Hygiène et intimités
Lion Murard, Patrick Zylberman
To cite this version:
Lion Murard, Patrick Zylberman. Hygiène et intimités. [Rapport de recherche] 482/88, Ministère de
l’équipement, du logement, de l’aménagement du territoire et des transports / Bureau de la recherche
architecturale (BRA); Ecole d’architecture de Paris-Villemin. 1988. hal-01902193
HAL Id: hal-01902193
https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01902193
Submitted on 23 Oct 2018
HAL is a multi-disciplinary open access
archive for the deposit and dissemination of scientific research documents, whether they are published or not. The documents may come from
teaching and research institutions in France or
abroad, or from public or private research centers.
L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est
destinée au dépôt et à la diffusion de documents
scientifiques de niveau recherche, publiés ou non,
émanant des établissements d’enseignement et de
recherche français ou étrangers, des laboratoires
publics ou privés.
ECOLE D'ARCHITECTURE PARIS-VILLEMIN
HYGIENE ET INTIMITE
Lion MURARD et Patrick ZYLBERMAN
Contrat BRA 8701312-00-223-7501
Notifié le 29.10.1987
Rapport final
Janvier 1988
HYGIENE ET INTIMITE
Lion MURARD et Patrick ZYLBERMAN
Rapport final
?
SOMMAIRE
PRESENTATION
Hygiène
LES "ROCKEFELLER MEDICINE MEN" EN FRANCE (1917-1923)
L’IDEE DE "SERVICE SOCIAL" DANS LA PENSEE HYGIENISTE
(1928-1936)
Intimité
PENSEE SOCIALE ET LANGAGE PLASTIQUE: L’ART POUR LE PEUPLE
(1889-1913)
PRESENTATION
Pour la première fois cette année, nos deux projets ou
axes de recherche, l'hygiène et intimité commencent comme
nous l'avions souhaité à se recouvrir partiellement, tout
en maintenant naturellement leur logique autonome.
1/Hyqiène
Ce disant, nous songeons à la personnalité d'un homme
comme Maxime Leroy, penseur social d'abord, et maître à
penser de nombre de nos hygiénistes, mais fort versé aussi
dans les questions de l'art décoratif. Nous travaillons
présentement sur son oeuvre, en vue d'une publication dans
le Journal of European Ideas, et d'une communication en
septembre au Colloque organisé à Amsterdam par la Société
internationale du meme nom pour le bicentenaire de la
Révolution française. Ce portrait prendra place dans
l'ouvrage annoncé précédemment sur les Métamorphoses de
la passion sociale, aux côtés des biographies intellectuel
les de philanthropes et d'hygiénistes tels Robert Debré,
Robert-Henri Hazemann, Henri Sellier, et Sicard de Plauzoles.
r
Cet ouvrage, ainsi que nous l'annoncions, sera d'ailleurs
précédé d'un premier - actuellement en voie d'achèvement -,
Eminents hygiénistes. C'est un de ces chapitres que nous
donnons ici, sous le titre "Les 'Rockefeller Medicine Men'
en France (1917-1923)", chapitre qui sous une mouture
différente a paru dans la Revue historique. n°560 (octdéc 1986). A partir de sources essentiellement américaines,
puisées aux archives de la Fondation Rockefeller, nous
y étudions la "découverte" de la tuberculose en tant que
problème militaire au cours du premier conflit mondial,
les moyens de fortune montés à la hâte pour tenter de
la circonscrire, et l'impact de la Commission américaine
de préservation contre la tuberculose rendue en France
à partir de l'automne 1917. C'est là un chapitre totalement
ignoré de notre histoire sanitaire, et le prélude à la
constitution d'un ministère et d'une administration de
la Santé publique. La guerre, et l'Amérique; l'alarme,
et une mystique de 1'effici en cy; c'est sur ces bases
que se construit notre appareil sanitaire.
Nous avions par ailleurs mentionné une conférence donnée
en janvier 1987 lors d'une journée consacrée par le
Musée social à l'histoire du Service social. Nous en
donnons ici le texte publié dans Vie sociale, 8/9,
1987: "L'Idée de 'Service social' dans la pensée hygié
niste (1928-1936)". Unifiant la bienfaisance et la
prophylaxie en une structure opérationnelle unique.
c
le Service social nous a paru un fédérateur de concepts:
il fédère les efforts publics et privés, rapproche
éducateurs et philanthropes, hygiénistes et sociaologues,
femmes et médecins, réalistes et idéologues. En ce sens,
il participe de cette rationalisation du savoir administra
tif qui forme la charpente de notre recherche.
2/lntimité
Maxime Leroy, Robert Debré nous ont amené à travailler
de plus près sur la fin-de-siècle, et plus préciséement
sur les composantes esthétiques de la passion sociale.
Chacun sait la proximité entre avant-gardes politiques et
avant-garde esthétiques autour de l'Affaire Dreyfus.
Dans le droit fil de nos recherches sur l'histoire du
décor intime, nous nous sommes dans cette perspective inté
réssés à ce mouvement connu sous le nom d'art social "l'art pour le peuple à défaut de l'art par le peuple",
disait Jean Lahor -, lequel prétend conjuguer art, hygiène
et confort sous le vocable d'une "hygiène esthétique".
C'est une première version de cette étude, une sorte de
programme de travail, que nous donnons ici sous le titre:
"Pensée sociale et langage plastique: l'art pour le
peuple (1889-1913)"
Rencontre, disions-nous d'entrée de jeu, entre hygiène
et intimité. Nous souhaitons travailler sur des hommes
comme Jean Lahor, poète symboliste ami de Mallarmé, et
médecin (de son vrai nom Henri Casalis), auteur de divers
ouvrages sur la Science et le mariage, eugéniste convaincu
(c'est un des fondateurs de la Société de prophylaxie
sanitaire et morale), et introducteur en France de
Uilliam Morris, propagandiste infatigable de l'Art nouveau.
Renaissance des arts décoratifs, esthétique du home comme
de la rue, hygiène et "zootechnie humaine": tous ces
thèmes s'entremêlent ici, l'hygiène n'étant qu'une
'branche de l'esthétique"... A travers de semblables
personnalités, c'est le rapport entre pensée sociale
(une pensée souvent anarchisante, ou socialiste), réforme
du design et langage plastique (celui, au même moment,
des Nabis et néo-impressionnistes, lesquels font de
la toile un "ornement", comme le dit Maurice Denis),
que nous souhaiterions creuser prochainement. Impossible
en effet, nous semble-t-il, de saisir l'oeuvre d'un
Le Corbusier ou d'un Léger - leur pensée du décor sans un approfondissement préalable des si riches débats
du tournant du siècle.
Lion Murard, Patrick Zylberman
"Une occasion proprement inouie" (1)... Au berceau de la
santé publique en France, une alarme salvatrice, l'éphémère
et féconde combinaison d'un danger et de la terreur du dan
ger ; les hasards aussi d'une rencontre avec le Nouveau
Monde. Qu'apparaissent, chétifs mais autonomes, un minis
tère de l'Hygiène (1920), puis de la Santé (1930) ; que
s'accélère la médiocre, mais peu résistible ascension d'un
corps de médecins-administrateurs, de fonctionnaires locaux
(1902), puis d'Etat (1940) : ce sont là les tardifs béné
fices d'un véritable état de siège hygiénique qui, sous la
pression du Haut-Commandement, porta nos si défaillantes
autorités à connaître enfin des ravages d'un fléau innomé
parce qu'obscène ; pas davantage ne se devrait sous-estimer
le formidable élan opérationnel près d'un quart de siècle
durant imprimé par les "Rockefeller medicine men" . L'esprit
de guerre, impolitique et social, vivifié par une méthodo
logie de l'action administrative : le mélange est curieux
et, nous semble-t-il, le cas unique d'instruments ou de
modèles parallèlement éprouvés de part et d'autre de l'A
tlantique, diffusés et plus encore perfectionnés en Europe
9
par leurs concepteurs eux-mêmes. Que l'on songe seulement
à la difficul tueuse acclimatation du taylorisme ou du for
disme ; non moins méthodique et collective, elle aussi en
fantée aux USA, la médecine des populations (2) fournit à
l'inverse au mouvement hygiéniste français son programme.
"Un mouvement d'idées sans programme" ; "d'effroyables
besoins" accusant un retard moins scientifique qu'organisa
tionnel (3) : la voilà l'occasion "inouie" surprise au soir
de son arrivée à Paris par la "Commission de préservation
contre la tuberculose en France" - plus communément nommée :
Mission Rockefeller. Nous sommes en 1917, l'année même où,
sous les auspices de la Metropolitan Life Insurance Compa
ny, s'ouvre dans le Massachusetts la bientôt célèbre "dé
monstration d'hygiène" de Framingham : là, du vieillard au
nouveau-né, nul pendant cinq ans n'échappera à une surveil
lance médicale de tous les instants, ne se dérobera à un
faisceau de prescriptions minutieuses ; de fait, le taux
de mortalité tuberculeuse chutera spectaculairement de
68% (4). Et n'est-ce pas un Framingham en grand, précisé
ment, une expérimentation simultanée mais autrement ambi
tieuse, qu'annonce en septembre - trois mois à peine après
qu'il eût été accueilli par le président Poincaré - le di
recteur de la Mission ? "La chance, câble Livingston Farrand,
s'offre opportunément en France à l'heure présente d'éla-
borer un plan de grande envergure, tel que le monde n'en a
jamais connu auparavant" (5). Puissamment révélateur des
démangeaisons de la "Progressive Era", de son inaltérable
assurance, le propos intéresse la chronique du réformisme
social, éclaire la singularité de ce moment franco-américain.
"Capturée par les docteurs" (6), la philanthropie privée
découvre alors l'étonnante soumission de la santé publique
à la tyrannie des chiffres, s'émerveille - dans les mots
du premier président de la Rockefeller - qu'elle "tend(e)
d'elle-même à la mesure objective" (7) : aussi bien lui
accorde-t-elle depuis 1909 le meilleur de son attention ;
et, par-delà la nécessaire protection de ses "boys" engagés,
comme on sait, aux flancs de l'Entente, brûle maintenant de
faire se lever sur la mère-patrie du pastorisme l'aube de
la "sanitation universelle" (8). D'une coupable indiffé
rence à une non moins inconséquente "panique" (9), le bas
culement de l'opinion n'y paraît-il pas autoriser, voire
commander la refonte pleine et entière d'une machinerie
obsolète ? Si la question de la tuberculose doit en France
être "pratiquement reprise à zéro", persifle en novembre
1916 Hermann Biggs, si "la situation présente y est à peu
près ce qu'elle était chez nous aux alentours des
années
1895-1900", c'est qu'on y méconnaît résolument l'axiome
premier des maîtres de l'hygiène planifiée : le fléau est
moins l'affaire de la médecine que d'une économique sani
taire, s'affronte, dira L. Farrand, tel un immense "pro
blème administratif et social" (10). Et bien sûr, c'est à
une semblable transmutation scientifique que travaille la
Mission : "Point n'est besoin de pousser bien davantage à
la roue, note-t-on en 1919. Il ne s'agit en la matière que
de diriger les Français sur la bonne voie, en sorte qu'ils
ne répètent pas les erreurs que nous avons commises voici
vingt ans" (11). Un brin de condescendance ; l'énoncé sur
tout d'une dialectique de la connaissance approchée, d'une
ingénierie corrective où les applications successives n'i
ront pas sans réagir sur la construction des modèles euxmêmes. Les balbutiements, en somme, d'un réformisme essen
tiellement pragmatique et cumulatif. De là que ces Améri
cains à Paris nous paraissent emblématiques d'un remarquable
choc culturel. "Ceci n'est pas une impertinente importation
de connaissances scientifiques au pays de Pasteur, prévient
joliment le président de la Fondation, mais plutôt une dé
monstration de méthode et de travail d'équipe organisé" (12).
Comme en écho, la Revue d'hygiène concédera la même année :
"La guerre et les Américains ont fait entrer la lutte contre
la tuberculose dans la pratique. (...) L'hygiène a cessé
d'être une préoccupation spéculative" (13). Warfare +
Rockefeller
Welf are.
Combien bouillonnante de dédain, justement, notre alliée
de la dernière heure ! "Il ne fait aucun doute, s'enor
gueillit en 1922 le directeur-adjoint de la Mission, que
nous avons donné le branle au mouvement antituberculeux
tout entier ; mieux, impulsé pour une bonne part la santé
publique elle-même. (...) Nous avons commencé les semailles"
(1A ). Les ambassadeurs de la Rockefeller, pour cela, ont
dû éprouver à leurs dépens que, quelque "régénérée" qu'elle
parût, la nation sacrifierait moins volontiers à Hygie qu'à
Arès ; que son "humeur extraordinairement réceptive, (sa)
soif de direction et d'assistance" dureraient par ailleurs
ce que durent les roses - résisteraient mal au retour des
conditions normales (15). Et c'est à son corps défendant
que la Mission se trouvait de la sorte portée en première
ligne. Les subits revirements d'une opinion également dé
boussolée et cocardière ; les retardements, et puis l'im
pulsivité d'autorités sans cesse distraites par de plus
fiévreuses obligations - tout la poussait à s'armer de
patience, se rendre seule à un impératif imprévu : par
un travail systématique à grande échelle, "prévenir un
terrible et proche désastre" (16).
"Commissioner of the New York State Department of Health",
soupçonné que la fragile parenthèse guerrière devait au
plus tôt être mise à profit, la Victoire en quelque sorte
prise de vitesse par un plan Marshall première manière.
Dépêché en France le 9 janvier 1917 au reçu des premiers
"rapports alarmants" parvenus au siège de la Fondation tel à l'été 1916 celui, foudroyant, commis par W.C. Sabine,
de Harvard, alors professeur associé à la Sorbonne -,
cet esprit irrévérencieux confondrait volont/e'jjlrs, murmuret-on, porte-plume et hache d'abordage. Voire ! "Aussi
pressant, notera en 1923 Léon Bernard dans sa nécrologie
du sus-nommé, en raison d'un pessimisme un peu excessif
que convaincant en raison de la documentation tristement
éloquente qu'il contenait" (17), son mémorandum-couperet
du 31 mars fait mieux que trouver grâce auprès du très
vétilleux Comité exécutif de la Rockefeller. Approuvé en
catastrophe le 1er mai, ledit brûlot "décide" illico
ledit Comité : le "Tentative Working Plan" alors adopté
pour dix ans, les 2,3 millions de dollars dégagés jusqu'à
la fin de 1926, les démonstrations d'hygiène massivement
prévues en un pays alors tenu pour l'homme malade de
l'Europe, n'en sont à la vérité que la pure et simple
transcription. Quand l'on songe que voici un an à peine,
John D. Rockefeller en personne répondait sèchement aux
SOS lancés de Paris par la romancière Edith Wharton qu'un
principe sacré lui commandait de ne venir en aide qu'aux
"non-be11igérants" ! Entre-temps, c'est entendu, le Nou
veau Monde a par un véritable coup de théâtre basculé
dans la guerre le A avril ; mais ceci exp1ique-t-i1 cela ?
Quoi qu'il en soit, l'on fit vinaigre : pressenti par
Biggs pour prendre les rênes de la Mission, nommé en mai,
Livingston Farrand est à pied d'œuvre en juillet. Long
temps secrétaire de la National Tuberculosis Association,
président de l'Université du Colorado, il a désigné pour
l'accompagner : Selskar Gunn, professeur au MIT, "editor"
de 1'American Public Health Journal et secrétaire de
l'association du même nom ; James Miller, un as en fait
de dispensaires ; Miss Crowell, qui supervisera la forma
tion des infirmières-visiteuses... et quelques orfèvres
de moindre calibre. A charge pour cette fine équipe de
transvaser dans notre doulce patrie le savoir-faire hier
acquis auprès des damnés de la terre, les pauvres Noirs
du "deep South". "Le plan d'opération, commentera le
président-historiographe de la Fondation, était fondamen
talement identique à celui mis en œuvre contre l'ankylos
tomiase : une étude statistique préliminaire pour déter
miner l'incidence du fléau, l'établissement de dispen
saires et le lancement d'une vaste campagne d'éducation
populaire" (18). Là, en Virginie, dans le Mississipi, la
"Rockefeller Sanitary Commission" de 1909 avait tourné
l'inconfort d'une ingérence par de savants camouflages.
Rien en cette croisade qui ne fût piloté "sous l'égide
des institutions existantes" : en sous-œuvre, précise
l'historien, "dans les coulisses, par l'entremise des
détenteurs reconnus de l'autorité" (19). Ces mêmes
Clausewitz se transportent-i1s à Paris ? Du diable s'ils
n'y croient devoir jouer les hommes invisibles ! Gouver
nons depuis les catacombes, ajurait W.C. Sabine, d'une
férule indolore, avec "un tact et un soin extrêmes" :
"l'éveil du moindre antagonisme serait désastreux".
"Craignons les alliances inconsidérées", renchérissait
G.E. Vincent, prenons garde que nos menées "donnent au
moins 1'impression d'être tramées par des mains françaises
(
20 )
.
Si fins calculs, cependant, s'écroulent, ou du moins se
corrigent d'eux-mêmes. L'on pensait s'envelopper "d'une
couverture française officielle", il fallait endurer des
différends sans cesse renaissants. Echaudée, notre alliée
convint par la voix de Farrand, et ce dès l'automne 1917,
qu'il serait "peu sage" de ne point "conserver notre indé
pendance". "Il n'est pas d'organisation existante, insiste
t-il derechef en décembre, que nous puissions choisir sans
exciter sur-le-champ l'hostilité" de ses copines ; ergo,
"tout amalgame à l'heure présente serait fatal". Et cette
chute à la Cyrano : aurions-nous seulement prêté la bourse
ou la main à tel dispensaire plutôt qu'à tel autre, que
"nous nous serions immédiatement identifiés avec une
faction" ! Sans doute, poursuit l'ami Livingston, notre
venue avait-elle été "avidement souhaitée par tous".
"Malheureusement pour nous, l'attente quasi universelle
était que la Mission débarquât avec des fonds pratiquement
illimités et fût prête à subventionner toutes celles des
activités que les Français jugeraient dignes et méritan
tes". Semer l'or à tout vent ? A Dieu ne plaise ! Si
cruelle méprise n'avait pas médiocrement rafraîchi l'at
mosphère : refus secs, dérobades ou temporisations pi
quaient au vif, causaient chez les solliciteurs "un certain
choc soudain". Réponse du berger à la bergère : ses offres
d'assistance technique ici et là déclinées, la Rockefeller
se vit proprement punie. Si bien qu'en son splendide iso
lement, elle n'eut plus pour ressource que de payer d'exem
ple, livrer clés en main ses propres démonstrations d'hy
giène : les chefs du parti social, observe froidement
Farrand, "veulent qu'on leur prouve en quoi les méthodes
américaines représentent un mieux au regard des leurs" (21).
Le haut-le-coeur le dispute ici à la colère. Un taux de
mortalité tuberculeuse double de celui de l'Etat de New
^r
York, triple de celui de l'Angleterre, et avec cela, des
mines offusquées. L'indigène danse sur un volcan, avait
prévenu Biggs au printemps 1917 : "La guerre s'interrom
prait-elle présentement, que l'on devrait traiter A à
500.000 cas de tuberculose, et ce pratiquement sans le
moindre équipement" (22). Fléchir en un tour de main le
Minotaure, il n'y fallait pas songer - quand sa venue
s'annonçait de si loin, quand la flattaient d'antiques
abdications : "La France possède en fait de santé publi
que une loi fort inefficace, une administration et une
organisation sérieusement déficientes. Jamais les autori
tés n'ont officiellement entrepris de connaître de la tu
berculose" (23). Campagnes éducatives, enquêtes, statis
tiques, laboratoires, bref, expérience pratique : néant.
Quant à la profession, "initiative et capacité" ne se
raient point, semble-t-il, ses vertus cardinales : assu
rée d'être la meilleure, elle manifesterait quelque "len
teur à adopter les idées nouvelles" (2A). Nos nurses,
renchérira Linsly Williams après que la Mission, mise au
défi, se fût assurée avec son propre dispensaire du XlXè
arrondissement de Paris "le seul endroit où nous avons la
certitude de former correctement les infirmières-visiteuses"
nos nurses "sont bien mieux instruites que leurs chefs, les
médecins, et nous assaillent de leurs plaintes constantes
quant au laisser-aller des méthodes en vigueur chez le
praticien français" (25). Et la flèche du Parthe : "Le
médecin de province moyen ne comprend pas grand chose à
la réalité du travail antituberculeux" (26). Missives si
grinçantes disent une guerre au couteau. Les "Rockefeller
medicine men", pour ne citer qu'un exemple parlant, pla
nifient-ils dans le cadre de leur guillerette "démonstra
tion" de l'Eure-et-Loir le lancement d'une vingtaine de
dispensaires promis à "surveiller chaque tuberculeux
connu ou chaque suspect, ainsi que sa famille, jusqu'à
la mort, et même après sa mort, de continuer à surveiller
la famille" (27) - et les membres du syndicat médical local de presser ÿpudemment leurs patients au boycott d'orA
ganismes dont les praticiens, vieille antienne, "ne se
raient rien d'autre que des fonctionnaires politiques" (28).
Décryptons pour lors, dans le message feutré, policé, de
Selskar Gunn, tout un art de 1'"understatement" : "A ces
heures, l'on porte assurément beaucoup d'intérêt en Fran
ce à la tuberculose, à la mortalité infantile et aux ma
ladies vénériennes ; pour ce qui est maintenant de la
santé publique conçue comme un tout, fort rares ou discrets
sont les signes d'activité" (29).
De fait, la Grande Guerre avait surpris. Pour la première
fois, le vrai danger ne parut plus résider dans les maladies
dites "pestilentielles", mais dans le grignotage quotidien
nement exercé par celles dites "sociales". "A la terreur
intermittente et violente des épidémies exceptionnelles"
succéda de la sorte "la crainte constante" d'endémies or
dinaires jusqu'alors inaperçues (30). Hier encore, la tu
berculose fauchait en masse (100.000 morts annuelles) mais
dans les coulisses, avec férocité mais discrétion ; "revê
tue d'un uniforme", "rassemblée, conglomérée et repérée,
grâce à son entrée dans l'armée" (31), elle figura un fait
nouveau, saisissant. "Le lourd et fatal sommeil" de l'opi
nion, l'inconvenante apathie de ses chefs, tout cède sou
dain à la découverte d'un "problème militaire" inconnu
(32). Les chiffres parlent d'eux-mêmes : sur 9 millions de
mobilisés, le Corps de santé militaire aura entre août
1914 et juin 1919 dépisté 4 à 500.000 suspects, trié
150.000 "vrais" malades, déploré 30.000 décès ; plus de
100.000 soldats furent renvoyés dans leurs foyers, dont
65.000 dans les seuls quatorze premiers mois (33). Aban
donnés à eux-mêmes, "rejetés dans un monde que leur présen
ce affolait jusqu'à la panique", ceux-là s'en allaient se
mant l'infection par le pays ; très vite, la question des
"blessés de la tuberculose" devint de la sorte "question
de salut public" (3A). En raison de son outrance même, un
mot donne la mesure de l'effroi. Le 2 juillet 1918, L.
Farrand lançait avec assurance : "Il ne peut y avoir de
doute que le nombre des morts par tuberculose excède ce
lui des tués au combat" (35).
Dès lors, la question changeait d'aspect. Quasi-exclusive
ment portée, jusqu'à hier, "sur le terrain des initiatives
privées", la lutte s'engagea "de toutes pièces sous la
pression des besoins de l'armée" (36). Le temps manquait,
et l'on ne débusquerait guère, en fait d'atout, que l'im
pressionnant "monopole" médical soudain conféré au minis
tère de la Guerre : "Il ne reste que fort peu de praticiens
dans les collectivités civiles, observe benoîtement le pré
sident de la Fondation. Aussi bien y a-t-il peu de résis
tance à vaincre" (37). Pour le reste, tout, en 1915, était
à improviser : méthodes, formation des personnels, labora
toires, statistiques. Le conflit trouvait la défense anti
tuberculeuse dans un parfait état de dénûment. Çà et là,
de valeur inégale, sans lien entre elles, quelques maigres
amorces : 46 dispensaires (38) éparpillés dans 15 départe
ments seulement, 12 sanatoriums (1.662 lits) - contre
1.500 réalisations analogues en Allemagne. Un trait résu
me ce pénible bilan : "la maladie qui décimait le plus la
nation n'était, pour ainsi dire, pas reconnue légalement"
(39) .
Paradoxe : la guerre totale inaugure l'ère des solutions
partielles. "Aussi incompréhensible que cela puisse paraî
tre, s'afflige W.C. Sabine, l'intégralité de l'effort con
senti en France va exclusivement aux militaires tuberculeux"
(40) . L'attention tout entière dirigée vers "une catégorie
de malades" (41) déterminée, l'on veut dorénavant connaî
tre, et ne connaître que la tuberculose militaire. Aussi
vite que possible, "l'armée dans l'intérêt même de la dé
fense nationale, éliminait, purement et simplement, de ses
casernes et de ses camps, sans autre forme de procès, les
semeurs de germes" ; devenue de la sorte "la plus importan
te des causes de pérennité de la phtisie", la réforme s'im
posait comme "le plus pressant des sujets d'inquiétude"
(42). Est-il nécessaire de le souligner, la situation de
ces réprouvés était "lamentable" (43). Chiffre désespéré
ment inadéquat, 6.000 privilégiés - soit les cas les plus
graves - se voyaient heureusement pourvus d'un lit. D'un
lit réquisitionné, s'entend, ce qui fait grincer quelques
dents. "Chose terrible à dire, expose le professeur de la
Harvard, il n'est plus à ce jour, face à un fléau respon
sable d'une mort sur dix, d'hôpitaux ou de sanatoria ou
verts aux femmes et aux enfants" (44). Rien ne pouvait da
vantage révulser la sensible Amérique. "Charité douteuse",
tranche-t-elle en 1916, et, "pour employer un euphémisme,
inefficace" (45), que le sacrifice de la nation à l'armée :
dans ce sarcasme tient la Mission Rockefeller...
Vint le moment, en effet, où le voile se déchira : comme
pris de vertige devant la crudité du tableau, printemps
1916 les autorités parurent bien près de perdre pied, de
déclarer forfait. "Au bord du désespoir, commente mécham
ment Sabine, le gouvernement s'est dorénavant déchargé de
la totalité du problème sur une œuvre privée mais officiel
lement reconnue, le Comité central d'assistance aux anciens
militaires tuberculeux" (46). Croulant sous l'immensité
des tâches directement liées à la conduite de la guerre,
les bureaux n'avaient opposé à une menace littéralement
décimante, que des ouvrages en carton-pâte. Inexpérience
et fébrilité en excuseraient l'inefficience ; ne se com
prennent guère, en revanche "la futilité presque incroyable
des suggestions avancées et la totale incapacité à saisir
la nautre et l'ampleur du problème" - futilité dont le plus
mémorable exemple demeure celui d'un Louis Landouzy présen
tant pour tout programme à l'émissaire de la Rockefeller
"une feuille de papier où d'un crayon tremblant, l'on avait
gribouillé sur son pourtour un tracé censé enfermer 1.500
hectares de terrain qui, parsemés pour un tiers de leur
surface de maisons particulières, recevraient 80 familles
dont le chef devrait être un ancien militaire tuberculeux.
Celles-ci cultiveraient les deux autres tiers du domaine
(naturellement acheté et bâti aux frais de la Rockefeller)
et y passeraient le restant de leur existence" (47).
Le remède valut sanction : ce fut le pressant appel à l'i
nitiative privée. Le 1er avril 1916, donc, s'ouvre l'as
semblée constitutive du Comité central d'assistance aux
anciens militaires tuberculeux. L'événement est d'impor
tance, si l'on déchiffre en un organe plus conceptuel qu'
administratif, l'archétype de ces administrations parallè
les qui tant feront fureur dans l'entre-deux-guerres. Que
bientôt surgisse, pâlichon, rachitique, un ministère de
l'Hygiène, à peine osera-t-on le comparer au si voyant, si
tapageur Comité national de défense contre la tuberculose
(CNDT) - lequel en 1919 ne fait que prendre la relève,
justement, de notre Comité central de 1916, n'en est qu'un
"remake", une doublure élargie aux étoiles de la politi
que, des lettres et des sciences. Samaritains de toujours
ou ouvriers de la onzième heure, Henri Bergson, Anatole
France, Pierre Loti, Léon Jouhaux, Edouard Herriot, Jules
Siegfried, Henri Sellier, Joseph Paul-Boncour, Ferdinand
Buisson, Arthur Fontaine, André Michelin, d'autres encore,
n'honorent pas encore de leur éblouissante présence les
premiers faits d'armes du Comité central : à son Conseil
de direction se presse, plus martial, le mouvement davan
tage que la société hygiéniste - les réguliers plutôt que
les séculiers. A la présidence, Léon Bourgeois ; le pré
carré des hommes de bonne volonté : Alexandre Millerand,
Ambroise Rendu, Paul Juillerat, Paul Strauss, André Honnorat, Edouard Fuster, Louis Dausset, Joseph Reinac, Maurice
Lazard, Georges Risler ; et puis la garde de fer, les pro
fessionnels de l'armée du Bien : la bonne dame de Plaisan
ce - Mlle Chaptal -, les professeurs Albert Calmette et
Louis Landouzy, Jules Brisac aussi. Les finances sont entre
les mains éminemment financières d'Ernest Mallet, régent
de la Banque de France ; au secrétariat général, enfin,
adjoint à Maurice Letulle, Léon Bernard poursuit l'extra
ordinaire ascension qui fera de lui le pape de l'hygiène :
il est conseiller technique auprès de Brisac - et en véri
té la tête pensante, en matière sanitaire, de l'Intérieur -,
sera l'âme du CNDT et l'interlocuteur n° 1 de l'Amérique,
occupera après Emile Roux le poste suprême de président du
Conseil supérieur d'hygiène publique de France.
Un corps d'élite, donc, se formait - que l'on supposerait
agréé par nos Alliés, dissipant au moins de leur aigreur.
Lapidaire, le verdict mortifie. D'abord, air connu, "sa
nature même" l'induit à "n'aborder que partiellement la
question" (48). Reproche plus vif encore, "ni le Comité
ni ses membres, je pense, ne sont vraiment qualifiés pour
diriger véritablement le combat" ; et le coup de grâce :
"Il y a tant de jalousie en France, les rivalités et con
sidérations politiques sont si déterminantes, qu'un nouveau
Comité (...) serait éventuellement préférable" (49). L'ap
pétit de paraître ou de primer, l'esprit d'intrigue : le
voilà le mal français, la lèpre impure qui ronge, vicie,
carie la croisade sanitaire. "Les leaders sociaux prennent
le plus vif intérêt à l'intrigue politique" (50). C'est
dire que l'expertise ne s'y hausserait jamais à la digni
té d'un absolu, mais s'abîmerait dans les haines partisa
nes comme dans les "antagonismes personnels et profession
nels" (51). Est-il une oeuvre, d'ailleurs, une Ligue, une
association charitable qui ne flirte avec un parti, n'en
chevêtre humanitarisme et électoralisme ? En sorte que
l'efflorescence des comités gigognes, les si préjudicia
bles doubles emplois, les raisons sociales équivoques ou
fallacieuses paraissent parfois ne devoir rien à l'intérêt
général, tout à l'intérêt particulier. Cette jungle acri
monieuse, ce maquis politico-confessionnel, l'Américain
y pose le
regard du Persan : "Il est plusieurs comités
emplis de bonne volonté mais une fois encore sans moyens
aucun, ou à tout le moins totalement insuffisants, et,
plus grave, sans le moindre savoir médical. Chose plus
•zc
dangereuse s'il se peut, nombre d'entre eux sont si of
ficieux que le gouvernement s'en irrite certainement"
(52). Empêtrée dans la toile d'araignée, papillonnante et
sotte, la colonie américaine de Paris ajoute passablement
au "chaos" ; compromise avec les factions indigènes, les
singeant, elle se montre "subdivisée en cliques diverse
ment intriquées avec les coteries de la société française",
si violemment contaminée qu'avec "la plus détestable im
pression", le président de la Fondation n'aura de cesse
d'en tenir à l'écart la Mission (53). "Plus complexe en
core que nous le pensions" (56), mobile et volatile, ins
table ou branlante parce qu'architecturée par le politi
que, la situationn'inspire que crainte, défiance ou dé
dain. ..
Etonnons-nous alors d'une secrète consigne : "Il est à es
pérer que le directeur américain (de la Mission) soit por
té à la tête - Will be made the executive officer - de ce
Comité" (57). Tant de sollicitude, envers tant de défauts !
La réponse ne se trouve pas à Paris, mais dans les dépar
tements - un mot littéralement découvert à la faveur de la
tuberculose de guerre. Chargé soudain de magie pour tous
ceux d'entre les hygiénistes qui, dans leur commune, n'a
vaient guère fait jusque là figure que de fâcheux. Cela,
si mondaine qu'elle y paraissait, l'entreprise de Léon
Bourgeois
le laissait présager (56) : car ce Comité cen
tral ne puisait sa légitimité qu'à coiffer des comités dé
partementaux, user de ses belles relations pour collecter
des fonds à eux aussitôt redistribués. Souvenons-nous :
de dispensaires, de sanatoriums pour nos éclopés, point.
"En l'absence d'établissements publics, il n'y avait qu'
une manière de tourner la difficulté", c'était de cons
tituer à l'initiative des préfets des associations dispo
sées à assurer auprès du réformé tuberculeux la continui
té du traitement et des secours (57). La préfecture leur
signalerait l'homme rendu à la vie civile : au comité
maintenant de le prendre en charge, de l'assister congrûment à domicile. Initiée par le Service de santé, la "dé
claration systématique" (58) inviterait par là même à gé
néraliser la méthode du dispensaire : empruntant aux prin
cipes autrefois affichés par Calmette à Lille, "toute
l'action du comité gravita autour de la fonction du visi
teur" - autour de volontaires qui, bombardés sur-le-champ
"personnel technique", posèrent aux "moniteurs d'hygiène"
(59). Posèrent, car si criante est la précipitation qu'une
fois encore l'emporte un certain sentiment d'irréalité.
La faute n'en était point à la ladrerie : l'Union des in
dustries métallurgiques et minières, et puis celles du bâ
timent, des cuirs, des textiles, les Rothschild, Solvay,
d'autres : chacun se bousculait pour verser son obole, les
souscriptions s'avéraient "considérables" (60), l'élan
assez saisissant pour qu'aucun département, pratiquement,
n'ose se dérober à la loi commune, ne monte dans la pompe
et la solennité "son" comité. Mais conjure-t-on le malheur
par le faux-semblant ? "Suppléant momentanément au dispen
saire avant la lettre", ou, selon une formule plus savou
reuse encore, "un dispensaire sans dispensaire" (61) :
la fonction créant l'organe, il en préparerait l'avénement. Si bel enthousiasme, cependant, résistait mal à l'a
nalyse : "Rapidement formés, sans dispensaire, sans person
nel technique spécialement entraîné, note crûment la Rocke
feller, ces comités groupaient les bonnes volontés. (...)
Ils étaient surtout des comités d ''assistance', et non des
comités de défense anti-tuberculeuse" (62). Et leur prin
cipal artisan, Léon Bernard lui-même de concéder traîtreu
sement en avril 1917 que la mécanique fonctionnait quelque
peu "à blanc", que ses effets menaçaient d'être "à peu près
nuis" : "(...) partout les mêmes observations ont pu être
faites : les comités départementaux manquent de clients et
s'en plaignent. Si l'on faisait aujourd'hui la somme des
assistés de tous les comités, on arriverait à peine à
4.000 ou 5.000 hommes (dont plus de 3.000 pour la Seine
seulement), alors que près de 100.000 hommes ont été ré
formés pour tuberculose depuis le début des hostilités".
Pareille entreprise, conclut-il avec quelque découragement,
"ne peut fournir un rendement utile que si un très petit
nombre de réformés lui échappe" - et cependant "la plupart
ne sont pas atteints par cette organisation" (63).
Rien en hygiène n'est cependant tout noir ou tout blanc.
Pour faire eau de toutes parts, "n'avoir eu tout d'abord,
pour la plupart, qu'une existence nominale" (64), ces
pseudo-dispensaires n'en imprimaient pas moins ce petit
coup de pouce qui souvent fait pencher la balance. L'affai
re est à cet égard piquante, qui pose la philanthropie
privée au principe d'un futur service public de la préven
tion. "Premiers anneaux, ainsi que le discerne Landouzy,
de la chaîne de protection sanitaire entourant chacun de
nos départements" (65), les comités navigueront de ce fait
dans un flou juridique voulu, un déni des formes confinant
au biscornu. "Emanant de", "associés aux", "secondés par"
les pouvoirs publics (66) - toutes formulations incertai
nes autant qu'alambiquées -, ces œuvres privées mais semiofficielles disposeraient, nous dit-on, avec leur "pleine
indépendance", d'une "autorité reconnue par l'administra
tion départementale" ; gageure absolue, elles en impose
raient aux bureaux tout en "jouissant d'une vie distincte
et d'une véritable autonomie" (67). Sourions de ce peu
vraisemblable tour de force ; convenons en revanche des
mérites de la méthode Coué : fallait-il que le désarroi
fût affreux, l'armature lézardée, pour qu'une agitation
aussi convulsive que brouillonne parût donner le branle à
la défense anti-tuberculose - voire à l'hygiène sociale
tout court ! Pour qu'avec un beau libéralisme, surtout, la
loi Léon Bourgeois du 15 avril 1916 confortât l'initiative
privée, l'officialisât, se déchargeât partiellement sur
des épaules amies - mais rivales - du soin d'édifier un
réseau de dispensaires conséquent (68). C'était plonger
sans doute la médecine sociale dans un imbroglio sans nom,
la tirer à hue et à dia, l'engluer pour vingt ans dans une
tourbe d'associations, de fédérations et d'offices privés,
publics ou para-publics ; pullulantes, les dissensions
intestines ne figuraient-elles cependant un mieux au regard
de la non-vie ? L'onction de la loi "apportait aux comités
un puissant secours" : qu'ils se transforment au lendemain
de la Victoire en "œuvre définitive" (69), étendent leur
objet à l'ensemble de la population, s'affichent dans les
départements comme le bras séculier du CNDT, et la Rocke
feller y reconnaîtrait bien vite l'une de ses courroies de
transmission privilégiées - un simulacre de services exté
rieurs. A elle maintenant d'en purger l'amateurisme, muer
les dilettantes en managers et les sœurs de charité laiques en infirmières-visiteuses (70) : bref, d'exciter le
dépit des pouvoirs publics, de les jeter dans la bataille
par le truchement d'une démonstration de méthode - d'une
i-f
^ rr
rationalisation par le bas.
3. Le Comité National de Défense contre la Tuberculose
C'est L. Williams qui, rencontrant en septembre 1919 les
docteurs Calmette et Rist les entretient "de l'éventualité
de la constitution d'un comité national de préservation
contre la tuberculose. (...) Conséquence ou non de notre
entretien, j'ai rencontré la semaine dernière, à l'invi
tation de Calmette, M. Léon Bourgeois, fait très encoura
geant. Nous avons parlé de la possibilité de réorganiser
le Comité national (i.e. Comité central), et de former une
organisation destinée à prendre en charge non pas les mi
litaires, mais la lutte contre la tuberculose en France.
Il a été décidé de créer un conseil supérieur national de
défense contre la tuberculose dans lequel seraient repré
sentées toutes les parties prenantes, administration, mé
decins, etc., ainsi qu'une commission exécutive, plus res
treinte et plus efficace" (71). "Je pense, conclue-t-il,
que ce Comité doit devenir la National Tuberculosis Asso
ciation appelée à nous succéder partout en France ; lors
qu'il sera bien organisé, sur une base financière saine,
je crois que notre labeur sera bien près d'être achevée"
(72) .
En 1920, les relations entre le Comité parisien et la
commission américaine se faisaient donc, dit Bruno, "de
plus en plus intimes" ; "nos deux organismes n'en faisaient
qu'un", rappe11era-t-i1 plus tard. Et cependant, les pro
grès furent lents au Comité, très lents. Au point d'irri
ter les Américains qui supportaient mal la sublime ineffi
cacité de ses méthodes. "Le Comité national, écrivait Gunn
en mars 1920, me donne toujours bien de souci et demande
beaucoup de patience. Ils perdent un temps fou à discuter
de détails infimes et n'ont pas encore saisi que leur rôle
est d'organiser, de stimuler, de mettre sur pied la propa
gande, au lieu d'envisager,
comme le font beaucoup d'entre
eux, leur avenir en tant qu'institution semi-officielle
distribuant des subventions octroyées par le gouvernement".
En France, en effet, la protection de la santé, lorsqu'elle
existe, reste encore essentiellement une réalité locale ;
elle est l'apanage d'une "poussière de petites républiques
autonomes élevant entre elles des cloisons étanches". Toute
l'action de la Rockefeller a donc consisté à tenter de con
trecarrer cette dispersion politique de l'organisation an
ti-tuberculeuse, en privilégiant constamment 1'uniformité
des méthodes d'action et d'organisation ; à tenter de lier
le mosaique des organisations locales par le ciment de la
technicité. Par l'édification, en clair, de services tech
niques de la santé publique. Tout, donc, en ces années cru-
ciales dépendait de la capacité à établir des relations
convenables et productives avec les départements, de telle
sorte que le Comité en retire un caractère vraiment natio
nal. Pour les Américains, en effet, les difficultés ini
tiales du Comité étaient dues au fait qu'il "représente
Paris et non la province". D'où leur tactique : "stimuler
les fédérations locales, ce qui en retour stimulera le
centre et le poussera à être plus actif". Hélas ! rien
n'était encore vraiment réglé au moment du départ de la
Mission, le 1er janvier 1923. "Ils doivent encore faire
face, précisait Gunn au sujet des dirigeants du CNDT, à
une opposition considérable de la part des départements,
opposition provoquée par leurs propres méthodes autocra
tiques". De là qu'une invicible perplexité, et même un cer
tain scepticisme envahissent l'esprit de l'historien.
*
*
*
"Aucun effort sérieux", avait tranché Biggs en 1917. Biggs
mais demain Farrand, Williams, Gunn, Gregg, Taylor ou
Strode : aucun qui n'ait à son heure émis "de sérieux soup
çons sur l'efficacité de l'administration française". Et
bien sûr, des ethnographes de grande classe ne sont tels
que parce que plongés dans l'action. La "pompe à phynan-
ces" maniée avec dextérité, ils conseillent officielle
ment, éduquent officieusement nombre de nos ministres
(ainsi de Jules-Louis Breton, de Louis Loucheur et de bien
d'autres) ; bâtissent et gouvernent à distance ces petits
empires rivaux, ces ministères bis que sont le CNDT (1919)
ou l'Office National d'Hygiène Sociale (1924) ; lancent
les campagnes de propagande, les films, les pièces, les
tracts et les Guignol pour la santé ; montent par Lucien
Viborel interposé le si juteux timbre antituberculeux ;
sèment encore dans le XlXè arrondissement de Paris, le
Meurthe-et-Moselle ou l'Hérault, les réalisations-pilotes.
Ahanent, poussent, pressent, tirent : miraculent par la
grâce d'une manne financière excédant jusqu'en 1920 celle
de la République. Soit un Etat dans l'Etat, mais n'aspi
rant qu'à l'exemplarité : peu porté à conquérir ou subju
guer, davantage à plier bagages. Car ces figurants impro
visés n'auraient de goût qu'à débarrasser les planches,
se défaire d'un rôle ingrat. S'astreignent-ils, tels de
vulgaires ministres de l'Intérieur, à savoir sur le bout
des doigts leur France politique, à "ne négliger", projet
magnifique, "aucun effort pour assister aux séances des
conseils généraux" consacrées aux questions sanitaires mais c'est qu'infortunément, la représentation ne s'achè
vera pour eux qu'ils n'aient "conduit les Français sur la
bonne voie", "dirigé le sentiment public", converti une
machinerie obsolète et branlante à "des méthodes corrects
d'administration". Leur croix, leur rocher de Sisyphe :
à marches forcées et la rage au ventre - sans le plus min
ce espoir, avait averti Biggs, "d'effets immédiats" -,
charroyer, "forger un mouvement d'opinion" assez torren
tiel pour que, submergée, l'autorité démocratique cessât
de trouver sa sûreté dans son impuissance. Dieu merci, un
moyen éprouvé permettrait probablement de couper au plus
court : fuyons la Faculté, avait suggéré W. Rose au temps
de la "Rockefeller Sanitary Commission" de 1909 ; appro
chons en revanche le besogneux, assurons-nous du concours
d'hygiénistes sans feu ni paille, "jeunes, capables et
singulièrement énergiques, qui, dotés de pouvoirs adminis
tratifs, protégés de toute
interférance politique", se
porteraient "à la tête d'une armée de travailleurs sociaux"
Une décennie s'écoule, et voici ce merveilleux portrait
de l'officier de santé selon les vœux de l'Amérique pla
cardé en France. Coûte que coûte, annonce L. Williams en
1919, dénichons "un groupe d'hommes déterminés à vouer
leur vie à la lutte antituberculeuse".
Là est l'idée de génie : s'appuyer sur des medical statesmen appelés à les remplacer quelque jour ; à défaut de
chefs, former au moins des cadres, les harceler, les ex
pédier outre-Atlantique, puis, dûment dégourdis, les re-
placer aux postes décisifs dans les rouages administratifs
français. L'idée de génie, car ces croisés existent - que
l'on devine pesés au trébuchet, scrutés avec soin et gour
mandise. Ainsi de Jacques Parisot, du grand seigneur lorain surpris par l'Oncle Sam dans "son effort pour assai
nir un quartier misérable de Nancy. Trois mois avant les
élections municipales, il présenta au maire les statisti
ques indiquant que les taudis en question abritaient une
mortalité infantile de trois fois supérieure à celle de
la ville, des chiffres triplés aussi en matière de tuber
culose et de maladies contagieuses. Après un laps de temps
décent, P. demanda à l'édile ce qu'il entendait faire et,
par le truchement d'un ami conseiller municipal, le fit
prévenir qu'il publierait son rapport si quelque action
cruciale n'était engagée. C'est alité que P. dirigea l'es
sentiel de la manœuvre : ses effets furent tout bénéfice,
le quartier démoli et reconstruit". Des bagarreurs de cet
acabit, nous l'avons dit, il s'en trouve par le pays une
poignée à espérer contre toute espérance. Que ces jeunes
drôles, maintenant, se frottent à l'enseignement de la
Johns Hopkins, fassent ami-ami avec les cracks de 1'Ame
rican Public Health Association : à n'en pas douter, ils
s'en retourneront de leur pèlerinage farouchement résolus
à se poser à leur tour en "autorité technique suprême".
La coincidence n'est-elle pas éclairante, qui de ces mé
decins made in USA - de ce noyau fondateur du Syndicat
des médecins hygiénistes français (1925) -, fait tout au
long de l'entre-deux-guerres l'"œil" de la Fondation dans
notre labyrinthe po1itico-adminsitratif, et l'infatigable
artisan d'un "grand" ministère technique ?
il
J*'-
NOTES
(1) H. Biggs (directeur des services d'hygiène de l'Etat
de New York) à E.R. Embree (secrétaire de la Fondation
Rockefeller), 2/4/1917, où il ajoute, toujours à pro
pos de la France : "Pareille occasion ne se représen
tera peut-être pas d'ici la prochaine génération" Rockefeller Foundation Archives (ci-après : RFA),
R.G.1.1., série 500 T, boîte 28, chemise 268.
(2) Sur l'étonnant périple qui vit l'hygiène quitter la
France "pastorienne" pour y revenir "planifiée" ; vo
guer comme une "police sanitaire", s'en retourner sous
forme d'une médecine préventive - v_. James H. Cassedy,
Charles V. Chapin and the Public Health Movement (Cam
bridge Mass: Harvard UP, 1962) ; et incidemment notre
"La raison de l'expert, ou l'hygiène comme science so
ciale appliquée", Archives européennes de sociologie,
XXVI (1985), 1.
(3) L. Williams (1875-1934, adjoint de H. Biggs à New
York, successeur en mars 1919 de L. Farrand à la tête
de la Mission Rockefeller en France) à W. Rose (direc
teur de l'International Health Board de la Fondation),
5/12/1921 - RFA, R.G.1.1., série 500 T, boîte 27, che
mise 262. Et L. Farrand (1867-1939, nommé directeur
de la Mission en mai 1917) à W. Rose, 7/8/1917 - RFA,
R.G.1.1., série 500 T, boîte 25, chemise 249.
(4) R. Sand, L'Economie humaine par la médecine sociale
(Paris: Rieder, 1934), 23 s_q_. , et L. Dublin, A 40 Year
Campaign against Tuberculosis (New York: Metropolitan
Life Insurance Cy , 1952), 80 s_q_. ; sur ses équivalents
en Europe, v_. G. Lafosse, "Trois intéressantes expé
riences sanitaires : Framingham, Jumet, Vanves", Revue
pratique d'hygiène municipale, 3, 6-7/1924, et 5, 9-10/
1924.
(5) L. Farrand à W. Rose, 29/9/1917 - RFA, R.G.1.1., série
500 T, boîte 25, chemise 250.
(6) R. Fosdick, qui, choisi par W. Wilson, sera avec J.
Monnet adjoint au Secrétaire général de la SDN, puis
dans les années 1950 président de la Fondation Rocke
feller - cité in Lewis Hackett Manuscript, "History
of the International Health Division", RFA, R.G.3.,
série 908, boîte 5, chemise 28, 5.
(7) G.E. Vincent, cité in L. Hackett Manuscript, loc.cit ■,
1 (nous soulignons). Premier président de la Fondation,
Vincent était sociologue.
(8) G.H. Whipple, qui pour parler d'un monde "lié par des
chaînes bactériologiques", évoquer la Bible à tout
propos, exprime à merveille l'évangile social de ce
protestantisme libéral si fort en honneur à la Rocke
feller - cité par L. Guinon, "La médecine sociale",
in E. Sergent, L. Ribadeau-Dumas et L. Babonneix,
Traité de pathologie médicale et de thérapeutique ap
pliquée, vol XXXIII (Paris: Maloine, 1925), 9.
(9) W.C. Sabine, 18/9/1916, in "Rockefeller Foundation :
War Relief Report n° 11" - RFA, R.G.1.1., série 500 T,
boîte 28, chemise 268 : "Peu après le déclenchement
des hostilités, le grave problème de la tuberculose qui jusqu'ici ne rencontrait qu'indifférence - se mé
tamorphosa bien vite en un problème plus grave encore
que l'on affrontait de manière tout aussi périlleuse
dans la panique et l'alarme". Sabine paraît tenir l'es
sentiel de ses informations de Maurice Lazard, qui re
présente Henri de Rothschild, et de Maurice Letulle,
professeur à la Faculté de Médecine.
(10) H. Biggs à Starr J. Murphy, 29/11/1916 (après lecture
du rapport Sabine précédemment cité) - RFA, R.G.1.1.,
série 500 T, boîte 25, chemise 247. Et L. Farrand à
W. Rose, 15/10/1918 (nous soulignons) - RFA, R.G.1.1.,
série 500 T, boîte 26, chemise 256.
(11) L. Williams à V.H. Geiser, 13/10/1919 - RFA, R.G.1.1.,
série 500 T, boîte 26, chemise 258.
(12) G.E. Vincent, "The Rockefeller Foundation : A Review
for 1919" - cité par R. Fosdick, The Story of the Rocke
feller Foundation (New York: Harpers and Bros, 1952),
38. On ne séparera pas cette remarque de l'avis expri
mé par le Medical Advisory Committee du War Council,
qui réunit à Washington le 24/9/1917 W. Rose, les doc
teurs Welch, Rosenau, Biggs, Chapin e_t ali i : "Quels
que soient les mérites exceptionnels de bien des tra
vaux scientifiques français, la signification de la
santé publique n'a pas été perçue" - RFA, R.G.1.1., sé
rie 500 T, boîte 25, chemise 250.
(13) E. Marchoux, Revue d 'hygiène, 12/1919, 1093-94.
(14) A. Bruno, "Bureau of Departmental Organization, Annual
Report, 31/12/1922", RFA, R.G.1.1., série 500 T, boîte
32, chemise 275.
(15) H. Biggs, 2/4/1917.
(16) H. Biggs, 29/11/1916.
(17) L. Bernard, Revue d'hygiène, 9/1923.
(18) R. Fosdick, o p . cit ., 38.
(19) W. Rose,
1910. Et J. Ettling, The
Germ of Laziness. Rockefeller Philanthropy and Public
Health in the New South (Cambridge, Mass., Harvard
UP, 1981),
(20) W.C. Sabine, 4/8/1916 ; Vincent, G.E. Vincent, mémo
randum juillet 1918.
(21) L. Farrand, 7 septembre et 21 décembre 1917.
(22) H. Biggs, Conférence du 2 mai 1917, cité par C.-E.
A. Winslow, Life of Hermann Biggs (Philadelphia, Lea
and Febiger, 1929), 304.
(23) H. Biggs, Rapport du 31/3/1917 (sur son séjour en Fran
ce) - qui souligne le manque de "fonctionnaires sani
taires à temps plein", de laboratoires, d'éducation
sanitaire, et rappelle les taux de mortalité tubercu
leuse anormalement élevés, près de 3°/00 pour l'ensem
ble du pays, soit deux fois plus que dans l'Etat de
New York, trois fois plus qu'en Angleterre (RFA, R.G.
1.1., série 500 T, boîte 28, chemise 268).
(24) H. Biggs, 2/4/1917.
(25) L. Williams, 20/8/1919. Le plan d'action soumis par
H. Biggs le 31 mars ne se séparait pas d'une "réorga
nisation des études médicales". En octobre 1919, la
Mission parvient à instituer à Paris un cours de per
fectionnement en phtisiologie, à destination surtout
des praticiens de province appelés à diriger les dis
pensaires - v_. entre autres L. Williams, 13/10/1919.
(26) H. Biggs, 2/4/1917.
(27) A. Bruno, Contre la tuberculose. La mission américai
ne Rockefeller en France et l'effort français (1917 —
1925) (ouvrage présenté comme thèse à la Faculté de
Médecine de Paris, 1925),
(28) L. Williams, Rapport de 1919,
(29) S. Gunn à W. Rose, 14/2/1919 - RFA, R.G.1.1., série
500 T, boîte 26, chemise 257. Plus sévère encore est
A. Bruno en 1925, o p . cit ., 17-18.
(30) L. Bernard, "L'enseignement de l'hygiène dans les Fa
cultés et Ecoles de Médecine", Revue d'hygiène, 12/1919,
1161. A. Honnorat, dans son "Rapport... sur la propo
sition de loi tendant à instituer des dispensaires
d'hygiène sociale et de préservation anti-tuberculeuse" ,
Chambre des députés, séance du 19/2/1916, n° 1863, 36,
évoque également le "péril constant" des maladies trans
missibles.
(31) L. Bernard, Défense... (1929), 239.
(32) L. Bourgeois devant le Congrès de l'Alliance d'hygiène
sociale de 1913 - cité par H. Sellier, La lutte contre
la tuberculose dans la Région parisienne, 1896-1927.
Le rôle de l'Office public d'hygiène sociale. Son or
ganisation ..■, Rapport présenté au Conseil général de
la Seine, 12/1927 (Ed. de l'OPHS, 1928), 548. Et H.
Biggs, "Address at a Meeting of theConférence of State
and Provincial Boards of Health", 2/5/1917 - cité in
C.-E. Winslow, Life of Hermann Biggs, op. cit., 302.
(33) Nous nous basons sur le médecin-major V. de Lavergne,
"Le Service de santé militaire et la lutte anti-tuber
culeuse", Revue d 'hygiène, 10/1922, 880-81. Duguet,
1oc. cit., 33, parle de 40.000 décès.
(34) W.C. Sabine, Rapport du 18/9/1916. Et L. Landouzy, "La
guerre et l'assistance aux blessés de la tuberculose",
Allocution du 10/12/1915, in la Guerre et la vie de
demain. Conférences faites à l'Alliance d'hygiène so
ciale (années 1914-15 et 1915-16), t. II (Alcan, 1917),
66 .
(35) L. Farrand à W. Rose - RFA, R.G.1.1., série 500 T, boî
te 26, chemise 255.
(36) L. Landouzy, in "Historique...", ibid . Et L. Guinon,
loc. cit., 25.
(37) G.E. Vincent, "Mémorandum on visit to Italy, France
and England, March 30 - June 2, 1918", juillet 1918 RFA, R.G.1.1., série 500 T, boîte 29, chemise 269.
(38) "...Dont beaucoup étaient fermés, précise Alexandre
Bruno. 22 seulement fonctionnaient en 1917, à l'arri
vée de la Mission Rockefeller, et encore la plupart de
ceux-ci étaient simplement des cliniques de consulta
tions, des distributeurs de médicaments (...)• Ce n'é
taient pas des vrais dispensaires de diagnostic et de
préservation dans le sens moderne du mot" - in Contre
la tuberculose..., o p . cit ., 18.
(39) L. Bernard, Allocution du 21/11/1925 au Conseil de
direction du Comité national de défense contre la tu
berculose (hommage rendu à la mémoire du président L.
Bourgeois, disparu le 29 septembre), Revue de phtisio.
méd.-soc., 6, nov.-déc. 1925, 434.
(40) W.C. Sabine, Rapport cité du 18/9/1916.
(41) H. Sellier et H. Rousselle, l'Office public d'hygiène
sociale du département de la Seine et la lutte contre
la tuberculose dans l'agglomération parisienne, Rap
port présenté au Conseil général, 12/1920 (Ed. de
l'OPHS), 52. Et L. Williams, "La Fondation Rockefeller
pour la lutte contre la tuberculose en France", Confé
rence donnée le 28/1/1922 au Musée social, Revue du
Musée social, 2/1922, n° 2.
(42) L. Landouzy, Allocution citée du 10/12/1915, 63. Id .,
in "Historique...", archives du CNLMR. Et Edith Wharton
à W. Greene (directeur de la War Relief Commission),
10/3/1916 - RFA, R.G.1.1., série 500 T, boîte 25, che
mise 247.
(43) A. Vaudremer, loc. cit ., 150.
(44) W.C. Sabine, Rapport cité du 18/9/1916.
(45) Ibid.
(46) W.C. Sabine, Rapport du 18/9/1916. Et, sous une forme
plus châtiée, L. Bernard, Défense... (1929), 145 : "...
le mieux était de s'assurer le concours de l'initiati
ve privée et c'est à elle que le Gouvernement a confié
la tutelle des réformés tuberculeux".
(47) W.C. Sabine, loc. cit.
(48) W.C. Sabine, Rapport du 18/9/1916. _V. aussi, dans le
même sens, L. Bourgeois in Bull, du Comité central...
(création et rédaction L. Bernard), 2, oct.-déc. 1916
- cité in Rev, phtisio. méd.-soc., 6, nov.-déc. 1925,
437 .
(49) H. Biggs à W. Rose, 27/4/1917, où il suggère que la
Mission travaille "en coopération" plutôt que "sous
la direction immédiate" du Comité central (comme le
prévoyait le "Tentative Working Plan" adopté par la
Fondation) - RFA, R.G.1.1., série 500 T, boîte 25, che
mise 248. Cette défiance ne se relâchera guère. Et ce
n'est qu'avec l'installation des Américains aux com
mandes du CNDT qu'ils espéreront un moment trouver en
celui-ci "à l'échelle de la France, la National Tuberculosis Association qui nous remplacera" - L. Williams
à W . Rose, 6/11/1919.
(50) G.E. Vincent, Mémorandum de juillet 1918. Il est à
remarquer que le président de la Fondation se borne
ici à reproduire les propos de A. Hovelacque, conseil
ler municipal de Paris, "radical et protestant" - le
quel, au cours d'une rencontre antérieure, s'était
longuement étendu sur "l'âcre animosité" régnant entre
factions politiques et confessionnelles, cf. G.E. Vin
cent, "Mémorandum of an interview with M. Hovelacque
(...) made Tuesday, May 29, 1917", 2/6/1917, RFA, R.G.
1.1., série 500 T, boîte 25, chemise 249.
(51) L. Farrand à W. Rose, 21/12/1917 - RFA, R.G.1.1., sé
rie 500 T, boîte 25, chemise 251. Et W.C. Sabine, Rap
port du 18/9/1916.
(52) W.C. Sabine à J.D. Greene, 4/8/1916, RFA, R.G.1.1.,
Projects, série 100 N, vol. VI, chemise 611.
(53) G.E. Vincent, Mémorandum de juillet 1918, et entretien
avec A. Hovelacque, mai 1917.
(54) L. Farrand à W. Rose, 7/8/1917.
(55) "Tentative Working Plan for the Control of Tuberculosis in France", mémorandum présenté par le directeur
général de l'IHB, W. Rose, 3/4/1917 - RFA, R.G.1.1.,
série 500 T, boîte 25, chemise 246.
(56) C'est dès le 14 août 1914, en fait, que s'était amor
cée en matière d'hygiène la si remarquable montée en
puissance du département - prélude au projet avorté,
et combien proche de celui de Clémentel, d'une régio
nalisation de l'action sanitaire au lendemain de la
Victoire. En vertu de l'article 8 de la loi de 1902 lequel, en cas d'épidémie et pour un temps déterminé,
invitait le gouvernement à fixer la composition et le
ressort des autorités chargées des mesures de sauve
garde -, le décret divisait les départements en cir
conscriptions sanitaires dirigées par un délégué dis
posant de pouvoirs exceptionnellement étendus. Ce
texte posait un principe d'une portée considérable :
"l'autorité municipale cédait le pas à l'autorité sa
nitaire en matière d'hygiène" - L. Aublant, "Quelques
considérations sur les attributions de l'Inspecteur
départemental d'hygiène (décret du 14 août 1914)", le
Mouvement sanitaire, 10/1924, 248.
(57) A. Honnorat (1916), 120 - qui cite à ce propos la cir
culaire de l'Intérieur du 21/3/1916 ; l'initiative ne
venait d'ailleurs nullement de J. Brisac, mais une
fois encore de la Commission permanente qui, sur rap
port de Grimanelli, avait dès le 15 janiver arrêté
la création de comités départementaux et d'un Comité
central .
(58) A. Vaudremer, 1oc. cit., 154 : "L'action anti-tubercu
leuse pendant la guerre a été efficace (...) parce que
l'organisation réalisée a permis de déclarer systéma
tiquement les cas de tuberculose confirmée, diagnosti
qués dans l'armée ; aujourd'hui, les tuberculeux sont
dépistés, ils ne sont pas déclarés.
(59) L. Bernard, Défense... (1929), 245-46.
(60) A. Honnorat (1917), 75 - qui rejoint ici L. Bernard
parlant le 4/5/1917 devant 1'AG du Comité central (in
archives du CNLMR) de "sommes considérables". Rappe
lons que le Comité central avait pour finalité majeu
re la collecte de fonds. C'est "sur ma demande", expo
se le 18/11/1916 L. Bourgeois (in Bull. Ail, hyg. soc.,
37, jan.-déc. 1916, 5), que les grands industriels sont
intervenus dans la lutte. Le rapport sur la situation
financière d'Ernest Mallet, au 4/5/1917, chiffre à
580.000 frs les recettes, dont 25.000 seulement en pro
venance de l'Intérieur, contre 117.000, par exemple,
venant du comité constitué en Amérique par l'ambassa
deur de France Jusserand, le duc et la duchesse de
Richelieu ; 50.000 auraient été dépensés en frais de
propagande, 43.000 en subventions aux comités départe
mentaux (dont 28.000 pour le comité de la Seine).
L '"Historique..." indique pour sa part : 480.000 frs
collectés en nov.-déc. 1916, 1.470.000 fin 1917,
2.900.000 fin 1919 - la part des souscriptions émanant
des entreprises ou des particuliers l'emportant là en
core très largement sur les subventions publiques, et
notamment sur celles des conseils généraux. Ne sont
pas inclus dans ce total les 1.700.000 frs de bénéfi
ces réalisés le 4/2/1917 au cours de la Journée na
tionale des tuberculeux.
(61) A. Honnorat (1917), 74 ; id_. (1916), 120. Et L. Ber
nard, "Rapport sur l'action des comités départementaux
AG du Comité central du 4/5/1917, 21.
(62) A. Bruno (directeur-adjoint de la Mission Rockefeller,
responsable de l'organisation départementale), qui
poursuit : "Géuvre de guerre, le comité délaissait
presque totalement la population civile, les femmes et
les enfants, et même pour les réformés, la surveillan
ce prophylactique était minime..." - Contre la tuber
culose ,.. (1925), 178.
(63) Rapport présenté à la Commission permanente - cité in
A. Honnorat (1917), 76-77. L'on se demande sur quelles
sources s'appuie de Lavergne (loc. cit., 897) pour
chiffrer à 25.681 le nombre de réformés assistés par
les comités départementaux - quand L. Bernard, on le
voit, parle d'à peine 4 à 5.000 hommes en avril, puis
derechef confirme peu ou prou cette estimation devant
le Comité central en mai 1917, en portant à 4.000 ins
crits seulement les réformés pris en charge par le
comité de la Seine (dont il est, avec Mlle Chaptal, le
secrétaire général).
(64) A. Martin (médecin de dispensaire), "Conception ac
tuelle de l'organisation des dispensaires anti-tuber
culeux", Rev, phtisio. méd.-soc., oct.-nov. 1931 (nous
citons d'après la version dactyl., 15 ff, archives du
ministère des Affaires sociales, carton SAN 7789).
(65) L. Landouzy, "Historique...".
(66) Ces expressions in L. Bernard, Défense... (1929), 245
et Rapport Grimanelli devant la Commission permanente
- cité par Honnorat (1916), 120.
(67) A. Honnorat (1917), 75, où il précise que "la gestion
en échappe aux préfets". L. Guinon, loc. cit., 6, qui
souligne leur "collaboration étroite avec les ministè
res". Et Grimanelli, in Honnorat (1916), 120.
(68) 3 départements seulement adoptèrent la formule du dis
pensaire public : 14 lui préférèrent le type de l'Of
fice départemental ; la majorité se ralliant au type
associatif : 60 des comités départementaux se muèrent
en dispensaires privés - v_. L. Bernard, Défense...
(1929), 252 ; et A. Bruno, "Bureau of Departmental
0rganization, Annual Report, 31/12/1922", RFA, R.G.
1.1., série 500 T, boîte 32, chemise 275.
(69) L. Bernard, Défense... (1929), 246 ; et Allocution
citée de 1925 : "Les comités départementaux appliquent
désormais leur activité, à l'abri de la loi sur les
dispensaires, à l'ensemble de la population". A Paris,
notamment, par deux arrêtés préfectoraux des 16 et
27/7/1918, était créé au vu d'un rapport de H. Sellier
déposé devant le Conseil général un organisme inédit
qui, représentant l'agglomération toute entière, pre
nait le nom d'Office public d'hygiène sociale du dé
partement de la Seine (OPHS) : doté par le Conseil gé
néral, dira L. Bernard en 1922 (in AG annuelle du CNDT,
18/3/1922, Masson, 1922), d '"un budget plus élevé que
celui que consacre l'Etat à la nation entière", l'Of
fice se substituait le 1/4/1919 au comité départemen
tal d'assistance aux militaires tuberculeux. Sur la
base d'une esquisse soumise en 1913 par L. Bernard
devant la Commission de la tuberculose du Conseil mu
nicipal (créée en 1910), l'Office adopte pour le dépar
tement un plan de création de dispensaires - plan, di
ra W. Rose le 29/1/1919, "à l'élaboration duquel Farrand a mis la main".
(70) "Première pénétration de 1'IHB sur le terrain du ser
vice social" (L. Hackett), cette tâche s'avéra "la
plus délicate, et peut-être la plus importante" - pré
cisait L. Williams dans son Rapport de 1919 (RFA, R.G.
1.1., série 500 T, boîte 29, chemise 270) - de toutes
celles entreprises par la Mission. A son arrivée à
Paris, n'existait que l'Ecole des Infirmières-visiteuses de France fondée début 1914 par la marquise de
Ganay. Tout reposera, en fait, sur le dispensaire du
XlXè arrondissement de Paris, sorte de "vitrine" de
la Rockefeller en la matière. Aussi bien les nurses,
dont la Fondation assure le traitement pendant un an
dans chacun des dispensaires, seront-elles son plus
sûr relais en fait de "supervision des dispensaires"
nouvellement créés ; "mieux instruites" que les méde
cins, elles "se plaignent constamment" de "la négli
gence des méthodes" dont font preuve ces derniers (L.
Williams, 13/10/1919). "La formule de l'infirmièrevisiteuse, conclut W. Rose en 1919, est profondément
ancrée" - "Conférence with Dr Farrand Jan. 29, 1919",
RFA, R.G.1.1., série 500 T, boîte 26, chemise 257.
I,
TIDEE
DE
DAIMS
"SERVICE
LA
PENSEE
SOC IAI/’
HYGIENISTE
C 1 9 2 8 - 1 9 3 6 9
Lion Murard. Patrick Zylberman
La Belle Epoque ne l'a pas ignorée;
le dispensaire antitu
berculeux en dévoile les prémices. Mais c ’est en 1912 qu’elle
apparaît, à l’instar des Américains, dans un contexte hospi
talier,
dans
d ’abord
à
le service
la
des
Clinique
tuberculeux
des
de
Enfants-Malades,
l’hôpital
Laënnec
puis
(1).
Après la guerre les hygiénistes y virent le moyen de mettre
un terme à 1 ’incohérence des initiatives et à la dispersion
des efforts,
gravement
ciaux.
incohérence et dispersion qui
l’organisation de la lutte contre
L ’idée de "service social"
affaiblissaient
les fléaux so
laissait espérer la coor
dination des divers organismes de défense et de prévention:
oeuvres, structures gouvernementales, services administratifs
Cet ultime développement nous retiendra tout particulièrement
"Nées,
comme par
remarquait
en
la force même des choses,
décembre
1914
Léon
Bourgeois,
de la guerre ,
évoquant
les
réformes et les oeuvres sociales. Nés de la guerre, également
le service
social
et
la politique
sanitaire.
Infirmières-
visiteuses en nombre "presque insignifiant",
idée du service
social
portrait
"pour
ainsi
dire
inexistante":
le
France sociale brossé par Alexandre Bruno,
en
1917
avec
la Mission
Rockefeller,
arrivé
n ’est
Ni les moniteurs du dispensaire Calmette,
pas
de
la
à Paris
flatteur.
à Lille,
ni ceux
de son homologue lyonnais; ni les élèves de l'école nouvelle
ment ouverte par la marquise de Ganay; ni même les visiteuses
du service antituberculeux de Laënnec ne pouvaient se com
parer
aux
"public
health
visitors"
anglais
ou américains.
Quant à la politique sanitaire, et particulièrement la lutte
antituberculeuse,
le conflit l’avait trouvée dans un parfait
"état, de dénuement" (2).
Pareil
synchronisme
"service
et
aux
social"
autorise
commune,
fondatrices
de
la
croyance
disons,
aux
l ’Association
en
ténors
des
une
de
idée
du
l’hygiène
Surintendantes
de
France, parce qu'elle résulte chez tous des leçons délivrées
par
le même professeur:
des
deux mouvements
quarteron
Bourgeois,
surtout,
cela
de
l’Amérique.
- deux
politiciens
Albert Thomas,
resserrés
au
groupes
"sociaux"
La physionomie
d ’"experts"
(Jules
Paul Strauss)
lendemain
de
pondance est trompeuse.
liés
à un
Siegfried,
Léon
leurs rapports,
l ’armistice
suggère une unité de pensée entre
les assistantes de service social.
-,
jumelle
(3):
tout
les hygiénistes et
Et pourtant,
la corres
Médecins
tout,
et assistantes
excepté sur
sociales
l’essentiel:
s ’accordent
savoir
en effet
la place et
sur
le rôle
de la maladie dans le "service social". Q u ’on lise par exem
ple Juliette Delagrange:
présent à tout ce qui
absent de tout ce qui l ’intéresse,
l’importune
- voilà le médecin pour
la surintendante (4)! Question d ’humeur? Au vrai le conflit
n'est
pas
toujours
d ’humeur,
aussi
tranché.
mais de doctrine,
L ’opposition
mais de méthode.
n ’est
pas
Entendue comme
gestion des services sociaux dans et hors de l ’entreprise,
le "service
vation
de
social” vise chez
l ’équilibre
la surintendante
spontané
d'une
la préser
personnalité,
d ’une
famille, d ’un groupe. Son action est d ’ordre "thérapeutique”;
son champ d ’application, microsocial (5). Au contraire l ’hy
giène,
par-delà
la
défense
d ’un
équilibre
social,
tend
à
la recherche consciente d ’un ordre. Tenons-là pour la science
d ’un ordre à faire, pour une discipline synthétique étroite
ment
liée
l'homme
aux
(6).
la notion,
pore
il
la
multiples
Ecoutons
aspects
l ’un
des
le Belge René Sand:
charité,
des
l ’assistance
diverses
inventeurs
sciences
de
incontestés
de
"Le service social s ’incor
et
la
philanthropie,
mais
les dépasse et s'en distingue par son caractère scien
tifique, par son souci de la recherche des causes, par l ’ex
tension
de
son
champ
d'étude
et
d ’activité.
On
pourrait
:>c
se contenter
de
dire,"
conclut-il,
"qu'il
est
la mise en
oeuvre du sens social, éclairé par les sciences sociales”(7).
Et Hazemann:
"Nous abordons le problème /du service social/
sous l’angle de la sociologie et de l'hygiène" (8). De l'as
sistante sociale à l’hygiéniste,
i1 y a en somme toute
la
distance qui sépare une conscience militante et microscopique
du fonctionnement de la société, d ’une science des conditions
généraies
de
la santé
intervenant à
unités socio-politiques,
nistratives,
pour
en
nationales,
aménager,
l'échelle des grandes
gouvernementales,
conformément
au
but
à la fois les structures et l’action. Cet édifice,
admi
visé,
Hazemann
en reproduit l’épure au plan municipal, qui paraît le module
organique
de
la
conception
hygiéniste
du
service
social.
A la "tête”, le bureau d'hygiène, qui recueille les données,
les statistiques, "coordonne l’action" et "prescrit le remède
social".
Le bureau de
l’assistance et
le dispensaire
sont
"ses yeux et ses oreilles", et détectent les "cas" les plus
intéressants.
de
l'hygiène,
Enfin,
dernier
trait
les
assistantes
de
ce
sociales
blason
forment
du
corps
"les
deux
bras" qui actionnent, en cas d'urgence, l’instrument "prophy
lactique ou même thérapeutique” (9).
On
devine
peut
pas
que
ne
1 ’importance
pas
réagir
sur
dévolue
aux macrostructures
le concept
de
l’hygiène,
ne
qui
n'est
ses
rationnelle
catégories,
te (10).
science
qu’en vertu
conséquence
de
du caractère macrosocial
sa
nature
Technique de santé publique et,
appliquée
de
la
société
de
interventionnis
indissociablement,
(11),
son
thème
central
est l'affirmation de la fonction architectonique du phénomène
sanitaire,
à la fois cadre d ’une connaissance sociale con
crète
d ’une
et
maladie,
comme
Le
technique
ou du moins
un
compartiment
fait social
d ’intervention
la santé,
parmi
de
d ’autres
de
d'hygiène devient ainsi
toutes
les
La
ne peut donc être regardée
trine scientifique du service social;
nement
rationnelle.
l'action
sociale.
la norme d'une doc
il domine le fonction
microstructures
de
la
bienfaisance
et de la prophylaxie.
"Préventif et méthodique",
social
avertit Paul Strauss,
le service
n'est donc aux yeux de l ’hygiéniste que le faisceau
des "thérapeutiques" dispersées (oeuvres, bureaux sanitaires
ou
sociaux,
dispensaires)
assemblé
en
un
principe
d ’organisation de la société. "Le service social, ■
unique
fL
dit
Sand,
tend
et dissocié",
Et encore:
s'étant
vers
la
synthèse";
schématisé
il "aspire à la souplesse et à l'unité" (10).
"L'assistance étant devenue préventive,
faite
sociale,
caractère constructif,
la
législation
en
ouvrière
l ’hygiène
prenant
un
ces divers domaines se sont rejoints:
il n'y a plus gu ’un service social"
synthèse,
"autrefois
s'élargissant,
(l4r). Résultat de cette
l'hygiène,
l'assistance
et
la
prévoyance ont brisé leur ancien isolement.
"Il n ’y a plus
là
champ
unique"
ou
la France,
des
dans
domaines
certains
distincts,
pays
comme
mais
un
l'Angleterre
placé,
sous
la compétence d'un "ministère unique" (13 ). Oeuvre de coordi
nation qui ne fait que débuter, éminemment fragile. En 1924,
Poincaré
supprimait
le ministère
de
l'Hygiène créé
quatre
ans plus tôt, le démembrait puis le refondait dans un dépar
tement du Travail
(1$ ). C'est que la synthèse scientifique,
la coordination des services,
ne
suffisaient
pas
pour
l’une et l'autre balbutiantes,
assurer
à
la
structure
gouverne
mentale un véritable avenir. Manquait encore une coordination
concomitante des oeuvres sanitaires et sociales.
D'où la tâche assignée au "service social" par le mouvement
hygiéniste:
intégrer les diverses interventions de la bien
faisance et de la prophylaxie en une structure opérationnelle
unique.
"Après avoir cherché à combattre un à un,
remèdes spécifiques,
nous
nous
une
action
(1§ ). Le
un
les fléaux dont souffrent
apercevons
que
intégrale
peuvent
"service social"
fédérateur.
seule
Fédérateur
une
être
campagne
pleinement
par des
les masses,
d ’ensemble,
efficaces"
est donc avant tout conçu comme
des
initiatives
et des
efforts,
mais aussi fédérateur des concepts, et fédérateur des direc
tions,
publiques et privées,
toute,
avec
dans
une
Paul
collaboration
philanthropes,
et
Strauss,
de
on
la lutte sanitaire.
lui
permanente
demande
les
de
Somme
"rapprocher
éducateurs
et
les
les hygiénistes et les sociologues, les femmes
les médecins,
les
réalistes
et
les
idéologues,
en vue
de mieux associer toutes les forces du bien contre les fléaux
qui
désolent
l'humanité” (16).
Ce qui n'est pas une mince
affaire.
Le
foui 11is
t
et
, des
des
oeuvres
1igués
Ces mots, qui datent de 1931, sont une variante d ’un discours
prononcé par le même en février 1915 lors d ’une conférence
organisée par l’Alliance d ’hygiène sociale, Arthur Fontaine,
directeur du Travail
de l ’Alliance,
et membre du conseil d ’administration
présidant la séance (1^). "Les philanthropes.
s'était écrié Paul Strauss,
les éducateurs,
les hygiénistes,
les sociologues,
les moralistes,
les solidaristes de toute
catégorie, auront à se regrouper plus étroitement que jamais.
Nous
aurons
Abattre
plus
à
abattre
d'une
plus
cloison
d ’une
cloison
étanche...
le
étanche"
fondateur
(lî).
de
la
Revue philantropique en savait long sur la question.
Prési
dent
privée
du
Comité
national
d ’assistance
publique
et
fondé par Ca|ï}s/mir-Périer en 1900, promoteur pendant la guerre,
entre autres clubs de bienfaisance,
d ’un Comité du travail
féminin regroupant hygiénistes et féministes - comité qu'il
préside
également
-,
auteur
d ’un projet
de Conseil
de
la
solidarité nationale, sorte d ’énorme machine à faire pression
censée
rassembler
tout
ce
que
le monde,
la politique
et
les professions sociales comptaient de philanthropes; enfin,
ministre de
l ’Hygiène,
partisan en
1922 d ’un accord entre
les bureaux de la Guerre et de l ’Hygiène aux fins de juguler
le péril vénérien dans les jeunes classes:
institutions bienfaisantes,
de salubrité
et de
fut son ver rongeur,
comme il dit, avec les services
l'hygiène
sociale"
sa seule cause,
mitée", écrivait-il encore en 1931
lement
que
nous
le
retrouverons
sociale internationale,
la "liaison des
(1$)
de
tout temps
"tâche immense,
illi
)! C'est tout naturel
présidant
la
Quinzaine
qui devait offrir en 1928 son cadre
à la première Conférence internationale du service social (24l).
De
ces
mille
héros
et
une
visionnaires
petites
que
la
principautés
fureur
d ’organiser
les
de
bienfaisance
ne
la
quitte plus, il est en des douzaines. Songeons aux fondateurs
de l’Alliance d ’hygiène sociale,
qui n'avait dû sa création
en 1904 qu’à la nécessité de fédérer un mouvement sanitaire
et social déjà horriblement balkanisé (2Î0 . Ou à Paul Brouardel qui,
entre
le Congrès général de médecine de Paris en
1900 et la formation de l’Association internationale contre
la tuberculose à Berlin en 1902,
trale
mort
française
par
contre
Landouzy),
la
fondait l’Association cen
tuberculose
regroupant
plus
(présidée
après
sa
d'une cinquantaine
de
ligues et d ’oeuvres nationales (y compris l'Oeuvre Grancher),
et dont
le but était de "prêter appui
et matériel
aux Oeuvres,
Ligues,
scientifique,
moral
Institutions d ’initiative
privée ou d ’Etat" menant le bon combat (2%). Durant la guerre,
bien sûr,
le mouvement redoublait,
belle encore après le conflit.
se poursuivant de plus
Reprenant les bases de l ’Of
fice central d'assistance maternelle et infantile créé pen
dant
les hostilités à Paris par Paul Strauss,
Mlle Chaptal
et la Patronage franco-américain dans le XlVè arrondissement
de Paris,1'Ecole de puéricuLture (c'est-à-dire Adolphe Pinard,
Benjamin Weil-Hallé et Emile Weisweiller)
Conseil
municipal
et
le Comité de
dans
le XVè,
l’Enfance dans
le
le XITIè
s ’ef forçaient
de
de
concentrer
les
moyens
maternelle
et
différents
protection
de
l'enfant (24). De son côté,
tection
les
coordonner
de
organismes
la mère
et
et
de
un Office départemental de pro
infantile,
créé
sous
les
auspices
de l'Union amicale des maires de la Seine et deu Comité natio
nal
de
de
l'enfance,
s'appuyant
sur
les
"éléments
d ’action"
l'Office public d'habitations à bon marché de
mis en oeuvre par Henri Sellier et Marcel Martin,
la Seine
réalisait
dans les communes suburbaines de la capitale la même oeuvre
de "coordination et d'entente” (25).
Mais,
ces
quels
efforts
sanitaire
fussent
et
demeuraient
pas
donnan-t
chevauchements
libre
terrains
leurs
d 'organi sation
n ’en
éparpillés,
aux
que
d ’activité,
d ’unification
moins
carrière
d ’initiatives,
de
eux-mêmes
aux
aux
la
tous
lutte
dispersés,
doubles
gaspillages.
emplois,
L ’effi
cacité de leur travail était en rapport (26). Le monde bien
faisant avançait à pas de souris dans
l’oeuvre de coordi
nation. Démêler le maquis des comités subdivisés, des oeuvres,
des associations confuses et bourdonnantes qui se bousculent
et se poussent à l'assaut, de la "maladie sociale" donnerait
bien de l’exercice aux initiés.
les plus grandes:
créée en 1891,
en
1902
(de
Ignorons donc pour
la Ligue française contre
l'heure
la tuberculose
la Ligue contre la mortalité infantile fondée
laquelle est
issu en
1922
le Comité
national
S?
djL*
l'enfance),
sous
le
cancer
la Ligue française contre le cancer née en 1918
nom
de
(2^).
Ligue
les
franco-anglo-américaine
ligues
anti-vénériennes,
la
contre
le
Ligue
des
Sociétés de Croix-Rouge organisée en 1919 à Cannes, ou encore
la Ligue d ’hygiène mentale créée en 1922,
multitude
d'organismes
sans oublier
anti-alcooliques.
Tout
cela
la
nous
entraînerait trop loin. Peut-être mesurera-t-on le caractère
touffu de cet entrelacs de comités divers,
- même en sup
posant pour nombre d'entre eux une vocation essentiellement
mondaine,
- si
vu naître
entre
(pas
de
la
une
Société
l'Oeuvre
draps
l'on songe
1850 et
de
gymnastique
des
(2fl) ! Ce pays,
est
en
ville
1900 cinquante
moins), depuis
lorraine
berculeux
qu'une
l'Oeuvre
des
du
comme
ligues
bon
apprentis,
tuberculeux
et
Nancy
et oeuvres
lait
en
l’Oeuvre
aura
jusqu'à
passant
du
par
prêt
de
où le nombre des dispensaires antitu
1914
cent fois
inférieur
au
nombre
des
réalisations similaires en Allemagne, où la loi de salubrité
n ’est, pour la plupart des maires et des assemblées départe
mentales
qu’un
chiffon
de
papier,
où
la
tuberculose
fait
figure jusqu'en 1916 de tabou légal, comment ne susciteraitil
pas
chez
l'ironiste,
considérant
avec
perplexité
cette
rage de bienfaisance, un désabusement tout voisin du mépris:
"Il
y a,
note Jules Renard, plus
que d'enfants" (2$)...
d ’Oeuvres pour
l ’enfance
Car la cause la plus humble, la plus mince, la plus atomique,
pourvu
qu’elle
ait
la
mine
philanthropique,
secrète
son
bureau, sa subvention, ses cocktails. On demande une Sévigné:
tant de grands noms pour de si petits sujets! Voyez "l'Hy
giène par
publique,
de
l’exemple",
"filiale"
l'hygiène sociale,
et
Poincaré
les
directeur de
des
Beaux-Arts,
plus
favorables
au
des
école
à
Eh bien,
l’installation
communale
membres
progrès
la Mission Rockefeller),
activité
rurale
du
preuves
supplémentaires
si
caractéristique?
Choisis
titre
munie
entre
quotidienne";
lavabo,
cette
dix,
millions
Voici
de membres
encore
la
ce
répartis
ligue
"Le
(30).
ampleur
voici
créée par le docteur Henri
groupement
les
humain
de
Veutvues
"Croisés
"sociétés d ’éco
leur hygiène
revendique
en quarante-et-un
terrain
d ’un
On apprend avec joie
s ’engageant à surveiller
incidemment,
le
d ’expérience,
d'un
de la santé et Croix-Rouge de la jeunesse",
liers et d ’écolières
(dixit
elle voue l’essentiel
"à
de
cabinet
fort soucieux de
que "les élèves se sont pliés à la discipline"
des
supérieur
social
et
vestiaire et d ’une salle de douches".
on
laïque
ministre de l'Instruction
l ’un
la santé des jeunes élèves.
(d ’) une
le saint patron
alors président du Conseil
et par André Honnorat,
publique
son
la Société de médecine
présidée par Emile Roux,
d ’hygiène,
de
de
et
pays
douze
(3flL).
la maladie"
Dufour, médecin des hôpitaux, directement sortie de l'univers
balzacien, à moins que ce ne fût d ’Arsène Gui Ilot, la nouvel
le de
Mérimée.
Ces
béats
la "tare héréditaire"
de
philanthropie
de "chaque famille",
vous
dépistent
vous la cernent
à grands coups d ’”interrogations méthodiques" et d'"enquêtes
attentives",
bilité,
pour
de "cartes de santé",
le
plus
grand
avec une extrême sensi
bonheur
de
l’espèce
humaine.
Sous son patronage est ouvert en 1929 un dispensaire d'hy
giène sociale "à type familial" dirigé par le docteur Paul
Viard,
médecin-chef de
la Fondation Nelly-Marty1.
Médecins
du dispensaire et infirmières deviennent médecins et infir
mières
des
familles,
qu’ils
s ’attachent
individuellement
en constituant pour chacune un "dossier de santé familiale
complété par les fiches individuelles, les fiches des spécia
listes,
les fiches sociales,
lités
de
ce
dispensaire,
etc.".
"C'est une des origina
s'enchante
la
Revue
d 'hyg iène,
que cette comptabilité clinique héréditaire et individuelle
constamment tenue à jour" (3t o ). N ’achevons pas ce tour d'hori
zon, nécessairement succint, sans citer une dernière circons
tance
de
aggravante
la
qui
bienfaisance.
a
Le
joué
son
manteau
rôle
de
dans
l ’émiettement
philanthropie
dont
se
parent ces hygiénistes de profession ouverte n ’est pas sans
couvrir
quelques
fois
des
ambitions
moins
saintes
( 33 )-
En témoigne parmi tant d'autres l'Union des Femmes de France
qui, répondant au cri de Louis Landouzy en faveur des "bles
sés de la tuberculose”, décidait de créer des colonies sani
taires
agricoles
pour
Pau,
les
Meudon
soldats
et
Oran
réformés
des
tuberculeux
dispensaires
et
organisait
à
anti-
vénériens.
Son congrès de 1924 était presque exclusivement
consacré aux questions d ’hygiène et d'assistance (3^). L'oeu
vre sociale était alors l'unique "chausse-pied" à la dispo
sition des élites
féminines...
Le pape,
demandait Staline?
Combien de divisions? - La santé? Combien de comités?
Peut-être sent-on de quel poids écrasant l'initiative privée
pèse en cet
après-guerre sur le secteur sanitaire et social.
Nombreux et anciens,
comme le révèle le répertoire de l'Of
fice central des Oeuvres publié en 1899, ces "Comités natio
naux,
associations
semi-officielles
qui,
en
collaboration
étroites avec les ministères, disposent d'une autorité recon
nue par l'administration départementale", véritable "arsenal",
formeront à partir de
la loi de 1916 sur les dispensaires
le noyau de l'armement sanitaire du pays,
gnies
des
Indes
orientales
de
sortes de Compa
la santé publique
(35").
La
lenteur avec laquelle les oeuvres publiques seront par contre
fondées fait un contraste sévère aux yeux de plus d'un hygié
niste. tels l'inspecteur général Dequidt (également directeur
et
éditorialiste
du
Mouvement
sanitaire.
l'organe
de
la
corporation),
ou Justin Godart, une huile du parti radical,
ministre du Travail et de l'Hygiène du Cartel
a bien
marqué
de
la part
des pouvoirs
(3 6 ) .
Si elle
publics une
prise
de conscience des besoins en matière d'équipements, la guerre
n ’a pas suffi, en effet, à provoquer une fois la paix revenue
la poursuite de l'effort d ’organisation de l'appareil sani
taire accompli durant
le conflit,
du reste au gré d ’impro
visations bénéfiques beaucoup plus que d'après un plan con
certé.
En
sorte
que
ces
champignons
de
nouvelles
ligues,
tirées en un moment de la poussière à la fin des hostilités,
demeurent sous l’emprise de cette double loi de l'incoordi
nation des initiatives et de l'économie privée.
En réalité,
comités
privés
autorité"
dont
"l'insignifiance des fonds apportés par certains
singulièrement
dément
cette
il est de bon ton,
Mouvement
sanitaire,
de
jaloux par ailleurs
"mystique
de
l'initiative
de
leur
privée
note ironiquement le directeur du
s ’inspirer".
Dans
un
rapport
au
syndicat des médecins de dispensaires présenté en juin 1931,
le docteur
Petit,
"établissant
le
bilan
d'une
dizaine
de
départements, montre que sur un budget de près de 3 millions
et demi
consacrés
tuberculeuse,
dans
110.000
ces départements
à
la
lutte anti
francs à peine représentent
l'effort
LL
1$ .
des
comités
privés”
(3y- ).
Jacques
Parisot,
de
son
côté,
se plaindra en 1933 de "l'impossibilité d'établir avec une
précision
même
approximative,
par
les oeuvres
non
seulement
privées
l’intrication,
provenant
de
l ’Etat,
financier
de bienfaisance
l ’absence
également
l’effort
de
documentation
dans
des
(...)
leurs
étant donné
suffisante,
ressources,
départements
consenti
et
de
communes,
mais
fonds
et
de
l’oeuvre elle-même" (3$). A la fin des années vingt, l'irri
tation
des
hygiénistes
"L'Anarchie
dans
le domaine
le docteur Petit,
comités
privés
de
fustiger
est
laissée
sance
des
parvient
telle est
dans
de
à
incroyable.
publique",
tonne
"la conséquence du régime des
des
antituberculeuse”.
personnalités
l ’initiative de cette
du
comble
la Santé
l’organisation
"l’incompétence
directives
un
ministère
lutte",
et
Et
auxquelles
leur "méconnais
du
comité
national
/de défense contre la tuberculose/ diversement interprétées
suivant
de
tirer
les
fantaisies
avantage
individuelles",
des vices
du
leur
système
art
en
somme
pour maintenir
et
accroître avant tout et aux dépens de tout leur puissance.
"Le
résultat,
c ’est
l'impossibilité
pour
ces
organismes
jaloux de leur autonomie et partisans des cloisons étanches,
de collaborer efficacement avec
giène" ( 3 $ ) .
les services publics d'hy
Cet état de choses n ’aura pas échappé,
l'imaginer,
Williams,
comme on peut bien
au regard d'aigle des Rockefeller medicine men.
le
directeur
de
la
Mission
à
Paris,
notait
en
décembre 1921 une "tendance à créer de nouvelles associations
à visée nationale",
sant
de
"groupes
tendance soulignée par le nombre crois
influents
extrêmement
intéressés
diverses phases du travail de propagande".
présageait-il,
une
par
les
"D’ici dix ans,
foule d'organismes de taille nationale,
ne coopérant que fort peu entre eux,
reproduiront
le même
type de situation qui a cours aujourd’hui aux Etats-Unis".
Si
c'est
ainsi,
nous
allons
droit
à
la
catastrophe,
fait remarquer son correspondant new-yorkais,
lui
car "la créa
tion d'une multitude de groupements, administratifs ou autres,
pour
diriger
l ’éducation
sanitaire
sur une
base nationale
ne serait rien moins qu'une calamité publique.
sanitaire constitue
L'éducation
la pièce maîtresse d'un programme réel
de santé publique en France. Le travail doit donc être entre
pris sous
la houlette d'un seul organisme,
de compétence.
volontiers
même"
($0).
à
doué du maximum
S ’il ne s ’agissait de la France,
cette
En
place
1924,
le
le
ministère
ministère
de
ayant
je verrais
l’Hygiène
disparu,
luil'idée
d'un organe de direction unique établi sur une base technique
continuait cependant à faire son chemin.
Justin Godart
en
reprit le schéma en présentant son projet d ’Office national
d'hygiène
services
sociale,
de
structure
l’Etat
dont
la
administrative
Fondation
parallèle
Rockefeller
aux
fournit
l’assise financière et conceptuelle.
Aux dires du ministre,
l’Office
forces
opérerait
la
synthèse
"s’adaptant aux conditions
des
hygiénistes
si diverses et si
en
complexes de
la lutte contre les divers fléaux sociaux".
"Par une action
coordinatrice
réaliserait
souple
et
persévérante",
il
en
outre "l’unité de front pour la lutte contre les maladies",
"conjuguant les efforts des diverses institutions nationales
spécialisées dans la protection de l ’enfance,
contre la tuberculose,
le taudis,
dans la lutte
les maladies vénériennes,
le cancer,
l'alcoolisme, dans l'hygiène mentale, etc.” (4$.).
Hélas! mène-t-on à la réalité par des songes?
Vers
Néanmoins,
à
l'Office.
D'ailleurs
les
la
1c
? sOz
r
x
/
±c
:e
s socisiX
hygiénistes
se
"coordination
prennent
s ’élabore
les milieux politiques
à
espérer.
Grâce
lentement"
(42).
font montre d ’un commen
cement d ’intérêt pour l’hygiène. Ainsi,
lors des municipales
de
1925,
certains
la lutte contre
bâti
partis
les
ont
fléaux sociaux.
de bric et de broc,
assez
incohérents,
inscrit
dont
dans
réunion
programme
Tout cela,
démagogique,
la
leur
fait de
ne
cependant,
"fragments,
saurait
constituer
une Politique Sanitaire” (43). Trois ans plus tard, à l'occa
sion de
la campagne électorale d'avril
1928,
derechef
"de
grands groupements d ’hygiène sociale, comme l ’Alliance natio
nale
pour
l ’accroissement
de
la Ligue contre l ’alcoolisme,
cations
derniers.
population
ont pu étaler
les
panneaux
des
candidats
avec
le visa
et
1'adhésion
sur
poli tiques,
la
La
Ligue
ses prétentions
pour
le
suffrage
sur des raisons
de
française,
leurs revenditoutes
nuances
intéressés
des
femmes
d ’hygiène"
ou
a
(44).
de
ces
appuyé
De
jour
en jour,**1 ’hygiène sociale s'élève à la hauteur d ’une concep
tion
de
salut
public”; l'essor
ne paraît
plus
pouvoir
se
ralentir. Il faut réaliser la synthèse des ligues. "Le Comité
national de défense contre la tuberculose, le Comité national
de l’enfance,
écrit
Paul
la Ligue nationale contre le péril
Strauss,
ont
nationale de la Mutualité,
à
s'entendre
avec
la
vénérien,
Fédération
avec l ’Assistance publique,
avec
la bienfaisance privée, avec les services nationaux, départe
mentaux,
locaux d ’hygiène"
timentage
administratif"
sanitaire
et
social,
(45).
qui
"Quel que soit
décidera
ajoute-t-il
(en
du
1929
sort
la
le compar
du
secteur-
formule
du
ministère de la Santé, reformé par Tardieu l ’année suivante,
est loin d'être arrêtée),
Seul
détail
à régler,
"l’élan est donné".
mais
épineux:
mettre
à
la
tête
de
cet élan "un seul organisme, le plus compétent possible"(46),
ne serait-ce point se résoudre ipso facto à exproprier bien
des situations acquises? Fouetter le dynamisme des uns vou
drait que l’on fût capable d'apaiser les aigreurs des autres.
Lucien
Viborel,
national
de
l ’organisateur
défense
contre
de
la
la propagande
tuberculose,
du Comité
venait
juste
d ’en faire l'amère expérience, qui s'était attiré l'inimitié
des
ligues,
timbre
ses voisines,
antituberculeux.
après
"Le
la belle
Comité
réussite
national
de
de son
l ’enfance,
notait Selskar Gunn en 1927 dans son log-book, qui n ’aVrien
accompli de réel, veut lui aussi son timbre" (47). Une seule
lumière
à
importunait
l’éteindre.
l’Office,
Afin
Jules
la
société
de calmer
Brisac,
devait
bienfaisante:
la zizanie,
se
on
cherchait
le directeur de
surpasser
journellement
dans son rôle de diplomate. Si l ’on désirait vraiment assem
bler la mosaïque des oeuvres et des
ligues,
à coup sûr la
composition du ciment restait encore à trouver!
Or l ’instrument d ’une synthèse semble sur le point d ’appa
raître,
à la faveur de la Quinzaine sociale
internationale
qui ouvre ses portes à Paris pendant 1 été 1928. Déjà deux
ans
auparavant,
au Grand Palais,
sanitaire
et
elle aussi,
cile
de
une
exposition
d'hygiène
sociale
à côté du Salon médical,
l'Office
national
réalisée
par le Mouvement
d ’hygiène
sociale
avait,
activement milité "pour une coordination diffi
toutes
les
oeuvres
d'hygiène
sociale".
"Au
cours
de l ’été 1928, note Strauss, toutes les forces du bien public
se sont rencontrées et ont coopéré à la Quinzaine sociale
internationale".
Toutes
les
forces du bien
public
se sont
rencontrées autour d'un même mot d'ordre: le service social.
Sous la présidence de Strauss, et sous l’autorité de Sellier,
secrétaire
général
de
la Quinzaine,
aidés
d ’un
comité
où
l ’on retrouve Albert Thomas, alors directeur du Bureau inter
national
du
Travail
Henri Rollet,
à
Genève,
René
Sand,
Edouard
Fuster,
la Quinzaine recevait 5000 participants venus
de 44 pays. Elle abritait divers colloques: congrès de l'habi
tation et de l ’aménagement des villes, de l ’assistance publi
que
et
privée,
de
l’enfance,
exposition
internationale
de
l'habitation et du progrès social. Sous la plume de Strauss,
toutes
"la
ces manifestations
pénétration
croissante
les manifestations
convergent
du
vers
service
sociologiques"
(48).
une
social
seule
dans
idée:
toutes
La première Confé
rence internationale du Service social - qui nous intéresse
ici plus particulièrement
- se déroula du 9 au 13 juillet
et
rassembla
2500
congressistes
compte rendu de ses travaux,
massés
salle
publié en 1928,
Pleyel.
Le
occupe trois
volumes, soit 2600 pages, édités grâce à des subsides améri
cains.
C ’est
social,
à
la
50ème
à Washington,
conférence
en 1923,
cipe de réunions mondiales
nationale
du
service
qu'avait été arrêté le prin
(49).
René Sand,
à cette époque
conseiller technique de la Ligue internationale des Sociétés
de Croix-Rouge,
s ’en était
fait aussitôt
l ’artisan au nom
de la nécessaire solidarité des nations évoluées en matière
d ’organisation et de coordination
au premier rang de celles-ci,
du service social
- et,
l'Amérique - avec les nations
retardataires (50). Né à Bruxelles le 30 janvier 1877, chargé
d ’un cours
d ’hygiène
pecteur du travail,
industrielle et professionnelle,
ins
il fondait en 1912 l ’Association belge
de médecine sociale et le Comité belge du service social.
En 1921,
il était nommé secrétaire général de la Ligue des
Sociétés de Croix-Rouge, que son promoteur, Henry P. Davison,
avait voulu
"l’âme d ’un mouvement mondial
la santé".
Conseiller
technique en
plus
secrétaire
général
tard,
de
1933,
la
de promotion de
puis,
section
quatre ans
de
la
santé
publiqu^u ministère de l'Intérieur et de la Santé (fonctions
qu'il
occupe une dizaine d ’années),
il participe également
aux travaux du Comité d ’hygiène de la Société des Nations.
En
1928,
et
de
grâce
plusieurs
à
l’aide
d'Albert
fondations,
il
Thomas,
organise
d ’Henry
la
Davison
première
des
Conférences internationale du service social, dont il prési
dera longtemps le Comité permanent (51).
La préparation de la conférence de Paris avait été confiée
à une commission composée des délégués de dix-sept nations.
Se.
auxquels
xalre.
étaient venus o 'ajouter ceux du BIT,
de la Ligue
des Sociétés de Croix-Rouge et de la Section d'hygiène de
la SDN.
On avait fixé une règle de base pour
la partici
pation de chaque pays, qui devait s'effectuer par l ’entremise
de Comités nationaux formés sur le modèle des comités améri
cain
ou
britannique.
huit
comités
A
avaient
été
Sand avec satisfaction,
professeurs,
d'oeuvres,
mières,
l'issue
de
créés,
la
Conférence,
"établissant,
soulignait
un lien permanent entre tous ceux-
publicistes,
fonctionnaires,
prêtres, médecins, magistrats,
assistantes
trente-
sociales
- qui
hommes
et
éducateurs,
font
preuve
femmes
infir
d'activité
sur le terrain social". Le Comité français, dont nous parleW î
rons tout à l ’heure, débute sa carrière quel quesv avant le
déroulement
budget,
du
congrès,
rappelle Juliette
démuni
Droz,
de
tout,
mais
siège
fort de
social
l'appui,
ou
que
l ’on devine désintéressé, des pouvoirs publics et de "l'adhé
sion sans réserve des travailleurs sociaux^
Les congressistes furent répartis en cinq sections: relations
entre
les
systèmes
services
et
publics
programmes
et
les
institutions
d'enseignement
du
service
privées,
social,
"case work", service social et industrie (présidée par Albert
Thomas),
réunion
hygiène
fut
(52).
bien
sûr
La grande affaire de cette première
de s'entendre
sur une
définition
du
service social. Pour la plus grande partie du congrès, c'était
"l’ensemble
provenant
des
de
efforts
visant
la misère,
à
à soulager
replacer
les
les
souffrances
individus
et
les
familles dans des conditions normales d'existence, à prévenir
les
fléaux
sociaux,
à
améliorer
les
conditions
sociales
et à élever le niveau d'existence, soit par le service social
des cas individuels,
nistrative de
soit par l ’action législative et admi
la collectivité,
les enquêtes sociales"
soit par
les recherches
et
(53). Dire que cette théorie souleva
l'enthousiasme de nos hygiénistes serait excessif. Le direc
teur du Mouvement sanitaire ne cachait pas q u ’il lui trouvait
un petit air vague et imprécis (54).
de
l’approuver.
médecins
en
Paul
déclarant
Strauss
que
On ne peut s ’empêcher
pouvait-il
"la
nouvelle
tranquilliser
méthode,
nos
importée
des Etats-unis (...) peut être ramenée à son but essentiel,
c ’est-à-dire à la prévention de la misère physique,
qii i(
économique.
Mlle
cet objet. qui
les
visées
de
morale,
ie,
Delagrangeya
se confond.
la médecine
très
justement
insisté
sur
dans une certaine mesure,
avec
allant
plus
préventive
tout
en
loi
Jul iette
Delagrange
et
les
un
tantinet
ne
assistantes.
agacées
péché mignon,
doit
pas
non
moins
par
cet
tromper:
que
abus
les
des
les
infirmières
médecins,
vues
étaient
synthétiques.
il est vrai , de cette sorte de meeting (56).
Les hygiénistes auraient préféré une définition plus struc
turée
par
proposait
disait-il,
l’idée
le
préventive
docteur
est
une
Pierre
et
médicale,
Joannon:
utilisation
comme
"Le
celle
service
judicieuse
et
que
social,
dévouée
de
moyens préventifs et curatifs de lutte contre un grand nombre
de maux sociaux,
social"
(57).
ces moyens de lutte constituant l ’armement
Polarisée
au sens large (58),
par
le principe
sanitaire compris
"l’intime connexité de toutes les insti
tutions et de toutes les oeuvres d ’altruisme",
Paul
Strauss
rigueur
(59),
permettrait
seule
de
comme disait
déterminer
avec
les rôles respectifs des agents du service social,
et en premier lieu celui des infirmières et des assistantes.
Pour
le mouvement
sanitaire,
ce
remaniement
des
fonctions
et des rapports entre médecins,
infirmières et assistantes
sociales
définition
formait
l ’enjeu
de
la
du
service
so
cial (60).
Synthèse
d ’oeuvres
nécessairement
et
d ’idées,
conduire
catégories de visiteuses,
à
le
service
l ’uniformisation
à leur unification
social
des
devait
diverses
de même q u ’à
la fusion des infirmières et des assistantes sociales anté-
rieureraent charqées de missions exactement parallèles. L'his
toire
du
service
social
se
profess ionna1isat ion des
sanitaire"
sans
confond
en
partie
avec
"cadres et des soldats de
lesquels
"l’état-major
des
cette
l'armée
savants
et des
médecins" demeurerait, impuissant. (61). C'est en somme 1 ’autre
face
de
la
"coordination"
A
la
coordination
externe
de
toutes les forces hygiénistes doit correspondre une coordi
nation à l’intérieur même de l ’organisation du travail des
services sociaux.
et
sociales
La "planification" des actions sanitaires
appelle
comme
fayolien des dispensaires,
mant ce processus,
cite,
naturellement
des services,
Hazemann,
un
des équipes.
était
le
ou religieuses,
intermédiaire",
cière".
fait
de
Résu
chez qui tout ceci est expli
notait q u ’après un "début indifférencié",
sociale
redressement
"personnes
charitables,
omnival entes", on était
caractérisé par une
où l ’action
laïques
passé à un
"stade
"spécialisation outran-
avant d ’"aboutir actuellement à 1 ’omnivalence fonc
tionnelle" de l ’assistante de secteur (62;.
Pour
comprendre
cette
évolution,
i1 nous
peu en arrière.
et nous arrêter
un
dispensaire.
même
Malvoz
En
temps
que
faut
instant
à
revenir
sur
Liège,
un
l’idée du
Cal met te
définissait le dispensaire antituberculeux comme "un instru
ment médical populaire".
C ’était en 1899,
devant la Commis
sion permanente de préservation de la tuberculose.
Il avait
appelé les pouvoirs publics à créer dans chaque ville indus
trielle
de
semblables
organismes,
afin
de
distribuer
les
secours à domicile et répandre l'éducation hygiénique parmi
les
tuberculeux
à l'assistance,
son
esprit,
de
l'hygiène
indigents.
au
dépistage,
au
triage,
le dispensaire était conçu avant tout,
comme
devant
pour
la
servir
famille
de tout le dispositif,
et Malvoz,
Voué
à
"l'éducation
ouvrière".
Pièce
dans
pratique
maîtresse
le moniteur d ’hygiène, selon Calmette
devait appartenir à la même classe sociale que
les malades,
être
un
"homme
du
peuple",
ce qui,
commente
Henri Sellier, "en favorisant l ’établissement d'une véritable
camaraderie entre le malade et le visiteur,
lièrement
té”
la
(63).
tâche
Jules
dispensaire
de
celui-ci
Courmont,
lyonnais
lui
des
et
renforce
aussi,
enquêteurs
facilite singu
son
employait
ouvriers.
efficaci
dans
Dans
son
cette
"hygiène du peuple, par le peuple et pour le peuple", social
s'accordait avec populaire.
Succédant à Calmette,
chir
notablement
Bourgeois,
toire
la formule solidariste allait inflé
l'idée
initiale.
Dans
l'esprit
de
Léon
le dispensaire avait à remplir un rôle d'observa
social
164).
"Rechercher,
était la devise de Calmette.
attirer,
retenir":
telle
Le solidarisme corrige le mot
d'ordre:
"connaître,
Edouard Fuster en
assainir,
1914,
assister,
mettant ainsi
éduquer”, proclame
J0C(O-
l'impératif oe ionti
‘p\ dLtfKte
4-iqno au
premier
rang des
tif (6b j. Dans celui-ci,
plus
sa place.
en 1913,
fonctions du dispositif
le moniteur-fils du peuple n'avait
Hésitant.
Léon Bernard
à la formule de Calmette;
Léon-Bourgeois
à
Laënnec,
s'en
tenait encore,
tandis que dès le début
de la guerre Mme de Ganay et Küss,
saire
préven
médecin-chef du dispen
tout
comme
Mlle
Chaptal
à Plaisance et à la Vil lotte, entendaient bien, eux, rempla
cer
les
lisées,
dans
visiteurs
familles
médicales”, de
(66).
ordonnaient
les
par
des
"infirmières
spécia
vraies "missionnaires d ’hygiène" chargées d ’"assurer
les
moraux
ouvriers
pauvres
surveiller
l ’exécution
aussi
Au dispensaire
la
désinfection
questionnaires
visaient encore
passés
des
leurs moyens
Léon-Bourgeois,
des
prescriptions
des
et
les visiteuses
logements,
au domicile
matériels
dépouillaient
malades,
l ’établissement du casier sanitaire,
super
toutes
tâches exigeant naturellement un minimum de technicité (67).
Enfin,
à Vanves.
en 1919,
le moniteur ouvrier n'était plus
que "l’auxiliaire utile de la visiteuse et de l ’hygiéniste
professionnel” (68).
Processus fatal/ Peut-être; en tout cas processus grandement
accé1éré par la guerre.
Inaugurés avec la méthode Calmette,
les
comités
taires
départementaux
tuberculeux
furent
d'assistance
aux
anciens
progressivement amenés,
mili
rappelait
Léon Bernard en 3929. fï rechercher- "l'emploi de compétences,
se pourvoyant de visiteuses d'hygiène instruites", d'ailleurs
non
sans
difficultés.
avaient eu toutes
Les
hôpitaux
militaires
les peines du monde à recruter un nombre
suffisant d'infirmières. Au début des hostilités,
taires
ne
s'étaient
jouissant
eux-mêmes
inscrites
d ’aucune
en
masse.
reconnaissance
Mais,
sociale
les volon
leur
fonction
(selon
Abel
Hovelacque. qui le déclare en -ju-i-n 1917 à l ’un des directeurs
de
la Fondation Rockefeller),
être aux yeux de ces
préambule
ces dévouements ne pouvaient
femmes que temporaires,
à un carrière
professionnelle,
il
nullement
semblait
le
même
"presque impossible” (toujours d'après la même source) d ’ame
ner un nombre satisfaisant de femmes à suivre des formations
de visiteuses. Pourtant la campagne antituberculeuse mettait
en exergue "le rôle vital de la visiteuse d'hygiène". Aussi,
bien que novice en la matière,
pied,
avec
sous l ’égide de Miss Crowell,
L’aide de Mlle Chaptal
spéciaux,
desquels
d ’hygiène
françaises"
des
la Rockefeller mit-elle sur-
dispensaires
sortit
à Bordeaux et à Paris,
et de Mme de Ganay,
des cours
"Le premier noyau des visiteuses
- et,
avec elles,
"le service social
ant itubercu1eux”. Arrachées
de
la
sorte
à
l ’inertie des autorités par la guerre et par les Américains
naissaient
celles
que
l'on
appelait
encore,
en
1927.
des
"véritables soeurs de charité laïques", entre un monde éteint
celui
du
moniteur-homme
s ’éteindre,
celui
spécialisé à outrance.
du
d'un
peuple,
et
un
service
social
on
fcra4
traa-n
incoordonné
et
Car on n'allait pas tarder à s'aper
cevoir que ce "premier essai de synthèse",
mann,
monde
comme dit Haze-
avait "lui-même un grand défaut: celui de faire défi
ler plusieurs têtes différentes dans une même famille,
dans
le but d ’accorder des secours qui ne sont pas toujours dif
férents" (69 ).
Dès 1928, et plus sûrement encore à partir de 1932, se fait
de plus en plus sentir la nécessité de coordonner les diffé
rentes
interventions du service social,
supportées
laire,
par
les
familles
(70).
plus ou moins bien
Ministre du Front popu
Henri Sellier va s ’atteler pour de bon à la "fusion"
des
infirmières-visiteuses
et
que,
écrit-il en août 1936,
"le Service social puisse avoir
un caractère polyvalent"f.
des
assistantes,
en
sorte
En Sellier se résume deux décen
nies d ’une obstination jamais découragée, de prudentes bagar
res,
de
fulgurantes
garde hygiéniste.
Suresnes
(Sellier)
idées,
- Vanves
et
Vitry
au
moyen
(Lafosse),
(Hazemann
desquelles
l ’Hérault
soi-même),
l ’avant(Aublant),
- avait
"posé,
développé,
résolu"
le problème
de
l ’action
sociale
"avec la formule de l ’Assistante omnivalente de secteur”(72).
Professionnelle, instruite, et cependant toujours ’’mi 1itante”,
l’assistante
polyvalente
entérine
le
phénomène
dominateur
de l ’hygiène dans la conception française du service social.
Tout£ 1'idée française ne tourne-t-elle pas autour du "bureau
d'hygiène,
centre
directeur
ne demeure-t-il pas,
sanitaire,
sous
son
du
système"?
l ’hygiéniste
dans l'esprit des leaders du mouvement
le chef du service social,
autorité,
Et
son
rôle
d'"agent
l'assistante
de
liaison",
jouant,
terme
même par lequel Léon Bourgeois avait défini en 1914 le dis
pensaire (73)?
Du reste entre
la pensée du service social et la doctrine
hygiéniste existe une parenté profonde,
de
l ’omniprésence de
qui
l’idée coordinatrice,
tient au fait
cadre
intellec
tuel qui permet à l'hygiène de déterminer entre la politique
sanitaire et le service social une économie d ’ensemble dont
elle propose la règle.
de coordination
d ’en souligner
outil,
non
L ’importance politique de la notion
apparaîtra.
Contentons-nous
le caractère global,
seulement
de
la
fusion
pour
le moment
synthétique,
véritable
des
diverses
fonctions
du service social, mais encore de l'intégration de ce dernier
et de l'hygiène en une conception unique. Ainsi
à Londres,
en juillet 1936,
Sellier et Hazemann substituent-i 1s à une
hygiène "cadavérique", découpant la santé en tranches (habi
tat, alimentation, maladies contagieuses, etc.), un "concept
physiologique,
la
vivant”,
collectivité,
"entité"
n ’est
embrassant
l'individu et
autre
bien
en
sa
entendu
une
seule
famille.
que
le
"entité”
Cette unique
service
social,
qui "matérialise l ’effort social complet exercé par la col
lectivité
la
en
tant
polyvalence
et même pensée.
de
que
telle".
L'intégration
l'assistante, tout
des
ressortd'une
L'"intime connexité de
toutes
oeuvres,
seule
les oeuvres
d ’altruisme", chère à Paul Strauss, sous la plume du ministre
et
de
son
conseiller
s ’est métamorphosée
en
"un concept
d'ordre et de coordination" (74). Les faiblesses de la chari
té
tournées
en
rehaussement de
stature:
voilà
le
social,
constitué en un ordre à trois niveaux, scientifique, adminis
tratif, professionnel.
Le 6 juin 1936,
tère envisage
Sellier déclare à la radio que son minis
le développement du service social,
réalisé, dit-il,
qui sera
"par l’adaptation à notre pays des méthodes
que l'Amérique nous a enseignées,
et dont les ouvriers sué
dois et danois au pouvoir ont tiré un si admirable parti"(75)
Voilà
chef
les camarades
du
cabinet
prévenus.
technique,
Pendant ce
précise,
pour
de l'hygiène, certains points essentiels.
temps,
Hazemann,
i
d
o JS
les -teOTnieiens
”La
l:><îS(;
Le
ministre,
collaboration,
1
d e
dit-il,
'action
est
tout
r
sc
o
c
;: i a
disposé
à
1 c?”
collaborer
avec
les oeuvres et les ligues privées. A trois conditions, cepen
dant:
"qu’elles aient un programme précis, poursuivi à l'ex
clusion
que
de
tout
ce programme
prosélytisme
soit
intégré
politique
dans
ou
confessionnel”;
un plan
appartient aux pouvoirs publics d'établir;
général
enfin,
qu'il
que pour
le réaliser elles fassent un effort financier propre,
justi
fiant les subventions de l'Etat ou des collectivités publi
ques.
Dans un but de coordination,
ajoutait-il,
leur action
devra s'exercer dans le cadre territorial qui leur est assi
gné (76).
Huit ans auparavant,
dans le Service social muni-
cipa1, il avait expliqué q u ’il en allait des oeuvres privées
comme
des
transports
prétendre aujourd’hui
en
commun:
(77)...
de
Rockefeller'
Fondation
règles que
Monté en graine,
s ’apprêtait
les Américains s ’étaient
à faire accepter par
ne
pouvait
plus
"exploiter à sa guise sa petite ligne
privée d'autobus"
la
personne
les comités
l'ancien
à
fe 11ow
appliquer
les
ingéniés dans le passé
départementaux d ’hygiène.
par les conseils généraux, voire par le ministre.
le
Ses amis hygiénistes,
Le,- directeur
inutile de le dire, étaient aux anges!
du Mouvement
tique, si sec, si amer,
tion,
de
écrivait-il,
la
charte
syndicats,
et
fonctionnaires
sanitaire, d'ordinaire
jubilait,
triomphait.
médicale
repose
telle
sur
qu'elle
L'action
sanitaires"
(78).
est
lui
plus parfaite que
il,
à
Après
direction
des
des médecins
combien
La beauté de la nou
avec
une
évidence
"Elle substitue,
efforts dispersés et
finances
Notons,
les
des plus cruelles couleuvres,
la vérité.
avoir
par
nourri,
publiques
et de commandement,
rendement."
définie
été
apparaissait
l’anarchie des
gaspillage
"Cette concep
directrice
savoureux lui semblait un tel réveil!
doctrine
caus
s'harmonise parfaitement avec le respect
durant tant d'années,
velle
si
et
d'ailleurs,
et
encore
poursuivait-
incohérents,
l ’unité
de
la notion primordiale
du
que
privées,
au
le décret
du
28
août
1936, consacrant la fusion en un seul organisme de l ’ancien
comité
de
perfectionnement
des
écoles
d'infirmières
et du
comité de perfectionnement des écoles d'assistantes sociales,
partait du souci analogue "d’éviter un véritable gaspillage
d ’argent
et d ’efforts dans un domaine où
que
initiatives
les
maximum
derrière
de
rendement"
eux une
publiques
(.79).
et
privées
Pai'venus
Longue expérience
il est désirable
au
des
aboutissent
pouvoir
choses
en
au
ayant
sanitaires.
grâce
à
laquelle
plans
mûris,
leurs
remâchés,
doctrine cohérente,
ties.
de
choix
avaient
Mazemann
homogène,
et
été
formés
Sellier
dont
déploient
qui est
la leur.
pour eux,
déclare
se
service
le
tels sont,
les deux axiomes de base de toute politique sani
taire et sociale
taire,
la théorie
En d'autres termes,
minimum d'intervention et le maximum de contrat,
(80).
borner
à
Sellier
au
l'organisation
social."
L'intervention
(81).
de
Mouvement
sanitaire,
la prophylaxie
publique
n'est
des
médecins,
"il
ne
et
du
justifiée
le cadre des lois d ’assistance;
fonctionnarisation
être question"
"Le rôle de l’Etat en matière sani
d ’emblée
à son avis que dans
la
une
coordonnée en toutes ses par
le rôle en hygiène résulte de
du service social
à
leurs
Nos deux appliqués travailleurs ont une certaine idée
l'Etat.,
doit
et
quant
saurait
en
Sans doute cette dernière déclaration
s'imposait-elle à une époque où la création des assurances
sociales
avait été
tempêtes
qui «wt
Alt
la cause de
agité
l'une des plus formidables
la corporation médicale
française.
Mais la tactique n'explique pas tout.
Car le Front populaire, on l'a vu, n ’a jamais eu l'intention
d'abandonner ses projets planificateurs en matière de santé
publique.
avec
la
Mais,
liberté
précisément.
de
comment
la profession
concilier
médicale?
ces
plans
Comment
faire
ami-ami
avec des syndicats médicaux récalcitrants et mettre
en oeuvre simultanément le nec plus ultra de la pensée hygié
niste:
nous vouions dire la santé publique obéissant à une
direction
et
à
un
commandement
uniques?
Cause
ardue,
que
Hazemann se déclarait prêt à épouser et à servir,
/Wiit
la méthode Parisot. V A 1Ions donc! Folie! Utopie!
muni de
Sûrement
lui-même
l'a
pas,
car,
"réalisée
en
répondait-i1,
son
Meurthe-et-Moselle
inventeur
depuis
Utopie?
plusieurs
an
nées" (82). Quelle était donc cette panacée?
Tout miel dans son discours public, en privé Parisot n ’était
pas
tendre pour
les
ligues
sanitaires.
Plein d ’un
"dédain
très apparent pour les médiocrités", comme dit Robert Debré,
le seigneur de Lorraine ne mâchait pas ses mots (83). Ainsi,
un
jour de
1929,
exposait-il
parisien de la Rockefeller,
à Richard
Taylor,
du bureau
"la futilité des nombreux orga
nismes semi-publics qui agissent dans les difféi'ents domaines
de
l’hygiène".
"se montrait
de
l ’enfance,
Taylor
sévère
note
dans
son
journal
que
Parisot
dans ses critiques du Comité national
et q u ’il n ’épargnait pas non plus
le Comité
national de défense contre la tuberculose ou l ’Office natio
nal d ’hygiène sociale.
Ces derniers organismes avaient sans
doute,
rendu
lui,
tout au début,
d ’utiles
services
mais,
selon
le temps était maintenant venu pour l ’Etat, de consti-
tuer sous son autorité directe un service technique compétent
pour tous
les aspects de la santé publique et de l'hygiène
sociale” (84).
cialisées.
action
Surtout,
l'éparpillement des opérations spé
"monovalentes",
concertée,
protection
de
devait
polyvalente,
la
santé"
(85).
céder
la
place
globale,
en
faveur
Le
progrès,
à
"une
de
la
affirmait-i1,
a rendu les moyens de l'action sociale si nombreux que leur
mise en oeuvre s'avère de jour à autre plus "délicate sinon
plus complexe". De là la "technicité de plus en plus grande"
du
service
social,
ce
dont
témoignent
tant
des Comités nationaux de service social
internationales
(.86).
Cette évolution
la
formation
que les rencontres
de
réclamant une coordination plus poussée,
l'action
comme
sociale,
la création
en France des assurances sociales, mettait en évidence "l'im
périeuse
la
nécessité
bienfaisance
Institutions
a
’une
privée,
collaboration
l'organisation
d'assurances".
l'image de celui
entre
Un
"vaste
q u ’avait organisé
l ’assistance,
d'hygiène
service
et
les
social",
à
la Caisse interdéparte
mentale de Seine et Seine-et-Oise, ou bien encore une "vaste
organisation",
du
genre
que
lui-même
avait
créé
en
1919
en Lorraine, répondaient à ces exigences (87).
On ne résume pas en quelques mots l'oeuvre de Jacques Parisot
Oeuvre privée, et néanmoins organisme départemental officiel.
l'Office d'hygiène sociale de Meurthe-et-Moselle rassemblait
l’Institut
régional
d ’hygiène
(dirigé
par
lui-même),
les
services techniques sanitaires du département (laboratoires,
services
épidémiologiques,
et de médecine préventive
etc.)
et
la
chaire
d ’Hygiène
(dont il sera titulaire à partir
de 1926). D ’abord voué à la lutte antituberculeuse,
l ’Office
élargit progressivement son action, dès 1922-23, à l’ensemble
des
"maladies
sociales".
L ’organisation
technique,
mais
aussi la coordination générale étaient du ressort d ’un con
seil
d ’administration
général,
de
la Faculté
Nancy,
des
la
composé des représentants
municipalité
de médecine,
de
de
Nancy,
de
secours
rectorat
la Commission
des bureaux de bienfaisance,
sociétés
du
mutuels,
du Conseil
des
et
de
hospices de
des syndicats médicaux,
des
assurances
sociales,
de la Chambre de commerce et des services d ’hygiène de l'Of
fice. Technique,
administrative,
y obéissait donc à un
financière,
"unité de méthode,
la coordination
de direction et
d ’action”, le lien entre tous les éléments du terrain étant
assuré
par
L ’Office
le service
présentait
social
donc
une
et
ses
"agents
"coordination
de
liaison".
générale"
de
toutes des interventions, dont le groupement "étroit" formait
un "bloc".
Ne cherchons pas ailleurs qu’en ce dernier trait
la cause de son extraordinaire notoriété,
loin de se limiter à nos frontières (88).
qui fut du reste
Bien
entendu,
avec
Parisot
il
faut
toujours
creuser
sous
la surface. Derrière la finalité technique, son organisation
cache une signification plus politique.
Par la "coaptation”
de trois "forces": l'hôpital. l'Office d'hygiène, la Faculté,
Parisot réalisait l'encerclement du corps médical, contraint
sans heurts à collaborer à l'oeuvre de santé publique. L ’"en
tente" ainsi concrétisée fut d'ailleurs scellée par un "con
trat
tripartite"
-
le premier
et
seul
en France
à cette
époque (décembre 1930) comme le souligne son auteur - asso
ciant à l'Office les syndicats médicaux et l'Union départe
mentale
des
caisses
d'assurances
collaboration”, composé
gnaient
des
de
ces
fonctionnaires
sociales.
éléments
sanitaires
Un
"Comité
auxquels
du
se
de
joi
département
et
des membres des services techniques de l'Office, était chargé
de mettre en oeuvre la tâche commune en "unifiant les efforts
suivant un plan méthodiquement conçu", cependant qu ’un Office
central
trouvait
des oeuvres
dans
les
d ’entr'aide
locaux de
sociale,
l ’Institut
dont
le siège
d'hygiène,
se
reliait
entre elles les oeuvres de bienfaisance encore isolées pour
en "orienter, éclairer, coordonner l'action" (89).
Selon Hazemann,
pour
Henri
"l'exemple
Sellier
dans
lorrain"
ses
fut un modèle constant
rapports
avec
la
profession
médicale (90). Quant au premier,
lui aussi inspiré par celui
qu'il regardait comme "l'homme d ’Etat de la médecine"
(91),
il préconisait dès 1933 de couvrir le pays d'une "pyramide"
de Comités de collaboration à la Parisot, au niveau de l’ar
rondissement,
du canton, du département, ce qui permettrait,
disait-il, de "faire rendre le maximum aux oeuvres publiques
ou privées,
avec le minimum de règlementation et de réforme
administrative - pour peu que ces Comités puissent exercer
un
contrôle
subventions
officieux
sur
publiques".
l’attribution
Déjà
il
avait
et
plaidé
l ’emploi
en
ce
des
sens,
en juin 1928, dans une communication présentée à l'Académie
de médecine (92).
Les raisons de leur attirance à tous deux pour la doctrine
de
Parisot
elles par
se
laissent
facilement
deviner.
les
ligues et
de même dans cadre pleinement
C ’est là, nous semble-t-il.
les oeuvres demeurent tout
libres de
leurs mouvements.
le sens de cette "collaboration
librement consentie" dont se réclame Hazemann,
"un
entre
leur commune attache comptable et technique avec
l ’administration,
bien
Soudées
jour
remplacer
totalement
la
qui pourrait
législation"
(93).
Voilà qui convenait également un à Sellier aucunement tenté
par les sirènes de l'étatisation.
de l'étatisme en médecine,
"Je ne suis pas partisan
déclarait-il en 1936 au banquet
du Congrès
des
syndicats
médicaux,
hostile au
fonctionnarisme médical"
la bureaucratie : Sellier
ministre
et
je
(94).
se
suis
résolument
L ’autonomie,
souvenait
pas
de Sellier
coopérateur. Et de Sellier syndicaliste.
Car.
fait
en France,
les
notable,
le
syndicalisme,
avant
dans le domaine de la santé,
leaders
du
mouvement
sanitaire,
l'Etat,
a pris
et en liaison avec
les
orientations
seront celles de Sellier et d'Hazemann en juin 1936.
1930,
en effet,
général
un
qui
Début
la CGT avait créé auprès de son secrétaire
"Comité
technique
consultatif
d'assurances
so
ciales et de santé publique". Composé de Jouhaux, de Strauss,
de Godart
(deux
anciens
ministres
de
l ’Hygiène),
de
Léon
Bernard, de Louis Spillmann (l'alter ego de Parisot à Nancy),
de
Parisot
d'"établir
prévention"
lui-même.
des
etc.,
directives
et de "formuler
ce
Comité
générales
avait
pour
d ’organisation
pour
(95).
la
les ser
les oeuvres privées et le corps médical,
la création et
social"
de
les principes de collaboration
à établir entre les Caisses d 'Assurances sociales,
vices hospitaliers,
mission
l’utilisation d'un outillage sanitaire
Le syndicat entendait travailler à "l'organi
sation rationnelle de la protection sanitaire dans le cadre
des Assurances",
lants,
remarquait
en lieu et place des gouvernements défail
le Mouvement sanitaire qui
"applaudissait
5,■ a / f f a ' â h H ' - J -
sans
réserve”
commence
(96).
Sellier,
par s ’inspirer des
1ui,\/appl ique. Ministre,
techniques administratives
il
des
Comités nationaux pour la gestion des subventions destinées
aux oeuvres; et, pour répartir entre celles-ci les subsides,
il crée des "Comités de coordination". "Ces Comités, explique
Hazemann,
constituent une sorte de Chambre corporative des
Oeuvres et Services, dont tous les membres peuvent s ’adresser
directement à une
"section permanente"
trôler la destinée des demandes,
mutuel
et
local"
(97).
s'ils désirent con
ce qui assure un contrôle
N'est-elle
pas
remarquable,
cette
continuité doctrinale entre la CGT et Sellier? Remarquable,
mais nuilement surprenante.
socialiste
goût
très
manifestent
vif
juxtaposition
d'organes
l’action
devient
sont
pour
aux
la
tendances
De
du
"la pensée du
Et
pour
un
la
gouvernement
s'écrier
telles
le parti
guerres
expérimentale",
nos hygiénistes.
que,
par
Politique
déclarations
ne
l'idée du service
dans la pensée de l ’hygiène avec les
corporatistes
aux experts.
l'entre-deux
Fuster
sociale,
de_la vie" (98).
converge ainsi
le syndicat,
démocratiques
Ecoutons
l'assistante
enfin
dans
"politique
organes
pas rares chez
social
tous
techniques.
de
L ’hygiène,
du
mouvement
ouvrier,
si
propices
Aii retour de
de
service
la Conférence de Londres,
social,
créé
en
1927,
le Comité
tenait
au
français
ministère
de
la Santé publique une réunion dont le but était de
lancer
les
Franc
premières
Journées
nationales
projetées
depuis
fort (1932).
La
séance
avait
débuté
quand
le ministre,
Henri
Sellier,
entrait à 1’improviste. Il s'assit dans le fauteuil du prési
dent,
prit
tout
rapidement connaissance
aussitôt.,
arrêtait
de l'ordre
le calendrier
auraient
lieu dans
de 1937.
Les élites rassemblées dans
il,
formaient
même,
le cadre de
des
du
jour et,
Journées:
l'Exposition
elles
internationale
le Comité,
déclarait-
l'une des forces essentielles du pays.
commente Juliette
Droz,
par
la création des
"Lui-
Comités
de coordination sanitaire et sociale et des Unions des Insti
tutions
privées,
a entrepris de capter cette
force,
de
la
discipliner, puis de l'employer au mieux." Le Comité français
l'aiderait
à
compléter
les
informations
indispensables
à
i'élaboration de la rèalementation.
Le Comité
venait
d ’administration.
de
réqulariser
fort
de
ses statuts. Son
quarante
membres,
était
conseil
présidé
fc
- abusus non_toi lit: usure - par Paul
Mme Edmond
Gillet.
Raoul
Pari sot se partageaient
Mlle
Hardouin,
publique,
Justin
du
Service
général
du
Conseil
Au secrétariat,
social
1a région parisienne,
Mme Getting,
Godant et Jacques
ia vice-présidence.
directrice
de Compensation de
secrétaire
Dautry.
Strauss.
de
la
Caisse
et Charles Voigt,
supérieur
de
remplaçaient Juliette Delagrange,
l'Assistance
décédée en août
1936. Enfin siégeaient au bureau Gilbert Bonvoisin, directeur
général du Comité central des congés payés,
l’abbé Viollet,
Hazemann et Marcel Martin.
Pour l'idée de "coordination", ces premières Journées natio
nales
(23-25 octobre
Maître-mot
postulat
l'exposé
"Evolution,
vice social
introductif
méthode,
en France".
cela marquait dans
Redressement
programme,
furent une manière d ’apothéose.
du rapport de Londres,
de
intitulé:
1937)
qui
ce devait être aussi
le
prononcé
et
coordination,
par
Parisot
avenir du Ser
Coordination, écrit Juliette Droz,
les esprito "le sens d ’un redressement".
avait
été
qu 'i1 n ’ava it. pas
1'oeuvre
eu
le
de
Sellier,
temps
dent
de mener
le
à son
devait être repris et poursuivi
par son successeur.
le radical-social iste Marc Rucart (99).
L'axe en était, lim
terme,
pide:
il prévoyait de généraliser à l'ensemble du pays l'or-
aanisation
de
Meurthe-et.-Mosel le.
"lini r
sans
absorber”.
U
recommandait
Parisot;
''repartir
méthodiquement
le
travail
entre le service social public et le service social privé",
demandait
Hazemann
tlOÜ).
A
trente
ans
d ’interva 11e,
ces
mots d ’ordre faisaient écho au souhait exprimé par Armaingaud,
le président-fondateur de la Ligue française contre la tuberl ’Alliance d'hygiène sociale:
"La
défense
sociale
contre
la
tuberculose
est
engagée
en
France, mais elle n'y est pas encore méthodiquement organisée
(...)
Cette
solidarité,
entre
la société
correspondance
libre d'une part,
publics d ’autre part,
rable" (101).
cette
l ’Etat et
nécessaires
les pouvoirs
n'existent pas encore au degré dési
4
4o.
(* )
N ous la is s o n s d e c ô t é d a n s c e t a r t i c l e
d i t e s d e l 'a s s i s t a n c e e t du s e r v i c e s o c ia l.
l ’é v o lu tio n
des
te c h n i q u e s
u
pro p rem e n t
(1) N î ’e x e m p ie d e R ic h a rd C a b o t q u i, lu i- m ê m e in s p ir é p a r C a l m e t t e , in v e n t e en
1904 l 'i n f i r m i è r e - v i s i t e u s e a u M a s s a c h u s s e ts G e n e ra l H o s p ita l d e B o sto n , M a rfa n
e t Mme N a g e o tte - W ilb o u c h e v itc h c r é e n t e n 1912 à l 'H ô p ita l d e s E n f a n ts - M a la d e s
le p r e m ie r s e r v i c e s o c ia l à l ’h ô p i t a l , im m é d ia te m e n t s u iv is p a r Mme G e ttin g
e t K uss à L a ë n n e c . C f. P .F . A r m a n d -D e liile . La M é d e c in e s o c i a l e d e p u is le d é b u t
du XXè s i è c l e . B u ll. A cad. m é d ., 141 (3 12 1 9 5 " ), 6 8 3 ; e t R. S a n d . T he A d v a n ce
t o S o c ia l M e d ic in e (L o n d re s : S ta p le P r e s s , 1 9 5 2 ). 5 2 1 .
i2 i A. B ru n o , C o n tr e la t u b e r c u l o s e . La m is sio n a m é r i c a i n e R o c k e f e l l e r e n F r a n c e
e t l ’e f f o r t f r a n ç a i s ( 1 9 1 " - 1 9 2 5 ) , P a r i s , t h è s e m é d e c in e (19251, 2 8 6 . P. G ra d v o h l.
L es P r e m iè re s a n n é e s d e l ’A s s o c ia ti o n d e s S u r i n t e n d a n t e s (1 9 1 “ - 1 9 3 9 ) , V ie s o c i a l e
(8 - 9 1 9 8 6 ), 3 “ 9 -4 5 3 . L. M u ra rd e t P. Z y lb e rm a n , L ’A u tr e g u e r r e (1 9 1 4 - 1 9 1 8 ;.
La s a n t é p u b liq u e e n F r a n c e s o u s l 'o e i l d e l ’ A m é riq u e , R e v u e h i s t o r i q u e . 5 6 0
( 1 0 - 1 2 1 9 8 6 ). 3 6 “ -9 8 .
(3) P. G ra d v o h l, lo c . c i t . . 3 9 2 -9 3 .
(4s j . D e la g r a n g e a p u d P. G ra d v o h l, i b i d . , 4 5 2 .
(5s C f. F. F u s t e r . p r é f a c e à R .H . H a z e m a n n , le S e r v ic e s o c i a l
é d i t i o n s du M o u v em e n t s a n i t a i r e , 1 9 2 8 ), XII c i - a p r è s : SSM .
m u n ic ip a l
(P a r is :
(6 ) C f. G.G. G ra n g e r . M éth o d o lo g ie é c o n o m iq u e (P a r is : PUF, 1 9 5 5 ), 3 2 2 , 3 “ 3 . 3 “ " .
i “ i R. S a n d , le S e r v ic e s o c i a l à t r a v e r s le m o n d e . A s s is ta n c e , p r é v o y a n c e , h y g iè n e
(P a r is : A rm an d C o lin , 1 9 3 1 ), 9 . MA la v é r i t é , a j o u t e S a n d . 1 e x p r e s s io n s e r v i c e
s o c ia l n 'e s t p a s t o u jo u r s a u s s i la r g e m e n t c o m p ris e ( . . . ) P o u r b e a u c o u p d 'a u t e u r s
f r a n ç a i s , le s s e r v i c e s s o c ia u x s o n t d e s o r g a n i s a t i o n s c o m p lé m e n ta ir e s q u i. s u r
la s u r f a c e d 'u n e a s s i s t a n c e s t é r é o t y p é e , s c u l p t e n t le s r a f f i n e m e n t s d 'u n e a c t i o n
i n d i v i d u a l i s é e ." C f. H a z e m a n n , SSM, 1 3 -4 .
(S) H a z e m a n n , SSM, s .
(9) Ib id .. 2 18 e t
1“ - 2 2
i l 0) GG. G ra n g e r , op. c i t . , 3 2 - ” 4.
i l l i C f. f
M u ra rd e t P. Z y lb e rm a n . La r a is o n s d e l ’e x p e r t , o u l 'h v g i è n e
s c i e n c e s o c i a l e a p p liq u é e . A rc h ^ e u ro p . d e S o c i o ., X X M . 1 (1 9 8 5 ;, 5 8 - 8 9 .
com m e
H 2 i R. S a n d . le S e r v ic e s o c i a l . . . (1 9 3 1 i, 2 29 e t 2 4 1 .
(13) Ib id ., 2 6 . Le
d e l'H y g iè n e ,
ja n v i e r 1920.
M in isti> o f H e a lth
de l'A s s i s t a n c e e t
c r é é à L o n d re s e n ju in 1 9 1 9 ; le
d e la P r é v o y a n c e s o c i a l e s c r é é à
<14) Le m i n i s t è r e s e r a re c o m p o s é p a r T a rd ie u e n m a rs
d e la S a n té p u b liq u e .
m in is tè re
P a r is e n
1930 s o u s le nom d e m i n is tè r e
i l 5 ) R. S a n d . le S e r v ic e s o c i a l . . . (1 9 3 1 ;, 2 4 0 .
(1 6 ) P. S t r a u s s , i b i d . , p r é f a c e . VU.
( I - ; A. F o n ta in e nom m é m e m b re du CA d e 1'.A llia n c e d 'h y g i è n e
d e Lyon e n ju in 1 9 1 4 . Bu ll . Ail , h y g . s o c . 35 ( ” -1 2 19141. 4 0 .
s o c ia le
au
c o n g rè s
i 18) P. S t r a u s s , ib id .
(1 9 ) Le M ouv e m e n t s a n i t a i r e
c i - a p r è s ; IMS , 6 1 9 2 3 , 4 6 3 . G. W eil, H i s t o i r e d u m o u v e
m e n t s o c i a l e n F r a n c e (1 8 5 2 - 1 9 2 4 ) (P a r is ; A lcari, 1 9 2 4 ). 3 è é d ., 3 9 2 . B u ll. Alt.
h y g .' s o c . 35 ( ” - 1 2 1 9 1 4 ), 25 scj^ A. B ru n o , D e p a r t m e n ta l O r g a n iz a tio n R e p o rt
1922, R o c k e f e l l e r F o u n d a ti o n
A rc h iv e s
c i-a p rè s :
RFA . R .G .1 .1 ., s é r i e 50 0
T. b o î t e 3 2 , c h e m is e 2 ” 5.
(2 0 ) P. S t r a u s s , P o u r la v ie e t p o u r la s a n t é (P a r is ; J . T a i l l a n d i e r , 1 9 2 9 ), 2 3 0 , 2 3 2 .
Fit p r é f a c e à S a n d , le S e r v ic e s o c i a l . .. (1 9 3 1 ). M L P. S t r a u s s , a p p e lé p a r A .Tho
m as à la p r é s i d e n c e d u C o m ité du t r a v a i l fé m in in , y r e n c o n t r e J . D e la g ra n g e
q u e . m i n i s t r e d e l ’H v g iè n e , il f e r a v e n i r a u p r è s d e lu i e n 1924 à la d i r e c t i o n
du B u re a u c e n t r a l d e s i n f i r m i è r e s i c f . A s s o c ia ti o n d e s T r a v a i l l e u s e s s o c i a l e s .
D ans le s o u v e n ir d e J u l i e t t e D e la g r a n g e (1 9 1 ~ - 1 9 3 6 ), o c t o b r e 1 9 3 6 . L es a u t e u r s
r e m e r c i e n t a m ic a le m e n t P. G ra d v o h l d e l e u r a v o i r f a i t c o n n a î t r e c e t t e i n s t r u c
ti v e p l a q u e t t e ) .
( 2 ! ; MS " 192*. 3 9 2 .
<22'i Bu ll. -Ml. h y g . s o c . “ - 9 1 9 13, 24.
»23) L. L a n d o u z v . Le R ô le d e s f a c t e u r s s o c ia u x d a n s l ’é t i o l o g i e d e la t u b e r c u l o s e ;
le s m o y e n s d e d é f e n s e s o c i a l e c o n t r e la t u b e r c u l o s e , R ev , d e la tu b . ( " - * 1 9 1 2 ),
44. Et B u ll. A il, h y g . s o c . 35 ( " - 1 2 1 9 1 4 ), 3.
•24) T u i'p in . E lo g e d e B e n ja m in
P o u r la v i e . . . (1 9 2 9 ), 2 4 6 .
W e il-H a llé ,
B u ll.
A cad,
m éd.
<6 5
1 9 5 8 ).
P.
S tr a u s s ,
(2 5 ) P. S t r a u s s , ib id .
(26) L. M u ra rd e t P. Z i lb e r m a n , L’ A u tre g u e r r e . . . , lo c . c i t . . 3 8 2 . A. V e rn e . B ull.
A il, h y g . s o c . 35 i " - 1 2 1 9 1 4 ). 5. M. S a r r a z - B o u m e t , La L u t t e c o n t r e l e s g ra n d s
f lé a u x s o c ia u x ( t u b e r c u l o s e , s y p h ilis , c a n c e r , d é p o p u la t io n ) . R ô le d e s d i f f é r e n t s
o rg a n is m e s p u b li c s e t p r iv é s d a n s c e t t e l u t t e e t r a p p o r t d e c e s o r g a n is m e s
e n t r e e u x , V llè C on g r è s d ’A s s is ta n c e p u b liq u e e t p r i v é e (N a n c y ; B e r g e r - L e v r a u l t ,
1 92“ ). 8.
(2 “ i S u r la L ig u e f r a n ç a i s e c o n t r e le c a n c e r , c f . P a t r i c e P in e ll , F lé a u m o d e rn e e t
m é d e c in e d ’a v e n i r ; la c a n c é r o l o g i e f r a n ç a i s e e n t r e le s d e u x g u e r r e s . A c te s
d e la r e c h e r c h e e n s c i e n c e s s o c i a l e s 6 8 (1 9 8 “ ). 4 5 - “ 6 .
(2 8 ) S u r la L ig u e d e s S o c i é t é s d e C ro ix -R o u g e , c f . R. S a n d , L’E d u c a ti o n p o p u l a i r e
d a n s le d o m a in e
d e l ’h y g iè n e , R e v u e d ’h y g iè n e
c i - a p r è s : RH
10 1 9 2 ", " 2 5 .
Boyé e t G o e p fe r , L e s O e u v re s d ’h y g iè n e s o c i a l e à Nancy, A nn. A il, h y g . s o c .
(6 1 9 0 " ), 3 9 4 - 4 0 6 .
(29) L. M u ra rd e t P. Z y lb e rm a n . L’A u tr e g u e r r e . . . , lo c . c i t . J . R e n a rd , J o u r n a l " 9 1901.
(3 0 ) RH 2 1 9 2 1 , 155 e t 12 1 9 21, 1 0 1 1 -1 2 . W ilU am s à
s é r i e 5 0 0 T F r a n c e , b o î t e 2 6 , c h e m is e 2 5 9 .
(3 1 ) MS 11 1 929. 6 * 1 -8 2 .
R o se .
25 5 1 9 2 0 ,
RFA, R .G .1 .1 ..
«32') RH " 1 9 31. 5 1 0 -1 4 . L ’in a u g u r a tio n d u d i s p e n s a i r e s ’é t a i t d é r o u l é e e n
du d o c t e u r O b e rk ir c h , s o u s - s e c r é t a i r e d ’E t a t à l ’H y g iè n e , d u m a r é c h a l
d ’A. S a r r a u t , d ’A. D a lim ie r, d e s d o c t e u r s A. P in a rd e t A. C o u v e l a ir e , d e
p r é s i d e n t d e s e c t i o n a u C o n s e il d ’E t a t , e t d e L M a rin , p r é s i d e n t d e
i n t e r n a t i o n a l d ’A n th ro p o lo g ie , d é p u té e t f u t u r m i n i s t r e d e la S a n té
• MS " 1 9 2 9 . 3 9 1 i.
p résen ce
P é ta in .
M a r in g e r
l ’i n s t i t u t
p u b liq u e
(3 3 ) C f. P. G ra d v o h i, lo c . c i t . . 3 8 9 . C f. a u s s i le t r a v a i l e n c o u r s d e F r a n ç o is e Blum
e t d e J a n e t H o m e s u r la S e c tio n f é m in in e d u M u sée s o c i a l . On s e r e p o r t e r a
é g a le m e n t à la m o tio n p r é s e n t é e p a r L. W eiss a u C o n g rè s d e m a ir e s d e F r a n c e
e n 1934: M é m o ire s d 'u n e E u ro p é e n n e (P a r is : P a y o t. 1 9 " 0 ). III, 5 6 - “ .
• 3 4 ) C f. L. V ib o re l,
1 9 24. 3 4 1 .
Sa v o i r
p ré v e n ir
(P a r is :
chez
1 a u te u r,
1 9 3 9 ),
2 3 ~ -4 0 ;
MS
12
(35) L. G u in o n , in S e r g e n t , R ib a d e a u -D u m a s e t B a b o n n e ix , T r a i t é d e p a t h o l o g i e m é d i
c a l e e t d e t h é r a p e u t i q u e a p p l i q u é e . (P a r is : M a lo in e , 1 9 2 5 ). v o l. 2 3 , 6 . A. V a u d re m e r. in M a rtin e t B ro u a rd e l. T r a i t é d ’h y g iè n e ( P a r is : B a i l l i è r e , 1 9 2 9 ). t . 2 3 ,
193. S u r l'u n d e c e s C o m ité s n a tio n a u x , c f . L. M u ra rd e t P. Z y lb e rm a n . La
M issio n R o c k e f e l l e r e n F r a n c e e t la c r é a t i o n d u C o m ité n a t i o n a l d e d é f e n s e
c o n t r e la tu b e r c u l o s e ( 1 9 ! " - 1 9 2 3 ) , R ev , d 'h i s t . m o d . e t c o n te m p . ( 2 '1 9 8 " ) , 2 5 " 81.
(3 6 ) RH 12 1 9 2 4 , 1 0 3 3 . E t G. D e q u id t, La L u t t e a n t i t u b e r c u l e u s e , M in is t è r e d e l ' I n t é
r i e u r , A s s is ta n c e e t H y g iè n e (M in is tè r e d e la S a n té p u b li q u e ). R a p p o r t p r é s e n t é
p a r l 'I n s p e c t i o n g é n é r a l e d e s s e r v i c e s a d m i n i s t r a t i f s (1 9 3 1 ) (M elu n : im p r. a d m .,
-é
1 932), 1 8 1 - 8 " .
(3~ ) MS 9 1 9 3 1 , 5 1 8 -1 9 .
(3 8 ) J. P a r i s o t , le D é v e lo p p em e n t
G. T h o m as, 1 9 3 3 ), 3 8 .
de
l'h y g i è n e
en
F ran ce.
A p e rç u
g én éral
(.\a n c y :
(39i MS 9 1931, 518.
( 4 0 ' W illia m s à R o se 5 12 1921 e t R o se à
5 0 0 T F r a n c e , b o i t e 2 " , c h e m is e 2 6 2 .
W illia m s
28 12 1 9 2 1 ,
RFA,
R .G .1 .1 .,
s é rie
< 4 1 1 MS 5 1 9 28, 2 8 4 -8 5 . G unn à R u ss e ll 9 9 1 9 2 4 . RFA, R .G .1 .1 .. s é r i e 5 0 0 1 , b o îte
13. c h e m is e 151. L’ONHS c r é é le 4 12 1924 (JO du 8 e t 9 12 1924) e t s u p p rim é
le 4 4 1 934, r a t t a c h é a u m i n i s t è r e d e la S a n té p u b liq u e (MS 3 1 9 36, 1 4 0 ).
<42) P. S t r a u s s . Po u r la v i e . .. r l 9 2 Q'. 2 3 2 .
(4 3 ) MS 5 1 9 2 5 , 6 6 1 .
(44) MS
4 1928.
193.
(45) P. S t r a u s s , P o u r la v i e . . . (1 9 2 9 ), 2 2 9 -3 0 .
(4 6 ) P. S t r a u s s , i b i d . , 2 2 9 .
<4” ) RFA, J o u r n a l d e G unn 13 12 1 9 2 ” .
■'48 ) MS
1 9 26, 419. P. S t r a u s s , P o u r la v i e . . . (1 9 2 9 ), 2 3 0 , 2 2 2 .
(4 9 ) C ’e s t e n 1916 q u e la " N a ti o n a l C o n f é r e n c e o f C h a r i t i e s a n d C o r r e c t i o n "
la " N a ti o n a l C o n f é r e n c e o f S o c ia l W ork": c f . H a z e m a n n . SSM, 13.
d e v in t
(5 0 ; J. D ro z ,
3 -4 .
1 9 4 0 ),
Le C o m ité F r a n ç a i s d e S e r v ic e s o c i a l , ro n é o , 51
+ 5 p. (s .d .,
ç.
(5 1 ) R. S a n d p r é s i d a i t é g a le m e n t le s t r a v a u x d u C o m ité n a t i o n a l b e lg e d u S e r v ic e
s o c i a l , a in s i q u e c e u x d u C o m ité n a t i o n a l p u is i n t e r n a t i o n a l d e s E c o le s d e S e r v ic e
s o c ia l. C f. E. A u ja le u . le s L a u r é a t s e u r o p é e n s d u p r ix L é o n -B e rn a rd , 1 9 5 1 1980 (C o p e n h a g u e : OMS. 1981), 2 1 - 6 : e t A. A n c ia u x . R e n é S a n d e t la c u l t u r e
d e s \ a l e u r s h u m a in e (ré s u m é d a c t y l o , d ’u n e c o m m u n ic a tio n p r é s e n t é e à la 2 4 è
C o n f é r e n c e i n t e r n a t i o n a l e d e l ’A c tio n s o c i a l e . B e r lin , 31 j u i l . - 5 a o û t 1 9 8 8 ).
L es a u t e u r s t i e n n e n t à r e m e r c i e r S im o n e C r a p u c h e t q u i l e u r a f a i t c o n n a î t r e
ce tra v a il.
i5 2 i J. D ro z , lo c . c i ; . . 5 - 6 . Le p ro b lè m e d e s r e l a t i o n s e n t r e le s o e u v r e s p r iv é e s
e t le s s e r v i c e s p u b li c s d e v a i t f a i r e l ’o b je t d ’un r a p p o r t a u C o n g rè s d ’h y g iè n e
d ’o c t o b r e 1928 (MS " 1 9 28, 396). C f. a u s s i la c o m m u n ic a tio n f a i t e p a r H a ze m a n n
à l ’ a c a d é m ie d e m é d e c in e le 12 6 1928 ( v o ir i n f r a ).
ixVi J . D ro z , lo c . c i t . , 5.
(54.) \!S “ 1 928, 3 9 6 .
(5 5 ) P. S t r a u s s , P o u r la v i e . .. (1 9 2 9 ), 2 2 2 . E v o q u a n t J . D e la g r a n g e , H a z e m a n n r a p p o r t e
" q u ’e l l e c o n s t a t a im m é d ia te m e n t
à la p r é f e c t u r e d u N o rd o ù e l l e a v a i t é t é
d é lé g u é e e n 1919 p a r le m i n i s t r e d e s R é g io n s l i b é r é e s
l ’i m p o s s i b ilité d e
d i s s o c i e r l e s q u e s t i o n s é c o n o m iq u e s d e s q u e s t i o n s s a n i t a i r e s e t q u e le t o u t
ré u n i n é c e s s i t a i t u n e a c t i o n s o c i a l e r é e l l e m e n t c o m p lè te , r é e l l e m e n t p o ly v a
l e n te " : c f . D a n s le s o u v e n i r ... 11 9 3 6 ).
(5 6 ) J . D ro z . lo c . c i t . , 8.
(5 " i I b i d ., 5 . C f.
1 9 2 8 ), 1.
P. J o a n n o n ,
L ne d é fin itio n
du s e r v i c e
s o c i a l , P é ris -iM é d ic a l (1 3 10
(58) MS 6 1 9 2 6 , 3 16 e t " 1 9 28, 39~ o ù G. D e q u id t d é c l a r e : "N o u s a v o n s to u jo u r s
c o m b a t tu e n f a v e u r d ’u n e d i r e c t i o n m é d ic a le u n iq u e , e t s ’é t e n d a n t p r o g r e s
s iv e m e n t à to u s le s s e r v i c e s i n t é r e s s a n t d e p r è s o u d e lo in la p r o t e c t i o n d e
la s a n t é ( . . . ) C ’e s t la d o c t r i n e q u e n o u s v o u d ri o n s v o ir t r i o m p h e r a u c o u rs
d e s C o n f é r e n c e s n a t i o n a l e s a n n u e ll e s d u S e r v i c e s o c i a l . . . "
159» P. S t r a u s s , P o u r la v i e . . . (1 9 2 9 ), 2 2 2 .
(6 0 ) J. D ro z , lo c .
en 1 932).
c it.,
8
(in te rv e n tio n
de
C o u rm o n t
à
la
C o n fé re n c e
de
F ra n c fo rt
(61) C f. R a p p o r t d u M in is tr e d e la S a n té p u b li q u e ( S e l l i e r ) a u P r é s id e n t d e la R é p u
b liq u e (26 8 1 9 3 6 ), f u s io n d u C o n se il d e p e r f e c t i o n n e m e n t d e s é c o l e s d ’in f i r m i è r e s
e t du C o n s e il d e p e r f e c t i o n n e m e n t d e s é c o l e s d ’a s s i s t a n t e s s o c i a l e s (A rc h iv e s
du m i n i s t è r e d e s A f f a ir e s s o c i a l e s : "DGS 58~ R è g l e m e n ta tio n " - c o m m u n iq u é
a u x a u t e u r s p a r P. G ra d v o h l). C f. a u s s i G. C a h e n , Un p r o j e t d e lo i s u r le s é c o l e s
d ’in f i r m i è r e s . RH 9 1 9 2 1 ,
.
i 62 i H a z e m a n n , SSM, 2 0 3 . L’a v e r t i s s e m e n t d e l ’é d i t e u r p r é c i s e q u e la p a r u t i o n
l ’o u v ra g e a é t é " h â t é e p a r la te n u e d e la Q u in z a in e S o c ia le I n t e r n a t i o n a l e " .
de
(63) E. F u s t e r , Ann. A li , h y g . s o c . I b i s (3 1 9 0 5 ), 5 9 . A. H o n n o ra t, R a p p o r t ... s u r
la p r o p o s i t i o n d e lo i t e n d a n t à i n s t i t u e r d e s d i s p e n s a i r e s d 'h y g i è n e s o c i a l e . . . " ,
C h a m b re d e s d é p u t é s , s é a n c e d u 19 2 1 9 16, n °1 8 6 3 . 2 1 5 -1 8 . M a lv o z o u v r a i t
à L iè g e , e n 1 9 0 0 , le d i s p e n s a i r e M o n te f io r e , t a n d i s q u e C a l m e t t e o u v r a i t à
L ille , e n f é v r i e r 1 9 0 1 , le d i s p e n s a i r e E m ile -R o u x . L. B o u rg e o is , B u ll. A il, h y g .
s o c . 32 ( 1 0 - 1 2 1 9 1 3 ), 4 3 - 5 . H. S e l l i e r , la L u t t e c o n t r e la t u b e r c u l o s e d a n s
la R é g io n p a r i s i e n n e , 1 8 9 6 -1 9 2 ~ (é d . d e l'O P H S , 1 9 2 8 ), 8 8 . J . C o u rm o n t, B u ll.
A il, h y g . s o c . 34 ( 4 - 6 1 9 1 4 ), 3 9 - 4 0 . M lle C h a p t a l , i b i d . , 4~ .
(64) L. B e r n a r d , B u ll. A il, h y g . s o c . 34 14 - 6 1 9 1 4 ), 4 5 . L. B o u rg e o is , i b i d . , 3 2 .
»65) E. F u s t e r a p u d A. H o n n o ra t. R a p p o r t à la C h a m b re (1 9 1 6 ). lo c . c i t . , 1 4 9 . " M ille
f i c h e s o n t é t é é t a b l i e s , e x p liq u e L. B o u rg e o is a u s u j e t d u d i s p e n s a i r e L a ë n n e c ,
q u i s o n t à la f o i s d e s f i c h e s p e r s o n n e l l e s r e n s e i g n a n t le s e r v i c e m é d ic a l ( . . . )
le s e r v i c e a d m i n i s t r a t i f s u r la s i t u a t i o n d e la f a m i l l e , e t le s e r v i c e d e la S t a t i s
tiq u e d e la L i l l e s u r l ' é t a t s o c ia l du m a la d e , e t p a r c o n s é q u e n t d u q u a r t i e r
e t d e la v i l l e e lle - m ê m e " , B u ll. A il, h y g . s o c . 34 ( 4 - 6 1 9 1 4 ), 3 2 .
(6 6 ) L. G u in o n .
(1 9 2 8 ), 8 8 .
B u ll.
A il,
h y g ._ s o c .
3~
(1 - 1 2 1 9 1 6 ),
2 8 -3 0 .
H.
S e llie r,
la
L u t t e . ..
(6~ ) L. B e r n a r d a p u d A. H o n n o ra t, R a p p o r t ... à la C h a m b re (1 9 1 6 ), lo c . c i t . , " 5 .
S u r le c a s i e r s a n i t a i r e d e s m a is o n s , c f . L. M u ra rd e t P. Z y lb e rm a n , L es M urs
q u i t u e n t , C a h i e r s m é d ic o - s o c ia u x 4 (1 9 8 3 ), 2 8 5 -9 4 . A u c u n r e c e n s e m e n t , à
n o t r e c o n n a i s s a n c e . n * e x is te d e s d i f f é r e n t e s c a t é g o r i e s d 'i n f i r m i è r e s - v i s i t e u s e s .
En 1 9 2 3 , L. B e r n a r d e s t i m a i t à 4 0 0 l e s v i s i t e u s e s t r a v a i l l a n t d a n s l e s d i s p e n s a i r e s
d u C o m ité n a t i o n a l d e d é f e n s e c o n t r e la t u b e r c u l o s e (6 0 2 e n 1 9 2 4 y c o m p r is
23 b é n é v o le s e t 158 d é p e n d a n t d e l'O PH S d e la S e in e ). En 1 9 3 2 , le C o m ité
a n n o n ç a it 2 0 0 0 v i s i t e u s e s e m p lo y é e s d a n s s e s d i s p e n s a i r e s . E n fin , e n ju in 1 9 3 8 .
le m i n i s t è r e d e la S a n té r e c e n s a i t " 0 0 0 a s s i s t a n t s o u a s s i s t a n t e s s o c i a l e s
d ip lô m é s d ’E t a t . C f. AG du CN'DT, 24 3 1 9 2 3 , 2 9 3 1924 e t 11 3 1 9 3 3 : Bu ll.
d u CN'DT (A g e n , 1923 e t 1 9 2 4 ), e t R ev , d e p h t i s i o . , XIV ( 3 - 4 1 9 3 3 ). C f. a u s s i
la" l e t t r e du M in is tre d e la S a n té p u b li q u e (9 " 1 9 3 8 ). S e r v i c e c e n t r a l d e s i n f i r
m iè re s , a u p r é s i d e n t d e la 4 è s o u s - s e c t i o n d e la s e c t i o n d u c o n t e n t i e u x . C o n s e il
d 'E t a t (A rc h iv e s d u m i n i s t è r e d e s A f f a ir e s s o c i a l e s , lo c . c i t . ,).
( 6 8 1 G. L a fo s s e , T ro is i n t é r e s s a n t e s e x p é r i e n c e s s a n i t a i r e s , F ra m in g h a m , J u m e t. V a n v e s.
R e ^ p r a t . h v g . m un. 5 (9 - 1 0 1924». 2 1 2 . A n o t e r q u e le d o c t e u r P. J o a n n o n
s e r a nom m é e n 1930 d i r e c t e u r d u b u re a u d 'h y g iè n e m u n ic ip a l d e V a n v e s .
io 9 ) L. B e r n a r d , la D é fe n s e d e la S a n t é p u b liq u e p e n d a n t la g u e r r e iP a r i s : PLF.
1929). 2 4 6 . 2 5 3 . G .E. V in c e n t, M ém o ran d u m o f a n in t e r v i e w w ith M. H o v e la c q u e
( . . . ) m a d e T u e s d a y . Ma> 2 9 , l ^ p 12 6 I9 1 ~ i, RFA, R .G .1 .1 ., s é r i e 5 0 0 T, b o î t e
25, c h e m is e 2 4 9 . A n o t e r q u e la loi L éon B o u rg e o is s u r le s d i s p e n s a i r e s n e
m en tio n n e p a s l 'i n f i r m i è r e - v i s i t e u s e (A. B ru n o , R a p p o r t 1 9 2 2 , lo c . c i t . , 2 8 30). G. P o ix . 1’.A rm em ent a n t i - t u b e r c u l e u x f r a n ç a i s (P a r is : M asso n , 1 9 2 2 ). 16,
im p u te à c e m a n q u e d e v i s i t e u s e s le s r e t a r d s d a n s l 'o u v e r t u r e d e s n o u v e a u x
d i s p e n s a i r e s . \V. R o se , in L. H a c k e tt M a n u s c rip t. H is to ry o f t h e I n t e r n a t i o n a l
H e a lth D iv is io n , RFA, R .G .3 , s é r i e 9 0 8 , b o î t e 5 , c h e m is e 2 8 , c h a p . 6 , 3 . A.
B ru n o , Co n t r e la t u b e r c u l o s e . .. (1 9 2 5 ), 2 8 6 - 8 " . H a z e m a n n , SSM , 2 0 2 . M. S a r r a z B o u rn e t, lo c . c i t . (1 9 2 ~ ), 16.
i " ü i v i in is tè r e d e la S a n té p u b li q u e , d i r e c t i o n d e l ’H y g iè n e e t d e l ’ A s s is ta n c e . A r r ê t é
f ix a n t le s c o n d i t i o n s d ’a d m is s io n à l ’e x a m e n d 'E t a t d ’i n f i r m i è r e s , d ’i n f i r m i è r e s v i s i t e u s e s d ’h y g iè n e s o c i a l e , e t c . , 1 " 3 1933 (A rc h iv e s m i n i s t è r e d e s A f f a i r e s
s o c i a l e s , l o c . c i t . ). d i s t i n g u a i t e n c o r e e n t r e le s v i s i t e u s e s d 'h y g i è n e s o c i a l e
d e la t u b e r c u l o s e , le s v i s i t e u s e s d 'h y g i è n e s o c i a l e d e l ’e n f a n c e e t l e s v i s i t e u s e s
d 'h y g iè n e s o c i a l e " g é n é r a l i s é e ” .
'" 1 ) H. S e l l i e r , R a p p o r t a u P r é s id e n t d e la R é p u b liq u e (26 8 1 9 3 6 ), lo c . c i t . C ’e s t
R u c a rt q u i. d a n s l a f o u l é e d e S e l l i e r , e n r e m a n ia n t l e s c o n d i t i o n s d a t t r i b u t i o n
du d ip lô m e d ’E t a t , " s u p p r im e t o u t d ’a b o r d le s d i f f é r e n t e s s p é c i a l i t é s d e v i s i
t e u s e s d ’h y g iè n e s o c i a l e ( . . . ) e t n ’a t t r i b u e d o r é n a v a n t à c ô t é d u d ip lô m e h o s p i
t a l i e r q u ’un s e u l d ip lô m e d ’A s s is ta n te s o c i a l e " (R a p p o r t d u M in is tre d e la S a n té
a u P r é s i d e n t d e la R é p u b liq u e . 1 " 2 1938 - A rc h iv e s d u m i n i s t è r e d e s A f f a i r e s
s o c i a l e s , lo c . c i t . ) .
(" 2 ) H a z e m a n n , SSM. 2 0 4 . C f. é g a le m e n t R .H . H a z e m a n n e t C h. V o ig t, le S e r v ic e
s o c ia l e t la c o l l e c t i v i t é m é t r o p o l i t a i n e f r a n ç a i s e , r a p p o r t p r é s e n t é a u C o m ité
f r a n ç a i s d e S e r v ic e s o c i a l (N a n c y : B e r g e r - l . e v r a u l t , 1 9 3 6 ).
(~3) H a z e m a n n , SSM, 2 0 5 , 2 3 , 1 5 3 -5 4 ( p o s i t i o n d u S y n d ic a t d e s m é d e c in s h y g ié n is te s ) .
2 0 8 . L. B o u rg e o is . B u ll. A il , h v g . s o c . 35 C - 12 1 9 1 4 ), 23
t " 4 i L. M u ra rd e t P. / M b e r m a n ,
'h i v e r 1 9 8 6 ). LXXVI1-LXXVHI.
R o b e r t- H e n r i
H azem ann,
u rb a n is te
'~ 5 ' H. S e l l i e r , a l l o c u t i o n r a d i o d i f f u s é e . AN. a r c h i v e s p r i v é e s H. S e l l i e r .
s o c ia l.
VRBI
X
1~6) MS 6 1 9 36. 2 5 9 .
(
; H a z e m a n n , SSM, 195.
(" 8 ) MS 6 1 9 3 6 . 2 5 9 .
(~9) H. S e l l i e r , R a p p o rt a u P r é s id e n t d e la R é p u b liq u e (26 8 1 9 3 6 ), lo c . c i t .
( 8 0 1 S ur l 'i n t e r v e n t i o n n i s m e t r è s m o d é ré d u
le s a c c o r d s c o n t r a c t u e l s , c f . B. G a z ie r ,
83.
(8 1 )
MS " 1 9 3 6 . 3 1 3 .
(82)
H azem ann . F .x is te - t- il d e s p o s s ib ilité s
e n F r a n c e ? MS 5 1 9 3 3 , 2 1 0 .
(8 3 )
de
F ro n t p o p u la ir e , s u r so n
la C ris e d e 1929 (P a r is :
d é v e lo p p e m e n t
de
goût
PL F.
l ’h y g iè n e
pour
1 9 8 3 ),
p u b liq u e
R. D e b ré , in S t è l e p o u r J a c q u e s P a r i s o t (P a r is : E d iti o n s n o u v e lle s e t im p re s s i o n s .
1 9 6 8 ). 4 3 . RFA. J o u r n a l d e G re g g 2 2 1 9 4 0 . S u r J . P a r i s o t , c f . L. M u ra rd e t
P. Z y lb e rm a n , E m in e n ts h y g i é n i s t e s , à p a r a î t r e c h e z G a llim a rd .
(8 4 ) RFA. J o u r n a l d e T a y lo r 28 5 1 9 29.
(8 5 ) J. P a r i s o t , La C o l la b o r a tio n ,
s o c . (1 9 3 2 ). 169.
b ase
de
l 'a c t i o n
s o c ia le ,
R e v .d ’h y g .
et
de
m éd.
(86> Ib id ., 9 8 - 9 .
(8~ ) I b i d ., 1 6 8 -6 9 . C a is s e i n t e r d é p . d e S. e t S . - i t - O . : d i r i g é e p a r M. M a r tin , a n c ie n
c h e f du s e r v i c e s o c i a l d e l ’OPHBM d e la S e in e ( c f . P. S t r a u s s . P o u r la v i e . . .
(1 9 2 9 ), 2 0 ' ) . . J .G o d a rd é t a n t le m é d e c in - c o n s e il d e la C a i s s e ( c f . L. M u ra rd
e t P. Z v lb e rm a n , E m in e n t s h y g ié n is t e s ) .
(8 8 ' J . P a r i s o t , lo c . c i t . (1 9 3 2 ). 169
(89)
(9 0 )
Ib i d . . 1” 6 -S 0 . L o rs d 'u n v o y a g e e n A m é riq u e d u N o rd , e f f e c t u é à l ’a u to m n e
1922 à l ’i n v i t a t i o n d e la F o n d a tio n R o c k e f e l l e r . L. B e r n a rd a v a i t é t é v iv e m e n t
f r a p p é p a r l 'o r g a n i s a t i o n
s a n i t a i r e d e la v i l l e d e T o r o n to , q u i lu i a v a i t p a ru
r é a lis e r une c o o p é ra tio n
p a r f a i t e e n t r e la c h a i r e d ’h y g iè n e d e la
F a c u lté ,
le s e r v i c e s o c ia l d e la v i l l e e t l 'h ô p i t a l . L 'e x p é r i e n c e - si s e m b l a b le au s c h é m a
q u 'e x p o s e P a r is o t e n 1932 - lui p a r a i s s a i t u n iq u e a u m o n d e , v é r i t a b l e " n o ti o n
id é a le " à l ’a u n e d e la q u e l l e m e s u r e r t o u t e s le s r é f o r m e s f u t u r e s d u s y s tè m e
fra n ç a is.
Le S u r e s n o is 3 ” 19” 3.
(9 1 ) Ib id ,
(92) MS 5 1 9 33, 2 1 “ .
(93)
Ib id .. 2 1 4 .
( 0 4 ) MS 12 1 9 3 6 , 5 “ l). A " u n E t a t p o l i t i q u e , b u r e a u c r a t e e t g e n d a r m e , d it e n c o r e
S e l l i e r , d o it s e s u b s t i t u e r u n o rg a n is m e à c a r a c t è r e é c o n o m iq u e . S on s e u l
r ô l e s e r a , d e p lu s e n p lu s , d e c o o r d o n n e r e t d 'h a r m o n is e r l ’e f f o r t d e s in d iv id u s
g ro u p é s d a n s le u r o r g a n i s a t i o n p r o f e s s i o n n e l l e . . . " , l'H y g iè n e s o c i a l e (1 2 1 9 3 6 ),
159.
i;9 5 1 D é c l a r a t i o n o f f i c i e l l e d u C o m ité , MS 1 1 930, 5 - “ .
(9 6 ) Ib id . S u r ia p a r t i c i p a t i o n d e J c u h a u x
e t P. Z y lb e rm a n . E m in e n ts h y g i é n i s t e s .
au
m ouvem ent de
l ’h y g iè n e , c f .
L. M u ra rd
<9“ ) H a z e in a n n à i ’AG d u CNDT d u 1“ 4 1 9 3 ” , B u ll, d u CNDT. 1 (j u in 1 9 3 ” ), 2S.
( 9 s ) in H a z e in a n n , SSM. XIX (c ’e s t F u s t e r q u i s o u li g n e ).
(9 9 )
J. D ro z , lo c . c i t ., 1 2 -4 . R u c a r t
.C a b i n e t s C h a u te m p s (ju in 1 9 3 ” ( a v r il 1 9 3 S - m a rs 1 940).
s e r a m i n i s t r e d e la S a n t é d a n s le s 3 è e r 4 è
m a rs 1936) e t d a n s le 3 è ^ C a b in e t D a la d ie r
1100) H a z e m a n n .
g ra n g e a u
11936).
( ii jl i A rm a in g a u d .
MS ? 1933. 2 1 4 . C e f u t a u ss i l ’u n e d e s p r é o c c u p a t i o n s d e J. D e la B u re a u c e n t r a l d e s in f i r m i è r e s : c f . J . D ro z , in D an s le s o u v e n i r ...
\ n n . -M l. h v g . s o c . 3 (S 1 9 0 5 ;, 15.
PENSEE SOCIALE
ET LANGAGE PLASTIQUE
L'ART POUR LE PEUPLE
1 8 8 9 -1 9 1 3
Les
arts
appliqués?
s'affligeait
Roger
Marx
(1)
en
1894:
"un objet d ’indifférence ou de mépris. Hors le Salon, point
de jouissance d'art..." Dans le foulée de l'Exposition uni
verselle
de
1889,
cependant,
surgissent
en
France
comme
en Belgique toute une série de revues non moins combatives
qu'éphémères:
"Artistes
"Art et vie",
social"...
tionale
décorateurs",
"les Arts de de vie",
"Art
et
science",
"Art pour tous",
"l'Art
Lancée par Jean Lahor (2), une "Société interna
d'Art
populaire
et
d'Hygiène"
rassemble
en
1903
des artistes tels Besnard, Chéret, Carrière, Gallé, Grasset,
Frantz et Francis Jourdain, Lalique, Steinlefn; des critiques
comme Geffroy,
Marx ou Uzanne;
le président de la "Société
des Habitations à bon marché", Georges Picot, et le fondateur
de
l'Université
populaire,
la vie collective,
à une classe,
cité-jardin,
Georges
l'art social
mais à tous:
Esthétique
de
ne prétend pas s'adresser
"c'est l ’art du foyer et de la
l'art du château et de l’école,
précieux et de la broderie paysanne"
1913).
Deherme.
(R.Marx:
l'art du bijou
l'Art social.
s
/ !°
U
"Avec
le M o d e m
Style,
choc qui bouleverse
lublement,
"Arracher
la rue.
la
rue
notait W.
Benjamin,
l'intérieur".
^
s'accomplit
L ’intérieur et,
le
indisso
La tâche d'un Jules Chéret, par exemple?
à
la
monotonie
des
maisons
alignées
au
cordeau, y jeter le feu d'artifice des couleurs (...) conver
tir
les murailles
en plein vent"
en
surfaces
(R. Marx).
décorables"
"musée
"Animer la muraille", disait dans
le même temps Puvis de Chavannes,
mission de la peinture";
- en un
telle est
"la véritable
"à part cela, on ne devrait jamais
faire de tableaux plus grands que la main". Ce langage pictu
ral, cette vision de peintre, voilà ce que voudraient ignorer
et combattent
L'art social enveloppe
l'homme dans le décor:
qui
- tel
sorte de
chez
dans une nature morte, un intérieur
Mallarmé
-
fonction poétique"
"élève
(A.
■ Il est une culture de la vue:
les objets
Chastel,
jusqu'à une
Vuil lard, 1946).^
un "plaisir des yeux" moins
préoccupé du dessin ou de la ligne que du matériel décoratif,
des objets et de leurs agencements.
Décor
et
struc
1.1. Q^ui éduquera le public à la beauté?
Cette même année 1913.j?r_
^_____ ==> ilors de l'exposition "la Cité moderne" qui se tient
à Nancy,
les
Louis
ouvriers
Lafitte,
de
son organisateur,
l'oeuvre
future,
déclare:
l'architecte
"parmi
occupe
une
place éminente. Comment résoudre le problème de l'esthétique
des villes? (...) Quels arts contribueront à propager cette
notion
de
beauté?
Assurément,
au
premier^
l ’architecture
(...) L ’architecte possède les qualités de l'éducateur public"
L ’architecture comme art directeur: cette prétention portait
en germe le rejet de l'Art Nouveau comme "shallow, elitist,
and
anti-rational".
"Pevsner's
approach,
poursuit
Meredith
Clausen dans son travail sur Frantz Jourdain and the Samari
taine
(1987),
paved the way fot the current conception as
growing out of
the English Arts
and Crafts
on the Continent as a superficial
Clausen,
à
being
décorative
a
l’inverse,
décorative
and appearing
style".
"the Art Nouveau movement,
style,
was
décisive
in
Pour
far from
preparing
the
soil for the architecture of the 20th century". On le voit,
placer l’architecture à la tête des arts entraîne ipso facto
une double négation:
assiégé par la machine,
l'Art Nouveau
n'aurait voulu qu’arrêter l ’évolution technique (W.Benjamin);
ou bien,
rationaliste la mort dans l ’âme,
viendrait g u'ex post, dans
sa vérité ne lui
le mouvement qui
le dépasse et
où il se dissout (M. Clausen).
esthétique sociologique
à
une
esthétique
"art social",
se réduit y
troitement
ornementale
associés.
"Art Nouveau" et "art décoratif" se combinent
sans se fondre; leurs chronologies respectives ne se super
posent pas. Sans doute,
observera Roger Marx en
1913,
"on
s'est plus préoccupé, au début, du décor que de la construc
tion,
plus des enjolivements que de l'harmonie des propor
tions et du juste rapport des volumes". Rien de plus "malen
contreux",
cependant,
que "l’emploi du terme décoratif dont
on se sert pour désigner l'art social".
1.2. L ’art social est-il un moment significatif?
Sous-jacent
au
débat
idéologique,
un
problème
historio
graphique.
L'art social est-il un moment spécifique? Pierre
Francastel
le reprochait
"se
borne"
dans
sa
avec
généalogie
raison
de
à Bruno
Zevi:
l'architecture
celui
moderne
"signaler que son action /"de la pensée sociale7 s ’est exercée
qui est de
1870 et à travers l'urbanisme qui est un phéno
mène postérieur de trente ans et presque opposé au précédent"
(Art et technique). Même hiatus chez Giedion qui,
pages
consacrées
à
la mécanisation
de
dans ses
l ’ornement,
néglige
le tournant si important de la dernière décade du XlXè siècle,
et saute brutalement du Journal of Design (1850) à 1'Esprit
Nouveau (1920).
IX .
S o cïio lo cjles
ok>j e t s
ett
p o é tiq u e
des
J kc -
2.1. êm redéfinition du système des objets
-£"Une civilisation,
notait Van de Velde (1894), ne peut pré
tendre posséder un art que si cet art pénètre partout, s ’il
fait sentir
gaires".
nime"
sa présence
dans les ustensiles
L'art pour le peuple,
les plus vul
l'esthétique de la "vie una
se veut d ’abord une pensée sociale:
elle se propose
d'élargir la sphère artistique "par en bas", de faire accéder
l'"en-déçà"
de
l'art
à
la dignité
des objets
d'art
- et
ceci dans le temps même où la République prétend réintégrer
dans
la
nation
Déflation,
un
minimum
celle
qui
le
prolétariat
dirait-on,
de
aux
campait
l'esthétique
stylistique:vers
commence
qui
une
meubles,
à
baudelairienne
modernité
aux
ses marges.
plantes
plus
vers
humble,
vertes,
aux
papiers peints.
2.2. Répertoires et systèmes d'agencements
—' De
là
que
l’art
social
nous paraisse un concept
à
trois
dimensions.
1)
2) Esthétique:
Philanthropique:
santé,
celle
de
l'art
art et confort sont
ici
pour
tous.
synthétisés
en une "hygiène esthétique" (J. Lahor, l'Art Nouveau,
1901),
laquelle s'offre jusqu'à la Charte d'Athènes comme la panacée
de la question sociale.
3) Plastique:
au sens où Proudhon,
Morris, Tolstoï tiennent pour "artistiques" le jouet d'enfant
l'ornementation des vêtements, les défilés ou les processions
solennelles.
Le problème serait d ’explorer les relations entre ces trois
dimensions.
Ainsi
passe-t-elle
dire
créer
une
par
la
une
recherche
des
musées
passion
sociale,
sociologie
de
ethnographique,
populaires,
quarante-huitarde,
l'objet:
nous
folklorique,
provinciaux
-
voulons
visant
à
à
"composer,
note Roger Marx, le musée du paysan, de l'ouvrier, du soldat".
D'un mot, à classer et reclasser les objets. Ce souci sociologique
de
est
l'objet,
relayé
au
niveau
plastique
par
une
ou plutôt par une double poétique,
du
poétique
"signe"
et de la "phrase".
a) Poétique du "signe": il s'agit de sélectionner des réper
toires d'objets figuratifs, à la fois emblèmes et accessoires
Soit, pour le décor intime, le bibelot, l'étoffe ou le tapis;
et pour
le décor urbain,
les fontaines,
statues,
kiosques
à journaux, etc.
—j~On se demandera à cet égard, avec Chesterton (Twelve Types,
1906), si cette poétique est aussi audacieuse que la socio
logie correspondante.
paysage,
le
Soumis aux règles de composition d ’un
répertoire
figuratif
de
l'art
social
n'a
su
guère accueillir et trier/,"des objets qui, en quelque sorte,
se sont toujours recommandés aux amateurs d'art":
pupitres,
ou
et non becs de gaz, boîtes à lettres,
bicyclettes.
L'enquête,
de Paul Veyne évaluer
ici,
devrait
6c l U c,cfonc*,
entre des
dans
locomotives
les
termes
intentions et une
C aA /
optique qui les borne objectivement. j W K U P W * »
lui aussi,
chaises,
d ’art social
est aux prises avec la viscosité de la pensée:
ses différentes dimensions constituent autant de sous-systèmes
autonomes, qui conservent chacun leur histoire et leur vites
se propre.
b)
-T1
Poétique de
la phrase:
nous
songeons
ici
aux systèmes
de montage et d'agencement des objets. Nous en avons repéré
deux.
par
L'art
social,
composition
Burne-Jones,
du
chaque
d'abord,
décor
meuble
nomme
"confort"
un
domestique* y^tvec Morris,
"n’est
plus
un
montage
Crâne,
solitaire;
il
a des communications fraternelles avec ses voisins: de posi
tions,
de
lignes,
de
couleurs.
Les
moindres
objets,
les
A aa
plus mobiles, conversent avec eux, entre eux; et sur l'union
enfin achevée des choses (...) une atmosphère égale rayonne"
(R.
de Souza,
1901).
"l'inexprimable
bien
le
un
Ce confort à la Poe,
tohu-bohu"
phénomène
"confort des
des
plastique:
yeux"...
qu'on oppose à
appartements
il
est
Second
parisiens,
conçu
système:
pour
est
procurer
le montage
par
intégration, ou par enchevêtrement. L ’art social n'appréhende
le^nonde qu'en
que
comme
petit,
"autant
de
et
ne
conçoit
petites
les
maisons
objets
en
du
dehors
diminutif*".
Il
CKct.
emboîte la rue dans la maison*^ SB un lieu imaginaire asso
ciant dans une représentation homogène des espaces de réfé
rences hétérogènes.
Ainsi
de cet accessoire par excellence
qu'est
l'affiche,
ici devenue
murs":
"elle constitue la parure du home,
formé le décor de la rue"
1901).
"la tapisserie familière des
(G. Kahn,
comme elle avait
Esthétique de la rue,
Procédés qui sont inhérents à la vision du flâneur,
pour qui
la ville
"s'ouvre comme un paysage de verdure en
même temps qu'elle l'enferme comme dans une chambre" (W.Ben
jamin) .
XXI.
Ls
i ques tion
du
paysage
3.1. Le thème plastique
r
L ’art social pense volontiers par surfaces,
et par petites
surfaces. Aussi est-ce à la peinture-tapisserie, à la peinture
entendue
ses
comme
canons.
"ornement* de
"Puvis
de
la
muraille* A. qu 'il
Chavannes
affaiblit
ses
emprunte
tons
pour
ne pas trouer ses murs, à la limite de l'anémie" (G. Duthuit);
R.
de Souza n'entend plus qu'on laisse le mobilier urbain
"trouer,
pour ainsi
dire,
Et tout comme Vuillard
Duranty
de
pour
(Â!
un
Chastel ),
"motif
du
il
fait partie".
"ne sépare plus - comme le voulait
- le personnage
rue"
le décor dont
du
le
fond d'appartement
théoricien
paysage".
de
L'univers
1 'art
se
tableau et l'architecture elle-même doit,
ni
du fond
public^que
condense
en un
pense-t-on,
MtSèvmf.
vaut
comme
depuis Ruskin^paysage.
3.2. Emergence du thème social
Cadre
figuratif,
le
paysage,
norme
moralisatrice.
Répandu
peints
du
logis
et
du
cependant,
à
profusion
restaurant
sur
populaires,
l’ouvrier contre lui-même,
contre son appétit
la
s'interrogeait
laideur.
Que
choisir,
J.
aussi
les
papiers
il
protège
forcené pour
Lahor,
comme
motifs pour les papiers muraux? "Je n'admettrais par principe,
en
cette
sorte
d ’imagerie
populaire,
éviter les dangers que l'on devine,
que
le paysage
pour
l'abus des figurations
féminines, ou celui de l'estampe et de l'affiche à tendance
ou à prédication politique"
(l ’Art pour le peuple à défaut
À Û
de l'art par le peuple, 1902).
1848 avait
fait pénétrer
le peuple
dans
l'art,
1900 fait
pénétrer l'art dans le peuple. Pareille mission pédagogique,
évangélisatrice
notions
d'une
même,
n'est
pas
volatilisation
du
Artiste de fond par sa naïveté,
son
de
symbole:
vérité.
l'enfant
-
Dorénavant,
était
il
dissociable
au
plan
"Peuple"
la
Michelet.
à
le peuple
source
n'est
de
des
- mieux encore
sincérité
représenté
comme
qu'associé
à
une classe d'objets; mieux, à un patrimoine. Non sans analo
gies avec la sociologie d ’un Le Play, les "Fédérations régionalistes",
et
les
"Sociétés
"Sociétés
d'art
mémoire du peuple.
du
pc
populaire"^ inventorient,
paysage"
archivent
la
Ou plus exactement ses traces anonymes,
ses reliques,
ce que les Goncourt ont nommé "les monuments
intimes".
programme
Le
est
ici
muséographique
(scandale
aux yeux d'un Le Corbusier).
Le paysage, le musée. Comment n'être point frappé par l'étroit
cousinage entre deux thèmes omniprésents dans le discours?
Par la complémentarité voulue de deux dispositifs: le paysage,
machine picturale, où l'objet usuel accède au statut d'objet
d'art;
le
l'histoire,
rique?
musée,
machine
scientifique,
où
1'"en-deçà"
de
1'Alltagsleben, accède au statut d'objet histo
(1 )
C r i t i q u e a u V o l t a i r e , a u P r o g rè s a r t i s t i q u e , à l a R e v u e e n c y c l o p é d i q u e e t à
la G a z e t t e d e s B e a u x - A r t s , R o g e r M arx (1 8 5 9 - 1 9 1 3 ) a v a i t é t é a p p e l é p a r C a s t a g n a ry à l a D ir e c tio n d e s B e a u x -A rt s e n q u a l i t é d 'i n s p e c t e u r g é n é r a l d e s m u s é e s .
L ié à E dm ond d e G o n c o u r t, a u x V u il la r d , L a li q u e , G a ll é e t C h é r e t , i l jo u a
u n r ô l e m a je u r d a n s l 'o r g a n i s a t i o n d e s E x p o s it io n s u n i v e r s e l l e s d e 1 8 8 9 e t d e
1900.
(2 )
In ti m e d e M a lla rm é e t d e F r a n c i s J a m m e s , p o è t e , m é d e c in
N o u v e a u , J e a n L a h o r , d e s o n v r a i H e n ry C a z a l i s ( 1 8 4 0 - 1 9 0 9 ) , l u t l e p r e m i e r ,
a v e c G a b r ie l M o u re y e t l e s a n a r c h i s t e s à l a J e a n G ra v e , à p r é s e n t e r e n F r a n c e
le s i d é e s d e W illia m M o rr is . D é p e in t p a r M a r c e l P r o u s t , a u x d i r e s d e G e o rg e
P a i n t e r , s o u s l e s t r a i t s d u L e g ra n d in d e l a R e c h e r c h e , i l p u b l i e a u s s i b i e n s u r
le s a r t s d é c o r a t i f s q u e s u r " l a l i t t é r a t u r e i n d o u e " , . " l e s h a b i t a t i o n s à b o n m a r c h é " ,
l '" a l i m e n t a t i o n r a t i o n n e l l e " , o u l a " z o o t e c h n i e h u m a in e " .