Policultures
:
notes
de
lecture
2017
Philippe
Poirrier
Université
de
Bourgogne
©Policultures,
mai
2023
Aver@ssement
• Ces
notes
de
lecture,
ini@alement
publiées
dans
la
revue
en
ligne
Policultures,
avaient
l’ambi@on
de
faire
le
lien
entre
les
mondes
de
la
culture
et
les
mondes
académiques.
• La
priorité
est
accordée
aux
ouvrages
qui
permeIent
de
mieux
comprendre
les
poli@ques
culturelles
contemporaines.
• Philippe
Poirrier,
mai
2023
Janvier
2017
Gilles
Ragot,
La
Grande
Mo2e.
Patrimoine
du
XXe
siècle,
Somogy,
2016,
232
pages.
45
Euros.
En
2010,
la
Grande
MoIe
obtenait
le
label
«
Patrimoine
du
XXe
siècle
»
accordé
par
le
ministère
de
la
Culture.
Un
bel
ouvrage,
issu
des
travaux
de
recherche
et
de
valorisa@on
du
patrimoine
de
La
Grande
MoIe
conduits
de
2013
à
2015
à
la
demande
de
la
Ville
de
La
Grande
MoIe
et
de
son
office
de
tourisme,
retrace
ceIe
aventure
urbaine,
de
sa
créa@on
à
sa
récep@on.
Un
texte
de
qualité,
rédigé
par
l’historien
de
l’architecture
Gilles
Ragot,
peut
s’appuyer
sur
une
riche
iconographie,
et
la
maîtrise
éditoriale
des
édi@ons
Somogy.
L’architecte
Jean
Balladur,
afin
de
répondre
la
volonté
gouvernementale
de
réguler
le
tourisme
de
masse,
de
concurrencer
la
Costa
Brava
espagnole
et
de
soutenir
le
développement
économique
du
Languedoc-‐
Roussillon,
sut
concré@ser
une
véritable
utopie
urbaine
qui
accorde
une
grande
place
à
la
qualité
architecturale,
à
l’inser@on
d’œuvres
d’ar@stes
contemporain
et
au
vivre
ensemble.
On
sait
combien
ce
style
fut
décrié
dans
les
années
1970.
Aujourd’hui,
la
ville,
qui
a
eu
le
grand
mérite
de
préserver
et
d’entretenir
ce
patrimoine,
accueille
plus
de
2
millions
de
touristes
chaque
année.
Les
choix
architecturaux
ne
choquent
plus
:
mieux
l’espace
urbain,
densément
paysager,
qui
accorde
la
priorité
aux
piétons
est
très
largement
approprié.
Ce
volume
par@cipe
d’une
meilleure
connaissance
de
l’histoire
culturelle
de
la
société
des
loisirs.
L’exposi@on
«
Tous
à
la
plage
»,
qui
s’achève
à
la
Cité
de
l’Architecture
et
du
patrimoine,
confirme
ce
processus
de
patrimonialisa@on.
Février
2017
Edouard
Bouyé,
L’archiviste
dans
la
cité.
Un
ver
luisant,
Dijon,
Edi@ons
universitaires
de
Dijon,
2017,
105
pages,
8
Euros.
L’archiviste,
à
l’image
du
bibliothécaire,
véhicule
souvent
une
image
quelque
peu
désuète,
et
peu
valorisante.
C ’est
contre
ceIe
image
d’Epinal
que
l’auteur,
directeur
des
Archives
départementales
de
la
Côte
d’Or,
férraille
avec
talent
et
bonheur,
mobilisant
une
plume
alerte.
Conserver,
enseigner,
chercher
:
telles
sont
les
principales
ac@vités
qui
orientent
l’agenda
de
l’archiviste.
Le
récit
proposé
par
Edouard
Bouyé
ne
relève
pas
de
l’exposé
académique,
mais
prend
la
forme,
assez
s@mulante,
d’un
auto-‐portrait
qui
permet
de
saisir
combien
la
pra@que
du
mé@er
a
connu,
ces
dernières
décennies,
une
profonde
muta@on
grâce
à
la
révolu@on
numérique
et
à
un
engagement
affirmé
en
direc@on
des
publics
(1).
L’auteur
souligne
les
vertus
d’une
média@on
culturelle
fondée
sur
un
équilibre
nécessaire
entre
le
«
présen@el
»
et
le
virtuel.
Les
exemples
développés,
de
la
Grande
collecte
à
la
lecture
à
voix
hautes
de
pièces
d’archive,
sont
probants.
Ce
pe@t
volume
illustre
parfaitement
l’ambi@on
de
la
jeune
collec@on
«
essais
»
des
édi@ons
universitaires
de
Dijon.
Sa
lecture
confirme
l’intérêt
des
mé@ers
du
patrimoine
qui,
conçus
de
ceIe
manière,
peuvent
jouer
un
rôle
central
dans
la
vie
de
la
Cité,
et
contribuer
à
ceIe
démocra@sa@on
de
la
culture
qui
reste
l’objec@f
premier
des
poli@ques
publiques
de
la
culture.
Pour
d’autres
exemples,
voir
la
dernière
livraison
de
Culture
&
recherche
(hiver
2016-‐2017)
:
«
Les
publics
in
situ
et
en
ligne
».
hIp://
[email protected]/Poli@ques-‐
ministerielles/Recherche-‐Enseignement-‐superieur-‐
Technologie/La-‐revue-‐Culture-‐et-‐Recherche/Les-‐publics-‐in-‐
situ-‐et-‐en-‐ligne
Mars
2017
Amis
de
la
culture
réveillez-‐vous
!
François
de
Mazières,
Le
grand
gâchis
culturel,
Paris,
Albin
Michel,
2017,
206
pages.
15
Euros.
Député-‐maire
de
Versailles,
ancien
président
de
la
Fédéra@on
na@onale
des
collec@vités
territoriales
pour
la
culture
(FNCC),
François
de
Mazières,
après
avoir
souligné
le
médiocre
bilan
du
quinquennat
de
François
Hollande,
plaide
dans
ce
livre
entre@en,
mené
avec
le
journaliste
Olivier
Le
Naire,
pour
un
engagement
renouvelé
des
pouvoirs
publics
en
faveur
de
la
culture.
Plusieurs
priorités
sont
avancées
:
valoriser
la
créa@on
et
le
patrimoine
culturel
;
revenir
à
une
poli@que
culturelle
ambi@euse
portée
par
un
exécu@f
engagé
;
renouer
avec
une
véritable
décentralisa@on
;
proposer
une
poli@que
numérique
ambi@euse
;
sauver
l’intermiIence
qui
permet
de
garan@r
la
liberté
de
créa@on
;
trouver
un
meilleur
équilibre
entre
les
ini@a@ves
publiques
et
privées,
et
mener
des
poli@ques
urbaines
qui
sachent
ar@culer
architecture
de
qualité,
bien-‐vivre
et
développement
durable.
Fort
de
son
expérience
d’élu
local,
de
conseiller
pour
la
culture
et
la
communica@on
du
Premier
ministre
Jean-‐Pierre
Raffarin
et
de
responsable
d’ins@tu@on
culturelle,
l’auteur
a
le
mérite
d’engager
une
réflexion
qui
puisse
dépasser
les
logiques
par@sanes,
et
les
seules
instrumentalisa@ons
de
l’art
et
de
la
culture.
On
le
suit
notamment
lorsqu’il
souligne
qu’il
faut
retrouver
une
vision
d’ensemble,
et
construire
une
poli@que
culturelle
qui
ne
soit
pas
seulement
une
réponse
aux
seules
aIentes
des
mondes
de
la
culture.
De
même,
son
éloge
des
poli@ques
locales,
sur
le
front
de
la
démocra@sa@on
de
la
culture,
est
à
entendre,
notamment
par
ceux
qui
ne
jugent
la
poli@que
de
la
culture
qu’à
l’aulne
de
la
seule
situa@on
parisienne.
«
Amis
de
la
culture
réveillez-‐vous
!
»
souligne
le
bandeau
rouge
qui
barre
la
couverture
de
l’ouvrage.
Avril
2017
Sociologie
de
l’art
en
BD
HEINICH
Nathalie
et
FEROUMONT
Benoît,
L'arAste
contemporain.
Sociologie
de
l'art
d'aujourd'hui,
Bruxelles,
Le
Lombard,
coll.
«
La
pe@te
bédéthèque
des
savoirs
»,
2016,
72
pages,
10
Euros.
La
collec@on
«
La
pe@te
bédéthèque
des
savoirs
»
de
l’éditeur
bruxellois
Le
Lombard
propose
une
valorisa@on
de
la
recherche
en
sciences
sociales
qui
passe
par
la
collabora@on
entre
un
chercheur
et
un
dessinateur
de
bande
dessinée.
La
sociologue
de
la
culture
Nathalie
Heinich,
dont
les
travaux
sur
les
ar@stes
font
autorité
du
Triple
jeu
de
l’art
contemporain
(1998)
au
Paradigme
de
l’art
contemporain
(2014),
s’associe
avec
le
dessinateur
Benoît
Feroumond,
l’un
des
fidèles
du
magazine
Spirou,
pour
dresser
un
portrait
de
l’ar@ste
contemporain.
Le
disposi@f
n’est
pas
sans
rappeler
celui
choisi
par
Gérard
Noiriel
pour
la
version
théâtrale
de
«
Chocolat,
clown
nègre
»
:
la
narratrice
inaugure
sa
démonstra@on
dans
le
cadre
d’une
conférence
;
puis
s’inscrit
ponctuellement
dans
le
récit.
L’ar@ste
contemporain
nous
est
présenté
par
l’intermédiaire
de
l’i@néraire,
sur
une
dizaine
d’années,
de
trois
archétypes
d’ar@stes
:
le
peintre
«
moderne
»,
l’ar@ste
contemporain
dont
la
carrière
est
portée
par
les
ins@tu@ons,
et
l’ar@ste
contemporain
qui
parvient
à
percer
sur
la
scène
interna@onale.
Ne
boudons
pas
notre
plaisir
:
cet
album
cartonné,
de
pe@t
format,
est
une
réussite.
Il
cons@tue
un
exemple
probant
d’une
vulgarisa@on
de
qualité
qui
mobilise
de
nouvelles
formes
de
res@tu@on
des
savoirs
académiques,
mobilisées
déjà
par
quelques
rares
historiens
(1).
(1)
Ivan
Jablonka,
Histoire
et
bande
dessinée,
La
Vie
des
Idées,
18
novembre
2014.
hIp://www.laviedesidees.fr/Histoire-‐et-‐bande-‐
dessinee.html
Mai
2017
Culture
:
le
grand
retournement
Michel
Simonot,
La
langue
retournée
de
la
culture,
Excès,
2017,
106
pages,
10
Euros.
En
une
trentaine
d’années,
le
langage
mobilisé
pour
qualifier
les
mondes
de
la
culture
a
été
radicalement
modifié
:
des
mots
changent
de
sens
;
certains
disparaissent
;
d’autres
émergent
et
s’imposent,
traduisant
l’imposi@on
de
nouvelles
normes
;
une
nouvelle
doxa
comme
dirait
Pierre
Bourdieu.
Sociologue
de
la
culture
et
homme
de
théâtre,
Michel
Simonot
nous
invite,
sous
la
forme
d’un
dic@onnaire
cri@que,
à
arpenter
ce
retournement
langagier
qui
exprime,
le
plus
souvent,
l’imposi@on
du
néo-‐libéralisme
et
sape
les
bases
intellectuelles
du
service
public
de
la
culture.
L’ouvrage
emporte
l’adhésion
même
si
on
peut
es@mer
que
le
couple
déconcentra@on/décentralisa@on
est
trop
sévèrement
jugé.
De
même,
une
trop
grande
nostalgie
envers
les
années
1960-‐1970
masque
la
faiblesse
d’un
ministère
de
la
Culture,
au-‐delà
du
périphérique
:
les
Centres
drama@ques
na@onaux
et
les
Maisons
de
la
Culture
ne
touchent
qu’une
minorité
de
Français.
A
ce
@tre,
la
rupture
essen@elle
est
bien
cons@tuée
par
les
années
1980
et
la
poli@que
volontariste
de
Jack
Lang,
redoublée
par
les
poli@ques
des
collec@vités
territoriales.
De
quand
date
véritablement
le
retournement
justement
pointé
par
Michel
Simonot
?
Sans
doute
dès
le
milieu
des
années
1980,
avec
une
neIe
accéléra@on
dans
les
années
1990.
On
sait
combien
la
dernière
tenta@ve
pour
refonder
le
service
public
de
la
culture,
menée
par
Catherine
Trautmann,
a
été
fortement
dénoncée,
voire
sabotée,
par
certains
acteurs
des
mondes
de
la
culture
;
et
pas
seulement
par
les
par@sans
du
néo-‐libéralisme.
Michel
Simonot
a
raison
de
souligner
combien
le
travail
ar@s@que
est
passé
au
second
plan.
Ce
volume,
dans
un
format
agréable
et
une
édi@on
de
qualité,
permet
de
(re)poser
bien
des
ques@ons
qui
sont
au
cœur
des
poli@ques
publiques
de
la
culture.
Une
lecture
salutaire
en
ces
temps
d’atonie
culturelle
et
d’incer@tudes
poli@ques.
Juin
2017
PoliDque
culturelle
:
les
enjeux
du
XXIe
siècle
Guillaume
Cerux,
La
PoliAque
culturelle,
enjeu
du
XXIe
siècle,
Paris,
Odile
Jacob,
2016,
186
pages,
23
Euros.
La
moisson
éditorial
liée
à
la
conjoncture
électorale
ne
faiblit
pas
:
Guillaume
Cerux
propose,
sous
la
forme
d’un
volume
qui
se
lit
aisément,
les
textes
ini@alement
publiés
dans
Le
QuoAdien
de
l’Art
de
septembre
2015
à
juin
2016.
L’auteur
peut
s’appuyer
sur
une
expérience
diverse
au
sein
des
mondes
de
la
culture
:
administrateur
civil,
il
a
dirigé
le
Centre
Georges
Pompidou
entre
1996
et
2001,
avant
d’assurer
la
direc@on
du
cabinet
du
ministre
de
la
culture
Jean-‐
Jacques
Aillagon
de
2002
à
2004.
Depuis
ceIe
date,
il
travaille
dans
le
secteur
privé
comme
PDG
de
Sotheby’s
France
puis
comme
président
pour
l’Europe
et
le
Moyen-‐Orient
de
Chris@e’s.
Le
ton
est
modéré
et
tranche
avec
les
essais
signés
par
les
contempteurs
du
ministère
de
la
Culture.
L’auteur
plaide
notamment
pour
une
défini@on
plus
stricte
des
missions
du
ministère
de
la
Culture
;
pour
une
modernisa@on
de
ses
structures
qui
passe
notamment
par
une
décentralisa@on
assumée
;
pour
un
meilleur
accompagnement
des
entreprises
culturelles
dans
le
cadre
de
la
mondialisa@on
et
de
la
révolu@on
numérique.
L’ouvrage
est
aussi
un
plaidoyer
pour
une
poli@que
culturelle
qui
puisse
s’appuyer
sur
une
véritable
volonté
poli@que
porté
par
un
ministre
qui
puisse
à
la
fois
disposer
de
temps
et
d’un
véritable
sou@en
du
Président
de
la
République.
Août
2017
Sauvez
la
rue
de
Valois
?
Charles
Personnaz
et
Emmanuel
Pénicaut,
Sauvez
la
rue
de
Valois
?
Relancer
la
PoliAque
culturelle,
Paris,
Lemieux
Editeur,
2017,
156
pages,
12
Euros.
Dernier
ouvrage
lié
à
l’actualité
électorale,
cet
essai
s’inscrit
dans
la
filia@on
de
l’Etat
culturel
de
Marc
Fumaroli
(1991,
sans
les
outrances
de
ce
dernier
;
mieux
informé
aussi
sur
les
arcanes
de
l’administra@on
centrale
du
Ministère
de
la
Culture.
Les
auteurs,
respec@vement
administrateur
civil
et
conservateur
du
patrimoine,
anciens
membres
de
l’équipe
de
la
Maison
de
l’histoire
de
France
(à
laquelle
ils
avaient
consacré
en
2014
un
essai
s@mulant
:
L’Histoire
de
France
ne
passera
pas
!
)
es@ment
que
le
modèle
français
de
poli@que
culturelle
est
à
bout
de
souffle.
Le
remède
est
plutôt
radical
:
recentrer
les
missions
du
ministère
de
la
Culture
sur
la
préserva@on
et
la
transmission
du
patrimoine
;
transférer
la
ges@on
de
l’art
contemporain
et
du
spectacle
vivant
aux
Régions.
Nous
voilà
revenu
au
bon
temps
de
la
IIIe
République
avec
un
ministère
qui
regarde
vers
le
passé
et
qui
laisse
à
d’autres
la
ges@on
de
la
culture
contemporaine
!
De
même,
réduire
le
dossier
de
«
l’éduca@on
ar@s@que
et
culturelle
»
à
la
ques@on
de
l’appren@ssage
de
la
langue
française
et
de
l’histoire
de
l’art,
c’est
ignorer
une
perspec@ve
qui
est
bien
plus
large,
qui
intègre
là
aussi
le
spectacle
vivant
dans
une
perspec@ve
qui
associe
sensibilisa@on
à
l’histoire
des
arts
(au
sens
large)
et
pra@ques
ar@s@ques.
L’ouvrage
décline
une
vision
neIement
conservatrice
qui
ne
nous
semble
pas
la
meilleure
solu@on
pour
répondre
aux
mul@ples
enjeux
qui
concernent
la
place
de
la
culture
dans
la
société
française
d’aujourd’hui.
octobre
2017
Un
cri
d’alerte
:
éloge
de
la
culture
en
temps
de
crise
Jean-‐Michel
Le
Boulanger,
Eloge
de
la
culture
en
temps
de
crise,
Rennes,
Edi@ons
Apogée,
2017,
85
pages,
10
Euros.
Ar@stes
censurés,
destruc@ons
d’œuvres
d’art,
baisse
des
budgets
publics
consacrés
à
la
culture,
montée
en
puissance
des
populismes,
retour
d’un
discours
iden@taire
fondé
sur
un
na@onalisme
étroit
:
triste
constat
que
pointe
Jean-‐Michel
Le
Boulanger,
élu
chargé
de
la
culture
au
Conseil
régional
de
Bretagne.
Et
pourtant,
rappelle
l’auteur,
la
culture,
au
cœur
du
modèle
républicain,
interroge
notre
quo@dien
;
par@cipe
au
vivre-‐ensemble
;
contribue
au
rayonnement
des
territoires.
L’aventure
de
l’esprit
est
au
centre
de
notre
modèle
de
civilisa@on
;
ne
peut
être
réduite
à
une
ques@on
annexe
soumise
aux
seules
évalua@ons
quan@ta@ves
et
u@litaristes.
Ce
bref
essai
n’apporte
pas
de
solu@ons
miracles,
mais
invite
plutôt
à
un
véritable
sursaut.
Les
collec@vités
publiques,
à
tous
les
échelons,
se
doivent
de
soutenir
tous
ceux
qui
font
vivre
les
mondes
de
l’art
et
de
la
culture.
L’auteur
plaide
pour
une
refonda@on
de
la
poli@que
culturelle
qui
intègre
la
ques@on
des
droits
culturels,
sans
oublier
les
acquis,
à
faire
vivre,
des
poli@ques
de
démocra@sa@on
culturelle.
«
Les
droits
culturels,
souligne
avec
convic@on
Jean-‐Michel
Le
Boulanger,
c’est
ajouter
l’impéra@f
démocra@que
aux
exigences
ar@s@ques
et
culturelles
».
Un
essai
op@miste
qui
rappelle
les
vertus
du
militan@sme
et
de
la
volonté
poli@que.
Octobre
2017
La
programmaDon
au
cœur
de
la
poliDque
culturelle
RIBAC
François
et
DUTHEIL-‐PESSIN
Catherine,
La
fabrique
de
la
programma@on
culturelle,
Paris,
La
Dispute,
2017,
235
pages,
23
Euros.
Cet
ouvrage,
fruit
d’une
enquête
de
terrain
menée
par
les
sociologues
François
Ribac
et
Catherine
Dutheil-‐Pessin,
comble
une
véritable
lacune
en
res@tuant
la
place
centrale
de
la
programma@on
culturelle
dans
la
mise
en
œuvre
de
la
poli@que
culturelle.
L’augmenta@on
considérable
de
l’offre
culturel,
notamment
dans
le
domaine
du
«
spectacle
vivant
»,
confère
un
rôle
majeur
aux
programmateurs
culturels
:
conver@r
des
spectacles
par@culiers
en
intérêt
public.
Ce
mé@er,
qui
est
ici
examiné
dans
ses
modalités
pra@ques,
et
pas
seulement
à
l’aulne
des
discours
des
ins@tu@ons
et
des
tutelles,
s’est
professionnalisé
depuis
deux
ou
trois
décennies.
Il
repose
sur
une
exper@se
collec@ve,
ou
les
réseaux
jouent
un
rôle
important.
L’enquête
confirme
la
grande
liberté
des
programmateurs
par
rapport
aux
responsables
poli@ques.
Aussi
la
demande
d’Etat,
qui
reste
forte,
doit
se
comprendre
comme
un
main@en
de
l’autonomie
de
ses
professionnels
qui
bénéficient
de
facto
d’une
véritable
déléga@on
de
service
public.
Les
auteurs
soulignent
combien
les
programmateurs,
en
tant
que
groupe
social,
contribuent
à
définir
les
formes
et
les
défini@ons
de
la
poli@que
culturelle.
Une
lecture
indispensable.
Novembre
2017
Autour
du
Louvre
Abou
Dhabi
KAZEROUNI
Alexandre,
Le
miroir
des
cheikhs.
Musée
et
poliAque
dans
les
principautés
du
golfe
Persique,
Paris,
PUF,
2017,
274
pages,
29
Euros
«
La
réponse
pour
luIer
contre
tous
les
obscuran@smes
»
:
tel
est
le
sens
que
le
Président
de
la
République
Emmanuel
Macron
a
aIribué
au
Louvre-‐
Abou
Dhabi
à
l’occasion
de
l’inaugura@on,
le
8
novembre
dernier,
du
bâ@ment
de
l’architecte
Jean
Nouvel.
Le
discours
des
responsables
émiriens
soulignait
à
la
fois
le
dialogue
des
civilisa@ons,
la
diversifica@on
économique
(préparer
l’après-‐pétrole)
et
l’horizon
(à
aIeindre)
de
la
démocra@e
libérale.
Le
premier
mérite
de
l’ouvrage
d’Alexandre
Kazerouni,
issu
d’une
thèse
en
science
poli@que
soutenue
à
Sciences
Po
Paris,
est
de
dépasser
ces
récits
officiels
et
de
réinsérer
cet
ambi@eux
projet
dans
une
moyenne
durée.
L’autre
mérite
est
de
centrer
l’analyse
sur
la
géopoli@que
régionale
afin
de
dépasser
la
seule
lecture
franco-‐française,
sans
pour
autant
l’ignorer.
L’auteur
démontre
combien
la
Guerre
du
Golfe
(1990-‐1991)
est
le
tournant
majeur
afin
de
comprendre
l’inves@ssement,
à
par@r
du
milieu
des
années
1990,
des
Etats
du
Golfe
(Qatar
puis
Emirats
Arabes
Unis)
dans
des
ins@tu@ons
culturelles
en
étroit
partenariat
avec
des
Etats,
des
ins@tu@ons
et
des
experts
occidentaux.
Les
Etats
du
Golfe
se
détournent
de
l’Arabie
Saoudite
et
nouent
d’étroites
rela@ons
avec
certains
pays
occidentaux
(Etats-‐Unis,
Royaume-‐Uni
et
France)
afin
de
conforter
leur
sécurité.
La
poli@que
culturelle
par@cipe
pleinement
de
ces
enjeux
diploma@ques.
Il
s’agit
aussi
de
contrer
la
poli@que
culturelle
mondiale
de
l’Arabie
Saoudite,
basée
sur
la
diffusion
du
wahabisme,
en
adhérant
à
la
no@on
de
“patrimoine
culturel”,
au
sens
où
l’entendent
l’Unesco
et
les
démocra@es
occidentales.
A
ce
@tre,
le
“musée
universel”
est
bien
un
contre-‐feu
à
l’islamisme
radical
:
l’inaugura@on
du
Louvre-‐Abou
Dhabi
répond
à
la
destruc@on
de
Palmyre
par
l’Etat
islamique.
Décembre
2017
Pascal
Ory
:
historien
des
poliDques
culturelles
GAUTHIER
Christophe,
MARTIN
Laurent,
VERLAINE
Julie
et
VEZYROGLOU
Dimitri
(dir.),
Histoires
d'O.
Mélanges
d'histoire
culturelle
offerts
à
Pascal
Ory,
Paris,
Publica@ons
de
la
Sorbonne,
coll.
"Histoire
contemporaine",
2017,
412
pages,
25
Euros.
Les
mélanges
sont
une
tradi@on
universitaire
:
les
disciples
offrent
à
un
maître,
lors
de
son
départ
à
la
retraite,
un
volume
de
textes
en
liaison
avec
ces
théma@ques
de
recherche.
Ce
gros
volume
permet
de
revenir
sur
l’apport
essen@el
de
Pascal
Ory
à
l’histoire
des
poli@ques
culturelles.
Sa
grande
thèse
sur
la
poli@que
du
Front
populaire,
publiée
en
1994
et
rééditée
en
format
de
poche
en
2016,
a
ouvert
la
voie
à
de
nombreux
travaux.
Ses
essais,
à
(re)lire,
L’entre-‐
deux-‐mai.
Histoire
culturelle
de
la
France
(mai
1968-‐
mai
1981)
[1983]
et
L’aventure
culturelle
Française,
1945-‐1989
[1989],
avaient
déjà
intégré
ceIe
ques@on
alors
peu
étudiée
par
les
sciences
sociales.
Ce
volume,
qui
fait
la
part
belle
aux
mul@ples
pôles
d’intérêt
de
Pascal
Ory
(les
intellectuels,
la
gastronomie,
les
cinéma
et
le
théâtre,
la
bande
dessinée,
les
guerres
et
occupa@ons,
les
sensibilités
ou
encore
les
circula@ons
culturelles
interna@onales)
n’oublie
pas
la
poli@que
culturelle
avec
sept
textes,
de
l’Exposi@on
interna@onale
de
1937
au
sou@en
à
la
créa@on
et
au
spectacle
vivant
sous
la
Ve
République.
Un
bel
hommage
à
un
historien
boulimique,
promoteur
inlassable
d’une
histoire
culturelle
du
contemporain,
sensible
au
rôle
du
chercheur
dans
la
Cité,
favorable
à
une
large
média@on
des
acquis
de
la
recherche
via
notamment
les
medias
d’aujourd’hui,
la
radio
(France
Culture)
en
premier
lieu.