L’inconnue de l’archipel: Le Duigou et Bozzi - Tome 31
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À propos de ce livre électronique
La médiatique dirigeante d’un important groupe agroalimentaire bien connu et très dynamique en Cornouaille est enlevée, alors qu’elle résidait avec sa famille à Beg-Meil sur la commune de Fouesnant.
Le lieutenant Phil Bozzi et le capitaine François Le Duigou se trouvent confrontés à des ravisseurs déterminés qui ne laissent aucune trace permettant de remonter jusqu’à eux...
Le chemin s’annonce long et fastidieux jusqu’au moment où, selon Le grain sable de Pascal, tout va basculer et permettre d’ouvrir des pistes sérieuses et encourageantes.
Le Pays basque s’invitera dans cette intrigue complexe, mais aussi et surtout, le sublime archipel des Glénan, situé au sud de Fouesnant, qui servira en partie de théâtre à cette tragédie, avant l’issue finale qui donnera encore bien du fil à retordre à nos deux OPJ...
Un thriller angoissant et bien rythmé campé dans le magnifique décor de l'archipel des Glénan !
EXTRAIT
Un peu avant huit heures, les trois OPJ, Phil, François et Joël, se retrouvèrent autour d’un café et s’empressèrent de rejoindre leur bureau. Les écoutes téléphoniques n’avaient rien donné la nuit passée, les ravisseurs allaient sans doute appeler ce matin. Aucun écho non plus de la gendarmerie ni de la police municipale sur l’éventuelle présence d’une moto dans leur secteur.
Le ravisseur appela en effet Rémi Hasparren en tout début de matinée. Il lui demandait de préparer la somme convenue en petites coupures usagées, de l’apporter dans un sac de voyage à la gare de Quimper, vendredi soir vers dix-sept heures, et de se munir de son téléphone portable pour pouvoir recevoir de nouvelles directives. Il précisa à nouveau qu’il ne fallait en aucun cas prévenir la police car il en serait informé et, dans ce cas, l’opération serait annulée et la vie de son épouse mise en danger. Puis il raccrocha, laissant Rémi Hasparren continuer à lui crier dans le vide de lui prouver que son épouse était en vie, en lui permettant de l’entendre.
La localisation de l’appel fut quasi immédiate, il émanait cette fois de la cabine téléphonique publique de La Forêt-Fouesnant.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Connu et reconnu bien au-delà des frontières bretonnes, Firmin Le Bourhis est aujourd’hui l’un des auteurs de romans policiers bretons les plus appréciés, avec 31 enquêtes déjà publiées. Il est également l’auteur d’essais sur des thèmes médicaux et humanitaires.
Après une carrière de cadre supérieur de Banque, Firmin Le Bourhis, passionné de lecture et d’écriture, s’est fait connaître en 2000 par un premier ouvrage intitulé Quel jour sommes-nous ?, suivi d’un second, Rendez-vous à Pristina, publié dans le cadre d’une action humanitaire au profit des réfugiés du Kosovo.
Il s’est consacré ensuite à l’écriture d’une série policière, aux personnages récurrents, publiée aux Éditons Alain Bargain.
Il anime des conférences sur deux thèmes «La maladie d’Alzheimer de A à Z» et «L’écriture du roman policier - de la 1ère idée de l’auteur... au livre dans le rayon du libraire» dans des réunions ouvertes au public, médiathèques, associations culturelles, associations caritatives, lycées, etc.
Il anime deux émissions sur Radio Harmonie Cornouaille, dont une hebdomadaire «Autour du livre» en donnant la parole à une bibliothèque, un club de lecture, un libraire, aux auteurs et aux auditeurs passionnés par la lecture pour évoquer un ou plusieurs livres.
Ses ouvrages sont tous enregistrés à la bibliothèque sonore de Quimper au service des déficients..
Né à Kernével (commune de Rosporden) en 1950 , il vit et écrit à Concarneau en Sud-Finistère.
En savoir plus sur Firmin Le Bourhis
Le Duigou et Bozzi
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Avis sur L’inconnue de l’archipel
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Aperçu du livre
L’inconnue de l’archipel - Firmin Le Bourhis
I
Mardi 25 avril 2017, au commissariat de Quimper.
Deux jours après le premier tour des présidentielles, les commentaires ne manquaient pas sur les résultats des votes, commune par commune, dans les deux quotidiens régionaux… Les candidats du second tour étaient désormais connus : ce serait Marine Le Pen contre Emmanuel Macron. Les arrangements de tous bords et les pressions en tous genres de chacun des neuf candidats éliminés allaient bon train, tandis que s’activaient les vieux caciques, qu’ils soient de droite, de gauche ou du centre. La population commençait à être saturée d’avoir été abreuvée pendant de longs mois de programmes parfois utopiques sur le plan économique car impossibles à mettre en place, étant donné la situation d’endettement de la France. Mais en réalité, parmi les électeurs, qui se souciait de ces incohérences notoires ? Visiblement, ce n’était pas sur ces sujets, pourtant importants pour l’avenir de chacun, que se fondait le débat du deuxième tour des présidentielles. Malheureusement, car nous étions entrés dans une période où tout valait tout et où la passion l’emportait sur la raison.
On gavait l’électeur de promesses dépendant d’enjeux qui les rendaient largement inapplicables… Au diable le souci de la vérité, il fallait gommer ce qui fâchait et, souvent, oublier le passé. On voyait même apparaître certains tribuns qui cachaient leur médiocrité sous l’étendard du gaullisme – ni un parti et encore moins un front – et qui s’en prévalaient alors qu’ils l’avaient toujours combattu…
Quant au lieutenant Phil Bozzi et au capitaine François Le Duigou, après cette terrible enquête qu’ils venaient de mener avec succès à Nantes et qui les avait particulièrement marqués car, comme tout un chacun, ils croyaient l’esclavage domestique et familial révolu, mais parfois certains maux de notre société ont la vie dure, ils étaient heureux de retrouver leur bureau, leurs collègues et leur patron, le commissaire Yann Le Godarec, qui ne souhaitait vraiment pas les voir repartir de sitôt !
Lorsqu’ils arrivèrent pour prendre leur service, l’agitation matinale était déjà perceptible dans le hall du commissariat. À l’étage, ils rejoignirent avec un immense plaisir le lieutenant Joël Le Traon devant la machine à café, lequel avait comme toujours quelque chose à raconter, quelques bons mots et blagues pour distraire chacun. Il était en vive discussion. Il était vrai que l’actualité offrait des sujets intarissables entre la politique en France et en Allemagne, le récent Brexit de la perfide Albion sous l’égide d’une Theresa May pressée de quitter l’Union européenne pour s’acoquiner avec Donald Trump, ou encore les tribulations de ce dernier avec ses décrets à répétition qui brouillaient les cartes mondiales dans tous les domaines, ce qui lui était indifférent. Ainsi il venait d’annoncer la construction d’un mur à la frontière sud du pays et son paiement par le Mexique, alors que le président de cet État criait haut et fort qu’il n’était pas question qu’il paie quoi que ce soit ! Peu importait au président américain, il continuait à finaliser les engagements qu’il avait pris lors de sa campagne, malgré l’opposition du Congrès parfois.
En France, les élections présidentielles, lors du premier tour, s’étaient déroulées dans un désordre absolu. Depuis la fin de l’année précédente déjà, les Français découvraient régulièrement avec surprise les scandales que les médias se délectaient à étaler sur la place publique, et rien ne semblait vouloir les arrêter alors qu’ils auraient dû se faire l’écho de débats fondamentaux sur l’avenir des Français et surtout celui des nouvelles générations.
Les conséquences des querelles de ces individus à l’ego surdimensionné et surtout motivés par leur intérêt personnel étaient dramatiques ; en effet, pendant ce temps-là, elles empêchaient le pays de progresser, contrairement à ceux de l’Union européenne, car on n’y effectuait pas les réformes nécessaires, ce qui ne favorisait pas la récession du chômage, la reprise économique, pourtant en marche chez nos voisins, ni l’apurement de la situation d’endettement, la plus mauvaise des six pays les plus importants de l’Europe, pas plus que celui des déficits commerciaux. Et cela tandis que l’Allemagne annonçait un excédent commercial record et un taux de chômage au plus bas… De nombreux Français s’inquiétaient d’ailleurs, sachant que, les élections présidentielles terminées, quel que soit le nouveau président, il était évident que celui-ci arguerait de cet héritage catastrophique, les taux repartant de plus à la hausse, pour ne pas réaliser ce qu’il avait annoncé.
Combien de temps de telles mascarades dureraient-elles encore avant que le peuple ne se rebiffe pour de bon et exige une réelle transparence dans tous les domaines, imposant une véritable loi de moralisation qui passerait par l’interdiction du cumul des mandats et des emplois fictifs, et la suppression progressive de la corruption larvée qui sévissait dans tant de domaines, notamment politique – mesures d’ailleurs proposées par le candidat affrontant au deuxième tour Marine Le Pen ?
Autres sujets de conversation habituels autour de la machine à café, les faits divers qui se déroulaient dans la région – et l’on avait été servi avec la sordide affaire d’Orvault – mais aussi les résultats sportifs. François évoquait d’ailleurs de temps en temps, car cela l’intéressait, moins que son bateau et un bon coefficient de marée bien sûr, le beau parcours de l’USC, son équipe de football fétiche de Concarneau, récemment passée en nationale et qui, pendant de nombreux mois, avait flirté en permanence avec le haut du tableau.
Phil, lui, échangeait davantage sur les voitures anciennes avec un collègue qui partageait avec lui cette passion.
Mais dans l’immédiat, les retrouvailles avec leur milieu professionnel étaient trop importantes pour qu’ils se laissent distraire par des discussions forcément stériles car, dans la plupart des cas, personne n’y pouvait rien.
Lors de la réunion matinale habituelle avec le patron, ils firent le point des affaires en cours : beaucoup de petits dossiers, mais rien de bien attractif, de la routine avant la période estivale qui s’annonçait prometteuse…
Phil et François se virent ainsi confier, pour l’instant, les affaires courantes.
Mais voilà qu’à l’accueil, au rez-de-chaussée, un homme venait de se présenter, demandant à rencontrer un officier de police judiciaire, il fut donc dirigé vers les plus disponibles du moment : Phil et François…
II
Au bureau des OPJ, huit heures quinze.
L’homme était grand, mince, il avait une belle tignasse grise, presque blanche, remarquablement coiffée, un regard bleu acier, les traits fins et la peau bronzée de ceux qui s’entretiennent à longueur d’année. D’apparence virile, il était difficile de lui donner un âge précis, la quarantaine épanouie peut-être… Il faisait penser à cet ancien premier ministre de Jacques Chirac, Dominique de Villepin.
François l’invita à prendre place, les présentations faites. En s’asseyant, il leur lança un regard furtif et perçant, où l’on devinait très nettement l’inquiétude qui le tenaillait.
— Pourquoi demandez-vous à nous rencontrer ? s’enquit François.
Phil, pour l’instant, attendait de connaître l’objet de cette visite pour savoir s’il devait, lui aussi, entrer en scène ou, au contraire, continuer à vaquer à ses occupations.
L’homme hésitait. Il s’écoula quelques longues secondes pendant lesquelles il examina le dos de ses mains qu’il avait posées sur ses cuisses, avant qu’il ne se décide à parler :
— C’est ma femme…
Il releva la tête pour regarder François, les larmes aux yeux.
— Ma femme…
L’émotion était trop forte, il ne pouvait s’exprimer. Il se saisit d’un mouchoir, s’essuya les yeux et se moucha discrètement. Un silence de cathédrale flottait dans la pièce, les deux OPJ attendaient avec concentration la suite de ses propos, devinant que quelque chose de grave venait de se produire.
— Que lui est-il arrivé ? demanda François sur le ton de la compassion et en s’efforçant de faire preuve de tact.
— Elle a été kidnappée et j’ai reçu un appel, ce matin, me demandant de payer une rançon mais, surtout, de ne pas prévenir la police…
François le regarda, atterré.
— C’est sérieux, très sérieux… commenta-t-il.
L’homme avait beau tenter de se ressaisir, il n’y parvenait pas, visiblement effondré et comme plongé dans une torpeur profonde. Il affichait un visage fatigué et des traits creusés. Phil et François étaient les témoins impuissants de sa souffrance.
— Nous allons prendre les choses dans l’ordre, si vous le voulez bien… Commençons par votre état civil et celui de votre épouse, puis vous nous expliquerez ensuite les circonstances de ce rapt… Mon collègue, le lieutenant Philippe Bozzi, procédera au fur et à mesure à l’enregistrement de votre déclaration.
Il sortit sa carte d’identité et répondit aussitôt à toutes leurs questions sans se perdre dans les détails, leur rappelant cependant, à plusieurs reprises, que la discrétion de la police était impérative car les ravisseurs avaient été formels : il ne fallait pas prévenir celle-ci. François le rassura.
L’homme, nommé Rémi Hasparren, âgé de cinquante-quatre ans, était né à Ciboure dans les Pyrénées-Atlantiques, au Pays Basque. Son âge les surprit, cet homme svelte devait sans doute passer du temps en salle de sport ou dans un centre de remise en forme… Il leur confia que suite à la séparation de ses parents, il avait partagé sa vie entre la Bretagne et sa région natale. Il avait été, de ce fait, en partie élevé, jusqu’à sa majorité, par sa grand-mère, à Rennes, ville où il avait fait des études universitaires et rencontré celle qui était devenue son épouse, Martine Lanroz, originaire de Quimper, âgée de cinquante-quatre ans également.
— Lanroz… du groupe agroalimentaire Lanroz ? demanda François.
— Oui, tout à fait, diversifié dans la biscuiterie, la salaison et autres activités agroalimentaires, et qui possède de nombreuses unités de fabrication dans le grand ouest de la France, au sein de la société holding Lanroz et compagnie
, constituée de deux grandes branches et dont le siège social est situé à Quimper. Mais nous résidons dans une grande villa, Pointe de Beg-Meil sur la commune de Fouesnant, qui se nomme Ty Lanroz et se trouve à peu près entre la cale et la Plage des Oiseaux, si vous connaissez un peu les lieux…
— Nous voyons très bien. Avez-vous des enfants ?
— Oui, un fils, Yannick. Celui-ci travaille actuellement à Londres mais devrait rejoindre prochainement le siège de la société pour s’occuper de l’export, car il parle et écrit couramment l’anglais et a fait des études d’économie dans cet objectif. Mais il est confronté à de profonds troubles… disons comportementaux, et mon épouse souhaite le voir revenir auprès d’elle.
— Merci pour toutes ces précisions… Venons-en aux faits à présent…
— Mon épouse, Martine, est partie de l’aéroport de Quimper-Cornouaille de Pluguffan, près de Quimper, hier lundi, dans le but de visiter quelques centrales d’achat à Paris et dans les environs, notamment à Issy-les-Moulineaux et Ivry-sur-Seine. Elle devait y retrouver notre fils, venu spécialement de Londres. Il devait l’accompagner pour quelques-uns de ses rendez-vous. Yannick me l’a confirmé et m’a rapporté que tout s’était très bien déroulé. Ces rencontres avaient été programmées depuis le SIAL¹ qui s’était tenu en octobre dernier à Paris. Celui-ci a lieu tous les deux ans et le prochain aura lieu à Villepinte en 2018. Pour nous, c’est incontournable. Après ces entretiens, notre fils est reparti à Londres, le soir même.
— Et vous n’accompagnez pas votre épouse ?
— Pas toujours, pas cette fois en tout cas. Je me devais d’être présent dans l’une de nos unités où nous changions de chaîne de production. Voici l’adresse de cette usine… Nos équipes travaillent continuellement à moderniser, voire à automatiser la fabrication de nos produits, notre ambition étant d’être toujours vraiment compétitifs en anticipant en permanence…
— Je comprends…
— Mon épouse est rentrée hier soir par le dernier vol, ce que m’a confirmé l’aéroport et le SMS qu’elle m’a adressé, elle m’indiquait qu’elle se rendait chez sa mère, comme prévu avant son départ. Cette dernière a quatre-vingt-deux ans et occupe un grand appartement au centre de Quimper. À cette occasion, mon épouse devait évoquer la cession de ses parts et de celles de son père décédé. Sa mère se porte encore bien et a toutes ses facultés mentales mais est devenue très fragile physiquement, aussi Martine s’assure-t-elle toujours que tout va bien pour elle, depuis que cette dernière a perdu son époux à la fin de l’année passée. Depuis, ma belle-mère a tendance à déprimer un peu. Elle éprouve quelques difficultés à marcher et sort de moins en moins, ce qui inquiète mon épouse qui a toujours peur qu’elle tombe et se casse de col du fémur ou se blesse, et qu’elle ne puisse la prévenir, mais comme elle ne veut pas quitter son appartement, ce n’est pas toujours très simple. Martine m’avait précisé qu’elle resterait dormir chez elle, ce qui se produit assez fréquemment depuis quelques mois, car cela réconforte sa mère. Depuis, plus rien…
— Quelle voiture a-t-elle ?
— Un coupé sport Mercedes GLC 250d, 4MATIC, noir. Quand elle va chez sa mère, elle le gare sur le petit parking réservé aux résidants, au pied de l’immeuble et bordant la rue. Cet espace est toujours libre désormais car ma belle-mère ne conduit pas et n’a plus de voiture depuis qu’elle est seule ; idem pour sa voisine de l’étage en dessous. Ce parking n’est pas fermé par des sabots avec clef ni clos, et n’importe qui peut s’y ranger car elle laisse toujours le système de protection au sol, mais le quartier est tranquille et tout se passe bien ainsi.
Phil notait avec précision tous les détails. François interrompit les échanges, le temps de demander à une patrouille de ville de vérifier si le véhicule s’y trouvait. Puis il lui demanda :
— Et vous, où étiez-vous à cette heure ?
Rémi Hasparren répondit :
— Quand je me suis assuré que tout fonctionnait parfaitement dans l’usine après la prise en main par l’équipe de nuit, j’ai regagné mon domicile, assez tardivement, vers minuit. Ce matin, il était convenu que nous fassions le point de nos activités, soit à la maison soit au siège. Elle, sur ses rendez-vous et moi, sur la mise en route de la nouvelle chaîne. Ne la voyant pas arriver, je m’apprêtais à l’appeler sur son portable pour savoir si elle passait à la maison avant de se rendre à l’entreprise, quand le téléphone a sonné ; je croyais que c’était elle… et c’est là…
Une nouvelle crise d’angoisse le saisit et ses yeux se brouillèrent à nouveau ; l’homme semblait débordé par l’émotion. François lui proposa :
— Voulez-vous un verre d’eau, Monsieur ?
— Non, merci.
— Continuez…
— Une voix masculine m’a indiqué que, si je voulais revoir mon épouse, je devais préparer trois cent mille euros en petites coupures usagées et ne pas prévenir la police, puis elle m’a informé qu’on me contacterait rapidement pour les modalités de l’échange, mais qu’il m’appartenait dès à présent de rassembler la somme, puis l’homme a raccroché. Je n’ai pas eu le temps de lui dire un mot. Sous le choc, incrédule, je suis resté l’appareil en main, la tonalité indiquait que la ligne avait été coupée. Au bout de quelques secondes, j’ai eu le réflexe de composer le numéro du portable de mon épouse car ce que je venais d’entendre me semblait être un cauchemar, mais la communication n’aboutissait pas, comme si l’appareil avait été éteint.
— Vous a-t-il appelé sur votre portable ?
— Sur le fixe de la maison ; voici tous nos numéros…
Phil les saisit aussitôt et sortit du bureau pour demander que soient relevés le lieu d’appel et le numéro de cet interlocuteur.
La patrouille missionnée quelques minutes plus tôt pour se rendre sur le parking habituel du véhicule appela à cet instant : pas de présence du véhicule désigné sur le parking de la résidence ni dans les environs immédiats.
— Pouvez-vous me donner l’immatriculation de sa voiture ? Comme il s’agit d’un modèle haut de gamme, savez-vous si elle est équipée d’un traqueur ?
— Je l’ignore, car lorsque nous achetons une voiture, nous ne nous attardons pas sur les équipements nouveaux qu’on y installe désormais, et je n’ai pas assisté à cet achat, aussi