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Hygiène et intimités

1988

A partir de sources essentiellement americaines puisees aux archives de la Fondation Rockfeller, le premier chapitre etudie la "decouverte" de la tuberculose en tant que probleme militaire au cours du premier conflit mondial, les moyens de fortune montes a la hâte pour tenter de la circonscrire, et l'impact de la commission americaine de preservation contre la tuberculose rendue en France a partir de l'automne 1917. Le deuxieme chapitre etudie l'idee de "service social" qui unifie bienfaisance et prophylaxie en une structure operationnelle unique. Le troisieme s'interesse au mouvement connu sous le nom d'art social qui pretend conjuguer art, hygiene et confort sous le vocable d'une "hygiene esthetique".

Hygiène et intimités Lion Murard, Patrick Zylberman To cite this version: Lion Murard, Patrick Zylberman. Hygiène et intimités. [Rapport de recherche] 482/88, Ministère de l’équipement, du logement, de l’aménagement du territoire et des transports / Bureau de la recherche architecturale (BRA); Ecole d’architecture de Paris-Villemin. 1988. ฀hal-01902193฀ HAL Id: hal-01902193 https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01902193 Submitted on 23 Oct 2018 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of scientific research documents, whether they are published or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. ECOLE D'ARCHITECTURE PARIS-VILLEMIN HYGIENE ET INTIMITE Lion MURARD et Patrick ZYLBERMAN Contrat BRA 8701312-00-223-7501 Notifié le 29.10.1987 Rapport final Janvier 1988 HYGIENE ET INTIMITE Lion MURARD et Patrick ZYLBERMAN Rapport final ? SOMMAIRE PRESENTATION Hygiène LES "ROCKEFELLER MEDICINE MEN" EN FRANCE (1917-1923) L’IDEE DE "SERVICE SOCIAL" DANS LA PENSEE HYGIENISTE (1928-1936) Intimité PENSEE SOCIALE ET LANGAGE PLASTIQUE: L’ART POUR LE PEUPLE (1889-1913) PRESENTATION Pour la première fois cette année, nos deux projets ou axes de recherche, l'hygiène et intimité commencent comme nous l'avions souhaité à se recouvrir partiellement, tout en maintenant naturellement leur logique autonome. 1/Hyqiène Ce disant, nous songeons à la personnalité d'un homme comme Maxime Leroy, penseur social d'abord, et maître à penser de nombre de nos hygiénistes, mais fort versé aussi dans les questions de l'art décoratif. Nous travaillons présentement sur son oeuvre, en vue d'une publication dans le Journal of European Ideas, et d'une communication en septembre au Colloque organisé à Amsterdam par la Société internationale du meme nom pour le bicentenaire de la Révolution française. Ce portrait prendra place dans l'ouvrage annoncé précédemment sur les Métamorphoses de la passion sociale, aux côtés des biographies intellectuel­ les de philanthropes et d'hygiénistes tels Robert Debré, Robert-Henri Hazemann, Henri Sellier, et Sicard de Plauzoles. r Cet ouvrage, ainsi que nous l'annoncions, sera d'ailleurs précédé d'un premier - actuellement en voie d'achèvement -, Eminents hygiénistes. C'est un de ces chapitres que nous donnons ici, sous le titre "Les 'Rockefeller Medicine Men' en France (1917-1923)", chapitre qui sous une mouture différente a paru dans la Revue historique. n°560 (octdéc 1986). A partir de sources essentiellement américaines, puisées aux archives de la Fondation Rockefeller, nous y étudions la "découverte" de la tuberculose en tant que problème militaire au cours du premier conflit mondial, les moyens de fortune montés à la hâte pour tenter de la circonscrire, et l'impact de la Commission américaine de préservation contre la tuberculose rendue en France à partir de l'automne 1917. C'est là un chapitre totalement ignoré de notre histoire sanitaire, et le prélude à la constitution d'un ministère et d'une administration de la Santé publique. La guerre, et l'Amérique; l'alarme, et une mystique de 1'effici en cy; c'est sur ces bases que se construit notre appareil sanitaire. Nous avions par ailleurs mentionné une conférence donnée en janvier 1987 lors d'une journée consacrée par le Musée social à l'histoire du Service social. Nous en donnons ici le texte publié dans Vie sociale, 8/9, 1987: "L'Idée de 'Service social' dans la pensée hygié­ niste (1928-1936)". Unifiant la bienfaisance et la prophylaxie en une structure opérationnelle unique. c le Service social nous a paru un fédérateur de concepts: il fédère les efforts publics et privés, rapproche éducateurs et philanthropes, hygiénistes et sociaologues, femmes et médecins, réalistes et idéologues. En ce sens, il participe de cette rationalisation du savoir administra tif qui forme la charpente de notre recherche. 2/lntimité Maxime Leroy, Robert Debré nous ont amené à travailler de plus près sur la fin-de-siècle, et plus préciséement sur les composantes esthétiques de la passion sociale. Chacun sait la proximité entre avant-gardes politiques et avant-garde esthétiques autour de l'Affaire Dreyfus. Dans le droit fil de nos recherches sur l'histoire du décor intime, nous nous sommes dans cette perspective inté réssés à ce mouvement connu sous le nom d'art social "l'art pour le peuple à défaut de l'art par le peuple", disait Jean Lahor -, lequel prétend conjuguer art, hygiène et confort sous le vocable d'une "hygiène esthétique". C'est une première version de cette étude, une sorte de programme de travail, que nous donnons ici sous le titre: "Pensée sociale et langage plastique: l'art pour le peuple (1889-1913)" Rencontre, disions-nous d'entrée de jeu, entre hygiène et intimité. Nous souhaitons travailler sur des hommes comme Jean Lahor, poète symboliste ami de Mallarmé, et médecin (de son vrai nom Henri Casalis), auteur de divers ouvrages sur la Science et le mariage, eugéniste convaincu (c'est un des fondateurs de la Société de prophylaxie sanitaire et morale), et introducteur en France de Uilliam Morris, propagandiste infatigable de l'Art nouveau. Renaissance des arts décoratifs, esthétique du home comme de la rue, hygiène et "zootechnie humaine": tous ces thèmes s'entremêlent ici, l'hygiène n'étant qu'une 'branche de l'esthétique"... A travers de semblables personnalités, c'est le rapport entre pensée sociale (une pensée souvent anarchisante, ou socialiste), réforme du design et langage plastique (celui, au même moment, des Nabis et néo-impressionnistes, lesquels font de la toile un "ornement", comme le dit Maurice Denis), que nous souhaiterions creuser prochainement. Impossible en effet, nous semble-t-il, de saisir l'oeuvre d'un Le Corbusier ou d'un Léger - leur pensée du décor sans un approfondissement préalable des si riches débats du tournant du siècle. Lion Murard, Patrick Zylberman "Une occasion proprement inouie" (1)... Au berceau de la santé publique en France, une alarme salvatrice, l'éphémère et féconde combinaison d'un danger et de la terreur du dan­ ger ; les hasards aussi d'une rencontre avec le Nouveau Monde. Qu'apparaissent, chétifs mais autonomes, un minis­ tère de l'Hygiène (1920), puis de la Santé (1930) ; que s'accélère la médiocre, mais peu résistible ascension d'un corps de médecins-administrateurs, de fonctionnaires locaux (1902), puis d'Etat (1940) : ce sont là les tardifs béné­ fices d'un véritable état de siège hygiénique qui, sous la pression du Haut-Commandement, porta nos si défaillantes autorités à connaître enfin des ravages d'un fléau innomé parce qu'obscène ; pas davantage ne se devrait sous-estimer le formidable élan opérationnel près d'un quart de siècle durant imprimé par les "Rockefeller medicine men" . L'esprit de guerre, impolitique et social, vivifié par une méthodo­ logie de l'action administrative : le mélange est curieux et, nous semble-t-il, le cas unique d'instruments ou de modèles parallèlement éprouvés de part et d'autre de l'A­ tlantique, diffusés et plus encore perfectionnés en Europe 9 par leurs concepteurs eux-mêmes. Que l'on songe seulement à la difficul tueuse acclimatation du taylorisme ou du for­ disme ; non moins méthodique et collective, elle aussi en­ fantée aux USA, la médecine des populations (2) fournit à l'inverse au mouvement hygiéniste français son programme. "Un mouvement d'idées sans programme" ; "d'effroyables besoins" accusant un retard moins scientifique qu'organisa­ tionnel (3) : la voilà l'occasion "inouie" surprise au soir de son arrivée à Paris par la "Commission de préservation contre la tuberculose en France" - plus communément nommée : Mission Rockefeller. Nous sommes en 1917, l'année même où, sous les auspices de la Metropolitan Life Insurance Compa­ ny, s'ouvre dans le Massachusetts la bientôt célèbre "dé­ monstration d'hygiène" de Framingham : là, du vieillard au nouveau-né, nul pendant cinq ans n'échappera à une surveil­ lance médicale de tous les instants, ne se dérobera à un faisceau de prescriptions minutieuses ; de fait, le taux de mortalité tuberculeuse chutera spectaculairement de 68% (4). Et n'est-ce pas un Framingham en grand, précisé­ ment, une expérimentation simultanée mais autrement ambi­ tieuse, qu'annonce en septembre - trois mois à peine après qu'il eût été accueilli par le président Poincaré - le di­ recteur de la Mission ? "La chance, câble Livingston Farrand, s'offre opportunément en France à l'heure présente d'éla- borer un plan de grande envergure, tel que le monde n'en a jamais connu auparavant" (5). Puissamment révélateur des démangeaisons de la "Progressive Era", de son inaltérable assurance, le propos intéresse la chronique du réformisme social, éclaire la singularité de ce moment franco-américain. "Capturée par les docteurs" (6), la philanthropie privée découvre alors l'étonnante soumission de la santé publique à la tyrannie des chiffres, s'émerveille - dans les mots du premier président de la Rockefeller - qu'elle "tend(e) d'elle-même à la mesure objective" (7) : aussi bien lui accorde-t-elle depuis 1909 le meilleur de son attention ; et, par-delà la nécessaire protection de ses "boys" engagés, comme on sait, aux flancs de l'Entente, brûle maintenant de faire se lever sur la mère-patrie du pastorisme l'aube de la "sanitation universelle" (8). D'une coupable indiffé­ rence à une non moins inconséquente "panique" (9), le bas­ culement de l'opinion n'y paraît-il pas autoriser, voire commander la refonte pleine et entière d'une machinerie obsolète ? Si la question de la tuberculose doit en France être "pratiquement reprise à zéro", persifle en novembre 1916 Hermann Biggs, si "la situation présente y est à peu près ce qu'elle était chez nous aux alentours des années 1895-1900", c'est qu'on y méconnaît résolument l'axiome premier des maîtres de l'hygiène planifiée : le fléau est moins l'affaire de la médecine que d'une économique sani­ taire, s'affronte, dira L. Farrand, tel un immense "pro­ blème administratif et social" (10). Et bien sûr, c'est à une semblable transmutation scientifique que travaille la Mission : "Point n'est besoin de pousser bien davantage à la roue, note-t-on en 1919. Il ne s'agit en la matière que de diriger les Français sur la bonne voie, en sorte qu'ils ne répètent pas les erreurs que nous avons commises voici vingt ans" (11). Un brin de condescendance ; l'énoncé sur­ tout d'une dialectique de la connaissance approchée, d'une ingénierie corrective où les applications successives n'i­ ront pas sans réagir sur la construction des modèles euxmêmes. Les balbutiements, en somme, d'un réformisme essen­ tiellement pragmatique et cumulatif. De là que ces Améri­ cains à Paris nous paraissent emblématiques d'un remarquable choc culturel. "Ceci n'est pas une impertinente importation de connaissances scientifiques au pays de Pasteur, prévient joliment le président de la Fondation, mais plutôt une dé­ monstration de méthode et de travail d'équipe organisé" (12). Comme en écho, la Revue d'hygiène concédera la même année : "La guerre et les Américains ont fait entrer la lutte contre la tuberculose dans la pratique. (...) L'hygiène a cessé d'être une préoccupation spéculative" (13). Warfare + Rockefeller Welf are. Combien bouillonnante de dédain, justement, notre alliée de la dernière heure ! "Il ne fait aucun doute, s'enor­ gueillit en 1922 le directeur-adjoint de la Mission, que nous avons donné le branle au mouvement antituberculeux tout entier ; mieux, impulsé pour une bonne part la santé publique elle-même. (...) Nous avons commencé les semailles" (1A ). Les ambassadeurs de la Rockefeller, pour cela, ont dû éprouver à leurs dépens que, quelque "régénérée" qu'elle parût, la nation sacrifierait moins volontiers à Hygie qu'à Arès ; que son "humeur extraordinairement réceptive, (sa) soif de direction et d'assistance" dureraient par ailleurs ce que durent les roses - résisteraient mal au retour des conditions normales (15). Et c'est à son corps défendant que la Mission se trouvait de la sorte portée en première ligne. Les subits revirements d'une opinion également dé­ boussolée et cocardière ; les retardements, et puis l'im­ pulsivité d'autorités sans cesse distraites par de plus fiévreuses obligations - tout la poussait à s'armer de patience, se rendre seule à un impératif imprévu : par un travail systématique à grande échelle, "prévenir un terrible et proche désastre" (16). "Commissioner of the New York State Department of Health", soupçonné que la fragile parenthèse guerrière devait au plus tôt être mise à profit, la Victoire en quelque sorte prise de vitesse par un plan Marshall première manière. Dépêché en France le 9 janvier 1917 au reçu des premiers "rapports alarmants" parvenus au siège de la Fondation tel à l'été 1916 celui, foudroyant, commis par W.C. Sabine, de Harvard, alors professeur associé à la Sorbonne -, cet esprit irrévérencieux confondrait volont/e'jjlrs, murmuret-on, porte-plume et hache d'abordage. Voire ! "Aussi pressant, notera en 1923 Léon Bernard dans sa nécrologie du sus-nommé, en raison d'un pessimisme un peu excessif que convaincant en raison de la documentation tristement éloquente qu'il contenait" (17), son mémorandum-couperet du 31 mars fait mieux que trouver grâce auprès du très vétilleux Comité exécutif de la Rockefeller. Approuvé en catastrophe le 1er mai, ledit brûlot "décide" illico ledit Comité : le "Tentative Working Plan" alors adopté pour dix ans, les 2,3 millions de dollars dégagés jusqu'à la fin de 1926, les démonstrations d'hygiène massivement prévues en un pays alors tenu pour l'homme malade de l'Europe, n'en sont à la vérité que la pure et simple transcription. Quand l'on songe que voici un an à peine, John D. Rockefeller en personne répondait sèchement aux SOS lancés de Paris par la romancière Edith Wharton qu'un principe sacré lui commandait de ne venir en aide qu'aux "non-be11igérants" ! Entre-temps, c'est entendu, le Nou­ veau Monde a par un véritable coup de théâtre basculé dans la guerre le A avril ; mais ceci exp1ique-t-i1 cela ? Quoi qu'il en soit, l'on fit vinaigre : pressenti par Biggs pour prendre les rênes de la Mission, nommé en mai, Livingston Farrand est à pied d'œuvre en juillet. Long­ temps secrétaire de la National Tuberculosis Association, président de l'Université du Colorado, il a désigné pour l'accompagner : Selskar Gunn, professeur au MIT, "editor" de 1'American Public Health Journal et secrétaire de l'association du même nom ; James Miller, un as en fait de dispensaires ; Miss Crowell, qui supervisera la forma­ tion des infirmières-visiteuses... et quelques orfèvres de moindre calibre. A charge pour cette fine équipe de transvaser dans notre doulce patrie le savoir-faire hier acquis auprès des damnés de la terre, les pauvres Noirs du "deep South". "Le plan d'opération, commentera le président-historiographe de la Fondation, était fondamen­ talement identique à celui mis en œuvre contre l'ankylos­ tomiase : une étude statistique préliminaire pour déter­ miner l'incidence du fléau, l'établissement de dispen­ saires et le lancement d'une vaste campagne d'éducation populaire" (18). Là, en Virginie, dans le Mississipi, la "Rockefeller Sanitary Commission" de 1909 avait tourné l'inconfort d'une ingérence par de savants camouflages. Rien en cette croisade qui ne fût piloté "sous l'égide des institutions existantes" : en sous-œuvre, précise l'historien, "dans les coulisses, par l'entremise des détenteurs reconnus de l'autorité" (19). Ces mêmes Clausewitz se transportent-i1s à Paris ? Du diable s'ils n'y croient devoir jouer les hommes invisibles ! Gouver­ nons depuis les catacombes, ajurait W.C. Sabine, d'une férule indolore, avec "un tact et un soin extrêmes" : "l'éveil du moindre antagonisme serait désastreux". "Craignons les alliances inconsidérées", renchérissait G.E. Vincent, prenons garde que nos menées "donnent au moins 1'impression d'être tramées par des mains françaises ( 20 ) . Si fins calculs, cependant, s'écroulent, ou du moins se corrigent d'eux-mêmes. L'on pensait s'envelopper "d'une couverture française officielle", il fallait endurer des différends sans cesse renaissants. Echaudée, notre alliée convint par la voix de Farrand, et ce dès l'automne 1917, qu'il serait "peu sage" de ne point "conserver notre indé­ pendance". "Il n'est pas d'organisation existante, insiste t-il derechef en décembre, que nous puissions choisir sans exciter sur-le-champ l'hostilité" de ses copines ; ergo, "tout amalgame à l'heure présente serait fatal". Et cette chute à la Cyrano : aurions-nous seulement prêté la bourse ou la main à tel dispensaire plutôt qu'à tel autre, que "nous nous serions immédiatement identifiés avec une faction" ! Sans doute, poursuit l'ami Livingston, notre venue avait-elle été "avidement souhaitée par tous". "Malheureusement pour nous, l'attente quasi universelle était que la Mission débarquât avec des fonds pratiquement illimités et fût prête à subventionner toutes celles des activités que les Français jugeraient dignes et méritan­ tes". Semer l'or à tout vent ? A Dieu ne plaise ! Si cruelle méprise n'avait pas médiocrement rafraîchi l'at­ mosphère : refus secs, dérobades ou temporisations pi­ quaient au vif, causaient chez les solliciteurs "un certain choc soudain". Réponse du berger à la bergère : ses offres d'assistance technique ici et là déclinées, la Rockefeller se vit proprement punie. Si bien qu'en son splendide iso­ lement, elle n'eut plus pour ressource que de payer d'exem­ ple, livrer clés en main ses propres démonstrations d'hy­ giène : les chefs du parti social, observe froidement Farrand, "veulent qu'on leur prouve en quoi les méthodes américaines représentent un mieux au regard des leurs" (21). Le haut-le-coeur le dispute ici à la colère. Un taux de mortalité tuberculeuse double de celui de l'Etat de New ^r York, triple de celui de l'Angleterre, et avec cela, des mines offusquées. L'indigène danse sur un volcan, avait prévenu Biggs au printemps 1917 : "La guerre s'interrom­ prait-elle présentement, que l'on devrait traiter A à 500.000 cas de tuberculose, et ce pratiquement sans le moindre équipement" (22). Fléchir en un tour de main le Minotaure, il n'y fallait pas songer - quand sa venue s'annonçait de si loin, quand la flattaient d'antiques abdications : "La France possède en fait de santé publi­ que une loi fort inefficace, une administration et une organisation sérieusement déficientes. Jamais les autori­ tés n'ont officiellement entrepris de connaître de la tu­ berculose" (23). Campagnes éducatives, enquêtes, statis­ tiques, laboratoires, bref, expérience pratique : néant. Quant à la profession, "initiative et capacité" ne se­ raient point, semble-t-il, ses vertus cardinales : assu­ rée d'être la meilleure, elle manifesterait quelque "len­ teur à adopter les idées nouvelles" (2A). Nos nurses, renchérira Linsly Williams après que la Mission, mise au défi, se fût assurée avec son propre dispensaire du XlXè arrondissement de Paris "le seul endroit où nous avons la certitude de former correctement les infirmières-visiteuses" nos nurses "sont bien mieux instruites que leurs chefs, les médecins, et nous assaillent de leurs plaintes constantes quant au laisser-aller des méthodes en vigueur chez le praticien français" (25). Et la flèche du Parthe : "Le médecin de province moyen ne comprend pas grand chose à la réalité du travail antituberculeux" (26). Missives si grinçantes disent une guerre au couteau. Les "Rockefeller medicine men", pour ne citer qu'un exemple parlant, pla­ nifient-ils dans le cadre de leur guillerette "démonstra­ tion" de l'Eure-et-Loir le lancement d'une vingtaine de dispensaires promis à "surveiller chaque tuberculeux connu ou chaque suspect, ainsi que sa famille, jusqu'à la mort, et même après sa mort, de continuer à surveiller la famille" (27) - et les membres du syndicat médical local de presser ÿpudemment leurs patients au boycott d'orA ganismes dont les praticiens, vieille antienne, "ne se­ raient rien d'autre que des fonctionnaires politiques" (28). Décryptons pour lors, dans le message feutré, policé, de Selskar Gunn, tout un art de 1'"understatement" : "A ces heures, l'on porte assurément beaucoup d'intérêt en Fran­ ce à la tuberculose, à la mortalité infantile et aux ma­ ladies vénériennes ; pour ce qui est maintenant de la santé publique conçue comme un tout, fort rares ou discrets sont les signes d'activité" (29). De fait, la Grande Guerre avait surpris. Pour la première fois, le vrai danger ne parut plus résider dans les maladies dites "pestilentielles", mais dans le grignotage quotidien­ nement exercé par celles dites "sociales". "A la terreur intermittente et violente des épidémies exceptionnelles" succéda de la sorte "la crainte constante" d'endémies or­ dinaires jusqu'alors inaperçues (30). Hier encore, la tu­ berculose fauchait en masse (100.000 morts annuelles) mais dans les coulisses, avec férocité mais discrétion ; "revê­ tue d'un uniforme", "rassemblée, conglomérée et repérée, grâce à son entrée dans l'armée" (31), elle figura un fait nouveau, saisissant. "Le lourd et fatal sommeil" de l'opi­ nion, l'inconvenante apathie de ses chefs, tout cède sou­ dain à la découverte d'un "problème militaire" inconnu (32). Les chiffres parlent d'eux-mêmes : sur 9 millions de mobilisés, le Corps de santé militaire aura entre août 1914 et juin 1919 dépisté 4 à 500.000 suspects, trié 150.000 "vrais" malades, déploré 30.000 décès ; plus de 100.000 soldats furent renvoyés dans leurs foyers, dont 65.000 dans les seuls quatorze premiers mois (33). Aban­ donnés à eux-mêmes, "rejetés dans un monde que leur présen­ ce affolait jusqu'à la panique", ceux-là s'en allaient se­ mant l'infection par le pays ; très vite, la question des "blessés de la tuberculose" devint de la sorte "question de salut public" (3A). En raison de son outrance même, un mot donne la mesure de l'effroi. Le 2 juillet 1918, L. Farrand lançait avec assurance : "Il ne peut y avoir de doute que le nombre des morts par tuberculose excède ce­ lui des tués au combat" (35). Dès lors, la question changeait d'aspect. Quasi-exclusive ment portée, jusqu'à hier, "sur le terrain des initiatives privées", la lutte s'engagea "de toutes pièces sous la pression des besoins de l'armée" (36). Le temps manquait, et l'on ne débusquerait guère, en fait d'atout, que l'im­ pressionnant "monopole" médical soudain conféré au minis­ tère de la Guerre : "Il ne reste que fort peu de praticiens dans les collectivités civiles, observe benoîtement le pré­ sident de la Fondation. Aussi bien y a-t-il peu de résis­ tance à vaincre" (37). Pour le reste, tout, en 1915, était à improviser : méthodes, formation des personnels, labora­ toires, statistiques. Le conflit trouvait la défense anti­ tuberculeuse dans un parfait état de dénûment. Çà et là, de valeur inégale, sans lien entre elles, quelques maigres amorces : 46 dispensaires (38) éparpillés dans 15 départe­ ments seulement, 12 sanatoriums (1.662 lits) - contre 1.500 réalisations analogues en Allemagne. Un trait résu­ me ce pénible bilan : "la maladie qui décimait le plus la nation n'était, pour ainsi dire, pas reconnue légalement" (39) . Paradoxe : la guerre totale inaugure l'ère des solutions partielles. "Aussi incompréhensible que cela puisse paraî­ tre, s'afflige W.C. Sabine, l'intégralité de l'effort con­ senti en France va exclusivement aux militaires tuberculeux" (40) . L'attention tout entière dirigée vers "une catégorie de malades" (41) déterminée, l'on veut dorénavant connaî­ tre, et ne connaître que la tuberculose militaire. Aussi vite que possible, "l'armée dans l'intérêt même de la dé­ fense nationale, éliminait, purement et simplement, de ses casernes et de ses camps, sans autre forme de procès, les semeurs de germes" ; devenue de la sorte "la plus importan­ te des causes de pérennité de la phtisie", la réforme s'im­ posait comme "le plus pressant des sujets d'inquiétude" (42). Est-il nécessaire de le souligner, la situation de ces réprouvés était "lamentable" (43). Chiffre désespéré­ ment inadéquat, 6.000 privilégiés - soit les cas les plus graves - se voyaient heureusement pourvus d'un lit. D'un lit réquisitionné, s'entend, ce qui fait grincer quelques dents. "Chose terrible à dire, expose le professeur de la Harvard, il n'est plus à ce jour, face à un fléau respon­ sable d'une mort sur dix, d'hôpitaux ou de sanatoria ou­ verts aux femmes et aux enfants" (44). Rien ne pouvait da­ vantage révulser la sensible Amérique. "Charité douteuse", tranche-t-elle en 1916, et, "pour employer un euphémisme, inefficace" (45), que le sacrifice de la nation à l'armée : dans ce sarcasme tient la Mission Rockefeller... Vint le moment, en effet, où le voile se déchira : comme pris de vertige devant la crudité du tableau, printemps 1916 les autorités parurent bien près de perdre pied, de déclarer forfait. "Au bord du désespoir, commente mécham­ ment Sabine, le gouvernement s'est dorénavant déchargé de la totalité du problème sur une œuvre privée mais officiel­ lement reconnue, le Comité central d'assistance aux anciens militaires tuberculeux" (46). Croulant sous l'immensité des tâches directement liées à la conduite de la guerre, les bureaux n'avaient opposé à une menace littéralement décimante, que des ouvrages en carton-pâte. Inexpérience et fébrilité en excuseraient l'inefficience ; ne se com­ prennent guère, en revanche "la futilité presque incroyable des suggestions avancées et la totale incapacité à saisir la nautre et l'ampleur du problème" - futilité dont le plus mémorable exemple demeure celui d'un Louis Landouzy présen­ tant pour tout programme à l'émissaire de la Rockefeller "une feuille de papier où d'un crayon tremblant, l'on avait gribouillé sur son pourtour un tracé censé enfermer 1.500 hectares de terrain qui, parsemés pour un tiers de leur surface de maisons particulières, recevraient 80 familles dont le chef devrait être un ancien militaire tuberculeux. Celles-ci cultiveraient les deux autres tiers du domaine (naturellement acheté et bâti aux frais de la Rockefeller) et y passeraient le restant de leur existence" (47). Le remède valut sanction : ce fut le pressant appel à l'i­ nitiative privée. Le 1er avril 1916, donc, s'ouvre l'as­ semblée constitutive du Comité central d'assistance aux anciens militaires tuberculeux. L'événement est d'impor­ tance, si l'on déchiffre en un organe plus conceptuel qu' administratif, l'archétype de ces administrations parallè­ les qui tant feront fureur dans l'entre-deux-guerres. Que bientôt surgisse, pâlichon, rachitique, un ministère de l'Hygiène, à peine osera-t-on le comparer au si voyant, si tapageur Comité national de défense contre la tuberculose (CNDT) - lequel en 1919 ne fait que prendre la relève, justement, de notre Comité central de 1916, n'en est qu'un "remake", une doublure élargie aux étoiles de la politi­ que, des lettres et des sciences. Samaritains de toujours ou ouvriers de la onzième heure, Henri Bergson, Anatole France, Pierre Loti, Léon Jouhaux, Edouard Herriot, Jules Siegfried, Henri Sellier, Joseph Paul-Boncour, Ferdinand Buisson, Arthur Fontaine, André Michelin, d'autres encore, n'honorent pas encore de leur éblouissante présence les premiers faits d'armes du Comité central : à son Conseil de direction se presse, plus martial, le mouvement davan­ tage que la société hygiéniste - les réguliers plutôt que les séculiers. A la présidence, Léon Bourgeois ; le pré carré des hommes de bonne volonté : Alexandre Millerand, Ambroise Rendu, Paul Juillerat, Paul Strauss, André Honnorat, Edouard Fuster, Louis Dausset, Joseph Reinac, Maurice Lazard, Georges Risler ; et puis la garde de fer, les pro­ fessionnels de l'armée du Bien : la bonne dame de Plaisan­ ce - Mlle Chaptal -, les professeurs Albert Calmette et Louis Landouzy, Jules Brisac aussi. Les finances sont entre les mains éminemment financières d'Ernest Mallet, régent de la Banque de France ; au secrétariat général, enfin, adjoint à Maurice Letulle, Léon Bernard poursuit l'extra­ ordinaire ascension qui fera de lui le pape de l'hygiène : il est conseiller technique auprès de Brisac - et en véri­ té la tête pensante, en matière sanitaire, de l'Intérieur -, sera l'âme du CNDT et l'interlocuteur n° 1 de l'Amérique, occupera après Emile Roux le poste suprême de président du Conseil supérieur d'hygiène publique de France. Un corps d'élite, donc, se formait - que l'on supposerait agréé par nos Alliés, dissipant au moins de leur aigreur. Lapidaire, le verdict mortifie. D'abord, air connu, "sa nature même" l'induit à "n'aborder que partiellement la question" (48). Reproche plus vif encore, "ni le Comité ni ses membres, je pense, ne sont vraiment qualifiés pour diriger véritablement le combat" ; et le coup de grâce : "Il y a tant de jalousie en France, les rivalités et con­ sidérations politiques sont si déterminantes, qu'un nouveau Comité (...) serait éventuellement préférable" (49). L'ap­ pétit de paraître ou de primer, l'esprit d'intrigue : le voilà le mal français, la lèpre impure qui ronge, vicie, carie la croisade sanitaire. "Les leaders sociaux prennent le plus vif intérêt à l'intrigue politique" (50). C'est dire que l'expertise ne s'y hausserait jamais à la digni­ té d'un absolu, mais s'abîmerait dans les haines partisa­ nes comme dans les "antagonismes personnels et profession­ nels" (51). Est-il une oeuvre, d'ailleurs, une Ligue, une association charitable qui ne flirte avec un parti, n'en­ chevêtre humanitarisme et électoralisme ? En sorte que l'efflorescence des comités gigognes, les si préjudicia­ bles doubles emplois, les raisons sociales équivoques ou fallacieuses paraissent parfois ne devoir rien à l'intérêt général, tout à l'intérêt particulier. Cette jungle acri­ monieuse, ce maquis politico-confessionnel, l'Américain y pose le regard du Persan : "Il est plusieurs comités emplis de bonne volonté mais une fois encore sans moyens aucun, ou à tout le moins totalement insuffisants, et, plus grave, sans le moindre savoir médical. Chose plus •zc dangereuse s'il se peut, nombre d'entre eux sont si of­ ficieux que le gouvernement s'en irrite certainement" (52). Empêtrée dans la toile d'araignée, papillonnante et sotte, la colonie américaine de Paris ajoute passablement au "chaos" ; compromise avec les factions indigènes, les singeant, elle se montre "subdivisée en cliques diverse­ ment intriquées avec les coteries de la société française", si violemment contaminée qu'avec "la plus détestable im­ pression", le président de la Fondation n'aura de cesse d'en tenir à l'écart la Mission (53). "Plus complexe en­ core que nous le pensions" (56), mobile et volatile, ins­ table ou branlante parce qu'architecturée par le politi­ que, la situationn'inspire que crainte, défiance ou dé­ dain. .. Etonnons-nous alors d'une secrète consigne : "Il est à es­ pérer que le directeur américain (de la Mission) soit por­ té à la tête - Will be made the executive officer - de ce Comité" (57). Tant de sollicitude, envers tant de défauts ! La réponse ne se trouve pas à Paris, mais dans les dépar­ tements - un mot littéralement découvert à la faveur de la tuberculose de guerre. Chargé soudain de magie pour tous ceux d'entre les hygiénistes qui, dans leur commune, n'a­ vaient guère fait jusque là figure que de fâcheux. Cela, si mondaine qu'elle y paraissait, l'entreprise de Léon Bourgeois le laissait présager (56) : car ce Comité cen­ tral ne puisait sa légitimité qu'à coiffer des comités dé­ partementaux, user de ses belles relations pour collecter des fonds à eux aussitôt redistribués. Souvenons-nous : de dispensaires, de sanatoriums pour nos éclopés, point. "En l'absence d'établissements publics, il n'y avait qu' une manière de tourner la difficulté", c'était de cons­ tituer à l'initiative des préfets des associations dispo­ sées à assurer auprès du réformé tuberculeux la continui­ té du traitement et des secours (57). La préfecture leur signalerait l'homme rendu à la vie civile : au comité maintenant de le prendre en charge, de l'assister congrûment à domicile. Initiée par le Service de santé, la "dé­ claration systématique" (58) inviterait par là même à gé­ néraliser la méthode du dispensaire : empruntant aux prin­ cipes autrefois affichés par Calmette à Lille, "toute l'action du comité gravita autour de la fonction du visi­ teur" - autour de volontaires qui, bombardés sur-le-champ "personnel technique", posèrent aux "moniteurs d'hygiène" (59). Posèrent, car si criante est la précipitation qu'une fois encore l'emporte un certain sentiment d'irréalité. La faute n'en était point à la ladrerie : l'Union des in­ dustries métallurgiques et minières, et puis celles du bâ­ timent, des cuirs, des textiles, les Rothschild, Solvay, d'autres : chacun se bousculait pour verser son obole, les souscriptions s'avéraient "considérables" (60), l'élan assez saisissant pour qu'aucun département, pratiquement, n'ose se dérober à la loi commune, ne monte dans la pompe et la solennité "son" comité. Mais conjure-t-on le malheur par le faux-semblant ? "Suppléant momentanément au dispen­ saire avant la lettre", ou, selon une formule plus savou­ reuse encore, "un dispensaire sans dispensaire" (61) : la fonction créant l'organe, il en préparerait l'avénement. Si bel enthousiasme, cependant, résistait mal à l'a­ nalyse : "Rapidement formés, sans dispensaire, sans person­ nel technique spécialement entraîné, note crûment la Rocke­ feller, ces comités groupaient les bonnes volontés. (...) Ils étaient surtout des comités d ''assistance', et non des comités de défense anti-tuberculeuse" (62). Et leur prin­ cipal artisan, Léon Bernard lui-même de concéder traîtreu­ sement en avril 1917 que la mécanique fonctionnait quelque peu "à blanc", que ses effets menaçaient d'être "à peu près nuis" : "(...) partout les mêmes observations ont pu être faites : les comités départementaux manquent de clients et s'en plaignent. Si l'on faisait aujourd'hui la somme des assistés de tous les comités, on arriverait à peine à 4.000 ou 5.000 hommes (dont plus de 3.000 pour la Seine seulement), alors que près de 100.000 hommes ont été ré­ formés pour tuberculose depuis le début des hostilités". Pareille entreprise, conclut-il avec quelque découragement, "ne peut fournir un rendement utile que si un très petit nombre de réformés lui échappe" - et cependant "la plupart ne sont pas atteints par cette organisation" (63). Rien en hygiène n'est cependant tout noir ou tout blanc. Pour faire eau de toutes parts, "n'avoir eu tout d'abord, pour la plupart, qu'une existence nominale" (64), ces pseudo-dispensaires n'en imprimaient pas moins ce petit coup de pouce qui souvent fait pencher la balance. L'affai­ re est à cet égard piquante, qui pose la philanthropie privée au principe d'un futur service public de la préven­ tion. "Premiers anneaux, ainsi que le discerne Landouzy, de la chaîne de protection sanitaire entourant chacun de nos départements" (65), les comités navigueront de ce fait dans un flou juridique voulu, un déni des formes confinant au biscornu. "Emanant de", "associés aux", "secondés par" les pouvoirs publics (66) - toutes formulations incertai­ nes autant qu'alambiquées -, ces œuvres privées mais semiofficielles disposeraient, nous dit-on, avec leur "pleine indépendance", d'une "autorité reconnue par l'administra­ tion départementale" ; gageure absolue, elles en impose­ raient aux bureaux tout en "jouissant d'une vie distincte et d'une véritable autonomie" (67). Sourions de ce peu vraisemblable tour de force ; convenons en revanche des mérites de la méthode Coué : fallait-il que le désarroi fût affreux, l'armature lézardée, pour qu'une agitation aussi convulsive que brouillonne parût donner le branle à la défense anti-tuberculose - voire à l'hygiène sociale tout court ! Pour qu'avec un beau libéralisme, surtout, la loi Léon Bourgeois du 15 avril 1916 confortât l'initiative privée, l'officialisât, se déchargeât partiellement sur des épaules amies - mais rivales - du soin d'édifier un réseau de dispensaires conséquent (68). C'était plonger sans doute la médecine sociale dans un imbroglio sans nom, la tirer à hue et à dia, l'engluer pour vingt ans dans une tourbe d'associations, de fédérations et d'offices privés, publics ou para-publics ; pullulantes, les dissensions intestines ne figuraient-elles cependant un mieux au regard de la non-vie ? L'onction de la loi "apportait aux comités un puissant secours" : qu'ils se transforment au lendemain de la Victoire en "œuvre définitive" (69), étendent leur objet à l'ensemble de la population, s'affichent dans les départements comme le bras séculier du CNDT, et la Rocke­ feller y reconnaîtrait bien vite l'une de ses courroies de transmission privilégiées - un simulacre de services exté­ rieurs. A elle maintenant d'en purger l'amateurisme, muer les dilettantes en managers et les sœurs de charité laiques en infirmières-visiteuses (70) : bref, d'exciter le dépit des pouvoirs publics, de les jeter dans la bataille par le truchement d'une démonstration de méthode - d'une i-f ^ rr rationalisation par le bas. 3. Le Comité National de Défense contre la Tuberculose C'est L. Williams qui, rencontrant en septembre 1919 les docteurs Calmette et Rist les entretient "de l'éventualité de la constitution d'un comité national de préservation contre la tuberculose. (...) Conséquence ou non de notre entretien, j'ai rencontré la semaine dernière, à l'invi­ tation de Calmette, M. Léon Bourgeois, fait très encoura­ geant. Nous avons parlé de la possibilité de réorganiser le Comité national (i.e. Comité central), et de former une organisation destinée à prendre en charge non pas les mi­ litaires, mais la lutte contre la tuberculose en France. Il a été décidé de créer un conseil supérieur national de défense contre la tuberculose dans lequel seraient repré­ sentées toutes les parties prenantes, administration, mé­ decins, etc., ainsi qu'une commission exécutive, plus res­ treinte et plus efficace" (71). "Je pense, conclue-t-il, que ce Comité doit devenir la National Tuberculosis Asso­ ciation appelée à nous succéder partout en France ; lors­ qu'il sera bien organisé, sur une base financière saine, je crois que notre labeur sera bien près d'être achevée" (72) . En 1920, les relations entre le Comité parisien et la commission américaine se faisaient donc, dit Bruno, "de plus en plus intimes" ; "nos deux organismes n'en faisaient qu'un", rappe11era-t-i1 plus tard. Et cependant, les pro­ grès furent lents au Comité, très lents. Au point d'irri­ ter les Américains qui supportaient mal la sublime ineffi­ cacité de ses méthodes. "Le Comité national, écrivait Gunn en mars 1920, me donne toujours bien de souci et demande beaucoup de patience. Ils perdent un temps fou à discuter de détails infimes et n'ont pas encore saisi que leur rôle est d'organiser, de stimuler, de mettre sur pied la propa­ gande, au lieu d'envisager, comme le font beaucoup d'entre eux, leur avenir en tant qu'institution semi-officielle distribuant des subventions octroyées par le gouvernement". En France, en effet, la protection de la santé, lorsqu'elle existe, reste encore essentiellement une réalité locale ; elle est l'apanage d'une "poussière de petites républiques autonomes élevant entre elles des cloisons étanches". Toute l'action de la Rockefeller a donc consisté à tenter de con­ trecarrer cette dispersion politique de l'organisation an­ ti-tuberculeuse, en privilégiant constamment 1'uniformité des méthodes d'action et d'organisation ; à tenter de lier le mosaique des organisations locales par le ciment de la technicité. Par l'édification, en clair, de services tech­ niques de la santé publique. Tout, donc, en ces années cru- ciales dépendait de la capacité à établir des relations convenables et productives avec les départements, de telle sorte que le Comité en retire un caractère vraiment natio­ nal. Pour les Américains, en effet, les difficultés ini­ tiales du Comité étaient dues au fait qu'il "représente Paris et non la province". D'où leur tactique : "stimuler les fédérations locales, ce qui en retour stimulera le centre et le poussera à être plus actif". Hélas ! rien n'était encore vraiment réglé au moment du départ de la Mission, le 1er janvier 1923. "Ils doivent encore faire face, précisait Gunn au sujet des dirigeants du CNDT, à une opposition considérable de la part des départements, opposition provoquée par leurs propres méthodes autocra­ tiques". De là qu'une invicible perplexité, et même un cer tain scepticisme envahissent l'esprit de l'historien. * * * "Aucun effort sérieux", avait tranché Biggs en 1917. Biggs mais demain Farrand, Williams, Gunn, Gregg, Taylor ou Strode : aucun qui n'ait à son heure émis "de sérieux soup çons sur l'efficacité de l'administration française". Et bien sûr, des ethnographes de grande classe ne sont tels que parce que plongés dans l'action. La "pompe à phynan- ces" maniée avec dextérité, ils conseillent officielle­ ment, éduquent officieusement nombre de nos ministres (ainsi de Jules-Louis Breton, de Louis Loucheur et de bien d'autres) ; bâtissent et gouvernent à distance ces petits empires rivaux, ces ministères bis que sont le CNDT (1919) ou l'Office National d'Hygiène Sociale (1924) ; lancent les campagnes de propagande, les films, les pièces, les tracts et les Guignol pour la santé ; montent par Lucien Viborel interposé le si juteux timbre antituberculeux ; sèment encore dans le XlXè arrondissement de Paris, le Meurthe-et-Moselle ou l'Hérault, les réalisations-pilotes. Ahanent, poussent, pressent, tirent : miraculent par la grâce d'une manne financière excédant jusqu'en 1920 celle de la République. Soit un Etat dans l'Etat, mais n'aspi­ rant qu'à l'exemplarité : peu porté à conquérir ou subju­ guer, davantage à plier bagages. Car ces figurants impro­ visés n'auraient de goût qu'à débarrasser les planches, se défaire d'un rôle ingrat. S'astreignent-ils, tels de vulgaires ministres de l'Intérieur, à savoir sur le bout des doigts leur France politique, à "ne négliger", projet magnifique, "aucun effort pour assister aux séances des conseils généraux" consacrées aux questions sanitaires mais c'est qu'infortunément, la représentation ne s'achè­ vera pour eux qu'ils n'aient "conduit les Français sur la bonne voie", "dirigé le sentiment public", converti une machinerie obsolète et branlante à "des méthodes corrects d'administration". Leur croix, leur rocher de Sisyphe : à marches forcées et la rage au ventre - sans le plus min­ ce espoir, avait averti Biggs, "d'effets immédiats" -, charroyer, "forger un mouvement d'opinion" assez torren­ tiel pour que, submergée, l'autorité démocratique cessât de trouver sa sûreté dans son impuissance. Dieu merci, un moyen éprouvé permettrait probablement de couper au plus court : fuyons la Faculté, avait suggéré W. Rose au temps de la "Rockefeller Sanitary Commission" de 1909 ; appro­ chons en revanche le besogneux, assurons-nous du concours d'hygiénistes sans feu ni paille, "jeunes, capables et singulièrement énergiques, qui, dotés de pouvoirs adminis­ tratifs, protégés de toute interférance politique", se porteraient "à la tête d'une armée de travailleurs sociaux" Une décennie s'écoule, et voici ce merveilleux portrait de l'officier de santé selon les vœux de l'Amérique pla­ cardé en France. Coûte que coûte, annonce L. Williams en 1919, dénichons "un groupe d'hommes déterminés à vouer leur vie à la lutte antituberculeuse". Là est l'idée de génie : s'appuyer sur des medical statesmen appelés à les remplacer quelque jour ; à défaut de chefs, former au moins des cadres, les harceler, les ex­ pédier outre-Atlantique, puis, dûment dégourdis, les re- placer aux postes décisifs dans les rouages administratifs français. L'idée de génie, car ces croisés existent - que l'on devine pesés au trébuchet, scrutés avec soin et gour­ mandise. Ainsi de Jacques Parisot, du grand seigneur lorain surpris par l'Oncle Sam dans "son effort pour assai­ nir un quartier misérable de Nancy. Trois mois avant les élections municipales, il présenta au maire les statisti­ ques indiquant que les taudis en question abritaient une mortalité infantile de trois fois supérieure à celle de la ville, des chiffres triplés aussi en matière de tuber­ culose et de maladies contagieuses. Après un laps de temps décent, P. demanda à l'édile ce qu'il entendait faire et, par le truchement d'un ami conseiller municipal, le fit prévenir qu'il publierait son rapport si quelque action cruciale n'était engagée. C'est alité que P. dirigea l'es­ sentiel de la manœuvre : ses effets furent tout bénéfice, le quartier démoli et reconstruit". Des bagarreurs de cet acabit, nous l'avons dit, il s'en trouve par le pays une poignée à espérer contre toute espérance. Que ces jeunes drôles, maintenant, se frottent à l'enseignement de la Johns Hopkins, fassent ami-ami avec les cracks de 1'Ame­ rican Public Health Association : à n'en pas douter, ils s'en retourneront de leur pèlerinage farouchement résolus à se poser à leur tour en "autorité technique suprême". La coincidence n'est-elle pas éclairante, qui de ces mé­ decins made in USA - de ce noyau fondateur du Syndicat des médecins hygiénistes français (1925) -, fait tout au long de l'entre-deux-guerres l'"œil" de la Fondation dans notre labyrinthe po1itico-adminsitratif, et l'infatigable artisan d'un "grand" ministère technique ? il J*'- NOTES (1) H. Biggs (directeur des services d'hygiène de l'Etat de New York) à E.R. Embree (secrétaire de la Fondation Rockefeller), 2/4/1917, où il ajoute, toujours à pro­ pos de la France : "Pareille occasion ne se représen­ tera peut-être pas d'ici la prochaine génération" Rockefeller Foundation Archives (ci-après : RFA), R.G.1.1., série 500 T, boîte 28, chemise 268. (2) Sur l'étonnant périple qui vit l'hygiène quitter la France "pastorienne" pour y revenir "planifiée" ; vo­ guer comme une "police sanitaire", s'en retourner sous forme d'une médecine préventive - v_. James H. Cassedy, Charles V. Chapin and the Public Health Movement (Cam­ bridge Mass: Harvard UP, 1962) ; et incidemment notre "La raison de l'expert, ou l'hygiène comme science so­ ciale appliquée", Archives européennes de sociologie, XXVI (1985), 1. (3) L. Williams (1875-1934, adjoint de H. Biggs à New York, successeur en mars 1919 de L. Farrand à la tête de la Mission Rockefeller en France) à W. Rose (direc­ teur de l'International Health Board de la Fondation), 5/12/1921 - RFA, R.G.1.1., série 500 T, boîte 27, che­ mise 262. Et L. Farrand (1867-1939, nommé directeur de la Mission en mai 1917) à W. Rose, 7/8/1917 - RFA, R.G.1.1., série 500 T, boîte 25, chemise 249. (4) R. Sand, L'Economie humaine par la médecine sociale (Paris: Rieder, 1934), 23 s_q_. , et L. Dublin, A 40 Year Campaign against Tuberculosis (New York: Metropolitan Life Insurance Cy , 1952), 80 s_q_. ; sur ses équivalents en Europe, v_. G. Lafosse, "Trois intéressantes expé­ riences sanitaires : Framingham, Jumet, Vanves", Revue pratique d'hygiène municipale, 3, 6-7/1924, et 5, 9-10/ 1924. (5) L. Farrand à W. Rose, 29/9/1917 - RFA, R.G.1.1., série 500 T, boîte 25, chemise 250. (6) R. Fosdick, qui, choisi par W. Wilson, sera avec J. Monnet adjoint au Secrétaire général de la SDN, puis dans les années 1950 président de la Fondation Rocke­ feller - cité in Lewis Hackett Manuscript, "History of the International Health Division", RFA, R.G.3., série 908, boîte 5, chemise 28, 5. (7) G.E. Vincent, cité in L. Hackett Manuscript, loc.cit ■, 1 (nous soulignons). Premier président de la Fondation, Vincent était sociologue. (8) G.H. Whipple, qui pour parler d'un monde "lié par des chaînes bactériologiques", évoquer la Bible à tout propos, exprime à merveille l'évangile social de ce protestantisme libéral si fort en honneur à la Rocke­ feller - cité par L. Guinon, "La médecine sociale", in E. Sergent, L. Ribadeau-Dumas et L. Babonneix, Traité de pathologie médicale et de thérapeutique ap­ pliquée, vol XXXIII (Paris: Maloine, 1925), 9. (9) W.C. Sabine, 18/9/1916, in "Rockefeller Foundation : War Relief Report n° 11" - RFA, R.G.1.1., série 500 T, boîte 28, chemise 268 : "Peu après le déclenchement des hostilités, le grave problème de la tuberculose qui jusqu'ici ne rencontrait qu'indifférence - se mé­ tamorphosa bien vite en un problème plus grave encore que l'on affrontait de manière tout aussi périlleuse dans la panique et l'alarme". Sabine paraît tenir l'es­ sentiel de ses informations de Maurice Lazard, qui re­ présente Henri de Rothschild, et de Maurice Letulle, professeur à la Faculté de Médecine. (10) H. Biggs à Starr J. Murphy, 29/11/1916 (après lecture du rapport Sabine précédemment cité) - RFA, R.G.1.1., série 500 T, boîte 25, chemise 247. Et L. Farrand à W. Rose, 15/10/1918 (nous soulignons) - RFA, R.G.1.1., série 500 T, boîte 26, chemise 256. (11) L. Williams à V.H. Geiser, 13/10/1919 - RFA, R.G.1.1., série 500 T, boîte 26, chemise 258. (12) G.E. Vincent, "The Rockefeller Foundation : A Review for 1919" - cité par R. Fosdick, The Story of the Rocke­ feller Foundation (New York: Harpers and Bros, 1952), 38. On ne séparera pas cette remarque de l'avis expri­ mé par le Medical Advisory Committee du War Council, qui réunit à Washington le 24/9/1917 W. Rose, les doc­ teurs Welch, Rosenau, Biggs, Chapin e_t ali i : "Quels que soient les mérites exceptionnels de bien des tra­ vaux scientifiques français, la signification de la santé publique n'a pas été perçue" - RFA, R.G.1.1., sé­ rie 500 T, boîte 25, chemise 250. (13) E. Marchoux, Revue d 'hygiène, 12/1919, 1093-94. (14) A. Bruno, "Bureau of Departmental Organization, Annual Report, 31/12/1922", RFA, R.G.1.1., série 500 T, boîte 32, chemise 275. (15) H. Biggs, 2/4/1917. (16) H. Biggs, 29/11/1916. (17) L. Bernard, Revue d'hygiène, 9/1923. (18) R. Fosdick, o p . cit ., 38. (19) W. Rose, 1910. Et J. Ettling, The Germ of Laziness. Rockefeller Philanthropy and Public Health in the New South (Cambridge, Mass., Harvard UP, 1981), (20) W.C. Sabine, 4/8/1916 ; Vincent, G.E. Vincent, mémo­ randum juillet 1918. (21) L. Farrand, 7 septembre et 21 décembre 1917. (22) H. Biggs, Conférence du 2 mai 1917, cité par C.-E. A. Winslow, Life of Hermann Biggs (Philadelphia, Lea and Febiger, 1929), 304. (23) H. Biggs, Rapport du 31/3/1917 (sur son séjour en Fran­ ce) - qui souligne le manque de "fonctionnaires sani­ taires à temps plein", de laboratoires, d'éducation sanitaire, et rappelle les taux de mortalité tubercu­ leuse anormalement élevés, près de 3°/00 pour l'ensem­ ble du pays, soit deux fois plus que dans l'Etat de New York, trois fois plus qu'en Angleterre (RFA, R.G. 1.1., série 500 T, boîte 28, chemise 268). (24) H. Biggs, 2/4/1917. (25) L. Williams, 20/8/1919. Le plan d'action soumis par H. Biggs le 31 mars ne se séparait pas d'une "réorga­ nisation des études médicales". En octobre 1919, la Mission parvient à instituer à Paris un cours de per­ fectionnement en phtisiologie, à destination surtout des praticiens de province appelés à diriger les dis­ pensaires - v_. entre autres L. Williams, 13/10/1919. (26) H. Biggs, 2/4/1917. (27) A. Bruno, Contre la tuberculose. La mission américai­ ne Rockefeller en France et l'effort français (1917 — 1925) (ouvrage présenté comme thèse à la Faculté de Médecine de Paris, 1925), (28) L. Williams, Rapport de 1919, (29) S. Gunn à W. Rose, 14/2/1919 - RFA, R.G.1.1., série 500 T, boîte 26, chemise 257. Plus sévère encore est A. Bruno en 1925, o p . cit ., 17-18. (30) L. Bernard, "L'enseignement de l'hygiène dans les Fa­ cultés et Ecoles de Médecine", Revue d'hygiène, 12/1919, 1161. A. Honnorat, dans son "Rapport... sur la propo­ sition de loi tendant à instituer des dispensaires d'hygiène sociale et de préservation anti-tuberculeuse" , Chambre des députés, séance du 19/2/1916, n° 1863, 36, évoque également le "péril constant" des maladies trans­ missibles. (31) L. Bernard, Défense... (1929), 239. (32) L. Bourgeois devant le Congrès de l'Alliance d'hygiène sociale de 1913 - cité par H. Sellier, La lutte contre la tuberculose dans la Région parisienne, 1896-1927. Le rôle de l'Office public d'hygiène sociale. Son or­ ganisation ..■, Rapport présenté au Conseil général de la Seine, 12/1927 (Ed. de l'OPHS, 1928), 548. Et H. Biggs, "Address at a Meeting of theConférence of State and Provincial Boards of Health", 2/5/1917 - cité in C.-E. Winslow, Life of Hermann Biggs, op. cit., 302. (33) Nous nous basons sur le médecin-major V. de Lavergne, "Le Service de santé militaire et la lutte anti-tuber­ culeuse", Revue d 'hygiène, 10/1922, 880-81. Duguet, 1oc. cit., 33, parle de 40.000 décès. (34) W.C. Sabine, Rapport du 18/9/1916. Et L. Landouzy, "La guerre et l'assistance aux blessés de la tuberculose", Allocution du 10/12/1915, in la Guerre et la vie de demain. Conférences faites à l'Alliance d'hygiène so­ ciale (années 1914-15 et 1915-16), t. II (Alcan, 1917), 66 . (35) L. Farrand à W. Rose - RFA, R.G.1.1., série 500 T, boî­ te 26, chemise 255. (36) L. Landouzy, in "Historique...", ibid . Et L. Guinon, loc. cit., 25. (37) G.E. Vincent, "Mémorandum on visit to Italy, France and England, March 30 - June 2, 1918", juillet 1918 RFA, R.G.1.1., série 500 T, boîte 29, chemise 269. (38) "...Dont beaucoup étaient fermés, précise Alexandre Bruno. 22 seulement fonctionnaient en 1917, à l'arri­ vée de la Mission Rockefeller, et encore la plupart de ceux-ci étaient simplement des cliniques de consulta­ tions, des distributeurs de médicaments (...)• Ce n'é­ taient pas des vrais dispensaires de diagnostic et de préservation dans le sens moderne du mot" - in Contre la tuberculose..., o p . cit ., 18. (39) L. Bernard, Allocution du 21/11/1925 au Conseil de direction du Comité national de défense contre la tu­ berculose (hommage rendu à la mémoire du président L. Bourgeois, disparu le 29 septembre), Revue de phtisio. méd.-soc., 6, nov.-déc. 1925, 434. (40) W.C. Sabine, Rapport cité du 18/9/1916. (41) H. Sellier et H. Rousselle, l'Office public d'hygiène sociale du département de la Seine et la lutte contre la tuberculose dans l'agglomération parisienne, Rap­ port présenté au Conseil général, 12/1920 (Ed. de l'OPHS), 52. Et L. Williams, "La Fondation Rockefeller pour la lutte contre la tuberculose en France", Confé­ rence donnée le 28/1/1922 au Musée social, Revue du Musée social, 2/1922, n° 2. (42) L. Landouzy, Allocution citée du 10/12/1915, 63. Id ., in "Historique...", archives du CNLMR. Et Edith Wharton à W. Greene (directeur de la War Relief Commission), 10/3/1916 - RFA, R.G.1.1., série 500 T, boîte 25, che­ mise 247. (43) A. Vaudremer, loc. cit ., 150. (44) W.C. Sabine, Rapport cité du 18/9/1916. (45) Ibid. (46) W.C. Sabine, Rapport du 18/9/1916. Et, sous une forme plus châtiée, L. Bernard, Défense... (1929), 145 : "... le mieux était de s'assurer le concours de l'initiati­ ve privée et c'est à elle que le Gouvernement a confié la tutelle des réformés tuberculeux". (47) W.C. Sabine, loc. cit. (48) W.C. Sabine, Rapport du 18/9/1916. _V. aussi, dans le même sens, L. Bourgeois in Bull, du Comité central... (création et rédaction L. Bernard), 2, oct.-déc. 1916 - cité in Rev, phtisio. méd.-soc., 6, nov.-déc. 1925, 437 . (49) H. Biggs à W. Rose, 27/4/1917, où il suggère que la Mission travaille "en coopération" plutôt que "sous la direction immédiate" du Comité central (comme le prévoyait le "Tentative Working Plan" adopté par la Fondation) - RFA, R.G.1.1., série 500 T, boîte 25, che­ mise 248. Cette défiance ne se relâchera guère. Et ce n'est qu'avec l'installation des Américains aux com­ mandes du CNDT qu'ils espéreront un moment trouver en celui-ci "à l'échelle de la France, la National Tuberculosis Association qui nous remplacera" - L. Williams à W . Rose, 6/11/1919. (50) G.E. Vincent, Mémorandum de juillet 1918. Il est à remarquer que le président de la Fondation se borne ici à reproduire les propos de A. Hovelacque, conseil­ ler municipal de Paris, "radical et protestant" - le­ quel, au cours d'une rencontre antérieure, s'était longuement étendu sur "l'âcre animosité" régnant entre factions politiques et confessionnelles, cf. G.E. Vin­ cent, "Mémorandum of an interview with M. Hovelacque (...) made Tuesday, May 29, 1917", 2/6/1917, RFA, R.G. 1.1., série 500 T, boîte 25, chemise 249. (51) L. Farrand à W. Rose, 21/12/1917 - RFA, R.G.1.1., sé­ rie 500 T, boîte 25, chemise 251. Et W.C. Sabine, Rap­ port du 18/9/1916. (52) W.C. Sabine à J.D. Greene, 4/8/1916, RFA, R.G.1.1., Projects, série 100 N, vol. VI, chemise 611. (53) G.E. Vincent, Mémorandum de juillet 1918, et entretien avec A. Hovelacque, mai 1917. (54) L. Farrand à W. Rose, 7/8/1917. (55) "Tentative Working Plan for the Control of Tuberculosis in France", mémorandum présenté par le directeur général de l'IHB, W. Rose, 3/4/1917 - RFA, R.G.1.1., série 500 T, boîte 25, chemise 246. (56) C'est dès le 14 août 1914, en fait, que s'était amor­ cée en matière d'hygiène la si remarquable montée en puissance du département - prélude au projet avorté, et combien proche de celui de Clémentel, d'une régio­ nalisation de l'action sanitaire au lendemain de la Victoire. En vertu de l'article 8 de la loi de 1902 lequel, en cas d'épidémie et pour un temps déterminé, invitait le gouvernement à fixer la composition et le ressort des autorités chargées des mesures de sauve­ garde -, le décret divisait les départements en cir­ conscriptions sanitaires dirigées par un délégué dis­ posant de pouvoirs exceptionnellement étendus. Ce texte posait un principe d'une portée considérable : "l'autorité municipale cédait le pas à l'autorité sa­ nitaire en matière d'hygiène" - L. Aublant, "Quelques considérations sur les attributions de l'Inspecteur départemental d'hygiène (décret du 14 août 1914)", le Mouvement sanitaire, 10/1924, 248. (57) A. Honnorat (1916), 120 - qui cite à ce propos la cir­ culaire de l'Intérieur du 21/3/1916 ; l'initiative ne venait d'ailleurs nullement de J. Brisac, mais une fois encore de la Commission permanente qui, sur rap­ port de Grimanelli, avait dès le 15 janiver arrêté la création de comités départementaux et d'un Comité central . (58) A. Vaudremer, 1oc. cit., 154 : "L'action anti-tubercu­ leuse pendant la guerre a été efficace (...) parce que l'organisation réalisée a permis de déclarer systéma­ tiquement les cas de tuberculose confirmée, diagnosti­ qués dans l'armée ; aujourd'hui, les tuberculeux sont dépistés, ils ne sont pas déclarés. (59) L. Bernard, Défense... (1929), 245-46. (60) A. Honnorat (1917), 75 - qui rejoint ici L. Bernard parlant le 4/5/1917 devant 1'AG du Comité central (in archives du CNLMR) de "sommes considérables". Rappe­ lons que le Comité central avait pour finalité majeu­ re la collecte de fonds. C'est "sur ma demande", expo­ se le 18/11/1916 L. Bourgeois (in Bull. Ail, hyg. soc., 37, jan.-déc. 1916, 5), que les grands industriels sont intervenus dans la lutte. Le rapport sur la situation financière d'Ernest Mallet, au 4/5/1917, chiffre à 580.000 frs les recettes, dont 25.000 seulement en pro­ venance de l'Intérieur, contre 117.000, par exemple, venant du comité constitué en Amérique par l'ambassa­ deur de France Jusserand, le duc et la duchesse de Richelieu ; 50.000 auraient été dépensés en frais de propagande, 43.000 en subventions aux comités départe­ mentaux (dont 28.000 pour le comité de la Seine). L '"Historique..." indique pour sa part : 480.000 frs collectés en nov.-déc. 1916, 1.470.000 fin 1917, 2.900.000 fin 1919 - la part des souscriptions émanant des entreprises ou des particuliers l'emportant là en­ core très largement sur les subventions publiques, et notamment sur celles des conseils généraux. Ne sont pas inclus dans ce total les 1.700.000 frs de bénéfi­ ces réalisés le 4/2/1917 au cours de la Journée na­ tionale des tuberculeux. (61) A. Honnorat (1917), 74 ; id_. (1916), 120. Et L. Ber­ nard, "Rapport sur l'action des comités départementaux AG du Comité central du 4/5/1917, 21. (62) A. Bruno (directeur-adjoint de la Mission Rockefeller, responsable de l'organisation départementale), qui poursuit : "Géuvre de guerre, le comité délaissait presque totalement la population civile, les femmes et les enfants, et même pour les réformés, la surveillan­ ce prophylactique était minime..." - Contre la tuber­ culose ,.. (1925), 178. (63) Rapport présenté à la Commission permanente - cité in A. Honnorat (1917), 76-77. L'on se demande sur quelles sources s'appuie de Lavergne (loc. cit., 897) pour chiffrer à 25.681 le nombre de réformés assistés par les comités départementaux - quand L. Bernard, on le voit, parle d'à peine 4 à 5.000 hommes en avril, puis derechef confirme peu ou prou cette estimation devant le Comité central en mai 1917, en portant à 4.000 ins­ crits seulement les réformés pris en charge par le comité de la Seine (dont il est, avec Mlle Chaptal, le secrétaire général). (64) A. Martin (médecin de dispensaire), "Conception ac­ tuelle de l'organisation des dispensaires anti-tuber­ culeux", Rev, phtisio. méd.-soc., oct.-nov. 1931 (nous citons d'après la version dactyl., 15 ff, archives du ministère des Affaires sociales, carton SAN 7789). (65) L. Landouzy, "Historique...". (66) Ces expressions in L. Bernard, Défense... (1929), 245 et Rapport Grimanelli devant la Commission permanente - cité par Honnorat (1916), 120. (67) A. Honnorat (1917), 75, où il précise que "la gestion en échappe aux préfets". L. Guinon, loc. cit., 6, qui souligne leur "collaboration étroite avec les ministè­ res". Et Grimanelli, in Honnorat (1916), 120. (68) 3 départements seulement adoptèrent la formule du dis­ pensaire public : 14 lui préférèrent le type de l'Of­ fice départemental ; la majorité se ralliant au type associatif : 60 des comités départementaux se muèrent en dispensaires privés - v_. L. Bernard, Défense... (1929), 252 ; et A. Bruno, "Bureau of Departmental 0rganization, Annual Report, 31/12/1922", RFA, R.G. 1.1., série 500 T, boîte 32, chemise 275. (69) L. Bernard, Défense... (1929), 246 ; et Allocution citée de 1925 : "Les comités départementaux appliquent désormais leur activité, à l'abri de la loi sur les dispensaires, à l'ensemble de la population". A Paris, notamment, par deux arrêtés préfectoraux des 16 et 27/7/1918, était créé au vu d'un rapport de H. Sellier déposé devant le Conseil général un organisme inédit qui, représentant l'agglomération toute entière, pre­ nait le nom d'Office public d'hygiène sociale du dé­ partement de la Seine (OPHS) : doté par le Conseil gé­ néral, dira L. Bernard en 1922 (in AG annuelle du CNDT, 18/3/1922, Masson, 1922), d '"un budget plus élevé que celui que consacre l'Etat à la nation entière", l'Of­ fice se substituait le 1/4/1919 au comité départemen­ tal d'assistance aux militaires tuberculeux. Sur la base d'une esquisse soumise en 1913 par L. Bernard devant la Commission de la tuberculose du Conseil mu­ nicipal (créée en 1910), l'Office adopte pour le dépar­ tement un plan de création de dispensaires - plan, di­ ra W. Rose le 29/1/1919, "à l'élaboration duquel Farrand a mis la main". (70) "Première pénétration de 1'IHB sur le terrain du ser­ vice social" (L. Hackett), cette tâche s'avéra "la plus délicate, et peut-être la plus importante" - pré­ cisait L. Williams dans son Rapport de 1919 (RFA, R.G. 1.1., série 500 T, boîte 29, chemise 270) - de toutes celles entreprises par la Mission. A son arrivée à Paris, n'existait que l'Ecole des Infirmières-visiteuses de France fondée début 1914 par la marquise de Ganay. Tout reposera, en fait, sur le dispensaire du XlXè arrondissement de Paris, sorte de "vitrine" de la Rockefeller en la matière. Aussi bien les nurses, dont la Fondation assure le traitement pendant un an dans chacun des dispensaires, seront-elles son plus sûr relais en fait de "supervision des dispensaires" nouvellement créés ; "mieux instruites" que les méde­ cins, elles "se plaignent constamment" de "la négli­ gence des méthodes" dont font preuve ces derniers (L. Williams, 13/10/1919). "La formule de l'infirmièrevisiteuse, conclut W. Rose en 1919, est profondément ancrée" - "Conférence with Dr Farrand Jan. 29, 1919", RFA, R.G.1.1., série 500 T, boîte 26, chemise 257. I, TIDEE DE DAIMS "SERVICE LA PENSEE SOC IAI/’ HYGIENISTE C 1 9 2 8 - 1 9 3 6 9 Lion Murard. Patrick Zylberman La Belle Epoque ne l'a pas ignorée; le dispensaire antitu­ berculeux en dévoile les prémices. Mais c ’est en 1912 qu’elle apparaît, à l’instar des Américains, dans un contexte hospi­ talier, dans d ’abord à le service la des Clinique tuberculeux des de Enfants-Malades, l’hôpital Laënnec puis (1). Après la guerre les hygiénistes y virent le moyen de mettre un terme à 1 ’incohérence des initiatives et à la dispersion des efforts, gravement ciaux. incohérence et dispersion qui l’organisation de la lutte contre L ’idée de "service social" affaiblissaient les fléaux so­ laissait espérer la coor­ dination des divers organismes de défense et de prévention: oeuvres, structures gouvernementales, services administratifs Cet ultime développement nous retiendra tout particulièrement "Nées, comme par remarquait en la force même des choses, décembre 1914 Léon Bourgeois, de la guerre , évoquant les réformes et les oeuvres sociales. Nés de la guerre, également le service social et la politique sanitaire. Infirmières- visiteuses en nombre "presque insignifiant", idée du service social portrait "pour ainsi dire inexistante": le France sociale brossé par Alexandre Bruno, en 1917 avec la Mission Rockefeller, arrivé n ’est Ni les moniteurs du dispensaire Calmette, pas de la à Paris flatteur. à Lille, ni ceux de son homologue lyonnais; ni les élèves de l'école nouvelle­ ment ouverte par la marquise de Ganay; ni même les visiteuses du service antituberculeux de Laënnec ne pouvaient se com­ parer aux "public health visitors" anglais ou américains. Quant à la politique sanitaire, et particulièrement la lutte antituberculeuse, le conflit l’avait trouvée dans un parfait "état, de dénuement" (2). Pareil synchronisme "service et aux social" autorise commune, fondatrices de la croyance disons, aux l ’Association en ténors des une de idée du l’hygiène Surintendantes de France, parce qu'elle résulte chez tous des leçons délivrées par le même professeur: des deux mouvements quarteron Bourgeois, surtout, cela de l’Amérique. - deux politiciens Albert Thomas, resserrés au groupes "sociaux" La physionomie d ’"experts" (Jules Paul Strauss) lendemain de pondance est trompeuse. liés à un Siegfried, Léon leurs rapports, l ’armistice suggère une unité de pensée entre les assistantes de service social. -, jumelle (3): tout les hygiénistes et Et pourtant, la corres­ Médecins tout, et assistantes excepté sur sociales l’essentiel: s ’accordent savoir en effet la place et sur le rôle de la maladie dans le "service social". Q u ’on lise par exem­ ple Juliette Delagrange: présent à tout ce qui absent de tout ce qui l ’intéresse, l’importune - voilà le médecin pour la surintendante (4)! Question d ’humeur? Au vrai le conflit n'est pas toujours d ’humeur, aussi tranché. mais de doctrine, L ’opposition mais de méthode. n ’est pas Entendue comme gestion des services sociaux dans et hors de l ’entreprise, le "service vation de social” vise chez l ’équilibre la surintendante spontané d'une la préser­ personnalité, d ’une famille, d ’un groupe. Son action est d ’ordre "thérapeutique”; son champ d ’application, microsocial (5). Au contraire l ’hy­ giène, par-delà la défense d ’un équilibre social, tend à la recherche consciente d ’un ordre. Tenons-là pour la science d ’un ordre à faire, pour une discipline synthétique étroite­ ment liée l'homme aux (6). la notion, pore il la multiples Ecoutons aspects l ’un des le Belge René Sand: charité, des l ’assistance diverses inventeurs sciences de incontestés de "Le service social s ’incor­ et la philanthropie, mais les dépasse et s'en distingue par son caractère scien­ tifique, par son souci de la recherche des causes, par l ’ex­ tension de son champ d'étude et d ’activité. On pourrait :>c se contenter de dire," conclut-il, "qu'il est la mise en oeuvre du sens social, éclairé par les sciences sociales”(7). Et Hazemann: "Nous abordons le problème /du service social/ sous l’angle de la sociologie et de l'hygiène" (8). De l'as­ sistante sociale à l’hygiéniste, i1 y a en somme toute la distance qui sépare une conscience militante et microscopique du fonctionnement de la société, d ’une science des conditions généraies de la santé intervenant à unités socio-politiques, nistratives, pour en nationales, aménager, l'échelle des grandes gouvernementales, conformément au but à la fois les structures et l’action. Cet édifice, admi­ visé, Hazemann en reproduit l’épure au plan municipal, qui paraît le module organique de la conception hygiéniste du service social. A la "tête”, le bureau d'hygiène, qui recueille les données, les statistiques, "coordonne l’action" et "prescrit le remède social". Le bureau de l’assistance et le dispensaire sont "ses yeux et ses oreilles", et détectent les "cas" les plus intéressants. de l'hygiène, Enfin, dernier trait les assistantes de ce sociales blason forment du corps "les deux bras" qui actionnent, en cas d'urgence, l’instrument "prophy­ lactique ou même thérapeutique” (9). On devine peut pas que ne 1 ’importance pas réagir sur dévolue aux macrostructures le concept de l’hygiène, ne qui n'est ses rationnelle catégories, te (10). science qu’en vertu conséquence de du caractère macrosocial sa nature Technique de santé publique et, appliquée de la société de interventionnis­ indissociablement, (11), son thème central est l'affirmation de la fonction architectonique du phénomène sanitaire, à la fois cadre d ’une connaissance sociale con­ crète d ’une et maladie, comme Le technique ou du moins un compartiment fait social d ’intervention la santé, parmi de d ’autres de d'hygiène devient ainsi toutes les La ne peut donc être regardée trine scientifique du service social; nement rationnelle. l'action sociale. la norme d'une doc­ il domine le fonction­ microstructures de la bienfaisance et de la prophylaxie. "Préventif et méthodique", social avertit Paul Strauss, le service n'est donc aux yeux de l ’hygiéniste que le faisceau des "thérapeutiques" dispersées (oeuvres, bureaux sanitaires ou sociaux, dispensaires) assemblé en un principe d ’organisation de la société. "Le service social, ■ unique fL dit Sand, tend et dissocié", Et encore: s'étant vers la synthèse"; schématisé il "aspire à la souplesse et à l'unité" (10). "L'assistance étant devenue préventive, faite sociale, caractère constructif, la législation en ouvrière l ’hygiène prenant un ces divers domaines se sont rejoints: il n'y a plus gu ’un service social" synthèse, "autrefois s'élargissant, (l4r). Résultat de cette l'hygiène, l'assistance et la prévoyance ont brisé leur ancien isolement. "Il n ’y a plus là champ unique" ou la France, des dans domaines certains distincts, pays comme mais un l'Angleterre placé, sous la compétence d'un "ministère unique" (13 ). Oeuvre de coordi­ nation qui ne fait que débuter, éminemment fragile. En 1924, Poincaré supprimait le ministère de l'Hygiène créé quatre ans plus tôt, le démembrait puis le refondait dans un dépar­ tement du Travail (1$ ). C'est que la synthèse scientifique, la coordination des services, ne suffisaient pas pour l’une et l'autre balbutiantes, assurer à la structure gouverne­ mentale un véritable avenir. Manquait encore une coordination concomitante des oeuvres sanitaires et sociales. D'où la tâche assignée au "service social" par le mouvement hygiéniste: intégrer les diverses interventions de la bien­ faisance et de la prophylaxie en une structure opérationnelle unique. "Après avoir cherché à combattre un à un, remèdes spécifiques, nous nous une action (1§ ). Le un les fléaux dont souffrent apercevons que intégrale peuvent "service social" fédérateur. seule Fédérateur une être campagne pleinement par des les masses, d ’ensemble, efficaces" est donc avant tout conçu comme des initiatives et des efforts, mais aussi fédérateur des concepts, et fédérateur des direc­ tions, publiques et privées, toute, avec dans une Paul collaboration philanthropes, et Strauss, de on la lutte sanitaire. lui permanente demande les de Somme "rapprocher éducateurs et les les hygiénistes et les sociologues, les femmes les médecins, les réalistes et les idéologues, en vue de mieux associer toutes les forces du bien contre les fléaux qui désolent l'humanité” (16). Ce qui n'est pas une mince affaire. Le foui 11is t et , des des oeuvres 1igués Ces mots, qui datent de 1931, sont une variante d ’un discours prononcé par le même en février 1915 lors d ’une conférence organisée par l’Alliance d ’hygiène sociale, Arthur Fontaine, directeur du Travail de l ’Alliance, et membre du conseil d ’administration présidant la séance (1^). "Les philanthropes. s'était écrié Paul Strauss, les éducateurs, les hygiénistes, les sociologues, les moralistes, les solidaristes de toute catégorie, auront à se regrouper plus étroitement que jamais. Nous aurons Abattre plus à abattre d'une plus cloison d ’une cloison étanche... le étanche" fondateur (lî). de la Revue philantropique en savait long sur la question. Prési­ dent privée du Comité national d ’assistance publique et fondé par Ca|ï}s/mir-Périer en 1900, promoteur pendant la guerre, entre autres clubs de bienfaisance, d ’un Comité du travail féminin regroupant hygiénistes et féministes - comité qu'il préside également -, auteur d ’un projet de Conseil de la solidarité nationale, sorte d ’énorme machine à faire pression censée rassembler tout ce que le monde, la politique et les professions sociales comptaient de philanthropes; enfin, ministre de l ’Hygiène, partisan en 1922 d ’un accord entre les bureaux de la Guerre et de l ’Hygiène aux fins de juguler le péril vénérien dans les jeunes classes: institutions bienfaisantes, de salubrité et de fut son ver rongeur, comme il dit, avec les services l'hygiène sociale" sa seule cause, mitée", écrivait-il encore en 1931 lement que nous le retrouverons sociale internationale, la "liaison des (1$) de tout temps "tâche immense, illi­ )! C'est tout naturel­ présidant la Quinzaine qui devait offrir en 1928 son cadre à la première Conférence internationale du service social (24l). De ces mille héros et une visionnaires petites que la principautés fureur d ’organiser les de bienfaisance ne la quitte plus, il est en des douzaines. Songeons aux fondateurs de l’Alliance d ’hygiène sociale, qui n'avait dû sa création en 1904 qu’à la nécessité de fédérer un mouvement sanitaire et social déjà horriblement balkanisé (2Î0 . Ou à Paul Brouardel qui, entre le Congrès général de médecine de Paris en 1900 et la formation de l’Association internationale contre la tuberculose à Berlin en 1902, trale mort française par contre Landouzy), la fondait l’Association cen­ tuberculose regroupant plus (présidée après sa d'une cinquantaine de ligues et d ’oeuvres nationales (y compris l'Oeuvre Grancher), et dont le but était de "prêter appui et matériel aux Oeuvres, Ligues, scientifique, moral Institutions d ’initiative privée ou d ’Etat" menant le bon combat (2%). Durant la guerre, bien sûr, le mouvement redoublait, belle encore après le conflit. se poursuivant de plus Reprenant les bases de l ’Of­ fice central d'assistance maternelle et infantile créé pen­ dant les hostilités à Paris par Paul Strauss, Mlle Chaptal et la Patronage franco-américain dans le XlVè arrondissement de Paris,1'Ecole de puéricuLture (c'est-à-dire Adolphe Pinard, Benjamin Weil-Hallé et Emile Weisweiller) Conseil municipal et le Comité de dans le XVè, l’Enfance dans le le XITIè s ’ef forçaient de de concentrer les moyens maternelle et différents protection de l'enfant (24). De son côté, tection les coordonner de organismes la mère et et de un Office départemental de pro­ infantile, créé sous les auspices de l'Union amicale des maires de la Seine et deu Comité natio­ nal de de l'enfance, s'appuyant sur les "éléments d ’action" l'Office public d'habitations à bon marché de mis en oeuvre par Henri Sellier et Marcel Martin, la Seine réalisait dans les communes suburbaines de la capitale la même oeuvre de "coordination et d'entente” (25). Mais, ces quels efforts sanitaire fussent et demeuraient pas donnan-t chevauchements libre terrains leurs d 'organi sation n ’en éparpillés, aux que d ’activité, d ’unification moins carrière d ’initiatives, de eux-mêmes aux aux la tous lutte dispersés, doubles gaspillages. emplois, L ’effi­ cacité de leur travail était en rapport (26). Le monde bien­ faisant avançait à pas de souris dans l’oeuvre de coordi­ nation. Démêler le maquis des comités subdivisés, des oeuvres, des associations confuses et bourdonnantes qui se bousculent et se poussent à l'assaut, de la "maladie sociale" donnerait bien de l’exercice aux initiés. les plus grandes: créée en 1891, en 1902 (de Ignorons donc pour la Ligue française contre l'heure la tuberculose la Ligue contre la mortalité infantile fondée laquelle est issu en 1922 le Comité national S? djL* l'enfance), sous le cancer la Ligue française contre le cancer née en 1918 nom de (2^). Ligue les franco-anglo-américaine ligues anti-vénériennes, la contre le Ligue des Sociétés de Croix-Rouge organisée en 1919 à Cannes, ou encore la Ligue d ’hygiène mentale créée en 1922, multitude d'organismes sans oublier anti-alcooliques. Tout cela la nous entraînerait trop loin. Peut-être mesurera-t-on le caractère touffu de cet entrelacs de comités divers, - même en sup­ posant pour nombre d'entre eux une vocation essentiellement mondaine, - si vu naître entre (pas de la une Société l'Oeuvre draps l'on songe 1850 et de gymnastique des (2fl) ! Ce pays, est en ville 1900 cinquante moins), depuis lorraine berculeux qu'une l'Oeuvre des du comme ligues bon apprentis, tuberculeux et Nancy et oeuvres lait en l’Oeuvre aura jusqu'à passant du par prêt de où le nombre des dispensaires antitu­ 1914 cent fois inférieur au nombre des réalisations similaires en Allemagne, où la loi de salubrité n ’est, pour la plupart des maires et des assemblées départe­ mentales qu’un chiffon de papier, où la tuberculose fait figure jusqu'en 1916 de tabou légal, comment ne susciteraitil pas chez l'ironiste, considérant avec perplexité cette rage de bienfaisance, un désabusement tout voisin du mépris: "Il y a, note Jules Renard, plus que d'enfants" (2$)... d ’Oeuvres pour l ’enfance Car la cause la plus humble, la plus mince, la plus atomique, pourvu qu’elle ait la mine philanthropique, secrète son bureau, sa subvention, ses cocktails. On demande une Sévigné: tant de grands noms pour de si petits sujets! Voyez "l'Hy­ giène par publique, de l’exemple", "filiale" l'hygiène sociale, et Poincaré les directeur de des Beaux-Arts, plus favorables au des école à Eh bien, l’installation communale membres progrès la Mission Rockefeller), activité rurale du preuves supplémentaires si caractéristique? Choisis titre munie entre quotidienne"; lavabo, cette dix, millions Voici de membres encore la ce répartis ligue "Le (30). ampleur voici créée par le docteur Henri groupement les humain de Veutvues "Croisés "sociétés d ’éco­ leur hygiène revendique en quarante-et-un terrain d ’un On apprend avec joie s ’engageant à surveiller incidemment, le d ’expérience, d'un de la santé et Croix-Rouge de la jeunesse", liers et d ’écolières (dixit elle voue l’essentiel "à de cabinet fort soucieux de que "les élèves se sont pliés à la discipline" des supérieur social et vestiaire et d ’une salle de douches". on laïque ministre de l'Instruction l ’un la santé des jeunes élèves. (d ’) une le saint patron alors président du Conseil et par André Honnorat, publique son la Société de médecine présidée par Emile Roux, d ’hygiène, de de et pays douze (3flL). la maladie" Dufour, médecin des hôpitaux, directement sortie de l'univers balzacien, à moins que ce ne fût d ’Arsène Gui Ilot, la nouvel­ le de Mérimée. Ces béats la "tare héréditaire" de philanthropie de "chaque famille", vous dépistent vous la cernent à grands coups d ’”interrogations méthodiques" et d'"enquêtes attentives", bilité, pour de "cartes de santé", le plus grand avec une extrême sensi­ bonheur de l’espèce humaine. Sous son patronage est ouvert en 1929 un dispensaire d'hy­ giène sociale "à type familial" dirigé par le docteur Paul Viard, médecin-chef de la Fondation Nelly-Marty1. Médecins du dispensaire et infirmières deviennent médecins et infir­ mières des familles, qu’ils s ’attachent individuellement en constituant pour chacune un "dossier de santé familiale complété par les fiches individuelles, les fiches des spécia­ listes, les fiches sociales, lités de ce dispensaire, etc.". "C'est une des origina­ s'enchante la Revue d 'hyg iène, que cette comptabilité clinique héréditaire et individuelle constamment tenue à jour" (3t o ). N ’achevons pas ce tour d'hori­ zon, nécessairement succint, sans citer une dernière circons­ tance de aggravante la qui bienfaisance. a Le joué son manteau rôle de dans l ’émiettement philanthropie dont se parent ces hygiénistes de profession ouverte n ’est pas sans couvrir quelques fois des ambitions moins saintes ( 33 )- En témoigne parmi tant d'autres l'Union des Femmes de France qui, répondant au cri de Louis Landouzy en faveur des "bles­ sés de la tuberculose”, décidait de créer des colonies sani­ taires agricoles pour Pau, les Meudon soldats et Oran réformés des tuberculeux dispensaires et organisait à anti- vénériens. Son congrès de 1924 était presque exclusivement consacré aux questions d ’hygiène et d'assistance (3^). L'oeu­ vre sociale était alors l'unique "chausse-pied" à la dispo­ sition des élites féminines... Le pape, demandait Staline? Combien de divisions? - La santé? Combien de comités? Peut-être sent-on de quel poids écrasant l'initiative privée pèse en cet après-guerre sur le secteur sanitaire et social. Nombreux et anciens, comme le révèle le répertoire de l'Of­ fice central des Oeuvres publié en 1899, ces "Comités natio­ naux, associations semi-officielles qui, en collaboration étroites avec les ministères, disposent d'une autorité recon­ nue par l'administration départementale", véritable "arsenal", formeront à partir de la loi de 1916 sur les dispensaires le noyau de l'armement sanitaire du pays, gnies des Indes orientales de sortes de Compa­ la santé publique (35"). La lenteur avec laquelle les oeuvres publiques seront par contre fondées fait un contraste sévère aux yeux de plus d'un hygié­ niste. tels l'inspecteur général Dequidt (également directeur et éditorialiste du Mouvement sanitaire. l'organe de la corporation), ou Justin Godart, une huile du parti radical, ministre du Travail et de l'Hygiène du Cartel a bien marqué de la part des pouvoirs (3 6 ) . Si elle publics une prise de conscience des besoins en matière d'équipements, la guerre n ’a pas suffi, en effet, à provoquer une fois la paix revenue la poursuite de l'effort d ’organisation de l'appareil sani­ taire accompli durant le conflit, du reste au gré d ’impro­ visations bénéfiques beaucoup plus que d'après un plan con­ certé. En sorte que ces champignons de nouvelles ligues, tirées en un moment de la poussière à la fin des hostilités, demeurent sous l’emprise de cette double loi de l'incoordi­ nation des initiatives et de l'économie privée. En réalité, comités privés autorité" dont "l'insignifiance des fonds apportés par certains singulièrement dément cette il est de bon ton, Mouvement sanitaire, de jaloux par ailleurs "mystique de l'initiative de leur privée note ironiquement le directeur du s ’inspirer". Dans un rapport au syndicat des médecins de dispensaires présenté en juin 1931, le docteur Petit, "établissant le bilan d'une dizaine de départements, montre que sur un budget de près de 3 millions et demi consacrés tuberculeuse, dans 110.000 ces départements à la lutte anti­ francs à peine représentent l'effort LL 1$ . des comités privés” (3y- ). Jacques Parisot, de son côté, se plaindra en 1933 de "l'impossibilité d'établir avec une précision même approximative, par les oeuvres non seulement privées l’intrication, provenant de l ’Etat, financier de bienfaisance l ’absence également l’effort de documentation dans des (...) leurs étant donné suffisante, ressources, départements consenti et de communes, mais fonds et de l’oeuvre elle-même" (3$). A la fin des années vingt, l'irri­ tation des hygiénistes "L'Anarchie dans le domaine le docteur Petit, comités privés de fustiger est laissée sance des parvient telle est dans de à incroyable. publique", tonne "la conséquence du régime des des antituberculeuse”. personnalités l ’initiative de cette du comble la Santé l’organisation "l’incompétence directives un ministère lutte", et Et auxquelles leur "méconnais­ du comité national /de défense contre la tuberculose/ diversement interprétées suivant de tirer les fantaisies avantage individuelles", des vices du leur système art en somme pour maintenir et accroître avant tout et aux dépens de tout leur puissance. "Le résultat, c ’est l'impossibilité pour ces organismes jaloux de leur autonomie et partisans des cloisons étanches, de collaborer efficacement avec giène" ( 3 $ ) . les services publics d'hy­ Cet état de choses n ’aura pas échappé, l'imaginer, Williams, comme on peut bien au regard d'aigle des Rockefeller medicine men. le directeur de la Mission à Paris, notait en décembre 1921 une "tendance à créer de nouvelles associations à visée nationale", sant de "groupes tendance soulignée par le nombre crois­ influents extrêmement intéressés diverses phases du travail de propagande". présageait-il, une par les "D’ici dix ans, foule d'organismes de taille nationale, ne coopérant que fort peu entre eux, reproduiront le même type de situation qui a cours aujourd’hui aux Etats-Unis". Si c'est ainsi, nous allons droit à la catastrophe, fait remarquer son correspondant new-yorkais, lui car "la créa­ tion d'une multitude de groupements, administratifs ou autres, pour diriger l ’éducation sanitaire sur une base nationale ne serait rien moins qu'une calamité publique. sanitaire constitue L'éducation la pièce maîtresse d'un programme réel de santé publique en France. Le travail doit donc être entre­ pris sous la houlette d'un seul organisme, de compétence. volontiers même" ($0). à doué du maximum S ’il ne s ’agissait de la France, cette En place 1924, le le ministère ministère de ayant je verrais l’Hygiène disparu, luil'idée d'un organe de direction unique établi sur une base technique continuait cependant à faire son chemin. Justin Godart en reprit le schéma en présentant son projet d ’Office national d'hygiène services sociale, de structure l’Etat dont la administrative Fondation parallèle Rockefeller aux fournit l’assise financière et conceptuelle. Aux dires du ministre, l’Office forces opérerait la synthèse "s’adaptant aux conditions des hygiénistes si diverses et si en complexes de la lutte contre les divers fléaux sociaux". "Par une action coordinatrice réaliserait souple et persévérante", il en outre "l’unité de front pour la lutte contre les maladies", "conjuguant les efforts des diverses institutions nationales spécialisées dans la protection de l ’enfance, contre la tuberculose, le taudis, dans la lutte les maladies vénériennes, le cancer, l'alcoolisme, dans l'hygiène mentale, etc.” (4$.). Hélas! mène-t-on à la réalité par des songes? Vers Néanmoins, à l'Office. D'ailleurs les la 1c ? sOz r x / ±c :e s socisiX hygiénistes se "coordination prennent s ’élabore les milieux politiques à espérer. Grâce lentement" (42). font montre d ’un commen­ cement d ’intérêt pour l’hygiène. Ainsi, lors des municipales de 1925, certains la lutte contre bâti partis les ont fléaux sociaux. de bric et de broc, assez incohérents, inscrit dont dans réunion programme Tout cela, démagogique, la leur fait de ne cependant, "fragments, saurait constituer une Politique Sanitaire” (43). Trois ans plus tard, à l'occa­ sion de la campagne électorale d'avril 1928, derechef "de grands groupements d ’hygiène sociale, comme l ’Alliance natio­ nale pour l ’accroissement de la Ligue contre l ’alcoolisme, cations derniers. population ont pu étaler les panneaux des candidats avec le visa et 1'adhésion sur poli tiques, la La Ligue ses prétentions pour le suffrage sur des raisons de française, leurs revenditoutes nuances intéressés des femmes d ’hygiène" ou a (44). de ces appuyé De jour en jour,**1 ’hygiène sociale s'élève à la hauteur d ’une concep­ tion de salut public”; l'essor ne paraît plus pouvoir se ralentir. Il faut réaliser la synthèse des ligues. "Le Comité national de défense contre la tuberculose, le Comité national de l’enfance, écrit Paul la Ligue nationale contre le péril Strauss, ont nationale de la Mutualité, à s'entendre avec la vénérien, Fédération avec l ’Assistance publique, avec la bienfaisance privée, avec les services nationaux, départe­ mentaux, locaux d ’hygiène" timentage administratif" sanitaire et social, (45). qui "Quel que soit décidera ajoute-t-il (en du 1929 sort la le compar­ du secteur- formule du ministère de la Santé, reformé par Tardieu l ’année suivante, est loin d'être arrêtée), Seul détail à régler, "l’élan est donné". mais épineux: mettre à la tête de cet élan "un seul organisme, le plus compétent possible"(46), ne serait-ce point se résoudre ipso facto à exproprier bien des situations acquises? Fouetter le dynamisme des uns vou­ drait que l’on fût capable d'apaiser les aigreurs des autres. Lucien Viborel, national de l ’organisateur défense contre de la la propagande tuberculose, du Comité venait juste d ’en faire l'amère expérience, qui s'était attiré l'inimitié des ligues, timbre ses voisines, antituberculeux. après "Le la belle Comité réussite national de de son l ’enfance, notait Selskar Gunn en 1927 dans son log-book, qui n ’aVrien accompli de réel, veut lui aussi son timbre" (47). Une seule lumière à importunait l’éteindre. l’Office, Afin Jules la société de calmer Brisac, devait bienfaisante: la zizanie, se on cherchait le directeur de surpasser journellement dans son rôle de diplomate. Si l ’on désirait vraiment assem­ bler la mosaïque des oeuvres et des ligues, à coup sûr la composition du ciment restait encore à trouver! Or l ’instrument d ’une synthèse semble sur le point d ’appa­ raître, à la faveur de la Quinzaine sociale internationale qui ouvre ses portes à Paris pendant 1 été 1928. Déjà deux ans auparavant, au Grand Palais, sanitaire et elle aussi, cile de une exposition d'hygiène sociale à côté du Salon médical, l'Office national réalisée par le Mouvement d ’hygiène sociale avait, activement milité "pour une coordination diffi­ toutes les oeuvres d'hygiène sociale". "Au cours de l ’été 1928, note Strauss, toutes les forces du bien public se sont rencontrées et ont coopéré à la Quinzaine sociale internationale". Toutes les forces du bien public se sont rencontrées autour d'un même mot d'ordre: le service social. Sous la présidence de Strauss, et sous l’autorité de Sellier, secrétaire général de la Quinzaine, aidés d ’un comité où l ’on retrouve Albert Thomas, alors directeur du Bureau inter­ national du Travail Henri Rollet, à Genève, René Sand, Edouard Fuster, la Quinzaine recevait 5000 participants venus de 44 pays. Elle abritait divers colloques: congrès de l'habi­ tation et de l ’aménagement des villes, de l ’assistance publi­ que et privée, de l’enfance, exposition internationale de l'habitation et du progrès social. Sous la plume de Strauss, toutes "la ces manifestations pénétration croissante les manifestations convergent du vers service sociologiques" (48). une social seule dans idée: toutes La première Confé­ rence internationale du Service social - qui nous intéresse ici plus particulièrement - se déroula du 9 au 13 juillet et rassembla 2500 congressistes compte rendu de ses travaux, massés salle publié en 1928, Pleyel. Le occupe trois volumes, soit 2600 pages, édités grâce à des subsides améri­ cains. C ’est social, à la 50ème à Washington, conférence en 1923, cipe de réunions mondiales nationale du service qu'avait été arrêté le prin­ (49). René Sand, à cette époque conseiller technique de la Ligue internationale des Sociétés de Croix-Rouge, s ’en était fait aussitôt l ’artisan au nom de la nécessaire solidarité des nations évoluées en matière d ’organisation et de coordination au premier rang de celles-ci, du service social - et, l'Amérique - avec les nations retardataires (50). Né à Bruxelles le 30 janvier 1877, chargé d ’un cours d ’hygiène pecteur du travail, industrielle et professionnelle, ins­ il fondait en 1912 l ’Association belge de médecine sociale et le Comité belge du service social. En 1921, il était nommé secrétaire général de la Ligue des Sociétés de Croix-Rouge, que son promoteur, Henry P. Davison, avait voulu "l’âme d ’un mouvement mondial la santé". Conseiller technique en plus secrétaire général tard, de 1933, la de promotion de puis, section quatre ans de la santé publiqu^u ministère de l'Intérieur et de la Santé (fonctions qu'il occupe une dizaine d ’années), il participe également aux travaux du Comité d ’hygiène de la Société des Nations. En 1928, et de grâce plusieurs à l’aide d'Albert fondations, il Thomas, organise d ’Henry la Davison première des Conférences internationale du service social, dont il prési­ dera longtemps le Comité permanent (51). La préparation de la conférence de Paris avait été confiée à une commission composée des délégués de dix-sept nations. Se. auxquels xalre. étaient venus o 'ajouter ceux du BIT, de la Ligue des Sociétés de Croix-Rouge et de la Section d'hygiène de la SDN. On avait fixé une règle de base pour la partici­ pation de chaque pays, qui devait s'effectuer par l ’entremise de Comités nationaux formés sur le modèle des comités améri­ cain ou britannique. huit comités A avaient été Sand avec satisfaction, professeurs, d'oeuvres, mières, l'issue de créés, la Conférence, "établissant, soulignait un lien permanent entre tous ceux- publicistes, fonctionnaires, prêtres, médecins, magistrats, assistantes trente- sociales - qui hommes et éducateurs, font preuve femmes infir­ d'activité sur le terrain social". Le Comité français, dont nous parleW î rons tout à l ’heure, débute sa carrière quel quesv avant le déroulement budget, du congrès, rappelle Juliette démuni Droz, de tout, mais siège fort de social l'appui, ou que l ’on devine désintéressé, des pouvoirs publics et de "l'adhé­ sion sans réserve des travailleurs sociaux^ Les congressistes furent répartis en cinq sections: relations entre les systèmes services et publics programmes et les institutions d'enseignement du service privées, social, "case work", service social et industrie (présidée par Albert Thomas), réunion hygiène fut (52). bien sûr La grande affaire de cette première de s'entendre sur une définition du service social. Pour la plus grande partie du congrès, c'était "l’ensemble provenant des de efforts visant la misère, à à soulager replacer les les souffrances individus et les familles dans des conditions normales d'existence, à prévenir les fléaux sociaux, à améliorer les conditions sociales et à élever le niveau d'existence, soit par le service social des cas individuels, nistrative de soit par l ’action législative et admi­ la collectivité, les enquêtes sociales" soit par les recherches et (53). Dire que cette théorie souleva l'enthousiasme de nos hygiénistes serait excessif. Le direc­ teur du Mouvement sanitaire ne cachait pas q u ’il lui trouvait un petit air vague et imprécis (54). de l’approuver. médecins en Paul déclarant Strauss que On ne peut s ’empêcher pouvait-il "la nouvelle tranquilliser méthode, nos importée des Etats-unis (...) peut être ramenée à son but essentiel, c ’est-à-dire à la prévention de la misère physique, qii i( économique. Mlle cet objet. qui les visées de morale, ie, Delagrangeya se confond. la médecine très justement insisté sur dans une certaine mesure, avec allant plus préventive tout en loi Jul iette Delagrange et les un tantinet ne assistantes. agacées péché mignon, doit pas non moins par cet tromper: que abus les des les infirmières médecins, vues étaient synthétiques. il est vrai , de cette sorte de meeting (56). Les hygiénistes auraient préféré une définition plus struc­ turée par proposait disait-il, l’idée le préventive docteur est une Pierre et médicale, Joannon: utilisation comme "Le celle service judicieuse et que social, dévouée de moyens préventifs et curatifs de lutte contre un grand nombre de maux sociaux, social" (57). ces moyens de lutte constituant l ’armement Polarisée au sens large (58), par le principe sanitaire compris "l’intime connexité de toutes les insti­ tutions et de toutes les oeuvres d ’altruisme", Paul Strauss rigueur (59), permettrait seule de comme disait déterminer avec les rôles respectifs des agents du service social, et en premier lieu celui des infirmières et des assistantes. Pour le mouvement sanitaire, ce remaniement des fonctions et des rapports entre médecins, infirmières et assistantes sociales définition formait l ’enjeu de la du service so­ cial (60). Synthèse d ’oeuvres nécessairement et d ’idées, conduire catégories de visiteuses, à le service l ’uniformisation à leur unification social des devait diverses de même q u ’à la fusion des infirmières et des assistantes sociales anté- rieureraent charqées de missions exactement parallèles. L'his­ toire du service social se profess ionna1isat ion des sanitaire" sans confond en partie avec "cadres et des soldats de lesquels "l’état-major des cette l'armée savants et des médecins" demeurerait, impuissant. (61). C'est en somme 1 ’autre face de la "coordination" A la coordination externe de toutes les forces hygiénistes doit correspondre une coordi­ nation à l’intérieur même de l ’organisation du travail des services sociaux. et sociales La "planification" des actions sanitaires appelle comme fayolien des dispensaires, mant ce processus, cite, naturellement des services, Hazemann, un des équipes. était le ou religieuses, intermédiaire", cière". fait de Résu­ chez qui tout ceci est expli­ notait q u ’après un "début indifférencié", sociale redressement "personnes charitables, omnival entes", on était caractérisé par une où l ’action laïques passé à un "stade "spécialisation outran- avant d ’"aboutir actuellement à 1 ’omnivalence fonc­ tionnelle" de l ’assistante de secteur (62;. Pour comprendre cette évolution, i1 nous peu en arrière. et nous arrêter un dispensaire. même Malvoz En temps que faut instant à revenir sur Liège, un l’idée du Cal met te définissait le dispensaire antituberculeux comme "un instru­ ment médical populaire". C ’était en 1899, devant la Commis­ sion permanente de préservation de la tuberculose. Il avait appelé les pouvoirs publics à créer dans chaque ville indus­ trielle de semblables organismes, afin de distribuer les secours à domicile et répandre l'éducation hygiénique parmi les tuberculeux à l'assistance, son esprit, de l'hygiène indigents. au dépistage, au triage, le dispensaire était conçu avant tout, comme devant pour la servir famille de tout le dispositif, et Malvoz, Voué à "l'éducation ouvrière". Pièce dans pratique maîtresse le moniteur d ’hygiène, selon Calmette devait appartenir à la même classe sociale que les malades, être un "homme du peuple", ce qui, commente Henri Sellier, "en favorisant l ’établissement d'une véritable camaraderie entre le malade et le visiteur, lièrement té” la (63). tâche Jules dispensaire de celui-ci Courmont, lyonnais lui des et renforce aussi, enquêteurs facilite singu­ son employait ouvriers. efficaci­ dans Dans son cette "hygiène du peuple, par le peuple et pour le peuple", social s'accordait avec populaire. Succédant à Calmette, chir notablement Bourgeois, toire la formule solidariste allait inflé­ l'idée initiale. Dans l'esprit de Léon le dispensaire avait à remplir un rôle d'observa­ social 164). "Rechercher, était la devise de Calmette. attirer, retenir": telle Le solidarisme corrige le mot d'ordre: "connaître, Edouard Fuster en assainir, 1914, assister, mettant ainsi éduquer”, proclame J0C(O- l'impératif oe ionti ‘p\ dLtfKte 4-iqno au premier rang des tif (6b j. Dans celui-ci, plus sa place. en 1913, fonctions du dispositif le moniteur-fils du peuple n'avait Hésitant. Léon Bernard à la formule de Calmette; Léon-Bourgeois à Laënnec, s'en tenait encore, tandis que dès le début de la guerre Mme de Ganay et Küss, saire préven­ médecin-chef du dispen­ tout comme Mlle Chaptal à Plaisance et à la Vil lotte, entendaient bien, eux, rempla­ cer les lisées, dans visiteurs familles médicales”, de (66). ordonnaient les par des "infirmières spécia­ vraies "missionnaires d ’hygiène" chargées d ’"assurer les moraux ouvriers pauvres surveiller l ’exécution aussi Au dispensaire la désinfection questionnaires visaient encore passés des leurs moyens Léon-Bourgeois, des prescriptions des et les visiteuses logements, au domicile matériels dépouillaient malades, l ’établissement du casier sanitaire, super­ toutes tâches exigeant naturellement un minimum de technicité (67). Enfin, à Vanves. en 1919, le moniteur ouvrier n'était plus que "l’auxiliaire utile de la visiteuse et de l ’hygiéniste professionnel” (68). Processus fatal/ Peut-être; en tout cas processus grandement accé1éré par la guerre. Inaugurés avec la méthode Calmette, les comités taires départementaux tuberculeux furent d'assistance aux anciens progressivement amenés, mili­ rappelait Léon Bernard en 3929. fï rechercher- "l'emploi de compétences, se pourvoyant de visiteuses d'hygiène instruites", d'ailleurs non sans difficultés. avaient eu toutes Les hôpitaux militaires les peines du monde à recruter un nombre suffisant d'infirmières. Au début des hostilités, taires ne s'étaient jouissant eux-mêmes inscrites d ’aucune en masse. reconnaissance Mais, sociale les volon­ leur fonction (selon Abel Hovelacque. qui le déclare en -ju-i-n 1917 à l ’un des directeurs de la Fondation Rockefeller), être aux yeux de ces préambule ces dévouements ne pouvaient femmes que temporaires, à un carrière professionnelle, il nullement semblait le même "presque impossible” (toujours d'après la même source) d ’ame­ ner un nombre satisfaisant de femmes à suivre des formations de visiteuses. Pourtant la campagne antituberculeuse mettait en exergue "le rôle vital de la visiteuse d'hygiène". Aussi, bien que novice en la matière, pied, avec sous l ’égide de Miss Crowell, L’aide de Mlle Chaptal spéciaux, desquels d ’hygiène françaises" des la Rockefeller mit-elle sur- dispensaires sortit à Bordeaux et à Paris, et de Mme de Ganay, des cours "Le premier noyau des visiteuses - et, avec elles, "le service social ant itubercu1eux”. Arrachées de la sorte à l ’inertie des autorités par la guerre et par les Américains naissaient celles que l'on appelait encore, en 1927. des "véritables soeurs de charité laïques", entre un monde éteint celui du moniteur-homme s ’éteindre, celui spécialisé à outrance. du d'un peuple, et un service social on fcra4 traa-n incoordonné et Car on n'allait pas tarder à s'aper­ cevoir que ce "premier essai de synthèse", mann, monde comme dit Haze- avait "lui-même un grand défaut: celui de faire défi­ ler plusieurs têtes différentes dans une même famille, dans le but d ’accorder des secours qui ne sont pas toujours dif­ férents" (69 ). Dès 1928, et plus sûrement encore à partir de 1932, se fait de plus en plus sentir la nécessité de coordonner les diffé­ rentes interventions du service social, supportées laire, par les familles (70). plus ou moins bien Ministre du Front popu­ Henri Sellier va s ’atteler pour de bon à la "fusion" des infirmières-visiteuses et que, écrit-il en août 1936, "le Service social puisse avoir un caractère polyvalent"f. des assistantes, en sorte En Sellier se résume deux décen­ nies d ’une obstination jamais découragée, de prudentes bagar­ res, de fulgurantes garde hygiéniste. Suresnes (Sellier) idées, - Vanves et Vitry au moyen (Lafosse), (Hazemann desquelles l ’Hérault soi-même), l ’avant(Aublant), - avait "posé, développé, résolu" le problème de l ’action sociale "avec la formule de l ’Assistante omnivalente de secteur”(72). Professionnelle, instruite, et cependant toujours ’’mi 1itante”, l’assistante polyvalente entérine le phénomène dominateur de l ’hygiène dans la conception française du service social. Tout£ 1'idée française ne tourne-t-elle pas autour du "bureau d'hygiène, centre directeur ne demeure-t-il pas, sanitaire, sous son du système"? l ’hygiéniste dans l'esprit des leaders du mouvement le chef du service social, autorité, Et son rôle d'"agent l'assistante de liaison", jouant, terme même par lequel Léon Bourgeois avait défini en 1914 le dis­ pensaire (73)? Du reste entre la pensée du service social et la doctrine hygiéniste existe une parenté profonde, de l ’omniprésence de qui l’idée coordinatrice, tient au fait cadre intellec­ tuel qui permet à l'hygiène de déterminer entre la politique sanitaire et le service social une économie d ’ensemble dont elle propose la règle. de coordination d ’en souligner outil, non L ’importance politique de la notion apparaîtra. Contentons-nous le caractère global, seulement de la fusion pour le moment synthétique, véritable des diverses fonctions du service social, mais encore de l'intégration de ce dernier et de l'hygiène en une conception unique. Ainsi à Londres, en juillet 1936, Sellier et Hazemann substituent-i 1s à une hygiène "cadavérique", découpant la santé en tranches (habi­ tat, alimentation, maladies contagieuses, etc.), un "concept physiologique, la vivant”, collectivité, "entité" n ’est embrassant l'individu et autre bien en sa entendu une seule famille. que le "entité” Cette unique service social, qui "matérialise l ’effort social complet exercé par la col­ lectivité la en tant polyvalence et même pensée. de que telle". L'intégration l'assistante, tout des ressortd'une L'"intime connexité de toutes oeuvres, seule les oeuvres d ’altruisme", chère à Paul Strauss, sous la plume du ministre et de son conseiller s ’est métamorphosée en "un concept d'ordre et de coordination" (74). Les faiblesses de la chari­ té tournées en rehaussement de stature: voilà le social, constitué en un ordre à trois niveaux, scientifique, adminis­ tratif, professionnel. Le 6 juin 1936, tère envisage Sellier déclare à la radio que son minis­ le développement du service social, réalisé, dit-il, qui sera "par l’adaptation à notre pays des méthodes que l'Amérique nous a enseignées, et dont les ouvriers sué­ dois et danois au pouvoir ont tiré un si admirable parti"(75) Voilà chef les camarades du cabinet prévenus. technique, Pendant ce précise, pour de l'hygiène, certains points essentiels. temps, Hazemann, i d o JS les -teOTnieiens ”La l:><îS(; Le ministre, collaboration, 1 d e dit-il, 'action est tout r sc o c ;: i a disposé à 1 c?” collaborer avec les oeuvres et les ligues privées. A trois conditions, cepen­ dant: "qu’elles aient un programme précis, poursuivi à l'ex­ clusion que de tout ce programme prosélytisme soit intégré politique dans ou confessionnel”; un plan appartient aux pouvoirs publics d'établir; général enfin, qu'il que pour le réaliser elles fassent un effort financier propre, justi­ fiant les subventions de l'Etat ou des collectivités publi­ ques. Dans un but de coordination, ajoutait-il, leur action devra s'exercer dans le cadre territorial qui leur est assi­ gné (76). Huit ans auparavant, dans le Service social muni- cipa1, il avait expliqué q u ’il en allait des oeuvres privées comme des transports prétendre aujourd’hui en commun: (77)... de Rockefeller' Fondation règles que Monté en graine, s ’apprêtait les Américains s ’étaient à faire accepter par ne pouvait plus "exploiter à sa guise sa petite ligne privée d'autobus" la personne les comités l'ancien à fe 11ow appliquer les ingéniés dans le passé départementaux d ’hygiène. par les conseils généraux, voire par le ministre. le Ses amis hygiénistes, Le,- directeur inutile de le dire, étaient aux anges! du Mouvement tique, si sec, si amer, tion, de écrivait-il, la charte syndicats, et fonctionnaires sanitaire, d'ordinaire jubilait, triomphait. médicale repose telle sur qu'elle L'action sanitaires" (78). est lui plus parfaite que il, à Après direction des des médecins combien La beauté de la nou­ avec une évidence "Elle substitue, efforts dispersés et finances Notons, les des plus cruelles couleuvres, la vérité. avoir par nourri, publiques et de commandement, rendement." définie été apparaissait l’anarchie des gaspillage "Cette concep­ directrice savoureux lui semblait un tel réveil! doctrine caus­ s'harmonise parfaitement avec le respect durant tant d'années, velle si et d'ailleurs, et encore poursuivait- incohérents, l ’unité de la notion primordiale du que privées, au le décret du 28 août 1936, consacrant la fusion en un seul organisme de l ’ancien comité de perfectionnement des écoles d'infirmières et du comité de perfectionnement des écoles d'assistantes sociales, partait du souci analogue "d’éviter un véritable gaspillage d ’argent et d ’efforts dans un domaine où que initiatives les maximum derrière de rendement" eux une publiques (.79). et privées Pai'venus Longue expérience il est désirable au des aboutissent pouvoir choses en au ayant sanitaires. grâce à laquelle plans mûris, leurs remâchés, doctrine cohérente, ties. de choix avaient Mazemann homogène, et été formés Sellier dont déploient qui est la leur. pour eux, déclare se service le tels sont, les deux axiomes de base de toute politique sani­ taire et sociale taire, la théorie En d'autres termes, minimum d'intervention et le maximum de contrat, (80). borner à Sellier au l'organisation social." L'intervention (81). de Mouvement sanitaire, la prophylaxie publique n'est des médecins, "il ne et du justifiée le cadre des lois d ’assistance; fonctionnarisation être question" "Le rôle de l’Etat en matière sani­ d ’emblée à son avis que dans la une coordonnée en toutes ses par­ le rôle en hygiène résulte de du service social à leurs Nos deux appliqués travailleurs ont une certaine idée l'Etat., doit et quant saurait en Sans doute cette dernière déclaration s'imposait-elle à une époque où la création des assurances sociales avait été tempêtes qui «wt Alt la cause de agité l'une des plus formidables la corporation médicale française. Mais la tactique n'explique pas tout. Car le Front populaire, on l'a vu, n ’a jamais eu l'intention d'abandonner ses projets planificateurs en matière de santé publique. avec la Mais, liberté précisément. de comment la profession concilier médicale? ces plans Comment faire ami-ami avec des syndicats médicaux récalcitrants et mettre en oeuvre simultanément le nec plus ultra de la pensée hygié­ niste: nous vouions dire la santé publique obéissant à une direction et à un commandement uniques? Cause ardue, que Hazemann se déclarait prêt à épouser et à servir, /Wiit la méthode Parisot. V A 1Ions donc! Folie! Utopie! muni de Sûrement lui-même l'a pas, car, "réalisée en répondait-i1, son Meurthe-et-Moselle inventeur depuis Utopie? plusieurs an­ nées" (82). Quelle était donc cette panacée? Tout miel dans son discours public, en privé Parisot n ’était pas tendre pour les ligues sanitaires. Plein d ’un "dédain très apparent pour les médiocrités", comme dit Robert Debré, le seigneur de Lorraine ne mâchait pas ses mots (83). Ainsi, un jour de 1929, exposait-il parisien de la Rockefeller, à Richard Taylor, du bureau "la futilité des nombreux orga­ nismes semi-publics qui agissent dans les difféi'ents domaines de l’hygiène". "se montrait de l ’enfance, Taylor sévère note dans son journal que Parisot dans ses critiques du Comité national et q u ’il n ’épargnait pas non plus le Comité national de défense contre la tuberculose ou l ’Office natio­ nal d ’hygiène sociale. Ces derniers organismes avaient sans doute, rendu lui, tout au début, d ’utiles services mais, selon le temps était maintenant venu pour l ’Etat, de consti- tuer sous son autorité directe un service technique compétent pour tous les aspects de la santé publique et de l'hygiène sociale” (84). cialisées. action Surtout, l'éparpillement des opérations spé­ "monovalentes", concertée, protection de devait polyvalente, la santé" (85). céder la place globale, en faveur Le progrès, à "une de la affirmait-i1, a rendu les moyens de l'action sociale si nombreux que leur mise en oeuvre s'avère de jour à autre plus "délicate sinon plus complexe". De là la "technicité de plus en plus grande" du service social, ce dont témoignent tant des Comités nationaux de service social internationales (.86). Cette évolution la formation que les rencontres de réclamant une coordination plus poussée, l'action comme sociale, la création en France des assurances sociales, mettait en évidence "l'im­ périeuse la nécessité bienfaisance Institutions a ’une privée, collaboration l'organisation d'assurances". l'image de celui entre Un "vaste q u ’avait organisé l ’assistance, d'hygiène service et les social", à la Caisse interdéparte­ mentale de Seine et Seine-et-Oise, ou bien encore une "vaste organisation", du genre que lui-même avait créé en 1919 en Lorraine, répondaient à ces exigences (87). On ne résume pas en quelques mots l'oeuvre de Jacques Parisot Oeuvre privée, et néanmoins organisme départemental officiel. l'Office d'hygiène sociale de Meurthe-et-Moselle rassemblait l’Institut régional d ’hygiène (dirigé par lui-même), les services techniques sanitaires du département (laboratoires, services épidémiologiques, et de médecine préventive etc.) et la chaire d ’Hygiène (dont il sera titulaire à partir de 1926). D ’abord voué à la lutte antituberculeuse, l ’Office élargit progressivement son action, dès 1922-23, à l’ensemble des "maladies sociales". L ’organisation technique, mais aussi la coordination générale étaient du ressort d ’un con­ seil d ’administration général, de la Faculté Nancy, des la composé des représentants municipalité de médecine, de de Nancy, de secours rectorat la Commission des bureaux de bienfaisance, sociétés du mutuels, du Conseil des et de hospices de des syndicats médicaux, des assurances sociales, de la Chambre de commerce et des services d ’hygiène de l'Of­ fice. Technique, administrative, y obéissait donc à un financière, "unité de méthode, la coordination de direction et d ’action”, le lien entre tous les éléments du terrain étant assuré par L ’Office le service présentait social donc une et ses "agents "coordination de liaison". générale" de toutes des interventions, dont le groupement "étroit" formait un "bloc". Ne cherchons pas ailleurs qu’en ce dernier trait la cause de son extraordinaire notoriété, loin de se limiter à nos frontières (88). qui fut du reste Bien entendu, avec Parisot il faut toujours creuser sous la surface. Derrière la finalité technique, son organisation cache une signification plus politique. Par la "coaptation” de trois "forces": l'hôpital. l'Office d'hygiène, la Faculté, Parisot réalisait l'encerclement du corps médical, contraint sans heurts à collaborer à l'oeuvre de santé publique. L ’"en­ tente" ainsi concrétisée fut d'ailleurs scellée par un "con­ trat tripartite" - le premier et seul en France à cette époque (décembre 1930) comme le souligne son auteur - asso­ ciant à l'Office les syndicats médicaux et l'Union départe­ mentale des caisses d'assurances collaboration”, composé gnaient des de ces fonctionnaires sociales. éléments sanitaires Un "Comité auxquels du se de joi­ département et des membres des services techniques de l'Office, était chargé de mettre en oeuvre la tâche commune en "unifiant les efforts suivant un plan méthodiquement conçu", cependant qu ’un Office central trouvait des oeuvres dans les d ’entr'aide locaux de sociale, l ’Institut dont le siège d'hygiène, se reliait entre elles les oeuvres de bienfaisance encore isolées pour en "orienter, éclairer, coordonner l'action" (89). Selon Hazemann, pour Henri "l'exemple Sellier dans lorrain" ses fut un modèle constant rapports avec la profession médicale (90). Quant au premier, lui aussi inspiré par celui qu'il regardait comme "l'homme d ’Etat de la médecine" (91), il préconisait dès 1933 de couvrir le pays d'une "pyramide" de Comités de collaboration à la Parisot, au niveau de l’ar­ rondissement, du canton, du département, ce qui permettrait, disait-il, de "faire rendre le maximum aux oeuvres publiques ou privées, avec le minimum de règlementation et de réforme administrative - pour peu que ces Comités puissent exercer un contrôle subventions officieux sur publiques". l’attribution Déjà il avait et plaidé l ’emploi en ce des sens, en juin 1928, dans une communication présentée à l'Académie de médecine (92). Les raisons de leur attirance à tous deux pour la doctrine de Parisot elles par se laissent facilement deviner. les ligues et de même dans cadre pleinement C ’est là, nous semble-t-il. les oeuvres demeurent tout libres de leurs mouvements. le sens de cette "collaboration librement consentie" dont se réclame Hazemann, "un entre leur commune attache comptable et technique avec l ’administration, bien Soudées jour remplacer totalement la qui pourrait législation" (93). Voilà qui convenait également un à Sellier aucunement tenté par les sirènes de l'étatisation. de l'étatisme en médecine, "Je ne suis pas partisan déclarait-il en 1936 au banquet du Congrès des syndicats médicaux, hostile au fonctionnarisme médical" la bureaucratie : Sellier ministre et je (94). se suis résolument L ’autonomie, souvenait pas de Sellier coopérateur. Et de Sellier syndicaliste. Car. fait en France, les notable, le syndicalisme, avant dans le domaine de la santé, leaders du mouvement sanitaire, l'Etat, a pris et en liaison avec les orientations seront celles de Sellier et d'Hazemann en juin 1936. 1930, en effet, général un qui Début la CGT avait créé auprès de son secrétaire "Comité technique consultatif d'assurances so­ ciales et de santé publique". Composé de Jouhaux, de Strauss, de Godart (deux anciens ministres de l ’Hygiène), de Léon Bernard, de Louis Spillmann (l'alter ego de Parisot à Nancy), de Parisot d'"établir prévention" lui-même. des etc., directives et de "formuler ce Comité générales avait pour d ’organisation pour (95). la les ser­ les oeuvres privées et le corps médical, la création et social" de les principes de collaboration à établir entre les Caisses d 'Assurances sociales, vices hospitaliers, mission l’utilisation d'un outillage sanitaire Le syndicat entendait travailler à "l'organi­ sation rationnelle de la protection sanitaire dans le cadre des Assurances", lants, remarquait en lieu et place des gouvernements défail­ le Mouvement sanitaire qui "applaudissait 5,■ a / f f a ' â h H ' - J - sans réserve” commence (96). Sellier, par s ’inspirer des 1ui,\/appl ique. Ministre, techniques administratives il des Comités nationaux pour la gestion des subventions destinées aux oeuvres; et, pour répartir entre celles-ci les subsides, il crée des "Comités de coordination". "Ces Comités, explique Hazemann, constituent une sorte de Chambre corporative des Oeuvres et Services, dont tous les membres peuvent s ’adresser directement à une "section permanente" trôler la destinée des demandes, mutuel et local" (97). s'ils désirent con­ ce qui assure un contrôle N'est-elle pas remarquable, cette continuité doctrinale entre la CGT et Sellier? Remarquable, mais nuilement surprenante. socialiste goût très manifestent vif juxtaposition d'organes l’action devient sont pour aux la tendances De du "la pensée du Et pour un la gouvernement s'écrier telles le parti guerres expérimentale", nos hygiénistes. que, par Politique déclarations ne l'idée du service dans la pensée de l ’hygiène avec les corporatistes aux experts. l'entre-deux Fuster sociale, de_la vie" (98). converge ainsi le syndicat, démocratiques Ecoutons l'assistante enfin dans "politique organes pas rares chez social tous techniques. de L ’hygiène, du mouvement ouvrier, si propices Aii retour de de service la Conférence de Londres, social, créé en 1927, le Comité tenait au français ministère de la Santé publique une réunion dont le but était de lancer les Franc­ premières Journées nationales projetées depuis fort (1932). La séance avait débuté quand le ministre, Henri Sellier, entrait à 1’improviste. Il s'assit dans le fauteuil du prési­ dent, prit tout rapidement connaissance aussitôt., arrêtait de l'ordre le calendrier auraient lieu dans de 1937. Les élites rassemblées dans il, formaient même, le cadre de des du jour et, Journées: l'Exposition elles internationale le Comité, déclarait- l'une des forces essentielles du pays. commente Juliette Droz, par la création des "Lui- Comités de coordination sanitaire et sociale et des Unions des Insti­ tutions privées, a entrepris de capter cette force, de la discipliner, puis de l'employer au mieux." Le Comité français l'aiderait à compléter les informations indispensables à i'élaboration de la rèalementation. Le Comité venait d ’administration. de réqulariser fort de ses statuts. Son quarante membres, était conseil présidé fc - abusus non_toi lit: usure - par Paul Mme Edmond Gillet. Raoul Pari sot se partageaient Mlle Hardouin, publique, Justin du Service général du Conseil Au secrétariat, social 1a région parisienne, Mme Getting, Godant et Jacques ia vice-présidence. directrice de Compensation de secrétaire Dautry. Strauss. de la Caisse et Charles Voigt, supérieur de remplaçaient Juliette Delagrange, l'Assistance décédée en août 1936. Enfin siégeaient au bureau Gilbert Bonvoisin, directeur général du Comité central des congés payés, l’abbé Viollet, Hazemann et Marcel Martin. Pour l'idée de "coordination", ces premières Journées natio­ nales (23-25 octobre Maître-mot postulat l'exposé "Evolution, vice social introductif méthode, en France". cela marquait dans Redressement programme, furent une manière d ’apothéose. du rapport de Londres, de intitulé: 1937) qui ce devait être aussi le prononcé et coordination, par Parisot avenir du Ser­ Coordination, écrit Juliette Droz, les esprito "le sens d ’un redressement". avait été qu 'i1 n ’ava it. pas 1'oeuvre eu le de Sellier, temps dent de mener le à son devait être repris et poursuivi par son successeur. le radical-social iste Marc Rucart (99). L'axe en était, lim­ terme, pide: il prévoyait de généraliser à l'ensemble du pays l'or- aanisation de Meurthe-et.-Mosel le. "lini r sans absorber”. U recommandait Parisot; ''repartir méthodiquement le travail entre le service social public et le service social privé", demandait Hazemann tlOÜ). A trente ans d ’interva 11e, ces mots d ’ordre faisaient écho au souhait exprimé par Armaingaud, le président-fondateur de la Ligue française contre la tuberl ’Alliance d'hygiène sociale: "La défense sociale contre la tuberculose est engagée en France, mais elle n'y est pas encore méthodiquement organisée (...) Cette solidarité, entre la société correspondance libre d'une part, publics d ’autre part, rable" (101). cette l ’Etat et nécessaires les pouvoirs n'existent pas encore au degré dési­ 4 4o. (* ) N ous la is s o n s d e c ô t é d a n s c e t a r t i c l e d i t e s d e l 'a s s i s t a n c e e t du s e r v i c e s o c ia l. l ’é v o lu tio n des te c h n i q u e s u pro p rem e n t (1) N î ’e x e m p ie d e R ic h a rd C a b o t q u i, lu i- m ê m e in s p ir é p a r C a l m e t t e , in v e n t e en 1904 l 'i n f i r m i è r e - v i s i t e u s e a u M a s s a c h u s s e ts G e n e ra l H o s p ita l d e B o sto n , M a rfa n e t Mme N a g e o tte - W ilb o u c h e v itc h c r é e n t e n 1912 à l 'H ô p ita l d e s E n f a n ts - M a la d e s le p r e m ie r s e r v i c e s o c ia l à l ’h ô p i t a l , im m é d ia te m e n t s u iv is p a r Mme G e ttin g e t K uss à L a ë n n e c . C f. P .F . A r m a n d -D e liile . La M é d e c in e s o c i a l e d e p u is le d é b u t du XXè s i è c l e . B u ll. A cad. m é d ., 141 (3 12 1 9 5 " ), 6 8 3 ; e t R. S a n d . T he A d v a n ce t o S o c ia l M e d ic in e (L o n d re s : S ta p le P r e s s , 1 9 5 2 ). 5 2 1 . i2 i A. B ru n o , C o n tr e la t u b e r c u l o s e . La m is sio n a m é r i c a i n e R o c k e f e l l e r e n F r a n c e e t l ’e f f o r t f r a n ç a i s ( 1 9 1 " - 1 9 2 5 ) , P a r i s , t h è s e m é d e c in e (19251, 2 8 6 . P. G ra d v o h l. L es P r e m iè re s a n n é e s d e l ’A s s o c ia ti o n d e s S u r i n t e n d a n t e s (1 9 1 “ - 1 9 3 9 ) , V ie s o c i a l e (8 - 9 1 9 8 6 ), 3 “ 9 -4 5 3 . L. M u ra rd e t P. Z y lb e rm a n , L ’A u tr e g u e r r e (1 9 1 4 - 1 9 1 8 ;. La s a n t é p u b liq u e e n F r a n c e s o u s l 'o e i l d e l ’ A m é riq u e , R e v u e h i s t o r i q u e . 5 6 0 ( 1 0 - 1 2 1 9 8 6 ). 3 6 “ -9 8 . (3) P. G ra d v o h l, lo c . c i t . . 3 9 2 -9 3 . (4s j . D e la g r a n g e a p u d P. G ra d v o h l, i b i d . , 4 5 2 . (5s C f. F. F u s t e r . p r é f a c e à R .H . H a z e m a n n , le S e r v ic e s o c i a l é d i t i o n s du M o u v em e n t s a n i t a i r e , 1 9 2 8 ), XII c i - a p r è s : SSM . m u n ic ip a l (P a r is : (6 ) C f. G.G. G ra n g e r . M éth o d o lo g ie é c o n o m iq u e (P a r is : PUF, 1 9 5 5 ), 3 2 2 , 3 “ 3 . 3 “ " . i “ i R. S a n d , le S e r v ic e s o c i a l à t r a v e r s le m o n d e . A s s is ta n c e , p r é v o y a n c e , h y g iè n e (P a r is : A rm an d C o lin , 1 9 3 1 ), 9 . MA la v é r i t é , a j o u t e S a n d . 1 e x p r e s s io n s e r v i c e s o c ia l n 'e s t p a s t o u jo u r s a u s s i la r g e m e n t c o m p ris e ( . . . ) P o u r b e a u c o u p d 'a u t e u r s f r a n ç a i s , le s s e r v i c e s s o c ia u x s o n t d e s o r g a n i s a t i o n s c o m p lé m e n ta ir e s q u i. s u r la s u r f a c e d 'u n e a s s i s t a n c e s t é r é o t y p é e , s c u l p t e n t le s r a f f i n e m e n t s d 'u n e a c t i o n i n d i v i d u a l i s é e ." C f. H a z e m a n n , SSM, 1 3 -4 . (S) H a z e m a n n , SSM, s . (9) Ib id .. 2 18 e t 1“ - 2 2 i l 0) GG. G ra n g e r , op. c i t . , 3 2 - ” 4. i l l i C f. f M u ra rd e t P. Z y lb e rm a n . La r a is o n s d e l ’e x p e r t , o u l 'h v g i è n e s c i e n c e s o c i a l e a p p liq u é e . A rc h ^ e u ro p . d e S o c i o ., X X M . 1 (1 9 8 5 ;, 5 8 - 8 9 . com m e H 2 i R. S a n d . le S e r v ic e s o c i a l . . . (1 9 3 1 i, 2 29 e t 2 4 1 . (13) Ib id ., 2 6 . Le d e l'H y g iè n e , ja n v i e r 1920. M in isti> o f H e a lth de l'A s s i s t a n c e e t c r é é à L o n d re s e n ju in 1 9 1 9 ; le d e la P r é v o y a n c e s o c i a l e s c r é é à <14) Le m i n i s t è r e s e r a re c o m p o s é p a r T a rd ie u e n m a rs d e la S a n té p u b liq u e . m in is tè re P a r is e n 1930 s o u s le nom d e m i n is tè r e i l 5 ) R. S a n d . le S e r v ic e s o c i a l . . . (1 9 3 1 ;, 2 4 0 . (1 6 ) P. S t r a u s s , i b i d . , p r é f a c e . VU. ( I - ; A. F o n ta in e nom m é m e m b re du CA d e 1'.A llia n c e d 'h y g i è n e d e Lyon e n ju in 1 9 1 4 . Bu ll . Ail , h y g . s o c . 35 ( ” -1 2 19141. 4 0 . s o c ia le au c o n g rè s i 18) P. S t r a u s s , ib id . (1 9 ) Le M ouv e m e n t s a n i t a i r e c i - a p r è s ; IMS , 6 1 9 2 3 , 4 6 3 . G. W eil, H i s t o i r e d u m o u v e ­ m e n t s o c i a l e n F r a n c e (1 8 5 2 - 1 9 2 4 ) (P a r is ; A lcari, 1 9 2 4 ). 3 è é d ., 3 9 2 . B u ll. Alt. h y g .' s o c . 35 ( ” - 1 2 1 9 1 4 ), 25 scj^ A. B ru n o , D e p a r t m e n ta l O r g a n iz a tio n R e p o rt 1922, R o c k e f e l l e r F o u n d a ti o n A rc h iv e s c i-a p rè s : RFA . R .G .1 .1 ., s é r i e 50 0 T. b o î t e 3 2 , c h e m is e 2 ” 5. (2 0 ) P. S t r a u s s , P o u r la v ie e t p o u r la s a n t é (P a r is ; J . T a i l l a n d i e r , 1 9 2 9 ), 2 3 0 , 2 3 2 . Fit p r é f a c e à S a n d , le S e r v ic e s o c i a l . .. (1 9 3 1 ). M L P. S t r a u s s , a p p e lé p a r A .Tho­ m as à la p r é s i d e n c e d u C o m ité du t r a v a i l fé m in in , y r e n c o n t r e J . D e la g ra n g e q u e . m i n i s t r e d e l ’H v g iè n e , il f e r a v e n i r a u p r è s d e lu i e n 1924 à la d i r e c t i o n du B u re a u c e n t r a l d e s i n f i r m i è r e s i c f . A s s o c ia ti o n d e s T r a v a i l l e u s e s s o c i a l e s . D ans le s o u v e n ir d e J u l i e t t e D e la g r a n g e (1 9 1 ~ - 1 9 3 6 ), o c t o b r e 1 9 3 6 . L es a u t e u r s r e m e r c i e n t a m ic a le m e n t P. G ra d v o h l d e l e u r a v o i r f a i t c o n n a î t r e c e t t e i n s t r u c ­ ti v e p l a q u e t t e ) . ( 2 ! ; MS " 192*. 3 9 2 . <22'i Bu ll. -Ml. h y g . s o c . “ - 9 1 9 13, 24. »23) L. L a n d o u z v . Le R ô le d e s f a c t e u r s s o c ia u x d a n s l ’é t i o l o g i e d e la t u b e r c u l o s e ; le s m o y e n s d e d é f e n s e s o c i a l e c o n t r e la t u b e r c u l o s e , R ev , d e la tu b . ( " - * 1 9 1 2 ), 44. Et B u ll. A il, h y g . s o c . 35 ( " - 1 2 1 9 1 4 ), 3. •24) T u i'p in . E lo g e d e B e n ja m in P o u r la v i e . . . (1 9 2 9 ), 2 4 6 . W e il-H a llé , B u ll. A cad, m éd. <6 5 1 9 5 8 ). P. S tr a u s s , (2 5 ) P. S t r a u s s , ib id . (26) L. M u ra rd e t P. Z i lb e r m a n , L’ A u tre g u e r r e . . . , lo c . c i t . . 3 8 2 . A. V e rn e . B ull. A il, h y g . s o c . 35 i " - 1 2 1 9 1 4 ). 5. M. S a r r a z - B o u m e t , La L u t t e c o n t r e l e s g ra n d s f lé a u x s o c ia u x ( t u b e r c u l o s e , s y p h ilis , c a n c e r , d é p o p u la t io n ) . R ô le d e s d i f f é r e n t s o rg a n is m e s p u b li c s e t p r iv é s d a n s c e t t e l u t t e e t r a p p o r t d e c e s o r g a n is m e s e n t r e e u x , V llè C on g r è s d ’A s s is ta n c e p u b liq u e e t p r i v é e (N a n c y ; B e r g e r - L e v r a u l t , 1 92“ ). 8. (2 “ i S u r la L ig u e f r a n ç a i s e c o n t r e le c a n c e r , c f . P a t r i c e P in e ll , F lé a u m o d e rn e e t m é d e c in e d ’a v e n i r ; la c a n c é r o l o g i e f r a n ç a i s e e n t r e le s d e u x g u e r r e s . A c te s d e la r e c h e r c h e e n s c i e n c e s s o c i a l e s 6 8 (1 9 8 “ ). 4 5 - “ 6 . (2 8 ) S u r la L ig u e d e s S o c i é t é s d e C ro ix -R o u g e , c f . R. S a n d , L’E d u c a ti o n p o p u l a i r e d a n s le d o m a in e d e l ’h y g iè n e , R e v u e d ’h y g iè n e c i - a p r è s : RH 10 1 9 2 ", " 2 5 . Boyé e t G o e p fe r , L e s O e u v re s d ’h y g iè n e s o c i a l e à Nancy, A nn. A il, h y g . s o c . (6 1 9 0 " ), 3 9 4 - 4 0 6 . (29) L. M u ra rd e t P. Z y lb e rm a n . L’A u tr e g u e r r e . . . , lo c . c i t . J . R e n a rd , J o u r n a l " 9 1901. (3 0 ) RH 2 1 9 2 1 , 155 e t 12 1 9 21, 1 0 1 1 -1 2 . W ilU am s à s é r i e 5 0 0 T F r a n c e , b o î t e 2 6 , c h e m is e 2 5 9 . (3 1 ) MS 11 1 929. 6 * 1 -8 2 . R o se . 25 5 1 9 2 0 , RFA, R .G .1 .1 .. «32') RH " 1 9 31. 5 1 0 -1 4 . L ’in a u g u r a tio n d u d i s p e n s a i r e s ’é t a i t d é r o u l é e e n du d o c t e u r O b e rk ir c h , s o u s - s e c r é t a i r e d ’E t a t à l ’H y g iè n e , d u m a r é c h a l d ’A. S a r r a u t , d ’A. D a lim ie r, d e s d o c t e u r s A. P in a rd e t A. C o u v e l a ir e , d e p r é s i d e n t d e s e c t i o n a u C o n s e il d ’E t a t , e t d e L M a rin , p r é s i d e n t d e i n t e r n a t i o n a l d ’A n th ro p o lo g ie , d é p u té e t f u t u r m i n i s t r e d e la S a n té • MS " 1 9 2 9 . 3 9 1 i. p résen ce P é ta in . M a r in g e r l ’i n s t i t u t p u b liq u e (3 3 ) C f. P. G ra d v o h i, lo c . c i t . . 3 8 9 . C f. a u s s i le t r a v a i l e n c o u r s d e F r a n ç o is e Blum e t d e J a n e t H o m e s u r la S e c tio n f é m in in e d u M u sée s o c i a l . On s e r e p o r t e r a é g a le m e n t à la m o tio n p r é s e n t é e p a r L. W eiss a u C o n g rè s d e m a ir e s d e F r a n c e e n 1934: M é m o ire s d 'u n e E u ro p é e n n e (P a r is : P a y o t. 1 9 " 0 ). III, 5 6 - “ . • 3 4 ) C f. L. V ib o re l, 1 9 24. 3 4 1 . Sa v o i r p ré v e n ir (P a r is : chez 1 a u te u r, 1 9 3 9 ), 2 3 ~ -4 0 ; MS 12 (35) L. G u in o n , in S e r g e n t , R ib a d e a u -D u m a s e t B a b o n n e ix , T r a i t é d e p a t h o l o g i e m é d i­ c a l e e t d e t h é r a p e u t i q u e a p p l i q u é e . (P a r is : M a lo in e , 1 9 2 5 ). v o l. 2 3 , 6 . A. V a u d re m e r. in M a rtin e t B ro u a rd e l. T r a i t é d ’h y g iè n e ( P a r is : B a i l l i è r e , 1 9 2 9 ). t . 2 3 , 193. S u r l'u n d e c e s C o m ité s n a tio n a u x , c f . L. M u ra rd e t P. Z y lb e rm a n . La M issio n R o c k e f e l l e r e n F r a n c e e t la c r é a t i o n d u C o m ité n a t i o n a l d e d é f e n s e c o n t r e la tu b e r c u l o s e ( 1 9 ! " - 1 9 2 3 ) , R ev , d 'h i s t . m o d . e t c o n te m p . ( 2 '1 9 8 " ) , 2 5 " 81. (3 6 ) RH 12 1 9 2 4 , 1 0 3 3 . E t G. D e q u id t, La L u t t e a n t i t u b e r c u l e u s e , M in is t è r e d e l ' I n t é ­ r i e u r , A s s is ta n c e e t H y g iè n e (M in is tè r e d e la S a n té p u b li q u e ). R a p p o r t p r é s e n t é p a r l 'I n s p e c t i o n g é n é r a l e d e s s e r v i c e s a d m i n i s t r a t i f s (1 9 3 1 ) (M elu n : im p r. a d m ., -é 1 932), 1 8 1 - 8 " . (3~ ) MS 9 1 9 3 1 , 5 1 8 -1 9 . (3 8 ) J. P a r i s o t , le D é v e lo p p em e n t G. T h o m as, 1 9 3 3 ), 3 8 . de l'h y g i è n e en F ran ce. A p e rç u g én éral (.\a n c y : (39i MS 9 1931, 518. ( 4 0 ' W illia m s à R o se 5 12 1921 e t R o se à 5 0 0 T F r a n c e , b o i t e 2 " , c h e m is e 2 6 2 . W illia m s 28 12 1 9 2 1 , RFA, R .G .1 .1 ., s é rie < 4 1 1 MS 5 1 9 28, 2 8 4 -8 5 . G unn à R u ss e ll 9 9 1 9 2 4 . RFA, R .G .1 .1 .. s é r i e 5 0 0 1 , b o îte 13. c h e m is e 151. L’ONHS c r é é le 4 12 1924 (JO du 8 e t 9 12 1924) e t s u p p rim é le 4 4 1 934, r a t t a c h é a u m i n i s t è r e d e la S a n té p u b liq u e (MS 3 1 9 36, 1 4 0 ). <42) P. S t r a u s s . Po u r la v i e . .. r l 9 2 Q'. 2 3 2 . (4 3 ) MS 5 1 9 2 5 , 6 6 1 . (44) MS 4 1928. 193. (45) P. S t r a u s s , P o u r la v i e . . . (1 9 2 9 ), 2 2 9 -3 0 . (4 6 ) P. S t r a u s s , i b i d . , 2 2 9 . <4” ) RFA, J o u r n a l d e G unn 13 12 1 9 2 ” . ■'48 ) MS 1 9 26, 419. P. S t r a u s s , P o u r la v i e . . . (1 9 2 9 ), 2 3 0 , 2 2 2 . (4 9 ) C ’e s t e n 1916 q u e la " N a ti o n a l C o n f é r e n c e o f C h a r i t i e s a n d C o r r e c t i o n " la " N a ti o n a l C o n f é r e n c e o f S o c ia l W ork": c f . H a z e m a n n . SSM, 13. d e v in t (5 0 ; J. D ro z , 3 -4 . 1 9 4 0 ), Le C o m ité F r a n ç a i s d e S e r v ic e s o c i a l , ro n é o , 51 + 5 p. (s .d ., ç. (5 1 ) R. S a n d p r é s i d a i t é g a le m e n t le s t r a v a u x d u C o m ité n a t i o n a l b e lg e d u S e r v ic e s o c i a l , a in s i q u e c e u x d u C o m ité n a t i o n a l p u is i n t e r n a t i o n a l d e s E c o le s d e S e r v ic e s o c ia l. C f. E. A u ja le u . le s L a u r é a t s e u r o p é e n s d u p r ix L é o n -B e rn a rd , 1 9 5 1 1980 (C o p e n h a g u e : OMS. 1981), 2 1 - 6 : e t A. A n c ia u x . R e n é S a n d e t la c u l t u r e d e s \ a l e u r s h u m a in e (ré s u m é d a c t y l o , d ’u n e c o m m u n ic a tio n p r é s e n t é e à la 2 4 è C o n f é r e n c e i n t e r n a t i o n a l e d e l ’A c tio n s o c i a l e . B e r lin , 31 j u i l . - 5 a o û t 1 9 8 8 ). L es a u t e u r s t i e n n e n t à r e m e r c i e r S im o n e C r a p u c h e t q u i l e u r a f a i t c o n n a î t r e ce tra v a il. i5 2 i J. D ro z , lo c . c i ; . . 5 - 6 . Le p ro b lè m e d e s r e l a t i o n s e n t r e le s o e u v r e s p r iv é e s e t le s s e r v i c e s p u b li c s d e v a i t f a i r e l ’o b je t d ’un r a p p o r t a u C o n g rè s d ’h y g iè n e d ’o c t o b r e 1928 (MS " 1 9 28, 396). C f. a u s s i la c o m m u n ic a tio n f a i t e p a r H a ze m a n n à l ’ a c a d é m ie d e m é d e c in e le 12 6 1928 ( v o ir i n f r a ). ixVi J . D ro z , lo c . c i t . , 5. (54.) \!S “ 1 928, 3 9 6 . (5 5 ) P. S t r a u s s , P o u r la v i e . .. (1 9 2 9 ), 2 2 2 . E v o q u a n t J . D e la g r a n g e , H a z e m a n n r a p p o r t e " q u ’e l l e c o n s t a t a im m é d ia te m e n t à la p r é f e c t u r e d u N o rd o ù e l l e a v a i t é t é d é lé g u é e e n 1919 p a r le m i n i s t r e d e s R é g io n s l i b é r é e s l ’i m p o s s i b ilité d e d i s s o c i e r l e s q u e s t i o n s é c o n o m iq u e s d e s q u e s t i o n s s a n i t a i r e s e t q u e le t o u t ré u n i n é c e s s i t a i t u n e a c t i o n s o c i a l e r é e l l e m e n t c o m p lè te , r é e l l e m e n t p o ly v a ­ l e n te " : c f . D a n s le s o u v e n i r ... 11 9 3 6 ). (5 6 ) J . D ro z . lo c . c i t . , 8. (5 " i I b i d ., 5 . C f. 1 9 2 8 ), 1. P. J o a n n o n , L ne d é fin itio n du s e r v i c e s o c i a l , P é ris -iM é d ic a l (1 3 10 (58) MS 6 1 9 2 6 , 3 16 e t " 1 9 28, 39~ o ù G. D e q u id t d é c l a r e : "N o u s a v o n s to u jo u r s c o m b a t tu e n f a v e u r d ’u n e d i r e c t i o n m é d ic a le u n iq u e , e t s ’é t e n d a n t p r o g r e s ­ s iv e m e n t à to u s le s s e r v i c e s i n t é r e s s a n t d e p r è s o u d e lo in la p r o t e c t i o n d e la s a n t é ( . . . ) C ’e s t la d o c t r i n e q u e n o u s v o u d ri o n s v o ir t r i o m p h e r a u c o u rs d e s C o n f é r e n c e s n a t i o n a l e s a n n u e ll e s d u S e r v i c e s o c i a l . . . " 159» P. S t r a u s s , P o u r la v i e . . . (1 9 2 9 ), 2 2 2 . (6 0 ) J. D ro z , lo c . en 1 932). c it., 8 (in te rv e n tio n de C o u rm o n t à la C o n fé re n c e de F ra n c fo rt (61) C f. R a p p o r t d u M in is tr e d e la S a n té p u b li q u e ( S e l l i e r ) a u P r é s id e n t d e la R é p u ­ b liq u e (26 8 1 9 3 6 ), f u s io n d u C o n se il d e p e r f e c t i o n n e m e n t d e s é c o l e s d ’in f i r m i è r e s e t du C o n s e il d e p e r f e c t i o n n e m e n t d e s é c o l e s d ’a s s i s t a n t e s s o c i a l e s (A rc h iv e s du m i n i s t è r e d e s A f f a ir e s s o c i a l e s : "DGS 58~ R è g l e m e n ta tio n " - c o m m u n iq u é a u x a u t e u r s p a r P. G ra d v o h l). C f. a u s s i G. C a h e n , Un p r o j e t d e lo i s u r le s é c o l e s d ’in f i r m i è r e s . RH 9 1 9 2 1 , . i 62 i H a z e m a n n , SSM, 2 0 3 . L’a v e r t i s s e m e n t d e l ’é d i t e u r p r é c i s e q u e la p a r u t i o n l ’o u v ra g e a é t é " h â t é e p a r la te n u e d e la Q u in z a in e S o c ia le I n t e r n a t i o n a l e " . de (63) E. F u s t e r , Ann. A li , h y g . s o c . I b i s (3 1 9 0 5 ), 5 9 . A. H o n n o ra t, R a p p o r t ... s u r la p r o p o s i t i o n d e lo i t e n d a n t à i n s t i t u e r d e s d i s p e n s a i r e s d 'h y g i è n e s o c i a l e . . . " , C h a m b re d e s d é p u t é s , s é a n c e d u 19 2 1 9 16, n °1 8 6 3 . 2 1 5 -1 8 . M a lv o z o u v r a i t à L iè g e , e n 1 9 0 0 , le d i s p e n s a i r e M o n te f io r e , t a n d i s q u e C a l m e t t e o u v r a i t à L ille , e n f é v r i e r 1 9 0 1 , le d i s p e n s a i r e E m ile -R o u x . L. B o u rg e o is , B u ll. A il, h y g . s o c . 32 ( 1 0 - 1 2 1 9 1 3 ), 4 3 - 5 . H. S e l l i e r , la L u t t e c o n t r e la t u b e r c u l o s e d a n s la R é g io n p a r i s i e n n e , 1 8 9 6 -1 9 2 ~ (é d . d e l'O P H S , 1 9 2 8 ), 8 8 . J . C o u rm o n t, B u ll. A il, h y g . s o c . 34 ( 4 - 6 1 9 1 4 ), 3 9 - 4 0 . M lle C h a p t a l , i b i d . , 4~ . (64) L. B e r n a r d , B u ll. A il, h y g . s o c . 34 14 - 6 1 9 1 4 ), 4 5 . L. B o u rg e o is , i b i d . , 3 2 . »65) E. F u s t e r a p u d A. H o n n o ra t. R a p p o r t à la C h a m b re (1 9 1 6 ). lo c . c i t . , 1 4 9 . " M ille f i c h e s o n t é t é é t a b l i e s , e x p liq u e L. B o u rg e o is a u s u j e t d u d i s p e n s a i r e L a ë n n e c , q u i s o n t à la f o i s d e s f i c h e s p e r s o n n e l l e s r e n s e i g n a n t le s e r v i c e m é d ic a l ( . . . ) le s e r v i c e a d m i n i s t r a t i f s u r la s i t u a t i o n d e la f a m i l l e , e t le s e r v i c e d e la S t a t i s ­ tiq u e d e la L i l l e s u r l ' é t a t s o c ia l du m a la d e , e t p a r c o n s é q u e n t d u q u a r t i e r e t d e la v i l l e e lle - m ê m e " , B u ll. A il, h y g . s o c . 34 ( 4 - 6 1 9 1 4 ), 3 2 . (6 6 ) L. G u in o n . (1 9 2 8 ), 8 8 . B u ll. A il, h y g ._ s o c . 3~ (1 - 1 2 1 9 1 6 ), 2 8 -3 0 . H. S e llie r, la L u t t e . .. (6~ ) L. B e r n a r d a p u d A. H o n n o ra t, R a p p o r t ... à la C h a m b re (1 9 1 6 ), lo c . c i t . , " 5 . S u r le c a s i e r s a n i t a i r e d e s m a is o n s , c f . L. M u ra rd e t P. Z y lb e rm a n , L es M urs q u i t u e n t , C a h i e r s m é d ic o - s o c ia u x 4 (1 9 8 3 ), 2 8 5 -9 4 . A u c u n r e c e n s e m e n t , à n o t r e c o n n a i s s a n c e . n * e x is te d e s d i f f é r e n t e s c a t é g o r i e s d 'i n f i r m i è r e s - v i s i t e u s e s . En 1 9 2 3 , L. B e r n a r d e s t i m a i t à 4 0 0 l e s v i s i t e u s e s t r a v a i l l a n t d a n s l e s d i s p e n s a i r e s d u C o m ité n a t i o n a l d e d é f e n s e c o n t r e la t u b e r c u l o s e (6 0 2 e n 1 9 2 4 y c o m p r is 23 b é n é v o le s e t 158 d é p e n d a n t d e l'O PH S d e la S e in e ). En 1 9 3 2 , le C o m ité a n n o n ç a it 2 0 0 0 v i s i t e u s e s e m p lo y é e s d a n s s e s d i s p e n s a i r e s . E n fin , e n ju in 1 9 3 8 . le m i n i s t è r e d e la S a n té r e c e n s a i t " 0 0 0 a s s i s t a n t s o u a s s i s t a n t e s s o c i a l e s d ip lô m é s d ’E t a t . C f. AG du CN'DT, 24 3 1 9 2 3 , 2 9 3 1924 e t 11 3 1 9 3 3 : Bu ll. d u CN'DT (A g e n , 1923 e t 1 9 2 4 ), e t R ev , d e p h t i s i o . , XIV ( 3 - 4 1 9 3 3 ). C f. a u s s i la" l e t t r e du M in is tre d e la S a n té p u b li q u e (9 " 1 9 3 8 ). S e r v i c e c e n t r a l d e s i n f i r ­ m iè re s , a u p r é s i d e n t d e la 4 è s o u s - s e c t i o n d e la s e c t i o n d u c o n t e n t i e u x . C o n s e il d 'E t a t (A rc h iv e s d u m i n i s t è r e d e s A f f a ir e s s o c i a l e s , lo c . c i t . ,). ( 6 8 1 G. L a fo s s e , T ro is i n t é r e s s a n t e s e x p é r i e n c e s s a n i t a i r e s , F ra m in g h a m , J u m e t. V a n v e s. R e ^ p r a t . h v g . m un. 5 (9 - 1 0 1924». 2 1 2 . A n o t e r q u e le d o c t e u r P. J o a n n o n s e r a nom m é e n 1930 d i r e c t e u r d u b u re a u d 'h y g iè n e m u n ic ip a l d e V a n v e s . io 9 ) L. B e r n a r d , la D é fe n s e d e la S a n t é p u b liq u e p e n d a n t la g u e r r e iP a r i s : PLF. 1929). 2 4 6 . 2 5 3 . G .E. V in c e n t, M ém o ran d u m o f a n in t e r v i e w w ith M. H o v e la c q u e ( . . . ) m a d e T u e s d a y . Ma> 2 9 , l ^ p 12 6 I9 1 ~ i, RFA, R .G .1 .1 ., s é r i e 5 0 0 T, b o î t e 25, c h e m is e 2 4 9 . A n o t e r q u e la loi L éon B o u rg e o is s u r le s d i s p e n s a i r e s n e m en tio n n e p a s l 'i n f i r m i è r e - v i s i t e u s e (A. B ru n o , R a p p o r t 1 9 2 2 , lo c . c i t . , 2 8 30). G. P o ix . 1’.A rm em ent a n t i - t u b e r c u l e u x f r a n ç a i s (P a r is : M asso n , 1 9 2 2 ). 16, im p u te à c e m a n q u e d e v i s i t e u s e s le s r e t a r d s d a n s l 'o u v e r t u r e d e s n o u v e a u x d i s p e n s a i r e s . \V. R o se , in L. H a c k e tt M a n u s c rip t. H is to ry o f t h e I n t e r n a t i o n a l H e a lth D iv is io n , RFA, R .G .3 , s é r i e 9 0 8 , b o î t e 5 , c h e m is e 2 8 , c h a p . 6 , 3 . A. B ru n o , Co n t r e la t u b e r c u l o s e . .. (1 9 2 5 ), 2 8 6 - 8 " . H a z e m a n n , SSM , 2 0 2 . M. S a r r a z B o u rn e t, lo c . c i t . (1 9 2 ~ ), 16. i " ü i v i in is tè r e d e la S a n té p u b li q u e , d i r e c t i o n d e l ’H y g iè n e e t d e l ’ A s s is ta n c e . A r r ê t é f ix a n t le s c o n d i t i o n s d ’a d m is s io n à l ’e x a m e n d 'E t a t d ’i n f i r m i è r e s , d ’i n f i r m i è r e s v i s i t e u s e s d ’h y g iè n e s o c i a l e , e t c . , 1 " 3 1933 (A rc h iv e s m i n i s t è r e d e s A f f a i r e s s o c i a l e s , l o c . c i t . ). d i s t i n g u a i t e n c o r e e n t r e le s v i s i t e u s e s d 'h y g i è n e s o c i a l e d e la t u b e r c u l o s e , le s v i s i t e u s e s d 'h y g i è n e s o c i a l e d e l ’e n f a n c e e t l e s v i s i t e u s e s d 'h y g iè n e s o c i a l e " g é n é r a l i s é e ” . '" 1 ) H. S e l l i e r , R a p p o r t a u P r é s id e n t d e la R é p u b liq u e (26 8 1 9 3 6 ), lo c . c i t . C ’e s t R u c a rt q u i. d a n s l a f o u l é e d e S e l l i e r , e n r e m a n ia n t l e s c o n d i t i o n s d a t t r i b u t i o n du d ip lô m e d ’E t a t , " s u p p r im e t o u t d ’a b o r d le s d i f f é r e n t e s s p é c i a l i t é s d e v i s i ­ t e u s e s d ’h y g iè n e s o c i a l e ( . . . ) e t n ’a t t r i b u e d o r é n a v a n t à c ô t é d u d ip lô m e h o s p i­ t a l i e r q u ’un s e u l d ip lô m e d ’A s s is ta n te s o c i a l e " (R a p p o r t d u M in is tre d e la S a n té a u P r é s i d e n t d e la R é p u b liq u e . 1 " 2 1938 - A rc h iv e s d u m i n i s t è r e d e s A f f a i r e s s o c i a l e s , lo c . c i t . ) . (" 2 ) H a z e m a n n , SSM. 2 0 4 . C f. é g a le m e n t R .H . H a z e m a n n e t C h. V o ig t, le S e r v ic e s o c ia l e t la c o l l e c t i v i t é m é t r o p o l i t a i n e f r a n ç a i s e , r a p p o r t p r é s e n t é a u C o m ité f r a n ç a i s d e S e r v ic e s o c i a l (N a n c y : B e r g e r - l . e v r a u l t , 1 9 3 6 ). (~3) H a z e m a n n , SSM, 2 0 5 , 2 3 , 1 5 3 -5 4 ( p o s i t i o n d u S y n d ic a t d e s m é d e c in s h y g ié n is te s ) . 2 0 8 . L. B o u rg e o is . B u ll. A il , h v g . s o c . 35 C - 12 1 9 1 4 ), 23 t " 4 i L. M u ra rd e t P. / M b e r m a n , 'h i v e r 1 9 8 6 ). LXXVI1-LXXVHI. R o b e r t- H e n r i H azem ann, u rb a n is te '~ 5 ' H. S e l l i e r , a l l o c u t i o n r a d i o d i f f u s é e . AN. a r c h i v e s p r i v é e s H. S e l l i e r . s o c ia l. VRBI X 1~6) MS 6 1 9 36. 2 5 9 . ( ; H a z e m a n n , SSM, 195. (" 8 ) MS 6 1 9 3 6 . 2 5 9 . (~9) H. S e l l i e r , R a p p o rt a u P r é s id e n t d e la R é p u b liq u e (26 8 1 9 3 6 ), lo c . c i t . ( 8 0 1 S ur l 'i n t e r v e n t i o n n i s m e t r è s m o d é ré d u le s a c c o r d s c o n t r a c t u e l s , c f . B. G a z ie r , 83. (8 1 ) MS " 1 9 3 6 . 3 1 3 . (82) H azem ann . F .x is te - t- il d e s p o s s ib ilité s e n F r a n c e ? MS 5 1 9 3 3 , 2 1 0 . (8 3 ) de F ro n t p o p u la ir e , s u r so n la C ris e d e 1929 (P a r is : d é v e lo p p e m e n t de goût PL F. l ’h y g iè n e pour 1 9 8 3 ), p u b liq u e R. D e b ré , in S t è l e p o u r J a c q u e s P a r i s o t (P a r is : E d iti o n s n o u v e lle s e t im p re s s i o n s . 1 9 6 8 ). 4 3 . RFA. J o u r n a l d e G re g g 2 2 1 9 4 0 . S u r J . P a r i s o t , c f . L. M u ra rd e t P. Z y lb e rm a n , E m in e n ts h y g i é n i s t e s , à p a r a î t r e c h e z G a llim a rd . (8 4 ) RFA. J o u r n a l d e T a y lo r 28 5 1 9 29. (8 5 ) J. P a r i s o t , La C o l la b o r a tio n , s o c . (1 9 3 2 ). 169. b ase de l 'a c t i o n s o c ia le , R e v .d ’h y g . et de m éd. (86> Ib id ., 9 8 - 9 . (8~ ) I b i d ., 1 6 8 -6 9 . C a is s e i n t e r d é p . d e S. e t S . - i t - O . : d i r i g é e p a r M. M a r tin , a n c ie n c h e f du s e r v i c e s o c i a l d e l ’OPHBM d e la S e in e ( c f . P. S t r a u s s . P o u r la v i e . . . (1 9 2 9 ), 2 0 ' ) . . J .G o d a rd é t a n t le m é d e c in - c o n s e il d e la C a i s s e ( c f . L. M u ra rd e t P. Z v lb e rm a n , E m in e n t s h y g ié n is t e s ) . (8 8 ' J . P a r i s o t , lo c . c i t . (1 9 3 2 ). 169 (89) (9 0 ) Ib i d . . 1” 6 -S 0 . L o rs d 'u n v o y a g e e n A m é riq u e d u N o rd , e f f e c t u é à l ’a u to m n e 1922 à l ’i n v i t a t i o n d e la F o n d a tio n R o c k e f e l l e r . L. B e r n a rd a v a i t é t é v iv e m e n t f r a p p é p a r l 'o r g a n i s a t i o n s a n i t a i r e d e la v i l l e d e T o r o n to , q u i lu i a v a i t p a ru r é a lis e r une c o o p é ra tio n p a r f a i t e e n t r e la c h a i r e d ’h y g iè n e d e la F a c u lté , le s e r v i c e s o c ia l d e la v i l l e e t l 'h ô p i t a l . L 'e x p é r i e n c e - si s e m b l a b le au s c h é m a q u 'e x p o s e P a r is o t e n 1932 - lui p a r a i s s a i t u n iq u e a u m o n d e , v é r i t a b l e " n o ti o n id é a le " à l ’a u n e d e la q u e l l e m e s u r e r t o u t e s le s r é f o r m e s f u t u r e s d u s y s tè m e fra n ç a is. Le S u r e s n o is 3 ” 19” 3. (9 1 ) Ib id , (92) MS 5 1 9 33, 2 1 “ . (93) Ib id .. 2 1 4 . ( 0 4 ) MS 12 1 9 3 6 , 5 “ l). A " u n E t a t p o l i t i q u e , b u r e a u c r a t e e t g e n d a r m e , d it e n c o r e S e l l i e r , d o it s e s u b s t i t u e r u n o rg a n is m e à c a r a c t è r e é c o n o m iq u e . S on s e u l r ô l e s e r a , d e p lu s e n p lu s , d e c o o r d o n n e r e t d 'h a r m o n is e r l ’e f f o r t d e s in d iv id u s g ro u p é s d a n s le u r o r g a n i s a t i o n p r o f e s s i o n n e l l e . . . " , l'H y g iè n e s o c i a l e (1 2 1 9 3 6 ), 159. i;9 5 1 D é c l a r a t i o n o f f i c i e l l e d u C o m ité , MS 1 1 930, 5 - “ . (9 6 ) Ib id . S u r ia p a r t i c i p a t i o n d e J c u h a u x e t P. Z y lb e rm a n . E m in e n ts h y g i é n i s t e s . au m ouvem ent de l ’h y g iè n e , c f . L. M u ra rd <9“ ) H a z e in a n n à i ’AG d u CNDT d u 1“ 4 1 9 3 ” , B u ll, d u CNDT. 1 (j u in 1 9 3 ” ), 2S. ( 9 s ) in H a z e in a n n , SSM. XIX (c ’e s t F u s t e r q u i s o u li g n e ). (9 9 ) J. D ro z , lo c . c i t ., 1 2 -4 . R u c a r t .C a b i n e t s C h a u te m p s (ju in 1 9 3 ” ( a v r il 1 9 3 S - m a rs 1 940). s e r a m i n i s t r e d e la S a n t é d a n s le s 3 è e r 4 è m a rs 1936) e t d a n s le 3 è ^ C a b in e t D a la d ie r 1100) H a z e m a n n . g ra n g e a u 11936). ( ii jl i A rm a in g a u d . MS ? 1933. 2 1 4 . C e f u t a u ss i l ’u n e d e s p r é o c c u p a t i o n s d e J. D e la B u re a u c e n t r a l d e s in f i r m i è r e s : c f . J . D ro z , in D an s le s o u v e n i r ... \ n n . -M l. h v g . s o c . 3 (S 1 9 0 5 ;, 15. PENSEE SOCIALE ET LANGAGE PLASTIQUE L'ART POUR LE PEUPLE 1 8 8 9 -1 9 1 3 Les arts appliqués? s'affligeait Roger Marx (1) en 1894: "un objet d ’indifférence ou de mépris. Hors le Salon, point de jouissance d'art..." Dans le foulée de l'Exposition uni­ verselle de 1889, cependant, surgissent en France comme en Belgique toute une série de revues non moins combatives qu'éphémères: "Artistes "Art et vie", social"... tionale décorateurs", "les Arts de de vie", "Art et science", "Art pour tous", "l'Art Lancée par Jean Lahor (2), une "Société interna­ d'Art populaire et d'Hygiène" rassemble en 1903 des artistes tels Besnard, Chéret, Carrière, Gallé, Grasset, Frantz et Francis Jourdain, Lalique, Steinlefn; des critiques comme Geffroy, Marx ou Uzanne; le président de la "Société des Habitations à bon marché", Georges Picot, et le fondateur de l'Université populaire, la vie collective, à une classe, cité-jardin, Georges l'art social mais à tous: Esthétique de ne prétend pas s'adresser "c'est l ’art du foyer et de la l'art du château et de l’école, précieux et de la broderie paysanne" 1913). Deherme. (R.Marx: l'art du bijou l'Art social. s / !° U "Avec le M o d e m Style, choc qui bouleverse lublement, "Arracher la rue. la rue notait W. Benjamin, l'intérieur". ^ s'accomplit L ’intérieur et, le indisso­ La tâche d'un Jules Chéret, par exemple? à la monotonie des maisons alignées au cordeau, y jeter le feu d'artifice des couleurs (...) conver­ tir les murailles en plein vent" en surfaces (R. Marx). décorables" "musée "Animer la muraille", disait dans le même temps Puvis de Chavannes, mission de la peinture"; - en un telle est "la véritable "à part cela, on ne devrait jamais faire de tableaux plus grands que la main". Ce langage pictu­ ral, cette vision de peintre, voilà ce que voudraient ignorer et combattent L'art social enveloppe l'homme dans le décor: qui - tel sorte de chez dans une nature morte, un intérieur Mallarmé - fonction poétique" "élève (A. ■ Il est une culture de la vue: les objets Chastel, jusqu'à une Vuil lard, 1946).^ un "plaisir des yeux" moins préoccupé du dessin ou de la ligne que du matériel décoratif, des objets et de leurs agencements. Décor et struc 1.1. Q^ui éduquera le public à la beauté? Cette même année 1913.j?r_ ^_____ ==> ilors de l'exposition "la Cité moderne" qui se tient à Nancy, les Louis ouvriers Lafitte, de son organisateur, l'oeuvre future, déclare: l'architecte "parmi occupe une place éminente. Comment résoudre le problème de l'esthétique des villes? (...) Quels arts contribueront à propager cette notion de beauté? Assurément, au premier^ l ’architecture (...) L ’architecte possède les qualités de l'éducateur public" L ’architecture comme art directeur: cette prétention portait en germe le rejet de l'Art Nouveau comme "shallow, elitist, and anti-rational". "Pevsner's approach, poursuit Meredith Clausen dans son travail sur Frantz Jourdain and the Samari­ taine (1987), paved the way fot the current conception as growing out of the English Arts and Crafts on the Continent as a superficial Clausen, à being décorative a l’inverse, décorative and appearing style". "the Art Nouveau movement, style, was décisive in Pour far from preparing the soil for the architecture of the 20th century". On le voit, placer l’architecture à la tête des arts entraîne ipso facto une double négation: assiégé par la machine, l'Art Nouveau n'aurait voulu qu’arrêter l ’évolution technique (W.Benjamin); ou bien, rationaliste la mort dans l ’âme, viendrait g u'ex post, dans sa vérité ne lui le mouvement qui le dépasse et où il se dissout (M. Clausen). esthétique sociologique à une esthétique "art social", se réduit y troitement ornementale associés. "Art Nouveau" et "art décoratif" se combinent sans se fondre; leurs chronologies respectives ne se super­ posent pas. Sans doute, observera Roger Marx en 1913, "on s'est plus préoccupé, au début, du décor que de la construc­ tion, plus des enjolivements que de l'harmonie des propor­ tions et du juste rapport des volumes". Rien de plus "malen­ contreux", cependant, que "l’emploi du terme décoratif dont on se sert pour désigner l'art social". 1.2. L ’art social est-il un moment significatif? Sous-jacent au débat idéologique, un problème historio­ graphique. L'art social est-il un moment spécifique? Pierre Francastel le reprochait "se borne" dans sa avec généalogie raison de à Bruno Zevi: l'architecture celui moderne "signaler que son action /"de la pensée sociale7 s ’est exercée qui est de 1870 et à travers l'urbanisme qui est un phéno­ mène postérieur de trente ans et presque opposé au précédent" (Art et technique). Même hiatus chez Giedion qui, pages consacrées à la mécanisation de dans ses l ’ornement, néglige le tournant si important de la dernière décade du XlXè siècle, et saute brutalement du Journal of Design (1850) à 1'Esprit Nouveau (1920). IX . S o cïio lo cjles ok>j e t s ett p o é tiq u e des J kc - 2.1. êm redéfinition du système des objets -£"Une civilisation, notait Van de Velde (1894), ne peut pré­ tendre posséder un art que si cet art pénètre partout, s ’il fait sentir gaires". nime" sa présence dans les ustensiles L'art pour le peuple, les plus vul­ l'esthétique de la "vie una­ se veut d ’abord une pensée sociale: elle se propose d'élargir la sphère artistique "par en bas", de faire accéder l'"en-déçà" de l'art à la dignité des objets d'art - et ceci dans le temps même où la République prétend réintégrer dans la nation Déflation, un minimum celle qui le prolétariat dirait-on, de aux campait l'esthétique stylistique:vers commence qui une meubles, à baudelairienne modernité aux ses marges. plantes plus vers humble, vertes, aux papiers peints. 2.2. Répertoires et systèmes d'agencements —' De là que l’art social nous paraisse un concept à trois dimensions. 1) 2) Esthétique: Philanthropique: santé, celle de l'art art et confort sont ici pour tous. synthétisés en une "hygiène esthétique" (J. Lahor, l'Art Nouveau, 1901), laquelle s'offre jusqu'à la Charte d'Athènes comme la panacée de la question sociale. 3) Plastique: au sens où Proudhon, Morris, Tolstoï tiennent pour "artistiques" le jouet d'enfant l'ornementation des vêtements, les défilés ou les processions solennelles. Le problème serait d ’explorer les relations entre ces trois dimensions. Ainsi passe-t-elle dire créer une par la une recherche des musées passion sociale, sociologie de ethnographique, populaires, quarante-huitarde, l'objet: nous folklorique, provinciaux - voulons visant à à "composer, note Roger Marx, le musée du paysan, de l'ouvrier, du soldat". D'un mot, à classer et reclasser les objets. Ce souci sociologique de est l'objet, relayé au niveau plastique par une ou plutôt par une double poétique, du poétique "signe" et de la "phrase". a) Poétique du "signe": il s'agit de sélectionner des réper­ toires d'objets figuratifs, à la fois emblèmes et accessoires Soit, pour le décor intime, le bibelot, l'étoffe ou le tapis; et pour le décor urbain, les fontaines, statues, kiosques à journaux, etc. —j~On se demandera à cet égard, avec Chesterton (Twelve Types, 1906), si cette poétique est aussi audacieuse que la socio­ logie correspondante. paysage, le Soumis aux règles de composition d ’un répertoire figuratif de l'art social n'a su guère accueillir et trier/,"des objets qui, en quelque sorte, se sont toujours recommandés aux amateurs d'art": pupitres, ou et non becs de gaz, boîtes à lettres, bicyclettes. L'enquête, de Paul Veyne évaluer ici, devrait 6c l U c,cfonc*, entre des dans locomotives les termes intentions et une C aA / optique qui les borne objectivement. j W K U P W * » lui aussi, chaises, d ’art social est aux prises avec la viscosité de la pensée: ses différentes dimensions constituent autant de sous-systèmes autonomes, qui conservent chacun leur histoire et leur vites­ se propre. b) -T1 Poétique de la phrase: nous songeons ici aux systèmes de montage et d'agencement des objets. Nous en avons repéré deux. par L'art social, composition Burne-Jones, du chaque d'abord, décor meuble nomme "confort" un domestique* y^tvec Morris, "n’est plus un montage Crâne, solitaire; il a des communications fraternelles avec ses voisins: de posi­ tions, de lignes, de couleurs. Les moindres objets, les A aa plus mobiles, conversent avec eux, entre eux; et sur l'union enfin achevée des choses (...) une atmosphère égale rayonne" (R. de Souza, 1901). "l'inexprimable bien le un Ce confort à la Poe, tohu-bohu" phénomène "confort des des plastique: yeux"... qu'on oppose à appartements il est Second parisiens, conçu système: pour est procurer le montage par intégration, ou par enchevêtrement. L ’art social n'appréhende le^nonde qu'en que comme petit, "autant de et ne conçoit petites les maisons objets en du dehors diminutif*". Il CKct. emboîte la rue dans la maison*^ SB un lieu imaginaire asso­ ciant dans une représentation homogène des espaces de réfé­ rences hétérogènes. Ainsi de cet accessoire par excellence qu'est l'affiche, ici devenue murs": "elle constitue la parure du home, formé le décor de la rue" 1901). "la tapisserie familière des (G. Kahn, comme elle avait Esthétique de la rue, Procédés qui sont inhérents à la vision du flâneur, pour qui la ville "s'ouvre comme un paysage de verdure en même temps qu'elle l'enferme comme dans une chambre" (W.Ben­ jamin) . XXI. Ls i ques tion du paysage 3.1. Le thème plastique r L ’art social pense volontiers par surfaces, et par petites surfaces. Aussi est-ce à la peinture-tapisserie, à la peinture entendue ses comme canons. "ornement* de "Puvis de la muraille* A. qu 'il Chavannes affaiblit ses emprunte tons pour ne pas trouer ses murs, à la limite de l'anémie" (G. Duthuit); R. de Souza n'entend plus qu'on laisse le mobilier urbain "trouer, pour ainsi dire, Et tout comme Vuillard Duranty de pour (Â! un Chastel ), "motif du il fait partie". "ne sépare plus - comme le voulait - le personnage rue" le décor dont du le fond d'appartement théoricien paysage". de L'univers 1 'art se tableau et l'architecture elle-même doit, ni du fond public^que condense en un pense-t-on, MtSèvmf. vaut comme depuis Ruskin^paysage. 3.2. Emergence du thème social Cadre figuratif, le paysage, norme moralisatrice. Répandu peints du logis et du cependant, à profusion restaurant sur populaires, l’ouvrier contre lui-même, contre son appétit la s'interrogeait laideur. Que choisir, J. aussi les papiers il protège forcené pour Lahor, comme motifs pour les papiers muraux? "Je n'admettrais par principe, en cette sorte d ’imagerie populaire, éviter les dangers que l'on devine, que le paysage pour l'abus des figurations féminines, ou celui de l'estampe et de l'affiche à tendance ou à prédication politique" (l ’Art pour le peuple à défaut À Û de l'art par le peuple, 1902). 1848 avait fait pénétrer le peuple dans l'art, 1900 fait pénétrer l'art dans le peuple. Pareille mission pédagogique, évangélisatrice notions d'une même, n'est pas volatilisation du Artiste de fond par sa naïveté, son de symbole: vérité. l'enfant - Dorénavant, était il dissociable au plan "Peuple" la Michelet. à le peuple source n'est de des - mieux encore sincérité représenté comme qu'associé à une classe d'objets; mieux, à un patrimoine. Non sans analo­ gies avec la sociologie d ’un Le Play, les "Fédérations régionalistes", et les "Sociétés "Sociétés d'art mémoire du peuple. du pc populaire"^ inventorient, paysage" archivent la Ou plus exactement ses traces anonymes, ses reliques, ce que les Goncourt ont nommé "les monuments intimes". programme Le est ici muséographique (scandale aux yeux d'un Le Corbusier). Le paysage, le musée. Comment n'être point frappé par l'étroit cousinage entre deux thèmes omniprésents dans le discours? Par la complémentarité voulue de deux dispositifs: le paysage, machine picturale, où l'objet usuel accède au statut d'objet d'art; le l'histoire, rique? musée, machine scientifique, où 1'"en-deçà" de 1'Alltagsleben, accède au statut d'objet histo­ (1 ) C r i t i q u e a u V o l t a i r e , a u P r o g rè s a r t i s t i q u e , à l a R e v u e e n c y c l o p é d i q u e e t à la G a z e t t e d e s B e a u x - A r t s , R o g e r M arx (1 8 5 9 - 1 9 1 3 ) a v a i t é t é a p p e l é p a r C a s t a g n a ry à l a D ir e c tio n d e s B e a u x -A rt s e n q u a l i t é d 'i n s p e c t e u r g é n é r a l d e s m u s é e s . L ié à E dm ond d e G o n c o u r t, a u x V u il la r d , L a li q u e , G a ll é e t C h é r e t , i l jo u a u n r ô l e m a je u r d a n s l 'o r g a n i s a t i o n d e s E x p o s it io n s u n i v e r s e l l e s d e 1 8 8 9 e t d e 1900. (2 ) In ti m e d e M a lla rm é e t d e F r a n c i s J a m m e s , p o è t e , m é d e c in N o u v e a u , J e a n L a h o r , d e s o n v r a i H e n ry C a z a l i s ( 1 8 4 0 - 1 9 0 9 ) , l u t l e p r e m i e r , a v e c G a b r ie l M o u re y e t l e s a n a r c h i s t e s à l a J e a n G ra v e , à p r é s e n t e r e n F r a n c e le s i d é e s d e W illia m M o rr is . D é p e in t p a r M a r c e l P r o u s t , a u x d i r e s d e G e o rg e P a i n t e r , s o u s l e s t r a i t s d u L e g ra n d in d e l a R e c h e r c h e , i l p u b l i e a u s s i b i e n s u r le s a r t s d é c o r a t i f s q u e s u r " l a l i t t é r a t u r e i n d o u e " , . " l e s h a b i t a t i o n s à b o n m a r c h é " , l '" a l i m e n t a t i o n r a t i o n n e l l e " , o u l a " z o o t e c h n i e h u m a in e " .