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Introduction
1
Drif,A(2021).Fusions-acquisitions : la France, un terrain de chasse très prisé.
https://www.google.com/amp/s/www.lesechos.fr/amp/1277742.
2
Bourbon, J-C(2021). Veolia Suez : la commission européenne donne son feu vert.
https://www.google.com/amp/s/www.la-croix.com/amp/1201190309.
3
Yahoo finance(2022). Fusions TF1-M6 : pourquoi Altice Media est bien placé pour rafler TFX et 6ter.
https://www.google.com/amp/s/fr.finance.yahoo.com/amphtml/actualites/fusion-tf1-m6-pourquoi-altice-
150014022.html.
size » a piloté et finalisé pour plus de 900 millions d’euros de transactions
financières4 (sur l’année 2022) en intégrant le fait qu’une majeure partie des
transactions est dédiée aux opérations de fusions d’entreprises digitales. Par
« middle-market deal size », il s’agit des transactions de fusions de petites et
moyennes entreprises numériques. Au cours de la semaine du lundi 6 juin au
vendredi 10 juin 20225, le cabinet a conclu plus de 18 opérations de fusion
d’entreprises. Il s’agit principalement de grands groupes absorbant de petites ou
moyennes structures. Par exemple, le groupe Crédit Mutuel Arkea a absorbé une
startup nommée Liberkeys, une « agence immobilière digitale »6. Ces exemples
prouvent que le dynamisme autour des fusions d’entreprises en France concerne
toutes les entreprises, quels que soient leur taille, leur typologie, leur domaine. En
plus de contribuer à la modernisation d’un marché via sa restructuration, les fusions
d’entreprises offrent généralement des avantages en matière de compétitivité,
d’optimisation des coûts et sur le plan administratif. Ce sont ces deux derniers
aspects qui attirent particulièrement notre attention, car nous savons que dans le
cadre de la loi finance de 20197, le gouvernement français par le biais du ministère
de l’Économie et des Finances a entrepris des mesures d’allègement fiscal à
l’échelle macroéconomique (des sociétés) offrant une réduction significative de 20
milliards d’euros aux entreprises 8. Ce montant constitue un cumul et nul doute que
dans ces 20 milliards, des mesures d’exemptions fiscales ont été mentionnées pour
des raisons stratégiques : favoriser le dynamisme des grands fleurons de l’industrie
française dans une économie en plein bouleversement et dynamiser également
l’essor du numérique au sein du marché domestique français (pour les entreprises
de diverses tailles).
4
https://www.ecap-partner.com/company-sale/..
5
https://www.ecap-partner.com/company-sale/..
6
Perreau,C(2022). Proptech : liberkeys racheté par Crédit Mutuel Arkea.
https://business.lesechos.fr/entrepreneurs/transmission-entreprise/0701729580857-la-proptech-
liberkeys-rachetee-par-credit-mutuel-arkea-348500.php.
7
Loi de finances 2019.
https://www.google.com/url?sa=t&source=web&rct=j&url=https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/
JORFTEXT000037882341&ved=2ahUKEwjM_p7Zv674AhUOQhoKHcqHCykQFnoECAsQAQ&usg=A
OvVaw3PR7nPCLfrP_NKD1Fsxe9v. .
8
Honoré, R(2018). Budget 2019 : Macron veut remettre son pari fiscal au centre du débat.
https://www.google.com/amp/s/www.lesechos.fr/amp/139759.
crise des subprimes 2008-2009 qui a durement impacté les fusions-absorptions,
fusions par création d’entités nouvelles, résulte de pratiques non conformes aux
values éthiques. Cette crise a constitué un tournant au sein de l’opinion publique
internationale voire un précédent : les pratiques des acteurs de la finance (les
entreprises participant à un projet de fusions-absorptions…) sont réglementées de
près. De plus, les législations accordant des baisses ou exonérations fiscales à
certaines entreprises (notamment multinationales) sont très attentivement scrutées
au nom de l’équité fiscale. Ces thématiques seront passées en revue à travers les
diverses études de cas de la partie empirique.
Une fusion d’entreprises est une transaction au cours de laquelle une ou plusieurs
entreprise(s) transmettent la totalité de leurs actifs à une entreprise effective ou à
une entreprise nouvellement conçue dans le cadre de cette transaction. Il s’agit
d’une transaction au cours de laquelle des entreprises s’associent en une même
entité. Cela implique de facto la conception d’une nouvelle entité résultant du
regroupement de plusieurs entreprises existantes engendrant la disparition
(marketing et administrative) des entreprises absorbantes ou l’acquisition simple
d’une entreprise par une autre sous forme d’absorption.
On peut matérialiser cette définition en 2 formes de fusions :
• La fusion-absorption est le transfert de la totalité des actifs d’une ou plusieurs
entreprises, qualifiée(s) d’entreprise(s) absorbée(s) à une autre, nommée
« entreprise absorbante ». Dans le milieu de la finance d’entreprise, on
emploie l’expression « fusion-acquisition ». La transaction peut viser :
- une augmentation de capital via une contribution en liquidités pour
l’entreprise acquéreur,
- une insertion administrative de l’entreprise absorbée, soit une
incorporation de ses actionnaires au sein du conseil d’administration de
la société acquéreur. Ils deviennent de facto actionnaires de la société
acquéreur (ou absorbante).
• La fusion par création d’une nouvelle entité est une fusion impliquant au moins
deux entreprises afin de créer une nouvelle entité. Le groupe Altice a été créé
via ce modèle, en regroupant les activités de SFR, Next Radio TV (BFMTV,
RMC,…), Altice Media (comprenant plusieurs groupes de presse). Les
dividendes sont rétribués par les actions de la nouvelle entité. Cette dernière
doit d’ailleurs se conformer aux normes et réglementations relatives à son
statut juridique.
Schématisation de l’opération.
Une opération de fusion-acquisition réussie est une opération bien structurée qui
intègre de nombreux paramètres, le droit et la politique de la concurrence, le régime
fiscal des valeurs mobilières, le droit des entreprises, les données financières et
fiscales, les tendances concurrentielles sur le marché.
Sur la base de ces 10 étapes décrivant les transactions d’une opération de fusion -
acquisition, nous allons étayer le fonctionnement de la « due diligence » financière,
soit l’étude des données financières relatives à l’entreprise en phase d’être cédée.
Dans l’Union européenne : Dans le cadre d’une fusion par absorption, cela
fonctionne de manière similaire à la réglementation française, l’entreprise absorbante
reçoit l’intégralité du patrimoine de l’entité absorbée. Une émission d’actions à
destination des actionnaires nouvellement incorporés s’impose en contrepartie du
patrimoine reçu. Le versement de la « soulte » est à prévoir. Dans le cadre d’une
fusion par création d’une nouvelle entité, la structure nouvellement créée émet des
actions d’une valeur équivalente au capital des sociétés ayant transmis leur
patrimoine et cette émission est effectuée à destination et au bénéfice des
actionnaires des entités ayant cédé leur patrimoine. La valeur des titres doit être
égale au capital de ces entités au moment de la transaction. Le versement d’une
« soulte » est à prévoir. Les entités qui ont cédé leur patrimoine suppriment
automatiquement leur existence administrative sans qu’aucune démarche de la part
des responsables ne soit exigée.
Les fusions-acquisitions sont très pratiques au sens où elles apportent des titres à
part entière (apport entier de titres) ou de manière partielle (apport partiel d’actif).
Toute fusion s’étudie comme un rassemblement au sein d’une même entreprise des
actifs et des dettes de deux entreprises. Dans les domaines juridiques et fiscaux,
cette opération est définie en tant qu’apport d’actifs sous déduction des dettes,
rémunéré par émission de nouvelles actions réparties entre les actionnaires de la
société acquise. Dans le cadre de l’apport entier de titres, un investisseur (caution
physique ou morale) peut apporter ses actions d’une entreprise lambda vers une
entreprise bêta et recevoir des dividendes de la société bêta. Dans cette
configuration, les sociétés bêta et lambda sont préservées, bêta devenant une
entreprise filiale de lambda. Les actionnaires de lambda qui ont investi dans bêta
sont désormais des actionnaires de bêta. Le processus s’apparente à une cession
économique et financière de la totalité ou d’une partie des parts d’action de
l’entreprise bêta et d’une hausse des actifs de l’entreprise lambda. Le montant de
cette hausse d’actifs équivaut à la part réservée aux actionnaires de bêta. Pour les
entreprises cotées en bourse, l’apport de capitaux s’apparente à une offre publique
d’échange (OPE). Dans le cadre d’un apport partiel d’actifs, c’est-à-dire
l’investissement par l’entreprise alpha dans une entreprise bêta, d’une partie de son
capital. En contrepartie, l’entreprise alpha reçoit les éventuels dividendes des titres
émis par l’entreprise bêta. Ces explications supposent que la volonté d’une opération
de fusion-acquisition (exhaustive ou partielle) est l’apport de capitaux nouveaux
c’est-à-dire de financements ou liquidités pour l’entreprise absorbée. Il s’agit
également de bénéficier éventuellement d’une nouvelle réorganisation de sa
structure. Pour l’entreprise apporteuse de capitaux, il s’agit de détenir de nouveaux
actifs, accroître de facto la taille du bilan, bénéficier du savoir-faire de l’entreprise
absorbée entièrement ou partiellement (par exemple transfert de technologie…) et se
repositionner sur le marché de prédilection. Aussi, la propension d’une entreprise
9
Ministere de l’économie des finances de la souveraineté industrielle et numérique (2018). La valeur
ajoutée, qu’est ce qu’est ? https://www.economie.gouv.fr/facileco/definition-valeur-ajoutee#.
acquérante à vouloir réorganiser la structure des entreprises absorbée peut parfois
engendrer des tensions internes (capital humain, organisation du travail…) 10.
L’Union européenne11 exige par ailleurs que la fusion soit certifiée par les autorités
compétentes en la matière dans chaque pays membre (ce qui demeure une
formalité). Cette certification garantit la légalité du projet de fusion et demeure un
préalable avant toute exécution de l’opération. Il en est de même pour la nouvelle
entité créée post-fusion (de plusieurs sociétés) et/ou l’entité absorbante. Cette
diligence exigée de l’Union européenne n’est qu’une formalité, car elle est déjà
effectuée (en France) lors du dépôt du projet de fusion au greffe du tribunal. Ainsi,
lors de la fusion entre le groupe de distribution Carrefour et l’enseigne biologique Bio
c’bon annoncée en 2020, l’autorité de la concurrence a mis un an (fin 2021) avant
d’approuver l’acquisition par Carrefour d’une centaine de magasins de l’enseigne
biologique Bio c’bon. Cette approbation fut accompagnée d’une contrainte de céder
8 magasins Carrefour au nom d’une concurrence équitable sur le marché de la
grande distribution12. Les fusions des grands groupes sont l’une des rares opérations
où l’Union européenne interfère concrètement et se démarque des autorités
nationales. En effet, les fusions de grands groupes dont les chiffres d’affaires sont
d’un ordre de grandeur conforme (par exemple de plusieurs centaines de millions
d’euros ou des milliards d’euros) à une multinationale sont soumises au contrôle et à
l’approbation ou refus de la Commission européenne. Cela vaut aussi bien pour une
transaction d’une société domiciliée dans un pays membre de l’Union européenne
opérant un projet de fusion avec une société d’un pays non membre que deux entités
domiciliées dans des États membres de l’Union européenne. L’avis définitif de la
commission est conditionné aux conséquences de la transaction de fusion
d’entreprises sur la compétitivité au sein de l’Union européenne, notamment la
faculté d’une telle fusion à fragiliser ou non de manière conséquente le marché de
l’Union européenne. Si cela est avéré alors le projet de fusion sera rejeté. D’autres
fusions sont approuvées sous réserve de céder une partie du patrimoine constitué
et/ou encore un brevet technologique à une entreprise concurrente du marché
européen. Cela s’effectue dans la configuration où la commission juge la fusion
« partiellement menaçante » pour la concurrence du marché UE et elle procède de
facto à un rééquilibrage via l’imposition de cette condition.