94-Reparation Digues Protection Externe
94-Reparation Digues Protection Externe
94-Reparation Digues Protection Externe
Version finale
DOI : 10.5281/zenodo.2536057
Mots-Clés
Introduction
Digue, protection, érosion, dimensionnement, travaux.
Dans le cadre du CFBR, un groupe de réflexion composé de
Abstract maîtres d’ouvrage, de bureaux d’étude, d’administrations,
d’entreprises de travaux et de chercheurs a été constitué afin,
This publication aims at introducing several types of surface d’une part, de faire un état des méthodes utilisées en
2 Protections externes de digues : un Groupe de travail du CFBR présente des méthodes de réparation et confortement
• La sous-couche (figures 1 et 5) ;
• La butée de pied (figure 2 );
• La carapace monocouche (figure 3).
rarement sur les côtes maritimes. Nécessitant un de soutènement [1], [2] et [3]. La stabilité de la digue est
dimensionnement précis, la technique est rarement mise en calculée sans prendre en compte la butée de pied devant les
œuvre en urgence. palplanches sur toute la hauteur potentiellement soumise à
l’affouillement.
Fonctions principales et secondaires Les éléments de sortie du dimensionnement sont, selon les
Enfoncées profondément dans le sol, profondeur pouvant Recommandations du CFBR [4], pour les états limites
atteindre 20 m, les palplanches forment un ensemble jointif, ultimes :
appelé rideau de palplanches, retenant la terre et assurant • la stabilité de l’écran vis-à-vis d’une rupture par défaut de
l’étanchéité. Les formes les plus courantes sont en métal, butée (stabilité externe) ;
mais on peut faire appel à d’autres matériaux tels que les • la résistance de la structure de l’écran (vérification de la
profilés en bois, en béton armé ou en PVC. résistance aux efforts tranchants, moments fléchissants,
Le rideau de palplanche peut assurer seul la protection contre efforts normaux…) ;
l’affouillement. Il est dans ce cas bien visible en pied de talus • le cas échéant, la stabilité des tirants d’ancrage (résistance
et assorti de dispositifs d’accompagnement permettant de des tirants et résistance à l’arrachement) ;
faire la jonction avec l’ouvrage en terre (figure 8). • l’absence d’interaction entre l’écran et un ancrage ;
• la stabilité du fond du lit vis-à-vis d’une rupture par
soulèvement hydraulique global du terrain ;
• la stabilité d’ensemble de l’écran (stabilité globale) ;
• et pour mémoire, la portance de l’écran si l’écran supporte
des charges verticales (ce qui n’est pas le cas en
théorie) ;
• pour les états limites de service, il faut vérifier que :
- les efforts supportés par l’écran restent admissibles
pour la structure de l’écran (en cas de fissuration
inacceptable, de corrosion),
- l’effort supporté par un tirant reste admissible pour sa
structure et pour éviter un fluage important de l’ancrage.
Éléments de conception
L’étude de conception doit établir :
• le modèle de sol (nature, granulo et blocométrie,
FIGURE 8: PROTECTION DE PIED DE DIGUE PAR PALPLANCHES résistivité, densité…) et les modules pressiométriques
LIAISONNEES EN TETE PAR UNE LONGRINE EN BETON (ST
associés ;
BENOIT-SUR-LOIRE, 45) (CREDIT DREAL CENTRE VAL DE
• le modèle hydrogéologique (niveaux d’eau, vitesses,
LOIRE)
agressivité…) et les éléments de conceptions associés
(sensibilité aux vibrations, accessibilité au site, présence
de réseaux ou d’ouvrages…) ;
Le rideau de palplanches peut jouer le rôle d’écran de • les éléments de sortie de l’étude préciseront entre autres :
soutènement pour le corps de digue et il est d’ailleurs • les types de palplanches prévus (matériau, longueur,
dimensionné comme tel, en supposant l’absence de butée profilé, épaisseur, serrures…),
côté rivière. Comme il s’agit d’un voile étanche enfoncé • les ancrages nécessaires,
profondément dans le sol, le rideau limitant le risque • les compléments (liaisonnement, protection anticorrosion,
d’érosion interne dans la fondation en allongeant le chemin injections…) et autres matériaux (béton, boulons, barres,
hydraulique. coulis, remblai...) ;
Ce type d’ouvrage est en général difficile à entretenir [5] et il • le procédé de pose (battage, fonçage, vibro-fonçage…)
conduit à une augmentation des vitesses de courant depuis la terre ou sur barge,
parallèlement à l’ouvrage ce qui peut déplacer le potentiel
• le traitement des difficultés (passages indurés ; passage de
érosif vers l’aval. Les zones de transitions de part et d’autre
réseaux, gestion des nuisances des déchets…) ;
du rideau doivent être particulièrement soignées. Pour toutes
• les contrôles : bruit, vibrations, des longueurs, protection
ces raisons, cette technique est souvent retenue en dernier
anticorrosion, tests d’arrachement des ancrages… ;
recours. À cela il faut ajouter que la technique est souvent
• les périodes de pose (intempéries, vent, étiage…) et les
relativement chère et parfois difficile à réaliser.
éléments pour la gestion ultérieure (accès, témoin de
corrosion…)
Dimensionnement
Cette liste n’est évidemment pas exhaustive.
Le rideau de palplanches est dimensionné comme un ouvrage
6 Protections externes de digues : un Groupe de travail du CFBR présente des méthodes de réparation et confortement
Les perrés maçonnés de fines au travers des joints dégradés, dégradation liée à
la présence d’un ouvrage hydraulique défaillant…
De nombreux ouvrages anciens intègrent dans leur • de l’environnement : action racinaire de la végétation…
conception des protections en perré maçonné (figure 9). Le
vieillissement de leurs constituants (dégradation des mortiers Éléments de conception des réparations
de scellement, érosion des moellons parfois associé à un Les réflexions quant aux techniques de réparations porte sur :
manque d’entretien) conduit à engager des réparations pour • la ressource locale en moellons (disponibilité, qualité,
permettre de conserver l’intégrité de ces ouvrages de éloignement) si on recherche une reconstitution à
protection. l’identique et que les pierres sont manquantes et, dans le
cas contraire, le réemploi après extraction soignée des
Fonctions principales et secondaires pierres originelles,
Le terme « perré maçonné » s’applique aux protections de • les travaux préparatoires de nettoyage des joints,
talus de digue constitués de moellons agencés et jointoyés. reconstitution de la couche support ;
Côté cours d’eau, s’il peut assurer une fonction de stabilité de • l’accessibilité au site lors de la mise en œuvre ;
peau, il est surtout retenu pour sa fonction de protection • les conditions environnementales, notamment lors des
contre l’érosion externe en protégeant le talus des travaux préalables de nettoyage : poussières, gestion des
écoulements longitudinaux. Associé à un parafouille amont, eaux de lavage…
le perré assure aussi une fonction d’étanchéité. Coté val, sa • l’intégration architecturale avec contraintes pour les sites
fonction s’apparente en général à la stabilisation de talus classés « Monument historique ».
raidis. On cherchera à maintenir son drainage. • Les travaux de réparation doivent bien préciser :
• la zone d’extension et la nature de la réparation :
rejointoiement seul, reprise de maçonnerie incluant
ou non la reprise du support ;
• la nature des matériaux : moellons, mortier et
matériaux support.
Pour les rejointoiements (figure 10), on s’attachera à la
qualité des travaux de préparation de dégagement des joints :
laveuse Haute-Pression, disqueuse à air, burineurs
pneumatiques… La panoplie d’outil est large ; on veillera
que la technique déployée permette l’enlèvement des
mortiers dégradés sans impacter les matériaux sous-jacents.
On ne saurait trop conseiller une planche d’essai pour valider
la procédure.
Pour la reprise de support, on s’attachera à obtenir un
matériau peu compressible : du matériau bien compacté à la
FIGURE 9: PAREMENT AMONT EN PERRE MAÇONNE – grave-ciment ou béton poreux. Le choix doit intégrer la
DIGUE DE LA MONTAGNETTE – TARASCON (13) (CREDIT fonction secondaire de ce matériau, telle que simple support
BRLI) ou support drainant.
Dimensionnement
Le dimensionnement d’une protection externe en sacs
géotextiles est assez proche de celui des enrochements ronds
et peu rugueux dont la stabilité est comparable.
Le dimensionnement des tubes géotextile est essentiellement
empirique et basé sur des essais en canal ou sur des retours
d’expérience d’ouvrages. L’enveloppe géotextile doit :
• séparer les particules sableuses de la mixture de
remplissage ;
• conserver une perméabilité de paroi pour l’essorage de
l’eau ; FIGURE 14: DIGUES AVEC PAREMENT ET RADIER EN
• résister en traction au gonflement lors du remplissage DALLES BETON SUR LE REYRAN A FREJUS (83)
(coutures incluses) ;
• limiter sa déformation pour monter en hauteur et réduire Les réparations des ouvrages existants nécessitent au
le volume de remplissage ; préalable un diagnostic détaillé pour s’assurer de l’absence
• résister au poinçonnement d’élément agressifs en cours de vide sous les dalles et vérifier le fonctionnement du
ou post remplissage ; dispositif de drainage. Ce dernier s’avère en effet
• résister à l’exposition aux UV le cas échéant. indispensable pour éviter la formation de sous-pression
derrière le perré bétonné.
Les parements de digue en béton
Les données nécessaires à la conception des réparations
Certaines digues construites au cours du XXe siècle ont été sont :
réalisées avec des parements amont (aussi appelés masques • le diagnostic géotechnique du remblai (nature et
amont) en béton de ciment ou béton bitumineux. Le caractéristiques mécaniques des matériaux, nature de la
vieillissement de ses structures, les défauts de drainage couche support, identification de zones décomprimées...)
derrière les dalles et le manque d’entretien conduisent à • le diagnostic des ancrages : existence ou non d’une
devoir engager des réparations pour permettre de conserver longrine de pied, profondeur d’ancrage…
l’intégrité de ces ouvrages de protection, comme pour les • la radiographie pour repérage des cavités sous l’ancien
digues du Reyran à Fréjus, figure 14. perré béton ;
P. Ledoux, E. Vuillermet, O. Artières, Y. Boussafir, B. Chalus, B. Cortier, T. Monier, A. Brune 9
Éléments de conception des réparations Cet article développe notamment les points suivants :
Les réparations s’attacheront à reconstituer le sol support, le • la structure et la pose des blocs artificiels ;
dispositif de drainage indispensable sous les dalles et en pied • les principes de dimensionnement et la méthodologie de
de dalle, la butée de pied qui pourra faire office également de mise en œuvre des techniques mixtes ;
para fouille. • les principes de dimensionnement et conception pour les
Le dimensionnement portera sur : palplanches posées en butée de pied ;
• la résistance des dalles béton aux efforts de traction • le diagnostic et la conception des réparations des perrés
(prise en compte d’un défaut de portance) ; maçonnés et bétonnés ;
• la butée de pied jouant le rôle de parafouille et de drain ; • les différents types et les principes de dimensionnement.
• le drainage derrière le parement. Ce point s’avère d’une
importante primordiale pour éviter les risques de sous Selon les techniques utilisées pour la protection externe,
pressions derrière les digues. Il doit être associé à un d’autres fonctions utiles à l’intégrité de la digue et à la
filtre mis en place entre le corps du remblai et le conservation de ses performances peuvent également être
matériau drainant. Les eaux drainées derrière le perré assurées par le dispositif, telles que :
peuvent être éjectées par des barbacanes, visibles sur la • l’intégration paysagère et le gain en biodiversité pour les
figure 15, ou collectées dans la longrine en pied de techniques mixtes ;
talus ; • le soutènement et la limitation du risque d’érosion
• le dispositif anti migration des fines (filtre) pour éviter la interne pour les palplanches posées en butée de pied ;
formation de cavités sous les dalles devra satisfaire les • la stabilité de talus et l’étanchéité pour les perrés ;
règles usuelles de filtre ; • les réparations d’urgence et la rehausse d’ouvrage pour
• le traitement des joints entre dalles (mortier de les sacs et les tubes géotextile remplis de sable.
réparation, mastic élastomère).
Références
[1] AFNOR (2009). NF P 94-282 : Calcul géotechnique – Ouvrages de
soutènement – Ecrans.
[2] AFNOR (1999). NF EN 12063 Exécution des travaux géotechniques
spéciaux – Rideaux de palplanches.
[3] CETMEF. ROSA 2000. Recommandations pour le calcul des états
limites des ouvrages en site aquatique. Ed. Cetmef. Fascicules
« rideaux de soutènement » et « exemples commentés de notes de
calcul, rideau de soutènement ancré ».
[4] CFBR (2015). Recommandations pour la justification des barrages et
des digues en remblai. Version approuvée en commission exécutive du
CFBR le 9 octobre 2015. 132 pages.
[5] LCPC (2003). Ouvrages de soutènements. Recommandations pour
l’inspection détaillée, le suivi et le diagnostic des rideaux de
palplanches métalliques. Guide technique. Coll. Techniques et
Méthodes des LPC.
[6] POULAIN, SUTTER, TOURMENT, MAURIN, AUGER,
CHEVALIER, DENIAUD, LEDOUX, MALLET, PALACIOS,
PINHAS (2018) : « Guide Technique CFBR – Méthodes et techniques
FIGURE 15: REPARATION DES DALLES DU REYRAN - de confortement des digues »
PHASE DE BETONNAGE APRES FERRAILLAGE