Planète Terre: Structure, Histoire Et Évolution: Président de La Section Et Rapporteur
Planète Terre: Structure, Histoire Et Évolution: Président de La Section Et Rapporteur
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PLANÈTE TERRE :
STRUCTURE, HISTOIRE ET ÉVOLUTION
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RAPPORT DE CONJONCTURE 1996
C’est dans ce contexte général, une semaine géologiques anciennes. Or, outre la mémoire de
après le colloque en prospective en Sciences de la notre communauté, ces collections constituent une
Terre organisé à Poitiers par l’INSU, que la section référence essentielle pour de nombreux axes de
11 a entrepris son analyse de conjoncture et recherche actuels et futurs. Leurs conditions de pré-
esquissé quelques éléments de prospective. Ce tra- servation et d’accès sont souvent déplorables. Il faut
vail a été accompli en essayant de : – hors préoccupations muséologiques – dégager
- cerner des champs d’actions porteurs pour les des moyens afin de préserver et de rendre acces-
années à venir ; sible ce patrimoine scientifique irremplaçable.
- redéfinir une partie du champ d’activité de nos
disciplines ;
- insister sur le fait qu’il n’y a pas de recherche
valable sans une excellente maîtrise des outils
propres à chaque discipline, tant sur le plan instru- 1 - CHAMPS DE RECHERCHE
mental que méthodologique. PORTEURS
Les “champs de recherche porteurs” font l’objet
de la première partie du rapport. Nous définissons
ceux-ci comme étant actuellement au centre de pré-
occupations majeures de la communauté scientifique 1. 1 CYCLES INTERNES ET STRUCTURE
internationale avec déjà une forte participation des
équipes françaises. Une deuxième partie est consa- DE LA PLANÈTE
crée aux “champs de recherche à affirmer”. Il s’agit
là de domaines d’actualité, à impacts socio-écono-
miques certains, où les laboratoires en Sciences de la Dynamique interne de la planète,
Terre disposent d’atouts considérables, mais qui du noyau à la lithosphère
n’ont jusqu’à présent donné lieu qu’à des investisse-
ments modestes des équipes de recherche. Une troi- La “Terre profonde”, depuis la base de la litho-
sième partie du rapport concerne les dévelop- sphère jusqu’au centre de la Terre, est un vaste
pements méthodologiques et instrumentaux champ d’investigation en géosciences. Les résultats
indispensables au développement de la recherche. obtenus dans ce domaine conditionnent par bien
des aspects notre compréhension des processus
Une quatrième partie du rapport enfin est un actifs au niveau de la lithosphère et à sa surface. Si,
constat : les développements à venir reposeront dans leurs grandes lignes, la structure interne de la
avant tout sur la qualité et la compétence des per- planète, de même que la composition chimique et
sonnels engagés dans l’effort de recherche. La sec- l’état physique des matériaux profonds, sont relati-
tion 11 du Comité National est très préoccupée par vement bien connus, la dynamique interne du
les sérieux risques de pertes de compétence, noyau et du manteau, les paramètres physiques qui
notamment en géologie de terrain, voire de dispa- les conditionnent, les échelles de temps en jeu et
rition de “métiers”, dans certains domaines des les processus de couplages entre les grandes enve-
Sciences de la Terre. Réussir la gestion des res- loppes à travers les discontinuités chimiques ou les
sources humaines, tant en matière d’emplois de zones de transition de phase physique restent
chercheurs que d’ingénieurs, est un enjeu majeur l’objet d’intenses spéculations. Toute nouvelle infor-
des années à venir. mation, que ce soit en matière d’imagerie géophy-
sique, de physique H.P./H.T. des matériaux pro-
Pour clore cette introduction, risquons une fonds, de données thermo-barométriques sur les
remarque sur le problème de la préservation du xénolithes du manteau ou de chronologie fine des
patrimoine scientifique en Sciences de la Terre : si inversions du champ magnétique, pose ou repose
ce problème concerne bon nombre de données de grandes questions sur la dynamique des profon-
géologiques, géophysiques ou géochimiques, il est deurs de la Terre.
particulièrement sensible pour certaines collections
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11 - PLANÈTE TERRE : STRUCTURE, HISTOIRE ET ÉVOLUTION
Mais d’abord, plus près de la surface, sait-on mènes dynamiques ne sont-elles pas très diffé -
bien définir la lithosphère sous les continents ? rentes ? ”. Répondre à ces questions nécessite, outre
Contrairement aux océans, la zone de moindre des progrès en matière de moyens de modélisation
vitesse sismique y est floue. L’épaisseur “élastique” numérique, un effort accru en matière d’observa-
de la lithosphère ainsi que sa signification y est toires géophysiques de qualité bien répartis à la
moins évidente que sous les océans. En fait, l’ana- surface de la planète – objet d’une intense coopé-
lyse conjointe de données pétrologiques, gravimé- ration internationale. Dans ce domaine, il reste un
triques et sismiques n’a pas permis, jusqu’à présent, grand problème non résolu : celui de l’observation
de définir de façon précise la lithosphère continen- géophysique permanente au fond des océans.
tale. Bien des questions, touchant par exemple à la
compréhension de la topographie des régions
Déformations actuelles et forces
continentales, restent des énigmes. Les approches
intégrées, toujours difficiles, sont trop rares en géo- dans la lithosphère continentale
physique. Dans ce domaine, comme dans d’autres
en Sciences de la Terre, des approches globales Grâce aux observations de terrain couplées
tenant compte de l’ensemble des informations dis- avec les nouvelles techniques d’observation spa-
ponibles sont indispensables. tiales (en particulier SPOT, GPS, SLR), on peut
maintenant étudier dans le détail les structures, en
La liste des problèmes non résolus en matière particulier les failles, et la cinématique de la défor-
de structure et de dynamique de la Terre profonde mation continentale. Un problème important à
est longue. On peut, à titre d’exemple, reprendre résoudre est de déterminer le degré et les modali-
une énumération de questions soulevées au cours tés de localisation de la déformation à l’échelle de
du récent colloque de prospective de Poitiers (rap- la croûte et de la lithosphère sous-crustale, afin de
port de V. Courtillot) : comprendre le fonctionnement et la croissance des
failles et des réseaux. Un exemple est la propaga-
“ La graine solide joue-t-elle un rôle dans la tion, sur des centaines ou des milliers de kilomètres
géométrie du champ magnétique et le déroulement et pendant des millions d’années, des failles litho-
des inversions ? Le fer liquide du noyau pénètre-t-il sphériques. A cette échelle, on peut désormais
la couche D” du manteau inférieur, cette couche mieux contraindre la mécanique des processus et
apparemment si hétérogène qu’elle serait une sorte caractériser comment sont absorbées les compo-
de miroir de la lithosphère à la géométrie mouvante santes récupérables (élastiques) et permanentes
et complexe ? Quelle est donc la viscosité du man - (plastiques) de la déformation. On peut aussi quan-
teau ? La convection s’y déroule-t-elle à une ou deux tifier les différentes forces en jeu (forces de volume,
couches, est-elle intermittente ? Les profondes racines forces aux frontières) et générer des modèles méca-
de la lithosphère continentale isolent-elles de vastes niques raisonnables. Un autre aspect du problème
régions du manteau inférieur géochimiquement dis - est l’étagement de la déformation en profondeur. Il
tinctes ? Quelle est la profondeur exacte des racines est crucial de déterminer la rhéologie et le rôle de
sous les continents ? Comment se font les échanges la croûte inférieure, son degré de couplage avec les
entre les réservoirs mantelliques subocéaniques ? niveaux plus résistants de la croûte supérieure et du
Ceci met aussi en relief l’importance de la zone de manteau lithosphérique. Cet étagement intervient
transition et des couplages qui s’exercent depuis le probablement dans la formation des réseaux de
fond du manteau jusqu’en surface. La dynamique failles. Il intervient aussi dans la formation des
globale du manteau met en compétition le rôle reliefs et leur compensation isostatique, en particu-
majeur des plaques plongeantes, injection vers le bas lier des hauts plateaux
de matière froide à deux dimensions, et celui des
panaches, injection vers le haut de matière chaude
Histoire et évolution de la lithosphère
à une dimension. Ces derniers sont-ils le “retour”
des zones de subduction ? Y en a-t-il plusieurs types
en provenance de profondeurs différentes ? L’échelle Les Sciences de la Terre se préoccupent natu-
de temps et l’éventuelle intermittence de ces phéno - rellement de l’histoire de la lithosphère. Il s’agit sur-
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RAPPORT DE CONJONCTURE 1996
tout, mais pas exclusivement, de la lithosphère sphère, et donc encore son histoire, mais aussi sa
continentale. L’aspect chronologique met en œuvre rhéologie. Les comportements mécaniques des
les datations relatives et les techniques de datations ensembles rocheux de haute température, anhydres
isotopiques. Dans ce domaine, on sait (mais on et relativement rigides au niveau des contraintes
oublie parfois) que la date n’est pas nécessairement lithosphériques existantes, ou au contraire affaiblis
l’âge, et l’âge de quoi ? Il y a encore des progrès à mécaniquement en présence de fluides, souvent en
accomplir en méthodologie, mais à l’inverse, cer- liaison avec une fusion partielle, méritent d’être
taines techniques robustes permettent maintenant mieux connus. En particulier, les études sur les
d’étudier l’évolution dans le temps d’un phéno- structures internes de ces ensembles (microstruc-
mène bien repéré dans l’espace (progression d’un tures et anisotropies cristallines), sur le rôle des
magmatisme, d’une onde de chaleur...), en liaison fluides dans leur déformation et/ou transformation,
avec une tectonique. Celle-ci, même vieille de plu- l’expérimentation de leur comportement, conti-
sieurs centaines de millions d’années, devient nuent à être d’actualité.
vivante, et peut être déchiffrée grâce à l’exemple
actuel de la tectonique des plaques. Ainsi, recons- Des questions comme la localisation de la
tituer l’histoire de la lithosphère nécessite plus de déformation lithosphérique, la nature stratifiée ou
datations, et des dates mieux comprises. dynamiquement litée de la croûte continentale infé-
rieure, les mécanismes et les vitesses d’exhumation
Ces datations permettent de s’attaquer, non des roches profondes, et la topographie du Moho à
seulement à la reconstitution historique des oro- la base de cette croûte, restent ouvertes et forte-
gènes récents, encore visibles (Alpes, Himalaya, ment disputées internationalement. Les modèles
Sierra Nevada...), mais aussi aux plus anciens, en thermomécaniques et dynamiques à appliquer aux
particulier l’immense chaîne panafricaine, du Brésil matériaux lithosphériques seront alors mieux
au Hoggar et de l’Antarctique à l’Inde en passant contraints, et les orogènes mieux compris.
par Madagascar et le Mozambique, scellant le
supercontinent d’il y a 600 Ma. Mais aussi le Les approches précédentes, qu’il faut renforcer,
Protérozoïque moyen et inférieur, bien représenté doivent avancer en tandem avec les études géochi-
en Afrique, et le mythique Archéen (> 2,7 Ga), dont miques en roches (traces et isotopes) déjà largement
le comportement rhéologique est loin d’être com- développées. Ces dernières, en distinguant des
pris, sans parler de la Terre Primitive de 4,6 à 3,8 sources et fournissant un classement génétique,
Ga. La reconstitution historique, mais aussi géomé- apportent des arguments décisifs sur les recyclages
trique, cinématique et dynamique, des terrains de et les contextes géodynamiques concernés.
la planète entre dans le domaine traditionnel de la
section 11. L’application de concepts renouvelés, et
Transferts magmatiques
d’outils toujours plus fins et sophistiqués, font que
la communauté française dans ce domaine vivant
est à un niveau d’excellence sur le plan internatio - Le magmatisme joue un rôle majeur dans les
nal. Compte tenu des implications économiques transferts de matière et d’énergie à l’échelle plané-
pour l’avenir, en liaison avec les pays potentielle- taire, du manteau à la croûte, mais aussi à l’atmo-
ment producteurs de ressources minérales, la pré- sphère (émissions de gaz et de cendres volca-
sence de nos équipes sur le terrain se doit d’être niques) et à l’hydrosphère (hydrothermalisme
maintenue sinon renforcée. océanique). La définition et la caractérisation pétro-
logique et géochimique des séries magmatiques et
Étudier l’évolution de la lithosphère, c’est-à- de leurs processus d’évolution ont beaucoup pro-
dire de la couche terrestre rigide, nécessite de gressé au cours des dix dernières années ; il paraît
mieux maîtriser les aspects thermo-mécaniques et maintenant nécessaire de mettre l’accent sur le
leur évolution dans le temps et dans l’espace. Les contrôle temporel des phénomènes pétrogéné-
thermo-baromètres et l’âge des couples (P, T) déter- tiques, en particulier en couplant l’acquisition des
minés aboutissent à modéliser non seulement la données géochimiques (éléments majeurs et en
distribution et l’évolution des isothermes de la litho- traces, isotopes) et structurales (microstructures,
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11 - PLANÈTE TERRE : STRUCTURE, HISTOIRE ET ÉVOLUTION
anisotropies) avec celle de données géochronolo- Pendant plus de 100 ans, le message sédi-
giques de qualité. mentaire s’est limité aux aspects essentiellement
descriptifs de la sédimentologie et de la stratigra-
Par ailleurs, un effort considérable demeure à phie. Dans les années 70, avec le développement
faire pour contraindre la nature et la composition de la sédimentologie de faciès et la modélisation
des sources mantelliques ou crustales des magmas, des environnements de dépôt, les recherches se
préalable indispensable à l’évaluation quantitative sont orientées davantage vers les processus quali-
des transferts de matière dus au magmatisme actuel tatifs, voire quantitatifs. Mais ce n’est qu’avec les
et passé, dans le processus de croissance continen- années 80-90, grâce à l’émergence des concepts de
tale par exemple. La connaissance des sources la stratigraphie séquentielle, paradigme unificateur
mantelliques des magmas océaniques doit, quant à en sciences de la Terre, que sont apparus la notion
elle, évoluer de la mise en évidence de pôles iso- de fonctions forçantes et le début de l’élaboration
topiques extrêmes à celle de la caractérisation des des lois de modélisation marquant le véritable pas-
matériaux correspondants et de leur(s) échelle(s) sage du qualitatif au quantitatif.
d’hétérogénéité. De même, les modalités des trans-
ferts de matière des plaques océaniques au man- La stratigraphie séquentielle est un outil de
teau des zones de subduction, longtemps considé- corrélation dont le pouvoir de résolution est bien
rées comme reflétant la mobilité de fluides supérieur à ce que l’on pouvait atteindre jusque-là.
hydratés, doivent être réexaminées dans l’optique Elle fournit les cadres chronostratigraphiques et
de la migration de magmas issus de la fusion de la paléoenvironnementaux ainsi qu’un modèle
croûte océanique. Enfin, on manque cruellement de d’enchaînement de cycles superposés ou emboîtés
données sur la composition et l’hétérogénéité de la selon des longueurs d’onde variables. Le message
croûte continentale inférieure, dont le rôle de sédimentaire, une fois décrypté, est le seul capable
source possible de magmas ou de contaminant des de fournir les éléments indispensables à l’évolution
magmas mantelliques s’avère de plus en plus évi- des disciplines travaillant avec le support sédimen-
dent. Toutes ces directions de recherches devraient taire. Ces cadres et ce modèle sont l’ébauche incon-
conduire à des progrès considérables par une tournable des résultats attendus par les études plu-
approche conjointe de cas naturels (menées en par- ridisciplinaires.
ticulier à l’aide des techniques d’analyse géochi-
miques in situ en cours de développement), de tra- Dans le contexte international, la communauté
vaux expérimentaux et de modélisation française, nombreuse mais dispersée, occupe une
thermodynamique des interactions solides-liquides. position honorable dans le développement des
méthodes de déchiffrage du message sédimentaire.
Elle a intégré, utilisé et développé, les nouveaux
concepts. Elle fait preuve depuis quelques années
1. 2 CYCLES EXTERNES ET ÉVOLUTION d’un dynamisme exprimé par quelques nouveaux
DE LA SURFACE DE LA PLANÈTE recrutements (tant académiques qu’industriels), des
collaborations internationales de plus en plus sui-
vies, et par un effort d’animation scientifique (ASF,
Le message sédimentaire ateliers, écoles d’été, publications, etc.).
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RAPPORT DE CONJONCTURE 1996
Une bonne lecture du message sédimentaire Cette démarche se retrouve dans les thèmes
passe donc obligatoirement par une itération pluri- suivants qui constituent autant de sujets de
disciplinaire qui réponde aux besoins essentiels, à recherche porteurs :
savoir : - Évaluation des vitesses de déformation, notam-
- l’analyse tridimensionnelle et multi-échelle des ment sur des bases stratigraphiques, connexions
sédiments ; interne-externe – relations entre processus continus
- la mesure du temps ; et discontinus.
- l’évaluation des paléoaltitudes et des paléobathy- - Bilans érosion/transport/dépôt (flux) – restau--
métries ; ration des épaisseurs érodées.
- la compréhension et l’utilisation des traceurs bio- - Relations entre morphologie et facteurs clima-
logiques ou géochimiques. tiques ou tectoniques (morphodynamique).
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11 - PLANÈTE TERRE : STRUCTURE, HISTOIRE ET ÉVOLUTION
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RAPPORT DE CONJONCTURE 1996
un signal morphologique bien interprété peut deve- breux laboratoires en Sciences de la Terre sont
nir à son tour une donnée fondamentale pour étu- amenés à investir dans les années à venir.
dier des processus d’origine interne, comme la
déformation crustale et la genèse des reliefs. Une
Planétologie
meilleure prise en compte des problématiques de
géomorphologie par la communauté française des
Sciences de la Terre est indispensable dans les Ce n’est pas trop s’éloigner de la Terre que de
années à venir. dire que la communauté des chercheurs relevant de
la section 11 est également partie prenante dans la
Concernant les études de terrain, les cher- Planétologie comparée. Avec les données qui
cheurs en Sciences de la Terre disposent d’une affluent déjà de la Lune (Clémentine), et qui vont
expérience précieuse. Depuis plusieurs années, une affluer de Mars (Mars 96, MGS96), trop peu de labo-
démarche clef pour l’étude des risques volcaniques ratoires des Sciences de la Terre appliquent encore
et sismiques consiste à étudier, de façon systéma- leur savoir-faire en géophysique au domaine de la
tique, des sites choisis au plan mondial non seule- planétologie. Plusieurs d’entre eux pourraient appor-
ment pour leur intérêt scientifique propre, mais ter beaucoup, dans le domaine de l’analyse spectrale
aussi pour leur fort potentiel de risque. Il s’agit là par exemple. En matière de géomorphologie com-
d’une démarche essentielle pour mieux com- parées, une autre richesse d’investigation s’ouvre sur
prendre les mécanismes fondamentaux de déclen- les processus façonnant la forme de la surface des
chement des catastrophes naturelles et contribuer à planètes. Enfin, en matière de formation et d’évolu-
en amoindrir les effets. Ces recherches concernent tion de la Terre primitive, les équipes de géochimie
le Programme National sur les Risques Naturels disposent d’une expérience irremplaçable pour
pour lequel les chercheurs rattachés aux sections conduire certaines recherches en planétologie.
11, 12 et 13 du Comité National jouent un rôle clef.
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11 - PLANÈTE TERRE : STRUCTURE, HISTOIRE ET ÉVOLUTION
Parmi les différents champs d’investigations groupe et les données de la stratigraphie séquen-
méthodologiques et instrumentales, les exemples qui tielle, ou encore entre plusieurs de ces composantes.
suivent sont potentiellement porteurs d’importantes
percées sur notre compréhension du système “Terre”.
Géophysique
Un autre volet décisif concerne les méthodes Dans le domaine profond, l’imagerie géophy-
utilisant les cosmonucléides (méthode au Be10, par sique multiparamètres, avec l’interprétation
exemple) dont les mesures sont effectuées sur conjointe de données géophysiques variées (sis-
Tandetron, avec la mise en place proposée de miques, sismologiques, gravimétriques, électroma-
machines spécifiques (basse énergie) dédiées aux gnétiques, magnétique), reste un objectif ambitieux.
problèmes des Sciences de la Terre, afin de passer Le développement de ce type d’approche, qui
au stade de la routine avec des précisions accrues. passe nécessairement par le support de modèles de
représentation physique du milieu, devrait apporter
des contraintes déterminantes sur la structure et la
Biochronologie dynamique des différentes enveloppes profondes
de la Terre, de la base de la croûte au noyau.
De nouveaux concepts influent sur les
méthodes de biochronologie, soit directement parce
Imagerie spatiale et déformation
que celles-ci sont issues de recherches méthodolo-
giques (approche déterministe des Associations
Unitaires ou approche probabiliste des RASC - Une forte volonté apparaît dans ce domaine
Ranking & Scaling), soit indirectement lorsqu’elles pour fédérer les recherches centrées en France sur
sont issues de nouvelles conceptions de l’évolution les “Applications géophysiques de l’interférométrie
des agencements des corps sédimentaires (stratigra- radar”. Cette révolution technologique toute récente
phie séquentielle). En outre, les approches intégrées intéresse une population débordant largement celle
sont aujourd’hui prioritaires, par couplages entre de la section 11. Sont concernés les tectoniciens et
divers groupes taxinomiques, entre un groupe fos- sismotectoniciens, les volcanologues, les glacio-
sile et des données physico-chimiques, entre un logues, les hydrologues, les atmosphéristes, les spé-
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11 - PLANÈTE TERRE : STRUCTURE, HISTOIRE ET ÉVOLUTION
Parler de recrutement de jeunes chercheurs sur une technique est par ailleurs une tendance
pose inévitablement le problème de leur formation. générale dans la compétition internationale de la
Les équipes de Sciences de la Terre forment un recherche. Elle peut être néfaste à une bonne inser-
cadre de formation original à cet égard. Étudiant un tion des chercheurs dans une problématique
système naturel complexe, il est fondamental que “Sciences de la Terre” si les méthodologies ou les
les chercheurs soient avant tout bien formés aux techniques analytiques deviennent des motivations
disciplines de base, incluant une formation solide propres, peu en rapport avec l’objet étudié.
en physique, chimie et mathématiques. Le sens du Habituer les jeunes chercheurs à l’approche pluri-
“système étudié” est long à acquérir. Le contact disciplinaire, tout en leur demandant d’être pointus
avec le “terrain”, les Écoles d’été, les colloques sur dans leur propre domaine, fait partie des grands
des thèmes spécialisés en pointe sont indispen- enjeux d’une formation réussie en Sciences de la
sables pour cet apprentissage. L’hyperspécialisation Terre.
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