Géographie Générale Et Géographie Régionale: Henri Baulig

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2023 12:53

Cahiers de géographie du Québec

Géographie générale et géographie régionale


Henri Baulig

Volume 3, numéro 6, 1959

Mélanges géographiques canadiens offerts à Raoul Blanchard

URI : https://id.erudit.org/iderudit/020163ar
DOI : https://doi.org/10.7202/020163ar

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Éditeur(s)
Département de géographie de l'Université Laval

ISSN
0007-9766 (imprimé)
1708-8968 (numérique)

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Citer cet article


Baulig, H. (1959). Géographie générale et géographie régionale. Cahiers de
géographie du Québec, 3(6), 47–52. https://doi.org/10.7202/020163ar

Tous droits réservés © Cahiers de géographie du Québec, 1959 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des
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GÉOGRAPHIE GÉNÉRALE ET GÉOGRAPHIE RÉGIONALE
par

Henri BAULIG
Doyen honoraire de la Faculté des lettres de Strasbourg

La géographie revêt deux formes que les anciens Grecs nommaient « géo-
graphie » et « chorographie », distinction qui s'exprime en allemand par les mots
Erdkunde et Lânderkunde et, communément, par ceux de géographie générale et
géographie régionale. Distinction, mais non opposition : car ce qui constitue
proprement l'originalité, on dirait presque l'essence de la géographie, c'est
l'intime association, l'alternance de ces deux manières d'envisager les choses, les
êtres, les phénomènes dont l'assemblage compose la face de la terre. 1
On peut croire que les particularités locales et régionales ont, de tout temps,
éveillé l'attention des marchands, des voyageurs, des missionnaires, des esprits
curieux, sensibles à l'exotisme, à la diversité des pays et des peuples. C'est
ainsi que, d'Homère et Hérodote à Marco Polo, l'Occident s'est fait, pièce à pièce,
une image du monde, symétrique de celle que les Extrême-Orientaux se compo-
saient à leur propre usage. Ces connaissances fragmentaires, c'est l'astronomie,
à peine née, qui en permit la première organisation rationnelle : ayant reconnu
la forme générale de la Terre et observé le mouvement apparent du Soleil, elle
put définir géométriquement des zones de latitude, des (( climats », auxquels
semblaient correspondre certaines formes de la nature sauvage et même de la vie
des groupes humains. Dès lors, la Terre apparaissait comme un tout ordonné,
comme une partie d'un ensemble plus vaste, le Cosmos.
La géographie générale était née, mais sous deux formes distinctes.
D'une part, elle envisage la Terre dans son unité fondamentale. De l'autre, elle
considère différents ordres de phénomènes dans leur extension et leurs connexions
à commencer par les plus réguliers, les plus aisément réductibles à des lois ; mais
bientôt elle s'enhardit jusqu'à postuler par exemple, d'Hérodote à Montesquieu,
des rapports rationnels entre climats et régimes politiques. Ce double courant de
pensée a traversé les siècles, longtemps alangui, ranimé soudain par les grandes
découvertes d'outre-mer, par les explorations systématiques, par le progrès
général des sciences de la matière, de la vie, de l'homme et des sociétés.
Les sciences physiques, biologiques, même sociales, comportent d'ordi-
naire une partie générale où sont exposés les principes fondamentaux qui trouve-
ront une application dans chacune de leurs branches. II n'en va pas de même
pour la géographie générale. Elle ne se construit pas à partir de principes, mais
par l'organisation rationnelle des données que lui apporte l'observation locale et
1
« La géographie, écrivait Vidal de la Blache en 1905, est une explication rationnelle
par laquelle les parties s'éclairent par l'ensemble et où la connaissance de toutes les parties est
nécessaire à la connaissance de l'ensemble. C'est dans un retour systématique du particulier au
général, et réciproquement, que consiste ce que Ritter a appelé la << géographie comparative »,
idée que nous traduirions volontiers en disant qu'elle est l'expression de l'unité terrestre ». Dans
les pages qui suivent, nous espérons être resté fidèle à la pensée de notre maître.
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régionale. C'est celle-ci qui lui fournit à la fois sa matière première et les termes
de comparaison nécessaires à la vérification de ses hypothèses. Cari Ritter
l'a dit il y a longtemps : la géographie générale est comparative. Elle ne se
suffit donc pas à elle-même. À preuve, sa tendance manifeste à passer au ré-
gional. La météorologie, qui en un sens est une application de la physique et de
la dynamique des fluides, se concrétise dans la climatologie, comme la géologie
générale dans la géologie régionale. La botanique, dépassant l'anatomie, la
physiologie, la génétique, considère les groupements régionaux et locaux, flores,
associations, formations, leur genèse et leurs conditions d'existence. La socio-
logie, au départ et à l'arrivée, s'appuie sur l'ethnographie —• au sens le plus large
du mot — de même que l'économie théorique ne peut ignorer les ensembles
économiques.
La géographie régionale, de son côté, ne se contente pas de collectionner les
faits d'observation : pour les classer, au moins dans un premier temps, elle recourt
aux catégories de la géographie générale, et, pour les interpréter, à ses conclusions
apparemment valables. Mais, partant du concret et y revenant sans cesse, elle
rencontre des complexes qu'elle s'efforce, sinon d'expliquer jusque dans le détail,
du moins de comprendre comme tels. Le géographe n'admet donc pas sans
réserve l'aphorisme d'Aristote, qu'il n'y a de science que du général,, II est
persuadé que le général n'est, en définitive, qu'un système de concepts, indis-
pensable certes au travail de l'esprit, mais qui n'épuise pas le contenu du réel, car
celui-ci n'est jamais tout à fait simple et pur, ne fût-ce que parce que rien, ni être,
ni phénomène, n'est complètement isolé dans l'espace ni dans le temps. Que le
réel, c'est-à-dire le complexe, existe et tende, par ajustements répétés, à persé-
vérer dans l'être, cela suffit à prouver qu'il est quelque chose de plus que la
somme de ses parties. Le géographe se propose donc, au risque de paraître trop
ambitieux, de saisir, de comprendre des complexes dans leur extension spatiale,
dans leur constitution interne et dans leurs rapports avec l'ensemble terrestre.
Ces complexes, il Jes situe, il les voit dans l'espace, non dans l'espace vide,
amorphe des géomètres, mais dans un espace particulier, différencié, qui est
l'espace terrestre. En cela, la géographie rencontre la physique contemporaine,
qui ne voit plus l'espace, à la manière de Descartes, comme le simple lieu des
mouvements, mais bien comme leur milieu, comme occupé par des champs de
forces gravitationnelles, électro-magnétiques, qui inlléchissent les mouvements
matériels. De même, les milieux géographiques sont des champs de relations
fonctionnelles, d'interactions, donc d'interdépendance, dont l'équilibre ne se
maintient que par ajustements répétés, car seuls sont durables les équilibres mo-
biles. Ceux-ci apparaissent dans le domaine de la matière brute, en physique, en
chimie, en géographie physique : les vents, les courants marins résultent de
déséquilibres momentanés qu'ils tendent à corriger. La géologie tectonique,
l'orogenèse, connaît des rythmes qui traduisent l'action antagoniste des forces et
des résistances. En géomorphologie, des processus complexes et interdépendants
engendrent des formes d'équilibre simples et harmonieuses. Dès que la vie
intervient, les combinaisons possibles se multiplient et se compliquent. Les
êtres vivants subissent, il est vrai, les influences du milieu physique ; mais ils y
réagissent par sélection, par migration, par adaptation induite ou spontanée.
GÉOGRAPHIE GENERALE ET GEOGRAPHIE REGIONALE 49

Et, du simple fait de leur groupement, ils se font leur propre milieu. La forêt,
et chaque type de forêt, suppose bien certaines conditions minimales de climat et
de sol ; mais, une fois installée, elle modifie à sa manière et le climat et le sol, prépa-
rant ainsi une ambiance originale, que pourront occuper des formes subordonnées.
L'homme, ou plus exactement les groupes humains, sont eux aussi assu-
jettis aux conditions physiques. Mais, grâce à leurs facultés d'invention, ils
savent s'y adapter et en tirer parti pour la satisfaction de leurs besoins et de leurs
aspirations. Ils peuvent même, armés de techniques efficaces, créer, de toutes
pièces ou presque, des milieux proprement humains. Vers le début de ce siècle,
les géographes se proposaient volontiers l'étude des (( régions naturelles » : c'était
là une réaction salutaire contre l'assujettissement traditionnel aux cadres politi-
ques et administratifs. Mais on définit parfois encore la géographie humaine
par les rapports des sociétés avec leur substrat naturel. Cette conception est
trop étroite : pour le géographe, il n'y a que des régions géographiques. Les
unes, de plus en plus rares, sont demeurées sensiblement à l'état de nature. La
plupart sont humanisées, quoique très inégalement : et alors elles comportent un
système de relations qui ne sont pas toutes matérielles. Soit, par exemple, à
décrire, ou simplement à définir une région urbaine, celle d'une ville de moyenne
importance. On distinguera d'abord un noyau urbain, caractérisé par un
habitat compact (qui d'ailleurs tend à déborder sur la banlieue) et par des genres
de vie répondant à des fonctions spécialisées, administratives, commerciales,
artisanales et industrielles, intellectuelles, etc., et par tout ce qu'on englobe sous
le nom de « Services ». Ce qui implique de multiples relations du noyau avec
l'extérieur, qui lui fournit son ravitaillement en vivres et en matières premières,
qui assure pour une part le recrutement de sa population, et qui, en retour, profite
de ses facilités d'échange et de communication de toute nature. Si, donc, on veut
définir correctement la région urbaine, il faut l'étendre jusqu'aux limites extrêmes
de ses relations, et se représenter celles-ci non comme un rayonnement diffus, par
auréoles concentriques, mais bien comme des réseaux de courants centripètes
et centrifuges, transportant des choses et des personnes, mais aussi des nouvelles,
des influences de toute sorte, intellectuelles et morales.
Parmi les multiples relations, matérielles et autres, qui constituent un
milieu humanisé, lesquelles retiendrons-nous comme propres à définir une région
géographique? D'abord, évidemment, celles qui apparaissent immédiatement
dans l'aspect du pays. On a dit que la géographie régionale consiste essentielle-
ment dans la description explicative des paysages : c'est vrai, mais à condition
que l'on fasse intervenir, comme éléments d'explication, la structure économique
et sociale du groupe, son degré d'ouverture sur le monde extérieur, son esprit
communautaire ou individualiste, traditionnel ou novateur, en un mot, tout ce
qui constitue sa mentalité collective, car celle-ci se reflète dans son genre de vie et
sa manière d'utiliser l'espace qui lui est dévolu. C'est dire que l'explication
vraiment complète d'une région nettement humanisée peut se révéler fort difficile.
Aussi, la plupart du temps, ne retiendra-t-on qu'un ou quelques-uns de ses aspects
dominants, jugés caractéristiques.
Devenant alors un cadre de recherche, la région sera choisie en fonction
de certains problèmes et des moyens qui permettent de les aborder avec profit.
Mélanges géographiques canadiens — 4
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Elle pourra être d'étendue limitée : quelques acres de prairie naturelle, une
commune rurale, un quartier de ville ; mais aussi bien couvrir un grand pays, un
continent, une zone climatique. Elle sera d'un seul tenant ou discontinue. Ses
limites seront nettes ou indécises. Elle pourra posséder un centre qui la domine
et assure sa cohésion ; ou, au contraire, se présenter comme un bloc homogène :
la forêt humide des tropiques possède une très riche flore et présente d'infinies
variantes locales ; mais celles-ci, se répétant indéfiniment et en proportions
sensiblement constantes, ne font qu'accuser la compacité de l'ensemble. Parti-
culièrement intéressantes sont les régions qui comprennent deux ou plusieurs
sous-régions nettement différenciées et complémentaires. Et, plus encore, les
zones de contact -— entre la forêt et la steppe, entre la montagne et la plaine, etc. :
lieux de concurrence, de lutte, mais aussi d'emprunts et d'échanges générateurs
de combinaisons originales.
Ainsi conduite, l'enquête, bien qu'orientée et, en un sens, analytique,
restera régionale dans son esprit pourvu qu'elle replace incessamment les détails
dans l'ensemble, non seulement de la région elle-même, mais aussi d'autres régions
semblables par certains côtés, différentes par d'autres. Bien loin d'écarter les
singularités, les « anomalies », le géographe les relève soigneusement, dans l'es-
poir d'y découvrir des relations, ou positives ou négatives, qui auront échappé à
des recherches moins détaillées. Et ces rapports, une fois bien établis avec leur
degré de constance, trouveront leur place dans la géographie générale. En
somme et idéalement, le travail géographique peut se comparer à celui d'une
exploration bien conduite. Les spécialistes partent à la découverte, chacun de
son côté ; mais de temps en temps ils se rassemblent au camp de base, confrontent
leurs trouvailles, les discutent et arrêtent d'un commun accord le programme des
jours suivants. Pour nous, le camp de base, le point de ralliement, c'est la géo-
graphie régionale.
Quelle pourra bien être la place de la géographie dans le monde qui se fait
sous nos yeux, un monde décidément fini, de mieux en mieux connu dans toutes
ses parties, de plus en plus conscient de son unité fondamentale? Bien peu de
pays sont encore complètement isolés, interdits aux déplacements de personnes
et aux transports de matières, et moins encore aux communications spirituelles.
La technique, imposant un peu partout ses procédés, son outillage, son esprit, est,
certes, un puissant facteur de nivellement, d'uniformité. Mais, d'autre part,
l'humanité consciente se rend mieux compte des limites des ressources naturelles
exploitables immédiatement ou dans un proche avenir. Et elle reconnaît la
nécessité d'épargner celles au moins qui se consomment par l'usage et d'en tirer
le meilleur parti, pour une population rapidement croissante et très inégalement
répartie, sans proportion entre les besoins et les moyens de les satisfaire. Aussi
ne s'en remet-on plus à la seule initiative privée : on entend diriger de haut,
prévoir, planifier, aménager rationnellement la surface de chaque pays et, éven-
tuellement, de la Terre entière.
Cette organisation se fait, dès maintenant, par grands espaces géographi-
ques, économiques et politiques. Chacun d'eux, aspirant à l'indépendance, donc
à l'autarcie, doit, ou devra, tenant compte de son potentiel naturel et humain,
s'astreindre à une répartition judicieuse des tâches par professions et par régions,
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grandes ou petites, mais toutes solidaires de l'ensemble. Dans ce grand travail,


le géographe aura, il a déjà son rôle. Exercé à considérer les complexes dans
l'interdépendance de leurs parties, il peut essayer de prévoir les conséquences,
souvent indirectes, de toute innovation. Et, conscient de la continuité histo-
rique, il se défie des mutations trop brusques, dont les générations successives ne
s'accommodent pas aisément. En somme, il exercera une influence modératrice
sur le zèle parfois exclusif des spécialistes. Mais il devra lui-même ajuster sa
vision aux dimensions d'un monde nouveau. Dès maintenant, chacun de nous,
individu ou nation, se voit, ou peut apprendre à se voir à sa place sur la Terre, et
aussi savoir comment les autres le voient. L'esprit géographique se diffuse dans
les mentalités collectives. On l'a dit : pour le bien ou pour le mal, probablement
pour l'un et l'autre à la fois, la <( géosphère )) devient de plus en plus une « noo-
sphère ». De même, l'esprit géographique pénètre les sciences de la nature et de
l'homme. C'est fait, depuis longtemps, pour la botanique : la notion d'écologie
est, dans son principe, biologique, comme le rappelle Max. Sorre. II reste cepen-
dant que, si chaque science s'abandonnait à son penchant naturel, elle tendrait à
se replier sur elle-même, à ne considérer que des faits de même ordre, dans leurs
relations internes. Le géographe, lui, se risque à embrasser d'un même regard
des phénomènes franchement hétérogènes, dès qu'ils sont coextensifs, donc
susceptibles d'interférer et d'entrer dans des combinaisons locales, régionales,
peut-être planétaires.
On peut voir là comme l'annonce d'une mutation de l'esprit scientifique.
Dès l'antiquité classique, la science s'est proposé de ramener le particulier au
général, le complexe au simple, le concret à l'abstrait, le relatif à l'absolu. Au
terme idéal de sa conquête, le monde, on l'a dit, apparaîtrait comme un même
phénomène, traduisible en une équation, elle-même réductible à une identité.
La science — et c'est ce qui explique ses éclatants succès et l'attrait que ses mé-
thodes exercent sur des recherches d'un autre ordre — a constamment visé à
l'unité : 2 elle est, au sens étymologique, (( uni-verselle )). Mais l'esprit humain
ne renonce pas pour autant, à comprendre le monde dans sa diversité. II cherche
l'unité, non dans l'identité, mais dans l'union, dans les rapports, certes complexes
des parties entre elles et avec le tout : attitude d'esprit qu'on peut dire (( multi-
verselle )), et qui fait une place aux connaissances relatives, incomparablement
plus riches qu'une connaissance absolue, comme vidée de sa substance.
Le principe de coordination, on l'a demandé à des concepts tels que les
causes particulières, les forces occultes, le vitalisme, l'harmonie préétablie, dont
la science positive a montré la vanité, ou du moins l'insuffisance. Mais elle-
même rencontre incessamment des problèmes essentiels qui, actuellement au
moins, ne sont pas réductibles par la seule analyse. On peut donc espérer que,
disposant d'une information grandement enrichie et précisée, guidée d'autre part
et contrôlée par les résultats de la recherche analytique, elle pourra, sans trop de
risques, entreprendre des synthèses de plus en plus vastes et hardies. Les con-
naissances ainsi acquises n'admettent pas de démonstration rigoureuse, mais

2
Voir, par exemple, EINSTEIN, Albert, Conceptions . . ., trad. franc., 1952, en particulier,
p p . 109-123, Les fondements de la physique théorique.
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seulement un certain degré de vraisemblance qui doit être évalué par compa-
raison avec ce que serait la certitude.
La géographie, comme l'histoire et d'autres disciplines (( littéraires )), est
apte à développer une faculté que les sciences exactes n'exercent guère, à savoir le
jugement, entendu comme l'aptitude à se faire une opinion — et à agir en consé-
quence — pour des raisons dont aucune, à elle seule, n'est décisive. Ce peut
être une bonne école de modestie devant les problèmes du monde et de tolérance
envers la diversité des opinions.

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