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Le contrôle des géosynthétiques dans les installations

classées
Y. Gérard

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Y. Gérard. Le contrôle des géosynthétiques dans les installations classées. Ingénieries eau-agriculture-
territoires, 2004, 37, p. 51 - p. 63. �hal-00472729�

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Le contrôle des géosynthétiques dans les installations
classées
Yves Gérard

Les géosynthétiques et tout particulièrement les géomembranes sont de plus en plus utilisées dans la
conception des ouvrages de stockage des effluents et déchets. Dans ce domaine où les enjeux et les risques
environnementaux peuvent être très importants, le respect des règles de l’art est primordial pour assurer
la sécurité de ces ouvrages tout au long de leur durée de vie. Cet article fait le point sur l’organisation
générale des missions de contrôle et décrit les différentes méthodes permettant de vérifier la conformité
des réalisations à tous les stades du projet.

U
n article récent (Rollin et al., 2002), a géosynthétiques, avec un regard plus particu-
mis en évidence que 97 % des défauts lier sur les géomembranes1 dont le rôle direct 1. Nous avons retenu
détectés par sondage électrique sur est d’assurer l’étanchéité des ouvrages. Nous le terme « géosyn-
les géomembranes étaient générés examinerons ainsi les différentes méthodes per- thétiques » dans
en phase de construction des ouvrages en dépit mettant de vérifier la conformité des réalisations la présentation de
d’un programme d’assurance qualité rigoureux. à tous les stades du projet, de la conception à la cet article car il est
D’après les auteurs, les défauts dans les géomem- mise en service de l’ouvrage. important de contrôler
branes dans les centres de stockage de déchets aussi les géotextiles
seraient de l’ordre de 17 à l’hectare avec une qui assurent notam-
surface moyenne de 1,8 mm2. Ces 17 défauts Les géosynthétiques ment la protection des
géomembranes.
correspondraient pour 65 % à des défauts de dans les installations classées
soudage et pour 35 % à des défauts en partie La notion d’installation classée figure dans la loi
courante des géomembranes. n° 76.663 du 19 juillet 1976 modifiée relative
Il s'agit pourtant de défauts détectables en phase aux installations classées pour la protection de
de construction ou lors de la réception des dispo- l’environnement et son décret d’application
sitifs d'étanchéité, avant ou après mise en place n° 77-1133 du 31 septembre 1977.
de la couche de protection supérieure lorsqu'elle
est prévue. Dans la loi n° 2001-44, du 17 janvier 2001,
art. 11, on trouve la définition suivante d’une
À ces défauts, il faut ajouter toutes les non-con- installation classée : « sont soumis aux disposi-
formités qui ne conduisent pas instantanément tions du présent titre les usines, ateliers, dépôts,
à une fuite mais qui constituent une faiblesse chantiers et, d’une manière générale, les installa-
Ingénieries N° 37 – p. 51 à 63

potentielle dans le DEG (dispositif d’étanchéité tions exploitées ou détenues par toute personne
par géomembranes), et qui pourront conduire physique ou morale, publique ou privée, qui peu-
ultérieurement à une altération prématurée du vent présenter des dangers ou des inconvénients
Mars 2004

complexe d’étanchéité, et donc à des fuites à plus


soit pour la commodité du voisinage, soit pour la
ou moins long terme.
santé, la sécurité, la salubrité publique, soit pour Les contacts
Après un rappel de dispositions relatives aux l’agriculture, soit pour la protection de la nature
APAVE SUDEUROPE,
installations classées et à la réglementation, et de l’environnement, soit pour la conservation
69811 Tassin
nous nous attacherons dans cet article, à décrire des sites et des monuments ainsi que des éléments
la Demi Lune
l’organisation et les moyens du contrôle des du patrimoine archéologique ».

51
négligence ou erreur peut avoir des conséquen-
Ingénieries n° 37 – Mars 2004

ces graves tant sur le plan environnemental que


sur le plan économique.

Les géosynthétiques
et la réglementation
Depuis une vingtaine d’années, les géosynthéti-
ques connaissent un développement important
lié d’une part, à leur prise en compte directe
dans la réglementation sur l’environnement et
d’autre part, à la démarche qualité qui accom-
pagne ces produits et leur application comme la
certification ASQUAL (Biguet, 2002). Cet essor
s’accompagne plus récemment de la structuration
de la profession autour d’associations profession-
nelles reconnues telles que l’AFAG (Association
française des applicateurs de géomembranes),
l’APRODEG (Association des producteurs de
géomembranes) ou savantes telles que le CFG
(Comité français des géosynthétiques) qui con-
 Photo 1 – Les géosynthétiques sont aujourd’hui largement tribuent au développement des méthodes de
Installation classée utilisés dans les installations classées, afin de contrôle qualité parallèlement au développement
(centre de stockage protéger l’environnement d’éventuelles pollu- économique de ce marché.
de déchets, tions dues à des fuites accidentelles ou pour le
photo APAVE). stockage de produits polluants. Les textes applicables sont :

Les géosynthétiques sont donc présents : – l’arrêté ministériel du 9 septembre 1997, relatif
aux décharges existantes et aux nouvelles installa-
– dans les installations de stockage de produits tions de stockage de déchets ménagers et assimi-
polluants solides ou liquides (déchets, produits lés, modifié par les arrêtés du 31 décembre 2001,
chimiques). Dans les centres de stockage de du 3 avril 2002 ;
déchets (photo 1), ces géosynthétiques assu- – l’arrêté ministériel du 30 décembre 2002, relatif
rent l’étanchéité des casiers à déchets, en fond au stockage des déchets dangereux ;
d’ouvrage, sur les flancs et parfois en couverture.
On les retrouve également dans les bassins de – l’arrêté du 26 février 2002, relatif aux travaux
lixiviats et parfois dans les bassins de collecte de maîtrise des pollutions liées aux effluents
des eaux de ruissellement ; d’élevages.

– dans les installations industrielles présen- Parmi les différents textes de référence, le guide
tant un caractère potentiellement polluant. d’application de l’arrêté ministériel du 9 sep-
La protection de l’environnement est assurée tembre 1997 précise que « la réception de la
géomembrane ou du dispositif équivalent, com-
par la construction de bassins de sécurité, dont
prenant notamment la vérification des soudures,
l’étanchéité est également à base de géosynthé-
fait l’objet d’un rapport de contrôle par un orga-
tiques. Ces ouvrages sont destinés à recevoir des
nisme tiers indépendant. Ce rapport est adressé à
produits liquides, tels que des acides, des bases, l’inspection des installations classées ».
des hydrocarbures en cas de dysfonctionnement
sur une ligne de production. Pour les ouvrages d’une capacité supérieure ou
égale à 250 m3, l’arrêté du 26 février 2002 fait
– dans des bassins tampons et des bassins de obligation aux exploitants, s’ils veulent prétendre
régulation ou de modulation, servant de stocka- à une aide financière de l’État, de faire intervenir
ge provisoire en attente de rejet dans le milieu un organisme de contrôle agréé pour le contrôle
naturel, après décantation ou à des périodes de la mise en place des géosynthétiques. Cet
appropriées définies par l’administration ou en arrêté précise les 3 points de contrôle obliga-
attente de traitement. toire que sont :
La notion de contrôle est donc primordiale dans – la validation du dossier constructeur (examen
ces environnements sévères, où la moindre du PAQ : plan assurance qualité) ;

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Le contrôle des géosynthétiques dans les installations classées ●
Yves Gérard

– la réception du support et du dispositif de drai- Par application stricte du PAQ, il faut entendre
nage sous la géomembrane ; la mise en œuvre des méthodes de contrôle
permettant notamment d’obtenir une vérifica-
– la réception de la géomembrane et de ses
tion à 100 % de l’étanchéité des soudures de
soudures.
géomembrane. Ceci est généralement réalisé en
Pour la majorité des ouvrages de protection de deux phases :
l’environnement, y compris pour ceux qui relè-
– un contrôle interne à la production ou auto-con-
vent des installations classées, il n’existe pas de
trôle, assuré par l’équipe d’applicateurs présents
textes réglementaires définissant les missions de
sur site et qui vérifie chacune de ses soudures
contrôle dans le domaine particulier des géo-
par une méthode appropriée. Dans le cadre de
synthétiques. Les inspecteurs des installations
cet auto-contrôle sont également vérifiées les
classées se réfèrent donc de fait aux rapports de
fournitures à leur arrivée sur site ;
contrôle des organismes tierce partie pour décider
ou non de l’autorisation de mise en service des – un contrôle intérieur, indépendant de la pro-
ouvrages. duction, exécuté par l’entreprise, le groupement
d’entreprise ou une société extérieure. Ce con-
trôle doit être indépendant de la production et il
L’organisation du contrôle peut être réalisé par une personne de l’entreprise
La finalité du contrôle est de contribuer à la spécifiquement affectée à cette tâche, placée sous
garantie de l’étanchéité des DEG. l’autorité du chef d’entreprise. Ce contrôle vérifie,
Le contrôle consiste donc à valider, à toutes les en général par sondage, que les contrôles internes
étapes du projet, les dispositions prises par le prévus dans le PAQ ont bien été mis en œuvre
maître d’œuvre, le constructeur et ses sous-trai- et que les résultats annoncés sont conformes. Ce
tants, afin qu’elles soient en conformité avec le contrôleur procède alors à ses propres mesures
CCTP2, les textes officiels lorsqu’ils s’appliquent, sur site, indépendamment de ce qui a été contrôlé 2. Le cahier des
les recommandations de la profession et les règles par l’équipe d’applicateurs et remet son rapport clauses techniques
de l’art (ADEME, 1998 ; Comité français des au chef d’entreprise. particulières (CCTP)
géosynthétiques, 1995 et 1998). Le contrôle des est l’élément essentiel
géosynthétiques ne se résume donc pas à la seule Le contrôle extérieur indépendant du marché conclu
recherche de fuites, il concerne tous les points Le contrôle extérieur agit en tierce partie indépen- entre le maître
d’ouvrage et le cons-
qui sont susceptibles de conduire à la non-fonc- dante, pour le compte du maître d’ouvrage, qui
tructeur.
tionnalité du dispositif d’étanchéité, instantanée souhaite s’assurer les services d’une société ou
ou à plus long terme, c’est-à-dire : d’un organisme compétent afin de valider l’en-
semble des dispositions mises en œuvre sur son
– le dimensionnement,
ouvrage par les différents constructeurs. Dans le
– l’adéquation matériau-milieu, cadre d’une installation classée, l’organisme de
contrôle extérieur est le garant de l’application
– la stabilité des géosynthétiques,
des dispositions de l’arrêté préfectoral relatives à
– leur vieillissement dans les conditions de l’ouvrage destiné à être étanché. Son rapport est
service. transmis à l’inspecteur des installations classées
par le maître d’ouvrage en fin de travaux.
L’objectif est d’obtenir la meilleure durabilité
possible de l’ouvrage. Avant la construction (phase de conception), les
avis émis par cet organisme peuvent concerner le
Le contrôle intérieur cahier des clauses techniques particulières (CCTP)
Le contrôle intérieur s’inscrit, comme l’indique et les plans d’assurance qualité des entreprises
son nom, dans la démarche interne du groupe- ainsi que leur application sur site.
ment d’entreprises en charge de l’exécution des
travaux. Ce contrôle intérieur a pour objectif de La diversité des situations
vérifier au sein du groupement que la livraison de Pendant la construction (phase de réalisation), les
l’ouvrage est conforme au cahier des charges par missions de contrôle de mise en œuvre – interne
l’application stricte d’un plan d’assurance qualité indépendant de la production et extérieur indé-
(PAQ) préalablement remis au maître d’œuvre. pendant – varient aujourd’hui considérablement

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d’un ouvrage à un autre. Par conséquent, on ne maître d’ouvrage et/ou à son maître d’œuvre, des
Ingénieries n° 37 – Mars 2004

peut pas décrire une mission de contrôle com- avis sur les points cités ci-dessus. Comme le rap-
mune à tous les ouvrages, y compris en installa- pelle l’arrêté ministériel du 26 février 2002 relatif
tion classée. aux effluents d’élevages, « il est interdit au con-
Lorsque la réglementation s’applique, elle reste trôleur technique de participer à la conception, à
souvent imprécise sur la définition des missions, l’exécution des travaux, à leur métré et de donner
à l’exception de la récente réglementation sur des ordres au constructeur ». Cette interdiction
les effluents d’élevage (arrêté ministériel du figure également dans la norme NF P 03-100.
26 février 2002, relatif aux travaux de maîtrise
Le contrôle extérieur se doit donc d’être indé-
des pollutions liées aux effluents d’élevages) qui
pendant techniquement et économiquement de
précise que la mission du contrôleur technique
chacun des autres intervenants du chantier et des
comprend :
entreprises qui conçoivent et mettent en œuvre,
– l’évaluation technique du projet par rapport afin qu’aucune interaction ne viennent perturber
aux dispositions des documents réglementaires les avis remis par le contrôle extérieur. C’est la
et normatifs existants ; notion de « moralité professionnelle » exigée par
la norme NF P 03-100.
– l’examen critique des documents fournis par
les concepteurs, les constructeurs et les fournis-
seurs ; Les principales étapes du contrôle
– le contrôle de l’exécution des travaux. des géosynthétiques (figure 1)
Cette mission relève de la mission L (solidité
des ouvrages et équipements indissociables)
définie dans la norme NF P 03-100 de septem-
bre 1995. Rédaction du plan de contrôle
par le maître d’ouvrage et le
Dans les autres cas, le contenu technique des bureau de contrôle extérieur
missions, même s’il est souvent très voisin de
ce qui est demandé ci-dessus, est discuté entre
l’organisme de contrôle et le maître d’ouvrage,
Contrôle avant installation
et soumis à l’avis de l’inspecteur des installations
– des documents d’exécution
classées. Ceci peut conduire à des variantes dans
– des approvisionnements
les propositions des organismes pour un même – du support
ouvrage, voire à l’exécution de deux missions
différentes par un même organisme pour deux
ouvrages identiques mais situés dans deux dépar-
tements voisins. Contrôle en cours d’installation
– des moyens de l’entreprise
Quatre points essentiels nous semblent néan- – des dispositions constructives
moins essentiels à vérifier et à valider : – des raccordements aux
ouvrages
– les documents d’exécution (PAQ, plans d’exé-
cution),
– les matériaux livrés,
Contrôle avant réception
– l’application des matériaux et son contrôle, – contrôle global du DEG
– vérification du dossier de
– les dossiers et plans de récolement. récolement
Ce sont souvent les moyens et les méthodes pour
parvenir au même objectif qui diffèrent.

Il est ici important de rappeler que l’organisme de  Figure 1 – Les principales étapes du contrôle
contrôle technique a pour mission de remettre au des géosynthétiques.

54
Le contrôle des géosynthétiques dans les installations classées ●
Yves Gérard

La rédaction du plan de contrôle – des matériaux inadaptés, par exemple parce


Avant le démarrage du chantier et la remise des qu’on a omis de préciser que les géosynthéti-
offres des entreprises, le plan de contrôle doit être ques resteraient exposés aux rayons ultra-violets
établi afin que chaque intervenant puisse intégrer pendant deux ans ;
cette composante du dossier dans son offre. Ce – des contrôles intérieurs inadaptés, insuffisants
travail est réalisé conjointement entre le maître voire inexistants, etc.
d’ouvrage et son bureau de contrôle extérieur.
Le contrôle et la validation du plan d’assurance
Il est important pour l’entreprise chargée de réa- qualité de l’entreprise doivent permettre d’éviter
liser les travaux de connaître les exigences du tous ces écueils, et il est donc nécessaire avant
maître d’ouvrage et du bureau de contrôle exté- le démarrage des travaux, de le vérifier et de le
rieur pour définir et chiffrer son plan de contrôle valider. Pour cela, il doit être très complet (Rollin
interne et parfois externe. et al., 2002) :

Il est également essentiel pour le maître d’ouvrage – les objectifs de performances,


et le maître d’œuvre de pouvoir comparer les – les spécifications,
offres des constructeurs sur une même base, y
compris lorsqu’il s’agit des contrôles à mettre en – un organigramme, des plans et des devis,
œuvre. Ces exigences portent sur le contenu tech- – l’établissement des tâches et des responsabilités
nique du contrôle et sur les documents associés, hiérarchiques,
qui sont à tenir à jour pendant la durée du chan-
tier et à fournir en fin de travaux pour validation – la compétence des intervenants,
par le bureau de contrôle extérieur. – le mode de communication et les modes d’in-
terventions,
Le plan de contrôle doit donc être fourni dans
le dossier de consultation des entreprises (DCE) – les spécifications techniques des matériaux,
afin que l’entreprise puisse proposer un PAQ s’y
– les procédures d’évaluation de la conformité, y
rapportant. Cette phase initiale du contrôle, si elle
compris les essais à réaliser, les résultats anticipés
est négligée, peut conduire à de réelles difficultés et les correctifs apportés,
en phase d’exécution.
– les modes d’acceptation des travaux,

Les contrôles avant installation – le contenu du rapport final.


Ce plan d’assurance qualité fera l’objet d’autant
Le contrôle des documents d’exécution de révisions nécessaires jusqu’à son approbation
On distinguera les plans d’exécution, les schémas par le bureau de contrôle extérieur et la maîtrise
de détails, et le plan d’assurance pour la qualité. d’œuvre.
Bien souvent, des difficultés apparaissent en Le lecteur trouvera dans les recommandations
cours d’exécution car il y a eu incompréhension du Comité français des géosynthétiques (fasci-
ou manque de communication entre les interve- cules 11 et 12), dans le guide de l’ADEME et
nants du chantier. Ces problèmes peuvent être dans le guide du SETRA/LCPC (2000) un certain
de différents types : nombre de détails relatifs aux contrôles sur site. Il
s’agit ici de lister les points de contrôles qui nous
– un support mal adapté. Les conditions de paraissent incontournables sans avoir à détailler
réception n’ont pas été clairement formulées et les procédures à adopter.
le support fourni à l’applicateur est incompatible
avec les matériaux proposés ; Avant la phase d’installation des géosynthétiques,
le contrôle aura pour objectif :
– des points singuliers mal définis (tuyauteries,
ancrages, raccords divers) qui conduisent à des – la vérification des matériaux livrés ;
discussions sur la méthode à adopter en phase
– l’état de ces matériaux ;
d’exécution, provoquant des retards, des surcoûts
voire des malfaçons ; – la vérification du support des géosynthétiques.

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Les contrôles des approvisionnements extérieur, tel que décrit dans le guide bassin du
Ingénieries n° 37 – Mars 2004

sur site SETRA/LCPC. La fréquence et la nature des essais


réalisés pourront être ajustées selon que les pro-
Après avoir reçu l’agrément du maître d’œuvre,
duits sont certifiés ou non.
les matériaux sont approvisionnés sur site, stockés
dans des conditions préalablement définies et mis Les contrôles des approvisionnements
en attente avant installation.
en laboratoire
Dans la construction d’un ouvrage, il importe
On trouvera dans les fascicules de recommanda-
de vérifier que les matériaux qui viennent d’être
tions n° 11 et 12 du CFG la liste des principaux
livrés pour application correspondent aux fiches
essais pouvant être effectués en laboratoire sur
techniques du PAQ. Il ne s’agit plus de dire si ce
les géomembranes, les géotextiles et les géosyn-
matériau est adapté à la fonction, mais simple-
thétiques bentonitiques dans le cadre de leur
ment de vérifier qu’il s’agit du produit « acheté
ou commandé ». réception sur site. Un certain nombre d’entre eux
figurent dans les programmes COFRAC (Comité
Référence commerciale, désignation du produit, français d’accréditation) pour lesquels quelques
marquage ASQUAL, numéros de lots et de rou- laboratoires sont accrédités. Cette accréditation
leaux seront contrôlés et archivés dans le dossier garantit une stricte application des normes par les
de récolement afin de garantir leur traçabilité. laboratoires et leur participation à des campagnes
On citera l’exemple des rouleaux de géomembra- d’essais interlaboratoires.
nes avec deux références de résine différentes, ce
qui peut conduire à des difficultés de soudage, ou
Le contrôle du support
des rouleaux de géomembranes dont l’épaisseur Phase essentielle du contrôle de l’installation des
n’est pas celle retenue ou encore des géotextiles géosynthétiques, le contrôle du support consiste à
ne présentant pas la tenue aux UV spécifiée dans vérifier l’adéquation de la surface avec les recom-
le PAQ. mandations de la profession (CFG, fascicules 11
et 12). Dans le cadre du contrôle qui peut être
Ce contrôle est d’abord à la charge du contrôle opéré par l’entreprise, le maître d’œuvre et les
intérieur, toutefois dans le cadre de sa mission, organismes extérieurs, seul l’aspect de surface
le contrôle extérieur vérifiera la bonne exécution est pris en compte, c’est-à-dire l’absence d’élé-
de cette tâche en procédant à quelques contrôles ments poinçonnants, fermentiscibles, d’ornières,
statistiques. de zones humides ne présentant pas la portance
suffisante. La stabilité du support est considérée
L’ensemble des géosynthétiques mis en œuvre
acquise, elle fait l’objet de contrôles géotechni-
dans une installation peut faire l’objet de con-
ques en dehors du lot étanchéité.
trôles plus ou moins approfondis. Ces contrôles
sont en général plus légers lorsqu’il s’agit de Il faut savoir que tout support sur lequel sont posés
produits certifiés ASQUAL. Aujourd’hui, environ les géosynthétiques est considéré comme ayant
80 % à 90 % des géotextiles disponibles sur le été accepté par l’entrepreneur. Le contrôle entre
marché français sont certifiés ASQUAL (Biguet, les différentes parties semble donc indispensable
2002). Sont donc concernés par cette phase de et doit être formalisé par un procès verbal qui sera
contrôle : joint au dossier de récolement.
– les géotextiles qui assurent la protection des
géomembranes, mais également la filtration, la
Les contrôles en cours d’installation
séparation ou le renforcement ou le drainage ; Pendant la phase d’installation des géosynthéti-
ques, les contrôles auront pour objectif :
– les géomembranes qui assurent l’étanchéité de
l’ouvrage et les produits apparentés tels que les – la vérification des conditions de mise en œuvre
géoespaceurs, les géogrilles… des géosynthétiques (moyens humains et maté-
riels fournis par l’entreprise),
Des prélèvements de matériaux seront effectués
– la vérification de l’installation des géotextiles
afin de vérifier que les caractéristiques principa-
et autres géosynthétiques,
les de ces matériaux restent conformes à la fiche
technique. Les essais ainsi réalisés peuvent être – la vérification de l’étanchéité et de la résistance
répartis entre le contrôle intérieur et le contrôle mécanique des soudures de géomembrane,

56
Le contrôle des géosynthétiques dans les installations classées ●
Yves Gérard

– la vérification de l’intégrité des géomembranes Les moyens matériels sont aussi vérifiés ; en
hors soudures, particulier l’adéquation des machines à souder
avec le site (pentes) et aux matériaux à mettre en
– la vérification des ancrages quels qu’ils soient
œuvre (épaisseur, nature du polymère).
(tranchées, fixations mécaniques),
– la vérification de tous les points singuliers. Enfin le matériel de contrôle est vérifié, afin d’évi-
ter les manomètres non étalonnés, brisés, pour
Ces vérifications sont réparties entre les interve- les essais de pression des doubles soudures, des
nants du contrôle (interne, interne indépendant cloches à vide absentes, inadaptées, non fonc-
et extérieur) selon un schéma qui peut être celui tionnelles car la vitre est devenue opaque, et des
décrit dans le fascicule 11 du CFG, relatif aux tensiomètres de chantier non étalonnés.
centres de stockage de déchets.
Le contrôle des dispositions constructives
Le contrôle des moyens de l’entreprise Ce contrôle visuel et dimensionnel permet de
Avant le démarrage des travaux, l’organisme de vérifier les points particuliers tels que les tran-
contrôle vérifiera les moyens humains et matériels chées d’ancrages, les raccords sur tuyauteries ou
mis à disposition par l’entreprise. murs en béton, la conformité de l’application des
géotextiles et des géosynthétiques bentonitiques
La liste de ces moyens ayant été fournie dans le (largeur de recouvrement, sens des lés), des géo-
PAQ, il s’agit de vérifier leur présence sur le site. membranes (sens de recouvrement, positionne-
ment des lés, absence de plis ou de tensions,
En ce qui concerne les moyens humains, il s’agira
perforations, usures, défauts de fabrication…).
de vérifier les cartes de certifications des soudeurs
et responsables de chantier (cartes ASQUAL ou
Le contrôle des soudures de géomembranes
équivalentes), de vérifier que le nombre de sou-
Rappelons qu’il existe différents types de soudure
deurs certifiés est en rapport avec la dimension du
selon la famille de géomembranes mise en œuvre
chantier, et ensuite que ce sont bien ces personnes
et que les méthodes de contrôle sont à adapter
certifiées qui exécutent les opérations de soudage.
à chacune de ces soudures. Se reporter plus loin
On compte aujourd’hui plus de 200 certifications
au chapitre consacré aux différents contrôles des
ASQUAL en France.
soudures.
Dans ce domaine, il nous semble tout à fait anor-
Le tableau 1 résume les types de soudure ren-
mal que des opérations telles que le meulage des
contrés pour chaque famille de matériau. La
géomembranes PEHD (polyéthylène haute den-
liste est limitée aux familles de matériaux faisant
sité) préalable à l’extrusion soient réalisées par du
aujourd’hui l’objet de certification ASQUAL.
personnel non qualifié et en particulier du per-
sonnel intérimaire. Cette situation est régulière- Des contrôles qualitatifs, complémentaires aux
ment rencontrée sur site, or le meulage fait partie essais d’étanchéité et de résistance mécanique,
de l’opération de soudage et doit être réservé à du se révèlent très utiles sur site (tableau 2, page
personnel expérimenté ou mieux certifié. suivante) pour établir un premier diagnostic.

Soudure manuelle  Tableau 1 –


Double soudure Monosoudure Familles de géomem-
Matériaux automatique automatique à air chaud ou à la Extrusion Collage
flamme brane et procédés
de soudure.
PVC-P X X X
PP flexible X X X X
PE HD X X X
Bitume X
EPDM X

PVC-P : polychlorure de vinyle plastifié ; PP : polypropylène ; PEHD : polyéthylène haute densité ;


EPDM : éthylène propylène diène monomère.

57
 Tableau 2 – Types
Types de Double Monosoudure Soudure manuelle Collage
Ingénieries n° 37 – Mars 2004

de soudure et pro-
contrôle soudure automatique à air chaud ou à la Extrusion (EPDM)
cédés de contrôle
d'étanchéité automatique flamme
sur site.
Pointe sèche X X X X X
Cloche à vide X X X X
Mise en X
pression
Essai X X
diélectrique
Ultrasons X
Essais
mécaniques X X X X X
sur soudures

Les contrôles des raccordements aux soudage sur la double soudure), des brûlures dans
ouvrages le cas des soudures manuelles sur PVC et PP, des
Les raccordements aux ouvrages et aux traversées meulages excessifs dans le cas des extrusions de
d’étanchéité présentent une double difficulté : PEHD, des largeurs de soudures insuffisantes...
d’une part, leur réalisation est complexe (mise
Cet examen permet en outre au contrôleur exté-
en place malaisée des géosynthétiques, raccords
rieur ou externe de vérifier que les contrôles par
difficiles à souder, hétérogénéité du support), et
mise en pression des doubles soudures ont bien
d’autre part, il existe très peu de méthodes de
été effectués par l’entreprise.
contrôle adaptées en dehors de l’examen visuel
et des tests qualitatifs tel que la pointe sèche. Le contrôle à la pointe sèche
Nous estimons que le contrôle doit être essen- Cet essai très qualitatif a pour but la détection
tiellement réalisé en amont, au stade de la con- de zones mal ou insuffisamment soudées. Le
passage d’une pointe émoussée le long du bord
ception, afin de favoriser les dispositifs présentant
de la soudure conduit ainsi à détecter ces zones,
les meilleures garanties d’étanchéité. L’exemple
parfois de surface importante, qui doivent être
le plus fréquemment rencontré est le raccord de
réparées.
la géomembrane sur des tuyauteries (vidange,
arrivée des effluents) dont la nature du matériau Un contrôle satisfaisant à la pointe sèche n’est pas
n’est pas toujours la même que celle de la géo- suffisant pour garantir l’étanchéité de la rustine
membrane. ou de l’extrusion. Il s’agit seulement d’un test
d’arrachement.
L’avis du contrôleur en phase conception doit
Dans le cadre de nos contrôles, nous avons
inciter le constructeur à préférer des systèmes
pu constater à de nombreuses reprises et sur
préfabriqués contrôlés en usine et sur lesquels le différents types de matériaux, que des soudures
soudage de la géomembrane et son contrôle sont résistantes au test à la pointe sèche présentaient
faciles à mettre en œuvre. des fuites lors de l’essai à la cloche à vide. Cet
essai reste toutefois recommandé car il constitue
Les différents contrôles d’étanchéité et un bon test qualitatif pour l’évaluation de la résis-
de résistance des soudures tance des soudures par extrusion

L’examen visuel Les contrôles à la cloche à vide


Cet examen préalable permet la mise en évidence Cet essai facile à mettre en œuvre nécessite
de défauts de soudage tels que des plis dans les une cloche à vide (photo 2), un compresseur
soudures, des bulles ou cloques, des soudures et de l’eau savonneuse. Le principe consiste à
partielles (par exemple lorsque la machine à mouiller à l’eau savonneuse la surface des sou-
souder est à dévié et qu’il reste un seul cordon de dures manuelles ou des extrusions, et de placer la

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Le contrôle des géosynthétiques dans les installations classées ●
Yves Gérard

cloche à vide sur l’ensemble. Avec une dépression  Photo 3 –


de 0,5 bar pour les matériaux rigides (PEHD) et Contrôle en pres-
de 0,3 bar pour les matériaux souples (PVC-P, sion des doubles
PP), toute fuite ou microfuite se manifeste par soudres
l’apparition de bulles sous la cloche. Une durée (photo APAVE).
minimale de 30 secondes est requise afin qu’un
équilibre s’opère.

L’essai à la cloche à vide doit être réalisé


sur l’intégralité des soudures manuelles sous
réserve que la géométrie de celles-ci le per-
mette. Sur les géomembranes PEHD, particu-
lièrement rigides, de nombreuses zones sont
inaccessibles pour cet essai (plis, raccords
sur tuyauteries, angles). Il existe cependant
des cloches de différentes formes et avec des Le contrôle par mise en pression
géométries adaptées aux angles. des doubles soudures
Cet essai concerne uniquement les géomembra-
L’essai à la cloche à vide est un essai d’étan- nes polymères pouvant être assemblées par fusion
chéité. Il ne peut pas être remplacé par des avec des machines à double soudure. L’essai
essais mécaniques tels que le contrôle à la consiste à mettre le canal de contrôle situé entre
pointe sèche ou encore les essais de pelage les deux soudures en pression, le plus souvent
ou de cisaillement. Inversement, cet essai ne pneumatique, et à vérifier l’absence de baisse
renseigne pas sur la résistance mécanique des de pression qui signifierait la présence d’une
soudures. Dans le cadre de nos contrôles, nous fuite (photo 3). Les pressions sont de l’ordre
avons pu constater à de nombreuses reprises de 0,3 M.Pa (3 bars) pour les matériaux rigides
et sur différents types de matériaux, que des comme le PEHD et d’environ 0,1 M.Pa (1 bar)
soudures classées étanches après l’essai à la pour les matériaux plus flexibles comme le PVC-P
cloche à vide pouvaient être facilement arra- ou le PPf (polypropylène flexible).
chées manuellement.
L’essai diélectrique
Après ces essais qualitatifs, deux types d’essais L’essai diélectrique consiste à vérifier l’absence
sur les soudures peuvent être mis en œuvre sur de passage de courant entre les faces inférieure
site, les uns pour la vérification de l’étanchéité, et supérieure d’une rustine ou d’une extrusion.
les autres pour la vérification de la résistance La mise en œuvre de ce test passe par la mise
mécanique des soudures, paramètre nécessaire en place d’un fil conducteur sous la rustine ou
pour garantir l’étanchéité à long terme. l’extrusion préalablement au soudage. Le pas-
sage d’un peigne électrique en surface permet
la détection de fuite.
Comme dans le cas de la cloche à vide, il s’agit
d’un test d’étanchéité ne permettant nullement
une appréciation de la résistance mécanique des
soudures.

Les contrôles par ultrasons


Cette méthode est actuellement utilisée sur les
géomembranes bitumineuses et s’appuie sur la
mesure de l’épaisseur de la géomembrane et de ses
soudures. Dans un joint soudé, où l’épaisseur glo-
bale est de l’ordre de 1,5 à 1,8 fois l’épaisseur de
la géomembrane, l’examen par ultrasons localise
 Photo 2 – Contrôle à la cloche à vide (photo des zones de moindre épaisseur qui correspondent
APAVE). le plus souvent à des défauts de soudage.

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Le contrôle de la résistance mécanique matériau, ou encore une valeur mesurée à un
Ingénieries n° 37 – Mars 2004

des soudures autre moment de la journée. Les mesures doivent


Comme nous l’avons mentionné en introduction, être effectuées simultanément.
65 % des 17 défauts observés à l’hectare se situe-
Le nombre d’éprouvettes testées influe également
raient dans les soudures. Les défauts de soudures sur le résultat. Les caractéristiques du matériau et
peuvent être de deux types : de la soudure se situent dans une plage de variation
– les défauts d’étanchéité directement mis en évi- propre à chaque test et à chaque matériau et il
dence par les méthodes de détection de fuites, importe de tester plusieurs éprouvettes pour obtenir
– les défauts « mécaniques » qui se traduisent par une moyenne. Ceci reste trop peu pratiqué sur les
des non-conformités des soudures vis-à-vis des cri- chantiers où une à deux éprouvettes seulement
tères d’acceptation de la profession, tels que les sont testées.
facteurs de soudage ou les résistances minimales Les essais mécaniques sur chantiers restent un
et qui ne créent pas immédiatement une fuite. moyen de contrôle pseudo-quantitatif. Les écarts
Le contrôle de la résistance mécanique des soudu- fréquemment observés entre les résultats de chantier
res de géomembrane est indispensable pour garan- et les résultats de laboratoire en sont la preuve.
tir la durabilité des soudures et donc l’étanchéité – dans le cadre du contrôle externe ou extérieur
à long terme. en laboratoire. Prélèvements (photo 4), condi-
Ces contrôles se pratiquent : tionnement des éprouvettes et essais sont réalisés
en conformité avec les normes d’essais (NFP 84-
– dans le cadre du contrôle interne. La plupart
501 et NFP 84-502) par les laboratoires accrédités
des entreprises d’étanchéité disposent aujourd’hui
par le COFRAC pour le programme 146 « Essais
de tensiomètres de chantier permettant la lecture
des géomembranes ». Ces laboratoires travaillent
de la résistance en traction-cisaillement ou en
depuis plusieurs années sur la validation de nou-
traction-pelage des soudures. Malheureusement,
veaux critères d’acceptation des soudures afin de
si le matériel est de plus en plus présent, son
tenir compte de l’évolution des matériaux et de
utilisation et l’interprétation des résultats d’essais
la prise en compte des données de chantier et
restent parfois encore trop approximatives et con-
de certification, qui constituent une banque de
duisent souvent à des conclusions trop rapides
données intéressante. Des travaux, financés par
quant à la conformité des soudures. Les matériaux
le CFG, l’AFAG et l’APRODEG ont eu lieu sur les
polymères sont très sensibles à la température et
géomembranes bitumineuses et PEHD (Benneton
à la vitesse de sollicitation. Il est donc nécessaire
et Gérard, 2002) et sont actuellement en cours
pour pouvoir donner un avis sur la qualité de la
sur les géomembranes PVC-P,PP et EPDM. Ces
soudure de tenir compte de ces effets sur les résis-
travaux devraient donner lieu à une prochaine
tances mesurées, en effectuant les essais dans une
publication.
fourchette de température assez étroite et toujours
identique. Les variations températures entre le
matin et l’après-midi peuvent être de l’ordre de
plusieurs dizaines de degrés (notamment pour les
matériaux de couleur noire), ce qui entraîne des
variations importantes de leurs caractéristiques
mécaniques.
Ce paramètre est particulièrement important
quand il s’agit de calculer un facteur de soudage
(cas des géomembranes bitumineuses et PEHD).
Le facteur de soudage, rapport entre la résistance
de la soudure et une caractéristique mécanique
du matériau (résistance maximale des géo-
membranes bitumineuses et résistance au seuil
d’écoulement du PEHD) doit être calculé à partir
de données mesurées à la même température. On
évitera donc de calculer ce facteur de soudage  Photo 4 – Prélèvement d’un échantillon de sou-
en utilisant une valeur de la fiche technique du dure pour essais en laboratoire (photo APAVE).

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Le contrôle des géosynthétiques dans les installations classées ●
Yves Gérard

Les contrôles avant réception l’étanchéité et la fonctionnalité des ouvrages ne


sont pas affectées dans le temps. Ces contrôles
Les méthodes de contrôle global du dispo- périodiques sont pratiqués sur différents ouvrages
sitif d’étanchéité par géomembranes (DEG) du secteur de la chimie et du déchet (bassins,
C’est la phase finale du contrôle qui a pour stockage de produits polluants) et associent :
objectif l’ultime vérification de l’intégrité du DEG – des inspections sur site, lorsque cela est pos-
avant la mise en service de l’ouvrage. Dans la sible,
pratique, ce contrôle n’est pas toujours exigé par
l’inspecteur des installations classées qui s’appuie – des essais en laboratoire sur des coupons
sur les différents rapports de contrôle en phase témoins de matériaux et d’assemblages préala-
d’exécution pour formuler son avis. blement immergés dans les ouvrages et acces-
sibles lors de la vidange des ouvrages ou après
La vérification de l’intégrité du DEG repose sur la enlèvement de la couche de protection.
mise en œuvre de méthodes globales telles que
la mise en eau ou le contrôle géo-électrique. Ce Ces contrôles et essais périodiques permettent de
dernier contrôle peut se révéler très intéressant, suivre le vieillissement des DEG et constituent
notamment si la géomembrane est recouverte pour l’exploitant une donnée importante pour
de matériaux dont la mise en œuvre a présenté anticiper le renouvellement éventuel de son
un risque pour l’intégrité de la géomembrane. installation.
C’est notamment le cas de la mise en place de la La vérification du dossier de récolement
couche drainante en fond de casier dans les cen-
tres de stockage de déchets (Nosko et al., 2002 ; Ultime contrôle avant réception de l’ouvrage, la
Rollin et al., 2002). vérification du dossier de récolement est néces-
saire pour assurer toute la traçabilité des travaux.
Pour une description détaillée des méthodes, on Le dossier de récolement correspond à l’ensemble
se reportera au projet de guide du CFG « Présen- des données de l’ouvrage construit, qui peuvent
tation des méthodes de détection et de localisa- s’avérer nécessaires en cas de dysfonctionne-
tion des défauts dans les dispositifs d’étanchéité ments futurs. La recherche des causes passe par
par géomembranes »3. l’examen de ce dossier qui doit être renseigné 3. Groupe de
de manière très précise et très rigoureuse. On travail « Détection
Il s’agit de méthodes permettant un contrôle citera l’exemple de ce CET où un écoulement de de fuites dans les
global du DEG préalablement à sa réception, lixiviat avait été observé dans le drain de contrôle dispositifs d’étan-
parmi lesquelles figurent les contrôles géo- situé entre deux étanchéités par géomembrane. chéité par géosyn-
électriques. Ces méthodes sont clairement des L’examen du plan de récolement des lés et des thétiques » : http:
méthodes de détection de fuites qui doivent être soudures a permis de privilégier une zone d’in- //www.cfg.asso.fr/
considérées comme un des moyens du contrôle vestigation, et après avoir dégagé 4 ou 5 m de
des DEG, en complément à la méthodologie déchets, une des extrusions situées dans la zone
développée précédemment. supposée de la fuite s’est révélée défectueuse.

La mise en eau des ouvrages pendant une durée Le coût du contrôle


de quelques jours avec contrôle du taux d’évapo-
ration permet de mesurer un débit de fuite, mais La notion de contrôle doit être déconnectée de
ne permet pas la localisation du ou des défauts. la dimension de l’ouvrage.
Cette méthode simple est la plus appropriée pour On aurait tort de penser que le contrôle concerne
des ouvrages de dimensions raisonnables. seulement les ouvrages de grande capacité, puis-
que certains petits ouvrages de quelques centai-
En cas de baisse anormale du niveau d’eau, il nes de m3 peuvent présenter un risque beaucoup
convient de rechercher la ou les fuites par l’une plus important que des bassins de plusieurs mil-
ou l’autre des méthodes ci-avant. liers de m3, du fait du caractère plus ou moins
polluant des produits stockés.
Enfin, dans le cas d’installations industrielles
particulières, un contrôle périodique peut être De ce fait, le coût du contrôle peut varier de
demandé par l’exploitant ou l’inspecteur des ins- quelques dizaines de centimes d’euros à quelques
tallations classées, afin d’avoir l’assurance que euros par m2.

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Le contenu des missions de contrôle dépend intégrés dans l’offre du constructeur ou pris en
Ingénieries n° 37 – Mars 2004

également : charge par le maître d’ouvrage. Les méthodes et les


moyens existent, aussi bien sur site qu’en labora-
– du risque lié à la destination de l’ouvrage,
toire pour prévenir les aléas de la construction. Si
– du budget alloué à ce poste, la réglementation est aujourd’hui encore impré-
cise quant au contenu des missions de contrôle (à
– du caractère réglementaire ou non de l’ouvrage, quelques rares exceptions près), la profession s’est
– de la pertinence de l’offre technique de contrôle organisée pour fournir aux décideurs des normes
et de l’expérience de l’organisme consulté. d’essais et des recommandations de mise en œuvre
et de contrôle.
Si le contrôle a un coût, l’absence de contrôle
peut en avoir un nettement plus élevé, dû par D’autres sujets de réflexion subsistent cependant
exemple aux retards sur le planning occasion- parmi lesquels l’accréditation des bureaux de
nés par des non-conformités ou aux pertes contrôle et la certification des contrôleurs. En
d’exploitation lorsque les fuites ou les endom- effet, dans ce domaine où les enjeux et les risques
magements apparaissent après mise en service environnementaux peuvent être très importants,
des ouvrages. leur mission dépasse alors le cadre classique de
la protection d’un ouvrage. Il nous semble donc
primordial que des efforts importants soient réalisés
Conclusion en matière de formation des contrôleurs interve-
À chaque stade de la construction d’un ouvrage nant sur les chantiers dans ce domaine spécifique
impliquant des géosynthétiques, il est possible des géosynthétiques afin d’améliorer la qualité du
de mettre en œuvre des contrôles, qu’ils soient contrôle. ❒

Résumé
Le contrôle des géosynthétiques dans les installations classées revêt un intérêt tout particulier compte
tenu du risque inhérent aux produits fabriqués ou stockés. Du centre de stockage de déchets (CSD)
à l’usine de production chimique, en passant par les stockages d’effluents agricoles, les contraintes
et les réglementations diffèrent. Les contrôles spécifiques aux géosynthétiques et à leur application
présentent donc souvent de nombreuses variantes.
Après un bref rappel sur le contexte réglementaire, cet article fait le point sur l’organisation générale
des missions de contrôle à différents niveaux (contrôles intérieur et extérieur), avant d’axer plus par-
ticulièrement notre propos sur les géomembranes, dont le rôle essentiel est d’assurer l’étanchéité
des ouvrages. Nous examinons ainsi les différentes méthodes permettant de vérifier la conformité
des réalisations aux textes et aux règles de l’art, à tous les stades du projet, de la conception à la
mise en service de l’ouvrage.

Abstract
Controls of geosynthetics in hazardous industry is particularly important due to the nature of the
products or wastes which are stored. Laws which applied to the control of geosynthetics in chemical
industries, landfills or agricultural effluents differ and so specific controls of geosynthetics display a
various kind of prestations.
After a short description of the French rules and laws concerning the geosynthetics and their installation,
we describe internal and external controls and tests which are done and particularly in the specific
domain of geomembrane whose first function is the tightness of the buildings. We also introduce
the main control methods used at the successive stage of the project to verify the conformity of the
construction with the regulations and the art rules.

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Le contrôle des géosynthétiques dans les installations classées ●
Yves Gérard

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