Untitled
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2022
15, RUE SOUFFLOT, 75005 PARIS
www.odilejacob.fr
ISBN 978-2-4150-0540-5
Les biens communs,
Organisation de l’ouvrage
Une initiative prometteuse :
L’enjeu agricole
Comme nous en reparlerons dans le chapitre dédié aux
paysanneries, les conclusions de Bruno Losch, économiste
du Cirad (Centre de coopération internationale en recherche
agronomique pour le développement) détaché à la Banque
mondiale dans le cadre d’un programme d’étude sur la
libéralisation de l’agriculture des pays en développement,
15
donnent des clefs à cet égard, même seize ans après .
Il y notait le caractère relativement modeste des gains
globaux en matière de bien-être, issus de l’ouverture et de
la libéralisation des échanges, et leur répartition
défavorable aux pays les plus pauvres. Surtout, il y analysait
cinq difficultés majeures pour le développement
économique des pays en voie de développement (PED), en
particulier les pays les moins avancés et la plupart des pays
à faible revenu, pour lesquels l’agriculture reste un secteur
stratégique :
1. Le fonctionnement optimal des marchés est contrarié
dans les faits, et notamment dans les PED, par leurs
imperfections (coûts de transaction), leurs défaillances
(externalités, dotation insuffisante en biens publics) et
leur fréquente incomplétude (par exemple déficit en
crédit, en transport, en information).
2. La libéralisation s’est aussi et surtout traduite par : a)
une redéfinition du rôle respectif des firmes et des États
de par le retrait des pouvoirs publics de la production, de
la commercialisation et de la gestion de l’offre ; b) une
asymétrie accrue entre les acteurs de la production et
ceux de l’aval (négoce, transformation, distribution)
renforçant la tendance naturelle des marchés à la
concurrence imparfaite ; c) l’émergence d’agricultures à
plusieurs vitesses au sein des différentes économies
nationales (tous les producteurs ne sont pas en mesure
de participer à ces nouveaux marchés du fait de
contraintes techniques et financières liées au respect des
normes et des standards privés imposés par les firmes)
avec un secteur d’entreprises en mesure de jouer
l’insertion internationale compétitive, un secteur en
marginalisation accélérée caractérisé par de petites
exploitations agricoles en situation de survie
économique et un entre-deux à l’avenir incertain.
3. La globalisation et l’ouverture des marchés signifient
concrètement une mise en concurrence entre des
niveaux de compétitivité et de productivité du travail
radicalement différents (de 1 à 1 000), sans même qu’il
faille évoquer les distorsions de marché liées aux
soutiens massifs des pays les plus riches à leurs
*8
agricultures . Les agricultures motorisées et chimisées
des pays industrialisés et les entreprises agricoles de
certaines régions des PED ne concernent que 2 à 3 % des
actifs mondiaux (une trentaine de millions de
producteurs), alors que l’agriculture de petites
exploitations regroupe plus de 400 millions
d’agriculteurs, le plus souvent en situation de marginalité
absolue. Moins nombreux, les producteurs en situation
intermédiaire (ayant recours aux intrants et parfois à la
culture attelée) dans un écart de productivité au mieux
de 1 à 20 peuvent dégager des surplus
commercialisables, même si l’évolution des prix relatifs
leur a été défavorable. La faible rémunération du travail
reste, avec les ressources naturelles, l’un des seuls
avantages comparatifs de nombreux PED…
4. Les hypothèses sous-jacentes du modèle renvoient
implicitement à un modèle évolutionniste des économies
nationales inspiré par l’histoire des révolutions agricoles
e
et industrielles de l’Europe du XIX siècle : sauts
technologiques, accroissement de la productivité dans
l’agriculture, libération de la main-d’œuvre utilisable
pour l’industrie naissante et les services, croissance des
activités rurales non agricoles. La reproductibilité d’une
telle séquence, qui a marqué l’idéologie du
développement, apparaît toutefois de moins en moins
plausible pour de nombreux pays à faible revenu qui
conservent encore une proportion importante de leur
population active dans l’agriculture et où les alternatives
en termes d’emploi sont limitées. La principale contrainte
est alors la pression de la concurrence internationale qui
pèse sur les possibilités d’exportation ou diminue la
viabilité d’activités destinées au marché local.
5. Les conditions spécifiques des premières
industrialisations n’ont en effet strictement rien à voir
avec l’économie mondiale en 2006. D’une part, les
économies européennes ont joui de marchés captifs pour
asseoir leurs industries naissantes et d’une absence de
concurrence de leurs colonies. D’autre part, le « trop-
plein » de main-d’œuvre et de pauvres ruraux que
l’industrie et les activités urbaines n’étaient pas en
mesure d’absorber s’est résolu au travers de migrations
internationales de grande ampleur (entre 1850 et 1930,
plus de 60 millions d’Européens émigrent). Aujourd’hui,
la pression migratoire est tout aussi forte, exacerbée par
une connaissance plus fine des modes de vie des pays
riches, mais le monde est fermé à la circulation des
personnes…
Dans l’ensemble des pays les moins avancés (49 États),
*9
une grande partie des pays dits à faible revenu (54 États)
et certains pays à « revenu intermédiaire de la classe
inférieure », soit l’essentiel de l’Afrique subsaharienne, les
alternatives en termes d’emplois et les créations d’emplois
en dehors du secteur agricole et d’un informel urbain mal
défini sont très limitées, alors qu’ils connaissent des taux de
croissance démographique encore soutenus, les plus élevés
du monde (entre 2,5 et 3 % par an). Cette croissance se
traduit par des cohortes annuelles imposantes de jeunes
arrivant sur le marché du travail. À l’échelle d’un pays
comme le Sénégal ou Madagascar, ce sont entre 200 000 et
300 000 jeunes qui arrivent chaque année sur le marché du
travail alors que l’économie formelle hors agriculture offrira
au mieux quelques dizaines de milliers d’emplois.
À l’issue de sa démonstration, et avant même la prise de
conscience de la nouvelle donne du changement climatique,
Bruno Losch concluait en 2006 à un risque de
cloisonnement du monde, porteur de risques majeurs, avec
d’un côté des États riches et emmurés et de l’autre des
« non-zones » de pauvreté, et donc à la nécessité de
réinvestir massivement et autrement dans un
accompagnement de la transition. Et notamment dans des
« espaces d’intégration Nord-Sud ne se limitant pas à la
seule dimension commerciale » et dans un appui massif à
l’agriculture devant rester, pour les quelques décennies
cruciales à venir, le seul véritable secteur d’absorption de la
croissance démographique.
Une analyse que partagent totalement les petits
producteurs paysans. Quelques semaines après l’adoption
16
par l’UE en 2001 de la décision Tout sauf les armes (TSA) ,
le Roppa (Réseau des organisations paysannes et des
producteurs agricoles de l’Afrique de l’Ouest) et la Via
Campesina (Mouvement international regroupant des
organisations de petits et moyens paysans d’Asie, des
17
Amériques, d’Europe et d’Afrique) l’ont dénoncée dans un
communiqué de presse : « La décision de l’UE d’ouvrir sans
droit de douane son marché agricole aux produits des pays
moins avancés est le contraire d’une solution pour ces pays.
Elle est plutôt faite pour justifier la pénétration des marchés
des pays moins avancés par les exportateurs de l’UE que
pour donner une réelle chance aux agriculteurs des pays
moins avancés de vendre leurs productions en Europe…
Pour la Via Campesina et le Roppa, la priorité doit être
donnée à une production vivrière, saine, de bonne qualité,
culturellement appropriée, pour le marché intérieur de
chaque pays et pour le marché sous-régional ou régional de
chaque région du monde… La décision européenne va au
contraire renforcer les bénéfices des grandes firmes utilisant
les ressources et la main-d’œuvre des pays moins avancés
pour les cultures d’exportation vers l’UE. Cela diminuera les
ressources et la main-d’œuvre consacrées à la production
d’aliments pour les familles paysannes et urbaines de
18
chaque pays, augmentant ainsi l’insécurité alimentaire . »
Une déclaration prémonitoire puisque le déficit des
échanges alimentaires (produits agricoles non alimentaires
exclus) des pays les moins avancés d’Afrique de l’Ouest vis-
à-vis de l’Europe n’a fait qu’augmenter.
Conclusion
Le foncier rural,
Conclusion
Les paysanneries au centre
de la souveraineté alimentaire
13
Les agropoles de l’émergence
Ce sont des zones de transformation agro-industrielle
spéciales qui se veulent des pôles de croissance agricole.
Les grands acteurs étrangers, censés pallier le manque de
financement public, y occupent une place primordiale. Ils
proposent d’investir massivement et d’exploiter de grands
domaines en utilisant des technologies de pointe et en
mutualisant un certain nombre de services. Sont à la
manœuvre pour mobiliser des financements publics-privés
des coalitions mêlant acteurs publics internationaux, de
grandes fondations philanthropiques privées (dont la
14
fondation Gates) et des multinationales agro-industrielles
telles que la Nouvelle Alliance pour la sécurité alimentaire et
la nutrition (Nasan), GAIN, FFI, SUN, AGRF, Grow Africa,
GACSA, AFAP, Asiwa…
Conclusion
Finance et monnaie :
Des pistes de solution
Il convient d’accompagner les États dans leur élaboration
des stratégies régionales d’aide pour le commerce au centre
desquelles se trouvent deux démarches complémentaires
qui requièrent des mécanismes de financement adéquats :
1. Le soutien à la construction de chaînes de valeur
régionales à fort impact économique et social sur les
populations les plus pauvres, généralement celles des
pays les moins avancés.
2. Le développement de la coopération entre entreprises
dans les secteurs essentiels et vitaux tels que les
services éducatifs, les services de santé, les utilities,
surtout énergétiques, les services financiers et les
services numériques.
Pour contribuer à l’émergence économique et sociale du
continent, les efforts pourraient s’articuler autour de cinq
axes d’intervention qui intègrent la problématique du
financement.
Le premier axe consiste à accompagner les États en
matière de financement du développement, en conformité
avec le Programme de développement durable et ses
Objectifs à l’horizon 2030, et l’accord de Paris sur le climat
(COP21), qu’ils ont adoptés fin 2015, de même que les
engagements pris lors de la COP26 à Glasgow en Écosse au
mois de novembre 2021 et à Abidjan lors de la COP15 sur la
désertification au mois de mai 2022.
Les financements que doivent mobiliser les pays pour
mettre en œuvre leurs stratégies de développement et
d’adaptation au changement climatique sont considérables.
Or, si l’aide publique au développement est encore
essentielle pour les pays les plus fragiles, elle n’est plus
suffisante ni forcément adaptée à l’ensemble des besoins
des pays en développement. Toutes les sources de
financement, publiques, privées, internes et externes, ainsi
que différents types d’instruments de financement,
classiques ou innovants, doivent être mobilisés, avec de
nouvelles formules de partenariat entre acteurs publics et
privés.
Ainsi, la question des sources et instruments de
financement du développement fait l’objet depuis 2010
d’une réflexion du Réseau des ministres et experts des
Finances des pays francophones à faible et moyen revenu. Il
a pour objectif d’échanger les expériences et les
connaissances et de porter les propositions et
préoccupations des pays francophones sur les questions de
financement dans les discussions et débats internationaux
qui les concernent.
Le deuxième axe d’intervention vise à renforcer
l’inclusion financière des très petites, petites et moyennes
entreprises portées par les femmes et les jeunes, et à
favoriser la création d’entreprises formelles. En effet, l’un
des principaux obstacles à la création et au développement
des entreprises est le manque de financements. L’offre de
services financiers pour les entrepreneurs, surtout en phase
de démarrage, demeure insuffisante.
Face à ce constat, un organisme comme l’Organisation
internationale de la francophonie (OIF) a lancé un
Programme de promotion de l’emploi par l’entrepreneuriat
chez les jeunes et les femmes en Afrique subsaharienne
francophone qui cible la mésofinance, secteur très peu
développé en Afrique subsaharienne. Il concerne des
besoins de financement de 1 million de francs CFA
(1 500 euros) à 50 millions de francs CFA (75 000 euros)
pour des jeunes entreprises en phase de démarrage qui ont
un plan d’affaires, des réseaux, des compétences, mais qui
ont besoin d’un financement d’amorçage pour les premiers
investissements et le fonds de roulement de la première
période d’exploitation.
Par ailleurs, l’absence de garantie à faire valoir auprès
des établissements de crédit représente également un frein
majeur à la création et la viabilité des « jeunes pousses ».
On note que ces difficultés d’accès aux financements des
banques et des établissements financiers sont exacerbées
quand les projets sont issus des secteurs ruraux ou des
secteurs innovants, qui représentent plus de risques pour
les financeurs, ou quand ils sont portés par des femmes,
dont certains acteurs bancaires et financiers exigent encore
l’accord du mari avant d’accorder le prêt, ou par des jeunes.
Dans ce contexte, il convient de mettre en place des
activités d’information et de formation destinées aux très
petites, petites et moyennes entreprises sur les différents
modes de financement existants (fonds de garantie, fonds
d’investissement, microcrédits, crédits bancaires,
financement participatif, etc.) ; des ateliers de formation en
gestion financière et comptable s’adressant aux PME afin de
renforcer leur connaissance sur les exigences des banques
sur les dossiers de financement ; des séminaires de
renforcement des capacités des institutions financières à
évaluer les start-up et renforcer leur offre de services à
destination des PME.
Le troisième axe s’inscrit au niveau microéconomique. À
titre d’exemple, durant la période 2000 à 2009 pour la
région Afrique de l’Ouest, l’OIF a initié plusieurs projets en
microfinance et développé deux partenariats avec
Développement international Desjardins (DID), une des
têtes de file dans le domaine, et la Fédération nationale des
caisses d’épargne françaises (FNCE).
La première action issue de cette collaboration a été la
mise en œuvre du Centre d’innovation financière (CIF) à
Ouagadougou qui s’est transformé en Confédération des
institutions financières (CIF) en 2007, regroupant six
réseaux coopératifs et mutualistes du Bénin, du Burkina, du
Mali, du Sénégal et du Togo. La CIF représente aujourd’hui
70 % du marché de la microfinance dans sa zone
d’opération avec 2,4 millions de membres.
Parallèlement, des actions de renforcement de capacités
ont permis à plus de 210 cadres, dirigeants et techniciens
provenant de 138 institutions de la microfinance issues des
huit pays de l’UEMOA de profiter de services de formation et
d’accompagnement et de développer leurs compétences
pour la gestion stratégique d’une institution de
microfinance. Des interventions sous forme d’appuis
techniques directs ont été également effectuées dans
quatre réseaux d’institutions de microfinance de deux pays
(Sénégal, Niger), représentant au total 100 541 membres
bénéficiaires, pour divers diagnostics (fonction crédit, plans
d’affaires triennaux, plans de développement). Par ailleurs,
dans le cadre du Projet francophone d’appui au
développement local (Profadel), des actions ponctuelles de
microfinance issues des projets prioritaires des plans locaux
de développement ont été financées et certaines de ces
initiatives font aujourd’hui partie du plan Sénégal émergent.
Le quatrième axe d’intervention est la mobilisation de
financements innovants et alternatifs pour le financement
du développement. Le financement participatif est un
secteur en plein essor. Le recours à la finance participative
apparaît aujourd’hui comme une solution adaptée pour
répondre aux enjeux de développement et constitue un
véritable outil de solidarité. Il s’agit également d’un
mécanisme innovant de financement d’amorçage pour les
très petites, les petites et les moyennes entreprises. Son
principe de fonctionnement est assez simple : un
entrepreneur sollicite en ligne une somme d’argent en vue
de financer un projet propre. Les souscripteurs intéressés
annoncent en ligne les montants qu’ils sont prêts à
débourser pour financer le projet. À une date butoir définie
au préalable, les comptes sont faits avec deux destins
possibles : soit le montant recueilli en ligne est supérieur ou
égal à la somme demandée et l’entrepreneur se voit verser
le montant, devenant de fait débiteur des souscripteurs qui
possèdent de facto des parts dans le projet ; soit le montant
recueilli est inférieur à celui demandé par l’entrepreneur et
on reverse à chaque souscripteur la part versée, en
déclarant infructueuse la demande de financement. J’ai eu
l’opportunité, comme directeur de la Francophonie
économique et numérique au sein de l’Organisation
internationale de la francophonie (OIF), de suivre en 2016
et 2017 plusieurs demandes de financement participatif sur
notre plateforme « Finance ensemble » et j’ai trouvé
l’expérience très bénéfique car permettant à de jeunes
entrepreneurs d’accéder par ce biais à des financements
qu’ils auraient eu beaucoup de mal à trouver ailleurs, du fait
notamment de l’absence de garanties.
Néanmoins, des défis se posent encore en Afrique
subsaharienne, où les jeunes entrepreneurs se heurtent à
des difficultés de financement de leurs projets. En outre, la
mise en place de cadres réglementaires favorables à ce
nouveau mécanisme de financement demeure un enjeu
crucial pour son développement dans l’espace africain.
L’idée de construire des plateformes de financement
participatif mérite d’être explorée, concrétisée et mise à
l’échelle.
La diaspora constitue également un important levier pour
le développement de la finance participative dans les pays
en développement. À cet égard, il est indispensable
d’encourager la mobilisation des diasporas au bénéfice des
territoires où les financements ainsi que l’accès aux moyens
de paiement sont limités au sein de l’espace africain.
Le dernier axe d’intervention est centré sur la
structuration des acteurs bancaires qui apparaît essentielle
au financement des économies africaines. Dans cette
perspective, il a été créé en juin 2013, à Paris, l’Union
bancaire francophone qui réunit une vingtaine
d’associations professionnelles de banques et fédérations
d’associations professionnelles de banques, au niveau
national ou régional (comme l’Union des banques arabes,
l’Union des banques maghrébines, les Fédérations des
associations bancaires de l’UEMOA et de la Cemac, etc.),
afin d’encourager le partage d’informations et de bonnes
pratiques, de favoriser la coopération internationale sur les
sujets d’intérêt commun entre les associations bancaires
membres.
Il en est ressorti une excellente coopération entre acteurs
du Club des dirigeants de banques et établissements de
crédit d’Afrique qui a été marquée par l’organisation de
plusieurs rencontres entre les banquiers d’Afrique de
l’Ouest, d’Afrique centrale et du Mékong francophone au
Cameroun et au Vietnam, aboutissant à l’établissement
d’une coopération directe entre la banque vietnamienne
Vietinbank et la Banque of Africa de la Guinée-Bissau, la
Congolaise des banques et Orabank-Togo.
Enfin, un point crucial retient de plus en plus l’attention
dans les cénacles universitaires franco-africains et sur les
réseaux sociaux, c’est le rôle du crédit dans le financement
de l’émergence des économies de la zone franc.
L’architecture de la zone du franc CFA – l’intégration
monétaire régionale et l’ancrage à parité fixe au franc puis à
l’euro – est un héritage de la colonisation française en
Afrique qui a résisté au processus politique de la
décolonisation. Des pays entre lesquels les échanges
économiques étaient faibles ont adopté une même
monnaie. Aux yeux de certains économistes, cela fait de la
zone un modèle à suivre en matière d’intégration
1
monétaire . Cette histoire a conféré un rôle singulier aux
économistes et statisticiens au sein des institutions
monétaires. Les politiques monétaires et de change ont
longtemps semblé pouvoir se passer d’éclairages théoriques
ou empiriques approfondis, les travaux économiques
2
demeurant faibles et parcellaires . Cette situation a changé.
Les savoirs produits par des études et recherches
économiques constituent aujourd’hui un registre central de
justification pour argumenter du bien-fondé de la gestion du
FCFA. La Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest
(BCEAO) semble favoriser l’essor d’un groupe de
statisticiens et d’économistes à même de défendre la parité
fixe à l’euro et la stabilité des prix, et d’élaborer et gérer
3
des instruments de politique monétaire idoines .
Une telle situation a exposé les mécanismes de la
gestion économique à des critiques importantes. Alors que
la BCEAO adoptait à compter de 1989 une série
d’instruments inspirés par les politiques orthodoxes de
l’Union européenne, les réformes étaient dénoncées comme
étant en trompe-l’œil. Les nouveaux instruments de
politique monétaire (dits « indirects ») accordaient par
exemple un rôle central aux taux d’intérêt de la BCEAO,
alors que ceux-ci n’avaient pas d’influence attestée sur
l’inflation, voire montraient des effets contraires à ceux
attendus 4. La régulation monétaire s’opérait en outre
souvent à l’écart des textes officiels, ou par leur
5
contournement : les instruments de contrôle du crédit et
des prix, en théorie abandonnés en 1989 et 1994 (le
« programme monétaire »), ont continué d’être employés ;
un contrôle des capitaux était imposé en 1998, en
contradiction avec les principes de la zone franc… Si les
réformes conduites dans les années 1990 ont doté le FCFA
d’instruments censés en faire une monnaie « crédible » au
sens néolibéral, la régulation monétaire a continué de
recourir en pratique à des mécanismes issus de
l’interventionnisme de la période antérieure. Des travaux
ont aussi dénoncé la faible pertinence du débat sur les
politiques monétaires au regard des enjeux économiques et
sociaux effectifs, notamment au moment de la dévaluation
6
du franc CFA de 50 % de 1994 . Les choix des dirigeants ont
semblé être guidés par des stratégies d’extraversion 7,
mobilisant leur rapport à l’extérieur pour affermir et
autonomiser leur pouvoir à l’intérieur. La discussion sur le
juste taux de dévaluation en 1994 a ainsi été éclipsée par
les négociations sur le niveau et la forme des
compensations financières (les « mesures
d’accompagnement »).
En septembre 2002, l’interdiction du financement des
8
États par la BCEAO , qui a renvoyé les États vers un
dispendieux endettement auprès des marchés, était une
réplication des institutions européennes 9. Cette décision
très contestable pouvait s’expliquer par la crainte de
possibles dévaluations futures, par l’ethos modernisateur de
10
dirigeants y voyant un symbole de sophistication , ou
encore par la naturalisation de visions du monde issues des
théories orthodoxes 11, voire par un alignement cognitif des
banquiers centraux sur des raisonnements marchands
12
dominants . Les logiques d’extraversion des dirigeants de
la BCEAO renvoient aussi à la longue durée et aux
reconfigurations postcoloniales des relations de pouvoir 13.
En effet, à vouloir être plus royalistes que les rois, les rois
étant les banques centrales des pays développés à
économie de marché, les deux principales banques
centrales de la zone franc, à savoir la BCEAO et la BEAC, ont
tendance à se lier les mains dans un carcan monétariste qui
montre singulièrement ses limites depuis la crise des
subprimes, obligeant ainsi les économies de la zone CFA à
financer leur émergence avec les seuls flux d’aide au
développement. Cette servitude monétaire, héritée
d’arrangements institutionnels qu’il faudra tôt ou tard
réviser, n’est pas compatible avec l’émergence économique
africaine, car elle minore le rôle historique des politiques
monétaires expansionnistes, et donc du crédit, dans le
processus du développement des nations.
Il est temps de sortir du système économique de la zone
franc, dont la variable d’ajustement est le chômage massif
des jeunes. C’est un devoir de génération et, pour relever ce
défi, il paraît impératif de s’engager dans une démarche
sincère et exigeante, qui refuse de considérer le concept
d’émergence comme un simple alibi, afin de conduire les
populations sur la voie d’une croissance partagée et d’un
développement responsable.
Une histoire ancienne
Avec Jean-Michel Servet, professeur à l’université
Lumière-Lyon-II, on peut évoquer trois formes africaines
(mais pas exclusivement) de la monnaie comme
« commun » : la monnaie-corde, le panier des ancêtres et
15
les tontines . Je les reprends ici.
LA MONNAIE-CORDE
LE PANIER DES ANCÊTRES
LES TONTINES
COMME DE L’EAU
C’est déjà dans le nom de « liquidité » comme synonyme
d’argent que réside toute l’ambiguïté du fait monétaire. Si
dans la trappe à liquidités la monnaie apparaît comme la
forme suprême de détention et d’accumulation de la
richesse, et donc de sa stagnation en dehors de la
circulation, si chez Keynes la liquidité en tant que principe
de base des marchés financiers est décrite comme un
32
« fétiche antisocial », c’est en soi que le mot « liquidité »
renvoie à la disparition. Une même racine indo-européenne,
qui dit le fait de s’en aller, donne le mot grec ekleipsis
33
(« éclipse ») et en latin le mot liquidus .
Tout comme l’eau du fleuve cherche la mer, la monnaie
cherche à s’écouler. En tant que liquidité, la monnaie
semblerait avoir le droit d’être conçue comme bien commun
au même titre que l’eau. La différence réside dans le fait
que l’eau est d’abord une « chose de nature », tandis que la
monnaie est ab initio un « fait d’institution ». Mais, dans la
mesure où l’analogie tient, on pourrait se demander quelles
sont les conditions d’accès à la monnaie, ainsi que les
conditions de son renouvellement en tant que ressource de
base, qui en respectent la qualité de commun.
En d’autres termes, s’il y a un cycle de l’eau, il devrait
bien y avoir aussi un « cycle de la monnaie ». Keynes y fait
allusion dans sa phrase, mais il faut expliciter ce qu’il en
reste d’implicite : le « cycle de la monnaie » a trait aussi
bien aux modalités de sa circulation qu’à la manière de sa
création, voire de son apparition dans l’espace des
échanges – espace qui a besoin de la monnaie « comme de
l’eau ».
En termes plus techniques, puisque la monnaie n’est pas
un bien de nature mais un fait d’institution, sa nature est
décidée par les modalités mêmes de sa création, plus
précisément encore de son émission. Si elle doit rester
inappropriable et témoigner de son inappropriabilité dans sa
finale disparition, alors il faut qu’elle ne puisse pas être
appropriée dès le début.
C’est déjà le cas du fiat money actuel : la monnaie de
banque centrale est compatible avec une politique
d’émission monétaire, et donc aussi avec un QE, sans que
des limites « physiques » liées à la disponibilité d’une
marchandise de dernière instance interviennent pour la
limiter. Ce qui manque à cette monnaie « venant du rien »
c’est pourtant une capacité aussi systématique de « retour
au rien », voire de disparition dans la circulation. C’est en
effet cette capacité qui fait de la monnaie quelque chose
d’irréductible à une quantité : quelque chose ne pouvant
foncièrement être approprié et d’infiniment partageable, et
donc, en positif, un commun, au sens de cette « chose »
dont l’accès n’est pas limité par la propriété privée, ni
accaparé par une propriété publique, et dont les conditions
effectives d’usage constituent aussi les conditions
partagées de son entretien et son renouvellement.
Ces caractéristiques, nous les avons déjà rencontrées au
chapitre 2 consacré à la terre et aux ressources naturelles :
dans le droit traditionnel africain, il existe des formes de
propriété commune, par exemple au niveau de
l’organisation villageoise, qui pourraient être reprises pour
revivre et « africaniser » la notion de commun. On les
trouve par exemple dans les droits à la pêche sur le fleuve
Niger, avec une hiérarchie de droits et d’instruments de
pêche différents. Ou encore dans l’usage des terres avec
des droits qui se superposent : une fois la récolte faite, le
champ devient collectif et chacun peut y faire aller ses
vaches. L’avantage, pour le possesseur du champ, étant les
bouses qui vont le fertiliser pour l’année suivante. Ou aussi
dans l’organisation de la chasse chez des populations du
type Pygmées ou en Afrique du Sud. Certes, il s’agit là de
communs qui ressemblent de près aux communs de
l’Europe médiévale, donc liés à une technique traditionnelle
et à une société hiérarchique, mais ils pourraient être
réinterprétés en un sens coopératif et démocratique, en
relation aussi avec de nouvelles techniques.
Une monnaie est telle quand elle est capable de circuler,
quand le circuit dans lequel elle est appelée à servir de
monnaie est bien dessiné : c’est tout le problème de ce
qu’on appelle les canaux de transmission de la politique
monétaire. Il se pourrait donc que, déjà au moment de son
institution, la monnaie doive être affectée à des modalités
assez précises de circulation, ou qu’inversement sa
thésaurisation soit assez bien contrée. C’est par exemple le
cas du bancor projeté par Keynes en 1944, dont j’ai repris
certains aspects pour ce qui concerne les échanges au
34
niveau des pays de la future « zone eco ».
LES CHOIX FONDAMENTAUX
LE FUTUR SYSTÈME
Conclusion
On retiendra ici que nous pouvons sortir de la spirale du
surendettement et de notre extrême dépendance aux
financements extérieurs en promouvant une finance
articulée autour de critères d’usage (quels sont nos besoins
à satisfaire) et des liens que nous souhaitons tisser sur nos
territoires et entre nos populations. Ne parlons donc pas de
la finance mais des finances africaines, plurielles, de
proximité, d’engagement, tissées à partir d’aspirations et de
principes de coordination qui nous sont propres.
Pour cela, je propose que notre endettement soit géré en
Afrique de l’Ouest par une institution régulée via une arène
de choix collectifs, l’AOAD.
Je propose aussi de tourner définitivement la page du
franc CFA et d’édifier une future monnaie pour l’ensemble
de l’Afrique de l’Ouest, prélude à un véritable
*9
panafricanisme monétaire . Pour le succès de cette
construction, la seconde dimension de la monnaie, celle
économique, est cruciale : comment réussir la transition
monétaire du franc CFA à l’eco et faire de la future zone eco
une « zone monétaire optimale 41 » ?
L’institution de communs monétaires africains devrait
avoir pour ambition de dépasser le débat entre
« fédéralistes » et « souverainistes » ainsi que celui entre
tenants d’une approche ex ante et partisans d’une approche
ex post de l’optimalité monétaire ; il s’agit d’imaginer des
formes d’association monétaire qui transcendent les
périmètres étatiques et/ou marchands. Promouvoir cette
dimension de la monnaie est ce qui justifie que les décisions
la concernant doivent relever de la démocratie et non d’une
autocratie, fût-elle supranationale.
CHAPITRE 5
Conclusion
Afrique-France :
La stratégie du pas en avant…
Dans son programme électoral de 2022, Emmanuel
Macron s’est montré plutôt taiseux sur les perspectives de
sa politique africaine 2022-2027, donnant la part belle de
son argumentaire électoral à son bilan de mandature. Doit-
on y voir la concrétisation des mots du président élu en
2017, actant la disparition de la politique africaine : « Parce
que je ne vais pas venir vous dire que nous allons faire un
grand discours pour ouvrir une nouvelle page de la relation
entre la France et l’Afrique. Oui je ne suis pas venu ici vous
dire quelle est la politique africaine de la France comme
d’aucuns le prétendent. Parce qu’il n’y a plus de politique
14
africaine de la France !! »
Le président-candidat rappela, néanmoins, que sa
mandature avait permis de reconfigurer ses rapports avec
l’Afrique, dans le cadre d’un partenariat équilibré et fondé
sur le dialogue en élaborant un agenda ambitieux sur
différents volets (économique, écologique ou encore
15
sécuritaire) et en conduisant un travail de mémoire inédit .
Parmi ces initiatives mémorielles inédites, rendant
hommage au commun-tragique franco-africain, il y eut,
notamment, la restitution au gouvernement du Bénin des
œuvres d’art africaines spoliées par la France, la
reconnaissance de crimes de guerre français durant la
guerre d’Algérie et des responsabilités françaises durant le
génocide rwandais en 1994. Par ces actes de
reconnaissance, entrés dans une certaine postérité par
l’édition de différents rapports corollaires, commandés par
le président à Benjamin Stora (Algérie), Felwine Sarr et
Bénédicte Savoy (restitution des œuvres d’art), Vincent
Duclert (génocide rwandais), Achille Mbembe (renouveau de
la relation entre l’Afrique et la France), un nouveau commun
de la réparation longtemps renié par les prédécesseurs
d’Emmanuel Macron voit le jour en ambitionnant de créer
*1
une nouvelle voie vers l’équité du commun franco-africain .
En europhile convaincu, mais également au titre de
président en exercice de l’Union européenne, Emmanuel
Macron élargit le spectre de la relation entre la France et
l’Afrique au champ de l’Europe. L’Union européenne est
effectivement un médium utile pour dépassionner la relation
de la France avec l’Afrique et faire passer l’idée d’extinction
du pré carré français, en faisant symboliquement glisser le
concept vers celui de commun euro-africain. Macron
ambitionne donc (comme ses prédécesseurs…) de lâcher
franchement les rênes du cheval fantôme Françafrique, mais
n’est-il pas à craindre qu’il prenne celles d’un cheval de
Troie européen, qui perpétuerait de façon plus subtile
l’emprise de la diplomatie économique française en
Afrique ? La France étant l’un des pays moteurs de la
communauté européenne, la question se pose avec acuité si
l’on considère l’impact des politiques commerciales de
l’Union européenne, qui ont institutionnalisé le
« saignement » des matières premières de l’Afrique, sans
considérer le soutien, réellement nécessaire, aux processus
de transformations endogènes des pays africains. À
l’horizon 2022-2027, j’estime qu’aller de l’avant dans une
relation économique vertueuse avec l’Afrique reviendrait
pour le président Macron à s’engager sur la voie d’un
échange plus juste avec ses partenaires africains, en
considérant une coopération sincère et équitable, autour
d’actions pour leur transformation structurelle, que j’expose
dans le premier chapitre de cet ouvrage.
On peut, par ailleurs, reconnaître à Emmanuel Macron
son action de valorisation des acteurs économiques de la
société civile africaine, qui ont longtemps souffert de leur
inaudibilité auprès de leurs dirigeants africains. Ces
innovations politiques concernant les jeunes, notamment du
secteur entrepreneurial, ont ouvert une nouvelle voie de la
diplomatie économique française, promise par Macron à la
jeunesse africaine lors de son discours aux étudiants de
l’Université de Ouagadougou en 2017 : « Et je suis d’une
génération qui observe que, partout sur le continent
africain, la jeunesse africaine réclame avec impatience de
participer à la construction du destin de son pays et de la
mondialisation. »
Ces mots ne sont pas restés lettre morte, car le président
français a affiché à son actif en 2022, entre autres
initiatives : la création d’un Conseil présidentiel pour
l’Afrique, think tank réunissant une sélection de
personnalités d’Afrique et de la diaspora, essentiellement
issues du monde de l’entreprise ; la création du programme
Choose Africa, par lequel l’AFD propose des instruments
financiers pour accompagner le développement des TPE et
PME africaines ; puis le développement de l’initiative Digital
Africa, spécialisée dans le soutien à la coopération pour
l’innovation numérique en Afrique…
Mais l’événement majeur de la communication politique
macronienne à l’endroit de la jeunesse africaine fut
l’organisation du sommet de Montpellier en octobre 2021,
qui selon la communication officielle « a permis d’impliquer
la société civile dans le renouvellement des relations entre
la France et l’Afrique ». Ce nouveau format événementiel,
lors duquel seuls de jeunes représentants de la société civile
africaine furent invités à s’exprimer « sans langue de bois »,
fut notamment l’occasion pour Emmanuel Macron d’aller
plus loin dans la rupture avec la communication politique
traditionnelle des rencontres entre chefs d’État, vieux
commun porteur de frustrations et d’impatiences pour les
citoyens d’Afrique. Faut-il y voir le suivi attentif d’une des
préconisations de l’enseignant-chercheur Achille Mbembe,
qui remettait peu de temps auparavant au président Macron
16
son rapport Les Nouvelles Relations Afrique-France ? Dans
ce rapport, il propose en effet de reconsidérer les relations
de la France avec les institutions gouvernementales
africaines en ces termes : « Faute de rééquilibrer ses
rapports avec le continent en faveur des sociétés civiles, sa
forte dépendance vis-à-vis de pouvoirs vieillissants,
discrédités et corrompus desservira ses intérêts à long
terme. »
… et de la marche arrière
Ce sommet des jeunes fut parmi d’autres événements du
commun franco-africain, sous Macron, le marqueur d’une
rupture voulue positive. Il a cependant créé une crispation
protocolaire du côté des chefs d’État écartés, crispation qui
est venue s’ajouter aux autres fissures diplomatiques et
institutionnelles assumées de la politique macronienne en
Afrique.
La mandature Macron a hérité des crises politico-
sécuritaires en Afrique de l’Ouest, marquées par la
multiplication des attaques terroristes et l’expansion
djihadiste au Mali, au Burkina Faso, au Bénin, au Togo, au
Nigeria, en Côte d’Ivoire… Mais également par une série de
transitions politiques non démocratiques, notamment
caractérisées par les coups d’État militaires en Guinée, au
Mali et au Burkina Faso.
L’action militaire antiterroriste de l’opération Barkhane,
au Sahel, du gouvernement Macron prit un tour inattendu,
dans une perspective classique de la coopération militaire
franco-africaine. Une grave crise politique franco-malienne a
vu le jour alors que l’action commune était plus que jamais
nécessaire. Cette rupture des relations diplomatiques entre
le gouvernement français et les autorités de transition
maliennes a trouvé son origine dans la défiance des
populations et des autorités maliennes vis-à-vis de la
présence militaire française au Mali, in fine jugée peu
efficace contre la progression des djihadistes. Lorsque les
autorités maliennes ont accepté de coopérer avec
l’entreprise de défense privée russe Wagner pour les
appuyer dans leur lutte antidjihadiste, la France s’y est
opposée de manière virulente, provoquant une surenchère
d’invectives entre les chefs d’État français et malien, au
point que ce dernier a ordonné le départ des troupes
françaises du Mali. Cet événement, vécu comme un affront
par la France, supplantée par les forces russes sur le
territoire de son ancien pré carré, ne restera pas sans
conséquences. Mais, comme l’avait déclaré Emmanuel
Macron en 2017, « il n’y a plus de politique africaine de la
France ! ! », à tout le moins plus de politique apparente, car
la riposte française s’est jouée sur un autre tableau, celui
des institutions régionales africaines.
Ces différents événements ont créé une fracture au
niveau des chefs d’État membres des organisations
régionales ouest-africaines de l’UEMOA et la CEDEAO. Cette
crise du commun institutionnel panafricain s’est illustrée en
début d’année 2022 par les prises de position divergentes
dans la gestion des crises politiques régionales. Elles furent
symptomatiques de la difficulté de certains États à se
départir de l’influence française dans l’adoption d’un
positionnement stratégique et juridique africain autonome.
Début janvier 2022, les dirigeants putschistes du
gouvernement malien de transition décident de se
maintenir cinq ans de plus à la tête de l’État, alors qu’ils
s’étaient initialement engagés à organiser, en février 2022,
des élections qui auraient ramené les civils à la tête du Mali.
En réaction, la Communauté économique des États
d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a sanctionné le Mali le
9 janvier 2022, en lui imposant un blocus économique dans
l’espace communautaire ouest-africain, interdisant la libre
circulation, les importations et exportations, actant
également le gel des avoirs maliens et l’interdiction de
transactions avec le Mali.
Cependant, le gel des avoirs du Mali opéré par la Banque
centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) posait un
problème légal du fait de la neutralité et de l’indépendance
statutaire de principe de la banque (article 4 des statuts de
la BCEAO). D’autant que le Mali n’avait pas, formellement,
commis d’erreur légale selon les règlements de la BCEAO.
Les autorités maliennes y virent une grave faiblesse de la
CEDEAO, accusée de se laisser instrumentaliser par
la France, en pleines tensions diplomatiques entre Bamako
et Paris. De son côté, la France apportait par la voix de son
ambassadeur français à l’ONU, Nicolas de Rivière, par
ailleurs appuyé par les États-Unis, « le plein soutien de la
France à la CEDEAO ». Dans le même temps, l’ambassadeur
russe Dimitri Polyanskiy soutenait le Mali en déclarant
« comprendre les difficultés des autorités maliennes ».
Le Mali s’est alors défendu contre les procédures
engagées à son encontre par l’Union économique et
monétaire ouest-africaine (UEMOA) en arguant de l’illégalité
de certaines sanctions, inexistantes dans le corpus juridique
de l’UEMOA. Par ailleurs, la situation faisait apparaître une
contradiction, qui interrogeait la crédibilité des sanctions
économiques à l’encontre du Mali. Il était en effet
surprenant de constater que les États de l’Union
européenne pouvaient continuer à commercer avec le Mali,
malgré leur attachement aux principes fondamentaux de la
démocratie.
Ce n’est que le 24 mars 2022, suite au pourvoi du Mali
pour illégalité des sanctions à son encontre, que la cour de
justice de l’UEMOA statua finalement sur la levée des
restrictions imposées à l’État malien, levée des restrictions
immédiatement rejetée par les chefs d’État de la CEDEAO à
*2
la notable exception de mon pays, le Togo .
Pour ma part, face à cette situation politique augurant
d’un quotidien difficile, et fidèle au principe qui a toujours
guidé mon existence, à savoir ne servir que l’intérêt
général, quoi que cela puisse me coûter, j’ai apporté
publiquement mon total soutien et ma solidarité au peuple
malien, victime collatérale de cette crise de souveraineté,
qui fait, hélas, une fois de plus écho à mon combat pour la
pleine souveraineté monétaire de l’Afrique. Je me suis
insurgé contre le gel des avoirs maliens à la BCEAO et
contre le blocage de toutes les transactions monétaires et
financières entre le Mali et le système bancaire ouest-
africain. Déjà en 2016, dans un autre livre, j’avais dénoncé
le chantage inhérent au système du franc CFA, que subit le
17
peuple souverain du Mali aujourd’hui . La BCEAO s’est
toujours battue pour obtenir son indépendance vis-à-vis du
pouvoir politique, sur la base de l’argument monétariste de
la séparation de la monnaie et de la politique. Cette
indépendance lui fut octroyée au mois d’avril 2010 et j’étais
contre, considérant que l’arme monétaire était d’abord une
arme politique, devant en particulier servir à réguler la
conjoncture économique. Quelle ne fut donc pas ma
surprise de constater que cette même banque centrale
acceptait sans broncher d’être instrumentalisée dans une
affaire politique dont elle n’avait absolument pas à se mêler
si elle voulait rester fidèle à ses principes et à ses statuts.
Cette crise malienne sans précédent doit permettre
l’ouverture d’un dialogue entre toutes les parties prenantes
au-delà d’une lecture partielle et partiale des concepts de
légalité et de légitimité. Comme l’ont rappelé les états
généraux de Lomé (voir chapitre 4), l’émancipation
monétaire de l’Afrique de l’Ouest est une urgence africaine.
Dans un ouvrage collectif sur la monnaie que j’ai dirigé
en 2021 18, j’indiquais que la construction d’une monnaie
émancipatrice pour l’Afrique de l’Ouest était un test de
sincérité pour la France dans sa volonté d’assumer une
nouvelle étape dans sa relation avec l’Afrique, refermant
ainsi les chapitres colonial et néocolonial en matière
monétaire. Pour les États ouest-africains, ce serait plutôt un
test de crédibilité de leur capacité à embrasser et mener à
bien un projet collectif émancipateur. Force est de
reconnaître que, dans le traitement de la question malienne,
la France a œuvré en coulisses pour utiliser le franc CFA
comme un instrument de rétorsion, bien loin de son discours
officiel ; pour leur part, les États de la CEDEAO ont montré,
par leur division et la grande improvisation de leur
processus de prise de décision, qu’il était prématuré
d’accorder à cette dernière la crédibilité attendue d’un
organisme d’intégration régionale digne de ce nom. Ce n’est
d’ailleurs pas un hasard si la CEDEAO a décidé de remettre
à 2027 la mise en place de la nouvelle monnaie eco
pourtant attendue depuis 1983. Décidément, l’économiste
français Jacques Rueff avait raison lorsqu’il disait que « la
monnaie est l’espace dans lequel se jouent le sort de la
liberté politique et le destin du développement
19
économique » !
Au final, l’exemple du Mali dans la gestion de la crise
politico-sécuritaire en Afrique de l’Ouest a montré le risque
d’éclatement du processus d’intégration régionale. La
CEDEAO et l’UEMOA sont porteuses d’antagonismes, qui se
traduisent dans les positionnements des États et qui
remettent en question le commun politique africain de leurs
pays membres. Par exemple, le Togo soutient le Mali dont il
est désormais médiateur et exige que les États de l’UEMOA
respectent la décision de la cour de justice de l’UEMOA de
suspendre les sanctions infligées au Mali. À l’opposé, le
Niger, le Nigeria et le Ghana sont pour le maintien de la
ligne dure contre les différentes juntes (Mali, Burkina,
Guinée) et rejettent les décisions de la cour de justice de
l’UEMOA. L’avenir nous dira dans quel sens penchera le
balancier, au-delà de la décision de levée des sanctions
contre le Mali du 3 juillet 2022 par la CEDEAO.
Conclusion
Introduction
1. « Les chaînes de valeur méritent mieux qu’un entrelaçage de
maillons faibles », dialogue entre Jean-Christophe Fromantin et
Kako Nubukpo, Forum de l’universel, Paris, 7 mai 2020.
2. Kako Nubukpo, « L’efficacité de la politique monétaire en
situation d’incertitude et d’extraversion : le cas de l’Union
économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) », The
o
European Journal of Development Research, 2007, vol. 1, n 3,
p. 480-495. Et également Kako Nubukpo (dir.), Demain la
souveraineté monétaire ? Du franc CFA à l’eco, Éditions de
l’Aube/Fondation Jean-Jaurès, 2021.
CHAPITRE 1
Vers un néoprotectionnisme
africain
1. Kako Nubukpo, L’Urgence africaine. Changeons le modèle de
croissance, Odile Jacob, 2019.
2. Martial Ze Belinga, « Sens et puissance », Présence africaine,
o
vol. 197, n 1, 2018, p. 15-42.
3. Arnaud Buchs, Catherine Baron, Géraldine Froger, Adrien
Peneranda, « Communs (im)matériels : enjeux épistémologiques,
institutionnels et politiques », Développement durable et
o
territoires [en ligne], 2019, vol. 10, n 1, mis en ligne le 4 avril
2019,
http://journals.openedition.org/developpementdurable/13701.
4. David Bollier, La Renaissance des communs. Pour une société
de coopération et de partage, Éditions Charles Léopold Meyer,
2013.
5. « Objectifs et domaines prioritaires de l’agenda 2063 », Union
africaine, https://au.int/fr/agenda2063/objectifs.
6. Jacques Berthelot, Vous avez dit libre-échange ? L’accord de
partenariat économique Union européenne-Afrique de l’Ouest,
L’Harmattan, juin 2018.
7. Fathi Béchir, « Négociations UE-ACP : à prendre ou à laisser,
selon les Quinze pour qui il ne peut y avoir remise en question de
o
l’offre initiale », Marchés tropicaux, 28 mai 1999, n 1039.
8. Michel Rocard, « Soucis paysans », Les Réalités Lomé, Défis-
o
Sud, 1998, n 34, p. 39-40.
9. Ndongo Samba Sylla, « Du libéralisme forcé, les accords de
partenariat économique », in Martine Boudet (coord.),
Résistances africaines à la domination coloniale, Éditions du
Croquant, 2021, p. 103-109 (citation p. 106).
10. Observatoire mondial du soutien à l’agriculture, Du grain à
moudre pour les politiques, étude réalisée par Jean-Christophe
Debar et Abdoul Tapsoba, Fondation FARM, 6 mai 2019.
11. Vandana Shiva, « How free is India ? », Third World Network,
Resurgence Magazine, juillet 1997.
12. Martine Boudet (coord.), Résistances africaines à la
domination coloniale, op. cit.
13. Vigninou Gammadigbe, Ismael Issifou, Daouda Sembene,
Sampawende Jules Tapsoba, « Convergence et divergence
budgétaire en Afrique : le rôle des communautés économiques
régionales et des unions économiques et monétaires », HAL
archives ouvertes, 2018, https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-
01723117.
14. James Markusen, Antony Venables, « Foreign direct
investment as a catalyst for industrial development », European
o
Economic Review, 1999, vol. 43, n 2, p. 335-356.
15. Bruno Losch, « Les limites des discussions internationales sur
la libéralisation de l’agriculture : les oublis du débat et les
o
“oubliés de l’histoire” », Revue OCL, 2006, vol. 13, n 4, 2006,
p. 272-277.
16. https://trade.ec.europa.eu/access-to-markets/fr/content/tout-
sauf-les-armes-tsa.
17. https://fr.wikipedia.org/wiki/Via_Campesina.
18. http://www.csa-be.org/spip.php?article204.
19. https://www.michele-rivasi.eu/a-la-une/politique-laitiere-
europeenne-sur-la-production-locale-de-lait-en-afrique-mon-
rapport-adopte.
20. Pierre Jacquemot, Souverainetés agricole et alimentaire en
Afrique. La reconquête, L’Harmattan, 2021.
21. Alan Matthews, « The dependence of EU farm income on
public support », 20 avril 2016 (site capreform.eu), cité par J.
Berthelot in Martine Boudet (coord.), Résistances africaines, op.
cit.
22. Bruno Losch, « La recherche d’une croissance agricole
inclusive au cœur de la transition économique africaine », in
Jean-Claude Devèze (dir.), Les Défis agricoles africains, Karthala,
2008.
23. Pierre Jacquemot, Souverainetés agricole et alimentaire en
Afrique, L’Harmattan, 2021.
24. Ibid. 50 % des superficies agricoles seraient dégradées, avec
une jachère tombée à 15 % des surfaces cultivées.
25. Kako Nubukpo, L’Urgence africaine, op. cit.
CHAPITRE 2
Sécurité foncière et ressources
naturelles
1. Jean Carbonnier, Flexible droit. Pour une sociologie du droit
sans rigueur, LGDJ, 1995, p. 50.
2. Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme, Présence africaine,
1950.
3. Philippe Lavigne-Delville, « Sécurisation foncière, formalisation
des droits, institutions de régulation foncière et investissements.
Pour un cadre conceptuel élargi », Revue des questions foncières,
o
2010, n 1, p. 11.
4. Pour les paradigmes, voir John W. Bruce, Shem E. Migot-
Adholla (dir.), Searching for Land Tenure Security in Africa,
Kendall/Hunt Publishing Company, 1994.
o
5. Voir les notes n 10 et 11 produites dans le cadre du
Programme de gestion concertée des ressources naturelles,
www.ipar.sn.
6. Étienne Le Roy, Le Jeu des lois. Une anthropologie
« dynamique » du droit, LGDJ, 1999, p. 74.
7. Voir les réformes foncières alternatives. Voir Abdoulaye
Harissou, La Terre, un droit humain, préface par Jacques Chirac et
Abdou Diouf, Dunod, 2011. Il faut noter que maître Abdoulaye
Harissou est un notaire camerounais. Il a théorisé le titre sécurisé
simplifié en alternative aux titres fonciers dont la procédure est
longue, coûteuse, ennuyeuse et dont la gestion est lourde. Voir
Hubert Ouedraogo, Vincent Basserie, « Les politiques foncières
formelles et concertées : le chaînon manquant des systèmes
fonciers ouest-africains », Fiches pédagogiques du Comité
technique « Foncier & Développement », juin 2011, p. 2.
8. Voir Jean-Philippe Colin, Pierre-Yves Le Meur, Éric Léonard,
« Identifier les droits et dicter le droit, la politique des
programmes de formalisation des droits fonciers », in Jean-
Philippe Colin, Pierre-Yves Le Meur, Éric Léonard (dir.), Les
Politiques d’enregistrement des droits fonciers : du cadre légal
aux pratiques locales, Karthala, 2009, p. 5-67 (citation p. 10).
9. Ibid.
10. Parker Shipton, Mitzi Goheen, « Understanding african land-
holding : Power, wealth and meaning », Africa, 1992, vol. 62,
o
n 3, p. 307-325 ; John W. Bruce, Shem E. Migot-Adholla (dir.),
Searching for Land Tenure Security in Africa, op. cit., p. 251-265 ;
Jean-Philippe Platteau, « Land reform and structural adjustement
in Sub-Saharian Africa : Controversies and guidelines », FAO
o
Economic and Social Development Paper, 1992, n 107 ; Klaus
Deininger, Hans Binswanger, « The evolution of the World Bank’s
land policy », in Alain de Janvry, Gustavo Gordillo, Jean-Philippe
Platteau, Élisabeth Sadoulet (dir.), Access to Land, Rural Poverty
and Public Action, Oxford University Press, 2001, p. 406-440.
11. Hernando de Soto, Le Mystère du capital. Pourquoi le
capitalisme triomphe en Occident et échoue partout ailleurs,
re
Flammarion, 2005 (1 éd. 2000).
12. Philippe Lavigne-Delville, « Quelques mystères de l’approche
o
de Hernando de Soto », L’Économie politique, 2005, n 28, p. 92-
105.
13. Klaus Deininger, Gershon Feder, « Land registration,
governance, and development : Evidence and implications for
o
policy », World Bank Research Observer, 2009, n 24, p. 233-266.
14. Hastings Winston Opinya Okoth-Ogendo, « Administration
foncière : le facteur négligé dans la réforme agraire en Afrique »,
article pour l’Atelier régional de la Banque mondiale sur les
questions foncières en Afrique et au Moyen-Orient, tenu à
Kampala, en Ouganda, 29 avril-2 mai 2002.
15. Étienne Le Roy, « Le mystère du droit foncier. Sens et non-
sens d’une politique volontariste de généralisation de la propriété
privée de la terre dans le décollage des économies des sociétés
du “Sud” », in Christoph Eberhard (dir.), Enjeux fonciers et
environnementaux. Dialogues afro-indiens, Institut français de
Pondichéry, 2007, p. 57-88.
16. Winter M., « La mobilité dans l’exploitation des ressources
naturelles : un défi pour les régimes d’accès à la terre et aux
ressources », in Philippe Lavigne-Delville (dir.), Quelles politiques
foncières pour l’Afrique rurale, Karthala/Coopération française,
1998, p. 114-119 ; Philippe Lavigne-Delville, Alain Karsenty,
« Des dynamiques plurielles », in Philippe Lavigne-Delville (dir.),
Quelles politiques foncières pour l’Afrique rurale, op. cit., p. 243-
259 ; Jean-Philippe Platteau, « Une analyse des théories
évolutionnistes des droits sur la terre », in Philippe Lavigne-
Delville (dir.), Quelles politiques foncières pour l’Afrique rurale,
op. cit., p. 119-123 ; John W. Bruce, Shem E. Migot-Adholla (dir.),
Searching for Land Tenure Security in Africa, op. cit.
17. Philippe Lavigne-Delville, « Sécurisation foncière,
formalisation des droits, institutions de régulation foncière et
investissements. Pour un cadre conceptuel élargi », Revue des
o
questions foncières, 2010, n 1, p. 5-34 (citation p. 21).
18. Joseph Comby, « L’impossible propriété absolue », in
Catherine Chevalet (dir.), Un droit inviolable et sacré, la
propriété, ADEF, 1991, p. 9-19.
19. Comité présidé par l’Agence française de développement
(AFD) et le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères
(MEAE), et qui œuvre, depuis plus de quinze ans, à une meilleure
reconnaissance et une meilleure sécurisation des droits fonciers
des populations. Voir https://www.foncier-
developpement.fr/publication/fiche-pedagogique-definir-et-
mettre-une-approche-par-les-communs-tisses-autour-de-la-terre-
et-des-ressources-quelle-porte/.
CHAPITRE 3
Les paysanneries au centre
de la souveraineté alimentaire
1. Kako Nubukpo, Incertitudes et comportement des acteurs du
secteur céréalier subsaharien. Essai sur les fondements de
l’insécurité alimentaire. Illustrations ouest-africaines, thèse de
doctorat unique en sciences économiques, soutenue le 24
novembre 1997 à l’université Lumière-Lyon-II (France). Cette
thèse fut ensuite publiée en 2000 sous le titre L’Insécurité
alimentaire en Afrique subsaharienne : le rôle des incertitudes,
L’Harmattan, collection « Bibliothèque du développement »,
2000.
2. Initiative Mazoyer-Coulibaly-de Schutter, « Pauvreté paysanne
et instabilité en Afrique de l’Ouest ». Marcel Mazoyer, professeur
émérite d’AgroParisTech, ancien chef du département
d’économie et de sociologie rurales de l’INRA, ancien président
du comité des programmes de la FAO. Olivier de Schutter, alors
rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l’alimentation
(aujourd’hui rapporteur spécial sur l’extrême pauvreté et les
droits humains). Ibrahima Coulibaly, aujourd’hui président du
ROPPA. Christine Surdon, agroéconomiste. Véronique Ancey
(Cirad). Gérard Azoulay (université Paris-Sud).
3. François-Xavier Côte, Emmanuelle Poirier-Magona, Sylvain
Perret, Bruno Rapidel, Philippe Roudier, Marie-Cécile Thirion (dir.),
La Transition agroécologique des agricultures du Sud, Éditions
Quæ, 2018, publié avec le concours du Cirad et de l’AFD.
4. Depuis pas plus de soixante-dix ans selon Bruno Latour, « En
mode Bruno Latour : Les chemins de la philosophie », France
Culture, 21-24 mars 2022.
5. Bertrand Schmitt, Agneta Forslund, Anaïs Tibi, Hervé
Guyomard, Philippe Debaeke, Comment assurer les disponibilités
alimentaires du continent africain en 2050 ? Relecture africaine
de l’étude INRAE « Place des agricultures européennes dans le
monde à l’horizon 2050 » conduite par INRAE à la demande de
FARM, rapport de l’étude INRAE (France), juin 2021.
6. Jean-Christophe Debar, « Irrigation en Afrique : le besoin d’un
sursaut », blog de la Fondation FARM, 15 janvier 2019.
7. Jenny Gustavsson, Christel Cederberg, Ulf Sonesson, Robert
van Otterdijk, Alexandre Meybeck, Global Food Losses and Food
Waste : Extent, Causes and Prevention, FAO, 2011.
8. Banque mondiale, Financing Agribusiness in Sub-Saharan
Africa : Opportunity, Challenges and Investment Models,
Washington DC, 2016.
9. Fondation FARM-Fondation Avril, Les Politiques publiques en
faveur des filières agricoles en Afrique : de la déclaration de
Malabo à quelques études de cas, juin 2022.
10. Pierre Jacquemot, Souverainetés agricole et alimentaire en
Afrique : la reconquête, L’Harmattan, 2021.
11. Kako Nubukpo, « L’enjeu est d’augmenter la production en
Afrique », Le Monde, 2 avril 2022.
12. Les statistiques de ces deux pages sont issues de l’ouvrage
de Pierre Jacquemot, Souverainetés agricole et alimentaire en
Afrique : la reconquête, op. cit.
13. Pour en savoir plus, lire Jean-Jacques Gabas, Vincent Ribier et
Kako Nubukpo, « Quelle place pour l’agriculture dans les plans
d’émergence des gouvernements africains ? », Les Cahiers de
o
l’association Tiers-Monde, 2019, n 4, p. 47-54.
14. Inter-réseaux Développement rural, SOS Faim, « Le rôle
croissant du secteur privé dans les politiques agricoles et
alimentaires en Afrique », mars 2019.
15. Agenda vers une économie émergente : stratégie
d’opérationnalisation et de déclinaison en plans
d’investissements sectoriels de la vision Bénin 2025, p. 47.
16. Cameroun vision 2035, p. 22.
17. Plan stratégique Gabon émergent, p. 96.
18. National Planning Commission, Growth and Transformation
Plan II, Addis Abeba, 2016.
19. Kako Nubukpo, Prosper Deh (dir.), L’Envol de l’épervier. Le
défi de l’émergence togolaise, Éditions Graines de pensées,
2016.
20. Cette étude a été menée par la Fondation Rosa-Luxembourg
avec d’autres organisations spécialisées et reprise par l’IATP
(Institute for Agriculture and Trade Policy). Timothy Wise, False
Promises: An Impact Assessment of the Alliance for a Green
Revolution in Africa, Tufts University’s Global Development and
Environment Institute,
https://sites.tufts.edu/gdae/files/2020/07/20-
01_Wise_FailureToYield.pdf.
21. « Fournir des emplois décents à la main-d’œuvre africaine
est le plus grand défi auquel le monde est confronté », Le Monde,
27 décembre 2019.
22. Voir François-Xavier Côte, Emmanuelle Poirier-Magona,
Sylvain Perret, Bruno Rapidel, Philippe Roudier, Marie-Cécile
Thirion (dir.), La Transition agroécologique des agricultures du
Sud, op. cit.
23. Voir François-Xavier Côte, Emmanuelle Poirier-Magona,
Sylvain Perret, Bruno Rapidel, Philippe Roudier, Marie-Cécile
Thirion (dir.), La Transition agroécologique des agricultures du
Sud, op. cit., p. 69.
24. Maria Helena Semedo, « La perte de la biodiversité
compromet la capacité de l’homme à se nourrir par lui-même »,
Le Monde, 29 mars 2019.
25. Franck Galtier avec la collaboration de Bruno Vindel, Gérer
l’instabilité des prix alimentaires dans les pays en
développement, Cirad/AFD, 2012.
CHAPITRE 4
Finance et monnaie : des communs
africains
1. S. Guillaumont « L’indépendance de la Banque centrale des
États de l’Afrique de l’Ouest : une réforme souhaitable ? », Revue
o
d’économie du développement, 2006, vol. 20, n 1, p. 45-77 ;
Bassambé Franck Bationo, Politiques monétaires et de change.
Le franc CFA, un choix optimal pour l’Union monétaire ouest-
africaine ?, préface d’Adama Diaw, L’Harmattan, 2018, p. 151 ; A.
Kireyev (dir.), Construire des économies intégrées en Afrique de
l’Ouest. Expériences de la gestion de la croissance, de l’inclusion
et de la volatilité, Fonds monétaire international, 2014.
2. Bassambé Franck Bationo, Politiques monétaires et de change,
op. cit., p. 15.
3. Sur l’Europe, Stephanie Lee Mudge, Antoine Vauchez,
« Building Europe on a weak field : Law, economics, and scholarly
avatars in transnational politics », American Journal of Sociology,
o
2012, vol. 118, n 2, p. 449-492.
4. Grâce à leur structure oligopolistique et à leur excès de
liquidités, les banques ne sont pas obligées de répondre aux
signaux de la BCEAO. Une hausse du taux de prise en pension
peut hausser l’inflation. K. Nubukpo, « L’impact de la variation
des taux d’intérêt directeurs de la BCEAO sur l’inflation et la
croissance dans l’UMOA », Notes d’information et statistiques de
o
la BCEAO, juin 2002, n 526, p. 1-37. Kako Nubukpo,
L’Improvisation économique en Afrique de l’Ouest. Du coton au
franc CFA, Karthala, 2011, p. 87 et suiv.
5. Ibid. et Sophie Guillaumont, « L’indépendance de la Banque
centrale des États de l’Afrique de l’Ouest… », art. cit.
6. Jean Coussy, « Des objectifs évolutifs », Politique africaine,
o
1994, n 54, p. 19-31.
7. Jean-François Bayart, L’État en Afrique. La politique du ventre,
Fayard, 1989, p. 43-46.
8. Il était jusque-là autorisé à hauteur de 20 % des recettes
fiscales. K. Nubukpo, L’Improvisation économique en Afrique de
l’Ouest, op. cit., p. 101-115.
9. Sophie Guillaumont, « L’indépendance de la Banque centrale
des États de l’Afrique de l’Ouest… », art. cit.
10. B. Samuel, La Production macroéconomique du réel :
formalités et pouvoir au Burkina Faso, en Mauritanie et en
Guadeloupe, thèse de doctorat en sciences politiques, IEP de
Paris, 2013, p. 434 et suiv. ; Kako Nubukpo, L’Improvisation
économique en Afrique de l’Ouest, op. cit., p. 98.
11. Timothy Mitchell, Rule of Experts : Egypt, Techno-Politics,
Modernity, The University of California Press, 2002 ; Béatrice
Hibou, « Économie politique du discours de la Banque mondiale
en Afrique subsaharienne : du catéchisme économique au fait (et
o
méfait) missionnaire », Les Études du CERI, 1998, n 39, p. 1-46.
12. M. Abolafia, « Narrative construction as sensemaking : How a
o
central bank thinks », Organization Studies, 2010, vol. 31, n 3,
p. 349-367.
13. Boris Samuel, Kako Nubukpo, « Tournant néolibéral et
consolidation de la bureaucratie transnationale : note de
recherche sur les statisticiens et économistes en Afrique de
l’Ouest francophone », Actes de la recherche en sciences
o
sociales, septembre 2020, n 234, p. 51-65.
14. Sur ces nombreux problèmes a priori pratiques mais qui
renvoient aussi à la construction sociale de la confiance dans une
monnaie nouvelle, voir l’exemple de la préparation de
l’introduction de l’euro par Jean-Michel Servet, L’Euro au
quotidien, Desclée de Brouwer, 1998.
15. « Entretien avec Jean-Michel Servet. Entretien conduit par
Pierre Alary et Ludovic Desmedt », Revue de la régulation,
dossier : « Autour de l’institutionnalisme monétaire », automne
o
2019, n 26, https://journals.openedition.org/regulation/15304 ;
et Jean-Michel Servet, « Comprendre les communs d’hier pour
(re)produire présentement ceux de demain », in Mamadou Badji,
Frédéric Caille (dir.), Le « Tailleur » et ses modèles d’hier à
demain. Approches juridiques et politiques croisées France-
Sénégal. Actes du Colloque Université CAD, Dakar, à paraître en
2022.
16. D’où le titre retenu par Jean-Michel Servet pour son ouvrage
consacré au fondement de la monnaie : Jean-Michel Servet, Les
Monnaies du lien, Presses universitaires de Lyon, 2012.
L’argument est développé dans Metadosis. Les fondements de la
monnaie comme commun, Classiques Garnier, à paraître en
2022.
17. André Magdelain, L’Acte juridique au cours de l’ancien droit
romain, Publications de l’École française de Rome, 1990, p. 723
et suiv.
18. Pierre Edoumba-Bokandzo, Le Passage des monnaies
traditionnelles à la monnaie moderne : ingérences et adaptation.
Cas du Congo, thèse de doctorat en sciences biologiques et
fondamentales appliquées, psychologie, Muséum national
d’histoire naturelle, 1997.
19. Ibid.
20. Maurice Godelier, L’Énigme du don, Fayard, 1996, p. 16.
21. Annette Weiner, Inalienable Possessions, University of
California Press, 1992. Voir sa lecture par Jean-Pierre Warnier,
« Biens aliénables, biens inaliénables et dette de vie. Autour de
Annette Weiner », actes du séminaire Souveraineté monétaire et
souveraineté politique, 2011 ; in Bruno Théret (dir.), La Monnaie
contre l’État ? La souveraineté monétaire en question, à paraître.
22. Maurice Godelier, L’Énigme du don, op. cit., p. 140.
23. Sur le fonctionnement des tontines : Lelart Michel (dir.), La
Tontine. Pratiques informelles d’épargne et de crédit dans les
pays en voie de développement, John Libbey, 1990 ; Jean-Michel
Servet (dir.), Épargne et liens sociaux. Études comparées
d’informalités financières, Association d’économie financière,
1995 ; ainsi que les ouvrages de Célestin Mayoukou, Le Système
des tontines en Afrique. Le cas du Congo, L’Harmattan, 1994, et
Henry Alain, Guillerme-Dieumegard Philippe, Tchente Guy-
Honoré, Tontines et banques au Cameroun. Les principes de la
société des amis, Karthala, 1991.
24. Jean-Michel Servet, « Représentations de la monnaie et des
supports d’épargne et limites de la mobilisation de l’épargne
informelle en Afrique noire [contribution aux Journées
scientifiques Université des réseaux d’expression française,
Casablanca, 16-18 février 1989] », in Georges Henault, Rachid
M’Rabet (dir.), L’Entrepreneuriat en Afrique francophone : culture,
financement et développement, John Libbey, 1990.
25. Claude Dupuy, Jean-Michel Servet, « Pratiques informelles
d’épargne et de prêt, exemples sénégalais », in Dale W. Adams,
Delbert A. Fitchett (dir.), Finance informelle dans les pays en
développement, Presses universitaires de Lyon, 1994, p. 101-
113.
26. Un des plus anciens témoignages de cette pratique est celui
d’un article publié en 1797 à Kingston à La Jamaïque par The
Columbian Magazine or Monthly Miscellany (vol. 3, p. 8), cité
dans une publication du National Savings Committee de la
Jamaïque (1975 ?).
27. Cette analyse est développée dans Jean-Michel Servet,
« Community relations, individual, social and economics
constraints in the savings and loans associations. African
examples », in Michele Cangiani (dir.), The Milano Papers. Essays
in Societal Alternatives, Black Rose Books, 1996, p. 165-183.
28. Claude Dupuy, Jean-Michel Servet, « Pratiques informelles
d’épargne et de prêt, exemples sénégalais », art. cit.
29. Garrett Hardin, « The tragedy of the commons », Science,
o
1968, vol. 162, n 3859, p. 1243-1248.
30. Bruno Théret, « Crises », in Colin Hay, Andy Smith (dir.),
Dictionnaire d’économie politique, Presses de Sciences Po, 2018,
p. 134-148.
31. Jean-Michel Servet, « Monnaie : quand la dette occulte le
o
partage », Revue française de socioéconomie, 2013/2, n 12,
p. 125-147 ; Jean-Michel Servet, « La finance et la monnaie
comme un “commun” », Notes de l’Institut Veblen, mai 2015,
o
n 10, http://www.veblen-
institute.org/IMG/pdf/jm_servet_monnaie_et_finance_comme_un_
commun.pdf.
32. John Maynard Keynes, La Théorie générale de l’emploi, de
l’intérêt et de la monnaie [1936], Payot, collection « Petite
bibliothèque Payot », 1990.
33. Massimo Amato, « The nature of money in a clearing system.
From liquidity to liquidness », PACO, Partecipazione e conflitto,
2020, vol. 13, p. 409-437.
34. Massimo Amato, Kako Nubukpo, « A new currency for West
African States : The theoretical and political conditions of its
o
feasibility », PSL Quarterly Review, 2020, vol. 73, n 292, p. 2-26.
35. https://www.ecowas.int/wp-content/uploads/2021/06/Final-
Communique% CC%81-FR.pdf.
36. Francesco Saraceno, La Riconquista. Perché abbiamo perso
l’Europa e come possiamo riprendercela, Luiss University Press,
2020.
37. Pour un approfondissement, voir Massimo Amato, Kako
Nubukpo, « Après les “états généraux de l’eco” à Lomé. Vade-
mecum pour un agenda ouest-africain d’émancipation
o
monétaire », Afrique contemporaine, 2021, n 271-272, p. 261-
277.
38. Massimo Amato, Kako Nubukpo, « A new currency for West
African States : The theoretical and political conditions of its
feasibility », art. cit.
39. Massimo Amato, Everardo Belloni, Paolo Falbo, Lucio Gobbi,
« Europe, public debts, and safe assets : The scope for a
o
European Debt Agency », Economia Politica, 2021, n 38, p. 823-
861.
40. Voir https://ec.europa.eu/eurostat/fr/web/macroeconomic-
imbalances-
procedure#:~:text=La%20Proc%C3%A9dure%20concernant%20l
es%
20D%C3%A9s%C3%A9quilibres,traiter%20les%20d%C3%A9s%C
3% A9quilibres%20macro%C3%A9conomiques%20existants.
41. Pour la notion de zone monétaire optimale, la référence
obligée est Robert A. Mundell, « A theory of optimum currency
o
areas », The American Economic Review, 1961, vol. 51, n 4, p.
657-665. Pour une revue de littérature, avec une référence
expresse au cas africain, voir : Massimo Amato, Kako Nubukpo,
« A new currency for West African States : The theoretical and
political conditions of its feasibility », art. cit. ; et pour le lecteur
francophone : voir Massimo Amato, Kako Nubukpo, « Après les
“états généraux de l’eco” à Lomé. Vade-mecum pour un agenda
ouest-africain d’émancipation monétaire », art. cit.
CHAPITRE 5
Les communs au cœur des défis
numériques
1. Le portail des Communs, https://lescommuns.org.
2. Arnaud Buchs, Catherine Baron, Géraldine Froger, Adrien
Peneranda, « Communs (im)matériels : enjeux épistémologiques,
institutionnels et politiques », art. cit.
3. Garrett Hardin, « The tragedy of the commons », art. cit.
4. Charlotte Hess, Elinor Ostrom, Understanding Knowledge as a
Commons : From Theory to Practice, The MIT Press, 2007.
5. https://www.gnu.org/gnu/manifesto.fr.html.
6. https://www.universalis.fr/encyclopedie/communs/6-communs-
numeriques- et-communs-de-la-connaissance/.
7. https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Communs.
8. Achille Mbembe, Sortir de la grande nuit. Essai sur l’Afrique
décolonisée, La Découverte, collection « Cahiers libres », 2010.
9. Felwine Sarr, Afrotopia, Philippe Rey, 2016, p. 122.
10. Alioune Sall, « La Renaissance africaine : un défi à relever »,
in Adame Ba Konaré (dir.), Petit précis de remise à niveau sur
l’histoire africaine à l’usage du président Sarkozy, La Découverte,
2008, p. 293-304.
11. Union africaine, Charte de la Renaissance culturelle africaine,
e
Khartoum : 6 session ordinaire de la Conférence de l’Union
africaine, 2006.
12. Mélanie Clément-Fontaine, Mélanie Dulong de Rosnay,
Nicolas Jullien, Jean-Benoît Zimmermann, « Communs
numériques : une nouvelle forme d’action
collective ? », Terminal [en ligne], 2021, vol. 130,
http://journals.openedition.org/terminal/7509 (consulté le 9 mars
2022).
13. Felwine Sarr, Afrotopia, op. cit., p. 122.
14. Site Internet Afrocentricité,
http://www.afrocentricite.com/ecole-africaine- afrocentree/.
15. Site Internet Grandeur noire, www.grandeurnoire.fr.
16. https://fr.wikipedia.org/wiki/Renaissance_africaine.
17. https://fr.wikipedia.org/wiki/Afrocentrisme.
18. https://fr.wikipedia.org/wiki/Philosophie_africaine.
19. Jean-François Théry, Isabelle Falque-Pierrotin, Internet et les
réseaux numériques. Étude adoptée par l’Assemblée générale du
Conseil d’État, rapport public, Conseil d’État (Paris), 1998.
20. Mireille Delmas-Marty, Françoise Massit-Folléa, « La
démocratisation des savoirs », Rue Descartes, 2007, vol. 55,
o
n 1, p. 59-69.
21. Unesco, À l’horizon, culture et éducation un investissement
stratégique pour un développement durable, inclusif et durable,
2021, https://fr.unesco.org/news/lhorizon-culture-education-
investissement-strategique-developpement-durable-inclusif-
durable#:~:text=La%20D%C3%A9claration%20universelle%20d
e%respect%20des%20droits%20culturels.
22. Unesco, Déclaration de Paris sur les ressources éducatives
libres. Congrès mondial sur les ressources éducatives libres,
2012, https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000246687_fre.
23. https://cursus.edu/fr/23302/43-repertoires-et-initiatives-
africaines-sur-les-ressources-educatives-libres.
24. Yves-Fulgence Batoua, « La part du libre dans le
développement numérique de l’Afrique », 2014,
http://www.100pour100culture.com/litterature/la-part-du-libre-
dans-le-developpement-numerique-de-lafrique/.
25. https://twitter.com/OvillageCi?lang=fr.
26. https://fyouzan.ci/.
27. CNUCED, Rapport sur l’économie de l’information, 2012.
28. Rapport sur l’économie du secteur mobile en Afrique
subsaharienne, 2017.
29. Commission de l’Union économique et monétaire ouest-
africaine, Évaluation des usages numériques et politiques
nationales en matière d’utilisation de masse du numérique dans
l’espace UEMOA. Accessibilité et usages d’Internet,
Ouagadougou, UEMOA, 2020.
30. Elisabeth Denner, Bertrand Clémencin, « Sub-Saharan Africa
shows western retailers how to leapfrog to the future of retail by
leveraging a sense of community », Institut Bearing Point.
31. Commission de l’Union économique et monétaire ouest-
africaine, Évaluation des usages numériques et politiques
nationales en matière d’utilisation de masse du numérique dans
l’espace UEMOA. Accessibilité et usages d’Internet, op. cit.
32. Nav Radjou, Jaideep Prabhu, Simone Ahuja, Jugaad
Innovation : Think Frugal, Be Flexible, Generate Breakthrough
Growth, John Wiley and Sons, 2012.
33. https://umap.openstreetmap.fr/da/map/openstreetmap-
africa_12101#3/ 1.93/33.75.
34. Kako Nubukpo, Ludovic Temple, Chloé Alexandre,
« Innovation numérique et transformation structurelle des
économies africaines francophones, opportunités risquées pour
o
le développement », Technologie et Innovation, 2020, vol. 5, n 3.
35. https://drive.google.com/file/d/1vvawhIISpiU8-
_SiUCoAoADzn5maG_12/view.
36. Armelle Choplin, Martin Lozivit, « Les fablabs en Afrique :
l’innovation numérique au service d’une ville
durable ? », Métropolitiques, 20 janvier 2020,
https://metropolitiques.eu/Les-fablabs-en-Afrique-l-innovation-
numerique-au-service-d-une-ville-durable.html.
37. Ibid.
38. Justyne Stengel, Lucile Meunier, « Sename Koffi Agbodjinou :
“La smart city sera civilisée par l’Afrique” », Usbek & Rika, 13 juin
2019, https://usbeketrica.com/fr/article/sename-koffi-agbodjinou-
la-smart-city-sera-civilisee-par-l-afrique.
39. https://fr.wikipedia.org/wiki/Living_lab.
40. https://www.facebook.com/DALL2015/.
41. MBOA LAB : https://openbioeconomy.org/team/cameroon-
node/.
42. http://www.ist-africa.org/home/default.asp?page=livinglabs.
43. https://siyakhulall.org/.
44. https://rlabs.org/.
45. https://www.facebook.com/Kigamboni-Living-Lab-
227448164050404/.
46. http://iringalivinglab.blogspot.com/.
47. https://www.facebook.com/elimulivinglab.elabs.
48. https://fr-ca.facebook.com/MbeyaLivingLab/.
49. https://www.facebook.com/tayi11/.
50. https://www.digitalearthafrica.org/.
CHAPITRE 6
Afrique-France : avenir d’un
commun
1. François-Xavier Veschave, La Françafrique, Stock, 1998.
2. Thomas Borrel, Amzat Boukari Yabara, Benoît Colombat,
Thomas Deltombe, L’Empire qui ne veut pas mourir. Une histoire
de la Françafrique, Seuil, 2021.
3. https://blogs.mediapart.fr/jean-francois-
bayart/blog/251010/quelle-politique- africaine-pour-la-france.
4. Achille Mbembe, Les Nouvelles Relations Afrique-France.
Relever ensemble les défis de demain, rapport au président de la
République, octobre 2021.
5. https://www.cnrtl.fr/definition/syntagme.
6. Thomas Borrel, Amzat Boukari Yabara, Benoît Colombat,
Thomas Deltombe, L’Empire qui ne veut pas mourir. Une histoire
de la Françafrique, op. cit.
7. https://fresques.ina.fr/independances/fiche-
media/Indepe00110/une-declaration-de-felix-houphouet-
boigny.html.
8. Kako Nubukpo, Martial Ze Belinga, Bruno Tinel, Demba Moussa
Dembele (dir.), Sortir l’Afrique de la servitude monétaire. À qui
profite le franc CFA ?, La Dispute, 2016.
9. https://www.lefigaro.fr/actualite-france/2011/09/13/01016-
20110913ARTFIG00450-la-francafrique-mode-d-emploi-d-une-
filiere-occulte.php.
10. « 110 propositions pour la France, Programme de
gouvernement préparé par le Parti socialiste (PS) pour l’élection
présidentielle d’avril-mai 1981 », Histoire des gauches au
o
pouvoir, Manière de voir, août-septembre 2012, n 124,
https://www.monde-diplomatique.fr/mav/124/A/51865.
11. https://www.jeuneafrique.com/1085403/politique/giscard-
destaing- chasse-diamants-uranium-les-verites-interdites-de-
bokassa/.
12. Philippe Marchesin, La Politique française de coopération. Je
t’aide moi non plus, L’Harmattan, 2021.
13. Kako Nubukpo, « Les propos de M. Macron sont déshonorants
pour les dirigeants africains », Le Monde, rubrique « Afrique », 29
novembre 2017.
14. Discours d’Emmanuel Macron à l’Université de
Ouagadougou, 28 novembre 2017.
15. Programme électoral d’Emmanuel Macron, candidat à
l’élection présidentielle 2022 : https://avecvous.fr/notre-
action/action-internationale.
16. Achille Mbembe, Les Nouvelles Relations Afrique-France.
Relever ensemble les défis de demain, op. cit.
17. Kako Nubukpo, Martial Ze Belinga, Bruno Tinel, Demba
Moussa Dembele (dir.), Sortir l’Afrique de la servitude monétaire.
À qui profite le franc CFA ?, op. cit.
18. Kako Nubukpo (dir.), Demain la souveraineté monétaire ? Du
franc CFA à l’eco, op. cit.
19. Gérard Minart, Jacques Rueff, un libéral français, Odile Jacob,
2016.
20. Conférence de presse en amont des sommets du G7 et de
l’OTAN, Élysée, Paris, 10 juin 2021.
21. Pierre Jacquemot, L’Afrique des possibles. Les défis de
l’émergence, Karthala, 2017.
22. Philippe Hugon, Afriques : entre puissance et vulnérabilité,
Armand Colin, 2016. J’ai une grande dette intellectuelle qui n’a
d’égale que l’affection que j’avais à l’endroit de Philippe Hugon,
dont le décès en 2019 fut ressenti à juste titre comme une
grande perte par l’ensemble de la communauté francophone des
économistes du développement.
23. Jean-Pierre Dozon, Afrique en présence. Du monde atlantique
à la globalisation néolibérale, Éditions de la Maison des sciences
de l’homme, 2015.
24. Jean-Pierre Dozon, La vérité est ailleurs. Complots et
sorcellerie, Éditions de la Maison des sciences de l’homme,
collection « Interventions », 2017.
25. Gaël Giraud, Felwine Sarr, L’Économie à venir, Les Liens qui
libèrent, 2021, voir chapitre 11 consacré à l’Ubuntu.
Remerciements
Conclusion générale
Table des sigles
Notes bibliographiques
Remerciements