboration agricole d' une multitude d' 7tres
humains groups par 0amilles ou par ,illages$
)n ne saurait mconnaLtre dans cellesDci un
caract.re d' archaIsme !ui nous reporte aux
premiers e00orts !u' a d: 0aire l' esp.ce humaine
pour se constituer en 0orce et en nombre$ La
surabondance de produits obtenus par un
ingnieux amnagement de l' eau dans des climats
interrompant 2 peine la ,gtation de l' anne/
eut un e00et mer,eilleux pour permettre la
coexistence sur des points restreints de 0orts
groupes numri!ues$ L' adaptation de l' eau 2 des
cultures rguli.res/ 0oisonnant sur place et se
succdant 2 prompts inter,alles/ contribua 2
concentrer les hommes/ de m7me !ue/ primiti,ement/
l' usage du 0eu a,ait 0acilit leur dispersion
dans pres!ue toutes les parties de la terre$
L' une et l' autre de ces in,entions primordiales
se retrou,ent dans la rpartition actuelle de
notre esp.ce$ C' est parce !ue/ d.s les anciens
@ges/ des groupes se sont rpandus sporadi!uement
2 tra,ers les tendues continentales/ !ue nous
rencontrons 2 l' heure actuelle tant de di,ersits
et d' ingalits/ autrement inexplicables/ dans
leur degr de culture$ Ct c' est parce !ue
l' irrigation/ apr.s a,oir appris aux hommes
2 se serrer sur des points dtermins/ leur a
0ourni/ en certaines contres/ un th.me de
per0ectionnements s' engendrant les uns les
autres/ !ue nous ,o3ons des agglomrations !ui
n' ont pas attendu pour grandir les 0acilits
!u' o00rent les transports modernes$
Ces impulsions initiales ont donn le branle et
orient le d,eloppement gographi!ue de
l' humanit$ )n peut/ au reste/ constater ce
0ait/ !u' 2 chacune des tapes de ce d,eloppement
correspond une appropriation nou,elle de
ressources ou d' nergies naturelles$ C' est
par des e00orts d' in,ention !ue l' homme
d' au9ourd' hui comme de 9adis par,ient 2 se 0aire
une place de plus en plus considrable sur
la terre$
pO;
chapitre iv. ,' agglomration europenne. $. -les
limites :
parmi les !uatre groupes d' agglomration
humaine/ DInde/ Chine/ Curope/ tatsD*nis/ Dle
groupe europen est au9ourd' hui le principal$
ans la rpartition de l' esp.ce humaine sur le
globe/ il reprsente un 0o3er dont l' action se
rpercute partout 1 comme puissance numri!ue
et conomi!ue/ il est le bloc prpondrant !ui
met son poids dans la balance$
Cette supriorit numri!ue est de date rcente$
Il est probable !u' au commencement du xixe si.cle
la population de l' Curope n' atteignait pas le
chi00re d92 atteint par l' Inde et la Chine N
elle s' le,ait/ d' apr.s les calculs les plus
plausibles/ 2 ;O= millions en,iron$ -i l' on
consid.re !u' a,ant les ,ides/ pour le moment
incalculables/ causs par la guerre/ elle tait
,alue/ en ;P;8/ 2 88M millions/ il en rsulte
un accroissement d' en,iron ;=> p$ ;>> dans une
priode dpassant 2 peine un si.cle$ La densit
mo3enne/ !ui tait 2 peu pr.s de ;P p$ ;>> en
;M>>/ tait arri,e 2 dpasser/ dans ces
derni.res annes/ le chi00re de 8= p$ ;>>$ Il
est ,rai !u' une mo3enne s' tendant indistinctement
2 l' Curope enti.re perd beaucoup de sa ,aleur$
*n trait plus signi0icati0 de cette statisti!ue
rtrospecti,e est !ue/ ,ers ;M;=/ aucune
grande rgion sur le continent europen n' a,ait
une densit comparable 2 celle du ro3aume
lombardD,nitien/ soit P> habitants par
Jilom.tre carr N la richesse agricole/ le legs
histori!ue de grands tra,aux publics expli!uaient
cette supriorit$ Cette contre a notablement
accru sa population dans le cours du dernier
si.cle 1 mais/ sans parler de la HrandeD&retagne/
la &elgi!ue/ la pro,ince rhnane/
pOR
la -axe montrent au9ourd' hui une densit
suprieure 2 la sienne$
La rpartition a donc ,ari aussi bien !ue
l' e00ecti0 total$ es dplacements de densit
ont eu lieu$ )n est en prsence d' un 0ait en
marche/ pro,o!uant des chocs en retour !ui se
transmettent d' une contre 2 l' autre$ Car c' est/
depuis un demiDsi.cle en,iron/ dans l' Curope
orientale/ en (ussie notamment/ !ue
l' accroissement de la population proc.de 2
l' allure la plus acclre$ -ans doute/ des
obstacles de climat s' opposent 2 ce !ue l' Curope/
dans sa totalit/ soit entraLne dans ce
mou,ement N nanmoins l' organisme europen est
tel au9ourd' hui !ue les ner0s moteurs agissent
a,ec 0orce 9us!u' aux extrmits des membres$
Le cadre dans le!uel se circonscrit/ actuellement
du moins/ l' agglomration europenne/ pourrait
7tre approximati,ement trac/ au nord/ par le
<> e degr de latitude$ ?u del2 de cette ligne/
le long de la!uelle s' chelonne/ en
a,antDpostes/ une range de grandes ,illes/
s' tend une ,aste rgion (R$ =>>$ >>> Jilom.tres
carrs en,iron) o5 la densit de population
ne dpasse gu.re au total + hab$ Par Jm! cube$
Cependant/ baigne au nord par une mer !ui
reste gnralement libre/ cette rgion/ depuis
dix si.cles au moins/ est entre dans le cercle
d' attraction des contres ,oisines$ Ce sont
d' abord les p7cheries !ui ont attir les hommes 1
puis/ dans la suite des si.cles/ le commerce
des bois et des 0ourrures/ au9ourd' hui les
mines et l' nergie h3drauli!ue$ L' exploitation
de ces ressources nou,elles a imprim un
accroissement sensible/ depuis un demiDsi.cle/
2 la population de ces 4 con0ins de
l' oecoum.ne 4 $ Comme dans tous les pa3s de
colonisation/ les ,illes maritimes en ont
surtout pro0it N les deux tiers de la population
nor,gienne sont sur les cFtes/ et l' on
remar!ue/ en -candina,ie comme en Finlande/
une proportion relati,ement 0orte de population
urbaine$ 6ais les ressources nourrici.res sont
trop indigentes pour laisser beaucoup de marge
2 l' accroissement 1 l' migration/ !ui s' 3
d,eloppe au moins aussi ,ite !ue la natalit/
et m7me/ 2 l' occasion/ des 0amines se chargent
d' 3 mettre un terme$
pO+
2 l' est/ la ligne de dmarcation !ui circonscrit
l' agglomration europenne a un caract.re
histori!ue autant au moins !ue gographi!ue$
Clle touche 2 la steppe saline/ mais sans
borner la rgion 0ertile de la terre noire$
)n peut la considrer comme la ligne pro,isoire
autour de la!uelle oscille le pendule/ entre le
domaine des socits assises et celui des
groupes plus ou moins instables$ Clle est
9alonne/ comme la limite septentrionale/
par une srie de ,illes rapidement grandissantes/
entre les!uelles la %olga sert de lien$
?u del2/ dans les gou,ernements d' )u0a/
)renbourg/ ?straJhan/ sur une super0icie
au moins gale 2 celle de la France/ la densit
de la population ne dpasse gu.re en mo3enne
une douGaine d' habitants par Jilom.tre carr$
Cntre cette rgion 0aiblement peuple et les
contres d' accroissement rapide et continu !ui
se prolongent 9us!u' 2 la ri,e occidentale du
grand 0leu,e/ le contraste actuel exprime la
lisi.re ,ers la!uelle expire la ci,ilisation
europenne$ ans ses tapes successi,es/ c' est
par une range de ,illes !u' elle a procd/
!u' elle a 0ait 0ront contre la barbarie 1 et
ce sont des 0leu,es !ui ont ser,i d' appui 2
ces 0ondations urbaines$ 'our 2 tour le (hin
et le anube/ puis/ lors!ue l' oeu,re romaine
0ut reprise par les carolingiens et le
saintDempire germani!ue/ l' Clbe/ la -aale
et l' Clster/ plus tard encore l' )der/ la
%istule et le niepr ont ,u sur leurs bords
s' tablir/ en rapports les unes a,ec les
autres/ des ranges de ,illes N portes d' entre
et de sortie entre deux mondes/ 2 la 0ois
centres de propagande religieuse/ places
d' armes/ lieux de 0oires et de commerce$
6ersebourg/ puis LeipGig 1 6agdebourg et
Bambourg 1 &reslau et antGig 1 (iga et
Vie,/ tracent des lignes successi,es$ Clles
anticipent/ dans le d,eloppement de l' Curope/
sur le rFle 0utur des ,illes commerantes !ui/
de Ni9nLIDNo,gorod 2 ?straJhan/ centralisent
autour de la %olga les relations de l' Curope
orientale et des steppes$
La ,ille a son rFle 2 part dans la 0ormation du
peuplement$ C' est un organe politi!ue/ un noeud
de rapports$ Clle est l' expression d' autres
phnom.nes !ue le ,illage/ c' est pour!uoi elle
peut exister indpendamment de lui$ L' ?mri!ue
et l' ?ustralie apportent de rcents exemples
de grandes ,illes sui,ant leurs destines sans
le cort.ge de moindres tablissements !ui les
accompagne en Curope$ Clles ser,ent de points
de ra,itaillement d' o5 la population s' lance
2 de nou,elles con!u7tes$
pO8
ii. -point de dpart et conditions d' extension.
il reste donc !ue plus des deux tiers de l' Curope
constituent/ au point de ,ue de la population/
un groupe 2 peu pr.s compact de densit le,e$
)n distingue bien encore dans cet ensemble des
parties 0aiblement peuples/ mais elles sont
entames de toutes parts/ et de plus en plus
rduites 2 la retraite !ue leur laissent les
hautes montagnes/ les 0or7ts ou les sur0aces
marcageuses$ Les interstices diminuent entre
les rangs presss !ui les assi.gent$ Cn somme/
il n' 3 a pas entre les mailles de ce tissu
d' inter,alles ,ides/ comparables 2 ceux !ui
sparent l' Inde de la Chine 1 ou/ dans l' Inde
m7me/ le Pend9ab du pa3s des 6ahrattes/ le
&engale du Carnatic$
Les agglomrations asiati!ues sont nes et ont
grandi sous l' in0luence d' une cause principale/
le climat des moussons$ es centres de densit
sporadi!ues se sont rapprochs et ont 0orm
masse/ gr@ce 2 une collaboration de pluies/
de soleil et de 0leu,es/ surexcitant pres!ue
sans rpit la 0orce producti,e du sol$ Les
phnom.nes humains se laissent malaisment
circonscrire en des limites prcises 1 on
constate toute0ois !ue c' est approximati,ement
entre ;> et 8> degrs de latitude nord !ue se
localisent ces 0o3ers humains$ L' agglomration
europenne/ au contraire/ ne touche !ue par ses
extrmits mridionales 2 cette Gone terrestre$
L' oeu,re !ui a abouti 2 runir en Curope pr.s
du !uart de la population du globe/ s' est
gnralement accomplie dans des conditions
de climat et de latitude dont les exigences
dpassent de beaucoup celles des contres
tropicales ou subtropicales$ Clle reprsente
par l2 !uel!ue chose d' original dans l' histoire
du peuplement du globe$ Clle se distingue ainsi/
non seulement des agglomrations anti!ues !ui
ont eu pour si.ge l' ?sie orientale et l' g3pte/
mais m7me de celles !ui sont en ,oie de
0ormation dans les contres d' ?mri!ue 1 bien
!ue/ 2 ,rai dire/ cellesDci n' tant encore
!u' 2 leur premier stade/ il soit di00icile de se
prononcer sur leur 0uture extension$
Le phnom.ne !ui a accumul dans cette pninsule
de l' ancien monde la masse principale d' humanit/
prsente une ,olution plus complexe !ue celles
!ue nous a,ons d92 cherch 2 retracer$ Le 0ait
initial cependant paraLt 7tre/ ici comme ailleurs/
l' abondance de ressources ,gtales propres 2
la nourriture de l' homme$ L' Curope/ sous ce
rapport/ surtout dans les parties de son
territoire !ue n' ont pas atteintes les
liminations des priodes glaciaires/ n' est pas
moins richement dote !ue les rgions !ui
semblent/ au dire des botanistes/ a,oir le
plus contribu 2 enrichir le patrimoine de
ressources
pO=
alimentaires N l' Inde/ le -oudan/ ou la Chine$
Kuel!uesDunes des crales les plus utiles/
0roment et orge/ nombre de lgumes/ tels !ue
0.,es/ pois/ lentilles/ apparaissent sur les
bords europens de la 6diterrane/ soit
comme indig.nes/ soit comme des emprunts tr.s
anciens 2 des contres limitrophes$
L' acclimatation des ,gtaux !ui se concentrent
autour du domaine mditerranen/ trou,a dans le
commerce de bonne heure allum sur ses bords
un ,hicule naturel 1 a9outons !ue/ au centre
m7me de cette mer/ la 0conde -icile semblait
prdestine 2 ser,ir d' organe de transmission$
Parmi les ressources nourrici.res dont s' enrichit
progressi,ement l' Curope/ la 6diterrane a
0ourni la plus grande part/ mais non la seule$
La di,ersit des plantes alimentaires dont
Pline l' ancien 0ait mention comme en usage
cheG les peuples subDou transDalpins/ est
tr.s remar!uable/ con0irme d' ailleurs par les
trou,ailles prhistori!ues$ Nous ,itons de
mentionner les ressources !ue l' alimentation
pou,ait tirer de la chasse ou de l' le,age/
puis!u' il ne s' agit !ue de genres de ,ie
0a,orables 2 la 0ormation d' un peuplement
dense$
Par la 0acilit de l' existence/ a,ec les a,antages
et les incon,nients !u' elle entraLne/ les
parties de l' Curope situes au sud de 8> degrs
se rapprochent de celles !ui ont 0a,oris en
?sie l' panouissement de l' esp.ce humaine$
C' est en pensant 2 elles !ue 6irabeau a pu
parler de contres o5 4 les e00orts des pires
gou,ernements ne russiraient pas 2 emp7cher
la population de s' accroLtre 4 $ Cn ralit/ elle
ne s' est pas tou9ours accrue dans le ro3aume
de Naples et dans l' Cspagne mridionale/ et
elle a subi bien des rgressions temporaires 1
mais on doit reconnaLtre !u' elle a tou9ours
montr/ dans les circonstances propices/
tendance 2 s' accumuler$ Ce n' est gu.re !ue dans
les grandes ,illes du sud de l' Italie et de
l' Cspagne !ue se rencontre ce proltariat
,i,ant de peu dont se surchargent les
agglomrations de l' Inde ou du sud de la Chine/
ou m7me l' hexapole !ui garnit le pied des
montagnes/ dans le 'urJestan oriental$ -ans
doute/ 2 d0aut d' autres besoins/ celui de la
nourriture !uotidienne s' impose 1 mais cette
!uestion m7me perd de son acuit et de,ient/
sui,ant les saisons/ tout 2 0ait aise 2
rsoudre$ 4 2 6urcie/ cri,ait e Laborde/
on ne saurait
pO<
trou,er une ser,ante pendant l' t 1 et beaucoup
de celles !ui sont places !uittent leurs
conditions 2 l' entre de la belle saison$
?lors elles se procurent aisment de la salade/
!uel!ues 0ruits/ des melons/ surtout du piment 1
ces denres su00isent 2 leur nourriture$ 4 on
peut rapprocher ce tmoignage de ceux !ui nous
,iennent des oasis du 'urJestan/ situes
en,iron aux m7mes latitudes/ au su9et de ces
populations !ui conser,ent 2 Vachgar/ WarJand
et Vhotan/ les ,ieilles traditions
d' agriculture iranienne$ 4 pendant les mois
d' t/ dit -emeno0/ les 0ruits et les melons
su00isent 2 remplacer la charit publi!ue$ 4
l2 aussi/ cette manne priodi!ue est une prime
2 l' oisi,et et au !arniente. la nature se
charge/ mo3ennant le minimum d' e00orts/ et pour
ainsi dire au rabais/ de pour,oir aux
ncessits !ui gr.,ent/ sous d' autres latitudes/
les socits humaines$
Cependant les contres europennes o5 l' homme
peut s' a00ranchir de la continuit de l' e00ort/
sont l' exception$ 2 peine aDtDon dpass
d' une centaine de Jilom.tres les ri,es de la
6diterrane !ue les exigences de climat se
multiplient$ Clles s' imposent d92 aux
populations circumDalpines/ balJani!ues et
danubiennes N combien plus encore 2 celles
!u' on entre,oit d.s les premi.res lueurs de
l' histoire/ groupes le long des terres 0ertiles
!ui sui,ent en,iron le => e degr de latitude/
et se prolongent/ par l' archipel danois/
9us!u' au sud de la -u.de A Cn 0ace de ces longs
hi,ers/ de ces brumes/ de ces intempries
incompatibles a,ec la ,ie en plein air/ ch.re
au napolitain de nos 9ours comme 2 son anc7tre
de Pompi/ l' abri/ le ,7tement/ le chau00age/
l' clairage ,iennent singuli.rement compli!uer
le probl.me de l' existence$ Ce 0ut une
ncessit naturelle !ui substitua aux draperies
0lottantes les ,7tements serrs au corps/ la
saie, les braies gauloises 1 !ui a9uste
au sommet de l' habitat un toit le,/ et
0ortement inclin pour permettre le ruissellement
des pluies$ Cet habitat/ surtout/ prend une
importance plus grande dans la ,ie !uotidienne 1
ce n' est plus l' installation sommaire o5 l' on
s' accommode apr.s 9ourne passe sur les
places publi!ues/ mais le s9our o5 se prati!uent
les tra,aux d' hi,er/ o5 s' entretiennent les
industries domesti!ues/ le home, la maison
a,ec toutes les ides et les sentiments
!u' elle ,eille$ CroLtre et multiplier de,ient/
dans ces conditions/ un prcepte !ui suppose
l' e00ort/ et au succ.s du!uel concourent des
0acteurs de temps/ d' ingniosit/ de pers,rance$
pOO
?u del2 du 8> e degr de latitude/ l' homme doit
compter a,ec des ncessits d' habitat/ de
,7tementDoutre la nourritureD!u' on peut
comparer 2 ces poids supplmentaires dont on
charge dans les courses certains concurrents$
Plusieurs sociologues/ depuis Le Pla3/ se sont
attachs 2 anal3ser les budgets d' ou,riers
ruraux ou urbains en di00rentes contres
d' Curope$ Parmi les exemples !u' ils apportent/
9e choisis de pr0rence ceux !ui concernent
les rgions o5 s' est le plus mani0est de nos
9ours l' accroissement de la population$ Cn
&elgi!ue/ en -axe/ en Testphalie (-olingen)/
2 -he00ield/ la rpartition des dpenses
s' tablit 2 peu pr.s sur les bases sui,antes N
<> 2 <= p$ ;>> pour la nourriture/ ;= 2 R>
p$ ;>> pour le ,7tement/ ;R p$ ;>> pour le
logement/ = p$ ;>> pour le chau00age et
l' clairage$ ' apr.s des ,aluations plus
rcentes/ dont le anemarJ/ pa3s tr.s prosp.re/
a t l' ob9et/ les dpenses de nourriture ne
reprsentent plus gu.re pour cha!ue 0amille !ue
la moiti de la totalit des dpenses/ la
proportion restant 2 peu pr.s la m7me pour le
reste$ Le m7me obser,ateur 0ait cette remar!ue
gnrale !ue plus le budget est petit/ plus est
grande la proportion des dpenses de
nourriture$
)n peut tendre la porte de cette obser,ation$
Kuand le tisserand de 'ch' engD'ou a prle,
sur son maigre salaire la somme ncessaire
2 son cuelle de riG/ il est 0ort 2 pr,oir !ue
le super0lu/ s' il en reste/ passe 2 la maison
de 9eu$ ans l' Inde/ lors!ue la hausse du coton/
pro,o!ue par la guerre de -cession amricaine/
eut rpandu l' argent cheG les culti,ateurs
du har,ar/ les bn0ices/ ditDon/ enrichirent
surtout le bi9outier de ,illage$ Ne saitDon pas
en0in combien/ m7me dans nos contres
mridionales d' Curope/ le go:t de la parure/
du 9eu (loterie) prime tout autre emploi des
bn0ices alatoires dont ,entuellement on
dispose E Il existe donc des climats o5/ apr.s
satis0action donne aux besoins de nourriture/
l' homme mo3en/ !ui reprsente en somme le
principal lment numri!ue de la population/
peut 2 peu pr.s impunment se li,rer 2 ses
0antaisies$ 'out autre est la conception sociale
!ui rsulte/ dans nos climats/ de ce !ue
6ontes!uieu appelle le 4 ncessaire ph3si!ue 4 $
Les de,oirs grandissent a,ec les ncessits/
liminent ou du moins rabaissent 2 un ni,eau
tr.s in0rieur cet lment de parasitisme !ui
0ait pulluler/ dans des climats moins exigeants/
la mendicit et le ,agabondage$ Le mendiant n' 3
est plus 4 un 7tre
pOM
aim de ieu 4 $ *ne considration imprieuse
s' attache 2 l' extrieur du logement et de la
personne/ 2 ce !ui constitue le con0ort et ce
!u' exprime bien la 0ormule anglaise/ standard
o! li!e.
cependant/ pour sub,enir non seulement 2 ces
exigences/ mais en outre aux obligations
!u' impose la ,ie moderne/ impFts/ h3gi.ne/
ducation/ dlassements/ etc$/ l' e00ort est
ncessaire$ Il 0aut crer plus de ressources
pour tenir t7te 2 plus de de,oirs$ Nos contres
d' Curope centrale ou septentrionale en
o00raientDelles les mo3ens E Clles ne
paraissaient pas de primeDabord disposes par
la nature pour entretenir des multitudes
pareilles 2 celles des bords du 0leu,e &leu
ou du Hange$ -i pourtant elles les galent
ou dpassent/ c' est parce !u' elles ont su
tirer des ressources naturelles plus !ue n' ont
0ait les socits asiati!ues$ ?ux produits
du sol elles ont a9out ceux du sousDsol 1
a,ec les ressources de l' agriculture elles ont
combin celles de l' le,age$ Clles ont appel
en0in la science 2 leurs secours$ La 0ormation
de l' agglomration europenne apparaLt ainsi
comme une oeu,re d' intelligence et de mthode
pres!ue autant !ue de nature$
iii. -r2le des relations commerciales :
ce progr.s n' a pas t le pri,il.ge d' une race$
Non !u' il 0aille r,o!uer en doute les !ualits
suprieures dont l' homme a 0ait preu,e en
Curope pour mettre en ,aleur a,ec plus
d' intensi0ier !u' ailleurs les ressources !ue
reclait le milieu$ 6ais il ne 0aut pas oublier/
!uand il est !uestion de l' Curope/ la
correspondance naturelle !ui en unit toutes
les parties$ Par son e00ilement progressi0 en
0orme de pninsule/ son exiguIt relati,e/ par
les 0acilits de passages !ui attnuent
l' obstacle des chaLnes ou des massi0s !ui la
sillonnent/ par les ,oies naturelles !u' ou,rent
ses 0leu,es/ les peuples tr.s di,ers/ tr.s
htrog.nes !ue les circonstances 3 ont groups/
ne tardent 9amais longtemps 2 entrer en
communications rcipro!ues$ Le localisme/
cause de stagnation/ ne tient pas longtemps 1
de telle sorte !ue le progr.s accompli par les
uns n' est pas perdu pour les autres$ Le nombre
de contres !ui chappent au mou,ement gnral
se rduit d' @ge en @ge/ et soit plus lentement/
soit plus ,ite/ chacun prend le pas dans l' a,ance
conomi!ue$
'out ce !ue nous sa,ons du pass de l' Curope
tend 2 montrer !uel rFle ont 9ou/ dans la
marche de sa ci,ilisation/ l' imitation et
l' exemple$
pOP
Le grand panouissement de population et de
richesse !ue/ dans les cin! si.cles !ui
prc.dent l' .re chrtienne/ les ti!uettes de
3allstatt, puis de ,a 4"ne,
signalent au nord des ?lpes et dans le nordDest
de la Haule/ coIncide a,ec l' a00luence
croissante de relations mditerranennes$
L' imitation des monnaies macdoniennes/ des
ob9ets trus!ues/ la 0ormation d' un art mixte
4 de st3le romain pro,incial 4 !ue r,.lent les
trou,ailles sur les bords du (hin et du anube/
sont les indices d' une trans0ormation
conomi!ue !ui a pntr l' tat social$
)n peut conclure du tmoignage de -trabon !u' un
accroissement de population 0ut/ en Haule/
un des premiers rsultats de la paix romaine/
bien !ue ces 0ertiles contres d' occident ne
dussent pas chapper 2 la longue 2 4 la disette
d' hommes 4 / au dpeuplement/ dirionsDnous/ !ui
atteignait d92 la Hr.ce et les contres a3ant/
comme elles/ support le 0aix d' un long e00ort
de ci,ilisation$ L' impulsion !u' a,ait prou,e
l' Curope centrale/ celle du nord la ressentit
2 son tour/ lors!ue/ ,ers le ,e si.cle de l' .re
chrtienne/ la na,igation et l' agriculture
eurent 2 leur disposition un outillage plus
per0ectionn !ue celui des anciens @ges de
bronGe$ Le nord scandina,e de,int alors le 0o3er
de cette 0ermentation de peuples !ui a,ait secou/
!uatre ou cin! cents ans aupara,ant/ le monde
celti!ue$
Il 0aut a,oir les 3eux sur ces causes gnrales
pour se rendre compte du 0ait !ui est proprement
le su9et de notre tude N la 0ormation en
Curope du principal groupe humain !ui existe
actuellement sur le globe$ C' est le rsultat
d' une oeu,re de longue haleine/ !ui a procd/
non d' un mou,ement continu/ mais par saccades 1
!ui a t tra,erse par des catastrophes/ !ui
a connu des priodes de rgression/ mais
dont pourtant on peut mar!uer les tapes/ et
!ui/ 0inalement/ se totalise
pM>
par un progr.s de beaucoup suprieur aux pr,isions
de la plupart des penseurs du x,iiie si.cle$
Par additions successi,es/ dont approximati,ement
on peut estimer les dates/ le domaine
d' occupation intensi,e s' est agrandi$ ans
cette srie de con!u7tes/ les principales
batailles ont t gagnes sur les 0or7ts/
!u' on a d0riches 1 sur les marais/ !u' on a
desschs 1 sur les montagnes/ !u' on a adaptes
2 l' conomie pastorale 1 sur les allu,ions/
!u' on a arraches 2 la mer$ Cn0in/ il 3 a un
si.cle et demi/ l' aurore de la grande industrie
s' est le,e dans une contre de la
HrandeD&retagne/ o5 se concentraient le 0er
et la houille$ Parmi les artisans de l' oeu,re
!ui s' labora alors autour de &irmingham/
de 6anchester/ de -he00ield et de NeXcastle/
plus d' un promoteur est sorti de ce milieu
social !ue nous cherchions/ dans les pages
!ui prc.dent/ 2 caractriser d' apr.s les
budgets d' ou,riers$ L' exemple de l' ?ngleterre
a gagn le continent$ Les ncessits de la
grande industrie se sont traduites par un
accroissement en proportions inouIes des 0orces
de transport/ de sorte !ue le mou,ement
commercial n' a pas cess et ne cesse pas de
s' tendre$
Ku' une priode sans exemple d' in,entions mcani!ues
ait donn l' essor 2 un accroissement sans
prcdents de population/ c' est un 0ait de
nature 2 9eter !uel!ue lueur sur le genre de
causes !ui ont la prpondrance dans l' ,olution
du peuplement humain$ Il correspond 2 l' ,eil
d' initiati,es/ 2 une plus grande somme d' nergie
et d' intelligence appli!ues 2 l' exploitation
des ressources naturelles$ La cration de
richesses nou,elles rclame et appelle 2 son
secours un plus grand nombre de 0orces humaines 1
un accroissement en rsulte$ 6ais le 0lot
s' aplanit en s' tendant$ Il arri,e tFt ou tard
!ue cette cration engendre aussi de nou,eaux
besoins/ !u' elle introduit des habitudes !ui
peu 2 peu produisent 2 leur tour leurs e00ets
sur la marche du peuplement$ es rpercussions
di,erses/ m7me en sens contraire/ peu,ent naLtre
sui,ant les temps et les lieux$ Le progr.s
porte en luiDm7me ses correcti0s$ e,ant ces
0aits gros de cons!uences/ il 0aut s' attendre
2 ce !ue le phnom.ne dmographi!ue/ en se
droulant dans son ampleur/ se montre sous des
0aces tr.s di,erses$
pM;
chapitre v. 5gions mditerranennes :
lors!ue les hommes commenc.rent 2 entrer en
rapport par del2 la barri.re montagneuse !ui
borde la 6diterrane/ le sud reprsenta pour
l' ultramontain le pa3s des 0ruits/ de m7me !ue/
par une gnralisation semblable/ l' Curope
centrale apparut au mditerranen comme le pa3s
des 0or7ts$ Cette distinction reposait
assurment sur un 0ondement naturel 1 mais du
moins cette image tait d92 une trans0ormation
obtenue par un tra,ail humain sculaire$ Nous
a,ons caractris ainsi le genre de ,ie !ui a
pr,alu sur les bords de la 6diterrane N
4 ce n' est pas le champ/ mais le 9ardin !ui de,int
ici le pi,ot de la ,ie sdentaire 4 $ Il con,ient
d' a9outer !ue le 9ardin/ ou pour mieux dire/
la culture de plantation a t/ dans ces contres/
le principe de la concentration des habitants$
Clle en 0ut et elle en est reste le principal
0acteur/ si du moins l' on 0ait abstraction des
,illes$
i. -les points !aibles :
la nature ph3si!ue/ dans la rgion mditerranenne/
se pr7te indi00remment 2 des genres de ,ie dont
l' in0luence sur la population est tr.s di,erse N
la culture des crales telles !ue l' orge ou le
bl/ celle des arbustes/ primiti,ement ,igne/
0iguier/ oli,ier/ et l' le,age pastoral/
surtout de la ch.,re et du mouton$ Ce classement
repose sur une distinction tr.s ancienne N elle
0igure dans Cicron comme ,ieille 0ormule de
droit$ Cntre la 4 terre de semences 4 et la
4 terre de plantations 4 la distinction cheG les
anciens est courante 1 on se demande seulement
si l' arboriculture n' est pas une branche de
pMR
l' art agricole$ Kuant 2 la ,ie pastorale/ elle
impli!ue non seulement di00rence/ mais
opposition$ Clle est le principe d' un antagonisme
!ui a 0rapp les obser,ateurs depuis 'huc3dide
9us!u' 2 -trabon/ et !ui persiste encore/ sous
une 0orme attnue/ de nos 9ours$
Cn e00et/ dans le cadre !u' embrassent les plis
des chaLnes ibri!ues et pro,enales/ de
l' ?pennin/ des ?lpes dinari!ues et du Pinde/
la plaine et la montagne s' enche,7trent N celleDci/
neigeuse en hi,er/ mais o00rant en t de 0rais
p@turages 1 l' autre/ hospitali.re en hi,er/
apr.s le renou,eau !ui suit les pluies
d' automne/ mais subissant du 0ait des
scheresses d' t une interruption de ,gtation
!ui peut durer 9us!u' 2 deux mois$ Le btail/
aisment mobile/ !ui est/ dans la rgion
mditerranenne/ la 0orme caractristi!ue de
richesse &pecunia', trou,e ainsi
alternati,ement dans la plaine et la montagne
ce !ui lui con,ient$ *n rgime pastoral est
issu de cette solidarit 1 il est possible
d' en conce,oir le d,eloppement$ 2 proximit
d' abord/ puis/ 2 mesure !ue se 0ormaient des
collecti,its pastorales asseG 0ortes pour
assurer leurs migrations/ 2 des distances
considrables/ les troupeaux/ sui,ant l' ordre
des saisons/ ont pass des hauteurs 2 la plaine
et vice versa. c' est ainsi !ue/ des
?lpes dinari!ues au littoral dalmate/ du Pinde
aux plaines de la 'hessalie/ des ?bruGGes
2 la campagne romaine et au ta,ogliere de
Pouille/ en0in des montagnes du Leon et de
'eruel aux plaines de l' ?ndalousie/ s' tablit
le rgime de la transhumance$ La montagne/
en d,ersant priodi!uement sur la plaine ses
pasteurs et ses troupeaux/ 3 g7nait toute
poursuite de tra,ail agricole$ Ce tra,ail/
dans les plaines o5 les cons!uences du rgime
ont t pousses 2 l' extr7me/ 0init par se
rduire 2 deux courtes apparitions de
tra,ailleurs/ l' une en octobre pour les
semences/ l' autre en 9uin pour les rcoltes$
?insi s' expli!ue !ue/ dans les plaines assu9etties
2 un tel rgime/ n' ait pu se nouer ce contrat
!ui/ par un rapport !uotidien de soins assidus/
unit le culti,ateur 2 la terre$ La petite
proprit n' a pu s' enraciner a,ec la tnacit
ncessaire/ pour peu !ue des priodes de guerre
et de troubles se soient prolonges 1 elle a t
emporte par la tourmente et a 0ait place 2 ce
rgime de lati!undia !ui p.se encore
en Cspagne et en Italie sur !uel!uesDuns
des domaines o5 des populations ont prospr
9adis/ o5 elles pourraient encore ,i,re 2
l' aise$
Il 3 a l2/ dans l' tat actuel/ une des causes
restricti,es de la densit
pM+
de population autour de la 6diterrane$ Clle
atteint les plaines/ tr.s sensiblement dans le
sud de l' Curope/ et plus encore dans l' ?0ri!ue
du nord o5 la colonisation 0ranaise ragit
non sans succ.s$ Cette complication de 0aits
ph3si!ues et histori!ues se traduit dans la
densit de population par des points 0aibles
et ce !u' on pourrait appeler une srie
d' anomalies ngati,es$
ii. -r2le des cultures arbustives :
il en est autrement des domaines o5 s' est
implante la culture arbusti,e N l2 se sont
0orms de bonne heure/ ont grossi successi,ement/
se sont conser,s comme en rser,e pendant les
temps de crises/ les rangs pais d' une
population !ui ne se lasse pas de pr7ter de
nou,elles recrues 2 la ,ie urbaine limitrophe
ou m7me 2 l' migration d' outreDmer$
Les obser,ateurs !u' attiraient d.s l' anti!uit
classi!ue les probl.mes de ci,ilisation/ ont
par0aitement not !ue ce t3pe de culture n' tait
pas une cration lmentaire et spontane/ mais
l' expression d' un progr.s/ d' un degr de ,ie
suprieure$ Comme tous les progr.s de ce genre/
c' tait une oeu,re de collaboration/ se
transmettant par ,oie de contact et d' imitation
sui,ant !ue le permettait l' analogie des
climats$ L' origine et le centre de propagation
de ce genre de ,ie peu,ent 7tre cherchs sans
hsitation dans la partie du domaine
mditerranen con0inant aux grandes socits
anti!ues de l' Cuphrate et du Nil$ Le ,hicule
en 0ut l' intercourse maritime/ !ue les
dcou,ertes prhistori!ues en Cr.te et dans
l' archipel gen nous montrent comme un des 0aits
les plus anciens et des plus dcisi0s de la
gographie des ci,ilisations$ Les trou,ailles
de ,ases crtois ou gens 9us!ue dans la
BauteDg3pte/ et rcipro!uement celles d' ob9ets
g3ptiens en Cr.te/ ou,rent de larges horiGons
!ui se prolongent 9us!u' aux premi.res d3nasties
pharaoni!ues/ peutD7tre au del2$ 2 l' po!ue o5
l' Lle de -antorin n' a,ait pas encore ,u sa
partie centrale s' e00ondrer dans une con,ulsion
,olcani!ue/ c' estD2Ddire il 3 a !uarante si.cles
au bas mot/ ses habitants entretenaient un
commerce de poteries a,ec le dehors 1 ils
culti,aient l' oli,ier/ l' orge/ di,ers lgumes$
Il est possible de
pM8
discerner/ 2 tra,ers ces rapports primiti0s/ le
germe !ui/ sui,ant des circonstances di,erses
de temps et de lieux/ s' est panoui/ grossissant
autour de la 6diterrane les rangs de la
population$ Comme tout progr.s destin 2
exciter dans l' humanit un surcroLt de 0orce
collecti,e/ il s' accomplit au contact de
socits ingales/ mais tra,aillant sur un
0onds commun$
Les bords europens de la 6diterrane sou00rent
de scheresses saisonni.res 1 mais/ 2 la
di00rence des rgions 0ranchement arides/
le tribut d' humidit ,ers par l' hi,er/ le
printemps et l' automne su00it pour entretenir
dans le sousDsol/ D2 l' exception des pa3s
Jarsti!ues/ Ddes rser,es persistantes
d' humidit$ Ce sont elles !ue l' arbre ou
l' arbuste puise par la longueur de ses racines$
Il 0aut tenir grand compte du sousDsol dans la
culture mditerranenne$ -i l' irrigation 9oue
un rFle !u' on ne saurait exagrer/ elle n' est
point cependant la dispensatrice absolue de
population et de richesse dans les rgions
subdserti!ues$ Cette nuance de climat nous
expli!ue pour!uoi une culture de terres s.ches
a constamment coexist/ dans le sud de l' Curope/
a,ec une culture d' irrigation$ CelleDci
exigeait une somme de tra,aux collecti0s et
d' organisation !ui n' a pu 7tre atteinte !u' 2 la
longue 1 d' autre part/ les sur0aces prou,es
par un mau,ais coulement des eaux rclamaient
de co:teux tra,aux de desschement$ ?u contraire/
la culture arbusti,e a pu de primeDabord se
propager et s' tendre sur les terrains o5/ la
sur0ace tant s.che/ le sousDsol restait
su00isamment humect$ (emar!uons/ en e00et/ !ue
les plantes de ce genre !ui/ par l' anciennet
de leur culture/ semblent a,oir de bonne
heure ac!uis la prpondrance N la ,igne/ le
0iguier/ l' oli,ier/ aux!uels on peut a9outer
l' amandier/ sont de celles !ui ne ncessitent
pas l' irrigation$ Qe suis port/ par tous ces
indices/ 2 considrer les contres 2 sur0ace
s.che et 2 sousDsol humide comme le plus ancien
t3pe mditerranen de culture et de population
denses$
Il en est une !ui/ par sa position et sa nature/
con,ient 2 cette
pM=
d0inition N c' est la plaine calcaire !ui/ 2
l' extrmit sudDest de la pninsule itali!ue/
s' a,ance comme un pont 2 la rencontre de l' orient$
Clle 0ait partie de la rgion !ue les grecs ont
tr.s anciennement connue sous le nom d' Iap3gie
et !ue les romains dsignaient par celui
d' ?pulie/ !ui se perptua sous la 0orme
plurielle signi0icati,e N le puglie. dans
cet ensemble/ la bande littorale !ui s' tend
de &arletta 9us!u' 2 &ari et m7me au del2
9us!u' 2 &rindisi et Lecce se distingue d.s
l' anti!uit/ ,u l' norme !uantit de ,ases !ui
en sont originaires/ comme un 0o3er de population$
6algr le cours di00rent !u' a pris l' histoire/
la contre reste encore une terre bnie dont la
mau,aise administration sculaire n' a pas russi
2 paral3ser les a,antages$ Cntre une double
srie parall.le de ,illes/ l' une sur la cFte/
l' autre 2 ;> Jilom.tres dans l' intrieur/
s' encadre la campagne s.che et lumineuse o5/
sous l' ombrage tamis des oli,iers/ 0iguiers/
p7chers/ etc$/ s' tend et gagne de plus en plus
le ,ignoble/ sans atteindre toute0ois la
prdominance exclusi,e !ue lui abandonne/ sur
un sol galement sec/ son mule moins 0a,orise/
la +ousti"re du &asDLanguedoc$
iii. -les 6 rivi"res 6 :
le commerce maritime et la colonisation
grcoDphnicienne ont propag/ 9us!u' 2
l' extrmit des limites !u' elles pou,aient
atteindre/ ces cultures minemment lucrati,es$
-ans l' ,eil de ,ie gnrale dont nous a,ons
signal les prcoces indices/ on comprendrait
mal comment ce genre de ,ie suprieure a ra3onn
de ri,age en ri,age/ donnant lieu 2 di,erses
combinaisons$ Certaines cFtes/ par leur
exposition et leur pente/ se droulent comme
des espaliers dont l' homme n' a eu !u' 2 tailler
les gradins$ Ct/ d' autre part/ elles mnagent/
2 l' abri du mistral et des ,ents du nord/ de
petites plages sablonneuses 2 porte les unes
des autres/ communi!uant aisment gr@ce 2 la
clmence des ,ents et 2 l' uni0ormit du rgime/
0a,orables ainsi 2 une ,ie de cabotage et de
p7che$ 'elle est/ par excellence/ la Gone de
Ligurie/ !ue la nomenclature populaire a
distingue par le nom caractristi!ue de
ri,i.re N ri,i.re du Ponant/ de H7nes 2
-anD(emo 1 ri,i.re du Le,ant/ de H7nes 2
la -peGia$ La montagne 3 serre de pr.s la cFte/
pM<
l' en,eloppe pour ainsi dire$ )n ,oit sur les
pentes tournes ,ers la mer blanchir entre les
plantations et les bois d' oli,iers le bourg
principal !ue des sentiers en gradins/
!uotidiennement escalads par des @nes/ relient
2 la plage$ Cntre deux promontoires !ui
l' enserrent/ se pro0ile en arc de cercle/
comme 4 une corde 2 demi tendue 4 / dit (eclus/
l' anse o5 les bateaux peu,ent 7tre tirs sur le
sable$ bourg et marine se correspondent/
se ,oient mutuellement/ se compl.tent/ par0ois
sous le m7me nom$ Ce dualisme est l' image de la
combinaison d' o5 est n un genre de ,ie
essentiellement propice 2 la collaboration
0amiliale/ car il unit les occupations de la mer
2 celles d' une culture exigeant plus de soins
!ue d' e00orts musculaires$ 'el est/ sans parler
des causes sur,enues au cours des temps/
l' attrait !ui a pouss les hommes 2 se presser
sur cette 0range de cabotage et de p7che$
PeutD7tre estDce en -3rie/ sur cette partie
du littoral !ui s' tend du sud de 'ripoli
9us!u' au mont Carmel/ !u' il 0audrait en
chercher le protot3pe$ L2 se droula 9adis/
de &3blos 2 '3r/ toute la srie des ,illes
phniciennes/ ppini.res de colonies !ui ont
essaim sur tous les ri,ages$ Les ,illes ont
subi le sort !ui 0rappe les crations histori!ues 1
mais/ le long des petites rades !ui se
succ.dent/ s' chelonnent de nombreux ,illages/
indice et ultime reli!ue/ pour ainsi dire/ de la
population dense !ui s' est presse sur cette
cFte$
e cette rencontre de conditions/ ,erger et
marine, est ne une combinaison propre 2 la
,ie de la 6diterrane/ !ui concentre la
population et la ,ie sur certaines parties du
littoral/ tandis !ue d' autres sont
inhospitali.res$
Ce t3pe de rivi"re se rp.te ailleurs le
long de la 6diterrane en proportions plus ou
moins rduites$ Parmi les organisations
aux!uelles il a donn lieu/ celle de Catalogne
est une des plus remar!uables$ *ne ppini.re
de bourgs associs 2 des marines s' est
0orme au nordDest et au sudDouest de &arcelone N
l' une (Costa e Le,ante)/ 9us!u' au cap de
Creus 1 l' autre (Costa e Ponente)/
9us!u' 2 'arragone$ Kuel!ue
pMO
changement !u' apporte la ,ie moderne a,ec
l' industrie/ les ,illes et l' en,ahissement
cosmopolite/ ces genres de ,ie subsistent/ non
comme sur,i,ance/ mais comme expression
d' harmonies naturelles !ui ont 0a,oris la
multiplication des hommes$
iv. -7ones d' altitude :
c' est un 0ait persistant/ dans notre rgion
mditerranenne/ !ue la densit de population
se localise dans la Gone des cultures de
plantations$ ?uDdessus de M>> m.tres/ les
tablissements humains de,iennent rares/ sau0
aux extrmits mridionales de ce domaine$
Cncore m7me les ,illages chelonns sur les
pentes mridionales de la -ierra Ne,ada
ne dpassentDils pas en gnral la limite des
oli,iers (;$ R>> m$)/ et s' il se trou,e 2 et l2/
en -icile/ des bourgs populeux comme les bourgs
9umeaux de Calascibetta (MOM m$)/ et de
Castrogio,anni/ l' anti!ue Benna (PPO m$)/ la
tranche principale de la population de l' Lle
estDelle circonscrite entre +>> et M>> m.tres$
Cette Gone populeuse par excellence se subdi,ise
elleDm7me sui,ant les di,ers lments dont elle
se compose et dont elle s' est graduellement
enrichie$ Ces limites respecti,es se dessinent
par des lignes d' tablissements$ C' est ainsi
!ue la tranche in0rieure/ o5 prosp.rent les
cultures d' agrumes/ se termine sur les 0lancs
orientaux et mridionaux de l' Ctna par une
range populeuse !ue semble rgir la courbe de
ni,eau de +>> m.tres N ni,eau de sources o5
s' alimentent les irrigations$ -ur les collines
argileuses mioc.nes !ui bordent l' arc extrieur
de l' ?pennin/ de &ologne 2 'ermoli/ une
bande de population concentre comme dans le
sud de l' Italie/ mais librement dissmine/
suit 0id.lement la rpartition de l' oli,ier
entre R>> et <>> m.tres en,iron$ La ,igne et
l' oli,ier se 0ont mutuellement cort.ge 1 la
,igne/ cependant/ est attire par les causes
conomi!ues actuelles ,ers la plaine$ C' est par
la ch@taigneraie/ du moins !uand la nature du
terrain s' 3 pr7te/ !ue ce mode de culture/
pMM
de gradins en gradins/ 0ait preu,e de la plus
grande 0orce expansi,e$ ?,ec elle monte aussi
la Gone des populations denses$ Clle ne commence
!ue ,ers 8>> m.tres/ et plus haut seulement/
,ers <>> ou O>> m.tres/ elle de,ient dominante$
*ne ligne d' tablissements humains correspond
sou,ent 2 la limite o5 l' oli,ier/ a,ec les
cultures !ui l' accompagnent/ c.de la place au
ch@taignier$ Hr@ce 2 cet arbre nourricier/ le
0lot d' une population dense a pu atteindre
ses extr7mes limites sur les 0lancs de l' ?pennin/
des ?lpes mridionales et des C,ennes$
Ces hauteurs/ elle les dlaisse au9ourd' hui/
rebute par le tra,ail minutieux et pnible
!u' exigent les terrassements en gradins/
di0ice maonn !u' il 0allait sans cesse rparer
et entretenir$ Ce tra,ail de -is3phe n' est
plus 2 la porte ni du go:t des habitants 1
aussi la partie suprieure de ces anciennes
terrasses culti,es prsenteDtDelle sou,ent
l' aspect d' une pierraille croulante/ abandonne
2 la ,aine p@ture$ *ne sorte de 0lux et de re0lux
en sens ,ertical rgit les mou,ements de la
population$ Ce !ue 9adis elle cherchait en
hauteur/ c' tait la scurit/ sou,ent la
salubrit 1 au9ourd' hui/ l' attraction contraire
pr,aut$
v. -r2le des montagnes :
les montagnes bordi.res de la 6diterrane
atteignent rarement +$ >>> m.tres/ mais un grand
nombre culminent entre ;$ =>> m.tres et
R$ >>> m.tres/ c' estD2Ddire dans la Gone o5 les
prcipitations ont leur ,aleur maximum$
CellesDci appartenant surtout 2 la saison 0roide
amassent des neiges en m7me temps !u' elles
produisent des pluies$ ?insi se nourrissent
les ri,i.res/ se gon0lent de 0ortes sources/
s' entretiennent de prcieuses rser,es pour les
scheresses d' t$ Cn gnral/ il man!ue 2
ces montagnes une tendue de Gones suprieures
o5 p:t se 0ormer/ comme dans nos ?lpes/ une
0conde conomie pastorale$ C' est comme
ch8teaux d' eaux et 2 leur pied !u' elles sont
productrices d' agglomrations humaines$ epuis
le mont )l3mpe de 'hessalie 9us!u' 2 la
-ierra Ne,ada de la Cordill.re bti!ue
apparaLt nettement ce rFle de la montagne$
Les chaLnes 0ragmentaires !ui se dressent sur le
pourtour e00ondr de l' ancienne gide/ seraient
une rgion d' exemples classi!ues$
pMP
2 leur pied/ gr@ce 2 elles/ ont exist de tr.s
anciennes agglomrations humaines$ L' anti!ue
L3die/ la &ith3nie/ la 'hrace/ la 6acdoine
sont des contres histori!ues dont les racines
plongent dans la prhistoire$ ?u pied de
l' )l3mpe de &ith3nie/ sur sa terrasse ra,ine
par les torrents/ &rousse/ toute ruisselante
d' eaux ,i,es/ est un site dont les hommes ont
de tout temps recherch la 0condit puissante$
Ce n' est pas/ du moins dans le principe/ sur les
bords marcageux de l' Bermos/ du Ca3stre/
du 6andre/ !ue se sont installs les
tablissements humains 1 les appellations 0iliales
dont les hommes ont ailleurs !uali0i leurs
0leu,es/ Hange/ Nil/ %olga/ (hin/ de,raient
s' appli!uer ici aux montagnes N c' est au pied
du -ip3le/ du 'mole/ du 6essogis/ aux endroits
m7mes o5 9aillissent les sources/ o5 courent
les ruisseaux 4 no3ant les 0leurs et les
0euillages/ les taillis et les 0utaies/ dans
la continuelle ,apeur d' un bain nourricier 4 $
-ous les noms hellniss de 6agnsie/
Philadelphie/ etc$/ d0igurs ou remplacs 2
leur tour par des ,ocables turcs/ se dguisent
des sites bien plus anciens$ 2 mesure !ue la
puissance politi!ue s' 3 est 0orme et !ue s' 3
sont d,eloppes des relations commerciales/
des ,illes/ capitales politi!ues/ sont nes
soit sur les cFtes/ soit sur les promontoires
0ormant acropoles$ Car ces ,alles m.nent au
0ond de l' ?sie$ -ardes/ dans celle de l' Bermos/
0ut la t7te de route conduisant 2 -use$ 6ais/
a,ant ces priodes/ tant de 0ois troubles et
!ui ont entass tant de ruines/ c' est dans la
0condit naturelle/ l' abondance exubrante de
ce !ui est ncessaire 2 la ,ie !ue rside le
secret de l' attrait !ui a rassembl ici les
hommes$ Par ces couloirs/ 2 l' cran des montagnes/
se glisse la ,gtation mditerranenne N ce
sont des 0or7ts d' arbres 0ruitiers/ o5 no3ers
et m:riers se m7lent au 0iguier/ 2 l' oli,ier et
2 la ,igne$
*n rapport troit/ con0irm par l' ethnographie/
unit ici l' Curope et l' ?sie$ L' )l3mpe
thessalien se laisse entre,oir aussi comme un
centre de 0ormation de peuples$ La chaLne du
Varatas/ !ui le prolonge au nord/ domine de
;$ M>> 2 ;$ P>> m.tres en,iron la 9ampania,
la plaine o5 0ut Pella/ capitale de Philippe
e 6acdoine/ l' mathie des anciens/ 2
l' extrmit de la!uelle -aloni!ue na!uit de
'herma/ le lieu de sources chaudes$ e
nombreux tumuli ne montrent !u' un ,illage 2
l' emplacement
pP>
de Pella/ et la plaine a l' air au9ourd' hui
d' une ncropole$ 6ais le surgissement ou la
dcharge des eaux au dbouch des montagnes
a,ait dsign !uel!uesDuns de ces sites
in,ariables !ue ne dlaissent plus/ apr.s les
a,oir adopts/ les tablissements humains$ 'ous
les ,o3ageurs/ depuis Cousinr3/ se sont plu
2 dcrire %odena/ la ,ille des eaux/ !ui
dguise sous son nom sla,e l' desse
macdonienne/ l' ?egae plus ancienne encore$
e ses terrasses de tra,ertin s' croulent en
cascades/ puis se multiplient en ruisseaux/
cumant ou poudro3ant 2 tra,ers de magni0i!ues
,ergers/ des masses d' eau ,enues de l' intrieur$
%odena est le dbouch du bassin de 6onastir/
l' ancienne Plagonie 1 mais/ le long de la m7me
chaLne/ se succ.dent d' autres sites humains/
Niausta/ puis %erria (&errhoea des anciens
grecs/ Vara0eria des turcs)$ CellesDci/
d' apr.s Q$ C,i9ic/ ne mar!uent pas des points
de passages/ elles doi,ent tout aux a,antages
locaux$ Ces ,illes/ tant de 0ois assaillies
ou d,astes/ persistent en ,ertu des lois
naturelles !ui rgissent les tablissements
humains$ L' eau est pour elles un gage de
,ie imprissable 1 elles pourraient 2 elles
trois/ dit un anglais/ 4 alimenter de leur
nergie h3drauli!ue toutes les manu0actures de
6anchester 4 $ Cn attendant !ue ce pronostic se
ralise/ elles ont perdu/ auDdessus d' elles/
la 0lorissante couronne de ,illages !ue
dtruisit/ au temps de l' insurrection grec!ue/
?liDPacha e Qanina/ et dans la plaine !ui
s' tend 2 leurs pieds r.gne 2 peu pr.s la
solitude$
La montagne est donc non seulement ,ocatrice
mais conser,atrice de population$ Le 0ertile
bassin !ue tra,erse la -trouma a,ant de
par,enir 2 la mer/ et/ plus 2 l' est/ celui de
rama !u' une barri.re de =>> m.tres de haut
spare de son port de Va,ala/ ont contract
leur population sur les 0lancs des montagnes$
CellesDci/ contre0orts a,ancs du (hodope
(&oGDagh)/ dominent de ;$ M>> m.tres en,iron
des plaines basses/ dont le centre est en partie
lacustre$ Le long de la ,oie romaine
&via )gnatia', la ,ille 0onde par Philippe
n' est plus
pP;
!u' un ,illage en ruine 1 mais/ 2 l' issue des
eaux ruisselantes/ rama conser,e un peu
d' acti,it$ L2/ comme 2 -r.s/ un reste de ,ie
urbaine/ colle 2 la montagne/ comme un germe
endormi/ est le signe d' une puissance latente
!ui ne demande !u' 2 s' panouir encore/ !uand
,iendra son heure$ Clle sonnera !uand la petite
proprit libre aura remplac le s3st.me des
tchi!liks ou lati!undia !u' 3 a,ait
implant la domination tur!ue$
L' Italie/ !uoi!ue l' histoire ne l' ait gu.re
pargne/ a mieux conser, ses centres de
population$ Parmi les bassins successi0s !ue
relie l' ?rno/ celui de Luc!ues mrite
particuli.rement l' attention$ Il n' est pas
comme celui o5 Florence a succd 2 Pistoia/
au dbouch d' un des passages principaux de
l' ?pennin$ Il doit sa 0ertilit aux eaux ,enues
des ?lpes ?puanes (cime culminante/ ;$ P8< m$)$
Le tribut !ue lui apporte le -erchio 3 rencontre/
comme l' ?rno luiDm7me/ l' obstacle du mont
Pisan (P;M m$)/ !ui l' emp7che de ,oir Pise$
Le drainage a d: se combiner a,ec l' irrigation
pour discipliner et rpartir l' a00lux
surabondant des eaux bien0aisantes$ 'andis !ue
l' oli,ier garnit les premi.res pentes/
remplac par le ch@taignier auDdessus de =<>
m.tres/ la plaine s' tend comme une mar!ueterie
de petits champs rectangulaires o5 serpente
la ,igne entre m:riers et rables/ dont le
rideau/ ren0orc par des peupliers et des
saules/ abrite un 0oisonnement de crales et de
lgumes N le tout nourrit une des plus 0ortes
agglomrations de l' Italie$ La 0onction
bien0aisante de l' eau s' 3 accomplit dans sa
plnitude$ Les cultures de plaines s' 3
combinent a,ec celles des ,ersants$ La gamme
de produits/ eu gard 2 la latitude/ est
compl.te 1 s' il 3 man!ue les agrumes !ui
n' apparaissent gu.re !ue ,ers 8> degrs de
latitude/ en re,anche/ dans le sud de l' Italie/
la ch@taigne n' entre plus gu.re dans
l' alimentation$ Le cadre rempli dborde au
dehors$ Ce coin de 'oscane mrite de ser,ir de
t3pe$
La Campanie ne se rsume pas dans Naples et sa
banlieue/ ni dans les ,ignobles !ui cernent le
%su,e N le trait gographi!ue essentiel
est l' arc de cercle intrieur !ue dessinent les
chaLnes calcaires brus!uement interrompues au
bord de la plaine$ 2 leur pied se pressent les
populations et les ,illes/ depuis Capoue/
au dbouch du %olturne/ par Caserta/
6addaloni/ Nola/ -arno/ Nocera/ 9us!u' 2
l' peron calcaire !ui spare ce groupe naturel
de celui de -alerne$
pPR
Le %ulture 0ait naLtre comme une oasis dans les
solitudes de la &asilicate$ Plus de =>>
habitants par Jm!$ -e pressent sur le 0lanc
occidental de l' ?spromonte$ L' Ctna ramasse
autour de ses 0lancs/ au ni,eau des sources/
une des plus extraordinaires 0ourmili.res du
monde N +=P hab$ ?u Jm!$ -ur le pourtour entier/
9us!u' 2 <>> hab$ -ur la partie est et sud$ e
m7me/ dans le Plopon.se/ Valamata/ hriti.re
de 6ess.ne/ groupe au pied du 'a3g.te
(R$ 8>> m$) une population double de celle du
ro3aume$
Le Canigou (R$ OM= m$) dispense 2 la %ega de
Prades/ puis au (i,ieral de la plaine
roussillonnaise/ une richesse d' eau !ui depuis
le xe si.cle/ 0in des luttes d,astatrices
entre 0rancs et arabes/ 3 a entretenu une
densit croissante de population$ Le Henil/
chapp de la -ierra Ne,ada (Cerro e
6ulhacen/ +$ 8M; m$) est le crateur d' un groupe
humain !ue l' anti!uit a,ait connu sous le nom
d' Iliberris/ remplac depuis par celui de
Hrenade$ ans cette partie mridionale de la
rgion mditerranenne/ le ni,eau suprieur des
cultures de plantations s' l.,e de plus en plus$
Les agrumes remontent 9us!u' 2 O>> m.tres dans
le bassin de Hrenade$
-i l' on cherche !uelle est en mo3enne/ autour de
la 6diterrane/ la Gone d' altitude o5 se plaLt
l' habitat humain/ il 0audrait la dterminer
en,iron entre R>> et 8>> m.tres$ Clle chappe
aux exhalaisons !ui rendent sou,ent la plaine
dangereuse et elle admet la plupart des
cultures !ui 0ont la richesse du domaine
climati!ue mditerranen$ C' est 2 ce ni,eau !ue/
autour de la Campagne (omaine/ se droule la
ligne des Castelli romani/ !ue se nichent les
,ieux oppida !ui bordent/ sur les monts des
%ols!ues/ la 0range dserte des marais Pontins/
!ue d' anciennes ,illes dominent les abords
passablement dserts de l' anti!ue trurie$
C' est dans cette Gone d' altitude !ue les plis de
l' ?pennin embrassent dans leurs sinuosits un
grand nombre de bassins/ !ui 0orment autant
d' units dmographi!ues$ Les ri,i.res !ui les
relient entre eux ont peine 2 se 0ra3er une
issue/ et il a 0allu plus d' une 0ois !ue le
tra,ail des hommes aid@t 2 l' ,acuation des
eaux$ L' ?rno/ le 'ibre/ comme l' ?terno et la
Pescara sur le ,ersant adriati!ue/ tra,ersent
une succession de bassins N celui d' ?reGGo
(ROR m$)/ ceux de Foligno/ de (ieti/
d' ?!uila/ de -ulmona$ La ,ie 3 est saine et
0orte$ %asari attribuait 2 l' air ,i0 d' ?reGGo
!uel!ue chose du gnie de
pP+
6ichelD?nge$ ?utour de Foligno/ d' ?ssise/
de (ieti/ de -ulmona/ se dressent les plus
hautes chaLnes de l' ?pennin calcaire/ aussi
s.ches sur les 0lancs !ue ruisselantes de sources
2 la base N %ettore/ R$ 8OO m$ 1 Hran -asso/
R$ P;8 m$ 1 %elino/ R$ 8MO m$ 1 6a9ella/
R$ OP= m$ Le 9ardin en est le premier plan 1
la montagne grise en 0orme le 0ond$ Les oppida/
,ieilles enceintes 0orti0ies/ se nichent sur
les perons dans les parties non culti,ables$
La ,ie urbaine n' 3 est pas cheG elle/ mais une
,ie cantonale asseG puissante/ !ue la main de
(ome a groupe en 0aisceau/ prpare d' ailleurs
par des a00inits de langue$ ans la puret et la
,i,acit de l' air se conser,e et se re0orme un
matriel humain !ui a 0ourni autre0ois 2 cette
m7me (ome le meilleur contingent de ses
lgions/ et au9ourd' hui la mainDd' oeu,re !u' elle
recrute pour l' exploitation de la campagna.
ce ,aDetD,ient cre un r3thme caractristi!ue de
la ,ie mditerranenne$
vi. -in!luences arabes :
la ph3sionomie de la 6diterrane a chang au
cours des temps/ le peuplement suit la m7me
marche$ *ne touche nou,elle ,ient 0oncer le
tableau de la densit/ !uand/ apr.s la
dpopulation !ui a,ait accompagn la dcadence
de l' empire romain/ la domination arabe russit
2 s' tablir dans le sud de l' Italie et en
Cspagne$ Clle apportait a,ec elle de nou,elles
cultures/ le coton/ la canne 2 sucre/ le riG/
les agrumes/ issues des rgions tropicales et
ser,ies par une science plus a,ance de
l' irrigation$ La 6diterrane/ dans sa moiti
mridionale/ o00rait un domaine 2 souhait$
Clle a des hi,ers plus doux/ sui,is/ il est ,rai/
de scheresses plus longues 1 mais si pour
l' irrigation on dispose de !uantits su00isantes/
il est possible d' 3 reproduire la mer,eille
des rgions tropicales/ c' estD2Ddire de 0aire
succder sans interruption/ sur des espaces
restreints/ des cultures d' esp.ces ,aries 1
de crer en0in de puissants appels d' hommes$
L' oeu,re des arabes/ !ui a sur,cu 2 leur
domination/ a/ comme 9adis celle des phniciens/
contribu 2 mridionaliser la 6diterrane$
ans ces contres !ui/ dans leur tat primiti0/
0aisaient aux orientaux l' e00et d' une terre de
0or7ts et de p@turages/ elle a ache, de mettre
au premier plan le ,erger/ le 9ardin dont la
,ie pullulante est due 2 l' art dlicat !ue
persans et arabes a,aient pouss 2 la per0ection$
-ans doute/ l' organisation de l' eau
pP8
n' a,ait pas attendu les arabes pour 7tre une
proccupation habituelle des peuples
mditerranens 1 Platon ne 0aitDil pas allusion
2 de belles et anti!ues lois !ui a,aient pour
ob9et cette !uestion ,itale E es traces de
tr.s anciens traits et de con,entions entre
peuples ont t conser,es en Hr.ce 1 il n' est
pas douteux !ue/ en (oussillon/ une
organisation exist@t 2 l' po!ue ,isigothi!ue$
)n ne saurait/ toute0ois/ re0user aux arabes
le mrite d' a,oir serr de plus pr.s !ue leurs
de,anciers le probl.me de l' irrigation$ La
-icile leur o00rit en premier lieu un champ
mer,eilleux d' exprience$ Clle pro,o!ua un
a00lux de population$ La prosprit du %al
6aGGara au xe si.cle 3 runissait une population
!ui sans doute n' a,ait pas alors d' gale en
Curope 1 ce 0o3er de prosprit et de tra,ail
attirait des immigrants de la Ligurie et du
nord de l' Italie 1 la +onca .' :ro de
Palerme a,ait une population !u' on peut 9uger
non in0rieure 2 celle d' au9ourd' hui$ Nous
de,ons sa,oir particuli.rement gr 2 cette
organisation/ puis!ue c' est d' elle !ue
proc.dent au9ourd' hui ces minutieux tra,ailleurs
maltais !ui/ a,ec les mahonais/ ,iennent changer
en 9ardins les banlieues de nos ,illes
algriennes$
Les ,egas et huertas d' Cspagne s' organis.rent
2 la sicilienne$ )ntDelles diminu d' tendue E
PeutD7tre sur certains points$ Clles
s' chelonnent/ comme on sait/ sur la cFte
orientale et mridionale depuis %alence
9us!u' 2 6alaga/ et 2 !uel!ue distance ,ers
l' intrieur depuis Lorca 9us!u' 2 Hrenade$
Il 0aut pro0iter des gorges par les!uelles les
ri,i.res/ dbouchant des montagnes 2 proximit
du littoral/ disposent encore d' une pente
sensible pour en maLtriser l' coulement$
6r Qean &runhes a donn de leur organisation
une anal3se prcise et documente/ 2 la!uelle
9e dois ren,o3er le lecteur$ (appelons seulement
!ue plus de +>>$ >>> habitants se pressent sur
l' espace d' un millier de Jilom.tres carrs
!u' on embrasse du haut de la tour de la
cathdrale de %alence$ Les bourgs ramasss
!u' on obser,ait aux approches ,ers 'arragone
et -agonte se dispersent en une multitude de
barracas,
pP=
toutes de t3pe uni0orme$ LuGerne/ haricots/
arachides m7me/ se succ.dent sans interruption$
L' oranger 3 g.le par0ois/ mais rarement$ Le
tribunal de aguas, tous les 9eudis matin/
r.gle la rpartition des eaux entre la
multitude des petits propritaires/ prati!uant/
a,ec l' appoint d' engrais chimi!ues/ une culture
intensi,e$ C' est un t3pe d' agglomration
humaine dont les rgions industrielles de l' Curope
centrale o00rent seules l' !ui,alent$
pPO
chapitre vi. +onclusions : rsultats et
contingences :
l' occupation humaine du globe est entre/ ,ers
le dernier tiers du xixe si.cle/ dans une phase
nou,elle/ trop compli!ue pour !u' on puisse en
aborder d' emble l' examen$ Pr.s de !uatre si.cles
s' taient couls depuis la dcou,erte de
l' ?mri!ue N c' tait 2 peine si l' Curope/
dans cet inter,alle/ a,ait russi 2 lui en,o3er
neu0 ou dix millions de ses en0ants/ 2 peu pr.s
autant !ue les seuls tatsD*nis reoi,ent
de nos 9ours en deux dcades$ 2 ce compte/
les prairies de l' ?mri!ue du nord/ les pampas
de l' ?rgentine ris!uaient de rester longtemps
encore dans le m7me tat !u' au temps de Colomb$
Ce n' est pas d' un mot !u' on peut donner la
0ormule de tels changements$
6ais nous pou,ons d92 constater d' apr.s ce !ui
prc.de/ combien la densit de la population
est lie aux !uestions de genres de ,ie$ Ce
n' est pas asseG de dire d' une 0aon gnrale
!ue cha!ue genre de ,ie a ses exigences d' espace/
plus grandes pour le chasseur ou pour le
pasteur !ue pour l' agriculteur 1 bien !ue la
!uestion se pose encore actuellement en ces
termes/ et aussi pressante !ue 9amais/ dans
l' ouest amricain comme en ?ustralie et sur
les con0ins du 'ell et du -ahara$ Cn ralit/
toute spcialit et toute nuance de genres de
,ie/ tout progr.s/ tout changement dans les
rapports conomi!ues de contres/ a son
retentissement sur la population$ C' est comme
maraLchers et horticulteurs !ue les maltais ou
les mahonais sortent de leurs Lles pour aller
peupler les banlieues urbaines de l' ?lgrie$
La prati!ue de l' le,age sur des plateaux unis
!ue les chars peu,ent sillonner 0it essaimer
les boers$ Culti,ateurs particuli.rement experts
2 d0richer la 0or7t/ les 0rancoDcanadiens ont
pu 2 leur aise multiplier sur place autour du
-aintDLaurent$ Cn re,anche/ il a su00i d' une
succession de mau,aises rcoltes/ le 0lau se
gre00ant sur une mau,aise constitution de la
proprit/ pour !ue l' Irlande perdLt en ,ingt
ans la moiti en,iron de sa population$ e ce
mlange et de cet entrecroisement
pPM
perptuel des 0aits sociaux et des 0aits
gographi!ues rsultent bien plus de complexits
et de ,icissitudes !u' on n' en imagine d' ordinaire$
)n ris!ue 0ort de se tromper !uand on 0onde
ses pronostics sur l' tat actuel$ -a prolongation
dpend des phnom.nes aux!uels il est li$
' autre part/ il 3 a asseG d' exemples montrant
la m7me race proli0i!ue ou strile sui,ant les
temps et les lieux/ pour Fter beaucoup de
0ondement 2 l' importance !u' on s' est plu sou,ent
2 attribuer aux causes ethni!ues$ C' est surtout
2 propos de la population !u' on peut dire !ue
les causes gographi!ues n' agissent sur l' homme
!ue par l' intermdiaire des 0aits sociaux$
' o5 les oscillations !ue l' histoire permet
d' entre,oir dans le pass et de pr,oir pour
l' a,enir/ de brus!ues pousses succdant 2 des
temps d' arr7t/ sui,ant une allure en somme
asseG dconcertante$
Le surpeuplement/ initial et pour ainsi dire
congnital 2 l' esp.ce humaine/ rentre
essentiellement dans ce double caract.re
conomi!ue et gographi!ue N conomi!ue/
puis!u' il a le plus sou,ent pour cause
l' insu00isance 2 tirer parti du sol et l' emploi
de mthodes agricoles trop extensi,es 1
gographi!ue par les 0ormes !u' il re,7t et les
e00ets !u' il engendre sui,ant les milieux o5
il se produit$ Il est naturel !ue moins
l' espace est tendu/ plus tFt le point de
saturation soit atteint$ C' est pour!uoi l' on
,oit des Lles/ des articulations littorales/
d' troites bandes bornes par les montagnes/
charges d' une population surabondante/ se
d0aire par l' migration de ce surplus$
Kuel!uesDunes ont d: 2 cela un rFle !ui a eu
son importance dans la ci,ilisation$ C' est par
la Phnicie/ la Bellade/ les Lles de la mer
ge et de la mer Ionienne !ue la 6diterrane
est de,enue ce !u' elle reste dans l' histoire
gnrale/ un lieu de concentration et de
s3ncrtisme de peuples$ )n peut attribuer
de m7me un rFle prpondrant/ dans la
colonisation de l' ?rchipel 9aponais/ aux
deux Lles mridionales !u' une mer intrieure/
plus dcoupe !ue la 6diterrane/ relie 2
l' Lle principale N c' est dans ViouD-iou et
-iJoJ et sur les ri,ages !ui leur 0ont 0ace
!ue se pressent les plus denses populations de
l' empire$
6ais des domaines ainsi restreints seraient
impuissants 2 donner aux socits humaines la
consistance !ui les assure contre les chances
de destruction$ Le bassin de la 6diterrane/
image encore impar0aite de ce !u' il 0ut/
malgr les e00orts de restauration !ui 3
ram.nent la ,ie/ n' estDil pas un exemple de la
0ragilit de ces ci,ilisations/ aux!uelles
man!ue la large base territoriale E ?ussi la
0ormation des grandes agglomrations !ue nous
a,ons essa3 de dcrire et dont la 0orce
numri!ue est de taille 2 supporter tous les
tributs !ue les 0laux/ guerres/ pidmies ou
0amines/ peu,ent 3 prle,er/ constitue 2 nos
pPP
3eux le principal le,ier d' action !ue l' humanit
ait russi 2 combiner$ Ces pais bataillons
peu,ent sans s' appau,rir su00ire 2 une expansion
!ui s' tend autour d' eux comme une aurole$
Le 0lot de la colonisation chinoise/ apr.s
s' 7tre a,anc du nord ,ers le sud/ rparant au
besoin ses pertes/ recou,rant ses con!u7tes
perdues/ 0init/ dans les pro,inces montagneuses
du sud/ par se di,iser/ se rami0ier en 0ilets
de plus en plus amincis$ 6ais tant il s' en 0aut
!ue sa 0orce d' expansion soit teinte/ !ue
dans l' Indochine et la 6alaisie l' lment
chinois est le 0erment le plus acti0 des
socits !u' il pn.tre$ L' Inde/ de son cFt/
0ournit des tra,ailleurs 2 l' ?ssam et 2 la
&irmanie 1 sa colonisation ra3onne sur
l' ?0ri!ue orientale$ e ces deux grands groupes
sortira peutD7tre le supplment de bras et
d' intelligences humaines dont le man!ue se 0ait
encore si 0@cheusement sentir dans la plupart
des contres tropicales$
L' Curope 0ut aussi un 0o3er de colonisation
pour elleDm7me/ a,ant de le de,enir pour le
nou,eau monde$ Les contres d92 populeuses de
Flandre et des Nerlandes 0ournissent pendant
le mo3en @ge des colons/ non seulement au pa3s
du &randebourg !ui en tire son nom de
!laming, mais aux marches orientales de
l' ?llemagne$ La (ussie plus tard puisa 2 son
tour dans l' Curope centrale des contingents de
colons pour reconstituer son ;kraine, sa
0ronti.re des steppes$
Les agglomrations ont ser,i 2 leur mani.re la
cause du progr.s 1 car rien de nou,eau ne se
cre sans !ue l' ,olution souhaite ait 2 sa
porte de su00isantes disponibilits d' hommes$
)n puisa dans ces multitudes pour la construction
des grands tra,aux publics !ui 0urent l' orgueil
de certaines d3nasties chinoises 1 pour ces
barrages h3drauli!ues et ces tanJs innombrables
!u' on admire dans le sud de l' Inde$ Ct/ ce
!ui nous touche de plus pr.s/ la moderne
,olution industrielle de l' Curope eut la chance
de trou,er dans la prsence de populations
asseG denses la mainDd' oeu,re et le personnel
dont elle a,ait besoin$ ans les rgions le,es
et pau,res de -axe/ de -ilsie/ de la
For7tDNoire/ des %osges/ du L3onnais taient
installes des populations nombreuses pour
les!uelles l' industrie tait un appoint/ a,ant
de de,enir une ,ocation$ Les manu0actures !ui
se 0ond.rent dans le centre et l' ouest de
l' ?ngleterre 2 la 0in du x,iiie si.cle/
recrut.rent leur personnel dans la classe de
petits agriculteurs !ue ruinait alors une
crise conomi!ue$ C' est ainsi !ue/ au9ourd' hui/
le Qapon peuple ses rcentes usines a,ec la
surabondante population de sa campagne$
6ais les causes en apparence les plus durables
peu,ent a,oir 0ait leur temps$ Il se peut !ue
dans l' arsenal mou,ant des causes conomi!ues
d' autres prennent leur place$ L' augmentation
croissante des
p;>>
besoins/ la multiplicit des ser,ices de notre
ci,ilisation moderne re!ui.rent sans cesse un
plus grand concours de 0orces humaines$ 6ais
les 0acilits de transport permettent au9ourd' hui
2 la mainDd' oeu,re d' a00luer/ sans se 0ixer/
m7me 2 de grandes distances$ Kui peut dire
d' ailleurs !ue 0orce reste s3non3me de nombre E
?,ec les progr.s du machinisme l' intelligence
supple au nombre$ Ku' ad,iendraDtDil en0in
si d' autres sources de pou,oir se substituent
2 celles !ui exigent un appareil encombrant E
?insi l' examen des 0aits/ comme il arri,e sou,ent/
pose plus de !uestions !u' il n' en rsout$
II$ LC- F)(6C- C CI%ILI-?'I)N
p;>+
chapitre i. ,es groupements et les milieux.
i. -la !orce du milieu :
2 mesure !ue les rangs de la population humaine
se sont paissis/ de nou,eaux rapports ont t
nous a,ec le sol$ es groupes en nombre
croissant ont senti la ncessit de se localiser/
de prendre racine dans une contre plus ou moins
dtermine$ %olontaire peutD7tre et spontane
cheG les uns/ cette concentration a t pour
d' autres un e00et de 0orce ma9eure/ rsultant
de pousses !ui les ont re0ouls dans des
rgions moins hospitali.res$ Il est di00icile
d' admettre !ue ce soit en ,ertu d' un libre
choix !ue des socits humaines aient accommod
leur existence au climat du -ahara ou 2 celui
des rgions circumpolaires/ au point d' en
paraLtre au9ourd' hui insparables$ Progressi,ement
donc/ et par une suite d' ,nements dont
l' histoire ne montre !ue les rpercussions
ultimes/ un tassement s' est opr entre les
milliers/ puis les millions d' hommes !ui
a,aient 2 s' arranger de l' espace !ue les eaux/
les dserts glacs ou arides laissaient libre$
L' occupation s' est 0aite plus intensi,e$ Les
habitants ont d: se mettre en compl.te harmonie
a,ec l' entourage et s' imprgner du milieu$
-ous ce nom de milieu, cher 2 l' cole de
'aine/ sous celui d' environment, d' emploi
0r!uent en ?ngleterre/ ou m7me sous celui
d' oecologie, !ue BaecJel a introduit dans
la langue des naturalistes/ Dtermes !ui au
0ond re,iennent 2 la m7me ide/ Dc' est tou9ours
la m7me proccupation !ui s' impose 2 l' esprit/
2 mesure !ue se dcou,re da,antage
p;>8
l' intime solidarit !ui unit les choses et les
7tres$ L' homme 0ait partie de cette chaLne 1
et dans ses relations a,ec ce !ui l' en,ironne/
il est 2 la 0ois acti0 et passi0/ sans !u' il
soit 0acile de dterminer en la plupart des
cas 9us!u' 2 !uel point il est soit l' un/ soit
l' autre$ Il a t dit des choses pntrantes
et 9ustes sur les in0luences de position/ de
climat/ sur le poids dont p.se le monde
inorgani!ue 1 et l' on est loin assurment
d' a,oir puis la mati.re$ -i l' homme/ trop
dsarm de,ant le climat et les 0orces inanimes/
est plus 2 l' aise ,isD2D,is du monde ,i,ant/
encore 0autDil compter !ue les 7tres aux!uels
il a a00aire/ a3ant subi comme lui les in0luences
du climat ambiant/ les lui ren,oient rpercutes/
accrues et multiplies de toutes parts$ Ce n' est
pas entre des indi,idus !ue son acti,it
s' exerce/ mais entre des associations collecti,es/
!ui n' ont pas moins de droits/ les uns et les
autres/ 2 7tre regards comme autant d' expressions
du milieu$ ?insi cette notion de milieu/ !ui
se rsumait 9adis en une 0ormule trop simple/
ne cesse de se compli!uer par les progr.s de
notre connaissance du monde ,i,ant 1 mais cette
complication m7me permet de la serrer de plus
pr.s$
?u point de ,ue gographi!ue/ le 0ait de
cohabitation/ c' estD2Ddire l' usage en commun
d' un certain espace/ est le 0ondement de tout$
ans les cadres rgionaux o5 se sont accommods
des groupes humains/ ils se sont trou,s en
prsence d' autres 7tres/ animaux et plantes/
galement groups et ,i,ant en rapports
rcipro!ues$ Les causes !ui ont prsid 2 ces
rassemblements sont di,erses 1 elles tiennent au
moins autant au hasard !u' 2 des a00inits
spci0i!ues$ Les ,icissitudes de climat ont
a00ect/ troubl de di,erses 0aons la rpartition
des plantes 1 les pripties de la concurrence
,itale ont modi0i en tous sens la distribution
des 7tres 1 et pour les hommes en particulier
la dispute de l' espace n' a pas cess de produire
des e00ets perturbateurs$ C' est par colonies/
par essaims/ plutFt !ue par le 9eu rgulier
d' expansions naturelles/ !ue se sont 0orms la
plupart des rassemblements ,i,ants$ Parmi les
7tres !ui les composent/ beaucoup ont apport
dans l' espace !ui les tient runis des !ualits
ou des habitudes contractes ailleurs$
6ais 2 d0aut d' a00init originelle/ le lien
gographi!ue !ui les relie est asseG 0ort pour
les maintenir en cohsion et pour 0ormer un
0aisceau de tous ces 7tres/ en ,ertu du besoin
!u' ils ont de s' appu3er les uns sur les autres$
Il ne tient !u' 2 nous de ,oir 2 l' oeu,re cet
e00ort d' accommodation 2 un espace donn N une
0ente de rocher/ pour peu !u' il s' 3 soit nich
un peu de poussi.re/ se tapisse de !uel!ues
mousses aupr.s des!uelles ad,iennent/ au hasard
des germes !u' a
p;>=
apports le ,ent/ des plantes di,erses 1 et autour
de ces ,gtaux/ un monde bruissant d' insectes
ne tarde pas 2 a00luer$ 'elle est/ en raccourci/
l' image s3mboli!ue des groupements aux!uels on
assiste$
Cette interdpendance de tous les cohabitants
d' un m7me espace/ de tous les commensaux d' une
m7me table/ ennemis ou auxiliaires/ chasseurs ou
gibiers/ tient aux conditions dans les!uelles
0onctionne leur organisme/ et rel.,e ainsi du
climat$ L' tude de la ph3siologie des 7tres
,i,ants autres !ue l' homme nous 0ait pntrer
dans le secret de ces rapports$ Il est ,rai
!u' elle ne date gu.re !ue d' hier$ C' est surtout
parmi les reprsentants minuscules du monde
animal/ insectes ou rats/ aux!uels semble d,olu
le redoutable rFle d' agents de transmission/
!u' il 3 a des connexits et des relations 2
saisir$ Les di00rentes esp.ces de glossines/
messag.res de tripanosomes, laboratoires
,i,ants dans les!uels m:rissent les germes
pathog.nes !ui in0estent de ,astes contres en
?0ri!ue et ailleurs/ commencent 2 nous 7tre
connues dans leurs exigences d' habitat/ dans le
0onctionnement m7me de leurs secrtions 1 et
nous pou,ons discerner !ue les unes et les autres/
comme les 0ormations ,gtales aux!uelles elles
sont associes/ sont/ 2 di,ers degrs/ 0onction
de la temprature et de l' humidit ambiante$
Nous n' a,ons pas a00aire 2 des 0laux ,aguement
di00us 1 mais 2 des 7tres localiss/ et/ 9us!ue
dans leurs migrations priodi!ues/ assu9ettis
2 des conditions strictement dtermines de
climat$
Cha!ue collecti,it ,i,ante/ dans les cadres
tracs par les climats/ obit 2 ses propres
besoins/ poursuit ses buts 1 et ces acti,its
multiples s' entrecroisent a,ec la nFtre$ L' homme
inter,ient en associ autant !u' en maLtre$
2 la suite des plantes et des animaux !u' il
introduit/ beaucoup d' autres se glissent sans
sa permission et tra,aillent pour d' autres buts$
LuiDm7me sert 2 son insu 2 des 0ins !u' il ne
souponnait gu.re$ Il ,ous est arri,/ marchant
sur des chaumes/ de 0aire le,er des nues
d' insectes N ,ous ,errieG/ en ,ous retournant/
!ue des oiseaux pient ,os pas 1 ,ous leur
ser,eG de rabatteur$
Le sentiment obscur et in!uitant de cette 0orce
en,eloppante !ui se dgage autour de nous du
milieu ph3si!ue et du milieu ,i,ant/ 0ut 9adis
une hantise de l' imagination humaine/ comme
l' attestent/ sous toutes les latitudes/ tant
de m3thologies/ de prati!ues superstitieuses/
de dictons et lgendes$ )n dirait au9ourd' hui
!ue ce sentiment s' e00ace/ ou !ue du moins/
par la 0oule d' ob9ets exoti!ues !ui entrent
dans notre ,ie !uotidienne/ il a perdu toute
0orme concr.te$ L' homme
p;><
de nos 9ours n' a d' 3eux !ue pour se contempler
dans l' exercice de sa puissance$ &ien des
choses pourtant de,raient nous a,ertir des e00ets
tou9ours acti0s sur nousDm7mes de ces in0luences
collecti,es$ Qamais plus d' occasions n' ont t
o00ertes d' assister 2 la transplantation de
groupes humains dans des milieux di00rents$
La colonisation/ l' immigration nous mettent
en prsence de pa3s/ non pas neu0s comme on
dit 2 tort/ mais autrement organiss sous
l' in0luence d' autres conditions ph3si!ues$ Ce
n' est !u' au prix d' une appropriation plus ou
moins lente et di00icile !ue les nou,eaux ,enus
par,iennent 2 s' 3 installer 1 !uand ce passage
est accompli/ !ue d' autres habitudes ont t
contractes et !u' un commencement d' hrdit
les a d92 cimentes/ nous nous trou,ons en
0ace de t3pes humains nou,eaux$ Les re9etons
dtachs du ,ieux tronc ont mu dans ces
atmosph.res di00rentes$ )n cite sou,ent
l' exemple du ankee de la Nou,elleD?ngleterre 1
mais il 3 a/ dans l' intrieur des ?ppalaches/
d' autres groupes/ plus isols/ moins connus/
!ui ont galement d,i/ mais dans d' autres
sens/ du t3pe originel$ Les boers sont l' exemple
le plus 0rappant de ce !ue peut de,enir/ en
deux si.cles/ un groupe !ui a chang
l' atmosph.re de la Bollande pour l' air sec des
plateaux a0ricains$ Ct dans les hautes ,alles
du &rsil mridional/ 2 l' cart des ,illes/
de nou,eaux t3pes de population sont en train
de se 0ormer$ Les ,ieilles considrations !ui
nous ont t transmises d' @ge en @ge sur la
puissance des milieux accrue de la complicit
des habitudes/ ne sont nullement des ,aleurs
ngligeables dans l' tat des ci,ilisations
prsentes$
ii. -l' adaptation au milieu che7 les plantes
et les animaux :
cette puissance des milieux 0ait !ue les 7tres
,i,ants cherchent 2 s' 3 adapter par les mo3ens
dont ils disposent$ Notre plan.te est conditionne
de telle sorte !ue l' existence de ses habitants
doit se plier 2 d' incessantes ,icissitudes de
climat$ L' imagination d' un Tells se plairait
sans doute 2 dcrire ce !ue serait l' existence
des habitants d' une plan.te dont l' axe serait
inclin de 0aon 2 chapper aux ,ariations
diurnes et saisonales$ Pour nous/ les
parox3smes de temprature ou de scheresse/
les brus!ues ,agues de chaud et de 0roid sont
une source continuelle d' preu,es 1 si bien
m7me !u' un changement de ,ent/ un coup de
sirocco, de khamsin, ou/ comme on dit
en -ardaigne/ de levante maladetto,
su00it pour produire une secousse/ 9eter le
trouble passager dans notre organisme$
*n e00ort sans cesse renou,el serait ncessaire
pour 0aire 0ace
p;>O
2 ces ,icissitudes/ si l' adaptation et
l' accoutumance n' inter,enaient pas pour en
amortir les chocs$ L' adaptation !ui,aut 2 une
conomie d' e00orts !ui/ une 0ois ralise/
assure 2 cha!ue 7tre/ 2 moins de 0rais/
l' accomplissement paisible et rgulier de ses
0onctions$ -i elle man!ue/ l' organisme s' in!ui.te 1
il 0ait de son mieux pour 3 tendre$ es
expriences ont montr !ue des plantes
transportes de la plaine 2 la montagne taient
capables en tr.s peu d' annes de modi0ier leurs
organes extrieurs pour les mettre en rapport
a,ec leur nou,el habitat$ Cette impro,isation/
!uel !u' en soit l' intr7t/ ne saurait passer pour
une adaptation d0initi,e 1 il 0aut sans doute
une longue hrdit pour assurer la transmission
rguli.re de caract.res ac!uis pour la
circonstance$ 6ais ce !u' elle met bien en
lumi.re/ c' est l' extr7me sensibilit des
organismes 2 toute ,ariation du milieu ambiant$
*n changement d' altitude a pour e00et immdiat
de 0aire 9ouer un ressort dont le mcanisme/
asseG m3strieux/ a00ecte les organes de
communication et d' change a,ec le monde
extrieur$
(i,e au sol/ astreinte 2 ,i,re et 2 se nourrir
sur place/ la plante n' a !ue des mo3ens limits
de rsistance$ Ils n' en sont !ue plus
caractristi!ues$ C' est sur les tissus/ le
0euillage/ la taille/ le d,eloppement respecti0
des organes extrieurs et souterrains !ue porte
l' adaptation$ Contraction des 0euilles/ pilosit/
enduit coriac/ 0ormation d' organes de rser,e/
ici le pelotonnement des branches/ ailleurs leur
talement en parasols/ reprsentent autant de
0ormes di,erses de protection contre la
scheresse/ l' @pret du 0roid/ les assauts des
,ents/ les morsures de l' air ambiant$ Ces
procds ne sont pas sans rencontrer des analogies
dans le r.gne animal N il su00it de rappeler
entre mille exemples/ le pachm ou du,et de la
ch.,re de Cachemir/ l' paisse toison du 3acJ/
la 0ourrure dont se re,7t le tigre en 6andchourie
et !ui de,ient comme la li,re commune des
animaux des rgions arcti!ues$
6ais/ l' animal disposant par la locomotion d' un
a,antage !ui lui permet de s' manciper/
d' chapper 2 une treinte rigoureuse du milieu/
c' est principalement sur les organes de
locomotion !u' a port son e00ort$ Comme par
l' e00et d' un stimulant spcial/ toute la 0orce
de ce !ue nous appelons l' instinct animal a agi
dans ce sens$ -i l' on se borne aux grandes
esp.ces animales !ui partagent a,ec l' homme le
s9our de la terre 0erme/ c' est comme coureurs
ou grimpeurs !ue se di00rencient les hFtes
des rgions dont le dualisme s' oppose dans toute
la nature/ espaces dcou,erts et 0or7ts$
L' adaptation n' clate pas moins a,ec le relie0
et le sol$ 2 la ,igueur lasti!ue de leurs
croupes les !uids doi,ent de 0ranchir ,i,ement
de grandes distances 1 2 sa
p;>M
carrure arcboute sur des piliers espacs le 3acJ
doit son imperturbable aplomb$ e leurs durs
sabots terminant des 9arrets ner,eux/ le
mou00lon/ le chamois assurent de roc en roc
leurs exploits d' acrobates 1 tandis !ue le
chameau tale son pied large et mou sur le
sable 1 !ue l' lphant ramasse en a,ant le poids
de son corps pour 0ra3er sa piste 2 tra,ers la
,gtation des mares spongieuses$
e !uelle application ces exemples sontDils 2
l' homme E Il est ,ident d' abord !ue/ par ses
organes de respiration/ de nutrition/ de
secrtion/ il reste/ comme les animaux/ imbib
des in0luences du milieu ambiant$ L' exprimentation
mdicale n' estDelle pas prcisment 0onde
sur ces analogies ph3siologi!ues E 6ais on peut
remar!uer en outre !ue/ si dans sa raction
contre les exigences du milieu les procds
d0ensi0s peu,ent 2 certains gards di00rer/
le principe m7me dont cette d0ense s' inspire
cheG les hommes ressemble 2 celui !ue nous
obser,ons cheG les animaux$ Il s' agit/ pour les
uns comme pour les autres/ de culti,er un
a,antage spcial/ de consolider la supriorit
!ui leur est propre$ Le recours !ue les uns
ont cherch dans ce !ui les distingue/ la
locomotion/ l' homme le cherche dans ce !ui le
distingue aussi/ son cer,eau$ Il a tendu son
e00ort ,ers ce !ui crait 2 son pro0it une
nou,eaut/ ,ers ce !ui a,ait l' attrait d' une
in,ention 1 et il a trou, dans cet e00ort le
m7me plaisir !ue celui !ue les animaux les
mieux arms pour la course ou pour l' atta!ue
prou,ent 2 exercer leur agilit ou leur 0orce$
Libre de disposer de bras pour saisir et de
doigts pour modeler la mati.re/ il a cr
l' instrument$ 2 la di00rence des l3s 4 !ui ne
0ilent pas 4 / il pour,oit luiDm7me 2 la
protection de son corps$ Kuant 2 la ,itesse/
c' est 2 l' animal/ puis aux nergies accumules
dans la mati.re !u' il l' emprunte$ Il 3 a comme
un principe immanent de progr.s dans ces con0lits
!ui naissent des ncessits du milieu$
iii. -l' adaptation de l' homme au milieu :
dans les conceptions simplistes des anciens/ 2
cha!ue principale Gone terrestre correspondait
une race spciale 1 et lors!ue par hasard
certains 0aits contraires 2 la thorie
sur,enaient/ on cherchait des explications
plus ou moins ,raisemblables$ C' est ainsi !ue/
dans leurs relations a,ec le nord/ les romains
a3ant eu connaissance/ un 9our/ d' hommes 2
teint 0onc/ les sa,ants d' alors se [email protected] de
supposer !ue des indiens a,aient t 9ets dans
ces rgions par un nau0rage$
p;>P
L' exprience a 0ait 9ustice de ces ides 1 mais
il n' en reste pas moins !ue/ de toutes parts/
s' o00rent des cas d' adaptation ph3siologi!ue
des plus remar!uables$ La 0orte pigmentation
de la peau/ l' acti,it des glandes de secrtion
dont elle est pour,ue/ constituent pour les
n.gres un a,antage sur les autres races !ui se
trou,ent aussi dans les rgions tropicales 1
l' acti,e ,aporation !ui se produit 2 la sur0ace
des tissus/ et le re0roidissement !ui en est
la suite/ maintiennent l' !uilibre entre la
chaleur du corps et celle de l' extrieur$ L' indien
de l' ?maGonie est loin d' 7tre aussi bien arm
contre son climat$
-i nous passons des rgions humides et chaudes
2 celles o5 les contrastes de temprature sont
plus prcipits/ o5 la scheresse de l' air est
susceptible d' atteindre les plus hauts degrs/
d' autres traits d' adaptation nous 0rappent$ Ce
climat sec resserre les tissus de la peau/
prcipite la circulation du sang$ Le sang/ plus
pau,re en eau/ agit ,i,ement sur le s3st.me
ner,eux et en excite la 0onction$ ?ssocie 2
des ,ariations brus!ues/ heure par heure/ de
temprature/ au rapide renou,ellement des
lments de l' air/ cette scheresse est un toni!ue
et un stimulant$ Bippocrate l' a,ait dit/ en
pensant aux mditerranens$ L' obser,ation
s' appli!ue mieux encore aux populations
sahariennes ou steppi!ues par rapport aux n.gres
du -oudan$ Partout o5 se produit ce contact/
de l' ?tlanti!ue 2 l' ocan Indien/ depuis les
maures du -ngal 9us!u' aux massaI des rgions
niloti!ues/ on ,oit comme un 0ait naturel/
0ond sur la supriorit intellectuelle/ la
domination ou la prpotence des races ,i,ant
sous l' atmosph.re dserti!ue$
6ais/ d' autre part/ l' altitude inter,ient comme
principe perturbateur engendrant d' autres
cons!uences$ es populations relati,ement
nombreuses sont tablies/ 2 R$ >>> m.tres et plus/
sur les plateaux !ui/ dans les contres les
plus loignes du globe/ en ?b3ssinie comme
dans les ?ndes/ occupent une partie des rgions
tropicales$ Clles s' 3 sont acclimates de longue
date et 0orment comme des Llots distincts$
La scheresse de l' air/ par l' obstacle !u' elle
oppose aux 0ermentations de la ,ie microbienne/
3 garantit cette remar!uable salubrit dont
l' attrait rassembla sans doute les hommes 2
l' abri de la maladie des terres basses$ Issus
de races assurment bien di,erses/ ils semblent
nanmoins a,oir contract sous l' in0luence
ambiante un caract.re commun !ui s' est
enracin N l' antipathie pour l' e00ort$ L' gale
douceur des tempratures et la 0acilit du
climat n' en sont probablement pas la seule
cause$ Comme la tension atmosphri!ue diminue
sensiblement dans ces hautes altitudes/ la
combinaison de l' ox3g.ne de l' air a,ec les
globules du sang s' op.re plus lentement dans
les poumons N l' apathie/ la rpugnance 2 toute
prolongation d' e00ort musculaire ou autre/
p;;>
seraient/ d' apr.s des obser,ations dignes de 0oi/
la cons!uence de ce ralentissement du
mcanisme essentiel !ui/ par le sang/ agit sur
la ,ie ner,euse$ Kue de phrases on a rptes
sur l' air d' atonie et de tristesse !u' exprime
la ph3sionomie de ces indig.nes d' ?mri!ue A
Le 0ait est rel 1 et 9e me rappelle a,oir t
0rapp/ au 6exi!ue/ de l' absence de mou,ement
et de gaLt/ m7me cheG les en0ants/ dans les
groupes !ui se 0ormaient pour les repas autour
des gares$ Cela ne seraitDil pas un simple e00et
d' hrdit ph3siologi!ue E
)n recueillerait sans doute beaucoup d' autres
exemples d' accords semblables/ entrs dans le
temprament et ciments par l' hrdit/ si l' on
possdait une connaissance plus compl.te des
peuplades perdues dans l' intrieur des continents$
Lors!ue Nachtigal pntra dans le 'ibesti/
un des coins alors les plus inaccessibles du
-ahara/ l' aspect des habitants lui rappela
ces 4 thiopiens troglod3tes 4 dont l' adresse
2 courir et 2 sauter tait pro,erbiale du temps
d' Brodote N peuple de ch.,res ,i,ant dans un
pa3s de rochers$ Leur corps maigre et bien
proportionn/ aux attaches 0ines/ exprime la
prompte obissance des muscles aux ner0s moteurs$
?u contraire/ dans la rgion du BautDNil/
-chXein0urth nous dcrit des tribus !ue leurs
longues 9ambes ti!ues et leurs attitudes
d' chassiers en sentinelle au bord de l' eau/
ne singularisent pas moins comme peuple de
marcages$ ?insi/ comme il arri,e dans
l' animalit/ c' est dans les organes de locomotion
!u' apparaissent surtout les di00rences entre
ces primiti0s$
)n comprend !u' une adaptation extr7mement
rigoureuse 2 de certains milieux rende ceux
!u' elle a ainsi 0aonns r0ractaires 2 des
milieux di00rents$ arXin remar!ue !ue/ plus
un groupe humain est bas dans l' chelle des
ci,ilisations/ plus il est incapable
d' acclimatation$ L' obser,ation est d' une grande
porte/ mais elle n' exclut nullement pareille
incapacit cheG des peuples a,ancs en ci,ilisation$
L' ab3ssin se tient 2 l' cart des marcages
!ui bordent sa citadelle naturelle/ comme le
chibcha ou le !uitchua des ?ndes ,ite
l' humidit 0oresti.re de la montana, et
comme le ho,a de l' Imrina laisse aux
saJala,es le s9our des plaines$ (cipro!uement
le chinois et l' annamite/ peuples de plaines/
rpugnent aux s9ours montagneux dont les lolos/
les moIs et autres tribus ont su par0aitement
s' accommoder$ La Gone marcageuse !ui/ sous le
nom de tra%, borde au sudDest les
Bimala3as/ n' est point absolument inhabite 1
cependant c' est une rgion o5 ne se hasarde
gu.re l' hindou et !ui 0orme/ entre la montagne
et la plaine/ une des limites ethni!ues les
plus mar!ues !ui existent$
p;;;
Le rFle de l' altitude est dcisi0 dans ces
exemples 1 c' est elle !ui dessine des Gones de
sgrgation rigoureuse/ !ui trace des adaptations
irrductibles$ )n ne saurait s' attendre 2 des
limitations aussi nettes sui,ant de simples
di00rences de latitude$ Cependant l' exemple des
n.gres est encore ici instructi0$ Ceux de l' ouest
de l' ?0ri!ue ont eu le 0@cheux pri,il.ge de
ser,ir de champ d' exprience$ *n accident de
l' histoire/ !ui est aussi un paradoxe
gographi!ue/ Dsans parler d' un acte de
l.seDhumanit/ Dles a transplants aux
tatsD*nis/ bien au del2 de leur domaine
d' origine$ Introduits dans les plantations
depuis plusieurs si.cles/ ils s' 3 trou,ent
au9ourd' hui en contact a,ec une ci,ilisation
!ui/ par l' attrait de ses salaires/ les pousse au
dehors et leur ou,re un large champ$
Le s9our des tats du sud ne leur a pas t
d0a,orable/ puis!ue/ dans le demiDsi.cle !ui
,ient de s' couler/ leur nombre a doubl$
%oici pourtant l' ,olution !ue permet de
souponner l' anal3se des derniers recensements N
elle consiste en un double phnom.ne 1 tandis
!ue le contingent n.gre augmente dans !uel!ues
grandes ,illes du nord/ Philadelphie/
NeX WorJ/ Chicago/ il ne cesse de diminuer
dans les tats ruraux/ 6ar3land/ %irginie/
VentucJ3/ 'ennessee/ !ui 0orment la Gone
marginale et extr7me de son domaine$ *n
phnom.ne de contraction se de,ine/ !ui rar0ie
peu 2 peu l' lment n.gre au del2 du += e degr
de latitude en,iron/ et le condense au contraire
dans la rgion en de2/ soit entre la Caroline
du sud et la Louisiane$ L' aurole se resserre
en s' paisissant$ L' in0luence du climat/ malgr
le contrepoids d' attractions conomi!ues/
ram.ne insensiblement l' expansion n.gre ,ers
les contres humides et chaudes !ui en
circonscri,ent les limites naturelles$
)n serait entraLn par ces 0aits ,ers les
!uestions de prdispositions et d' immunits
pathologi!ues 1 chapitre curieux/ mais encore peu
explor d' une science !ui n' est pas de notre
domaine$
iv. -!ormation des groupes ethniques complexes :
nous sommes donc en prsence de groupes !ui
semblent cheG eux/ dans leur milieu naturel 1
!uel!uesDuns m7me ont cristallis sur place 1
d' autres/ arrachs 2 leur milieu/ tendent 2 s' en
rapprocher$ Kue 0autDil penser E CstDce 2 un
cantonnement rgional/ ,ou 2 l' endmisme/
!u' aboutit la notion du milieu E 'el n' est point
assurment le spectacle !ue prsentent les
ralits actuelles$
p;;R
(ien n' est 2 ce point tranch 1 ni dans la nature
humaine dont la plasticit gale les ressources/
ni dans la nature ph3si!ue !ui admet dans son
9eu tant de di,ersits et de nuances$ Les
contrastes ramasss/ opposant brus!uement les
climats/ sont relati,ement rares N c' est par
transitions graduelles !ue les Gones s' attnuent
et se trans0orment$ N' estDce pas par addition
de touches de plus en plus mar!ues/ mais
,entuellement interrompues par des retours
de ph3sionomies !u' on cro3ait disparues/ !ue se
droulent/ sui,ant les climats/ sil,es/ sa,anes/
steppes/ prairies et 0or7ts E Conditions propices
au mlange des hommes$ 2 mesure !ue les groupes
tendaient 2 con!urir et 2 occuper plus
d' espace/ rien dans la nature ne s' opposait
srieusement 2 la 0ormation de groupes
intermdiaires ser,ant de traits d' union entre
les distinctions 0ondamentales de races$ Comme
dans les peintures pharaoni!ues o5 ,oisinent
cFte 2 cFte les 0igures claires/ rouge@tres/
9us!u' au noir le plus pur/ l' image de l' humanit
dut apparaLtre de plus en plus composite$
L' analogie des climats 0ournit le 0il conducteur$
Clle 0a,orise l' in0iltration/ guide
l' accoutumance$ Les brus!ues transports de groupes
d' un certain milieu 2 un milieu tout di00rent
ont t rarement couronns de succ.s 1 ils ont
t par0ois pa3s de dsastres/ comme l' attestent
les tentati,es a,ortes dont abonde/ pres!ue
9us!u' 2 nos 9ours/ l' histoire de la colonisation
moderne$
-i l' ?0ri!ue du nord est le champ o5 ne cessent
de se croiser smites/ berb.res et n.gres/
c' est en raison des a00inits !u' elle o00re
respecti,ement au n.gre par ses oasis/ aux
autres par les similitudes de priodicit
saisonale/ la correspondance des c3cles de
,gtation/ l' usage des m7mes animaux
domesti!ues$ )n a sou,ent constat par !uelles
transitions pres!ue insensibles on passe des
0ellahs g3ptiens aux barbarins de Nubie/
de l2 aux bed9as et aux thiopiens de l' ?0ri!ue
orientale$ Il 3 a plus N entre ceuxDci et les
maures de l' ?0ri!ue occidentale/ l' ethnographie
signale de singuli.res ressemblances 1 comme si
aux deux extrmits du continent les m7mes causes
a,aient produit les m7mes e00ets/ et !ue/ de
ces mlanges hamiti!ues ou smiti!ues a,ec une
proportion de sang n.gre/ 0ussent rsults des
groupes tr.s analogues$ e bons obser,ateurs ont
dcrit le processus de ce mtissage N c' est
d' abord/ cheG le berb.re ou l' arabe/ la
coloration de la peau !ui se 0once 1 les autres
caract.res/ neG droit/ l.,res minces/ che,eux
lisses/ persistent plus longtemps/ Det sans
doute aussi la
p;;+
supriorit crbrale$ )n a l' impression d' un
phnom.ne en marche/ en ,oie d' expansion$
L' Inde reprsente/ dans son immensit/ une
des rgions dont le climat est le plus homog.ne 1
entre le Pend9ab et Ce3lan/ sur R< degrs
de latitude/ la temprature mo3enne de l' anne
n' accuse pas m7me deux degrs de di00rence 1
il est ,rai !ue les !uantits de pluie sont
tr.s ingales$ Ce ,aste espace ser,it d' ar.ne
2 une race !ui tient le milieu entre les tribus
ar3ennes ,enues par le nordDouest et les
ngroIdes dont on discerne les restes dans
l' extr7meDsud$ -ous le nom de dra,idiens/ se
range toute une srie de t3pes connexes/ dont
on peut sui,re la gradation/ depuis le sau,age
des monts de 'ra,ancore 9us!u' au 'amoul
ci,ilis des plaines/ depuis le -autal noir
et trapu du Chota Nagpour 9us!u' au brahmane
oli,@tre et lanc de la plaine du Hange 1
race/ d' ailleurs/ solide et 0ortement enracine$
C' est dans ce 0ond/ rest original malgr les
mlanges/ !ue puise l' migration actuelle ,ers
l' assam et ,ers la &irmanie 1 de l2/ sans doute/
,inrent 9adis les Jhmers du Cambodge$ Les
multiples croisements/ in,itables dans une
si ,aste contre/ ont eu pour e00et de rendre
la race mallable/ apte 2 absorber un grand
nombre d' lments$
Plus souple encore est peutD7tre la combinaison
ethni!ue !u' on dsigne sous le nom de race
malaise$ Clle a trou, son expansion dans
le monde d' archipels et de dtroits !ui s' tend
2 l' est du continent asiati!ue/ comme sous son
ombre$ Cntre le rser,oir humain de l' Inde/
le groupe mlansien tr.s mlang luiDm7me/
et les races mongoloIdes/ s' interpose un
ensemble de t3pes/ !ui participe plus ou moins
des uns et des autres$ Il se charge au sudDest/
au ,oisinage mlansien/ d' lments plus 0oncs 1
tandis !u' aux Philippines/ et d92 m7me aux
Cl.bes/ se montrent des indi,idus !u' on
prendrait pour des 9aponais$ ?ucun hiatus/
dans cette Gone de moussons/ n' interrompt la
chaLne des races$
Le docteur Bam3 insistait 0r!uemment dans ses
leons sur 4 l' extr7me di00icult d' une
dlimitation scienti0i!ue entre 9aunes et
blancs 4 $ La 0ormation d' un peuple sibrien
0ournira/ un 9our/ le commentaire de cette
remar!ue$ Celle du peuple russe la con0irme
indirectement en une certaine mesure$ Cntre
la %olga et la &alti!ue/ dans une Gone
!ui ne s' carte gu.re du == e degr de latitude/
et !ue caractrise l' alternance de clairi.res
2 sols meubles et de 0or7ts 2 0euilles cadu!ues/
!ui prsente par cons!uent la m7me combinaison
de matriaux de construction et de terroirs
agricoles/ sla,es et 0innois ne cessent de
s' entrepntrer et graduellement se con0ondent$
'our 2 tour les mord,es/ tchrmisses/ et autres
tribus 0innoises s' incorporent au peuple des
p;;8
grandsDrusses/ dans une indi,idualit !ui ne
s' a00irme !ue da,antage en se ren0orant de
nou,elles recrues$
Qe n' a9outerai 2 cette suite d' exemples !ue
celui des bords europens de la 6diterrane$
Par une rare 0ortune/ les lueurs de l' histoire
3 plongent asseG loin dans le pass pour
permettre de saisir une longue srie
chronologi!ue$ Clle montre une continuit de
rapports/ !ui est l' expression non
mconnaissable d' in0luences naturelles$ )n
assiste depuis trois mille ans 2 un a00lux
sans cesse rpt de peuples ,enus du nord N
tour 2 tour doriens et hell.nes/ rh.tes et
trus!ues/ celtes et gaulois/ germains/ sla,es/
normands s' 3 crent des tablissements$ Ces
nou,eaux ,enus ont plus ou moins pa3 leur
tribut aux ts d,orants/ 2 la malaria/ 2 tout
ce !ui se m7le de per0idement dangereux 2 l' attrait
du climat mditerranen$ 6ais apr.s des
liminations/ ces contingents se sont absorbs
dans la masse/ non sans l' enrichir de
nou,eaux germes$ Ct au9ourd' hui ces m7mes
mditerranens s' implantent en Cali0ornie/
au Chili/ dans l' ?rgentine/ guids par
l' analogie des climats/ 3 transportant leur
indi,idualit intacte$
-ur tous ces phnom.nes/ ,i,ant et agissant sous
nos 3eux en di,erses parties de la terre/ plane
l' in0luence sou,eraine des milieux$ Nous la
,o3ons s' exercer de proche en proche/ en des
cadres naturellement appropris$ 6ais on saisit
aussi dans ces exemples l' importance de ce
!u' on peut appeler le 0acteur social$ Cet instinct
de rapprochement !ui pousse les hommes 2
s' assimiler les uns aux autres est 0ait de mobiles
di,ers N il 3 a cheG les uns le dsir d' une
organisation sociale 0onde sur la hirarchie
et particuli.rement sur l' escla,age 1 cheG les
autres/ l' ambition et le besoin de s' agrger 2
un tat social 9ug suprieur$ Cn tout cas/
l' imitation/ le prestige du nou,eau/ l' ,eil
d' une 0oule de suggestions nes du contact et du
,oisinage d' autres groupes/ tra,aillent 2 crer
une mentalit di00rente de celle !ui s' labore
dans l' isolement de certains milieux$ Les
incompatibilits ethni!ues/ les di00rences
irrductibles ne rsistent pas 2 cette ambiance/
imprieuse dans son ampleur/ !ui les en,eloppe$
Clles se 0ondent/ comme au creuset/ pour donner
des produits nou,eaux$ 'elle est donc l' impression
double et !uel!ue peu contradictoire !ue laisse
l' examen comparati0 des 0aits de groupement$
'andis !ue certains milieux nous montrent des
groupes retranchs et comme par!us dans une
9alouse autonomie/ d' autres/ au contraire/
impriment aux socits !ui s' 3 0orment un
cachet de s3ncrtisme/ !ui est et sera sans
doute de plus en plus la mar!ue de l' humanit
0uture$
p;;=
v. -races et genres de vie :
on est amen 2 penser !ue les ensembles de
caract.res ph3si!ues et moraux !ui spci0ient
les di,ers groupements/ sont chose tr.s
complexe/ dans la!uelle entrent des lments !ui
appartiennent 2 un pass prim$ Qe ne parle
pas seulement du probl.me anthropologi!ue/ celui
des principales ,arits de races humaines dont
les origines se perdent dans un pass si lointain
!u' elles chappent enti.rement 2 la gographie
humaine$ 6ais dans les @ges !ui se rapprochent
da,antage du nFtre/ il est possible d' entre,oir
des conditions susceptibles d' engendrer des
e00ets !ui/ au9ourd' hui/ ont cess de se produire$
Lors!ue l' humanit tait rpartie par groupes
rares/ dissmins/ troitement borns dans
leurs contacts/ combien plus stricte tait la
concentration des traits de race A La rudesse
des exigences !uotidiennes de la ,ie/ ne laissant
subsister !ue les plus rigoureusement adapts/
tendait 2 liminer les di00rences dans l' intrieur
des groupes$ Comme les sau,ages actuels/ les
hommes de ce temps se pliaient di00icilement aux
changements de toute sorte/ et ,i,aient entre
eux N les 4 caract.res somatologi!ues 4 !ui
constituent ce !u' on appelle 2 proprement parler
une race/ pou,aient ac!urir/ 2 la 0a,eur de
cet isolement relati0/ une contexture solide
assurant leur perptuit$ ' autres indices nous
a,ertissent !ue nous ne pou,ons pas tout 2 0ait
9uger de ces anciens temps d' apr.s les nFtres$
Il s' est produit dans ce pass/ !ui pourtant
se coordonne encore directement a,ec notre prsent/
certains 0aits !u' il paraLt di00icile/ sinon
impossible/ de reproduire dans les conditions
actuelles$ Ne sembleDtDil pas/ par exemple/
!ue la domestication d' animaux/ accomplie d.s
l' aurore des principales ci,ilisations/ soit
au9ourd' hui un art en !uel!ue sorte prim/
de,enu incompatible a,ec les rapports actuels
de l' animalit et des hommes E *ne d0iance
incurable s' est glisse/ a sans doute rompu
une intimit primiti,e$ Il 0aut donc !u' 2
bien des gards/ lors!ue nous essa3ons de
comprendre les ralits tr.s complexes !ui
s' o00rent 2 notre anal3se/ nous tenions compte
de conditions maintenant abolies/ mais dont les
e00ets persistent 2 tra,ers les trans0ormations
des temps$
Ce !ui/ au contraire/ pr,aut a,ec les progr.s
des ci,ilisations/ ce !ui se d,eloppe/ ce sont
des modes de groupements sociaux originairement
sortis de la collaboration de la nature et des
hommes/ mais de plus en plus mancips de
l' in0luence directe des milieux$ L' homme s' est
cr des genres de ,ie$ 2 l' aide de matriaux
et d' lments pris dans la nature ambiante/ il
a russi/ non d' un seul coup/ mais par une
p;;<
transmission hrditaire de procds et d' in,entions/
2 constituer !uel!ue chose de mthodi!ue !ui
assure son existence/ et !ui lui 0ait un milieu
2 son usage$ Chasseur/ p7cheur/ agriculteur/
il est cela gr@ce 2 une combinaison d' instruments
!ui sont son oeu,re personnelle/ sa con!u7te/
ce !u' il a9oute de son che0 2 la cration$ 67me
dans des genres de ,ie !ui ne dpassent pas un
degr asseG humble de ci,ilisation/ la part
d' in,ention est asseG sensible pour attester
la 0condit de cette initiati,e$
Ct par l2 s' introduit entre les groupements un
nou,eau principe de di00renciation$ Car le
genre de ,ie/ par la nourriture et les habitudes
!u' il impli!ue/ est/ 2 son tour/ une cause !ui
modi0ie et ptrit l' 7tre humain$ L' esJimau/
p7cheur de pho!ues/ ga, d' huile/ et/ par ce
rgime/ capitonnant contre le 0roid les couches
adipeuses de son piderme/ ne ressemble gu.re
au chasseur toungouse et iaJoute/ pas plus
!u' au pasteur lapon/ ses congn.res des rgions
arcti!ues$ &ien !ue soumis les uns et les autres
aux m7mes climats/ le bdouin se distingue
ph3si!uement du 0ellah/ le sarte du JirghiG 1
et 9us!ue dans l' uni0ormit de la Gone
!uatoriale/ les tribus de paga3eurs ,oues 2 la
na,igation de l' )ubangui ou du Congo/ sangas/
ba3andGi/ etc$/ di00.rent par le d,eloppement
de leur thorax aussi bien !ue par leur
mentalit/ de celles !ue leurs habitudes casani.res
cla!uemurent dans leurs ,illages agricoles$
Cependant/ !uoi !u' on puisse attendre des genres
de ,ie/ il 3 a autre chose$ Certains traits de
races/ ,enus de loin/ distincts de ceux !ue
peu,ent expli!uer les conditions actuelles/
surnagent/ persistent a,ec une singuli.re
tnacit$ 6algr les mlanges !ui/ d.s 2 prsent/
0ont !u' un groupe homog.ne de !uel!ue tendue
est une extr7me raret/ m7me dans l' intrieur
de l' ?0ri!ue/ certains caract.res de races
dposs en nous par une incommensurable
hrdit/ remontent comme des ,agues de 0ond$
L' nergie accumule !u' ils portent en eux se
ramasse en des personnalits !ui tranchent en
bien ou en mal sur les autres 1 ou/ plus sou,ent
m7me/ les 0orces di,erses !ue nous portons en nous
s' 3 li,rent bataille$
ans certains groupes/ la ,ertu de la race est
plus ,i,ace !u' en d' autres 1 elle les mar!ue
d' un trait saillant !ui les distingue/ !ui
est pour eux une 0orce$ ' autant plus remar!uable
est cette persistance des traits de race/ !ue
bien des causes conspirent pour les amortir/
pour les no3er dans des groupements htrog.nes N
langues/ religions/ 0ormations politi!ues/
,illes$ Les groupes linguisti!ues englobent
tant d' lments disparates A Les tats sont
oeu,res de l' histoire/ a,ec ses hasards$ Pour
des religions telles !ue l' islam/ il n' existe
!ue des
p;;O
cro3ants$ La grande ,ille est un rouleau de
ni,ellement$ 6algr tout/ pourtant/ le germe
ethni!ue/ !uand on le croit mort/ a des r,eils$
Les mlanges ne par,iennent pas enti.rement 2 le
dtruire$ Ce !ue des si.cles lointains ont
dpos en nous/ rclame ainsi contre une tendance
2 l' uni0ormit par la mo3enne/ !ui/ si elle
de,ait pr,aloir/ serait en 0in de compte/
un asseG triste aboutissement du progr.s des
relations humaines$
p;;P
chapitre ii. ,es instruments et le matriel.
i. -intr<t de l' tude des muses
ethnographiques :
il tait bon d' en,isager d' abord/ dans un coup
d' oeil d' ensemble/ ce complexe !ui constitue
la population d' une contre N les di00rents
lments !ui entrent dans la composition des
groupes 1 tout ce !u' ont assembl les
circonstances et tout ce !ue tient runi la
0orce des milieux$ Il 3 a peu de groupes
homog.nes/ si m7me il en existe/ au point de
,ue de la race$ 6ais/ sous l' in0luence des
di,ers milieux/ l' acti,it et l' industrie
humaines se sont orientes en sens di00rent 1
des suggestions locales ont agi/ et/ pour
raliser les intentions !ui se sont 0ait 9our/
des instruments ont t imagins$ &re0/ un
tra,ail s' est 0ait !ui reprsente autant
d' essais indpendants de rsoudre en communaut
le probl.me de l' existence sous la pression des
in0luences gographi!ues$
Ces in0luences se dessinent a,ec le relie0 des
choses concr.tes/ lors!u' on examine un de ces
muses ethnographi!ues comme il en existe
dans certaines ,illes d' Curope ou des
tatsD*nis/ o5 l' on a eu soin de coordonner
d' une 0aon s3stmati!ue/ et en nombre su00isant/
les spcimens d' ob9ets et d' instruments en
usage cheG les di00rents peuples$ Les
sa,ants !ui ont prsid 2 ces collections en ont
cherch de pr0rence les lments dans les
socits o00rant le plus de chances
d' originalit/ par leur isolement/ leur
autonomie/ et sou,ent dans les ci,ilisations
les plus menaces de prir$ Cette 9uxtaposition
pr7te 2 comparaisons instructi,es$ 2 cFt des
matriels relati,ement riches !u' o00rent les
ci,ilisations de la 6lansie ou du
CentreD?0ricain/ il en est de chti0s et de
rudimentaires/ et !ui sont tels/ non par le
hasard des trou,ailles/ mais par l' indigence
des milieux$ Kuel!ues co!uilles tranchantes/
!uel!ues pointes de 0l.che ou amulettes en
os N ,oil2 tout ce !ui reprsente les insulaires
andamans dans ce muse des ci,ilisations 1
!uel!ues engins de p7che/ a,ec une peau de pho!ue
pour ,7tement/ rsument 2 peu pr.s l' outillage
des 0ugiens/ tandis !u' 2 l' autre extrmit du
p;R>
m7me continent/ les esJimaux ont su tirer d' une
nature plus ingrate encore un matriel
in0iniment plus riche$ Par0ois/ certains
spcimens appartiennent d92 au pass/ ils
,o!uent un tat de ci,ilisation dcapite/
!ui a d92 perdu en partie/ a,ec sa raison
d' 7tre/ ce !ui 0aisait son orgueil et son luxe N
ainsi disparaissent les peaux de bisons sur
les!uelles les sioux bariolaient leurs textes
hirogl3phi!ues/ les manteaux de plumes dont
s' ornaient les grands che0s pol3nsiens/ les
boucliers en peaux de bu00les !ui 0iguraient
dans l' attirail guerrier des ri,erains des
grands lacs a0ricains/ les belles haches en
serpentine ou en nphrite !u' on 0abri!uait
en Nou,elleDCaldonie et en Nou,elleDUlande$
Clles ,ont re9oindre dans le pass ces grandes
pirogues 2 becs richement sculpts !ue ,irent
les CooJ/ les &ougain,ille/ les umont
' *r,ille/ et dont ils nous ont laiss des
dessins/ tmoignages d' industries en train de
s' teindre et de ci,ilisations condamnes/
dont !uel!uesDunes n' auront bientFt plus !ue
les ,itrines de muses pour dernier asile A
Kuelles !u' elles soient cependant/ humbles ou
riches/ ces collections ,o!uent des socits
!ui ont ,cu/ ,olu/ !ui ont subi l' action des
temps comme celle des lieux$ Qus!u' en
Nou,elleDCaldonie des indices attestent une
ci,ilisation !ui 0ut 9adis moins rudimentaire$
Ce n' est pas/ en e00et/ sur l' impression
super0icielle d' exotisme !ui rsulte de la
runion d' ob9ets rassembls de toutes parts/
!u' il 0aut s' arr7ter$ Lors!u' une ide mthodi!ue
a prsid 2 leur classement/ on ne tarde pas
2 perce,oir !u' un rapport intime unit les ob9ets
de m7me pro,enance$ Isols/ ils ne 0rappent !ue
par un air de biGarrerie 1 groups/ ils
dc.lent une empreinte commune$ Peu 2 peu/
par la comparaison et l' anal3se/ l' impression
gographi!ue se prcise$ e m7me !ue
l' aspect du 0euillage et des organes ,gtaux
d' une plante/ !ue celui de la 0ourrure et des
organes de locomotion d' un animal permettent
2 un botaniste ou 2 un Goologue de discerner
sous !uelles in0luences gnrales de climat
et de relie0 ces 7tres prati!uent leur
existence/ il est possible au gographe de
discerner/ d' apr.s le matriel soumis 2 son
examen/ dans !uelles conditions de milieu il a
t 0orm$ CstDce 2 une rgion de sil,es
tropicales/ de steppes/ ou de bois rsineux
!u' appartiennent ces t3pes d' habitations/
d' armes et d' ustensiles E Pour !uel genre de
proie ou de mo3ens de subsistance/ ces instruments
ontDils t combins E La mati.re et la 0orme
de ces appareils de chasse/ de capture/ de
d0ense/ de tra,ail/ de dpFt/ de transport/
dnoncent une pro,enance et une approximation
se rapportant 2 certains genres de ,ie/ 0orms
euxDm7mes sous l' in0luence de conditions
ph3si!ues et biologi!ues !u' il est possible de
dterminer$ Cn ce sens une leon de
p;R;
gographie comparati,e se dgage des tmoignages
des socits les plus humbles$ Ct !uant aux
socits ,olues dont le matriel in0iniment
accru ne saurait se circonscrire dans les
,itrines d' un muse/ il s' 3 conser,e/ du moins
pro,isoirement/ asseG de ,estiges locaux
d' usages et de costumes/ pour !ue les spcimens
en soient instructi0s$ L' mancipation du milieu
local n' est 9amais aussi absolue !ue nos
3eux de citadins nous le 0eraient croire$
ii. -l' empreinte de la silve quatoriale :
parmi les grandes Gones de climat et de
,gtation/ aucune n' est mar!ue d' un cachet
d' oecologie plus 0rappant !ue celle des 0or7ts
tropicales humides/ approximati,ement circonscrites
entre ;> degrs au nord et au sud de l' !uateur$
Nous a,ons dit !uelles causes 3 conspirent
2 maintenir l' isolement des groupes humains$
)n aurait tort cependant de conclure !u' il ne
s' 3 est pas d,elopp de ci,ilisations
intressantes$ La ma9est du monde ,gtal n' a
pas t une magni0icence perdue pour les oeu,res
des hommes$ Les 0:ts lancs 2 grand diam.tre/
piliers sur les!uels s' tagent les galeries
0oresti.res/ 0ournirent aux constructions les
matriaux de gros oeu,re/ les pi.ces de
charpente$ Les bois durs et compacts se pr7t.rent
au tra,ail de moulures et d' ornement$ i,erses
esp.ces d' arbres/ 0iguiers ou autres/ mirent
au ser,ice des hommes une corce 0lexible/
propre 2 se dcouper en bandes et 2 ac!urir
par macration la solidit d' un tissu$ ans
l' innombrable 0amille de palmiers !ui peuplent
cette Gone/ depuis l' elaeis guineensis,
a0ricain/ la mauritia !lexuosa du &rsil/
9us!u' au cocotier pol3nsien/ l' homme mit 2
pro0it pour ses instruments ou ses di0ices les
0ibres !ui soutiennent les 0euilles et les
0ilaments tenaces dont s' entortillent les
troncs$ Le mode d' adaptation des pi.ces
htrog.nes !ui entrent dans la composition
d' un instrument ou d' une arme/ d' une case ou
d' un bateau/ a t sou,ent une pierre
d' achoppement pour les industries primiti,es$
es che,illes en os ou en mtal ou m7me des
enduits de poix ou de goudron ont pour,u
ailleurs 2 ces ncessits$ es 0ilaments
,gtaux remplissent ici le m7me o00ice$ Ce
0ut a,ec eux !u' on lia le manche de bois et la
hache de 9ade/ le bois et la corde de l' arc/
!u' on par,int 2 a9uster les pi.ces de charpente/
2 assu9ettir hermti!uement les bandes d' corce
0ormant paroi le long des cases/ 2 maintenir
dans le bateau les poutres assembles et 2 leur
superposer un appareil moteur$ Les peuples
m7mes !ui connaissent l' usage du 0er n' en
continu.rent pas moins 2 user des 0ibres ou du
rachis de leurs palmiers comme mo3en de liaison
et de soudure$ (ien dans cette prodigieuse
p;RR
pousse ,gtale ne demeura inaperu$ Ces palmiers/
ces pandanes/ ces musaces ont de longues et
larges 0euilles !ue l' atmosph.re gorge
d' humidit/ mais !ui doi,ent nanmoins 2 la
ncessit de rsister 2 une ,aporation puissante
une extraordinaire consistance de tissu N ces
0rondaisons s' o00rirent d' ellesDm7mes pour
0ormer par leur assemblage des nattes souples
et rsistantes/ des rcipients 2 toute preu,e/
et pour mnager aux habitations un re,7tement
de 4 tuiles ,gtales 4 non moins impermable
!ue celui dont nous sommes rede,ables 2 la
tuile ou 2 l' ardoise$
L' homme a entam pro0ondment ce monde ,gtal
grandiose$ Il en a dis9oint les lments pour
les maLtriser$ Ce n' est pas dans la masse
0oresti.re reste intacte/ mais en bordure/
dans les parties limitrophes !ui en ont t
dtaches/ !u' on peut le mieux obser,er ses
e00ets sur les ci,ilisations humaines$ Les
botanistes ont not sur plusieurs points les
traces incontestables des d0richements !ui en
ont restreint l' tendue$ 'elle est d' ailleurs
la puissance de la ,gtation !ue des gramines
arbusti,es/ des roseaux gants se h@tent de
prendre les places !ue la destruction de la
sil,e laisse pour un court instant ,ides 1 et
c' est ainsi !ue le bambou/ annexe et succdan
de ce genre de 0or7ts/ est arri, 2 occuper une
aire dont l' tendue immense contribue 2
expli!uer la di,ersit d' emplois au!uel il
donne lieu$ Il s' associe de la sorte aux
matriaux dont l' homme a pu 0aire usage 1
il 0ournit son appoint dans ce somptueux arsenal
d' nergies ,gtales/ sous le!uel a succomb
l' acti,it des sil,ati!ues euxDm7mes/ mais !ui
a puissamment ser,i les ri,erains de la sil,e$
La ,gtation tropicale a non seulement ser,i/
mais maintes 0ois inspir les oeu,res des hommes$
Ce sont des di0ices ,i,ants !ue ces tages
superposs des galeries 0oresti.res/ depuis le
sousDbois 2 rasDdeDsol et les arbres 2
miDhauteur/ 9us!u' aux cimes supr7mes !ue
surmonte et en,eloppe la toiture arienne de
0euillage$ -i l' architecture des cases n' en est
!u' une reproduction bien mdiocre/ elle n' en
dc.le pas moins !uel!ue lointaine rminiscence$
Les entrelacements de lianes !ui permettent 2
certains hFtes de la 0or7t de circuler sans
toucher terre/ de,inrent entre les mains des
hommes ces ponts ,gtaux !u' on trou,e en
usage depuis l' ?0ri!ue occidentale 9us!u' 2
la 6lansie 1 les indig.nes d' ?maGonie en
prirent mod.le pour les hamacs/ !ui semblent
a,oir leur origine cheG eux$ Les gros 0ruits
sphri!ues du lagenaria et du cocotier/
comme ailleurs les oeu0s d' autruche/
communi!u.rent aux coupes ou calebasses
tailles dans leurs 0lancs/ une con0iguration
ronde ou o,ale$ *n autre t3pe de rcipient 0ut
0ourni par le c3lindre creux !ui existe entre
cha!ue noeud du bambou/ et dont la capacit
p;R+
peut aller 9us!u' 2 deux litres$ La nature ,i,ante
a cela de caractristi!ue/ !u' elle sugg.re la
0orme en m7me temps !u' elle 0ournit les
matriaux$
Il 3 a un air de 0amille entre les oeu,res
matrielles issues de ces ci,ilisations
tropicales$ Les analogies de climat et de nature
,i,ante l' expli!uent su00isamment/ sans !u' il
soit ncessaire de supposer des rapports et des
emprunts/ bien in,raisemblables/ !uand il s' agit
de contres spares par des tendues
ocani!ues telles !ue l' ?tlanti!ue ou l' ocan
Indien$ e l' ouestDa0ricain au Congo/ puis
de la 6lansie aux Philippines/ en0in en
?maGonie/ le t3pe de case rectangulaire 2
pignon domine$ L' abondance et les proportions
de bois durs/ capables de 0ournir des piliers
d' angles et des soli,es trans,ersales/ ont
permis de donner 2 ces constructions des
dimensions considrables/ abritant de nombreux
hFtes/ se pr7tant 2 ser,ir de lieux de
rassemblement et de danse 1 on trou,e 9us!ue
cheG les tribus les plus recules de
Nou,elleDHuine ces t3pes de maisons communes$
Partout/ dans ces rgions/ le sol est stagnant
et humide/ rceptacle de reptiles et d' ennemis
de toute sorte N partout aussi ou peu s' en 0aut/
l' habitat est maintenu par des piliers ou
pilotis 2 distance du sol 1 non seulement
sur les bords des 0leu,es ou des lacs du
%nGuela/ mais 9us!ue sur les collines o5 se
logent de pr0rence les populations de 6lansie/
ou dans les rgions le,es !ue les tagals des
Philippines choisissent pour leurs hameaux$
Il 0aut en0in !u' un re,7tement pais et sans
d0aut prot.ge l' habitation contre l' assaut des
pluies N de l2 ces toits 2 0orte inclinaison
o5/ gr@ce au raphia/ au bananier/ au rane,ala/
au cocotier/ 2 une multitude d' essences
galement souples et rsistantes/ un habile
entrecroisement des tiges ou des 0euilles
compose une suprastructure impermable !ui
en,eloppe la case pres!ue tout enti.re$
'antFt s' cartant asseG des parois ,gtales
!ui constituent le mur pour laisser la place
d' une ,randah/ tantFt s' articulant de 0aon 2
emboLter l' une dans l' autre deux toitures
superposes/ ce pittores!ue couronnement de la
construction lui imprime une ph3sionomie
caractristi!ue/ !ui a d: 0rapper l' imagination
des hommes/ inspirer autour d' elle un ,eil
de go:t artisti!ue/ car elle n' a pas t sans
rapport a,ec l' architecture chinoise et
9aponaise$
L' analogie des matriaux s' exprime plus d' une
0ois dans l' analogie des instruments$ e ces
bois durs et 0ortement colors/ dont la
consistance conser,e les ar7tes ,i,es et les
moulures dlicates gra,es par la main de
l' ou,rier/ les mlansiens/ les a0ricains du
Congo et du ahome3/ les amricains de
l' ?maGonie ont tir ces si.ges sculpts/ ces
escabeaux ou tabourets sur les!uels s' est
exerce/ par0ois 9us!u' au
p;R8
dlire/ leur ,er,e dcorati,e$ La massue/ !ui
en d' autres contres est reste une arme
grossi.re et 0ruste/ s' est ra00ine/ aussi
bien en Pol3nsie !u' en Hu3ane/ par une
lgance et une ,arit de 0ormes !ui lui ont
donn la ,aleur d' un ornement et d' un insigne
de domination$ Cn0in/ il a su00i d' ,ider le
diam.tre de certains troncs/ pour obtenir
ces tambours normes !u' on trou,e/ depuis
l' ouestDa0ricain 9us!u' 2 la 6lansie/ ser,ant
de signaux et d' appels/ remplissant l' o00ice !ui
re,ient ailleurs aux cornes et con!ues
marines$
Les lani.res d' corce 0ournies par di00rentes
essences de !icus, par l' artocarpus en
Indonsie/ le m:rier 2 papier en )canie/
ont donn lieu/ gr@ce 2 des prparations de
macration et de battage/ 2 ces tissus dont
l' industrie pol3nsienne nous 0ournit de riches
chantillons/ mais !u' 2 un degr plus humble
on retrou,e en usage pres!ue uni,ersel tout le
long de la Gone sub!uatoriale/ de la Pol3nsie
2 l' Indonsie/ de l' )uell 9us!u' 2
l' )rno!ue$
Non moins caractristi!ues sont les applications
aux!uelles se sont pr7ts les longs tu3aux de
gramines arborescentes N dans les sil,es
de l' ?maGone/ comme dans celles de &orno/
de -umatra et de la pres!u' Lle 6alaise/ ils
ont t con,ertis en cette arme de 9et/
&loXgun (blasrohr) !ue nous appelons
sarbacane/ et d' o5 partent/ mus par le sou00le/
le pro9ectile ou la 0l.che empoisonne$ Cngin
essentiellement appropri 2 la 0or7t paisse/
o5 l' arc et la sagaie ne seraient pas d' un
bon usage/ il s' 3 est spcialis 2 tel point
!u' au9ourd' hui son aire d' extension a dcru
en m7me temps !ue celle de la 0or7t m7me$
6ais/ comme les tissus d' corce et beaucoup
d' autres in,entions caractristi!ues dont
l' emploi ,a se rtrcissant/ il atteste le parti
!ue ces embr3ons de ci,ilisation ont su tirer
du monde ,gtal au milieu du!uel ils
,oluaient$ Cn l' absence m7me de rapports directs/
de singuli.res con,ergences sont l2 pour
attester une marche commune dans les procds
d' emprunts tirs de la nature ambiante$
L' usage m7me des mtaux a stimul l' industrie
indig.ne sans la trans0ormer$ Il est remar!uable
de constater surtout dans le centre et l' ouest
a0ricain/ combien la techni!ue du mtal s' 3
inspire de 0ormes dri,es du rgime ,gtal$
)n dirait !ue le 0er ne s' est substitu au bois
!u' en l' imitant$ Il 3 a parmi ces couteaux de
9et/ ces serpes/ ces instruments de sacri0ice
!ui sont originaires de la rgion entre
l' )uell et le CassaI/ une ,arit de 0ormes
!ui rappelle celle !ui s' exhale des
innombrables essences runies et concentres
dans la 0or7t tropicale$ Les uns se pro0ilent
s3mtri!uement le long d' un axe semblable
2 la ner,ure mdiane d' une 0euille de bananier 1
d' autres se terminent en lancoles comme une tige
de palmier 1 d' autres s' incur,ent/ et/ dans
p;R=
leur conca,it/ pro9ettent des dents ou lamelles
semblables aux stipules !ui se dtachent de la
gaLne d' une 0euille$
iii. -centres de dveloppement originaux :
naturellement/ une connaissance plus compl.te du
monde tropical a mis en relie0/ se dtachant sur
ce 0onds commun/ une ,arit inattendue de
d,eloppements originaux$ L' intrieur a0ricain/
par exemple/ a cess de nous apparaLtre comme
un morne ensemble d' uni0orme barbarie$ -ur les
bords du CassaI/ du Congo/ de l' )uell/
les obser,ations de ,o3ageurs scienti0i!ues ont
dress de,ant nous des t3pes relati,ement
a,ancs de ci,ilisations N ainsi cheG les
baJoubas/ les batJ.s/ les mongbouttous/ cheG
d' autres encore$
)n a sou,ent remar!u/ depuis Li,ingstone/ la
di00rence de nature 2 l' est et 2 l' ouest des
grands lacs a0ricains$ Cntre les masaI et les
peuples du Congo les instruments/ les armes/
les ,7tements s' opposent comme la steppe 2 la
sil,e/ la 0aune de grands coureurs 2 la 0aune
arboricole/ le pasteur au culti,ateur$
les malais. Dc' est dans le monde insulaire
et pninsulaire de 6alaisie et de 6lansie/
au sud du continent asiati!ue et comme 2 son
ombre/ !ue de nou,eau la ,gtation tropicale
se dploie dans sa splendeur$ Clle s' accompagne/
dans les grandes Lles ,oisines du ,aste
continent/ comme -umatra et &orno/ d' une
richesse inaccoutume en esp.ces de mammi0.res$
La richesse et l' originalit du matriel
ethnographi!ue sont en harmonie a,ec cette nature
,i,ante$ Les bataJs de l' intrieur de -umatra/
les semangs et saJaIs de la pres!u' Lle malaise/
les da3aJs et Jeniahs de &orno/ ont constitu/
chacun dans son genre/ des t3pes d' armes/
,7tements/ instruments/ 0igures aussi archaI!ues
maintenant par rapport 2 la ci,ilisation malaise
!ue le paraissent au milieu de nous celles du
p@tre castillan ou du paliJare$ ?u bord des
gol0es ou des 0leu,es/ au penchant des collines/
entre les 0or7ts !ui cou,rent l' intrieur 2
peine connu de ce petit continent !u' on appelle
la Nou,elleDHuine (plus de M>>$ >>> Jilom.tres
carrs)/ des n.gres dolichocphales 2 paisse
toison che,elue ont/ sans le secours des mtaux/
0abri!u des massues/ des arcs/ des tambours
comme les n.gres d' ?0ri!ue/ des mas!ues
0tichistes comme ceux du ahome3/ des
tabourets artistement sculpts pour appu3er la
t7te/ comme on en use au Qapon/ des pirogues
2 balanciers et plate0ormes comme il en
0ourmille entre les Lles du Paci0i!ue$
Ces sur0aces terrestres ,ont s' miettant/ se
dispersant en une
p;R<
poussi.re d' Lles dont les marins se racontaient/
du temps de 6arco Polo/ 4 !u' il 3 en a,ait
;R$ O>>/ toutes habites sans compter celles !u' on
ne sait pas 4 $ 6ais si l' appau,rissement de la
nature ,gtale 3 correspond au rtrcissement
des sur0aces/ les analogies gnrales subsistent$
Il n' 3 a pas d' hiatus ,ritable entre le monde
malais et le monde pol3nsien 1 une connexit
s' 3 laisse aperce,oir/ beaucoup plus nette
!u' entre l' est et l' ouest de l' ?0ri!ue !uatoriale$
Il 0aut ici certainement tenir grand compte
des relations d' changes et d' emprunts !ui se
sont produites sur les ,oies d' une colonisation
embrassant pres!ue toute l' tendue du
Paci0i!ue$ 'oute0ois c' est encore la nature
ambiante !ui 0ournit le 0il conducteur$
les polnsiens. Ddans l' in,entaire tropical
des continents/ les seuls animaux mis 2
contribution sont les oiseaux/ surtout au &rsil
et en Hu3ane/ ou les hFtes puissants des marais
ou sa,anes/ lphants en ?0ri!ue/ bu00les en
?sie$ La 0aune marine n' apparaLt !ue 2 et l2
sous les 0ormes minuscules de perles ou monnaies
d' change$ Clle prend/ au contraire/ de plus
en plus d' importance en Indonsie/ en
6lansie/ pour de,enir en0in prpondrante
dans les archipels du Paci0i!ue$ 92 2 &orno/
en Nou,elleDHuine/ et 9us!ue dans les
montagnes de la &irmanie et de l' ?ssam/ on
,oit les longs boucliers de bois se garnir et se
rehausser de co!uilles/ 2 &orno des cuirasses
d' corce se blinder d' cailles de poissons/ en
Nou,elleDHuine les mas!ues 0antasti!ues se
recou,rir d' une pla!ue en carapace de
tortue$
?insi s' annoncent les approches d' une rgion
maritime !ui se distingue entre toutes les
autres par la ,arit et la magni0icence de sa
0aune$ C' est entre l' ocan Indien et la partie
tropicale du grand ocan !ue le domaine des
tortues gantes/ des huLtres perli.res/ se
rencontre a,ec celui de la cprea moneta,
premier spcimen de cette monnaie de co!uillage
!ui eut une si extraordinaire dispersion/ du
nautilus, et surtout de la mer,eille des
mer,eilles/ le tridacna gigas, dont les
co!uilles bi,al,es/ larges sou,ent d' un m.tre
et semblables 2 un bnitier/ se drapent des
plus ,i,es couleurs$ Cette rgion
indoDpaci0i!ue/ par ses constructions de coraux
!ui mnagent l' abri et la nourriture/ entre
leurs rci0s et dans leurs lagunes/ 2 des
lgions de poissons/ est/ 2 sa mani.re/ un
puissant 0o3er de ,ie$ L' empreinte de cette
animalit maritime s' est communi!ue 2 l' industrie
humaine$ Pri,s de mtaux/ ces ocaniens ont
utilis la duret et les dimensions du
tridacna gigas, !u' ils trou,aient implant
sur les rci0s de pol3piers/ pour en 0abri!uer
des ornements et des armes$ Par un 0rottement
obstin au mo3en d' une pierre ench@sse dans
une tige de bambou/
p;RO
ils en ,idaient le centre/ ou ils en taillaient
les ar7tes$ es dis!ues/ des bracelets/ des
instruments a3ant le tranchant de la hache sont
sortis de ce patient tra,ail$ e plus/ les
grands rFdeurs des mers tropicales/ s!uales/
cachalots/ ont contribu par leurs dents et leurs
ar7tes 2 hrisser les massues/ lances et harpons/
et 2 ren0orcer d' accessoires aussi meurtriers
!ue pittores!ues l' arsenal sur le!uel est 0onde
l' existence de ces insulaires$
*ne note 0ortement caractrise d' endmisme
pr,aut 2 la 0a,eur du morcellement insulaire$
Le matriel ethnographi!ue/ comme le genre de
,ie/ ,arient d' archipels en archipels$ 2 cFt
de spcimens per0ectionns d' art nauti!ue/ on
constate l' ignorance de la na,igation$ C' est
ainsi !ue l' archipel des Lles 6att3/ si ,oisin
de la Nou,elleDHuine/ s' en distingue par
l' absence de tout matriel na,al$ Les 0ormes
de massues/ !uoi!ue empruntes aux m7mes mati.res/
se di,ersi0ient d' Lle en Lle$ L' attirail et
l' accoutrement guerrier se spcialisent$
L' insulaire des -alomon/ a,ec son dis!ue d' caille
pla!u sur le 0ront/ son arc en bois de cocotier
et son bouclier de 0ilaments ,gtaux/
reprsente un des t3pes les plus originaux$ Plus
trange et plus 0ormidable est le guerrier des
Lles Hilbert/ arm d' une massue !ue hrissent
des dents de s!uales/ et protg par une cuirasse
de 0ilaments de cocotiers garnie de che,elures
humaines/ dont il s' en,eloppe hermti!uement/
malgr le climat/ et !ui ,o!ue 9e ne sais !uelle
0igure de samouraI ou de che,alier du mo3en @ge
gare dans ces mers pol3nsiennes A Parmi
cette di,ersit de ci,ilisations insulaires/
s' talait en0in/ aux temps o5 ces socits
taient encore intactes/ l' aristocrati!ue che0
maori/ a,ec le casseDt7te en serpentine ou en os
de baleine suspendu au poignet/ et le manteau en
phormium tenax dans le!uel se drapait son
importance$ ans cette lointaine Nou,elleDUlande/
terme extr7me ,ers le sud des colonisations
pol3nsiennes/ comme dans l' archipel des Ba,aI/
,ers le nord/ ces ci,ilisations insulaires
a,aient 9et un certain clat$ L2/ comme 2
'onga/ -amoa/ 'ahiti/ se prati!uait la
construction de ces grandes pirogues !ui 0irent
l' admiration des CooJ et des umont ' *r,ille$
Kuand on songe !ue les artisans !ui a,aient
su accoupler ensemble de grandes pirogues/
longues par0ois de +> m.tres/ asseG troitement
relies pour manoeu,rer ensemble/ n' a,aient eu
pour accomplir cette di00icile besogne d' autres
matriaux/ en dehors du bois/ !ue des 0ilaments
,gtaux et des gommes/ ni d' autres instruments
!ue la co!uille ou la pierre/ cette admiration
ne peut !ue redoubler$
p;RM
iv. -le monde des savanes dcouvertes :
plus on s' loigne ,ers les tropi!ues/ plus la
,gtation cesse d' 7tre sou,eraine maLtresse$
2 la sa,ane boise succ.de la sa,ane herbeuse/
2 celleDci la steppe$ ?,ec l' amoindrissement
de la ,gtation diminuent les emprunts dont
elle est l' ob9et$ 6ais la substitution d' une
0aune de steppe 2 la 0aune de 0or7t donne lieu
2 des combinaisons nou,elles$ C' est le r.gne
animal !ui de,ient le guide de l' industrie
humaine$ Par troupeaux/ par hordes innombrables/
antilopes/ gaGelles/ autruches/ bisons/ o,ids/
animaux coureurs adapts par leur pelage ou
leurs plumes 2 de plus grandes di,ersits de
milieux et 2 de plus grandes intempries de
climat/ s' o00rent comme mati.res ,i,antes$
Le cuir dcoup en lani.res/ tendu en boucliers/
assoupli en ,7tements ou rcipients/ remplit
l' o00ice d,olu dans la Gone tropicale humide
aux lianes/ 0ilaments/ c3lindres de bambou/
corce ,gtale$ Le d,eloppement de la ,ie
pastorale en ?0ri!ue dans l' un et l' autre
hmisph.re a accentu cette empreinte commune$
Pasteurs et guerriers/ les massaI et gallas
au nord de l' !uateur/ les ca0res et Goulous
au sud/ s' accordent pour emprunter aux
dpouilles d' animaux leur !uipement et leurs
ustensiles$ 6ais le go:t de chacun ou les
circonstances locales introduisent des ,ariantes$
Le bouclier oblong en peau de boeu0 prend cheG
les Goulous/ ces spartiates de l' ?0ri!ue/ des
proportions en rapport a,ec leur haute taille$
Le guerrier matbl s' entoure d' une ceinture
o5 pendent des peaux de b7tes$ Plus paci0i!ue/
le pasteur hrro a consacr un soin particulier
2 l' outillage transportable !u' exige son genre
de ,ie 1 il oppose un ample manteau de peau/ le
karo!, aux brus!ues ,ariations de temprature$
CheG les peuplades guerri.res de l' est a0ricain/
l' di0ice de la che,elure ressemble 2 une
crini.re lonine !ue rehausse un encadrement de
plumes d' autruche N et la 0igure ainsi a00uble
des guerriers massaI ou du Ja,irondo ressuscite
2 nos 3eux ces chasseurs berb.res !ue
reprsentent/ au nord du -ahara/ les gra,ures
rupestres de la priode nolithi!ue/ ou les
lib3ens !ue nous montrent les monuments g3ptiens
de la dixDneu,i.me d3nastie$
-i in0rieure !ue soit la 0aune des steppes du
nou,eau monde elle ne 0it pas d0aut 2 l' industrie
humaine N dans l' ?mri!ue du sud le guanaco
0ournit aux tehuelchs de Patagonie le cuir
ncessaire pour le maniement de la bola, et/
apr.s l' introduction du che,al/ pour le
harnachement de leurs montures$ Les sioux dans
l' ?mri!ue du nord dress.rent leurs tentes
a,ec des peaux de bison/ ou en 0irent la trame
de ces to00es sur les!uelles des 0igures peintes
retraaient des signes gnalogi!ues ou parlaient
un langage s3mboli!ue$
p;RP
&eaucoup de ces choses appartiennent au pass N
une note d' archaIsme se m7le ainsi 2 la note
d' exotisme$ Nos 3eux en Curope sont accoutums
2 associer ces di00rences tranches de costumes
et d' a00ublements 2 des rgions exceptionnellement
restes 2 l' cart/ ,i,ant de leur ,ie propre$
Il s' en trou,e encore de telles/ bien !ue plus
rares cha!ue 9our/ dans nos montagnes d' Curope/
autour de la 6diterrane/ et sporadi!uement
dans les ?lpes et les Carpathes$ Le p@tre
castillan/ le paliJare/ le berger ,ala!ue/ le
tirolien/ l' uGule des 'atras/ sont des
exemplaires 2 peu pr.s intacts de ces sur,i,ances
d92 partiellement en pril de mort$ Kuel!ues
pi.ces de costume/ le plus sou,ent/ demeurent
les seuls indices des exigences locales des
milieux$ ?u9ourd' hui/ comme de temps immmorial/
le touareg/ ca,alier ,oil du dsert/ prot.ge
par le litham son ,isage et ses 3eux contre
la 0ine poussi.re !ui 0lotte dans l' air$ Contre
les ingalits du soir et du matin/ du soleil
et de l' ombre/ la chlamde ,elue en peau de
mouton/ la mastruca sarde/ le capuchon du
burnous prot.gent les paules et compl.tent
l' image tou9ours ,i,ante de t3pes connus/ !ue
0igurent les terresDcuites anti!ues$ -ous
di00rentes 0ormes/ a,ec ou sans broderies/ on
peut obser,er/ de l' Cspagne 2 l' Iran/
l' existence d' une pi.ce de ,7tement/ la gu7tre
de 0eutre ou de cuir/ rendue indispensable par
les taillis et broussailles !ui encombrent le sol
en l' absence de ,ritables 0or7ts$
v. -survivances et dveloppements autonomes
dans les 7ones tempres et !roides :
l' empreinte locale est tenace$ Clle subsiste dans
nos contres ci,ilises sous les 0ormes
multiples des ob9ets de premi.re ncessit
!ue continue 2 0abri!uer l' industrie domesti!ue N
les 9arres/ les ,ases et poteries en Cspagne/
comme en &erbrie et en g3pte/ s' 3
reproduisent tels encore !u' ils sortirent des
mains des premiers potiers !ui prati!u.rent
l' art de 0aonner la mati.re argileuse$
L' habilet 2 plier le bois aux 0ormes et aux
usages les plus ,aris trou,a/ dans les 0or7ts
2 0euilles cadu!ues de l' Curope centrale et
orientale/ mati.re 2 s' exercer en sens di00rent N
nous ,errons le parti !ue l' art de la
construction et celui du transport surent tirer
de ces bois rsistants et 0lexibles 1 mais/
si l' on ,eut encore au9ourd' hui se 0aire une
ide de la 0amiliarit a,ec la!uelle en us.rent
nos p.res/ on n' a !u' 2 considrer ce !ui reste
de leur mobilier dans !uel!ues campagnes
recules 1 ou mieux encore !u' 2 ,oir 2 combien
d' applications les emploie l' industrie domesti!ue
dans les gou,ernements 0orestiers de (ussie
d' Curope$ Le bois/ pour bien des choses/ 3 tient
lieu de mtal 1 le mou9iJ est
p;+>
charpentier comme le 0ellah est potier$ Les
deltas du 'onJin et de la Hu3ane amaGonienne
ne sont gu.re in0rieurs 2 cet gard au delta
du Nil$
L' isolement/ la spcialisation des genres de ,ie
sont/ pour !uel!ue temps encore/ des garanties
de conser,ation$ ans les steppes de l' ?sie
centrale/ le matriel des pasteurs JirghiG/
tentes de 0eutre/ lani.res de cuir/ cordes de
laine/ tapis et ,7tements/ ustensiles/ est
enti.rement emprunt au btail !ui constitue
la richesse 1 et il garde/ malgr l' in,asion
du coton et des importations trang.res/ ce
caract.re local !ui/ cheG nos montagnards/ nous
0rappe comme un archaIsme$
Il existe/ le long des 0iords et des 0leu,es
poissonneux !ui sillonnent dans le nordDouest
de l' ?mri!ue la bande en partie ,ierge des
0or7ts de la Colombie britanni!ue/ un groupe de
tribus dites nutkas !ui 0orment un chapitre
curieux et uni!ue d' ethnographie amricaine$ L2
se conser,e un ensemble encore 2 peu pr.s
complet de ci,ilisation matrielle portant 2 un
haut degr l' empreinte d' un milieu spcial$
Le bois domine dans les constructions et les
ustensiles$ ans ces maisons de planches/ !ue
prc.dent des piliers sculpts reprsentant des
0igures totmi!ues/ la poterie est inconnue/
et c' est dans des ,ases de bois !u' au mo3en de
pierres br:lantes on proc.de 2 la cuisson des
aliments$
Cependant pour trou,er des socits gardant plus
strictement encore l' empreinte locale/ il 0aut
pousser 9us!u' 2 ces peuples !ue la con0iguration
de l' hmisph.re boral rel.gue autour des mers
arcti!ues/ au del2 de la ceinture 0oresti.re !ui
entoure le nord de l' ancien et du nou,eau monde$
Il est ,rai !ue ce !u' on appelle par antiphrase
la ci,ilisation les assi.ge/ sous 0orme d' alcool/
et les dcime$ Ceux/ toute0ois/ !ui/ comme les
samo3.des/ ont pu s' accommoder du s9our de la
toundra/ des steppes de l' extr7meDnord/ chappent
plus !ue les chasseurs de 0ourrures au pril
!ui les guette$ Ils trou,ent dans l' le,age
du renne et dans l' existence du bouleauDnain/
seul arbrisseau !ui se hasarde 9us!u' en ces
parages/ la mati.re des ,7tements dont ils se
cou,rent/ des peaux ou des corces dont ils
re,7tent leurs tentes d' t/ des rcipients dont
ils 0ont usage$
Plus spcialis dans un autre genre de milieu
arcti!ue est l' ensemble des tribus innuit ou
esJimaux/ !ui ont su se crer une patrie depuis
le nord de l' ?lasJa 9us!u' au Hroenland$ L2/
ce n' est pas l' le,age du renne/ ni la p7che dans
les 0iords !ui sub,iennent 2 l' existence N mais
les grands mammi0.res marins/ !u' il 0aut/ l' t/
poursui,re au large/ ou/ pendant l' hi,er/
surprendre dans les trous de glace o5 ils
,iennent respirer$ Pour sub,enir au ,7tement/
2 la nourriture/ 2 l' abri/ 2 l' armement/ au
transport/ rien !ue les peaux/ les d0enses ou
les os/ l' huile
p;+;
de ces animaux 1 la neige pour 3 prati!uer des
demeures hi,ernales 1 et ce !ue les courants
marins peu,ent re9eter de bois 0lotts sur les
ri,ages A Ce !ue l' esJimau est par,enu 2
raliser a,ec ces mo3ens est extraordinaire$
Nul autre !ue ce spcialiste des rgions polaires
amricaines n' a pu s' accommoder de ce milieu N
cet isolement a protg son originalit$ C' est
a,ec un mlange de bois et de peaux de morses
ou de pho!ues !u' il 0abri!ue ses embarcations/
a,ec les dents ou d0enses de ces animaux !u' il
arme ses harpons 1 il n' est pas 9us!u' 2 l' arc
dont 9adis le bois tait remplac par un
assemblage d' os articuls$ ans l' excution
techni!ue et le 0ini artisti!ue des ob9ets ,aris
!u' exigeait leur genre de ,ie/ 4 les esJimaux/
dit (atGel/ ont ralis de grandes choses 4 $
Ce !u' il 3 a cheG eux de plus remar!uable/
apr.s le ,7tement !ui est l' arme contre le
climat/ ce sont les instruments de locomotion N
le traLneau/ !ue des attelages de chiens 0ont
glisser sur la neige ou le tapis de mousse/
et surtout le caak, la longue et mince
bar!ue cou,erte de cuir/ dans l' ori0ice du!uel
s' introduit le p7cheur et !ui est comme le
prolongement de sa personne$
conclusion. ,es civilisations strotpes :
l' intr7t !u' excitent de nos 9ours ces exemplaires
de ci,ilisations autonomes se 9usti0ie$ )n 3
,oit comment/ spontanment/ indpendamment les
uns des autres/ sur des points tr.s di,ers/ ont
pu s' organiser des genres de ,ie$ Forc de tirer
parti des ressources 0ournies par le milieu/
ne pou,ant 0aire dpendre sa ,ie de l' apport
0aible et alatoire du commerce/ l' homme a
concentr son ingniosit sur un nombre par0ois
tr.s restreint de matriaux/ et a su les plier
2 une extraordinaire multiplicit de ser,ices$
'el a t le rFle du bambou ou du cocotier sous
les tropi!ues/ du dattier ou de l' aga,e dans les
contres arides/ du bouleau dans les rgions
subarcti!ues/ du renne dans le nord de l' ancien
monde/ du pho!ue ou du morse dans le nord du
nou,eau 1 de telle sorte !u' on pourrait/ 2
l' exemple de certains gographes botanistes/
attribuer 2 telle ou telle de ces esp.ces
,i,antes la ,aleur d' un t3pe et en 0aire le
signalement de certains domaines de
ci,ilisation$
6ais/ si intressantes !ue paraissent ces
ci,ilisations/ par cela m7me !u' elles sont
attaches 2 des milieux spciaux/ elles sont
0rappes d' in0irmit$ Il leur man!ue le don de
se communi!uer et de se rpandre$ 'oute0ois/ si
leur dpendance en,ers le milieu local est une
in0riorit/ elle ne 0ait !ue mieux clater en
certains cas la puissance
p;+R
et la ,arit d' in,entions dont l' homme est
capable$ Car il s' en 0aut !ue ces ci,ilisations
autonomes/ !ue nous sommes tents de traiter
de rudimentaires et primiti,es/ soient toutes
au m7me ni,eau et se montrent sur le m7me plan$
Le temps n' est plus o5 le centre a0ricain nous
apparaissait sous l' aspect d' une morne
uni0ormit barbare$ Il 3 a/ ou il 3 a eu parmi
ces socits des degrs di,ers 1 !uel!uesDunes/
comme ces mongbouttous !u' a dcrits
-chXein0Yrth/ taient par,enus 2 un asseG haut
degr d' ,olution/ par comparaison a,ec d' autres
groupes$ Cntre les esJimaux de l' extr7meDnord
de l' ?mri!ue et les 0ugiens de
l' extr7meDsud/ l' ingalit est un abLme N tous
ces peuples pourtant ont eu 2 se dbattre/
li,rs 2 leurs propres ressources/ contre une
nature plus ou moins inhospitali.re$ Le succ.s
a t ingal comme l' e00ort$
)n remar!ue toute0ois/ 2 tra,ers la ,arit des
matriaux 0ournis par la nature/ une
ressemblance dans les procds d' adaptation mis
en oeu,re$ Les instruments !ue l' homme a
0abri!us pour l' atta!ue ou la d0ense/ pour le
transport/ ou comme rcipients/ ne s' cartent
pas sensiblement de certaines 0ormes gnrales$
Kue ce soient la pierre/ l' or/ la co!uille
ou le bois !ui entrent dans leur composition/
la hache/ la massue/ l' arc/ prsentent le m7me
ensemble$ La pirogue creuse dans un tronc/ le
canot d' corce/ le ca3aJ re,7tu de peaux/ le
grement des ,oiles de nattes/ de lin et de cuir
comme cheG les anciens celtes/ di00.rent plus par
les matriaux !ue par les 0ormes$ Ce !ui
s' exprime ainsi/ c' est l' intention !ui prside
2 l' adaptation de la mati.re/ c' est l' lment
in,enti0 par le!uel l' homme 3 imprime sa mar!ue$
Il 3 a dans l' esprit humain asseG d' unit pour
!u' elle se mani0este par des e00ets 2 peu pr.s
semblables$
p;++
chapitre iii. ,es moens de nourriture :
parmi les rapports !ui rattachent l' homme 2 un
certain milieu/ l' un des plus tenaces est celui
!ui apparaLt en tudiant les mo3ens de
nourriture 1 le ,7tement/ l' armement sont
beaucoup plus su9ets 2 se modi0ier sous
l' in0luence du commerce !ue le rgime alimentaire
par le!uel/ empiri!uement/ sui,ant les climats
o5 ils ,i,ent/ les di00rents groupes
sub,iennent aux ncessits de l' organisme$ Il
existe 2 cet e00et une remar!uable di,ersit de
combinaisons N bdouin ou 0ellah ri,erains de la
6diterrane/ europen du centre ou du nord/
chinois/ 9aponais ou esJimau/ chacun a ralis/
a,ec les lments 0ournis par le milieu/ accrus
de ce !u' il a pu 3 9oindre/ un t3pe de subsistance
!ui est entr dsormais dans le temprament/
s' est 0orti0i par les habitudes$ e tous les
caract.res par les!uels les hommes se distinguent
et se signalent entre eux/ c' est celui !ui
0rappe le plus les obser,ateurs primiti0s/
comme le prou,ent ces noms d' ichthophages,
lotophages, galactophages, !ue nous a lgus
la nomenclature des anciens/ les indications
ethnographi!ues d' Brodote sur les peuples de
-c3thie/ ou la mention d' anthropophages
libralement rpandue sur les cartes du
x,ie si.cle$ Cncore au9ourd' hui/ dans notre
Curope m7me/ on ,oit persister/ en domaines
2 peu pr.s impntrables/ les consommateurs
d' huile et de beurre/ de pain de 0roment et de
pain de seigle/ malgr les ni,ellements !u' op.rent/
en cela comme en toutes choses/ les progr.s de
la ,ie urbaine$
Ce n' est pas le cas de traiter ici la rpartition
gographi!ue des mo3ens de nourriture en
gnral 1 notre intention est de montrer
comment persistent sous cette 0orme certaines
in0luences de milieu$ C' est donc dans les rgions
o5 ces in0luences sont le plus battues en
br.che/ c' estD2Ddire dans les rgions
extraDtropicales/ !ue nous prendrons nos
exemples$ ?ussi bien/ la di,ision est naturelle/
c' est celle !ui spare le domaine de la banane
de celui o5 la ,igne et le bl m:rissent
p;+8
con,enablement leurs 0ruits/ en de2 de +> degrs
d' un cFt ou de l' autre de l' !uateur$
i. -tpe mditerranen :
le premier exemple !ui s' o00re est celui du
bassin mditerranen$ Il reprsente un t3pe de
climat bien mar!u/ dont les deux termes
principaux sont des ts secs et des hi,ers doux/
raccords par des saisons de transition plus ou
moins humides$ Puis/ nulle part nous ne pou,ons
sui,re aussi loin dans le pass les traces
d' habitudes stables et de ci,ilisations 0ixes$
ans les plus anciennes tombes d' g3pte on
trou,e le bl/ l' orge/ la 0.,e 1 sur les plus
anciennes peintures 0igurent le 0iguier/ la ,igne/
l' oignon N c' estD2Ddire l' ensemble 2 peu pr.s
complet des plantes nourrici.res dont subsiste
au9ourd' hui le 0ellah$ Cela reprsente d92 une
longue laboration culturale/ une combinaison
!ui a group des plantes !ui 9adis croissaient
2 et l2 en des habitats plus ou moins distincts/
!ui les a 0ait passer de l' tat de sau,ageons
2 celui de plantes per0ectionnes/ adoucies/
assouplies en ,arits di,erses$ L' g3pte a pu
s' enrichir de cultures industrielles/ accueillir
de nou,elles plantes ,enues surtout de &ab3lonie
ou du -oudan 1 le menu de l' indig.ne n' a gu.re
chang$ C' est un ,gtarien/ en !ui s' oppose le
contraste/ si nettement accus dans les po.mes
homri!ues/ a,ec le pasteur nourri de 0romage
de brebis ou de ch.,re et de la chair de ses
agneaux$ Parmi les crales !ui sont le
0ondement de son rgime/ l' orge a t longtemps la
0a,orite 1 seme en no,embre et rcolte en mars
ou a,ril/ elle m:rit plus tFt !ue le bl et/
chose prcieuse dans ces terres d' irrigation/
laisse plus longtemps la place libre pour d' autres
cultures$ 6ais l2/ comme tout autour de la
6diterrane/ le bl n' a pas tard 2 la
supplanter$ Immdiatement sem apr.s les pluies
d' automne/ il pro0ite du bre0 ralentissement
caus par l' hi,er pour pousser dans le sol des
radicelles pro0ondes/ s' 3 impr.gne d' aGote et
d' autres substances !ue plus tard la tige/ en
s' le,ant/ trans0ormera au contact de l' air/
9us!u' au 9our o5 la turgescence 0a,orise par les
derni.res pluies de printemps aboutira/ sous la
chaude et s.che in0luence de l' t mditerranen/
2 la 0ormation de l' pi$ Le c3cle de la plante
se moule exactement sur celui des saisons 1 2
cha!ue tape de croissance correspond un
optimum de conditions propices$ Ce bl dur
des pa3s mditerranens doit 2 l' abondance du
gluten ses !ualits minemment nutriti,es/ et
demeure ainsi dans ces rgions l' aliment par
excellence N manger du pain, cheG les grecs
modernes/ est s3non3me de manger.
p;+=
toute l' anti!uit classi!ue distingue comme
principaux mtiers de la terre le labourage et la
plantation 1 celui !ui produit l' orge sacre
ou le bl/ et l' habile 9ardinier !ui/ par la
gre00e ou la taille/ per0ectionne les produits
d' arbres ou arbustes dont les pro0ondes racines
bra,ent la scheresse esti,ale$
L' art de 'riptol.me a pour complment/ dans les
ides anciennes/ celui !ue les habiles
horticulteurs phniciens ont traditionnellement
transmis 2 leurs successeurs actuels de -0ax ou
de VerJennah$ Pour comprendre l' importance
alimentaire de ces cultures d' arbres/ il 0aut
les associer 2 celles !ui se multiplient 2 leur
ombre N aux tapis d' orge/ 0.,es ou bl/
garnissant/ sous le mince 0euillage de l' oli,ier/
les gradins en terrasses 1 2 ces ,ignes courant
en 0estons le long des branches de 0r7ne en
Vab3lie/ d' ormeaux ou d' rables en Italie 1
2 ce luxuriant 9ardinage o5 prosp.rent sous les
0iguiers/ p7chers/ ou autres arbres 2 0ruit/ les
piments/ salades/ courges/ melons et past.!ues/
dont se compose la table ou,erte o5 se complaLt
le mditerranen$ Il 3 trou,e/ dans les br:lants
ts/ ce !u' il 0aut pour tancher sa soi0 ou pour
stimuler son apptit engourdi$
Parmi ces arbres il en est un !ue la bible nomme
le roi de tous 1 et peutD7tre ce titre dcern
2 l' oli,ier surprendrait ceux !ui n' ont pu
,ri0ier de visu le rFle !u' il 9oue dans
l' alimentation des peuples berb.res$ L' huile
d' oli,e dans l' ?0ri!ue du nord et les rgions
ad9acentes du sud de la 6diterrane/ est un
ob9et de consommation bien plus !ue
d' exportation$ L' arbre producteur/ tr.s
anciennement per0ectionn par la culture/ et si
bien adapt au climat mditerranen !u' apr.s
plusieurs si.cles de dure il persiste 2 se
renou,eler/ 2 se propager par re9etons/
accumule lentement dans son 0ruit les substances
grasses/ riches en carbone$ Il ne s' coule pas
moins de six mois entre l' po!ue de la 0loraison/
!ui a lieu en a,ril/ et celle de la maturation
!ui commence en no,embre$ C' est 2 la 0a,eur de
cette longue laboration !ue se concentrent dans
le 0ruit les sucs !ue/ par ses longues racines/
par son 0euillage prenne/ l' oli,ier emprunte 2
l' air et au sol$ Il en rsulte un produit de
mati.res grasses/ !ui peut 2 la rigueur tenir
lieu de ,iande/ et !ui la remplace en e00et
pres!ue enti.rement dans l' alimentation
ordinaire du berb.re$ Kui a ,u la galette de
0roment 0rotte d' huile consomme !uotidiennement
cheG nos indig.nes d' ?lgrie/ a pris sur
le 0ait un de ces t3pes de rgime alimentaire
depuis longtemps 0ixs/ !ui se transmettent de
si.cle en si.cle$ ?ux 9ours de 07te sont rser,s
le mouton/ 4 l' agneau pascal 4 / et ces distributions
de ,iande par t7te d' habitant m@le/ sont prati!ues
encore en pa3s berb.re$
p;+<
ii. -tpe amricain, le ma%s :
comme l' arbre de 6iner,e/ le maIs/ dans les
climats chauds/ mais 2 pluies de printemps
prolonges dans la premi.re partie de l' t/ est
aussi un de ces ,gtaux nourriciers !ue la
reconnaissance des hommes honore d' un culte$
Kuand les pluies d' t ncessaires 2 la
prosprit de la plante se 0ont attendre/ on
,oit encore les indiens pueblos !ui habitent
dans le Colorado le pied des 6ontagnes
(ocheuses/ in,o!uer par des processions/ dont
les participants balancent dans cha!ue main un
pi de maIs/ l' arri,e du phnom.ne bien0aisant$
e m7me !ue le bl s' associe 2 notre ci,ilisation
classi!ue/ de m7me le maIs est insparable du
d,eloppement de la ci,ilisation amricaine$
Kuand les europens arri,.rent en ?mri!ue/ ils
trou,.rent cette plante culti,e aussi bien sur
les bords du 6assachusets/ !ue sur les plateaux
du 6exi!ue et du Prou$ es grains ont t
dcou,erts plus tard dans les mounds ou
tumuli de la ,alle du 6ississipi$ Clle
a,ait d92 donn lieu 2 de nombreuses ,arits/
assouplies 2 des climats asseG di,ers/ bien !ue
ne dpassant gu.re au nord le 8= e degr de
latitude$ ?ussi le maIs/ pour les amricains
d' au9ourd' hui comme pour ceux de 9adis/ estDil
le corn, la graine par excellence/ comme le
bl pour le mditerranen$ -ur les hauts plateaux
du Prou/ il 0ormait/ a,ec la pomme de terre
et le !uinoa/ la base de la nourriture$ Il
s' associait au 6exi!ue a,ec des lgumineuses/
telles !ue le !ripol ou haricot noir/ et il
3 trou,e 2 cFt de lui l' !ui,alent du ,in de
palmier dans le pulque, li!ueur 0ermente
obtenue par incisions de la hampe 0lorale du
mague ou aga,e/ une de ces plantes 2 tout
usage !ui 0ournissent 2 la 0ois boisson/
nourriture et ,7tement$
Le maIs a cess depuis longtemps d' 7tre une
culture exclusi,ement amricaine 1 mais c' est
encore aux tatsD*nis !ue se trou,e le centre
de la production/ en,iron P> pour ;>> de la
rcolte mondiale 1 et l' on sait !uelle est/
par l' le,age de porcs au!uel elle donne lieu/
l' importance !u' il occupe dans l' conomie rurale
de la grande rpubli!ue$
Le maIs est donc/ au m7me titre !ue le bl/ le
riG/ la ,igne/ le th/ Dpour ne citer !ue les
principales plantes !u' a adoptes l' alimentation
humaine/ Dun de ces ob9ets de transmission !ui
ont ser,i de ,hicules 2 la ci,ilisation
gnrale$ C' est en ?mri!ue/ peutD7tre cheG
les chibchas de Colombie/ !ue sa culture a pris
naissance 1 et de l2 elle s' est rpandue dans
l' Curope mridionale/ en ?0ri!ue et 9us!ue
dans le nord de la Chine$ Comme ceux !ui
recueillirent le bl parmi les tou00es de
crales sau,ages des ,alles de l' ?sie
occidentale/ ou
p;+O
ceux !ui prirent l' initiati,e de culti,er le riG
dans les 0la!ues abandonnes par les crues
priodi!ues de 0leu,es de l' ?sie des moussons/
la reconnaissance doit aller 2 ces indig.nes
d' ?mri!ue !ui surent choisir/ prser,er et
di,ersi0ier par la culture une plante !ue ses
graines lourdes et peu transportables eussent
probablement expose 2 une prompte disparition$
Ce n' est pas un mdiocre legs de ces ci,ilisations
dites primiti,es/ !ue le don de cette culture
nourrici.re !ui a pris/ partout o5 elle s' est
tablie/ une remar!uable signi0ication sociale$
La rapidit de sa croissance contribua peutD7tre
2 entretenir cheG les indig.nes des habitudes
peu 0ixes$ 6ais elle aida 2 la colonisation de
l' ?mri!ue 1 car/ 0acile 2 culti,er 2 la main
et sans charrue/ prompt 2 porter des graines !ui
2 l' tat laiteux/ au bout de sept 2 huit semaines/
sont d92 comestibles/ le maIs 0ut/ sous 0orme
de graines/ de 0arine/ ou de grains grills/
le ,iati!ue des explorateurs et des pionniers/
ainsi !ue plus tard la pro,idence du petit
0ermier au!uel/ par sa croissance rapide/ il
pa3a les 0rais de premier tablissement$ Introduit
dans notre Curope/ il laissa place entre ses
tiges espaces 2 des cultures subsidiaires de
courges/ haricots/ tomates/ tournesols/ et
0acilita pres!ue partout/ depuis l' ?!uitaine
9us!u' 2 la brian7a lombarde et 2 l' )ltnie
,ala!ue/ l' existence du petit propritaire
,i,ant de son propre tra,ail sur sa terre$
In0rieur au bl en gluten/ mais riche en
carbonates h3drats propres 2 l' engraissement
et en glucose/ la 0arine de maIs entra sous des
noms di,ers &tortilla, polenta, mamaliga'
dans l' alimentation !uotidienne des classes
rurales d' une partie de l' Curope mridionale$
iii. -tpe europen central :
0ondamental en ?mri!ue/ le maIs/ en Curope/
n' a 0ait !ue s' a9outer 2 une table d92
richement ser,ie$ epuis longtemps/ s' a00irme
la distinction entre les consommateurs
mridionaux d' huile et de pur 0roment/ et les
populations !ui leur sont contiguSs au nord du
domaine mditerranen$ Ku' il 3 e:t dans cette
mo3enne Curope celti!ue et danubienne/ !ui
s' tend au nord du 8= e degr de latitude/ une
,arit de mo3ens de nourriture 0onde sur
certaines prati!ues d' conomie rurale/ c' est
ce !ue l' archologie/ 2 d0aut de l' histoire/
laisse apparaLtre$ )n entre,oit/ d.s les ,ie
et ,e si.cles a,ant QsusDChrist/ aux lueurs
des ci,ilisations de la '.ne et de Ballstatt/
aux dbris des stations lacustres/ une srie de
domaines nourriciers/ 0ormant il est ,rai
plutFt des pro,inces autonomes !u' un ensemble/
mais participant 2 l' en,i aux 0a,eurs d' un
climat ensoleill/ !ui laisse largement 2 la
,gtation six mois au moins de temprature et
de pluies propices$
p;+M
Le sol s' 3 partageait naturellement entre espaces
dcou,erts dont les arbres ne sont pas exclus/
et 0or7ts o5 dominent les arbres 2 0euilles
cadu!ues$ C' est dans ce cadre !ue se sont 0ixs
les groupements et les habitudes des populations
rurales$
Les tmoignages anciens/ ceux de Pol3be/ -trabon/
Pline/ d' Brodote m7me sont unanimes sur
l' abondance nourrici.re et le nombre des
populations 1 ce n' est pas d' hier !ue la
multitude des peuples tablis au coeur de
l' Curope est un ob9et d' tonnement et un peu de
crainte pour les mditerranens$ 6ais en m7me
temps des di00rences se mani0estent a,ec les
contres de ci,ilisation plus ancienne$ )n
discerne un tat conomi!ue moins uni0i/ plus
imprgn de localisme !ue celui des ri,erains de
la 6diterrane$ Chacun de ces peuples/ gaulois/
germains/ ill3riens/ daces/ thraces/ sarmates/
a ses habitudes propres d' alimentation et de
boisson N di,erses sortes de mils/ surtout cheG
les sla,es et dans l' est de l' Curope/ le seigle
ou l' peautre cheG les germains/ le mil et le
seigle 2 cFt du bl cheG les lacustres de
l' Curope centrale 1 comme boissons dri,es/
ici la cer,oise/ la bi.re de 0roment/ l' h3dromel/
peutD7tre d92 la tsuica ,ala!ue/ li!ueur de
prunes$ Certaines cultures spciales/ comme
l' peautre/ ont encore conser, un reste
d' existence dans !uel!ues cantons de -uisse
allemande ou de -ouabe 1 mais !uoi!ue le bl
et la ,igne/ a,ec leur escorte d' arbres 0ruitiers
originaires d' )rient/ aient pres!ue
enti.rement pr,alu/ les habitudes nourrici.res
contractes dans cette partie centrale de
l' Curope/ apr.s a,oir t 9adis modi0ies dans
une certaine mesure par la con!u7te de (ome/
ne c.dent !ue lentement de nos 9ours 2 celles
!ue propage autour d' elle la ,ie urbaine$
Les conditions de climat et de sol !ui ont
0a,oris ce remar!uable d,eloppement se trou,ent
runies en Curope entre 8= et == degrs en,iron
de latitude N de l' ?!uitaine au nord de
l' ?ngleterre/ de la Lombardie au sud de la
-candina,ie/ de la pninsule balJani!ue 2 la
rgion de 6oscou$ Plus au sud une 0@cheuse
restriction est oppose par la scheresse des
ts et la pnurie de terre ,gtale 1 plus au
nord c' est la 0r!uence des geles et la bri.,et
de la saison chaude/ !ui abr.gent et
compromettent les cultures$ 6ais dans l' inter,alle
un asseG ,aste domaine s' ou,re 2 des
possibilits !ue l' homme a largement mises 2
pro0it$
Le mot de 4 pa3sage de parc 4 !u' on appli!ue par0ois
2 la ph3sionomie de cette partie de l' Curope
rpond plutFt 2 un tat primiti0 !u' 2 une
ralit prsente 1 car entre les cultures et les
arbres dont nos exigences alimentaires ont 0ait
lection/ un classement s' est tabli/ des
groupements plus ou moins s3stmati!ues ont
remplac le libre
p;+P
enche,7trement des esp.ces$ La 0or7t/ !uand elle
n' a pas disparu/ s' est retranche sur de certains
sols/ 2 de certains ni,eaux 1 et tandis !ue les
cultures de crales re,endi!uaient des champs ou
espaces libres/ c' est sui,ant des dispositions
spciales !ue se sont ordonnes les nombreuses
esp.ces d' arbres !ue l' homme a admis 2 concourir
2 son alimentation$ La plupart se sont rallis
2 porte des groupements humains/ comme des
0a,oris !u' on aime 2 ,oir N c' est ainsi !ue/
sui,ant les terrains et les lieux/ le ch@taignier/
le no3er/ pour ne citer !ue les plus rpandus/
sont les compagnons 0id.les des maisons rurales
ou des ,illages$ Plus d' ailleurs on
s' a,ance ,ers le nord/ plus il con,ient de tenir
compte de l' orientation/ des ncessits de
l' obli!uit croissante des ra3ons solaires N
aussi ,oitDon s' tager sur les pentes 0a,orises
tantFt ces ch@taigneraies en gradins !ui
cou,raient les 0lancs du %i,arais/ tantFt les
pruniers !ui/ de l' ?!uitaine 2 la pninsule
balJani!ue/ pars.ment les 0lancs des collines le
mieux abrites$ 2 cFt des champs !ui s' talent/
ces arbres et lgumes culti,s en 9ardins/
rassembls en ,ergers ou courtils autour des
habitations/ reprsentent une des deux 0aces/
et non la moindre/ de la ph3sionomie nourrici.re
!ue l' homme/ aidant la nature/ a imprime 2 ces
contres$ -i la ch@taigne ne 9oue plus
au9ourd' hui dans l' alimentation humaine le m7me
rFle !ue lors!u' elle supplait en hi,er 2
l' insu00isance des pro,isions de crales/ on
,oit encore/ 2 la densit de populations !ui
correspond 2 la ch@taigneraie/ la preu,e de
l' attraction !u' elle a exerce sur les hommes$
Le no3er/ outre son 0ruit/ 0ournit son huile 2 la
consommation 9ournali.re$ La rcolte du prunier
o00re en -erbie et dans l' )ltnie ,ala!ue
l' image de 9oie !ui s' associe 2 nos
,endanges$
)n pourrait s' tonner/ puis!ue la 0or7t s' oppose
aux cultures/ de l' importance !ui lui est
accorde dans les proccupations des hommes
d' autre0ois/ de la 0r!uente rptition/ dans les
chartes ou contrats ruraux/ de clauses !ui la
concernent$ e toutes les raisons !u' on pourrait
allguer 2 ce propos/ besoin de combustible/ de
matriaux ou simplement de chasse/ la principale
est sans contredit son utilit pour l' le,age$
Il n' est pas rare !u' on aperoi,e/ dans des
espaces au9ourd' hui compl.tement dboiss/ un
ch7ne isol !ue le hasard/ !uel!ue superstition
peutD7tre/ ont prser,$ Ce patriarche est le plus
sou,ent le dernier tmoin !ui subsiste de ce bois
ou de ces bo!ueteaux/ !u' ont maintenant remplacs
les cultures/ mais !ui 9adis tenaient pr.s d' elle
leur rFle$ 4 !uand on 0euillette/ dit un
0orestier allemand/ Hradmann/ les collections
de chartes du haut mo3en @ge/ on ne trou,e
pres!ue 9amais le nom du bois/ sans !ue celui
du porc n' 3 soit mentionn$ 4 m7me chose cheG
nous/ o5 la glande est si 0r!uemment
p;8>
l' ob9et de transactions et clauses spciales$ Les
nombreuses ,arits de ch7nes 2 0euilles cadu!ues/
et subsidiairement les arbres 2 0agnes comme
le h7tre/ sans parler du ch@taignier/ taient
regards comme nourriciers/ comme indispensables
lments d' conomie rurale/ par opposition aux
esp.ces !ui n' ont pour elles !ue leur beaut
esthti!ue ou leur rFle trop mconnu d' agents
naturels$ *ne ide d' utilit prati!ue et
!uotidienne s' 3 attachait$
?,ant !ue l' introduction du maIs/ et plus tard
celle des cultures industrielles eussent
0acilit et tendu encore l' le,age du porc/ cet
animal proli0i!ue 0ut une des ressources !ui
assuraient l' existence humaine N cela n' a pas
chang$ Il grouille dans les rues des ,illages/
il cohabite a,ec le pa3san/ son engraissement
est un ob9et de tendres proccupations/ son
sacri0ice 0ait date dans le calendrier rural$
?,ec sa chair et ses relie0s de toutes sortes/
d:ment manipuls et conser,s/ se compose pour
l' anne le menu pres!ue exclusi0 d' alimentation
carne$ Ct les choses ne se passent pas
autrement !ue lors!ue les 9ambons de Haule
0aisaient 0igure aupr.s de la gastronomie
romaine/ ou !ue les textes anciens nous
parlaient d' innombrables troupeaux de porcs
,agabondant dans la 4 Pannonie glandi0.re 4 $
iv. -tpe europen septentrional.
tout ce 0aisceau de cultures nourrici.res se
dnoue 2 mesure !ue le ch7ne 0ait place aux
essences aciculaires/ la terreDnoire aux sols
pau,res en humus/ et !ue la ,gtation des
plantes annuelles cesse de disposer de !uatre ou
cin! mois de hautes tempratures N le porc
dsormais 0ait d0aut 2 l' le,age/ le
maIs et le bl d' hi,er aux crales 1 a,ec eux
disparaissent nombre d' arbres 0ruitiers/ et
surtout le cort.ge de lgumineuses ,aries/
0.,es/ lentilles/ haricots/ pois/ !ui contribuent
pour une si 0orte part 2 l' alimentation des
peuples d' Curope N in,asion ,enue du sud !ui
expire ,ers 6oscou$
Il semblerait donc !u' au nord du == e degr de
latitude/ l' conomie rurale n' e:t !u' 2
enregistrer un appau,rissement successi0$ 6ais
c' est alors !u' au nordDouest/ et 9us!u' asseG
a,ant dans le nord/ les a,antages du climat
ocani!ue entrent en 9eu$ Certains ,gtaux
tels !ue le chou/ les ra,es ou na,ets 2 racines
charnues/ probablement indig.nes dans l' Curope
occidentale/ ont tenu de bonne heure leur place
dans le rgime alimentaire des peuples celtes
et germani!ues$ ?,ec le seigle/ crale rusti!ue/
et l' orge/ !ui entre toutes les crales se
contente du c3cle le plus court/ ces plantes ont
2 pour,oir 2 la nourriture ,gtale des hommes/
en attendant les ressources subsidiaires !ui sont
,enues
p;8;
s' 3 a9outer par la suite$ Ce sont ces graines !ui/
a,ec l' a,oine/ ont contribu 2 0ixer/ tr.s loin
,ers le nord/ des populations agricoles$ Les
trou,ailles archologi!ues en donnent la preu,e$
)n discerne distinctement ces spcimens
d' ancienne agriculture dans l' empreinte !u' ils
ont laisse sur la p@te encore molle de poteries
!ui ne datent pas de moins !ue de l' po!ue
nolithi!ue$
Ces ,ents d' ouest !ui/ par la 6anche/ la mer du
Nord et la &alti!ue/ prolongent 9us!u' au nord
du lac Ladoga les in0luences ocani!ues/
compensent la 0aiblesse de l' insolation et la
bri.,et des ts par une douceur relati,e de
temprature !ui restreint les ris!ues de geles/
et !ui surtout engendre une humidit 0a,orable
2 l' herbe$ ans la rapide croissance des prs/
le d,eloppement des parties tendres des a9oncs
et autres plantes de l' ouest/ la ,ache laiti.re
de proportions modestes trou,e des conditions
aussi propices !ue le porc dans les pa3s 2
graines/ !ue le mouton dans la Gone
miDpastorale et miDagricole !ui borde les contres
arides$ Cette 0acilit 2 trou,er sa subsistance
en a 0ait une proprit accessible aux plus
pau,res/ comme la ch.,re en d' autres pa3s$ Par
l2 a commenc de se gnraliser en Curope
l' usage alimentaire du lait/ au!uel les grands
peuples agriculteurs de l' Cxtr7meD)rient sont
obstinment rests r0ractaires$ *ne crale
longtemps ddaigne par les peuples du midi/
l' a,oine/ a d: aux m7mes circonstances de climat
sa 0ortune$ -ans a,oir une maturit aussi
rapide !ue l' orge/ elle dispose nanmoins
9us!ue dans l' intrieur de la -candina,ie
d' une dure su00isante entre les geles de
printemps et d' automne$ C' est elle !ui/ dans
la Gone des herbages/ de,ient de plus en plus la
crale 0a,orite 1 soit !u' elle 0ournisse 2
l' homme une nourriture combine a,ec le laitage/
le porridge cher aux cossais 1 soit !u' elle
ser,e 2 l' engraissement du btail bo,in/ hFte
naturel de cette Gone de cultures$ Cn0in/ ce
t3pe de genres de ,ie/ d92 constitu dans le
nordDouest de l' Curope/ s' est enrichi d' un
auxiliaire inattendu a,ec une plante ,enue du
Prou/ la pomme de terre$ 6oins borne dans ses
exigences !ue l' a,oine/ a3ant aussi des
pr0rences pour un rgime doux et plu,ieux/
elle a 0ourni un appoint de premier ordre aux
besoins nou,eaux ns de la ci,ilisation
contemporaine$
Il 0allait en e00et une srie d' ac!uisitions
supplmentaires pour assurer l' existence de
populations dont les rangs n' ont cess de
s' paissir depuis un si.cle et demi en,iron$
L2 o5 l' insu00isance des chaleurs d' t
s' opposait au rendement des crales/ comme en
Irlande ou dans les grass counties
d' ?ngleterre/ l2 galement o5 les tourbi.res et
marcages laisss par les anciens glaciers
durent 7tre coloniss comme en -candina,ie
et dans le nord de l' ?llemagne/ de nou,eaux
groupes
p;8R
d' habitants se sont 0orms et ont grossi$ Nulle
part/ en ces deux derniers si.cles/ l' Curope
n' a ,u un plus rapide accroissement de population$
Il a coIncid/ comme e00et et cause/ a,ec le
d,eloppement de la grande industrie et des
agglomrations urbaines$ C' est 9ustement au
seuil de cette Gone/ entre => et == degrs de
latitude/ !ue s' chelonnent les principaux
bassins houillers o5 l' emploi de la 0orce
mcani!ue de la ,apeur a localis les
principaux 0o3ers industriels du monde$ *ne
norme demande de mo3ens de nourriture a t le
rsultat de cette r,olution dmographi!ue$
Non seulement les produits du monde entier ont
t attirs ,ers les ports d' appro,isionnement/
mais une impulsion extraordinaire a t donne
sur place aux cultures !ue 0a,orisait le climat
et !ue rclamaient les exigences des habitants$
Par exemple/ la pomme de terre ser,it au
x,iiie si.cle 2 la colonisation d' une partie
de la Prusse 1 elle rend possible au9ourd' hui
l' existence de petits groupes de culti,ateurs
au seuil des rgions arcti!ues$
)n peut donc sui,re de nos 9ours une ,olution
!ui se propage dans l' Curope septentrionale/
et de l2 se communi!ue 2 d' autres contres en
,ertu de certaines analogies de conditions
gnrales$ Ce 0ut 9adis 2 la 0a,eur des
changements conomi!ues !ui sui,irent la con!u7te
romaine/ !ue le bl/ la ,igne et d' autres
cultures du sud ac!uirent une expansion nou,elle
!ui les porta 9us!u' 2 leurs extr7mes limites
au nord$ Le christianisme/ 2 son tour/ contribua
2 les reculer 1 la ,igne gagna encore ,ers le
nord un terrain !u' elle n' a pu conser,er/ et ce
n' est !u' 2 la 0in du xiie si.cle !ue la culture
du bl atteignit la Nor,.ge$ e m7me/ nous
assistons au9ourd' hui 2 l' extension d' un t3pe de
nourriture !ui a des origines lointaines/ mais
dont le d,eloppement est rcent$ ans ce rgime/
la pomme de terre/ comme les cultures propices
2 l' le,age/ la ,iande de boeu0 et les produits
de 0abrication laiti.re 9ouent un rFle capital$
Les statisti!ues attestent ce mou,ement$ Cn
Finlande/ tandis !ue/ dans ces derni.res annes/
une sensible diminution s' est mani0este dans
les ,ieilles cultures d' orge et de seigle/ on
constate l' augmentation notable de la pomme de
terre et de l' a,oine$ anemarJ/ -u.de
mridionale/ Finlande/ Nerlande de,iennent
producteurs et exportateurs de plus en plus
acti0s de beurre et 0romage/ comme la -ibrie
occidentale/ le Canada et peutD7tre demain le
sud du Chili$ Car la consommation de ces produits
s' accroLt sans cesse/ non seulement dans les
contres o5 ils constituent une culture
naturelle/ mais partout o5 ,a se multipliant
et s' accroissant la ,ie urbaine 1 la production
du lait et le d,eloppement des ,illes
apparaissent comme deux 0aits s3nchroni!ues et
connexes$ es causes gographi!ues et sociales
se combinent ainsi dans un rsultat commun$
p;8+
v. -tpes asiatiques :
le ri7. Dl' ?sie des moussons/ de l' Inde
orientale 2 la Chine/ a aussi cr
ses t3pes d' alimentation$ 2 la 0a,eur des
pluies d' t/ de l' impulsion puissante !u' elles
impriment 2 la ,gtation/ se d,eloppe tout un
groupe de plantes nourrici.res/ capables de
parcourir en !uel!ues mois leur c3cle et de
par,enir simultanment 2 maturit$ C' est dans
ce groupe !ue le peuplement humain/ si prcoce
dans cette partie du globe/ a trou, les
lments de s3st.mes rguliers de subsistance$
Il 3 a parmi elles une crale particuli.rement
dsigne par la clrit de sa croissance et par
sa ,aleur nutriti,e sans gale sur un espace
restreint N recueilli peutD7tre 2 l' tat sau,age
dans les ca,its lacustres &jhils' !ue
laissent apr.s elles les crues priodi!ues des
grands 0leu,es de l' Inde/ le riG est de,enu la
plante de culture par excellence$ C' est d' elle
!ue s' est empare l' industrie humaine/ pour
en multiplier 2 un degr incro3able les ,arits/
pour en tirer/ par une srie d' oprations
rclamant un emploi minutieux de mainDd' oeu,re/
le bn0ice de plusieurs rcoltes annuelles$
L' amnagement des eaux dans les cadres disposs
pour les rece,oir/ le degr d' immersion de la
plante/ la transplantation et le repi!uage 2 la
main de cha!ue brin/ sans parler des
manipulations !ui sui,ent la moisson (grenage/
dcorticage/ etc$)/ exigent des hommes tout le
concours d' attentions/ de soins/ d' expriences
lentement amasses/ de collaboration 0amiliale
ou sociale/ dont ils sont capables$
Ce n' est donc pas asseG de dire !ue le riG est
pour des centaines de millions d' hommes la base
de nourriture 1 c' est aussi/ dans les rgions
o5 cette culture s' est implante comme
prpondrante/ un s3mbole de ci,ilisation$
Le contraste est 0rappant/ sous ce rapport/
entre les peuples hindous/ malais et chinois/
cheG les!uels s' est implant le tra,ail
mthodi!ue/ et les peuples tropicaux mlansiens
ou papous/ aux!uels la moelle 0arineuse du
palmierDsago ou l' arbre 2 pain 0ournissent/
2 moins de 0rais/ une nourriture lmentaire !ui
leur su00it$
tpe chinois. D!uelle !ue soit la contre
o5 la culture du riG ait pris naissance/ elle
a con!uis/ dans la direction trace par les
moussons asiati!ues/ une Gone si tendue !ue le
tribut !u' elle 0ournit 2 l' alimentation s' accroLt
d' une grande ,arit de supplments sui,ant
les contres$ Il s' associe dans l' Inde du nord
2 di,erses esp.ces de mils aux noms tr.s anciens
&jo-ari, bajri, ragi' et 2 certaines
crales ou lgumineuses 0ournies/ gr@ce 2 la
douceur de l' hi,er/ par la rcolte
p;88
du printemps !ui prc.de les premi.res semailles
de riG$ Le poisson d' eau douce/ dans les deltas/
les basses ,alles/ les terres successi,ement
no3es et dcou,ertes/ s' a9oute comme mo3en de
nourriture/ le m7me compartiment de,enant tour
2 tour ,i,ier et riGi.re$ Comme ailleurs le
0aucon a t utilis pour la chasse/ l' ingnieux
chinois a su/ par des procds appropris/
utiliser les ser,ices du cormoran pour la
p7che$ Le canard/ ,olatile naturel de ces
rgions amphibies/ lui 0ournit/ a,ec le porc/
le seul supplment de nourriture carne !ui
s' a9oute 2 son ordinaire 1 car il ignore
l' le,age et il laisse aux montagnards et aux
barbares des steppes la nourriture lacte$ La
mer est/ pour les populations des pro,inces
maritimes du sud/ Canton et Fo Vien/ une
grande pour,o3euse de ces produits di,ers !ui
sont pour nous la principale originalit de la
cuisine chinoise$ 6ais le chinois est loin d' 7tre
au m7me degr !ue le 9aponais un ichth3ophage$
C' est 2 son sol 0cond et minutieusement amend
!u' il emprunte le principal de sa subsistance$
?ussi excellent maraLcher !ue mdiocre
arboriculteur/ il use a,ec a,idit des ,gtaux/
cleris/ na,ets ou chalotes !u' obtient son
tra,ail 2 la b7che$ 6ais toute0ois/ dans ce
climat !ui ne tarde pas/ en s' a,anant au nord/
2 a,oir ses rigueurs/ le besoin d' une nourriture
plus substantielle !ue le riG se 0ait sentir 1
le riG/ d' ailleurs/ cesse au nord du +R e degr
de latitude/ d' 7tre la culture principale$ Le
supplment ncessaire est emprunt 2 di,erses
esp.ces de doli!ues ou haricots aux!uels se
pr7te mer,eilleusement le nord de la Chine et
!ui/ de temps immmorial/ sont entrs dans
l' alimentation populaire$ Le soja mrite/
entre autres plantes d92 signales au m7me
titre/ la reconnaissance de l' humanit$ -a graine
9oint 2 ses !ualits nutriti,es des proprits
olagineuses !ui permettent d' en tirer des
prparations analogues 2 l' huile et au beurre/
et d' en composer un !romage vgtal
(teouD0ou) !ui 0ournit un aliment transportable
et !ui est/ parmi ces populations si denses/
une ressource particuli.rement apprcie du
bas peuple$
tpe japonais. Dparmi les emprunts !ue le
Qapon a 0aits 2 la Chine/ le riG et le th sont
peutD7tre ceux !ui ont le plus pntr dans les
habitudes/ a00ect le 0ond m7me de la
ci,ilisation$ Leur introduction paraLt
relati,ement rcente$ C' est ,ers le commencement
de l' .re chrtienne !ue 0urent entrepris/ sous
l' impulsion d' un empereur no,ateur/ les tra,aux
d' irrigation et les amnagements ncessaires 2 la
di00usion de la culture du riG$ Kuant 2 la
culture et 2 l' usage du th/ ils paraissent
contemporains de l' introduction du bouddhisme
entre le ixe et le xiie si.cles$ C' est comme
signes de ci,ilisation suprieure/
p;8=
et dans le cort.ge des ac!uisitions successi,es
!ui en grossirent le patrimoine/ !ue le riG et
le th ,inrent s' ad9oindre aux habitudes
traditionnelles$ Le climat/ du moins 9us!ue ,ers
la partie septentrionale de la grande Lle
Bondo/ imbib de pluie/ baign de soleil/
ralisait les conditions idales/ et plus encore
le soin mticuleux/ la ,igilance attenti,e et
l' amour !ue le 9aponais consacre 2 toutes les
choses du sol$ Ce ra00inement de ci,ilisation
a donc gagn de proche en proche 1 il a t
adopt dans ce monde 9aponais plus compl.tement
sans doute !ue ne le seront 9amais les mo3ens
de nourriture !u' on essaie d' importer
au9ourd' hui d' Curope ou d' ?mri!ue$ 6algr
tout cependant/ il garde le caract.re d' une
chose de luxe$ Le riG/ du moins dans le nord/
est un aliment rser, aux riches ou aux malades$
Le th/ par le crmonial !ui accompagne son
usage/ par l' aspect artisti!ue des rcipients
!ui lui sont consacrs/ est un de ces lments
!ui 0ont partie de l' ti!uette protocolaire par
la!uelle se distingue le 9aponais de bon ton$
6ais/ sous ces produits d' adoption/ subsistent
les habitudes d' alimentation populaire/ tr.s
anciennement enracines$ Les 0or7ts/ !ui 9adis
0ormaient limites entre les principauts ou
cantons/ 0ournissaient un abondant gibier/ et
laissaient entre elles des clairi.res/ o5 des
cultures de mils et de lgumes sub,enaient 2
l' alimentation locale$ C' est surtout sur place/
et 2 part dans chacun des compartiments naturels
!ui di,isent la contre/ !ue s' obtenaient les
mo3ens de nourriture$ 'oute0ois une ressource
gnrale pro,enait des ri,ages poissonneux !ui
bordent les mers 9aponaises$ Les esp.ces
0oisonnent au contact des courants !ui s' 3
rencontrent N harengs par multitudes immenses/
sardines/ ma!uereaux/ sans oublier les s!uales
!ui 0igurent en masses dans l' alimentation
9aponaise$ Il n' 3 a pas d' autre exemple d' un
grand peuple tirant de la mer le principal de sa
nourriture$ -es p7cheries sont au9ourd' hui
parmi les plus importantes du monde 1 on peut
prsumer !u' elles 0urent la raison de la densit
prcoce des habitants de cet archipel$ )n
,aluait rcemment 2 R$ +8>$ >>> le nombre de
personnes ,i,ant directement ou indirectement
de la p7che cFti.re$ La 0orme troite et allonge
de cet archipel entrecoup rend partout ais
le transport du poisson 0rais 1 c' est ainsi !u' il
n' est point de ,ille ou ,illage 2 l' intrieur
o5 ces produits de la mer ne se consomment
!uotidiennement/ sous toutes les 0ormes/ cuits
ou m7me crus/ assaisonns en ce cas et dcoups en
tranches 1 poissons ou m7me re!uins remplissent
le rFle des animaux de boucherie sur nos
marchs A
)n peut incul!uer 2 ces peuples nos industries 1
mais persuader chinois et 9aponais de se nourrir
2 l' europenne est peutD7tre auDdessus des
0orces du commerce$ Il 3 a des habitudes r0ractaires/
p;8<
congnitales au climat/ enracines dans les
tempraments/ contre les!uelles le temps ne peut
rien$ 'andis !ue l' exploitation pastorale de nos
?lpes a d,elopp dans l' air pur et sain des
hautes rgions l' le,age et les habitudes
alimentaires !ui en dri,ent/ le chinois/
cart des montagnes par les miasmes et les
0i.,res !u' 3 engendre le climat des moussons/
s' est acharn 2 tirer des plaines et des pentes
de collines les lments de sa nourriture$
'andis !ue les ts secs de l' ?sie occidentale/
concentrant la sa,eur du 0ruit/ ont incit les
habitants 2 per0ectionner les cultures d' arbres
0ruitiers/ cet art dlicat est rest tranger
aux peuples d' Cxtr7meD)rient 1 et le 9aponais
luiDm7me/ cet artiste en 9ardins/ ce peintre de
branches 0leuries/ ne s' 3 est point essa3$
?u lieu du grain de raisin/ graduellement gon0l/
puis lentement labor par nos beaux automnes/
c' est la 0euille de l' arbre 2 th/ dont les
gnrations se succ.dant de cueillette en
cueillette 2 tra,ers la saison des pluies/
0ournissent l' arome d' un breu,age de,enu/ 2
l' gal du ,in et du ca0/ un de ces stimulants
dont l' homme se 0ait un besoin et !u' il propage
par le commerce$
vi. -propagation des tpes de culture :
la ci,ilisation s' est empare de ces cultures
0a,orites 1 elle en a tendu au del2 de toutes
pr,isions le domaine primiti0$ Clle a su tirer
de la plante originelle une 0oule de ,arits
adaptes 2 di,ers genres de climats 1 de sorte
!u' il est arri, sou,ent !ue son importance est
plus grande dans les contres o5 elle a t
acclimate !ue dans son pa3s d' origine$ Ce n' est
pas au9ourd' hui dans les rgions o5 la culture
du 0roment a pris naissance !u' elle est la plus
producti,e 1 les moissons des pa3s
mditerranens ne sont pas 2 comparer a,ec celles
!ue produisent les plaines centrales de
l' Curope$ C' est dans les prairies du
centreDouest des tatsD*nis/ et non plus sur
les plateaux tropicaux !ue le maIs grossit le
plus largement ses pis$ )n peut dire de
m7me !ue ce n' est pas dans les basses contres
deltaI!ues !ue s' est d,elopp l' art d' amnager
les eaux en ,ue du maximum de production des
riGi.res$ Il 3 a en Chine une rgion reste
2 cet gard classi!ue$ ?u dbouch des montagnes
!ui encadrent au nord la plaine de 'chengD'ou
dans la pro,ince des KuatreD(i,i.res
(-GD'chouan)/ subsiste un temple !ue la
reconnaissance des peuples a le, 2 l' ingnieur
!ui a su prati!uer et codi0ier l' art de
maLtriser et manier les puissantes masses d' eau
du min. un s3st.me de barrages et d' appareils
dmontables/ accommod aux crues priodi!ues/
adapt aux pentes/ asseG puissant et asseG
souple 2 la 0ois pour di,iser l' eau en rigoles
p;8O
et la distribuer en gradins N telle est l' oeu,re
minutieuse !ui/ probablement accomplie ,ers le
iiie si.cle a,ant notre .re/ trans0orma de
,astes gr.,es de sables et de cailloux en une
des plus 0ertiles et des plus populeuses plaines
du monde$ Les riGi.res de la plaine de
'chengD'ouDFou passent pour produire/ 2
sur0ace gale/ une 0ois et demie la !uantit de
graines obtenue dans les autres pro,inces$
La culture du th/ elle aussi/ est 0ille du
milieu chinois$ Cette plante !ui/ dans les
hautes ,alles de l' ?ssam d' o5 elle est
originaire/ prsente le 0euillage luxuriant et
les proportions d' un arbre/ n' a ac!uis !u' en
diminuant la hauteur de son 0:t/ en rtrcissant
la sur0ace de ses 0euilles/ l' arome dlicat
!ui rend cl.bres 9us!ue dans le nord de la
Chine les 9ardins de th du Wunnan$ C' est
de l2/ et sous 0orme arbusti,e/ !ue cette
culture s' est propage 2 l' est et au nord/
0inalement 9us!u' au Qapon$ L' art du culti,ateur
a consist 2 raliser/ dans un milieu nou,eau/
les meilleures conditions de croissance N par le
drainage/ les amendements/ le sarclage/ la taille
prati!ue au moment propice/ c' estD2Ddire un peu
a,ant l' arri,e des pluies et l' lan de la s.,e/
il a su trans0ormer et a00iner la sau,agerie
du produit naturel$ e m7me !ue la ,igne/ en
passant des 0or7ts de la Colchide aux contres
s.ches de la 6diterrane/ la plante
sudDtropicale du 6anipour n' a pris !ue dans les
rgions tempres de la Chine les proportions
et les !ualits !ui la distinguent$
Le rFle de ces plantes d' lection/ de,enues pour
des millions d' hommes une base de nourriture ou
un besoin ph3siologi!ue/ a maintes 0ois attir
l' attention des gographes$ Le th/ le ca0 ont
0ourni 2 Varl (itter le su9et d' importants
chapitres de l' erdkunde. 2 l' intr7t des
conditions sociales lies 2 leur culture/
s' a9oute celui du ,aste commerce dont elles
0ont l' ob9et$ Ces plantes ont une histoire !ui
se m7le 2 celle des hommes$ Ce sont des plantes
de ci,ilisation$ ans l' extension !u' elles ont
ac!uise s' exprime l' in0luence de l' homme sur
l' conomie de la ,ie terrestre$ Cha!ue esp.ce
aspire d' elleDm7me 2 s' tendre hors de son
centre d' origine 1 mais son expansion/ !uand
elle ne s' appuie !ue sur ses propres mo3ens/
rencontre bientFt des limites$ Ces limites
reculent au contraire par l' inter,ention de
l' homme$ -ans doute/ le th/ la ,igne/ le maIs/
le bl/ etc$/ restent assu9ettis 2 des conditions
immuables dans leur gnralit et le plus
sou,ent incompatibles 1 mais/ pour leur
culture comme pour la plupart des phnom.nes
aux!uels prend part l' intelligence de l' homme/
une marge
p;8M
asseG ample se dessine entre une aire minima
et une aire maxima d' expansion$ Ce !u' il
3 a de ressources et de ,arits dans le 0ond
m3strieux des 0orces cratrices/ se dgage/
se consolide et s' ampli0ie par les soins
,igilants de l' homme N la nature agit sous sa
conduite$ Chose non moins remar!uable N l' art
!ui a t ncessaire pour adapter la plante
utile 2 un milieu nou,eau/ s' emploie aussi 2 la
per0ectionner$ Il arri,e ainsi !ue ce n' est pas
tou9ours dans son lieu d' origine/ mais dans
son lieu de transplantation !u' elle obtient
l' optimum ,oulu et recherch par l' homme$
La plante elleDm7me s' impr.gne du traitement
dont elle est l' ob9et$ L' homme cis.le et ptrit
la mati.re brute 1 il communi!ue 2 la pierre
et aux mtaux les 0ormes plasti!ues !ui lui
con,iennent 1 mais 2 l' gard des esp.ces
,i,antes/ surtout !uand il s' agit de ces plantes
annuelles plus sensibles et plus soumises 2 son
attention ,igilante/ il 0ait plus$ Cha!ue
moment de leur ,olution lui o00re prise$
Pntrant/ pour ainsi dire/ dans l' intimit
de leur 7tre/ s' identi0iant en elles/ il
par,ient 2 modi0ier dans une certaine mesure les
oprations successi,es de leur c3cle
d' existence$
p;8P
chapitre iv. ,es matriaux de construction :
l' homme a 0ait son nid/ d.s !u' il a senti la
ncessit de se 0ixer/ a,ec les matriaux !u' il
a,ait sous la main$ Il a subi l' in0luence de
ces matriaux$ C' est surtout 2 ce su9et !u' il
est ,rai de dire !ue la mati.re dicte la 0orme$
es raisons de climat et de sol ont dtermin/
sui,ant les contres/ l' emploi prpondrant du
bois/ de la terre ou de la pierre$ 6ais/ 2 leur
tour/ ces matriaux guident la main de l' homme$
?3ant chacun leurs exigences et pour ainsi dire
leur gnie/ ils impriment aux tablissements
humains leurs particularits de 0ormes/ de
dimensions/ de rsistance$ ' o5 rsultent des
t3pes gnraux !ui entrent dans le signalement
caractristi!ue des contres$
Le bois/ partout o5 il s' o00rait en abondance/
0ut et reste le matriel pr0r pour les
maisons et les di0ices$ Ne 0ournissaitDil pas
spontanment les poutres et des lments
essentiels de charpente E Leur agencement et
leur superposition taient indi!us par la
mati.re m7me 1 ils s' expriment dans les piliers
!ui supportent l' di0ice/ les angles en saillie
!ui en dessinent les cFts/ les toits !ui en
rehaussent et accentuent le sommet/ les au,ents
ou galeries !ui en garnissent les bords$
L' architecture tropicale/ si l' on peut donner
ce nom aux constructions rectangulaires !ui se
rpartissent de l' ?0ri!ue centrale 2 la 6alaisie/
s' harmonise ainsi a,ec la ,gtation et le
pa3sage$ Plus tard un st3le artisti!ue se
dgagea de ces lments/ gr@ce 2 la ci,ilisation
sino9aponaise$ L' architecte dans ces rgions
est un charpentier/ un adaptateur et un sculpteur
de pi.ces de bois/ plutFt !u' un robuste manieur
de blocs de pierres$ Le Qapon surtout/ si
riche en coni0.res/ c.dresDhinoli et
cr3ptomrias/ !ui doi,ent 2 leur contenu rsineux
une consistance incorruptible/ partage a,ec la
Hr.ce/ bien !u' en un genre tout oppos/ le
pri,il.ge du plus saisissant exemple d' harmonie
entre l' di0ice et le milieu !ui l' encadre$
Parmi les arbres ,erts !ui l' en,ironnent/ le
temple 9aponais shinto est/ dans son anti!ue
simplicit/
p;=>
une construction en bois de c.dre aussi
harmoni!ue a,ec ce !ui l' entoure !ue le
promontoire rocheux de -unium a,ec les colonnes
!ui lui ont ,alu son nom$ La maison 9aponaise
ordinaire ressemble 2 une cage de bois
lg.rement pose sur le sol 1 la sobrit du
mobilier rpond 2 celle de l' di0ice$
i. -la terre dans la 7one aride :
mais le climat de la grande Gone s.che !ui se
prolonge en diagonale du -oudan 2 l' Inde n' est
pas propice au bois$ Il en,ie 2 l' homme le plus
0amilier des matriaux dont il ait gnralis
l' emploi$ L' ab@tardissement graduel de la
,gtation arborescente ne tarde pas/ d.s !u' on
s' loigne d' une douGaine de degrs de l' !uateur/
2 se rendre sensible$ La paillote c3lindri!ue
0oisonne/ r.gne bientFt sans partage$ La
,gtation buissonneuse/ prcieuse il est ,rai
pour la d0ense/ 0ournit aux pasteurs ou chasseurs
d' escla,es les branchages pineux et les
inextricables 0ourrs dont se hrissent les
enceintes circulaires des 7ribas, comme
au9ourd' hui les haies de cactus de notre
?lgrie$ 6ais elles se pr7tent mal 2 la
construction$ L' arbre n' 3 est plus reprsent
!ue par des su9ets rabougris et rachiti!ues/
capables tout au plus de mettre au ser,ice du
constructeur des perches plus ou moins tordues/
par0aitement impuissantes 2 supporter le poids
d' un grand di0ice$
2 d0aut du bois/ un autre genre de matriaux
s' o00re 2 souhait dans la Gone s.che$ La terre
argileuse/ ptrissable/ susceptible d' absorber
dans sa p@te des ingrdients !ui la consolident/
sche au soleil ou cuite au 0eu/ est la mati.re
de maniement 0acile !ui se pr7te 2 de multiples
usages$ -ous les doigts du potier/ elle a
commenc par reproduire certaines 0ormes de
rcipients ,gtaux/ cou00ins/ calebasses/
!ue la nature cessait de 0ournir$ )n peut
remar!uer !ue la poterie/ de,enue un art
!uasiDuni,ersel en Hu3ane comme au Prou/ en
Chine comme en Hr.ce/ n' a t nglige !ue
dans !uel!ues Lles d' )canie o5 la ,gtation
elleDm7me se chargeait d' 3 pour,oir$ ans la
construction/ le r.gne de la terre s' est
gnralis sous 0orme de bri!ue N unie au
0er/ celleDci tend au9ourd' hui 2 supplanter toute
autre mati.re 1 elle rpond au besoin tout
moderne d' impro,iser/ de 0aire ,ite/ !u' il
s' agisse de similiDpalais ou d' usines$ 6ais si
l' on remonte aux origines/ on doit reconnaLtre
!ue ce n' est pas dans les contres o5 elle s,it
au9ourd' hui/ !u' est ne l' architecture de bri!ues 1
mais dans les rgions s.ches de l' ancien monde$
Les grands palais chaldens et ass3riens/ et
m7me ceux !ui leur ont succd dans l' ?sie
occidentale et l' Iran
p;=;
9us!u' 2 l' po!ue d' ?lexandre/ taient des
constructions pres!ue enti.rement composes
d' argile$ C' est dans les rgions de scheresse
permettant l' emploi de bri!ues crues !u' elle
a maintenu sa prpondrance$ Clle r.gne encore
sous cette 0orme primiti,e et pres!ue dpour,ue
d' appr7ts depuis le 6aroc 9us!u' 2 la Perse/
en dpit des pluies d' hi,er !ui par0ois ris!uent
de li!u0ier ces murs de terre$ ?u mobilier de ces
maisons/ la terre ne 0ournit pas seulement les
,ases 2 contenir et 2 ra0raLchir les li!uides/
mais des ob9ets pour les!uels son emploi semble
paradoxal N il 3 a dans l' Iran comme en Nubie
des meubles en argile/ des co00res en terre s.che$
L' homme de ces contres est terrien au sens
le plus absolu du mot N terrien par l' habitat/
soit !u' il di0ie sur le sol/ soit !u' il s' 3
niche$
C' est en ?0ri!ue !u' on peut le mieux sui,re/
a,ec l' appau,rissement graduel de la ,gtation/
l' emploi de plus en plus exclusi0 de la terre
pour les constructions$ CheG les chillouJs
du BautDNil le toit seul et l' enceinte sont en
paille/ la case c3lindri!ue est en terre$ )n
signale d92 dans l' arri.reDpa3s du 'ogo/
d' amples ou,rages de 0orti0ications/ dont les
tours en terre battue/ relies par des courtines
de m7me mati.re/ n' ont !ue leur toit coni!ue
0ait de 0euilles ou de paille$ Plus loin/ ,ers
;8 degrs de latitude/ la ,ille soudanaise de
Uinder a une enceinte en terre/ en0ermant dans
ses rues tortueuses des maisons en touba,
ou bri!ues sches au soleil$ Cn0in dans le
-oudan saharien/ l' emploi de la terre et du
pis l' emporte dcidment N remparts/ maisons/
greniers/ tatas, ou 0orteresses en sont
construits 1 de sorte !ue la gnralisation de ce
mode de b@tir marche de pair a,ec la scheresse$
C' est lui !ui est pres!ue exclusi,ement emplo3
dans les oasis sahariennes$ ans le 6aroc
mridional/ la mati.re de construction est la
tabia, ,ariante de la m7me mati.re/
c' estD2Ddire une terre grasse 0oule et
mlange a,ec de la paille hache et de petites
pierres$ La substitution de la terrasse ou de la
coupole surbaisse au toit et l' emploi exclusi0
de la terre sont deux 0aits caractristi!ues
!ui se tiennent$ ?,ec le toit sur le!uel glisse
la pluie/ disparaLt l' cha0audage de mati.re
,gtale !ui lui ser,ait de support$
Nulle mati.re ne se pr7te plus aisment 2 0ournir
2 l' homme des mo3ens lmentaires d' tablissement/
nulle n' a t plus tFt utilise dans les
contres o5 le climat se pr7tait 2 son emploi$
)n n' a,ait/ sui,ant les cas/ !u' 2 creuser pour
obtenir des parois toutes 0aites/ ou 2 se baisser
pour en recueillir les lments$ Les sables durcis
et ciments par les in0iltrations/ le sol
allu,ial et compact de l' g3pte et de la
6sopotamie/ les terres argileuses des plateaux
armniens/ de l' Iran/ et m7me dans l' Curope
et l' ?sie centrale 9us!u' au nord de
p;=R
la Chine/ les ,astes nappes de ces sols steppiens/
imprgns de concrtions calcaires connues sous
le nom de loess/ ont t ainsi/ sous une
0orme ou une autre/ utiliss par les tablissements
humains$
Cn Cspagne/ l' habitat dans la terre est prati!u
2 Huadix/ pro,ince de Hrenade$ CheG les
matmata du sud tunisien/ l' habitat se compose
d' une cour rectangulaire taille dans le sable
et 0lan!ue de rduits$ ?illeurs/ c' est dans
les parois 2 pic !u' est prati!ue l' exca,ation$
'out le monde connaLt/ depuis (ichtho0en/ ces
,illages nichs comme des al,oles sur les parois
perpendiculaires de loess dans les pro,inces
du nord de la Chine$ 'out un rseau de sentiers
taills dans la terre relient ces habitations$
' autres 0ois/ le ,illage se tapit asseG
pro0ondment pour !u' on ne le de,ine !u' 2 la
cime des arbres !ui le signalent$
-i au contraire la construction se dresse sur le
sol/ elle s' impro,ise 2 peu de 0rais 1 et il est
0acile d' en le,er une autre/ s' il 3 a lieu/ 2 la
place de la prcdente$ Il serait ,ain d' essa3er
de tirer parti des mottes de boue !ui ont d92
ser,i et ne se pr7tent plus 2 aucun usage$ La
maison est donc abandonne aussi 0acilement
!u' elle est construite 1 elle n' a gu.re plus
de permanence !ue la tente du pasteur$ 6ais elle
persiste 2 peu pr.s 2 la m7me place 1 car elle
est retenue par les occupations agricoles$ 'ous
les recensements 0aits en ces derni.res annes
en g3pte/ s' accordent pour accuser/ en m7me
temps !u' un 0ourmillement de cases parses/ la
multitude extraordinaire des cases abandonnes$
Clles subsistent/ dlaisses/ sans !u' on ait pris
la peine d' en utiliser les matriaux/ 9us!u' 2 ce
!ue le tassement des dbris les ait rendues
in0ormes et mconnaissables$ Cette 0acilit de
remplacement est un 0ait de climat !ui n' a pas t
sans in0luence sociale aux premiers temps de
l' occupation humaine en ces contres allu,iales$
Le sol 3 0ournissait alors un mo3en aussi 0acile
!u' conomi!ue de multiplier ces demeures sur
place/ de s' 3 mnager des s9ours temporaires
sui,ant les saisons et les crues du 0leu,e/ de
substituer une installation saine 2 la place
contamine par un trop long s9our N autant de
raisons !ui ont d: contribuer 2 0a,oriser en ces
lieux la 0ormation de groupes si denses$
N' oublions pas !ue l' implantation durable d' une
0orte densit de population est une oeu,re de
longue haleine/ !ui suppose le concours de bien
des causes di,erses$ *ne de ces causes a t/
sans nul doute/ l' emploi gnral d' un matriel
!ue le soleil se charge de cuire et !ue la
scheresse du climat permet d' utiliser pres!ue
sans appr7t$
La terre/ la bri!ue crue ont t des matriaux
conomi!ues !ue l' homme a largement utiliss/
m7me hors des climats !ui en 0a,orisent l' emploi$
Cn 6ora,ie et en ?lsace m7me/ aux temps
prhistori!ues/
p;=+
comme de nos 9ours en &ulgarie danubienne ou en
obroud9a/ le loess a ser,i d' habitat$ )n est
moins surpris de constater l' emploi combin
du pis et du roseau dans les palissades
construites par les chinois en ?sie centrale$
6ais il man!ue 2 ce mode de construction ce !ui
donne essentiellement aux tablissements humains
leur signi0ication gographi!ue N la dure$
es ,illages et m7me des ,illes/ dans les
contres s.ches de Chalde/ de -usiane/ du
-eIstan et de l' ?sie centrale/ ont emprunt
exclusi,ement 2 l' argile et aux bri!ues crues
leurs matriaux N des amoncellements in0ormes
a,ec des dbris de poteries en sont les seuls
indices$ Le nom arabe de tell, si rpandu
en &ab3lonie/ signale dans ces plaines allu,iales
des monticules !ui ne sont autre chose !ue des
restes d' tablissements humains$ Les
boulements de ces murs/ !ui s' e00ritent 0aute
de pierres en garantissant les saillies/
0orment l' obstacle contre le!uel les innombrables
particules sableuses !u' entraLnent les ,ents
arides se dposent$ Clles s' amoncellent bientFt
en telles !uantits !ue le tout 0init par se
con0ondre en une masse !ui prend naturellement
la 0orme d' une accumulation de mati.res meubles$
L' oeu,re de l' homme a cd 1 la nature a repris
possession du sol$ es cada,res anon3mes de ,illes
dormaient ainsi sous un linceul de poussi.re/
!uand Znophon parcourait a,ec les dixDmille les
plaines de 6sopotamie$
Notons en passant !ue cet tat de dgradation n' est
pas luiDm7me une preu,e certaine d' anciennet
recule 1 car les agents ph3si!ues conspirent
sous ce climat a,ec l' inconsistance des matriaux
pour anantir promptement toute 0orme ,i,e et
accentue$ Il ne 0aut pas non plus se laisser
illusionner par le nombre de ces tmoins !ui
peuplent au9ourd' hui/ dans les plaines de Chalde
ou du -Istan par exemple/ les espaces pres!ue
rduits 2 l' tat de solitude$ -ans nier les e00ets
d' une dcadence !u' expli!uent su00isamment les
causes histori!ues/ les tablissements ont pu/
sui,ant les hasards de guerres ou d' obstructions
de canaux/ dprir et se re0ormer en successions
si rapides !ue les calculs de populations !u' on
0onderait sur leur existence simultane seraient
tr.s probablement entachs d' erreurs$
Kuand ce n' est pas par miettement/ c' est par
boulement !ue prissent les di0ices de terre$
L' eau est leur principal artisan de destruction$
Les murs des ,illages persans tombent en
li!u0action sous les pluies d' hi,er$ 'rop
rapprochs des 0leu,es 2 inondation/ Haronne/
Loire/ (hFne/ (hin/ les murs en pis et
cailloux s' croulent N la pierre seule a permis
le contact des 0leu,es$ Plus incorruptible !ue le
bois et moins expose aux incendies/ plus apte
!ue la bri!ue 2 0ixer les 0ormes et 2 0ournir
des supports/ la pierre garantit toute la dure
compatible
p;=8
a,ec les oeu,res de l' homme$ -i l' on compare les
pa3s de la pierre/ soit autour de la 6diterrane/
soit sur les plateaux d' ?mri!ue/ soit dans
l' Inde du nord/ 2 ceux o5 la terre et la bri!ue
ont rgn en maLtresses/ on est 0rapp d' un
singulier contraste N les p3ramides de la
!uatri.me d3nastie se dressent pres!ue aussi
intactes !ue lors!ue les blocs en 0urent extraits
des carri.res du 6oJattan 1 on cherche en
,ain en Chalde les traces de nombreuses ,illes
mentionnes par les textes 1 on a de la peine
2 situer en 6ongolie la place de VaraJoroum$
e rares tmoins des pistes !ui 3 sillonnaient
l' ?sie centrale subsistent sous 0orme de
tours de pierre dont parlait Ptolme 1
et c' est tout au plus si !uel!ues palissades de
roseaux et de boue r,.lent 2 et l2 2
l' archologue et au gographe les ,estiges de ces
,oies commerciales ou militaires !u' a,ait
russi 2 tablir d' un bout 2 l' autre du continent
la domination chinoise$ %o3eG au contraire le
rseau des ,oies romaines pres!ue entier sur le
sol o5 il s' est incrust$ Ne seraitDil pas
impossible de se 0aire une ide exacte des
,ieilles ci,ilisations amricaines si l' on
n' a,ait !ue le tmoignage des mounds ou
tumuli en terre !ui sont dissmins dans la
,alle du 6ississipi E *ne mesure de ces
ci,ilisations nous est 0ournie au contraire
par les ,astes constructions p3ramidales et les
di0ices 2 gradins !ui 0rapp.rent d' tonnement
les espagnols cheG les ma3as du Wucatan
(Palen!ui) ou cheG les !uitchuas du Prou
('3ahuanaco pr.s du lac 'iticaca)/ ou encore
par les ,estiges de la route pa,e !ui/ 2 la
0aon des ,oies romaines/ reliait CuGco 2 Kuito
sur les plateaux du Prou$ La prsence et
l' usage de la pierre calcaire ou ,olcani!ue
ont permis 2 ces peuples/ ma3as/ a3maras/
!uitchuas/ etc$/ d' imprimer sur le sol une trace
indlbile !ui a emp7ch leur nom de prir$
ii. -la pierre dans la rgion mditerranenne :
l' clat de certains matriaux minraux a 0ascin
le regard et tent le tra,ail de l' homme$ Il
s' est atta!u aux mati.res les plus dures/
0:tDce m7me a,ec les instruments les plus
impar0aits/ pour peu !ue leur poli et leur brillant
eussent le don de sduire ses 3eux$ Le silex
n' a pas t seulement pour les hommes des
anciens @ges une arme taille pour les besoins
de la cause/ mais une mati.re/ dont l' industrie
palolithi!ue/ en -u.de par exemple/ a su tirer
des 0ormes ciseles de haches et de poignards/
!ui passent pour des mer,eilles d' excution$
Le 9ade dans le 'urJestan oriental/ l' agathe/
le 9aspe/ la serpentine et le cristal de roche
au Qapon et en Chine/ le diamant dans l' Inde/
l' obsidienne au 6exi!ue et au Prou/ ont t
patiemment tra,aills
p;==
et sculpts a,ec amour$ Les trsors portati0s
des anciens 9aponais &magatama' taient de
,ritables crins de ces pierres tailles$ Le
granit et le porph3re des sarcophages pharaoni!ues
gardent/ apr.s !uatre mille ans/ leurs
moulures intactes et un poli !ui est une caresse
pour l' oeil$ Le basalte a 0ourni au plus ,ieil
art chalden/ ainsi !u' 2 celui de l' g3pte/ une
indestructible mati.re de statues$ Les oeu,res
d' art ont t des mani0estations de luxe/ et des
,oies de commerce ont t traces pour s' en
procurer la mati.re$ Par l2 peutD7tre l' homme
a t conduit 2 la recherche des mtaux N l' or
en ppites tincelantes ne 0utDil pas le premier
mtal exploit E
6ais/ pour le gographe/ la signi0ication de la
pierre consiste surtout dans l' emploi !u' en 0ont
les constructions humaines$ Le granit !ui
s' caille sous le pic ou le marteau/ le schiste
!ui se dcoupe en dalles trou,ent leur emploi/
mais la pierre de construction par excellence
est celle !ui se laisse tailler par le ciseau/
dcouper en pans rguliers/ appareiller/ et !ui
se pr7te ainsi aux di,erses combinaisons de
0ormes !u' imagine et cre l' art de l' architecte$
Les calcaires et/ 2 un moindre titre/ les gr.s/
ont pu ainsi 0ournir des th.mes ,aris de
d,eloppements artisti!ues$ *n rapport s' tablit
entre la roche et les monuments$ Les calcaires
du Wucatan sont insparables des constructions
ma3as/ de m7me !ue les gr.s !ui bordent au sud
la ,alle du Hange ,o!uent l' image des ,illes
monumentales !ui se succ.dent de elhi 2
&nar.s 1 comme les gr.s ,osgiens celle des
cathdrales et des ch@teaux de la ,alle rhnane$
C' est dans les gr.s !ue sont entailles les
nombreuses gra,ures rupestres du -ahara algrien/
o5 se montrent les anciennes aptitudes
artisti!ues de la race berb.re 1 le gr.s a conser,
aux di0ices de Ptra l' tonnante intgrit de
leurs moulures et de leurs ornements$ Les
,illages 0orti0is des pueblos/ dans le
Colorado et le Nou,eauD6exi!ue/ sont
gnralement construits en gr.s extraits du lieu
m7me$ -i immdiat est ce rapport entre la roche
et l' di0ice !ue plus d' une 0ois/ de m7me !u' aux
&aux Cn Pro,ence/ rocs et maisons se con0ondent
dans une blancheur a,euglante$
Nulle part l' architecture de la pierre n' a dispos
d' un plus beau domaine et n' en a mieux tir
parti !u' autour de la 6diterrane$ 'andis
!u' au nord/ les chaLnes de plissements
tauroDdinari!ues courent en bordure du bassin
oriental/ les plateaux de Palestine et d' ?rabie
ptre/ de L3bie et de C3rnaI!ue lui 0ont 0ace
au sud$ 2 l' ?pennin succ.dent bientFt les
chaLnes et plateaux de Pro,ence/ tandis !ue les
montagnes des &alares se continuent au sud
de l' Cspagne 9us!u' 2 l' ?tlas$ ?insi
l' encadrement est pres!ue complet$ Partout/ si ce
n' est lors!ue les allu,ions deltaI!ues ont
amass des couches puissantes
p;=<
d' humus/ la roche a00leure/ 2 peine saupoudre de
terre rouge 1 la pierre blanche/ sans cesse
renaissante et renou,ele par la base/ cou,re de
ses clats la sur0ace$ Clle a l' air de croLtre
2 la 0aon de l' herbe$ Cette roche/
gnralement aise 2 tra,ailler dans les
carri.res ou latomies, a la proprit de
durcir ensuite 2 l' air libre/ de conser,er
ind0iniment sous le ciseau de l' ou,rier/ dans
les moulures des angles ou la cannelure des
colonnes/ toute la ,i,acit de ses ar7tes$ Lors!ue
au ,oisinage des massi0s archens/ en ?tti!ue
et dans les C3clades/ 2 Carrare et dans les
P3rnes/ le mtamorphisme a agi sur la roche/
elle ac!uiert une texture cristalline et
marmorenne$ Le calcaire d' ailleurs se pr7te 2 la
0abrication du ciment 1 si bien !ue plus d' un
prcieux dbris d' di0ice anti!ue a trou, dans
le 0our 2 chaux l' humble consommation de sa
destine$ L' clat du soleil et la patine du
temps re,7t ces marbres grecs ou italiens ou
les tra,ertins d' eau douce de la Campagne
romaine d' une chaude coloration/ !ui a9oute ainsi
l' e00et du climat 2 celui du sol$
Il 0aut aussi 0aire la part d' autres matriaux
rocheux !u' a largement mis 2 contribution le
tra,ail de l' homme 1 et notamment de ceux !u' a
0ournis/ sous 0orme de la,es/ de dalles/ de
pperin/ le ,olcanisme acti0 de la 6diterrane$
Ce !ui toute0ois domine et a imprim sa
ph3sionomie indlbile au pa3sage mditerranen/
c' est la pierre calcaire/ !ue bien rarement
la ,gtation cou,re d' un tapis asseG pais pour
l' emp7cher de paraLtre 2 nu$
Il ne man!ue pas autour de la 6diterrane de
bois durs et rsistants/ capables de 0ournir
de bons matriaux de construction$ ans les
di0ices g3ptiens/ comme dans les burgs
d' po!ue m3cnienne ou dans les plus anciens
temples grecs/ le bois est emplo3 comme soutien
pour maintenir les murs$ Kue m7me la construction
exclusi,e en bois ait t 9adis prati!ue pour
certains di0ices/ c' est ce !ue semblent bien
indi!uer certains monuments spulcraux de l' ?sie
6ineure 1 le classi!ue temple grec 2 colonnes
et 2 0rontons n' est pas sans en o00rir des
rminiscences$ 6ais la pierre a supplant le
bois$
L' emploi de cette pierre a pris/ autour de la
6diterrane/ tant de 0ormes 0amili.res/ elle
rpond 2 de si multiples besoins de d0ense/
d' abri/ de conser,ation/ !u' elle s' associe
minutieusement aux occupations et aux habitudes$
Clle 0ournit les matriaux des murs en gradins
!ui retiennent et amassent la terre sur les pentes 1
et ainsi s' est gnralis/ en m7me temps !ue les
plantations d' arbres 0ruitiers/ l' usage des
cultures en terrasses !ui sculptent/ pour ainsi
dire/ 9us!u' 2 =>> ou <>> m.tres les 0lancs des
montagnes$ ?ssembler les blocs/ en superposer
les assises/ en a9uster les angles rentrants
et saillants de 0aon 2 0ormer des murs pais
et rsistants/ est un art essentiellement
mditerranen/
p;=O
dont on peut obser,er encore 2 '3rinthe et 2
Norba les ,nrables origines$ L' appareillage
de la pierre 3 ,a de pair a,ec les cultures
tages d' arbres 0ruitiers et de 9ardinage$ ?ux
clFtures pineuses des rgions subtropicales se
substituent au 6aroc des enceintes de pierre
&decherras', englobant les silos 2 bord
c3lindri!ue et 2 panses largies/ !ui sont
entaills 2 m7me dans le sousDsol$ (ser,oirs
2 grains ou citernes cimentes sont des
amnagements prati!us aussi bien en -3rie et en
Palestine !ue dans l' ?0ri!ue du nord/ et dans
les temps bibli!ues comme de nos 9ours$ La roche/
soit par les ca,its prati!ues dansses 0lancs/
soit par les matriaux extraits de ses carri.res/
ou m7me pars 2 la sur0ace du sol/ s' est pr7te
aussi 0amili.rement aux usages de la ,ie
domesti!ue/ s' 3 est assouplie de mille mani.res/
comme c' est le cas pour le bois et les mati.res
,gtales dans les rgions 0oresti.res ,oisines
de l' !uateur ou du cercle polaire$
)n est amen par l2 2 considrer la rgion
mditerranenne comme la patrie de l' art de la
pierre d' o5/ apr.s a,oir en0ant sur place des
t3pes ,aris/ il a ra3onn en dehors$ L' acropole
hellni!ue/ l' oppidum italiote/ le bordj
arabe/ la casbah berb.re ont un air de
0amille 1 elles proc.dent des m7mes matriaux/
a00ectent sur les cimes rocheuses les m7mes
positions dominantes$ )n ,oit sur les cFtes de
Ligurie ou de Pro,ence leurs murs croulants
poss en nids d' aigles pour sur,eiller au loin
l' horiGon$ Les constructions de t3pe m3cnien/
!ui 0aisaient l' e00et d' anti!uits aux grecs
des temps classi!ues/ ne sont pas sans analogie
a,ec ces enceintes 0orti0ies d' autre0ois !ue
l' on dsigne du nom de nouraghes en -ardaigne
mridionale/ de talaots dans les &alares 1
elles rpondaient sans doute aux m7mes besoins
de d0ense$ 'oute la ,ie anti!ue de la
6diterrane a trou, son expression dans
la pierre$ La ,ieille ?pulie/ comme le pa3s de
Chanaan/ en portent encore l' empreinte$ es
constructions c3lindri!ues/ s' amincissant ,ers
le haut en une srie superpose de gradins/
dsignes sous le nom de trulli, pars.ment
les murgie de la terre de &ari et d' )trante$
Clles se reproduisent sous 0orme plus lmentaire
et plus primiti,e dans les constructions de hasard
le,es sur les 0lancs de l' ?pennin central/
sur le Varst dalmate et 9us!ue sur les cFtes du
sud de la France$ Parmi tous ces pa3s/
l' Italie est 2 9amais mar!ue de l' e00igie de la
grandeur romaine$ ans un ordre plus humble/ ne
resteDtDelle pas le 0o3er d' mission d' o5 les
mtiers de la pierre et du marbre se rpandirent
dans toute l' Curope E
Nous n' a,ons pas ici 2 anal3ser les 0ormes riches
et di,erses !u' a su/ de ces linaments primiti0s/
dgager l' art de l' architecte N de ces matriaux
assembls/ il a di0i p3ramides et p3lones/
colonnes et porti!ues/
p;=M
cintres et coupoles/ toute cette 0loraison
mer,eilleuse !u' ont exprime tour 2 tour l' art
g3ptien/ l' art hellni!ue/ celui de (ome et de
&3Gance$ Ce n' est pas une leon d' art !ue nous
cherchons dans les monuments ou les ruines !u' il
a laisss sur le sol/ mais un exemple de ce !ue
peut la dure sur les tablissements humains/ et
par eux sur l' histoire$
'huc3dide/ dans un passage sou,ent cit/ remar!ue
!ue si ?th.nes et -parte tombaient en ruines/
celui !ui ignorerait leur histoire serait tent/
2 la ,ue des monuments cou,rant le sol/ de
s' exagrer l' importance de l' une et de rabattre
celle de l' autre$ Ce !u' il dit d' ?th.nes serait
encore plus ,rai de -3racuse/ construite sur
des rochers calcaires/ percs par les cl.bres
latomies, !ui lui pr7tent une grandeur
pres!ue sans exemple$ -ur ces mamelons rocheux
!ui se succ.dent de l' achradina aux
epipolae, 2 la petite Lle !ui 0ut le berceau
de la cit/ le regard embrasse un d,eloppement
successi0 dont les tapes sont 2 9amais gra,es
dans la pierre$ Ce genre de pass ne se laisse pas
abolir$
L' abondance et la beaut des matriaux ont
0a,oris sur ces terres classi!ues une closion
de monuments telle !ue/ m7me 2 l' tat de ruines/
elles reprsentent un des enchaLnements les plus
continus !ue permette la bri.,et de l' histoire
humaine$ La colline des 9busens de,enue
Qrusalem/ l' acropole de Ccrops de,enue
?th.nes/ la roma quadrata du Palatin/ sont
les no3aux de d,eloppements !ui/ 2 tra,ers bien
des ,icissitudes/ ont persist aux lieux m7mes$
Le c3cle par le!uel/ sur un emplacement donn/
la primiti,e enceinte mure/ le ,ieil oppidum
ont t trans0orms en une ,ille !ui/ elleDm7me/
a pu s' panouir en un 0o3er de ci,ilisation/
en une oeu,re d' art/ a,ec ses temples/ ses
porti!ues/ ses th@tres taills dans le roc/
est la leon !ui sort du sol m7me$ 'out cela
prend la 0orme et l' indestructibilit de la
pierre$ L' a,antage d' h3gi.ne et de beaut !ue/
dans nos climats de l' Curope centrale ou des
tatsD*nis/ la ,ille moderne cherche 2 se
mnager par des parcs intercals entre les
b@tisses/ des morceaux de 0or7ts ench@sss
parmi ses rues/ la cit de pierre et de marbre
des bords de la 6diterrane le demande 2
l' ombre 0raLche de ses porti!ues/ aux dalles de
marbre de ses di0ices ou,erts 2 l' air libre$
Clle aime/ comme ses hriti.res d' au9ourd' hui/
les sites dominants !ue ,ient ra0raLchir 2
certaines heures la brise de la mer ,oisine/ les
hauteurs !ue n' atteignent pas les miasmes/ les
cimes battues par les ,ents sals$
Lors!ue la ,ie puissante !ui a palpit entre ces
di0ices de pierre ,ient 2 diminuer ou 2
s' teindre/ les ruines permettent encore d' en
saisir l' ensemble$ Le mot par le!uel les anciens
auteurs cro3aient
p;=P
exprimer le comble de l' anantissement N etiam
periere ruinae, n' a pas de sens ici$ La
0orce ,i,ace de cette ci,ilisation mditerranenne
tient en partie 2 cette continuit !ui en
matrialise l' histoire/ !ui en perptue les
traditions par le commentaire perptuel des
monuments et des ruines$ La plupart des ,illes
mditerranennes !u' a connues l' anti!uit se sont
enracines au point de continuer leur existence N
les unes sans interruption comme 6arseille/
d' autres a,ec des clipses$ u moins/ !uand
leurs destines histori!ues ont t remplies/
une sorte de ,ie latente a sur,cu sur place 2
la ,ie panouie$ L' attachement au site persiste
gr@ce aux matriaux assembls/ et 2 leurs dpens$
-alone dtruite re,it dans -palato$ es
,illages se nichent dans les ruines d' ?ntioche
ou d' ph.se$ Les catastrophes histori!ues !ui
ruinent les ,illes ne russissent pas 2 extirper
des lieux o5 elles a,aient pris racine les germes
d' tablissements humains$ CeuxDci persistent sous
des 0ormes plus modestes/ 2 taille rduite/
comme il arri,e aux arbrisseaux du sousDbois
de succder 2 la 0or7t dtruite$
Cette association de l' ide de dure a,ec la
construction de pierre est pro0ondment ancre
dans l' esprit humain$ )n ,oit en ?sie 6ineure
dans les contres calcaires de Carie et de
L3cie beaucoup de monuments 0unraires d' po!ue
hellni!ue/ sur les!uels on lit ces mots N
($$$)$ L' expression de 4 maison ternelle 4
appli!ue 2 la tombe se 9usti0ie par la dure
!u' elle emprunte au roc dans le!uel elle est
taille/ ou 2 la pierre a,ec la!uelle elle est
construite$ ans les monuments spulcraux
d' g3pte ou de 6auritanie/ l' orgueilleuse
re,endication d' ternit cherche 2 s' a00irmer
par la mise en oeu,re colossale de blocs dont
l' accumulation d0ie le temps$ .s !ue l' homme
a prtendu communi!uer 2 son existence ou 2 sa
mmoire un surcroLt de dure/ tendre sa
personnalit au del2 des bornes !ue sa courte
,ie lui re0use/ c' est 2 la pierre !u' il a eu
recours$
iii. -le bois et la pierre dans l' )urope
centrale et occidentale :
c' est de l' archologie !ue de parler/ d' apr.s
-trabon/ des maisons c3lindri!ues !ue les
gaulois construisaient en poutres et en claies
d' osier et !u' ils recou,raient d' un toit de chaume$
67me tablis au sud des ?lpes ils 3 a,aient
transport les habitudes contractes dans les
rgions 0oresti.res de l' Curope centrale$
Le bois remplaait pour bien des choses la poterie
et la crami!ue mditerranennes 1 les gaulois
cisalpins oppos.rent leurs 0utailles en ch7ne
4 hautes comme des maisons 4 aux 9ares et amphores
de leurs
p;<>
,oisins d' Italie 1 de m7me !u' au9ourd' hui les
bahuts et les armoires de ch7ne de nos campagnards
excitent la surprise de maints trangers$
Le r.gne du bois comme matriel de construction a
t plus gnral et a persist plus longtemps
dans l' Curope centrale !ue dans la rgion
mditerranenne$ Les maisons gauloises !ue dpeint
-trabon ressemblent aux huttes c3lindri!ues !ue
0igurent/ sous la torche des lgionnaires/ les
relie0s de la colonne 'ra9ane$ Les daces ne
connaissaient pas d' autres masures$ Kuant aux
germains/ dit 'acite/ ignorant le ciment et la
bri!ue/ ils usent d' assemblages in0ormes de
mati.res/ 4 materia ad omnia utuntur in0ormi 4 $
Il n' est pas interdit de de,iner/ sous le ,ague
de ces expressions/ l' en0ance d' un art de
construction !ui tait destin 2 prendre de plus
en plus d' importance$ Ces grossiers b@tisseurs
a,aient recours 2 cet assemblage de torchis et de
bois/ !ui s' est perptu en se per0ectionnant et
se di,ersi0iant/ notamment dans une grande partie
de la France du nord et de l' ?llemagne$
Le bois usit comme charpente/ a,ant de l' 7tre
comme ornement/ ser,it 2 maintenir/ contre les
intempries de climats moins tolrants !ue ceux
des rgions s.ches/ les 0ragiles parois de loess
ou de limon !ue 0ournissait le sol$ *ne combinaison
originale est ne de l' union de ces deux mati.res
di00rentes/ l' une doue de rsistance au 0eu/
l' autre ser,ant 2 garantir contre les pluies
la solidit de l' ensemble$ L' lgante et riche
Normandie/ la Picardie ,oisine/ ont tir de bons
e00ets de ces combinaisons N sur un soubassement
emprunt aux silex de la craie/ les poutres
entrecroises tracent sur l' assise en pis des
dessins gomtri!ues$ Ce t3pe de construction/
tel !ue les allemands le dsignent sous le nom de
!ach-erk, a engendr ailleurs de nombreuses
,ariantes !u' on peut sui,re 2 tra,ers les
maisons rurales ou ,illageoises d' ?lsace/ de
-ouabe et de Franconie$ 'oute une Curope plus
0oresti.re 9adis !u' au9ourd' hui re,it et se
dpeint dans ce d,eloppement pittores!ue d' un
art de construction dont les in0ormes dbuts ne
pou,aient !u' exciter le ddain des mditerranens/
habitus d.s lors aux di0ices de pierre et de
marbre$
Parmi les applications multiples aux!uelles les
essences ,aries de nos arbres 2 0euilles cadu!ues
ont donn lieu/ Dmobilier/ ustensiles agricoles/
charronnerie/ ,annerie/ etc$/ Dil 0aut donc
compter au premier rang leur rFle comme pi.ces
de charpentes dans les constructions$ Ce n' est
pas seulement la maison de pa3san !u' a consolide
une armature de ch7ne 1 lors!ue l' art de nos
contres/ dans la France du nord/ se haussa
9us!u' 2 ces di0ices de pierre dpassant par leurs
dimensions le temple grec et la basili!ue romaine/
d' immenses charpentes de ch7ne ou de ch@taignier
0ournirent une partie de l' ossature
p;<;
intrieure des cathdrales ou des halles !ui se
dress.rent de Chartres 2 Wpres$ es 0or7ts
aussi bien !ue des carri.res de pierres ont pass
dans ces constructions$
Ce serait 0orcer la ,rit !ue de chercher dans
la ph3sionomie actuelle de l' Curope/ des
classements rgionaux 0onds sur les matriaux de
construction$ )n peut opposer 2 la rigueur/
comme le 0ait -olo,ie0/ en se bornant aux traits
gnraux si distincts encore en (ussie/ une
Curope du bois !ui est celle du nord 2 une
Curope de la pierre !ui serait celle de l' ouest
et du sud$
ans cette Curope de l' ouest/ les di,ersits du
sol ont/ d.s l' origine/ introduit dans les
matriaux et par suite dans les modes de
construction/ des di,ersits !ue le temps n' a
0ait !u' accroLtre$ Les mou,ements de peuples sont
inter,enus pour transplanter d' autres habitudes 1
car l' homme se transporte ,olontiers a,ec sa
co!uille 1 il cherche partout 2 accommoder sa
demeure sui,ant ses occupations et ses propres
go:ts$ L' angloDsaxon/ comme l' espagnol/ ont
transport en ?mri!ue chacun ses modes 0a,oris
de construction et ses dispositions 0amili.res
d' habitat$ )n distingue par0ois cFte 2 cFte des
di,ersits ,oulues$ C' est ainsi !ue/ dans
l' Curope centrale/ on a pu/ a,ec un peu
d' arbitraire/ classer les t3pes de construction
rurale d' apr.s les tribus d' occupants germani!ues/
!ui s' 3 taill.rent/ entre les sla,es et les
peuples de ci,ilisation romane/ leur domaine
propre$
)n s' exposerait 2 de 0r!uentes erreurs en 0aisant
de la nature du sol la r.gle exclusi,e des t3pes
de construction$ Cela m7me est moins ,rai !ue
9amais au9ourd' hui/ par suite des 0acilits de
transports et de 0abrication industrielle$ -i de
toutes parts/ dans les campagnes comme dans les
,illes/ la bri!ue et le 0er/ 0abri!us en masse
et 2 bon compte/ tendent 2 remplacer tous les
autres matriaux/ c' est le r.gne uni,ersel des
grandes puissances de l' heure/ la houille et la
mtallurgie/ !ui se trahit par ces signes$ La
part !ui reste nanmoins aux di,ersits et
indi,idualits rgionales ne sera 9amais
enti.rement abolie$ Il 3 a/ m7me dans cette
Curope si trans0orme/ des domaines o5 pr,alent/
en ,ertu des lois du sol/ l' usage de la terre/
ou celui de la pierre/ ou celui du bois/ sortes
de pro,inces naturelles !ui maintiennent 2 peu
pr.s leurs limites$
Le chalet est un t3pe troitement uni aux ?lpes$
Combine a,ec les larges dalles de schiste !ui
lui ser,ent de soubassement/ empruntant au bois
les poutres de sa charpente/ les lamelles
imbri!ues de son toit/ cette construction
caractristi!ue r.gne depuis la -a,oie 9us!u' 2
l' ?utriche$ -ous d' autres 0ormes/ la maison de
bois pr,aut en &osnie et en -erbie m7me
9us!u' aux en,irons du mont VopaoniJ$ La rgion
p;<R
des grands bois de ch7nes !ui borde au sud le cours
de la -a,e/ est reste en ma9eure partie 0id.le
aux matriaux o00erts par le sol$ L' le,age et
les prati!ues de constructions s' unissent/ pour
ainsi dire/ dans un m7me commentaire
gographi!ue$
Les contrastes sont ,isibles et persistent plus
!u' on n' est port 2 le croire entre les rgions
o5 la pierre abonde et celles o5 elle man!ue$
Le temps est pass/ il est ,rai/ o5/ dans les
sables et tourbi.res de la plaine germani!ue/
des chausses de bois/ pontes longi,
tenaient lieu de routes$ 6ais ces matriaux de
0ortune/ pis ou terre mlange de paille hache/
terre et cailloux rouls en couches alternantes/
limon a,ec soubassement de silex/ loess et
entrecroisements de poutres/ reprsentent des
combinaisons ,aries pour suppler 2 la pierre de
taille$ ?insi/ la &eauce/ terre de limon/
s' obstine 2 conser,er ses maisons en pis 2 toit
de chaume$ Cn Champagne/ le temps n' est pas
loin o5 les masures en pis/ assu9etties tant bien
!ue mal par des soli,es de bois/ disparaissant
pres!ue sous la cou,erture de chaume/ rgnaient
l2 o5 luisent au9ourd' hui les maisons de bri!ues
aux toits de tuiles$
L' architecture a consacr ces di00rences$ e
grands monuments sur les!uels plane un sou00le
d' art singularisent au9ourd' hui les contres
du limon et de la bri!ue$ Le pa3s toulousain
s' oppose au pa3s bordelais/ de m7me !u' aux
marbres de l' ?rdenne/ aux pierres de
l' LleDeDFrance et de la Normandie/ s' oppose
l' argile de Londres et des Flandres$ e beaux
di0ices de bri!ues se dressent 2 ?lbi et
'oulouse$ L' architecte s' est e00orc en ces
lieux de raliser l' aspect monumental/ et/ par le
seul mo3en des ressources !ui s' o00raient sur place/
d' le,er en !uel!ue sorte la bri!ue 2 la dignit
de la pierre$ 6ais celleDci a l' a,antage de la
plasticit et de la ,ie$ La beaut de la mati.re
s' unit 2 la per0ection de l' art dans ces
di0ices dont Caen s' enorgueillit et !ui
semblent sortis d' un seul 9et de ces carri.res
normandes dont les blocs ser,irent 2 b@tir les
cathdrales d' outreDmer$
Naturellement/ c' est moins dans les di0ices d' art/
capables d' attirer de loin les matriaux de
pro,enances di,erses/ !ue dans les b@tisses
ordinaires !ue se gra,e l' empreinte du milieu$
La France doit passer/ parmi les contres de
l' Curope transalpine/ pour la plus 0a,orise
sous le rapport des matriaux de constructions$
La remar!uable extension des roches calcaires
d' @ge crtac ou 9urassi!ue imprime aux
constructions !u' elles ont attires sur leurs
emplacements des mar!ues tr.s caractristi!ues$
Les ca,its creuses de main d' homme !ui
entaillent les escarpements de craie tu00eau
le long des ,alles tourangelles de la Loire/
de l' Indre et du Cher/ dsignent/ !uand
p;<+
elles ne subsistent pas ellesDm7mes comme habitat/
le no3au primiti0 d' o5 se sont dtaches les
blanches maisons !ui s' alignent le long de
leurs parois$ Les assises de calcaire !ui ont
0ourni 2 Paris la belle pierre !ue le temps
recou,re d' une 0ine et grise patine/ soulignent
la range de beaux ,illages chelonns du con0luent
de l' )ise 2 l' IsleD?dam/ ou encore ceux !ui se
sui,ent le long des dcoupures !ui cis.lent au
nord/ entre -oissons/ No3on/ Couc3 et Laon/
les plateaux de l' LleDeDFrance$ L' air
monumental rpandu sur les contres se re0l.te
en mille dtails/ miroite dans les plus humbles
constructions 1 il tient 2 la !ualit de la
pierre extraite sur place$ L2 aussi/ 2 cFt des
creuttes et carri.res !ue l' homme ne s' est
pas tou9ours dcid 2 abandonner/ maisons 2
pignons taills en gradins/ 2 poternes et 2
croises sculptes/ 2 larges et beaux escaliers/
montrent la 0amiliarit prcoce des habitants
a,ec une mati.re !ui se pr7tait docilement au
model$ Plus 0oncs de ton/ les calcaires du
bassin de Lorraine et de &ourgogne
communi!uent aux ,illages serrs !ui pressent
leurs maisons au pied des cFtes/ une tonalit
plus sombre/ 2 la!uelle les dalles de m7me nature
dont l' imbrication 0orme le toit/ a9outent une
note d' austrit$ La maison 9urassienne largit
ses 0lancs/ ampli0ie ses 0aades sur les plateaux
!ue percent de toutes parts les blanches clisses
des roches$ La maison en pierre est/ dans ce cas/
comme une chose incorpore au sol m7me 1 elle
0ait partie de cet ensemble d' indices par les!uels
se caractrise une ph3sionomie de contre$
La marche !u' a sui,ie en Curope la ci,ilisation/
des bords de la 6diterrane aux con0ins des
rgions 0oresti.res du nord/ est 9alonne par
des constructions de pierre$ C' est un mlange de
pierre et de ciment !ui a permis au rseau de
,oies romaines de tra,erser les si.cles/ et sous
les noms de estrades ou estres, chemins
!errs, perrs, voie de la =reuse, etc$/
hochstrasse ou autres ,ocables non moins
signi0icati0s/ de ser,ir de guide/ longtemps de
mod.le/ 2 la circulation moderne$
2 tra,ers l' ?!uitaine/ du Kuerc3 au Poitou/ la
bande de belle pierre calcaire se signale par
l' abondance d' anciens sites 0orti0is/ oppida
gaulois/ ch@teauxD0orts/ enceintes mures/ etc$/
!ui s' chelonnent depuis les sites 0ameux
d' *xellodunum et de Cahors/ 9us!u' 2 La
(oche0oucauld et ?ngoul7me/ et de l2 ,ers
Lusignan et Poitiers/ 0ormant comme une ligne
d' architecture militaire et 0odale$ 2 tra,ers la
&ourgogne et la Lorraine la bande septentrionale
de la grande boucle calcaire trace une srie
analogue de sites 0orti0is aux!uels s' accrocha
de bonne heure une cristallisation
d' tablissements humains N depuis (ena 9us!u' 2
?liseD-ainteD(eine/ de ,ieux sites 0orti0is
la 9alonnent
p;<8
en &ourgogne 1 elle signale/ de La 6arche 2
%audmont/ les con0ins guerriers de Lorraine$
L2/ plus tard/ et pour les m7mes causes/ na!uit
cette 0loraison d' architecture dont Clun3 0ut le
0o3er/ et dont l' glise de %Gela3/ sur la
colline calcaire en ,edette aupr.s du 6or,an/
demeure le principal tmoin$ L' ?ngleterre
chelonne la plupart de ses plus anciennes ,illes
0orti0ies (Chester) ou de ses passages
0lu,iaux ()x0ord) le long des collines calcaires
!ui enserrent le bassin de Londres/ ou des
hauteurs !ui/ par Lincoln et WorJ/ s' a,ancent
au nord 9us!u' au cap Flamborough$ Ces lignes
de constructions ont mis en saillie l' ossature
politi!ue des contres$ 2 tra,ers la -ouabe
et la Franconie un trait analogue est 0ourni
en ?llemagne par la Gone !ui ,a de &@le 2
&amberg N ce n' est point par hasard !ue/ sur
les promontoires ou contre0orts !ui la hrissent/
on rencontre les sites de ch@teauxD0orts !ue
les noms de Babsbourg/ Bohenstau0en/
BohenGollern ont rendu cl.bres$ ?u nordDouest
du BarG les coteaux calcaires du ,oisinage
de Bildesheim s' associent 2 la cit dont
l' architecture et les monuments reprsentent ce
!u' il 3 a de plus ancien et de plus remar!uable
dans l' ?llemagne du nord$
Les con!u7tes de la pierre sur le bois ont march
de pair a,ec les progr.s de la ci,ilisation$
Les xiie et xiiie si.cles/ !ui ,irent renaLtre
l' ordre et la scurit en Curope/ 0urent aussi
les po!ues du triomphe de la pierre$ C' est alors
!ue se dressent les cathdrales/ !ue/ sur la
-eine 2 Paris/ sur la 'amise 2 Londres/ et
ailleurs/ des ponts de pierre remplacent les
ponts de bois primiti0s$ 2 ?,ignon/
PontD-aintDCsprit/ sur le (hFne les
con0rries de 4 ponti0es 4 sont 2 l' oeu,re$ 92
sous Charles Le Chau,e les 0orti0ications de
PontDeDL' arche a,aient barr le 0leu,e aux
incursions normandes$ Les ponts de pierre ont
stabilis les passages/ endigu les in,asions/
0ix la gographie politi!ue/ de m7me !ue ces
tours et ces murailles !ui/ dans les ,ieilles
estampes/ dessinent in,ariablement les 0igures
de ,illes$ Pendant longtemps au contraire
l' orient et le nord restent 2 l' cart$ ans la
(ussie boise !ui s' tend au nord du == e degr
de latitude ou dans la Finlande/ comme
gnralement en -ibrie encore de nos 9ours/
il n' 3 eut gu.re !ue des ,illes de bois/ !ue
l' incendie pou,ait d,orer 2 tel point !ue les
habitants 0ussent tents d' abandonner le site$
es ,illes comme &olga sur la %olga/ Qulin ou
%ineta sur la &alti!ue/ &isJa en -u.de/ ont
disparu sans laisser de traces$ (ien de tel n' tait
possible dans cette Curope !ui/ de bonne heure/
d' )x0ord 2 Prague/ inscri,it sur le sol ses
monuments de pierre/ s' incorpora d' un trait
d0initi0 au sol$
p;<=
iv. -le bois dans l' )urope septentrionale :
un des changements les plus notables dans la
nature ,gtale est celui !ui 0ait graduellement
succder ,ers le nord les 0or7ts de coni0.res
aux essences ,aries !ui r.gnent dans les moins
hautes latitudes$ Peu 2 peu/ les arbres !ui
a,aient t pour les hommes de prcieux
auxiliaires/ le ch7ne/ !ui e:t mrit dans la
Gone tempre 0roide de succder 2 l' oli,ier
comme roi des arbres/ et/ a,ec lui/ le 0r7ne/
si prcieux encore pour la charronnerie et
l' outillage agricole/ l' i0/ !ue sa 0lexibilit
rsistante rendait apte 2 tant de ser,ices/ si
bien !ue son domaine semble a,oir t rduit
depuis les temps prhistori!ues par une
exploitation sans mesure/ disparaissent/ comme
a,aient d92 disparu le buis/ le ch@taignier/
le no3er$ Ce cort.ge ,ari 0ait place 2
l' uni0ormit des pins/ picas et ml.Ges/
hFtes des 0or7ts pres!ue dpour,ues de sousDbois$
Parmi elles/ se glissent pourtant 2 la 0a,eur
des clairi.res et des ,alles 0lu,iales !uel!ues
esp.ces 0euillues N peuplier/ aune/ sorbier/
le bouleau surtout !ui/ ,i,ace et rsistant/
tend son aire de la -ibrie 2 la -candina,ie/
du Canada 2 l' ?lasJa/ tout le long des
sur0aces continentales !ui bordent le pFle
arcti!ue$ La nature s' appau,rit 1 l' installation
de l' homme de,ient plus lente et plus di00icile 1
les arbres 0ruitiers cessent d' accompagner les
habitations$ C' est en,iron entre == et <> degrs
en Curope/ ,ers => degrs en ?mri!ue/ !ue se
prononce le changement$
Cependant cette nature/ si appau,rie !u' elle soit/
n' est pas strile$ es ressources nou,elles se
substituent 2 celles !ui 0ont d0aut$ ans
ces 0or7ts de coni0.res/ les troncs gorgs de
rsine li,rent aux constructions des matriaux
incorruptibles$ La souplesse du bouleau/ son
corce lg.re et lasti!ue se pr7tent 2 des
usages pres!ue aussi ,aris !ue ceux du bambou
dans d' autres latitudes$ Le caisson de bois
!ui glisse et traLne sur la mousse entre les
arbres clairsems/ le canot !ue l' on transporte
parDdessus les seuils dprims d' un bie0 de
ri,i.re 2 un autre/ sont des applications
originales !u' en a tires l' ingniosit humaine$
C' est surtout dans les instruments de transport
!ue se mani0este d' abord cette originalit N
chose naturelle en des contres o5 les
dplacements saisonnaux ont t et restent encore
en partie une condition d' existence$ Le reste
sui,ra a,ec les progr.s de la ci,ilisation$
6ais les notions runies sur l' ethnographie
des peuples primiti0s/ tribus 0innoises du nord
de la (ussie/ indig.nes de l' ?mri!ue
septentrionale/ montrent su00isamment d92
!u' en dpit de di00icults !ue ces contres
opposaient 2 l' homme/ l' occupation 3 0ut asseG
ancienne i ;<<
et in,tre pour a,oir cr/ l2 comme ailleurs/
un matriel spcial de ci,ilisation en
harmonie a,ec la nature ambiante$
La ci,ilisation moderne/ sous sa 0orme la plus
en,ahissante/ celle de l' industrie/ assi.ge
cette Gone a,ec une intensit dont elle est loin
9us!u' 2 prsent d' a,oir donn les m7mes preu,es
dans la Gone tropicale$ &ien peu des produits
,gtaux !ue produit la nature 0oresti.re
!uatoriale ont t encore utiliss par nos
grandes socits modernes 1 au contraire/ les
ressources 0oresti.res du nord sont depuis
longtemps entres dans la circulation gnrale$
Ce n' est plus aux besoins seuls des habitants/
mais 2 la consommation grandissante de notre
industrie !u' ils sub,iennent$ Cn m7me temps/ les
ressources du sol sont exploites$ Les mines
l' taient dans les temps anciens par les
tchoudes du nord de la -ibrie 1 le 0er l' est
au9ourd' hui dans les parties les plus
septentrionales de la -candina,ie$ e plus en
plus/ entrent en 9eu les immenses rser,es de
0orces !ue rec.lent les masses d' eau accumules
dans ces contres 1 aussi ,o3onsDnous a,ec
tonnement s' a9outer aux cits histori!ues de
6oscou/ Ptrograde/ -tocJholm/ de nou,elles
crations et poindre de nou,elles ppini.res
urbaines en Finlande/ en -candina,ie/ en
Colombie britanni!ue/ l2 o5 9adis ,gtaient
a,ec peine des embr3ons d' agglomrations
humaines$
La ph3sionomie des ,illes et m7me des contres se
trans0orme rapidement sous l' in0luence de la
bri!ue et du granit$ 'oute0ois/ les conditions
intrins.!ues n' ont pas dit leur dernier mot$
-ous ces climats rigoureux o5 l' hi,er se prolonge
pendant O ou M mois/ la ncessit de retenir
la chaleur assure aux constructions en poutres/
malgr les dangers d' incendie/ une pr0rence
9usti0ie$ La plupart des ,illes russes du nord
ont renonc 2 leurs palissades et enceintes de
bois$ Cependant/ beaucoup de !uartiers restent
0id.les aux anciens matriaux/ m7me 2 6oscou$
C' est surtout le cas pour les habitations rurales$
Cn Nor,.ge/ sous le ciel mouill et lumineux
par claircies/ un des lments !ui pi!uent une
note claire dans le pa3sage/ c' est la maison
dont les parois peintes en rouge brillent au
soleil$ -i ,ous entreG/ de ces parois luisantes/
de ces planches bien unies/ s' exhale une odeur
rsineuse$ Le ,illage du nord de la (ussie
tourne ,ers la large rue !ui constitue son axe/
les pignons ou,rags et orns de ,i,es couleurs
de ses maisons de bois$ l' i7ba russe a
supplant/ en e00et/ a,ec le progr.s de la
culture et du bienD7tre/ la rudimentaire et 0ruste
kuta 0innoise/ dont les toits bas de
branchages et de terre sourdent encore 2 et l2
dans les coins carts de la rgion marcageuse$
Le plancher de bois a remplac dans l' iGba russe
le sol de terre 1 les 0en7tres et les
ou,ertures ont donn passage 2 la 0ume et 2 la
lumi.re 1 des bancs
p;<O
le long des murs et des cloisons de planches
di,isent la demeure en plusieurs compartiments$
?,ec les chambranles dcoups et peints !ui
encadrent les 0en7tres/ la girouette en 0orme
d' oiseau !ui surmonte le toit/ la maison s' gaie
et prend un air pittores!ue$ Clle paraLt bien
ce !u' elle est rellement/ une cration inspire
des lieux 1 on sent !ue/ sur elle/ s' est exerce
a,ec prdilection l' adresse et la 0antaisie du
constructeur$ L' art !ue le mou9iJ a appli!u 2
se construire/ a,ec les matriaux !u' il a,ait
2 sa porte/ une demeure con0ortable 2 ses
besoins et 2 ses go:ts/ est le m7me !ui 0ait
!ue sous sa main/ sans autre instrument !ue la
hache/ le bois prend les 0ormes les plus di,erses/
se pr7te aux usages les plus multiples$ Le
mou9iJ est n charpentier par le besoin/
l' habitude hrditaire/ en ,ertu des conditions
de la nature ambiante/ m.re de ces nombreuses
industries domesti!ues restes cheG lui encore
si ,i,aces$ 4 on ne se 0igure pas tous les ob9ets
!u' il peut 0abri!uer a,ec du bois et dans les!uels
il n' entre pas un atome de 0er 4 / dit a,ec une
nuance de regret un mtallurgiste$ C' est dans
l' iGba russe/ la maison 0inlandaise en
-candina,ie telle !ue l' ont 0aite plusieurs
gnrations de pa3sans/ a,ec leurs co00res en
corce de bouleaux/ leurs tag.res 2 images et
leurs principes de dcoration pittores!ue/ !ue
se mani0este l' expression la plus directe d' un
genre de ci,ilisation autonome/ ne au sein
d' une nature ingrate$ La maison n' estDelle pas
en tout pa3s l' un des signes 0id.les de la
mentalit de celui !ui l' habite E
p;<P
chapitre v. ,es tablissements humains :
les tablissements humains a9outent une expression
au pa3s$ La premi.re apparition d' un hameau/
apr.s une course de hautes montagnes/ est une
9oie$ Cette impression respire dans (ichtho0en/
!uand il note 9our par 9our les spectacles de
,o3age !ui le 0rappent/ dans &arth/ !uand il
passe du -ahara au -oudan$ *ne ,ille/ un
,illage/ des maisons/ sont un lment descripti0 1
soit !ue l' on consid.re leur 0orme et leurs
matriaux/ leur adaptation 2 un genre de ,ie/
rural ou urbain/ agricole ou herbager/ ils
9ettent un 9our sur les rapports de l' homme et
du sol$ Il 3 a donc une grande ,arit
d' tablissements humains 1 mais il importe d' en
embrasser l' ensemble pour 0aire 2 cha!ue
lment la part !ui lui con,ient$ Le site est le
premier 2 considrer/ celui du moins o5 l' on
saisit le plus aisment/ sembleDtDil/ les
in0luences gographi!ues$
i. -les sites :
tablissements temporaires et tablissements
permanents. Dcertains tablissements se
prsentent comme des crations phm.res$ Les
germains de l' po!ue romaine a,aient des ,illages/
mais/ comme pour les indig.nes de l' ?mri!ue
du nord/ c' tait des domiciles dont on s' cartait
0r!uemment pour la chasse ou les besoins de
nourriture et de ,7tement/ et !u' on abandonnait
par0ois pour en 0ormer d' autres$ L' emplacement
des ,illages n.gres du -oudan est su9et 2 changer
si le sol s' puise/ s' il de,ient malsain 1 il
est 2 la merci d' une pidmie$ La 0ixit des
tablissements est en proportion du patrimoine
amass sur place/ des amliorations ralises/
des relations 0ormes$ Cntre le ,illage a0ricain
!u' un accident dplace/ et nos ,illages
d' Curope dont nous pou,ons sui,re l' existence
depuis des milliers d' annes/ il 3 a toute la
distance !ui spare les ci,ilisations rudimentaires
d' une
p;O>
ci,ilisation a,ance/ comme entre la petite ,ille
d' autre0ois et les immenses cits !ue notre
po!ue ,oit grandir$
-i nous laissons de cFt ces tablissements
phm.res des peuples primiti0s/ nous de,ons
aussi mettre de cFt les re0uges et les abris de
circonstance$ ans un tat d' inscurit
chroni!ue/ les tablissements humains s' cartent
des sites !u' ils de,raient normalement occuper$
?u lieu de se placer l2 o5 s' o00rent les
ressources naturelles et o5 l' espace n' est pas
misrablement restreint/ ils se nichent sur des
points peu accessibles/ sur des amoncellements de
blocs comme ceux !u' on nous dpeint dans certaines
contres de l' ?0ri!ue/ sur des sommets rocheux
comme les ,ieux oppida des bords de la
6diterrane ou nos ch@teauxD0orts du mo3enD@ge/
dans les Llots ou sur des caps comme les 0ondations
!ue 9adis le 6elJart ou l' ?start phniciennes
sem.rent autour de la 6diterrane$ 6ais ces
sites ne sont pas durables/ ils sont abandonns
d.s !ue les circonstances de,iennent plus propices
et ne subsistent !u' 2 l' tat de ruines$ Les
conditions naturelles prennent alors le dessus 1
sous le ch@teauD0ort abandonn/ un ,illage ou une
,ille se 0orment et grandissent$ 4 !uand/ dit
'huc3dide/ on commena 2 7tre rassur contre
les pirateries/ les ,illes se rapproch.rent de la
mer$ 4 et d' autre part la piraterie 0aisant
place au commerce/ les Llots sur les!uels a,aient
t dposs par les pirates euxDm7mes un germe
de ,illes/ entr.rent en contact a,ec la terre
0erme et s' 3 rattach.rent m7me arti0iciellement$
'3r/ -3racuse/ ?lexandrie ont ainsi bris leurs
co!uilles$ 6ais alors/ 2 partir du moment o5
l' tablissement a trou, ou con!uis les conditions
0a,orables 2 sa ,italit/ il peut 0aire preu,e
d' une singuli.re persistance 2 durer/ m7me 2
tra,ers les r,olutions de l' histoire$
Cn 0ondant sur certains points 0a,orables des
tablissements sur les!uels des gnrations
successi,es concentrent les produits de leur
acti,it/ l' homme implante un le,ier pour agir
aux alentours/ par0ois au loin$ Ces
tablissements 0ont 0igure gographi!ue/ non
seulement par euxDm7mes/ mais par les modi0ications
!u' ils produisent autour d' eux$ -ans parler des
in0luences lointaines pres!ue incalculables
!u' exercent les grandes cits de nos 9ours/
une ,ille/ m7me mdiocre/ cre sa banlieue et
trans0orme ainsi ses alentours$ *n ,illage groupe
et associe les cultures sui,ant les commodits
de l' exploitation$ 67me les hameaux/ les 0ermes
ou maisons isoles/ a,ec leurs ouches/ leurs
courtils/ leurs ,ergers/ leurs masures/ op.rent
une sparation de 0ormes !ui s' enche,7trent 2
l' tat de nature/ un classement des champs/
prairies/ ,ergers ou bois dont nos 3eux ont pris
l' habitude$ L' aspect de contre pleinement
ci,ilise/ a,ec sa continuit de cultures/ ses
p;O;
tendues o5 se mani0este une r.gle introduite par
l' homme/ est un rsultat arti0iciel !ui tient 2
la !uantit/ au ,oisinage et 2 la dure des
tablissements !u' il a pu 0onder$ L' absence ou la
raret d' tablissements permanents se traduisent
par une composition tout autre du pa3sage/
d' autres associations ,gtales/ des interruptions
ou des ,ides sui,ant la nature des lieux/
l' apparition sporadi!ue de sols ingrats !ue rien
n' a amends$ Ce dernier trait a t not par tous
les obser,ateurs dans l' ?0ri!ue tropicale$
complexit dans les pas de vieille
civilisation. Dcependant/ d.s !u' il s' agit
de passer 2 l' anal3se/ de distinguer les
di00rents t3pes d' tablissements dans leurs
rapports a,ec les conditions naturelles et les
genres de ,ie/ c' est dans les contres de ,ieille
ci,ilisation !ue la complexit des 0aits rend
l' obser,ation le plus di00icile$
L' aspect de nos campagnes/ en France par exemple
ou dans l' Curope centrale/ est un tableau
singuli.rement composite/ o5 les retouches et les
disparates ne man!uent pas$ )n 3 ,oit se
cFto3er des 0ormes !ui sont l' expression de
di,ersits sociales et par0ois m7me de di,ersits
ethni!ues$ L' usine a pris place pr.s de la
maison rurale/ le ch@teau pr.s de la 0erme$
Pour!uoi ici la maison 0lamande/ l2 le ,illage
alsacien 0ontDils brus!uement place aux 0ermes
Xallonnes ou aux ,illages lorrains E i,erses
in0luences se croisent/ parmi les!uelles les
traditions ethni!ues ne sont pas mconnaissables$
)n sent a,ec !uelle circonspection doit procder
l' anal3se et de combien de nuances il 0aut tenir
compte$ 6ais cette complication porte en soi son
enseignement$
Les tablissements humains sur le sol histori!ue
de notre Curope ont/ plus pro0ondment et plus
gnralement !u' ailleurs/ remani les conditions
naturelles$ Kuel!ues 9alons nous permettent de
remonter dans leur histoire$ Nulle part elle ne
s' o00re plus ,arie et plus riche$ es bords de
la 6diterrane 2 l' Curope centrale/ 9us!u' au
nord scandina,e et 2 la plaine russe/ on suit
une srie chronologi!ue/ comme une ,ague
en,ahissante dans les rgions les plus di,erses
de sol et de climat$ 'our 2 tour/ les hauteurs
!ui encadrent le bassin mditerranen ont t
amnages en gradins 1 les plaines !ui entourent
les ?lpes ont t draines 1 les ?lpes
ellesDm7mes ont t/ 9us!ue dans leurs hautes
rgions/ li,res 2 l' exploitation pastorale$ ?pr.s
!ue les 0or7ts 2 0euilles cadu!ues de l' Curope
centrale eurent t claircies/ on s' est
atta!u aux marcages des contres !u' a,ait
prou,es l' action glaciaire 1 en0in/ les 0or7ts
de coni0.res des terrains gra,eleux de la (ussie
du nord ont t 2 leur tour atteintes par le
progr.s des tablissements
p;OR
humains$ 2 chacune de ces con!u7tes sur les pentes/
sur les 0or7ts/ les marcages/ a correspondu
l' in,ention de procds sou,ent s3stmati!ues
de culture/ de modes particuliers d' conomie
rurale$
-ans doute/ il 3 a des contres dont la
ci,ilisation ne le c.de pas en anciennet 2 celle
de l' Curope 1 mais elle le c.de en ,arits$
Cn Chine/ comme au Qapon/ et m7me dans l' Inde/
il n' 3 a pas eu d' atta!ue mthodi!ue de nou,eaux
domaines de culture 1 on s' est content de tirer
le meilleur parti de celui !ui/ de temps
immmorial a,ait t 0ix 1 les tablissements
humains sont rests plus spcialement con0ins
dans certaines Gones N la montagne et la plaine
3 sont comme deux lments spars 1 ni le chinois/
ni l' annamite/ ni l' hindou/ ne propagent leurs
tablissements dans les montagnes/ domaine
malsain/ hostile de socits primiti,es$ La
montagne a 9ou surtout un rFle passi0 1 elle
s' est dpouille au pro0it de la plaine 1 elle
n' a pas particip aux trans0ormations !u' entraLne
le cours mobile d' une ,italit en ,eil/ 2 ce
perptuel de,enir !ui a00ecte aussi l' occupation
humaine$ Cn ce sens l' Curope est la plus
humanise de toutes les parties du monde$
Nulle autre n' o00re une mati.re aussi riche
et hirarchise d' exemples$ L' ?mri!ue a
install son s3st.me d' tablissements sur d' autres
bases$ Clle a br:l les tapes$ -ans doute/ le
,illage existe aux tatsD*nis dans les parties
de colonisation ancienne$ 6ais les mo3ens
actuels de circulation/ les crations
d' entrepFts appro,isionns de toute esp.ce de
marchandises/ l' usage de trans0ormer les produits
agricoles en ,aleurs de ban!ue/ Ftent 2 la
0ormation des ,illages une partie de sa raison
d' 7tre$ C' est 2 la ,ille/ et m7me 2 la tr.s
grande ,ille !ue tendent les groupements$ C' est
la ,ille !ui rgit les relations entre ruraux$
existence de tpes. Ddans cette complexit
des pa3s de ,ieille ci,ilisation/ ne peutDon
dcou,rir des t3pes susceptibles de
classi0ication E
(emar!uons d' abord !ue les 0ormes d' tablissements/
!uelles !u' elles soient/ ne se reprsentent
pas isolment$ -i l' on met 2 part !uel!ues
exploitations mini.res situes en pleine 0or7t
ou au coeur des montagnes/ c' est par essaims/
par 0amilles en !uel!ue sorte !ue certains
t3pes se rpartissent 2 la sur0ace$ -i c' est
le rgime d' habitat dissmin !ui pr,aut/ les
maisons/ 0ermes ou hameaux ne se comptent pas
par !uel!ues units/ mais par centaines 1 c' est
comme une poussi.re d' habitation !ui cou,re le
sol$ -i c' est au contraire le t3pe de ,illages
agglomrs !ui domine/ ils se distribuent de
telle 0aon !ue/ pour peu !u' on embrasse un
horiGon de !uel!ue tendue/ on aperoit tou9ours
p;O+
plusieurs clochers 2 la 0ois N nombre de pro,erbes/
cheG nous/ ont not le 0ait$ Les ,illes m7mes ont
tendance 2 se multiplier et 2 se presser sur
certains points/ comme si elles s' attiraient
les unes les autres$ ?insi/ abstraction 0aite
des 0ormes !ui peu,ent ,enir 2 la tra,erse/
on discerne aisment !ue les m7mes t3pes sont
tirs/ dans les rgions !u' ils occupent/ 2 un
tr.s grand nombre d' exemplaires$ Il est par l2
permis de dire !ue le site gou,erne en partie
l' habitat/ !ue parmi les signes !ui concourent
2 caractriser une contre/ 2 mar!uer un pa3s
d' une empreinte propre/ cet indice n' est pas
ngligeable$ Celui !ui/ en France/ !uitte le
pa3s de Caux pour celui de &ra3/ la &rie pour
la &eauce/ celleDci pour le Perche/ recueille
ce sentiment sur le ,i0$ (ichtho0en ne
l' exprime pas a,ec moins de nettet/ !uand il
dcrit les di00rences !ui le 0rappent entre les
pro,inces de Chine N di00rences autant dans le
mode de groupement !ue dans la 0orme des
maisons$
(ien de plus naturel/ si l' on 3 r0lchit$
L' analogie des conditions de sol/ d' h3drographie/
de climat/ 0ait !u' un t3pe d' tablissement/ une
0ois implant dans une contre/ 3 de,ient
dominant/ par la ncessit !ui pousse les
cohabitants 2 s' adapter les uns aux autres$
C' est un phnom.ne d' accommodation rcipro!ue$
Les relations !uotidiennes et multiples !ui
naissent entre habitants d' une m7me contre ne
permettaient gu.re/ autre0ois surtout/ de se
dpartir des t3pes de groupement et d' habitat
!ui correspondent au genre de ,ie dominant$ ans
les pa3s de grande culture de crales/ la
simultanit des tra,aux/ l' usage des m7mes
pistes imposaient un m7me mode de groupement
pour arri,er en temps utile aux parcelles 2
tra,ailler 1 le paiement s' 3 0aisant en nature/
la maison du salari aussi bien !ue celle du
0ermier ou propritaire/ de,ait 7tre amnage
en ,ue de ce !u' elle de,ait contenir$ ans les
rgions o5/ au contraire/ le sol se morcelait en
terrains enclos/ tour 2 tour champs et p@tures/
4 les petits pa3s 4 / comme les dsignent les
habitants/ il 0allait bien !ue cha!ue 0erme
s' isol@t pour sub,enir aux ncessits de cet
miettement des cultures/ !u' elle se rattach@t
au lacis de petits sentiers !ui cou,rent le pa3s
pour s' 3 nicher en place utile$ C' est surtout dans
les pa3s d' irrigation !ue la r.gle d' adaptation
rcipro!ue se mani0este$ 'out 3 est tellement
subordonn 2 l' lment !ui distribue la ,ie/
!u' il ne peut 3 a,oir d' autre mode de groupement/
d' autre disposition d' habitat !ue celle !u' exige
la 9ouissance en commun soit des eaux courantes/
soit des nappes d' eau$ (ien de plus uni0orme
en e00et !ue les baracas !ui peuplent la
huerta de %alence ou !ue les innombrables
petites cases !ui s' gr.nent dans la haute
g3pte/ ou !ue les ,illages !ui encadrent les
compartiments 2 riGi.re du 'onJin$
p;O8
L' obser,ation montre donc !u' il existe des sries$
Ce sont elles !u' il 0aut reconnaLtre et tudier
et non l' exception$ Clles seules ont une ,aleur
gographi!ue$
in!luence des routes. Dla plupart des auteurs
!ui se sont occups des tablissements humains se
sont attachs 2 mettre en lumi.re le rFle des
,oies de communication$ C' est !u' ils songeaient
surtout aux ,illes$ Les routes/ c' estD2Ddire le
commerce et la politi!ue/ ont 0ait les ,illes 1
il en est autrement des tablissements plus
humbles !ui ont procd de mille mani.res
di00rentes 2 l' exploitation du sol$ 6eitGen
l' a prou, pour les anciennes communauts
,illageoises de l' Curope centrale$ Nous le
,o3ons autour de nous$ Les petits hameaux !ui se
multiplient dans le sud du 6assi0 Central/ les
0ermes ,oisines mais isoles du bassin de
(ennes/ les maisons rurales des rgions de
bocage ne se rattachent au rseau routier !ue
par des sentiers !ue la boue rend impraticables$
ans la &rie/ la rpartition de ces 0ermes/
!ui sont pourtant de grands centres
d' exploitation rurale/ montre une disposition
tout 2 0ait indpendante des routes N c' est par
un lacis de pistes !u' elles communi!uent$ Cn
Limagne/ la petite culture laisse 2 peine de
place 2 !uel!ues sentiers herbeux$ Cn &eauce/
de grandes routes/ mais pas de sentiers$
Cela ne ,eut pas dire !ue les routes soient
incapables de 0aire naLtre des ,illages$ La
nomenclature topographi!ue en 0ait 0oi$ )n ,oit
actuellement/ dans les pa3s de population
dissmine/ Flandre/ ,alle de la Loire/ les
maisons s' aligner docilement 2 l' appel des routes/
0ormer des rues et donner ainsi un aspect
semiDurbain 2 certaines campagnes$ 6ais !ue de
pa3s (6or,an/ %ende/ -idobre) o5 la route ne
0ait naLtre aucun tablissement$
La ,ie rurale se contente d' une ,iabilit
rudimentaire/ soumise 2 toutes les di00icults des
saisons/ adapte aux pitons ou aux b7tes de
somme$ ans l' est de la France et les plaines
agricoles de l' ?llemagne/ comme en ?ngleterre/
on entre,oit le ,estige d' un t3pe d' organisation
aussi ancien !ue l' assolement triennal/ o5
l' indpendance des routes est mani0este$ ?utour
d' un no3au o5 se groupent les maisons rurales
se droulent en longues bandes parall.les des
champs soumis 2 des r.gles d' assolement communes/
de sorte !ue semailles/ tra,aux/ rcolte/ mise
en p@ture s' 3 succ.dent dans le m7me ordre et
s' accomplissent en m7me temps$ 2 l' origine les
rues du ,illage s' 3 prolongeaient sous 0orme
d' troites bandes gaGonnes ou laisses en 0riche
pour la commodit des oprations agricoles$ Ce
s3st.me autonome de communications/ bien !ue
moins mani0este au9ourd' hui/ est de cration
p;O=
,illageoise 1 il se su00it$ es routes ont pu
7tre sura9outes en ,ertu des besoins extrieurs/
mais l' unit sociale/ la cellule organise pour
subsister de sa ,ie propre a,ait d92 de cette
mani.re pour,u 2 sa propre ,iabilit$
Isol des routes/ l' tablissement rural doit a,oir
sous la main les ressources indispensables 2
sa ,ie$
ans les rgions arides ou dserti!ues/ la nature
restreint l' habitat 2 une Gone troite dont il ne
peut s' carter$ La proximit de l' eau est la
r.gle in0lexible 1 pas d' tablissement !ui s' en
carte/ !ui ne tienne de l' oasis$ 6ais les
rgions tempres laissent plus de marge 1
l' homme 3 peut choisir les sites sui,ant
di00rentes combinaisons$ Le besoin de !uel!ue
,arit dans l' alimentation/ l' eau pour de
multiples usages/ les terrains ncessaires 2
l' entretien d' animaux domesti!ues/ le combustible
et les matriaux de construction/ la salubrit
du sol/ ,oil2 un rsum des exigences de l' homme
pour sa demeure$
Le probl.me a t rsolu de 0aon 2 concentrer le
mieux possible la runion des choses ncessaires 1
c' est ce !ui expli!ue la 0ixit des tablissements
humains dans nos rgions de ,ieille ci,ilisation$
Le principe de combinaison est s3stmati!uement
appli!u dans l' organisation des anciens ,illages
d' ?ngleterre 1 on 3 distingue autour de
l' agglomration N ;$ Les champs de culture 1
R$ Les prairies &meado- grounds' * +$ Les
p@tures$
lignes de contact. Dun relie0 dont les lignes
s' harmonisent et o5 l' inclinaison des pentes ne
dpasse pas les degrs !ui rend les transports
et les relations di00iciles/ mais !ui 9oint 2
l' a,antage d' orientations di00rentes celui !ui
rsulte d' une composition ,arie du sol 1
telles sont/ entre autres/ les conditions !ui
attirent et 0ixent les tablissements ruraux$
Nos coteaux de France/ surtout dans le bassin
parisien/ abondent en pareils sites$ L' rosion
s' 3 est exerce asseG pour !ue des boulis
aient enrichi en m7me temps !u' amorti les pentes/
sans compromettre la stabilit du sol$ Les
couches du sousDsol/ n' a3ant pas t dranges
par des dislocations/ se droulent en assises
rguli.res N aux sables et aux matriaux 0riables/
se superposent en successions ordonnes des
Gones d' ingale consistance/ calcaires ou marnes/
entre les!uelles a00leurent des sources$ 2 cette
coordination/ il a t possible d' adapter un
classement de prairies/ de cultures/ de ,ergers/
de taillis/ bois ou garennes/ dans le!uel les
besoins de la communaut trou,ent 2 porte ce
!ui leur su00it$ L' oeil embrasse aisment cette
superposition rguli.re et unit le ,illage et le
clocher dans l' image !u' il en retient$ -ur les
0lancs des coteaux calcaires couronns de bois !ue
p;O<
l' rosion a isols dans le No3onnais/ o5 aux
en,irons de -aintDHobain et Laon/ des champs
s' talent 9us!u' au contact des boulis a,ec les
0onds argileux N les tablissements/ dociles
2 ces dispositions linaires/ 0orment ceinture
autour de cha!ue massi0$ Les collines de craie
tendre du -nonais doi,ent 2 l' rosion un
pro0il ,as et sensiblement conca,e dont les
champs dessinent en long ruban la sinuosit$
-ur les coteaux plus raides du calcaire 9urassi!ue/
en &ourgogne ou en Lorraine/ se succ.dent/
de la base au sommet/ les prs/ les champs/ les
,ergers/ les 0or7ts/ soulignant les di00rences
si lg.res !u' elles soient de sol/ de climat et
d' h3drographie/ !ui se concentrent sur une
centaine de m.tres d' altitude$ Ce rapprochement
en raccourci de Gones di,erses 0ournit aux
tablissements un cadre propice 1 il est combin
en raison du ,aDetD,ient !ui relie les di,erses
parties de l' exploitation rurale$ Le choix de la
position reprsente la meilleure possibilit de
combinaisons utiles$
Cha!ue modi0ication du relie0 o00re ainsi de
nou,elles chances 0a,orables aux tablissements$
Il se produit aux in0lexions de pente/ aux
intersections de plans di,ersement inclins/
une tendance ,isible au rapprochement et m7me
2 la concentration des lieux habits$ )n peut
,ri0ier en di,ers pa3s cette loi naturelle/
m7me en ceux o5 la disette d' eau ne rel.gue
pas/ comme en certains plateaux calcaires/ les
,illages aux a00leurements latraux de sources
ou au ,oisinage de ri,i.res$ Les plateaux de
tra,ertins et de meuli.res de la &rie/ o5 l' eau
est partout et 2 l' intrieur des!uels pr,aut
le s3st.me de grandes 0ermes/ se couronnent sur
leur priphrie de ,illages placs en corniche/
penchs d' un cFt sur des ,ergers/ adosss/ de
l' autre/ 2 des champs$
' autres exemples nous ,iennent du midi et de
l' ouest$ ans la plaine du PF/ en milie/
en Lombardie et Pimont/ le pa3s 0ourmille
de maisons rurales/ distantes la plupart 2 peine
de =>> m.tres$ (ien ne distingue particuli.rement
les alentours de ces grosses b@tisses N ni
arbres/ ni 9ardins/ 2 peine !uel!ues lopins de
potagers minuscules$ Clles sont indistinctement
con0ondues dans l' immense 9ardin dont le
tra,ail des habitants a re,7tu la plaine enti.re/
a,ec ces cultures !u' un rideau d' arbres
entrelacs de 0estons de ,ignes prot.ge contre
les ra3ons du soleil$ 6ais a,ec les collines du
6ont0errat reparaissent les ,illages/
couronnant les cimes de leurs clochers et de leurs
,ieilles tours$
ans le Lauraguais languedocien/ l' impermabilit
du sol a 0a,oris la dispersion par bordes *
mais sur la tranche !ue ces plateaux de molasse
opposent aux ,alles/ se succ.dent des bourgs ou
,illages/ tr.s anciens pour la plupart/ signals
au loin par des ranges de moulins
p;OO
2 ,ent$ C' est un spectacle analogue !ui 0rappe le
,o3ageur !ui suit la Loire entre Chalonnes et
?ncenis et !ui ,oit sur la ri,e gauche/ de
-aintDFlorent 2 Lir/ les rampes du pa3s des
6auges se hrisser de clochers et de moulins 2
0aible distance les uns des autres N derri.re
cette 0aade ,illageoise !ui 0ait illusion/ on ne
dcou,re/ si on la 0ranchit/ !ue de larges croupes
parsemes de 0ermes dans un 0ouillis d' arbres$
*ne recrudescence de centres habits signale le
bord des plateaux de loess en ?lsace/ entre
-trasbourg et -a,erne/ comme en ?utriche
le bord des plateaux !ue longe la 6ora,a au
nord de %ienne 1 la ,igne et les ,ergers
a9outent leur appoint aux cultures de crales$
C' est !ue/ dans ce cas comme dans les prcdents/
un talus adouci/ 0orm de glissements et d' boulis/
0acilite la liaison entre les sections de pentes$
Cette disposition 0amili.re a pris racine dans
les habitudes$ Il semble bien !u' a,ec le besoin
instincti0 des combinaisons/ ce t3pe ait
0lott de,ant les 3eux de nos pa3sans de France/
lors!u' ils transplant.rent en ?mri!ue ce plant
exoti!ue/ le ,illage agricole 1 sur les
terrasses au bord du -aintDLaurent/ leurs
maisons s' alignent/ ,oisines sans 7tre contiguSs/
droulant en bandes rectangulaires leurs ,ergers
de pommiers/ leurs champs d' a,oine/ leurs
prairies entoures de barri.res de bois/ entre la
0or7t d' en haut et la berge du 0leu,e$
)n peut considrer comme une loi gnrale la
prdilection des tablissements humains pour
les lignes de contact de couches gologi!ues
di00rentes$ Celui des calcaires oolithi!ues
surmontant les marnes du lias/ si 0r!uent en
&ourgogne et en Lorraine/ a t un des plus
0conds en tablissements prcoces$ Le site
0ameux d' ?liseD-ainteD(eine mriterait de
ser,ir de t3pe$ L' oc.ne parisien a 0ourni/
soit entre le calcaire et les sables/ soit
entre les g3pses et les marnes ,ertes/ l' occasion
de ,illages s' tageant 2 0lanc de coteaux/ le
long de la -eine/ de la 6arne et de l' )ise$
Les coules de basalte !ui/ en ?u,ergne/
surmontent les coteaux d' argile/ ont 0orm 2
leur extrmit une lisi.re de ,illages/ dont le
t3pe est (o3at$
Les tablissements a00ectent de pr0rence soit
le palier suprieur/ ainsi !ue nous l' a,ons ,u/
soit le palier in0rieur$ Les cFtes calcaires
de 6euse ne man!uent pas de bourgs situs au
sommet/ mais c' est surtout leur base !ui est
garnie de riches et 0lorissants ,illages se
succdant de pr.s/ tous orients ,ers l' est$
67me disposition dans les bourgs du ,ignoble
bourguignon$
villages en srie. Dle nombre et le
rapprochement des tablissements !ui se pressent
sur ces lignes de contact sont le commentaire
p;OM
,i,ant de la 0orce d' attraction !ui les tient
unis$ (ien de plus 0rappant !ue ces ranges
de ,illages !ui/ en de certains endroits/ semblent
7tre ns du m7me besoin/ puisant 2 la m7me s.,e$
*n coup d' oeil les embrasse se succdant sur
le m7me plan/ en lignes pres!ue ininterrompues/
soit autour des coteaux de No3on et de
-aintDHobain/ soit le long des berges
calcaires !ui descendent ,ers l' )ise$ ?u pied
des cFtes de 6euse/ entre Neu0ch@teau et
%aucouleurs/ les ,illages s' alignent aussi/
unis ensemble par un lien de ressemblance/
par0ois de 0iliation N .omrm .e >reux,
disait Qeanne ' arc en parlant de son ,illage
natal/ !u' elle ne sparait pas du ,illage aLn
et ,oisin$
Il 3 a l2 de ,ritables lignes de cristallisation$
Les tablissements humains ont obi strictement
2 l' attraction de certaines conditions propices 1
ils s' 3 sont propags comme ces coraux dont les
constructions ne s' cartent pas de certaines
Gones$ Ils se pr7tent/ par ce ,oisinage/ un
mutuel appui et 3 trou,aient/ dans les temps
troubls/ des garanties de scurit$ Les exemples
ne man!uent pas hors de France/ en ?llemagne
notamment/ aux pieds des platesD0ormes calcaires
de -ouabe/ le long de l' )denXald/ sui,ant
la bergstrasse et ailleurs$ *ne grande
partie de nos populations a ,cu ainsi de ces
rapports de ,illages 0ormant comme des 0amilles
sociales$
tpes montagnards. Ddans les montagnes/ les
lignes de cristallisation sont plus rares$ C' est
le t3pe dissmin !ui pr,aut et !ui persiste$
ans les ?lpes 0rancoDpimontaises/ on rencontre
des groupes de hameaux plutFt !ue des ,illages$
Cependant !uel!ues lignes d' habitat se laissent
particuli.rement distinguer$ Clles correspondent
aux Gones de ,gtations !ui se succ.dent en
altitude$ -ur les 0lancs de ce !u' on appelle
dans les %osges des collines, les habitations
s' alignent sur une Gone de cultures/ !ui/
surmontant de ;>> 2 ;=> m.tres les prairies d' en
bas/ s' l.,e auDdessus des brouillards sur les
,ersants o5 s' attardent les ra3ons du soleil$
Le bas de la Gone de la ch@taigneraie/ auDdessus
des ,ignes/ dans les monts du %i,arais et une
partie des C,ennes/ trace une ligne sensible
de peuplement$ Il en est de m7me dans le 'essin$
Cn Corse/ c' est au contact de la Gone de
l' oli,ier et de celle du ch@taignier !u' est la
ligne de prdilection$ ans les montagnes du
Cantal/ les gros ,illages sont 2 M>> ou P>>
m.tres/ auDdessus des cultures/ pr.s des 0or7ts
et des p@turages$ Le Qura est 9alonn
d' tablissements/ respecti,ement situs 2 la
limite suprieure du ,ignoble et des ,ergers/
puis 2 la limite des cultures de crales$
Il 3 a coIncidence entre les lignes d' habitat
et certaines courbes de ni,eau N celle de
M>> m.tres dans les ?lpes 0ranaises se signale
par des 0ormes ,aries
p;OP
d' tablissements 1 c' est la limite entre la Gone
plutFt agricole et la Gone de plus en plus
pastorale$
6ais d' autres causes inter,iennent N nergie de
l' rosion/ contraste entre l' humidit des ,alles
et la luminosit s.che des hauteurs/
orientation/ ,entilation/ pour multiplier les
sites d' tablissements$ ans la Gone des
cultures/ les hameaux ou ,illages cherchent les
,ersants ensoleills/ les paulements/ les
terrasses 2 ni,eaux successi0s !u' atteint
plus rarement le brouillard/ les moraines/ les
cFnes de d9ection tals aux dbouchs des
,alles secondaires$ 6ais le genre de ,ie
pastorale !ui s' est d,elopp dans les ?lpes/
repose sur une combinaison intime entre les
prairies 2 0auchaison des rgions basses et les
p@turages des hauteurs/ 4 les montagnes 4 $ Les
tablissements permanents tendent 2 se placer
,ers l' extrmit suprieure des ,alles/ pour
7tre 2 porte des p@turages et non loin des bois/
et sont prcds ,ers les hauteurs par une
mare montante de chalets/ casere ou
habitations temporaires/ tantFt espacs 2 !uel!ue
cent m.tres de distance/ tantFt pelotonns en
petits groupes/ tantFt en bois/ tantFt mariant
le bois et la pierre$
Cn somme/ tout ce !ui s.me la ,arit 2 la
sur0ace/ tout ce !ui engendre les 0acilits
d' assemblage et de combinaison se re0l.te dans la
rpartition de l' habitat$ ans les montagnes/
ce sont les talus moraini!ues/ les cFnes
d' boulis !ui ser,ent de si.ges pr0rs 2 des
hameaux ou 2 des ,illages$ Le long des cFtes
lagunaires/ l' apparition de lignes de dunes
suscite sur leurs ,ersants un surcroLt
d' habitations$ ans les plaines !ue sillonnent
nos 0leu,es/ les terrasses !ui correspondent
2 d' anciennes berges se couronnent ,olontiers de
maisons ou de ,illages$ Les monticules isols
dans les rgions no3es des marschen ou
polders de la &asseD?llemagne 0urent
9adis les premiers sites d' tablissements$
Les cordons pierreux appels osar en
Finlande/ ser,ent/ entre les dpressions
argileuses/ de points d' attraction$ ans le
-ahara/ les massi0s montagneux (?Ir/ Boggar)/
condensateurs de nues/ sont les seuls sites
!ui se pr7tent 2 l' habitat permanent$
)n ,oit donc !u' 2 des degrs di,ers/ mais sous
tous les climats/ tout accident de relie0
introduit un lment nou,eau !ui/ par
l' orientation/ la sensibilit aux in0luences
mtorologi!ues/ le changement de nature du sol/
0ournit 2 l' homme l' occasion/ tou9ours cherche/
de concentrer 2 sa porte la nourriture/ l' abri/
la demeure stable et d' ac!urir par ce mo3en
des a,antages transmissibles dont se grossit son
patrimoine$
Ce ne sont pas les considrations de prudence !ui
pr,alent$ ans les montagnes/ les sites
d' habitat a00ectent ou non les terrains
p;M>
meubles/ placages/ cFnes de d9ections/ endroits
exposs aux boulis$ Le ,oisinage des ,olcans
a attir/ 9amais cart$ ans les rgions
sismi!ues/ les terrains meubles et 0riables/
les plus exposs/ sont ceux !ui ont rassembl
les habitants$
ii. -l' habitat agglomr. -!ermes et
villages :
deux t3pes/ rentrant dans la m7me 0amille/
correspondent au genre de ,ie agricole des plaines
ou,ertes de l' Curope centrale et occidentale N
l' un est le ,illage/ l' autre la 0erme ou le
ho!, bien distincts par leur ampleur et la
rgularit de leur disposition gnrale de la
borde languedocienne ou du mas pro,enal$
L' a00init entre ces deux t3pes d' tablissement
rural tient 2 l' a00init des genres de ,ie
aux!uels ils se rapportent$ Clle est gnti!ue/
elle se montre 2 l' origine$ Le vicus s' est
group autour de la villa, comme on a ,u de
nos 9ours le ,illage bulgare se 0ormer autour
du tchi!lik turc$
la !erme. Dla 0erme est un tout par
l' outillage/ les granges/ les animaux/ le personnel
ou,rier !u' elle hberge$ Par sa rgularit/
ses dimensions/ elle s' associe 2 la ph3sionomie
des grandes plaines agricoles$ Clle en est un
lment ordinaire$ Le plus sou,ent au nord de la
Loire/ elle a00ecte la 0orme d' une enceinte
carre ou rectangulaire s' ou,rant par la grange/
enserrant une cour/ une habitation et des
curies 1 c' est probablement le t3pe !ui se
rapproche le plus de l' ancienne ,illa
galloDromaine$ Clle n' est pas un t3pe particulier
aux pa3s picards et Xallons 1 on la retrou,e/
!uoi!ue a,ec de moindres dimensions/ sur
les plaines de loess de l' ?utriche entre LinG
et %ienne$ N' estDce pas l' tablissement adapt
par excellence 2 l' outillage considrable et
au personnel nombreux !u' exigent les grandes
cultures de crales E
Les proccupations d' arboriculture et d' le,age
se 0ont sentir dans la 0ermeDmasure caractristi!ue
du pa3s de Caux$ Clle se distribue en
b@timents spars/ mais tous compris dans
l' enceinte rectangulaire o5 des p@tures
complantes de pommiers sont encloses d' un 0oss
couronn de h7tres/ tache sombre !ui se dtache
2 inter,alle pres!ue rgulier dans la brume
estompe du plateau$ -ur les con0ins de l' ?rtois/
de m7me !u' en anemarJ et ailleurs/ elle se
compose de trois b@timents perpendiculaires/
enserrant une cour a,ec un entourage d' arbres et
de ,ergers$
Nous n' insistons pas sur l' anal3se des dtails 1
ce !u' il importe de
p;M;
noter/ c' est la 0ixit des t3pes/ leur
multiplication et la 0idlit a,ec la!uelle ils
se rp.tent sur une certaine tendue/ attestant
l' exacte adaptation 2 un genre de ,ie$
La 0erme se montre tantFt dans l' inter,alle des
,illages/ tantFt coexistant a,ec eux$ C' est
ainsi !ue/ dans nos plaines des en,irons de
Paris/ on ,oit 2 l' entre ou 2 la priphrie
du ,illage/ une de ces constructions !ue la
longueur de ses murailles nues/ la large et haute
porte !ui s' ou,re sur la cour intrieure/ a,ec la
mare et !uel!ues grands arbres aux abords/
distinguent des maisons !ui lui succ.dent$
Cependant c' est sui,ant les pa3s/ tantFt/ la
0erme/ tantFt le ,illage agglomr !ui domine/
sans !u' il soit tou9ours 0acile de dgager les
raisons de ces di00rences$ ?ssurment la
prsence de l' eau 2 la sur0ace 3 contribue$
C' est la raison pour la!uelle la 0erme domine
sur les meuli.res impermables de &rie/ et est
0r!uente/ comme dans le pa3s de Caux/ sur
les limons !ui se pr7tent 2 la 0ormation des
mares 1 tandis !u' elle est subordonne et m7me
rare sur les craies permables de Picardie/ de
Champagne ou sur les plateaux du 4 muschelJalJ 4
lorrain$ 6ais il 3 aurait sans doute d' autres
lments 2 chercher dans le domaine de l' histoire
et dans le domaine de l' ethnographie/ si l' on
a,ait 2 traiter cette !uestion$
le village. Dle ,illage des grandes plaines
agricoles/ tel !u' il existe en France/ dans
l' Curope centrale/ dans les plaines du
&asDanube/ et dans la PetiteD(ussie/ est
une des expressions mthodi!ues d' un genre de
,ie$ -on pullulement sur les espaces naturellement
dcou,erts ou 0aciles 2 d0richer se lit sur
la carte et 0rappe la ,ue sur le terrain$ ans
nos campagnes du -anterre/ de l' ?rtois/ du
Cambrsis/ etc$/ dans le Vochersberg entre
-a,erne et -trasbourg/ dans le BellXeg entre
*nna et -oest/ dans la &orde de 6agdebourg
2 l' ouest de l' Clbe/ les ,illages se distribuent/
semblables entre eux/ comme sur un chi!uier/
2 0aible distance les uns des autres$ La
rgularit de leur rpartition est moins
apparente en Champagne/ o5 ils se serrent le
long des ri,i.res/ sur le plateau lorrain o5
ils a00ectionnent les dpressions/ dans le
-oissonnais o5 ils sont au bord des plateaux
calcaires$ Cn dpit de di00rences !u' expli!uent
le climat ou des causes histori!ues/ ces
tablissements ont entre eux un lien d' origine 1
la s.,e est puise aux m7mes sources$ Leur
0ormation s' est 0aite par groupes$ Ce sont
comme des colonies de plantes sociales$
L' onomasti!ue r,.le sou,ent
p;MR
cette 0iliation N tel ,illage/ sans doute plus
ancien/ est reprsent par son diminuti0/ 2 peu
de distance$
Ces t3pes d' tablissement tirent leur 0orce de
leur adaptation aux caract.res de sol et de
climat propres 2 une partie de l' Curope$
Ces plaines unies sur les!uelles la charrue peut
prolonger ses sillons rach.tent leur uni0ormit
par l' a,antage de se pr7ter 2 de nombreuses
combinaisons agricoles$ Les cultures peu,ent s' 3
prati!uer en grand/ par les m7mes procds/
a,ec les m7mes instruments/ aux m7mes po!ues N
semences/ sarclages/ rcoltes pou,ant s' 3 0aire
simultanment$ Il 3 a l2 un principe d' entente/
l' a,antage consiste en une conomie de 0rais et
en commodits rcipro!ues$ Ces conditions ont
0ait naLtre un s3st.me combin de culture/ une
prati!ue rgle des assolements$ .s une po!ue
ancienne/ l' assolement triennal 3 a trou, son
domaine/ on en a des preu,es d.s le ixe si.cle$
)n a pu ainsi associer d' un commun accord les
cultures de crales ou lgumineuses a,ec les
9ach.res et les p@tures$ 6ais cette organisation
n' est compatible !u' a,ec un mode d' habitat o5
tout l' espace rser, aux maisons se concentre/
o5 toutes les parcelles sont accessibles et d' o5
ra3onnent en longues bandes les pi.ces de terre
alloties 2 tour de rFle$ Le ,illage agglomr
autour du!uel se coordonnent les cultures/ ,ers
le!uel con,ergent les sentiers ou pistes
herbeuses/ persiste en ,ertu de son
organisation intrins.!ue indpendamment de toute
cause extrieure$
2 proximit des maisons se centralisent les choses
ncessaires 2 la communaut N les puits creuss
2 0rais communs/ organe essentiel des ,illages
de plateaux permables/ les tangs et les
rser,oirs des rgions 2 sousDsol impermable 1
puis les ,ergers/ les enclos de prs/ les
bou!uets d' arbres$ ans nos plaines de l' ?rtois/
ce !u' on appelle le plant est une partie
essentielle du ,illage$ Compos de potagers/
de ,ergers de pommiers/ de petits prs enclos
de 0ils de 0er/ il 0orme aux maisons !u' il
abrite et au clocher !ui seul par0ois merge/
une ceinture ,erdo3ante en t$ (ien de plus
,ari !ue ces plants/ sorte d' abrg de ,ie
rurale$ ?u del2 r.gne l' uni0ormit/ s' tendent
les champs et/ 9adis surtout/ les 9ach.res
utilises par les troupeaux$ Le ,illage
centralise l' exploitation$
modi!ications du pasage. Dainsi par le
principe de combinaisons/ l' ordonnance aussi
bien !ue la composition des pa3sages ont t
p;M+
modi0ies$ L' homme a ralli autour de ses
habitations un ensemble composite d' arbres et de
plantes/ tandis !u' 2 distance de la priphrie
habite/ il disposait l' espace pour ses cultures$
ans l' Curope occidentale et centrale/ c' est
surtout aux dpens de l' arbre !ue s' est 0ait
le changement/ tandis !ue dans l' Curope orientale
c' est surtout aux dpens de la steppe$
'outes les obser,ations de la gographie botani!ue
semblent indi!uer !ue/ dans l' ouest et le centre
de l' Curope/ une grande partie de la sur0ace
tait le domaine des arbres 2 0euilles cadu!ues
0ormant des 0or7ts/ continues ou coupes de
clairi.res comme une sorte de parc$ Il est
naturel de retrou,er dans le pa3sage actuel
certains ,estiges de l' tat ancien/ comme on
retrou,e dans les traits de l' adulte des
rminiscences des traits en0antins$
2 ,rai dire cependant il 3 a des parties o5 l' arbre/
s' il a exist/ a t 2 peu pr.s limin$ Les
croupes cra3euses !ui s' tendent entre
les ,alles de l' ?ube/ de la -uiGe et de la
6arne en Champagne/ ou bien entre l' ?ncre et
la -omme en Picardie/ ne montrent !ue des
espaces dnuds/ o5/ 2 et l2/ !uel!ue moulin
ou !uel!ue arbre isol ser,ent de point de rep.re$
La &eauce elleDm7me/ sans les alles !ui
bordent ses grandes routes/ ne connaLtrait
d' arbres !ue sur la lisi.re !ui assombrit sa
priphrie$ 6ais le plus sou,ent/ du moins dans
notre France du nord/ un !uilibre s' est tabli
entre les anciens et les nou,eaux occupants
,gtaux du sol$ -i les masses 0oresti.res ont/
en grande partie/ dsert les plateaux limoneux/
elles ont trou, asile sur les sur0aces !ui
mettent 2 9our l' argile 2 silex/ sur les sables
!ui dans une partie du bassin parisien tantFt
surmontent les calcaires et tantFt leur sont
sousD9acents (Burepoix) (0or7t de %illersDCotterets)/
sur les gra,iers d' allu,ions anciennes
!u' enserrent les mandres 0lu,iatiles de la
-eine$ L' a00leurement des argiles 2 silex les
droule en 0ranges le long des ,alles (Caux)$
L' rosion leur a mnag des asiles o5 elles
se sont retranches/ et d' o5 elles dbordent
encore partiellement sous 0orme de bo!ueteaux/
de garennes/ de buissons N ainsi entre le
%exin et le pa3s de Caux/ ou dans le Burepoix
entre Paris et la &eauce/ ou en Picardie/
sur les con0ins du Ponthieu/ de l' ?rtois/ entre
%alenciennes et 6ons/ sur les con0ins du
Bainaut/ des lambeaux de bois/ o5 le ch7ne et
le h7tre sont 0ortement reprsents/ semblent
encore protester par leur allure ,igoureuse
contre les dmembrements dont ils ont t
,ictimes$ ?illeurs/ leur ancienne continuit
n' est pas encore compl.tement mas!ue N c' est
ainsi !u' autour du plateau de grande culture
de la P,.le une ceinture 2 peine interrompue
de bois se dessine$ Leurs lambeaux se rapprochent
dans l' ?rrouaise/ aux con0ins
p;M8
du %ermandois et de l' ?rtois$ )n peut m7me
citer des plaines de grande culture o5
l' impression de 0or7t est encore omniprsente N
la &rie/ ancien saltus, se distingue par
un 0oisonnement de grands arbres dans
l' inter,alle des cultures$ Lors!ue la cou,erture
limoneuse/ plus paisse sur la con,exit du
plateau/ s' amincit sur les bords/ les bois
reprennent le dessus 1 c' est ce !ui arri,e dans
le pa3s de Caux notamment$ *ne bande de 0or7ts/
de taillis ou de landes s' interpose entre le
peuplement surtout industriel des ,alles et le
peuplement surtout agricole des plateaux$ C' est
2 distance des bords/ sur le dos intact ou 2
peine mamelonn/ au sommet de larges ondulations
!ue se multiplient les 0ermes ou les gros
,illages et encore lors!ue l' inter,alle entre
deux ,alles est rduit/ !ue les ,illages sont
comme pincs entre deux bandes de 0or7ts$
Kue la 0or7t ait t cheG elle/ dans la plupart
de ces plaines/ !u' elle n' ait cd !u' 2 regret
et !u' 2 demi aux empi.tements/ c' est ce !ue
montrent/ notamment sur le plateau calcaire
lorrain/ la 0orce et la composition !uasi
intacte du sousDbois !u' elle abrite$ Les
lambeaux de bois de ch7nes et de charmes/ dont
les 0ormes rguli.rement gomtri!ues pi!uent
2 et l2 de taches sombres la sur0ace des
chaumes/ conser,ent/ !uoi!u' 2 l' tat de rser,e/
un air de sant a00irmant la robustesse !u' ils
tiennent du climat et du sol$
in!luence du climat continental. Dl' arbre
semble au contraire un intrus dans la
pus7ta hongroise/ sur les plateaux de
Podolie et de PetiteD(ussie/ o5 les moissons
de crales/ sou,ent bordes de tournesols/
ont remplac le tapis onduleux de stipa
pennata. les cultures s' 3 tendent sur
de grands espaces o5 l' arbre ne prend pied !ue
sous la tutelle de l' homme$ Les ,ersants
abrits et les pentes 3 sont/ a,ec plus
de nettet !ue dans nos climats ocani!ues/
les asiles o5 se retrempe la 0or7t$ Le climat
!ui a,ait 0a,oris l' extension des steppes se
prolonge dans la priode actuelle/ si attnu
!u' il soit/ par des in0luences hostiles 2
l' arbre N tels ces ,ents glacs du nordDest
!ui am.nent au printemps des geles tardi,es/
succdant brus!uement 2 des soleils d92
chauds$ Les plateaux/ inhospitaliers aux arbres/
le sont galement aux hommes$ -ous l' in0luence
du climat excessi0 de l' Curope orientale/ la
m7me proccupation s' impose !u' en montagne N le
besoin de procurer aux tablissements l' abri
ncessaire pour les commodits de l' existence
et pour les cultures dlicates dont l' homme
doit s' entourer$ Les 0ertiles plateaux de
Podolie o00rent sou,ent le spectacle de
cultures s' tendant 2 perte de ,ue/ sans !u' on
aperoi,e de ,illage 1 ceuxDci sont nichs
sur les 0lancs ou 2 la naissance de ,alles
secondaires/ 2 moins !ue ce
p;M=
soit 2 l' intrieur des pro0onds mandres burins
par le niester/ la -tr3pa ou le -ereth$
Plus signi0icati,e encore est la rpartition
des ,illages dans la rgion russe de la terre
noire$ Ils se posent exclusi,ement soit 2 la
naissance des ra,ins latraux/ soit sur les
terrasses !ui bordent les 0leu,es$ Ct si les
cours d' eau sont insu00isants/ des barrages
arti0iciels/ organes aussi indispensables 2
ces ,illages !ue les tanks aux ,illes du
sud de l' Inde/ pour,oient/ par la 0ormation
d' tangs permanents/ aux usages rituels et
domesti!ues$
?insi se groupe par gros ,illages la population
de la rgion de la terre noire$ Les maisons ne
s' 3 dispersent pas au hasard 1 elles se
subordonnent 2 un alignement N une large ,oie
uni!ue 0orme l' axe du ,illage$ ?,ec la partie
rser,e 2 l' habitat/ les b@timents
d' exploitation dessinent un carr !ui est la
cour$ Lors!ue/ s' a,anant ,ers le nord/ on
arri,e au =+ e degr de latitude en,iron/ aux
approches de la rgion 0oresti.re mieux pour,ue
d' eau/ on ,oit peu 2 peu les ,illages
s' parpiller/ s' carter des ri,i.res/ et 0ormer/
a,ec les champs d0richs !ui les entourent/
des oasis de plus en plus petites dans des
0or7ts immenses$ C' est entre == et => degrs de
latitude !ue s' accuse la transition/ sensible
plutFt dans le mode de construction !ue dans la
0orme des ,illages$ La maison de bois remplace
la maison de pierre/ le toit de bois le toit de
chaume/ mais la disposition gnrale ne change
pas$ Le t3pe de ,illage compos d' une large
rue reste commun 2 la rgion mosco,ite et 2 celle
de la terre noire 1 la rgularit du plan
persiste comme signe extrieur de l' organisation
,illageoise$
conclusion. Dne pou,onsDnous pas tirer d92
de ces obser,ations les gnralits !u' elles
impli!uent E
Partout nous ,o3ons !ue les sur0aces tendues o5
pr,aut une relati,e uni0ormit de relie0 et
une certaine homognit de sol/ ont donn
lieu 2 des ,illages agglomrs ou 2 des
tablissements !ui lui ressemblent par le
personnel nombreux !ui s' 3 trou,e$ Il en a t
ainsi non seulement en Curope/ mais en
Chine$ 4 ce sont/ dit (ichtho0en/ en parlant
des ,illages des pa3s de loess/ des
associations de 0amilles unies par une
communaut de descendance ou du moins de rites/
dont la cohsion est maintenue par la ncessit
d' entente dans la conduite des m7mes cultures$ 4
2 la Chine on pourrait a9outer la plaine
indoDgangti!ue/ non compris le delta du &engale/
o5 s' est d,elopp et 0ix un des t3pes les plus
complets de communaut de ,illage$
'ous ces tablissements/ sous des 0ormes ,aries
!u' expli!uent les
p;M<
di00rences de climat ou des degrs d' tat social/
sont l' expression du m7me besoin de centraliser
sur !uel!ue point l' exploitation du sol$ *ne
coopration rglant les dates des actes de la
,ie agricole/ 0ixant certains procds
d' exploitation/ s' impose comme a,antageuse 2 tous$
La ncessit de s' unir pour l' amnagement des
eaux/ la construction de puits/ l' entretien de
certains tra,aux/ l' accommodation d' un milieu
0a,orable aux cultures/ resserre la cohabitation$
Le ,illage est un organisme bien d0ini/ distinct/
a3ant sa ,ie propre et une personnalit !ui
s' exprime dans le pa3sage$ La concentration de
l' habitat s' 3 associe a,ec la multiplicit des
parcelles/ cellesDci ne pou,ant trou,er !ue
dans le ,illage l' intermdiaire commun au!uel
aboutissent toutes les pistes$
?insi constitu/ le ,illage est apte 2 0ournir
un march et 2 donner lieu 2 des industries
rurales/ de m7me !ue maintenant dans la
PetiteD(ussie/ dans la plaine allemande ou de
la France du nord/ la culture industrielle a
9oint l' usine 2 la 0erme$
iii. -l' habitat dispers :
les tablissements humains n' ont pas rencontr
partout les m7mes sollicitations de groupement$
La di00usion des eaux/ la di,ersit des
orientations/ le morcellement des sols/
0ournissent spontanment sur di,ers points la
somme des conditions ncessaires 2 une
existence 0ixe$ Les groupements lmentaires/
tels !ue ceux !ue peu,ent 0ormer les membres
d' une 0amille/ 2 peine assists de !uel!ues
,oisins/ su00isent$ ?ucune condition n' impose
les di,erses ser,itudes !u' impli!ue une
communaut ,illageoise$ L' habitat se
disperse$
Cet habitat dispers se prsente en France
sous des 0ormes di,erses/ mais a,ec un
caract.re rgional asseG nettement mar!u pour
!u' on puisse/ en traits gnraux/ lui assigner
des limites$ 'antFt c' est la petite 0erme isole/
pres!ue ense,elie dans les arbres/ relie par des
sentiers cou,erts et 0angeux 2 d' autres 0ermes
distantes de !uel!ues centaines de m.tres/
cas 0r!uent en &retagne et dans l' ouest de la
France$ ?illeurs/ dans le Cotentin/ s' obser,e
0r!uemment l' accouplement de deux ou trois
0ermes$ es hameaux asseG serrs/ groupant
ensemble une douGaine de 0eux/ 0orment un mode
de peuplement asseG ordinaire dans plusieurs
parties du 6assi0 Central$ es groupes de
maisons spares constituent ce !ue/ dans le
pa3s &as!ue/ on appelle un quartier.
maisons isoles ou hameaux/ ce sont des agrgats
minuscules/ incapables d' exercer autour d' eux
une attraction semblable 2 celle !ui
p;MO
coordonne les cultures autour des ,illages
agglomrs des grandes plaines$ La ph3sionomie
de pa3sage !ui rsulte de ces 0ormes
d' tablissements re0l.te en ses traits gnraux
un tout autre mode d' exploitation du sol/ un
autre genre de ,ie/ une disposition bien
di00rente de celle !ue nous a,ons obser,e dans
les ,illages agglomrs$
C' est le particularisme substitu 2 la
centralisation$ 'out parle ici de sparation/
tout mar!ue le cantonnement 2 part 1 des haies
d' arbres dessinent partout leurs GigGags/
raient les collines/ et leurs cimes mutiles/
prsentant d' tranges silhouettes/ di,isent
9alousement les enclos et les champs$ Les m7mes
cultures se droulent rarement sur de grands
espaces$ C' est par lopins ,aris !u' elles
s' encadrent entre les haies$ es landes
s' entrem7lent a,ec les cultures$ Par0ois le
m7me enclos sert tour 2 tour 2 la culture et
au p@turage$ ?u lieu d' espaces unis/ rarement
interrompus par des chemins/ partout des sentiers
creux/ 0osss et le,es de terre garnies de
buissons et d' arbres$ Ce morcellement de dtail
laisse rarement place 2 des ,ues d' ensemble 1
et/ !uand un point dominant s' o00re par hasard/
c' est un pa3s 0ourr !u' on dcou,re/ o5 il est
di00icile de distinguer entre des croupes et des
ondulations !ui se ressemblent/ entre des
sentiers !ui di,aguent$ *ne impression
d' isolement se dgage de cet ensemble 1 et
l' tranger se sent mal 2 l' aise de,ant ce ddale
!ui lui semble inhospitalier et hostile$ ans
ce s3st.me d' tablissements/ les centres de ,ie
se rduisent 2 des lieux de rendeGD,ous
priodi!ue/ march/ glise/ chapelle/
pang3rie$
)n est en 0ace d' un tat arrir$ Kue ce genre
de ,ie ait de pro0ondes racines/ !u' il tienne
au sol autant !u' 2 des habitudes/ c' est ce !ue
montre sa persistance/ sa gnralit dans les
contres aux!uelles il s' est adapt 1 ainsi
!ue les rapports/ peutD7tre indissolubles/
!u' il a nous a,ec les institutions/ les
conceptions sociales de certaines races$
Les cadres de la ,ie sociale/ aussi bien !ue
l' aspect du pa3s/ soulignent la di00rence
entre les rgions de ,illages agglomrs et
celles o5 l' isolement/ tout au plus interrompu
2 de certains 9ours/ est la r.gle$
L' opposition entre ces deux t3pes d' tablissements
n' est naturellement point particuli.re 2 la
France/ !uoi!u' elle ne se prsente pas partout
a,ec un caract.re aussi tranch$ Clle a t
signale particuli.rement en -ouabe/ tandis !ue
l' habitat agglomr r.gne sur les plaines
calcaires du 6o3enDNecJar et sur les plateaux
de la (auheD?lp/ le s3st.me d' habitat
dissmin (einodho0) trou,e un domaine tr.s
distinct et tr.s net dans la rgion moraini!ue
!ui s' tend au nord du
p;MM
lac de Constance et de l' ?llgau$ Les m7mes
causes ph3si!ues !ue celles !ui ont t signales
plus haut semblent bien ici entrer aussi en
9eu N le morcellement du relie0/ la richesse en
sources/ la prsence di00use des eaux ont laiss
se multiplier les petites units indpendantes/
autour des!uelles se prati!ue l' exploitation du
sol$ Ct ce mode d' exploitation se traduit par le
mlange et les enche,7trements de champs et
p@tures/ o5 se re0l.te un genre de ,ie rest
miDagricole et miDpastoral$
Nulle part en Curope ce t3pe d' tablissements
morcel ne se montre sur une plus grande chelle
et a,ec un caract.re plus mar!u d' archaIsme !ue
dans la pninsule des &alJans$ L' habitat
dispers et l' habitat agglomr/ le t3pe hameau
et le t3pe ,illage 3 semblent bien correspondre
2 des di00rences gographi!ues$ Cn -erbie/
comme en &ulgarie/ ce sont les parties
accidentes et montagneuses/ pentes ou ,ersants
2 l' exclusion des plaines et ,alles/ !ui
paraissent le domaine naturel de la dispersion$
PlutFt !ue la 0erme isole/ on rencontre l2
des maisons associes par groupes d' une douGaine
de 0eux ou m7me da,antage/ dont les occupants
sont ordinairement relis par des liens de
0amille$ L' habitat est cal!u ainsi sur l' tat
social$ -ur les con0ins de la ,ieille -erbie
et de la &ulgarie/ entre Voumano,o et
Vustendil notamment/ C,i9ic a cherch 2 tracer
la limite/ tou9ours incertaine en ces mati.res/
!ui sparerait les ,illages agglomrs des
groupements de hameaux$ Ces hameaux/ dsigns
sous le nom de kolib en &ulgarie/ 3
paraissent aussi le t3pe dominant des collines
et des montagnes/ ils en constituent le mode de
peuplement caractristi!ue/ en antinomie mar!ue
a,ec les ,illages de plaines$ 67me contraste
en %alachie N le catun, ou groupements par
hameaux de +/ 8 ou = maisons ou plus/ est le
t3pe des collines et des a,antDmonts/ comme le
,illage est le t3pe des plaines$ 4 partout de
l' eau/ dans cha!ue repli du sol un ruisselet/
une source 1 la 0or7t/ si ra,age !u' elle ait
t/ est encore prochaine/ o00rant les bois
ncessaires 2 la construction de la maison
et 2 l' entretien du 0eu en hi,er$ 4 m7me
opposition encore au nord des Carpathes entre
le peuplement par hameaux des collines et
les gros ,illages des plaines de Halicie et
Podolie$
Il 3 a trop de complexit dans les races et trop
de 0luctuations d' ordre conomi!ue pour !ue
cette dlimitation 2 base gographi!ue ne
p;MP
puisse 7tre entame$ es causes di,erses
inter,iennent pour en modi0ier les linaments/
la prdominance de la ,ie agricole sur la ,ie
pastorale peut s' accentuer 1 la dmarcation
continuera cependant de subsister$ ans cette
pninsule balJani!ue !ue tant d' accidents
histori!ues ont tra,erse et !ui a t li,re
2 un tel enche,7trement de races/ elle rpond
2 des conditions naturelles 1 elle demeure un
tmoignage ,i,ant de l' anciennet de genres de
,ie spontanment issus du milieu$
iv. -tpes de rgions subtropicales et
subarctiques :
soit !u' on s' a,ance dans la direction des pFles/
soit !u' on aille dans la direction de l' !uateur/
les Gones propices aux tablissements humains
se rduisent progressi,ement N ici par la
surabondance d' eau/ l2 par la scheresse ou par
d' autres causes$
rgions subarctiques. Ddans le nord de la
(ussie d' Curope/ c' est aux abords de la rgion
0oresti.re/ sur les con0ins de la 0or7t d' arbres
0euillus et de la 0or7t de coni0.res/ par
=M degrs de latitude en,iron/ !ue des
di00rences tranches/ inconnues 2 nos rgions
tempres/ se dessinent entre les parties
humanises et les parties rebelles aux
tablissements$ ans la rgion de la haute %olga/
domaine des 0innois tchrmisse 2 peine entam
par la colonisation russe/ le contraste s' accuse
entre le hautDpa3s dont le sol 0riable cou,ert
d' une couche de terre noire a permis de prati!uer
des clairi.res agricoles/ et le basDpa3s o5 la
0or7t de pins et de sapins/ encore dominante/
n' est interrompue !ue par des lacs et des
marcages$ Le ,illage s' est constitu/ 0lorissant/
entour de ,ergers et de massi0s de tilleuls/
bouleaux et aulnes dans le hautDpa3s$ Il
n' existe dans le basDpa3s !u' 2 l' tat rudimentaire/
4 et ne montre pas de traces de ,gtation autour
des constructions 4 $ L' eau stagnante/ a,ec les
miasmes et les geles !u' elle engendre/ est
,isiblement l' lment hostile$
ans les pro,inces de la &alti!ue/ comme en
gnral en -candina,ie/ l' parpillement des
0ermes est le rgime !ui apparaLt/ d.s !u' 2 la
continuit des plaines se substitue le
morcellement propre aux contres !u' ont en,ahies
les glaciers$
?u nord du <> e degr/ la (inlande a t le
si.ge d' une colonisation plus acti,e$ C' est l2
peutD7tre !ue l' homme a 0ait le plus d' e00orts
pour approprier 2 ses besoins une contre peu
hospitali.re$ (abote 2 la
p;P>
0ois par les glaciers et 9onche de leurs dpFts/
la sur0ace en est sans cesse morcele 4 en une
0oule de petits territoires par une alternance
de petites collines rocheuses/ de terrains de
gra,ier/ de lacs et de champs d' argile 4 $ Ce
morcellement/ l2 comme dans les rgions o5 nous
l' a,ons ,u d92 pr,aloir pour d' autres causes/
a produit son e00et ordinaire N hostile 2 la
0ormation de ,illages/ et 0a,orable aux hameaux
et 0ermes isols (torp)$ *ne sorte de besoin
centri0uge a m7me port les pionniers de la
colonisation dans le plateau in0rieur 2
s' tablir autant !ue possible 2 l' cart les uns
des autres/ comme ils l' ont 0ait plus tard en
?mri!ue dans le (ar-?est, seul mo3en de
combiner librement des ressources parses !ue la
p7che et la chasse permettaient de 9oindre 2
une agriculture tr.s restreinte$ Peu 2 peu/ il
est ,rai/ par les progr.s du drainage et de
l' assainissement du sol/ une marge plus grande
s' est ou,erte aux tablissements des hommes$
ans l' est du plateau lacustre/ la coutume
s' tablit alors de b@tir 2 et l2 sur les
collines de gra,iers et de sables/ mdiocrement
0ertiles mais moins exposes aux geles !ue les
terrains argileux ou les tourbi.res du 0ond des
,alles$ es groupes sporadi!ues d' tablissements
ont pris naissance 1 mais ils ne 0orment de
,ritables ensembles !ue le long des 0leu,es$
Cntre les solitudes sur les!uelles p.sent la
stagnation des eaux et des marcages/
l' immobilit des 0or7ts de coni0.res et de
bouleaux/ o5 l' agriculture ne dispose !ue des
misrables ressources de l' cobuage/ la
circulation des cours d' eau reprsente le
mou,ement et la ,ie 1 c' est en e00et le long des
0leu,es !u' ont a00lu les tablissements humains$
*ne 0range d' tablissements suit 0id.lement les
cours d' eau/ surtout dans la partie orientale
o5 l' ,olution du rseau 0lu,ial est plus
a,ance 1 ils s' gr.nent/ plutFt !u' ils ne
se concentrent sur leurs ri,es$ Par une
analogie remar!uable a,ec nos pa3s de
montagnes/ on 3 remar!ue !ue cha!ue ,alle
0lu,iale 0orme une rgion 2 part$ ?insi la
rpartition des tablissements est en rapport
a,ec les 0orces ph3si!ues !ui tra,aillent 2
substituer un rseau 0lu,ial coordonn aux
lab3rinthes lacustres et marcageux/ hritage
des anciens glaciers !uaternaires$
la +hine. Dl' homognit du sol dans le
nord de la Chine est propice aux
agglomrations N les unes ne dpassent pas les
proportions de hameaux/ les autres sont de
gros ,illages agglomrs$ ans la ,alle
p;P;
du %eIDBo ce sont plutFt les hameaux
runissant dans une enceinte de terre un certain
nombre de maisonnes en 0orme de cubes !ue de
grands ,illages 0erms$ Le ,illage se montre
plus per0ectionn dans la pro,ince de ChanD'oung/
comme partie intgrante de cette ,ieille
ci,ilisation !ui s' 3 est conser,e mieux
!u' ailleurs$
?,ec ses temples orns de grands arbres/ a,ec les
portraits orns de moulures et d' inscriptions
en pierres sculptes/ il ralise par0ois ce
t3pe classi!ue !ue se complaisent 2
reprsenter les anciennes peintures
chinoises$
Lors!u' on s' a,ance ,ers le sud/ du BoDNan
,ers le BouDP/ ou du ChanD'oung dans le
ViangD-ou entre les deux grands 0leu,es/
surtout dans le BouDNan et le 'chDViang
au sud de WangD'seu/ et dans la riche
pro,ince de l' ouest/ le -GD'chouan/ l' e00et
des changements de climat et de sol se 0ait
sentir sur le rgime de l' habitat rural$ Plus
de loess pour amortir les ingalits du sol
et rpandre une teinte uni0orme sur toutes
choses$ La tendance 2 l' parpillement des
maisons s' accuse de plus en plus/ se con0ormant
de plus pr.s 2 l' usage d' association 0amiliale$
'antFt l' habitat suit 9us!u' au sommet des pentes
les 9ardins de th !ui s' chelonnent/ tantFt
il lit domicile sur les terrains relati,ement
trop le,s pour !u' il soit possible d' 3 0aire
par,enir en t l' eau ncessaire 2 la culture
du riG 1 il se superpose aux rgions tages
comme le ,illage mditerranen se superpose
au ,erger$ Ces petits groupes de maisons
9uxtaposes expriment la cohabitation 0amiliale
au sens tendu !u' elle a cheG ce peuple N
a,ec ses rami0ications/ sa nombreuse descendance
cimente en troite association par les
cro3ances et les rites/ et retenant ainsi
autour des ascendants des groupes de +>/ 8>/
=> personnes et plus$ Les tra,aux de saisons
aux!uelles la culture du riG/ la cueillette
du th donnent lieu/ doi,ent 2 cette
coopration 0amiliale un caract.re patriarcal/
au!uel la maison ou le groupe sert de cadre$
Cela reprsente !uel!ue chose de plus
expressi0 !ue nos hameaux/ une incarnation
plus exacte des principes sur les!uels est
0onde la ci,ilisation chinoise$
Nulle part ce mode de rpartition ne s' panouit
plus librement !ue dans le bassin 4 rouge 4 / la
grande rgion irrigue du -GD'chouan/
4 un grand 9ardin regorgeant d' hommes 4 $ Les
cultures d' arbres s' 3 m7lent aux cultures de
crales et de lgumineuses/ riG/ orge/ bl/
0.,es/ chan,re/ colGa/ etc$/ !ui se pressent
troitement 1 des massi0s d' orangers/ de m:riers/
de rsineux/ de bambous/ signalent les groupes
p;PR
d' habitation 1 et dans cette Chine o5 le
dboisement a partout mar!u ses stigmates/
o5 il ne reste 2 l' arbre partout pourchass !ue
!uel!ues re0uges/ autour des temples/ ou de ces
tombeaux de 0amilles !ui abondent dans la
pro,ince essentiellement chinoise de BoDNan/
les haies de bambou/ peupliers/ m:riers !ui
encadrent ces 0ermes du -GD'chouan/ donnent
2 et l2 la rminiscence de la 0or7t
disparue$
6ais !uelle !ue soit la 0orme de l' habitat rural/
0ermes/ hameaux ou ,illages/ la Gone en est
restreinte en Chine/ comme les modes
d' exploitation !u' on 3 prati!ue$ es ,alles
et des plaines !ui sont ses lieux de
prdilection/ elle gagne pniblement 2 l' aide
de terrassements tout ce !u' elle peut con!urir
sur les collines 1 mais l' absence d' le,age
met une restriction 2 ses empi.tements$ e l2
ces contrastes !ui pr7tent 2 illusion$ 2 la
multitude de hameaux ou ,illages !ui se pressent
dans les ,alles irrigues ou pr.s des
embouchures 0lu,iales o5 l' adoucissement de la
pente et le 9eu rgulier des mares 0acilitent
l' amnagement des eaux/ succ.dent par0ois
de grands espaces inutiliss$ Nous a,ons not
!ue des inter,alles existent dans les rgions
arides ou semiDarides des bords de la
6diterrane 1 mais l' explication ici ne ,aut
pas/ puis!ue c' est prcisment dans les rgions
arroses de la Chine centrale et mridionale
!ue s' intercalent des espaces o5 l' habitat se
rar0ie/ ne se montre !ue sous ses 0ormes les
plus rudimentaires$ *n 0ait social/ tenant 2
des habitudes agricoles in,tres/ concentrant
toute l' ingniosit et tout l' e00ort sur les
cultures !ui d0raient les besoins de nourriture/
de ,7tement et d' clairage aux!uelles s' est
accoutume la socit chinoise 1 telle est et
restera/ du moins 9us!u' 2 nou,el ordre/ la cause
de cette rpartition singuli.rement exclusi,e/
!ui ne rpond 2 rien d' imprati0 dans les
conditions ph3si!ues$ &ien plutFt elle exprime
un stade ancien/ 0ix dans une per0ection prcoce
et au!uel un isolement sculaire a ser,i de
prser,ati0$
2 ce point de ,ue nous ne sortons gu.re de Chine
en passant au 'onJin$ Le delta 3 0ourmille
de ,illages analogues entre eux/ tr.s ,oisins
et se reproduisant 2 des centaines d' exemplaires/
comme un t3pe de colonisation$ Le site en est
circonscrit par les casiers naturels 0orms
par les bourrelets des 0leu,es$ Cntre les digues
le,es contre les inondations/ de petits
compartiments s' inscri,ent o5 l' eau s' accumule
a,ec les pluies d' t dans des arro3os/ des
mares/ des tangs en partie arti0iciels$ C' est
l2 !ue l' annamite du delta a constitu son
,illage 1 a,ec ses maisons en pis/ ses tangs/
ses mares/ ses 9ardinets
p;P+
de lgumes et la lisi.re de bambous/ interrompue
de portes/ !ui lui sert d' abri ou de d0ense/
il 0orme un tout$ L' autonomie de ce petit
monde est garantie par la runion de tous les
organes de culture/ de d0ense/ de rser,e et
d' assurance contre la scheresse$ Ce cadre
n' est !u' en partie arti0iciel$ Ces cu,ettes o5
l' on recueille l' eau des pluies sont/ comme
les johls du &engale/ dri,es des 0la!ues
!ue/ cha!ue t/ les pluies et les inondations
laissent apr.s elles$ Il a su00i d' en
consolider les contours/ d' en rgulariser le
rgime pour prati!uer un amnagement minutieux/
tout 2 0ait proportionn aux 0orces de
mainDd' oeu,re/ aux procds et aux instruments
de culture dont disposent ces petites
communauts$ L' unit sociale sur la!uelle est
0onde la socit annamite trou,e dans ce
cadre une expression ad!uate 1 c' est elle !ui
rduit en menue monnaie la richesse apporte
en lingot par les 0leu,es$
l' $nde. Dabstraction 0aite des ,astes
plateaux du centre o5 persistent les modes les
plus rudimentaires d' tablissements/ l' Inde
est par excellence un pa3s de ,illages$ ans
cette immense agglomration d' hommes les cits
ne prennent !ue R pour ;>> de la population 1
et l' habitat rural se prsente surtout sous
0orme de ,illages$ La dissmination par
hameaux ou par cases ne pr,aut !ue dans le
&asD&engale/ o5 de toutes parts/ les groupes
s' parpillent entre des haies de bambous/
et sur la lisi.re troite de 6alabar et de
'ra,ancore/ rgions o5 l' abondance des pluies
et la prsence uni,erselle des eaux permettent
et 0a,orisent l' parpillement$
Le ,illage se montre au contraire tr.s agglomr
dans le Pend9ab/ si populeux/ si complet/ a,ec
son organisation et ses corps de mtiers/ si
bien circonscrit par des murailles de terre/
!u' il ressemble 2 un campement de tribu$ Cntre
les croupes herbeuses o5 l' le,age/ les marchs/
les 0oires entretiennent le mou,ement
(basDpa3s ou khadar', le captage des crues
dans les ,alles au mo3en de dri,ations
lmentaires/ le 0orage des puits au
,oisinage des monts/ tiennent la population
concentre$ Le rapprochement des genres de
,ie di00rents et hostiles se mar!ue dans le
mode de groupement$ L' habitat se dlie
da,antage/ de,ient plus libre/ dans la grande
plaine de la 9umna et du Hange 9us!u' 2
?llahabad et &nar.s$ Non loin des 0ronti.res
menaces et des marches d' in,asions/ le
,illage a laiss se rel@cher la rigueur de
l' ancienne organisation en communaut 1 les
collecti,its !u' il groupe sont moindres
numri!uement$ Clles sont aussi plus
,oisines 1 l' inter,alle !ui les spare
n' atteint pas en mo3enne R Jilom.tres$
p;P8
Le ,oisinage de la nappe d' eau souterraine !ue
les puits atteignent 2 une 0aible pro0ondeur/
a permis 2 ces communauts de se multiplier
uni0ormment sur toute la sur0ace meuble et
lg.re !ue circonscri,ent au nord le 'eraI/
au sud les 0alaises de gr.s de l' Inde centrale$
)n compte par centaines de mille les puits soit
en maonnerie/ soit temporaires !ui/ perant
de toutes parts le sol du oab (6sopotamie
gangti!ue)/ 3 sont l' oeu,re anon3me et ancienne
des culti,ateurs du sol$ Ils se sont groups 1
et sans doute ce mode d' habitat dans la haute
et mo3enne ,alle du Hange est moins dict par
la nature !ue par le dsir de rester concentrs/
de conser,er les liens entre des races di,erses
traditionnelles$ C' est un t3pe de colonisation/
comme dans le delta du 'onJin$ Les groupes/
!uoi!ue rapprochs/ ,i,ent ren0erms sur
euxDm7mes/ dans les cadres traditionnels !ui
contiennent/ soit en agriculteurs/ soit en
artisans/ tout ce !ue peu,ent rclamer les
besoins et m7me les ambitions de luxe/ et !ui/
une 0ois complets/ s' ou,rent di00icilement 2
de nou,eauxD,enus$ Nulle part les recensements
n' ont rele, un plus grand nombre d' habitants
,i,ant 2 l' endroit m7me dont ils sont
originaires$ 'out au plus des mariages
entretiennentDils !uel!ue change de population
entre ,illages ,oisins$ -i d' une part la
0acilit de culture sur un sol homog.ne et
ami a 0a,oris la propagation d' un m7me t3pe
de ,illages/ c' est la ncessit de se
prcautionner contre les insu00isances et les
irrgularits des pluies !ui en a maintenu
la cohsion$
Le rapport entre l' irrigation et le t3pe de
,illages ne se montre pas moins dans les rgions
intrieures du dcan/ o5 il est ncessaire
aussi de constituer des rser,es pour parer
aux insu00isances de pluie$ Le substratum
archen des roches ne permet pas d' 3 multiplier
les 0orages de puits comme dans les sols
meubles des plaines indoDgangti!ues 1 mais
il su00it de !uel!ues barrages dans les larges
ondulations de ces sur0aces de pnplaine pour
0ormer des tanks ou rser,oirs arti0iciels$
)n a compt de ces bassins 9us!u' 2 8+$ >>> rien
!ue dans les ;8 districts dpendant de 6adras/
tous d' origine indig.ne$ Il n' est pas de
,illage !ui ne poss.de cet organe essentiel/
!ui est 2 la 0ois son oeu,re et sa raison
d' 7tre$
?insi/ dans l' oeu,re anon3me !ui a prcd dans
le sud comme dans le nord de l' Inde les grands
tra,aux !u' ont accomplis des d3nasties
histori!ues/ on retrou,e/ prcdant les grands
canaux du -ind et du Hange/ les digues
monumentales du Ca,er3 et des 0leu,es du
Carnatic/ le tra,ail prliminaire d' installations
et d' amnagements modestes/
p;P=
conus et excuts 2 la mesure de ,illages ou
groupes restreints/ et !ui n' a,aient pas d' autre
prtention !ue de nourrir des communauts
de R>> 2 ;$ >>> personnes$ Leur adaptation aux
conditions de sol et de climat a 0ait !ue/
soit dans les contres de 63sore et de Carnatic/
soit dans la plaine gangti!ue/ le t3pe une
0ois 0orm s' est rpt/ pres!ue sans
,ariantes/ 2 des millions d' exemplaires$ Il
s' est propag autant !ue le permettaient les
conditions du sol$
v. -conclusion :
si incomplet !ue soit cet aperu comparati0/
il sugg.re !uel!ues remar!ues$ Il 3 a !uel!ue
chose d' essentiellement gographi!ue dans
la rpartition de ces 0ormes di,erses d' habitat
rural !ue nous a,ons rencontres en Curope
autour de la 6diterrane/ en Chine/ au
'onJin/ dans l' Inde/ et !ue nous pourrions
sans doute rencontrer ailleurs$ Ces exemples
montrent !ue la rpartition s' organise
rgionalement$ Ce n' est pas le hasard !ui a
implant ici le t3pe de ,illages agglomrs/
l2 celui de hameaux disperss/ ailleurs celui
de petites maisons ou cases semes comme une
poussi.re$ Cependant/ il serait chimri!ue de
prtendre tablir des classi0ications
gnrales en rapport a,ec les circonstances
gographi!ues$ Certaines conditions seulement
de sol et de climat sont compatibles a,ec le
mode dissmin/ dispers/ ou agglomr 1
d' autres 3 sont r0ractaires$ Le groupement
dispers con,ient aux rgions o5/ par suite
du morcellement du relie0/ du sol et de
l' h3drographie/ la terre arable est elleDm7me
morcele$ Le ,illage agglomr est cheG lui/
au contraire/ dans les contres o5 cette
sur0ace arable est continue/ d' un seul tenant/
permettant une exploitation uni0orme$ -ous
l' empire de ncessits communes se sont 0ormes
des associations collecti,es$ Le creusement
et l' entretien de puits/ d' tangs et de mares/
la ncessit de construire des murailles/
contribue 2 resserrer et 2 agglomrer
l' habitat$
Il serait ,ain de ngliger l' in0luence de la
!uestion de scurit et de d0ense$ ?u contact
de la steppe et des domaines d' autres genres
de ,ie/ tout prend un aspect de 0orteresse N
le ,illage luiDm7me/ aux con0ins du -ahara/
de l' ?rabie/ du 'urJestan/ de la 6ongolie/
de,ient une prison et un re0uge$ Par contre/
l2 o5 la scurit/ longtemps absente/ commence
2 renaLtre/ nous assistons 2 un mou,ement de
dispersion$ L' habitat se dlie en !uel!ue
sorte$ u ,ieux ,illage 0orti0i/ d' aspect
m0iant/ de plus en plus dsert sur sa
montagne/ se dtachent/ comme
p;P<
une bande d' coliers mancips/ des groupes de
maisons s' parpillant 2 leur guise$
6ais/ dans le groupement de l' habitat rural/
la considration de d0ense/ de re0uge/ n' est
pas la principale$ Le site exprime une
combinaison d' in0luences ph3si!ues/ o5 la
pente/ le ni,eau d' eau 9ouent leur rFle/
a,ec une association de cultures arti0iciellement
assembles$ Ces combinaisons se coordonnent
di00remment/ sui,ant !ue le no3au est un
,illage/ un hameau/ une ou deux 0ermes isoles 1
mais elles existent du 0ait de l' homme$ Clles
modi0ient pro0ondment le pa3sage/ et sont
par l2 un des ob9ets essentiels de la
gographie humaine$ e grandes di00rences
sociales sont nes de di00rences d' habitat$
Le ,illage ralise un t3pe de communaut
dpassant le cadre de la 0amille et du clan$
Les ,ieilles organisations ,illageoises ont
leur rFle dans nos anciennes socits
d' Curope/ sans parler m7me de celui !u' elles
conser,ent en (ussie$ -i elles l' ont perdu/
cela tient 2 l' importance croissante des ,illes/
au d,eloppement des communications et de la
,ie commerciale !ui ont 0ait naLtre de toutes
parts des germes nou,eaux$ Les industries
,illageoises ont en grande partie pri dans
nos contres 1 l' industrie moderne tend 2 se
distribuer d' apr.s des lois nou,elles$ 6ais
il 3 a de ,astes contres o5 le ,illage est
rest et reste encore l' organisme essentiel N
l' Inde/ l' Indochine et une grande partie au
moins de la Chine$ Le ,illage continue 2
raliser dans l' Inde ce !ui partout ailleurs
est le pri,il.ge des ,illes N di,ision du
tra,ail/ satis0action des besoins/ m7me du
super0lu$ C' est un petit monde 0erm et dont
la prise est si 0orte !u' il tou00e tout autre
sentiment de communaut/ !u' il bouche l' horiGon$
4 nous annamites/ crit le mandarin 'ran 'han
&inh/ 2 cause de la grande ,arit des
institutions communales/ nous nous cro3ons en
Chine ou en ?mri!ue aussitFt sortis de notre
,illage$ 4
le ,illage ainsi/ dans ces contres orientales/
absorbe une plus 0orte part de ,ie sociale/
au dtriment des 0ormes plus ,astes
d' organisation/ ,ille ou tat$ L' antith.se
est 0orte ,isD2D,is de l' Curope 1 elle
apparaLt plus 0orte encore si l' on songe aux
tatsD*nis d' ?mri!ue$ 6ais tout cela est
mati.re !ui participe 2 la ,ie/ s' assouplit
et s' adapte aux circonstances$ L' inscurit/
l' tat de piraterie et de guerre modi0ient
plus ou moins temporairement l' habitat$ ?ucun
tat ne saurait 7tre considr comme d0initi0
et immuable$ Le lien !ui tenait autour de la
6diterrane les habitations troitement
groupes sur les hauteurs s' est rel@ch$ Les
t3pes de groupements ,oluent comme toutes
p;PO
choses$ Il sera d' un grand intr7t de sui,re
cette ,olution/ non seulement dans les contres
mditerranennes/ o5 elle est actuellement
tr.s sensible/ dans les contres de colonisation
rcente/ l' ?mri!ue et les rgions tempres
de l' hmisph.re austral/ o5 elle est 2 ses
dbuts 1 mais encore dans les contres
tropicales/ et dans ces contres d' orient
et d' Cxtr7meD)rient o5 la population semble
0ige en des moules tr.s anciens$ Ils ont dur
dans l' isolement 1 mais ils ne rsisteront
peutD7tre pas aux chemins de 0er/ 2 la grande
industrie/ aux inno,ations !ui rsultent du
contact a,ec le commerce mondial$
p;PP
chapitre vi. ,' volution des civilisations.
i. -tendance naturelle au per!ectionnement :
obser,eG dans une ,itrine de muse l' attirail
de ,7tements/ armes et parures du monde
mlansien 1 aux co!uilles/ cailles de tortues/
dents/ ar7tes/ bois et 0ibres ,gtales/ ,ous
reconnaisseG l' empreinte du milieu littoral
et !uatorial 1 dans les ornements brsiliens/
,ous retrou,eG les plumes des oiseaux bariols
des 0or7ts 1 dans ceux des pasteurs ca0res les
peaux de rhinocros/ les lani.res
d' hippopotames 1 ,ous de,ineG autant
d' adaptations 2 des genres de ,ie inspirs
directement du milieu ambiant$ Ce milieu a t
peu modi0i/ sau0 les incendies/ les
d0richements temporaires 1 le monde ,gtal
et animal reste 2 l' tat de nature 1 et d' autre
part/ pres!ue rien n' a t emprunt au dehors$
QeteG ensuite un regard autour de ,ous 1
,o3eG ces contres de haute ci,ilisation/ o5
nos champs/ prairies/ 0or7ts m7mes sont en
partie des oeu,res arti0icielles/ o5 nos
compagnons/ animaux et ,gtaux/ sont
exclusi,ement ceux !ue nous a,ons choisis/ o5
les produits/ les instruments/ le matriel
sont plus ou moins cosmopolites$ ' un cFt
des ci,ilisations 0ranchement autonomes N de
l' autre des ci,ilisations o5 le milieu ne se
distingue !u' 2 tra,ers les complications
d' lments htrog.nes$ Il semble !u' il 3 ait
un abLme entre ces rudiments de culture/
expression de milieux locaux/ et ces rsultats
de progr.s accumuls dont ,i,ent nos
ci,ilisations suprieures$ Les uns sont si
exactement cal!us sur les lieux o5 ils se
trou,ent/ !u' on ne peut ni les transporter
ni les imaginer ailleurs 1 les autres sont dous
de la 0acult de se communi!uer et de se
rpandre$
Cependant/ chacun de ces t3pes de ci,ilisations
proc.de de d,eloppements !ui ont m7mes racines$
C' est dans le milieu ambiant !ue partout
les groupes d' hommes ont commenc 2 chercher
les mo3ens de pour,oir aux besoins de leur
existence$ La plupart ont 0ait preu,e
pR>>
dans cette recherche de !ualits d' ingniosit
et d' in,ention !ui montrent dans la nature
humaine plus d' galit originelle !ue nos
pr9ugs de ci,iliss ne l' admettent N l' homme
ne s' est pas content d' user de l' abri des arbres/
des roches/ pour se mettre en s:ret/ de
cueillir 2 l' a,enture les racines ou graines
spontanment sorties du sol/ de chasser 2 la
mani.re des b7tes de proie 1 il a tir du palmier/
du bambou/ des dpouilles d' animaux marins ou
terrestres/ de la pierre et de l' argile/ du
cui,re et du 0er/ un monde d' ob9ets !u' il a
0rapps de son empreinte/ crs 2 son intention$
Ce !ue plus tard il a obtenu en appli!uant 2
la na,igation les nergies naturelles de l' air
et de l' eau/ plus tard encore/ en utilisant
la 0orce d' expansion des gaG/ les sources de
chaleur et de lumi.re amasses par les anciens
@ges dans les entrailles du sol/ rcemment
en0in les nergies plus m3strieuses de
l' lectricit/ l' homme des ci,ilisations
primiti,es l' a commenc en appli!uant 2 ces
0ins les animaux et plantes !ue rencontrait
sa ,ue/ le sol !u' il 0oulait 2 ses pieds$
Par l2 il tait condamn 2 rencontrer des
conditions plus ou moins 0a,orables$ ans
l' espace mesur dont il disposait/ les
auxiliaires pou,aient 7tre rares/ et l' on sait
!u' en certaines contres comme l' )canie/
l' indigence de la nature nati,e paral3sa ces
d,eloppements$ 'oute0ois/ m7me l2/ l' instrument
!ui supple 2 ce !ui man!ue 2 l' homme en 0orce
et ,itesse/ apparaLt partout comme un germe
d' o5/ si rudimentaire !u' il soit/ peut sortir/
les conditions tant 0a,orables/ une longue
suite de progr.s/ comme un acte d' initiati,e/
une 0orce de ,olont$
La nature 0ournit 2 l' homme des matriaux !ui
ont leurs exigences propres/ leurs 0acilits
spciales/ leurs incapacits aussi/ !ui se
pr7tent 2 certaines applications plutFt !u' 2
d' autres 1 en cela elle est suggesti,e/ par0ois
restricti,e$ 'oute0ois/ la nature n' agit !ue
comme conseill.re$ Cn crant des instruments/
l' homme a poursui,i une intention 1 en
s' appli!uant de plus en plus 2 per0ectionner
ses armes/ ses ustensiles de chasse/ de p7che
ou de culture/ les demeures o5 il pou,ait
mettre en s:ret sa personne et ses biens/ son
outillage domesti!ue ou ses ornements de luxe/
il a t guid par un dsir d' appropriation
plus prcise 2 un but dtermin$ ans les
di00rentes conditions de milieux o5 il se
trou,ait plac/ a3ant tout d' abord 2 assurer
son existence/ il a concentr tout ce !u' il
3 a,ait en lui d' adresse et d' ingniosit sur
ce but$ Les rsultats !u' il a atteints/ si
in0rieurs !u' ils puissent nous paraLtre/
tmoignent de !ualits !ui ne di00.rent de celles
!ui trou,ent leur emploi dans nos ci,ilisations
modernes/ !ue par la moindre somme d' expriences
accumules$ Il 3 a certes des ingalits/ des
degrs di,ers dans l' in,ention 1 mais partout
l' tude du matriel ethnographi!ue
pR>;
dnote de l' ingniosit/ m7me dans un cercle
restreint d' ides et de besoins$
Les instruments !ue l' homme met en oeu,re au
ser,ice de sa conception de l' existence/
dri,ent d' intentions et d' e00orts coordonns
en ,ue d' un genre de ,ie$ Par l2 ils 0orment
un ensemble/ ils s' enchaLnent et montrent entre
eux une sorte de 0iliation$ *ne application
en appelle une autre$ Le chasseur/ pour
per0ectionner ses armes de 9et/ boumerang/
saga3e ou 9a,elot/ sarbacane/ arc et 0l.che/
introduit des modi0ications N il recourbe ou
allonge son arc sui,ant l' en,ergure !u' il doit
obtenir 1 il prot.ge d' un bracelet le bras !ue
peut endommager le contreDcoup de la corde 1
il garnit la 0l.che de plumes !ui rgularisent
son lan/ il en amortit la pointe !uand il
craint d' endommager le plumage de l' oiseau
!u' il ,eut atteindre$ Il s' arme d' un bouclier
!ui rsiste 2 l' atta!ue$ Le bouclier/ lger et
maniable de,ant les armes de 9et/ s' est
allong et alourdi en s' alliant 2 la pi!ue
et 2 la lance pour permettre de s' arcDbouter
contre l' assaut de l' ennemi ou de la b7te 0au,e$
-i le n.gre a0ricain de la Gone tropicale
prati!ue la mtallurgie du 0er/ il ralise
dans les 0ormes de couteaux/ leurs
contournements et ciselures/ leurs barbelures/
une ,arit !ui ,ise autant de di,ersits
d' emplois$
Le matriel !ue le JirghiG a cr 2 l' usage de
sa ,ie de dplacements priodi!ues/ la 0orme
de sa tente/ de ses ,7tements/ ralisent un
ensemble o5 tout se tient/ comme la
personni0ication d' un genre de ,ie$ e m7me/
le matriel !u' a cr l' esJimau pour sub,enir
aux besoins de la p7che/ de la na,igation sur
mer/ des rapides tra9ets sur la glace ou sur le
sol de la toundra/ traLneaux et attelages/
Ja3aJs et harpons/ ,7tements/ huttes/ reprsente
un tout dont les di,erses pi.ces sont
coordonnes$
CstDce seulement le stimulant de l' utilit
prati!ue !ui prside 2 ces combinaisons E )n 3
reconnaLtra un lment !ui entre dans toute
oeu,re imprgne de patience et d' attention
minutieuse/ !uel!ue chose d' analogue 2 ce !ui
soutient l' artiste dans sa lutte contre la
mati.re/ dans son e00ort pour lui communi!uer
l' impression !ui est en luiDm7me$ La poterie
n' est pas moins signi0icati,e 2 cet gard !ue la
mtallurgie primiti,e$ Le doigt du potier
indig.ne/ en Hu3ane aussi bien !u' au Prou/
depuis la Chine mridionale 9us!u' 2 l' extrmit
occidentale de la &erbrie/ ptrit la mati.re
au gr de ses 0antaisies et de ses besoins$
Le 0ini de certains instruments 0abri!us/ par
exemple cheG les esJimaux/ a,ec de simples
ar7tes ou os de poissons/ ou cheG certains
pol3nsiens a,ec des co!uilles d' une remar!uable
duret/ cheG les maoris de la Nou,elleDUlande
a,ec les bois durs dont ils
pR>R
cerclaient les membrures de leurs embarcations/
dnote une patience !ui n' est autre chose !ue
l' amour de l' artiste pour son oeu,re$
Cn )canie/ comme dans le Qapon primiti0/ en
Chine ou au 6exi!ue/ le tra,ail humain s' est
acharn sur certaines pierres dures/ 9ade/
obsidienne/ serpentine/ dont l' clat l' a,ait
sduit et en a tir une multiplicit de
0igurines ou d' ob9ets/ tout un matriel de luxe
!ui est transmis et sur,it en partie dans les
ci,ilisations ra00ines$ L' tonnement !ue nous
prou,ons de,ant la per0ection !ue les
prhistori!ues du nord de l' Curope surent
donner aux instruments de pierre polie 1 celui
!ui nous 0rappe de,ant ces images rupestres/
o5 les artistes des grottes de l' Cspagne et du
sudDouest de la France reproduisaient a,ec
talent les animaux !u' ils rencontraient dans
leurs chasses/ nous r,.lent cheG ces lointains
anc7tres l' artiste !ui est en nous$
?insi/ 2 tra,ers les matriaux !ue la nature lui
0ournissait/ par0ois en dpit de leur rebellion
ou de leur insu00isance/ l' homme a poursui,i
des intentions/ ralis de l' art$ )bissant 2
ses impulsions et 2 ses go:ts propres/ il a
humanis 2 son usage la nature ambiante$ Nous
,o3ons 2 des degrs di,ers une srie de
d,eloppements originaux$ Le matriel/ si
appau,ri !u' il nous soit o00ert au9ourd' hui/
des ci,ilisations autonomes !ui se sont
0ormes/ dans les milieux di00rents !ue nous
a r,ls la connaissance de la terre/
reprsente/ non un dbut/ mais toute une srie
d' e00orts accomplis sur place$ Ces ci,ilisations
rudimentaires/ !ui nous reportent aux priodes
archaI!ues de nos propres ci,ilisations/ sont
d92 pourtant ellesDm7mes un aboutissement/ un
rsultat de progr.s dans les!uels se sont
,isiblement exercs l' initiati,e/ la ,olont/
le sens artisti!ue$
ii. -stagnation et isolement :
il est alors asseG surprenant de constater !ue
beaucoup de ces ci,ilisations se sont arr7tes
en route/ !ue la srie des progr.s s' est
interrompue/ et !ue/ en bien des endroits/ la
s.,e d' in,entions semble s' 7tre tarie$ Les
m7mes procds de culture se rp.tent sans
modi0ications au -oudan (bien !ue de nou,elles
plantes ,enues d' ?mri!ue s' 3 soient
introduites)$ La m7me charrue !u' il 3 a plusieurs
milliers d' annes est en usage sur les bords
de la 6diterrane/ cheG les berb.res$ Les
t3pes d' habitations/ cases c3lindri!ues en pis
et en paille/ cases rectangulaires 2 toits
inclins et piliers de soutien/ se rp.tent
2 satit/ sui,ant les Gones/ dans le centre
et l' ouest a0ricain$ Le 0orgeron n.gre tra,aille
a,ec son appareil portati0 comme le 0aisaient ses
lointains anc7tres$ Les cou00ins du 0ellah
g3ptien/ les 9arres du pa3s
pR>+
castillan restent 0id.les 2 des t3pes depuis
longtemps 0ixs et dsormais in,ariables !ue
reprsentent les monuments 0igurs$
67me dans ces contres de ci,ilisation a,ance/
le cercle des genres de ,ie s' est 0erm$ Les
richesses minrales dont la Chine abonde n' ont
pas 0ait du chinois un mineur$ Cet ingnieux
culti,ateur ne s' est adonn ni 2 l' horticulture/
ni 2 l' le,age$ Les m7mes errements persistent
sans changement sensible$ e telle sorte
!u' apr.s a,oir not les indices d' une ,olution
capable d' atteindre une per0ection relati,e/
nous notons une certaine impuissance/ soit 2
pousser plus loin/ soit 2 aborder des directions
di00rentes$ La srie d' e00orts par les!uels/
chasseur ou p7cheur/ agriculteur ou pasteur/
l' homme a assur son existence/ semble a,oir
aiguill son intelligence dans un sens dont
elle ne d,ie plus$ *n moment arri,e o5 ces
e00orts s' arr7tent$ -i rien ne ,ient de nou,eau
solliciter l' acti,it/ elle s' endort sur les
rsultats ac!uis$ *ne priode de stagnation
succ.de 2 des priodes de progr.s ainsi !u' il
est ad,enu en Chine et ailleurs$
L' homme est sollicit ,ers l' inaction par une
pente naturelle$ *ne tentation de torpeur le
guette$ )n a ,u des nau0rags !ue le hasard
a,ait runis dans l' archipel de 'ristan a
Cunha/ s' 3 habituer 2 une ,ie de lenteur et
d' indolence/ au point !u' au bout d' une
gnration ou deux/ ils taient incapables d' en
a00ronter une autre$ Il 0aut donc !u' une
0orce trang.re inter,ienne$ -i nous en cro3ons
le po.te 4 l' acti,it humaine ne peut !ue trop
aisment s' endormir$ Clle ne tarde pas 2 se
complaire dans un tat complet de repos$ C' est
pour!uoi 9e tiens 2 lui donner ce compagnon !ui
aiguillonne et agit et !ui/ tant le diable/
doit crer$ 4
diable ou non/ ce principe d' in!uitude et de
mcontentement/ capable d' action cratrice/
existe dans les replis de l' @me humaine/ mais
il n' agit !u' 2 son heure/ sui,ant le temps et
les hommes$ Pour !u' il s' ,eille il 0aut !ue
l' ide du mieux se prsente sous 0orme concr.te/
!u' on entre,oie ailleurs une ralisation capable
de 0aire en,ie$ L' isolement/ l' absence
d' impressions du dehors semblent donc le
premier obstacle !ui s' oppose 2 cette conception
du progr.s$ C00ecti,ement/ les socits humaines
!ue les conditions gographi!ues ont tenu 2
l' cart/ soit dans les Lles/ soit dans les replis
des montagnes/ soit dans les dserts/ soit dans
les clairi.res des 0or7ts/ paraissent 0rappes
d' immobilit et de stagnation$ C' est en
Islande/ cheG les touareg/ dans le Va0iristan/
!ue l' archaIsme o00re au9ourd' hui ses meilleurs
t3pes$
pR>8
6ais il 3 a aussi un autre isolement/ celui !ue
l' homme se 0orge 2 luiDm7me par ses crations/
par tout ce !u' il cha0aude sur ses oeu,res$
2 ces in,entions/ dans les!uelles l' homme a mis
une part de luiDm7me/ 2 ces genres de ,ie !ui
absorbent toute son acti,it/ il m7le ses
sentiments/ ses pr9ugs/ toutes ses conceptions
de la ,ie sociale$ Il 3 a9oute une conscration
religieuse !ue leur pr7tent le culte de ses
anc7tres/ le respect d' un pass !ui s' en,eloppe
de m3st.re$ Il 0init ainsi par tisser autour
de lui une toile paisse !ui l' enlace et le
paral3se$
La ,ie tout enti.re du n.gre de Huine est
emp7tre de rites et de superstitions !u' il serait
aussi dangereux d' en0reindre !ue celle du
tabou pol3nsien$ Le pa3san traditionnel
cheG nous/ comme le culti,ateur hindou/
cambodgien ou chinois/ sont des personnages
scrupuleux/ 0er,ents obser,ateurs de prati!ues
telles !ue l' essentiel ne s' 3 distingue plus
du parasite$ Cha!ue opration se compli!ue de
r.gles d' obser,ance entre les!uelles
l' initiati,e n' a plus de 9eu pour s' exercer$
Le genre de ,ie/ entr 2 ce point dans les
habitudes/ de,ient un milieu born dans le!uel
se meut l' intelligence$ Le nou,eau paraLt
l' ennemi 1 on ,oit sous ces in0luences des
organismes sociaux se cristalliser et/ 0aute
de renou,ellement/ des oeu,res combines pour
le bien commun de,enir des conser,atoires de
routine$
)n a dit a,ec raison !ue la base de la socit
chinoise est la 0amille$ *ne hirarchie
rigoureuse en relie les membres/ unis par le
culte commun des anc7tres$ Il est incontestable
!ue cette 0orce du lien 0amilial a
puissamment aid cette socit 2 grossir les
rangs de sa population/ 2 0aire pr,aloir une
discipline commune/ et !u' elle a t une
source de ,ertus sociales$ 6ais n' aDtDelle pas
entra, le progr.s E Ce !ui con,ient 2 une
socit patriarcale ne con,ient pas 2 une
socit moderne$ )n est port 2 se demander
si ce patronage du che0 de 0amille ne restreint
pas l' esprit d' initiati,e/ s' il ne s' oppose
pas au d,eloppement de l' indi,idu E
L' indi,idualisme/ briseur de routines/ n' a
gu.re sa place dans un cadre !ui/ depuis la
naissance/ s' a9uste 2 tous les actes de
l' existence/ et ne l@che m7me pas apr.s la
mort$
Comme on l' a sou,ent remar!u/ le d,eloppement
outr des institutions communales rtrcit
l' horiGon et produit/ m7me au sein de
populations tr.s denses/ un isolement 0actice$
La communaut de ,illages/ telle !u' elle est
prati!ue dans l' Inde du nord/ le mir
(ou commune) russe/ l' organisation ancienne
des ,illages groups dans une partie de l' Curope
occidentale/ sont comme des conser,atoires
persistants de mtiers spciaux/ de procds
agricoles/ de t3pes d' assolements dont/ une
0ois 0ixs/ on ne pou,ait gu.re
s' carter$
Ces organisations supposent une entente 0onde
sur des expriences
pR>=
sculaires et rsumant de longs e00orts
d' initiati,e/ mais elles indi!uent aussi !ue/
se reposant sur les rsultats ac!uis/
l' intelligence a cess d' en poursui,re d' autres 1
et/ par l2/ ce !ui tait mou,ement s' est
0ig 1 ce !ui tait initiati,e est de,enu
habitude 1 ce !ui tait ,olont est tomb dans
le domaine de l' inconscient$ C' est ainsi !ue/
parmi les socits animales/ certains groupes
ont su s' le,er 2 une organisation suprieure$
Pour !ue la 0ourmi reste attache 2 sa
0ourmili.re/ l' abeille 2 sa ruche/ il a 0allu
d' incalculables progr.s antrieurs/ mais les
progr.s se sont arr7ts ou sont de,enus 2 peu
pr.s insensibles$ Il ne reste des in,entions
passes !u' une impulsion !ui se communi!ue
automati!uement aux gnrations successi,es$
iii. -les contacts :
il peut se 0aire !ue le contact d' autres
ci,ilisations glisse sans entamer pro0ondment
ces organismes endurcis$ es emprunts peu,ent
se produire/ mais ils restent super0iciels entre
socits peu prpares 2 ragir l' une sur
l' autre$ Lors!ue le continent noir entra/ par
l' intermdiaire des espagnols et des portugais/
en contact a,ec l' ?mri!ue/ un grand nombre
de plantes comestibles s' introduisirent dans
l' agriculture a0ricaine$ 4 le manioc/ le maIs/
l' arachide/ l' ananas/ et peutD7tre l' igname
et la patate/ ont t apports ,ers le x,e
si.cle sur le continent noir 4 / en un mot/ la
plupart des plantes !ui ser,ent au9ourd' hui
de base 2 l' alimentation$ Cet accueil montre
une certaine aptitude au progr.s$ %oitDon
cependant !ue les procds de cette agriculture
tropicale a0ricaine aient t sensiblement
modi0is/ !ue la charrue ait remplac la houe/
!ue les mo3ens d' amendement et de renou,ellement
du sol se soient substitus aux habitudes
traditionnelles E Cn aucune 0aon$ Les
prati!ues agricoles lies au genre de ,ie ont
persist/ a,ec les organismes sociaux aux!uels
elles taient adaptes et !ui taient ns
a,ec elles$ La ,ie de ,illage/ dans un cercle
de culture born/ est reste le trait dominant
de ci,ilisation$ L' addition de !uel!ues plantes
n' 3 a rien chang$ L' horiGon de ces petites
communauts/ isoles entre elles et li,res
par l2 aux entreprises con!urantes du dehors/
est rest aussi restreint !ue prcdemment$
?ucune ,ie urbaine solide/ en dehors de la
priphrie saharienne/ n' a pris racine sur ce
sol/ non !u' il 0:t rebelle 2 la ci,ilisation/
mais au contraire parce !u' une ci,ilisation
exclusi,e s' 3 tait 0ait place$
pR><
L' introduction du che,al dans les plaines de
l' ?mri!ue du nord/ par les europens/ 0ut
une sorte de crise dans la ,ie des indig.nes$
Certaines tribus plus promptes 2 utiliser ce
mo3en de guerre/ durent 2 la mobilit !u' il
leur procura/ une supriorit d' atta!ue et une
extension subite de puissance 1 on ,it par
exemple dans le nordDouest celle des
pieds-noirs, primiti,ement cantonne entre
la -asJatcheXan et la Peace (i,er/ lors!ue/
,ers le commencement du x,iiie si.cle/ elle 0ut
entre en possession du che,al/ tendre
subitement 9us!u' au WelloXstone et aux
6ontagnes (ocheuses le cercle de ses
entreprises aux dpens de ses ,oisines$ Le
nomadisme plus ou moins mar!u/ !ui tait
inhrent 2 la ,ie de chasse/ reut certainement
de cet auxiliaire ,enu d' Curope/ un ren0ort
et un surcroLt d' expansion$ 6ais/ 2 ce
phnom.ne phm.re se borne l' e00et produit$
La ,ie indig.ne/ en possession d' un mo3en
nou,eau de persister dans son 7tre et dominer
ses ,oisins/ aurait continu 2 durer sur ses
bases traditionnelles/ si la colonisation
europenne n' 3 a,ait mis ordre$
ans les cas cits/ les genres de ,ie 0orms
sur place 0ont preu,e d' asseG de rsistance
pour adapter 2 leurs propres besoins les
inno,ations !ue des circonstances trang.res
2 leur ,olont leur apportent$ Ils trou,ent
en euxDm7mes de !uoi se d0endre/ et/ dans
leurs emprunts m7mes/ de !uoi se 0orti0ier
dans leur 7tre$ Ils ne se modi0ient pas$ La
substitution du che,al 2 la locomotion
pdestre/ pas plus !ue celle des armes 2 0eu
2 l' arc ou 2 la sagaie/ ne changent rien
d' essentiel aux habitudes contractes de
longue date/ en rapport a,ec le milieu local$
Le choc direct de deux ci,ilisations tr.s
ingales ne produit !ue des mou,ements de
sur0ace$ 6ais/ sous la pression des ncessits/
il n' 3 a pas de rsistances !ui tiennent$ Les
exemples ne man!uent pas de trans0ormations
essentielles !ui ont modi0i/ soit sous la
pression du dehors/ soit par le d,eloppement
de causes conomi!ues/ des socits solidement
constitues/ d92 coules dans un certain
moule$ Nous pou,ons en 9uger en ,o3ant de nos
9ours/ sous l' in0luence du march uni,ersel/
le d,eloppement de la ,ie industrielle et
urbaine aux dpens de la ,ie agricole et rurale/
et en constatant !u' il en rsulte des
changements non seulement dans les modes
d' exploitation/ mais dans les rapports
sociaux/ la natalit/ les liens de 0amille/
l' alimentation/ etc$ Nous sommes 0rapps/
mus/ sou,ent in!uiets de ces 0aits mais le
pass en a connu d' analogues$
u commerce/ de la scurit sur mer/ de la
colonisation/ na!uit autour de la 6diterrane
une 0orme sociale !ui atteignit sa plus haute
expression dans la cit$ Ce 0ut une
r,olution !ue celle !ui substitua la cit
2 la bourgade/ le culte de la patrie aux
sanctuaires de 0amille/
pR>O
un lien public aux liens de client.le 1
r,olution intellectuelle autant !ue matrielle$
Le costume changea 1 il se 0it plus simple 1
on cessa de circuler en armes$ L' @me du
cito3en s' harmonisa a,ec l' aspect de la cit$
labore/ agrandie par (ome/ la notion de
cit de,int une 0orme de ci,ilisation capable
de se communi!uer et de se transmettre 2 des
groupes de plus en plus nombreux$ Le rseau
des ,oies romaines en 0ut le ,hicule$ u
bassin mditerranen elle gagna une grande
partie de l' Curope centrale$ ?,ec la con!u7te
marcha le commerce 1 l' usage du ,in et du
0roment se gnralis.rent 1 des marchs
s' ou,rirent 1 des cultures se propag.rent$
Cependant/ dans cette Curope se dressait
en 0ace du monde romain un t3pe de ci,ilisation
bien moins a,anc/ asseG di00rent pour !ue
son originalit ait 0rapp l' esprit
obser,ateur de 'acite$ Il 3 eut entre ces
deux mondes non pas seulement con0lit/ mais
in0iltration$ es si.cles pnibles et douloureux
s' coul.rent a,ant !u' une 0usion s' accomplLt$
Clle se ralisa gr@ce 2 une 0orme religieuse/
sortie elleDm7me du creuset mditerranen/
issue du mlange d' hommes et d' ides !ui s' 3
tait accompli 1 le christianisme ser,it de
trait d' union entre les deux mondes !ui
semblaient s' exclure/ romain et germani!ue$
Ce !u' a,ait 0ait (ome/ Charlemagne le 0it 2
son tour N il 0ut 0ondateur de ,illes$
Ces changements/ d' ailleurs si dcisi0s !u' ils
aient t dans l' histoire des ci,ilisations/
sont loin d' a,oir limin les 0ormes sociales
antrieures$ Il 0aut tou9ours tenir compte
des ,arits et des sur,i,ances dans l' tude
des socits humaines comme des socits
,gtales ou animales$ 67me autour de la
6diterrane/ il s' en 0aut !u' ait disparu
la ,ie de clans a,ec les habitudes de
circulation en armes/ de sites 0orti0is/
de ,endettas 1 l' ?lbanie actuelle est une
remar!uable sur,i,ance/ et non la seule/
de cet archaIsme$ 6ais ces immdiates in0luences
de milieux locaux sont de,enues des exceptions$
' autres germes ont 0ructi0i 2 cFt d' eux/
d' autres 0ormes de ,ie se sont 0ait 9our/ ont
exerc leur attraction$ La ci,ilisation a ,u
s' enrichir pres!ue 2 l' in0ini le 0ond sur
le!uel elle tra,ailla$
iv. -contacts par invasion et opposition de
genres de vie :
l' Curope occidentale montre un d,eloppement
2 peu pr.s continu$ Il n' en a pas t de m7me
en ?0ri!ue du nord et en ?sie/ au seuil de la
Gone des dserts et des steppes$ epuis le
6aroc 9us!u' 2 l' Inde/ depuis la (ussie
9us!u' 2 l' ?rabie/ les socits n' ont pas
cess d' 7tre en rapport 1 mais le contact a
t le plus sou,ent hostile par l' opposition
des genres de ,ie$ e grands empires se sont
le,s/ depuis celui des
pR>M
perses 9us!u' 2 celui des arabes et des mongols$
L' islam a tendu son ,aste domaine$ 6ais
aucun de ces empires n' a dispos de la srie
des temps au m7me degr !ue la Chine ou !ue
(ome/ continue par le christianisme$ Les
in,asions arabes/ tur!ues/ mongoles/ ont
interrompu le lien dans l' ?0ri!ue du nord
et en Cspagne/ en ?sie 6ineure/ en Perse/
dans le nord de l' Inde/ aussi bien !ue sur
les bords du nieper et de la %olga 1 elles
ont t un hiatus dans le d,eloppement normal
des socits 1 elles ont amen une d,iation/
d' incessantes ncessits de recommencement$
-i ces migrations/ dont nous entretient d92
Brodote/ et !ui/ surtout du i,e au xe si.cle
de Q$ DC$/ s' coulent sans arr7t de l' ?ltaI
2 l' ?sie occidentale/ ont cess en grand depuis
un si.cle ou deux 1 elles se poursui,ent en
petit entre tribus/ entre clans et ,illages
,oisins N de Jurdes 2 armniens/ d' albanais
2 sla,es/ de bdouins 2 0ellahs$
Cependant/ 2 tra,ers ces ,icissitudes/ on
obser,e la persistance 2 peine mar!ue
d' anciennes ci,ilisations N l' g3pte/ sous
ses tra,estissements successi0s/ garde dans sa
race sa ph3sionomie de sphinx$ Le persan ,it
de ses sou,enirs et de ses po.tes$ L' ?sie
6ineure/ le nord de la Perse/ le 'urJestan/
ont t 4 tur!ui0is 4 / mais comme les moeurs
hellni!ues apparaissent 2 ?th.nes sous le
crpissage turc !ui s' caille/ il n' est pas
impossible de dcou,rir le 0ond de ci,ilisations
anciennes !u' ont laiss en ?sie 6ineure les
thraces/ phr3giens/ hittites/ aramens/ comme
en ?rmnie et Iran/ tous ces ,ieux peuples
0ondateurs de sanctuaires et de monuments$ Les
,ieilles religions naturalistes de -3rie se
sont miettes en sectes di,erses$
Ce !ue les in,asions ont impos 2 et l2/ c' est
la langue/ ,7tement extrieur$ Cncore m7me/
pour su00ire aux exigences d' une ,ie plus
compli!ue !ue celle des steppes/ les dialectes
turcs/ tartares !ui ont remplac dans le nord
de l' Iran/ et des deux cFts du Pamir/ les
dialectes iraniens/ ontDils d: 0aire de larges
emprunts au persan et 2 l' arabe$ Kuant 2 la
langue du camp/ l' urdu, 0orme autour
des sou,erains mongols de elhi/ elle n' est
autre !ue la langue hindoustani imprgne de
,ocabulaire persan$
L' islam/ malgr ses cadres simples et rigides/
n' a pas chapp 2 la loi N il s' est trans0orm
sui,ant les milieux o5 il s' enracinait N
marabouti!ue en &erbrie/ chiite en Perse/
altr dans l' Inde au contact de l' hindouIsme$
Il a ,olu sui,ant les milieux$
Le rsultat a t un 0ractionnement de religions
en sectes/ de nationalits compactes en
poussi.res de nationalits$ ?rmniens/ parsis/
9ui0s/ s3riens sont des dbris de peuples/
dont l' axe s' est dplac$ Le commerce/ l' industrie
sont de,enus leur monopole/ comme
pR>P
autre0ois celui du phnicien et des grecs
autour des ,ieilles ci,ilisations d' g3pte
et d' ?ss3rie$ Ce sont des essaims !ui ,i,ent
et pullulent en marge de grandes socits et
rendent le ser,ice d' entretenir/ entre des
corps tendant 2 l' inertie/ un reste de
circulation$
Contre ce 0ractionnement ragit l' po!ue prsente$
' hier seulement la balance penche de nou,eau$
L' ?0ri!ue du nord/ l' ?sie centrale/ l' Inde
et l' g3pte sont entres dans le cercle des
grandes dominations$ La 'ur!uie et la Perse
sentent le cercle se re0ermer autour d' elles$
v. -contacts par le dveloppement du commerce
maritime :
sur un autre point la ,ie se rallume$ Le monde
occidental n' a,ait eu !ue de rares et lointaines
chappes sur les grandes ci,ilisations de
l' Cxtr7meD)rient N le contact de,ient
au9ourd' hui plus intime et c' est une des plus
intressantes expriences humaines !ui
s' accomplit$ L' Inde/ depuis ;M<> a,ec Lord
alhousie/ a t sillonne de chemins de 0er
sous le contrFle d' une domination trang.re$
ans ces derni.res annes/ le rail a pntr
en Chine$ epuis la date 0atidi!ue du M 9uillet
;M=+ o5 l' escadre du Commodore Perr3 parut
2 Wedo/ le Qapon s' est ou,ert/ d' abord 2
demi/ puis largement 1 il a inaugur son
premier chemin de 0er en ;MOR 1 au9ourd' hui
ses usines/ sa science et 9us!u' 2 son costume
sont europens$ Nul n' est parti plus tard et n' a
march plus ,ite$ Cette mtamorphose dconcerte
et/ cependant/ il semble !ue/ cette 0ois encore/
ce peuple n' ait 0ait !u' obir 2 une loi
particuli.re de son d,eloppement/ !ue cette
derni.re mue soit une rptition de celle !ui
mit 9adis le ,ieux Qapon 2 l' cole de la Core
et de la Chine$ Lors!u' au ,ie si.cle de notre
.re/ le boudhisme pntra au Qapon/ il accomplit
une r,olution semblable 2 celle !ue/ dans
notre occident/ le christianisme apporta au
monde barbare$ -ous ces emprunts/ le Qapon
a 9alousement conser, son originalit de
peuple insulaire dans son cadre de montagnes
et de dcoupures littorales/ ses plerinages
aux sanctuaires ombrags sous les cr3ptomerias/
le go:t de sa riante nature 0leurie et de l' art
religieux !ui l' interpr.te$ CstDce de ses
a,atars antrieurs !u' il a ac!uis sa singuli.re
aptitude 2 s' approprier la science europenne/
2 s' assimiler ce !ui lui a paru essentiel
dans les ci,ilisations extrieures 1 nous
serions 0ort embarrass de dire s' il 0aut
en 0aire honneur 2 des !ualits de race/ 2 sa
composition ethni!ue/ 2 sa position gographi!ue 1
notons seulement !ue le prsent ne dment pas
le pass$
Le cas insulaire du 9aponais o00re un 0rappant
contraste a,ec l' attitude des ci,ilisations
continentales !ui se sont enracines/ poussant
pR;>
des re9etons autour d' elles N celle de Chine
ou de l' Inde$ Le commerce de l' Curope et celui
des tatsD*nis 0ont 2 l' en,i le si.ge du
chinois N ils n' ont encore russi !u' impar0aitement
2 introduire en lui de nou,eaux besoins$ -' ils
3 par,iennent pour !uel!ues articles/ c' est
2 la condition de se plier 2 ses go:ts et 2 ses
coutumes$ Babitue 2 rpandre sa ci,ilisation
autour d' elle/ 2 se considrer comme le centre
du monde/ la Chine se rsigne mal au rFle de
disciple$ Clle se retranche dans sa mentalit
orgueilleuse$ ?ux ides sub,ersi,es de l' Curope
ou de l' ?mri!ue/ 2 leurs articles exoti!ues/
elle oppose sa morale/ sa philosophie/ ses
traditions littraires/ ses habitudes
domesti!ues/ sa conception du luxe et du
bienD7tre$ ?ux comptiteurs 9aloux lui o00rant
!ui ses cotonnades et ses machines/ !ui son
ptrole/ !ui ses allumettes/ elle a longtemps
oppos un 0legme ddaigneux$ Clle c.de
cependant et commence 2 prendre !uel!ues
marchandises$ Le chinois/ disent nos l3onnais/
de,ient 4 un intressant personnage conomi!ue 4 $
*ne priode de 0ermentation a commenc dont il
est impossible de pr,oir les tapes$ 6ais/
de la Chine comme du Qapon/ on peut dire la
m7me chose N l' imitation de l' tranger ne ,ient
!ue du dsir de se passer de lui/ un sentiment
de xnophobie en est le principe$
?u contact de ses maLtres britanni!ues/ l' Inde
a certainement ,olu 1 mais dans !uel sens E
'out ce !ue les anglais ont tent pour modi0ier
par ce !u' ils cro3aient a,antageux la
constitution sociale du pa3s/ pour crer/ par
exemple au &engale/ une aristocratie
terrienne en 0a,orisant les 7emindari au
dtriment des rotts (;OP+)/ a chou ou
tourn 2 mal N ils ont russi au contraire en
s' appu3ant sur les organismes traditionnels/ en
d,eloppant le rgime municipal/ en respectant
les sou,erainets indig.nes$ Les castes n' ont
en rien cd de la prise !u' elles exercent$
'out l' di0ice social est rest 2 peu pr.s
intact$ L' ducation/ la presse/ les uni,ersits/
la di00usion de la langue anglaise ont a00ect
la mentalit indig.ne/ mais dans un sens
autre !u' il n' tait pr,u$ es mdecins/ des
chirurgiens habiles ont pu se 0ormer parmi les
indig.nes 1 l' axe de la pense n' a pas t
dplac$ Qamais l' attention des lettrs hindous
ne s' est plus porte ,ers les anciens li,res
sacrs !ue depuis !ue la science europenne les
a touchs du bout de son aile$ Ct !uant au
peuple/ on a remar!u !u' un des principaux
rsultats des 0acilits donnes aux ,oies de
communication/ a t d' augmenter l' a00luence
de plerins ,ers les ,ieux sanctuaires$ ?insi
la branche tordue par le ,ent reprend sa
direction premi.re$
*ne cons!uence/ et celleDci capitale/ de la
domination britanni!ue/ se dgage d.s 2 prsent N
c' est la conscience d' une certaine
pR;;
unit de ci,ilisation entre membres disparates
!ui s' ignoraient dans l' Inde d' hier$
vi. -caract"re gographique du progr"s :
lors!ue Pascal parle de la suite des hommes
comme d' un seul homme !ui subsiste tou9ours
et !ui apprend continuellement/ il exprime
une ,ue philosophi!ue de l' esprit/ !ue con0irme
l' tat actuel de la ci,ilisation$ 6ais cela
n' impli!ue nullement !ue le progr.s marche
du m7me pas rgulier et uni0orme$ Le cours
de l' histoire abonde l2Ddessus en dmentis$
Cncore au9ourd' hui/ nous ,o3ons dans la
moiti en,iron de la terre des socits !ui
n' ont rien appris depuis des milliers d' annes/
0ixes/ comme 2 un cran d' arr7t/ sur une
somme de progr.s !ui/ une 0ois atteints/
n' ont pas t dpasss$ Ces progr.s a,aient
permis 2 ces socits locales de ,i,re et
subsister sur place 1 elles n' ont pas t plus
loin$
Il 3 a/ cependant/ des parties de la terre o5/
2 tra,ers bien des ,icissitudes/ les progr.s
n' ont t !ue rarement arr7ts/ o5/ non sans
accident/ le 0lambeau a pass de main en main$
2 !uoi tient ce pri,il.ge et pour!uoi ces
di00rences E Il 3 a dans ces 0aits une
rpartition 2 la!uelle les causes purement
gographi!ues ne sauraient 7tre
trang.res$
CstDce hasard si les terres concentres dans
l' hmisph.re boral de l' ancien monde/ entre
la 6diterrane et les mers de Chine/ ont ,u
se produire la plupart des grands ,nements
!ui ont guid les ci,ilisations E
)n est 0rapp de l' en,ergure !u' 3 prennent les
0aits sociaux/ religieux ou politi!ues/
!ui ser,ent de points de rep.re dans la marche
du progr.s$ L2/ par exemple/ s' est opre la
di00usion de m7mes 0amilles de langues/
expressions de m7mes habitudes d' esprit/
ar3ennes depuis l' Inde 9us!u' 2 la Hermanie/
smiti!ues de l' ?rabie au 6aghreb$ L2 aussi
s' est 0aite la di00usion de 0ormes religieuses
2 bases morales et philosophi!ues$ eux des
principales religions entre les!uelles se
partage l' humanit/ le christianisme et l' islam/
3 ont trou, non seulement leur berceau/ mais
leur aire de propagation$ Ct s' il est douteux
!u' il 3 ait/ au sens o5 l' entendit )scar
Peschel/ une 4 Gone de 0ondateurs de religion 4 /
il est permis d' admettre !u' il 3 a des parties
de la terre o5 les 0ormes religieuses ont
dispos de 0acilits spciales d' expansion$ Le
bouddhisme luiDm7me/ n dans l' Inde/
n' aDtDil
pR;R
pas chemin 2 tra,ers l' ?sie centrale au mo3en
des routes de commerce !ui a,aient d92 r,l
2 l' occident la contre appele -ri!ue E
67mes remar!ues sur les genres de ,ie$ La plupart
des procds de la ,ie agricole/ mthodes
d' irrigation/ cultures d' arbres 0ruitiers/
usage de la charrue/ se sont largement rpandus
dans les contres !u' embrasse cet ensemble$
La ,ie pastorale/ tou9ours si d,eloppe
dans cette Gone/ impli!ue un nomadisme !ui la
0ait/ il est ,rai/ gnralement considrer
comme un genre de ,ie in0rieur$ Cn ralit/
ce t3pe/ tel !u' il s' est organis en ?sie
et dans le nord de l' ?0ri!ue/ de l' ?ltaI 2
l' ?tlas/ aux con0ins des steppes/ a,ec points
d' appui et relations d' change dans les oasis
ou dans les rgions limitrophes de culture/
reprsente une 0orme relati,ement le,e de
ci,ilisation$ Il entretient/ par les cara,anes
et les baGars/ des rapports tendus 1 il 0a,orise/
aux points de contact/ la 0ormation de marchs
et de ,illes 1 il d0raie en0in le luxe
patriarcal de la tente$ e grands 0aits
histori!ues/ a3ant 0ortement brass les hommes/
ont pris naissance dans ce milieu$ )n a ,u
les 0amilles et les tribus se combiner en
con0drations/ s' agglomrer en hordes !u' ont
signales des clairs de puissance !uasi
mondiale$ Le cas de l' empire mongol/ !ui 0it au
xiiie si.cle trembler l' Curope/ ne 0ut pas un
phnom.ne isol et sans racines$
vii. -les noaux :
il 3 a des contres o5 la chaLne du progr.s a t
rompue (Curope orientale/ ?sie occidentale)/
o5 elle ne s' est renoue !ue plus tard ou
impar0aitement$ Il 3 en a d' autres o5 les
progr.s n' ont 9amais t tout 2 0ait interrompus/
!ui n' ont pas prou, ces hiatus 0unestes$
Les 0ormations politi!ues s' 3 sont succd en
rapport les unes a,ec les autres (Curope
occidentale et centrale/ g3pte m7me/ etc$)$
Cn somme/ les 0aits gnraux/ dans l' histoire
des socits humaines/ ne se produisent 9amais
d' emble$ Il 0aut pralablement triompher des
obstacles accumuls autour de cha!ue groupe par
les distances/ la nature des lieux/ les
hostilits rcipro!ues$ *n d,eloppement
embr3onnaire prc.de le plein panouissement
de l' 7tre$ Il 0aut donc remonter un peu plus
haut dans la chaLne des 0aits$
Le christianisme romain s' inscrit dans les cadres
de l' empire d' occident/ comme le christianisme
grec dans celui de l' empire d' )rient$ C' est
aux dpens de cet empire et de ceux des perses
et des sassanides !ue l' islam a constitu son
domaine$ 6ais ces di00rents empires s' taient
0orms euxDm7mes d' lments antrieurs/ a,aient
absorb en eux ceux d' g3pte/ de Chalde/
de 6acdoine$ Continuant 2 remonter
pR;+
l' chelle du pass/ ces grandes 0ormes
d' organisations politi!ues se dcomposent en
plus petites contres/ en une multitude de 0o3ers
distincts dous de ,ie propre$ La puissance
pharaoni!ue s' l.,e sur la multitude de nomes
clos sur les bords 0ertiliss du Nil$ e
petites ro3auts/ dont !uel!ues noms seuls
nous sont par,enus/ entrent dans la charpente
des empires du 'igre et Cuphrate$ *n essaim
de cits analogues 2 celles !ui s' taient
0ormes 2 ?th.nes/ Corinthe/ 6ilet/ se
rpandent le long de la 6diterrane/ en 0ace
des colonies issues de -idon/ '3r et Carthage$
La puissance de l' trurie se 0ond dans celle
de (ome 1 et la con!u7te romaine/ 2 son tour/
absorbe la ci,ilisation de t3pe hallstatt
pralablement 0orme au nord des ?lpes$
?insi ces phnom.nes dont l' ampleur nous tonne/
n' ont 0ait !ue rsumer des d,eloppements
antrieurs$ Ce !ue l' on distingue 2 l' origine/
c' est la multiplicit de 0o3ers distincts/
l' action de socits de dimensions moindres/
microcosmes/ agissant chacun dans leur sph.re$
Ce sont elles !ui ont ser,i de no3aux aux
organisations plus ,astes !ui ont hrit de
leur tra,ail$ Clles s' taient 0ormes
ellesDm7mes/ 2 la 0a,eur des circonstances
rgionales/ dans des conditions particuli.res
de milieux$ Les allu,ions 0lu,iales du Nil
et de l' Cuphrate/ les articulations du littoral
mditerranen/ les ,oies d' aboutissement de
l' arri.reDpa3s continental/ par le (hFne/
le anube/ le nord de la mer Noire ou la
-3rie N tels a,aient t/ dans ce coin du
monde/ sommairement rsums/ les a,antages
!ui a,aient concouru 2 entretenir la ,ie entre
ces socits de 0ormation distincte et
originale$
u rapprochement et du mlange de ces di,ers
lments se sont 0orms des empires/ des
religions/ des tats/ sur les!uels a pass/
a,ec plus ou moins de rigueur/ le rouleau de
l' histoire/ a,ec ses chutes et ses retours/
ses actions et ractions/ ses 0laux et ses
bien0aits N toutes les contingences en un mot
!u' entraLne le 9eu des causes humaines$ 6ais
2 tra,ers ces contingents 0iltrent les in0luences
gographi!ues$
*ne rpercussion rcipro!ue n' a cess pres!ue
2 aucun moment d' agir entre les socits !ui
ont couru leurs destines di,erses dans
l' espace !ue circonscri,ent l' Curope/
l' ?sie occidentale et l' ?0ri!ue du nord$
Clles ont engendr des rapports !ui annoncent
ceux !ue/ dans notre monde contemporain/ a cr
l' extension des ,oies de commerce$
L' agrandissement des horiGons a t progressi0$
Les ,oies romaines et la na,igation maritime
permirent un d,eloppement urbain dont (ome
et ?lexandrie sont les t3pes$ (ome eut son
grenier en g3pte/ comme notre Curope urbaine
et industrielle a le sien par del2 les mers$
*ne balance s' opra entre les pa3s nourriciers
et les pa3s
pR;8
consommateurs$ )n peut ainsi/ dans le spectacle
conomi!ue du monde romain/ aperce,oir d92/
entre l' Italie/ la Haule et la pro,ince
d' ?0ri!ue/ !uel!uesDuns des rapports !ui ont
leur plein d,eloppement sur une chelle
in0iniment plus ,aste/ dans le monde
contemporain$
Cette prcocit singuli.re tient 2 des causes
gographi!ues N non pas 2 des causes simples/
mais 2 un ensemble tr.s complexe dont la
0orce s' est r,le gr@ce 2 une continuit de
relations$ Ni les grands 0leu,es riches
d' allu,ions/ ni la ,i,ante 6diterrane/ ni
les riches plaines du anube et de la (ussie
mridionale/ ne su00isent par ellesDm7mes 2
expli!uer la persistance/ sous des 0ormes
di,erses/ de ci,ilisations progressi,es$
6ais la rpartition des terres et des mers/
l' intercalation des plaines et des montagnes/
le rapprochement des pa3s de steppes et des
pa3s de 0or7ts ralisent dans cette partie
du globe un agencement tel !ue les causes
gographi!ues ont pu mieux !u' ailleurs
combiner leurs e00ets$ Il 3 a eu comme une
srie d' initiations rcipro!ues$ Ce
phnom.ne histori!ue ne s' est produit !ue l2 1
car les ci,ilisations amricaines sont restes
con0ines sur les plateaux/ et la ci,ilisation
chinoise/ si remar!uable 2 tant d' gards/
est reste pres!ue exclusi,ement attache
aux plaines$ La ci,ilisation dont l' Curope
moderne est l' hriti.re 0inale/ s' est nourrie
2 l' origine d' une 0oule de 0o3ers distincts/
a absorb la substance d' un grand nombre de
milieux locaux$ C' est de ces antcdents/ de
cette longue laboration sculaire/ !ue des
rapports mutuels ont maintenue acti,e/ !u' elle
a tir sa richesse et sa 0condit$ La
con,ergence des 0ormes de con0iguration et de
relie0/ le rapprochement des rgions dcou,ertes
et des rgions boises/ ont mnag un concours
de rapports et d' nergies gographi!ues !u' aucune
autre rgion du globe n' a connu au m7me degr$
III$ L? CI(C*L?'I)N
pR;O
chapitre i. ,es moens de transport.
i. -l' homme :
dans toutes les contres o5 il s' est trou,/
l' homme s' est ingni d.s l' origine 2 rsoudre
le probl.me du transport et de la circulation$
Il s' est ser,i d' abord pour cela des mo3ens
!ue lui o00rait son propre corps$ *ne premi.re
cause de di,ersits 0ut l' adaptation de ce
corps aux instruments !ui 0urent in,ents pour
lui ser,ir d' auxiliaires$ 'antFt c' est un
coussinet !ui/ assu9ettissant le 0ardeau sur la
t7te/ donne 2 la dmarche des 0emmes une
allure de cariatide/ tantFt c' est un b@ton
sur le!uel s' appuie le porte0aix dont les
paules plient sous le poids$ Le coolie/ dans
les contres o5 croLt le souple bambou/ 0ixe
sur ses paules une longue tige aux extrmits
de la!uelle deux charges se 0ont !uilibre$
Le mexicain de l' ?nahuac s' a,ance le 0ront
inclin/ 2 la 0aon du boeu0/ sous l' treinte
des courroies !ui retiennent par derri.re son
0ardeau$ Le hammal turc ou notre ,igneron
conser,ent l' attitude !ue leur impose la hotte$
)n sait !ue le geste humain aux prises a,ec le
0ardeau a 0ourni aux arts plasti!ues des th.mes
inpuisables/ !ui sont le meilleur commentaire
de ces originales di,ersits$
Le transport par hommes/ le plus tenace comme le
plus archaI!ue de tous les modes de transport/
est 2 la base de toute tude gnrale sur cette
!uestion$ ans les contres des ?ndes/ o5 il a
longtemps rgn/ 2 peu pr.s sans partage/ il
semble !ue l' exercice de la course
pR;M
ait agi sur le temprament$ L' appareil
respiratoire des indig.nes leur permet de gra,ir
sans 7tre incommods des pentes !ui mettraient
un europen hors d' haleine$ )n connaLt le rFle
considrable et antisocial !ue 9oue ce genre de
cor,es dans les parties de l' ?0ri!ue centrale
o5 existent des insectes pernicieux pour nos
animaux de transport$ Le portage humain est
par,enu 2 se maintenir pres!ue exclusi,ement
dans les contres/ m7me tr.s ci,ilises/ mais
o5 l' extr7me densit de la population ra,ale
2 ce point la mainDd' oeu,re humaine/ !u' elle
rend tout autre recours super0lu$ C' est le cas/
paraLtDil/ dans la pro,ince chinoise du
-GD'chouan$
L' homme n' a pas dplo3 une moindre 0ertilit
d' in,entions pour 0ranchir les obstacles !ue
pour allger les 0ardeaux$ ?,ant de se hasarder
sur mer/ il rencontrait l' obstacle des eaux
intrieures$ Les pirogues tailles dans un
tronc de ch7ne !u' on a exhumes de nos
tourbi.res/ les bar!ues en cuir cal0ates de
roseaux !u' Brodote dcrit sur le haut
Cuphrate/ montrent comment il sut utiliser
les matriaux locaux$ epuis l' Cuphrate
9us!u' au BoangDBo/ on emploie encore
au9ourd' hui des peaux de boeu0 gon0les pour
passer les ri,i.res$ Le nou,eau monde/ sous
ce rapport/ ne le cdait pas 2 l' ancien N
tmoin les lgers canots transportables !ue les
indiens de l' ?mri!ue du nord sa,aient
0abri!uer a,ec des corces de bouleau$ (ares
sont les peuples 2 l' acti0 des!uels on ne
puisse citer d' in,ention originale$
4 les pampens et les chi!uitiens/ dit
' )rbign3/ n' ont 9amais pens 2 s' aider d' un
mo3en !uelcon!ue pour passer les ri,i.res$
6ais les guaranis et les moxens a,aient de
,astes pirogues$$$ les araucaniens n' eurent
sur la cFte !ue d' in0ormes radeaux composs
de troncs d' arbres 1 mais/ au sommet des
?ndes o5 le bois man!uait absolument/ les
a3maras in,ent.rent des bateaux 0orms de 9oncs
solidement lis ensemble 1 sur les cFtes s.ches
d' ?tacama/ ils imagin.rent de con0ectionner
a,ec des peaux de pho!ues deux immenses outres
remplies d' air et attaches ensemble$ 4
on pourrait citer beaucoup d' autres exemples de
ces procds/ dont les spcimens 0ont
au9ourd' hui l' orgueil des muses ethnographi!ues$
Ils nous montrent une multiple closion
d' in,entions locales 0ortement mar!ues 2
l' empreinte du milieu$ C' est tantFt la 0lore/
tantFt la 0aune/ !ui a t mise 2 contribution$
Les lianes souples et robustes de la
,gtation tropicale ont 0ourni pour le
passage des ri,i.res d' autres expdients !ue
ceux !u' a,aient imagins les pasteurs
pR;P
des steppes$ Il n' est gu.re en somme de contres
du globe o5 l' homme n' ait trou, !uel!ue
mati.re premi.re 2 utiliser 1 c' est plutFt/
en certains cas/ l' e00ort d' esprit/ l' initiati,e/
!ue la mati.re !ui a 0ait d0aut$ Ce !u' on
peut dire/ c' est !ue les matriaux locaux
!u' il par,int 2 adapter au transport/ taient
sou,ent de si impar0aits pis aller/ !u' il
ne s' 3 serait pas obstin/ pour peu !ue des
emprunts au dehors eussent t possibles$ 'el
est surtout l' enseignement !ui rsulte de ces
produits primiti0s de l' industrie humaine$
Le stade !u' ils reprsentent est celui des
premiers et inutiles e00orts contre l' isolement
!ui en,eloppait ces groupes locaux/ !ui
emp7chait les in,entions de se transmettre et
de se communi!uer de l' un 2 l' autre$
'raLner le 0ardeau plutFt !ue le porter est une
ide !ui/ par elleDm7me/ n' impli!ue pas une
grande supriorit intellectuelle/ puis!ue
la 0ourmi/ le scarabe et d' autres animaux
pou,aient en 0ournir le mod.le 2 l' homme$
6ais elle 0ut cheG lui un principe 0cond
d' in,entions mcani!ues$ L' usage d' interposer
entre le sol et le 0ardeau !u' il s' agit de
mou,oir un corps c3lindri!ue donna lieu/ cheG
les ass3riens/ aux traLneaux 2 rouleau/ !ue
reprsentent leurs monuments$ 6ais entre le
rouleau primiti0 et les roues/ soit pleines/
soit ,ides/ sur l' essieu des!uelles est pos
le char/ il 3 a la distance d' un trait de gnie$
)5/ !uand se produisitDil E )n est embarrass
de le dire/ malgr la lgende chinoise !ui
attribue ce haut 0ait 2 un empereur rgnant
il 3 a plus de !uarante si.cles$ 6ais il est
permis du moins d' liminer certaines rgions
de la liste de celles !ui peu,ent prtendre 2
cette in,ention$ La rondelle taille dans un
tronc d' arbre/ !ui 0ut le t3pe primiti0 de la
roue/ exigeait des arbres d' essence dure et de
grand diam.tre$ Ce ne sont point des matriaux
!ui abondent dans les contres o5 les palmiers
et les arbres 2 bois tendre ou spongieux
composent surtout la ,gtation$ L' in,ention
,o!ue naturellement l' ide du ch7ne et des
arbres rsistants !ui peuplent les contres
0roides ou tempres$
)n peut allguer/ d' ailleurs/ !ue la ,ritable
patrie d' une in,ention est le milieu dans le!uel
elle se 0conde et di,ersi0ie ses applications$
'els 0urent il 3 a un si.cle les pa3s miniers/
pour le rail et la traction 2 ,apeur$ ans les
temps prhistori!ues aux!uels il 0aut remonter
pour l' origine du chariot 2 roues/ il n' 3 a
!ue certaines rgions !ui se soient montres
capables d' en gnraliser l' emploi et d' en
multiplier les applications N ce sont celles
!ui 9oignaient 2 l' a,antage d' une
pRR>
,gtation propice celui d' un relie0 0acile et
de plaines unies sur une grande tendue$ 2 la
rigueur la roue/ mise en mou,ement par la 0orce
humaine/ comme dans la brouette/ peut
s' accommoder d' un sol ingal et raboteux$
6ais dans le cas de traction animale/ les
conditions de sol et de relie0 prennent une
importance maLtresse$ )r l' usage des chariots
a de beaucoup prcd la construction des
routes/ les indices ne man!uent pas/ d.s la
haute anti!uit/ de l' attelage animal soit 2 la
charrue/ soit au char$ La Chine/ aussi bien
!ue la Chalde/ l' ont connu$
Le char de guerre 0igure dans les plus ,ieilles
annales des peuples de la 6diterrane$ Il a
pntr relati,ement tard en g3pte 1 mais on
peut 2 peu pr.s 0ixer l' po!ue o5/ dans sa marche
progressi,e/ il s' 3 est introduit/ du moins
comme butin ou machine de guerre 1 et ce 0ut
,ers la x,iiie d3nastie/ soit ,ers ;M>> ans
a,ant notre .re$
Nous rencontrons donc une !uestion sur la!uelle
il 0aut pralablement s' expli!uer$
Les applications de la roue se sont d,eloppes
en raison de l' emploi de la traction animale N
nous a,ons 2 chercher !uels taient les
animaux !ue l' homme a,ait su plier 2 ses besoins
de circulation et de transport$
ii. -la traction animale :
on s' imagine par0ois le centre de l' ?sie comme
une sorte de contre pri,ilgie d' o5 se serait
chapp 9adis/ ainsi !ue d' une arche de No/
un lot complet d' animaux utiles$ Il 3 eut en
ralit/ outre l' ?sie centrale/ bien d' autres
contres o5 l' homme s' est a,is de se mnager
des auxiliaires N le 'ibet/ l' Inde/ le -oudan/
la rgion berb.reDhispani!ue/ l' Curope centrale/
les ?ndes$ La ,arit des tempraments
spciaux 0orms en des milieux tr.s di,ers
0ut une circonstance utile 1 elle rpondit
2 la ,arit des obstacles !ue l' homme a,ait
2 surmonter$
Les animaux le plus anciennement domesti!us
ne le 0urent pas en ,ue du transport N le chien/
le mouton/ la ch.,re/ Danimaux !ue/ malgr
certains ser,ices occasionnels/ on ne peut
ranger dans cette catgorie/ Dprcd.rent
sans doute le boeu0/ le che,al/ l' @ne/ le
chameau/ etc$ Le boeu0 0ut peutD7tre le premier
animal de trait$ C' est en cette !ualit
!u' il apparaLt dans les traditions chaldennes/
chinoises/ comme dans les m3thologies
germani!ues$ L' emploi des bo,ids comme porteurs
ne put 9amais 7tre !ue restreint/ comme il
l' est encore$ 6ais l' e00ort dont est capable
ce 0ront ,igoureux/ exerc 2 rompre les taillis
et 2 carter les obstacles/ est le plus 0ort
le,ier !ui puisse/ en s' associant 2 la roue/
dplacer de lourdes charges$ (ien/ m7me
au9ourd' hui/ ne
pRR;
remplace la ,ache dans nos sentiers de montagnes/
le bu00le dans les riGi.res et les marcages/
le boeu0 dans nos plaines 2 bettera,es$ Nous
serions ports/ toute0ois/ 2 rabaisser les
tats de ser,ice de cet auxiliaire dans
l' histoire des dplacements humains et du
commerce/ si de nos 9ours les migrations des
boers n' en a,aient pas encore 0ourni un
exemple$ ?u xiiie si.cle/ le boeu0 tait
l' animal le plus communment emplo3 au
roulage/ dans le transit commercial !ui
s' oprait entre la mer d' ?Go0 et la %olga 1
c' est ce !ue nous dit la relation de l' en,o3
de -aint Louis/ le moine (ubroucJ$
Il a t nanmoins relgu au second rang/ pour
la circulation gnrale/ par des animaux !ue
d' autres milieux a,aient prpars 2 ce
ser,ice$ C' est dans les rgions dcou,ertes/
o5 une ,gtation clairseme impose aux
troupeaux en !u7te de nourriture l' habitude de
0ranchir de grandes distances/ !ue le che,al
et le chameau a,aient contract les !ualits
dont la domestication s' empara$ Parmi les
!uids aux 9arrets ner,eux/ au dur sabot/
aux puissants naseaux adapts aux courses
rapides/ deux races domesti!ues se distinguent
de bonne heure N le che,al turcoman au 0ront
bomb/ et le che,al iranien de 6die au 0ront
plat$ 6ais rien n' emp7che de croire !u' il 3 ait
eu d' autres centres de domestication/ par
exemple dans l' Curope centrale o5 des races
de che,aux taient tr.s rpandues/ 2 l' tat
de gibier/ d.s les temps palolithi!ues$ Les
celtes/ antrieurs aux germains dans l' Curope
centrale/ a,aient une supriorit !ue constate
'acite dans cet le,age$ Les grecs le reurent
des peuples phr3giens ou thraces/ comme
aupara,ant les chaldens l' a,aient emprunt
aux m.des$
Nul doute !ue son ardeur et ses allures
guerri.res n' aient beaucoup contribu 2 son
adoption par l' homme 1 mais/ m7me en cet emploi/
c' est d92 associ au char !ue le montrent les
guerres ass3riennes ou achennes$ ?nimal et
,hicule a,aient donc t introduits ensemble$
Ce !ui concourt 2 prou,er son introduction
rcente dans le sud de l' ?sie/ c' est !u' au
temps de -trabon il n' tait pas usit en
?rabie 1 il ne s' 3 rpandit !ue dans les
si.cles !ui prcd.rent 6ahomet$ )n sait
!uelles !ualits il de,ait 3 contracter 1 et
ceci nous donne une premi.re preu,e de la
souplesse d' adaptation dont il est capable/
gr@ce 2 de nombreuses ,arits de races/ et !ui
lui a permis de peupler
pRRR
l' immense domaine !ui s' tend du renne 2
l' lphant/ des 3aJoutes 2 l' ?sie et l' ?0ri!ue
tropicales/ sans parler de sa multiplication
rcente et phnomnale dans les ?mri!ues A
Pr9eXalsJi a signal les chameaux 2 l' tat
sau,age entre le 'arim et le VouJouDNor$
C' est de l' ?sie centrale !ue semble/ en e00et/
originaire l' esp.ce/ dite bactriane/ 2 deux
bosses N b7te de somme/ plus !ue de trait 1
peu capable de ,itesse/ car elle ne 0ait gu.re
plus de !uatre Jilom.tres 2 l' heure 1 mais par
sa sobrit/ son instinct/ son adresse 2 trou,er
luiDm7me sa nourriture aux abords des
campements/ animal tr.s propre 2 soutenir des
mois entiers de tra9ets et 2 9ouer le rFle de
na,ire au long cours des rgions arides$ Ce
n' est pas un guerrier 1 ses habitudes
0legmati!ues ne sauraient 7tre dranges
sans dommage 1 et les expditions dans les!uelles
on l' a/ de nos 9ours/ engag/ soit dans le
'urJestan/ soit dans l' ?Ir/ ont t pour ces
malheureux animaux de ,ritables hcatombes$
Pour la ,itesse toute0ois une slection
habile semble a,oir obtenu/ d.s l' anti!uit/
la ,arit prcieuse du chameau de course/
dromadaire ou mhari$ C' est sans doute aux
nabatens !u' en re,ient le mrite$ 4 ces gens
@pres au gain/ dit -trabon/ taient les
cara,aniers pro0essionnels du transit anti!ue
entre la &ab3lonie et l' g3pte$ 4 leur
monopole tenait 2 la possession d' un stocJ
per0ectionn d' animaux de charge$ -ous le
climat sec et salubre du Ned9ed le dressage
leur permit d' obtenir des animaux plus rapides/
supportant mieux la soi0$ Ils cr.rent ainsi
un produit de concurrence$
Ce ne 0ut pas un mdiocre a,antage pour les
anti!ues socits !ui 0leurirent entre la
6diterrane et le sudDouest de l' ?sie/ !ue de
pou,oir concentrer 2 leur pro0it les produits
des deux 0aunes di00rentes$ -i le che,al
et le chameau leur ,inrent du nord/ l' @ne
leur ,int du sud$ L' @ne est un a0ricain/ issu/
non comme on l' a cru/ en le con0ondant a,ec
l' hmione/ des steppes de 6sopotamie/ mais
de la Gone dcou,erte 2 plantes rigides !ui
spare le -ahara du -oudan$ Il s' est rpandu
,ers le nord par deux ,oies di00rentes N
d' un cFt par les pa3s de l' ?tlas
anciennement unis 2 l' Cspagne 1 de l' autre/
par la ,alle du Nil$ C' est dans la
BauteDg3pte !u' il 0ut domesti!u d.s
pRR+
les temps les plus anciens/ car les monuments le
montrent/ d.s les premi.res d3nasties/ aussi
multipli !u' au9ourd' hui$ Il 3 tait l' ob9et
d' une demande incessante 2 la!uelle
pour,o3aient les con,ois ,enus par eau de Nubie$
'els taient les ser,ices aux!uels ses !ualits
le prparaient pour les pa3s de petites
cultures/ de relie0 morcel/ de transactions
locales !ui abondent sur le pourtour de la
6diterrane/ !u' il s' 3 propagea rapidement
et !u' il 0init par 3 de,enir le compagnon
0amilier/ le soutien social de la classe des
petites gens$
6ais/ comme ne tard.rent pas 2 le remar!uer les
spcialistes/ sa propagation ,ers le nord est
limite$ Il ne supporte pas/ disaient les
grecs/ les 0roids de la -c3thie$ 'andis !ue
de nos 9ours il est d' usage commun dans le
'urJestan oriental/ il man!ue au nord des
'ianDChan$ C' est ce !ui suggra l' ide de
recourir au produit arti0iciel n de
l' accouplement de l' @ne et de la 9ument$ Le
mulet paraLt/ dans les sculptures ass3riennes/
b@t et harnach comme de nos 9ours$ e bonne
heure/ il donna lieu 2 des centres de production
et de march N c' tait l' ?rmnie et la
Cappadoce aux temps homri!ues/ comme
au9ourd' hui c' est le Poitou pour l' Cspagne/
le Wunnan pour le 'ibet/ les tats argentins
de Qu9u3 et de -alta pour la &oli,ie$ Kuels
0urent les centres primiti0s de production o5
s' appro,isionna la Chine E 'out ce !ue nous
pou,ons dire/ c' est !ue l' usage du mulet 0ut
tr.s anciennement prati!u dans la Chine du
nord$ ans ce cas/ comme dans bien d' autres
analogues/ on ne saurait 7tre trop 0rapp de ce
0ait signi0icati0 !ue/ spare 2 tant d' gards
de nous par le reste de ses habitudes matrielles
et intellectuelles/ la Chine du nord s' en
rapproche au contraire singuli.rement par une
tr.s ancienne analogie de mo3ens de transport$
Ct cette communaut s' arr7te 2 la Chine du
nord 1 elle ne ,a pas 9us!u' au Qapon$
?upr.s de ceux !ue nous ,enons d' numrer/ les
autres auxiliaires !ue l' homme s' est associs
pour le transport/ n' ont !u' une importance
locale$ L' lphant/ dans sa carrure superbe/
est un luxe de ra9ah ou une machine de guerre/
plutFt !u' un ser,iteur domesti!ue$ Le solide
!uilibre du 3aJ/ cal sur ses 9ambes courtes/
le rend indispensable dans les escalades du
'ibet oriental 1 mais il ne s' accommode !ue
des hautes altitudes$ Le renne excelle plus !ue
tout autre 2 se dp7trer en t/ dans les
bourbiers de la toundra 1 mais il 0uit nos
tempratures d' t et la douceur des climats
ocani!ues$ Le lama 0ut l' uni!ue b7te de somme
des anciennes ci,ilisations amricaines/ mais
sa rsistance est limite/ et il ne 0ait gu.re
!ue trois ou !uatre lieues par 9our$
pRR8
Cn somme il rsulte de ce !ui prc.de !ue/ sans
!u' il puisse 7tre !uestion de 0o3er commun/
il 3 a eu pourtant une rgion o5 l' emploi
de la 0orce animale au transport et 2 la
traction trou,a des conditions particuli.rement
propices/ et 0ut de bonne heure/ par imitation
ou mulation/ pouss tr.s loin N c' est la
rgion semiDpastorale et semiDagricole !ui
tra,erse en diagonale la partie tempre de
l' ancien continent$ L' adaptation de certains
animaux suprieurement appropris 2 cet usage
entraLne celle d' animaux m7me mdiocrement
dous 1 tandis !u' au contraire en ?mri!ue
o5/ malgr une ,idente in0riorit/ certaines
ressources auraient t disponibles/ ni le
bison/ ni le caribou ne 0urent domesti!us$
iii. -les vhicules :
les obstacles sont tr.s ingalement rpartis 2 la
sur0ace des terres$ Certaines rgions se
prsentent comme particuli.rement rebelles N
telles sont les chaLnes plisses de l' Curasie
ou des Cordill.res amricaines 1 tels encore/
les marcages des contres tropicales 2 pluies
priodi!ues 1 telles surtout les sil,es
!uatoriales d' ?0ri!ue ou d' ?mri!ue$ 6ais
d' autres parties de sur0aces continentales
o00rent des 0acilits naturelles 2 la
circulation$ Ce sont principalement les contres
o5/ l' accumulation l' emportant sur l' rosion/
la sur0ace est cou,erte d' un manteau de terres
!ui aplanit les accidents du relie0$ Ces
conditions se rencontrent dans des parties
asseG di,erses de la Gone tempre N pampas ou
prairies amricaines/ hauts plateaux de
l' ?0ri!ue du nord/ plaines de limon ou de
loess de l' Curope occidentale et centrale/
terres noires de (ussie$ Nulle part elles
n' embrassent des tendues plus considrables/
d' un seul tenant/ !ue dans la rgion sans
coulement ,ers la mer !ui ,a de la %olga
2 la Chine du nord$ L2 par excellence se
droulent les domaines de parcours et de
migration o5/ comme les troupes d' animaux
errant dans les steppes/ comme les grands ,ols
d' oiseaux s' abattant sur les points d' eau/
les hommes ont appris de bonne heure 2 se
dplacer par grandes masses$
Il ne 0aut pas entendre !ue de telles contres
soient comme une ar.ne ou,erte 2 la circulation$
2 d0aut de montagnes/ !ui d' ailleurs
s' interposent 2 et l2/ les eaux/ les sables
crent des obstacles$ L' hi,er a,ec ses neiges
et ses pluies dans l' Iran et le 'urJestan/
le printemps et l' automne a,ec leurs boues et
leurs 0ondri.res dans la (ussie et la -ibrie
mridionales/ arr7tent ou suspendent la
circulation$ 6ais il n' en reste pas moins !ue/
pendant une bonne partie de l' anne/ la nature
0ait 2 peu pr.s seule les 0rais des routes$ Les
longs couloirs
pRR=
!ui sillonnent l' Iran soit entre l' ?rmnie et
l' Inde/ soit entre l' ?rmnie et le 'urJestan/
sont dpeints par les explorateurs comme des
a,enues toutes pr7tes pour des routes
carrossables ou des chemins de 0er$ Les m7mes
remar!ues s' appli!uent aux Gones plus troites/
mais plus longues encore/ !ui 2 tra,ers
l' ?sie centrale relient le 'urJestan au
Hobi et aux marches chinoises de l' ouest$
L' a,antage !ue ces contres et leurs pareilles
o00rent 2 la circulation/ consiste non
seulement dans un minimum d' obstacles/ mais
encore et surtout dans la continuit des m7mes
mo3ens de transport$ Ce !ue ralise notre
ci,ilisation moderne/ l' uni0ormit du rail
2 tra,ers des sections normes de la
circon0rence terrestre/ se prsentait d92
comme une possibilit 2 demi es!uisse dans
ces rgions$ Il tait loisible/ gr@ce 2
l' emploi d' animaux tels !ue le chameau et le
che,al/ d' 3 0ranchir rguli.rement/ sans a,oir
2 recourir 2 d' autres mo3ens/ de tr.s longues
distances$ *ne 0ois !ue l' attirail des tentes
ou JibtJas tait assu9etti sur le dos des
chameaux/ une 0ois !ue le che,al tait sell
ou mieux encore/ attel au chariot/ rien
n' emp7chait de se dplacer/ sous l' impulsion
des di,erses circonstances !ui peu,ent induire
les hommes 2 changer de place/ en plus
grandes masses et sur une chelle plus
considrable !u' en aucune autre partie de la
terre$
Nous re,enons ainsi aux considrations prsentes
plus haut sur l' origine et la pro,enance des
anti!ues mo3ens de circulation et de transport$
Les applications prati!ues aux!uelles ils ont
donn lieu/ les per0ectionnements suggrs
par un usage intensi0 et 0r!uent/ se sont
produits dans les rgions !ue prdisposaient
des a,antages de relie0 et de sol$ Pour la
Chine du nord/ nous sa,ons !ue les chariots
2 !uatre che,aux taient usits au moins huit
si.cles a,ant notre .re$ Les documents abondent
surtout pour les contres habites par les
peuples !ue les textes classi!ues appelaient
sc3thes ou celtes$ -i les romains construisirent
les routes/ ce sont les celtes !ui a,aient
0abri!u les ,hicules per0ectionns !ui s' 3
install.rent N par exemple la rheda
lg.re et rapide oppose au lourd plaustrum
italiote$ e nombreux chantillons de nos
muses archologi!ues attestent/ dans le
pRR<
nord de la Haule/ la prati!ue de recou,rir de
0euilles mtalli!ues les di,erses parties de la
roue$ Les spcimens recueillis montrent une
grande ,arit de t3pes$ Plus massi,es dans
les spultures de &ourgogne/ les roues se
montrent tr.s hautes/ tr.s minces et pourtant
tr.s solides sous leur armature de 0er/ dans
les trou,ailles 0aites 2 (eims/ au seuil des
,astes plaines !ui/ de la Champagne et la
&elgi!ue/ s' tendent ,ers l' Curope centrale$
)n peut ,oir dans les chars !ui circulaient
ainsi dans ces plaines/ bien a,ant l' .re
chrtienne/ l' anc7tre lgitime du lger
bugg, ,hicule par excellence des prairies
amricaines$ La roue/ d' ailleurs/ a,ait reu
dans les plaines du nord de la Haule des
applications au matriel agricole/ tout 2 0ait
trang.res au monde romain$
Ce n' est pas seulement par la ,itesse/ mais par
la capacit/ le tonnage sui,ant l' expression
moderne/ !ue se distinguaient les mo3ens de
transport/ dans les rgions !ue nous a,ons
signales$ *ne des circonstances !ui 0rapp.rent
les romains dans leur rencontre a,ec les
cimbres/ 0ut le ,olume et la contenance de
leurs chariots/ dont la 9uxtaposition 0ormait
une enceinte pour l' arme enti.re et dans
les!uels toute la 0amille et tout l' a,oir
trou,aient place$ Les m7mes in0luences
gographi!ues perptuent les m7mes e00ets$
C' est ainsi !u' au xiiie si.cle (ubroucJ
s' tonne 2 la ,ue de l' normit des chariots
cou,erts dont se ser,ent les 4 tartares 4 pour
leurs cara,anes 2 tra,ers les steppes de la
(ussie$ Ct nous prou,ons des impressions
analogues en ,o3ant de nos 9ours les modes de
roulage usits dans les pampas de l' ?rgentine/
ou sur les plateaux de l' ?0ri!ue du sud 1
massi0s ,hicules aux!uels sont attels par
douGaines des che,aux en ?mri!ue/ des boeu0s
cheG les boers$
La gographie signale donc de ,astes contres
o5 la circulation peut se prati!uer sur une
grande chelle en l' absence de routes construites$
)n s' expli!ue ainsi !ue celles o5 se trou,aient
de puissants animaux susceptibles d' 7tre
plis au transport/ aient ac!uis une importance
prcoce dans les relations humaines$ ?ussi la
domestication du che,al/ !ui eut lieu ,ers
la 0in de la priode nolithi!ue/ estDelle un
0ait !u' il est lgitime de mettre en rapport/
comme principe initial/ a,ec une srie de
0aits archologi!ues et histori!ues$ C' est
ce !u' il nous reste 2 montrer/ en nous bornant
2 !uel!ues indications principales$
*ne chose sou,ent signale par les spcialistes
en archologie
pRRO
prhistori!ue/ c' est !ue l' introduction
successi,e de di00rents mtaux tra,aills
dans l' Curope occidentale en dehors de la
6diterrane/ l' or et le bronGe d' abord/
puis le 0er et l' argent/ dut coIncider a,ec
l' arri,e de peuples nou,eaux$ )n constate en
e00et !u' elle correspond 2 l' apparition de rites
et usages aupara,ant inusits 1 on all.gue
!u' il serait di00icile d' expli!uer autrement
le remar!uable degr de per0ection !ue prsente
d.s le dbut ce genre de 0abrication
industrielle$ L' ide de grands mou,ements de
peuples est insparable de celle des
changements de ci,ilisation !ui se substituent
d.s lors 2 la stagnation primiti,e$ 2 !uelles
directions obirent ces courants humains E
-ans doute 2 des directions multiples 1 on
distingue des ,oies continentales de l' est 2
l' ouest/ du nord au sud 1 mais il 3 en eut
d' autres$ Ce !ui clate surtout/ c' est !u' aux
caract.res essentiellement locaux !ui
distinguent les restes de ci,ilisation
antrieure/ aux horiGons borns !u' ils
dc.lent/ a succd d.s lors dans une partie
d' Curope et d' ?sie une 0luctuation inconnue$
es analogies de ci,ilisation se dessinent par
larges traLnes sui,ant les analogies de relie0
et de sol$ Clles sont 9alonnes/ entre la
(ussie mridionale et la Bongrie/ par les
kourganes ou tumuli si riches en
trou,ailles nolithi!ues 1 elles se
poursui,ent m7me au del2 de l' )ural ,ers le
nord de l' ?sie$ Lors!ue Pallas accomplit/
entre ;O<M et ;OO>/ le premier ,o3age
d' exploration scienti0i!ue !ui e:t t tent
dans la rgion entre l' )ural et l' ?ltaI/
ce 0ut pour lui un inpuisable su9et de
r0lexions et de surprise !ue les traces
d' exploitation mtallurgi!ue commune !ui
s' o00raient 2 lui et !u' il ne cessa de
rencontrer !ue ,ers l' Iniss3$ Il notait
les anciens ,estiges de mines !ui ser,aient
alors de rep.res aux prospecteurs russes/ les
ob9ets de cui,re et d' or et l' identit du
matriel 0unraire recl dans ces
amoncellements de pierres/ !ui lui rappelaient
les tombes de gants !u' il a,ait connues
dans sa patrie/ l' ?llemagne du nord$
Kue les communications aient t directes ou
non/ intermittentes ou continues/ elles
s' tablirent d.s lors d0initi,ement/ de concert
a,ec l' usage de plus en plus tendu des mtaux/
le long de la Gone de circulation !ui unit le
centre de l' Curope a,ec le centre de l' ?sie$
Ce 0ut le signal de grands changements sociaux$
)n peut les de,iner 2 tra,ers les @ges/
d' apr.s la prsence d' ob9ets de pro,enance
lointaine en nombre croissant/ d' apr.s les
indices d' emprunts rcipro!ues et d' imitations
du dehors/ !ui aboutissent en0in 2 des mlanges
d' lments de ci,ilisation/
pRRM
crent des besoins nou,eaux/ stimulent l' esprit
in,enti0$ ?,ec la 0acult de 0ranchir de ,astes
espaces/ un principe nou,eau de 0ermentation
tait entr dans les socits humaines$
Il serait exagr de parler pour ces po!ues
lointaines de ,oies de commerce$ 6ais l' origine
de !uel!uesDunes des ,oies !ue retracent
ultrieurement les documents histori!ues/
remonte 2 ces dplacements !ue l' archologie
laisse souponner$ Les relations des colonies
grec!ues du PontDCuxin a,ec l' intrieur de
l' ?sie plongeaient/ d' apr.s ce !ue nous
apprend Brodote/ 9us!ue dans les pro0ondeurs
de la rgion mtallurgi!ue de ce continent$
La porte dite du jade sur les con0ins
occidentaux de la Chine donnait acc.s/ entre
autres choses/ 2 un prcieux ob9et de luxe/
pres!ue uni,ersellement recherch 2 l' po!ue
nolithi!ue/ dont la pro,enance principale
est dans les montagnes du VouenDIun$ Plus
tard la route de la soie mit 2 pro0it les
plateaux du nord de l' Iran et les couloirs
!ui s' allongent au sud des 'ianDChan$ Ce
sont les guerres et les r,olutions politi!ues
!ui emp7ch.rent le transit de la -3rie 2
l' ?sie centrale de sur,i,re au si.cle des
antonins$ Ces relations continentales/ !uand
elles taient interrompues/ cherchaient 2 se
rtablir d.s !ue les ,nements le permettaient$
La constitution de l' empire mongol au xiiie
si.cle permit d' organiser en !uel!ues annes
un tra0ic direct entre la mer Noire et la
Chine du nord$
'oute0ois le principal ob9et !ue transport.rent
ces ,oies naturelles/ 0ut l' homme$ Par
indi,idus ou petits groupes/ l' homme a pu
circuler 2 peu pr.s partout sur le globe 1 mais
par grandes masses/ cela n' est possible !ue l2
o5 il dispose de puissants mo3ens de transport$
Cette mobilit 0ut 0a,orise par la
constitution de grandes communauts pastorales
dans les steppes$ Les stocJs d' animaux !ui
se 0orm.rent ainsi et la ncessit de
dplacements priodi!ues pour les nourrir/
0acilit.rent les dplacements d0initi0s$
Le plus rcent exemple de ces migrations
en masse 0ut donn en ;OR> par les JirghiG
lors!ue/ chasss de Goungarie par d' autres
tribus/ ils ,inrent s' tablir entre la
Caspienne et l' )ural$ Ce 0ut le dernier
cas d' une srie d' in,asions !ui/ par les
turcs/ mongols/ mag3ars/ bulgares/ huns remontent
aux cimmriens d' Brodote N apparitions
priodi!ues !ui/ a,ec leurs che,aux et leurs
chariots/ sortaient du monde des steppes comme
de leur milieu naturel$ Par leur 0ormation
rapide et les tra9ectoires dtermines
aux!uelles ils semblaient obir/ ces
phnom.nes ressemblaient
pRRP
aux phnom.nes mtorologi!ues dont la science
dtermine le 0o3er et suit le parcours$
6ais en dehors des steppes les plaines
dcou,ertes !ui s' tendent entre la mer Noire
et la mer du Nord/ 0urent aussi pendant
longtemps le th@tre de mou,ements de peuples$
Les noms de sc3thes/ celtes/ cimbres et
teutons/ goths/ germains et sla,es/ rappellent
une srie de 0luctuations !ui n' a pris 0in !ue
par la constitution des tats modernes$ )n
entre,oit/ aux origines des temps histori!ues/
un 0lot de peuples !ui ne cesse de couler de
l' Curope centrale ,ers les pninsules
mditerranennes$ *ne des principales
cons!uences de cet a,antage dont disposaient/
au point de ,ue de la circulation/ certains
domaines continentaux/ 0ut d' assurer aux
peuples !ui en taient issus une part capitale
dans la composition ethnographi!ue des rgions
limitrophes$ Celtes et germains/ turcs et m7me
mongols se sont superposs et mlangs/ comme
en,ahisseurs ou con!urants/ 2 des races
prexistantes$
Cette supriorit des rgions continentales
n' tait !ue relati,e$ Clle cessa lors!ue la
mer de,int la ,oie de circulation par excellence$
Les rgions intrieures sans communications
0aciles a,ec la mer/ tomb.rent alors dans un
tat d' in0riorit dont toutes ne se sont pas
encore rele,es$ La circulation/ !ui 0ut
d' abord surtout continentale/ de,int par la
suite surtout priphri!ue$
pR+;
chapitre ii. ,a route. $. -!ixation des
routes :
le na,ire glisse sur l' eau/ le 0lot 0endu se
re0orme et le sillage s' e00ace 1 la terre
conser,e plus 0id.lement la trace des chemins
!ue de bonne heure ont 0ouls les hommes$ La
route s' imprime sur le sol 1 elle s.me des
germes de ,ie N maisons/ hameaux/ ,illages/
,illes$ 67me ce !ui semblerait au premier
abord des pistes de hasard/ traces au gr
des chasseurs et des bergers/ gra,e son
empreinte$ Les drailles raient les 0lancs
des C,ennes$ 2 tra,ers les dunes sahariennes/
les couloirs &gassi' sont polis par le
pitinement des cara,anes$ es pistes
entretenues par les pieds des ,o3ageurs se
croisent dans la boucle du Niger 1 sur la
latrite de 6adagascar/ les sentiers 0ra3s
dans la 0or7t par les porteurs se conser,ent
des annes enti.res$ ans les d0ils boiss
de la Colombie britanni!ue/ les sentiers
de chasseurs mtis ou indig.nes ont ser,i aux
prospecteurs d' or/ et par0ois m7me ont guid
les ingnieurs dans les tracs de chemins de
0er$ Ces minces rubans/ dont la rptition
des pas humains e00leure la sur0ace/ prtendent
d92 2 la permanence/ re,endi!uent une
personnalit$
Ce sont surtout les obstacles !ui/ par l' e00ort
!u' ils exigent/ contribuent 2 0ixer la route/
2 la ramener dans un sillon d0ini$ La
di00usion des pistes se concentre 2 leur
rencontre$ Fleu,es/ marais/ montagnes
imposent un point d' arr7t/ l' assistance
d' auxiliaires prsents sur place/ l' organisation
de nou,eaux mo3ens de transports$ Les hautes
montagnes ne se pr7tent !ue sur certains points
dtermins au passage$ ?ussi ,o3onsDnous/
d' un bout 2 l' autre de l' ancien monde/
certaines ,alles ou certains cols se dsigner
de bonne heure 2 l' attention/ comme des ,oies
0r!uentes par les marchands/ guerriers ou
plerins/ consacres par0ois par !uel!ues
traces d' oeu,res commmorati,es ou par
!uel!ues sur,i,ances de ,ieux cultes$ Les
chaLnes de plissements rcents !ui sillonnent
l' Curasie dans le sens des parall.les/
?lpes/ 'aurus/
pR+R
Bimala3a/ etc$/ ne sont accessibles !ue par
certains couloirs/ des portes comme disent
les gographes anciens/ par les!uelles on n' a
cess de transiter depuis !ue des relations
se sont 0ormes entre les hommes/ et !ui
donnent la puissance 2 !ui les maLtrise$ es
restes prhistori!ues 9alonnent les directions
anciennement sui,ies ,ers le
PetitD-aintD&ernard et le mont Hen.,re/
domaines du roi Cottius$ Le ,ieux ro3aume
de Cilicie tenait les cls de la -3rie/ ces
troits d0ils de HulaJ (portes de Cilicie)
garnis de st.les sculptes et de rocs gra,s/
tmoignage d' anti!ues expditions militaires
a,ant celles de C3rus Le Qeune et
d' ?lexandre$ Les inscriptions rupestres de
&histoun/ entre la Chalde et la 6die/
racontent la gloire des achmnides/ comme/
entre l' Iran et l' Inde/ les colosses taills
de &amian !ui bordent les d0ils de Caboul/
celle de con!urants inconnus$ ans le ddale
obscur des migrations humaines/ ces passages
ser,ent de points de rep.re$ Nous sui,ons 2
tra,ers le Pinde/ par le col de 6etGo,o !ui
relie l' pire 2 la 'hessalie/ la piste des
migrations hellni!ues d' autre0ois/ sla,es
ou ,ala!ues plus tard 1 comme 2 tra,ers les
?lpes/ au &renner/ la marche des tribus
gauloises et germani!ues$ La ,alle de
Ferganah et les d0ils du 'reJ expli!uent
la rpartition des iraniens sur l' un et l' autre
,ersant des chaLnes de l' ?sie centrale$ C' est
par les passes du Caboul !u' a coul depuis
un millier d' annes un 0lot musulman dans
les plaines de l' Inde du nord$ La ,oie !ui/
par &atang et 'aD'sienDLou/ tra,erse les
escarpements parall.les du Fleu,e &leu/ du
6Jong et du -alouen/ n' est sou,ent !u' un
sentier grimpant ou en corniche auDdessus
d' abLmes 1 ce n' est pas moins le lien histori!ue
!ui rattache la Chine au 'ibet/ la grande
ci,ilisation orientale aux sanctuaires
bouddhistes$ L' ?mri!ue/ malgr ses
dividing ranges et ses blue mountains,
ses passages cl.bres de Laramie et de la
Cumbre/ n' a 2 opposer !ue des sou,enirs d' hier
2 ces tmoignages parlants de l' histoire
humaine$
L' existence de !uel!ues points 0ixes est un
principe de dure$ -ans doute/ il ne man!ue pas
d' exemples de ,oies !ui ont t dlaisses
apr.s a,oir t !uel!ue temps sui,ies par les
hommes$ Les ,oies de cara,anes dans le
-ahara ont chang plusieurs 0ois 1 la route
du Nil 2 la mer (ouge/ organise par les
ptolmes/ n' tait hier !u' un sou,enir
archologi!ue 1 celle !ui sui,ait le sud du
'arim a pri a,ec les ,illes !u' elle reliait$
Cependant/ les hommes ont intr7t 2 sui,re les
pistes ou les ,oies 0ra3es par leurs de,anciers$
Ce sont des lignes d' attraction/ le long
des!uelles se nouent d' autres rapports et o5
cha!ue partie agit aussi pour son compte$ ans
l' inter,alle/ entre les points de dpart et
d' arri,e/ les ncessits de ra,itaillement
ou de
pR++
transbordement 0ixent des tapes 9alonnant la
route et participant 2 la ,ie !u' elle entretient$
-i aucune cause ne ,ient 2 interrompre le
cours de ces rapports/ les tablissements ns
au contact des routes en tirent ren0ort et
dure$
ii. -chemins muletiers et routes de chars :
la nature du relie0 dcide des modes de transport N
b7tes de somme ou roulage$ Le chariot ne trou,e
plus d' emploi dans les contres accidentes 1
c' est surtout 2 dos de mulets !ue s' op.rent les
transports$ Le mulet (!ue les sculptures
ass3riennes reprsentent charg et harnach)
est une des plus remar!uables applications
de la 0orce et de l' adresse animales 2
l' industrie des transports$ Ce produit b@tard/
plus ,igoureux !ue l' @ne/ plus s:r !ue le
che,al/ est rest en possession de ser,ices !ue
ni le chameau au pied mou/ ni le 3acJ trop
spcialis en hauts lieux/ ni le lama cin! 0ois
plus 0aible !ue lui/ ne pou,aient rendre aussi
bien$ 'andis !ue/ dans les textes anciens/ il
paraLt comme animal de trait/ attel au char
de grands personnages/ il s' est depuis
spcialis comme porteur de 0ardeaux/ pres!ue
comme grimpeur$ ans les parties escarpes et
raboteuses o5 la ,oie/ ncessairement rtrcie/
exige l' e00ort constant et attenti0/ ses
ser,ices s' imposent$ Il combine la souplesse
des reins a,ec l' appui d' un sabot ,igoureux/
mis par le 0errement 2 l' preu,e des asprits
et des chocs$ L' espace ncessaire pour un
mulet charg peut se rduire 2 ; m$ R= 1 le
double pour !ue deux mulets puissent se
croiser$
C' est 2 ces conditions !u' est adapt le chemin
muletier/ ou/ comme disent 0ort bien les
espagnols/ camino de herradura. il est
de,enu ainsi un t3pe de communication
essentiellement appropri 2 certaines contres$
C' est l' !ui,alent de la callis romaine
localis dans les parties les plus di,erses du
globe$ -ans lui/ nombre de contres seraient
pri,es de communications$ Les pninsules du
sud de l' Curope/ les pa3s de l' ?tlas/ le
Pont/ l' ?rmnie/ les con0ins occidentaux de
la Chine/ en0in l' ?mri!ue espagnole et
portugaise/ sont par excellence ses domaines$
Les 4 ca,es 4 ou chemins creux de nos rgions
bocag.res se sou,iennent de 0iles de mulets
!ui les animaient$ Les ?lpes/ au centre de
l' Curope/ a,ant d' 7tre sillonnes par des
,oies internationales/ possdaient leur
s3st.me propre/ leur rseau muletier$ Il
existe tou9ours et s' est surtout d,elopp
entre M>> et ;$ M>> m.tres/ c' estD2Ddire dans
la Gone o5 con0inent les cultures et les
p@turages/ sur la combinaison des!uels est
0onde l' conomie alpestre$ C' est le s3st.me
de communications !ui rpond aux besoins des
habitants$ Il relie les
pR+8
,alles !ue sparent des clues ou cluses *
ou/ au mo3en de cols et de montes
&monts, la monta dans les ?lpes de
-a,oie ou de auphin)/ les p@turages !ui
pendent sur les deux ,ersants$ Ce rseau
montagnard se tient le plus possible sur les
hauteurs/ o5 est sa raison d' 7tre$ )n chemine
sans !uitter les croupes/ dans le Pinde
hellni!ue$ Ce rseau reste 2 part et/ m7me
dans les ?lpes/ sou,ent impar0aitement reli
aux routes/ dont on ,oit/ au loin/ le ruban
blanchir au 0ond des ,alles surcreuses/ !ue
des escarpements brus!ues sparent de ce monde
des plateaux et des croupes suprieures$
L' emploi du chariot/ le roulage/ a/ comme le
chemin muletier/ son domaine gographi!ue$
C' est dans l' intrieur des grands continents/
en ?sie comme en ?mri!ue ou dans l' ?0ri!ue
australe !u' il a pris son d,eloppement$ Il
3 a l2 des espaces considrables o5 il a pu
7tre prati!u gr@ce 2 l' aplanissement naturel
du sol$ La route de chars a trou, des conditions
propices dans ces rgions o5 l' accumulation/
l' emportant sur l' rosion/ tale des sur0aces
ni,eles et dcou,ertes !ue les ra,inements
n' ont !ue 0aiblement entames et o5 la raret
des pluies laisse le sol asseG rsistant pour
supporter le poids d' un chariot$ Les dunes et
les sables mou,ants sont/ en re,anche/ les
obstacles 2 surmonter dans l' inter,alle des
montagnes !ui enserrent sou,ent ces bassins
intrieurs$ e pareilles sur0aces ou,rent de
larges routes naturelles/ certainement meilleures
!ue les ,oies arti0icielles mal entretenues$
Ce !ue les arabes d' ?lgrie appellent outa
dsigne ces espaces ou,erts$ )n peut rapprocher/
au point de ,ue de la circulation/ les plateaux
de steppes entre le 'ell et le -ahara algrien/
la plaine entre Pend9ab et elhi/ et celle
du nord de la -3rie/ les karrous de l' ?0ri!ue
australe/ les pampas de l' ?mri!ue du
sud/ etc$ Cntre la -c3thie et la 'artarie/
dans les plaines !ui s' tendent de la mer
Noire 2 la %olga/ le chariot est depuis
longtemps la r.gle$ C' est dans la Chine et le
'urJestan !ue s' organisa en grand un s3st.me
de roulage$ Comme le chariot sc3the ou tartare/
l' arba mongole/ le tch-tseu chinois/
chargs de six cents Jilogrammes et traLns
par !uatre che,aux sont les ,hicules appropris
2 ce genre de route$
Cependant/ ces routes !ue l' homme n' a pas 0aites/
sont l' ob9et d' une organisation !ui en
rgularise le parcours$ Clles sont 9alonnes
de points de rep.re/ munies de stations$ Clles
prennent ainsi une personnalit
pR+=
!ui en assure la persistance$ L' on a pu rele,er/
de distance en distance/ les 9alons !ui
mar!uaient la direction d' une de ces ,oies/
au9ourd' hui abandonne/ !u' a,aient organise
les empereurs chinois de la d3nastie des hans
dans les premiers si.cles de l' .re chrtienne N
des piliers de pierres/ placs 2 inter,alles
rguliers/ et des ,estiges de claies de roseaux
contre l' en,ahissement des sables$ Ce n' est pas
autrement encore au9ourd' hui/ par une ,oie
9alonne aussi et munie de stations amnages/
!ue circulent les 0onctionnaires chinois se
rendant du Vansou 2 la Vachgarie$
Ces mo3ens impar0aits ont plus ou moins ser,i
malgr tout 2 0ixer la circulation terrestre$
Les points d' eau/ les oasis remplissaient dans
les rgions arides l' o00ice de stations
intermdiaires/ les dunes et les sables tant
l' obstacle !u' il 0allait ,iter ou 0ranchir
au plus court$ La route 9alonne/ mar!ue de
tourelles se rela3ant 2 moins de ;> Jm$ Cst
le t3pe per0ectionn de ce mode lmentaire$
Clle se contente d' e00leurer le sol 1 mais la
0acilit a,ec la!uelle elle peut se prolonger
pendant de longues distances/ l' absence
d' entretien dont elle s' accommode/ contribuent
2 expli!uer certains phnom.nes de circulation
!ui nous tonnent dans l' histoire du grand
continent asiati!ue$ La 0acilit a,ec la!uelle
des tribus ou des peuples se transportent depuis
la Goungarie 9us!u' 2 la Caspienne/
l' impro,isation au temps de l' empire mongol
d' un s3st.me de communications rguli.res d' un
bout 2 l' autre de l' ?sie/ tout cela montre
!uelle grande part il 0aut 0aire 2 la
,iabilit naturelle$
Le nou,eau monde o00re des exemples analogues$
Le sol uni des prairies !ui s' tendent entre
+< et += degrs de latitude/ des 6ontagnes
(ocheuses au bas 6issouri/ sur le!uel/ en
;MM;/ ont t poss les rails du chemin de 0er
de -aintDLouis 2 -antaDF/ ser,ait 2 une
piste !ui/ sous le nom de @anta-(e trail,
tait sui,ie par une 0ile de charrettes
lourdement charges/ entre les colonies
espagnoles du Nou,eauD6exi!ue et les premiers
tablissements 0onds dans les tats de l' ouest$
La carreta espagnole/ traLne par des boeu0s/
3 a,ait trou, un champ propre$ Ces grands
con,ois mettaient sept 2 huit semaines entre les
6ontagnes (ocheuses et le 6ississipi/ mais
d92 des transports importants pou,aient
s' e00ectuer sur des distances de plus de
R$ >>> Jilom.tres$
pR+<
?insi s' imprime/ dans ces modes rudimentaires
de circulation et de transport/ la mar!ue
imprieuse des milieux ph3si!ues et d92 se
montre la supriorit de certains domaines
pour la transmission de produits et les
mou,ements d' hommes et de choses$ *ne
di00renciation des contres se dessine/
asseG grande pour in0luer sur le commerce/ les
relations et m7me sur les 0ormations
politi!ues$
iii. -la route construite. ,es voies romaines :
il 0aut arri,er toute0ois 2 la route construite/
la chausse empierre telle !ue l' ont excute
les romains/ pour raliser un progr.s dcisi0
dans l' ,olution des mo3ens de transports$
' autres peuples/ il est ,rai/ les chinois/
les incas m7mes/ ont construit des routes
pa,es 1 mais aux romains appartient la
combinaison de ces routes en un s3st.me/ en
un rseau/ dont les parties se soutiennent$
-' incorporant 2 la gographie/ attirant 2 lui
les relations/ ce rseau a contribu 2 0ixer
les destines des contres$ C' est l' application
2 la politi!ue d' une ide primiti,ement
commerciale$ La ,oie romaine est une oeu,re
d' ingnieur et de topographe$ Cet assemblage
de mortier/ pierre et bton/ ptri 2 chaux
et 2 sable/ est le protot3pe de nos routes
modernes N il donne aux transports la rgularit
et la permanence/ introduit un trait distinct
dans la ph3sionomie du pa3sage$ La ,oie romaine/
hochstrasse, dans les pa3s germani!ues/
m7me au9ourd' hui en partie dlaisse par la
circulation/ garde sa ph3sionomie/ on serait
tent de dire/ sa 0iert d' allure$ Pour ,iter
les ri,i.res/ elle suit de pr0rence les
croupes !ue n' ont pas entames les ,alles
di,ergentes 1 et/ sur ces dos de terrains/ cette
bande de M 2 ;> m.tres de large prolonge
in0lexiblement pendant des diGaines de Jilom.tres
sa ligne droite$ *sant des matriaux 0ournis
par le sol/ du bois comme de la pierre/ elle
cou,re de dalles pol3gonales ,olcani!ues les
,oies ?ppienne ou Latine/ tandis !u' en
Haule ou en Hermanie elle cha0aude sur
d' normes pilotis le pont !ui tra,erse le
(hin 2 6a3ence/ ou di0ie au besoin/ 2 tra,ers
les marais de la Frise ou les 0agnes de
l' ?rdenne/ ces chausses en bois &pontes
longi', dont les madriers se montrent
encore 2 demi en0oncs dans les tourbi.res$
67me hors de ser,ice/ son empreinte demeure
sur le sol N un bout de chausse herbeuse
pargn par la charrue entre les hritages
!u' elle spare/ nous a,ertit de son existence$
labre/ nglige/ elle su00it encore aux
relations/ 2 d0aut de mieux 1 et c' est
par ce !ui reste de la via egnatia !ue l' on
chemine 2 tra,ers l' ?lbanie mridionale$
Clle obit 2 un plan s3stmati!ue$ e (ome
,ers le sud/ l' appia
pR+O
ne s' arr7te !u' 2 &rindisi 1 la !laminia, de
tronons en tronons/ ne se termine !u' 2
(imini/ sur l' ?driati!ue$ 2 tra,ers la
Narbonnaise/ l' aurelia se continue/
apr.s ?rles/ par la domitia, pour 9oindre
l' Cspagne et l' Italie$ e L3on/ trois ,oies
gagnent l' ocan ,ers la -aintonge/
l' embouchure de la -eine et celle du (hin$
La ,oie de &a,ai 2 Cologne relie et cimente
en un tout le nord de la Haule/ prparant
la pro,ince ecclsiasti!ue de (eims et la
0uture Picardie$ e Londres 2 Chester/ les
deux mers opposes sont mises en rapports$
La ,oie romaine est surtout une oeu,re
d' imprialisme/ un instrument de domination
!ui serre en ses gri00es tout un 0aisceau de
contres di,erses et lointaines$ Clle est
reste en bien des contres associe 2 l' histoire
intime et ,i,ante/ car c' est par elle !u' ont
chemin/ a,ec les marchandises/ les plerins
ou les armes/ tous les bruits du monde/ les
ides/ les lgendes$ ?ussi le populaire n' a
pas man!u de lui assigner un nom/ il l' a
personni0ie/ et il a choisi pour cela dans son
,ocabulaire ce !u' il trou,ait de plus illustre N
Csar/ 'ra9an/ &runehaut/ Charlemagne/
etc$
&ourgs et ,illages s' chelonnent sur son parcours/
comme le prou,e la nomenclature gographi!ue
cheG nous et ailleurs N Cstre/ Caussade/
-eptime/ -oulosse/ -a,erne/ 'a,ern3/ etc$
es ,illes comme (eims/ -trasbourg/ 6ilan/
?ugsbourg/ grandissent comme noeuds de routes$
' autres se sont 0ormes aux croisements de la
na,igation et des routes N L3on/ 6etG/
Cologne/ Paris et Londres$ L' in0luence
politi!ue et commerciale de la route s' exprime
topographi!uement et se perptue 9us!ue dans
le plan des ,illes$ -aloni!ue est tra,erse
de part en part par la via egnatia, !ui
constitue sa rue principale$ Les ,oies du nord
et du sud/ sous les noms de rues -aintDQac!ues
et -aintDenis/ sont le petit axe de l' ellipse
!ue dessine Paris$ 2 Londres/ Bolborn
-treet et )x0ord -treet mar!uent les tracs
!ue sui,ait/ 2 partir du pont romain/ la ,oie
romaine de ou,res 2 Chester$
Ligne d' attraction tant !ue la scurit et la
police 3 r.gnent/ la route se change/ dans le
cas contraire/ en ligne rpulsi,e/ ,oie de
guerre dont s' cartent les habitants$ Il 3 eut
un temps/ dit 'huc3dide/ o5 les ,illes/ 2
cause de la piraterie/ n' osaient s' tablir au
contact de la mer 1 elles se tenaient en ,ue/
mais 2 !uel!ue distance$ La m7me chose a eu
lieu le long des routes !ue l' anarchie et le
malheur des temps li,raient aux in,asions et
au brigandage$ C' est pour!uoi/ le long de la
,alle du (hFne ou de la ,oie omitienne/
on ,oit/ sur les hauteurs ,oisines/ se dresser
tant de bourgs 0orti0is/ de ,illes ou ,illages
2 enceintes mures comme les kasbah de
l' ?0ri!ue du nord/ murailles au9ourd' hui ,entres
et croulantes/ ruelles dsertes o5 tout porte
pR+M
des ,estiges d' abandon/ mais !ui racontent les
mis.res et les prils des temps 9adis$ Clles
ne se sont pas d' ailleurs asseG cartes de la
route/ pour n' 3 pou,oir re,enir d.s !ue les
circonstances rede,iennent propices$ 6ais/ en
certains pa3s/ la m0iance subsiste 1 et les
,ieux bourgs restent 0arouchement 2 distance/
regardant de loin le ,aDetD,ient du
commerce$
L' in0luence de la ,oie romaine a sur,cu 2 la
domination dont elle tait l' instrument$ Ce n' est
pas en ,ain !u' elle a,ait ser,i d' organe de
communication entre les contres loignes$
C' est le rseau des ,oies romaines !ui 0it de
l' Italie un tout 1 comme c' est lui !ui/ dans
la Haule/ prpara la con0iguration de la
France$ Les contres m7mes !ui ne rest.rent
pas 0id.les aux liens crs par la con!u7te
sui,irent/ dans leur d,eloppement ultrieur/
l' impulsion due 2 l' organisme ,ital dont elles
a,aient t dotes par (ome$ La 0ronti.re
linguisti!ue entre le 0ranais et les langues
germani!ues/ en -uisse et en &elgi!ue/ a un
rapport ,ident a,ec la direction des principales
,oies romaines N celle de 6artign3 2 ?,enches
et de &a,ai 2 ?ixDLaDChapelle$ Le latin
se substitua au grec/ dans la pninsule des
&alJans/ le long des ,oies de l' ?driati!ue au
anube$
La protection des routes reliant la Loire 2 la
-eine et celleDci 2 l' Cscaut 0ut longtemps
la principale a00aire de la ro3aut captienne/
son principal le,ier d' action sur le domaine
ro3al et en dehors$ La possession de l' ?ngleterre
s' est dispute/ entre saxons et danois/
le long de la ligne de ,illes et colonies
chelonnes sur la ,oie romaine de ou,res
2 Chester/ de,enue le Xatling street$
iv. -routes modernes et chemins de !er :
ce n' est gu.re !ue dans la priode moderne et
9us!u' 2 la ,eille des chemins de 0er/ !ue
l' oeu,re s3stmati!ue des routes recommena
2 se gnraliser$ Le rseau de routes ro3ales
dont Colbert/ et plus tard le corps des
ponts et chausses dot.rent la France/ 0ut
l' expression de l' tat centralisateur/ dont
la 0orce tait tout enti.re tendue de la
capitale aux 0ronti.res$ Les ,oies carrossables
!ue Napolon prati!ua au mont Hen.,re/ au
mont Cenis/ au -implon/ en reliant plus
intimement l' Italie au corps de l' Curope/
ou,rirent le champ 2 des rapports nou,eaux$
La route est l' instrument !u' emploie 2 ses
dbuts la colonisation europenne$ Cn ?lgrie/
la barri.re !ui obstrue l' acc.s de l' intrieur
0ut ou,erte 2 grands 0rais par ces routes
pittores!ues et monumentales !ue les gorges
de ChabetDClD?Jra ou de la Chi00a ont
rendues cl.bres$
pR+P
?,ant !ue l' heure des chemins de 0er e:t sonn
pour l' Inde/ une route a,ait t entreprise
(;M=;)/ pour relier de part en part la plaine
de +$ >>> Jilom.tres !ui se droule depuis les
passes de l' ?0ghanistan 9us!u' au gol0e du
&engale N la ,oie de PechaXer 2 Calcutta/
le great trunk road 0ut comme la ,oie
?ppienne du nou,el empire des Indes/ oeu,re
d' imprialisme/ mais oeu,re populaire aussi/
car elle 0acilita la circulation de cette
0ourmili.re hindoue !ue des moti0s de commerce/
de religion ou de ,agabondage entretiennent
en mou,ement perptuel$ ?,ant le transsibrien/
la (ussie a,ait trac 2 tra,ers la -ibrie
la route des chercheurs d' or et des dports$
e ;M;; 2 ;M++/ le gou,ernement 0dral des
tatsD*nis construisit une route trans,ersale/
national road, !ui/ entre le 6ar3land et
l' )hio/ 0ranchit les ?lleghan3s/ mais
s' arr7ta dans l' Indiana sans pousser 9us!u' 2
-aintDLouis !ui tait son but primiti0$
Ces prcdents doi,ent entrer en ligne de compte
pour apprcier la grande r,olution gographi!ue
2 la!uelle les chemins de 0er ont donn le
branle$
Le rseau des routes a t le cane,as sur le!uel
s' est inscrit en Curope celui des chemins de
0er$ ?ccru cheG nous par l' impulsion donne
aux chemins ,icinaux/ le roulage sur route a
drain la circulation ,ers les chemins de 0er$
Il n' est nulle part plus acti0 !ue dans les
rgions industrielles N dans celle de Lille/
par exemple/ 2 cFt d' un rseau 0err
particuli.rement serr/ la route a trou, dans
de nou,eaux mo3ens de transport (automobiles/
tramXa3s lectri!ues/ etc$) un renou,eau
d' acti,it$ Les chemins muletiers continuent
d' ailleurs 2 sillonner les montagnes et les
contres 1 les pistes 2 sui,re dans les steppes
des directions mar!ues ,ers d' anciens marchs$
?insi/ dans les pa3s de ,ieille ci,ilisation/
l' appareil de circulation !u' a,ait 0orm le
temps subsiste et coexiste a,ec la 0orme nou,elle$
e l2 naLt une di00rence des plus sensibles
a,ec les rgions !ue n' a pas d92 sillonnes
une circulation plusieurs 0ois sculaire$ Les
routes bordes d' arbres 0ont partie de la
ph3sionomie de nos ,ieilles contres d' Curope$
es ,illages de distance en distance/ mar!uant
d' anciennes tapes/ s' animent sur leurs
parcours 1 par0ois/ 2 proximit ,eillent de
,ieux bourgs au9ourd' hui un peu languissants
et solitaires/ poursui,ant leur existence aux
points m7mes o5 les anciennes ncessits
de la circulation les a,aient 0ixs$ La place
de ces marchs ou de ces petits centres
administrati0s tait commande par la possibilit
d' 3 par,enir en !uel!ues heures/ d' en re,enir
le m7me 9our$ Leur rpartition obissait 2 une
sorte de r3thme en rapport a,ec le dplacement
du train ordinaire de la ,ie$ Cet ensemble
man!ue dans les pa3s neu0s$
pR8>
Ce sont des traits/ entre beaucoup d' autres/ !ue
le regard est dconcert de ne pas trou,er dans
les contres o5 le chemin de 0er/ proles
sine matre creata, est seul agent et seul
maLtre$
La route carrossable a,ait d92 0ait ses preu,es
a,ant le chemin de 0er$ Clle a,ait contribu
2 supprimer en partie l' obstacle des ?lpes/
ou,ert l' ?lgrie/ 0ranchi les ?ppalaches/
ralis des rseaux de plusieurs milliers de
Jilom.tres$ Cn ces progr.s s' exprimait le besoin
de communications plus libres/ plus tendues/
!ui tra,aillait partout la ci,ilisation moderne$
Ce !ue la route tentait/ le chemin de 0er allait
l' accomplir$ Le besoin allait/ sinon crer/
du moins per0ectionner l' organe$ Il est ,rai
!ue le nou,eau mode de transport a,ait encore
2 surmonter de plus grands obstacles$ Les
poids normes !u' il s' agit de transporter ne
s' accommodent pas des pentes 0ortes 1 !uand ce
n' est pas par des tranches/ des tunnels ou
des ,iaducs !ue l' obstacle est surmont/ c' est
au mo3en de courbes longeant le 0lanc des ,alles/
graduant l' ascension des ,ersants$ 6ais encore
la prudence exigeDtDelle/ surtout sur les lignes
de grand transport/ !ue ces courbes ne dpassent
pas un ra3on asseG restreint$ 2 ces di00icults
!ue l' art des ingnieurs a d: ,aincre cheG
nous 2 grands 0rais/ s' a9outent/ s' il s' agit
de rgions tropicales/ celle des 0leu,es 2 crues
priodi!ues/ sur les!uels il est di00icile
d' assurer aux ponts des 0ondements solides$
Cela cre des ingalits entre les rgions 1
et l' on s' expli!ue !u' il 3 ait ainsi une a,ance
prise par certaines contres/ celles !ui
o00raient aux exigences nou,elles de ce mode
de circulation les sur0aces les plus 0a,orables$
La continuit de ,astes plaines permettant de
conser,er des directions rectilignes/ la
consistance du sol permettant de garantir la
solidit des dblais contre les glissements/
l' aplanissement gnral des sur0aces/ de,inrent
des circonstances dcisi,es$ La supriorit
du bassin parisien et de nos plaines du nord
sur les rgions accidentes du 6assi0 Central/
sur le morcellement territorial de la &retagne
se dessina a,ec plus de 0orce$ Il s' coula
des annes a,ant !ue le 6assi0 Central 0:t
tra,ers de part en part 1 la compagnie dite
du grand central ne put ,enir 2 bout de sa
t@che et dut abandonner aux compagnies ,oisines
()rlans et p$ Dl$ Dm$) les concessions
obtenues$
ans l' Curope continentale/ l' a,antage des
communications 0aciles !ui a,ait 0a,oris le
d,eloppement des ligues hansati!ues et les
rapports entre le (hin et l' Clbe &hell-eg',
re,int plus !ue 9amais 2 la Gone !ui tra,erse
l' ?llemagne du nord au pied des derni.res
collines$
*ne Gone de sur0aces ni,eles se prolonge en
(ussie surtout entre les => et == degrs de
latitude$ Combien/ au contraire/ les rugueuses
pR8;
pninsules de l' Curope mridionale taient moins
a,antageusement disposes A Leurs chaLnes de
plissement et l' acti,it de l' rosion !u' elles
engendrent/ 3 multiplient les obstacles$ L' Italie
a d: lutter 2 0orce de bras et d' argent contre
les glissements du terrain !ui rendaient si
di00icile et si dispendieuse la construction/
indispensable 2 son unit/ de chemins de 0er
2 tra,ers les ?pennins de 'oscane$ C' est !u' en
e00et/ 2 mesure !ue se sont droules les
cons!uences du chemin de 0er/ la di00rence
s' est accentue entre les contres !ui en
taient pour,ues et celles !ui ne l' taient pas/
et a cr pour ces derni.res une telle
in0riorit !u' 2 tout prix il a 0allu la
combattre$ L' obstacle ph3si!ue a cess d' 7tre
irrductible$ L' a,antage politi!ue et commercial
est asseG grand pour !ue les capitaux s' 3
mesurent$ L' en9eu a grandi en proportion des
bn0ices$ C' est ainsi !ue nos montagnes et
dserts ont t 0ranchis par le rail$ Les
per0ectionnements mcani!ues ont march de pair$
)n ne recule pas de,ant des pentes 9uges 9adis
inabordables/ 9us!u' 2 R> 2 R= millim$ Par
m.tre 1 la traction lectri!ue ou,re de nou,elles
perspecti,es$ ?insi dans l' ,olution des
communications/ l' obstacle matriel n' est plus
!ue relati0$ Il c.de 2 la ncessit de relier
les grands marchs producteurs/ de per0ectionner
l' outillage conomi!ue d' un tat$ CstDce 2
dire !ue les obstacles ph3si!ues soient
supprims E Nullement$ Il est m7me signi0icati0
!ue ces perces de montagnes par de longs
tunnels nous ont mis aux prises a,ec un danger
!ue ne connaissaient pas les routes d' autre0ois/
celui de l' irruption des eaux intrieures$
Kuel!ues changements !u' aient apports les
chemins de 0er/ ils s' a9outent au pass plus
!u' ils ne le remplacent$ Il 0aut tenir grand
compte de ce !u' a,aient pralablement accompli
les routes/ des cons!uences !u' elles a,aient
produites et !ui persistent 2 tra,ers les 0aits
conomi!ues de l' @ge actuel$ Par exemple
l' industrie moderne s' est gre00e tr.s sou,ent
sur les relations cres par les routes$ -i
beaucoup de nos ,illes industrielles ont su
conser,er leur ,italit malgr les
,icissitudes aux!uelles leurs genres de tra,ail
ont t en butte/ elles le doi,ent 2 leur
position sur des routes tr.s anciennement
0r!uentes par le commerce$ L3on/ 6ilan/
Uurich/ Nuremberg/ LeipGig ont t 2
l' origine des lieux de rencontres de 0oires/
de marchs/ 2 la con,ergence des routes$ *ne
des plus acti,es Gones industrielles du
nord de l' ?llemagne est celle !ui se trou,e
le long du BellXeg/ ,oie de commerce !ui
unissait le (hin 2 la sortie du massi0 schisteux
au coude !ue l' Clbe dcrit ,ers l' ouest$
La black countr elleDm7me/ en ?ngleterre/
comptait depuis longtemps des marchs !ui
s' taient 0orms au passage de la route de
Londres ,ers la mer d' Irlande$$$
pR8R
ainsi a,ait t amass le terreau 0ertile sur
le!uel de,aient 0ructi0ier les d,eloppements
0uturs$ Car ce n' est pas seulement la prsence
du combustible et du minerai/ de la mati.re
brute !ui 0ait les 0o3ers d' industrie N il
0aut compter l' lment ps3chologi!ue !ui tient
aux habitudes/ 2 la 0amiliarit a,ec le dehors/
aux perspecti,es de relations lointaines/
en0in au crdit/ au sens des a00aires$ 'out
cela/ ce sont des germes !ui se dposent le
long de ces ,ieilles routes$
L2 est une des di00rences essentielles entre
l' Curope et l' ?mri!ue$
pR8+
chapitre iii. ,es chemins de !er.
i. -origine des chemins de !er :
les deux lments !ui constituent le chemin de
0er/ le rail et la locomoti,e/ ont une commune
patrie d' origine$ C' est sur les lieux o5 il a
0allu a,iser au transport de mati.res lourdes
!u' on a commenc 2 se ser,ir de rails$ Le
charroi sur rails 0onctionnait sous terre/
dans les mines de la HrandeD&retagne/
a,ant !u' on ne ,Lt se prolonger le ruban
de ,oies 0erres 2 la sur0ace$ L' emploi de la
0orce motrice de la ,apeur/ d' abord pour le,er
l' eau/ puis pour actionner les mtiers mcani!ues
tait rpandu 2 la 0in du x,iiie si.cle dans
les districts industriels et miniers de
l' ?ngleterre et du pa3s de Halles$ La
substitution de la locomoti,e 2 la machine
0ixe/ la combinaison de la locomoti,e et du
rail/ telles !u' elles 0urent ralises pour la
premi.re 0ois par -tephenson/ apr.s un premier
essai entre -tocJton et arlington/ en ;M+>
entre 6anchester et Li,erpool/ sont des
,nements en troite connexion a,ec les lieux
o5 ils ont pris naissance$ Par un enchaLnement
de procds et de dcou,ertes !ui se succdaient
depuis plus d' un si.cle dans les rgions
mini.res et mtallurgi!ues du centre et de l' est
de l' ?ngleterre/ l' in,ention dcisi,e a,ait
t prpare et comme 0ixe d' a,ance$ Clle est
insparable des 0aits prcurseurs dans les!uels
perce nettement/ sous l' impulsion de la nature/
le gnie mcani!ue de la race$
Ce 0urent notamment N ;$ La grande extraction de
la houille/ cons!uence de son application 2 la
0onte des minerais 1 R$ La substitution de la
houille au bois et de la ,apeur 2 la 0orce
h3drauli!ue 1 +$ L' essor !ue prend l' exploitation
du 0er/ par suite de sa substitution sur une
grande chelle au bois dans les constructions$
?insi/ les principaux lments de l' industrie
moderne taient d92 entrs en acti,it 1 et
s' annonait l' importance !u' allaient prendre
les rgions dotes de 0er
pR88
et de houille$ C' est dans ces laboratoires
naturels des mines du 6idland/ du Lancashire/
du Northumberland/ de la &asseDcosse/ !u' on
peut saluer l' a,.nement du machinisme$ ans
l' espace de !uel!ues annes/ des ,oies 0erres
ne tard.rent pas 2 7tre tablies entre
Li,erpool et 6anchester/ 6anchester et
Leeds/ Leeds et &rad0ord/ erb3 et NeXcastle 1
et les mailles du rseau n' ont plus cess de se
resserrer dans cette rgion$ Il 3 a/ entre le
chemin de 0er et les grandes 0orces de l' industrie
moderne/ un rapport rcipro!ue de cause et
d' e00et/ !ui se mar!ue d.s l' origine$ L2 0ut
sign leur acte de naissance$
Ce rapport se mar!ue aussi sur les continents
europens/ de m7me !u' aux tatsD*nis$ Les
premiers chemins de 0er 3 apparaissent dans
des rgions industrielles d92 en tra,ail/
aux!uelles ils apportent un surcroLt de ,italit/
telle/ en France/ la Gone L3onD-aintDtienne
et la BauteD?lsace/ en &elgi!ue la rgion
de Li.ge/ en ?llemagne celle de resde/
LeipGig/ 6agdebourg 1 de m7me/ au del2 de
l' ?tlanti!ue/ des rapports se nouent entre
NeX WorJ et la Pens3l,anie$ .s le dbut/ la
puissance nou,elle apparaLt dans tout son 9our$
-on d,eloppement continuera 2 s' alimenter
surtout dans les contres !ui disposent de
mati.res d' change en asseG grand nombre pour
organiser conomi!uement le tra0ic/ particuli.rement
dans les rgions de houille N HrandeD&retagne/
&elgi!ue/ Testphalie/ tatsD*nis du
nordDest$ ans la Pens3l,anie orientale/ six
ou sept compagnies/ les coal roads ,i,ent
du transport de l' anthracite$ 2 peine le rail
commenaitDil 2 prendre possession de la Chine/
!ue d92 le ChanD-i/ pa3s du 0er et de la
houille/ prend la t7te du mou,ement$ Le chemin
de 0er rpond partout 2 l' appel de cette 0orme
d' industrie essentiellement moderne !ui met en
mou,ement d' normes masses minrales$
ii. -dveloppement des chemins de !er :
les chemins de 0er obissent 2 une loi de
multiplication !ui rappelle l' accroissement de
,itesse d: 2 la pesanteur$ Lentement d' abord/
puis de plus en plus rapidement/ ils tendent
leurs rami0ications sur la sur0ace du globe$
La longueur des lignes !ui/ en ;M8>/ n' tait
encore !ue de O$ <OP Jilom.tres/ et !ui/ m7me
en ;MO>/ trente ans apr.s/ n' atteignait !ue
R><$ )oo Jilom.tres/ s' le,ait 2 OP>$ >>>
Jilom.tres en ;P>>/ et peut 7tre ,alue en
;P;; 2 ;$ +>>$ >>> Jilom.tres/ soit plus de
,ingtDcin! 0ois la circon0rence du globe$
Cncore ce rsultat ne donne !u' une impar0aite
ide de la puissance de mou,ement !ui est
imprim aux choses et aux hommes 1 car la
plupart des lignes sont amnages au9ourd' hui
pour supporter de bien plus puissantes machines
et mettre
pR8=
en mou,ement des trains dix 0ois plus lourds !ue
dans la priode de dbut$ %itesse et puissance
ont au moins !uadrupl$
Cependant/ le rseau est encore loin d' en,elopper
toute la partie terrestre du globe 1 de grandes
sur0aces lui chappent dans l' intrieur de
l' ?sie/ de l' ?0ri!ue et de l' ?mri!ue du
sud 1 tandis !ue/ sur certains points/ les
battements du pouls s' accl.rent 9us!u' 2 la
0i.,re/ beaucoup de contres restent 2 l' cart/
sinon inertes/ du moins obstinment 0id.les aux
modes archaI!ues de transport ns du milieu
gographi!ue$ Ce contraste tait bien moins
mar!u autre0ois$ L' tat actuel des communications
0ait apparaLtre en lumi.re crue les e00ets
de l' isolement 1 ou du moins/ l' isolement ne
semblait pas 9adis une anomalie/ une sorte
d' in0raction aux conditions gnrales 1 ce sont
les progr.s du commerce au ser,ice d' une
industrie exigeante de mati.res premi.res/
a,ide de dbouchs/ !ui ont largi l' cart/
creus pres!ue un abLme entre les contres
englobes dans le rseau mondial et celles !ui
lui chappent$ Il se cre ainsi des di00rences
rgionales pro0ondes$
Nous n' a,ons pas 2 exposer les rsultats sociaux
des chemins de 0er N leur importance est estime
telle dsormais !ue/ depuis un !uart de si.cle/
;> ou R>$ >>> Jilom.tres ,iennent s' a9outer cha!ue
anne aux rseaux 0errs du globe$ La porte
gographi!ue des chemins de 0er n' a t !ue plus
lentement aperue$ Nous a,ons !uel!ue peine
au9ourd' hui 2 comprendre !ue/ pendant une
premi.re priode/ ils aient t en,isags
surtout comme un mo3en de transport local$
Ce 0ut pourtant le cas/ non seulement en
Curope/ mais aux tatsD*nis$ e m7me !u' en
France/ en ?llemagne/ on proc.de par lignes
isoles entre deux ,illes ,oisines
(ParisD-aintDHermain/ L3onD-aintDtienne/
'hannD6ulhouse/ FurthDNYremberg/
&runsXicJDTol0enbYttel/ BalleD6agdebourg/
resdeDLeipGig/ PetrogradD'sarJoD-elo) 1
les premi.res lignes construites aux tatsD*nis
ne rpondent 2 aucun plan gnral 1 de grandes
di00icults s' opposent au raccord d' un tat
2 l' autre$ L' oeu,re est sporadi!ue/ di00use
sui,ant les besoins locaux$ Les ides ,acillent
encore sur la porte gographi!ue du nou,eau
mode de transport$ )n n' aperoit pas les conditions
,ritables dans les!uelles il lui est possible
d' exercer pleinement son action$ 'ant !u' il
n' embrasse !ue de courtes distances/ le ruban
de 0er ne 0ait !u' a9outer un lment de plus
aux nombreux mo3ens de communication dont
disposent d92 nos ,ieilles contres d' Curope$
Le surcroLt de clrit dans un ra3on restreint
n' introduit pas dans l' conomie des relations
prexistantes un changement radical$ Les
conditions de ,ie locale peu,ent persister/
telles !u' elles ont t 0ixes depuis des si.cles
par les routes et les tapes 1 bourgs/ ,illes
ou marchs rpondant aux distances mo3ennes
pR8<
0ranchissables dans une 9ourne/ telles !u' elles
se sont imprimes sur le sol et dans les
habitudes$ Les intr7ts !ui sont lis 2 cet
ancien tat conspirent pour en conser,er le
bn0ice/ russissent 2 tenir en chec le
chemin de 0er/ tant !u' il n' inter,ient !ue
comme agent local de transport$ Ne ,o3onsDnous
pas les diligences rsister plus d' une 0ois/
pour de 0aibles parcours/ 2 la concurrence de la
,oie 0erre E Lors!u' on nous raconte !ue/ en
France/ 2 l' po!ue de l' tablissement des
chemins de 0er/ certaines ,illes dclin.rent
de propos dlibr l' a,antage d' en 7tre pour,ues/
cette mani.re de ,oir nous tonne$ Clle s' expli!ue
pourtant/ sans se 9usti0ier/ par des raisons
asseG naturelles 2 une po!ue o5 on pou,ait
encore mettre en balance les a,antages !u' il
apporte et les perturbations conomi!ues !ui en
sont la suite$
Le chemin de 0er ne par,ient 2 racheter a,ec usure
les 0rais d' outillage et d' tablissement !u' il
exige !ue par la longueur des tra9ets et l' tendue
des distances !u' il embrasse$ Les dpenses
tant loin d' augmenter en proportion des
longueurs Jilomtri!ues/ il en rsulte !ue
l' conomie de 0rais s' accentue a,ec les distances$
Clle s' a9oute aux a,antages de rgularit/
de capacit et de ,itesse$ Cn sorte !ue/ plus
le chemin de 0er tend son en,ergure/ plus il
entre pleinement dans la ralit de son rFle$
Peu de personnes taient en tat de ,oir ,ers
;M+= les cons!uences !ue l' exprience de,ait
mettre en lumi.re$ Ce 0ut en France le mrite
de l' cole saintDsimonienne d' a,oir eu le
pressentiment de ces ,rits/ d' a,oir entre,u
!ue l' oeu,re 0uture des chemins de 0er
s' inscri,ait dans un ,aste plan de communications
mondiales/ parmi les!uelles le percement de
l' isthme de -ueG$
Ces premi.res hsitations se traduisent dans le
0ait !u' en ;M8> la longueur des ,oies 0erres
sur toute la sur0ace du globe n' tait encore
!ue de O$ <OP Jilom.tres N et sur ce chi00re/ la
part de la France tait 2 peine de =>>/ celle
des tatsD*nis s' le,ait d92 2 =$ >>>$
Les tatsD*nis o00raient un spectacle
instructi0 1 l' ide de rseau 3 a,ait pris
corps/ et reu un commencement de ralisation$
6algr les entra,es du particularisme d' tat/
partout/ dans ce pa3s neu0/ 0ermentait le
dsir de mettre en rapport les centres de
production intrieurs et ceux d' acti,it
maritime$ La grande oeu,re du canal ri/
mettant NeXDWorJ en communication a,ec les
lacs/ a,ait t ache,e (;MR=) 1 et cet
exemple a,ait suscit la construction d' autres
canaux en Pens3l,anie et ailleurs 1 tandis
!ue sur l' )hio et le 6ississipi/ de nombreux
ser,ices de bateaux ser,aient au transport du
coton et au ,aDetD,ient de ce peuple ,o3ageur$
6ais pour combien de temps l' impatience
amricaine s' accommoderaitDelle de ces lenteurs E
*n mot tait dans toutes les bouches N
railroad * il tait l' ob9et d' un de ces
engouements !ui se
pR8O
rpandent de temps en temps comme une traLne de
poudre en ?mri!ue$ Par la supriorit de
,itesse/ de capacit/ de rgularit/ il con,enait
plus !ue la na,igation intrieure aux besoins
et aux instincts !ui sont au 0ond de l' @me
3anJee$
L' impulsion/ naturellement/ partait des grandes
,illes maritimes/ points o5 se concentraient
d92 le commerce/ le tra,ail manu0acturier/
les capitaux N &oston/ NeX WorJ/
Philadelphie/ &altimore/ 0urent les capitales
nourrici.res d' entreprises concurrentes$ 2 la
rigueur la na,igation 0lu,iale ou le cabotage
maritime pou,aient pro,isoirement su00ire 2
pour,oir de coton les manu0actures du nord N
!uel!ues lignes 0urent amorces dans cette
direction 1 mais une d,iation singuli.re se
produisit dans les courants de circulation$
Clle prit dcidment la direction de l' ouest$
?u del2 des ?ppalaches/ la colonisation s' tait
empare des 0ertiles territoires de l' )hio 1
les mines de houille s' exploitaient 2 Pittsburg 1
Cincinnati tait de,enu un march d' le,age 1
on entrait en0in de 9our en 9our plus en
contact a,ec cette prodigieuse a,enue na,igable
de R$ >>> Jilom.tres !u' ou,rent les lacs et !ue
bordent/ au sud et 2 l' ouest/ de ,astes espaces
0ertiles$ L' lan ne s' arr7ta plus 1 c' est de
l' est 2 l' ouest plutFt !ue du nord au sud
!u' agit l' attraction$ Le branle tait donn en
cette direction d.s ;M+= 1 et au bout de
!uel!ues annes 2 peine/ on pou,ait ,oir
&oston reli par ,oie 0erre au -aintDLaurent/
NeX WorJ aux lacs )ntario et ri/
Philadelphie 2 Pittsburg/ &altimore 2
l' )hio$
?insi se mani0estait d92 le rapport troit entre
le chemin de 0er et la colonisation$ La
marche de l' un se rglait sur celle de l' autre 1
un pacte se nouait entre ces deux puissances
du monde moderne$ -' il s' tait trou, alors un
proph.te capable de pr,oir les millions
d' immigrants !ue l' Curope de,ait 9eter ,ers
l' ?mri!ue/ il aurait pu du m7me coup pr,oir
les milliers de Jilom.tres !ui s' a9outeraient
2 ces rudiments de rseaux 0errs$ .s ;M=8/
2 tra,ers une con0usion de lignes entreprises
et multiplies sans plan gnral/ les
principales trunk lines se dessinaient
dans le sens des parall.les$ ?3ant 0ranchi
les principaux obstacles/ elles ,o3aient se
drouler de,ant elles les perspecti,es des
prairies 1 et au del2 se laissait entre,oir le
(ar-?est, l' illimit dans les espoirs
comme dans les espaces A
iii. -l' ide nationale et stratgique :
nos ,ieux pa3s d' Curope eurent 2 lutter contre
d' autres di00icults$ Ce n' est pas en ,ain !ue
plusieurs si.cles d' histoire a,aient tra,aill
2 0ixer la 0igure des tats et le site des
,illes$ Les chemins de 0er eurent
pR8M
2 s' adapter aux rseaux prexistants de
communications/ 2 des rapports ciments par le
temps/ 2 des organismes politi!ues !ui a,aient
2 se d0endre contre leurs ,oisins/ 2 des
indi,idualits nationales tailles sur un autre
patron et 2 une mesure di00rente !u' en
?mri!ue$ Cha!ue tat aborda la construction
des chemins de 0er sui,ant ses besoins et ses
mo3ens$ L' ?ngleterre insulaire/ plus a,ance
!ue le continent dans la ,oie de l' industrie
et plus 0amili.re a,ec la puissance du crdit/
s' engagea rsolument 1 et d92 &irmingham et
Li,erpool ralisaient la liaison entre son
principal 0o3er d' industrie et son principal
0o3er commercial$ L' tat belge se h@ta de mettre
6alines et sa capitale en relation a,ec
?n,ers/ sa place de guerre$ Cn ?llemagne/
l' ide d' unit nationale !ue/ a,ec une
remar!uable prescience/ Frdric List/
apr.s Hoethe/ a,ait dm7le dans l' a,.nement
des chemins de 0er/ reut un commencement
d' application par la 9onction des principales
,illes de la grande plaine du nord/ &erlin
a,ec -tettin (;M8+) 1 a,ec Bambourg/ &reslau/
6agdebourg (;M8<) 1 a,ec resde et Cologne
(;M8M) 1 bientFt sui,ie de la 9onction a,ec le
sud par NYremberg et ?ugsbourg$ Ct d.s ;M8R/
nos orateurs pou,aient dnoncer a,ec in!uitude
les ,oies de con,ergence !ui aboutissaient 2
Cologne/ 6a3ence/ 6annheim/ et concentraient
les 0orces militaires de la con0dration
germani!ue$
La (ussie eut pour premier soin d' unir
directement ses deux capitales/ et/ de ;M8+ 2
;M=;/ excuta sa ligne de Ptersbourg 2 6oscou N
plus tard seulement elle de,ait entreprendre
la lutte contre son principal ennemi/ la
distance$ L' ide stratgi!ue de conser,ation/
de d0ense/ s' imposa comme une ncessit
primordiale dans la plupart de nos pa3s
d' Curope$
C' est l' instinct de cha!ue 7tre de pour,oir a,ant
tout 2 sa conser,ation personnelle N les tats
n' 3 ont pas man!u$ Kuand on lit les
dlibrations de nos assembles/ en ;M8R/ 2
propos de la constitution de nos principales
lignes/ on est 0rapp de la place !u' 3 tiennent
les proccupations stratgi!ues$ La (ussie/
apr.s l' preu,e de la guerre de Crime/
s' empressa de rparer l' insu00isance de son
rseau ,ers les points reconnus ,ulnrables$
Plus prou,e encore apr.s la guerre de ;MO>
!ui a,ait mutil notre territoire/ la France
a d: reconstituer/ en ,ue de sa nou,elle
0ronti.re/ son s3st.me de circulation/ adapter
et relier de nou,eau ses lignes de chemins de
0er/ ses canaux 1 et/ comme dans une chair !ui
a saign les 0ibres tendent 2 se re9oindre/
elle a essa3 ainsi de cicatriser sa blessure$
C' est pour disposer plus
pR8P
0acilement de ses 0orces militaires et les porter
d' un bout 2 l' autre de son territoire/ !ue la
'ur!uie a entrepris les lignes !ui/ de
-aloni!ue 2 Constantinople/ de -cutari 2
&agdad/ de amas 2 La 6ec!ue/ tendent 2
relier les membres loigns de ce corps puissant
et lourd$ Kuand la Chine/ si d0iante et
r0ractaire/ s' est dcide 2 la locomoti,e/
elle a eu soin de tracer comme ligne 0ondamentale
de son rseau la ,oie !ui unit les deux parties
tou9ours di,ergentes et htrog.nes de cet
empire/ le nord et le sud/ PJin et BanJeou/
et comme on disait au mo3en @ge +atha
et Aan7i.
4 nous cro3ons/ disait en ;M+O u0aure/ !ue les
principales lignes de communication destines
2 unir le nord au midi/ l' est 2 l' ouest/ et
Paris 2 toutes les extrmits du ro3aume/ ne
sont pas seulement d' un intr7t commercial/
mais surtout d' intr7t national$ 4 telle 0ut
en e00et la conception !ui/ en ;M8R/ prsida
au plan d' ensemble !ui/ malgr les modi0ications
apportes par le temps/ rgit encore la
ph3sionomie de notre rseau$
-ept lignes ra3onnent de Paris ,ers l' ?ngleterre/
la &elgi!ue/ l' ?llemagne/ l' Cspagne 2
&a3onne/ l' ocan 2 Nantes/ la 6diterrane
2 6arseille/ aux!uelles s' a9outaient (titre
premier de la loi du ;; 9uin ;M8R) une ligne de
&ordeaux 2 6arseille et une autre de L3on 2
6ulhouse$ L' ide maLtresse est celle de l' unit
nationale$ C' est sur ce tronc !ue l' arbre a
d,elopp ses branches$ Ce 0ut d' abord/ comme
pres!ue partout/ par des concessions partielles/
des tronons de lignes !ue procda l' excution
de ce plan$ 6ais l' exprience ne tarda pas 2
montrer !u' en mati.re de chemin de 0er c' est par
la combinaison et l' tendue !u' un rseau peut
ac!urir la ,italit su00isante$ -i en ;M=;
la longueur des lignes exploites en France
n' tait encore !ue de +$ <R= Jilom.tres/ tandis
!ue sept ans apr.s elle a,ait plus !ue doubl
et !ue ,ingt ans apr.s elle a,ait pres!ue
sextupl/ c' est !ue la 0usion des multiples
compagnies du dbut en six compagnies
principales a,ait 0ourni la large base
territoriale ncessaire 2 l' excution et 2
l' extension du rseau$ Pour soule,er/ et comme
le disait en ;MO= un orateur/ 4 mettre en
mou,ement ces millions de tonnes !ui dormaient
depuis des si.cles 4 / il 0allait un le,ier
su00isant pour !ue/ le surplus d' un cFt
compensant le d0icit pro,isoire de l' autre/
toutes les parties du territoire pussent
subir l' impulsion/ participer au mou,ement de
,ie et !ue/ de proche en proche/ le tressaillement
de la ,ie
pR=>
r,eillant les eaux dormantes les entraLn@t
dans les nou,eaux courants de ci,ilisation$
C' tait un progr.s N cependant la conception
du rFle des chemins de 0er ne s' est dgage
!ue peu 2 peu/ par la puissance accumule
et combine des e00ets$ )n mit longtemps 2
dcou,rir en Curope !ue c' tait plus encore
dans le mou,ement imprim aux choses/ dans le
transport des marchandises plus !ue dans celui
des ,o3ageurs/ !ue consistait la r,olution
pro0onde apporte par les chemins de 0er$ Cette
ide n' apparaLt gu.re dans les discussions
aux!uelles ils donn.rent lieu dans nos
assembles$ )n consid.re la puissance de cet
instrument pour mobiliser les hommes/ on ne
pr,oit pas 2 !uel point il mobilisera les
choses$ Pendant longtemps/ le tra0ic des
marchandises 0ut/ en France/ in0rieur 2
celui des ,o3ageurs 1 il n' atteignait m7me/
en ;M==/ !u' un demiDmillion de tonnes$
L' insu00isance et l' exiguIt des gares et
installations !ui datent de cette po!ue nous
paraissent drisoires$
iv. -extension rcente du rseau !err :
le maniement rgulier et 2 peu de 0rais de masses
normes de produits et de mati.res premi.res
a t rendu possible par la na,igation 2 ,apeur$
L' accroissement gnral du tonnage de,int une
ncessit 2 la!uelle durent s' adapter tous les
mo3ens de transports$ *ne combinaison dut
s' organiser !ui 0ora les chemins de 0er 2
agrandir leurs installations et 2 augmenter
la puissance de leurs machines 1 0leu,es et
canaux 2 appro0ondir leurs chenaux/ 2 largir
leurs cluses 1 ports 2 s' ampli0ier dans des
proportions !u' on n' a,ait pu pr,oir$ Cette
coopration des mo3ens de transport a march
de pair a,ec l' allongement des parcours$ Clle
a suscit/ au cours de son ,olution/ une telle
0oule de 0orces ,i,es !u' elle a d: sans cesse
0aire 0ace par de nou,eaux per0ectionnements
2 de nou,eaux besoins$ Cn grande partie/ la
0onction a cr l' organe$ vires acquirit
eundo n' est nulle part plus applicable !u' en
mati.re de chemin de 0er$
Lors!u' on compare la priode si lente des dbuts
2 l' acclration !ui ,a se prcipitant dans les
!uatre ou cin! derni.res dcades/ on sent
!u' une 0orce nou,elle agit en eux !ui prend
sa source dans des rapports plus tendus d' un
caract.re mondial$ )n aurait pu croire en ;MO=
!ue la plupart des tats d' Curope a,aient
ache, leurs rseaux/ sau0
pR=;
l' Italie et la (ussie/ d92 pourtant 0ort
a,ances 1 nanmoins/ de ;MO= 2 ;P;>/ la
longueur des lignes a pres!ue tripl$ *ne loi
comparable 2 celle !ui r.gle la chute des corps
prside 2 cet accroissement$ e +>$ >>> dans
la dcade !ui suit ;M8>/ il monte 2 <P$ >>>
(;M<>)/ puis 2 ;>;$ >>> (;MO>)/ 2 ;<R$ >>> (;MM>)/
2 R8=$ >>> (;MP>)$ Lg.re diminution de ;MP> 2
;P>>/ mais le progr.s reprend de plus belle
de ;P>> 2 ;P;>$ Cn m7me temps on commence les
rseaux asiati!ues et a0ricains N en ;M=8/ celui
de l' Inde !ui compte au9ourd' hui =>$ >>>
Jilom.tres 1 en ;MM;/ le transcaspien 1 en
;MP;/ le transsibrien/ lments essentiels
du rseau de la (ussie d' ?sie !ui ne compte
pas moins de ;O$ >>> Jilom.tres au9ourd' hui 1
tandis !ue le rseau algrien est concd en
;M<> et !u' 2 l' autre extrmit de l' ?0ri!ue se
constitue le rseau du Cap 1 sans parler des
,oies !ui s' ou,rent en ?ustralie et en
?mri!ue du sud$
La longueur des chemins de 0er du monde !ui en
;MO> tait ,alue 2 R><$ >>> Jilom.tres/
dpasse au9ourd' hui un million de Jilom.tres$
L' en,ergure des rapports ne cesse de croLtre
a,ec les longueurs Jilomtri!ues$ C' est dans
les transports directs 2 grande distance !ue le
chemin de 0er ralise sa supriorit et exerce
le maximum de son action gographi!ue$ ?ussi
peutDon dire !ue sa t@che n' est 9amais 0inie
et !u' un besoin inhrent de croissance le
tra,aille$ 67me dans les contres d' Curope
!ui semblent arri,es 2 un tat de saturation/
des additions et des raccordements s' imposent
pour satis0aire 2 de nou,elles ncessits
conomi!ues$
La France cherche 2 retenir les courants de
circulation !ui lui chappent/ 2 relier plus
directement ses principaux 0o3ers de production
industrielle/ et surtout ses ports !ue le plan
centralis de son rseau primiti0 laissait
trop 2 l' cart$
La densit du rseau 0err atteint son maximum
dans l' Curope occidentale et les tatsD*nis
du nordDest atlanti!ue$ Cn &elgi!ue/ dans le
nord de la France et dans la Gone mridionale
de la plaine allemande/ il n' 3 a pas de point
!ui soit 2 ;< Jilom.tres d' une ligne de chemin
de 0er$ ?rri, 2 ce point/ il semble !ue le
d,eloppement doi,e s' arr7ter$ 6ais la traction
lectri!ue ou,re de nou,elles possibilits/
utilises surtout dans les rgions industrielles$
'out un nou,eau rseau se gre00e sur le
principal N chemins de 0er locaux et tramXa3s
suburbains sont comme la menue monnaie !ui
0acilite les transactions$ Cn ?ngleterre/ en
&elgi!ue/ dans la plaine subherc3nienne
allemande/ dans la France du nord/ la Lombardie/
comme dans le 6assachusets/
pR=R
il 3 a peu de points o5 les hommes aient 2 0aire
R Jilom.tres de marche pour atteindre une
,oie 0erre$
Les pa3s o5 il semble !ue la saturation soit
atteinte restent encore l' exception$ Cn dehors
de l' Inde et de Qa,a/ il ne s' est 0orm de
,ritables rseaux complets !ue dans la Gone
tempre$ ?ucune raison ne s' oppose cependant
2 ce !ue les chemins de 0er tendent leurs
rami0ications 9us!u' au tra,ers des rgions
polaires et !uatoriales$
92 se pro9ettent des lignes de pntration
partant de la cFte sur toute la priphrie des
continents tropicaux N au &rsil/ dans l' ?0ri!ue
orientale/ dans l' ?ustralie occidentale$ Le
rail pn.tre dans la Gone arcti!ue 2 Nar,iJ/
aXson Cit3/ ?rJhangel$ ?insi des 9alons sont
poss pour la 0ormation d' un rseau
mondial$
Le rseau europen se relie par le transsibrien
2 celui !ui s' bauche au nord de la Chine$
Celui des tatsD*nis pn.tre dans le 6exi!ue
par deux grandes art.res$ Cntre le rseau indien
et le rseau russe en ?sie/ comme en ?0ri!ue
entre les lignes d' ?lgrie/ d' g3pte et du
Cap/ dans l' ?mri!ue du sud entre la &oli,ie
et l' ?rgentine/ il 3 a solution de continuit$
6ais le comblement de ces lacunes n' est !u' une
!uestion de temps$
L' tat actuel des communications 0ait apparaLtre
en lumi.re crue les e00ets de l' isolement$ Cet
tat/ 9adis accept comme un 0ait naturel/ cho!ue
au9ourd' hui comme un anachronisme$ Les maLtres
de l' Inde ,oient dans les chemins de 0er le
mo3en le plus e00icace pour combattre le 0lau
!ui dcime priodi!uement leurs millions de
su9ets N la 0amine$ 6ais surtout nos industries
intensi,es/ dans leur apptit de dbouchs
et de mati.res premi.res/ sou00rent
impatiemment !ue des contres se drobent$
Leur isolement 0ait l' e00et d' une in0raction !ui
ne peut durer$
Pour toutes ces raisons/ l' extension du rseau
des ,oies 0erres n' est pas pr.s de s' arr7ter$
;> 2 R>$ >>> Jilom.tres s' 3 sont a9outs
annuellement dans le dernier !uart du si.cle$
Ce mou,ement continuera et peut nous rser,er
encore bien des surprises$
v. -courants internationaux de l' ancien monde :
une des cons!uences les plus importantes du
d,eloppement du rseau mondial est
l' tablissement de contacts tendant 2 la
0ormation d' une sorte d' conomie internationale$
es si.cles d' histoire a,aient le, des
barri.res entre les peuples d' Curope/ dress
des 0ronti.res douani.res/ organis cha!ue tat
de 0aon 2 se su00ire 2 soiDm7me$ Ces habitudes
traditionnelles sont
pR=+
battues en br.che$ Ce ne sont plus seulement les
di,erses parties d' un m7me tat !u' il s' agit
de mettre en rapports plus intenses/ mais les
contres !ui/ par leurs produits/ s' entr' aident
et se compl.tent/ !uels !u' en soient la
situation gographi!ue et le statut politi!ue$
Cntre le nordD?mri!ue et le sudDest de
l' Curope se cre ainsi une chaLne de relations
0onde sur les besoins de nourriture$ Il s' en
0orme d' autres sui,ant les besoins de l' industrie
en minerais ou combustible$ es lignes
internationales dessinent 2 tra,ers l' Curope
de grandes diagonales !ui continuent les lignes
de na,igation et se combinent en une sorte de
s3st.me europen$ Par Constantinople/ ce
rseau se prolonge en ?sie 6ineure$ Par
6oscou et -amara/ il s' en0once en -ibrie
et se relie au rseau chinois$ L' Curasie
communi!ue d' une extrmit 2 l' autre/ de
l' ?tlanti!ue au Paci0i!ue$
es combinaisons de tari0s 0a,orisent certains
courants$ ans la concurrence des ,oies
maritimes de l' ocan et de la 6diterrane/
les chemins de 0er dcident$ La -uisse
occidentale est dispute entre ?n,ers et
6arseille$ Le puissant s3st.me des chemins de
0er allemands par,ient/ 2 l' aide de tari0s
spciaux/ 2 re0ouler de,ant lui/ en (oumanie
et dans le sudDest de la -uisse/ le commerce
mditerranen/ en m7me temps !u' il se lie a,ec
l' Italie par les perces alpestres$ Nos
compagnies du nord/ de l' est et du p$ Dl$ Dm$
)nt des tari0s destins 2 attirer le transit$
Le p$ Dl$ Dm$ Les abaisse en 0a,eur des expditions
au del2 de -ueG$
Il s' est 0orm et se d,eloppe en Curope une
politi!ue internationale des chemins de 0er/
dont l' ide essentielle est la pousse ,ers
l' est/ comme en ?mri!ue c' est la pousse ,ers
l' ouest$
vi. -le rail et la mise en valeur de
l' Amrique :
nul exemple n' est plus propre 2 mettre en lumi.re
la prodigieuse puissance des chemins de 0er !ue
celui des tatsD*nis$ Le probl.me du transport/
transportation sui,ant l' expression
comprhensible !u' on rencontre dans la
littrature amricaine/ n' a nulle part t
abord et rsolu a,ec plus de hardiesse$ ?,ant
les chemins de 0er/ l' attention s' tait d92
porte sur les canaux/ les ,oies na,igables/
les routes 2 longue distance m7me$ 6ais seul
le rail de,ait permettre de raliser les
possibilits en !uel!ue sorte illimites du
nou,eau monde$
' immenses espaces/ 2 peu pr.s ,ides/ s' ou,raient
au del2 de la barri.re des ?ppalaches 1
2 peine !uel!ues embr3ons de population blanche
a,aient commenc 2 se 0ormer sur les bords de
l' )hio$ e ;MR;
pR=8
2 ;P;=/ en,iron RP$ >>>$ >>> d' europens ont 0ranchi
l' ?tlanti!ue pour se transporter dans ces pa3s
neu0s$ Ce 0leu,e humain !ui/ depuis trois !uarts
de si.cle/ ne cesse de couler/ tantFt acclrant/
tantFt ralentissant son cours/ se nourrit de
sources de plus en plus loignes$ Il roule
tour 2 tour/ comme le Nil rouge succdant au
Nil ,ert dans l' inondation priodi!ue/ des
lments di00rents/ d' abord irlandais/
puis allemands et scandina,es/ en0in italiens/
sla,es/ orientaux de la 6diterrane$ 6ais
cha!ue anne c' est encore 8>>$ >>> ou =>>$ >>>
7tres humains !ue les pa!uebots d' Curope
am.nent aux ports des tatsD*nis$ epuis
dix ans ce 0lot puissant en,ahit aussi le
Canada N l' immigration/ 0aible aupara,ant/
s' 3 tient annuellement au9ourd' hui aux en,irons
de R>>$ >>>$
Cette masse humaine 9ete par les pa!uebots
d' Curope sur le continent amricain/ ne s' 3
est pas rpandue au hasard 1 elle ne s' est
pas miette ainsi !ue 9adis 0aisaient nos
trappeurs 0rancoDcanadiens comme une poussi.re
dans ces ,astes espaces N si elle s' est
canalise en !uel!ues courants principaux
sui,ant une marche rguli.re/ de telle
sorte !ue le centre de gra,it de la population
n' a pas cess de se dplacer dans le sens de
l' est 2 l' ouest/ Dc' est gr@ce aux chemins de
0er$ Ils ont ser,i de ,hicule 2 la colonisation$
Plus on s' cartait des cFtes pour s' a,ancer
,ers l' intrieur au del2 de toute route trace/
plus la locomoti,e exerait une action
exclusi,e/ de,enait autocrate$ Clle donnait
au sol !u' elle tra,ersait/ ou dont elle
s' approchait/ la seule ,aleur !ui p:t le 0aire
apprcier en ces pa3s neu0s/ celle d' un capital
producteur d' ob9ets de commerce$ Le mirage !ui
attire ,ers ces contres nou,elles un 0lot
humain sans cesse renou,el/ n' est plus celui
des mines de mtaux prcieux/ mais celui des
produits et salaires aux!uels donne lieu une
,ie commerciale intense$ Il ne s' agit plus de
,i,re chichement d' une terre a,are/ de consumer
son nergie dans un labeur ingrat/ mais/ apr.s
a,oir emprunt 2 une terre pres!ue ,ierge un
produit 0acile/ de le trans0ormer aussitFt
en une richesse circulante N la moisson aussitFt
change en ch.!ue$ Cette richesse ne peut naLtre
!u' au contact du rail$ CeluiDci ,i,i0ie ce
!u' il touche$ ans les parties encore inoccupes
de l' ouest/ la concession d' une bande de terres
publi!ues de +R Jilom.tres 2 droite et 2 gauche
de la ligne/ 9oue le rFle d' une sub,ention pour
la construction des principales ,oiesDmaLtresses
!ui tra,ersent d' un ocan 2 l' autre les
tatsD*nis et le
pR==
dominion$ Les compagnies ont t ainsi in,esties
d' un capital de spculation !ui/ !uels !u' aient
pu 7tre les abus/ les a intresses 2 mnager
par l' application de tari0s modi!ues le transport
2 longue distance des produits !ui pou,aient
alimenter leur tra0ic$
Kue ce soit aux tatsD*nis/ au Canada/ dans
l' ?rgentine/ ou en ?ustralie/ ces produits
ne pou,aient 7tre !ue ceux !ue rclamait la
,ieille Curope/ pour la nourriture de ses
habitants/ pour la consommation de ses
industries$
C' tait le bl/ le maIs/ la laine/ produits de
contres tempres 1 le coton/ produit subtropical$
Le d,eloppement de la na,igation maritime/
la rgularit et la clrit des tra,erses/
a,aient si bien aplani les 0rets entre les
principaux ports des deux cFts de l' ?tlanti!ue/
!u' au chemin de 0er seul appartenait le pou,oir
de 0aire pencher la balance dans la concurrence
des prix$ C' est ce !u' a ralis l' esprit
commercial des amricains$ Ils se sont atta!us
corps 2 corps et s3stmati!uement 2 la distance$
Leur 0orce tient 2 ce !u' ils sont arri,s 2
prati!uer sur les parcours gnraux/ mais non
locaux/ des ,oies 0erres/ les 0rets les moins
le,s !u' il 3 ait au monde N leur mo3enne
s' est abaisse de pr.s d' un tiers entre ;MO>
et ;P>>$
Ce rsultat n' est pas un simple e00et naturel de
la concurrence 1 il a t ac!uis par une suite
d' e00orts/ il date de la priode de 0usion
et d' amalgamation. le mrite en re,ient 2
l' organisation des courants de tra0ics/ !ui ont
concentr le plus conomi!uement possible/ entre
points de production et points d' embar!uement/
la plus grande masse possible de marchandises$
Il suppose des combinaisons et des calculs
sans cesse 2 l' preu,e des circonstances 1
c' est un cha0audage reposant sur des bases
!u' il 0aut sans cesse sur,eiller$ L' organisation
reste asseG 0luide pour !ue les courants ne
puissent pas se 0iger$ Par l' ampleur !u' embrasse
ce s3st.me de ,oies 0erres/ dsignes sous le
nom des potentats des 0inances !ui les dirigent/
il constitue une puissance !ui tire sa
9usti0ication de l' normit des produits !u' elle
s' est montre capable de soustraire 2 la loi
de la pesanteur$
pR=<
L' histoire des guerres de chemins de 0er/ sui,ie
de contrats &pooling', reste un des chapitres
les plus curieux de l' histoire conomi!ue$
6ais/ dans cette srie de ,icissitudes/ il 3
a d' autres 0orces en 9eu !ue celles de calcul
et de spculation$ Il 3 a l' entre en lice de
contres nou,elles/ la rapide mise en ,aleur
et en circulation de tout ce !ue le continent
amricain/ au nord comme au sud et 2 l' ouest/
dans les prairies comme dans la Pampa argentine/
au Canada comme dans les 6ontagnes (ocheuses/
possdait de ressources latentes pr7tes 2 sortir
de terre$ La rgion des prairies tait comme une
rser,e mnage pour l' humanit grandissante$
Lors!ue/ dans la seconde moiti du xixe si.cle/
la colonisation s' 3 est d,eloppe/ elle est
de,enue un grenier du monde N les dix
prairies states, sur une super0icie triple
de la France/ ont/ depuis ;M=>/ !uintupl
leur population 1 c' est surtout dans la
priode de ;M<> 2 ;MM> !ue l' agriculture en a
pris possession 9us!u' 2 l' extr7me limite des
rgions arides$ Clle s' est spcialise et la
culture du maIs s' est concentre dans les cin!
corn surplus states (Illinois/ IoXa/
Vansas/ NebrasJa/ 6issouri) !ui 0ournissent
2 eux seuls plus de la moiti de la production
mondiale$ Comme au nord du 8R e degr les geles
tardi,es nuisent au maIs/ c' est le bl !ui
r.gne dans le 6innesota/ la ,alle de la
ri,i.re (ouge/ comme plus haut dans le
6anitoba canadien d' o5 l' ?ngleterre tire
M> millions d' hectolitres$ Ces sols unis/
0aciles 2 tra,ailler/ ont l' a,antage de produire
des grains de !ualit uni0orme/ !ui peu,ent
7tre con0ondus en masse dans les transports et
les transactions$ La moisson 2 peine 0inie se
change en ch.!ues pour les propritaires$
Kuand la rcolte de maIs man!ue ou menace de
man!uer dans les cin! tats/ c' est un a00lux de
pr.s de trois cent mille porcs au del2
de la mo3enne ordinaire/ !ui encombrent tout
2 coup le march de Vansas Cit3$ 2 cFt des
gares s' talent les parcs 2 bestiaux pour les
b7tes 2 cornes/ se dresse l' l,ateur pour les
grains/ auxiliaires ncessaires au
rassemblement en grande masse des ob9ets
transports par le chemin de 0er$ C' est ainsi
!ue/ par !uantits colossales/ grains/
bl/ ,iande/ peaux sont transports par les
grangers roads, en Xagons appropris/ 2
des prix tr.s bas/ sur plus de R$ >>> Jilom.tres/
9us!u' aux ports d' embar!uement pour l' Curope$
vii. -chemins de !er et densit de la
population :
l' tendue dans la continuit des conditions
ph3si!ues/ tel est en ?mri!ue l' a,antage
gographi!ue !ue les chemins de 0er ont mis en
,aleur$ La structure 2 grands traits de ce
continent s' 3 pr7tait$ C' est
pR=O
au 0ond une nou,elle mani0estation des causes
!ui a,aient d92 0ait leurs preu,es dans
l' expansion des socits humaines$ e temps
immmorial/ en ?sie/ la plaine de l' Bindoustan/
les grands plateaux de loess de la Chine
a,aient montr ce !ue ,aut l' tendue dans des
conditions semblables comme 0acteur numri!ue/
comme 0orce de multiplication et d' accumulation$
Il en e:t t de m7me dans la rgion russe de la
terre noire si les catacl3smes des in,asions
n' en a,aient retard le d,eloppement$ Cette
0ois/ c' tait a,ec le machinisme !ue l' homme
entrait en possession du sol$ Par les chemins
de 0er/ steamers/ tlgraphes/ l,ateurs/
charrues 2 ,apeur/ usines/ machines d' extraction/
tout ce !ue la 0orce mcani!ue peut a9outer
2 la 0orce manuelle/ tout ce !ue la capacit
de transporter peut a9outer 2 la capacit de
produire/ tout ce !ue la rapidit d' in0ormations
stimule d' initiati,es/ a concouru 2 la mise en
,aleur de ces ,astes territoires$ Hr@ce 2 la
machine/ le maximum de production peut 7tre
atteint a,ec le minimum de mainDd' oeu,re$
?ussi ,oitDon la population rurale dans les
prairie states, !ui comptent d92 plus de
!uarante ans de colonisation/ rester notablement
in0rieure aux chi00res !u' a,aient atteints/
dans l' ancien continent/ les grandes contres
agricoles$ La densit de la population dans
l' IoXa ne dpasse gu.re encore ;< habitants
par Jilom.tre carr/ mo3enne !u' alt.re seule
la prsence de grandes ,illes comme Chicago
dans l' Illinois/ -aintDLouis dans le 6issouri$
?ussi la longueur du rseau 0err apparaLtDelle
tr.s 0orte par rapport 2 la population$ )n
compterait en,iron 8> Jilom.tres de chemins
de 0er par ;< habitants$
Les conditions sont 2 peu pr.s les m7mes dans
le Canada/ dans l' ?rgentine et l' ?0ri!ue
australe anglaise$ La !uantit de mati.res
disponibles pour le transport est/ dans ces
pa3s neu0s/ en proportion in,erse du nombre
des consommateurs sur place$ Le rFle des
chemins de 0er consiste surtout 2 0ournir
aux producteurs les mo3ens d' oprer sur de
grandes masses/ par la puissance des mo3ens
de transport !u' il met 2 leur
ser,ice$
-i/ dans les grands 0o3ers d' industrie/ la
concentration d' 7tres humains par millions ou
centaines de mille est en rapport direct a,ec
les chemins de 0er/ ce sont aussi les chemins
de 0er !ui permettent la 0ormation en ?ustralie/
dans la Nou,elleDUlande/ dans la rpubli!ue
argentine/ de ces immenses troupeaux de btail
!ui subsistent/ pour 0ournir 2 !uel!ues marchs
du monde laines/ peaux/ cornes/ ,iandes/ etc$
Le rassemblement de troupeaux de moutons de
<>$ >>> t7tes/ R>>$ >>> et en0in/ cas plus rare/
de =>>$ >>> t7tes/ au gou,ernement des!uels
su00isent !uel!ues hommes 2 che,al/ n' est gu.re
un 0ait moins extraordinaire
pR=M
!ue les ,illes de =>>$ >>> ou un million d' hommes$
Cn tout cas/ ce sont des 0aits du m7me ordre/
des h3pertrophies nes/ en m7me temps/ de
causes semblables$ e telles agglomrations
de btail/ comme/ dans les prairie states,
l' accumulation des grains dans les l,ateurs
construits pour des milliers de tonnes/
correspondent aux agglomrations humaines
aux!uelles elles sont destines$ Ici
l' emporium, la grande ,ille/ l2 le
runn, l' estancia, la !a7enda.
c' est la grandeur du dbouch !ui sollicite
la puissance de la production$ Hr@ce 2 la
rpercussion !ue les transports rguliers par
masses entretiennent/ une 0orce norme se
dgage et trou,e/ de part et d' autre/ son
emploi$ Les produits se concentrent et
s' accumulent en ,ertu de la loi conomi!ue
!ui proportionne le prix de transport 2 la
!uantit transportable$ Ct c' est ici !ue le
phnom.ne prend 0orme gographi!ue$
viii. -grandes lignes maritimes et grandes
lignes continentales :
la derni.re phase de l' histoire des communications
est caractrise par l' intense collaboration
du rail et de la na,igation 2 ,apeur$ La
soudure des courants continentaux aux courants
maritimes tend 2 se 0aire de plus en plus en un
nombre limit de points d' lection !ui
prennent le caract.re d' emporia mondiaux$
Les points d' expdition s' organisent pour
embrasser le plus d' espace possible dans leur
cercle d' appro,isionnement 1 les points
d' arri,e/ pour desser,ir le march le plus
large a,ec la 0onction de relation la plus
tendue$
Les deux principaux groupes de ports se regardent
entre RO et 8> degrs de latitude sur la cFte
des tatsD*nis/ entre 8> et =8 degrs sur
celle d' Curope$
L' emporium moderne/ !u' il s' appelle NeX WorJ
ou Londres/ &oston ou Bambourg/ ressemble
au port d' autre0ois tel !ue le peignait Qoseph
%ernet/ comme un pa!uebot ressemble 2 une
balancelle$ Ces ,illes normes/ produit
caractristi!ue de notre si.cle/ sont les
organes crs par les besoins nou,eaux du
commerce$ L2 se centralisent les renseignements/
se 0orment les entrepFts/ se nouent les
relations$ Kuel!ue chose de colossal et de
dmesur s' associe 2 ces crations N tonnage
de na,ires/ dimensions des bassins/ agglomration
de chantiers et d' usines 1 l' industrie cherche
2 pro0iter des a,antages !u' o00re le transport
par mer des mati.res lourdes$ La supriorit
de l' outillage pr,alant sur la distance/
l' emporium moderne peut attirer des marchandises
!ui sembleraient destines 2 des ports plus
rapprochs de leur point d' origine$ Li aux
courants continentaux et aux ri,es
pR=P
maritimes/ le grand port peut a,oir la puissance
de les dtourner$
-on rFle le plus ,ident reste cependant la
conscration et l' exploitation des relations
tablies entre les lignes de la circulation
mondiale 2 tra,ers les continents et les
ocans$
ans l' histoire conomi!ue du dernier si.cle/
on rappellera tou9ours une coIncidence 0rappante/
celle de l' ou,erture/ 2 six mois d' inter,alle/
du premier transcontinental !ui ait tra,ers
l' ?mri!ue du nord et du canal de -ueG$
L' union central paci!ic (;> mai ;M<P)
0ut le signe a,antDcoureur d' une srie de
constructions !ui reli.rent l' ?tlanti!ueDnord
au Paci0i!ueDnord$ ouGe ans apr.s/ cin!
autres lignes tra,ersaient le continent
amricain 1 le FarDTest conduisait ,ers
l' Cxtr7meD)rient$ ' autres t7tes de lignes/
combinant leurs ser,ices de pa!uebots a,ec
leurs ,oies 0erres/ s' a9out.rent 2 -anDFrancisco/
a,ec l' a,antage d' une tra,erse plus courte N
-eattle et 'acoma dans le Puget -ound/
%ancou,er 2 l' extrmit de la bande de
<$ >>> Jilom.tres !ui recueille 2 Bali0ax le
,o3ageur ,enu de Li,erpool pour le mener en
= 9ours au bord du Paci0i!ue/ et ;> 9ours
apr.s au Qapon$ Le commerce ,a grandissant
entre l' ?mri!ue du nord et le Qapon et la
Chine 1 dans la Chine dboise/ les bois de
Colombie britanni!ue/ les grains du
6anitoba/ le ptrole de Cali0ornie sont
l' ob9et d' une demande$ La m7me ingalit de
population existe entre les deux bords du
Paci0i!ue !u' entre ceux de l' ?tlanti!ue$
'oute0ois/ a,ec ces peuples d' Cxtr7meD)rient/
il existe trop de di00rences originelles pour
!u' une adaptation des marchs soit aussi aise
!u' entre l' ?mri!ue et l' Curope$ L' ingniosit
commerciale des amricains du nord tra,aille
2 la raliser$ Clle s' tudie 2 accommoder
l' o00re 2 la demande/ 2 0latter m7me le chinois
et le 9aponais comme consommateurs/ tout en le
repoussant comme immigrant$
Par un autre chemin/ l' Cxtr7meD)rient s' est
rattach au commerce mondial$ Lors!u' en
no,embre ;M<P les premiers na,ires pass.rent
de la 6diterrane dans la mer (ouge/
ralisant une des plus anciennes ides
saintDsimoniennes/ des gographes aussi
comptents !u' )scar Peschel taient loin
d' apprcier 2 sa ,aleur la 0uture importance
commerciale de cette route$ Il ne semblait pas
!ue cette ,oie maritime se 0au0ilant de dtroits
entre les masses continentales/ 0ranchissant
2 Hibraltar/ 6alte/ -ueG/ ?den/ -ingapore
une srie de portes aises 2 0ermer/ p:t
disputer la suprmatie commerciale 2 la
grande ,oie maritime du Cap$
)n ne pou,ait encore se rendre compte des
changements !ue la rapidit et la ponctualit
des ser,ices maritimes/ l' accroissement du
tonnage/ l' ou,erture d' arri.reDpa3s de,aient
apporter dans les rapports
pR<>
des contres$ Ce !ui s' change le long de cette
,oie tortueuse !ui touche aux plus anciennes
contres ci,ilises/ !ui pousse ses
embranchements ,ers l' ?0ri!ue orientale et
l' ?ustralie/ ce sont des ob9ets manu0acturs
d' Curope contre des produits naturels de
l' ?sie$ Ces produits di00.rent de ceux !ue
recherchait le commerce ancien (pices/ or et
encens/ etc$)/ !ui s' accommodaient des retards
de longues tra,erses/ !ui pou,aient impunment
a00ronter de longues 9ournes de na,igation
sous les tropi!ues$ Ce sont des produits !ue
rclament instamment/ 2 dates 0ixes et en
!uantits considrables/ les besoins alimentaires
et industriels des multitudes d' Curope$ L' ?mri!ue/
sans doute/ 3 pour,oit/ mais il serait
imprudent/ pour assurer la satis0action de
besoins de premi.re ncessit/ de rester 2 la
merci d' un ou deux centres de production$
La rcolte de bl peut man!uer en ?mri!ue 1
celle du coton peut 7tre insu00isante 1 des
piGooties et des scheresses peu,ent oprer
des ra0les sur le stocJ d' animaux 2 laine
et 2 peaux !ue consomme l' Curope$ Ct d' ailleurs
les pa3s neu0s ne ,oientDils pas/ 2 leur tour/
augmenter leur population et se d,elopper
leurs industries/ diminuant d' autant leurs
disponibilits E
C' est sur ces conditions/ en partie impr,ues/
!ue sont 0onds les progr.s de la grande ,oie
maritime de l' ancien monde$ )n a ,u
successi,ement entrer en ligne de compte/
dans le tonnage d' en,iron ;= millions de tonnes
!ui sillonne le canal de -ueG/ le coton de
l' Inde occidentale/ les bls du Pend9ab/
les riG de l' Indochine/ le th de la Chine
du sud$ Ct 2 mesure !ue se prolongent ,ers le
nord les rseaux 0errs/ inter,iennent les 0.,es
olagineuses (so3a) de 6andchourie/ bientFt
peutD7tre le bl de la 6andchourie du nord/
les bois de -ibrie$
La part prpondrante de l' Inde dans le commerce
du canal de -ueG tient 2 l' a,ance !ue lui
donne son rseau de chemins de 0er/ commenc
d.s ;M=<$ C' est assurment un phnom.ne curieux
et au premier abord paradoxal !ue de ,oir une
contre aussi charge de population de,enir
nourrici.re d' autrui$ L' Inde dispose en
mo3enne d' en,iron R> millions d' hectolitres
de bl pour l' Curope 1 ses rcoltes de bl
et de coton sont attendues/ escomptes cha!ue
anne 1 cette exportation 0ournit 2 Vurratchi
et 2 &omba3 son principal lment$ Ct nanmoins
si les 0amines n' ont pas disparu/ leur 0r!uence
et leurs e00ets ont t en partie con9urs$
L' organisation des transports/ appu3e sur un
rseau considrable de chemins de 0er
(plus de =>$ >>> Jm$)/ a rgularis la
circulation intrieure en m7me temps !u' elle
rattachait l' arri.reDpa3s aux ports maritimes$
Ce !ue le machinisme/ supplant 2 la pnurie
de bras humains/ a pu accomplir en ?mri!ue/
l' a t/ dans cette ,ieille terre/ 2 la 0a,eur
des habitudes traditionnelles de ses populations
pR<;
rurales$ Il 3 a une ,ertu singuli.re d' lasticit
dans ces anciennes ci,ilisations 0ondes sur
ce !ui change le moins/ la 0condit du sol/
les 0orces rparati,es de la terre$ Kue l' Inde
sillonne de chemins de 0er/ et mise 2 R> 9ours
de l' Curope/ 0asse un commerce de plus de
= milliards de 0rancs/ dont les deux tiers
a,ec l' Curope 1 !ue l' g3pte ait ,u depuis
;MMR 2 ;MPO augmenter sa population de
<$ M;8$ >>> 2 P$ O+8$ >>> et 2 ;;$ RMO$ >>> en ;P>O
a,ec un commerce dpassant ;$ +>> millions/
de tels rsultats/ 9oints 2 ceux !ue nous
0ournissent d' ?lgrie et la 'unisie/ montrent
une 0acult de rno,ation !ui 9usti0ie les
e00orts et les espoirs dont ils sont
l' ob9et$
Il est ,rai !ue ces contres sont passes sous
des dominations europennes N la Chine/ !ui
entre 2 peine dans la priode d' expriences/
3 apporte une ci,ilisation autonome/ 2 peu
pr.s intacte/ a,ec une somme d' habitudes/
d' intr7ts/ de pr9ugs/ dont l' adaptation 2
un s3st.me de l' tranger ne peut s' accomplir
sans rsistance$ 'oute0ois/ la cause des
chemins de 0er l2 aussi est gagne 1 et l' on
peut attendre d' eux un contact plus intime
entre les deux plus considrables 0o3ers de
population du monde$
ix. -conclusion :
ainsi agit/ d9ouant ou dpassant les pr,isions/
une puissance gographi!ue dont rien ne
permettait de mesurer les e00ets$ e tous
ces s3st.mes de communication se 0orme un
rseau !u' on peut !uali0ier de mondial$ Il
embrasse/ en e00et/ sinon la totalit du globe/
du moins une tendue asseG grande pour !ue rien
2 peu pr.s n' chappe 2 son treinte$ -a
puissance est 0aite d' accumulation de ses
e00ets$ C' est le rsultat total de combinaisons
multiples/ accomplies dans des milieux
di00rents/ par le rail/ la na,igation
maritime ou intrieure N aux tatsD*nis/ la
na,igation des HrandsDLacs a,ec les chemins
de 0er !ui en recueillent et en prolongent
le tra0ic 1 en ?ngleterre/ un d,eloppement
extraordinaire de la marine marchande/ disposant
d' un 0ret !ue compl.te la houille 1 aux
Pa3sD&as et en ?llemagne/ une batellerie
0lu,iale de 0ort tonnage pntrant 9us!u' au
coeur du continent/ et des chemins de 0er
combinant leurs tra0ics a,ec le sudDest de
l' Curope 1 en ?0ri!ue/ l' utilisation des
grands 0leu,es/ Nil/ Niger/ Congo/ Uamb.Ge/
relis/ soit 2 la mer/ soit entre leurs bie0s
na,igables par des ,oies 0erres 1 en0in/
l' atta!ue de l' ?sie centrale/ tandis !ue/
par le canal de -ueG/ s' accomplissait la
9onction de deux domaines aupara,ant distincts
du commerce maritime$ Ce !u' il 0aut ,oir dans
la ,arit des obstacles ,aincus/ c' est le
dsir de raliser des adaptations telles !ue
tout ce
pR<R
!ui gr.,e le transport des denres soit rduit
au minimum/ !ue la circulation soit le moins
possible soumise 2 des transbordements et 2 des
0rais accessoires$
Cntre les chemins de 0er transcontinentaux
et la na,igation maritime/ il semble !u' il
s' tablisse un partage d' attributions/
peutD7tre aussi un partage gographi!ue$
La concentration des continents de l' hmisph.re
boral entre <> et +> degrs de latitude
donne lieu 2 une extension Gonale de ,oies
0erres tra,ersant d' un bord 2 l' autre
l' ?mri!ue du nord ou l' Curasie$ Le m7me
ruban d' acier s' allonge sur plus de =$ >>> Jm$
Cntre NeX WorJ et -anDFrancisco/ de <$ >>>
entre Bali0ax et %ancou,er/ de ;>$ >>> entre
le Ba,re et %ladi,ostoJ$ Cn cin! ou
six 9ours on tra,erse le continent amricain 1
en !uatorGe 9ours on peut 0ranchir au9ourd' hui
la distance de Paris 2 PJin$ 'out ce !ui
exige rapidit/ ,o3ageurs/ correspondance/
trou,e ainsi dans ces ,oies transcontinentales
un a,antage !ue les ,oies maritimes ne peu,ent
atteindre$
Les routes de l' ocan restent par excellence
celles de l' hmisph.re austral$ e l' ?mri!ue
du sud au cap de &onneDCsprance/ de l2 en
?ustralie et en Nou,elleDUlande/ la mer
est la ,oie ncessaire$ Pousss par les grands
0rais de l' ouest/ les grands ,oiliers
0ranchissent en R8 9ours/ sans ,oir terre/ la
distance entre le Cap et Tellington$ L' ocan
Paci0i!ue/ d92 tra,ers en diagonale entre
%ancou,er et ?ucJland/ l' est depuis peu de
Panama 2 -3dne3$ es points pres!ue
imperceptibles et ignors dans les ,astes
tendues ocani!ues (Imangare,a par exemple)
seront peutD7tre demain des tapes
mondiales$
Loin d' 7tre rellement en concurrence/ les ,oies
maritimes et continentales se pr7tent/ dans
l' ensemble/ un concours !ui dcuple la puissance
des e00ets !u' elles exercent sur la ,ie
conomi!ue$ Par l' e00et de cette pntration
intime des contres/ de ce contact uni,ersel
aux!uels bien peu chappent encore/ il 3 a
partout du 0ret 2 ramasser/ des transactions
2 raliser/ des besoins 2 satis0aire$ Ct c' est
ainsi !u' un 0erment nou,eau s' introduit et
tra,aille toutes les parties du globe$
pR<+
chapitre iv. ,a mer. $. -origine de la
navigation maritime :
l' homme/ par son corps/ ses organes/ son appareil
respiratoire/ est un 7tre terrien/ attach 2
la partie solide de la terre$ Ce serait peu
cependant !u' un domaine rduit au !uart de la
sur0ace du globe pour 9usti0ier le mot de
gographie humaine$ -i les terres seules o00rent
2 l' homme la possibilit d' imprimer sa trace/
d' enraciner ses oeu,res/ les mers ont t/
par une srie de con!u7tes o5 resplendit la
lumi.re du gnie humain/ ou,ertes 2 une
circulation sans limites$ epuis l' in,ention
de la ,oile 9us!u' 2 celle de la boussole et du
sextant/ depuis les premi.res obser,ations
astronomi!ues 9us!u' au calcul des tables de
dclinaisons/ on suit un enchaLnement de
dcou,ertes associes 2 la na,igation maritime$
L' instinct du chasseur/ l' exprience du
montagnard s' ac!ui.rent et se transmettent
indi,iduellement/ tandis !ue dans le domaine
des mers o5/ sur d' normes distances/ aucun
point de rep.re ne 0rappe les sens/ ce n' est !ue
par la science !ue l' homme est par,enu 2 trou,er
des routes diminuant la part du danger$
La 0amiliarit a,ec la mer n' a pourtant t
longtemps !ue le pri,il.ge de groupes restreints$
)n ne peut parler d' une attraction gnrale
!ue la mer ait exerce sur les populations
humaines 1 certaines cFtes seulement se sont
montres attracti,es N celles par exemple
o5/ cha!ue 9our/ le re0lux de la mare laissait
2 dcou,ert une pro,ende 0acile de 0aune
comestible ('erre e Feu)/ celles o5
l' homme trou,ait un abri contre les exhalaisons
malsaines des 0or7ts marcageuses comme dans
le nordDouest de l' Curope/ ou !u' une bordure
d' Lles prot.ge contre la houle du large
&skiorgard scandina,e)/ celles aussi !ue
le rapprochement de bancs sousDmarins rendait
propices 2 la p7che ('unisie orientale/ mer
du Nord)/ ou bien les parties resserres
0r!uentes 2 po!ues 0ixes par des lgions
de poissons migrateurs
pR<8
(6diterrane)$ 'outes ces causes/ et d' autres
sans doute/ ont puissamment contribu 2 mettre
!uel!ues 0ractions de l' humanit en contact
!uotidien a,ec cet lment !ui/ par luiDm7me/
est plutFt ob9et de crainte$ Car/ si certaines
populations ont t attires par la mer/
d' autres/ comme les perses/ s' en sont
s3stmati!uement cartes et ont traduit leur
a,ersion pour cet lment hostile dans leurs
cro3ances$
e toutes les attractions/ la plus puissante
pour l' humanit primiti,e a probablement t
celle exerce par la p7che$ ?ctuellement
encore/ la p7che maritime nourrit des millions
d' hommes/ depuis le Qapon 9us!u' 2 la Nor,.ge$
Les ressources nourrici.res de la mer ont
t l' amorce par la!uelle le terrien !u' est
l' homme a t attir ,ers cet lment tranger
au!uel il s' est habitu/ dont il est de,enu
l' hFte et pour ainsi dire le commensal$
*n autre point de ,ue s' est r,l d.s !ue le
commerce s' est d,elopp$ C' est l' a,antage
o00ert par les sur0aces illimites des mers pour
le transport lointain et 2 0rais rduits des
produits du sol ou de l' industrie$ -ans doute/
la richesse ne peut se d,elopper !ue sur terre/
c' est parce !u' il 3 a des &ab3lone et des
g3pte !u' il 3 a des Phnicie 1 mais c' est
la mer !ui apporte des mtaux d' Besprie et des
Cassitrides 9us!u' 2 ces lointaines socits
orientales$ -es prils n' taient rien 2 cFt
des obstacles !ue prsentaient les ,oies de
terre$ CellesDci ont eu beau ac!urir a,ec le
temps scurit et rgularit/ on ,oit encore
au9ourd' hui les bls de (ussie/ les houilles
anglaises/ les bois du nord/ 9us!u' aux ,ins
d' ?lgrie/ pr0rer les routes maritimes
2 cause de la modicit du 0ret$ *ne 0ois la
marchandise con0ie aux 0lancs du ,aisseau/
peu importe !uel!ues centaines de Jilom.tres de
plus ou de moins$
ii. -la navigation B voile :
l' emploi de la 0orce mcani!ue de l' air pour
,aincre la rsistance de l' eau/ c' estD2Ddire
la ,oile/ contenait le germe immense de tous
les progr.s 0uturs$ )n ne peut pas dire de cette
in,ention !u' elle ait eu un caract.re
d' uni,ersalit/ comme par exemple celle du 0eu N
bien des peuples/ !ui ,i,aient en contact a,ec
la mer/ ne l' ont point connue/ ou ne l' ont
connue !ue tard$ 6ais 2 ceux !ui/ indpendamment
d' ailleurs les uns des autres/ en ont
inaugur l' emploi/ elle a con0r une prcoce
supriorit$ Clle les a spcialiss$ Cn crant
un genre de ,ie capable de tendre tous leurs
e00orts/ elle a 0org des peuples$ Clle a
combin ensemble des lments probablement
tr.s di00rents de population/ cariens et
phniciens/ malais et mlansiens/ peutD7tre
celtes
pR<=
et germains/ de 0aon 2 leur imprimer par la
communaut des occupations/ des caract.res !ui
donnent l' illusion d' une race$
Kuelle !ue 0:t la mati.re 0ournie par le milieu
local/ !ue l' on us@t/ pour capter et utiliser
la 0orce du ,ent/ de nattes de palmiers ou de
bambous comme les malais/ de toile de lin comme
les phniciens et hell.nes/ de toile de coton
comme les caraIbes/ de cuir comme les ,n.tes
et les anciens celtes/ c' tait l' opposition
d' une 0orce naturelle 2 une autre 0orce naturelle/
une con!u7te sur la nature/ une conomie
de mainDd' oeu,re et d' e00ort musculaire$ Ces
peuples ac!uirent sur les autres la supriorit
!ue donne une plus grande indpendance des
entra,es terrestres$ )n sait !uel a,antage
procura sur les continents 2 certains peuples
la possession du che,al 1 sur mer aussi le
na,ire 2 ,oile 0ut un mo3en d' hgmonie/ car la
piraterie en pro0ita au moins autant !ue le
commerce$
Les priples et autres documents de l' anti!uit
classi!ue laissent entre,oir 2 !uel degr de
connaissance dtaille et minutieuse des
cFtes la na,igation par,int de bonne heure dans
la 6diterrane et les mers immdiatement
,oisines$ *ne riche nomenclature o5 n' est
omis aucun accident ni an0ractuosit du
littoral s' appli!ue 2 la cFte et l' anime d' une
,ie pittores!ue$ es dictons se rp.tent entre
marins sur les passages redouts$ es sanctuaires/
des lgendes a,ec noms de 0ondateurs de ,illes
0ont comme une broderie au littoral de la mer
intrieure$ La na,igation est imprgne de ces
sou,enirs$ 6inutieusement attenti,e 2 la cFte/
elle ne s' en carte !u' 2 regret et le moins
possible$ Il 0aut cependant se hasarder en
pleine mer pour atteindre l' Cspagne et
l' extrmit occidentale de la 6diterrane N
ce 0ut longtemps le secret des phniciens/
et des phocens apr.s eux/ in,enteurs de na,ires
plus longs et tenant mieux la mer$
Cependant/ considrant les 0aits dans leur
gnralit/ il n' apparaLt pas !u' il 3 ait une
sparation entre une priode de na,igation
cFti.re et une priode ultrieure de na,igation
au large$ 'out dpendit de la nature ph3si!ue
et du rgime des ,ents$ ans la 6diterrane
m7me/ les ,ents tsiens !ui sou00lent
rguli.rement/ de mai 2 octobre/ du nord au
sud/ unirent de bonne heure le monde hellni!ue
2 l' g3pte/ 0irent du bassin oriental un tout
!ue connaLt d92 Bom.re$ es rapports
s' tablirent m7me sur de plus grandes distances
entre l' ?rabie du sud et 6adagascar/ entre
l' ?0ri!ue orientale et la cFte de 6alabar$
L' attraction des ri,ages opposs s' exera
d' autant mieux !ue l' in!uitude du retour
n' existait pas 1 il tait garanti par
l' alternance des
pR<<
moussons$ Cntre la cFte de la Chine au sud de
Formose et la cFte d' ?nnam/ l' alternance de
la mousson hi,ernale du nord et de la mousson
esti,ale du sud a cr des rapports N le nom
de mer de Chine les exprime$ La ,iolence
sou,ent dangereuse de ces ,ents cesse au del2
de la digue insulaire 0orme par les
Philippines/ Palaouan et &orno N ce 0ut
un autre domaine !ue dsigna le nom de mer de
Cl.bes et de Qolo$ 6ais 2 des domaines
rgis par des ,ents connus/ et o5 l' on tait
s:r de pou,oir re,enir/ succdaient des
espaces !ue des dangers/ grossis ,olontiers
par l' imagination/ semblaient interdire N tel
tait/ au sud de la rgion 0r!uente par la
na,igation arabe/ le courant redout de
6oGambi!ue !ui portait ,ers le sud a,ec
,iolence$
*n monde nou,eau commenait l2$ Les documents
anciens montrent !ue la na,igation/ s' a,anant
de Carthage ou de Had.s le long de la cFte
d' ?0ri!ue 2 la 0a,eur des aliGs du nordDest/
ne dpassait pas -ierra Leone$ L2 s' arr7tait
l' ocan ?tlanti!ue des pa3s de l' ?tlas/
au del2 rgnaient d' autres ,ents/ ,ents
irrguliers !ue rencontrent les na,ires 2 ,oiles
sur les cFtes de Huine 1 les 0r!uentes
tornades 3 rendent encore au9ourd' hui la
na,igation di00icile N il 0aut 8= 9ours 2 un
,oilier pour se rendre 2 Lagos/ tandis !u' il
n' en met !ue 8R pour atteindre (ioDeDQaneiro$
Cette sparation resta la limite du monde
connu des anciens$
Il est 2 remar!uer !ue le domaine des na,igations
nor,giennes !ui/ entre le ,iiie et le xie
si.cle/ embrassa l' immense espace maritime
compris entre les Bbrides et l' Islande
9us!u' au Hroenland et m7me au Labrador/
n' empita pas au sud sur la Gone dangereuse
du Hul0D-tream$ Ces na,igateurs si hardis
semblent s' 7tre astreints 2 sui,re des routes
asseG septentrionales pour ,iter la lisi.re
du courant !ui/ par 8> degrs de latitude
en,iron/ charrie des bourras!ues et !ui/ dans
les mois d' hi,er/ est la Gone la plus
temptueuse !u' il 3 ait sur le globe$ )n
estime 2 8R 9ours la dure mo3enne d' un tra9et
direct 2 ,oile d' Curope en ?mri!ue/ et/
encore au9ourd' hui/ les na,ires partis de
-candina,ie continuent 2 tenir le plus possible
au nord 9us!u' 2 'erreDNeu,e$ L' ide d' une mer
septentrionale comprenant l' espace entre le
Hroenland/ l' Islande/ la -candina,ie et
l' cosse/ s' exprime maintes 0ois au x,ie si.cle
dans les re,endications danoDnor,giennes$
pR<O
iii. -domaines de navigation :
ainsi/ par la 0amiliarit croissante a,ec la mer/
s' es!uissaient des limites naturelles/ en m7me
temps !ue se dessinaient des domaines$ )n ,it
des pro,inces se tailler dans un empire dont on
ne connaissait pas encore l' tendue$ Ces domaines
ne sont pas tou9ours d0inis/ schmatiss/
sui,ant l' expression de -trabon/ par la
con0iguration des cFtes 1 leurs limites sont
plutFt celles !ue trace le rgime des ,ents
et des courants$ C' est la na,igation !ui 0ournit
le principe des dlimitations 1 les
instructions nautiques en sont le
commentaire$
L' autonomie de ces domaines maritimes a t en
partie consacre par des noms$ Ils sont imprgns
d' une terminologie spciale$ Nous a,ons parl
de celle de la 6diterrane N la nomenclature
est arabe ou hindoue dans l' ocan indien/
essentiellement scandina,e dans les mers du nord
de l' Curope$ Cette derni.re surtout apparaLt
comme le produit d' une obser,ation exerce 2
discerner toutes les di,ersits de 0ormes
dans les accidents du littoral N le !iord
dsigne une chancrure troite et longue 1 le
vik reprsente une anse arrondie$ 'andis
!ue les mots ner et skaji s' appli!uent
2 des promontoires le,s/ peutD7tre plus
allongs d' apr.s le second 1 err est une
lande plate et sablonneuse$ Pour les baies de
dimensions petites/ on emploie les dsinences
vaag, voC, kil, etc$ 1 pour les Lles/
e ou o * une chaLne d' cueils 0orme
un skiorgard. telle est la signature
indlbile !ue les nor,giens ont appose aux
mers par eux parcourues$
Les noms subsistent/ tandis !ue disparaissent
peu 2 peu les ,arits spciales de na,ires
!ui s' 3 taient adapts$ Le dho- arabe/
la grande 9on!ue chinoise !ui portait/ au temps
de 6arco Polo et d' )deric e Pordenone/
9us!u' 2 O>> hommes/ la pirogue 2 plate0orme/
les doubles pirogues 2 balancier des pol3nsiens/
!ui excit.rent l' admiration des CooJ et des
umont ' *r,ille/ ont re9oint ou re9oindront
bientFt dans les chantillons de nos muses
de marine la kogge de la Banse ou le
dragon des ,iJings$ Cependant ces spcimens
archaI!ues ont eu leur extension/ leur part de
dcou,ertes$ e grands espaces maritimes ont t
parcourus par eux$
Il ad,int naturellement !ue/ dans certains
domaines/ la na,igation aiguillonne par la
concurrence 0it preu,e d' esprit plus progressi0$
Ce 0ut particuli.rement l' a,antage des marines
mditerranennes N la substitution de la
grande ,oile latine triangulaire 2 l' ancienne
,oile
pR<M
!uadrangulaire ralisa un notable progr.s$ Ce
0ut un progr.s non moins dcisi0 !uand les
gnois l' eurent remplace 2 leur tour par
une ,oilure plus mobile et plus maniable/
gr@ce 2 la!uelle ils purent s' a,enturer en
plein ocan/ comme les portulans nous les
montrent inscri,ant le nom de saint Heorges/
d.s le xi,e si.cle/ sur l' archipel des
?ores$
Cha!ue domaine de na,igation eut donc ainsi son
,olution distincte/ ses d,eloppements
indpendants/ son outillage et son personnel$
Le grand progr.s consista 2 0ranchir ces limites/
2 souder entre eux ces domaines$ Lors!ue/ par
le ,o3age !ui couronna une srie mthodi!ue
d' e00orts/ %asco e Hama par,int 2 6linde
sur la cFte orientale d' ?0ri!ue/ il trou,a des
pilotes !ui connaissaient la route de Calicut
et des Indes 1 et les Indes ellesDm7mes
taient le ,estibule d' un autre domaine
0r!uent/ celui des mers sinoDmalaises$ L' essor
des dcou,ertes maritimes au x,ie si.cle ne
s' expli!uerait gu.re sans ces prliminaires N
ce 0ut un trait de lumi.re subit/ !uand l' union
se 0it entre ces domaines di00rents/ !uand
l' aliG du nordDest/ d92 prati!u 9us!u' aux
Canaries/ eut port Colomb 9us!u' 2 la mer
des CaraIbes/ et !uand/ d' autre part/ eut t
,aincu l' obstacle du cap des 'emp7tes$ 6ais
on peut aussi se rendre compte des pro0ondes
ingalits !ue l' isolement engendre entre les
modes de ci,ilisation/ !uels !u' ils soient/
s' ils se d,eloppent indpendamment les uns
des autres$
L' esprit d' in,ention n' a,ait certes pas 0ait
d0aut dans ces tentati,es nauti!ues
exprimentes sur plusieurs points di00rents
du globe$ 6ais il s' tait arr7t ici plutFt
!u' ailleurs 1 de sorte !ue/ plus progressi,e/
la na,igation europenne a,ait ac!uis une telle
supriorit !u' elle ne rencontra/ dans l' ocan
Indien et ailleurs/ !ue des ri,ages dont elle
eut aisment raison$
Ce ne 0ut donc !ue peu 2 peu !ue la 0igure de la
mer apparut dans sa plnitude$ 6ais/ d.s le
x,ie si.cle/ l' unit du monde des mers 0ormant
un s3st.me se substitue/ dans l' esprit des
hommes/ 2 la conception 0ragmentaire !ui 0aisait
de cha!ue domaine de na,igation un monde 2
part/ au del2 du!uel on ne se hasardait gu.re$
La mer de,int le trait d' union par excellence$
Clle seule tait capable d' tablir des
communications rguli.res et permanentes entre
les di00rentes oecoum"nes distribues 2 la
sur0ace des terres$ Il 0aut se rappeler
combien 0ut tenace la di,ision en grecs et
barbares/ 9ui0s et gentils/ chinois et autres
hommes/ pour mesurer le changement de perspecti,e$
L' humanit put s' obser,er maintenant elleDm7me/
dans les traits gnraux !ui lui sont communs/
et dans les di00rences pro0ondes !ue cre un
long ata,isme$ Ce ne 0ut pas la philanthropie
pR<P
!ui prit le dessus dans cette rencontre 1 et
cependant !ue de contrastes s' o00rent 2 la
r0lexion dans cette extraordinaire histoire$
'out ce !ui/ en bien et en mal/ caractrise
la nature humaine se 0it 9our au contact
entre ces socits di00rentes/ ingales/
spares par des ,olutions sculaires$ Le
prosl3tisme religieux prit 2 t@che de ramener
2 une 0oi commune les in0id.les in,olontaires
et dplo3a par0ois pour cela un hroIsme
admirable/ tandis !ue d' autre part les plus
impito3ables procds d' extermination
s,issaient$
e plus en plus sduite 2 la ,ue de domaines
admirablement disposs pour de,enir des patries
en,iables/ des terres ,ierges o5 se ra9eunirait
le tronc transplant de nos ,ieilles races/
l' Curope commena 2 se rpandre au dehors/
sur les ?mri!ues/ puis sur l' ?ustralie et sur
l' ?0ri!ue du sud 1 des peuples nou,eaux se
multipli.rent et cet exode tou9ours croissant
eut d' incalculables cons!uences$ Cn re,anche/
la traite dpeupla en partie l' ?0ri!ue noire
pour pr7ter aux plantations du nou,eau monde les
bras !ui man!uaient$ Cn partie aussi
disparurent les peuples !ui a,aient 0ond
autour des grands lacs/ le long des 6ontagnes
(ocheuses ou sur les plateaux intertropicaux
d' ?mri!ue/ des con0drations/ des empires/
des embr3ons d' tats$ Qamais en somme
branlement plus gnral n' a,ait retenti
dans les rapports des hommes$ L' ,olution !ui
commena alors n' a pas dit son dernier mot 1
c' est elle !ue nous ,o3ons se poursui,re
et s' ampli0ier au9ourd' hui/ a,ec la 0orce
d' tendue !ue lui pr7tent les mo3ens modernes
de circulation$
iv. -l' ide d' hgmonie par l' ocan :
a,ec la 0usion des domaines maritimes en un
ensemble illimit de mers et d' ocans/ de
nou,elles perspecti,es politi!ues apparaissaient
d.s l' aurore des temps modernes$ Les r7,es
d' hgmonie mondiale/ dont la ralisation
s' tait tou9ours heurte 2 l' exiguIt des
continents et aux limites imposes par leurs
con0igurations gographi!ues/ ne semblent plus
une chim.re$ L' empire des mers paraLt ,raiment
pou,oir 7tre con!uis par un peuple$ *n
contemporain de CromXell/ -ir Qames
Barrington/ a,ait trou, le mot !ui con,enait
2 la chose N oceana.
on a,ait d92 ,u des thalassocraties s' di0ier
et disparaLtre$ Clles a,aient gnralement
pour point d' appui des cFtes se 0aisant 0ace/
des chapelets d' Lles 0ormant archipels$ Les
empires phniciens/
pRO>
athniens/ carthaginois de l' anti!uit/ celui
de %enise au mo3en @ge/ celui de l' Iman de
6ascate dans la premi.re moiti du xixe si.cle
reprsentent ce t3pe archaI!ue de domination
maritime$ Ces cha0audages pro,isoires man!uaient
de bases$
L' ide !u' une domination !uelcon!ue put s' tablir
au large/ sur les libres espaces ocani!ues/
ne s' tait pas prsente au droit romain/
ou plutFt il l' a,ait par a,ance exclue N
4 la mer/ disaitDil/ est une chose commune
comme l' air et l' eau de pluie 4 $ Il n' en 0ut plus
de m7me !uand/ en ;8P8/ les espagnols et les
portugais s' accord.rent dans la prtention
de se partager la domination des mers d' apr.s
un mridien$
2 mesure !ue/ sortant des 6diterranes/ des
mers bordi.res ou continentales !ui 0oisonnent
dans l' hmisph.re nord/ on a,ait 0ranchi les
grands Finisterres par les!uels se terminent
les continents/ doubl le cap de
&onneDCsprance/ le cap Born/ sillonn les
mers australes/ et !u' on s' tait lanc 2 tra,ers
les tendues du Paci0i!ue/ on a,ait constat
l' a00aiblissement/ puis la disparition des
perturbations exerces par les terres sur les
mers$ Non seulement on a,ait ,u s' ou,rir des
routes sans 0in 1 mais les contrastes saisonnaux/
encore si mar!us dans les latitudes mo3ennes
de l' ?tlanti!ue nord/ s' taient amortis$ Le
monde des mers se montrait empreint d' une
teinte super0icielle d' uni0ormit !u' on ne
souponnait pas$ 'out particularisme
s' attnuait$ 'out ce !ui dans les mers
dpendantes des continents ncessitait un
outillage particulier/ des habitudes de nauti!ue
spciale/ s' e00aait dans l' galit remar!uable
de conditions ph3si!ues$
ans l' mulation !ui s' alluma de s' approprier
les contres riches de trsors rels et
imaginaires/ et de s' en 0aire un gage
incomparable de puissance/ ces conditions
o00raient 2 ceux !ui sortiraient ,ictorieux
de la lice/ des possibilits d' expansion
aupara,ant inconnues$
es ambitions nou,elles se 0irent 9our$ L' ide
d' hgmonie/ 0erment tou9ours acti0 dans les
crations de la gomtrie politi!ue/ s' ampli0ia
2 la taille des ocans$ Les dominations/
puissantes par l' tendue/ !ue l' histoire a,ait
connues sur les continents/ a,aient d:
pniblement lutter contre les di00icults de
communications/ la ,arit d' obstacles ph3si!ues/
les di,ersits d' adaptation rendues ncessaires
par des contrastes de climat$ Clles n' a,aient
russi !u' a,ec peine 2 les surmonter et s' taient
puises dans cet e00ort$ Leur puissance
d' expansion a,ait trou, sa pierre
d' achoppement dans les di00rences ph3si!ues
!ue multiplient les combinaisons du relie0/
du climat/ de la ,gtation/ et !ui/ en
s' accumulant/ 0inissent par constituer le plus
gra,e
pRO;
obstacle$ L' empire circummditerranen de (ome/
malgr le puissant rseau des ,oies !u' il a,ait
cres/ a,ait chou d' un cFt contre les
dserts/ de l' autre contre les 0or7ts et les
marcages$ Celui des arabes n' a,ait pu prendre
pied dans les plaines agricoles du continent
europen$ L' immense empire des steppes 0ond
par HengisDVhan a,ait trou, sa limite dans
les 0or7ts du nord de l' ?sie et du centre de
l' Curope$$$
pendant une longue priode/ les dominations se
pourchass.rent pied 2 pied/ car il semblait
!u' il n' 3 e:t le long des mers !u' un nombre
limit de places 2 prendre N les Lles des
pices/ les contres 2 plantations/ 2 mtaux
prcieux$ Les hollandais/ du cap de
&onneDCsprance aux Lles de la -onde/ se
taill.rent un empire aux dpens du Portugal/
tandis !ue/ par les ?ntilles et la Hu3ane/
ils amoraient une domination des Indes
occidentales 1 et c' est a,ec l' appoint des
dpouilles de la Bollande et de la France
!ue la HrandeD&retagne di0ia 2 son tour sa
thalassocratie. 2 l' empire britanni!ue
tait rser, de raliser le premier t3pe de
puissance mondiale$ Hibraltar/ 6alte/ ?den/
-ingapoor/ lui li,rent les cls des
compartiments maritimes !ui se succ.dent le
long des masses continentales$ Il embrasse/
dans une immense en,ergure/ l' Inde/ l' ?0ri!ue
orientale et l' ?ustralie autour de l' ocan
Indien 1 l' ?ustralie/ la Nou,elleDUlande
et le Canada/ d' un bord 2 l' autre du
Paci0i!ue$ -illonne par une marine marchande
gale 2 toutes les autres runies/ la mer est
le ruban !ui relie ses possessions$ Il a 0allu
2 la (ussie le grand e00ort du transsibrien
pour tablir/ entre ses territoires/ une
communication !ui reste malgr tout bien plus
impar0aite$ Ku' il se soit 0orm 2 Londres
un entrepFt uni,ersel o5/ longtemps/ dut
s' appro,isionner l' industrie des autres nations/
c' est une leon !ui montre pour la premi.re 0ois
!uelle puissance de transport la mer pou,ait
mettre 2 la disposition de l' homme$
v. -ractions continentales :
le commerce maritime n' a,ait d' abord !u' e00leur
les cFtes$ 6ais au del2 du ri,age o5 s' taient
le,s des comptoirs/ o5 s' taient 0onds des
ports/ l' intrieur a t sollicit de s' ou,rir$
Il existe des ,oies naturelles aboutissant 2
la mer/ 0acilitant la pntration des
continents N ce sont les estuaires 0lu,iaux
par les!uels la na,igation peut s' a,ancer
2 plus de cent Jilom.tres/ ou les 0leu,es
asseG puissants pour 7tre 9us!ue dans l' intrieur
le prolongement de la mer$ 2 d0aut de ,oies
na,igables/ il 3 a des points de moindre
rsistance par les!uels la circulation pntrait
d92 ,ers l' intrieur$
pROR
La terre et la mer apprirent ainsi 2 se pntrer$
Cntre ces deux mondes !ui se touchent/ le
contact se changea en rapprochement plus
intime$ Par les cFtes/ une nou,elle ,ie
s' insinue/ !ui anime et soul.,e les continents/
car elle agrandit l' aire sur la!uelle peut agir
la puissance de transport conomi!ue !ui est
le grand a,antage des ,oies maritimes/ et elle
0ournit 2 la na,igation/ a,ec une abondance
croissante/ le 0ret dont elle a besoin$ ?utre0ois
il n' 3 a,ait !ue les ports !ui participassent
aux larges perspecti,es d' outreDmer$ 6arseille/
?msterdam/ Bambourg ,i,aient en !uel!ue
sorte de leur ,ie propre$ ?u9ourd' hui c' est
de l' intrieur !ue partent les ordres/ !ue sont
expdies les masses de produits/ mati.res
premi.res ou ob9ets d' alimentation/ dont la
mer est la grande dispensatrice 1 et/ parmi
les ports !ui s' en disputent le 0ret/ la
slection s' tablit/ moins d' apr.s les
a,antages nauti!ues !ui leur sont propres/ !ue
d' apr.s les 0acilits respecti,es de leurs
relations a,ec l' intrieur$ )n peut donc dire
!ue/ par une r,olution longuement prpare
mais de,enue surtout mani0este de nos 9ours/
les rapports entre les terres et les mers ont
t modi0is$ Certains a,antages aux!uels
9adis la gographie attachait un grand prix/
tels !ue les dcoupures multiples/ les
articulations de dtail du littoral/ ont pass
au second plan/ tandis !ue les considrations
de position prenaient le dessus$ 6ais en
somme l' in0luence de la mer s' est gnralise 1
elle a largement empit sur les continents$
C' est/ sur de plus amples espaces/ par de plus
grandes masses/ entre continents et ocans/
!ue l' change des marchandises et des hommes
s' op.re dsormais$
Ces changes !ue la gographie ph3si!ue constate
entre les climats/ la gographie humaine les
ralise entre les produits$ Cet tat nou,eau
!ui est le rsultat du progr.s des communications/
de l' industrie/ de l' ,eil de l' acti,it/ a
son retentissement 2 son tour/ comme il est
naturel/ dans la carte politi!ue$ 'ant de
nou,elles 0orces sont entres en 9eu/ !ue
l' tablissement d' une hgmonie uni!ue a cess
de rpondre aux possibilits et peutD7tre aux
conceptions les plus ambitieuses$ ' autres
empires coloniaux se sont 0onds ou se prparent
aux cFts de celui !ui reste le plus grand de
tous$
ans ces 0ormations politi!ues 2 grande
en,ergure/ les positions maritimes/ telles !ue
les Lles/ les caps/ etc$/ ont leur rFle mar!u/
comme le prou,e le rFle !ue 9oue aJar dans
nos possessions/ et celui !ui semble assur 2
'ahiti et 6angare,a apr.s le percement de
Panama/ ou l' importance des BaXaI pour les
tatsD*nis/ sur la route du Paci0i!ue$ Ce
sont des 9alons/ des tapes/ des lieux
d' atterrissement de c@bles/ des dpFts de
charbon ou de ,i,res/ points de rel@che/ ne
,i,ant !ue d' une ,ie d' emprunt$ La ,ie ,ient
de l' intrieur des
pRO+
continents$ Partout se 0ait sentir/ plus pressante/
la raction de l' intrieur sur les cFtes$ C' est
un s3mbole signi0icati0$ La Gone priphri!ue
s' tend 1 l' aurole maritime gagne
l' arri.reDpa3s$ La combinaison de l' Budson/
des HrandsDLacs a,ec les prairies/ a dcid
l' a,enir des tatsD*nis$ elhi ,ient de
remplacer Calcutta comme capitale des Indes 1
ce !ui a,ait dbut comme comptoir est de,enu
un empire/ les ,alles du Hange et de l' Indus
ont ciment le lien entre la cFte et un intrieur
!ui ,a s' largissant$ C' est ainsi !ue/ par le
0leu,e (ouge/ l' attraction du 'onJin commence
2 se 0aire sentir 9us!u' au Wunnan et gagne le
-GD'chouan$ La Chine/ le Qapon/ sont
entraLns dans l' orbite des relations ocani!ues$
-ur les bords de l' ?tlanti!ue/ la grande masse
de l' ?0ri!ue occidentale/ de l' embouchure du
-ngal 2 celle du Niger/ penche de plus en
plus ,ers la mer/ 2 mesure !ue les ,oies de
pntration con,ergentes soutirent le tra0ic de
l' intrieur$ *n Congo a pris place parmi les
tats$ *ne ?maGonie commence 2 se dessiner$
Ce mou,ement a pour rsultat naturel d' accumuler/
de concentrer la ,ie aux points de 9onction$
)n pourrait !uali0ier d' h3pertrophie/ si elle
tait durable/ la disproportion !ui existe entre
la population de certains grands entrepFts
maritimes et des contres aux!uelles ils
appartiennent$ -3dne3 compte plus de la
moiti de la population de la Nou,elleDHalles
du sud 1 6elbourne pr.s de la moiti de celle
de %ictoria 1 &uenos ?3res ren0erme 2 elle
seule pr.s du cin!ui.me de l' immense rpubli!ue
?rgentine A
Il 3 a une connexion entre tous ces 0aits$ La
Gone de contact entre les deux sur0aces ingales
!ui se partagent le globe/ s' est largie dans
les deux sens 1 de plus grands espaces terrestres
sont en rapport a,ec de plus grands espaces
maritimes$ Le mou,ement et la ,ie se sont
acclrs en cons!uence$ *ne attraction plus
0orte/ capable d' enle,er plus d' hommes 2 la
gl.be 2 la!uelle ils taient attachs/ capable
d' atteindre 2 de plus grandes distances des
moissons enti.res/ de mettre en mou,ement des
masses plus considrables de produits/ op.re
entre les di00rentes contres de la terre un
brassage !ui e:t aupara,ant t impossible$
Cela est l' oeu,re accomplie de nos 9ours par la
na,igation maritime 1 nous laissons au lecteur
le soin d' en tirer les cons!uences sociales et
conomi!ues$ Clles ne sont pas 2 ddaigner 1 et
cependant/ 2 la r0lexion/ toute l' oeu,re
humaine paraLt impar0aite/ e00leurant 2 peine
la sur0ace des choses$
Kuand on consid.re le peu d' espace !ue cou,rent
les routes sui,ies par nos na,ires par rapport
2 l' immensit des ocans/ !uand surtout on songe
2 ce !ue nos instruments nous laissent
souponner de la ph3siologie
pRO8
et de la morphologie de ce corps immense/ de ses
abLmes/ des mou,ements de 0onds !ui s' 3
produisent/ des changes !ui s' 3 op.rent/
de la ,ie !ui/ sur toute l' tendue de cette
masse/ se droule sous des 0ormes et des
apparences insouponnes/ lgions mou,antes/
planJton 0lottant/ 7tres rampant dans les
abLmes/ Don reste con0ondu du peu !ue
reprsente en ralit cet e00ort humain/ si
notables !u' en soient les rsultats gographi!ues$
L' on aperoit a,ec une sorte de stupeur
combien d' acti,its et d' nergies nous
chappent dans l' ensemble de ce monde o5 notre
petitesse s' imagine 9ouer un si grand rFle$
C' est surtout par l' intermdiaire des 7tres
,i,ants !ue l' acti,it de l' homme trou,e partout
mo3en de s' exercer$ )r 2 !uoi se trou,eDtDon
par,enu E Nous a,ons pu exterminer !uel!ues
esp.ces d' amphibies !ui 0r!uentaient les
con0ins septentrionaux du Paci0i!ue/ pourchasser
les baleines des parages !u' elles 0r!uentaient/
mais 2 ces destructions se borne notre atteinte/
et nous ne sa,ons m7me pas 2 !uelles lois
obissent les migrations de poissons !ui 0ont
l' ob9et ordinaire de nos p7cheries$ Nous ne
connaissons pas leur biologie$ Pres!ue tout
nous chappe auDdessous de la mince cou,erture
o5 notre prsence laisse un 0ugiti0 sillon$
Pres!ue tout/ m7me dans ce !ui touche les
occupations et les industries les plus anciennes
de la mer/ de,ient aussitFt m3st.re en dehors
de ce !ue peroit la ,ue$ Nous n' a,ons !u' une
seule arme pour pntrer dans ce monde 0erm N
c' est l' esprit/ arm de science/ capable
d' in,ention/ stimul au9ourd' hui par la
conscience plus nette de tout ce !ui se rec.le
d' nergies autour de nous$ ans le monde des
mers/ comme dans celui de l' air/ les con!u7tes
de l' esprit et les applications prati!ues
aux!uelles elles ont donn lieu sont les plus
hauts signes de la grandeur de l' homme$
C' est par elles !u' il de,ient ,raiment cito3en
du monde$ Ct les changements oprs par la
science sont les plus rapides N l' utopie
d' hier est la ralit de demain$
F(?H6CN'-
pROO
i. (ormation de races :
de ce !ue les traces primiti,es de l' homme se
rencontrent dans pres!ue toutes les parties de
la terre/ nous de,ons conclure 2 son ubi!uit
mais non 2 son uni,ersalit$ Le peuplement ne
pou,ait !u' 7tre intermittent/ puis!u' il tait
nomadi!ue 1 et il 0aut aussi se le reprsenter
comme sporadi!ue/ c' estD2Ddire a,ec des lacunes/
des inter,alles habituellement ,ides$ Les
rgions arcti!ues ou les marches 0ronti.res
du dsert nous o00rent une image 0id.le de cet
tat$ ans ces rgions de chasse et de p7che/
c' est par petites auroles parses !ue se
mani0este la prsence de l' homme$ Il 3 a des
terrains de chasse plus 0a,orables sui,ant
les saisons 1 il 3 a des sites pri,ilgis de
p7cherie N ce sont ces lieux !ue l' homme apprit
sans doute bientFt 2 connaLtre/ !u' il prit
l' habitude de 0r!uenter plus assid:ment/ o5
il commena peutD7tre 2 impro,iser !uel!ues
grossiers abris/ 2 tracer !uel!ues signes de
reconnaissance ou de ralliement/ premi.res
bauches des tablissements !ue ses
arri.reDdescendants de,aient 3 implanter
dans la suite$ PeutD7tre pritDil l' habitude de
signaler par !uel!ues points de rep.re les
directions les plus commodes pour s' 3 rendre
au moment ,oulu$ 6ais/ entre ces linaments
rudimentaires de rendeGD,ous priodi!ues/ ces
sillages 2 peine plus durables !ue celui d' un
na,ire/ il 0aut se reprsenter de grands
espaces habituellement ,ides/ de larges Gones
d' isolement$
L' isolement est la condition ncessaire de ce
!ue nous appelons des races$ -' il ne cre pas
la di00renciation/ on peut a00irmer du moins
!u' il contribue 2 la maintenir$ C' est seulement
a,ec son concours !ue des caract.res ph3si!ues
spcialiss ont pu se constituer/ se transmettre
et durer 2 tra,ers les mlanges ultrieurs$
)r l' humanit primiti,e/ autant !ue nous pou,ons
l' entre,oir/ apparaLt sous 0orme de races
distinctes pour,ues de caract.res permanents
et durables/ homog.nes sur de grandes tendues$
pROM
Nous entendons par races des di,isions 0ondes
sur des caract.res somati!ues/ a00ectant soit
la morphologie/ soit la ph3siologie du corps
humain$ ?u9ourd' hui les races ph3si!ues se
mani0estent rarement dans leur intgrit 1
gographi!uement/ on ne saisit plus gu.re !ue
des groupes pro0ondment mlangs$ Il est
certain cependant !ue la couleur de la peau/
l' indice cphali!ue/ l' indice nasal/
orbitoDnasal/ la 0orme des che,eux/ la taille/
0ournissent des tmoignages persistants
de caract.res ph3si!ues !ui se sont di00rencis/
0ixs et transmis d' @ge en @ge/ persistant 2
l' tat plus ou moins pur 2 tra,ers tous les
mlanges$ ?ucune exprience n' autorise 2 penser
!ue le n.gre/ le 9aune/ le blanc puissent/
m7me 2 la longue/ perdre/ en ,i,ant dans un
autre milieu !ue leur habitat d' origine/ leurs
caract.res t3pi!ues$
La 0ormation de ces races doit 7tre considre
comme remontant aux priodes les plus recules
de l' histoire de l' humanit et a d: 7tre
dtermine par des conditions dont nous pou,ons
di00icilement nous 0aire ide$ Le peuplement
humain n' a pas procd 2 la 0aon d' une nappe
d' huile en,ahissant rguli.rement le domaine
terrestre$ -' il est parti d' un centre/ d' ailleurs
impossible 2 dterminer actuellement/ il n' a
pas ra3onn galement ,ers la priphrie$
ans l' impossibilit o5 nous sommes de retracer
les phases de cette ,olution/ nous ne pou,ons
!ue constater une chose/ c' est !ue/ actuellement/
la population humaine est distribue par
groupes N entre un petit nombre de 0o3ers
d' accumulation/ il 3 a des ,ides ou du moins
des contres beaucoup moins peuples$ Les
causes !ui ont prsid 2 la 0ormation de ces
groupes ont 0a,oris la cration d' indi,idualits$
Kuel!uesDunes sont demeures 0aibles/ d' autres
ont grandi au point d' embrasser de grandes
collecti,its$ Il est impossible de conce,oir/
sans l' action mille 0ois sculaire de causes
sparatrices/ les di,isions !ue prsente encore
l' humanit actuelle$
Les conditions naturelles !ui ont suspendu ou
g7n l' expansion des groupes humains subsistent
encore et agissent dans une certaine mesure N
les mers d' abord 1 sur la sur0ace des terres N
les marais/ les 0or7ts/ les montagnes$ Cn outre/
il 3 a des contres mieux doues !ue d' autres
pour 0ournir aux besoins de l' homme une
satis0action aise et abondante 1 la distribution
des plantes et des animaux utiles a d: exercer
une in0luence dcisi,e sur la 0ormation des
groupes humains$
'outes ces conditions ont certainement ,ari
depuis le moment o5 se sont 0ormes les races
actuelles$ Comment expli!uer autrement les
contradictions et les obscurits de leur
rpartition gographi!ue E
L' une de celles !ui/ au sud de l' ?sie a t
l' ob9et d' obser,ations/ est celle des ngritos$
Nettement di00rents par leurs caract.res
pROP
anthropologi!ues/ par leur petite taille/ leurs
che,eux cr7pus/ leur indice cphali!ue
brach3cphale/ des races !ui les entourent/ ils
ont t reconnus par groupes sporadi!ues/
spars par de grandes distances ocani!ues/
dans les Philippines/ la pninsule malaise/ les
?ndaman/ sans !u' on soit encore en tat de
dterminer leurs limites 2 l' ouest et au nord$
(ien dans cette race n' est propre 2 0aire
souponner !uel!ue trace des aptitudes nauti!ues
ncessaires pour expli!uer cette rpartition$
Kuelle combinaison d' ,nements serait capable
d' expli!uer l' existence insulaire dans un ra3on
de plus de +$ +>> Jilom.tres de groupes passi0s
trangers 2 toute ,ie maritime 1 ne connaissant
d' autre outillage !ue l' arc de 0orme particuli.re
dont ils se ser,ent pour la chasse E
Les recherches comparati,es accomplies sur les
races du sudDouest de l' Curope et du nord de
l' ?0ri!ue semblent tmoigner aussi en 0a,eur
de changements des conditions gographi!ues$
e bons obser,ateurs distinguent parmi les
berb.res un certain nombre de t3pes reprsentant
des races di00rentes/ et/ parmi eux/ il s' en
trou,e/ tel !ue le t3pe brun dolichocphale
leptorrhinien/ !ui ressemblent aux italiens du
sud/ aux siciliens et aux corses 1 d' autres
(brach3cphales) !ui rappellent de pr.s certains
habitants de notre 6assi0 Central$ C' est
peutD7tre dans les montagnes du centre de la
'unisie !ue se retrou,ent les reprsentants
actuels les plus authenti!ues de la race
dolicocphale 2 0ace large !ue nous ont 0ait
connaLtre les 0ouilles des grottes de la
%G.re$ )n peut allguer/ !ui plus est/ !ue
les relations de contiguit continentale ont d:
persister asseG longtemps pour accompagner
certains d,eloppements de ci,ilisation$ La
preu,e en serait dans les ressemblances
!u' o00rent en Curope et dans l' ?0ri!ue du nord
les produits de l' industrie palolithi!ue$
?insi l' h3poth.se de changements considrables
dans la con0iguration des continents semble
indispensable pour expli!uer la 0ormation
des races n.gres$ *n tat sans doute moins
ancien/ mais asseG loign nanmoins de l' tat
actuel/ semble a,oir prsid 2 la 0ormation
des races dont nous constatons au9ourd' hui
l' analogie dans le sud de l' Curope et le nord
de l' ?0ri!ue$ )n pourrait a9outer !ue/ parmi
les h3poth.ses sur la 0ormation de la race
dolichocphale blonde/ dite nordi!ue/ la plus
naturelle semble celle !ui rattache son origine
aux rgions laisses libres dans le nord de
l' Curope par le recul des glaciers
!uaternaires$ *ne preu,e de cette origine
relati,ement rcente peut
pRM>
7tre tire du caract.re de puret !u' elle conser,e
encore dans certaines parties de la -candina,ie/
comme aussi de la 0orce d' expansion dont
elle a 0ait preu,e dans tous les temps
histori!ues$
*ne explosion de proli0icit dans des conditions
d' isolement doit 7tre en,isage comme l' origine
de races nou,elles$ Ces circonstances
peu,entDelles 7tre encore ralises E )n pourrait
citer comme exemple les allemands dans les
campagnes intrieures du sud du &rsil/ passs
de R>$ >>> 2 R>>$ >>> en deux gnrations 1 les
boers dans l' ?0ri!ue du sud$ 6ais il ne semble
pas !ue l' isolement ait t asseG prolong
dans ces cas pour raliser !uel!ue chose de
comparable 2 ce !ui a d: se produire maintes
0ois 9adis$
)n a cru remar!uer le changement !ue !uel!ues
gnrations auraient russi 2 accomplir
sous l' in0luence du climat des tatsD*nis
du nordDest dans le temprament de
l' angloDsaxon de,enu le 3anJee$
-i rels !ue soient de pareils changements/ ils
sont contenus en d' troites limites/ ils ne
sont pas capables d' a00ecter les caract.res
primordiaux des races$ La rsistance des t3pes
est un des 0aits !ue les progr.s des tudes
anthropologi!ues ont mis en lumi.re$ Il 3 a
des caract.res constants 2 cFt d' autres !ui
peu,ent ,arier$ -i nous ne sommes pas en mesure
de dire sur !uoi se 0onde cette distinction/
sa ralit ne peut 0aire l' ombre d' un doute$
Les modi0ications !u' on obser,e dans les races
sont dues aux mlanges !ui s' op.rent entre elles
plutFt !u' aux conditions immdiates de climat
et de sol in0luant sur l' organisme$ Nous
,o3ons lapons et scandina,es/ sla,es et samo3.des/
malais et mlansiens/ aInos et 9aponais
coexister aux m7mes latitudes/ et d' autre
part les rgions !uatoriales 0ournir domicile
2 des races aussi di00rentes !ue les n.gres
d' ?0ri!ue et !ue les indiens de l' ?mri!ue du
sud$
Le probl.me de la 0ormation et de la consolidation
de !uel!ues t3pes gnraux dans les!uels
s' absorbe et se rsume une grande !uantit
de sousDraces ne reoit donc !ue bien peu
d' claircissement/ pour ne pas dire aucun/
de l' examen des conditions prsentes$ La
distinction des races remonte en ralit 2
une po!ue o5 le mode de peuplement di00rait
pro0ondment de celui d' au9ourd' hui$ Il 0aut le
regarder comme un legs du pass$
Il n' en existe pas moins des adaptations/
rendant/ pour des raisons encore obscures/
certaines races inaptes 2 sortir de certains
milieux et donnant aux races enracines dans
un milieu dtermin la possibilit
pRM;
d' assimiler ou d' liminer les lments trangers
!ui 3 sont introduits$ e ce dernier cas/ un
exemple 0rappant est 0ourni par ce !ui est
arri, sur les plateaux tropicaux d' ?mri!ue$
Il est certain !ue le t3pe caractristi!ue du
3anJee/ au long et maigre cou/ 2 la che,elure
plate et lisse/ o00re des traits trangers
2 la mtropole/ peutD7tre en rapport a,ec des
di00rences d' tat h3dromtri!ue$ )n ne ,oit
pas cependant !ue nos races 0ranaises de l' ouest
transplantes au Canada aient subi les m7mes
trans0ormations$ Clles sont/ apr.s deux cents
ans/ restes 0id.les 2 ellesDm7mes$
Plus incontestables sont les e00ets de l' altitude$
?uDdessus de R$ >>> m.tres/ ,i,ent en ?b3ssinie
et surtout en ?mri!ue un certain nombre de
populations plus ci,ilises !ue leur entourage
des terres chaudes et basses$ La salubrit de
ces hauteurs 3 est 0a,orable 2 l' homme 1 les
chirurgiens de l' expdition anglaise d' ?b3ssinie
ont constat la cicatrisation rapide des
blessures$ 6ais la diminution de la tension
atmosphri!ue nuit 2 la combinaison de l' ox3g.ne
de l' air a,ec les globules du sang/ d' o5
l' impossibilit d' e00orts musculaires ou
crbraux prolongs$ )n a sou,ent not cheG les
aGt.!ues l' absence de gaLt et de mou,ement/
m7me cheG les en0ants/ l' apathie et l' atonie
des ph3sionomies$
Certaines races se distinguent d' autres toutes
,oisines par une 0orce de rsistance 2 certaines
maladies/ de ,ritables immunits pathologi!ues$
Par l' e00et de ces dispositions/ il arri,e !ue
le classement des races se prsente sous l' aspect
d' une opposition tranche/ d' une incompatibilit
entre rgions contiguSs$ La malaria carte
le chinois et l' annamite des montagnes o5
,i,ent les lolos/ moIs et autres peuples
montagnards$ Le tera% est une sparation
tranche entre l' hindou ar3anis de la plaine
et les peuples mongoloIdes des pentes
h3mala3ennes$ Les terres chaudes &germsir'
du gol0e Persi!ue n' abritent !ue des n.gres
et des mtis 2 l' exclusion des perses$ Le
ho,a de 6adagascar laisse aux saJala,es le
s9our des plaines/ comme le chibcha ou le
!uitchua des plateaux andins a tou9ours ,it
l' humidit 0oresti.re de la montana * et
comme l' ab3ssin ,ite les terres tour 2 tour
marcageuses et cre,asses !ui bordent sa
citadelle naturelle$
*ne adaptation rigoureusement exclusi,e continue
2 maintenir ces barri.res/ mais ces 0aits
correspondent 2 un tat encore peu a,anc
des relations gnrales$ Les conditions
normales dont on pourrait citer des exemples
nombreux/ sont celles de t3pes humains ,i,ant
cFte 2 cFte/ s' accommodant des m7mes milieux N
bdouins et 0ellahs/ nomades et Jsouriens/
scandina,es et lapons/ iraniens et JirghiG/
0oulb et mandingues/ bantous et ngrilles$
pRMR
Il 0aut obser,er toute0ois !ue/ lors!u' on ,oit
des groupes ,oisins rester 2 ce point distincts/
c' est !ue le lien social est rest l@che et !u' il
ne s' est point d,elopp encore une 0orce de
ci,ilisation capable de runir et de 0ondre les
contrastes$ ans ces conditions/ les
particularits de temprament sur les!uelles
se gre00ent les habitudes prennent le dessus$
Il peut arri,er m7me !ue des causes arti0icielles
de sparation telles !ue l' islam en a cres
par rapport au christianisme tendent 2
perptuer les di,isions$ 2 tout prendre
cependant elles sont l' indice d' un tat social
relati,ement peu a,anc/ dans le!uel le
localisme n' est pas encore aux prises a,ec les
0orces conomi!ues gnrales !ui entraLnent
sans cesse un nombre croissant de contres
dans leur orbite$
Les contrastes ramasss sur un troit espace/
capables d' engendrer des incompatibilits
d' habitats entre races ,oisines sont en somme
des exceptions$ Ne ,o3onsDnous pas/ par teintes
graduelles/ par additions de touches successi,es/
les Gones de climat passer de l' un 2 l' autre E
-teppes/ sa,anes/ 0or7tsDclairi.res/ mar!uent
la transition entre la sil,e et le dsert$
Le domaine de l' oli,ier et celui des arbres 2
0euilles cadu!ues s' enche,7trent 1 entre
celuiDci et les 0or7ts de coni0.res du nord/
l' apparition de sols 0a,orables mnage la
transition$ Cette gamme se retrou,e dans les
races humaines$ Cntre les races 2 caract.res
asseG tranchs pour !u' elles conser,ent leur
domaine pres!ue exclusi0 comme le n.gre et
l' homo caucasicus, les intermdiaires
abondent 1 et ce n' est pas seulement entre
9aunes et blancs !u' on peut noter/ a,ec le
dr Bam3/ 4 l' extr7me di00icult d' une dlimitation
scienti0i!ue 4 $
L' ?0ri!ue du nord est le champ o5 ne cessent
de se croiser smites/ berb.res et n.gres
soudaniens$ Comme dans les anciennes peintures
des temps pharaoni!ues/ le clair/ le basan/
le rouge@tre/ 9us!u' au noir ,oisinent dans
l' inter,alle !ui spare la 6diterrane du
-oudan$ )n passe/ pres!ue insensiblement/
des t3pes g3ptiens 2 ceux de Nubie 1 et
ceuxDci 0orment le pont ,ers les bed9as de
l' ?0ri!ue orientale ou ,ers les n.gres du
BautDNil$ L' escla,age/ la guerre/ l' islam
ont donn lieu 2 des mtissages dont Nachtigal
note les degrs entre arabes et gens du
&ornou$ Le sang n.gre coule dans les ,eines
des d3nastes marocains$ Les touareg n' ont pas
enti.rement rsist 2 son in0iltration$ Cntre
le -ngal et le 6aroc/ les peuples !u' on
appelle maures/ berb.res croiss de sang n.gre/
o00rent une singuli.re ressemblance a,ec les
thiopiens orientaux 1 si bien !u' il semble
4 !u' aux deux extrmits de l' ?0ri!ue/ les m7mes
causes ont produit les m7mes e00ets et !ue/
du mlange des deux races chamiti!ues/ nubiens
ou g3ptiens/ berb.res proprement dits/ a,ec
une certaine proportion de sang n.gre/ sont
rsults des groupes mixtes tr.s analogues/
dont nous
pRM+
trou,ons l' expression la plus compl.te en ?b3ssinie
d' une part/ dans le nord du -ngal de
l' autre 4 $
Kuel!ue chose de semblable se prsente dans ce
groupe de => millions de dra,idiens !ui/ dans
l' Inde/ s' interpose entre les races n.gres
!ui semblent a,oir t au sud les premiers
occupants/ et les blancs ultrieurement ,enus
par le nordDouest$ Leur t3pe/ sui,ant de bons
obser,ateurs/ 4 par certains caract.res rappelle
le n.gre et par d' autres le blanc 4 $ )n note
4 une gradation rguli.re entre dra,idiens
ci,iliss de la plaine et sau,ages ngroIdes
de la montagne 4 $ Kuelle !ue soit la part du
mlange/ il 3 a l2 une ,ritable race
reconnaissable 2 !uel!ues traits essentiels
4 remar!uablement uni0ormes et distincts 4 $
Cette race est cheG elle dans l' Inde 1 elle
s' 3 est 0orme et cimente/ et/ mieux assouplie
!u' aucune autre aux conditions du climat/
c' est elle !ui 0ournit les migrants 2 la
&irmanie/ les tra,ailleurs des plantations
de th de l' ?ssam$
Cntre les races mongoles et le groupe puissant
des mlansiens/ si mlang luiDm7me/ une race/
grande par sa di00usion/ multiple par ses
,arits/ s' interpose galement/ celle des
malais$ e -umatra aux Philippines/ sans
parler de ses colonies lointaines/ c' est par
excellence celle des archipels et des cFtes/
adonne surtout 2 la p7che/ 2 la piraterie et
au commerce maritime$ *n t3pe malais/
reconnaissable et distinct/ s' est constitu
2 l' aide d' lments di,ers !u' il absorbe 1 on
,oit en gnral/ sous l' in0luence du ,oisinage
mlansien/ la peau se 0oncer da,antage de
l' ouest ,ers l' est$ *ne autre transition
s' obser,e du sud au nord N aux Philippines et
d92 m7me 2 Cl.bes/ on remar!ue des indi,idus
!u' on pourrait prendre pour des 9aponais$
conclusion. Dles origines des principales
di,ersits de races nous chappent 1 elles se
perdent dans un pass trop lointain$ 6ais/
malgr la rser,e !ue l' imper0ection des
obser,ations nous impose/ bien des 0aits nous
a,ertissent !ue la mati.re humaine conser,e sa
plasticit et !ue/ incessamment ptrie par les
in0luences du milieu/ elle est capable de se
pr7ter 2 des combinaisons et 2 des 0ormes
nou,elles$ Le tra,ail de 0ormation des races
est tou9ours 2 l' oeu,re$ La s.,e des combinaisons
ethni!ues n' est pas tarie$ ans le creuset de
la nature/ des 0orces multiples tra,aillent 1
et/ de ces nergies/ nul ne reoit plus
,i,ement
pRM8
le contreDcoup !ue l' 7tre intelligent !ui sait
les emplo3er 2 ses 0ins/ en utiliser les
suggestions/ 3 modeler ses habitudes et ses
genres de ,ie$ Ce n' est pas seulement par ses
intempries/ mais par sa tonalit gnrale
!u' agit le climat 1 et le climat n' est pas le
seul 0acteur N le sol/ le relie0/ les 0ormes
!ui engendrent les sur0aces et les contacts de
terres et d' eau/ ,oil2 l' ensemble !ui agit sur
les hommes$
Les peuples s' adaptent/ ou pour mieux dire
s' assouplissent 2 leurs habitats successi0s$
-ur ces mlanges !ui 0orment trait d' union entre
des races loignes et di,erses/ l' in0luence
du milieu garde le dernier mot$ 2 la suite
des slections !u' elle op.re/ un rsidu
subsiste/ !ui se montre capable de rsistance
et de dure$
L' ?sie centrale/ autant !u' elle se r,.le aux
recherches/ est/ a,ec ses uGbeJs/ ses tadgiJs/
ses dunganes/ un champ de mlange entre races$
L' extr7me nord du ,ieux continent/ comme le
constate NordensJiold/ a subi le contreDcoup
de ces mlanges$ Cn Curope comme en ?sie/
la Gone entrecoupe de clairi.res et de 0or7ts/
!ui s' tend entre => et == degrs de latitude
,oit se succder mongols/ turcs/ 0innois et
sla,es$ Les mongols buriates/ les mor,es et
tchrmisses 0innois de la BauteD%olga
subissent une russi0ication continue$ Ce
phnom.ne n' est pas di00rent de celui !ue
l' histoire nous 0ait pressentir ,ers l' ouest
au contact des germains et des sla,es$ 'outes
ces trans0ormations ethni!ues se poursui,ent
le long d' une Gone o00rant les m7mes conditions
2 la ,ie agricole$
Kuand/ par 0a,eur rare/ les lueurs de l' histoire
permettent de plonger un peu plus loin dans le
pass/ comme dans le monde mditerranen/ !ue
discernonsDnous E Les tmoignages d' arri,es
successi,es du centre ou du nord de l' Curope$
-ous les noms de g.tes/ thraces/ bith3niens/
etc$/ des peuples descendent ainsi des
carpathes au &osphore et de l2 en ?sie 6ineure$
Le xie si.cle a,ant notre .re ,it
l' branlement rpercut du nord au sud/ d' un
bout 2 l' autre de la Hr.ce/ par les in,asions
doriennes 1 4 en Italie/ nous dit Pline l' ancien/
les trus!ues pouss.rent les ombriens/ a,ant
d' 7tre euxDm7mes pousss par les gaulois 4 $
CeuxDci apparaissent au iiie si.cle sur les
bords du gol0e du Lion/ puis en Cspagne$
e tout cela/ la nature/ par ,oie combine
d' liminations et d' adaptations/ a 0ait un
ensemble !ui subsiste/ incorpor au milieu$ Les
nou,eaux arri,ants ont plus ou moins pa3
leur tribut aux ts d,orants/ aux longues
scheresses/ aux exhalaisons malsaines et aux
0ermentations putrides 1 mais il s' est 0orm
de ces lments di00rents et successi0s un
compos ethni!ue/ !ui/ sans a,oir le caract.re
de races homog.nes/ prsente des traits communs$
pRM=
ii. ,a di!!usion des inventions. &instruments
et animaux domestiques' :
il 3 a dans l' ensemble des Gones tempres une
rgion !ui se distingue comme particuli.rement
propre 2 la di00usion des in,entions/ c' est
la grande rgion continentale !ui s' tend 2
tra,ers l' ancien monde dans l' hmisph.re nord$
Les outils ou instruments et tout ce !ui
constitue les mani0estations extrieures d' une
ci,ilisation 3 sont en usage sur de grandes
sur0aces 1 la domestication des animaux s' tend
parall.lement 2 l' usage des outils 1 les modes
prsentent les m7mes analogies$ )n est en prsence
de 0aits de grande en,ergure/ embrassant des
aires considrables/ et cela bien a,ant les
mo3ens de communications des temps modernes$
Ils sont en tat pour ainsi dire de ,entilation
perptuelle$
C' est entre R= et <> degrs de latitude nord !ue
cette rgion peut 7tre circonscrite$ La plupart
des in,entions sur les!uelles a ,cu une grande
partie de l' humanit s' 3 ralisent$
la charrue. Dprenons pour exemple un
instrument dont l' aire de di00usion s' tend 2
tra,ers l' ancien monde depuis la 6auritanie
9us!u' en Chine/ la charrue$ ?u sud de l' ?Ir/
dans le -oudan/ elle 0ait place 2 la culture
2 la houe/ l' outil des populations agricoles du
centre a0ricain$
Cette limite exprime un rapport naturel N tandis
!ue le domaine de la culture 2 la b7che est celui
des rgions o5 peu d' espace su00it pour
0ournir beaucoup de nourriture/ o5 les arbres/
les racines sont les principaux produits/ la
charrue n' a pu prendre naissance !ue dans
les rgions o5 l' herbe l' emporte sur l' arbre/
o5 il existe des espaces dcou,erts asseG
tendus dans leur continuit pour permettre de
multiplier les graines$
pRM<
Par !uelles sries de suggestions/ d' e00orts et
de per0ectionnements le b@ton pointu !ui sert
2 en0oncer la semence dans le sol s' estDil
trans0orm en la branche noueuse arme d' un soc
!ui 0ut la charrue/ nous l' ignorerons tou9ours/
de m7me !ue nous ne pou,ons 0ixer le moment o5
le 9oug a t adapt 2 cet instrument et des
animaux attels 2 ce 9oug$ Nous ,o3ons le boeu0
usit comme animal de trait en Chalde et nous
sa,ons !uels rites traditionnels se rapportent en
Chine au labour$
6aintenant encore/ dans les spcimens les plus
simples/ comme la charrue berb.re/ les lments
essentiels sont combins N le soc et le coutre
de 0er s' adaptent 2 la 0l.che et 2 un double
emmanchement/ dont l' un sert 2 l' homme pour
diriger l' instrument et l' autre sert de timon
pour l' attelage$ Ce t3pe est all de bonne
heure se compli!uant sui,ant les contres 1 et/
sans !u' il soit ncessaire d' ,o!uer nos
charrues per0ectionnes et tracteurs mcani!ues/
d92/ au ier si.cle de notre .re/ %arron/
Pline et les agronomes latins dcri,aient a,ec
surprise/ dans les plaines du nord de la Haule/
la charrue 2 roues$
la roue. Dl' in,ention de la roue ne 0ut pas
moins dcisi,e$ Nous ignorons comment et 2
!uelle po!ue l' ide de traLner un 0ardeau
support par des rouleaux c3lindri!ues a pris
naissance 1 mais cette 0orme ingnieuse/
!uoi!ue tr.s primiti,e/ de traLnage/ coexiste/
d' apr.s les monuments ass3riens/ a,ec la roue/
le char de guerre/ l' attelage du che,al$ Il
a donc 0allu !ue cette donne primiti,e 0it
place 2 l' ide de la roue/ soit pleine comme
on la ,oit encore en &osnie et au pa3s
&as!ue/ soit ,ide comme d92 la montrent
les reprsentations anti!ues$ Cntre les roues
disposes s3mtri!uement/ s' interpose un essieu
soutenant la caisse !ui reprsente le char$
6ais/ 2 partir du moment o5 ce t3pe essentiel
est cr/ !ue de modi0ications et
d' adaptations di,erses ,iennent s' 3
gre00er A $$$
,oil2 des exemples doublement signi0icati0s$
' abord ils ont une ,aleur de localisation$
Puis ils nous montrent des in,entions !ui/ de
!uel!ue point initial/ se sont rpandues/
communi!ues/ per0ectionnes$ (ien de pareil ne
nous a 0rapp dans les ci,ilisations closes 2
l' ombre des sil,es tropicales$ Nous discernons
ainsi !ue/ sur des espaces tendus/ l' esprit
in,enti0 a tra,aill sur un th.me commun 1 !ue/
sans s' en carter/ il a russi 2 l' adapter aux
conditions di,erses de relie0 et de sol$ Ct
par l2 se glisse encore un lment gographi!ue$
Ce !ue l' on peut saisir 2 tra,ers ces in,entions/
2 d0aut de dates et de noms !ui ne sont !ue
lgendes/ ce sont les conditions naturelles
!ui ont pli/ dans un sens ou un autre/ des
in,entions/ legs de temps
pRMO
immmorial mais rest ,i,ant et per0ectible$ Ce
!ui apparaLt distinctement/ c' est une suite
d' applications di,erses portant sur un t3pe
dtermin/ une acti,it coordonne de progr.s
!ui ne paraLt gu.re dans le matriel plus
uni0orme et plus 0ig de la plupart des socits
tropicales$
les transports par animaux de trait. Dle
moment o5 le transport par animaux se substitue
au transport par hommes/ est dcisi0 dans
l' ,olution des socits$
La charrue/ le chariot supposent l' emploi de la
0orce animale$ Il n' 3 a aucune raison de croire/
Dtout au contraire/ D!ue l' appropriation de
certains animaux 2 nos besoins de culture et de
transport ait t l' oeu,re d' une seule et m7me
contre particuli.re$ 'out indi!ue !ue la
domestication de ces animaux herbi,ores dociles
et sociables sur les!uels est 0onde
l' conomie rurale ou pastorale/ s' est opre
en des points asseG di00rents$ )n de,ine
toute0ois !ue certaines contres ont t
particuli.rement propices$ )5 pou,ait mieux se
nouer cette 0amiliarit/ aide de curiosit
rcipro!ue/ !ui a rapproch de l' homme les
hordes dans les!uelles il a choisi ses
auxiliaires/ !u' au seuil m7me des steppes/ l2
o5/ par les cultures d' irrigation/ l' homme
a,ait russi 2 concentrer des ressources/
2 crer autour de lui l' abondance E L' g3pte/
la Chalde/ les 9ardins ou paradis de l' ?sie
occidentale 9ou.rent pour les animaux le m7me
rFle !ue pour les plantes$ L' homme sut 3
composer un monde ,i,ant 2 son usage$
L' acclimatation de plantes utiles 3 0ut
s3stmati!uement poursui,ie depuis une haute
anti!uit N 4 9' ai 0ait/ dit l' ecclsiaste/ des
9ardins et des clos o5 9' ai mis toutes sortes
d' arbres$ 4 l2 0urent/ pour cette raison/ les
rendeGD,ous d' animaux di,ers/ les points
d' attraction !ui group.rent animaux et plantes$
Nos regards sont ainsi ramens sur ces parties
de la terre/ 0ertiles/ mais encadres de
scheresses/ !ui eurent le pri,il.ge/ ainsi !ue
nous a,ons dit/ de raliser pour la premi.re
0ois le phnom.ne de densit du peuplement
humain$ Ce n' est gu.re ailleurs !ue put se
combiner ce 0cond mnage/ dont l' absence/
en certaines parties de la terre/ a pes
lourdement sur la ci,ilisation$
Cette rgion comprend tout l' espace !ui s' tend
entre le -oudan et l' ?sie centrale/ de la
Nubie 2 la 6ongolie/ de l' Iran et de l' Inde
septentrionale 2 l' ?sie 6ineure$ ?insi les
anti!ues socits !ui 0leurissent en g3pte
et dans l' ?sie occidentale durent 2 leur
situation le grand a,antage de pou,oir concentrer
2 leur pro0it les produits de deux 0aunes
di00rentes$ u nord leur ,inrent le che,al
et le chameau 1 l' @ne au contraire se rpandit
par le sud$
pRMM
iii. >enres de vie et domaines de civilisation :
il se 0orme/ 2 la longue/ des domaines de
ci,ilisation absorbant les milieux locaux/ des
milieux de ci,ilisation imposant une tenue
gnrale !ui s' imprime dans beaucoup d' usages
de la ,ie$ L' islam/ l' hindouIsme/ la Chine
reprsentent des t3pes de ci,ilisation
suprieure dont l' imitation s' tend bien au
del2 des limites des rgions naturelles$
L' europen 9oue le m7me rFle/ le ankee
tend 2 le prendre en ?mri!ue$ Comme
l' extrieur est tou9ours ce !ui est le plus
0acile 2 saisir/ ce n' est !u' en emprunts
super0iciels !ue consistent ces imitations$
Les che0s des peuplades gonds/ bhils et autres
sau,ages de l' Inde centrale/ adoptent/ pour
s' imposer 2 leurs congn.res/ le costume
et l' extrieur des rad9poutes 1 au -oudan/
2 cFt de peuplades bien sommairement ,7tues/
des personnages draps dans de longues
bandes de coton cousues ensemble/ chausss
de babouches en cuir 9aune ou rouge/ se
distinguent comme a00ilis 2 l' islam/ comme
participant 2 des a,antages d' une ci,ilisation
suprieure$
L' app@t de 9ouissances nou,elles/ l' illusion de
se renou,eler soiDm7me en participant/ ne 0:tDce
!ue par des signes extrieurs/ 2 un tat social
plus le,/ exerce sur les groupes/ comme sur
les indi,idus un in0aillible e00et d' attraction$
C' est un phnom.ne semblable 2 celui !ui
entraLne l' exode ,ers les ,illes$ Il 3 a sou,ent
maladresse et gaucherie dans ces e00orts pour
s' assimiler 2 des ,oisins plus ci,iliss/ pour
s' approprier le 0ruit d' oeu,res d' autrui cres
en dehors de sa sph.re propre$ N' importe N
une 0orme de ci,ilisation capable de ra3onner
autour d' elle de,ient une source de 0orces !ui
agissent par ellesDm7mes/ indpendamment des
conditions immdiates de milieu$ 6ais pour
cela une condition essentielle est la
connaissance rcipro!ue !u' engendre la
0acilit des rapports/ la 0r!uence des
communications/ l' absence d' isolement$ C' est
parce !ue/ comme on l' a ,u/ ces rapports
pRMP
taient mieux prpars dans la Gone !ui tra,erse
l' ancien monde en diagonale au nord du tropi!ue/
!ue nous 3 rencontrons des 0ormes prcoces
de ci,ilisation tailles 2 plus grands traits
!u' ailleurs 1 domaines 2 souhait pour les
grands empires/ les grandes religions !ui
s' 3 succ.dent$ *n long tra,ail de s3ncrtisme
a abouti 2 composer ces rassemblements sociaux
!ue rsument les mots d' islam/ Curope
chrtienne/ hindouIsme/ Chine/ centres
d' in0luences dans les!uels beaucoup de centres
moindres coexistent/ mais !ui gardent leur
ph3sionomie d' ensemble$
Le chinois/ en dpit des di00rences pro,inciales/
reste identi!ue 2 luiDm7me sur les con0ins de
la -ibrie et 2 -ingapour$ L' outillage/
les mo3ens de nourriture/ les rem.des et l' art
de gurir/ les 0ormes de luxe/ en sont le
s3mbole matriel$ La Chine se compose
essentiellement de deux contres di00rentes/
le nord et le sud/ +atha et Aan7i.
c' est dans la Chine centrale !ue s' est nourrie
cette ci,ilisation$ Cependant/ il 3 a pour le
chinois une mani.re 2 peu pr.s commune de se
nourrir/ se loger/ se ,7tir/ de soigner ses
maladies$ -es procds de culture ne ,arient
pas sur de grands espaces/ tandis !u' il reste
r0ractaire 2 ceux de ses ,oisins/ mongols ou
autres$ Le chan,re 9adis/ la soie pour les
classes riches/ le coton 0orment la trame de
ses ,7tements 1 la laine/ !ue pourtant
rclamerait le climat du nord de la Chine/
n' 3 0igure pas$ Comme dans les socits tr.s
hirarchises et en partie archaI!ues/ le
costume se compli!ue et s' embellit dans les
classes riches$ ?u lieu de la 9a!uette courte
a,ec pantalon et sandales !ui su00it aux
proltaires/ le bourgeois cossu/ le mandarin
s' en,eloppent d' une sorte de robe de chambre
tombant tr.s bas/ dont la prestance est rehausse
par des broderies/ des passementeries/ des
insignes en 9ade ou en cristal N en cela consiste
le signe extrieur/ signe en,i de la
supriorit sociale$ 2 cFt de la prati!ue
traditionnelle de cultures dlicates comme celle
du th/ minutieuses comme celle du riG/ des
manipulations compli!ues comme celles de la
soie/ il 3 a des industries tr.s anciennes
et ra00ines comme celle des porcelaines/ des
la!ues/ du 9ade/ de la nphrite/ du bronGe/
!ui 0aisaient l' ob9et d' un commerce tendu
il 3 a deux mille ans$ Le th/ transport sous
0orme de bri!ues/ est de,enu indispensable aux
peuples de la haute ?sie$ La porcelaine
0igure parmi les plus anciens ob9ets de tra0ic
des mers de Chine et de l' ocan Indien 1
des spcimens de l' ancien cladon chinois ne
sont pas rares aux Philippines$ Ce sont les
mar!ues par les!uelles s' a00irme le prestige
d' une ci,ilisation et l' attraction !u' elle
exerce autour d' elle$
L' islam/ dans le domaine !u' il s' arrogea aux
dpens des ci,ilisations
pRP>
des bords de la 6diterrane et de l' ?sie
occidentale/ recueillit l' hritage d' industries/
de ra00inements de culture/ miettes tombes
de la table du monde anti!ue$ Les prati!ues
d' irrigation a,aient 0leuri en Chalde et en
g3pte 1 l' art des bri!ues mailles a,ait
cr des mer,eilles en Perse 1 la coupole
b3Gantine a,ait 0ond ses assises 1 des
industries d' art a,aient pouss des racines$
ans la partie occidentale de son domaine/
l' anti!ue renomme des maroquins, des
cuirs de Cordoue/ tait peutD7tre en rapport
a,ec la tr.s anti!ue domestication de la
ch.,re cheG les peuples ibri!ues$ epuis
longtemps on sa,ait/ dans ces contres/
tra,ailler les peaux/ les tanner/ les assouplir
et les teindre au mo3en de substances
,gtales di,erses/ dont les baGars d' ?0ri!ue
ou d' )rient continuent 2 o00rir des chantillons$
Le baGar/ le cara,ansrail sont/ pres!ue
autant !ue la mos!ue et le minaret d' o5 des
milliers de ,oix/ depuis le 6aghreb 9us!u' au
'urJestan/ appellent les cro3ants 2 la pri.re/
les organes de cette 0orme de ci,ilisation/
une des plus prenantes !ui existent$ Clle
s' appuie sur des centres religieux N La 6ec!ue/
6dine/ 6esched/ -amarJand/ FeG/ Le Caire/
Verbla/ o5 le sentiment de la communaut se
retrempe$
?ux approches de &oJhara/ un de ces centres
urbains dont la renomme lointaine attire
p.lerins ou marchands/ de longues 0iles
d' auberges/ restaurants/ annoncent et
prc.dent la ,ille$ )n a sou,ent dit a,ec
!uelle rapidit les nou,elles/ les bruits ,rais
ou 0aux circulent d' un bout 2 l' autre du
monde islami!ue$ Il se dgage de tout cela
une 0orce d' opinion/ !ui ou,re aux cro3ants
non seulement les perspecti,es d' une autre
,ie/ mais !ui/ dans celleDci m7me/ le rel.,e
2 ses propres 3eux/ et en 0ait un 7tre suprieur
pour les populations du -oudan et m7me de
l' Inde$ %7tement/ construction/ matriel et
mobilier/ composent le signalement extrieur
de cette ci,ilisation musulmane 1 ils se
maintiennent a,ec une singuli.re persistance$
Le bosnia!ue islamis tend 2 se distinguer
par son costume 1 et ce 0ut sans doute un
contreDsens !ue de substituer au turban et au
ca0tan le 0eG et la redingote tri!ue de la
r0orme mahmoudienne$$$
pRP;
iv. ,a ville :
il 3 a des contres d' tablissements sdentaires
o5 la ,ille ne s' est pas implante$ Le t3pe
de ,illage est de beaucoup dominant dans les
grands centres de peuplement rural de l' Inde
et de l' Cxtr7meD)rient 1 encore plus dans
des contres de moindre ci,ilisation comme le
-oudan et l' ?0ri!ue centrale/ car on ne
saurait donner le nom de ,ille 2 ces
agglomrations 0ortuites !ue la puissance
d' un che0 impro,ise et !ui restent ensuite 2
l' tat de termiti.re abandonne$ C' est au
contraire le t3pe de ,ille !ui pr,aut
absolument dans les rgions de colonisation
rcente/ en ?mri!ue et en ?ustralie$ Il se
combine/ en Curope/ a,ec le peuplement rural/
!uoi!ue ingalement dans l' est et l' ouest/
dans le nord/ le centre et le midi$
Nous saisissons !u' il 3 a entre ces deux t3pes
d' tablissements des di00rences spci0i!ues/
plus !ue de simples di00rences de degr dans
la concentration du peuplement$ Ce n' est pas
une simple !uestion de nombre ou d' tendue$
La ,ille/ dans le sens plein du mot/ est une
organisation sociale de plus grande en,ergure 1
elle rpond 2 un stade de ci,ilisation !ue
certaines rgions n' ont pas atteint/ !u' elles
n' atteindront peutD7tre 9amais
d' ellesDm7mes$
L' origine des ,illes/ si loin !u' il 0aille
remonter/ est un 0ait essentiellement histori!ue$
L' aurole m3thi!ue dont s' en,eloppe leur
gen.se (rituel/ hros pon3me) n' est !ue
l' expression de l' admiration !ue ce phnom.ne
a excit parmi les hommes$ Crations du commerce
et de la politi!ue/ elles accompagnent les
premiers d,eloppements de grandes ci,ilisations N
&ab3lone/ 6emphis/ -uGe$
La substitution du rgime urbain 2 un rgime
,illageois et cantonal 0ut/ sur les bords de la
6diterrane/ le che0Dd' oeu,re de la Hr.ce
et de (ome$ Les obser,ateurs contemporains de
ce phnom.ne/ 'huc3dide/ Pol3be/ -trabon/
ne s' 3 tromp.rent pas$ Ils signalent la ($$$)/
la cit anti!ue comme le s3mbole et l' expression
d' une ci,ilisation suprieure$ Cn regard/
et par contraste/ ils nous montrent
pRPR
des peuples !ui/ de tout temps/ ,i,ent en
bourgades ou petits ,illages$ ($$$) 1 et ce
signalement se rapporte nettement 2 d' autres
ri,erains de la 6diterrane/ !ui/ comme en
?lbanie/ en &erbrie et dans certaines parties
de l' Italie mridionale persistent dans cet
tat !uasi primiti0$
Ce !ui se passa dans l' anti!uit classi!ue s' est
renou,el plusieurs 0ois dans la suite des
temps$ La Hermanie/ a remar!u 'acite/ ne
connaissait pas la ,ille$ Il 3 a eu 2 plusieurs
reprises/ d' abord sous Charlemagne en Hermanie/
plus tard dans les pa3s sla,es/ dans l' Inde
au moment des con!u7tes musulmanes/ dans le
nou,eau monde 2 l' arri,e des europens/ des
priodes de 0ondations de ,illes$ Les lments
de la cit existaient/ mais attendaient pour se
combiner une impulsion ,enant du dehors 1 il
0allait !u' un sou00le de ,ie plus gnral ait
atteint la contre/ pour !ue des habitudes
sociales in,tres/ cimentes par l' isolement/
c.dent 2 des habitudes nou,elles$
Kuand on tudie dans le pass la gen.se des
,illes/ on trou,e !ue ce !ui a 0ait clore le
germe/ ce !ui en a assur le d,eloppement/
c' est gnralement la prsence d' un obstacle$
?ux dbouchs des montagnes/ aux passages des
0leu,es/ au seuil des dserts/ au contact des
cFtes/ partout o5 il 0aut s' arr7ter/ a,iser 2
de nou,eaux mo3ens de transport/ il 3 a chance
pour !u' une ,ille se 0orme$
)n connaLt des tribus ri,eraines de la mer/ dans
l' ouest de l' ?0ri!ue et dans le sud de l' ?sie/
!ui sont demeures inertes de,ant cette
immensit 1 mais d.s !ue la na,igation existe/
elle cherche des points 0ixes N Llots cFtiers/
caps des bords de la 6diterrane/ viks
ou gol0es des mers du nord 1 l2 s' amorcent les
,illes$ Kuand la mare pn.tre dans
l' embouchure des 0leu,es/ la ,ille naLt au point
o5 la batellerie de,ient impuissante$
-ur les bords des montagnes !ui ont longtemps
arr7t les hommes/ se rangent les ,illes/ aux
points o5 les produits/ les mo3ens de transport/
la circulation de la plaine doi,ent s' accommoder
2 des conditions nou,elles$ e 6ilan 2 Uurich/
de %ienne 2 L3on/ une ceinture de ,illes
entoure les ?lpes$ 'irno,o au nord des
&alJans s' oppose 2 VasanliJ/ comme %ladicaucase
2 'i0lis$ ?ux dbouchs des passes de Vaboul
se multiplient les marchs du Pend9ab$
)n trou,e aussi des sries de ,illes s' chelonnant
en bordure des dserts$ Les deux ri,es du
-ahara/ comme celles de l' ?sie centrale/ ont
leurs ports$ La cara,ane 3 trou,e/ apr.s les
preu,es de dures tra,erses/ des lieux de
dtente et de scurit/ les cara,ansrails o5
se recrutent con,o3eurs et chameaux/ d' o5 ra3onnent
les transactions/
pRP+
o5 se rencontrent les hommes et circulent les
nou,elles$ Figuig/ 'ombouctou/ 6er,/
&oJhara et l' hexapole du 'urJestan chinois/
6aan/ Petra ont 9ou ce rFle$
Cn0in l' obstacle des 0leu,es a ser,i aussi de
pierre d' achoppement$ )n ne compte plus les
,illes !ui doi,ent leur origine 2 un gu/ 2 un
passage 0acilit par des Lles/ par0ois 2 un
portage &volok', les dunum et les
briva celti!ues/ les !urt germani!ues/
etc$
Le rFle des routes/ trop exclusi,ement en,isag
par certains/ ne doit pas/ en tout cas/ 7tre
nglig$ Lors!ue les ,oies romaines eurent assur
des communications directes 2 de grandes
distances/ leur trac 0ixa 2 son tour des
centres urbains$ e Plaisance 2 &ologne
le long de la ,oie milienne/ on ,oit
s' chelonner les ,illes$ -ur la grande
diagonale !ui/ du anube 2 la Propontide/ de
-ingidunum 2 &3Gance/ tra,ersait la pninsule
balJani!ue/ les seules ,illes sont encore celles
!ui ont t implantes par (ome N NaIssus
(Nich)/ -ardica (-o0ia)/ etc$
Le phnom.ne de ,illages s' le,ant 2 la dignit
de ,illes se produit par le 9eu des causes
conomi!ues dans les contres o5 le t3pe urbain
tend 2 prdominer$ Les principales rgions
industrielles de l' Curope se sont r,les
des ppini.res de ,illes$ ?utour de 6anchester/
comme de Lille/ ou en -axe comme dans la
Testphalie rhnane/ c' est le m7me pullulement$
' autre part nous ,o3ons d' anciens bourgs/ des
,illes m7me dprir 1 des mo3ens administrati0s
3 soutiennent une existence 0actice/ !uand ce
n' est pas asseG de l' usage/ de l' ancienne
,iabilit/ pour protger des 0ormes ,ieillies
contre les circonstances !ui conspirent contre
elles$ L' anachronisme !ui laisse (oubaix au
rang de che0Dlieu de canton n' est pas plus
anormal !ue celui !ui attribue 2 de simples
marchs ruraux le titre de sousDpr0ecture$
-i l' on ,eut ,oir la ,ie urbaine/ li,re 2
elleDm7me/ agir dans toute sa 0orce/ c' est
plutFt aux tatsD*nis !u' il 0aut regarder$
La ncessit de maLtriser la distance/ de
combiner de ,astes espaces en un domaine
conomi!ue s' 3 impose 1 la ,ille/ seul
organisme correspondant 2 ces besoins/ met
partout sa mar!ue$ 'out groupement nou,eau/ si
modeste soitDil/ dbute comme un centre urbain$
92 2 l' tat embr3onnaire il poss.de ou tend
2 se donner les organes !ui 0ont la ,ille N
hFtels/ ban!ue/ grands magasins &general
store'. la chance ,iendra !ui 0era le
reste 1 l' optimisme amricain 3 compte$ Cn
tout cas/ si la ,ille choue/ elle disparaLtra
sans 0aire place 2 un ,illage$
pRP8
'out autres ont t les dbuts et les conditions
d' accroissement de nos ,illes europennes$ Le
temps a collabor 2 leur 0ormation 1 il a
a9out/ pi.ce 2 pi.ce/ les parties dont se
compose leur grandeur$ L' anti!uit nous a,ait
montr dans l' ensemble urbain de -3racuse
(?chradinaD'3chDpipolis)/ de Corinthe/
d' ?th.nes (acropole/ ,ille basse et longs
murs)/ d' ph.se (le temple et le port)/ des
exemples d' agrgats successi0s$ ?insi dans nos
,illes modernes$
Le no3au reste plus ou moins distinct N 2 Paris/
la cit 1 2 Londres/ le !uartier de la tour 1
2 %ienne/ le !uartier de -aintDtienne 1
2 (ome/ le Palatin$ ?utour de ce no3au se
sont agglutins des lments nou,eaux N sou,ent
le bourg 2 cFt de la ,ille (bourg du %atican
2 (ome)/ la basse ,ille au pied de la haute
(&ruxelles)/ de puissantes abba3es comme
-aintDHermainDesDPrs 2 Paris/ Testminster
2 Londres$ Puis des rues ont reli les parties
&strand' * des 0aubourgs se sont allongs
en 0orme de pol3pes dans des directions
di00rentes$ Le s3st.me des rues garde/ malgr
tant de remaniements/ la trace des !uartiers
combins en un tout/ tortueux dans les
parties anciennes/ plus rgulier dans les
parties modernes N 2 %ienne le ring en,eloppe
un lacis de ruelles bordes de ca0s et de
magasins luxueux/ 2 &erlin l' ancienne ,ille
de la -pre se distingue aussi nettement de la
Friedrichstadt$ Par0ois m7me une ou plusieurs
rues principales/ correspondant 2 d' anciennes
routes maLtresses/ subsistent comme l' axe le
long du!uel a grandi la ,ille$ Nos rues
-aintDQac!ues sur la ri,e gauche/ -aintDenis
sur la ri,e droite/ retracent le parcours de
,oies romaines/ !ui/ du nord au sud/
0ranchissaient le 0leu,e di,is en Lles 1 comme
la rue -aintDBonor/ celle !ui gagnait
l' )ise et le %exin$ 2 Londres/ on suit par
Bolborn et )x0ord -treet la direction
0ondamentale de la cl.bre ,oie histori!ue
(Tatling -treet)/ !ui/ du gu de la 'amise/
gagnait ,ers e,a (Chester) la cFte occidentale$
2 -aloni!ue/ la ,oie egnatia 0orme/ de part
en part/ la rue principale de la ,ille$
L' unit urbaine est plus ou moins par0aite$ ans
certaines ,illes/ plus a,ances dans leur
d,eloppement/ comme Londres/ Paris/ la 0orme
d' agrgat tend 2 disparaLtre$ Les si.cles !ui ont
concouru 2 la 0ormation harmonieuse de Paris se
laissent encore discerner/ comme les anneaux
concentri!ues mar!uant l' accroissement annuel
se dessinent sur le tronc coup d' un grand arbre$
6ais les indi,idualits moindres se sont
0ondues dans une indi,idualit suprieure$
Ce t3pe plus ,olu est propre 2 l' Curope
occidentale$ 6oscou n' a pas digr son
Vremlin$ Les parties se montrent plutFt
9uxtaposes !ue 0ondues dans les grandes cits
d' ?sie N ,ille tartare et ,ille chinoise 2
PJin 1 ,ille chinoise et concessions
europennes 2 ChanghaI et
pRP=
Canton 1 ,ille marchande et cit impriale 2
'oJio 1 ,ille russe et ,ille iranienne 2
-amarJand$
Il appartenait 2 l' ?mri!ue de crer un nou,eau
t3pe de cit$ Tashington/ Philadelphie/
&uenos ?3res sont sorties toutes 0aites
d' un plan prconu$ Pour peu !ue la ,ille
remonte 2 ces po!ues !ue la 9u,nilit
amricaine traite de mdi,ales/ c' estD2Ddire
au x,iie si.cle/ on 3 retrou,e encore a,ec
intr7t/ bien !u' 2 demi e00ace et comme
engloutie dans les constructions modernes/
la ,ille primiti,e N 2 &oston/ la pninsule
mamelonne !u' une mince langue de terre/ sui,ie
au9ourd' hui par Tashington -treet/ rattachait
au continent 1 2 NeX WorJ/ l' extrmit
mridionale de l' Lle de 6anhattan/ au sud
de Tall street$ 6ais/ de nos 9ours/ la ,ille
surgit trop ,ite/ toute 0aite/ sui,ant un plan
partout identi!ue$ Ces blocs !uadrangulaires
de maisons coups par des a,enues ou rues 2
trolle3s/ n' ont plus rien de local ni
d' histori!ue/ !u' ils s' l.,ent sur les bords
de l' ?tlanti!ue ou du Paci0i!ue/ sur les
con0ins du 6exi!ue ou du Canada$ C' est une
ci,ilisation singuli.rement exclusi,e !ui leur
imprime une 0ace commune$ Il 3 eut !uel!ue
chose de pareil dans ces ,illes 2 porti!ues/
thermes et colonnades !ue les romains
implant.rent indistinctement dans toutes les
parties de leur empire$ 6ais en ?mri!ue la
,ille se d,eloppe dans des proportions
aupara,ant inconnues$ -aintDLouis disperse
ses di00rents !uartiers sur une diGaine de
milles de distance$ Chicago embrasse un espace
plus grand !ue le dpartement de la -eine$
La ,ille amricaine a son appareil de
circulation permettant de spcialiser les
!uartiers/ de sparer la ,ille des a00aires de
la ,ille du home, d' interposer entre elles
d' immenses parcs/ d' a,oir sa campagne 2
l' intrieur$ 4 la locomoti,e/ cri,ait il 3 a
d92 un demiDsi.cle ?nthon3 'rollope/ est
ici comme un animal domesti!ue$ 4 !ue diraitDil
au9ourd' hui E Cssaimant autour d' elle/
tendant ind0iniment ses !uartiers suburbains/
la ,ille est la plus par0aite expression de
l' amricanisme$$$

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