Greek accentology

L’objet de cet article est d’évaluer l’extension, les limites et l’origine du phénomène de récessivité accentuelle qui semble assez largement répandu dans les anthroponymes en grec ancien, en face de noms communs (adjectifs ou substantifs) présentant la même suffixation, mais dont l’accent n’est pas récessif. Un assez long développement y est également consacré à quelques exemples d’un mouvement d’accent inverse vers la fin du mot, afin de déterminer s’ils s’expliquent selon un même principe général, ou s’il s’agit de phénomènes bien spécifiques.

Cet article prend pour point de départ une théorie phonologique récente concernant l’origine de l’accentuation des monosyllabes, qui a été avancée par Thomas Olander : selon celle-ci, les monosyllabes qui seraient terminés par deux consonnes en proto-grec (plus précisément, à une époque où la simplification de /ts/ en /s/ ne s’était pas encore effectuée) auraient un accent aigu en attique, tandis que ceux qui seraient terminés par moins de deux consonnes en proto-grec auraient un accent circonflexe. Après avoir montré les difficultés posées par cette théorie phonologique, cet article essaie de montrer qu’il faut lui préférer une théorie morphologique, et plus particulièrement analogique, qui se trouve dans la continuité de certains travaux de Jerzy Kuryłowicz.

Cet ouvrage s’intéresse aux facteurs morphologiques et sémantiques qui sont susceptibles de rendre compte de l’accentuation des thèmes en * ā (< * eh2) des différentes langues indo-européennes étudiées : dérivation primaire ou secondaire, présence ou non d’un vocalisme *o apophonique en cas de dérivation primaire, maintien ou rupture du lien qui unissait les formes étudiées à leur famille étymologique, sens abstrait ou concret, appartenance à un microsystème lexical impliquant une accentuation spécifique, etc. C’est en grec ancien que la conjonction de ces différents facteurs semble le mieux capable d’expliquer l’essentiel des données accentuelles relatives aux noms en *-ā, et, de ce fait, c’est le dossier grec qui se trouve le plus largement développé dans cette étude (p. 7-367). Mais cet ouvrage traite aussi assez largement de faits védiques (p. 373-412), baltiques et slaves (p. 413-512), ainsi que germaniques (p. 513-532). Il aborde également une question transversale, à savoir celle du contraste accentuel qui apparaît entre des formes de masculin ou de neutre singulier thématiques et des formes de féminin ou de neutre pluriel d’origine collective (p. 533-565).

Comptes rendus :
- Francesco Dedè, Incontri Linguistici, 40, 2017, p. 183-184 ;
- Romain Garnier, Wékwos. Revue d’études indo-européennes, 3, 2017, p. 292-301 ;
- Julián Mendéz Dosuna, Emerita. Revista de lingüística y filología clásica, 86/2, 2018, p. 370-374 ;
- Alain Blanc, Bulletin de la Société de Linguistique de Paris, 113/2, 2018, p. 204-207.

Le présent article se propose de faire la part entre ce qui, dans les vocatifs à accent récessif du grec ancien (type de voc. πάτερ vs nom. πατήρ « père »), est susceptible de relever d’un héritage direct de l’accentuation du vocatif indo-européen, et tout ce qui, au contraire, doit plutôt être considéré comme des innovations internes au grec.

De nombreux noms de parties du corps, et quelques noms de céréales appartenant au type flexionnel en *-ā- du grec ancien, présentent une oxytonèse qui se trouve en désaccord avec l’accentuation habituelle des noms en *-ā- de sens concret. On s’interroge, dans cet article, sur l’origine de cette accentuation spécifique, qui doit être, pour une part, liée à celle des collectifs indo-européens ; et l’on se demande en particulier, dans une perspective essentiellement interne à l’histoire de la langue grecque, dans quelles conditions (notamment dans quels types suffixaux, et selon quels procédés analogiques) cette accentuation, qui doit constituer un archaïsme dans plusieurs mots, s’est étendue à l’intérieur de ces deux champs du lexique.

In this paper we investigate historically aspects of the morphology–phonology interface with regard to the definition of the accent position in ancient Greek nominal forms. More specifically our aim is to study: (a) the extent to which morphology may set the accent position of the nominal forms; and (b) the role of the nominal accent to the definition of morphological categories like the inflectional class. More specifically, we argue that the nominal accent is defined by reference to a number of abstract Accent Patterns which are organized on the inherent accentual information of the lexical bases and controlled by morphological factors such as the structural oppositions between the strong and weak cases. Any violation of these patterns is due to the morphology–phonology interface. On the other hand, their strict relation to the lexical bases opens the way for their use as tools for the definition of the inflectional classes.

Cet article vise à montrer que la loi prosodique de rétraction iambique de l’accent en grec ancien dite loi de Bartoli n’existe pas, et que les formes dont l’accentuation est souvent expliquée par une telle loi doivent être interprétées en recourant à d’autres critères accentuels.

Cet article cherche à rendre compte de la différence de traitement accentuel entre les paradigmes nominaux à accent columnal (type de πολῑ́της « citoyen », nominatif pluriel πολῖται, où l’accent ne remonte pas sur l’antépénultième malgré la finale brève du point de vue de l’accentuation), et les paradigmes à accent non columnal (type de βελτίων « meilleur », neutre βέλτιον, avec remontée de l’accent sur l’antépénultième). Il tend à montrer que l’accentuation columnale a été largement étendue en grec par rapport à ce que l’on pourrait attendre d’après la préhistoire des formes concernées (origine indo-européenne et développement de la loi de limitation de l’accent en grec) ; et il cherche à déterminer les raisons pour lesquelles une accentuation non columnale a pu être maintenue, ou, le cas échéant, introduite secondairement, dans un petit nombre de classes de mots.

Cet article reprend à nouveaux frais l’examen des principales manifestations de la loi de Wheeler, selon laquelle, dans la préhistoire du grec, tout polysyllabe oxyton à dernière voyelle brève devient paroxyton si sa syllabe pénultième est brève et sa syllabe antépénultième longue (adjectifs en -ιλος et en -υλος, composés de dépendance verbale régressive en -ος de sens actif, participes parfaits moyens-passifs, etc.). Il tend à montrer que presque tous les exemples retenus pour illustrer la loi de Wheeler doivent être interprétés autrement, et qu’il n’est pas exclu que cette loi elle-même relève d’une illusion de la reconstruction.

The book deals with the main prosodic problems of Greek and Latin, especially concerning that of morae and accent. In the first part the moraic problem is discussed on the broad typologic background. It is shown that the cases of Latin and Greek are different, but they form a particular variation of the general and much common category called 'phonological parity', which in its turn is the part of 'syllable weight' concept. The second part deals with 1) the problem of (phonological) feet in Greek and Latin, 2) some problems of the Latin accent, summarizing and developing new ideas of [Belov 2009] and 3) the phonology of the Greek accent. The latter problem is the main one of the whole book/ Here I show that the Greek accent is to be described in terms of accent paradigms, especially the oxytonic and the barytonic which have the DIFFERENT ORIGIN. The oxytonic one is combined with the morphonological features of early morphemes (dominating and recessing), like those proposed by Dybo and Kiparsky. I add here some arguments for tonal character of that features in the prehistory. The barytonic paradigm is much more different and it shows certain  connection with phrase accent. It could be demonstrated that Greek conserves some evidences of early situation, when the "free movable PIE dynamic accent", proposed by Kurilowicz, Kiparsky, Halle et al., could be attributed to the PHRASE level. Parallelly, the classic Ionic-Attic accent rule is strongly revised and reformulated. The third part, developing these ideas, deals with the problems of the PIE phrase accent and its traces in IE languages. It is shown that the phrase accent VERY OFTEN goes to the word level in word formation and syntax. A lot of examples like eng. BLACK BIRD / BLACKBIRD could be treated either as 'monolithic' either as 'composite' formations. But in the case of Early Greek and evidently Later PIE it is notable, that the 'composite' rules for orthotonic words are not very different from that of enclinomena or parts in the compound formations.  All of these facts ask an unexpected question, whether the early PIE was a language of syllable type (like Vietnamese), which look like the most sutable to fit the features found. This problem is discussed in the rest of the book.

L’accentuation des noms en -της, particulièrement complexe, peut être résumée en grande partie au moyen de règles plus synchroniques que diachroniques. Cet article tente de mettre en évidence les différents facteurs qui régissent cette accentuation, en s’interrogeant sur le rapport entre les lois diachroniques et les règles synchroniques : on analyse ainsi la conjonction des facteurs morphologiques et dérivationnels, des facteurs phonétiques (y a-t-il, notamment, une loi phonétique de recul de l’accent dans les mots à finale iambique ?) ou à la frontière entre la phonétique et la morphologie, ainsi que des facteurs sémantiques (certains microsystèmes lexicaux ont pu connaître une extension analogique d’une accentuation particulière).

So far as I know, and despite the objections of W. Sidney Allen (Accent and Rhythm [1973] 236 n. 4),, this is still the sole existing structural description of all the permitted positions of the tone excluding the forbidden position on the second mora of a long penult vowel if followed by a short last vowel. As to his note 4 on p. 238, it  is erroneous: point 4 on my p. 114 describes the opinion of Vendryes and others.