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PAYS BAS (guerre d'Algérie)

2022, Dictionnaire de la guerre d'Algérie

PAYS-BAS / 917 Nommé au Conseil constitutionnel en 1959, il participe à la validation des décisions prises par de Gaulle en vertu de l’article 16 lui octroyant tous les pouvoirs après la tentative de putsch en 1961. Il est également président du Haut tribunal militaire créé pour le jugement des putschistes, avant de cesser toute activité pour raisons de santé en 1962. Exemple parfait de l’ancien résistant résolument fidèle à de Gaulle, il incarne aussi ces juristes convaincus que la légalité peut jouer un rôle dans les circonstances les plus exceptionnelles. Sylvie THÉNAULT Bibl. : Raphaëlle Branche, « La seconde commission de sauvegarde des droits et libertés individuels », Histoire de la justice, no 16, 2005/1 • Philippe Derouin, « Éloge du président Maurice Patin (1895-1962) », Gazette du Palais, 1983 • Sylvie Thénault, Une drôle de justice. Les magistrats dans la guerre d’Algérie, La Découverte, 2001. PAYS-BAS Plus que d’autres pays européens, les Pays-Bas soutiennent la France dans la guerre menée contre les indépendantistes algériens. En politique étrangère, les gouvernements néerlandais souscrivent toujours à une loyauté de fer avec, d’une part, l’Otan, et d’autre part l’Europe dont la Hollande est, comme la France, membre fondateur. Une position conservatrice qui est aussi liée au profond malaise du pays par rapport à son propre passé colonial et à ses relations difficiles avec l’Indonésie concernant la Nouvelle-Guinée. La Hollande est en effet gouvernée par des majorités parlementaires très modérées, de centre-gauche ou de centre-droit. Les forces plus nettement à gauche sont insignifiantes, que ce soit le Parti communiste néerlandais (Communistiche Partij Nederland [CPN]) ou le Parti socialiste pacifiste (Pacifistisch Socialistiche Partij [PSP]) né, entre autres, de l’anticolonialisme et en cela non dénué d’analogies avec la « nouvelle gauche » et le PSU de Gilles Martinet. Ils n’ont jamais plus de cinq sièges au Parlement (sur 150). C’est donc plutôt dans la vaste base sociale progressiste, parmi les travailleurs et surtout parmi les étudiants et les intellectuels, que se manifeste un intérêt marqué pour le sort du peuple algérien. Fortement influencées par les débats français, les élites cultivées 323692OTW_ALGERIE_CC2021_pc.indd 917 05/12/2022 08:04:24 918 / PERVILLÉ, GUY (NÉ EN 1948) néerlandaises – comme ailleurs en Europe – s’intéressent progressivement à la guerre d’Algérie, à travers la « bataille d’Alger » (1957), l’avènement problématique de la Ve République (1958), le débat sur la torture et l’affaire Boupacha (1960). Une minorité fait l’analogie entre la guerre d’Algérie et l’occupation nazie subie pendant la Seconde Guerre mondiale, la Résistance et la décolonisation néerlando-indonésienne (1945-1949). Ainsi à partir de 1959, des groupes d’information s’organisent, comme l’Actie Informatie Algerije (action information Algérie [AIA]). Ils font circuler les textes de dénonciation publiés en France. Des structures comme, à Amsterdam, le comité Hulp Algerijnse Vluchtelingen (comité d’aide aux réfugiés algériens) mènent des campagnes humanitaires. Enfin, des militants de la gauche révolutionnaire (essentiellement des courants trotskistes de la IVe Internationale) se lient aux « porteurs de valises » français pour soutenir clandestinement le FLN, sur le plan logistique et militaire. En juin 1960, l’arrestation de certains d’entre eux, dont Michel Raptis (Pablo), pour fabrication de fausse monnaie destinée à déstabiliser la France, est particulièrement spectaculaire. Lors de leur procès, Claude Bourdet, Isaac Deutscher, Michel Leiris et Laurent Schwartz viennent à Amsterdam leur exprimer leur solidarité. Andrea BRAZZODURO Bibl. : Niek Pas, Les Pays-Bas et la guerre d’Algérie, Alger, Barzakh, 2013. PERVILLÉ, Guy (né en 1948) Né en 1948 dans l’Oise, Guy Pervillé explique sa vocation dans Histoire iconoclaste de la guerre d’Algérie et de sa mémoire. Il a grandi dans une famille ouvrière qualifiée (son père était contremaître), où on lisait L’Aurore et le Parisien libéré. Il y suivait la politique gaulliste en Algérie avec attention mais elle lui paraissait incompréhensible et les risques d’une guerre civile l’inquiétaient. Ses contacts avec des élèves rapatriés dans son lycée de Creil à la rentrée 1962, son opposition aux maoïstes constituant son entourage à Paris en Mai 68, puis la sortie des ouvrages d’Yves Courrière ont achevé de forger une curiosité durable pour le sort final de l’Algérie française. L’indépendance ne lui semblait pas aller de soi. 323692OTW_ALGERIE_CC2021_pc.indd 918 05/12/2022 08:04:24