Dignité Infinie de L'homme Au SEPAFAR
Dignité Infinie de L'homme Au SEPAFAR
Dignité Infinie de L'homme Au SEPAFAR
Inscrits dans l’histoire, les droits de l’homme doivent, aujourd’hui, être revus en
fonction de la notion de « dignité humaine ».
Chronologiquement, l'expression jura hominum (« droit de
l’homme » au sens subjectif) apparaît pour la première fois, chez
Volmerus, Historia diplomatica rerum Bataviarum, col. 4759, de
1537.
Au fil du temps, aux prix de luttes acharnées, les Droits de l’homme ont été formulés et
affirmés de façon de plus en plus précise et complète.
Au XIIIème siècle (1236), La Charte du Maden (Afrique) énonce les principes d’égalité
devant la loi et la non-discrimination.
1981, au Kenya (Narobi) adoptée en I98I, et en vigueur en 1986, La Charte africaine des
droits de l’homme et des peuples
II. Déclaration Dignitas infinita
(sur la dignité de la personne humaine)
- L’élaboration du texte, qui a duré cinq ans, permet de comprendre qu’il s’agit d’un document
qui, en raison du sérieux et de la centralité de la question de la dignité dans la pensée
chrétienne, a requis un long processus de maturation pour parvenir à la version finale qui a
été publiée.
II.1. Le Document (une Déclaration) : 66 numéros en 4 parties
- Dans les trois premières parties, la Déclaration rappelle les principes fondamentaux et les
présupposés théoriques afin d’offrir des clarifications importantes aidant à éviter les
fréquentes confusions qui se produisent dans l’utilisation du concept « dignité ».
dignité morale,
dignité sociale
dignité existentielle
dignité ontologique,
Dignité morale (n° 7)
La guerre : aujourd'hui comme de tout temps : les guerres, les violences, les persécutions
pour des raisons raciales ou religieuses, et tant d’atteintes à la dignité humaine se
multiplient douloureusement en de nombreuses régions du monde.
Le travail des migrants : les migrants sont parmi les premières victimes des multiples
formes de pauvreté.
Abus sexuels : tout abus sexuel laisse de profondes cicatrices dans le cœur de celui qui le
subit.
La mise au rebut des personnes handicapées : les personnes handicapées souffrent parfois
de marginalisation, voire d'oppression, étant traitées comme de véritables “déchets”.
Les violences contre les femmes : un scandale mondial, de plus en plus reconnu. Le
phénomène du féminicide ne sera jamais assez condamné.
L’avortement : parmi tous les crimes contre la vie, l'avortement provoqué présente des
caractéristiques qui le rendent particulièrement grave et condamnable. Mais aujourd'hui,
dans la conscience de nombreuses personnes, la perception de sa gravité s'est
progressivement obscurcie.
La théorie du genre : elle est très dangereuse parce qu’elle efface les différences dans la
prétention de rendre tous égaux.
II.5. Quelques violations de la dignité humaine en Afrique
(défiguration de l’image de Dieu en Afrique)
La mémoire de l’Afrique garde le souvenir douloureux des cicatrices laissées par les luttes
fratricides entre les ethnies, par l’esclavage et par la colonisation. Aujourd’hui encore, le
continent est confronté à des rivalités, à des formes d’esclavage et de colonisation nouvelles. La
première Assemblée Spéciale l’avait comparé à la victime des bandits, laissée moribonde au
bord du chemin (Cf. (cf. Lc 10, 30 – 37 ; BENOIT XVI, Exhortation apostolique post-synodale « Africae Munus »,
Libreria Editrice Vaticana, Vatican, 2011, n° 9.)
Des ravages de la drogue et des abus de l’alcool qui détruisent le potentiel humain du
continent et affligent surtout les jeunes ;
Les effets induits de l’ignorance et l’analphabétisme qui représentent l’un des freins
majeurs au développement ;
l’instabilité politique et le désordre social, les familles dépossédées et menacées, les effets
négatifs des médias, etc.
La grave crise financière avec le poids de la dette ainsi que les méthodes douteuses de son
remboursement ;
Etc.
III. Dignité humaine et droits de l’homme
Il y a un lien étroit entre les notions de dignité humaine et de droits de l’homme : C’est parce
que tout être humain possède de la dignité qu’il est aussi détenteur des DH. Pour la tradition du
droit naturel, comme aussi pour la théologie chrétienne, cette dignité n’est pas uniquement une
dignité conférée par d’autres êtres humains, mais il s’agit tout d’abord d’une dignité
intrinsèque dont tout être humain dispose, indépendamment des attributions sociales :
personne ne s’est donné à soi-même sa dignité, personne ne peut donner ou enlever la
dignité humaine à l’autre.
Le lien étroit entre dignité humaine et Droits Humain marque la réflexion depuis l’Antiquité.
Déjà les stoïciens affirmaient que l’homme a une dignité spécifique à cause de sa seule nature
humaine et que cette dignité implique nécessairement sa liberté. L’époque moderne connaît
également de telles affirmations axiomatiques de la dignité humaine. On affirme une «
exigence de respect » qui s’impose nécessairement face à un être humain ou, plus
particulièrement, face au visage humain (Levinas).
III.1. Aux origines du fondement de la dignité humaine : l’ « image de Dieu »
Les textes les plus anciens mentionnant l’homme à l’ « image de Dieu » se lisent dans la
Genèse.
Gn 1, 26-28
5, 1-3
9, 6
L’exégèse traditionnelle de ces passages varie considérablement suivant les auteurs. DION en
donne un résumé clair et assez complet (cf. DION, P. E., art. « Ressemblance et image de
Dieu » in Dictionnaire de la Bible, Supplément, tome 10, Letouzey et Ané, Paris, 1981, col.
366.
Historiquement, et de loin la plus importante des trois références, Gn 1, 26-28
est la première référence de l’anthropogenèse dans le récit de la création du
monde attribué au rédacteur sacerdotal :
«26Et Élohîm dit : “Faisons ’adam en notre image, comme notre ressemblance ;
qu’ils maîtrisent le poisson de la mer et le volatile des cieux et le bétail et toute
la terre, et tout rampant rampant sur la terre”. 27Et Élohîm créa ha’adam en
son image, en image d’Élohîm il le créa, mâle et femelle il les créa. 28Et Élohîm
les bénit et Élohîm leur dit “Fructifiez et multipliez et emplissez la terre et
soumettez-la et maîtrisez le poisson de la mer et le volatile des cieux et tout
vivant rampant sur la terre”.
(Cf. WENIN, A., D’Adam à Abraham ou les errances de l’humain, Lecture de Genèse 1,1-2,4, p. 38. ; Cf. SAMA Mathieu,
Ethique du développement humain durable en Afrique, L’Harmattan, Paris, 2016, pp. 283 – 348).
Une construction en tableau du texte peut mettre en relief le double projet divin et permettre
de percevoir en parallèle les répétitions.
Verset 26 : Verset 27 :
Verset 26 : Verset 27 :
Et Élohîm dit : “Faisons ’adam en notre image, Et Élohîm créa ha’adam en son image,
a. Le lecteur attentif au texte peut s’interroger sur l’emploi inattendu du pluriel marquant l’agir
d’Élohîm : « faisons ». On sait que ce « faisons » a été l’objet de nombreuses interprétations.
Les Pères de l’Église y ont vu une trace de la Trinité. Certains modernes y décèlent la trace
discrète de l’origine mythique du texte : le créateur consulterait sa cour de dieux ou d’anges
avant de prendre la décision de créer l’humanité ; et d’autres en font un pluriel de majesté ou
de délibération avec soi-même. Pour la majorité des exégètes, le choix du pluriel implique donc
normalement un interlocuteur ». Qui est-il donc ? (cf. WENIN, A., D’Adam à Abraham ou les
errances de l’humain, Lecture de Genèse 1,1-2,4, p. 38). Par ailleurs, lorsque le narrateur
rapporte l’œuvre d’Élohîm, il recourt au verbe « créer » (bara’) qui, dans la Bible hébraïque,
n’a pas le sens de « faire de rien » comme le conçoit la traditionnelle doctrine de la création «
ex nihilo », mais plutôt de « faire du neuf, du jamais vu, de l’inouï ».
b. Lorsqu’Élohîm évoque le rapport entre lui et l’humain à l’aide de deux mots : « image »
(çèlèm) et « ressemblance » (demût). Le texte décrit le rapport entre l’humain et Élohîm au
moyen de cette double expression dont la meilleure traduction, est : « à notre image, nous
ressemblant » . Ces deux termes ne sont pas des synonymes, en hébreu.
c. Le projet divin et son exécution est l’introduction par le narrateur de la précision
« mâle et femelle » . Ces deux termes, loin de rapprocher les humains de Dieu dont
ils sont censés être l’« image », soulignent plutôt ce qu’ils ont en commun avec les
animaux. « Mâle » et « femelle » s’utilisent, en effet, aussi bien pour les bêtes (Gn
6,19 ; Lv 3, 1) que pour les humains (Lv 12, 2.5 ; Nb 5, 3).
L’espèce humaine possède certaines « qualités », des « capacités » ou des « facultés » qui la
rendent semblable à l’être divin. Ces caractéristiques ou qualités sont intégrées à l’ἄνθρωπος ;
elles sont des aspects de la nature humaine elle-même.
la raison : la faculté de penser que produit la raison, en effet, fait la différence entre les
hommes et les animaux et c’est justement en cette capacité de l’esprit humain que beaucoup
de Pères ont vu se focaliser l’image de Dieu.
la volonté humaine : L’image de Dieu en l’homme réside ainsi dans une capacité humaine
inhérente et unique. Et cette qualité humaine particulière, souvent citée avec la rationalité,
est la libre volonté.
La liberté : à la différence des autres créatures, l’homme possède un libre arbitre capable de
se déterminer.
III.4. L’interprétation « relationnelle » de l’imago Dei
Il est notoirement reconnu aujourd’hui, aussi bien en théologie catholique que dans les
théologies de la Réforme protestante, que le concept biblique d’« image de Dieu » accordé à
l’homme dans le livre de la Genèse (1, 26-27) est plus que significatif pour l’anthropologie
chrétienne : il en constitue le fondement primordial. Il s’agit d’une révélation de quelque chose
d’absolument essentiel, fondatrice de l’anthropologie dans une perspective chrétienne :
b) La création à l’image de Dieu est révélatrice, en second lieu, des pouvoirs de l’homme et de
sa mission à situer à l’échelle des autres créatures visibles. Occupant le sommet de la création
visible, l’humain se voit confier une « seigneurie » sur elle (Gn 2, 19-20). L’humain devra donc
exercer sa seigneurie (dominer) à l’image du Dieu Créateur.
c) La création à l’image de Dieu est révélatrice, en troisième lieu, de ce qu’est l’éthique
chrétienne : une imitation de Dieu lui-même. Etre créé à l’image de Dieu signifie proprement
avoir Dieu pour fin spécifique, et c’est bien un principe éthique reconnu, dans l’ordre de la
téléonomie, que la fin est cause de l’agir. La conséquence immédiate de l’affirmation de
l’homme comme créé à l’image de Dieu, c’est qu’il n’a pas à inventer son devenir. Déjà, d’un
point de vue logique, l’image n’est réellement « image » que si elle tend à coïncider avec la
réalité dont elle est le reflet ou le miroir. C’est dire que pour s’accomplir en tant qu’image de
Dieu, l’humain n’a d’autre perspective qu’imiter Dieu lui-même dans la ressemblance.
La vérité
La liberté
La justice
La paix
Les Valeurs pour le développement
La charité ou l’amour chrétien
Conclusion
Le fondement des différents droits de l’Homme et de leur lien commun est désigné dans
l’Article 1 (de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948) comme étant «
la dignité humaine ». Les Droits de l’Homme sont au pluriel mais la dignité de l’homme
est toujours au singulier. La dignité humaine est une et indivisible. Elle n’existe pas plus
ou moins : elle est tout entière ou elle n’est pas. Elle désigne la qualité d’être homme,
comme les différentes religions et philosophies se la sont toujours représentée. La dignité
humaine exclut, dans tous les cas, la possibilité de soumettre l’homme à des traitements
qui mettent en question sa « qualité de sujet » (E. Kant). La dignité de l’homme est une et
indivisible et c’est pour cette raison que les Droits de l’Homme aussi sont un ensemble
auquel on ne peut ajouter ou dont on ne peut soustraire des éléments selon les besoins. En
tout état de cause, face aux flagrantes violations des droits humains, l’épaisseur du visage
d’autrui, soutiendrait Emmanuel Levinas, devrait être un discours qui déstabilise notre
quiétude.
Dans cette mesure la déclaration conclut que « l'Église demande instamment que le respect
de la dignité de la personne humaine, en toutes circonstances, soit placé au centre de
l'engagement pour le bien commun et de tout système juridique. Le respect de la dignité de
chaque personne est, en effet, la base indispensable à l'existence même de toute société qui
se veut fondée sur le droit juste et non sur la force du pouvoir » (Dignitas infinita, n° 64).
Il revient donc à chaque personne et, en même temps, à chaque communauté
humaine de réaliser la dignité humaine de manière concrète et effective, tandis que les
États ont le devoir non seulement de la protéger, mais aussi de garantir les conditions
nécessaires à son épanouissement dans le cadre de la promotion intégrale de la personne
humain. En effet, « la vie, c’est la seule chose que ‘homme peut défaire et qu’il ne peut pas
refaire » (Rue case Nègre).
Aujourd'hui encore, face à tant de violations de la dignité humaine qui menacent
gravement l'avenir de l'humanité, l'Église encourage la promotion de la dignité de toute
personne humaine, quelles que soient ses qualités physiques, mentales, culturelles, sociales
et religieuses. Elle le fait avec espérance, certaine de la force qui découle du Christ
ressuscité, qui a révélé dans sa plénitude la dignité intégrale de tout homme et de toute
femme. (Dignitas infinita, n° 66).