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Beck Corinne et Fabre Éric

Beck Corinne et Fabre Éric, 2013. « Histoire et Biodiversité : un (im)possible mariage ? ». Revue du Nord, hors série collection Art et Archéologie, n°19, p. 11-18. Histoire et Biodiversité : un (im)possible mariage ? Corinne BECK et Éric FABRE Corinne Beck, Professeure d’Histoire et d’Archéologie médiévales, FLLASH, Université de Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis ([email protected], 03 80 41 88 12, 15 rue Fournerat, 21000 Dijon). Éric Fabre, Maître de conférences, TELEMME, Aix-Marseille Université ([email protected]; 04 92 32 16 79 ; 12 rue Paul Roustan, 04000 Digne-les-bains). Résumé: La diversité biologique, qu’elle soit ou non liée à l’eau, n’est que depuis récemment prise comme objet d’étude par l’Histoire (entendue au sens large de l’étude des sociétés anciennes qu’elle soient ou non abordées par l’écrit), et encore bien partiellement puisqu’elle n’est jamais considérée que comme une ressource. Aussi, ces journées consacrées à la diversité biologique liée aux cours d’eau, envisagée sur le temps long, donnent-elles l’occasion de revenir sur les rapports et les articulations possibles entre ces deux grands champs de la recherche. Mots-clés : Histoire, biodiversité, interdisciplinarité Abstract Key words :History, biodiversity, Depuis les années 1990 et la tenue de grands symposiums internationaux (Rio, Johannesbourg), les sciences humaines et sociales se sont emparées de la question de la biodiversité, de ses variations, de ses perceptions par les différents groupes sociaux, amenant à concevoir la biodiversité comme « un produit social hérité ». Dans le cas particulier de l’Histoire (entendue au sens large de l’étude des sociétés anciennes qu’elle soient ou non abordées par l’écrit), elle n’est que très récemment et très imparfaitement devenue un objet d’étude. Bien qu’archéologues et historiens des textes décrivent, depuis longtemps, la présence de certaines espèces, surtout dans des contextes ruraux, établissent des rapports d’abondance entre elles, la diversité biologique, qu’elle soit ou non liée à l’eau, n’est jamais 1 Beck Corinne et Fabre Éric, 2013. « Histoire et Biodiversité : un (im)possible mariage ? ». Revue du Nord, hors série collection Art et Archéologie, n°19, p. 11-18. prise en compte que comme une ressource. Par ailleurs, il manque encore largement une réflexion sur l’une des dimensions de cette biodiversité : sur sa dynamique évolutive au cours des derniers millénaires en interaction avec les dynamiques sociales. Aussi, en ouverture de ces Rencontres consacrées à la diversité biologique liée aux cours d’eau envisagée sur le temps long, il nous a semblé opportun de revenir sur les rapports entre Histoire et Biologie, sur les articulations possibles entre ces deux grands champs de la recherche, poussés en cela par la conjonction de plusieurs événements. Tout d’abord, sous l’égide du Réseau Universitaire des Chercheurs en Histoire de l’Environnement, a débuté un panorama historiographique des principaux objets dont l’histoire de l’environnement s’est saisie. La connaissance des animaux et des végétaux du passé dans leurs réalité matérielle et dans leurs rapports avec les hommes en faisait manifestement partie. D’autre part, l’année 2010 ayant été officiellement déclarée celle de la biodiversité, un ensemble de manifestations l’ont célébrée en oubliant, dans la plupart des cas, ce que les historiens auraient pu en dire. Nous pensons en particulier au colloque organisé par l’Académie des Sciences en février 2010 où le terme « historique » n’a été utilisé qu’à propos de la description des fluctuations de la biodiversité dans les temps géologiques. Entre ces temps lointains d’avant les hommes et l’actualité où ceux-ci ne semblent avoir qu’une action destructrice, n’y a-t-il donc pas la place pour une histoire de cet objet ? Une histoire au sens où l’entendent les historiens, c'est-à-dire celle qui met les animaux, les plantes, et l’environnement au sens large1, au contact des sociétés humaines. Il est manifestement apparu un écart important entre les questionnements, à l’intérieur et à l’extérieur du cercle des historiens, que cette communication veut modestement contribuer à réduire. D’autre part, il ne faudrait pas croire que les travaux de nature historique forment en cela un ensemble homogène, ce qui nous conduit à préciser notre position. Il ne s’agit pas ici de décrire la façon dont les hommes ont pu percevoir, durant les temps passés, leur environnement, et en particulier celui formé des peuplements animaux et végétaux. Tout au contraire de cette approche culturelle, qui met les sociétés humaines au premier plan, notre but est de montrer que l’on peut aborder la biodiversité pour elle-même, dans une démarche plus large qui place la matérialité des animaux et des végétaux au premier plan. 1 La notion même d’environnement a été et est toujours l’objet de débats sémantiques. Notion vaste, éminement polysémique, l’environnement peut être conçu comme « objet » ou comme « problème » selon les catégories de chercheurs. Quoi qu’il en soit, on peut s’accorder aujourd’hui sur le fait que c’est désormais une notion transversale propre à renouveler les pratiques scientifiques. Voir à ce sujet Jollivet M. et Pavé A., 1993, « L’environnement : un champ de recherche en formation », Natures, Sciences, Sociétés, vol.1, n°1, p.620. 2 Beck Corinne et Fabre Éric, 2013. « Histoire et Biodiversité : un (im)possible mariage ? ». Revue du Nord, hors série collection Art et Archéologie, n°19, p. 11-18. 1- Environnement et biodiversité : l’engagement de l’Histoire Si, aujourd’hui, un double processus de recherche se met en œuvre - des biologistes interrogeant l’environnement social et des historiens s’appropriant des questions écologiques - il n’est pas inutile de rappeler comment cette démarche a récemment pris corps2, pour situer les limites actuelles de la recherche. Globalement, hormis certains chercheurs isolés, c’est avec retard et bien souvent avec un certain scepticisme que les sciences de l’homme et de la société se sont intéressées aux questions d’environnement3. Les premières disciplines à se mobiliser ont été l’économie (en raison des atteintes portées à l’environnement par les activités économiques), le droit (base incontournable des politiques d’environnement) et la sociologie (pour comprendre comment faire prendre conscience aux populations des problèmes d’environnement). Plus récemment la géographie, l’archéologie, l’histoire, l’ethno-anthropologie s’y sont penchées. 1.1- Un engagement différentiel L’engagement de l’histoire, au sens large, dans le champ de l’Environnement en général et de la Biodiversité en particulier est fort différent selon les périodes prises en compte. Dès les origines de la discipline, la préoccupation environnementale est une préoccupation inhérente à celle du préhistorien : pour reconstituer le contexte climatique, végétal et faunistique dans lequel les hommes des temps préhistoriques ont évolué, pour en analyser les variations afin d’établir les séquences chronologiques rythmant les grandes étapes de l’évolution de l’Homme et de ses cultures, comme pour s’interroger sur l’utilisation du milieu par l’Homme et sur ses stratégies d’acquisition et de transformation. Les milieux néolithiques, en raison de l’importance des changements résultant de la sédentarisation des sociétés et de l’accentuation de la pression humaine, ont aussi reçu une attention soutenue. En revanche, la question fait débat pour les périodes postérieures et en particulier pour les deux ou trois derniers millénaires. Ce n’est que depuis une large trentaine d’années qu’en France, les historiens et les archéologues s’intéressent aux relations que les sociétés ont entretenues avec les milieux, bénéficiant des expériences conduites sur les périodes très anciennes. Et à cet égard, le décalage est patent avec la situation de la recherche dans les pays anglo-saxons et de l’Europe du Nord où depuis les années 30 émerge une approche plus naturaliste des périodes historiques, pays il est vrai, moins 2 HENRY, JOLLIVET 1998. 3 La question de l’environnement dans les sciences sociales. Eléments pour un bilan. Lettre du Programme Environnement, Vie et Sociétés, 1998, n°17. 3 Beck Corinne et Fabre Éric, 2013. « Histoire et Biodiversité : un (im)possible mariage ? ». Revue du Nord, hors série collection Art et Archéologie, n°19, p. 11-18. « encombrés » par la tradition textuelle. Ce tournant vers l’environnement est aussi, plus généralement, celui vers l’espace4. 1.2- La relation Homme/milieu entre « déterminisme » et « possibilisme » C’est que s’estimant mal armés sur le plan conceptuel, les historiens ont longtemps adopté une position de repli et laissé aux géographes le soin de traiter la question des relations de l’Homme et du milieu. En effet, ce sont des géographes, autour de P. Vidal de la Blache, qui ont, au début du XXe siècle, initié la première réflexion scientifique sur l’étude des relations entretenues par les sociétés, dans le passé, avec le milieu qui était le leur. C’est encore un géographe, G. Bertrand, qui au milieu des année 70, propose une nouvelle démarche pour traiter de l’histoire des relations de l’homme avec son environnement5. Et cela, pourtant, en dépit de la mise au point faite par Lucien Febvre dans La Terre et l’évolution humaine paru en 1922 : « Pour agir sur le milieu, l’homme ne se place pas en dehors de ce milieu. Il n’échappe pas à sa prise au moment précis où il cherche à exercer la sienne sur lui. Et la nature qui agit sur l’homme d’autre part, la nature qui intervient dans l’existence des sociétés humaines pour la conditionner, ce n’est pas une nature vierge, indépendante de tout contact humain ; c’est une nature déjà profondément « agie », profondément modifiée et transformée par l’homme. Actions et réactions perpétuelles. La formule : « relations des sociétés et du milieu » vaut également pour les deux cas prétendus distincts. Car, dans ces relations, l’homme emprunte et restitue à la fois ; le milieu donne mais reçoit aussi »6. Reconnaissant les interactions de l’homme et du milieu, affirmant que l’homme n’est pas extérieur au milieu qu’il transforme, L. Fevre expose là une idée, certes sans la développer, en rupture complète avec la philosophie qui prévalait depuis le XVIIe siècle : celle de l’extériorité de l’homme par rapport à la nature et son droit à s’en rendre maître. Mais jusqu’à ces dernières décennies, la question environnementale a suscité la plus grande méfiance chez les historiens, arc-boutés sur le dualisme Nature/Culture, dualisme issu de la tradition judéo-chrétienne qui assigne à l’homme (cf. la Genèse) un mandat de domination sur la Création et donc une place extérieure à nature. Installé dans ce paradigme, l’historien ne peut pas construire, 4 TORRE 2008. 5 G. BERTRAND, 1975. 6 L. FEVRE, 1922. 4 Beck Corinne et Fabre Éric, 2013. « Histoire et Biodiversité : un (im)possible mariage ? ». Revue du Nord, hors série collection Art et Archéologie, n°19, p. 11-18. comme l’a démontré G.Bertrand7, une véritable histoire de l’environnement. Ce qui explique que l’environnement des périodes récentes ait été considéré non pas comme un objet d’histoire mais comme un décor, un cadre immuable dans lequel se déroule l’histoire des hommes. L’Homme maîtrise la Nature (pour les historiens), l’environnement naturel et ses composants ne constituent pas un facteur déterminant de l’évolution humaine, aboutissant ainsi à une sclérose de la réflexion dans ce domaine. « Si on ne peut éliminer le milieu géographique, on ne saurait lui attribuer une part prépondérante » écrivait P. de Saint Jacob dans sa thèse sur les Paysans de la Bourgogne du Nord dans les années 608. Conséquence et cause à la fois d’une conception bloquée de l’homme et du milieu. D’où « l’impossible tableau géographique » dénoncé par G. Bertrand dans son introduction à l’Histoire de la France Rurale, par lequel se sont ouvertes tant de thèses d’Histoire9. « Le cadre géographique », « le paysage rural » ne sont alors rien d’autre que des descriptions de l’existant c’est-à-dire de la situation du début du XXe siècle. Remettant en cause « l’ordre immobile » des champs, la stabilité de la longue durée braudélienne des cadres environnementaux, G. Bertrand insiste, au contraire, sur les équilibres instables de l’écologie, la multiplicité aussi des gestes quotidiens, des façons culturales, des pratiques techniques et juridiques qui concourent à la transformation des milieux. Pourtant, il serait faux de dire que l’environnement tant végétal qu’animal n’est pas évoqué par les historiens : organismes utilitaires - nourriture, médicament, matière première - les animaux sont chassés, les plantes sont cueillies, les uns et les autres peuvent être objets de commerce ; êtres nocifs, vecteurs de maladies ou de dégradations, ils sont détruits dans une volonté d’extermination. « Les landes, les bruyères », les « bois », les bords d’eau, « les prés », sans parler des « grains » : ces unités végétales sont considérées avant tout comme des entités juridiques, des ressources, des propriétés foncières avec leurs droits et leurs conflits. Elles sont analysées dans le cadre de la production et du rendement des sols, de l’organisation du peuplement et de l’habitat. Tous les historiens, toutes périodes confondues, n’ont eu de cesse de s’attarder sur la place qu’occupent ces espaces, sur l’importance de leurs ressources pour les sociétés, mais ces « ressources » sont rarement étudiées en elles-mêmes, c'est-à-dire pour leur nature biologique ! Tout pareillement pour la faune. Le plus souvent ce sont les espèces d’élevage, celles dont les sociétés tirent profit, qui sont prises en compte, les historiens s’étant longtemps fait l’écho de la trop fameuse concurrence entre la production végétale, qui dans un monde chrétien fournit le pain base de 7 G. BERTRAND, 1975. 8 P. DE SAINT JACOB, 1960. 9 BERTRAND 1975. 5 Beck Corinne et Fabre Éric, 2013. « Histoire et Biodiversité : un (im)possible mariage ? ». Revue du Nord, hors série collection Art et Archéologie, n°19, p. 11-18. la consommation humaine, et la production animale, cette dernière restant le plus souvent délaissée. En fait, deux éléments viennent expliquer cet état de fait. Le premier est la primauté accordée par les historiens à la traditionnelle source écrite et aux types de documents exploités par les historiens du monde rural - comme d’ailleurs du monde urbain - privilégiant les documents de la pratique tels que comptabilités, actes notariés, terriers, qui renvoient prioritairement à l’histoire de la production des ressources. Végétation et faune ne sont vus que comme des ressources, même si le mot n’est pas nécessairement utilisé par les historiens. Mais ce sont des ressources déconnectées de leur support « territorial », de la terre, cette combinaison bio-physico-chimique, de ce que G. Bertrand appelait « le naturel des terroirs »10. Le second est que, analysant ces mêmes sources écrites, ils n’ont pas su en extraire les informations écologiques - trop éloignés des concepts mobilisés par leurs analyses - et n’ont jamais abordé les composants de la diversité biologique comme des éléments dont la nature et la situation ont déterminé les formes d’utilisation de l’espace. 1.2- Le changement de la fin des années 70 / début 80 Un changement va s’opérer, certes timidement, à partir de la fin des années 70 et au début des années 1980. Celui-ci est le plus souvent dû à des positions personnelles avant de devenir un mouvement de fond. C’est tout d’abord l’étude du monde animal inaugurée par R. Delort dans un travail de thèse consacré au commerce des fourrures à la fin du Moyen Age11. Puis, en 1984, l’ouvrage fondateur : un plaidoyer pour une histoire des animaux et la démonstration que l’on peut la faire12. R.Delort fait basculer dans le domaine de l’histoire une approche parfois faite par les zoologues. Il installe l’animal au centre du propos, développe toute une réflexion sur les sources utilisables, les méthodes et les voies de recherche possibles. A titre d’exemple, il développe une série de monographies ordonnées selon un ordre taxonomique : anophèle et plasmodium par rapport à la malaria ; criquet ; abeille ; hareng ; loup ; éléphant ; animaux d’élevage ; lapin ; chat ; chien. La bibliographie « historienne » ne cesse de s’enrichir au point que des numéros thématiques sont consacrés à l’animal - domestique - telle la bibliographie dressée par É. Baratay et J-L. Mayaud recensant près de 900 références13 ; toutefois, pour beaucoup des animaux et des végétaux, on sait 10 BERTRAND 1975. 11 DELORT 1975. 12 DELORT 1984. 13 BARATAY, MAYAUD 1997. 6 Beck Corinne et Fabre Éric, 2013. « Histoire et Biodiversité : un (im)possible mariage ? ». Revue du Nord, hors série collection Art et Archéologie, n°19, p. 11-18. bien plus ce que les hommes en pensent, que ce qu’ils sont réellement dans les temps historiques. La plupart de ces recherches - travaux monographiques sur un animal ou un végétal le plus souvent « déconnecté » de son milieu de vie - s’intéressent aux relations avec l’homme (en terme de ressources, de savoirs sur, de représentations) et beaucoup moins à l’histoire des espèces elles-mêmes. Elles relèvent d’une histoire culturelle, anthropologique comme en témoigne l’ouvrage de M. Pastoureau sur l’ours qui développe le rapport des hommes aux ours sans que jamais cet animal n’ait besoin d’un milieu de vie, un espace où se nourrir, se reproduire ou chercher une tanière pour hiberner14. Parallèlement, des initiatives se multiplient. C’est le développement de l’ethnozootechnie, réactualisée en 1971 avec la création de la Société d’Ethnozootechnie par des vétérinaires et zootechniciens. Ces derniers ont essentiellement travaillé sur la diversité infraspécifique des espèces domestiques. Le questionnement est né de besoins contemporains, par exemple pour la restauration de races rustiques, dans un contexte de sauvegarde des ressources génétiques et de patrimonialisation d’éléments d’un monde rural en rapide mutation. C’est aussi la création en 1984, au Muséum national d’Histoire Naturelle, de l’Association Anthropozoologica qui vise à donner un cadre aux études d’archéozoologie (méthodologies appliquées aux périodes historiques), mais aussi à décloisonner les résultats. Il n’en reste pas moins que les historiens ont bien du mal à intégrer les résultats de l’archéozoologie, souvent très techniques, exception faite de l’ouvrage de synthèse de F. AudouinRouzeau15. Concernant le monde végétal, là encore ce sont les aspects symboliques et culturels qui ont été (et sont encore) les plus étudiés, dont l’article d’A. Grieco fournit un bel exemple16. La création en 1980 du Groupe d’Histoire des Forêts Françaises insuffle une autre dimension à l’étude de la forêt. En 1985, « Du Pollen au cadastre » son premier colloque, a mobilisé à la fois des historiens, des naturalistes, des géographes, des agronomes et des forestiers autour de la forêt. Une telle interdisciplinarité forte autour de la forêt en a renouvelé les problématiques, dont témoignent les Journées d’étude annuelles et colloques. Bien que minoritairement partagé par les historiens, un changement de paradigme intervient, les historiens étant rattrapés par les préoccupations de leur temps. Si l’histoire de l’environnement émerge, elle vient aussi bousculer les catégories traditionnelles de la recherche historique et installe 14 PASTOUREAU 2006. 15 AUDOUIN-ROUZEAU 1993. 16 GRIECO 1993. 7 Beck Corinne et Fabre Éric, 2013. « Histoire et Biodiversité : un (im)possible mariage ? ». Revue du Nord, hors série collection Art et Archéologie, n°19, p. 11-18. l’homme non plus au centre de l’étude mais comme un acteur parmi d’autres, certes occupant le premier rôle. L’élargissement des perspectives ne peut intervenir et aboutir qu’à partir du moment où le jeu interdisciplinaire est accepté et compris. 1.3- La « révolution » archéologique Ce changement s’accentue avec le développement spectaculaire de l’archéologie préventive entre 1985 et 2000 en milieu rural comme en milieu urbain. C’est l’extension des zones étudiées en nombre et en surface, la multiplication de données brutes et des informations « hors sites » de nouvelle nature, l’archéologue ayant sous sa truelle, plutôt que des murs, des structures en creux, des sédiments et restes organiques. Ces nouveaux objets, qui n’étaient pas support de questionnement pour l’archéologie historique, deviennent les vecteurs de reconstitutions paysagères et biologiques. Les restes osseux, les coquilles de mollusques, les vestiges de végétaux (fruits et graines) et de charbon de bois, permettent non seulement de reconnaître des espèces dans les contextes archéologiques mais surtout de rendre compte de leurs rapports et fluctuations dans le temps. Au-delà de la présence de telle ou telle espèce animale ou végétale, c’est tout un environnement qui se dessine. A côté des « artéfacts », un autre ensemble d’éléments matériels est mobilisable : les « écofacts » ou éléments organiques contenus dans les sédiments, ces « productions de sol » issues de la combinaison des processus naturels et des processus sociaux (tels que trou de plantation, fossé de drainage, charbons de bois, taux de phosphate, etc.) qui renseignent tant sur les pratiques sociales que sur l’activité biologique au cours du temps. L’archéologie des grands travaux et les opérations Grands Sites ont fait éclater les cadres d’analyse traditionnels, l’ouverture spatiale se doublant d’une ouverture chronologique. Le questionnement sur la biodiversité en profite : animaux et végétaux sont replacés dans un temps long et dynamique17, une « archéobiologie » se construit18. 17 Pour les périodes antiques, relèvent de cette dynamique les travaux de M. Py sur Lattes (1989), de Philippe Leveau et Mireille Provansal (1993) autour des moulins de Barbegal à Fontvielle dans les Bouches-du-Rhône. Pour la période médiévale, le colloque fondateur est celui tenu à Grenoble en 1993, dressant à la fois un état des lieux et des orientations de recherche : « L’Homme et la nature au Moyen Age », avec son sous-titre évocateur « Paléoenvironnements des sociétés médiévales européennes ». La même année intervient la première publication interdisciplinaire : celle du site de Charavines-Colletière (daté de 1003-1033 /35) dont l’environnement a été reconstitué (1993). 18 MARINVAL et GIRAUT, 2009 8 Beck Corinne et Fabre Éric, 2013. « Histoire et Biodiversité : un (im)possible mariage ? ». Revue du Nord, hors série collection Art et Archéologie, n°19, p. 11-18. En matière d’étude de la diversité du vivant, on assiste alors à un double mouvement. D’une part l’émergence et le développement spectaculaire de pratiques disciplinaires « hybrides » (archéobotanique, archéo-zoologie) au regard des disciplines mères (botanique, zoologie) qui se construisent leurs méthodes d’analyse par rapport à leur objet singulier (dans le passé) et non plus par rapport à l’actuel19. D’autre part la constitution de corpus de données dans des programmes propres à chaque discipline (palynologie, anthracologie, archéo-zoologie) car il s’agit d’abord pour ces chercheurs de caractériser les composantes des paysages (sols, flores, faunes). Concernant la végétation, inscrites dans la longue durée, de nombreuses études palynologiques20, anthracologiques21 ou dendrochronologiques ont été réalisées depuis le début des années 90, ou sont aujourd’hui en cours. Mais, fait remarquable, elles sont conduites par des géographes ou biogéographes, souvent également archéologues, plus rarement par des historiens des textes. Concernant la faune, des travaux s’attachent à reconnaître l’évolution biologique (taille, morphologie) des animaux d’élevage, l’impact du facteur anthropique (amélioration des techniques d’élevage, introduction de nouvelles souches) ou, par exemple, la gestion des troupeaux22. Mais, si les études se sont multipliées, elles demeurent souvent cantonnées à servir la seule histoire de l’alimentation ou de l’élevage23. Là encore, elles servent d’abord une histoire des ressources. Pourtant, les restes fauniques sont également de bons indicateurs de biodiversité du passé comme l’ont démontrés les travaux de M-C. Marinval et R. Benarrous sur la carpe et plus généralement sur les poissons du bassin de la Loire24. 2- Vers une prise en compte par les historiens 2.1- Un premier pas… presque sans le savoir Les animaux et des plantes avec lesquels les hommes ont affaire ne sont pas absents des écrits des historiens. Organismes utilitaires : nourriture, médicament, matière première, ils sont chassés, cueillis, objets de commerce. Êtres nocifs, vecteurs de maladies ou de dégradations, ils sont détruits dans une 19 Par exemple : CHABAL 1991. 20 Entre autres : GALOP 2000 ; DAVASSE 2000. 21 DURAND 1998. 22 AUDOUIN-ROUZEAU 1993 ; FOREST 1997, FOREST, RODET-BELARBI 2002. 23 MARINVAL 1988 ; MÉNIEL 1987. 24 MARINVAL, BENARROUS 2005. 9 Beck Corinne et Fabre Éric, 2013. « Histoire et Biodiversité : un (im)possible mariage ? ». Revue du Nord, hors série collection Art et Archéologie, n°19, p. 11-18. volonté d’extermination. Qu’en savons-nous en terme de biodiversité ? A la fois beaucoup et bien peu ; beaucoup car des listes d’espèces peuvent être ainsi établies, même pour des périodes relativement anciennes (travaux d’Arnaud Zucker sur la Grèce ancienne). On connaît parfois leur arrivée et leur parcours sur le territoire : songeons aux nouvelles espèces alimentaires apportées par les Renaissance dont les introductions dans le Midi et les trajets vers les terres nordiques sont décrits par Emmanuel Le Roy Ladurie25. Pensons aussi à la vigne et à ses variétés26. Alimentaires, ces espèces trouvent leur place dans les écrits d’histoire de l’alimentation27, certaines pouvant changer de statut selon les temps et les catégories sociales28. Mais remarquons que, pour beaucoup d’espèces animales et végétales pourtant fondamentales à l’historien ruraliste, on ne sait que bien peu de choses sur les origines, les diffusions et les races ou variétés. Ainsi, l’historienne du maïs est une ethnologue29 et la connaissance du cochon est essentiellement culturelle, à défaut d’une synthèse sur sa réalité dans les campagnes30. Mais la perception de la biodiversité ne se réduit pas à de telles approches spécifiques. Il y manque une vision systémique de la relation de ces espèces avec les autres, et aussi une description de ces autres, qui restent trop souvent transparentes dans les écrits d’historiens. 2.2- Aujourd’hui, les historiens avancent… encore à petits pas Par touche, les historiens apportent des éléments à la connaissance des espèces animales et végétales en jeu dans les temps passés. Pourtant, à dresser le bilan, force est de constater que ce sont les archéologues, les chercheurs en archéosciences, les géographes qui sont à l’origine d’avancées majeures dans la compréhension des dynamiques de la biodiversité, autant pour les animaux que pour les végétaux. Cela étant, on ne peut nier l’émergence de cette problématique chez les historiens, problématique qui s’est accompagnée et s’accompagne encore d’une notable évolution épistémologique et de nouvelles pratiques scientifiques, certes partagées encore par bien peu d’entre eux. Au premier rang, la question de l’inscription dans le cadre de l’interdisciplinarité : non seulement en « interne » au sein d’un même groupe de disciplines mais également en se confrontant aux différentes disciplines des 25 LE ROY LADURIE 1966. 26 LACHIVER 1988. 27 FLANDRIN, MONTANARI 1996 ; FERRIÈRE 2007. 28 CHARBONNEAU 2002 ; LIEUTAGHI 2004. 29 CARRARETTO 2005. 30 PASTOUREAU 2009. 10 Beck Corinne et Fabre Éric, 2013. « Histoire et Biodiversité : un (im)possible mariage ? ». Revue du Nord, hors série collection Art et Archéologie, n°19, p. 11-18. sciences de la Vie, ce qui a amené non seulement à confronter les résultats mais à changer la façon d’interroger les données en construisant des objets communs. Une autre conséquence a été de sortir du cadre chronologique académique en intégrant les différentes échelles de temps (court des sociétés, plus long des systèmes biologiques) conduisant à penser différemment les notions d’équilibre, de seuil, de rupture, de crise ou encore de réversibilité ou d’irréversibilité des phénomènes observés, mais aussi de varier les niveaux d’analyse (macro- et micro-histoire). Conclusion : faire de la biodiversité un objet de la recherche historique Il paraît logique que la première étape d’une telle réflexion consiste en un éclaircissement de la prise en compte dans les travaux historiques de la biodiversité de milieux disparus, perceptibles seulement dans les textes et les fouilles archéologiques. C’est l’objet même de cette communication qui se veut aussi, au-delà, un plaidoyer rejoignant les objectifs des chercheurs rassemblés au sein du Groupe d’Histoire des Zones Humides fondé en 2004. Plaidoyer pour que les historiens de l’écrit, en retard sur leurs collègues archéologues et géographes, s’approprient un questionnement portant sur la connaissance des espèces présentes dans les temps historiques. Espèces, races et variétés : on s’approche alors d’une vision intégrée de ce monde animal et végétal dans la perspective même de la connaissance de la diversité biologique telle qu’elle est définie par les biologistes, ici aux échelons spécifique et infra-spécifique. Plaidoyer également, à un niveau intégratif supérieur, pour que cette biodiversité historique s’intègre pleinement dans une écologie historique au même titre que l’étude de la biodiversité actuelle est partie prenante de l’étude écologique. L’écologie, lorsqu’elle considère les écosystèmes, à tous les niveaux de complexité spatiale, allie cette diversité à d’autres objets fondamentaux tels que les flux de matière et d’énergie des cycles biogéochimiques. On peut alors souhaiter une fécondation réciproque, entre biologie et histoire. Si l’histoire peut, à partir d’une réflexion sur la biodiversité de temps passés, tenter de pousser l’analyse jusqu’au niveau d’écosystèmes disparus à reconstituer, l’écologie peut aussi compléter la richesse de son ouverture spatiale par une profondeur historique. S’agit-il donc seulement de faire de l’histoire un outil efficace mis à disposition d’une écologie dont le caractère heuristique serait alors renforcé ? Nullement ! Et l’idée exprimée ci-dessus de double fécondation en est en soit une expression forte. En outre, la démarche pourrait-elle être conduite à son aboutissement, c’est-à-dire à une intégration complète des deux disciplines au sens où on pourrait reconstituer finement des écosystèmes disparus, compte tenu des définitions propres à chacune des disciplines ? Nous ne voulons donner ici aucune réponse qui paraîtrait définitive. C’est plutôt d’une réflexion en construction qu’il s’agit, d’un questionnement ouvert sur lequel nous sollicitons le débat. Dans l’état actuel de nos réflexions, nous pensons que c’est à un objet commun, réellement partagé 11 Beck Corinne et Fabre Éric, 2013. « Histoire et Biodiversité : un (im)possible mariage ? ». Revue du Nord, hors série collection Art et Archéologie, n°19, p. 11-18. entre écologie et histoire, que nous pourrions aboutir, objet dont la biodiversité est une composante. D’autant qu’à l’heure où il est beaucoup question de dégradation, de perte, de conservation et de patrimonialisation du vivant, ré-introduire la notion du temps historique paraît particulièrement opportun dans toutes les questions concernant la biodiversité. Il faut aussi éviter l’appropriation de l’histoire par des non-historiens : la bonne volonté ne fait pas la compétence. Réciproquement, les questionnements sur l’animal se multiplient en sciences humaines avec le développement des « animal studies ». Le récent programme SCHIENA piloté par l’anthropologue Florent Kohler avait pour ambition de voir dans quelle mesure les concepts des sciences humaines pouvaient être transférés à « l’animal ». Et le singulier employé interroge le biologiste. Car, il ne s’agit finalement que de considérer un animal social, que l’on suppose a priori capable de cognition, et que l’on peut individualiser pour en suivre les individus qui en arrivent à être personnifiés. Avec de telles restrictions, une poignée d’espèces seulement deviennent objet d’expérimentations transdisciplinaires. On est bien loin, là, des millions d’espèces dont la quasi-totalité ne sont identifiables que par des spécialistes, même si on ne peut nier qu’il y a bien peu de chance que les historiens de leur côté en trouvent beaucoup, animales ou végétales, dans les archives et les fouilles archéologiques. Il n’empêche que, pour celles qui sont ainsi éclairées dans des temps passés, et puisqu’on sait déjà que « les animaux ont une histoire » depuis les années 1980, on peut souhaiter que la biodiversité en ait aussi une, celle-là étant partie intégrante de celle-ci. Bibliographie AGULHON 1981 : AGULHON M., « Du sang des bêtes. Le problème de la protection des animaux en France au XIXe siècle », Romantisme, 1981, n°31, p. 81-110. AUDOUIN-ROUZEAU 1993 : AUDOUIN-ROUZEAU F., Hommes et animaux en Europe de l’époque antique aux Temps modernes. Corpus de données archéozoologiques et historiques, Paris, CNRS Éditions, 1993. BECK FABRE 2010 : BECK C. et FABRE É., « Interroger le loup historique ? Exemple de mise en œuvre d’un nécessaire dialogue interdisciplinaire », dans MORICEAU J.-M. et MADELINE P. (Éd..), Repenser le sauvage grâce au retour du loup. Les sciences humaines réinterrogées, Caen, Bibliothèque du Pôle rural, 2010, p. 13-21. 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