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MINISTERE DE L’ENVIRONNEMENT DE REPUBLIQUE DU MALI

L’ASSAINISSEMENT *-*-*-*-*-*-*-*-
ET DU DEVELOPPEMENT DURABLE Un Peuple- Un But- Une Foi
-*-*-*-*-*-*-*-*-

RAPPORT NATIONAL SUR L’ETAT DE L’ENVIRONNEMENT


AU MALI- EDITION DE 2017

Août 2018
PREFACE

Nous voici déjà au bout de quinze (15) ans, à la septième édition du Rapport national sur
l’Etat de l’Environnement au Mali. Que de chemin parcouru pour offrir aux décideurs,
un aide efficace à la prise de décision et au public un outil d’éveil de conscience, face aux
multiples défis environnementaux en passe d’hypothéquer notre processus de développement.

Avec le changement climatique, l’environnement est devenu un thème central du débat


public tant au niveau national qu’international. C’est ainsi qu’après l’adoption par le Mali, de
l’Accord de Paris sur le climat, la question environnementale est en train de renforcer la
mobilisation nationale qui se traduit aujourd’hui par une série d’actes visant à améliorer l’état
de l’environnement dans une perspective de développement durable. On retient à cet effet,
l’appropriation par le Mali des Objectifs de Développement Durable, la présentation de sa
Contribution Déterminée au niveau National (CDN), la multiplication d’initiatives et actions
sur le changement climatique, la relecture de plusieurs textes environnementaux afin de les
adapter au contexte actuel, etc.

C’est pourquoi la présente édition se veut davantage pragmatique, mettant en relation le


contexte socio-économique avec l’environnement, notamment en posant les problématiques
environnementales relatives à la dynamique démographique et à l’exercice des activités
génératrices de croissance économique. Par la suite, l’identification des pressions naturelles et
anthropiques qui ont façonné l’état actuel des composantes environnementales, l’évaluation
des impacts y afférents, expriment des moments forts d’approfondissement desdites
problématiques.

Ce faisant, on peut déduire que cette édition, qui n’a nullement une vocation encyclopédique,
est à la fois une communication efficace et invite à renforcer les réponses déjà nombreuses aux
multiples défis environnementaux. Elle a nécessité en conséquence, des analyses qui reposent
sur des données bien assurées, obtenues à l’issue d’un processus participatif et transparent
ayant enregistré une forte implication des divers acteurs de l’environnement.

En réalité, le Rapport national sur l’Etat de l’Environnement au Mali, en son édition de 2017,
est le fruit des efforts conjugués de toutes les structures (étatiques ou non) aux niveaux national
et régional qui l’ont véritablement approprié.

J’ose espérer que cette appropriation constitue le vrai départ d’une participation réelle de tous
les citoyens à la sauvegarde et l’amélioration de ce qui reste de notre environnement
longuement et durement éprouvé par les aléas climatiques et nos modes de production et de
consommation.

LE MINISTRE DE L’ENVIRONNEMENT, DE L’ASSAINISSEMENT


ET DU DEVELOPPEMENT DURABLE

Madame KEITA Aïda M’BO

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 2


REMERCIEMENTS

Ce document a été préparé par l’Agence de l’Environnement et du Développement grâce à


l‘appui de la Banque mondiale et le Programme des Nations Unies pour le Développement
(PNUD) à travers respectivement, le Projet de Gestion des Ressources Naturelles dans un
contexte de Changements Climatiques (PGRN-CC) et le Projet Initiative Pauvreté
Environnement (IPE).

Le document est le fruit d’un consensus, né d’une démarche participative ayant impliqué les
structures nationales et régionales, les organisations concernées par la protection de notre
environnement, que sont les Institutions de l’Etat, les Départements ministériels, la Société
civile, les Collectivités territoriales et les personnes ressources.

Nos vifs remerciements sont adressés à toutes ces structures et personnes dont l’engagement et
l’implication ont rendu possible l’édition de cette 7ème Rapport national sur l’Etat de
l’Environnement du Mali.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 3


SOMMAIRE

PREFACE ....................................................................................................................................2
REMERCIEMENTS ...................................................................................................................3
LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES .....................................................................................6
LISTE DES TABLEAUX ...........................................................................................................11
LISTE DES FIGURES ................................................................................................................11
LISTE DES PHOTOS .................................................................................................................12
LISTE DES CARTES .................................................................................................................13
LISTE DES ENCADRES ...........................................................................................................13
RESUME ............................................................................................. Erreur ! Signet non défini.
METHODOLOGIE ..................................................................................................................20
INTRODUCTION .....................................................................................................................22
CHAPITRE 1 : PANORAMA DES ELEMENTS CONSTITUTIFS DE
L’ENVIRONNEMENT AU MALI ..........................................................................................24
CHAPITRE 2 : L’ENVIRONNEMENT SOCIO-ECONOMIQUE .....................................27
2.1. LA POPULATION ..........................................................................................................27
2.2. LE CONTEXTE ECONOMIQUE ...................................................................................31
2.2.1. Les tendances des indicateurs macro-économiques .............................................................. 31
2.2.2. La Pauvreté et le Développement humain au Mali................................................................. 33
2.3. LES ACTIVITES ECONOMIQUES : Génératrices de croissance économique mais au
prix de dommages environnementaux. ....................................................................................35
2.3.1. L’agriculture : Des enjeux environnementaux pour une quête de sécurité alimentaire ......... 35
2.3.2. L’élevage : En question, l’accroissement du cheptel conjugué au système d’élevage extensif .
.......................................................................................................................................................... 38
2.3.3. La pêche : Le plus grand dommage à l’environnement réside dans des pratiques
défavorables au développement des ressources halieutiques........................................................... 40
2.3.4. L’exploitation forestière : Une activité économique en rupture avec la durabilité
environnementale ............................................................................................................................. 41
2.3.5. L’énergie : Le rôle de la biomasse demeure prépondérant au Mali ...................................... 44
2.3.6. Industrie et mines : Une efficacité économique au prix d’inefficiences environnementales. 45
2.3.7. Les transports : l’état du parc routier demeure l’un des principaux défis environnementaux
.......................................................................................................................................................... 50
CHAPITRE 3 : LES MILIEUX NATURELS ......................................................................52
3.1. L’AIR ET LE CLIMAT ...................................................................................................52

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 4


3.1.1. L’évolution de la température ................................................................................................ 54
3.1.2. L’évolution de la pluviométrie ............................................................................................... 60
3.1.3. La modélisation et projection à l’horizon 2100 ...................................................................... 62
3.1.4. Les tendances du rapport Evapotranspiration Potentielle (ETP) / pluie (P) ........................... 63
3.2. LA BIODIVERSITE AU MALI : ....................................................................................64
3.3. LA FLORE .......................................................................................................................71
3.3.1. Les formations forestières ...................................................................................................... 71
3.2.2. Les pâturages : ........................................................................................................................ 82
3.4. LA FAUNE : La grande faune se fait de plus en plus rare..............................................84
3.5. LE SOL .............................................................................................................................88
3.6. L’EAU ..............................................................................................................................90
CHAPITRE 4. LE CADRE DE VIE.....................................................................................106
4.1. L’URBANISATION AU MALI : ..................................................................................106
4.2. L’ACCES A L’ELECTRICITE : un écart important entre urbains et ruraux ................108
4.3. L’ACCES A L’EAU POTABLE : Une avancée remarquable sur l’ensemble du
territoire.................................................................................................................................108
4.4. L’ACCES A L’HYGIENE ET L’ASSAINISSEMENT ................................................109
4.5. LES CARACTERISTIQUES DU LOGEMENT ...........................................................110
4.6. Les déchets : ...................................................................................................................111
4.7. LES RISQUES ET CATASTROPHES POTENTIELS .................................................121
CHAPITRE 5 : DE GRANDS CHANTIERS AU MALI POUR RELEVER CERTAINS
GRANDS DEFIS ENVIRONNEMENTAUX .......................................................................127
2.3. QUELQUES ATOUTS A HAUTEUR DES AMBITIONS POUR
L’ENVIRONNEMENT .........................................................................................................127
2.4. QUELQUES GRANDS CHANTIERS ENVIRONNEMENTAUX AU MALI ....131
CHAPITRE 6 : RECOMMANDATIONS ............................................................................132
CONCLUSION ........................................................................................................................132
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ..............................................................................132

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 5


LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES

ABFN Agence du Bassin du Fleuve Niger


ABN Autorité du Bassin du Niger
ACN Aménagement en Courbes de Niveau
AE Audit Environnemental
AEDD Agence de l’Environnement et du Développement Durable
AGCC Alliance Globale contre le Changement Climatique
AIPMKS Aéroport International Président Modibo KEITA Sénou
AME Accord Multilatéraux sur l’Environnement
AMMA Analyses Multidisciplinaires de la Mousson Africaine
ANGESEM Agence Nationale de Gestion des Stations d’Épuration du Mali
AN-RM Assemblée Nationale - République du Mali
ATPC Assainissement Total Piloté par les Communauté
BAD Banque Africaine de Développement
BM Banque Mondiale
CCNUCC Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques
CDMT Cadre de Dépenses à Moyen Terme
CDN Contribution Déterminée au niveau National
CEDEAO Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest
CES Conservation des Eaux et du Sol
CES/DRS Conservation des Eaux et des Sols/ Défense et Restauration des Sols
CET Centre d’Enfouissement Technique
CG_SIFOR Cellule de Gestion du Système d'Information Forestier
CID Convention Internationale de Lutte Contre la Désertification
CIGC Comité Interministériel de Gestion de Crises et Catastrophes
CILSS Comité Inter Etats de Lutte contre la Sécheresse au Sahel
CITES Convention sur le Commerce International des Espèces de faune et de flores
menacées d’extinction
CMAE Conférence Ministérielle Africaine sur l’Environnement
CMDT Compagnie Malienne pour le Développement du Textile
CNE Conseil National de l’Environnement
COGIAM Collectif des GIE et Associations du Mali
COP Conférence des Partis
CPS Cellule de Planification et de Statistique
CPS Cellule de Planification et de Statistique
CQE Contrôle de Qualité Externe
CREDD Cadre de Relance Economique et de Développement Durable
CSA Commissariat à la Sécurité Alimentaire
CSCOM Centre de Santé Communautaire
CSCRP Cadre Stratégique pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté
CSRéf Centre de Santé de Référence
CT Collectivités Territoriales
DAF Direction Administrative et Financière
DBM Déchets Biomédicaux
DBO Demande Biologique en Oxygène
DGPC Direction Générale de la Protection Civile

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 6


DGRC Direction Générale de la Réglementation et du Contrôle
DIN Delta Intérieur du fleuve Niger
DNA Direction Nationale de l’Agriculture
DNACPN Direction Nationale de l’Assainissement et du Contrôle des Pollutions et
Nuisances
DNE Direction Nationale de l’Energie
DNEF Direction Nationale des Eaux et Forêts
DNGM Direction Nationale de la Géologie et des Mines
DNH Direction Nationale de l’Hydraulique
DNI Direction Nationale de l’Industrie
DNP Direction Nationale de la Population
DNPD Direction Nationale de la Planification du Développement
DNPIA Direction Nationale des Productions et des Industries Animales
DNPSES Direction Nationale de la Protection Sociale et de l’Economie Solidaire
DNSE Dispositif National de Surveillance Environnementale
DNSI Direction Nationale de la Statistique et de l’Informatique
DNTTMF/OT Direction Nationale des Transport Terrestres, Maritimes et fluviaux /
Observatoire des Transports
DPSIR Driving force-Pressure-State-Impact-Reponse
DRACPN Direction Régionale de l’Assainissement et du Contrôle des Pollutions et
Nuisances
DREF Direction Régionale des Eaux et Forêts
DRH Direction Régionale de l’Hydraulique
DRPSIAP Direction Régionale de la Planification, de la Statistique et de
l’Informatique, de l’Aménagement du Territoire et de la Population
EAC Enquête Agricole de Conjoncture
EDM SA Energie du Mali Société Anonyme
EDM Energie du Mali
EDS Enquêtes Démographiques et de Santé
EDSV-M Enquête
EES Evaluation Environnementale Stratégique
EIES Etude d’Impact Environnemental et Social
EMEP Enquête Malienne sur l’’Evaluation de la Pauvreté
EMOP Enquête Modulaire et Permanente auprès des Ménages
EPEM Equivalent Point d’Eau Moderne
ERP Etablissement Recevant du Publics
ERSAP Projet Extensions et Renforcement du Système des Aires Protégées
ETP Evapotranspiration potentielle
ETP/P Evapotranspiration potentielle/pluie
EVRCC Economie Verte et Résiliente aux Changements Climatiques
FAO Organisation des Nations unies pour l’Alimentation et l’Agriculture
FCM Fonds Climat Mali
FDAL Fin de Défécation à l’Air Libre
FEM Fonds pour l’Environnement Mondial
FIDA Fonds International pour le Développement Agricole
FNAM Fédération Nationale des Artisans du Mali
FONABES Forêts Naturelles et Approvisionnement durable en Bois Energie des villes
du Sahel

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 7


FVC Fonds Vert pour le Climat
GCCA Global Climate Change Alliance
GDT Gestion Durable des Terres
GEDEFOR Gestion Décentralisée des Forêts
GIE Groupement d’Intérêt Economique
GIEC Groupe Intergouvernemental d'Etudes sur le Climat
GIRE Gestion Intégrée des Ressources en Eau
GIRENS Gestion Intégrée des Ressources en Eau du Niger Supérieur
GIZ Agence de Coopération Internationale Allemande pour le Développement
HCC Haut Conseil des Collectivités
IDH Indice de Développement Humain
IEC Information, Education, Communication
IER Institut d’Economie Rurale
IGH Immeuble à Grande Hauteur
INSTAT Institut National de la Statistique
IPC Integrated Phase Classification
IPE projet Initiative Pauvreté-Environnement
IRD Institut de Recherche pour le Développement
IST/VIH sida Infection Sexuellement Transmissible, Virus de l’Immunodéficience
Humain
LCV Laboratoire Central Vétérinaire
LNE Laboratoire National des eaux
LOA Loi d'Orientation Agricole
MA Ministère de l’Agriculture
MDP Mécanisme de Développement Propre
MEA Ministère de l’Environnement et de l’Assainissement
MEADD Ministère de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement
Durable
MEE Ministère de l’Energie et de l’eau
MICS Indicateur Multiples aux dépenses de consommation des Ménages
MICS-ELIM Enquête par Grappe à Indicateur Multiples aux dépenses de consommation
des Ménages
MNV Mesure, Notification et Vérification
MS Matières Sèches
MUH Ministère de l’Urbanisme et de l’Habitat
ODD Objectifs de Développement Durable
ODHD/LCP Observatoire du Développement Humain Durable pour la lutte Contre la
Pauvreté
OHVN Office de la Haute Vallée du fleuve Niger
OMD Objectifs de Développement du Millénaire
OMM Organisation Météorologique Mondiale
OMS Organisation Mondiale de la Santé
OMU Observatoire des Milieux Urbains
OMVS Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal
ONG Organisation Non Gouvernementale
PACUM Projet d’Appui aux Communes Urbaines du Mali
PADESO Programme d’Appui au Développement Durable de l’Elevage au Sahel
Occidental
PAG Plan d’Aménagement et de Gestion

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 8


PAGEEM Programme de Généralisation de l’Education Environnementale au Mali
PAIRCC Programme d’Appui aux Initiatives du RESO Climat Mali pour l’adaptation
aux Changements Climatiques
PAN Plans d’Actions Nationaux
PANA Plan d'Action National d'Adaptation
PANC Plan d’Action National Climat
PAN-CID Programme d'Action National de Lutte contre la Désertification
PAPAM Programme d’Appui à la Production Agricole du Mali
PAPE /GTZ Projet d’Appui à la Politique Environnementale de la Coopération
Allemande
PASP Programme Africain relatif aux Stocks de Pesticides obsolètes
PATTEC Pan African Tsétsé and Tripanosomiasis Eradication Campaigne
PCA-GIRE Projet Conjoint d’Appui à la Gestion Intégrée des Ressources en Eau
PDA/RN Programme de Développement Accéléré des Régions du Nord
PDD-DIN Projet de Développement Durable du Delta Intérieur du Niger
PDDSS Plan Décennal de Développement Sanitaire et Social
PDES Programme de Développement Economique et Social
PEPPO Projet d’Elimination & de Prévention des Pesticides obsolètes
PFIE Programme de Formation et d’information Environnementale
PFNL Produits Forestiers Non Ligneux
PGES Plan de Gestion Environnementale et Sociale
PGRNCC Projet de Gestion des Ressources Naturelles et Changement Climatique
PIB Produit Intérieur Brut
PIRL Projet Inventaire des Ressources Ligneuses au Mali
PIRT Projet Inventaire des Ressources Terrestres
PNA Politique Nationale d’Assainissement
PNISA Programme National d’Investissement dans le Secteur Agricole
PNP Politique Nationale de Population
PNPE Politique Nationale de Protection de l’Environnement
PNR Plan National de Réponses
PNSFN Programme National de Sauvegarde du Fleuve Niger
PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement
PRAPS Projet Régional d’Appui au Pastoralisme au Sahel
P-RM Présidence République du Mali
PRODEC Programme Décennal de l'Education et de la Culture
PRODESS Programme Décennal de la Santé et des Affaires Sociales
PROSEA Programme Sectoriel Eau et Assainissement
PSA Plans Stratégiques d’assainissements
PTBA Plan de Travail et Budget Annuel
PTF Partenaire Technique et Financier
RAIE Réseau Africain d’information sur l’Environnement
RAMSAR Convention sur les zones humides d’importance internationale
RASOP Renforcement des capacités des opérateurs africains d’assainissement par
des partenariat d’apprentissage entre paires
REDD Reducing Emissions from Deforestation and Forest Degradation in
Developing
RGPH Recensement Général de la Population et de l’Habitat
RNSE Réseau National de Surveillance Environnementale
ROSELT Réseau d’Observatoires et de Surveillance Ecologique à Long Terme

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 9


SAP Système d'Alerte Précoce
SDAB Schéma Directeur d’Aménagement de Bamako
SIFOR Système d’Information Forestier
SIG Système d’information Géographique
SIGMA Système Informatique de Gestion des ressources en eau du MAli
SLIS Système Local d’Information Sanitaire
SNACR
SNAT Schéma National d'Aménagement du Territoire
SNFE Stratégie Nationale de Financement de l’Environnement
SNGIE Système National de Gestion de l’Information Environnementale
SREP Programme de Valorisation à Grande Echelle des Energies Renouvelables
TCN Troisième Communication Nationale
UBT Unité Bétail Tropical
UEMOA Union Economique et Monétaire Ouest Africaine
UICN Union Internationale pour la Conservation de la Nature
UNDP United Nations Développement Programme
UNEP United Nations Environnement Programme
UNESCO Organisation des Nations Unies pour l’Education et la Culture
UNICEF Fonds des Nations unies pour l'enfance
WAAPP/ West Africa Agricultural Productivity Program/Programme de Productivité
PPAO Agricole en Afrique de l’Ouest

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 10


LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Evolution des taux de croissance sectorielle et du PIB au cours de la décennie
2007- 2016...................................................................................................................................31
Tableau 2 : Evolution des superficies réalisées par type de spéculation de 2015/2016 à
2016/2017 (en Ha) .......................................................................................................................36
Tableau 3 : Evolution des quantités d’engrais utilisés de 2013 à 2017 (en Tonne) ....................37
Tableau 4 : Pêche de capture : niveau des débarquements contrôlés (en tonne) ........................40
Tableau 5 : Grille de phasage des niveaux de sécurité alimentaire .............................................43
Tableau 6 : Situation du parc de véhicules routiers du Mali dans la série normale par type de
véhicules en 2016 ........................................................................................................................51
Tableau 7 : Bilan des émissions de gaz à effet de serre au Mali de 2007à 2012 ........................53
Tableau 8 : Incidence des maladies liées à la pollution de l'air...................................................53
Tableau 9 : Biodiversité de la faune au Mali ..............................................................................65
Tableau 10 : Espèces de poissons rencontrées dans le DIN ........................................................66
Tableau 11 : Ordre, familles, genre et espèces des insectes capturés ou observés dans la zone du
projet PATTEC ...........................................................................................................................66
Tableau 12 : Diversité génétique de certaines espèces de plantes cultivées au Mali ..................67
Tableau 13 : Evolution des superficies défrichées de 2008 à 2017 (ha) .....................................74
Tableau 14 : Bilan de l’évolution des surfaces agricoles et forestières de 1987 à 2014. ............75
Tableau 15 : Situation des formations forestières par région ......................................................79
Tableau 16 : Extrait de la grille d’évaluation de la qualité des eaux de surface .........................99
Tableau 17 : Résultats d’analyse physico-chimique des eaux de surface au Mali ....................100
Tableau 18 : Présence de métaux lourds dans les eaux de surface ...........................................101
Tableau 19 : Incidence des maladies d’origine hydrique .........................................................103
Tableau 20 : Evolution des réalisations de la composante eau du PROSEA ............................104
Tableau 21 : Evolution du taux d’accès à l’électricité (2013-2017) .........................................108
Tableau 22 : Evolution du taux d’accès des populations à l’eau potable (2013-2017) .............109
Tableau 23 : Accès de la population à différents type de revêtement du sol de la maison .......110
Tableau 24 : Nombre de personnes par pièce utilisée pour dormir ...........................................111
Tableau 25 : Identification des risques par région ....................................................................124

LISTE DES FIGURES

Figure 1 : Evolution de la population malienne de 2006 à 2017.................................................28


Figure 2 : Pyramide des âges de la population du Mali- 2017 ....................................................28
Figure 3 : Evolution de l’incidence de la pauvreté de 2011 à 2017 (%) .....................................33
Figure 4 : Evolution des consommations d’énergies de 2007 à 2016 .........................................45
Figure 5 : Consommation (en tonne) de cyanure dans les mines industrielles au Mali de 2015 à
2017 .............................................................................................................................................47
Figure 6 : Evolution de la température maximale sur 30 ans à Sikasso .....................................54
Figure 7 : Evolution de la température maximale sur 30 ans à Ségou .......................................55

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 11


Figure 8 : Evolution de la température maximale sur 30 ans à Mopti ........................................55
Figure 9 : Evolution de la température maximale sur 21 ans à Tombouctou (1988-2011).........55
Figure 10 : Evolution de la moyenne annuelle sous abri de la température minimale de 1988 à
2017 à Sikasso .............................................................................................................................56
Figure 11 : Evolution de la moyenne annuelle sous abri de la température minimale de ...........56
Figure 12 : Evolution de la moyenne annuelle sous abri de la température minimale de 1988 à
2017 à Mopti ...............................................................................................................................56
Figure 13 : Evolution de la moyenne annuelle sous abri de la température minimale de 1988 à
2011 à Tombouctou .....................................................................................................................57
Figure 14 : Evolution de la moyenne annuelle des températures sous abri à Sikasso ................57
Figure 15 : Ecarts avec la valeur normale 1981-2010 à Sikasso (Température normale : 27.5) 58
Figure 16 : Evolution de la moyenne annuelle des températures sous abri à Ségou ...................58
Figure 17 : Ecarts avec la valeur normale 1981-2010 à Ségou (Température normale : 29.4)..58
Figure 18 : Evolution de la moyenne annuelle des températures sous abri à Mopti ...................59
Figure 19 : Ecarts avec la valeur normale 1981-2010 à Mopti (29.4) ........................................59
Figure 20 : Evolution de la moyenne annuelle des températures sous abri à Tombouctou ........59
Figure 21 : Ecarts avec la valeur normale 1981-2010 à Tombouctou ........................................60
Figure 22 : Evolution de la pluviométrie sur 30 ans à la station météorologique synoptique de
Sikasso. ........................................................................................................................................60
Figure 23 : Evolution de la pluviométrie sur 30 ans à la station météorologique synoptique de
Ségou ...........................................................................................................................................61
Figure 24 : Evolution de la pluviométrie sur 30 ans à la station météorologique synoptique de
Mopti. ..........................................................................................................................................61
Figure 25 : Evolution de la pluviométrie sur 24 ans à la station météorologique synoptique de
Tombouctou ................................................................................................................................62
Figure 26 : Modèle graphique de détermination des évènements climatiques ...........................63
Figure 27 : Evolution de la consommation de bois de chauffe de 2008 à 2017..........................72
Figure 28 : Situation d'exploitation du charbon de bois de 2008 à 2017 ....................................73
Figure 29 : Evolution des formations semi-naturelles par région de 1987 à 2014......................75
Figure 30 : Evolution des superficies brûlées par région ............................................................77
Figure 31 : Evolution de l’occurrence des feux de brousse ........................................................77
Figure 32 : Représentation graphique des superficies forestières par région (en Ha) .................78
Figure 33 : Représentation graphique des principaux types de formations forestières dans les
régions étudiées. ..........................................................................................................................80
Figure 34 : L’étalement de la ville de Bamako de 1641 à 2012................................................107
Figure 35 : Evolution des financements acquis du portefeuille des Programmes et Projets .....130

LISTE DES PHOTOS


Photo 1 : Types de troncs d’arbres utilisés comme échafauds de puits miniers ........................76
Photo 2 : Ensablement du fleuve Niger à Gao ............................................................................91
Photo 3 : Vue partielle du barrage de Markala sur le fleuve Niger .............................................91
Photo 4 : Teinturières dans le lit du fleuve Niger à Bamako ......................................................92
Photo 5 : Une drague suceuse ou aspiratrice ...............................................................................93

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 12


Photo 6 : Une drague à godets .....................................................................................................94
Photo 7 : Multiplicité des dragues dans le lit mineur du fleuve Niger ........................................94
Photo 8 : Bancs de sable et de gravier issus de l’activité des dragues dans le fleuve Niger .....96
Photo 9 : Plan d’eau couvert de laitue d’eau douce (Pistia stratiotes) .....................................102
Photo 10 : Protection mécanique d’une berge du fleuve Niger à Ségou ...................................105
Photo 11 : Dépôt d’ordures sur dans une rue en plein centre de Bamako (2017) .....................113
Photo 12 : Une scène de tri de déchets dans un dépôt de transit d’un quartier du District de
Bamako......................................................................................................................................113
Photo 13 : Equipements de la décharge ....................................................................................114
Photo 14 : Bassin de lixiviation de la décharge .......................................................................114
Photo 15 : Un bassin de la STEP du Pt G Photo 16 : Un bassin de la STEP de Mopti 118
Photo 17 : Incendie de l’Immeuble Niuma BELEZA à l’ACI 2000 à Bamako ........................122
Photo 18 : Scène d’inondation en 2015 dans le cercle de Kita, région de Kayes .....................125
Photo 19 : Scène de distribution d’aide aux sinistrés à Sébékoro (cercle de Kita) ...................126

LISTE DES CARTES


Carte 1 : Le relief du Mali ...........................................................................................................24
Carte 2 : Zones bioclimatiques du Mali ......................................................................................26
Carte 3 : Carte communale de la pauvreté des conditions de vie au Mali (ODHD/LCP, IPC
2014)............................................................................................................................................34

LISTE DES ENCADRES


Encadré 1 : Le niveau de sécurité alimentaire et nutritionnel au Mali de 2015 à 2017. ............42
Encadré 2 : L’or au Mali: une richesse qui risque d’appauvrir à terme ....................................48
Encadré 3 : L’exploitation aurifère par dragage des cours d’eau : Un grand péril sur les
ressources en eau au Mali ...........................................................................................................93
Encadré 4 : La décharge finale des déchets solides de la ville de Sikasso : une expérience à
généraliser dans les grandes villes du Mali. .............................................................................114
Encadré 5 : Des latrines pour tous : bientôt la fin de défécation à l’air libre au Mali .............117
Encadré 6 : Zoom sur les déchets biomédicaux au Mali ..........................................................120

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 13


RESUME

Le rapport national sur l’état de l’environnement au Mali vise à « Contribuer à la protection de


l’environnement et à l’amélioration du cadre de vie des populations en renforçant la prise de
conscience sur les enjeux environnementaux dans les décisions collectives et individuelles par
la mise à disposition d’informations pertinentes ».

L’édition de 2017, la septième résulte d’une méthodologie axée sur l’analyse des forces
motrices du changement, la description de l’état de l’environnement sous diverses pressions et
impacts et l’identification des initiatives et actions envisagées en guise de réponses. Son
élaboration s’est voulue très participative, à travers l’implication effective des acteurs étatiques
et non étatiques, organisés en groupes de travail autour de quatre thématiques
environnementales à savoir: l’environnement socio-économique, les milieux naturels, le cadre
de vie et la gouvernance environnementale.

L’environnement socio-économique du Mali, porteur de croissance économique est aussi la


principale force motrice du changement. Il est la résultante des activités d’une population
estimée à 18,9 millions d’habitants en 2017 (DNP-2017), caractérisée par un taux de
croissance élevé (3,6% par an) et une forte migration en direction des villes. Les conséquences
qui en découlent sont entre autre l’augmentation de la demande sociale (santé, d’éducation,
d’approvisionnement en eau potable et d’assainissement, de besoins énergétiques, etc.),
l’extension des villes, l’occupation anarchique de l’espace, la dégradation du cadre de vie, etc.
L’analphabétisme frappe encore 66% de cette population en 2017, malgré l’augmentation des
infrastructures (EMOP-2017). L’accès aux soins de santé s’est beaucoup amélioré, passant de
47% à 59% entre 2004 et 2016 dans un rayon de 5 km et de 71% à 81% au cours de la même
période dans un rayon de 15 km (SLIS- 2016).

Les tendances macroéconomiques indiquent d’importantes fluctuations des indicateurs au cours


de la période 2007- 2017. Ces fluctuations concernent aussi bien le taux de croissance global
que les taux de croissance sectoriels. L’Indice de Développement Humain est de 0,442 en 2015,
faisant passer le Mali, de 177ème à 175ème sur 188 pays classés (PNUD- Rapport Mondial sur le
Développement Humain- 2017). Quant à la pauvreté monétaire, elle touche 44,9 % en 2017,
soit une diminution de 0,7 point de pourcentage par rapport à la situation de l’année 2011
estimée à 45,6% (ODHD/LCP- 2017). Malgré cette baisse, son incidence demeure importante
d’où le risque d’une surexploitation des ressources naturelles par les couches pauvres.

L’agriculture en tant qu’activité économique, comporte d’importants enjeux environnementaux


relatifs entre autre au système de fertilisation des sols (faible utilisation de la fumure
organique), la montée en puissance de la motorisation (risque d’un déboisement excessif) et
l’utilisation incontrôlée des pesticides (risque de pollution des eaux, des sols et de dégradation
de la biodiversité). L’élevage enregistre un accroissement substantiel du bétail dont
l’alimentation repose principalement sur les ressources naturelles fréquemment agressées par la

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 14


forte concentration des troupeaux sur des espaces réduits, l’émondage d’essences fourragères,
les feux de brousse, etc. L’activité de pêche recourt de plus en plus à des pratiques défavorables
au maintien de la capacité de production des pêcheries (utilisation de filets à petites mailles et
captures de sujets immatures) et l’utilisation de la biomasse pour la transformation du poisson.
L’exploitation forestière bascule vers la surexploitation en passe de devenir la principale cause
de dégradation des ressources forestières du Mali. En effet les besoins d’énergie domestique
couverts par la biomasse, ont enregistré un accroissement de 142% entre 2007 et 2016 (DNE-
2017). Au plan industriel, les entreprises rejettent d’importantes quantités de déchets qui ont
atteint 8 723 tonnes en 2014 pour 564 entreprises, soit en moyenne, 15 tonnes par entreprise
(DNI- Recensement industriel -2015). Le parc motorisé routier est vétuste : les véhicules de
plus de 10 ans représentent 67,07% en 2016 (DNTTMF/ OT- 2017). Le fonctionnement de ce
parc repose essentiellement sur les hydrocarbures et contribue ainsi à la pollution de l’air et
l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre.

Les milieux naturels comprennent les milieux, aérien (air et le climat), terrestre (flore, faune,
sol), aquatique (eau).

L’air subit des pollutions dues aux gaz émis par les transports, l’industrie, l’élevage, l’énergie,
les feux de brousse, etc. On estime que les émissions de gaz à effet de serre au Mali ont
enregistré une légère augmentation entre 2007 et 2012. La pollution de l’air impacte le climat
et affecte l’état de santé des populations. Le nombre de nouveaux cas de maladies liées à la
qualité de l’air a atteint 1 236 252 en 2015 pour ensuite retomber à 305 603 cas en 2016 (DNS-
2016).Au plan climatique, la pluviométrie affiche une tendance à la baisse et une forte
variabilité spatiale et temporelle. L’analyse de l’évolution des températures fait ressortir que les
journées sont de plus en plus chaudes et les nuits de moins en moins froides. Selon le modèle
de simulation, le réchauffement se poursuivra jusqu’à l’horizon 2100.

Sous ce climat, le Mali renferme une diversité d’écosystèmes terrestres, fluviaux et lacustres,
abritant chacun plusieurs espèces animales et végétales dont la plupart sont menacées par les
effets du changement climatique et les actions anthropiques. Le changement climatique a le
plus impacté négativement la biodiversité au Mali. Il a provoqué entre autre, la « sahélisation »
des savanes, la réduction des bourgoutières dans le delta central du Niger, la perte de variétés
d’environ 60 % au sud, 40 % au centre, 25 % au nord et à l’ouest (Kouressy et al, 2001) et la
chute des rendements des plantes cultivées. Les activités humaines les plus préjudiciables à la
biodiversité sont : le défrichement des terres, l’exploitation forestière, les feux de brousse,
l’utilisation incontrôlée des engrais chimiques et des pesticides, les mauvaises pratiques de
pêche, etc. En guise de réponse à ces diverses pressions, le Mali a signé et ratifié des
conventions internationales dont la mise en œuvre a donné lieu à plusieurs initiatives et actions
qui concourent à la préservation de la diversité biologique.

Les formations forestières constituent l’essentiel de la flore au Mali. Elles sont menacées par
l’insuffisance et l’irrégularité interannuelle des pluies, la longueur de la saison sèche, les fortes
températures et l’évapotranspiration, la surexploitation, l’expansion agricole, l’activité minière
et les feux de brousse.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 15


Ces formations couvraient une superficie de 54 434 781 ha en 2014. Le volume total sur pied
est estimé à 221 172 159 m3 à la même date, soit une densité moyenne de 17,4m3/ha en
« surface agricole » et de 446 700 672 m3 et 20,5 m3/ha dans les formations semi naturelles
(DNEF – 2014).

On assiste actuellement à une forte déforestation qui provoque le dysfonctionnement et la


dégradation des écosystèmes (disparition d’espèces de plantes, d’animaux et d’insectes utiles,
réduction des capacités de séquestration de carbone, raréfaction du bois énergie, etc.).

Des initiatives sont en cours ou en perspective pour réduire les différentes pressions et
réhabiliter les formations forestières (Aménagements, classement, reboisement, régénération
naturelle assistée, etc.)

Les pâturages, tout comme les formations forestières, sont des écosystèmes très importants,
sur lesquels repose l’élevage au Mali. Les diverses zones pastorales se distinguent par leur
productivité en matières sèches (fourrage), suivant les isohyètes et la nature des sols. Les
pâturages au Mali se dégradent de plus en plus, suite au surpâturage, aux feux de brousse, aux
diverses pressions agricoles qui, conjugués aux facteurs climatiques, réduisent la quantité et la
qualité de la biomasse. La désertification s’accélère, suite à la destruction du tapis herbacé et
la dégradation du sol. Les parcours pastoraux se réduisent et se déplacent de plus en plus du
nord vers le sud avec comme conséquence entre autre, la recrudescence de conflits entre
éleveurs et agriculteurs.

Plusieurs actions sont en cours pour assurer la gestion durable des ressources pastorales. Il
s’agit notamment de : la vulgarisation des espèces animales et végétales adaptées, la promotion
des cultures fourragères, la réalisation des forages, la restauration des points d’eau (mares,
marigot et lacs), etc.

Quant à la faune sauvage, elle traverse au Mali une phase critique de son existence à cause
de la déforestation, du braconnage, de l’occupation agricole et/ou pastorale de ses habitats et
la faiblesse des crues des cours d’eau. Néanmoins, on rencontre encore la gamme des
mammifères sauvages, d’oiseaux et de reptiles de savane et de steppe sahélienne,
particulièrement dans certaines aires protégées.

La dégradation de l’état de la faune a quasiment fait disparaître l’écotourisme, provoqué un


dysfonctionnement des écosystèmes et privé une partie de la population d’une importante
source de protéines. Au regard de ces impacts, le Mali ambitionne de reconstituer son parc
faunique et entreprend pour ce faire, plusieurs initiatives telles que l’amélioration et la
protection des forêts, la formation et l’équipement des agents forestiers et de la brigade anti
braconnage, etc.

Concernant les sols maliens, on distingue cinq types dominants : sols ferrugineux tropicaux
(peu lessivés et lessivés), sols minéraux bruts, sols peu évolués, sols brunifiés et sols
hydromorphes (IER / Labo SEP/IER 2016). La forte pression démographique a provoqué la
mise en culture des terres marginales et/ou forestières et la réduction de la durée des jachères.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 16


L’exploitation abusive des forêts a dénudé de vastes étendues de sol aujourd’hui exposées à
l’érosion. Les sols maliens souffrent actuellement d’une carence en éléments nutritifs majeurs,
d’un faible taux de matière organique (60% des sols contiennent moins de 1%), et d’une faible
capacité de rétention d’eau. Ils sont aussi peu profonds, sensibles à l’érosion, avec une
tendance à acidification (pH entre 4,6 et 5,8). (Rapport étude pédologique Labo SEP/IER
2015)

Pour sauvegarder ces sols, la Gestion Durable des Terres compte parmi les initiatives destinées
entre autre à freiner la dégradation des terres. Elle constitue un cadre de référence cohérent et
précis sur les actions nécessaires au maintien et/ou l’amélioration de la fertilité des sols.

Les ressources en eau du Mali sont constituées par les bassins fluviaux du Niger sur 300.000
Km², du Sénégal sur 155.000 Km², de la Volta (à travers son affluent le Sourou) sur 15.392
km² et les nappes souterraines. Leur rôle est déterminant dans l’atteinte de la sécurité
alimentaire (irrigation et eau potable). Elles supportent beaucoup d’activités dont les
externalités négatives constituent les causes majeures de leur dégradation (extraction de l’or,
transports fluviaux, industrie, artisanat, etc.).

Le fleuve Niger offre à cet égard, une illustration parfaite. D’une longueur totale de 4200 km
dont 1 750 km au Mali, ce fleuve est menacé par plusieurs facteurs naturels (évaporation,
évapotranspiration, déplacement des dunes et ensablement, etc.) et anthropiques (construction
d’ouvrages de dérivation ou de retenue d’eau, prolifération de périmètres irrigués et
d’aménagements aquacoles, orpaillage, teinturerie, eaux usées domestiques et/ou industrielles,
engrais chimiques et pesticides etc.). Ces facteurs influencent le régime et la qualité des eaux,
modifient les écosystèmes aquatiques et affectent négativement la biodiversité. Leur incidence
est aggravée par diverses agressions des berges et servitudes notamment au niveau des centres
urbains et semi urbains (occupation anarchique par des parcelles agricoles, logements, services
privés, grands chantiers de construction, garages d’automobile etc.).

Globalement les eaux de surface du Mali sont de qualité physico-chimique satisfaisante ; elles
ne menacent pas la vie aquatique et peuvent être utilisées non seulement dans l’agriculture et
l’élevage, mais aussi comme eaux de boisson sous réserve d’un traitement adéquat (LNE-2017).
Toutefois, les traces de cyanure et la présence de phosphates observées par endroits sont à
surveiller de près, surtout dans les zones minières.

L’accès à l’eau potable et à l’eau pour les autres usages est devenu un leitmotiv qui a donné
lieu à plusieurs initiatives. Grâce à la Gestion Intégrée des Ressources en Eau et l’amélioration
de la qualité du service public de l’eau, le taux national d’accès à l’eau potable est passé de
65,3% en 2015 à 68% en 2017 (DNH-2017). Par ailleurs, le Programme National de
Sauvegarde du Fleuve Niger (PNS FN) en perspective vise à maintenir le fleuve Niger dans ses
fonctions économiques, environnementales, sociales et de mobilité. En attendant, le curage et
l’aménagement des berges de ce fleuve ainsi que l’enlèvement des plantes envahissantes se
poursuivent.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 17


Le cadre de vie des populations est marqué par une urbanisation galopante des villes.
Plusieurs quartiers se développent de plus en plus en hauteur, notamment à Bamako où l’on
constate entre autre une amélioration des infrastructures routières et la multiplication des
monuments, etc. Toutefois, cette urbanisation a entraîné une forte artificialisation des milieux
jadis naturels. Les villes se sont étalées jusqu’à absorber des villages environnants.
L’occupation illicite des places publiques, espaces verts, bas-fonds et berges, est devenue
monnaie courante pendant que s’accumulent les difficultés de circulation et de gestion des
déchets.

D’une manière générale, les taux d’accès à l’électricité (40 % en 2017 selon la DNE) et à l’eau
potable (68% en 2017) sont satisfaisants, mais avec des écarts importants entre villes et
campagnes. L’accès à l’hygiène et l’assainissement (utilisation d’installations sanitaires
améliorées, lavage des mains et traitement de l’eau à domicile) affiche les mêmes tendances,
de même que les aspects inhérents au logement.

C’est surtout la gestion des déchets qui constitue l’un des défis environnementaux majeurs au
Mali. Alors que théoriquement, les filières y afférentes semblent bien organisées, on assiste
pratiquement à la prolifération de dépôts anarchiques d’ordures, l’obstruction des caniveaux et
collecteurs par des déchets de toute nature (y compris les eaux usées), la dissémination de
déchets plastiques dans les rues et sur les espaces publics, etc. L’exemple de Bamako offre à
cet égard une parfaite illustration. Environ 1 932 224 tonnes de déchets solides sont produits
chaque jour à Bamako (DNACPN-PNA 2009). La plupart de ces déchets sont rejetés dans les
collecteurs ou caniveaux, dans la rue ou dans des dépôts sauvages. Les causes sont à rechercher
d’abord au niveau du conditionnement des déchets, dévolu aux ménages et aux unités
industrielles ou artisanales (non abonnement aux services d’un GIE d’enlèvement des déchets),
puis au niveau de la pré collecte, collecte et évacuation des déchets (insuffisance des GIE et de
dépôts de transit, faible capacité d’évacuation des déchets vers la décharge finale).

Afin d’améliorer la gestion des déchets solides de la ville de Bamako, la collecte et


l’évacuation ont été confiées à une entreprise privée. Par ailleurs, les actions de sensibilisation
des ménages s’intensifient.

Quant aux eaux usées, elles sont fréquemment évacuées dans les rues, les cours d’eau, les
caniveaux et collecteurs ou dans des trous à l’intérieur des concessions. Environ 51% des
ménages en milieu urbain et 77% en milieu rural, déversent sans traitement leurs eaux usées
dans la nature (SDAB 2008).

Les boues de vidange sont soit évacuées dans les caniveaux et collecteurs, soit enfouies à
l’intérieur ou à l’extérieur des concessions, ou déversées dans les champs, les marigots ou
ravins aux alentours des villes.

Les eaux pluviales sont drainées par les collecteurs et de caniveaux. Ceux-ci sont
malheureusement de plus en plus utilisés pour l’évacuation des eaux usées domestiques,
industrielles, artisanales et servent pour la plupart de dépotoirs de déchets solides.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 18


La gestion des déchets liquides au Mali a tendance à s’améliorer, suite à la réalisation de
nombreux ouvrages individuels d’assainissement. Les taux d’accès de la population à des
latrines fonctionnelles, lavoirs/ puisards fonctionnels et aux Service de vidange directe étaient
respectivement de 49 %, 4% et 19% en 2015 (DNACPN - 2014 à 2017). Cet élan est boosté par
le programme « Assainissement Total Piloté par les Communauté (ATPC) ». Au titre des
ouvrages collectifs, de 2015 à 2017, cinq (5) stations d’épurations ont été construites ; des
réseaux d’égouts ont été réalisés sur 5 122 ml dans certains établissements hospitaliers et
26 510 ml dans les villes de Mopti et Tombouctou. Il est prévu la construction de cinq stations
à Bamako dans le cadre de futurs projets et programmes (ANGESEM – 2017).

Dans le domaine des risques et catastrophes, l’accent est mis sur l’inondation qui est un
exemple de risque particulier relativement récurrent au Mali. Au cours de l’année 2017, il a été
observé 65 cas d’inondation, ayant causé des dégâts très importants : 84 474 animaux tués ou
disparus, 102,6 tonnes de vivres détériorés, 80 pirogues portées disparues et 2 157 maisons
détruites. Cette catastrophe a affecté 1 233 ménages et sinistré 8 370 personnes, provoqué 10
blessés et coûté la vie à 14 personnes sur l’étendue du pays. (DGPC- 2017). En général, l’Etat
intervient pour réconforter moralement les victimes et sécuriser les sinistrés dans des abris
provisoires avec octroi gratuit de matériel et de nourriture.

Le Mali fait face à certains grands défis environnementaux qu’il s’emploie à relever malgré
l’insuffisance des ressources. Il s’agit notamment du changement climatique, la déforestation,
les menaces sur les cours d’eau, l’érosion et l’appauvrissement des sols et la mauvaise gestion
des déchets. Il dispose pour ce faire, d’institutions et de structures acquises à la cause
environnementale (Assemblée Nationale, Gouvernement, haut Conseil des Collectivités,
Conseil Economique, Social et Culturel, Conseil National de l’Environnement, etc.), d’un
dispositif juridique renforcé, de plusieurs politiques et stratégies, d’une diversité de
financement et de l’existence de nombreuses ONG et associations très engagées pour la cause
environnementale.

Ces dispositifs et moyens constituent les principaux atouts pour bâtir de grands chantiers
environnementaux à savoir : la transition énergétique, la réhabilitation totale des
forêts maliennes, l’amélioration des systèmes agricoles, pastoraux et halieutiques, la réduction
significative des risques et nuisances, l’information et l’éducation environnementale efficaces
et généralisées, le financement conséquent de l’environnement.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 19


METHODOLOGIE

Le Mali, élabore depuis 2003 un Rapport National sur l’Etat de l’Environnement afin de pallier
l’absence d'informations et de données pertinentes qui constitue une contrainte majeure à la
mise en œuvre des politiques et des Accords Multilatéraux sur l’Environnement.

La présente édition, celle de 2017 vise à « Contribuer à la protection de l’environnement et à


l’amélioration du cadre de vie des populations en renforçant la prise de conscience sur les
enjeux environnementaux dans les décisions collectives et individuelles par la mise à
disposition d’informations pertinentes ».

Elle a pour objectifs spécifiques :


 Fournir des clés de lecture claires et des points de repère synthétiques sur les
caractéristiques majeures de la situation environnementale au Mali et de ses
dynamiques ;

 Aider les décideurs aux différents niveaux à prendre les meilleures décisions sur la base
d’informations précises et objectives sur l’environnement et le développement durable ;

 Informer les institutions internationales et les bailleurs de fonds sur la situation


environnementale du Mali ainsi que sur les efforts nationaux entrepris pour la protection
de l’environnement et le développement durable ;

 Renforcer la synergie entre tous les acteurs intervenant dans la formulation de politiques
et programmes de développement du Mali en vue de la prise en compte de la dimension
environnementale pour un développement durable.

Pour atteindre ces objectifs, l’approche s’est voulue très participative avec la forte implication
des acteurs institutionnels à travers les points focaux désignés à cet effet. La méthodologie a été
axée sur les étapes suivantes :

1. Première étape : La préparation et la planification


Cette étape recouvre quatre aspects à savoir :
 Une réunion de cadrage visant à partager la même compréhension, la méthodologie et
les modalités d’élaboration du rapport.
 La mise au point des outils de recueil des données et informations, notamment les
termes de référence des groupes thématiques et les guides d’entretien.
 La mise en place des groupes thématiques composés de points focaux désignés par les
départements ministériels concernés directement par les questions environnementales ;
 La mise à niveau des groupes thématiques, la répartition des tâches et l’établissement
d’un calendrier précis et consensuel.

2. Deuxième étape : Le recueil de la documentation, des données et de l’information

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 20


Ce recueil s’est opéré dans un premier temps, au niveau régional où les structures
déconcentrées de l’Etat, les collectivités territoriales, les structures privées et la société civile,
ont été approchées. Dans un second temps, les points focaux nationaux ont capitalisé au niveau
national, les données et informations propres à leurs thématiques respectives, conformément
aux termes de références établis à cet effet.

3. Troisième étape : Le traitement des données /La synthèse des résultats :


Les résultats de recherche de chaque groupe thématique ont été analysés et validés par
l’ensemble des points focaux et les données recueillies ont été mises en commun.

4. Quatrième étape : La compilation des données et la production du rapport


provisoire :
Les résultats de tous les travaux ont été compilés et structurés, conformément aux termes de
référence, pour aboutir à la mise au point du rapport provisoire.

5. Cinquième étape : L’adoption du rapport :


Le rapport passe par un premier niveau d’adoption considéré comme technique où les groupes
thématiques et le Conseil National de l’Environnement sont les principaux acteurs. Le second
niveau beaucoup plus politique, implique le Gouvernement et consacre le caractère national et
définitif du rapport sur l’état de l’environnement au Mali.

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Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 21


INTRODUCTION

L’état actuel et l’évolution de l’environnement au Mali découlent des effets conjugués de


plusieurs facteurs, parmi lesquels les modes de production et de consommation passent pour
être les plus déterminants. En effet, les activités humaines nécessaires à la survie et/ou au
bien-être des populations sont devenues de véritables sources de dégradation des conditions
naturelles de vie, alors que ces conditions sont déjà durement éprouvées par les effets du
changement climatique qui compromettent d’année en année les processus de production
végétale, animale et halieutique.

Conscient de l’énormité de ces défis et de la gravité des conséquences découlant d’une


inaction, le Mali s’est engagé dans un véritable processus de développement durable à travers
l’élaboration et/ou l’adhésion à divers instruments de haute portée stratégique.

C’est ainsi que le Mali partage entièrement avec la communauté internationale, les Objectifs de
Développement Durable (ODD) dont la pertinence environnementale ne fait l’ombre d’aucun
doute, puisqu’il s’agit d’assurer la durabilité des modes de production et de consommation, de
restaurer et préserver les ressources naturelles, d’améliorer le cadre de vie, de lutter contre les
changements climatiques, etc.

Le Cadre Stratégique pour la Relance Economique et le Développement Durable (CREDD


2016-2018) se veut un cadre de référence à moyen-terme pour la conception, la mise en œuvre
et le suivi des différentes politiques et stratégies de développement. Il marque toutes ses
orientations du sceau de la durabilité et exige la prise en compte de la dimension
environnementale dans les processus décisionnels.

La diligence qui a caractérisé la signature et la ratification par le Mali de l’Accord de Paris sur
le climat, témoigne d’une volonté réelle et d’un engagement fort du Mali à mettre en œuvre la
Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques. En témoigne d’ailleurs
la mise au point et la présentation de sa Contribution Déterminée au niveau National (CDN).

Le Programme de Développement Accéléré des Régions du Nord (PDA/RN) qui, au-delà de sa


dimension politico sociale, affiche de réelles ambitions pour l’environnement. D’ailleurs, il ne
peut en être autrement, au regard de l’importance des ressources naturelles dans le processus
de réconciliation nationale et du niveau de dégradation alarmant desdites ressources dans les
régions concernées.

Cependant, il ressort de plusieurs constats que la plupart des défis environnementaux au Mali
relèvent de comportements individuels et/ou collectifs. Relever de tels défis nécessite, à côté
des moyens matériels et financiers, une stratégie d’information et de communication apte à
promouvoir un profond changement de comportement.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 22


Dans ce contexte, l’information environnementale s’impose en tant qu’outil de l’action
publique et comme tel, elle nécessite des données pertinentes, aptes à alimenter efficacement
les processus de prise de décision, de suivi et d’audit environnementaux.

Le Mali a perçu cette nécessité depuis les années 1990 qui ont enregistré plusieurs programmes
prenant en compte les données et informations dans la gestion de l’environnement. La même
période fut celle de l’émergence d’un mécanisme efficace de gestion de l’information
environnementale qui a finalement débouché sur la création d’un Système National de Gestion
de l'Information Environnementale (SNGIE).

L’année 2003 marquera par la suite, une étape importante dans la démarche informationnelle
sur l’environnement au Mali, suite à l’avènement du Rapport National sur l’Etat de
l’Environnement ayant pour objet de rassembler à partir d’évaluations environnementales
périodiques, les informations multisectorielles nécessaires aux processus décisionnels.

Le Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali, considéré comme un outil d’aide à
la décision paraissait tous les deux ans, jusqu’à l’édition de 2011 à partir de laquelle la
fréquence de parution a été portée à trois ans. Son élaboration repose sur le concept : « Forces
motrices- Pressions- Etat- Impacts- Réponses » (FPEIR), ou en anglais «Driving force-
Pressure- State- Impact- Response » (DPSIR) qui constitue une base de raisonnement très
cohérente et accessible à toute compréhension.

L’environnement étant un composite diversifié, produit d’une longue interaction complexe


entre un milieu et une société en mouvement, il importe à toute édition de ce rapport,
d’effectuer certaines analyses dans une perspective historique, afin de cerner les principales
dynamiques et de saisir les caractéristiques de la situation actuelle. Il sera donc fait appel, dans
la mesure du possible, à des séries chronologiques solides servant à retracer l’évolution de
certaines données jugées clés, qui reflètent soit l’état, les pressions, les impacts ou les réponses,
tels que définis par le concept DPSIR.

S’inscrivant dans cette démarche conceptuelle, le présent rapport aborde après un aperçu des
éléments biophysiques, l’environnement socio-économique, siège des plus grands enjeux, tout
simplement du fait qu’il est porteur de croissance économique, d’emplois, etc. mais en même
temps d’externalités négatives dommageables à l’environnement global. L’analyse des milieux
naturels qui suit, édifie sur l’état et l’évolution des différentes composantes naturelles de
l’environnement sous l’influence de multiples pressions naturelles et anthropiques. Puis
viennent les aspects inhérents au cadre de vie, notamment l’accès à certaines commodités, la
situation des déchets et les risques et catastrophes. La cinquième partie est dédiée aux
initiatives en cours ou en perspective pour bâtir de grands chantiers destinés à relever certains
grands défis environnementaux auxquels le Mali est confronté. A la lumière des diverses
analyses et de l’évolution du contexte global de l’environnement, des recommandations sont
formulées pour offrir aux décideurs des pistes de solutions à certaines problématiques
environnementales qui affectent le processus de développement.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 23


CHAPITRE 1 : PANORAMA DES ELEMENTS
CONSTITUTIFS DE L’ENVIRONNEMENT AU MALI

Le Mali est un vaste territoire enclavé d’une superficie de 1 241 238 km². Il est situé entre les
10° et 25° de latitude Nord, le 4° de longitude Est et le 12° de longitude Ouest et comporte
7 420 km de frontières avec 7 pays limitrophes (Algérie, Niger, Burkina Faso, Côte d’Ivoire,
Guinée, Sénégal et Mauritanie).

Le relief peu accidenté est composé essentiellement de plusieurs plateaux (Plateau


Mandingue, Plateau de Koutiala, plateau basaltique du Kaarta, Plateau Dogon, plateaux du
Tamesna, etc.), de falaises et collines de faible altitude (le point culminant du Mali est d’une
altitude de 1 155 m, à l’est dans la zone de Hombori) et de nombreuses plaines plus ou moins
vastes (plaines partiellement ensablées du Hodh, plaines et glacis d’érosion de la vallée du
Sénégal, plaines du Delta Intérieur du fleuve Niger, plaines du Gourma, du Seno, du Tamesna,
etc.), donnant ainsi lieu à une impressionnante diversité de paysages.

Carte 1 : Le relief du Mali

Source : IGM 2017

Le substratum édaphique laisse distinguer neuf grandes subdivisions géologiques (socle


Birrimien ou Précambrien, Infracambrien ou Précambrien A, Cambrien, Primaire de

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 24


Taoudenni, intrusions doléritiques, continental intercalaire, Crétacé supérieur / Eocène
inférieur, Continental terminal et formations de recouvrement) qui constituent les bases
géologiques des six principaux types de sol rencontrés (sols faiblement ferralitiques, sols
ferrugineux tropicaux, sols arides, sols peu évolués du climat très sec, sols hydro morphes et
vertisols).

Les ressources en eau de surface sont constituées par un réseau hydrographique qui s’articule
autour des bassins versants de deux principaux fleuves (fleuve Niger et fleuve Sénégal) et
accessoirement du Sourou. Les eaux souterraines sont composées d’importantes nappes situées
à des profondeurs variables en fonction des conditions géographiques, géologiques et
hydrologiques.

Une impressionnante diversité de faunes terrestre, aérienne, aquatique et de microfaune,


adaptées à différents biotopes, anime ces espaces, mais très fragilisée non seulement par les
aléas climatiques, mais aussi par diverses formes de prédation.

Cet ensemble évolue sous un climat soudano-sahélien, caractérisé par des températures
moyennes élevées (entre 35 et 45°), de fortes évapotranspirations et l’alternance de deux
saisons (pluvieuse et sèche) de durées variables. Ces éléments combinées aux conditions
édaphiques, ont façonné une végétation dont la densité et la composition permettent de
distinguer du sud au nord, quatre principales zones bio- climatiques à savoir : (i) la zone
soudano-guinéenne ou subhumide (environ 6% du territoire national ; 1 200 mm de pluies
en moyenne par an ; domaine des savanes boisées et forêts claires), (ii) la zone soudanienne
(environ 17% du territoire national ; 600 à plus de 1000 mm de pluies par an ; savanes
arborées avec un couvert végétal plus ou moins dense et varié ), (iii) la zone sahélienne
(environ 26% du territoire ; 200 à 600 mm/an de pluie par an ; prairies aquatiques à
graminées vivaces et steppes arbustives), (iv) la zone saharienne (environ 51% du territoire ;
pluviométrie inférieure à 200 mm par an ; végétation naturelle composée des steppes
épineuses) ;

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 25


Carte 2 : Zones bioclimatiques du Mali

Source : IER -2017

Ces facteurs biotiques et abiotiques, mus par divers phénomènes et interactions ont donné
naissance à une diversité d’écosystèmes dont l’intégrité écologique est actuellement mise en
mal par les changements climatiques et les activités menées par la population pour satisfaire ses
besoins.

L’environnement au Mali, c’est aussi une écologie urbaine caractérisée par une urbanisation
galopante, une extension incontrôlée des villes avec comme conséquence majeure, la précarité
du cadre de vie de la population.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 26


CHAPITRE 2 : L’ENVIRONNEMENT SOCIO-
ECONOMIQUE

L’homme a toujours exploité la nature d’une manière ou d’une autre pour satisfaire ses besoins,
tant il est vrai que tout processus de production ou de transformation tire directement ou
indirectement son ancrage d’un élément du milieu naturel (sol, eau, air, flore, etc.). Ces
besoins s’accroissent et se diversifient au gré de la multiplication des êtres humains, de leur
désir d’accumulation et de la recherche d’un certain confort. Ce qui induit des prélèvements de
plus en plus importants sur la nature et des processus de production et de transformation
donnant lieu à des activités dont les externalités impactent l’évolution de l’Homme.

L’environnement socio-économique apparaît donc à côté des facteurs climatiques, comme


principale force motrice de changement. Au cœur de cette force, la population assure le rôle le
plus déterminant, si bien que « les territoires se transforment pour accompagner l’évolution
démographique et la mutation des modes de vie d’une part, et pour gagner en
compétitivité dans un monde globalisé soumis à une concurrence internationale accrue d’autre
part. » (L’environnement en France - Edition de 2014). Cette citation est une belle illustration
de l’empreinte de la population sur l’état des milieux naturels, de par son évolution spatiale et
temporelle et ses divers modes de vie.

Qu’en est-il pour la population malienne, ses caractéristiques, ses activités et leurs relations
avec l’environnement ?

2.1. LA POPULATION

Estimée à 18,9 millions d’habitants en 2017 habitants (DNP- Projections démographiques


2010-2035 ; 2012), la population du Mali est caractérisée par son niveau élevé de croissance.
De 9,8 millions d’habitants (RGPH -1998), la population est passée à 14,5 millions d’habitants
dont 50,4% de femmes et 49,6% d’hommes (RGPH -2009), soit un taux d’accroissement de
3,6% sur la période 1998-2009. A ce rythme, cette population atteindra 23,5 millions
d’habitants en 2025 et 30,3 millions en 2035 (DNP-Projections démographiques2010-2035 ;
2012).

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 27


Figure 1 : Evolution de la population malienne de 2006 à 2017

Ensemble

20 000
18 341 18 874
18 000 17 308 17 819
16 000 15 370 15 840 16 319 16 808
14 910
14 000 13 593 14 021 14 460
12 000
10 000
8 000
6 000
4 000
2 000
0
2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017

Source : Direction Nationale de la Population-2017

Les régions de Sikasso, Koulikoro, Ségou, Mopti et Kayes, relativement les plus peuplées
abritent respectivement 18,3%, 16,7%, 16,2%, 14,01% et 13,72% de la population, tandis que
les régions de Kidal, Gao et Tombouctou comptent 0,5%, 3,8% et 4,7%. Le District de
Bamako concentre 12,46% de la population totale. (EMOP- 2015).

L’un des traits remarquables de cette population est sa jeunesse, illustrée par la pyramide des
âges ci-dessous. Les moins de 15 et 18 ans représentent respectivement 47% et 53% de la
population totale. La population inactive (0 -14 ans et 65 ans et plus) est plus importante en
effectif que celle potentiellement active (15-64 ans), d’où un rapport de dépendance
démographique de 103 personnes à charge pour 100 actifs (Politique Nationale de la
Population- 2016).

Figure 2 : Pyramide des âges de la population du Mali- 2017

Population de 2017 en milliers d'habitants


80+

70-74
Hommes Femmes
60-64

50-54

40-44

30-34

20-24

10-14

00-04
-2000 -1500 -1000 -500 0 500 1000 1500 2000

Source : DNP - 2017

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 28


La population urbaine était estimée à 22,5% de la population totale. Le District de Bamako
abrite plus de la moitié (55,3%) de cette population, suivi des régions de Sikasso (13,0%), de
Kayes (8,5%), de Ségou et de Mopti (6,1%). Les régions de Kidal, Tombouctou et Gao
comptent les plus faibles proportions de populations urbaines avec respectivement 0, 8%, 2,7%
et 3,5%.

Le sens migratoire interne de la population malienne est beaucoup plus en direction du milieu
urbain (36%) que vers le milieu rural (10,2%), dû à l’attrait des conditions économiques
relativement plus favorables en milieu urbain. La région de Sikasso et le District de Bamako
sont considérés comme les zones d’immigration par excellence, à l'opposé des régions de
Kayes, de Tombouctou, de Gao, de Mopti et de Ségou qui présentent un déficit migratoire.
(Document de Politique Nationale de la Population Actualisée- 2016).

Selon le RGPH 2009, le Mali connaît aussi une forte émigration, notamment vers la Côte
d’Ivoire (31,9% des émigrés), le Sénégal (6,1%), la Mauritanie (5,3%), le Gabon (6,2%),
d’autres pays africains (15,7%) et l’Europe (19,8%). Cette diaspora malienne contribue d’une
manière ou d’une autre au développement de leur région d’origine. Selon une étude de la
Banque Mondiale en 2009, le montant des transferts de fonds opérés par la diaspora en
direction de la région de Kayes est estimé à environ 230 millions d’euros par an. (Stratégie de
Développement Économique Régional- Région de Kayes- Aout 2016). C’est l’une des raisons,
qui expliquerait le niveau de vie relativement élevé dans cette région, au regard de l’habitat, des
infrastructures (écoles, centres de santé, accès à l’eau potable, au téléphone, etc.)

Cette croissance démographique ainsi que les flux migratoires induisent une augmentation de
la demande sociale, notamment en matière de santé, d’éducation, d’approvisionnement en eau
potable et d’assainissement, de besoins énergétiques, etc. Ainsi, les centres urbains, submergés
par des problèmes d’urbanisation, d’occupation anarchique des espaces due à la prolifération
de quartiers spontanés, offrent en plusieurs endroits, un cadre de vie d’un niveau extrêmement
bas. Particulièrement du fait de la migration, le milieu rural est privé de l’essentiel des forces
productives, notamment les actifs qui sont les principaux acteurs de la mise en œuvre des
actions de développement rural.

Par ailleurs, la jeunesse qui caractérise la population malienne est un atout important pour le
développement. Cela est indéniable, tout autant que l’est la nécessité d’un accompagnement
efficace en termes d’éducation, de santé et surtout de promotion industrielle ; cette dernière
demeurant pour le Mali l’un des meilleurs créneaux porteurs d’emplois et de richesse à travers
la valorisation des filières agricoles, pastorales, halieutiques, etc. Autrement, la jeunesse en
quête légitime de bien-être et de promotion sociale risque de perdre ses repères de citoyenneté
et d’emprunter une direction qui, in fine risque de compromettre l’environnement, la sécurité et
la paix sociale.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 29


 L’éducation de la population: Des progrès substantiels en termes d’infrastructures et
d’effectifs, mais l’analphabétisme demeure un défi.

Persuadé que le niveau d’éducation de sa population constitue un atout majeur de son processus
de développement, le Mali consent chaque année, d’énormes efforts pour augmenter le taux de
scolarisation et vaincre à terme l’analphabétisme sur l’ensemble du territoire. C’est ainsi que
malgré les effets de la crise politico-sécuritaire de 2012, le nombre d’écoles a enregistré
globalement une légère augmentation de 11,87% de 2013 à 2017, passant de 12 376 à 13 846
écoles (EMOP - 2017/2018).

Les effectifs scolarisés à tous les niveaux d’enseignement ont eux aussi enregistré des
accroissements importants. A titre indicatif, le nombre d’élèves dans le secondaire technique,
professionnel et normal pour 100 000 habitants est passé de 340 à 756 au cours de la période
2000 -2016 ; dans le supérieur public, le nombre d’étudiants pour 100 000 habitants est passé
de 178 à 429 (EMOP - 2017/2018).

Cependant, on ne saurait passer sous silence la question de la non fréquentation scolaire dont
l’impact demeure négatif sur le système éducatif. Selon les résultats de l’ EMOP 2017/2018,
les principaux motifs d’abandons scolaires au niveau du premier cycle de l’enseignement
fondamental sont : l’ abandon volontaire (34%), l’ échec scolaire (13,9 %), le manque de
moyen et/ou la cherté (11,8%), le désintéressement des parents (11,7%), la préférence
pour un apprentissage ou un travail (10,9%), la crise sécuritaire (4,0%), la maladie
(3,6%), la grossesse ou le mariage (0,6 %), l’éloignement (3,4%) et autres (5,9%).
L’abandon volontaire constitue la principale raison de déscolarisation au niveau du premier
cycle de l’enseignement fondamental, suivi de l’échec scolaire, du manque de moyen et du
désintéressement des parents. (EMOP- 2017/2018).

Le taux d’alphabétisation des 15 ans et plus a évolué de 31% à 34,3% de 2014 à 2017. Cette
évolution est de 21,5% à 24,6% chez les femmes et de 41,5% à 44,8% chez les hommes
(EMOP -2014, 2015, 2016 et 2017). Il reste néanmoins que 66% des adultes demeurent encore
analphabètes en 2017. Par ailleurs, les taux d’alphabétisation apparaissent plus faibles chez les
femmes (24,6%) que chez les hommes (44,8%), ce qui indique que l’analphabétisme touche
plus les femmes que les hommes.

Ce taux élevé d’analphabétisme demeure très contraignant pour le développement. Il constitue


un handicap à l’autogestion et à l’appropriation réelle des projets et programmes, y compris
ceux de l’environnement. En effet, le renforcement des capacités d’autogestion repose sur la
maîtrise de l’écriture et la lecture sans lesquelles l’enregistrement, la conservation et le
traitement des données de gestion est difficile, sinon impossible. Or, sans autogestion et
appropriation effectives, les projets et programmes continueront de naître et de disparaître au fil
des financements extérieurs.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 30


 La santé de la population : L’accès de la population aux soins de santé s’améliore de
plus en plus.

La politique nationale de santé vise à améliorer l’état de santé des populations en fonction des
connaissances et des ressources du moment.

Pour réaliser cet objectif, le Mali s’est investi entre autres dans la création de nombreuses
structures sanitaires. C’est ainsi qu’en 2016, selon le Système Local d’Information Sanitaire
(SLIS), le Mali compte au total 1294 CSCom fonctionnels, 65 Districts sanitaires et 13
Hôpitaux.

La réalisation de ces infrastructures dans le temps a amélioré l’accès d’une importante frange
de la population aux soins de santé. L’accessibilité aux CSCom est passée de 47% en 2004 à
59% en 2016 dans un rayon de 5 km et de 71% en 2004 à 81% en 2016 dans un rayon de 15 km
(SLIS-2016).

Cette tendance est très importante au plan environnemental pour la simple raison que les
capacités opérationnelles d’une population donnée, dépendent en premier lieu de son état de
santé. Toutefois, elle s’accompagne de la production de déchets biomédicaux dont la
dangerosité exige des modes de traitement appropriés.

2.2. LE CONTEXTE ECONOMIQUE

2.2.1. Les tendances des indicateurs macro-économiques

Avec un taux de croissance réel du PIB établi à 5,8% au cours de l’année 2016 contre 7% en
2014, l’économie malienne, malgré cette décroissance affiche une performance assez bonne,
l’objectif du CREDD étant fixé à 6,5 % en 2016. Toutefois, l’analyse pluriannuelle des
tendances sur la période 2007-2016 (Tableau n°1), indique d’importantes fluctuations qui
invitent à nuancer cette affirmation.

Tableau 1 : Evolution des taux de croissance sectorielle et du PIB au cours de la


décennie 2007- 2016
Années
Désignation 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016
Secteur Primaire 3,6% 11,9% 3,1% 10,6% -2,1% 9,0% -2,9% 9,3% 7,5% 7,9%
Secteur Secondaire -1,5% -1,2% 2,0% -5,0% 0,5% -7,9% 2,3% 9,1% -0,6% -0,5%
Secteur tertiaire 8,6% 5,3% -0,5% 10,9% 8,2% - 4,9% 7,3% 5,0% 7,0% 6,6%
Produit intérieur brut au prix
du marché 3,5% 4,8% 4,7% 5,4% 3,2% -0,8% 2,3% 7,0% 6,0% 5,8%
Source : INSTAT- Comptes économiques - Novembre 2017.

Les taux de croissance des différents secteurs affichent de grandes fluctuations qui se sont
logiquement répercutées sur les tendances du PIB au cours de la période 2007-2016.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 31


Le taux de croissance du secteur primaire est passé de 3,6% en 2007 à 7,9 % en 2016 avec des
tendances négatives enregistrées au cours des années 2011 (- 2,1%) et 2013 (-2,9%). La
performance de 2016 est essentiellement tirée par la branche « Agriculture d’exportation »,
notamment le coton avec une croissance de 26,1% et la branche « Activités extractives » avec
une croissance de 6,1% en 2016. La branche « Élevage et Chasse » a enregistré un taux de
croissance de 4,1% en 2016, contre une prévision de 3,9% inscrite dans le document du
CREDD 2016-2018. S’agissant de la pêche, son taux de croissance est ressorti à 3,9% en 2016
contre une prévision de 4,2% (INSTAT- Comptes économiques- 2017).

Cette performance ne serait-elle pas obtenue au prix de pressions sur les ressources naturelles,
étant entendu que la plupart des activités caractéristiques du secteur primaire évoluent sur la
base de systèmes extensifs ? L’analyse des activités socio-économiques édifiera davantage sur
ce questionnement. Néanmoins on peut d’ores et déjà retenir que la plupart des enjeux
environnementaux au Mali se situent au niveau des secteurs primaire et secondaire. En effet,
l’expansion agricole, le surpâturage, la surexploitation des forêts, la surpêche, etc. sont entre
autres, de fortes pressions exercées actuellement sur les ressources naturelles dans le but
d’augmenter les niveaux de production agricole, pastorale, sylvicole et halieutique.

Le taux de croissance du secteur secondaire est relativement bas, comparé aux autres secteurs
et affiche de surcroît des tendances négatives au cours de plusieurs années. Cette « contre-
performance » du secteur secondaire ne serait-elle pas symptomatique d’un tissu industriel
malien fragile et peu résilient ? Rappelons que ce secteur est tiré par la branche « industrie
textile », fortement liée à la production de coton graine qui demeure tributaire du climat et des
objectifs de campagne des producteurs. Les effets du changement climatique, les orientations
stratégiques des producteurs vers d’autres spéculations agricoles affectent inévitablement le
niveau de production du coton et par ricochet la croissance industrielle. On relève aussi que les
branches « industries agroalimentaires » et « autres industries » n’ont enregistré en 2016, que
des taux de croissance négatifs (-12,0 % et -7,3%) sur une prévision de 4.5% et 6.3% (INSTAT-
Comptes économiques- 2017).

Pour le secteur tertiaire, le taux de croissance est passé de 8,6% en 2007 à 6,9% en
2016.Malgré cette décroissance, le niveau atteint en 2016 dépasse de peu la prévision du
CREDD qui était de 6,5%. Il est en grande partie imputable aux branches « Activités
financières » et « Commerce » qui entrent respectivement pour 7,6% et 7,0% (INSTAT-
Comptes économiques- 2017).

Ces indicateurs ont leur signification et leur utilité au plan macro-économique, mais pas
suffisants au plan individuel pour déduire une amélioration du bien-être. La redistribution
insuffisante des richesses, des revenus et des emplois, l’augmentation du coût de la vie, la
recrudescence des conflits, etc… sont autant de signaux attestant des faibles retombés au plan
individuel, des taux de croissance économique affichés. Ce que semble d’ailleurs corroborer
l’analyse qui suit, relative à la pauvreté et au développement humain au Mali. Dans pareille
situation, les ressources naturelles payent le prix fort des actions et stratégies développées par
les couches les plus vulnérables en quête de revenus pour satisfaire leurs besoins élémentaires.
La plupart des jeunes migrent vers les centres urbains ou vers les zones minières pour mener

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 32


des activités d’orpaillage réputées destructrices des ressources naturelles. Les autres s’adonnent
à l’exploitation abusive des forêts, au braconnage et à la surpêche, etc.

2.2.2. La Pauvreté et le Développement humain au Mali.

Le niveau de développement humain est appréhendé au Mali à travers différents indicateurs


parmi lesquels, figure l’Indice de Développement Humain (IDH) 1. Au Mali l’IDH est passé de
0,419 en 2014 à 0,442 en 2015 faisant passer le pays de 177 ème à 175ème sur 188 pays classés.
(PNUD-Rapport Mondial sur le développement humain-2017)

La pauvreté quant à elle, a été mesurée au Mali sur la base de sa dimension monétaire et selon
les conditions de vie (non monétaire). La pauvreté monétaire s’exprime à travers l’incidence ou
taux de pauvreté correspondant au pourcentage de la population dont les revenus ou les
dépenses de consommation par habitant se situent en dessous du seuil de pauvreté fixé à 178
343 FCFA en 2017 (contre 175 000 FCFA en 2016, en raison de la hausse du taux d’inflation
(1,8 en 2017) (ODHD/LCP-2017). La figure ci-dessous illustre l’évolution de l’incidence de la
pauvreté en fonction des milieux urbain et rural.

Figure 3 : Evolution de l’incidence de la pauvreté de 2011 à 2017 (%)

INCIDENCE DE LA PAUVRETE

54,5 55,2 53,6


51,1 52,8 53,1
47,7 49,3 47,7
45,6 47,1 46,6 46,9 47,2 46,8 44,9
36,9
32,9

10,7 10,3 11,1 11,2 7,4 4,7

2011 2013 2014 2015 2016 2017

Bamako Autres villes Rural Ensemble

Source : (ODHD/LCP-2017)

La pauvreté monétaire est évaluée à travers l’incidence ou taux de pauvreté. Elle a touché plus
de 45,6% de la population malienne en 2011 et 47,1% en 2013, soit une accentuation de 1,5
point de pourcentage imputable aux effets de la crise politico sécuritaire de 2012. De 46,9% en
2014, l’incidence de la pauvreté a atteint 47,2% en 2015 soit une hausse de 0,3 point de
pourcentage due à la baisse de la production agricole de 2013, ajoutée aux effets de la crise.

1
L’IDH est un indicateur composite calculé par le Bureau du Rapport Mondial sur le Développement Humain et
publié depuis 1990 à travers un rapport dans lequel les pays sont classés en fonction de la valeur de leur IDH.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 33


L’incidence de la pauvreté connait une baisse à partir de 2016, avec la mise en œuvre de la
politique CREDD (2016-2018) et du Programme d’Appui à la Gouvernance, à la Résilience
Economique pour la Réduction de la Pauvreté (INSAT-2017). En 2016, le taux de pauvreté
enregistre une légère baisse de 0,4 point (46,8%) par rapport à 2015 et de 1,9 point en 2017.
Cependant la pauvreté continue d’affecter 44,9% de maliens.

La pauvreté est accentuée en milieu rural, mais s’améliore en milieu urbain où le District de
Bamako se distingue avec un niveau de pauvreté nettement inférieur (10,7% en 2011 à 4,7%
en 2017).

La pauvreté de conditions de vie, quant à elle a été cernée au Mali au niveau communal
(ODHD/LCP, 20142) à travers l’indice de développement calculé pour chacune des 703
communes du Mali. Les résultats indiquent que les communes urbaines de façon générale ont
les indices plus élevés. Les communes du District de Bamako sont nettement au-dessus des
autres. Toutefois cette analyse n’intègre pas les nouvelles régions en tant que telles.

La carte ci-dessous illustre la distribution de la pauvreté/non pauvreté de condition de vie à


travers le territoire

Carte 3 : Carte communale de la pauvreté des conditions de vie au Mali (ODHD/LCP,


IPC 2014)

2
A défaut du profil de pauvreté de 2017 non finalisé.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 34


Le constat général qui se dégage de l’analyse de cette carte est qu’à l’Ouest du pays, il existe
quelques communes très pauvres en enclave de communes presque pauvres et pauvres. A
l’extrême Sud, les communes presque pauvres ou pas pauvres dominent. Au centre (y compris
la limite Est de la région de Koulikoro) et au Nord dominent les communes très pauvres.

Les liens pauvreté-environnement sont dynamiques et dépendent du contexte géographique, des


caractéristiques économique, sociale et culturelle des populations. Ils peuvent être envisagés de
différentes manières, notamment en termes de mode de vie, de résilience aux risques
environnementaux, de santé et de développement économique.

Les pauvres sont plus vulnérables aux catastrophes naturelles (inondations ou sécheresses), aux
effets du changement climatiques et aux autres chocs environnementaux qui menacent leur
existence et leur sécurité alimentaire. Malgré cette vulnérabilité, ils sont enclins à la
surexploitation des ressources naturelles, notamment les forêts pour subvenir à leurs besoins,
compromettant ainsi la durabilité de leur développement.

La bonne gestion environnementale renforce la résilience des couches pauvres face aux aléas
naturels, tout en améliorant leur bien-être et leur situation économique.

2.3. LES ACTIVITES ECONOMIQUES : Génératrices de croissance économique


mais au prix de dommages environnementaux.

Les principales activités économiques abordées dans cette partie sont celles dont l’exercice
impacte directement l’environnement à travers l’utilisation et /ou la transformation d’une ou
de plusieurs composantes. A ce niveau, l’accent est de préférence porté sur les relations avec
l’environnement à travers l’analyse des problématiques majeures découlant de l’exercice de ces
activités.

2.3.1. L’agriculture : Des enjeux environnementaux pour une quête de sécurité


alimentaire
L’agriculture au Mali est largement tributaire du régime des pluies et des crues, à l’exception
des systèmes de production basés sur la maîtrise totale de l’eau qui ne représentent que 2% des
emblavures en 2016-2017 (DNA- Rapports d’activités 2016-2017). Elle est aussi sous la
dépendance de facteurs socio-économiques, notamment le nombre d’actifs, le niveau
d’équipement et le pouvoir d’achat des exploitations agricoles qui influencent énormément
l’application des techniques culturales améliorées et l’utilisation des intrants.

On estime à 40 924 059 ha, le potentiel de terres agricoles au Mali sur lequel 7 302 775 ha ont
été exploités au cours de la campagne 2016/2017, soit 18%. (DNA- Rapports d’activités 2016-
2017)

Suivant la disponibilité et le niveau de maîtrise des ressources en eau, on distingue trois


principaux systèmes de culture au Mali, à savoir :

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 35


- Les cultures pluviales qui sont de loin les plus importantes au Mali en termes de
superficies et de producteurs, couvrent 85% des superficies cultivées. Leur productivité
est tributaire de la pluviométrie ;
- Les cultures irriguées, 6% des superficies bénéficient d’apports artificiels d’eau
moyennant des aménagements appropriés.
- Les cultures de décrue, 0,2 % des superficies, sont pratiquées généralement dans les
zones lacustres, aux abords des lits mineurs des lacs ou des mares.

Les superficies cultivées au Mali, tous systèmes confondus, ont enregistré une augmentation de
9% au cours des campagnes 2015/2016 et 2016/2017, passant de 6 727 888 ha à 7 302 775 ha
(DNA- Rapports d’activités 2015-2016-2017). Alors que la plupart des systèmes de production
restent extensifs, ces accroissements se font généralement au détriment des terres vierges
couvertes par des formations forestières ou des pâturages.

Tableau 2 : Evolution des superficies réalisées par type de spéculation de 2015/2016 à


2016/2017 (en Ha)
Année Céréales Coton Légumineuses Arboriculture Total
2015/2016 511 2204 564 482 949 533 101 670 6 727 888
2016/2017 550 4917 656 085 988 187 153 586 7 302 775
TCA 8% 16% 4% 51% 9%
Source : Rapports d’activités DNA 2015-2016 et 2017

D’après ces données, l’arboriculture progresse au Mali avec un taux d’augmentation de 51%
dû aux actions de promotion de l’anacardier et du manguier. Ce qui suscite un espoir au plan
environnemental, au regard du rythme alarmant de déboisement que connait le Mali. Ces
essences fruitières, contribuent à la séquestration du carbone et à la protection des sols contre
l’érosion hydrique et éolienne. Toutefois, leur impact écologique reste inférieur à celui des
forêts naturelles en raison entre autres, de l’artificialisation du milieu.

D’une manière générale, l’exploitation des terres agricoles obéit plus ou moins à des normes
agro techniques mises au point par les structures de recherche et conseillées aux producteurs
par les structures de conseil et de vulgarisation étatiques et/ou privées.

L’adoption de ces techniques par chaque producteur est fonction de ses objectifs de campagne
au regard de la structure de son exploitation agricole et des contraintes naturelles et socio-
économiques. A défaut de main d’œuvre familiale ou d’équipement, d’un niveau suffisant
d’instruction, etc., les techniques conseillées ne sont généralement pas appliquées à hauteur de
souhait. Ce manquement entraîne une baisse des rendements et provoque à terme
l’appauvrissement du sol qui pousse finalement le paysan à recourir à l’extension des surfaces
pour atteindre ses objectifs de production.

La question de la fumure organique : un défi pour la durabilité des systèmes de production


agricole.
Le système de fertilisation est très important à la fois pour l’agriculture et l’environnement.
Lorsque les conditions climatiques et techniques sont réunies, une bonne formule de

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 36


fertilisation permet non seulement d’obtenir de bons rendements mais aussi de conserver voire
améliorer la fertilité du sol.

Les formules de fertilisation pratiquées par les paysans maliens reposent en majeure partie sur
les engrais minéraux et accessoirement sur les fumures organiques. Les quantités d’engrais
augmentent donc d’année en année. De 252 727 tonnes pendant la campagne 2013/2014, elles
ont atteint 446 173 tonnes en 2017/2018, soit un taux de croissance annuelle moyenne de 9%.
Cette augmentation est en majeure partie due à l’utilisation des engrais chimiques qui a connu
un véritable essor imputable au régime de subvention des prix au cours de ces dernières années
dans le cadre de l’initiative riz. De la campagne 2013-2014 à celle de 2017-2018, leur volume
s’est accru de 75,5%, passant de 237 441 à 416 938 tonnes.
Tableau 3 : Evolution des quantités d’engrais utilisés de 2013 à 2017 (en Tonne)
TYPES D’ENGRAIS 2013-2014 2014-2015 2015-2016 2016-2017 2017-2018
Engrais chimiques appliqués au
Coton, Riz, Maïs, Mil/Sorgho et 237 441 369 155,5 307 507 376 016 416 938
Blé
Engrais Organiques 11 082 8 328 8 162 7 193 13 614
PNT 204 0 3 908 1 424 15 622
TOTAL 252 727 377 483,5 319 576 384 633 446 173
Source : Rapports Bilan DNA 2013-2014 à 2017-2018

La part des engrais organiques demeure faible. Même si elle enregistre une légère augmentation
de 2013 à 2017, elle ne représente que 3 à 4,3 % des quantités totales d’engrais utilisés au
cours de la période. Pourtant, seule la matière organique offre au sol, les propriétés physico-
chimiques (stabilité de la structure, capacité de rétention de l’eau, vie microbienne, pouvoir
absorbant, aération, etc.) lui permettant d’assurer efficacement et durablement ses fonctions de
production. Vu la tendance vers l’intensification des systèmes de culture, on peut déduire que
ce faible niveau d’utilisation des engrais organiques comporte au plan environnemental, un
risque réel d’épuisement des sols. Cela est d’autant plus certain que la part de la jachère se
réduit de plus en plus dans les systèmes de production agricoles et que la majeure partie des
résidus de récolte est exportée des parcelles pour servir à l’alimentation du bétail.

La motorisation de l’agriculture : Une avancée technique à encadrer


Au cours de ces dernières années, l’agriculture malienne connaît une montée en puissance de
la motorisation. Le nombre de tracteurs, de motoculteurs et de motopompes s’est accru,
passant de 11 230 unités en 2015 à 11 706 unités en 2016 (INSAT-2016) soit 4%. Cette
évolution est certes souhaitable pour l’amélioration de la productivité du travail, mais demeure
pour certains types d’engins (tracteurs et motoculteurs) un facteur défavorable à l’évolution
des ressources naturelles. En effet, avec le tracteur, la propension d’accroître les emblavures
est plus grande chez le paysan qui voit en la capacité de cette machine, l’opportunité
d’augmenter sa production par le biais de l’accroissement des surfaces. Traduite en acte, cette
propension conduit au défrichement progressif des zones vierges existantes, naturellement au
détriment des formations forestières. En plus, le fonctionnement efficace de ces engins

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 37


nécessite l’abattage et le dessouchage d’une bonne partie des essences forestières d’où le
risque d’une déforestation progressive de vastes étendues de terres.

L’utilisation incontrôlée des pesticides : Un danger permanent.


Un volume important de pesticides est déversé par an sur les cultures et parfois sur des espaces
naturels quand il s’agit de traitements anti parasitaires ou anti aviaires. Les pesticides les plus
utilisés en agriculture au Mali sont les insecticides, les herbicides et les fongicides.

La culture du coton passe pour être la plus consommatrice de pesticides, notamment les
insecticides, à cause de sa vulnérabilité aux attaques parasitaires, de la diversité de parasites et
surtout des superficies emblavées qui déterminent les quantités utilisées anuellement en
fonction des doses appliquées.

En riziculture et de plus en plus sur les cultures pluviales telles que le maïs et le sorgho, c’est
généralement les herbicides qui dominent, les insecticides n’étant utilisés qu’en cas d’attaques
importantes de déprédateurs.

Suivant les données recueillies auprès des services du Commerce extérieur, les quantités de
pesticides utilisées au Mali sont très importantes. Elles enregistrent un accroissement de
71,47% entre 2012 et 2016, passant de 6 409 471kg à 10 990 684 kg. Il reste entendu qu’avec
la libéralisation du commerce, la tenue des statistiques relatives aux pesticides, plus
particulièrement les herbicides, bute à d’énormes difficultés, même en zone cotonnière où les
services techniques (CMDT et OHVN) semblent maîtriser plus ou moins la filière. Cette
libéralisation dans un contexte caractérisé par la perméabilité des frontières et l’inefficacité des
structures de contrôle, a favorisé la prolifération de marchés illicites de pesticides de tous
genres, dangereux et à effets rémanents. Dans la plupart des cas, ces produits tombent en état
d’obsolescence ou sont avariés par suite d’un mauvais stockage ou d’une mauvaise
manipulation. Ils tombent du coup dans la catégorie des pesticides obsolètes considérés comme
déchets spéciaux dangereux pour les populations et les animaux.

L’autre danger et non des moindres, porte sur le rejet dans la nature et/ou l’utilisation des
emballages de ces produits à d’autres fins, telles que la conservation d’aliments, de l’eau, etc.
toutes choses susceptibles de porter atteinte à la santé humaine et écologique.

2.3.2. L’élevage : En question, l’accroissement du cheptel conjugué au système d’élevage


extensif .
L’élevage occupe une place importante dans l’économie malienne au regard de la forte
demande des populations en produits animaux et de sa contribution au PIB. Cette dernière s’est
située autour de 4,1% en 2016, derrière l’agriculture d’exportation 26,1%, les produits de
l’agriculture vivrière (9,8%), les activités extractives 6%, la pêche 3,8% et l’exploitation
forestière et cueillette 3,8% (INSTAT - 2017).

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 38


Le cheptel du Mali occupe le premier rang dans l’espace UEMOA et le second dans l’espace
CEDEAO. Les effectifs sont estimés3 en 2016 à : 10 941 400 bovins, 15 900 500 ovins,
22 141 650 caprins, 1 028 700 camelins, 549 270 équins, 999 200 asins, 84 200 porcins et
38 587 450 volailles (Rapport annuel DNPIA, 2016).

L’élevage en tant qu’activité économique se définit au Mali à travers trois principaux systèmes
d’exploitation à savoir :

 le système pastoral pur associé aux cultures pluviales et aux cultures de décrue. Il
couvre environ 77% du territoire et se rencontre dans les zones semi-arides au nord de
l’isohyète 400 mm. Le pastoralisme transhumant est pratiqué principalement par les peulhs et
le pastoralisme nomade par les Touaregs dans le Gourma, l’Adrar des Ifogas et dans le nord du
delta central du Niger.

 le système agropastoral associé aux cultures pluviales, aux cultures irriguées et aux
cultures de rente occupent 23 % du territoire. Il est pratiqué entre les isohyètes 400 et 800 mm
et couvrent les zones soudano-sahéliennes.

 le système périurbain qui se développe actuellement autour des grandes villes vise
essentiellement des objectifs commerciaux, orientés vers la production de viande et de lait.

Quel que soit le système, les principales sources pour l’alimentation du cheptel demeurent les
pâturages naturels, les sous-produits agricoles, les sous-produits agro-industriels et les cultures
fourragères.

L’importance relative de ces différentes sources détermine la nature et la qualité des relations
de l’activité d’élevage avec l’environnement à travers notamment l’utilisation des espaces
naturels. La recherche de points d’eau et d’une bonne alimentation du troupeau pousse le plus
souvent l’éleveur à adopter des pratiques défavorables telles que la forte concentration des
troupeaux sur des espaces réduits, l’émondage d’essences fourragères, etc. se traduisant entre
autres par la dégradation des sols et des ressources pastorales et la récurrence des conflits entre
éleveurs et autres utilisateurs des ressources naturelles.

A cela s’ajoute l’émission de méthane (Gaz à effet de serre) dont l’élevage est la principale
source, à travers le processus digestif des bovins et le dégagement à partir du fumier. Les
vaches laitières, les moutons, les chèvres et les chameaux ont émis de 2007 à 2014
respectivement en moyenne 305, 61, 84 et 43 Giga-grammes de méthane. Les émissions
imputables aux autres types d’animaux se situent au-dessous de 10 Gigga-grammes. (AEDD/
Rapport TCN 2017)

3
Sur la base des données du recensement national du cheptel de 1991 auxquelles ont été appliqués des taux de
croît moyens annuels de 3 % pour les bovins, 5 % pour les ovins/caprins, 2 % pour les équins, 2 % pour les asins,
2% pour les camelins et 1,2 % pour les porcins. Pour la volaille il s’agit d’estimations faites par les agents de la
DNPIA
.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 39


L’activité d’élevage génère d’autres externalités préjudiciables à l’environnement telles que les
rejets de déchets de vaccination (Flacons vides, seringues, aiguilles) et d’utilisation de produits
de déparasitage des animaux. A ces déchets s’ajoutent les cadavres d’animaux dont la
décomposition s’accompagne entre autre de nuisances olfactives.

2.3.3. La pêche : Le plus grand dommage à l’environnement réside dans des pratiques
défavorables au développement des ressources halieutiques.

La pêche est une activité qui participe beaucoup à la croissance économique du Mali. Sur la
base de 4 millions de Francs la tonne de poisson transformé et de 2 millions de Francs la tonne
de poisson frais, la pêche a rapporté aux acteurs de la filière un gain brut de 34 155 508 000
Francs CFA en 2016 (DN Pêche- 2016).

Le tableau ci-dessous indique les niveaux de débarquements contrôlés de poisson au Mali en


2016.
Tableau 4 : Pêche de capture : niveau des débarquements contrôlés (en tonne)
DEBARQUEMENTS CONTROLES DE POISSON DANS LES
REGIONS REGIONS EN 2016
Frais % Fumé % Séché % Brûlé %
Kayes 1 705,00 4,90 162,00 1,47 105,00 1,67 - -
Koulikoro 2 971,00 8,54 813,00 7,37 238,00 3,79 - -
Sikasso 1 359,28 3,91 1 408,67 12,76 280,51 4,47 - -
Ségou 8 473,44 24,34 868,05 7,86 246,34 3,93 58,65 2,23
Mopti 3 447,00 9,90 3 936,00 35,66 612,00 9,76 2 192,00 83,33
Tombouctou 6 185,20 17,77 982,00 8,90 853,50 13,61 233,28 8,87
Gao 10 446,00 30,01 2 868,00 25,98 3 937,00 62,77 146,73 5,58
Bamako 221,00 0,63 - - - - - -
TOTAL 34 807,92 100 11 037,73 100 6 272,35 100 2 630,66 100
Source : Rapport annuel DN Pêche- 2016

La capture globale de poisson frais au Mali qui était de 32 370,24 tonnes en 2015 a atteint
34 807,92 tonnes en 2016 soit une augmentation de 7,53%. Plus de la moitié (54,35%) de ces
captures proviennent des régions de Gao et Ségou ; le reste, des régions de Kayes (4,9%),
Koulikoro (8,54%), Sikasso (3,91%) et le District de Bamako (0,63%)

Au constat, la plupart de ces captures se font de plus en plus sans perspectives de maintien de la
capacité de production des pêcheries. En effet, l’augmentation de la demande et l’appétit du
gain amènent les pêcheurs à utiliser des engins et méthodes de pêches illicites (filets à petites
mailles, barrage du cours d’eau, utilisation de produits toxiques, etc.) qui mettent en péril le
développement des ressources halieutiques (capture de sujets immatures, perturbation du cycle
migratoire du poisson, etc.).

Par ailleurs les techniques courantes de transformation du poisson, notamment le fumage et le

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 40


brûlage reposent sur la biomasse comme source d’énergie et deviennent ainsi des sources de
pression sur les ressources forestières.

2.3.4. L’exploitation forestière : Une activité économique en rupture avec la


durabilité environnementale
Toute forêt constitue un écosystème produisant un certain nombre de biens et services qui, au-
delà des fonctions écologiques, sont exploités pour la satisfaction des besoins de l’homme
(produits forestiers ligneux et non ligneux, gibier, fourrage, plantes médicinales etc.).

Au plan économique, les forêts demeurent la principale source d’énergie domestique à travers
le bois et le charbon de bois utilisés par la quasi-totalité des ménages au Mali, la plupart
n’ayant pas accès aux énergies alternatives (gaz, électricité). La consommation de bois et de
charbon est estimée à 459 kg par personne et par an (FONABE). Ce qui fait de l’exploitation
des produits forestiers ligneux l’activité économique forestière la plus importante en termes de
volume et de revenus. Elle a généré environ 1 146 584 211 F.CFA de revenus en moyenne par
an de 2014 à 2017 (DNEF- Rapports annuels 2014 à 2017).

La consommation de bois a atteint 413 341 stères4 en 2017 contre 498 438 stères en 2014, soit
une baisse de 17,7%. Celle du charbon est passée de 234 862 Qm5 en 2014 à 334 454 Qm en
2017, soit une augmentation de 42,40. (DNEF- Rapports annuels 2014 à 2017).

En réalité, il ne s’agit là que de quantités sous contrôle des services forestiers, donc inférieures
aux quantités réelles, étant entendu que lesdits services manquent de moyens humains et
matériels pour produire des statistiques exhaustives en la matière.

L’exploitation forestière a donné lieu au Mali à l’organisation de marchés ruraux de bois,


suivant des critères techniques, écologiques et organisationnels afin d’assurer une meilleure
maîtrise des flux de produits forestiers ligneux, de protéger les ressources forestières et de les
améliorer à travers la mise en œuvre de plans d’aménagements conçus à cet effet. En 2017, il a
été redynamisé 27 marchés ruraux de bois. (DNEF- Rapport Annuel 2017).

Parallèlement à ces structures évoluent des circuits informels de commerce de produits


forestiers ligneux dont les quantités très importantes échappent à tout contrôle, donnant ainsi
lieu à la surexploitation des forêts.

Quant aux produits forestiers non ligneux, ils constituent pour plusieurs communautés, des
sources de revenus, particulièrement pour les femmes qui y trouvent une véritable opportunité
de promotion économique et sociale. Le niveau de production de la gomme arabique est estimé
à 49 380 kg, soit une valeur de 1 234 500 Francs CFA (DNEF- Rapports annuels 2014 à 2017).
Les noix de karité (Vitellaria paradoxa), le « zaban » (Landolfia senegalensis), le « néré »,
(Parkia biglobosa) etc. sont parmi d’autres, des produits forestiers non ligneux qui, en plus de
l’autoconsommation, sont commercialisés, transformés voire exportés par bon nombre
4
Le stère correspond à un (1) m3 de bois.

5
Un Qm (quintal métrique) équivaut à 100 kg de charbon
.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 41


d’opérateurs économiques qui se sont spécialisés dans ces filières. La production de produits
forestiers non ligneux a plus que doublé de 2014 à 2017, passant de 2 357 969 kg à 4 988 753
kg, tous produits confondus (DNEF- Rapports annuels 2014 à 2017).

La forêt est aussi la principale base de la pharmacopée au Mali aussi bien en milieu urbain
qu’en milieu rural, au regard du faible accès d’une frange importante de la population aux
produits pharmaceutiques. Le volume de prélèvement des plantes médicinales a atteint environ
61 tonnes en 2017(DNEF-Rapport annuel 2017).

C’est de la forêt que l’artisanat malien puise l’essentiel du bois d’œuvre pour la fabrication des
instruments de musique, des statuettes et autres objets d’art, des outils aratoires (manches de
houe, de pioches, de dabas, etc.). Le nombre de bois d’œuvre exploité en 2017est estimé à 1220
pieds (DNEF-Rapport annuel 2017).

Les forêts maliennes offrent aussi des opportunités de chasse au gibier. On estime à 40 324 le
nombre de trophées de chasse issus des formations forestières par an de 2014 à 2017. Elles
offrent aussi d’énormes potentialités pour l’apiculture qui a produit 325, 96 tonnes de miel et
312,9 tonnes de cire en 2017. (DNPIA-Rapport 2017).

Autant dire que l’exploitation forestière constitue un pan important de l’économie malienne et
contribue à la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Jadis, elle était régie par des fonctions
sociales et sociologiques qui ne visaient que la gestion durable des forêts (Interdits au sein des
organisations de chasseurs, protection traditionnelle d’essences et de massifs forestiers,
contrôle mutuel au sein de la communauté sur les modes d’exploitation des produits forestiers
non ligneux, rituels de prélèvement de plantes médicinales, etc.). Cette exploitation a
malheureusement basculé au cours de ces dernières décennies vers une surexploitation devenue
l’une des principales sources de dégradation des ressources forestières du Mali.

Malgré leurs multiples enjeux environnementaux, l’agriculture, l’élevage, la pêche et


l’aquaculture, l’exploitation forestière ont-ils permis au Mali d’assurer sa sécurité alimentaire
au cours des années 2015,2016 et 2017 ? A ce questionnement, l’encadré n° 1 ci-dessous
apporte quelques éléments de réponse.

Encadré 1 : Le niveau de sécurité alimentaire et nutritionnel au Mali de 2015 à 2017.


Après les campagnes agricoles, le Système d’Alerte Précoce dresse la situation alimentaire du
pays à travers l’exercice du Cadre Harmonisé, qui est une méthodologie d’analyse consensuelle
élaborée par le CILSS dans le cadre d’une harmonisation des systèmes d’évaluation de la
sécurité alimentaire dans le Sahel et en Afrique de l’Ouest. Il s’agit d’un ensemble d’outils et
de procédures permettant de classifier la sévérité de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle
courante et projetée en se basant sur le cadre analytique développé par IPC 2.0 (Cadre Intégré
de Classification de la Sécurité Alimentaire) . Les analyses portent sur les facteurs contributifs
de la sécurité alimentaire, les évènements aigus ou conditions continues, les facteurs
contributifs non spécifiques à la sécurité alimentaire, pour aboutir aux résultats en matière de
sécurité alimentaire.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 42


A l’issue de ces analyses, le niveau de sécurité alimentaire est évalué à l’aide d’une grille de
phasage comme suit :
Tableau 5 : Grille de phasage des niveaux de sécurité alimentaire
PHASAGE NIVEAU DE SIGNIFICATION
SEVERITE
Phase 1 Minimum Au moins 4/5 des ménages couvrent leur besoin de
consommation, sans appui extérieur et sans stratégies
d’adaptation inhabituelles.
Phase 2 Sous Pression Malgré l’aide humanitaire, au moins 1 ménage sur 5 se
trouve dans cette phase ou plus, avec une consommation
réduite et incapable de faire face aux dépenses non
alimentaires essentielles sans tomber dans des stratégies
d’adaptation irréversibles.
Phase 3 Crise Malgré l’aide humanitaire, au moins 1ménage sur 5 se
trouve dans la phase ou plus avec des déficits alimentaires
considérables, une Malnutrition Aigüe (MAG) élevée et
épuisement des avoirs de moyens d’existence.
Phase 4 Urgence Malgré l’aide humanitaire, au moins 1ménage sur 5 se
trouve dans la phase ou plus avec des déficits alimentaires
extrêmes et pertes extrêmes des Moyens d’existence.
Phase 5 Famine Malgré l’aide humanitaire, au moins 1ménage sur 5 se
trouve dans la phase ou plus avec des déficits alimentaires
complets et exposés à la mort.
Source : Commissariat à la Sécurité Alimentaire/Cadre Harmonisé 2016- 2017
Les résultats définitifs du Cadre Harmonisé ont permis de mettre en évidence les zones et les
populations en situation d’insécurité alimentaire et nutritionnelle. En moyenne, environ 566
419 personnes étaient en phase de crise au cours des années 2015, 2016 et 2017 et qui avaient
plus besoin d’assistance alimentaire pour mieux passer la période de soudure, soit 409 853 ;
494 662 et 794 743 personnes pour les trois années successives. Au cours de la même période,
environ 3 020 468 personnes en moyenne avaient besoin d’appui en matière de relèvement et
de résilience, soit respectivement 2 712 404 ; 3 050 850 et 3 698 151 en 2015, 2016 et 2017.

A partir de ces résultats, un Plan National de Réponses (PNR) aux crises alimentaires et
nutritionnelles est élaboré annuellement. Les réponses se focalisent autour de : (i) l’assistance
alimentaire, l’appui à la nutrition, (iii) le renforcement de résilience et des moyens d’existence,
(iv) l’information, le renforcement de capacités des acteurs et la communication, et (v) la
coordination de la mise en œuvre du PNR.

Au titre de l’assistance alimentaire de l’Etat, en moyenne 15 293 Tonnes d’aliments ont été
distribuées gratuitement à 566 419 bénéficiaires au cours des années 2015, 2016 et 2017. Le
test de Transferts Monétaires au titre l’année 2017 du Commissariat à la Sécurité Alimentaire a
été de 89 172 000 F.CFA pour 978 ménages (CSA- Rapports Bilans PNR 2015-2016-2017).

L’appui à la nutrition consiste en des activités de prévention et de traitement de la malnutrition.


Par rapport au renforcement de la résilience et des moyens d’existence, les personnes
identifiées en phase de pression ont été surtout appuyées : en moyenne 342 758 personnes en
agricultures/maraîchage et 694 749 personnes en élevage/pêche.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 43


La mise en œuvre des Plans Nationaux des Réponses aux crises alimentaires et nutritionnelle
permet non seulement de soulager les couches les plus vulnérables, c’est-à-dire les « Très
Pauvres », en majeure partie des ruraux, mais aussi de réduire les pressions que ces derniers
peuvent exercer sur les ressources naturelles, ceux-ci n’ayant d’autres choix en période de crise
que de se rabattre sur les forêts pour subvenir à leurs besoins.

2.3.5. L’énergie : Le rôle de la biomasse demeure prépondérant au Mali


Le secteur de l’énergie comprend les sous-secteurs des hydrocarbures (produits pétroliers), des
énergies traditionnelles (bois-énergie), des énergies renouvelables (solaire, éolienne,
biocarburants, hydrique, etc.). Au 31 décembre 2017, sa contribution au PIB a atteint 8,9%,
avec la création de 98 152 emplois (INSAT- 2017).

La capacité totale d’énergie installée dans le périmètre de l’EDM -SA à la date du 31


décembre 2017 est de 590,2 MW. Le taux de pénétration du solaire au Mali représente 3,9 %.
De 2015 à 2017, il a été installé 3 127 équipements solaires photovoltaïques. Pendant la même
période, 29 centrales hybrides (solaires et diesel) d’une capacité de 1408.41 kWc (solaire) et de
510 kw (thermique) sont opérationnelles. (DNE-2017).

Il est important de souligner que le Mali pourrait devenir un grand producteur d’énergie
renouvelable, au regard des immenses potentialités et opportunités.

Le solaire bénéficie d’un potentiel de 7 à 10 heures d’ensoleillement par jour et une irradiation
moyenne, de 5 à 7 kWh/m2/J contre une moyenne mondiale estimée à 4-5 kWh/m2/j. Le
potentiel hydroélectrique national est estimé à environ 1150 MW sur lequel l’exploitation
porte sur 312 MW, soit 27 % de la capacité totale installée. (DNE-2017). Quant au
biocarburant, on estime à plus de 167 303 hectares le potentiel de Jatropha curcas pour une
production d’environ 58 304 litres d’huile biocarburant par an. Le bio éthanol, utilisable dans
des réchauds à usage domestique et dans les moteurs, jouit d’un potentiel de 10 millions de
litres qui peut être porté à 20 millions de litres en fonction de la demande. (DNE-2017)

C’est surtout à travers la consommation d’énergie que se manifestent de manière évidente, les
relations du secteur de l’énergie avec l’environnement. La consommation finale de l’électricité
a enregistré une hausse de 169,38%, passant de 98 à 264 Ktep (millier de tonnes équivalent
pétrole) de 2007 à 2016. Celle de la biomasse (bois) est passée de 1745 à 4228 Ktep, soit
142,29%. En produits pétroliers elle a augmenté de 250,49% soit 1423 Ktep en 2016 contre
406 en 2007. (DNE/ SIE- 2017)

Les courbes représentatives ci-dessous illustrent les diverses consommations de 2007 à 2016.
Au constat, les tendances demeurent les mêmes : les consommations en électricité enregistrent
une croissance tout au long de la période, sauf au cours des années 2013 à 2014. Sur toute
période, la part de la biomasse reste de loin supérieure.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 44


Figure 4 : Evolution des consommations d’énergies de 2007 à 2016

Consommation d’énergie en ktep de 2007 à 2016


4500
4000
3500
3000
2500
2000
1500
1000
500
0
2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016
hydrocarbure 406 539 557 587 686 690 634 574 955 1423
Biomasse 1745 1755 2113 2189 2268 2 349 2 434 2 510 2 612 4228
Electricité 98 105 115 122 124 128 180 164 173 264
hydrocarbure Biomasse Electricité

Source des données : Direction Nationale de l’Energie

La consommation de la biomasse représente donc l’essentiel de la consommation énergétique


au Mali, avec comme corollaire la pression sur les ressources forestières. A cela s’ajoute
l’émission de gaz à effet de serre et de gaz polluant l’atmosphère. Le secteur de l’énergie aurait
émis en 2015, un total de 5478,54 mégatonnes de dioxyde de carbone (AEDD/ rapport TCN
2017). Ces émissions de gaz dans l'atmosphère ont un impact négatif sur la santé humaine
sans compter l’élévation des températures à travers l’effet de serre et la perturbation du climat.

Dans le contexte de changement climatique, les énergies renouvelables (solaire, éolienne et les
biocarburants) constituent une opportunité importante d’accès à des sources d’énergie propre
et durable.

2.3.6. Industrie et mines : Une efficacité économique au prix d’inefficiences


environnementales.
L’industrie a contribué en moyenne pour 16,4% au PIB sur la période 2010 – 2014. La part du
secteur manufacturier a été de 7,1% alors que celle de l’industrie extractive pendant la même
période est de 8,7%.

Le secteur industriel comptait 30 438 emplois permanents en 2014, sur lesquels 3074 étaient
occupés par les femmes, soit environ 10%. (Rapport recensement industriel DNI- 2015)

Selon le recensement industriel 2015, le tissu industriel se compose de huit cent vingt- neuf
(829) entreprises en activité, sur lesquelles environ 52,68 % sont localisées dans le District de
Bamako. Ensuite suivent respectivement par ordre d’importance en termes d’unités
industrielles, les régions de Koulikoro (15,56%), Sikasso (15,29%), Ségou (6,14%), Kayes
(4,70%), Mopti (3%). Les régions du Nord abritent très peu d’entreprises industrielles, voire
pas du tout pour certaines d’entre elles.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 45


Le secteur industriel se caractérise par une production importante de déchets plus ou moins
nocifs pour l’environnement. La quantité totale de déchets solides générés en 2014 par les 564
entreprises industrielles ayant fourni l’information est d’environ 8 723 tonnes dont 94,1% émis
par la branche "Extraction de minerais métalliques" et 4,3% par la Branche "Fabrication de
produits à base de tabac". (DNI- Recensement industriel -2015). Il reste entendu que toutes les
entreprises ne se sont pas prêtées à la demande d’information relative à leurs déchets. D’après
les résultats de ce recensement industriel, les déchets sont gérés suivant diverses modalités
telles que la vente, l’enlèvement par les GIE ou la voirie, l’évacuation à travers des déversoirs,
le recyclage, etc.

Quant aux rejets de déchets liquides industriels tels que les eaux et les huiles usées, ils ont été
estimés à 947,535 millions de litres pour 485 entreprises industrielles ayant fourni les
informations. Au constat, 396 entreprises soit 81,6 % produisent une quantité de déchets
liquides comprise entre 1000 et 450 000 litres ou plus. Ces déchets liquides sont soit collectés
et évacués dans des fosses septiques (23,13% des entreprises) ou dans les caniveaux branchés
aux réseaux d’épuration des eaux usées (2,48%), soit enlevés par les GIE ou autres organismes
(1,69%). Beaucoup d’autres entreprises déversent leurs déchets sans traitement dans les milieux
naturels. (DNI-2015)

Au rejet de déchets, s’ajoutent d’une part, les nuisances sonores provoquées par les bruits des
machines et les va-et-vient des moyens de transport et d’autre part, la pollution atmosphérique
provoquée par les émissions de fumées, de gaz et de particules diverses.

Dans le domaine minier, on distingue au Mali quatre types d’exploitation à savoir : les mines
industrielles, l’exploitation artisanale (orpaillage), les carrières industrielles et les carrières
artisanales.

L’analyse qui suit est focalisée plutôt sur les mines d’or industrielles et l’orpaillage en raison de
leur importance économique et leur impact environnemental.

Les mines industrielles utilisent de gros moyens et de grandes quantités de produits chimiques,
d’explosifs et d’accessoires. La figure ci-dessous donne la situation évolutive des quantités de
cyanure consommées dans les mines industrielles au Mali au cours des années 2015, 2016 et
2017.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 46


Figure 5 : Consommation (en tonne) de cyanure dans les mines industrielles au Mali de 2015
à 2017

25000

20000 19198,08

15000
12926,08

10000

4708,92
5000

0
Année 2015 Année 2016 Année 2017

Source des données : Rapports annuels DICEM/DNGM 2015-2016-2017

Par ailleurs, ces mines utilisent d’énormes quantités de carburant et lubrifiants, soit en 2015 :
229.971.207 litres de gasoil, 30.504.606 litres de fuels, 4.659 110 litres d’huile et
534 844 kg de graisse. Cette utilisation se traduit par le rejet d’importantes quantités de gaz et
de résidus d’huiles et de graisse, susceptibles de dégrader les milieux naturels.

Les impacts environnementaux générés par le fonctionnement des mines industrielles sont
gérés à travers les plans de gestion environnementale et sociale découlant des études d’impact
environnemental auxquelles ces mines sont assujetties. La mise en œuvre de ces plans est
suivie par la DNGM en collaboration avec les structures compétentes du MEADD. Néanmoins,
la situation environnementale est loin d’être idéale du fait notamment de la forte
artificialisation du milieu, des diverses pollutions, etc. dont les effets persistent durant des
années après fermeture de la mine.

.C’est surtout l‘exploitation artisanale de l’or qui est à l’origine des plus grands dommages
environnementaux et sociaux au Mali, non seulement à travers la dégradation des ressources
forestières, agricoles et pastorales, mais aussi par la pollution des eaux et le mauvais cadre de
vie qui caractérise les sites. (Encadré n°2 ci-dessous)
Les quantités d’or produites par les onze (11) unités industrielles en 2017 s’élèvent à
49,621tonnes ; celles tirées de l’orpaillage atteignent annuellement 10 à 20 tonne (DNGM-
2017).

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 47


Encadré 2 : L’or au Mali: une richesse qui risque d’appauvrir à terme
L’or joue un rôle important dans l’économie malienne. Les quantités d’or produites par les
onze (11) unités industrielles en 2017 s’élèvent à 49,621 tonnes. Celles tirées de l’orpaillage
atteignent annuellement 10 à 20 tonnes (DNGM-2017). Ainsi, l’or a contribué à environ 8 %
au PIB du Mali soit l’équivalent de 415,23 milliards F CFA et à 5,8 % en 2014, soit 345
milliards F CFA; son extraction a suscité la création d’emplois estimés à 17% du total
d’emplois au Mali. (Chambre des mines du Mali).

Toutefois, cette manne économique est en passe de s’estomper, au vu des dommages


environnementaux y afférents, dont l’étendue et la gravité sont susceptibles de réduire
durablement le potentiel de production des zones concernées.

La forme industrielle d’extraction de l’or au Mali repose sur des contrats miniers négociés avec
l’Etat qui intègrent les dimensions environnementales inhérentes à l’exploitation, notamment la
réalisation d’une EIES assortie d’un plan de gestion environnemental et social (PGES). Le
PGES précise les actions d’atténuation ou d’élimination des impacts négatifs et de bonification
des impacts positifs et définit les modalités de réalisation desdites actions.

En réalité, la mise en œuvre du PGES ne fait que limiter les dégâts sur l’environnement car il
serait illusoire d’espérer reconstituer intégralement la situation d’avant exploitation minière.
En effet toutes les mines d’or actuellement actives au Mali sont à ciel ouvert, conduisant à
l’excavation de grandes étendues de terre à des profondeurs impressionnantes. La végétation y
est complètement détruite et la faune privée d’habitat ; le sol y est complètement retourné à tel
point qu’en cas de remblai (peu probable) des carrières, il n’est pas évident qu’il recouvre son
profil d’antan.

Les eaux usées découlant des processus d’extraction contiennent des résidus de produits
hautement dangereux aussi bien pour l’homme que pour l’environnement. Elles sont recueillies
dans des bassins à ciel ouvert et constituent ainsi de graves menaces pour la faune terrestre et
aviaire. L’étanchéité de ces bassins étant sujette à caution dans le long terme, ces menaces
pèsent aussi sur les ressources en eau souterraine et par conséquent sur la santé des populations.

C’est dans l’exploitation artisanale de l’or que le danger est plus imminent et les conséquences
plus graves sur l’environnement et sur l’avenir des populations, y compris les exploitants eux-
mêmes.

Le Code minier du Mali, en libéralisant le secteur minier a ouvert la porte à l’exploitation


artisanale de l’or, sans autres mesures visant à en assurer l’encadrement.

Plus de 200.000 personnes pratiquent l’exploitation artisanale de l’or. La ruée a commencé vers
les années 80 suite aux épisodes de sècheresse. A l’époque, 350 zones ont été identifiées. (Note
sur l’impact de l’impact de l’orpaillage traditionnel sur l’environnement- Seydou KEITA,
spécialiste en environnement minier- 2011)

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 48


Cette exploitation passe aujourd’hui pour être à la base des plus graves dommages causés à
l’environnement dans plusieurs sites. Son impact sur la flore et la faune s’est traduit par la
déforestation due à l’abatage de gigantesques troncs d’arbres utilisés comme échafauds de
puits miniers, l’augmentation des besoins en bois d’ouvrage et en bois de chauffe, etc. La privé
la faune privée de son habitat a été ainsi exposée au braconnage ou contrainte à la migration. Il
reste dans ces zones quelques rares spécimens en passe de sombrer sous le poids de cette
activité débordante, des fois au mépris du statut des sites convoités.

L’activité entraine aussi une dégradation catastrophique des terres, des berges et des flancs de
collines. Les galeries et fosses creusées à la recherche du métal jaune ne sont plus refermées.
La structure des sols y est bouleversée. Les sites deviennent ainsi inexploitables aussi bien pour
l’agriculture que pour l’élevage.

En plus de la déforestation et de la dégradation des terres, les ressources en eau sont victimes
de l’exploitation artisanale de l’or au Mali. Les dragues utilisées pour extraire l’or, le traitement
manuel du minerai, etc. contribuent à freiner l’écoulement des eaux et au pire des cas, à
combler les cours d’eau par des dépôts de terrils. A l’heure actuelle, l’existence de la Falémé
(affluent du fleuve Sénégal) et de plusieurs autres marigots et rivières est menacée. Plus grave
est l’utilisation incontrôlée de mercure, de cyanure et autres métaux lourds qui menace la santé
humaine et animale à travers la pollution des ressources en eau des zones exploitées.

En matière d’hygiène et d’assainissement, les campements où résident les orpailleurs ne sont


pas dotés de latrines, si bien que la défécation se fait à l’air libre, notamment aux abords des
cours d’eaux où la végétation constitue le meilleur refuge, donnant ainsi lieu à un véritable
problème de santé.

Au plan social, la ruée vers l’or a provoqué un exode massif des jeunes ruraux, privant souvent
l’agriculture de bras valides nécessaires à la mise en valeur des terres, d’où un risque de
diminution de la production agricole dans les zones de provenance.

Par ailleurs, il a été constaté que l’exploitation artisanale de l’or a réduit la scolarisation des
enfants, accentué le mariage précoce des filles et renforcé la propagation des IST/VIH Sida
dans les zones étudiées. (Etude relative aux effets de l’orpaillage sur la scolarisation des
enfants, le mariage précoce et la propagation des IST/VIH SIDA dans le cercle de Yanfolila,
région de Sikasso- Direction Nationale de la Population -Novembre 2016)

Quel énorme gâchis environnemental et social ! Et pour quelle richesse ? Malheureusement, il


n’existe pas de données permettant d’effectuer une analyse comparative des gains réels
découlant de cette activité aux coûts environnementaux et sociaux qu’elle entraîne. Même si
ces gains sont substantiels, il est peu probables qu’ils soient utilisés, tant soit peu dans la
réparation des dommages environnementaux si bien qu’il y a lieu de se demander ce que
deviendront ces zones après épuisement de la ressource aurifère.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 49


2.3.7. Les transports : l’état du parc routier demeure le principal défi environnemental
L’analyse de la structure des dépenses des ménages fait ressortir qu’en 2017, les transports
représentent 6,6 % et occupent le troisième rang, après les dépenses d’alimentation (55,5%) et
de logement (14,4%) (INSTAT, EMOP, 2017).

La vétusté du parc motorisé du Mali (transports terrestres) : une préoccupation partagée


Les moyens de transport dominants au Mali sont le transport routier (de loin le plus utilisé), le
transport fluvial, le transport aérien et le transport ferroviaire.

La possession des moyens de déplacement routier par les ménages est passée de 32 % en 2006
à 57,9% en 2017 pour les motocyclettes et de 3,3% à 5,7% pour les voitures. (INSTAT, ELIM
2006, EMOP 2017). Ce qui témoigne de l’importance du parc motorisé, un parc caractérisé par
sa vétusté comme l’indique le tableau ci-après.

Les véhicules de plus de 10 ans représentent 67,07% du parc parmi lesquels, 52,81% ont 16 ans
et plus. Ce qui prouve l’état vieillissant du parc de véhicules qui n’est pas sans impact sur
l’environnement, notamment en termes de pollution atmosphérique, étant donné que 48,81%
de ces véhicules utilisent le gazole et 43,85% l’essence (CPS /ETC- 2017). Hormis cet aspect,
ces vieux véhicules dont la durée de fonctionnement dépend de la capacité de maintenance et
du pouvoir d’achat de leurs propriétaires, croupissent peu après dans des garages de fortune,
encombrant ainsi plusieurs espaces, voire des voies circulation dans les villes.

Dans le domaine du transport fluvial, la période de navigabilité dépend du niveau et de la durée


des crues. Au cours de ces dernières décennies, les effets du changement climatique ont
provoqué la baisse du niveau des crues et réduit la période de navigation. Toutefois, la période
de navigabilité qui était d’environ 5 mois a été portée à 6 mois, suite à l’acquisition des bateaux
à faible tirant d’eau.

Quant au trafic aérien, il a connu un rebond à partir de 2013, suite à la baisse enregistrée en
2012, en référence aux mouvements d’aéronefs enregistrés (arrivées et départs) au niveau de
l’Aéroport International Président Modibo KEITA Sénou (AIPMKS). Il n’a cessé d’augmenter,
passant de 10 480 mouvements en 2013 à 11 638 en 2016, soit un taux d’augmentation de
11,04%.(CPS /ETC- 2017).

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 50


Tableau 6 : Situation du parc de véhicules routiers du Mali dans la série normale par type de véhicules en 2016

GENRE ≤1an 2 à 3 ans 4à 5 ans 6 à 7ans 8 à 10 ans 11 à 15 ans 16 TOTAL %


ans et plus
Motos 1655 10793 10660 10706 9329 4715 7284 55142 14,42
Véhicules personnels 842 7240 8658 11596 17039 37666 118957 201998 52,82
Véhicules Transports en commun 190 537 842 718 727 1260 25469 29743 7,78
Camions 122 590 752 855 1068 2018 16942 22347 5,84
Camionnettes 610 2743 3139 4139 3849 5327 8350 28157 7,36
Remorques 7 7 10 6 7 47 123 207 0,05
Semi/remorques 1527 2163 1780 1769 1108 1232 6663 16242 4,25
Tracteurs routiers 974 1693 1605 1884 1404 2198 7454 17212 4,50
Autres véhicules 150 123 99 109 108 84 10737 11410 2,98
TOTAL 6077 25889 27545 31782 34639 54547 201979 382 458 100,00
% 1,59 6,77 7,20 8,31 9,06 14,26 52,81 100,00
Source : DNTTMF/OT, Annuaire statistique
NB : Véhicules immatriculés dans la série normale, fichier carte grise

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 51


CHAPITRE 3 : LES MILIEUX NATURELS

L’environnement est constitué des milieux, aérien (atmosphère, air, climat), terrestre (flore,
faune, sol), aquatique (eau) qui interagissent en permanence pour assurer diverses fonctions
telles que la fourniture des conditions nécessaires à la vie (air, eau, nutriments, etc.), l’habitat
pour la faune et la flore, etc.

Ces milieux subissent de fortes pressions résultant des facteurs naturels et des activités
humaines. En effet, les besoins croissants de la population induisent des prélèvements sur les
ressources naturelles, des activités de transformation et de consommation débouchant le plus
souvent sur des rejets de substances nocives, toutes choses qui affectent négativement les
processus biologiques et dégradent les milieux naturels.

Dans les lignes qui suivent, les composantes naturelles seront abordées individuellement,
toutefois en gardant à l’esprit qu’elles sont en perpétuelle interaction, laquelle fonde la
dynamique et les déterminismes qui président à l’état et l’évolution des différents milieux, en
dehors de toute ingérence anthropique.

3.1. L’AIR ET LE CLIMAT

L’air est une composante très importante mais aussi très complexe de l’environnement, vu sa
composition, ses variations dans le temps et dans l’espace et surtout sa forte mobilité.

Au cours de l’année, le Mali est traversé par deux principaux courants d’air qui caractérisent les
deux grandes saisons climatiques à savoir :
- l’air continental sec de l’harmattan qui souffle de novembre à avril ; (saison sèche)
- l’air tropical humide de la mousson de l’atlantique équatorial qui a cours de juin à
septembre (saison humide).

L’air est souvent pollué par une brume sèche, constituée de poussières en suspension, c'est à dire
des particules d'origine terrigène dont le diamètre varie entre 10-1 et 100μ. Ce phénomène
s’observe en général pendant les mois de décembre à mars sur l’ensemble du territoire du Mali.

Une autre forme de pollution de l’air provient du dégagement de poussières au passage des
véhicules à cause de l’état défectueux des voies de circulation.

Malheureusement, il n’existe pas de données fiables sur l’évolution de la qualité de l’air au Mali.
Les évaluations périodiques faites dans le cadre de la mise en œuvre de la Convention Cadre des
Nations Unies sur les Changements Climatiques, consistent à calculer les émissions des gaz à
effet de serre à partir de modèles mathématiques.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 52


Aux termes de la dernière évaluation (2017), il ressort que les facteurs les plus responsables de
la pollution de l’air au Mali sont : le transport, l’industrie, l’élevage, l’énergie, les feux de
brousse, etc. Ces activités sont sources d’émission de gaz polluants tels que le monoxyde de
carbone (CO), le méthane (CH4), le chlorure d’hydrogène (HCl), le sulfure d’hydrogène (H2S)
les dioxines, les furannes et l’hexa chlorobenzène (HCB), etc.

La synthèse des émissions entre 2007 et 2012 est présentée dans le tableau ci-dessous. On
constate que les émissions des gaz à effet de serre ont augmenté légèrement. D’une année à
l’autre, la combustion de la biomasse demeure la principale source d’émissions des gaz à effet de
serre dans le secteur de l’énergie.

Tableau 7 : Bilan des émissions de gaz à effet de serre au Mali de 2007à 2012
ANNEES CO2 CH4 N2O NOX CO NMVOC SO2 TOTAL

2007 2063,944 1137,230 232,489 31,970 919,656 116,663 3,581 3433,662


2008 2263,563 1134,351 230,093 35,127 917,418 117,558 4,161 3628,007
2009 2312,518 1377,071 278,457 37,987 1108,351 141,530 4,081 3968,046
2010 2676,416 1340,057 271,473 34,120 1074,665 137,404 4,465 4287,946
2011 3408,542 1127,044 231,458 38,703 914,121 119,091 5,244 4767,044
2012 2782,082 1439,168 292,704 43,905 1162,380 149,347 7,706 4513,955
Source : Rapport troisième communication nationale du Mali à la Convention Cadre des Nations Unies
sur les Changements Climatiques- AEDD.

Même si le Mali est considéré comme « puits de carbone » aux termes des conclusions de la
troisième communication nationale à la Convention Cadre des Nations Unies sur les
Changements Climatiques, il reste néanmoins que ces émissions de gaz impactent le climat dans
son ensemble.

Par ailleurs, la pollution atmosphérique affecte l’état de santé des populations comme l’indique
le tableau ci-dessous relatif à l’incidence des maladies liées à la qualité de l'air.

Tableau 8 : Incidence des maladies liées à la pollution de l'air

CATEGORIE 2005 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016


Nouveaux cas rapportés
150 038 405 037 379 371 415 665 464 948 519 882 682 302 55 382
de bronchite
Nouveaux cas rapportés
d'infections respiratoires 145 749 170 980 165 642 180 695 204 373 250 066 327 416 27 771
aiguës (IRA)
Nouveaux cas rapportés
2 584 2 773 2 743 3 436 3 169 3 094 2 450
de problèmes de mémoire
Nouveaux cas rapportés
192 116 223 440 220 000
d'hypertension artérielle
TOTAL de nouveaux cas
1 236
rapportés de maladies 295 787 578 601 547 786 599 103 672 757 965 233
252
305 603
liées à la pollution d'air
Nouveaux cas rapportés
2521 3765 3564 3782 4003 5577 6938
pour 100.000 Habitants
Source : DNS- Système local d’informations sanitaires-2016

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 53


Nota : D’autres maladies, telles que les dommages neurologiques, le cancer pulmonaires,
l'asthme, les problèmes de mémoire et les maux de têtes sont rencontrées. En raison du manque
de données y afférentes, elles ne figurent pas dans le tableau. Par ailleurs les données de l’année
2017 ne sont pas disponibles.

En référence à l’évolution du nombre total de nouveaux cas rapportés liés à la pollution d'air, on
constate que les maladies dues à la qualité de l’air ont progressé d’année en année jusqu’à
atteindre plus d’un million de cas en 2015, soit 6 938 cas pour 100 000 habitants. En 2017, le
nombre de cas retombe à un peu plus de 300 000, soit une baisse d’environ 300% sans qu’on ne
puisse en donner les raisons.

Quant au climat du Mali, il est sec et caractérisé par une saison sèche et une saison des pluies de
durées variables du sud au nord. Les 30 dernières années (1981-2010) ont été arides en Afrique
de façon générale et au Mali en particulier si bien qu’on a assisté à un déplacement des isohyètes
d’environ 200 km vers le Sud.

Les développements qui suivent retracent l’évolution des paramètres climatiques (pluies,
températures, ETP) sur trente (30) ans, dans quatre (4) stations météorologiques synoptiques
représentatives des zones bioclimatiques du Mali (Sikasso, Ségou, Mopti et Tombouctou). Il
s’agit essentiellement d’appréhender le contexte climatique du Mali et d’envisager l’avenir en
termes de réchauffement climatique.

L’appréciation du réchauffement global, des jours chauds et des nuits moins froides repose sur le
suivi des températures. Sans entrer dans les détails, il s’agit d’analyser les écarts entre les valeurs
de températures (sur la période d’observation) par rapport à leurs valeurs normales respectives
(1981-2010) et d’apprécier l’occurrence des phénomènes extrêmes.

Notons que les données obtenues sur la station de Tombouctou concernent la période 1988 -2011
(pour raison d’insécurité), alors que celles des autres stations, la période 1988-2017.

3.1.1. L’évolution de la température


L’évolution de la moyenne annuelle sous abri de la température maximale de 1988 à 2017
(exceptionnellement de 1988 à 2011 pour la région de Tombouctou), est illustrée par les
différents graphiques ci-après :

 Station synoptique de Sikasso

Figure 6 : Evolution de la température maximale sur 30 ans à Sikasso


35
34
33 Total
32
Linéaire (Total)
31
2000
1988
1990
1992
1994
1996
1998

2002
2004
2006
2008
2010
2012
2014
2016

Source : Mali- Météo

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 54


 Station synoptique de Ségou

Figure 7 : Evolution de la température maximale sur 30 ans à Ségou


38

36
Total
34
Linéaire (Total)
32
1996
1988
1990
1992
1994

1998
2000
2002
2004
2006
2008
2010
2012
2014
2016
Source : Mali- Météo

 Station synoptique de Mopti

Figure 8 : Evolution de la température maximale sur 30 ans à Mopti


38
37
36
35 Total
34 Linéaire (Total)
33
1988
1990
1992
1994
1996
1998
2000
2002
2004
2006
2008
2010
2012
2014
2016

Source : Mali- Météo

 Station synoptique de Tombouctou

Figure 9 : Evolution de la température maximale sur 21 ans à Tombouctou (1988-


2011)
50
40
30
20 Total
10 Linéaire (Total)
0

Source : Mali- Météo

D’une manière générale, les graphiques indiquent une tendance nette à la hausse dans toutes les
stations, à l’exception de la station de Tombouctou, où elle n’est pas aussi nette (déficit de
données à partir de 2011).

L’évolution de la moyenne annuelle sous abri de la température minimale de 1988 à 2017


des stations de Sikasso, Ségou, Mopti et de 1988 à 2011 pour la station de Tombouctou est
illustrée par les graphiques ci-après :

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 55


 Station synoptique de Sikasso

Figure 10 : Evolution de la moyenne annuelle sous abri de la température


minimale de 1988 à 2017 à Sikasso
22,5
22
21,5 Total
21
Linéaire (Total)
20,5
1988
1990
1992
1994
1996
1998
2000
2002
2004
2006
2008
2010
2012
2014
2016
Source : Mali- Météo

 Station synoptique de Ségou

Figure 11 : Evolution de la moyenne annuelle sous abri de la température minimale


de 1988 à 2017 à Ségou
24
23
Total
22
Linéaire (Total)
21
1992

2000

2008

2016
1988
1990

1994
1996
1998

2002
2004
2006

2010
2012
2014

Source : Mali- Météo

 Station Synoptique de Mopti

Figure 12 : Evolution de la moyenne annuelle sous abri de la température


minimale de 1988 à 2017 à Mopti
25
20
15
Total
10
5 Linéaire (Total)
0
2006

2016
1988
1990
1992
1994
1996
1998
2000
2002
2004

2008
2010
2012
2014

Source : Mali- Météo

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 56


 Station synoptique de Tombouctou

Figure 13 : Evolution de la moyenne annuelle sous abri de la température


minimale de 1988 à 2011 à Tombouctou
30
25
20
15 Total
10 Linéaire (Total)
5
0
1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012

Source : Mali- Météo

En résumé, l’analyse fait ressortir une tendance à la hausse des températures minimales, dans
toutes les zones, à l’exception de la zone sahélienne où la tendance est à la normale et la zone
saharienne où on note une légère baisse.

Les graphiques suivants indiquent l’évolution de la moyenne annuelle des températures sous
abri et des écarts subséquents de 1988 à 2017 pour les stations de Sikasso, Ségou, Mopti et de
1988 à 2011 pour la station de Tombouctou.

 Station synoptique de Sikasso


Figure 14 : Evolution de la moyenne annuelle des températures sous abri à Sikasso

28,5
28
27,5
Total
27
Linéaire (Total)
26,5
26
19881990199219941996199820002002200420062009201220142016

Source : Mali- Météo

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 57


Figure 15 : Ecarts avec la valeur normale 1981-2010 à Sikasso (Température normale :
27.5)

1
0,5
0 Total

2004

2007
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003

2005
2006

2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
-0,5
-1

Source : Mali- Météo


 Station synoptique de Ségou

Figure 16 : Evolution de la moyenne annuelle des températures sous abri à Ségou


31
30,5
30
29,5
Total
29
28,5 Linéaire (Total)
28
27,5
2009
2010
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1996
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008

2012
2013
2014
2015
2016
2017 Source : Mali- Météo

Figure 17 : Ecarts avec la valeur normale 1981-2010 à Ségou (Température


normale : 29.4)
1,5

0,5
Total
0
1995
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994

1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014

-0,5

-1

Source : Mali- Météo

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 58


 Station synoptique de Mopti

Figure 18 : Evolution de la moyenne annuelle des températures sous abri à Mopti

Total
30,5
30
29,5
29 Total
28,5 Linéaire (Total)
28
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1998
1999
2000
2002
2004
2005
2009
2010
2011
2013
2014
2015
2016
2017
Source : Mali- Météo

Figure 19 : Ecarts avec la valeur normale 1981-2010 à Mopti (29.4)


1

0,5

0 Total
1997

2007
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996

1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006

2008
2009
2010
-0,5

-1

Source : Mali- Météo

 Station synoptique de Tombouctou

Figure 20 : Evolution de la moyenne annuelle des températures sous abri à Tombouctou


31
30,5
30
29,5
Total
29
Linéaire (Total)
28,5
28
27,5
1988 1991 1993 1997 1999 2001 2003 2007 2010

Source : Mali- Météo

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 59


Figure 21 : Ecarts avec la valeur normale 1981-2010 à Tombouctou

1,5

0,5
Total
0

1992

1997
1988
1990
1991

1993
1996

1998
1999
2000
2001
2002
2003
2005
2007
2008
2010
2011
-0,5

-1
Source : Mali- Météo

L’évolution des températures moyennes indique une tendance à la hausse dans toutes les zones, à
l’exception de Mopti, où il est observé une tendance à la baisse au cours de la période
d’observation. Les écarts de températures par rapport aux températures normales de 1981 à 2010
sont de plus en plus positifs à l’exception de Mopti où ceux des dernières années sont de plus en
plus négatifs.

3.1.2. L’évolution de la pluviométrie

o Station synoptique de Sikasso


L’analyse des relevés pluviométriques réalisés sur 30 ans à la station météorologique synoptique
de Sikasso (zone sud soudano guinéenne) indique une tendance à la hausse de la pluviométrie
due à la reprise de celle-ci pendant la dernière décennie, comme le démontre le graphique ci-
dessous.

Figure 22 : Evolution de la pluviométrie sur 30 ans à la station météorologique synoptique de


Sikasso.

2000
1500
1000 Total
500 Linéaire (Total)
0
2004
1988
1990
1992
1994
1996
1998
2000
2002

2006
2008
2010
2012
2014
2016

Source : Mali- Météo

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 60


o Station synoptique de Ségou

A la station météorologique synoptique de Ségou (zone nord soudanienne), une tendance à la


baisse de la pluviométrie est observée, particulièrement due à la forte baisse de la dernière
décennie, comme l’indique le graphique ci-dessous.

Figure 23 : Evolution de la pluviométrie sur 30 ans à la station météorologique


synoptique de Ségou

1500

1000
Total
500
Linéaire (Total)
0
1988
1990
1992
1994
1996
1998
2000
2002
2004
2006
2008
2010
2012
2014
2016
Source : Mali- Météo

o Station synoptique de Mopti


A la station météorologique synoptique de Mopti (zone sahélienne), l’analyse indique une
tendance à la hausse de la pluviométrie mais avec une forte baisse pendant la dernière décennie,
comme le témoigne l’évolution de la courbe du graphique ci-dessous.
Figure 24 : Evolution de la pluviométrie sur 30 ans à la station météorologique
synoptique de Mopti.
1000
800
600
400 Total
200 Linéaire (Total)
0
1988

2008
1990
1992
1994
1996
1998
2000
2002
2004
2006

2010
2012
2014
2016

Source : Mali- Météo

o Station synoptique de Tombouctou

L’observation a porté pour la station météorologique synoptique de Tombouctou (zone


saharienne) sur la 1988 à 2011 en raison de l’insécurité. On relève une tendance à la baisse sur
les 3 décennies et une baisse pour chaque décennie

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 61


Figure 25 : Evolution de la pluviométrie sur 24 ans à la station météorologique synoptique
de Tombouctou
400

300

200 Total
Linéaire (Total)
100

0
1988 1990 19921994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010

Source : Mali- Météo

En résumé, on observe sur la période une tendance linéaire (sur les graphiques) d’une baisse de
la pluviométrie dans toutes les stations, excepté celle de Sikasso où on observe une tendance à la
hausse, due à la reprise de la pluviométrie pendant la dernière décennie.

Par ailleurs, l’analyse de la tendance mobile (sur les graphiques) indique une forte variabilité de
la pluviométrie d’une année à l’autre.

3.1.3. La modélisation et projection à l’horizon 2100

Afin d’apprécier l’évolution future des paramètres température et pluie, il a été procédé à une
modélisation des anomalies de température (par rapport à la moyenne 1850-2010), et à des
analyses à l’échelle du pays. Les résultats de cet exercice ont débouché sur les principales
conclusions suivantes :

De façon générale, l’évolution de la pluviométrie moyenne annuelle indique une


tendance à la baisse et une forte variabilité d’une année à l’autre (évolution en dents de
scie). Sur des courtes périodes, les années à forts excédents succèdent à celles de forts
déficits de pluies.

Les moyennes annuelles des températures maximales et minimales sont à la hausse ; ce


qui signifie que les journées sont de plus en plus chaudes (tendance élevée des
températures maximales) et les nuits de moins en moins froides (tendance élevée des
températures minimales)

La tendance de l’évolution des températures moyennes est généralement à la hausse,


confirmant ainsi le réchauffement global sur la période.

Les écarts de températures moyennes par rapport aux températures normales de 1981 à
2010 sont de plus en plus positifs. Ce qui pourrait expliquer la fréquence de plus en plus
élevée des phénomènes extrêmes.

Par rapport aux projections, les diverses analyses présagent un réchauffement continu
jusqu’à l’horizon 2100.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 62


3.1.4. Les tendances du rapport Evapotranspiration Potentielle (ETP) / pluie (P)

La tendance du rapport ETP /P est d’un grand intérêt, particulièrement en agro météorologie.
Elle permet de découper la saison pluvieuse en trois parties appelées évènements agro
climatiques, qui sont déterminants dans la conduite des systèmes de production. La période pré
humide est la période durant laquelle les hauteurs de pluie reçues enregistrent un cumul compris
entre le 1/3 de l’Evapotranspiration Potentiel (ETP) et l’ETP. La période franchement humide
est celle qui enregistre une pluviométrie globalement supérieure à l’ETP. La période post
humide est celle d’une pluviosité redevenue intégralement inférieure à l’ETP et comprise entre
l’ETP et le 1/3 de l’ETP.

Pour déterminer les dates de début et de fin (donc la durée) de ces évènements climatiques, on
construit sur le même graphique, les courbes de pluviosité, de l’ETP et du 1/3 de l’ETP, comme
sur le graphique suivant.

Figure 26 : Modèle graphique de détermination des évènements climatiques


300

250

200

150 Somme de Pluie

100 Somme de ETP


Somme de ETP/3
50

Source : Mali-Météo
Légende :
La période pré humide :
La période franchement humide :
La période post humide :

NB : La représentation des données décadaires de la pluie indiquerait de façon encore plus


précise les dates.

Cet exercice a été fait avec les données mensuelles de pluie, chaque cinq an, de 1988 à 2017
pour les stations de Sikasso, Ségou et Mopti et de 1988 à 2001 pour celle de Tombouctou. Les
constats sont les suivants :

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 63


 Si les dates précises ne sont pas déterminées exactement pour tracer les courbes de
tendance, on note tout de même une très forte variabilité de la durée de la saison de pluies
utiles pour les besoins agricoles, d’une année à l’autre ;
 Cette durée de la saison de pluies utiles pour les besoins agricoles, diminue de la zone pré
guinéenne, à la zone saharienne.

L’analyse de l’évolution du climat à travers ses paramètres (Température, pluviométrie,


évapotranspiration) est d’une importance capitale dans la gestion technique des systèmes de
production et la compréhension des déterminismes qui prévalent dans l’état et l’évolution des
écosystèmes au Mali, en dehors des multiples facteurs anthropiques. Qu’il s’agisse de la flore, de
la faune, de la biodiversité, des ressources en eau, etc. tous ces composants des milieux naturels
sont sous la dépendance des facteurs climatiques qui les ont façonnés à travers divers processus
d’adaptation ou au pire, dégradés en fonction de la gravité de leurs manifestations.

Plusieurs initiatives sont en cours au Mali pour lutter contre le changement climatique, soit par
des actions d’atténuation, soit à travers l’adaptation des systèmes de production.
Rappelons que le Mali dispose d’une Politique Nationale sur le Changement Climatique, assortie
d’une stratégie reposant sur huit axes à partir desquelles ont été définies 147 actions composant
le Plan d’Action National Climat (PANC 2012-2017).

De ce plan découlent de grands programmes ou initiatives, tels que le programme «Alliance


Mondiale contre le Changement Climatique ou en anglais Support to the Global Climate Change
Alliance (GCCA), le Programme d’Appui aux Initiatives du RESO Climat Mali pour
l’Adaptation aux Changements Climatiques (PAIRCC), le Programme de Valorisation à Grande
Echelle des Energies Renouvelables (SREP), l’Initiative de la Grande muraille verte, le Fonds
Climat Mali, etc.

Beaucoup d’actions ont été menées sur le terrain afin de renforcer la résilience des populations.
La cartographie des projets sur le changement climatique, réalisée en 2017 sous l’égide de
l’AEDD avec l’appui de la GIZ a permis d’identifier au Mali, 92 projets changement climatique
en cours ou ayant démarré pendant la période 2014- 2017.(Rapport de cartographie des projets
changements climatiques au Mali-Période 2014-2017- AEDD-GIZ)

3.2. LA BIODIVERSITE AU MALI : Un trésor menacé

La biodiversité est abordée ici sous l’angle des trois niveaux d’organisation du monde vivant
(diversité génétique, diversité des espèces et diversité des écosystèmes) et des différentes
interactions au sein de ces trois niveaux.

La connaissance et la protection de la diversité des écosystèmes, des espèces vivantes et de leurs


caractères génétiques sont très importantes pour le processus de développement durable en cours
au Mali. Elles contribuent à la réduction de la pauvreté à travers la sécurité alimentaire,
l'amélioration de la santé, la génération de revenus, la réduction de la vulnérabilité et le maintien
de l'équilibre des écosystèmes.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 64


Le Mali renferme une grande diversité d’écosystèmes terrestres, fluviaux et lacustres, découlant
de la diversité des conditions écologiques. Ces écosystèmes abritent chacun plusieurs espèces
animales et végétales dont la plupart sont menacées par les effets du changement climatique, les
actions anthropiques telles que l’agriculture, la pêche, l’élevage, l’exploitation forestières, etc.
Le rythme élevé de la croissance démographique et l'activité économique liée aux systèmes de
production traditionnels contribuent fortement à la baisse de la quantité des ressources
biologiques et à l'érosion de la diversité biologique.

La diversité de la faune au Mali s’explique par la grande diversité des habitats (forêts, savanes,
fleuves, lacs, etc.) Toutefois, si les espèces sont encore nombreuses, il n’en est pas de même pour
les populations au sein de chaque espèce. Certaines espèces ne sont représentées que par
quelques individus d’apparition rare, suite aux énormes pressions qui ont réduit
considérablement les effectifs.

La faune comprend des espèces de mammifères, une grande variété d’oiseaux, de reptiles,
d’amphibiens, de poissons et d’insectes.
Tableau 9 : Biodiversité de la faune au Mali
GROUPE NOMBRE TOTAL NOMBRE D’ESPECES
D’ESPECES ENDEMIQUES
Mammifères 136 -
Oiseaux 640 -
Reptiles 106 1
Amphibiens 30 2
Poissons 160 24
Papillons sphinx 6 -
Source : Rapport état des lieux et évaluation des politiques, plans et programmes par rapport à la prise en
compte de la diversité biologique au Mali, DNEF 2012

Les Mammifères sont répartis entre 136 espèces, dont 70 sont de grands mammifères. Ces
grands mammifères vivent dans les savanes soudaniennes occidentales et dans la zone
sahélienne. Les espèces dominantes sont : l’hippopotame nain (Choerapsis liberiensis) et le
lamantin (Trichechus senegalensis). On rencontre également en nombre réduit : le damalisque
(Damaliscus karrigum), l’éland de Derby (Tauratragus derbianus), la giraffe (Giraffa
camelopardalis reticulata), la gazelle dama (Gazella dammah), l’Oryx (Oryx algazella), l’addax
(Addax nasomaculatus), le mouflon à machettes (Acinonyx lervia), le guépard (Acinonyx
jubatus), le lycaon (Lycaon pictus), le pangolin (Manis spp.), l’orycterape (Orycterapus afer), le
lion, l’éléphant, le Chimpanzé, etc.

L’avifaune contient au moins 640 espèces d’oiseaux. Plusieurs études menées dans le delta
intérieur du fleuve Niger ont démontré l’existence d’importantes populations d’oiseaux (espèces
migratrices, éthiopiennes). Les principales espèces migratrices sont : la sarcelle d’été (Anas
quesquedula), le Pilet (Anas acuta), le Souchet (Anas dypeata) et le Filicule nyroca (Aythya
nyroca). La migration des oiseaux s’effectue entre le Mali et plus de 18 pays d’Europe,

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 65


d’Afrique et d’Asie. Les espèces éthiopiennes relativement moins nombreuses comprennent
principalement ; le Dendrocygne fauve (Dendrocygna bicolor), le Dendrocygne veuf
(Dendrocygna viduata), l’oie de Gambie (Pletopterus gambiensi), l’oie d’Egypte (Alopochen
aegyptiaca) et le canard casqué (Sarkidiomis melanotos).Certains oiseaux nomades, se déplacent
irrégulièrement à travers le continent c’est le cas du travailleur à bec rouge (Quelea quelea) et du
travailleur à tête rouge (Quelea erytropus). L’autruche (Struthio camelus) est de plus en plus
rare.

Les espèces inventoriées de la faune ichtyologique du Niger appartiennent toutes à la classe des
ostéïchthyens, poissons à squelette osseux. Trois sous-classes d’importance différente sont
présentes dans la faune du Niger à savoir les Dipneustes les Néoptérygiens et les
Actinoptérygiens.

Les espèces de poissons dont les noms suivent sont considérées comme des espèces endémiques,
rares ou sensibles aux variations environnementales au Mali ; (DNEF, 2012) :
Tableau 10 : Espèces de poissons rencontrées dans le DIN
Nom scientifique de l’espèce Nom vernaculaire Observations
(Bamanan)
Polypterus annectens annectens Sajèguè
Polypterus endlicheri endlicheri Sajèguè espèce endémique au DIN
Gymnarchus niloticus Sôdjèguè
Hepsetus odoe zangalan
Pollimyrus petricolus nana
Malapterus electricus n’tigui
Tetraodon lineatus dodo
Synodontis resupinatus konkon
Synodontis gabroni konkon
Arius gigas soumè
Source : Rapport DN Pêche 2012

Les reptiles largement répandus sont principalement les tortues, les serpents, les lézards, les
warrants et les crocodiles. Les amphibiens les plus rencontrés, considérés comme espèces
endémiques au Mali sont : Schontedenalla mille tihorsini et Bufo chadeani.

Les invertébrés renferment une grande diversité biologique qui a encore besoin d’être exploré.
La plus récente mise en valeur est l’essor de l’apiculture. Dans la zone d’intervention du projet
PATTEC, les insectes capturés ou observés en mai 2012 sont indiqués au tableau ci-après.
Tableau 11 : Ordre, familles, genre et espèces des insectes capturés ou observés dans la
zone du projet PATTEC
Ordre Famille Genre Espèce Observation
Pompilidae Anopluis Sp. Parasite
Vespidae Vespula Sp. Parasite
Hyménoptère Sphecidae Sphex Sp. Parasite
Xylocopinae Xylocopa Sp. Pollinisateur

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 66


Ordre Famille Genre Espèce Observation
Apidae Apis Sp. Apis melofera Pollinisateur
Lépidoptère Pieridae Colias Sp. Défoliateur
Hysperidae Défoliateur
Lycaninae Lycaena Sp. Défoliateur
Nymphalidae Limenetis Sp. Défoliateur
Orthoptère Conophalinae Conocephalus Défoliateur
Manthidae Mantis Sp. Prédateur
Diptère Syrphidae Syrphus - Pollinisateur,
Asilidae Laphtia - prédateur
Glossinidae Glossina Glossina palpalis Prédateur
Stomoxinidae Stomoxis Stomox Vecteur
Calliphoridae Phanaecia nigranigra Vecteur
Sarcophagidae Sarcophagi Sp. - Myase
tebanidae Tabanus Sp. T. gratus Putrefaction,
fertilisateur
Vecteur
Homoptère Cicadelidae Correlus Sp. - Protecteur
Cicadidae Cicadae Sp. - Protecteur
Coléoptère Carabidae Calosoma Sp. - Prédateur
Scarabeidae Phanaeus Sp. - Fertilisateur
Source: Rapport état des lieux et évaluation des politiques, plans et programmes par rapport à la prise en
compte de la diversité biologique au Mali, DNEF 2012.

Le Mali passe pour être un centre important de domestication de plusieurs espèces de plantes
cultivées. Beaucoup d’écotypes locaux et espèces apparentées ont été identifiés en 2011 tel que
l’indique le tableau n°12 ci-après.

Tableau 12 : Diversité génétique de certaines espèces de plantes cultivées au Mali


Catégories Espèces cultivées Nombre de variétés disponibles
(Accessions au niveau de la
Recherche ou dans les banques de
gènes)
Céréales Mil 1563
Sorgho 2673
Riz (irrigué) 1328
Riz (pluvial) 74
Fonio 32
Légumineuses, Arachide 322
oléagineuses et autres Niébé 309
Voandzou 59
Igname 417
Arboricultures fruitières Manguier 100
Agrumes 56
Cultures textiles Coton 89 (variétés ou lignées en
collection à SRA- N’Tarla)
Source : URG/IER et partenaires -2011

Plusieurs parmi ces espèces présentent des atouts en matière de biotechnologie. Il s’agit entre

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 67


autres : du mil pour la tolérance de certaines variétés locales aux attaques d’oiseaux granivores
(variétés aristées), de foreurs de tiges, de mildiou, de striga et à la sécheresse ; du sorgho en
raison des qualités grainières des variétés locales et leur adaptabilité aux conditions agro
écologiques; des riz cultivés d’origine africaine (Oryza glaberrima) assez rustiques ; du coton
dont certaines variétés locales peuvent être utilisées à des fins d’amélioration quantitative et
qualitative de la production et de réduction des pesticides.

Toutes ces variétés de plantes pourraient servir de donneurs de gènes à d’autres variétés de la
même espèce.

Les déficits hydriques ont entraîné une réduction de la production primaire, une modification de
la structure du couvert végétal, suite à la disparition des espèces non résistantes et une réduction
massive de la faune sauvage privée de son habitat ainsi que du cheptel.

Le changement climatique reste le facteur naturel qui a le plus impacté négativement la


biodiversité au Mali. Certaines espèces végétales se sont déplacées en fonction des isohyètes.

Ainsi dans la zone sud-sahélienne (ranch de Niono) le changement climatique a provoqué la


disparition progressive d'Andropogon gayanus et de Bombax costatum entraînant une
sahélisation des savanes. De la même manière, dans le delta central du Niger, on assiste à la
réduction des bourgoutières.

Par ailleurs, des études indiquent que le changement climatique a un grand impact sur les
ressources génétiques agricoles. La dégradation parfois soudaine de leur environnement et les
profonds changements socioculturels et socio-économiques constituent les principaux facteurs
d'appauvrissement de la variabilité existante. De tels bouleversements peuvent provoquer la
disparition rapide et irréversible de cultivars traditionnels. Ainsi une étude récente, menée sur
une période de dix ans dans ce domaine, a révélé une perte de variétés d'environ 60 % au sud, 40
% au centre et 25 % au nord et à l'ouest (Kouressy et al, 2001).

Les impacts du changement climatique sur les espèces ou variétés cultivées ont été évalués sur
des rendements avec simulation pour la période normale 1961-1990 et aux horizons temporels
2025 et 2100 pour chaque variété.

Pour le maïs, il est attendu une baisse générale des rendements, suite à une diminution
progressive de la durée de la saison pluvieuse et de la durée du cycle de la plante dans certaines
localités comme Bougouni, d’où la nécessité de recourir à d'autres spéculations pour compenser
les baisses de rendement entre 2025 et 2100.

Pour le coton, une baisse généralisée des rendements du cotonnier entre 2005 et 2025 sera
observée; les pertes de production se situeraient entre 150 tonnes en 2005 et 3.500 tonnes en
2025 selon les localités.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 68


Les grandes sécheresses, les grands barrages et les aménagements hydro-agricoles ont contribué
à modifier les régimes de crues et les écosystèmes aquatiques, avec comme conséquences entre
autres la raréfaction de certaines espèces halieutiques et la réduction des zones de reproduction
naturelle.

Le défrichement des terres pour les cultures a un impact très important sur la structure de la
végétation et sur l'environnement. La plupart des plantes ligneuses sont détruites, à l'exception de
quelques espèces protégées (Vitellaria paradoxa, Acacia albida et Parkia biglobosa). Seules les
espèces buissonnantes telles que Guiera senegalensis, Piliostigma reticulatum et Anona
senegalensis résistent à des coupes annuelles répétées. La réduction de la jachère a raccourci la
période nécessaire aux processus de régénération et accru la fragmentation des îlots de
végétation naturelle qui constituent les «banques de semences». Son impact est encore plus grave
lorsque l'accroissement de la pression démographique et les mutations sociales entraînent une
avancée des cultures sur des terres fragiles à faible rendement, aux sols peu profonds, érodés ou
saturés d'eau.

Pour la satisfaction des besoins d’énergie domestique, certaines espèces forestières sont
particulièrement menacées à cause du pouvoir calorifique de leur bois: Combretum glutinosum,
Pterocarpus erinaceus, Pterocarpus lucens, Acacia nilotica. D'autres comme Prosopis africana
(Guélé) et Burkea africana (Siri) sont recherchées pour leur charbon apprécié en artisanat local.
Il en est de même pour certaines espèces telles que Khaya senegalensis, Prosopis africana,
Bombax costatum, Dalbergia menaloxylon (l'ébène de Nioro) et Sclerocarya birrea exploitées
pour des fins artisanales et industrielles. Cette sélection entraîne des perturbations dans la
dynamique des peuplements.

Les produits de cueillette tels que le karité, le néré, le doum, le jujube, le kapok, la gomme
arabique, le baobab, etc., sont essentiellement prélevés par les femmes et les jeunes. Ils sont
utilisés à plusieurs fins: alimentation, médecine, commerce et artisanat. Mais souvent, la manière
d'effectuer les prélèvements et le moment où ils s'opèrent compromettent dangereusement le
développement ou la régénération de la ressource mère.

L'ébranchage par les bergers des espèces telles que Acacia seyal, Acacia senegal, Balanites
aegyptiaca, pour nourrir les animaux, expose les peuplements aux effets dévastateurs des feux de
brousse et des termites.

Plusieurs écosystèmes sont annuellement victimes des feux de brousse qui ravagent des forêts et
des pâturages, notamment en régions de savane et dans le Delta vif du Niger. Ils détruisent en
zone sud-sahélienne, le fourrage herbacé composé essentiellement d'espèces annuelles, privant
ainsi le bétail de pâturage. Les peuplements de certaines espèces ont régressé au Mali à cause des
feux de brousse et se sont ainsi cantonnés dans des endroits qui sont à l’abri du feu. Ce sont par
exemple : Gilletiodendronglandulosum, Guibourtiacopallifera et Veprisheterophylla dans le
massif gréseux de Kita.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 69


Des quatre petits troupeaux d'éléphants au Mali (Boucle du Baoulé, Gourma), il ne reste plus que
celui du Gourma. Cette diminution serait liée à la réduction de l'habitat, au développement des
circuits commerciaux, aux moyens modernes qu'utilisent les braconniers et à la demande en
protéines, suite à l'explosion démographique. La situation est similaire pour les girafes dans le
Sahel, les chimpanzés dans la zone du Fina, l'Elan de Derby dans le Baoulé, les antilopes,
lamantins et lions ailleurs.

En 1997, les dommages économiques liés aux pertes économiques en ressources fauniques
représentaient 7,25 % du PIB, soit 107 milliards de FCFA (Pillet et Dabo, 1997).

La multiplicité et le nombre d’acteurs exerçant l’activité de pêche, l'accroissement des besoins


des populations, le perfectionnement des engins de pêche et l'utilisation de substances toxiques
ou d'explosifs ont réduit la capacité de renouvellement du potentiel halieutique.

Les pollutions se font de plus en plus pressantes sur les ressources en eau et menacent l’équilibre
de nombreux écosystèmes aquatiques. Le fleuve Niger reçoit par jour à Bamako plus de 2.200 m³
d'eaux usées industrielles. Les usines de tannerie, de textile, de savonnerie et d'huilerie, les
industries chimiques, d'exploitation minière, les abattoirs déversent de manière incontrôlée des
polluants qui contribuent pour une grande part à une dégradation des écosystèmes terrestres et
aquatiques. En plus, le fleuve Niger reçoit plus de 32.000 m³ d'eaux usées domestiques et 16.000
m³ d'eaux usées des teintureries contenant des colorants, des polluants chimiques, des métaux
lourds qui dégradent la flore et la faune aquatiques.

Plus particulièrement, l'exploitation des mines d'or et les nombreux sites d'orpaillage ont un
impact important sur les ressources biologiques. Le cyanure, l'excavation et la décharge de
minerais, sources de pollution, entraînent la destruction du couvert végétal et la perte de la
diversité biologique du milieu environnant.

L'utilisation massive des engrais chimiques occasionne une dégradation de l'écosystème par
l'acidification des sols et la pollution de la nappe phréatique. L'utilisation des pesticides, en plus
des ennemis visés, anéantit malheureusement une faune (par exemple les insectes pollinisateurs
comme les abeilles) et une flore très utiles au maintien de l'équilibre des écosystèmes.

L'introduction de certaines espèces au Mali a mis en péril des espèces locales avec lesquelles
elles n'avaient pas évolué. C'est le cas de la jacinthe d'eau (Eiclornia erassipes). Elle est devenue
une source d'inquiétude grandissante. Originaire de l'Amazonie, cette herbe aquatique flottante a
été introduite vers 1990 autour de Bamako. Elle constitue le biotope de nombreux organismes
aquatiques vecteurs de maladies et envahit les mares, les infrastructures de l'Energie du Mali, de
l'Office du Niger, du Périmètre irrigué de Baguinéda. En couvrant les plans d'eau, elle constitue
une menace pour les espèces aquatiques animales et végétales qu'elle asphyxie.

L'intensification des cultures a conduit à une réduction de la diversité génétique des plantes
locales cultivées, car les quelques variétés sélectionnées pour leur meilleur rendement ont

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 70


remplacé l'éventail plus large des variétés moins productives. L'introduction par exemple du
sorgho Caudatum limite le développement des variétés locales; celle des riz asiatiques se fait au
détriment du riz Glaberrima local, dont les superficies sont en nette régression.

Dans le domaine de l'élevage, l'introduction croissante de races sahéliennes dans les zones
agricoles provoque une érosion génétique des races endémiques présentes. A cela il faut ajouter
l'élargissement de la base génétique animale avec l'introduction de semences congelées dans les
systèmes périurbains en cours d'intensification.

Les besoins de consommation des populations pauvres reposent presque exclusivement sur
l'exploitation des ressources naturelles. Les populations pauvres, dans leur situation de précarité,
n'ont souvent d'autres recours que de procéder à des prélèvements abusifs ou illicites sur les
ressources quel que soit leur état: braconnage, pêche abusive, mutilation des arbres,
défrichements anarchiques, exploitation illicite des forêts, surpâturage, etc.

Plusieurs conventions internationales concourant à la conservation des ressources naturelles et


biologiques ont été signées et ratifiées par le Mali. A titre de rappel, il s’agit entre autres de : La
Convention sur la Diversité Biologique, la Convention d’Alger sur la Conservation de la Nature
et des Ressources Naturelles, la Convention Internationale sur le Commerce des Espèces
menacées d'extinction (CITES), la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements
Climatiques; et la Convention des Nations Unies sur la Lutte contre la Désertification, etc.

La mise en œuvre de ces instruments internationaux a donné lieu à plusieurs actions dont la
plupart seront évoquées dans les réponses aux pressions sur les diverses composantes des
ressources naturelles. Toutes ces actions concourent à la préservation de la diversité biologique
au Mali.

3.3. LA FLORE

3.3.1. Les formations forestières : une évolution inquiétante, mais des actions
réconfortantes.

Les formations forestières constituent l’essentiel de la flore au Mali au regard de leur couverture
spatiale et de la biodiversité qu’elles renferment. Elles sont menacées par les manifestations
climatiques et les activités humaines.

L’insuffisance et l’irrégularité interannuelle des pluies, la longueur de la saison sèche, les fortes
températures et évapotranspiration, etc. provoquent la disparition de nombreuses espèces
forestières qui n’ont pas pu s’adapter. Pour celles qui résistent, la croissance se heurte à
l’insuffisance des pluies et la forte demande climatique en eau (ETP) qui limitent leur production
de matières sèches.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 71


La surexploitation des forêts à des fins énergétiques, l’expansion agricole, l’activité minière et
les feux de brousse sont parmi les agressions anthropiques les plus dévastatrices au regard de
leurs ampleurs et de leurs effets.

La consommation de bois et de charbon de bois augmente d’année en année au rythme de la


croissance démographique et des flux migratoires, provoquant une forte pression sur les
formations forestières, laquelle s’accentue de plus en plus suite à l’abandon de l’électricité par la
plupart des boulangeries, au profit du bois.

Le caractère saisonnier des revenus en milieu rural est crucial pour l’évolution des forêts.
Lorsque la campagne agricole échoue, le commerce de produits forestiers devient pour les
populations rurales la source facile de revenus. A côté des marchés ruraux de bois officiellement
crées, prolifèrent des circuits informels de commerce de bois et de charbon, signes de la
surexploitation des formations forestières. C’est ainsi que la consommation actuelle de produits
ligneux a atteint un niveau tel qu’il y a lieu de se demander ce que deviendront les forêts
maliennes dans un avenir proche. A ce questionnement, une étude de la Banque Mondiale datant
de 2007, estime que la demande de bois de chauffe évaluée à 9,129 millions de tonnes en 2002,
atteindra 19,871 millions de tonnes en 2022, soit l’équivalent d’environ 13,255 millions
d’hectares de forêt disparus.

Les graphiques ci-dessous indiquent les évolutions des consommations de bois énergie et de
charbon de bois de 2008 à 2017. Ces évolutions sont croissantes et portent sur des quantités
importantes ; encore qu’il ne s’agit là que des quantités sous contrôle des services
techniques alors que ceux-ci ne sont pas suffisamment équipés pour limiter les fraudes ou
produire des statistiques exhaustives en la matière.
Figure 27 : Evolution de la consommation de bois de chauffe de 2008 à 2017

600000
498 438
500000
413 341
383 141 386 011 368 846
400000 337811 345 979 328 731
305 745
300000 261337

200000
100000
0
Nombre de stères
2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017

Source : Rapports DNEF

La consommation de bois est passée de 337 811 stères en 2008 à 413 341 stères en 2017, soit un
taux d’augmentation de 22%. Au cours de la même période, elle enregistre un cumul de 3 629
380 stères, soit en moyenne 62 938 stères par an

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 72


Figure 28 : Situation d'exploitation du charbon de bois de 2008 à 2017

Titre du graphique
600 000 537 908
500 000
400 000 334 454
275 296 283 875
300 000 234 862
171 699
200 000 140 578 132 116
79 221 85 199
100 000
0
Quantités (Qm)

2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017

Source : Rapports DNEF

L’exploitation du charbon de bois est passée de 79 221 Qm en 2008 à 334 454 Qm en 2017,
soit un taux d’augmentation de 322 %. Le cumul enregistré au cours de la même période est de
2 275 208 Qm, soit en moyenne 227 520 Qm par an.

L’impact de la consommation de bois énergie sur les formations forestière est énorme et pour
preuve, l’approvisionnement du seul District de Bamako en bois énergie pour l’année 2016 a
nécessité 1 095 070,33 stères, soit une coupe à blanc de 21 901,40 ha6 d’une formation végétale
de type savane arborée. Pour l’année 2017, de janvier à novembre, il a fallu 1 103 121,66 stères
de bois soit 22 062,43 ha du même type de formation végétale. (DNEF-Rapport
approvisionnement District 2016_2017 ; 2017).En moyenne il a fallu déboiser l’équivalent
d’environ 22 000 ha pour satisfaire les besoins en bois énergie du District de Bamako pendant la
période 2016-2017.

Parallèlement, l’expansion agricole se poursuit, conséquence de la faible performance des


systèmes de production, face à la démographie galopante débouchant sur l’augmentation et la
diversification des besoins (mobilité, communication, sois de santé, éducation, etc.). Les
systèmes de production sont caractérisés par une faible utilisation des engrais, d’où l’épuisement
des sols et la baisse subséquente des rendements, poussant ainsi les exploitants à défricher de
nouvelles terres potentiellement plus productives.

Les formations forestières constituent donc pour l’agriculture malienne, le principal vivier
d’accroissement des superficies aux fins d’augmentation des productions agricoles. En culture
cotonnière par exemple, les extensions de surfaces s’élèvent à environ 1 000 ha par an.

6
Il faut 7kg de bois pour 1 kg de charbon ; 1 stère de bois équivaut à 230 kg ; la production moyenne en coupe à
blanc d’une savane arborée est de 50 stères/ ha.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 73


Tableau 13 : Evolution des superficies défrichées de 2008 à 2017 (ha)

Années 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017

Superficies 1167 959 1367 1943 992 1221 1753 1716 1783 1805
Source : Rapports annuels DNEF de 2008 à 2017

D’une manière directe et plus explicite, le tableau n°15 ci-dessous dresse un bilan en termes de
gain de surface à dominante agricole et de perte de surface de formations forestières semi-
naturelles de 1987 (évaluation du PIRL) et 2014 (évaluation d’AGRER- GEEDER).

Le taux de déforestation à des fins agricoles est très important, se situant entre 17% et 34%
suivant les régions. Dans les régions de Ségou et Sikasso, les pertes de surfaces en formations
forestières semi naturelles ont atteint respectivement à 34% et 32%, alors que les surfaces
agricoles enregistrent des augmentations de 73% et 114% de 1987 à 2014. L’augmentation des
aménagements hydro agricoles à l’Office du Niger dans la région de Ségou et l’accroissement
des superficies cotonnières semblent expliquer ces tendances.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 74


Tableau 14 : Bilan de l’évolution des surfaces agricoles et forestières de 1987 à 2014.
Régions Données du PIRL (1987) Données d’AGRER- GEEDER (2014) Bilan
Surface Surface à Surface de Surface Surface à Surface de Gain de Surface Perte de Surface
totale « dominante « formation semi- totale dominante « formation semi- à dominante de formation
agricole » naturelle » agricole naturelle » agricole semi- naturelle
Km2 Km2 % Km2 % Km2 Km2 % Km2 % % %
Kayes 122 085 13 233 11 108 852 89 121 950 335 84 28 87 601 72 154 - 19
Koulikoro 89 985 14 326 16 75 659 84 90 265 26 320 29 63 267 70 83 - 17
Ségou 60 819 19 121 31 41 698 69 63 025 34 180 54 28 568 45 73 - 34
Sikasso 70 406 15 229 22 55 177 78 71 961 33 353 46 38 183 53 114 - 32
TOTAL 343 395 61 909 18 281 386 82 347 202 127 437 36 217 619 62 106 - 23
Source : Rapports DNEF

Figure 29 : Evolution des formations semi-naturelles par région de 1987 à 2014

Source : Rapports DNEF

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 75


L’extraction aurifère au Mali est l’une des activités les plus dévastatrices des formations
forestières, particulièrement dans les régions de Kayes et Sikasso. Aussi bien dans sa forme
industrielle que traditionnelle, l’extraction aurifère est une véritable source de dégradation des
forêts.

L’extraction industrielle de l’or détruit complètement la flore suite à l’implantation des carrières,
l’aménagement des bassins de réception des effluents, l’installation de la base vie, etc. Même si
des plantations de compensation sont réalisées afin d’en atténuer les effets, il n’est pas évident que
ces sites recouvrent à court ou moyen termes, leurs fonctions écologiques.

C’est surtout l’exploitation traditionnelle de l’or qui menace gravement les formations forestières
en raison de son caractère incontrôlé, de ses effets dévastateurs et de l’absence de toute
compensation des impacts. L’aménagement des puits miniers s’accompagne d’une destruction de
la flore. Des troncs d’arbres (voir photo) sont abattus pour servir d’échafauds dans les milliers de
puits miniers, provoquant ainsi la déforestation des zones concernées, plus particulièrement les
berges des cours d’eaux qui portent généralement les plus grands arbres. Malheureusement il
n’existe aucune donnée statistique relative à cette activité qui, cependant gagne de plus en plus de
terrain dans les régions de Kayes et Sikasso.

Photo 1 : Types de troncs d’arbres utilisés comme échafauds de puits miniers

Source : Note sur l’impact de l’orpaillage traditionnel sur l’environnement- SISSOKO Sékou
N’Faly

Les feux de brousse continuent de ravager annuellement plusieurs forêts et pâturages au Mali.
Utilisés souvent pour chasser, défricher ou reverdir les pâturages, ils constituent un réel danger
pour les forêts du fait qu’ils interviennent pour la plupart en pleine saison sèche sur une végétation
déjà stressée par l’aridité du climat. Les feux provoquent ainsi la disparition des sujets fragiles,
réduisent temporairement l’activité photosynthétique des sujets restants, affectent négativement
les capacités de reproduction et de dissémination des espèces à travers la destruction des fleurs,
des insectes polinisateurs et des semences, etc. Par campagne, d’énormes superficies sont
victimes des feux de brousse au Mali, comme l’indiquent les figures ci-dessous.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 76


Figure 30 : Evolution des superficies brûlées par région

SUP_BRULEE_14_15_(ha)

SUP_BRULEE_15_16_(ha)

SUP_BRULEE_16_17_(ha)

Source : Rapports DNEF- 2015, 2016, 2017

Figure 31 : Evolution de l’occurrence des feux de brousse


18000
16000
14000
12000
OCCURRENCES DE FEU

10000
8000
6000
4000
2000
0
TOMB
KAYE KOULI SIKAS SEGO BAMA
MOPTI OUCT Gao
S KORO SO U KO
OU
OCCU_FEU_14_15 14651 5011 7673 775 319 93 0 0
OCC_FEU_15_16 16111 5211 5665 1000 580 11 0 21
OCC_FEU_16_17 363 651 149 196 292 39 4 15

Source : Rapports DNEF- 2015, 2016, 2017

Actuellement, les formations forestières au Mali ont atteint un niveau de dégradation alarmant,
nécessitant des moyens importants pour leur réhabilitation.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 77


Selon les résultats de l’inventaire réalisé en 2014 par la Direction Nationale des Eaux-et-Forêts,
les forêts couvrent une superficie de 54 434 781 Ha (Sans les formations forestières de la région
de Kidal) répartie entre les régions, comme l’indique la figure ci-dessous.

Figure 32 : Représentation graphique des superficies forestières par région (en Ha)

Superficie fôrestière du Mali en 2014 (en ha)


60000 000 54434 781
50000 000
40000 000
30000 000
20000 000
12118 500
8958 700 7153 600 6606 606 6829 421 6493 154
10000 000 6274 800

Source : Rapport d’inventaire 2014- DNEF

Cette superficie (54 434 781 ha) se décompose en diverses formations forestières dont les
principales rencontrées dans les régions sont les suivantes :

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 78


Tableau 15 : Situation des formations forestières par région
REGIONS TYPES DE FORMATIONS FORESTIERES SUPERFICIE (HA)
MOPTI Zone Agricole ligneuse 28 447
Fourré 3 976
Galerie forestière (Frange rupicole) 28 280
Savane (arbustive et/ou arborée) 2 223 664
Steppe arborée 1 430
Steppe arbustive 4 320 808
Sous total Mopti 6 606 606
GAO Savane (arbustive et/ou arborée) 277 116
Steppe arbustive 6 513 751
Steppe arborée 4 424
Galerie Forestière (Frange rupicole) 21 315
Fourré 12 815
Zone Agricole ligneuse 0
Sous total Gao 6 829 421
TOMBOUCTOU Zone Agricole ligneuse 0
Fourré 249
Galerie forestière (Frange rupicole) 8 383
Savane (arbustive et/ou arborée) 666 559
Steppe arborée 498
Steppe arbustive 5 817 466
Sous total Tombouctou 6 493 154
KAYES Formations forestières semi naturelles 8 760 100
Formations forestières à dominances agricoles 3 358 400
Sous total Kayes 12 118 500
KOULIKORO Formations forestières semi naturelles 6 326 700
Formations forestières à dominances agricoles 2 632 000
Sous total Koulikoro 8 958 700
SIKASSO Formations forestières semi naturelles 3 818 300
Formations forestières à dominances agricoles 3 335 300
Sous total Sikasso 7 153 600
SEGOU Formations forestières semi naturelles 2 856 800
Formations forestières à dominances agricoles 3 418 000
Sous total Ségou 6 274 800
TOTAL 54 434 781 Ha
Source : DNEF -Rapport Inventaire Forestier- 2014

D’après ce tableau, huit principaux types de formations forestières ont été identifiés au Mali. Les
formations forestières semi naturelles et les formations forestières à dominance agricole occupent
respectivement 40% et 23,41% des surfaces totales. Elles constituent les deux principaux types
rencontrés dans les régions de Kayes, Koulikoro et Sikasso. Plus au nord, dans les régions de
Mopti, Tombouctou et Gao, les formations forestières sont plus diversifiées et dominées par la
steppe arbustive ( 30,59% des superficies), suivie de la savane arbustive et /ou arborée (5,81%) et
des petites formations de moindre importance, telles que les galeries forestières en frange rupicole
(0,10%), les zones agricoles ligneuses (0,05%), les fourrés (0,03%) et les steppes arborées
(0,01%).

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 79


Figure 33 : Représentation graphique des principaux types de formations forestières dans les
régions étudiées.

TYPES DE FORMATIONS FORESTIERES


25 000 000
21 761 900
20 000 000
16 652 025
15 000 000 12 743 700

10 000 000

5 000 000 3 167 339


57 978 28 447 17 040 6 352
0
Savane Formations Steppe Formations Galerie Zone Fourré Steppe
(arbustive forestières arbustive forestières à forestière Agricole arborée
et/ou semi dominance (Frange ligneuse
arborée) naturelles agricole rupicole)

Source des données : Rapport Inventaire Forestier 2014 DNEF

L’estimation du potentiel ligneux, effectué en 2014 par le Groupement AGRER-Agri consulting-


GEEDER, dans 4 régions (Kayes, Koulikoro, Ségou, Sikasso) et le District de Bamako, dans le
cadre du projet AGCC-Mali a débouché sur des résultats très intéressants, représentatifs d’une
situation de référence pour cerner dans l’avenir l’évolution des ressources forestières dans lesdites
régions.

Selon cet inventaire, le volume total sur pied est de 221 172 159 m3, soit une densité moyenne de
17,4m3/ha en « surface agricole » et de 446 700 672 m3 et une densité moyenne de 20,5 m3/ha
dans les formations semi naturelles.

Les volumes de bois d’œuvre, de bois de service et de bois énergie sont respectivement évalués à
30 994 857 m3, 22 588 225 m3 et 55 952 653 m3, dans les « surfaces agricoles » et à 78 792 571
m3, 68 167 581 m3 et 128 389 434 m3 dans les formations forestières semi naturelles. Le volume
de bois mort existant dans les diverses formations est de 20 258 736 m3.

La déforestation à laquelle on assiste, entraîne le dysfonctionnement des écosystèmes, et leur


incapacité à rendre les services qui sont les leurs, suite à la dégradation de la biodiversité
(disparition d’espèces de plantes, d’animaux et d’insectes utiles). C’est ainsi que les quelques
rares spécimens de grands gibiers existants au Mali, ne se rencontrent que dans les réserves et
sanctuaires de faunes où des mesures de protection sont assurées. Ailleurs, ils ont disparu et avec
eux, l’activité de chasse qui constituait la principale source de protéines d’une importante partie de
la population. Les essences à haute valeur économique se raréfient de plus en plus, de même que
plusieurs plantes médicinales qui alimentent la pharmacopée beaucoup plus accessible aux
couches les plus pauvres.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 80


Par ailleurs, le Mali doit son statut de « puits de carbone », non seulement au niveau relativement
faible de ses émissions de gaz à effet de serre, mais aussi et surtout aux formations forestières qui
séquestrent une quantité importante de carbone. Il y a lieu de s’interroger sur ce qu’il adviendra en
cas de déforestation totale étant donné que les facteurs d’émission de gaz à effet de serre
s’amplifient de plus en plus (Parc motorisé, industrialisation, élevage, etc.).

Dans plusieurs localités, le bois énergie se fait de plus en plus rare, obligeant les populations à
effectuer de longues distances (d’où l’augmentation des coûts), parfois sur d’autres terroirs (d’où
des risques de conflits).

Pour toutes ces raisons, des actions sont en cours ou sont initiées pour améliorer l’état des
formations forestières à travers des approches de gestion pertinentes au regard des réalités
naturelles, socio politiques et économiques des zones ciblées.

Plusieurs actions phares sont en cours pour réhabiliter les ressources forestières au Mali. Parmi ces
actions on peut citer la mise en œuvre de 106 Plans d’Aménagement et de Gestion des forêts, la
délimitation de trois forêts classées, l’élaboration de trente (30) Plans d’Aménagement (PAG)
dont un de forêt classée et 29 de massifs villageois, l’immatriculation de dix (10) forêts classées
mises sous aménagement, de 627 ha de forêts classées et de 105 000 ha de massifs villageois, etc.
Ces réalisations hautement stratégiques, suscitent beaucoup d’espoir, au regard de l’approche
participative et inclusive qui sous-tend leur mise en œuvre et en facilite l’appropriation par les
acteurs. En plus, 3 351 ha ont fait l’objet de régénération naturelle assistée ; des pare feu ont été
ouverts sur 1 325 km et nettoyés sur 1 027 km. Le reboisement a porté sur 32 517,72 ha en
2017 et l’enrichissement de forêt sur 25 561, 26 ha.

En matière de protection des ressources forestières, les années 2015, 2016 et 2017 ont enregistré la
mise en défens de 7 299 ha, la protection biologique de 194 ha de berges de cours d’eau et de 965
ha de digues et d’axes routiers ainsi que la restauration de 170 ha de placers.

Sur le plan législatif et règlementaire, plusieurs textes ont été adoptés, soit dans le cadre de la mise
en œuvre des conventions et accords internationaux signés et ratifiés par le Mali, soit dans le cadre
de l’application de lois existantes. D’ailleurs signalons que la Politique Forestière Nationale
assortie d’un plan d’actions 2018-2020, a été relue et adaptée au contexte actuel, notamment la
décentralisation qui prévoit un transfert de la gestion des ressources forestières aux collectivités
territoriales.

Beaucoup d’autres actions sont en cours, notamment au niveau régional, local voire communal,
sur la base d’initiatives d’ONG, d’associations ou autres acteurs engagés à inverser la tendance
actuelle.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 81


3.2.2. Les pâturages : Sous le poids des pratiques pastorales extensives et de
l’expansion agricole.

Les pâturages, tout comme les formations forestières avec lesquelles ils se confondent d’ailleurs
lorsqu’il s’agit de « pâturages aériens », sont des écosystèmes très importants, sur lesquels
reposent essentiellement l’élevage au Mali.

Leur état et évolution sont sous la dépendance du climat (pluviométrie, températures,


évapotranspiration, etc.) et de la nature des sols (structure, richesse, etc.). Viennent ensuite les
facteurs anthropiques tels que les feux de brousse, la forte concentration des animaux sur des
espaces de plus en plus réduits et l’occupation agricole des espaces pastoraux dont l’occurrence
constitue actuellement une contrainte majeure au développement de l’élevage dans plusieurs zones
du Mali.

Les facteurs climatiques influent sur la quantité et la qualité de la biomasse. Les tendances
climatiques évoquées ci-dessus ont incontestablement limité la productivité des pâturages au Mali.
On note à cet égard la disparition de plusieurs espèces fourragères, notamment les graminées
pérennes qui n’ont pas pu résister aux insuffisances pluviométriques, aux fortes chaleurs et à la
sécheresse.

L’évolution des effectifs des bovins, ovins/caprins est telle qu’aucune attention n’est portée à la
capacité de charge pastorale, si bien que les fortes concentrations d’animaux sur des espaces
réduits et fragilisés par les facteurs climatiques ont entraîné la dégradation des pâturages dans
plusieurs zones. Le Delta Central du fleuve Niger au Mali offre à cet égard une parfaite
illustration. Le surpâturage, conjugué aux effets des facteurs climatique et à l’occupation
anarchique des espaces, y a provoqué la dégradation de plusieurs pâturages, la raréfaction
d’espèces fourragères de haute valeur nutritive et la baisse de productivité de vastes zones
pastorales.

Les feux de brousse dont l’occurrence s’accentue, causent des préjudices incalculables sur la flore
en général et les pâturages en particulier. Même s’ils sont intentionnellement provoqués dans le
but de « rajeunir » les pâturages par les éventuelles repousses, les feux réduisent considérablement
le volume de biomasse disponible et participent à la disparition progressive de certaines espèces
fourragères. A cela s’ajoutent la prolifération des petits périmètres irrigués villageois le long des
cours d’eau et le nomadisme agricole qui ont réduit les parcours pastoraux et renforcé en
conséquence la concentration des effectifs sur les espaces restants.

Tous ces facteurs ont façonné divers types de végétation caractéristique des zones bioclimatiques
et dont la composition spécifique et la densité déterminent la qualité et la productivité des
pâturages.

C’est ainsi que la steppe saharienne au Nord de la zone saharienne (pluviométrie de 0 à 150 mm
par an) est la zone des pâturages peu productifs (0 à 500 kg de MS/ha). La végétation y est

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 82


dominée par des graminées telles que Cornulaca monocantha, Panicum turgidum et Aristida
pungens. La steppe sub-saharienne au sud, entre les isohyètes 150 à 250 mm, porte une végétation
plutôt localisée dans les oueds et les ravines. Cette végétation, composée de graminées annuelles à
cycle court (Aristida hordeacea, Morettia philaeana, Farsetia stylosa…) et d’une strate de ligneux
(Acacia ehrenbergiana, Acacia tortilis, Balanites aegyptiaca, Maerua crassifolia, constituent
l’essentiel des pâturages dont la productivité atteint 1 000 à 2 000 kg de MS/ha.

La steppe sahélienne plus au sud, reçoit 250 à 550 mm de pluie et comporte une végétation du
type steppe xérophile sur dunes dans sa partie nord dominée par des graminées (Cenchrus
biflorus, Aristida mutabilis et Schoenefeldia gracilis) et une strate ligneuse (Acacia senegal,
Acacia laeta, Acacia tortilis, Balanites aegyptiaca). Dans la partie sud, la végétation est du type
steppe mésophile et localisée dans les dépressions limoneuses à Schoenefeldia gracilis, Panicum
laetum, Acacia laeta, Salvadora persica. Dans les zones d’inondation des fleuves, elle forme des
prairies aquatiques à graminées vivaces comme Echinochloa stagnina, Oryza barthii, Vossia
cuspidata. Ces prairies sont d’excellents pâturages de décrue. Sur les zones de plateaux, les
cuirasses latéritiques sont colonisées par Combretum nigricans, Guiera senegalensis, Lannea
acida, Sclerocarya birrea. Cette zone abrite les meilleurs pâturages à savoir : les pâturages de
décrue (bourgoutières du Delta Central Nigérien et de la zone lacustre dont la productivité peut
atteindre 10 t de MS/ha) et les pâturages sur les dunes et formations sableuses dont la productivité
moyenne varie de 1000 à 2000 kg de MS/ha.

La zone soudanienne (800 à 1400 mm de pluie par an) ou savane « parc » est la zone à
strate herbacée continue, dominée par Vitellaria paradoxa, Parkia biglobossa, Sclerocarya birrea
et Lannea acida. La biomasse y atteint 800 kg de MS/ha au nord et 2000 kg au sud.

Enfin la zone soudano-guinéenne (pluviométrie supérieure à 1 000 mm) est celle de la savane
boisée et de la forêt claire, avec de plus en plus quelques grandes graminées pérennes telles que
divers Hyparrhenia. La strate ligneuse est dominée par Daniella oliveri, Isoberlinia doka auxquels
sont associés des graminées comme Schizachyrium rupestre, S. semi-herbe et Diheteropogon
hagerupii. Les pâturages ont une productivité moyenne élevée comprise entre 2 000 et 4 000 kg de
MS/ha mais souvent difficile d’accès par le bétail à cause de la densité et de la taille élevée des
formations herbeuses.

Des évaluations récentes (2014-2015) de biomasse effectuées dans plusieurs sites représentatifs de
certaines zones pastorales donnent quelques indications sur la productivité de ces pâturages. Au
constat, la quantité moyenne de biomasse herbacée observée varie en fonction des types de sols et
des terroirs villageois.

Sur le site de Manankoro (cercle de Bougouni), elle varie de 481 à 4 413 kg de Matières
Sèches/ha , de 1 141 à 7 430 kg de Matières Sèches/ha dans le site de Madina- Diassa et de
842 à 3 467 kg de Matières Sèches/ha sur le site de Sagabary (PASE 2015)

La production des pâturages naturels de Sotuba, s’est située entre 300 à 500kg de Matières
Sèches/ha tandis qu’à Bafoulabé et à Kayes, elle a varié respectivement de 453 à 2140 Kg de

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 83


Matières Sèches /ha et 757 à 1 080 kg de Matières Sèches/ha, suivant les localités et les types de
sol, au cours de la campagne 2014- 2015.

Actuellement, on assiste à un déplacement accentué des terroirs pastoraux du nord vers les zones
soudanienne et guinéenne du sud. La concentration prolongée d’animaux autour des points d'eau
permanents qui en découle génère le plus souvent des conflits meurtriers récurrents entre éleveurs
et agriculteurs autour de l’exploitation des ressources naturelles, la recrudescence des vols de
bétail, l’accélération de la désertification par destruction du tapis herbacé et la dégradation du sol
par surpâturage. Par ailleurs, la transhumance en direction des pays voisins s’amplifie d’année en
année, occasionnant des conflits qui risquent de basculer en confrontation entre états voisins.

Au regard de l’importante contribution de l’élevage à l’économie malienne, de la place et du rôle


des pâturages dans le fonctionnement et l’équilibre des écosystèmes, des impacts de la dégradation
des pâturages, etc. le Mali a conçu et mis en œuvre des stratégies et des actions qui prennent en
compte le changement climatique et contribuent à la gestion durable des ressources pastorales.

La vulgarisation des espèces animales et végétales les mieux adaptées aux conditions climatiques,
le développement des cultures fourragères, la réalisation des forages équipés de pompe solaires ou
éoliennes, le captage des eaux de ruissellement et la restauration des points d’eau (mares, marigot
et lacs), l’élaboration d’un paquet technologique sur les pratiques simples d’adaptation au
changement climatique, l’aménagement de pistes de transhumance, etc. sont autant de réalisations
permettant de restaurer dans une certaine mesure l’état et le fonctionnement des écosystèmes
pastoraux.

Parmi les perspectives, la plus importante demeure la mise en œuvre du Projet Régional d’Appui
au Pastoralisme au Sahel (PRAPS) dont les diverses actions dans les zones ciblées (10 régions, 49
cercles et 220 communes) contribueront à transformer le système d’élevage avec comme
retombée, la sauvegarde des écosystèmes. Il s’agit essentiellement d’aménagements pastoraux, de
réalisation d’infrastructures de commercialisation, d’unités de transformation, de points d’eau, de
parcs à vaccination, etc.

3.4. LA FAUNE : La grande faune se fait de plus en plus rare


La faune sauvage du Mali traverse une phase critique de son existence à cause de la déforestation
due aux effets du climat conjugués à plusieurs actions anthropiques. La forte tendance
commerciale, dans un contexte marqué par l’augmentation des besoins en protéines et la faible
capacité des structures de protection et de contrôle, a stimulé le braconnage qui passe pour être la
pression la plus dévastatrice de la faune.

Ainsi, le braconnage constitue la cause majeure de dégradation des ressources fauniques au Mali.
Rappelons que ces ressources avaient déjà été décimées par le braconnage à grande échelle à but
commercial, effectué dans les années 1980 et 1990 par des ressortissants mauritaniens qui se
livraient à un véritable carnage avec des moyens sophistiqués.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 84


Depuis les années 2012 et 2013, le Mali traverse une crise sécuritaire qui est en train de sonner le
glas des ressources fauniques au nord du pays, du fait de l’absence de structures de protection de
la faune pour raison d’insécurité. A titre d’exemple, il est difficile de se prononcer actuellement
sur le sort des éléphants du Gourma. Dans le DIN, l’avifaune est victime du braconnage qui a
fortement réduit les effectifs et les espèces d’oiseaux d’eau.

L’occupation agricole des habitats de la faune, à travers la multiplication des hameaux de culture
et le défrichement incontrôlé, le passage ou le séjour des grands troupeaux de bétail en
transhumance, constituent autant de facteurs défavorables au développement des ressources
fauniques au Mali.

Au plan halieutique, plusieurs espèces ont disparu du fait des mauvaises pratiques de pêche telles
que l’utilisation de filets à petites mailles, de branchages dans les chenaux et de produits toxiques,
etc.

La faiblesse et l’irrégularité des pluies ont considérablement diminué la hauteur et la durée des
crues ainsi que les superficies inondées et provoqué le tarissement des lacs et mares, toutes choses
ayant créé des conditions défavorables au développement de la faune aquatique.

Cependant, on rencontre encore au Mali toute la gamme des mammifères sauvages, d’oiseaux et
de reptiles de savane et de steppe sahélienne, particulièrement dans certaines aires protégées.
La réserve de faune du Bafing et ses aires adjacentes constituent l’une des rares zones au Mali
encore nanties d’un certain potentiel faunique. Selon le rapport d’enquête faune Bafing (DNEF-
ONG Mille Traces- ONG AMEPANE, Février 2014), cette zone abriterait en plus des
mammifères représentatifs de la grande faune des savanes soudaniennes, les dernières populations
d’une espèce en voie de disparition à savoir le Chimpanzé occidental (Pan troglodytes verus).
Plusieurs espèces de grands ongulés sont encore présentes. On signale même la présence de
l’Eland du Derby de l’ouest (Taurotragus derbianus derbianus) et celle du Lycaon qui reste à
confirmer. On note également la présence de grands carnivores comme le lion, le léopard et
l’hyène.

Parmi les reptiles, 3 espèces de Crocodiles ont été reconnues comme présentes dans la zone à
savoir, le Crocodile nain (Osteolaemus tetraspis), Crocodile du Nil ouest-africain (Crocodylus
suchus) et le Crocodile à long museau (Mecistops cataphractus). La réserve abrite aussi deux
espèces de Varans, caractéristiques de la région biogéographique, le Varan de savane (Varanus
exanthemicus) et le Varan du Nil (Varanus niloticus), généralement jugées « abondantes » voire «
très abondantes ».

L’évaluation de l’état de conservation de ces espèces indique que seul trois primates de la zone
peuvent être considérés comme étant en « très bon » état de conservation (le Patas, le Babouin de
Guinée et le Callitriche). Pour quatre autres espèces (le phacochère, les deux espèces de varans et
le Python de seba) l’état est « bon ».

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 85


L’état de conservation serait « moyen » pour onze espèces parmi lesquels figurent le Chimpanzé,
ainsi que pour trois espèces d’ongulés de petite et moyenne taille (deux Céphalophes et le Guib
harnaché) et deux grands félins (Léopard et Lion).

Il serait « défavorable » pour deux espèces d’Antilopes, (l’Hippotrague et l’Ourébi), deux espèces
de Crocodiles (Crocodile nain et Crocodile à long museau) et le Chacal doré, puis « très
défavorable » pour le Buffle, le Cobe Défassa, le Redunca et les deux espèces d’hyènes.

La même évaluation estime « extrêmement défavorable », l’état de conservation pour deux


Antilopes (le Cobe de Buffon et l’Eland de Derby) et le lycaon menacés d’ailleurs d’extinction
dans la zone.

Dans le Sahel, les résultats de l’étude d’inventaire et de caractérisation de la flore et de la faune,


réalisée à Nioro du Sahel, Nara et Banamba par l’AEDD en 2016 dans le cadre du PGRN-CC
donnent d’importantes indications sur l’état de la faune dans cette partie du territoire malien.
D’après ces résultats, la zone abriterait au total 23 espèces de mammifères (la biche commune, la
gazelle dama, le phacochère, le ratel, le lièvre, l’écureuil fouisseur, le renard commun, etc.) parmi
lesquelles les plus abondantes demeurent principalement les petits rongeurs (l’écureuil fouisseur,
le rat de Gambie, le lièvre) et les petits carnivores (le chacal commun et le renard commun)
(Rapport d’inventaire et de caractérisation de la flore et de la faune, AEDD_2016.

Par contre certaines espèces comme la biche commune, la gazelle dama, le porc-épic, l’hyène,
l’antilope, l’oryctérope sont menacées de disparition alors que d’autres telles que le lion, la
panthère et tous les gros herbivores, ont complètement disparu.

Cette zone abrite aussi onze espèces de reptiles (Le boa, le margouillat, le lézard, la tortue, le
crocodile, le varan des savanes, le varan du Nil, etc.), parmi lesquels le margouillat, le lézard et le
serpent blanc sont les plus abondants et les autres menacés de disparition, particulièrement le boa,
le crocodile, le varan du Nil.

Par ailleurs dans le Delta Intérieur du fleuve Niger (DIN), des enquêtes menées en 2015 à propos
de la faune aquatique, ont révélé l’existence d’une population importante de lamantins estimée à
392 individus en 2015, 350 en 2016 et 250 en 2017.

Selon les mêmes enquêtes, 33 hippopotames (dont 7 jeunes) ont été observés en 2017, sur un
parcours de 150 km, contre 89 en 2015, et 18 en 2016. Cette variation annuelle des effectifs serait
due à leur déplacement hors des zones intensément exploitée par les hommes.

L’avifaune regroupe plusieurs espèces dont la plus grande diversité est concentrée dans le Delta
Intérieur du fleuve Niger qui demeure au Mali une zone d’importance internationale pour les
oiseaux. Un dénombrement effectué en avril 2017 a permis d’identifier 36 espèces d‘oiseaux
d’eau comprenant 12 espèces résidentes, 3 espèces migratrices afro tropicales et 21 espèces
migratrices du paléarctique, alors que les recensements de février des années 2011 et 2012
donnaient respectivement 63 et 65 espèces. Cette différence par rapport au mois de février

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 86


s’explique d’une part, par le départ de beaucoup d’espèces vers l’Europe et d’autre part, par
l’insécurité qui a obligé les observateurs à abandonner certains sites ou transects dangereux. Au
total, une vingtaine de migrateurs afro tropicaux et du paléarctique ont été observés parmi lesquels
le Combattant varié, le Chevalier aboyeur et l’échasse blanche etc. (Rapport de dénombrement
des oiseaux -PDD-DIN/DNEF- Avril 2017)

Certaines espèces d’oiseaux déclarées rares en 1981 par François Lamarche (Cigogne noire,
Cigogne épiscopale, Avocette, Tournepierre, Grue couronnée, Jabiru du Sénégal) sont de nos
jours très rares dans le delta à cause de la dégradation de leur cadre de vie et du braconnage.
Certaines de ces espèces (grue couronnée, Jabiru du Sénégal) en dépit de leur prise en charge par
la législation malienne sont de plus en plus rares dans le DIN (Rapport de dénombrement des
oiseaux -PDD-DIN/DNEF- Avril 2017)

Dans le Sahel, plus particulièrement dans les cercles de Nioro du Sahel, Banamba et Nara,
l’inventaire relatif à l’avifaune a produit des résultats très intéressants qui fournissent de bonnes
indications sur l’état de l’avifaune de cette zone. L’inventaire a dénombré 2 734 individus répartis
entre 40 espèces. Les espèces les plus fréquemment rencontrées sont le travailleur à bec rouge
(environ 22% de l’effectif total), Moineau gris (15%), Les tourterelles (11%), Bulbul des jardins
(8%), Héron garde bœuf (7%) Bulbul commun (5%) Calao (bec noir + bec rouge) (6), Francolin
d'Afrique (3%). Les espèces rares sont : le Carbucan à poitrine rouge (3 individus dans toute la
zone) la petite outarde (3), le Vautour africain (2), l’Elanion blanche (2), le Milan noir (1) et
l’Hirondelle des rivages (1).

L’impact de la dégradation de l’état de la faune s’est fait sentir particulièrement sur l’écotourisme,
un pan important de l’économie malienne qui a quasiment disparu. A cela s’ajoute le déséquilibre
au sein des écosystèmes et la privation d’une partie de la population d’une importante source de
protéines à laquelle elle avait facilement accès.

Beaucoup d’initiatives sont en cours ou en perspective pour reconstituer le parc faunique du Mali.
En général, la faune terrestre et aérienne bénéficie des multiples actions d’amélioration et de
protection des forêts. Ces initiatives sont renforcées par l’entretient fréquent des pare feu dans les
massifs forestiers (1 027 km), l’observation de mammifères (de 113 individus) et d’oiseaux (660
individus), la poursuite de la création de 2 aires de protection de crocodiles, l’ouverture et/ou le
nettoyage de 1445,4km de pistes forestières dans les aires protégées et aires de conservation, etc.

Par ailleurs, la mise en place, la formation, l’équipement de la brigade anti braconnage et la


réalisation d’un forage dans la réserve des éléphants du Gourma permettront de renforcer la
protection de cette petite population d’éléphants confrontée ces derniers temps à de rudes épreuves
de survie, suite à la crise sécuritaire qui sévit dans leur zone de prédilection.

L’inscription du lac de Sélingué sur la liste des sites Ramsar est un acquis important qui favorisera
le développement des espèces sur ce site à travers des mesures de protection idoines.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 87


L’enlèvement de 1 426 tonnes de plantes nuisibles envahissantes dans le Bassin du fleuve Niger
favorisera le développement de la faune aquatique dans les zones concernées.

3.5. LE SOL : Le maintien de sa fertilité demeure la question fondamentale

La vocation agricole d’un sol qui détermine ses capacités de production végétale, intègre des
exigences physiques (supporter l’inondation), climatiques (équilibre écosystème) et agro-
écologiques pour la pratique des cultures. De façon générale, un bon fonctionnement du système
racinaire de la culture nécessite une certaine aération, une certaine humidité, des températures et la
disponibilité des éléments minéraux.

Les régions naturelles au Mali présentent une grande diversité de sols. Trois grands types de
couvertures pédologiques se distinguent à savoir, (i) celles qui dérivent de matériaux sableux
d’origine éolienne, (ii) celles qui sont caractérisées par l’abondance d’argiles gonflantes et (iii)
celles qui dérivent de glacis ou plateaux cuirassés.

A partir des études réalisées par le PIRT, de la légende révisée de la FAO et des études ponctuelles
de l’IER se dégagent cinq types de sols dominants : ferrugineux tropicaux (peu lessivés et
lessivés), des sols minéraux bruts, des sols peu évolués, des sols brunifiés et des sols
hydromorphes (IER / étude Labo Sep 2016).

La pression agricole sur ces sols a progressivement augmenté. La superficie des terres cultivées est
passée de 1.967.000 ha en 1970/71 à 5.504917 ha en 2016/2017, ce qui représente une augmentation
de +200% qui s'est traduite dans les régions à forte pression démographique par la mise en culture
des terres marginales et/ou forestières, la diminution de la durée des jachères et de la fertilité et par l’
accentuation du phénomène de l'érosion (Rapport (IER /Labo Sep 2016).

L’extension des surfaces agricoles au Mali contribue à la déforestation, par le biais du


défrichement qui prive le sol de sa couverture naturelle et l’expose à divers types d’érosion
(hydrique, éolienne), même si la forêt est remplacée par une couverture végétale d’un autre type.
Malheureusement, cette extension de surface ne s’accompagne pas toujours d’une exploitation
favorable au maintien de la fertilité des sols.

En effet, le paysan Malien demande toujours plus à la terre sans s’employer à lui restituer tous les
éléments nécessaires au maintien de sa fertilité. La matière organique est l’un de ces éléments les
moins rendus aux sols alors que c’est elle et elle seule qui est à même d’assurer le maintien des
propriétés physico chimiques et la vie microbienne du sol. Seulement environ 4% des terres
cultivées en moyenne ont reçu la fumure organique de 2015 à 2017 (Suivant les données des
rapports annuels DNA), alors que les résidus de récolte sont de plus en plus exportés des champs
pour d’autres usages (source d’énergie domestique et construction de hangar dans le Seno,
alimentation du bétail, etc.). En monoculture de riz dans les aménagements hydro agricoles, des
hauts rendements sont visés sur la base de formules de fertilisation essentiellement chimiques qui
ne permettent pas elles seules d’assurer durablement la fertilité des sols. La forte pression

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 88


démographique sur les terres entraîne la réduction voire la suppression de la jachère nécessaire à la
reconstitution physique et biologique du sol. Elle donne lieu aussi à l’exploitation des pentes des
collines, le plus souvent sur la base de pratiques favorables à l’érosion (déboisement, mauvais
labour, etc.)

Suite à la déforestation, les sols de vastes zones sont aujourd’hui privés de nombreux éléments
essentiels au maintien de leur fertilité. Pour rappel, c’est la forêt qui atténue l’impact des pluies,
freine l’écoulement des eaux de ruissellement et par conséquent l’érosion hydrique. Elle entretient
le micro climat et l’humidité du sol, nécessaires au développement de la vie microbienne et
animale (bactéries, vers de terre, etc.). A travers la chute des feuilles et autres organes morts, la
forêt restitue la matière organique nécessaire au maintien des propriétés physiques, chimiques et
biologiques du sol, etc.

Actuellement, les sols maliens sont caractérisés par une carence en éléments nutritifs majeurs
(surtout Azote et Phosphore), un faible taux de matière organique (60% des sols contiennent
moins de 1%), une faible capacité de rétention d’eau (10-15% de l’eau disponible pour les
plantes). Ils sont aussi peu profonds, sensibles à l’érosion, avec une tendance à acidification (pH
entre 4,6 et 5,8). (Rapport étude pédologique LABO SEP 2015)

Sous l’effet de certaines pratiques culturales et surtout du piétinement du bétail, les horizons
deviennent très sensibles à la déflation éolienne dont le potentiel est très élevé. Ce problème est
aggravé par la disparition de la végétation ligneuse (IER /WAAPP-2A 2016).

On évalue à environ 6,5 t/ha à 30 t/ha la perte annuelle de terres arables en fonction du type de
sol. L’érosion éolienne accélérée des sols dégradés entraine à la formation de dunes provoquant
une réduction de la productivité sur plus de 20.000 ha (MEA-Place de la gestion durable des
terres au Mali- 2007).

Les pertes annuelles moyennes en terres arables du fait de l'érosion hydrique étaient de l’ordre de
6,7 tonnes/ha/an, variant de 1 tonne au Nord à plus de 10 tonnes au Sud dans les années 1989
(Bishop et Allen, 1989). Elles atteignent de nos jours, 32 à 36 tonnes/ha/an à Bougouni, Koutiala
(Région de Sikasso) et Tominian (Région de Ségou) (Rapport IER /WAAPP-2A- Labo-Sep 2016).

On estime que la dégradation des terres coûte à l’économie du Mali, environ 20,9 à 26,5% du PIB,
soit deux fois la dette extérieure du Mali (DNSI 2014).

Pour l’agriculture, la dégradation des sols provoque une diminution considérable de rendement, la
perte de la biodiversité végétale, la réduction des terres cultivables, l’ensablement des cours d’eau,
l’envasement des mares et la perte de revenus agricoles (L.S.E.P 2016).

La question de la dégradation des terres ne passe pas inaperçue au Mali, au regard des multiples
actions et initiatives en cours et en perspective. La Gestion Durable des Terres fait partie de ces
initiatives et constitue un cadre de référence cohérent et précis sur les actions nécessaires au
maintien de la fertilité des sols. Sa mise en œuvre a débouché ces trois dernières années sur

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 89


plusieurs réalisations en matière de gestion durable des terres le plus souvent avec l’appui des
partenaires Techniques et financiers pour lesquels l’adaptation au changement climatique et la
lutte contre la pauvreté passent par une gestion durable des terres.

Les actions de CES/DRS enregistrent de plus en plus d’adhésion des producteurs au vu des
réalisations enregistrées dans plusieurs régions. La technique de l’Aménagement en Courbe de
Niveau (ACN) permet la conservation de l’humidité et de la fertilité du sol, la régénération des
arbres et l’augmentation des rendements des cultures.

3.6. L’EAU

Les ressources en eau du Mali sont constituées par les fleuves et leurs affluents, les rivières et
marigots, les nappes superficielles (lacs et mares) et les nappes souterraines qu’alimente
annuellement une pluviométrie aux allures saisonnières et à variabilité spatiale très prononcée.
Elles constituent pour le Mali, l’élément essentiel à l’atteinte de la sécurité alimentaire, notamment
à travers la couverture des besoins en eau potable et la sécurisation des systèmes de production.
Leur contribution dans le processus de transition énergétique est très importante au regard du
potentiel hydroélectrique et de la pression non soutenable sur les formations forestières pour
satisfaire la demande énergétique.

Les ressources en eau supportent beaucoup d’autres activités dont les externalités négatives
contribuent à les dégrader. Il s’agit de l’extraction de l’or, des transports fluviaux, de l’industrie,
de l’artisanat, etc.

Ces multiples usages, ajoutés aux facteurs climatiques, constituent l’essentiel des facteurs qui
influent quantitativement et qualitativement sur les ressources en eau.

Le cas du fleuve Niger : Chronique d’une gestion peu reluisante des eaux de surface au Mali
Le fleuve Niger est le plus grand fleuve et le plus important des cours d’eau au Mali, du point de
vue socio-économique mais aussi par sa longueur et la superficie de son bassin versant. Ce fleuve
parcourt au total 4200 km en Afrique de l’Ouest dont 1 750 km au Mali et bénéficie d’apports de
ses deux principaux affluents que sont le Bani et le Sankarani respectivement longs de 900 Km et
490 Km.

Les fortes chaleurs, l’insolation, les vents violents et chauds, augmentent l’évaporation et
l’évapotranspiration qui, du reste ont été beaucoup accentuées par le changement climatique. Dans
le delta intérieur du Niger on estime que 40 à 50 % des débits d'entrée sont perdus par
évapotranspiration, infiltration irrigation, avec de sérieux problèmes d'environnement.

Les déplacements des dunes de sable causés par l’érosion éolienne et l’ensablement du lit du
fleuve constituent à l’heure actuelle, les plus grandes menaces sur l’existence du fleuve Niger.
Seul un mécanisme de fixation efficace et durable des dunes est à même de sauver le fleuve en
plusieurs endroits et lui permettre d’assurer son régime normal.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 90


Photo 2 : Ensablement du fleuve Niger à Gao

Le bassin du fleuve Niger est aussi la cible d’ouvrages de dérivation (barrage de Markala) ou de
retenue d’eau (retenue de Sélengué, seuils de Talo et de Djenné) pour des activités économiques,
notamment la production agricole, aquacole et/ou la production d’électricité. Ces ouvrages ont
considérablement influencé le régime du fleuve et modifié la structure et le fonctionnement des
écosystèmes fluviaux. L’étiage du fleuve Niger en aval de ces ouvrages est souvent si faible
(surtout en année de déficit pluviométrique) que sa traversée en plusieurs endroits se fait sans
recours à un moyen de navigation. A ces grands ouvrages il faut ajouter la multitude de périmètres
irrigués de différentes tailles et d’aménagements aquacoles qui utilisent d’importants volumes
d’eau prélevés soit sur le fleuve soit sur ses affluents ou défluents.

Pour illustrer cette pression, il a été constaté dans le cadre du Projet « Gestion efficace de l’eau
dans le Bassin du Haut Niger 2002-2004 », que la gestion du réservoir de Sélengué «entraînerait
une contraction de la zone inondable maximale du Delta Intérieur de 600 km2. ».

Photo 3 : Vue partielle du barrage de Markala sur le fleuve Niger

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 91


Par ailleurs, la qualité de l’eau du fleuve Niger est affectée par certaines activités incontrôlées,
telles que l’orpaillage, la teinturerie et la mauvaise gestion des eaux usées domestiques et/ou
industrielles.

Photo 4 : Teinturières dans le lit du fleuve Niger à Bamako

La pollution des eaux du fleuve Niger découle aussi de l’utilisation abusive des intrants agricoles
(pesticides et engrais) dont le contrôle de qualité échappe aux structures compétentes (Faible
capacité d’intervention face à la multiplication des circuits de vente). Ces produits utilisés en
grandes quantités dans les aménagements hydro agricoles et autres périmètres agricoles qui
jalonnent le parcours du fleuve regagnent celui-ci suite au drainage ou au ruissellement.

Le fleuve Niger subit au niveau des grandes villes qu’il traverse, d’énormes agressions telles que
l’occupation anarchique de ses berges et servitudes par des parcelles agricoles, des logements, des
services privés, des grands chantiers de construction, des garages d’automobile et même des
ambassades. Ce type d’agression est très accentué à Bamako où il fait peser sur les riverains, de
gros risques d’inondation ou d’effondrement. De plus, le citoyen malien se trouve privé de son
droit d’accès aux servitudes fluviales du fait que celles-ci sont devenues, contre toute disposition
légale, la propriété des seuls riverains qui y ont accès, de par leurs investissements. (Rapport
occupation illicite des berges du fleuve Niger, ABFN juin 2013)

Ce tableau qui peint la situation du fleuve Niger, est malheureusement le reflet des principales
pressions que subissent les ressources en eau de surface au Mali. Le fleuve Sénégal, le second
grand fleuve du Mali subit les mêmes agressions au niveau de la ville de Kayes, (exemple :
l’abattoir de Kayes déverse directement dans le fleuve, ses eaux usées sans traitement préalable,
tout comme le font tous les ménages riverains du fleuve). Ce fleuve porte sur son parcours malien,
2 barrages (Manantali et Felou) pour la production d’électricité. Plusieurs périmètres irrigués
s’installent progressivement sur ses berges pour la production agricole ; etc.

Par ailleurs, l’engouement pour l’or, manifesté au cours de ces dernières années par une
importante frange de la population s’est traduit entre autres par la prolifération des dragues dans le

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 92


lit des fleuves tels que le Niger et la Falémé (région de Kayes). Les terrils abandonnés sur place
par les orpailleurs jonchent le parcours de ces fleuves. L’écoulement des eaux devient quasi nul à
l’étiage, freinant ainsi les déplacements de la faune aquatique. Plus grave encore est l’utilisation
par ces « miniers » de produits dangereux tels que le mercure ou le cyanure. Les résidus de ces
produits mal gérés, sont entraînés dans les fleuves par ruissellement, provoquant ainsi une
pollution dangereuse pour la vie des personnes et des animaux.

Encadré 3 : L’exploitation aurifère par dragage des cours d’eau : Un grand péril sur les
ressources en eau au Mali
(NB : Les informations sont tirées du « rapport d’évaluation des impacts de l’exploitation
aurifère par dragage sur les ressources en eau du Mali » MEADD- 2017)

Plusieurs cours d’eau du Mali sont aujourd’hui victimes de leur richesse en or. Les fleuves Niger
et Sénégal et certains de leurs affluents, particulièrement dans les bassins aurifères sont envahis
par une multitude d’engins appelés dragues, qui utilisent divers mécanismes pour extraire le métal
jaune contenu dans le sable, le gravier et le sol de ces cours d’eau. Deux types de dragues sont
rencontrés au Mali.

 La drague suceuse ou aspiratrice est un équipement flottant comprenant entre autres, une
pompe aspirante motorisée sur laquelle est branché un tuyau d'aspiration dont l’embout en bec est
conçu pour permettre à un opérateur en plongée, de racler le fond du cours d’eau. Le mélange
d’eau, de sable, d’alluvions, d’or et autres matériaux, est aspiré et recueilli en surface dans une
trémie, puis lavé au mercure pour obtenir un « amalgame » (or et mercure) qui est ensuite chauffé
afin de recueillir le métal jaune, suite à l’évaporation du mercure.

Photo 5 : Une drague suceuse ou aspiratrice

 La drague à godets diffère de la précédente de par le mécanisme d’extraction du minerai


du fond du cours d’eau. En lieu et place d’une aspiration, cette drague utilise des godets en acier
pour décaper le fond du cours d’eau et remonter en surface le mélange qui est recueilli sur un
tapis. Les matériaux surdimensionnés (blocs rocheux, graviers et cailloux) sont triés et déversés
directement dans l’eau. Le mélange or et autres minéraux est récupéré puis traité en surface

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 93


comme dans le cas des dragues suceuses. Une drague à godets ramasse et rejette dans l’eau en
moyenne 75 tonnes de graviers et de blocs rocheux en une seule tournée circulaire ne dépassant
pas 20 minutes, d’où la formation de nombreuses monticules et ilots dans le lit des cours d’eau.

Photo 6 : Une drague à godets

A ce jour, il n’existe aucune statistique officielle relative à l’exploitation de l’or par dragage. Tout
le monde s’accorde sur l’existence de plusieurs milliers de dragues sur les différents cours d’eau
concernés. Autant dire que l’utilisation des dragues échappe à tout contrôle officiel. On assiste à
un déferlement d’exploitants nationaux et étrangers, à la prolifération des engins et des
associations.

Photo 7 : Multiplicité des dragues dans le lit mineur du fleuve Niger

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 94


Par ailleurs, il est incroyable de constater que la plupart des détenteurs de ces dragues n’ont ni
permis environnemental, ni autorisation d’exploitation en cours de validité, en violation des textes
en vigueur, d’où l’absence de mesures d’atténuation, de compensation ou d’évitement des
impacts négatifs de leurs activités. Lorsqu’on s’imagine que certains détenteurs d’autorisation de
recherche opèrent en dehors de leur périmètre, on peut se faire une idée de l’ampleur du préjudice
que subissent les cours d’eau.

Au plan environnemental, l’huile de vidange des moteurs, le mercure ou le cyanure utilisé pour
traiter le minerai, la défécation à l’air libre que pratiquent les travailleurs en l’absence de latrines,
le déversement des ordures ménagères dans l’eau, etc. constituent autant de facteurs de pollution
des eaux observés sur les sites de dragage. A titre d’exemple, le lit mineur du Baoulé est par
endroit parsemé de flaques d’aspect noirâtre qui indiquent à vue d’œil la gravité de la pollution de
ce fleuve.

Il faut noter que la plupart des dérivés du mercure sont toxiques et dangereux même à très faibles
concentrations. Le mercure peut se bio accumuler dans les organismes vivants, et entraîner un
niveau de toxicité élevé chez les poissons, les oiseaux et les mammifères aquatiques.

Même si les paramètres de pollutions des ressources en eau du Mali respectent globalement à ce
jour les normes admissibles, il n’est pas exclu que la situation s’empire dans un avenir proche, vu
la tendance évolutive des dragues d’exploitation aurifère.

Déjà en 2001, une étude de l’IRD indiquait que les valeurs de turbidités et le taux de matières en
suspension (MES) sont en hausse dans les sous bassins touchés par l’activité d’orpaillage et
atteignent 70-80 NTU. En 2005, HYDRECO démontre la bonne corrélation entre les valeurs de
turbidité et la proximité des sites d’orpaillage.

A travers l’extraction et le transport des minerais d’or, les dragues détruisent le lit mineur et
dégradent les berges des cours d’eau. Les dépôts de sédiments issus du dragage modifient
considérablement le lit des cours d’eau, suite à la formation de nombreux bancs de sable et/ou de
gravier qui affaiblissent les débits, provoquent l’étiage précoce et occasionnent au pire des cas,
l’arrêt des écoulements. En un tour, les dragues à godets peuvent extraire et déposer dans le lit
1500 à 2000 tonnes de matériaux. C’est ainsi que le lit mineur des cours d’eau concernés (Niger,
Baoulé, Bagoué, Falémé, etc.) a disparu, cédant la place à un filet d’eau situé le long de la berge
qui, à son tour est très agressé. Au niveau du Baoulé, de la Bagoé et de la Falémé, l’eau cesse
pratiquement de couler, laissant place à quelques flaques durant une période plus ou moins longue
de l’année.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 95


Photo 8 : Bancs de sable et de gravier issus de l’activité des dragues dans le fleuve Niger

Tous ces facteurs contribuent à la dégradation des écosystèmes aquatiques. Ils affectent l’activité
biologique et biochimique des organismes aquatiques, notamment par la réduction de la teneur en
oxygène dissous, le pourcentage de saturation, le régime des températures, etc. L’augmentation de
la turbidité de l’eau consécutive au fonctionnement des dragues, perturbe la fonction
chlorophyllienne des plantes par insuffisance ou manque de lumière, diminue le taux d’oxygène
dans l’eau et entraîne progressivement l'asphyxie du milieu. Suite à la sédimentation des particules
en suspension, les branchies des poissons peuvent être bouchées et les zones de frayères,
recouvertes d’où la disparition de plusieurs espèces de poissons et de plantes ayant besoin d'une
eau claire et limpide pour vivre.

Au plan socio-économique, le fonctionnement des dragues attire de nombreux jeunes scolaires et


ruraux au détriment des secteurs de l’éducation et de l’agriculture. Actuellement plusieurs milieux
ruraux à proximité des zones de dragage souffrent d’une insuffisance notoire de bras valides et de
fréquentation scolaire. Par ailleurs, il est constaté que les dragues installées dans le lit du
Sankarani affectent négativement le fonctionnement du périmètre irrigué de Maninkoura à
travers l’obstruction du réseau d’irrigation et les dommages causés aux stations de pompage.

Malgré les coûts environnementaux et sociaux du fonctionnement des dragues, on est enclin à se
demander comment cette activité perdure au mépris des textes règlementaires et de la réticence
d’une majeure partie de la population qui aspire simplement à un environnement sain.

Il est difficile de répondre avec certitude et précision à cette interrogation, tant le phénomène du
dragage des cours d’eau pour l’extraction de l’or est complexe, au vu des multiples enjeux et des
diverses implications administratives, politiques et sociales. Pour autant cela devra-t-il justifier
toute inaction, au risque de voir sombrer dans l’incertitude, le destin de ces cours d’eau qui ont
forgé l’histoire du Mali et constituent la base naturelle de son développement durable ?

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 96


Par ailleurs, l’utilisation incontrôlée des engrais et pesticides dans les exploitations agricoles
contribue à la pollution des eaux, suite au drainage, au ruissellement et à l’infiltration. A cet
égard, les pesticides de tout bord, utilisés à des doses non maîtrisées par les producteurs
constituent de réels dangers, aussi bien pour les mêmes producteurs que pour les écosystèmes
aquatiques. A ces pollutions s’ajoutent celles inhérentes à la mauvaise gestion des déchets
ménagers, artisanaux et industriels (solides et liquides) déversés dans les cours d’eau sans
traitement préalable.

Actuellement les ressources en eau du Mali sont dans un état critique au regard de l’évolution des
données quantitatives et qualitatives.

 La quantité des eaux : un réseau hydrographique bien fourni, mais spatialement mal
réparti.
Le réseau hydrographique comporte les bassins fluviaux du Niger qui s'étend du Sud-Ouest au
Nord–Est sur 300.000 Km², du Sénégal à l'Ouest sur 155.000 Km² et de la Volta au Sud- Est sur
15.392 km² représentée par le Sourou, affluent de la Volta Noire (Mouhoun).

Les deux premiers fleuves qui constituent l’essentiel des ressources en eau de surface pérennes du
pays, ont un potentiel d'écoulement annuel respectif de 46 milliards de m³ à Koulikoro et de 10,5
milliards de m³ à Kayes. Ces fleuves drainent à eux seuls en année moyenne 70 milliards de m3
d’eau, en année humide 110 milliards de m3 et en année sèche 30 milliards de m3 d’eau.

En dehors des deux grands fleuves et leurs affluents, des ressources en eau de surface non
pérennes, estimées à environ 15 milliards de m3, sont exploitées par les populations des régions
éloignées des fleuves. Elles permettent de prolonger ou retarder le tarissement des nappes,
d'augmenter les surfaces irriguées, de couvrir plus ou moins les besoins humains et du cheptel, de
pratiquer le maraîchage de contre-saison, etc. Les eaux de surface pérennes contribuent pour
environ 10 à 15% en volume à l'alimentation en eau des populations, le reste étant couvert par les
eaux souterraines.

Les eaux souterraines sont réparties au Mali entre neuf (9) principaux systèmes aquifères
correspondant aux différents étages stratigraphiques. Selon les types de gisement on distingue : la
catégorie des aquifères de type fissuré semi - continu ou entièrement discontinus, la catégorie des
aquifères de type généralisé et les systèmes aquifères profonds.

Les eaux souterraines du Mali sont estimées à 2 700 milliards de m3 de réserves statiques avec un
taux annuel de renouvellement évalué à 66 milliards de m3 représentant la principale source pour
l'alimentation en eau potable des populations.

 La qualité des eaux : des traces de cyanure et la présence de phosphates à surveiller de


près.

La qualité physico-chimique, toxicologique et microbiologique des eaux des fleuves Niger et


Sénégal et leurs affluents a été déterminée à partir de plusieurs analyses effectuées au cours de

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 97


l’année 2017, dans le cadre du Projet Conjoint d’Appui à la Gestion Intégrée des Ressources en
Eau (PCA-GIRE). Les résultats, confinés dans les tableaux ci-dessous indiquent :

a) Pour le Niger et ses affluents :


 Une forte coloration du fleuve Niger à son point d’entrée au Mali et de ses affluents,
notamment le Bagoé, le Baoulé, le Banifing, le Bani et le kodadiarra.
 des traces de Fer, de Manganèse, de Zinc observées dans toutes les eaux. La plus grande
valeur de Fer a été mesurée au sur le kodadiarra
 l’oxygène dissous dans le Bagoé et le Sankarani est à un niveau très faible, à cause
certainement des activités minières.
 Un PH élevé au niveau d’un point d’observation sur le fleuve Niger à Koulikoro (T-1), une
DCO (97 mg/L) et une DBO5 (60 mg/L) supérieures à la grille d’évaluation, toutes choses
démontrant que l’eau en cet endroit est de mauvaise qualité. Par contre, elle y est la plus
riche en oxygène.
 Dans les régions du nord notamment Mopti, Tombouctou et Gao, les échantillons d’eau
prélevés ne présentent pas de pollution physico-chimique alarmante mais elles sont
faiblement à moyennement minéralisées, colorées et turbides par endroit. Cependant, elles
peuvent être utilisées dans l’agriculture et pour l’abreuvage des animaux. Après traitement,
elles peuvent être utilisées comme eau potable.

b)Pour le Sénégal et ses affluents :


 une faible minéralisation des eaux de la région de Kayes.
 des eaux assez colorées et turbides par endroit.
 des quantités d’oxygène dissout conformes aux normes requises.
 la présence de quelques E. coli dans les échantillons prélevés en amont et en aval des
grandes villes comme Kayes ; ces eaux sont donc de mauvaise qualité bactériologique.
 De la présence de cyanures au niveau transfrontalier, notamment à Bakoye (Limakolé), à
Bafing (Affia) et au Sénégal (Lani – Takou), mais à des niveaux conformes aux normes
requises.

Au niveau de tous les points de prélèvement des échantillons, les quantités de métaux lourds
observées sont conformes aux normes requises.

Globalement, toutes les eaux de surface sont de qualité physico-chimique satisfaisante ; elles ne
menacent pas la vie aquatique et peuvent être utilisées dans l’agriculture et l’élevage, aussi comme
eaux de boisson sous réserve d’un traitement adéquat.
Les appréciations ont été faites en référence à la grille d’évaluation ci-après:

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 98


Tableau 16 : Extrait de la grille d’évaluation de la qualité des eaux de surface
Appréciations Classe 1 Classe 2 Classe 3 Classe 4 Classe 5
Excellente Bonne Moyenne Mauvaise Très mauvaise
pH 6,5 – 8,5 6,5 – 8,5 6,5 – 9,2 < 6,5 ou > 9,2 < 6,5 ou > 9,2
Température T°C < 20 20 – 25 25 – 30 30 – 35 > 35
Conductivité µS/cm < 750 750 – 1300 1300 – 2700 2700 – 3000 > 3000
O2 mg/L >7 5–7 3–5 1–3 <1
Couleur mg pt/L < 20 20 – 50 50 – 100 100 – 200 >200
NH4+ mg/L < 0,1 0,1 – 0,5 0,5-2 2–8 >8
NO3- mg/L < 10 10 – 25 25 – 50 > 50 -
NO2- mg/L
PO43- mg/L < 0,2 0,2 – 0,5 0,5 – 1 1–5 >5
Fer total mg/L < 0,5 0,5 – 1 1–2 2–5 >5
DBO5 mg/L <3 3 –5 5 – 10 10 – 25 > 25
DCO mg/L < 30 30 – 35 35 – 40 40 – 80 > 80
Fer total mg/L < 0,5 0,5- 1 1-2 2-5 >5
Cuivre mg/L < 0,02 0,02-0,05 0,05-1 >1 -
Zinc mg/L < 0,5 0,5-1 1-5 >5 -
Manganèse mg/L < 0,1 0,1-0,5 0,5-1 >1 -
Cadmium mg/L < 0,003 < 0,003 0,003-0,005 >0,005 -
Plomb mg/L < 0,01 < 0,01 0,01-0,05 >0,05
Cyanure CN- mg/L < 0,01 < 0,01 0,01-0,05 >0,05 -
Nickel mg/L < 0,02 < 0,02 0,02-0,05 >0,05 -
Coliformes fécaux < 20 20-2000 2000-20000 >20000 -
/100mg/L

Source : Rapport de contrôle de la qualité des eaux des fleuves (Niger et Sénégal) et leurs affluents au
Mali- LNE - Juin 2017

Les tableaux ci-dessous indiquent les valeurs obtenues aux termes des analyses des échantillons
prélevés dans les cours d’eau ciblés.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 99


Tableau 17 : Résultats d’analyse physico-chimique des eaux de surface au Mali

REGIONS COURS pH Cond T°C O2 mg/L O2% Coul Turb NO2- mg/L NO3- mg/L NH4+ PO43- CN-
D’EAU µs/cm Pt/Co NTU mg/L mg/L mg/L
Sikasso Sankarani 6,75-7,36 26,7 -32,8 29,3 - 2,92- 7,06 41,4- 97 16 -970 1- 81 4,73- 5,67 5,05-5,64 0,34- 4,68 0,001- 0
31,3 0,007
Baoulé 6,85 17 27,1 3,43 50,2 426 190 4,75 5,80 1,72 0,003 0
Bagoé 6,85 34,3 31,1 3,65 54,5 120 10 5,025 5,45 0,61 0,001 0
Ségou Niger 6,89 - 7,66 34,7- 39,4 29,7-32,3 3,27- 7,50 46,3- 23-89 2-5 0,12- 1,40 1,34- 1,38 0,53- 0,73 1,45- 1,58 0,001-0,004
101,6
Banifing 6,20 137,8 32,3 6,20 88,1 120 20 0,134 1,63 0,65 10,163 0,001
Bani 7,18 51 27,7 7,18 97,5 317 38 0,115 1,44 0,55 2,44 0,001
Koulikoro Niger 7,27 - 9,73 31,8- 41,6 31,3- 31,9 6,10-9,74 85,2- 143
30- 130 3- 14 0,001- 0,409 1,986- 2,441 0,51- 1,39 0,001 0,001- 0,003
Bagoé 7,15 43,5 32,1 5,93 83,2 526 30 0,423 7,300 1,52 0,001 0
Baoulé 8,08 83 32,7 7,16 104,3 61 10 0,626 1,673 0,69 0,001 0
Kodadiarra 7,02 31,8 34 3,50 51,2 7020 400 0,001 14,528 12,35 0,001 0,002
Sankarani 7,40 31 30,8 6,11 84,2 21 3 0,330 1,553 0,53 6,7 0,012
Kayes Sénégal 7,53 - 7,73 37-72 30,5- 37 7,09- 7,17 - 17- 29 2- 22 0,001 4,992- 6,176 0,17- 0,28 0,005-0,017
Bafing 7,5- 8,28 37- 81 27,6- 28,6 6,92- 7,19 - 19- 110 1 à 4 0,001- 4,724 5,177- 5,439 0,15- 0,27 - 0,012- 0,019
Bakoye 7,28 -7,76 41- 86 28- 29,3 6,72- 7,03 - 32- 41 1 0,001 4,973- 5,221 0,16- 0,20 - 0,006 à 0,027
Koumbou 7,10 151 26,1 7,14 - 225 25 4,743 5,024 0,36 - 0,005
Darouma 8,09 458 26,4 7,01 - 212 11 0,001 4,955 0,36 - 0,011
Kolimbine 7,62 120 25,7 6,88 - 265 27 4,736 4,970 2,05 - 0,005
Balinn ko 7,56 117 27,6 7,09 - 438 38 0,001 4,951 0,58 - 0,006
Balinn 7,96 133 29,3 6,69 - 28 1 0,001 4,970 2,92 - 0,008
Mopti, Niger/ 6,63- 7,95 35- 60,2 29,7- 32 2,60- 4,58 - 60- 516 11-114 0,001- 5,371 1,456- 2,109 0,09- 3,28 0,001 -
Tombouc- Mopti
Bani 7,01- 7,08 45-137 30,9-33 3,17- 3,95 - 70- 81 16- 20 0,32- 1,068 1,456- 1,574 0,09- 0,11 0,001 -
tou, Gao
Niger/Tbtou 6,50- 7,11 57,6- 130 34,6- 35,2 3,48- 4,7 - 112- 516 41- 114 0,0194- 5,371 1,546- 1,7 0,45- 0,46 0,001 -
Niger/Gao 6,70 80- 245 31,6- 32,4 2,35- 6,70 - 60- 310 11- 51 0,001- 0,082 1,507- 2,109 0,37- 3,28 0,001 -
Source : AEDD suivant les données du rapport de contrôle de la qualité des eaux des fleuves (Niger et Sénégal) et leurs affluents au Mali- LNE - Juin 2017

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 100


Tableau 18 : Présence de métaux lourds dans les eaux de surface
REGIONS COURS D’EAU Cuivre Zinc (Zn) Fer Total Nickel (Ni) Plomb (Pb) Manganèse Cadmium
(Cu) (Mn) (Cd)
Sikasso Sankarani < 0,009 0 ,094 – 0,169 0,002- 0,234 < 0,015 < 0,016 0,003 – 0,033 < 0,0023
Baoulé < 0,009 0,108 1,711 < 0,015 < 0,016 0,011 < 0,0023
Bagoé < 0,009 0,098 0,833 < 0,015 < 0,016 0,003 < 0,0023
Ségou Niger < 0,009 0,005 - 0,099 0,337 – 0,588 < 0,015 < 0,016 0,004 – 0,033 < 0,0023
Banifing < 0,009 0,007 0,785 < 0,015 < 0,016 0,027 < 0,0023
Bani < 0,009 0,079 0,772 < 0,015 < 0,016 0,046 < 0,0023
Koulikoro Niger < 0,009 0,012 -0,080 0,337 – 0,480 < 0,015 < 0,016 0,003 < 0,0023
Bagoé < 0,009 0,118 3,421 < 0,015 < 0,016 0,003 < 0,0023
Baoulé < 0,009 0,069 0,358 < 0,015 < 0,016 0,021 < 0,0023
Kodadiarra < 0,009 0,041 9,593 < 0,015 < 0,016 0,025 < 0,0023
Sankarani < 0,009 0,050 0,239 < 0,015 < 0,016 0,011 < 0,0023
Kayes Sénégal 0,014- 0,16 0,019- 0,054 0,278- 0,390 < 0,015 < 0,016 0,020- 0,026 < 0,0023
Bafing 0,012- 0,014 0,024- 0,061 0,0917-0,144 < 0,015 < 0,016 0,031- 0,034 < 0,0023
Bakoye 0,011- 0,016 0,049- 0,015 0,221- 0,396 < 0,015 < 0,016 0,006- 0,009 < 0,0023
Koumbou 0,017 0,062 1,571 < 0,015 < 0,016 0,018 < 0,0023
Darouma 0,019 0,087 0,380 < 0,015 < 0,016 0,004 < 0,0023
Kolimbine 0,015 0,039 4,480 < 0,015 < 0,016 0,028 < 0,0023
Balinn ko 0,014 0,038 2,645 < 0,015 < 0,016 0,026 < 0,0023
Balinn 0,014 0,055 0,301 < 0,015 < 0,016 0,060 < 0,0023
Mopti, Niger/ Mopti < 0,009 0,013 -0,095 0,631 – 1,035 < 0,015 < 0,016 0,002- 0,008 < 0,0023
Tombouc- Bani < 0,009 0 ;061 – 0,525 0,210 – 0,594 < 0,015 < 0,016 0,008 -0,014 < 0,0023
tou, Gao Niger/Tbtou < 0,009 0,122 – 0,162 0,814 – 3,332 < 0,015 < 0,016 0,002 – 0,004 < 0,0023
Niger/Gao < 0,009 0,0103 – 0,118 0,923 – 127 < 0,015 < 0,016 0,007 -0,014 < 0,0023
Source : AEDD suivant les données du rapport de contrôle de la qualité des eaux des fleuves (Niger et Sénégal) et leurs affluents au Mali- LNE - Juin 2017

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 101


Selon les résultats d’analyses effectuées en 2016 et 2017 dans la zone de l’Office du Niger, les
eaux d’irrigation sont de bonne qualité physico chimique, avec une capacité d’autoépuration
élevée, sans résidus de pesticides organochlorés, ni organophosphorés. Leur teneur en oxygène
dissous indique que le milieu aquatique est écologiquement bien équilibré et leur pollution par les
matières organiques indiquée par la DBO5 et la DCO, est également négligeable. Les sels
dangereux (sodium par exemple) pour certaines cultures sont eux aussi à un niveau inoffensif. Ces
eaux sont de qualité bactériologique moyenne selon la grille d’évaluation des eaux de surface.
Cependant, l’évolution du niveau des phosphates devra être suivie afin d’éviter tout risque
d’eutrophisation (développement de plantes aquatiques).

Quant aux eaux de drainage elles sont de qualité physico chimique acceptable au regard de la
norme malienne, à l’exception d’un seul drain dans lequel la présence de bactéries est très
accentuée (KIO). Aucun échantillon ne présente de résidus de pesticides organochlorés, ni
organophosphorés. La DBO5 et la DCO sont à des niveaux acceptables. Néanmoins, il s’avère
nécessaire de suivre l’évolution de l’ensemble des paramètres de pollutions dans ces eaux (DCO,
DBO5, phosphates, concentrations en oxygène dissout, pourcentage de saturation). (Rapport de
mission relatif au suivi de la qualité des eaux pour le compte de l’office du Niger-LNE- Mai
2017)

Les eaux potables analysées contiennent des métaux lourds mais à des concentrations assez
basses, répondant ainsi aux normes maliennes de l’eau potable. Aucun échantillon des eaux de
consommation ne présente des résidus de pesticides organochlorés, ni organophosphorés.
Toutefois dans certains sites, une contamination microbiologique est constatée d’où la nécessité
d’un traitement bactéricide. Cette contamination peut être due au manque d’hygiène aux alentours
des points d’eaux. (Rapport de mission relatif au suivi de la qualité des eaux pour le compte de
l’office du Niger-LNE- Mai 2017).

L’un des impacts de la pollution des eaux de surface se traduit par la prolifération de plantes
aquatiques invasives défavorables à la vie aquatique, y compris celles d’autres plantes sur les
espaces infestés. (Salvinia molesta, Eichhornia crassipes, Typha autralis et Pistia stratiotes.
(Rapport étude, CARCEG SARL 2005). Ces plantes prolifèrent à la faveur de l’eutrophisation des
plans d’eau consécutive aux rejets de déchets (eaux usées ménagères, artisanales ou industrielles,
excrétas, eaux de drainage, etc.).
Photo 9 : Plan d’eau couvert de laitue d’eau douce (Pistia stratiotes)

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 102


La pollution des eaux est aussi à l’origine de plusieurs maladies d’origine hydrique dont
l’incidence est forte, notamment pour certaines d’entre elles (Paludisme, maladies infectieuses
intestinales, schistosomiases et maladies diarrhéiques), comme le témoigne les données du tableau
ci – après.
Tableau 19 : Incidence des maladies d’origine hydrique

CATEGORIE 2 005 2 010 2 011 2 012 2 013 2 014 2 015 2 016


Nouveaux cas rapportés
903 1 1 206 219 22 0 0 0
de cholera
Nouveaux cas rapportés
131
de maladies infectieuses 36 782 37 674 37 381 40 349 42 271 357 830
110
intestinales
Nouveaux cas rapportés 220
218 043 228 108 255 463 826 567 357 830 22 549
de maladies diarrhéiques 150 038 039
Nouveaux cas rapportés
5 67 1 0
de polio
Nouveaux cas rapportés 2 171 1 977 2 111 2 327 2 590 3 317 1 552
962 706
de paludisme 542 977 434 358 615 001 827
Nouveaux cas rapportés
5
de dengue
Nombre de nouveaux cas
77 3 118 103 133 219 0
rapportés de fièvre jaune
Nouveaux cas rapportés
22 788 60 700 56 814 55 905 60 270 63 183 67 082 72 757
de schistosomiase
Nouveaux cas rapportés
de maladie du ver de 548 57 12 4 11 40 5 0
Guinée
Nouveaux cas rapportés
16 152 9 158 963 1 575 263
d’onchocercose
Nombre total de
1 137 2 489 2 291 2 433 2 683 3 523 4 101
nouveaux cas rapportés 065 207 878 178 734 772 543
liés à l’eau
Nombre de nouveaux
cas rapportés pour 9 692 16 195 14 912 15 361 15 967 20 359 23 018 9 692
100.000 personnes
Source : DNS Système local d’informations sanitaires -2017

Nota : En raison du manque de données sur la période, certaines maladies telles que la fièvre
typhoïde et la dysenterie ont été soustraites du tableau.

Partant de l’évolution du nombre total de nouveaux cas au cours de la période 2005- 2016, on peut
déduire que l’incidence des maladies d’origine hydrique est très importante et enregistre une
progression fulgurante qui culmine à environ quatre millions de cas en 2015, soit un taux
d’augmentation d’environ 260% par rapport au nombre de cas enregistré en 2005. Ce niveau
atteint en 2015 correspond à 23 018 cas pour 100 000 habitants. Les cas de paludisme, de
maladies infectieuses intestinales, de schistosomiases et de de maladies diarrhéiques paraissent les
plus récurrents. Au contraire, on constate une diminution progressive des cas de ver de Guinée
jusqu’à l’éradication totale observée en 2016. Cette tendance découle de l’amélioration de l’accès
des populations à l’eau potable et aux diverses actions menées dans le cadre de la lutte contre le
ver de Guinée.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 103


L’exploitation durable et la protection des ressources en eau constituent un énorme défi que le
Mali cherche à relever. C’est ainsi que le secteur de l’eau est l’une des priorités du Cadre
Stratégique pour la Relance Economique et le Développement Durable (2016-2018) et la plupart
des programmes s’inscrivent dans les Objectifs de Développement Durable (ODD) à l’horizon
2030 qui visent à atteindre un accès universel à l’eau et à l’assainissement abordables et fiables.

Des initiatives de grande envergure sont en cours ou en perspective. Dans le cadre du Programme
Sectoriel Eau et Assainissement (PROSEA), les programmes relatifs à la composante « eau »
ambitionnent d’améliorer l’accès à l’eau potable de façon équitable et durable, l’accès à l’eau
pour les autres usages, de favoriser la Gestion Intégrée des Ressources en Eau et d’améliorer la
qualité du service public de l’eau de façon efficace et efficiente.

La mise en œuvre de ce programme a produit entre autre les résultats suivants au titre des années
2015, 2016 et 2017.
Tableau 20 : Evolution des réalisations de la composante eau du PROSEA
ANNEES 2015 2016 2017

INDICATEURS
Nombre de nouveaux EPEM réalisés 1538 1647 2430
Nombre de réhabilitation (EPEM) 535 587 341
Nombre de branchements d’eau SOMAGEP SA 12 428 11 887 13 297
Nombre de villages bénéficiant d’au moins 1 PEM 10 817 10 871 10 888
Proportion de population ayant accès à l’eau potable en milieu rural 63,3% 65,3% 65,3%
Proportion de population ayant accès à l’eau potable en milieu 70,0% 70,6% 74,6%
semi- urbain et urbain
Taux national d’accès à l’eau potable 65,3% 66,9% 68%
Source des données : Rapports d’activités DNH 2015 à 2017; Bases de données SIGMA
(EPEM = Equivalent Point d’Eau Moderne)

Les nouveaux « Equivalent Point d’Eau Moderne » (EPEM) ont enregistré une augmentation de
60%, passant de 1538 EPEM installés au cours de l’année 2015 à 2430 en 2017 si bien que le
nombre de villages bénéficiant d’au moins un (1) PEM est passé de 10 817 en 2015 à 10 888 en
2017, soit une augmentation de 0,65%. Pendant la même période, le nombre de branchements
d’eau SOMAGEP SA est passé de 12 428 en 2015 à 13 297 en 2017 soit environ 7%.

Ces réalisations ont fait passer la proportion de population ayant accès à l’eau potable de 63,3% à
65,3% en milieu rural et de 70% à 74,6% en milieu semi- urbain et urbain entre 2015 et 2017.

En tout état de cause, au-delà des avantages socio-sanitaires, la réalisation des points d’eau
modernes comporte des retombées positives au plan environnemental de par les mesures de
protection et d’assainissement y afférentes, visant à préserver ces eaux de toute forme de
pollution.
A travers le Programme National de Sauvegarde du Fleuve Niger (PNS FN) le Mali entend
maintenir le fleuve Niger dans ses fonctions (économique, environnementale, sociale et de
mobilité) et services. Pour ce faire, diverses actions sont en cours ou en perspective, visant à

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 104


développer les grands ouvrages, promouvoir les aménagements des bassins versants, la protection
des berges, la dépollution du fleuve et de ses affluents, etc.

Plusieurs réalisations ont été faites telles que l’aménagement des berges et le curage du fleuve
Niger. Les longueurs de berges aménagées (protection mécanique) au titre des années 2015, 2016
et 2017 sont respectivement de 1821, 2 621 et 178 mètres linéaires. (Document Réalisations
ABFN 2005 – 2017). Le faucardage et l’enlèvement des plantes envahissantes sont des actions
quasi permanentes visant à assurer un meilleur fonctionnement des écosystèmes fluviaux et un
meilleur écoulement des eaux.

Photo 10 : Protection mécanique d’une berge du fleuve Niger à Ségou

Source : ABFN

Parallèlement à ces réalisations physiques, plusieurs actions sont menées pour amorcer et
promouvoir un véritable changement de comportement des populations vis-à-vis du fleuve Niger
et de ses ressources. Il s’agit des activités de communication, de sensibilisation et de la
mobilisation sociale autour des enjeux de la sauvegarde du fleuve Niger, animées en langues
nationales à l’aide de supports adaptés (Document Réalisations ABFN 2005 – 2017). A ces
actions, s’ajoutent la formation de 587 acteurs locaux provenant de 238 communes sur le thème
« Aspects de sauvegarde du fleuve Niger et de ses ressources au Mali » (Document Réalisations
ABFN 2005 – 2017).

--------------------------------------------------------

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 105


CHAPITRE 4. LE CADRE DE VIE

Le cadre de vie se définit comme un ensemble de relations nées de la concentration des hommes et
de leurs activités sur un territoire ou espace et à un moment donné.

En milieu urbain, la prolifération des quartiers spontanés avec habitats précaires, l’occupation
anarchique de l’espace, les pollutions dues à l’industrie et aux transports, la mauvaise gestion des
déchets, etc. sont des préoccupations permanentes. Au contraire, le milieu rural offre un cadre de
vie plutôt naturel, soustrait en grande partie des problèmes environnementaux que connaissent les
villes, mais souffre généralement de l’insuffisance voire l’absence de certains services sociaux
tels que l’accès au service de santé, à l’eau potable et à l’électricité.

4.1. L’URBANISATION AU MALI : L’étalement des villes est préoccupant à


plus d’un titre.

Les villes du Mali connaissent une croissance rapide. Dans cette dynamique, Bamako se démarque
des autres villes du pays avec une population qui dépasse 13 fois celle de Ségou, la plus grande
ville après la capitale. (Sandrine et al. 2014). Son expansion est exceptionnelle, avec un croît
démographique annuel établi à 4,8 % (RGPH 2009) et à 5,4 % si l’on prend en compte le
débordement de l’agglomération sur la région environnante de Koulikoro, singulièrement sur le
Cercle de Kati qui ceinture les six communes urbaines constitutives du District. (Monique
Bertrand-2012)

L’évolution urbaine de la ville de Bamako a été marquée par le développement en hauteur de


plusieurs quartiers, (immeubles à plusieurs niveaux), l’amélioration des infrastructures routières
(échangeurs, ponts, voies de circulation à double sens, etc.), la multiplication des monuments,
etc.

La ville s’est aussi étalée jusqu’à absorber plusieurs villages environnants. En effet, suivant le
Schéma Directeur d’Urbanisme (SDU) de 1981, le périmètre de l’extension maximum de Bamako
s’étend sur un rayon de 20 à 30 km et une superficie de 142 000 ha dont un peu moins de 20%
constitués par les six communes. Cette surface, sensée contenir l’urbanisation pour les trente
années à venir comprend le District de Bamako (26 750 ha) et les communes riveraines
appartenant au cercle de Kati (115 250 ha). Malgré les révisions du SDU, les réserves foncières
des communes du District ont toutes été consommées. Aujourd’hui, la tache urbaine dépasse les
frontières administratives et physiques du District de Bamako et s’étend sur les communes
voisines, tel qu’illustrée sur la figure ci-après traçant l’évolution de la ville de 1641 à 2012.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 106


Figure 34 : L’étalement de la ville de Bamako de 1641 à 2012

Source : Mairie du District de Bamako- 2014

Cette expansion spatiale dont les causes sont multiples7 s’est caractérisée par un développement
anarchique de quartiers périphériques, l’occupation illicite des places publiques, espaces verts,
bas-fonds et berges et par des difficultés de circulation dues à l’état défectueux de plusieurs
infrastructures routières.

Les conséquences au plan environnemental de l’étalement urbain, sont multiples. Il provoque une
réduction de la surface des espaces naturels (donc de la biodiversité) et des espaces agricoles, la
fragmentation des écosystèmes selon les localisations et le mitage du paysage. Sur le sol, ses effets
se traduisent par l’imperméabilisation qui entraîne l’accroissement des risques d’inondation, la
faible recharge des nappes, l’augmentation des coûts d’assainissement, etc. L’étalement urbain est

7
Lire à cet effet, Monique Bertrand « Du District au « grand Bamako » (Mali) : réserves foncières en tension,
gouvernance contestée »- 2012 ; Sandrine et al. « Urbanisation et croissance dans les villes du Mali »-2014

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 107


aussi un facteur de dépendance aux moyens de déplacement motorisés, d’où l’augmentation de la
consommation d’énergie par habitant et conséquemment des émissions de CO2. (Guillaume
SAINTENY- 2008)

En outre l’étalement urbain va à l’encontre d’un certain nombre de principes clés du


développement durable, à savoir : (i) éviter les irréversibilités, (ii) découpler la croissance
économique des ressources naturelles, matières premières et facteurs de production employés et
(iii) payer les vrais coûts en réintégrant les externalités. Or, le processus de l’étalement urbain est
largement irréversible (peu de sols artificialisés ont été reconquis par l’agriculture), n’est pas
découplé de la croissance démographique et est en partie toléré et exonéré du coût des externalités
qu’il induit. (Guillaume SAINTENY- 2008)

4.2. L’ACCES A L’ELECTRICITE : L’écart entre urbains et ruraux demeure


important

L’accès à l’électricité constitue un facteur important de discrimination entre les villes et les zones
rurales. Bien que cet accès reste partout limité, avec seulement 40% des ménages connectés en
2017, il est nettement plus répandu en ville (86 % en 2017) qu’à la campagne où la connexion à
l’électricité est très faible (25,62 % en 2017).

Le taux d’accès à l’électricité est passé de 34,43 % en 2013 à 40 % en 2017 soit une augmentation
de 7,53 % au cours de ces cinq dernières années (tableau ci-dessous). Dans cet élan, le milieu
urbain creuse l’écart, avec un taux d’accès de 86% en 2017 contre 66,8% en 2013 soit un
accroissement de 19,2% pendant que le milieu rural est à 25,62% en 2017 contre 17,56% en
2013, soit une augmentation de 8 %.

Tableau 21 : Evolution du taux d’accès à l’électricité (2013-2017)


NIVEAU SPATIAL 2013 2014 2015 2016 2017
National 32.43% 34.89% 36.11% 39% 40%
Urbain: EDM-SA 66.80% 71.20% 80% 86% 86%
Rural: Opérateurs pour électrification rurale 17,56% 17.39% 16.57% 19.39% 25.62%

Source : Système d’Information Energétique (SIE)

4.3. L’ACCES A L’EAU POTABLE : Une avancée remarquable sur l’ensemble du


territoire

Le taux d’accès de la population à l’eau potable enregistre une évolution croissante de 2013 à
2017 aussi bien en milieu rural qu’en milieu urbain. En 2017, 68% des maliens ont accès à l’eau
potable dont 74,7% en milieu urbain et 65,3% en milieu rural. Les résultats de l’enquête EDSV-M
2012-2013 indiquent que 66% de la population au Mali utilisait une source améliorée d’eau
potable en 2013, dont 93% en milieu urbain et 59% en milieu rural. Selon l’enquête MICS réalisée
en 2015, ces taux sont de 69%, 93% et 63%, respectivement aux niveaux national, urbain et rural.
Au niveau régional, le District de Bamako détient le taux le plus élevé d’accès à l’eau potable en

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 108


2015 (99%), suivi des régions de Tombouctou (71%), Sikasso (69%), Mopti (60%) et Gao (60%)
(Enquêtes MICS – 2015).

Ces résultats indiquent un accroissement du niveau d’accès des populations à l’eau potable. Il
s’agit là d’une avancée remarquable dans la recherche de meilleures conditions de vie de la
population. L’impact est d’ailleurs perceptible à travers l’évolution de la prévalence de certaines
maladies hydriques de 2013 à 2016 telles que le choléra dont le nombre de cas enregistrés est
passé de 22 à 0 cas et le ver de Guinée de 11 à 0 cas (SLIS DNS). Toutefois des efforts restent
encore à déployer en milieu rural qui abrite les couches les plus pauvres et les plus vulnérables du
Mali.
Tableau 22 : Evolution du taux d’accès des populations à l’eau potable (2013-2017)
NIVEAU PREVISIONS ET 2013 2014 2015 2016 2017
SPATIAL REALISATIONS
Milieu urbain Cibles OMD/ODD 84,8% 87,8% 90,7% 70,8% 71,8%
Réalisations 69,2% 70,0% 70,6% 70,6% 74,7%
Milieu rural Cibles OMD/ODD 74,8% 76,8% 77,8% 65,5% 67,5%
Réalisations 61,3% 63,7% 63,3% 65,3% 65,3%
National Cibles OMD/ODD 78,3% 80,1% 82,0% 67,0% 68,7%
Réalisations 63,6% 65,5% 65,3% 66,9% 68,0%
Source : Rapport bilan de la DNH-2017

4.4. L’ACCES A L’HYGIENE ET L’ASSAINISSEMENT

L’accès à l’hygiène est évalué à travers l’utilisation d’installations sanitaires améliorées, le lavage
des mains et le traitement de l’eau à domicile estimés à partir des enquêtes MICS 2015 et EDSV-
M 2012-2013

Le pourcentage des ménages au Mali qui faisait la défécation dans la nature est passé de 14% en
2010 à 11% en 2015. Ce qui signifie que les latrines sont de plus en plus utilisées. Egalement,
33% des ménages utilisaient des toilettes améliorées non partagées avec d’autres ménages alors
que 9% utilisent des toilettes améliorées partagées

Selon la même enquête, 51% des ménages des villes, bénéficiait en plus d’une d’eau potable, des
toilettes améliorées. Ce taux était de 22% en campagne, 28% au niveau national, 56% dans le
District de Bamako et 34% à Kayes.

En 2015, 61 % des ménages au Mali se servaient d’une bouilloire ou d’un bol ou d’un bassin
mobile pour le lavage des mains. Selon les résultats des enquêtes EDSV-M 2012-2013, ce taux
était d’environ 26% en 2013. Le lavage de mains se faisait dans un endroit spécifique pour 12%
des ménages pendant que 29% disposaient pour ce faire, d’un endroit, de l’eau et du savon ou
autre produit.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 109


Le traitement de l’eau à domicile est une mesure d’hygiène très importante pour la santé des
populations dépourvues d’eau potable ; l’eau pouvant être source de nombreuses maladies
invalidantes, voire mortelles, telle que le choléra, la dysenterie, etc.

Selon les résultats des enquêtes EDSV-M 2012-2013, 73% des ménages n’utilisaient aucun moyen
de traitement de l’eau de boisson en 2013. Ce taux était de 81% en milieu urbain, du fait que la
majeure partie de la population a déjà accès à l’eau potable, et de 71% en milieu rural
probablement en raison de la non maîtrise des techniques de traitement et du faible accès aux
produits de traitement de l’eau de boisson. Cependant, 16% des ménages utilisaient plus
fréquemment l’eau de javel ou le chlore comme moyens de traitement de l’eau de boisson alors
que 13% la filtrait au moyen d’un linge ou d’un autre filtre.

4.5. LES CARACTERISTIQUES DU LOGEMENT

Les caractéristiques du logement prises en considération concernent le revêtement du sol et le


nombre de pièces disponibles pour dormir, la position de la cuisine et le tabagisme intra
domiciliaire.

Le type de revêtement du sol est déterminant dans l’application des mesures d’hygiène et de
salubrité. Ces mesures sont plus efficaces pour un sol couvert de carrelage ou de ciment que sur
sol recouvert de sable ou autre matériau rudimentaire. Le tableau ci-dessous donne les taux
d’accès des ménages à divers types de revêtement du sol des maisons.

Tableau 23 : Accès de la population à différents type de revêtement du sol de la maison


INDICATEURS VALEUR
(%)
Pourcentage des ménages au Mali qui vivent dans un logement dont le sol est 23 %
en matériaux de construction adéquats (en ciment)
Pourcentage des ménages au Mali qui vivent dans un logement dont le sol est 3%
en matériaux de construction adéquats (en carrelage)
Pourcentage des ménages qui vivent dans un logement dont le sol est 64 %
recouvert de matériaux rudimentaires tels la terre ou le sable
Proportion des ménages en milieu urbain, qui vivent dans un logement dont le 54 %
sol est en ciment
Proportion des ménages en milieu rural, qui vivent dans un logement dont le 14 %
sol est recouvert en ciment
Proportion des ménages en milieu rural, qui vivent dans un logement dont le 72 %
sol est recouvert de matériaux rudimentaires (terre ou sable)
Source : EDSV-M 2012-2013

Le nombre de pièces disponibles pour dormir, la position de la cuisine et le tabagisme intra


domiciliaire, déterminent la qualité de l’air à l’intérieur des logements. Les taux y afférents
constituent des indicateurs nécessaires à la caractérisation du cadre de vie.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 110


Tableau 24 : Nombre de personnes par pièce utilisée pour dormir
NDICATEURS VALEUR (%)
Taux de ménages qui disposent d’une pièce pour dormir 18
Taux de ménages qui disposent de deux pièces pour dormir 38 %
Taux de ménages qui disposent d’au moins trois pièces pour dormir 44 %
Taux de ménages qui cuisinent dans un bâtiment séparé du reste du logement 68 %
Taux de ménages en milieu rural qui cuisinent dans un bâtiment séparé du logement 71 %
Taux de ménages en milieu urbain, qui cuisinent dans un bâtiment séparé du logement 56 %
Taux de ménages à Bamako qui ne fument jamais dans le logement 71 %
Taux de ménages dans les autres villes qui ne fument jamais dans le logement 82 %
Taux de ménages en milieu rural qui ne fume jamais dans le logement 82 %
Source : EDSV-M 2012-2013

4.6. Les déchets : Des filières théoriquement bien organisées mais mal mises en pratique
par les différents acteurs.

La notion de déchets recouvre toute substance solide, liquide, gazeuse ou tout résidu d’un
processus de production, transformation ou d’utilisation d’autres substances éliminé ou destiné à
être éliminé.

La Politique Nationale d’Assainissement adoptée en 2009, classe les déchets produits au Mali en
trois grandes catégories à savoir : les déchets solides, les déchets liquides et les déchets spéciaux
ou dangereux.

La gestion des déchets solides : un véritable casse-tête !

Les déchets solides comprennent les rejets de consistance solide (rejets hospitaliers, ferrailles,
gravats, produits d’élagage, balayures d’origine industrielle et ordures). Leur gestion recourt à une
approche filière au sein de laquelle divers acteurs sont appelés à jouer des rôles précis, de manière
à éviter toute forme de pollution.

 Le conditionnement des déchets solides incombe aux ménages qui doivent les recueillir
dans des poubelles ou d’autres récipients répondant aux normes d’hygiène et
d’assainissement.

 La pré-collecte est dévolue aux communes en vertu du décret n° 2014-0572/P-RM du 22


juillet 2014, fixant les détails des compétences transférées de l’état aux collectivités dans le
domaine de l’assainissement et la lutte contre les pollutions et nuisances. Celles-ci l’on
déléguée au secteur privé, notamment aux GIE chargés désormais d’acheminer les déchets
vers des dépôts de transit où ils doivent séjourner 72 heures au maximum.

 La Collecte et l’Evacuation incombe à la Mairie centrale de la localité, qui doit se munir


des moyens appropriés pour transporter les déchets des dépôts de transit vers la décharge
finale.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 111


 L’élimination des déchets est assurée par l’équipe de la décharge finale ; les déchets y
subissent un tri sélectif afin de récupérer les matières valorisables par recyclage ou
compostage et d’enfouir dans le sol, les déchets inutiles et nocifs pour l’environnement.
L’enfouissement obéit à des normes et modalités visant à éviter tout effet direct ou indirect
avec le milieu extérieur et avec la nappe phréatique.

A certains types de déchets (pesticides obsolètes, déchets biomédicaux, déchets plastiques, etc.)
sont réservés des modes de traitements spéciaux.

Le rappel de ces aspects théoriques paraît nécessaire afin que les lecteurs en dehors du système,
puissent comprendre le fonctionnement théorique de la filière et cerner les défis inhérents à la
gestion actuelle des déchets solides au Mali. L’exemple de la ville de Bamako offre à cet égard
une illustration parfaite.

La quantité moyenne de déchets solides produits à Bamako par personne et par jour est estimée à
0,7 kg (DNACPN-PNA 2009). Pour la seule année 2017, Bamako aurait produit 1 932 224 tonnes
de déchets solides. Le conditionnement de ces déchets par les ménages est confronté à d’énormes
difficultés liées aux conditions économiques (Coûts des poubelles et de la rémunération des GIE,
non accessibles à plusieurs ménages), et aux mauvais comportements individuels. Environ 70.000
concessions du District de Bamako disposent de poubelles répondant aux normes d’hygiène et de
salubrité et sont abonnées à un service de GIE pour l’évacuation des déchets solides (COGIAM-
2017). Les autres déposent leurs ordures soit dans les collecteurs ou caniveaux, soit dans la rue ou
dans des dépôts constitués à leur propre gré. Il s’en suit l’éparpillement des déchets, en particulier
les sachets plastiques, l’obstruction des caniveaux et collecteurs qui, au-delà des risques
d’inondation, entraîne des coûts récurrents et exorbitants de curage.

Pour la pré-collecte des déchets, la ville de Bamako compte 156 GIE sur lesquels 151 sont
fonctionnels, soit environ 465 concessions par GIE. Si ces GIE doivent collecter les quantités
totales de déchets produits en 2017, chacun d’eux aurait en charge, 12 800 tonnes, soit environ 35
tonnes de déchets par jour. Ce qui est de toute évidence au-dessus des capacités des GIE, vu la
nature des moyens et les distances à parcourir pour atteindre les dépôts de transit dont le nombre
est d’ailleurs limité (13 dépôts autorisés dont 5 seulement sont aménagés). La conséquence, c’est
une prolifération de dépôts sauvages de déchets solides, tel qu’illustré par la photo ci-dessous
portant sur un tas de déchets en plein centre de Bamako, dans une rue à grande circulation.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 112


Photo 11 : Dépôt d’ordures sur dans une rue en plein centre de Bamako (2017)

La Collecte et l’Evacuation qui incombent à la mairie centrale du district ne se font pas à hauteur
de souhait. Les déchets solides qui parviennent aux dépôts de transit y séjournent généralement
plus de 72 heures, voire des semaines et des mois pendant lesquels les odeurs qu’ils émettent
provoquent des nuisances olfactives. Ce long séjour des déchets dans les dépôts de transit est
dangereux pour certaines populations qui s’adonnent sans mesures de protection, au tri d’objets de
toute nature, au prix d’énormes risques pour leur santé (blessures, inhalation de gaz,
contamination de maladies liées aux microbes ou germes, etc.).

Photo 12 : Une scène de tri de déchets dans un dépôt de transit d’un quartier du
District de Bamako

L’élimination des déchets constitue l’étape ultime de la gestion des déchets du District de
Bamako. Elle se fait au niveau de la décharge de Noumoubougou, située à environ 35 km de
Bamako, d’une superficie d’environ 52 ha et d’une capacité minimale de 400.000 m3.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 113


Au niveau de cette décharge, une équipe technique procède au tri des déchets en utilisant pour ce
faire, des associations de femmes ou de jeunes. Les déchets inutiles sont transférés dans la cellule
d’enfouissement où ils sont compactés et recouverts d’une couche de terre.

Des efforts sont entrepris au niveau national pour offrir à la population malienne un cadre de vie
sain et agréable. Ainsi, une entreprise disposant des moyens adéquats s’est vu confier la collecte et
l’évacuation des déchets d’une bonne partie de la ville de Bamako. Des actions de sensibilisation
sont en cours pour renforcer le conditionnement des déchets solides au niveau des ménages.

En dehors de Bamako, seule la ville de Sikasso dispose d’une décharge construite avec l’appui du
royaume de Belgique. Cet ouvrage d’une très bonne qualité technologique est unique en son genre
au Mali et constitue un formidable atout pour l’assainissement et la dépollution de la ville de
Sikasso (voir encadré ci-dessous).

Encadré 4 : La décharge finale des déchets solides de la ville de Sikasso : une expérience à
généraliser dans les grandes villes du Mali.
Il y a plus d’une décennie, la commune urbaine de Sikasso s’est engagée dans un processus
d’amélioration du cadre de vie de sa population à travers la lutte contre l’insalubrité et la
promotion d’un véritable assainissement de la ville.

Elle a bénéficié à cet effet de l’appui de la Coopération Technique Belge en juin 2014, pour entre
autres, la réalisation d’un Centre d’Enfouissement Technique (CET) en partenariat avec le
Gouvernement de la République du Mali.

Le CET est un ouvrage conçu pour l’élimination des déchets solides par enfouissement et
compactage. L’ouvrage de Sikasso est conçu et réalisé conformément aux normes requises. Divers
équipements assurent le transport, l’épandage et le compactage des déchets destinés à
l’enfouissement.

Photo 13 : Equipements de la décharge

Photo 14 : Bassin de lixiviation de la décharge

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 114


La décharge reçoit, en plus des déchets solides de la ville de Sikasso, des déchets biomédicaux des
centres hospitaliers de Bamako. (Source : DRACPN Sikasso).

La réalisation de cet ouvrage a nécessité une organisation conséquente de la filière de gestion des
déchets solides dans la ville de Sikasso se traduisant entre autre par un meilleur fonctionnement
des dépôts de transit des déchets et la réduction du nombre de dépôts sauvages d’ordures.

Cette expérience mérite d’être consolidée et répercutées sur d’autres centres urbains afin
d’optimiser durablement la gestion des déchets solides et améliorer le cadre de vie des populations
au Mali.

La gestion des déchets liquides : Une tendance à l’amélioration grâce à des infrastructures et
actions en cours ou en perspective.

Les déchets liquides regroupent essentiellement les eaux usées domestiques, industrielles et
artisanales, les boues de vidange et les eaux pluviales.

Les eaux usées comprennent les eaux usées ménagères résultant essentiellement du processus
métabolique humain et des activités ménagères et les eaux usées industrielles issues des activités
industrielles, commerciales, artisanales, agricoles ou des établissements de soins.

Quelle que soit leur nature, les eaux usées ne doivent pas être déversées dans les milieux naturels
(espaces, champs, cours d’eau, caniveaux, etc.) ou autres, sans traitement préalable destiné à en
atténuer ou éliminer les impacts négatifs.

Théoriquement, la gestion des eaux usées au Mali obéit au schéma suivant :


 Les ménages et les établissements publics collectent leurs eaux usées et boues de vidange à
l’aide d’ouvrages d’assainissement individuels et/ou collectifs (latrines, puisards, fosses
septiques, réseaux d’égout, etc.). Les unités industrielles en font autant à travers des

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 115


dispositifs appropriés répondant aux normes, ou se connectent à un réseau de collecte et
d’évacuation des déchets liquides.

 Les déchets collectées sont évacuées vers une station où elles subissent le traitement
approprié avant d’être déversées dans la nature ou recyclées à d’autres fins.

Les eaux pluviales quant à elles sont des eaux de ruissellement issue des pluies et n’ayant subi
aucune modification anthropique. Elles nécessitent une prise en compte spécifique liée à leur
évacuation (drainage) et parfois à leur traitement avant rejet dans le milieu naturel.

Dans la pratique, la situation d’ensemble fait ressortir une production d’eaux usées domestiques
estimée à 74 874 m3/jour dans les villes de Bamako, Kayes, Koulikoro, Sikasso et Gao. (Rapport
bilan 2016- DNACPN) et l’insuffisance voire l’inexistence d’ouvrages d’assainissement
appropriés.

A Bamako, les réseaux d'égout conventionnels sont aujourd'hui disséminés dans la ville, sans
inter connexion si bien que chacun de ces systèmes déverse ses eaux usées dans un collecteur
(oued naturel) ou directement dans le fleuve Niger.

Au niveau régional, deux réseaux d’égout ont été construits, l’un à Mopti sur une longueur totale
de 8590 ml pour recevoir les eaux usées de 517 ménages et l’autre à Tombouctou, d’une longueur
de 17 920 ml pour gérer les eaux usées de 764 ménages (Rapport 2016-ANGESEM).

En dehors de ces systèmes, les eaux usées sont évacuées dans la rue, dans les cours d’eau, dans
les caniveaux et collecteurs ou dans un trou creusé dans la cour. Ainsi 51,1% des ménages en
milieu urbain et 77,0% en milieu rural, déversent directement sans traitement leurs eaux usées
dans la nature.

Les déchets liquides industriels sont évalués à 54 000 m3 par an à Bamako, ce qui représente la
capacité optimale des eaux usées industrielles (ANGESEM).

Quant aux boues de vidange, leur volume annuel est estimé à 600 000 m3/an (DNACPN, 2008).
Ces boues proviennent en général des latrines et des fosses septiques. Leur gestion, comme celle
des autres déchets est loin d’être optimale. Elles sont, soit évacuées fréquemment dans les
caniveaux et collecteurs, soit enfouies à l'intérieur ou à l'extérieur des concessions en cas de
vidange manuelle, ou déversées dans les champs, les marigots ou ravins aux alentours des villes
lorsque des camions spiros sont utilisés.

Les eaux pluviales sont drainées par les 911 km de collecteurs et de caniveaux dont le tiers a été
construit avant l’indépendance. (SDAB -2008). L’essentiel des collecteurs et caniveaux est
concentré à Bamako et dans quelques capitales régionales. Malheureusement ce réseau, destiné au
drainage des eaux pluviales sert à évacuer les eaux usées domestiques, industrielles, artisanales. Ils
servent aussi dans plusieurs endroits de dépotoirs des déchets solides

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 116


D’une manière générale, les conséquences de la mauvaise gestion des déchets se traduisent par
l’accroissement de la prévalence des maladies, consécutive à la prolifération des vecteurs. Elle est
aussi source de dégradation des écosystèmes aquatiques et de contamination des rivières et des
points d’approvisionnement en eau potable.

En polluant les rizières ou les cultures maraîchères, les eaux usées domestiques, urbaines et
industrielles mal gérées menacent gravement la santé des consommateurs.

En outre les déchets mal gérés offrent à la ville un aspect peu attrayant et une image peu flatteuse
aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.

Dans le cadre de la gestion des déchets liquides, plusieurs ouvrages individuels d’assainissement
ont été réalisés. Les taux d’accès de la population à des latrines fonctionnelles, aux lavoirs/
puisards fonctionnels et aux Service de vidange directe se sont améliorés et ont été portés
respectivement à 49 %, 4% et 19% en 2015. (DNACPN -Rapports annuels 2014 à 2017). Cet élan
a été boosté par le programme « Assainissement Total Piloté par les Communauté (ATPC) » (voir
encadré n° ci-dessous)
Encadré 5 : Des latrines pour tous : bientôt la fin de défécation à l’air libre au Mali
L’absence de latrines dans plusieurs zones du Mali poussent les communautés à pratiquer la
défécation à l’air libre, dans la nature, y compris aux abords des cours d’eau. En plus des
nuisances olfactives, ces déchets contribuent à la pollution et la contamination des eaux par
ruissellement, la pollution de l’air et la prolifération de vecteurs de maladies, etc.

L’Assainissement Total Piloté par les Communauté (ATPC) est un concept mu en programme qui
vise à réduire le péril fécal découlant de la défécation à l’air libre. Il se définit comme étant une
approche intégrée consistant à encourager la communauté à analyser sa propre situation en matière
d’hygiène et d’assainissement, ses pratiques en matière de défécation et leurs conséquences, afin
de susciter une action collective visant à atteindre et maintenir un état de Fin de la Défécation à
l’Air Libre (FDAL), par la construction de latrines par la communauté sans subvention extérieure.

L’ATPC va au-delà de la simple construction de latrines et vise à promouvoir un changement de


comportement intégrant l’arrêt de la défécation à l’air libre, l’utilisation généralisée de latrines
hygiéniques, le lavage des mains avec du savon/cendre après tout contact avec matières fécales, la
manipulation des aliments et l’eau de manière hygiénique, le traitement de façon saine les déchets
afin de créer un environnement sain.

L’UNICEF demeure le partenaire clé dans le développement de l’ATPC au Mali. Elle a facilité
l’initiation de l’approche et mobilisé d’importants financements pour son expansion à travers des
appuis aux DRACPN ou des accords de partenariat avec des ONG. Au cours de ces 5 années
passées, l’UNICEF a mobilisé d’importants financements auprès des gouvernements du
Danemark, de la Suède, du Canada, des Pays-Bas et des Etats-Unis pour la mise en œuvre de
l’ATPC.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 117


Les Organisations non gouvernementales (ONG) au Mali sont largement impliquées dans la mise
en œuvre de l’ATPC, à travers le financement des différents PTF. Elles sont les actrices
privilégiées de mise en œuvre directe dans le cadre du passage à l’échelle et travaillent en étroite
collaboration avec les services techniques et les autorités locales.

L’ATPC a connu au Mali un essor impressionnant pendant ces dernières années. Au 31 décembre
2017, plus de 3000 personnes ont été formées, 3814 villages sont déclenchés sur lesquels 2849
villages ont éradiqué la défécation à l’air libre, soit une population de 2 171 923 habitants, 91 125
latrines ont été construites et 180 617 réhabilitées. La plupart de ces latrines sont équipées d’un
dispositif de lave-mains fonctionnel. (Rapport 5ième Concertation des acteurs de l’eau et de
l’assainissement -30 mars 2018 DNACPN-US-AID-CARE-UNICEF).

Dans les villages ATPC, l’accès aux latrines privées a presque doublé, la mortalité des enfants de
moins de 5 ans, due aux maladies diarrhéiques a été réduite de 55%, la prévalence des retards de
croissance de 22 % et le risque de déficit pondéral de 35%. (Rapport 5ième Concertation des
acteurs de l’eau et de l’assainissement -30 mars 2018 DNACPN-US-AID-CARE-UNICEF).
Il est prévu de toucher 6258 et de réaliser la fin de défécation à l’air libre sur l’ensemble du
territoire malien dans un proche avenir.

Concernant les ouvrages collectifs, cinq (5) stations d’épurations des eaux usées ont vu le jour de
2015 à 2017, sous l’égide de l’Agence Nationale de Gestion des Stations d’Epuration du Mali qui,
par ailleurs est entrain de réhabiliter la station d’épuration de la ville de Tombouctou.

La construction des stations d’épuration au Mali est une tâche indispensable pour la préservation
de la qualité de l’environnement, plus particulièrement du cadre de vie des populations. En 2016
les stations existantes ont traité 504 000 m3 d’eaux usées industrielles : 272 250 m3 d’eaux usées
des hôpitaux et 162 000 m3 d’eaux usées domestiques (Rapport 2016- ANGESEM) qui auraient
été jetées dans la nature avec tous les risques y afférents (maladies, dégradation des ressources en
eau, nuisances, etc.
Photo 15 : Un bassin de la STEP du Pt G Photo 16 : Un bassin de la STEP de Mopti

Source : ANGESEM Source : ANGESEM


Notons aussi la réalisation de 5 122 ml de réseaux d’égouts dans certains établissements
hospitaliers (l’hôpital du Pt G, l’hôpital de Sikasso et Centre National d’Appui à la lutte contre la

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 118


Maladie) et de 26 510 ml dans les villes de Mopti et Tombouctou. Ces infrastructures ont permis
d’améliorer tant soit peu le taux d’accès des populations à un réseau d’égout.

L’insuffisance d’infrastructures de traitement des boues de vidange constitue une contrainte


majeure dans la gestion des déchets liquides. A cet effet, diverses projections laissent entrevoir
d’énormes progrès, notamment à Bamako où il est prévu la construction de cinq stations dans le
cadre de projets et programmes (Schéma Directeur d’Assainissement de la ville de Bamako, projet
« Amélioration des Conditions d’Accès aux Services et Infrastructures d’Assainissement »,
programme RASOP- Africa -2016- 2018)

Le drainage des eaux pluviales a fait l’objet d’attention particulière, vu les cas d’inondations
récurrentes que connaît le district de Bamako. L’aménagement de deux collecteurs naturels d’une
longueur totale d’environ 9 000 mètres linéaires (y compris un marigot), avec l’appui de KFW et
de PACUM ont amélioré le drainage des eaux de pluies dans plusieurs communes du district de
Bamako.

Enfin, les entretiens des infrastructures se poursuivent et s’imposent d’ailleurs, au vu de la


mauvaise gestion des déchets solides qui provoque l’obstruction des infrastructures de drainage
des eaux pluviales. Le curage des caniveaux et collecteurs devient une tâche récurrente et chaque
année des centaines de milliers de mètres linéaires sont entretenus dans les grandes villes
particulièrement les capitales régionales.

Cas des déchets spéciaux :


Les déchets spéciaux désignent aux termes de la Politique Nationale d’Assainissement, les déchets
dont la nature et la gravité des dangers qu’ils comportent nécessitent des modes de traitement
spécifiques. Entrent dans cette catégorie au Mali, les pesticides obsolètes, les déchets
biomédicaux, les huiles usagées et les déchets plastiques.

Les pesticides obsolètes regroupent les substances ou préparations chimiques utilisées dans la lutte
contre les ennemis des cultures et des produits stockés, tombées en désuétude ou détériorées par
suite de mauvaises conditions d’entreposage et/ou de manipulation. Ces produits, ainsi que les
matériels qu’ils ont contaminés (emballages, matériel usagé, etc.) sont considérés comme déchets
spéciaux et constituent un réel danger pour les populations et les animaux.

Les déchets biomédicaux (DBM) sont des déchets issus des différentes activités de santé telles que
les diagnostics, les analyses biomédicales, les vaccins et produits pharmaceutiques périmés et les
soins dans les domaines de la médecine humaine ou vétérinaire. Ces déchets sont générés par les
hôpitaux, les centres de santé de référence (CSRéf), les Centres de Santé Communautaires, et les
structures sanitaires privées ainsi que le LCV et les cliniques vétérinaires.

Les huiles usagées proviennent en majeure partie des centrales électriques ou autres unités
industrielles, des stations-services, des garages automobiles et motos lors des entretiens et dans les
aires de lavage. Leur quantité n’est pas connue.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 119


Les déchets plastiques sont générés par les activités industrielles, agricoles, commerciales et par la
consommation des ménages. Ils constituent environ 3% du poids total des déchets solides mis en
décharge. Ils appartiennent à deux grandes familles : i) les thermoplastiques, régénérables
(polyéthylène, polypropylène, polychlorure de vinyle, polystyrène) représentent 80% ; ii) les
thermodurcissables, non régénérables (bakélite, résine) représentent 20%.(Stratégie Nationale de
gestion des déchets spéciaux, 2009).Les thermoplastiques sont les plus couramment rencontrés au
Mali sous formes de sachets, bidons, fûts, tuyaux, ustensiles entre autres.

Encadré 6 : Zoom sur les déchets biomédicaux au Mali


L’activité des structures de santé s’accompagne de rejet de déchets biomédicaux dont la
dangerosité nécessite des modes de traitement appropriés.

Ces déchets classés dans la catégorie des déchets spéciaux selon la typologie adoptée dans la
Politique Nationale d’Assainissement du Mali, comprennent (i) les déchets assimilables aux
ordures ménagères (Papier, carton, emballages plastiques, etc.), (ii) les déchets
anatomiques (pièces anatomiques, placentas, etc.), (iii) les déchets infectieux (sang et produits
sanguins incomplètement utilisés ou arrivés à péremption, sérum, etc.), (iv) les déchets
spéciaux (Films de radio, déchets génotoxiques, etc.) et (v) les coupants, les piquants
tranchants (aiguilles, lames de bistouri, etc.).

La mauvaise gestion des déchets biomédicaux comportent plusieurs risques aussi graves les uns
que les autres. Ces risques peuvent être de nature biologique (micro-organismes potentiellement
dangereux susceptibles d’infecter d’autres individus), physique (blessures provoquées par des
objets pointus ou tranchants), chimique (produits radioactifs, composés toxiques tels que le
mercure ou les dioxines) ou environnementaux (Contamination du sol, de l’eau ou de l’air par
des microorganismes pathogènes, des produits chimiques toxiques, des éléments radioactifs ou
autres).

Le mode traitement des déchets biomédicaux couramment pratiqué par les structures sanitaires
au Mali est l’incinération, le plus couramment à l’aide d’incinérateurs de types Montfort, Dragon,
Scorpion, ou EGS. Ces incinérateurs simples sont capables d’atteindre des températures
comprises entre 900 et 1200º C, conseillées par l’OMS pour le traitement des déchets
biomédicaux. Le taux d’incinérateurs fonctionnels dans les centres de santé (Csréf et Cscom ) est
de 57% en 2017.

Certaines structures utilisent les incinérateurs artisanaux métalliques (fûts munis d’une cheminée)
ou en maçonnerie. Dans ce cas, les températures de combustion ne permettent pas l’oxydation
complète des dérivés gazeux agressifs et conduit à l’émission de substances toxiques et de
polluants dangereux tels que les dérivés gazeux acides provenant de plastic et/ou de produits
chimiques (chlore, fluor, soufre, phosphore, azote, etc.), des dioxines, etc.

L’enfouissement sanitaire est aussi un mode de gestion des déchets biomédicaux utilisé par
plusieurs structures sanitaires. Utilisé dans les conditions requises (nappe phréatique est
suffisamment profonde, 15 mètres de toute source d’eau potable profondeur d’enfouissement

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 120


supérieure à 80 centimètres), ce mode de gestion constitue une solution efficace pour l’élimination
des déchets anatomiques.

Cependant, tel que pratiqué le plus souvent par certains établissements sanitaires, (en l’absence de
fosses étanches et à faible profondeur), l’enfouissement comporte des risques de pollution des sols
et de la nappe phréatique et d’attirance des mouches et d’animaux errants.
Le recyclage est pratiqué dans la quasi-totalité des établissements sanitaires. Il consiste à
récupérer ou recycler certaines catégories de déchets pour d’autres usages (flacons d’eau de Javel,
matériel en verre, contenants sous pression, etc.) pourvu qu’ils ne soient pas contaminés.

La gestion des déchets biomédicaux au Mali est confrontée à un certain nombre de difficultés et
contraintes. Le manque de données fiables ne permet pas de cerner l’ampleur des risques et de
préconiser des solutions idoines. A cela s’ajoutent l’absence de décharge finale des déchets dans la
quasi-totalité des villes, l’insuffisance d’équipements pour le traitement et/ou l’élimination des
déchets biomédicaux dans la plupart des structures de santé, la méconnaissance par les populations
des risques que comporte leur mauvaise gestion, etc. ,

4.7. LES RISQUES ET CATASTROPHES POTENTIELS

Le concept de risques et catastrophes au Mali recouvre deux aspects en fonction desquels sont
élaborés les éléments de la politique nationale en matière de réduction des risques et de gestion
des catastrophes.

 Les risques courants ou ordinaires sont ceux dont la probabilité d’occurrence est forte
mais à conséquences plus ou moins faibles. Les réponses à ces risques s’intègrent dans le
fonctionnement normal des services d’Incendie et de Secours et constituent ainsi la majeure partie
de l’activité opérationnelle des Unités d’Intervention de la Protection civile.

 Les risques particuliers sont de faible probabilité d’occurrence mais aux conséquences
très importantes. Les réponses apportées nécessitent très souvent une large coordination et une
mobilisation à l’échelon régional, voire national de personnels et de matériels adaptés. Chaque
risque identifié fait l’objet d’une analyse individuelle spécifique et est comparé aux grilles
nationales établies en retour d’expérience d’accident majeur. Des moyens particuliers et
supplémentaires sont définis pour la couverture de ces risques.

Partout au Mali, la forte concentration de l’habitat, sans recoupement, isolement ou séparation, les
branchements électriques vétustes et souvent entremêlés, le stockage clandestin de produits
dangereux (essence, ou autres produits), au mépris de toutes normes en la matière, la proximité de
nombreux points chauds (cuisine, ou autres), constituent les principaux facteurs qui contribuent à
renforcer la vulnérabilité des quartiers et à les exposer à un fort risque d’incendie.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 121


Les établissements recevant du public (ERP), particulièrement ceux qui s’apparentent à la 5éme
catégorie sont nombreux. La ville de Bamako abrite plusieurs dépôts pétroliers, plusieurs stocks
de carburant souvent entremêlés aux habitations, de bitumes en vrac et d’importantes quantités de
produits alimentaires divers (riz, sucre, blé…). Les petits établissements foisonnent dans les zones
de commerce au cœur des villes, à tel point qu’il devient impossible pour une équipe de secours
d’opérer efficacement en cas d’incendie ou de secours à personne en danger.

Aujourd’hui il n’existe pas de règlementation répressive dans le domaine de la prévention contre


les risques d’incendie et de panique dans les ERP ou la Sécurité Incendie. Toutefois le service de
la Protection Civile, conformément à ses missions régaliennes, combat tous les cas d’incendie des
établissements recevant du publics (ERP), des maisons à usage d’habitation (MUH), des
immeubles a grande hauteur (IGH), des établissements classés pour la Protection de
l’environnement, des voitures, des marchés, des compteurs et poteaux électriques, des camions
citernes, des usines, des gaz, des boutiques, de tas d’ordures, des stations et dépôts
d’hydrocarbures, des bureaux, des pailles, des forêts etc. De 2015 à 2017, les interventions des
services de la protection civile ont porté sur 2 126 cas d’incendie au Mali, 191 victimes dont 21
cas de décès, 100 personnes brûlées et 70 impliquées. Sur ces cas il y a eu 1 066 cas dans le
district de Bamako dont 150 victimes, 13 morts, 28 personnes brûlées et 109 impliquées.
(Rapports annuels DGPC)

Photo 177 : Incendie de l’Immeuble Niuma BELEZA à l’ACI 2000 à Bamako

Les risques particuliers sont nombreux et d’origines diverses. Les risques naturels sont les plus
fréquents au regard du contexte climatique, aggravé ces dernières années par les effets du
changement climatique. Les inondations, les intempéries, les invasions acridiennes, etc. sont des

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 122


exemples de risques naturels auxquels le Mali est exposé. Il y a aussi les risques technologiques se
rapportant aux installations classées pour la protection de l’environnement, aux pollutions, au
transport de matières dangereuses, etc., les risques dits immobiliers, liés à la conception et la
consistance des infrastructures, bâtiments d’habitation et établissements recevant du public et les
risques de société, inhérents aux rassemblements de personnes, aux émeutes, attentats,
déplacements massifs des populations suite à des conflits ou rapatriements massifs et récurrents
des migrants, etc.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 123


Tableau 25 : Identification des risques par région
CIRCONSCRIPTIONS RISQUES COURANTS RISQUES PARTICULIERS
ADMINISTRATIVES
Région de Kayes Accidents de transport (routiers, ferroviaires, Inondation, pollution, épidémie, effondrement d’immeuble,
fluviaux, aériens), incendies, secours à personne, rassemblement de personne attentat, feu de brousse, rapatriements
faits d’animaux. massifs et récurrents des migrants.
Région de Koulikoro Accidents de transport (routiers, fluviaux), Inondation, pollution, épidémie, effondrement d’immeuble,
incendies, secours à personne, faits d’animaux. rassemblement de personne attentat, feu de brousse, rapatriements
massifs et récurrents des migrants.
Région de Sikasso Accidents de transport (routiers, fluviaux), Inondation, pollution, épidémie, effondrement d’immeuble,
incendies, secours à personne, faits d’animaux. rassemblement de personne attentat, feu de brousse, rapatriements
massifs et récurrents des migrants.
Région de Ségou Accidents de transport routiers, incendies, secours Inondation, pollution, épidémie, effondrement d’immeuble,
à personne, faits d’animaux. rassemblement de personne attentat, feu de brousse, rapatriements
massifs et récurrents des migrants.
Région de Mopti Accidents de transport (routiers, fluviaux, Inondation, pollution, épidémie, effondrement d’immeuble,
aériens), incendies, secours à personne, faits rassemblement de personne attentat, feu de brousse, invention
d’animaux. acridienne, déplacements massifs des populations suite à des conflits,
rapatriements massifs et récurrents des migrants.
Région de Tombouctou Accidents de transport (routiers, fluviaux, épidémie, invention acridienne, sécheresse, attentat, crise
aériens), incendies, secours à personne, faits alimentaire, déplacements massifs des populations suite à des conflits.
d’animaux.
Région de Gao Accidents de transport (routiers, fluviaux, épidémie, invention acridienne, sécheresse, attentat, crise
aériens), incendies, secours à personne, faits alimentaire, déplacements massifs des populations suite à des conflits.
d’animaux.
Région de Kidal Accidents de transport (routiers, aériens), Inondation, invention acridienne, sécheresse, attentat, déplacements
incendies, secours à personne, faits d’animaux. massifs des populations suite à des conflits, crise alimentaire.
District de Bamako Accidents de transport (routiers, ferroviaires, Inondation, pollution, épidémie, effondrement d’immeuble,
fluviaux, aériens), incendies, secours à personne, rassemblement de personne, émeute, attentat, feu de brousse,
faits d’animaux. rapatriements massifs et récurrents des migrants.
Source : Schéma National d’Analyse et de Couverture des Risques (SNACR)

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 124


Cas des inondations au Mali : A un exemple de catastrophe, un exemple de mitigation.

Au Mali le risque d’inondation est un exemple de risque particulier relativement plus


récurrent. Les inondations sont généralement provoquées par les fortes pluviométries dans les
zones où le maillage du réseau hydrographique ne permet pas de drainer tous le débit d’eau, à
cause des caractéristiques hydrologiques ou des multiples agressions des cours d’eau
(occupations anarchiques, dégradation des berges, dépôts d’ordures, etc.)

Les inondations se font de plus en plus spectaculaires et couteuses au Mali. Les dégâts sur les
personnes, les biens et l’environnement sont parfois très importants (Perte en vie humaine,
destruction des plaines cultivables, ravage des concessions destruction des denrées
alimentaires et du cheptel, etc.).

Au cours de l’année 2017, il a été observé 65 cas d’inondation, principalement au centre et au


nord du Mali, ayant causé des dégâts très importants : 84 474 animaux tués ou disparus, 102,6
tonnes de vivres détériorés, 80 pirogues portées disparues et 2 157 maisons détruites. Cette
catastrophe a affecté 1 233 ménages et sinistré 8 370 personnes, provoqué 10 blessés et coûté
la vie à 14 personnes sur l’étendue du pays. (Rapport DNPC- 2017)

En 2015, les cas d’inondation ont été moins nombreux et les dégâts moins spectaculaires,
mais cependant très graves avec 16 cas enregistrés, 5 décès, 11 blessés, 211 ménages affectés,
1320 sinistrés, 52 tonnes de vivres endommagés, 72 têtes de bétail perdues, 348 maisons
détruites et 21 infrastructures endommagées. (Rapport DNPC- 2015)

Photo 18 : Scène d’inondation en 2015 dans le cercle de Kita, région de Kayes

D’une manière générale, l’Etat intervient avec promptitude d’une part, à travers une démarche
psychologique consistant en une visite des lieux par les autorités relevant de divers niveaux
administratifs pour réconforter moralement les victimes et d’autre part, en sécurisant les

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 125


sinistrés dans des abris provisoires et en leur octroyant gratuitement du matériel et la
nourriture pour couvrir leurs besoins d’urgence.

Photo 19 : Scène de distribution d’aide aux sinistrés à Sébékoro (cercle de Kita)

Au-delà de ces interventions, l’Etat s’est inscrit dans une véritable dynamique de protection
des personnes et des biens à travers l’élaboration et la mise en œuvre d’instruments juridiques
et programmatiques. Sont de ceux-là, la Loi d’orientation sur l’aménagement du territoire, la
Loi de programmation relative à la sécurité intérieure, la Politique Nationale
d’Assainissement et ses cinq stratégies et les plans et schémas directeurs
d’assainissement, dont l’application et/ou la mise en œuvre effective exposera moins les
populations à divers risques et catastrophes.

Parmi les textes règlementaires majeurs en matière de de réduction des risques et de gestion
des catastrophes, on peut citer :
- le décret sur la stratégie nationale de RRC et son plan d’action;
- le décret portant création de la plateforme nationale de réduction des risques de
catastrophes;
- le décret portant organisation des secours (ORSEC);
- le décret portant création du Comité Interministériel de Gestion de Crises et
Catastrophes (CIGC) et autre décret créant ses membres dont le Premier Ministre en
est le Président;

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 126


CHAPITRE 5 : DE GRANDS CHANTIERS AU MALI POUR
RELEVER CERTAINS GRANDS DEFIS
ENVIRONNEMENTAUX

Les précédentes analyses ont mis en exergue une multitude de problématiques inhérentes aux
différentes composantes environnementales. En plus du changement climatique qui demeure
le plus grand défi environnemental de l’heure, le Mali est confronté à un rythme accéléré de
déforestation aux conséquences catastrophiques sur la biodiversité, un niveau alarmant des
menaces sur les cours d’eau, notamment le fleuve Niger, l’érosion et l’appauvrissement des
sols ainsi que la gestion calamiteuse des déchets qui dégrade le cadre de vie des populations.

La situation a atteint un niveau de gravité tel qu’inverser ces tendances semble un idéal
ambitieux, au regard de la taille des enjeux environnementaux inhérents aux activités, de
l’insuffisance des ressources et surtout certains comportements individuels et collectifs qui
frisent actuellement l’irresponsabilité et la démission en matière de protection et
d’amélioration de l’environnement.

Cependant, l’Etat malien s’y emploie, à l’aide d’un certain nombre de dispositifs, d’outils ou
autres moyens mis en place, renforcés par les contributions des Partenaires Techniques et
Financiers, des ONG, etc. dont les apports financiers et les expertises techniques permettent
d’obtenir d’importants résultats, notamment dans la lutte contre le changement climatique et
la désertification, la préservation des ressources naturelles, l’assainissement, etc.

2.3. QUELQUES ATOUTS A HAUTEUR DES AMBITIONS POUR


L’ENVIRONNEMENT

o Des institutions et structures acquises à la cause environnementale

Le dispositif institutionnel en place comprend un certain nombre d’institutions impliquées


dans la résolution des questions environnementales, chacune dans les limites de ses
prérogatives. L’Assemblée Nationale, le Gouvernement, le Haut Conseil des Collectivités, le
Conseil Economique, Social et Culturel sont les institutions clé qui, au regard de leurs
missions jouent un rôle important dans le domaine de l’environnement.

A titre indicatif, l’Assemblée Nationale s’est beaucoup impliquée de 2015 à 2017, dans la
gestion environnementale du pays à travers plusieurs actes majeurs. Parmi ces actes, on peut
citer : l’adoption du projet de loi sur l’interdiction des sachets plastiques, du rapport
d’évaluation de l’état de mise en œuvre et du répertoire des Accords Multilatéraux sur
l’Environnement (AME), les débats relatifs aux questions portant sur l’occupation illicite des
forêts classées, l’attribution de couloir d’orpaillage dans la forêt de Matiogo (Région de
Sikasso), la délocalisation des teinturières sur les berges du fleuve Niger à Bamako, la
décharge de Noumoubougou, l’orpaillage dans le fleuve Falémé (région de Kayes), etc.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 127


Les actions du Gouvernement, à travers le Ministère en charge de l’Environnement, ont
contribué au renforcement du cadre juridique, technique et institutionnel de gestion et de
protection de l’environnement. Il s’agit notamment de : (i) la ratification de l’Accord de Paris
sur les Changements climatiques et du protocole additionnel de Nagoya Kuala Lumpur sur la
responsabilité et la réparation, relatif au protocole de Cartagena sur la prévention des risques
Biotechnologiques, (ii) l’approbation de la Politique Forestière Nationale et son plan d’actions
2018-2022, du statut particulier des fonctionnaires et plan de carrière du cadre des Eaux et
Forêts, du Programme National de Sauvegarde du Fleuve Niger (PNS-FN) et du plan
d’aménagement et de gestion de la forêt classée dans le Cercle de Youwarou, (Région de
Mopti), (iii) la création de la Cellule de Coordination et de Suivi de la mise en œuvre de la
Contribution déterminée au niveau National (CDN) dans le cadre de la lutte contre le
changement climatique.

Le Haut Conseil des Collectivités (HCC), en tant qu’institution consultée pour donner son
avis motivé sur toutes les questions environnementales qui lui sont soumises et détenant un
réel pouvoir en matière de protection de l’environnement et de gestion des ressources
naturelles. Il s’est beaucoup impliqué dans la mise au point d’un avant-projet de Charte sur
l’Environnement et l’élaboration de nombreux projets relatifs à la gestion des ressources
naturelles et l’Insertion des Jeunes, etc.

Le Conseil Economique, Social et Culturel a lui aussi, entrepris quelques actions


environnementales destinées à renforcer les bonnes initiatives du ministère en charge de
l’environnement. Sa participation aux différentes conventions des parties à Paris, Marrakech
et Bonn ainsi qu’à à la COP Méditerranée et la restitution des résultats de la COP 23 au
niveau régional constituent autant d’actions importantes, relevant du processus
d’appropriation des outils internationaux de protection de l’environnement. A cela il faut
ajouter l’organisation d’une session de formation à l’Assemblée Générale de l’Union des
Conseils Economiques et Institutions Similaires de l’Afrique sur le thème « Environnement et
sécurité », etc.

En matière de coordination des actions environnementales, des structures telles que le Conseil
National de l’Environnement (C.N.E.) et la coordination au niveau des PTF affichent de plus
en plus de dynamisme. La validation du rapport 2014 sur l’état de l’environnement au Mali, la
réflexion sur la mise en place d’un partenariat entre l’AEDD et les structures de recherche et
l’actualisation de la Politique Nationale de Protection de l’Environnement sont entre autres,
des actes qui témoignent de ce dynamisme. Il en est de même pour la coordination au niveau
des PTF à travers la tenue régulière des rencontres sur l’état d’avancement des projets et
programmes, les requêtes de financement pour de nouveaux projets et programmes, les
missions conjointes, etc.

Ce dispositif mis en place pour la gestion cohérente et efficace de l’environnement est


confronté à un certain nombre de contraintes, notamment d’une part, la dispersion
institutionnelle et la faible concertation entre les acteurs de l’environnement qui complique la
gestion environnementale et d’autre part, l’instabilité institutionnelle au sein du département

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 128


en charge de l’environnement qui affecte négativement la lisibilité et la continuité des
initiatives.

Sur le terrain, plusieurs ONG et associations s’impliquent remarquablement dans la protection


et l’amélioration de l’environnement à travers des stratégies et actions qui s’inscrivent dans
les orientations nationales et renforcent ainsi les structures de l’Etat. Des résultats importants
ont été obtenus en matière d’amélioration des ressources naturelles et du cadre de vie par des
ONG et associations véritablement acquises à la cause environnementale au Mali
(reboisement, régénération naturelle assistée, protection des sols et des eaux et de la
biodiversité, assainissement, etc.).

o Le dispositif juridique renforcé


L’environnement au Mali jouit de l’existence de plusieurs textes juridiques dont le nombre
s’est accru au cours de la période 2015-2017, suite à l’élaboration et l’adoption de sept (7)
lois, huit (8) décrets et quatorze (14) arrêtés.

En plus des lois nationales et leurs règlements, le Mali a signé et ratifié plusieurs textes
internationaux (conventions, accords et traités) relatifs à l’environnement et devenus de facto
des éléments du corpus juridique. La signature de l’accord de Paris sur le climat reste
l’évènement majeur dans la lutte contre le réchauffement climatique, au regard des
engagements pris sur la limitation des émissions de gaz à effet de serre et le soutien aux pays
vulnérables.

o La richesse du cadre référentiel des actions


Le sous-secteur de l’environnement est riche de l’existence de plusieurs politiques et
stratégies, expression d’un engagement fort du Mali à faire de la protection et la gestion de
l’environnement un véritable levier de son processus de développement. La Politique
Nationale de Protection de l’Environnement, la Politique Nationale d’Assainissement, la
Politique Forestière Nationale, la Politique Nationale sur les Changements Climatiques, la
Politique Nationale des Zones Humides, constituent les politiques phares dont les finalités
prennent en compte l’ensemble des domaines environnementaux du pays (ressources
naturelles, changements climatiques, pollutions terrestres et atmosphériques, cadre de vie,
etc.).

Cependant il y a lieu de s’interroger, si besoin en est, sur l’opportunité de cette diversité de


politiques au sein du même département, vu la dimension inclusive de la PNPE par rapport à
toutes les problématiques environnementales du Mali. La PNPE doit s’afficher comme seul
cadre de référence, avec des stratégies qui englobent les domaines actuellement régis par les
autres politiques. L’avantage serait d’une part, la bonne articulation entre les stratégies, les
autres politiques sectorielles et les grandes orientations nationales en matière de
développement (ODD, CREDD, etc.) et d’autre part la réduction et l’amélioration des outils
de suivi - évaluation, en particulier les indicateurs environnementaux.

o La diversité des sources de financements de l’environnement

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 129


Le financement de l’environnement est aussi large que complexe, à l’image de la multiplicité
et la diversité des acteurs et de leurs modalités d’intervention. L’Etat, les collectivités
décentralisées (sur fonds propres ou sur financement extérieurs), les PTF à travers le
financement des programmes et projets, les ONG, les sociétés et entreprises, les individus,
tous participent à différents degrés et dans différents secteurs au financement de
l’environnement au Mali.

En se référant aux données sur les contributions budgétaires de l’Etat et les financements
extérieurs de 2012 à 2016, des Départements en charge de l’environnement et de l’eau, on
s’aperçoit que le financement interne subi quelques fluctuations, mais reste inférieur au
financement extérieur, comme l’indique le graphique ci-dessous.

Figure 35 : Evolution des financements acquis du portefeuille des Programmes et


Projets

700000

600000

500000
Financement interne (en millions
400000 F.CFA)
Financement extérieur (en
300000 millions F.CFA)
TOTAL (en millions F.CFA)
200000

100000

0
2012 2013 2014 2015 2016

Source des données :

Les financements extérieurs représentent environ 80% du financement total acquis de 2012 à
2016, soit un montant total de 1 796 902 millions de Francs CFA.). Ces financements sont le
fruit des aides multilatérale et bilatérale dont le nombre s’accroît de plus en plus dans la lutte
contre le changement climatique. Les 92 projets changement climatique mis en œuvre au Mali
de 2014 à 2017 ont coûté 87 908 626 507 de francs CFA, financé par l’extérieur à hauteur
d’environ 99 %.(Rapport de cartographie des projets changement climatiques au Mali- 2014-
2016 ; GIZ). L’aide multilatérale provient principalement de la Banque Mondiale, la Banque
Africaine de Développement, le FIDA, la FAO, le PNUD et l’Union Européenne tandis que
les principaux partenaires bilatéraux traditionnels sont la Suède, la Suisse, l’Allemagne, le
Canada, les Etats-Unis, la France, la Belgique et les Pays-Bas.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 130


Même si ce volume de financement extérieur est une opportunité, il n’en demeure pas moins
qu’il traduit la quasi dépendance du Mali de l’aide extérieure pour protéger et améliorer son
propre environnement. Inverser cette tendance doit figurer au cœur des préoccupations afin
que le pays s’approprie véritablement les initiatives en la matière.

2.4. QUELQUES GRANDS CHANTIERS ENVIRONNEMENTAUX


AU MALI

Il s’agit de certaines initiatives, loin d’être exhaustives qui participent d’une volonté de
préserver et d’améliorer les ressources naturelles et le cadre de vie des populations.

a) Vers une transition énergétique qui, s’inscrivant dans les stratégies de lutte
contre le changement climatique, épargnera les ressources forestières d’une
exploitation abusive:

La survie des forêts constitue l’une des préoccupations essentielles du Mali, sinon la plus
importante pour le maintien et la préservation de son potentiel écologique et pour cause, les
forêts abritent la plus grande diversité biologique, protègent les sols, atténuent les variations
climatiques, contribuent à la sécurité alimentaire et nutritionnelle ainsi qu’à l’amélioration de
la santé des populations, etc.

Le concept de transition énergétique se définit comme étant le passage des énergies


conventionnelles aux énergies nouvelles et renouvelables moins polluantes, efficaces,
économiques et maîtrisables au plan énergétique.

La transition énergétique sera d’une grande contribution à la sauvegarde des ressources


forestières au Mali. Selon l’étude TCN-AEDD-MEADD, intitulée « Transition énergétique
dans le résidentiel comme mesure d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre dans les
ménages » réalisée en décembre 2016, l’application des actions dans le cadre de la transition
énergétique, notamment le mix énergétique pour la cuisson et le chauffage, permettrait entre
autre de réduire de 40% la consommation annuelle de bois énergie, soit 49 7315 Kg. (Rapport
de la troisième communication Nationale du Mali à la Convention Cadre des Nations Unies
sur les Changements Climatiques- AEDD- 2017).

Développer les énergies renouvelables et accroître l’accès des populations rurales et urbaines
à l’électricité à moindre coût devient un leitmotiv au Mali. Plusieurs actions importantes sont
en œuvre pour renforcer les capacités de production, d’extension de réseaux, de promotion de
l’électrification en milieu rural et de développement des sources d’énergies renouvelables.
Les investisseurs privés dans les domaines des énergies renouvelables, bénéficient de la
détaxe des équipements solaires depuis plusieurs années. Certaines banques de la place
favorisent l’accès des porteurs de projets d’énergie solaire aux équipements à travers des
modalités de paiement favorables, sans oublier le Fonds de garantie banquier qui s’avère un
véritable instrument de facilitation de l’investissement par le secteur privé.

b) Vers une réhabilitation totale des forêts maliennes :

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 131


Au-delà des actions ponctuelles spécifiques visant à améliorer çà et là, la couverture
forestière, deux vastes programmes sont en cours et en synergie pour réhabiliter les
formations forestières.

 Le transfert de la gestion forestière pour une meilleure protection et une


exploitation durable

Le programme « Gestion Décentralisée des Forêts (GEDEFOR) » est l’une de ces initiatives
jugée pertinente au regard du contexte social et politico administratif. Il s’agit de
responsabiliser les collectivités territoriales pour assurer la gestion de proximité des forêts et
d’appuyer les communautés rurales à travers l’offre d’alternatives à l’exploitation abusive
des forêts et la diffusion de technologies de gestion durable des ressources naturelles. Il vise à
« Contribuer de façon intégrée, à la gestion décentralisée des ressources forestières dans le
cadre du développement local »

Le programme a permis entre autre, l’aménagement de 39 massifs forestiers d’une superficie


totale de 44 000 ha et promeut des activités de gestion durable des terres, notamment les
techniques de conservation des eaux et du sol, de défense et restauration des sols (CES/DRS)

 L’amélioration de la couverture forestière du Mali


Le programme Alliance Globale contre le Changement Climatique au Mali (Phase 2)
(AGCC2) est une autre initiative portée essentiellement sur le secteur forestier dont le rôle est
jugé important aussi bien pour l'adaptation au changement climatique que pour l'atténuation
de celui-ci.

Il vise à « Contribuer à la gestion durable des ressources naturelles du Mali, en réponse aux
enjeux liés aux changements climatiques. », avec comme objectif spécifique : «Renforcer les
systèmes de gouvernance du secteur forestier et améliorer la couverture forestière dans les
zones ciblées ».

Dans sa démarche, le programme s’appuiera sur les ONG retenues aux termes d’une
procédure de sélection pour réaliser l'amélioration de la couverture forestière au Mali. Les
activités de ces ONG seront régulièrement suivies et évaluées dans le cadre de la mise en
œuvre du programme, afin de capitaliser acquis et réalisations et de les consolider lors de la
capitalisation du projet.

Dans la perspective du renforcement de la gouvernance du secteur forestier, l’AGCC2 prévoit


entre autre, l’amélioration de la communication et l’information dans le domaine du
changement climatique et la foresterie, l’appui au SIFOR et l’initiation du système MNV.

En matière de communication et d’information, le programme apportera un appui à l'AEDD


pour le renforcement des capacités techniques des agents et la mise en place d'une stratégie de
communication et de diffusion de l'information. Il devra contribuer aussi l’amélioration du
système de concertation multi-acteurs du sous-secteur « Forêt et Changements Climatiques».

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 132


Les liens entre le Système d'Information Forestier (SIFOR) et le Système National de Gestion
de l'Information Environnementale (SNGIE) seront développés et harmonisés. Des indicateurs
forestiers et environnementaux dans le contexte du suivi des effets des changements
climatiques seront déterminés et une étude de faisabilité sur l’utilisation du mécanisme de
Réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts (REDD+) au
Mali sera réalisée.

La Cellule du SIFOR verra ses capacités opérationnelles accrues, notamment à travers le


renforcement institutionnel de son équipe, l’appui au développement du Système
d'information forestier, la mise en place de systèmes de suivi du couvert forestier au niveau
national, des actions d’amélioration de la couverture forestière et la réalisation d’au moins 30
inventaires forestiers communaux.
Le programme envisage aussi l’initiation du système MNV (Mesure, Notification et
Vérification) à travers entre autre, la formation des services techniques et autres acteurs au
système, l'élaboration d’un plan méthodologique pour la mise en place du système et la
définition des rôles et des responsabilités pour les diverses institutions participant au
processus de la MNV.

Dans le cadre de sa Contribution Déterminée au niveau National (C D N), les programmes


prioritaires contenus dans les annonces du Mali au Sommet mondial sur le climat en
septembre 2014 à New York prévoient entre autres l’aménagement forestier pour la
restauration des écosystèmes dégradés, visant à reboiser 325.000 hectares, promouvoir la
régénération naturelle assistée et la lutte contre l’ensablement et le renforcement de la
protection des aires protégées sur 9 millions d’hectares.

Par ailleurs, la régénération naturelle assistée connaît un véritable essor grâce à la forte
implication des ONG qui en ont fait un véritable cheval de bataille pour la sauvegarde des
ressources forestières au Mali. Cette approche de reforestation est de plus en plus adoptée par
les exploitants à cause de sa simplicité, son faible coût et du fait qu’elle repose sur des
essences autochtones.

Beaucoup d’ONG évoluant en milieu rural au Mali ont des programmes de régénération
naturelle assistée et sont appuyées en cela par des partenaires techniques et financiers. A cet
égard on peut citer l’exemple de l’ONG Sahel ECO qui a réalisé dans la région de Mopti,
6 457 ha de régénération naturelle assistée sur la base d’une densité moyenne de 156 pieds
par ha (Rapport troisième communication Nationale du Mali à la Convention Cadre des
Nations Unies sur les Changements Climatiques -AEDD- 2017)

c) Vers une meilleure performance des systèmes agricoles, pastoraux et


halieutiques
Les systèmes extensifs d’agriculture, d’élevage et de pêche sont dévastateurs de ressources
naturelles, de même qu’ils sont porteurs de germes d’instabilité et de confrontation sociale du
fait qu’ils sont en compétition pour des ressources limitées.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 133


Dans le domaine agricole, l’ambition affichée dans le Programme National d’Investissement
dans le secteur Agricole (PNISA), considéré comme plan d’action de mise en œuvre de la
Politique de Développement Agricole est l’avènement d’une agriculture intensive, diversifiée
et durable, assurant l'autosuffisance alimentaire et compétitive sur les marchés sous régionaux
et internationaux. Pour ce faire différents projets/programmes concourent à la maîtrise de
l’eau, l’octroi de semences améliorées et adaptées au contexte agro écologique, la promotion
d’engrais organiques et d’équipements agricoles adéquats et la diffusion de techniques
agricoles plus performantes respectueuses de l’environnement (Système de Riziculture
Intensif, Placement Profond de l’Engrais, irrigation d’appoint, gestion durable des terres,
ouvrages anti érosifs, micro doses d’engrais chimiques, gestion intégrée des productions et
des déprédateurs, etc.)

L’intégration de ces innovations techniques dans les systèmes d’exploitations agricoles


permettrait dans les conditions normales, d’augmenter les productions, sans avoir recours à
l’extension des superficies au détriment des formatons forestières.

Pour accompagner le secteur agricole, l’Etat malien lui consent par année 15% du budget
national, un effort appréciable qui témoigne en même temps d’un engagement fort du Mali à
assurer durablement sa sécurité alimentaire.

Cette volonté est affichée par le Mali dans les programmes prioritaires contenus dans ses
annonces au Sommet mondial sur le climat en septembre 2014 à New York dans le cadre de
sa Contribution Déterminée au niveau National (C D N). Ces programmes envisagent en plus
de cet engagement, de développer une agriculture intelligente et résiliente aux changements
climatiques, pour l’aménagement hydro-agricole de 92,000 ha dans le contexte d’une gestion
durable des terres

Au plan pastoral et agro pastoral ces programmes prévoient l’aménagement pastoral résilient
aux changements climatiques visant la matérialisation de 3,300 km d’axes de transhumance
afin de réduire les conflits entre agriculteurs et éleveurs, la réalisation de 21 périmètres et
aires pastorales d’une superficie totale de 400.000 ha.

Par ailleurs, la promotion des cultures fourragères actuellement en cours, peut être considérée
comme un pas important du passage d’un élevage extensif à un élevage intensif plus productif
et moins consommateur de ressources naturelles.

Elle fait l’objet d’un vaste programme financé dans le cadre du WAAP-PPAO et du PAPAM.

En 2016, des parcelles de diffusion de cultures fourragères ont été conduites dans les zones
pastorales et agro pastorales, sur une superficie totale de 8 705,2 ha en plus de la régénération
du bourgou sur 16 943 ha. Ces parcelles ont été ensemencées avec 47 204 Kg de semences,
toutes spéculations confondues, obtenues du WAAPP-PPAAO.

Les quantités de fourrage obtenues (y compris le bourgou) durant la campagne sont estimées à
environ 192 500 tonnes de matières sèches (MS).

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 134


Il est important de retenir que la mise en œuvre de ce programme est assortie d’un mécanisme
d’autoproduction de semences fourragères afin d’assurer à termes l’appropriation de la filière
semencière et l’indépendance des agro éleveurs sur le plan semencier. A cet effet le
programme a reçu 53 208 Kg de semences fourragères, comprenant des semences de base et
des semences R1 et R2 pour la multiplication semencière et la production de fourrage.

En matière d’exploitation des ressources halieutiques, l’initiative phare demeure la promotion


de l’aquaculture qui a donné lieu à la réalisation d’importantes infrastructures visant à
renforcer les capacités des acteurs. Il a été installé :
- 163 Cages flottantes d’un volume total de 23472m3 ;
- 22 Etangs piscicoles d’une superficie totale de 660 m2 ;
- 18 parcelles de riz pisciculture d’une superficie de 9ha ;
- 8 bacs hors-sol d’un volume total de 800m3
- 4 enclos d’une superficie 160 m2

La production piscicole a atteint déjà 4 194 tonnes de poisson en 2016. Les régions de Ségou,
Koulikoro et Sikasso demeurent les plus productrices de poisson de pisciculture, grâce au
programme d’élevage intensif en cage flottante à Ségou et Sélingué, aux résultats de
production des grandes fermes privées dans la région de Koulikoro et aux activités du
PRODEFA dans la région de Sikasso. En même temps, la promotion de la pisciculture se
poursuit normalement dans les autres régions.

d) Vers la réduction significative des risques et nuisances au Mali


Il s’agit de réduire l’insalubrité des milieux où vivent les populations, à travers la réalisation
d’infrastructures et d’équipements, sous-tendue par des actions visant un véritable
changement de comportement.

A cet effet d’importantes initiatives sont en cours ou en perspectives avec pour offrir à la
majeure partie de la population malienne un cadre de vie exempt de toute pollution et
nuisance.

 Un programme pour optimiser la gestion des eaux usées et excrétas :


Il s’agit du Programme de Renforcement des Capacités de l’ANGESEM 2015-2024, qui
s’articule sur les données du plan d’actions de la Politique Nationale d’Assainissement, avec
comme objectif « Permettre que d’ici à l’an 2024, environ 50% des populations vivant dans
les capitales régionales du Mali bénéficient de l’assainissement collectif des eaux usées. Un
objectif accessoire mais non moins important est de s’assurer que les populations, bénéficiant
de services d’assainissement de proximité, adoptent des pratiques et des comportements éco
citoyens ». (ANGESEM).

Selon ce programme, l’accès des ménages à un service d’assainissement liquide adéquat


(eaux grises + excréta) estimé à 50% en 2015 devra passer à 80% en 2025, le taux
d’équipement minimum devra passer de 30% à 50% en milieu rural (moins de 5 000
habitants), de 50% à 80% en milieu semi-urbain (5 000 – 50 000 habitants) et de 60% à 90%
en milieu urbain (plus de 50 000 habitants).

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 135


En outre, des sites adéquats devront être identifiés et équipés pour l’entreposage et le
traitement des boues de vidange dans toutes les villes de plus de 50 000 habitants au plus tard
en 2015, et dans toutes les villes de plus de 25 000 habitants avant 2025, sur la base de
réalisation de Plans Stratégiques d’Assainissements (PSA) et de Schémas Directeurs
d’Assainissement.

L’adoption et la mise en œuvre de ce programme permettront, en plus de la protection des


sols et des eaux, la production d’environ 250 000 m3 d’engrais organiques naturels découlant
du traitement d’eaux usées et de gadoues. Cet engrais peut offrir une alternative à l’utilisation
abusive de l’urée qui comporte entre autre, un risque d’acidification des sols.

La mise en œuvre de ce programme préservera plusieurs milieux des maladies d’origine


hydrique, sans recours aux actions de lutte préventives trop coûteuses au plan économique
(Coût des traitements) et écologique (épandage de produits phytosanitaires).

Enfin ce programme offre une opportunité d’emplois découlant du fonctionnement des unités
de conditionnement d’engrais organiques, des stations d’épuration et des circuits privés de
commercialisation (environ 200 emplois directs, 600 emplois indirects et 1500 emplois
saisonniers)

 Une réponse adéquate à la question des pesticides obsolètes au Mali.


Même si les pesticides obsolètes et objets apparentés passent inaperçus pour le commun des
maliens, ils constituent un redoutable danger aussi bien pour l’homme que pour la nature.
Au regard de l’importance des stocks de pesticides obsolètes et des risques qu’ils comportent,
le Gouvernement du Mali s’est engagé depuis 2009, avec l’appui de partenaires techniques et
financiers, à les éliminer dans le cadre d’un programme dénommé « Programme Africain
relatif aux Stocks de Pesticides obsolètes (PASP-Mali) ». Pour plusieurs raisons ce
programme s’est clôturé sans parvenir à l’élimination totale et complète des stocks de
pesticides et déchets apparentés inventoriés.

Le danger étant réel et persistant, le Mali et la Banque mondiale ont préparé un nouveau
Projet dénommé Projet d’Elimination & de Prévention des Pesticides Obsolètes au Mali
(PEPPO-Mali) avec pour objectif : « Réduire les risques des stocks de pesticides obsolètes
publics et déchets apparentés et renforcer le cadre institutionnel en vue de la réduction des
risques liés aux pesticides obsolètes ».
Il s’agit concrètement de :
- débarrasser le pays des stocks de pesticides obsolètes et de déchets contaminés
inventoriés;
- décontaminer les sites présentant les plus grands risques afin de préserver la santé et
l’environnement des populations;
- mettre en œuvre un système de prévention de l’accumulation des pesticides et
améliorer le système de gestion des pesticides.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 136


Ce nouveau Projet, d’un coût global 5,14 millions $ EU soit 2 570 000 000 FCFA est
conforme aux orientations de la Politique Nationale d’Assainissement (PNA) s’inspire de
l’expérience et des acquis du PASP-Mali qui l’a précédé, les défis étant : la sécurisation des
stocks de pesticides obsolètes et déchets apparentés, leur élimination dans un bref délai, la
décontamination des sols hautement pollués, le développer d’options techniques de traitement
des emballages vides de pesticides et la consolidation des acquis dans le domaine de la
Prévention des stocks de pesticides.
Le PEPPO-Mali œuvre à la prévention de l’accumulation des stocks de pesticides obsolètes,
la gestion des pesticides saisis et la gestion communautaire des emballages de pesticides afin
d’éviter de minimiser les dangers et réduire les coûts d’élimination.

e) Vers un dispositif approprié pour une information environnementale plus


efficace

Afin de pallier le déficit d’informations en matière d’environnement, le Mali est en train de


mettre en place un Système National de Gestion de l’Information Environnementale avec
comme objectif : « Contribuer à la meilleure gestion de l’environnement au Mali, à travers
l’identification, la centralisation, le traitement et la diffusion des données et informations
environnementales sur toute l’étendue du territoire ».

Le fonctionnement simplifié du SNGIE peut se résumer ainsi : (i) la production des données
et informations environnementales par divers producteurs/fournisseurs, (ii) la collecte et le
traitement de ces données par l’unité centrale du système et (iii) la satisfaction des besoins des
utilisateurs.

La capitalisation des données et informations environnementales nécessite une base de


données, conçue pour être la pièce maîtresse du système d’information et l’outil central
indispensable à la mise en œuvre efficace du Système National de Gestion de l’Information
Environnementale. Grace à l’appui de ses partenaires Techniques et financiers dans le cadre
du Projet de Gestion des Ressources Naturelles et Changement Climatique (PGRNCC), une
base de données, accessible à l’adresse : www.sngie.ml. , a été installée à l’AEDD.

f) Vers la généralisation de l’éducation environnementale pour l’avènement de


comportements responsables.

L’éducation environnementale suscite de plus en plus un intérêt particulier au niveau national.


En effet, le Conseil d’Administration de l’AEDD, en sa session ordinaire tenue le 21 mars
recommandait à l’agence « d’organiser un atelier sur l’intégration de l’environnement au
curricula aux niveaux fondamental et secondaire ».

Poursuivant sur le même élan, la session de mars 2018 recommande de « prendre en compte
dans le PTBA, l’intégration des thématiques liées à l’environnement et au développement
durable dans les curricula de l’enseignement fondamental et de l’enseignement secondaire
général ».

Ces deux recommandations sont les prémisses d’une initiative de grande envergure destinée à
promouvoir un véritable changement de comportement du citoyen malien vis – à – vis de son

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 137


environnement, en cultivant chez l’adolescent des réflexes de veille et d’actions nécessaires à
la préservation et l’amélioration de ses ressources naturelles et de son cadre de vie. Cette
approche générationnelle de gestion de l’environnement est la plus cohérente si l’on vise la
durabilité des actions et des acquis.

g) Vers une veille environnementale renforcée par des outils en constante


amélioration
Les guides méthodologiques sur les évaluations environnementales, particulièrement
l’Evaluation Environnementale Stratégique (EES), l’Etude d’Impact Environnemental et
Social (EIES) et l’Audit Environnemental (AE) sont désormais disponibles. Ils permettent
d’harmoniser les cadres conceptuels et les modalités pratiques de mise en œuvre de ces outils
d’évaluation environnementale au Mali.

Les outils majeurs de planification du développement, notamment les politiques et les


stratégies, sont de plus en plus renforcés par l’intégration des dimensions changement
climatique, liens pauvreté- environnement et genre. Ce renforcement se poursuit au niveau
des PDESC des collectivités territoriales où il revêt un caractère beaucoup plus opérationnel,
du fait que ces outils de planification sont considérés comme cadre unique de référence des
actions de développement des collectivités territoriales.

Le suivi environnemental au Mali est doté désormais d’un référentiel important dans le
domaine du changement climatique (base de données sur les risques et la vulnérabilité). Les
données satellitaires, les modèles de simulation, les instruments d'observation climatique et
autres équipements acquis, permettent de pallier dans une certaine mesure, le déficit
d’informations environnementales nécessaire au suivi et à la surveillance environnementale.

Le processus d’alignement des Plans d’Actions Nationaux (PAN) du Mali sur le Plan cadre
stratégique décennal 2008-2018 de la Convention Cadre des Nations Unies sur la Lutte contre
la Désertification a abouti à l’intégration des nouveaux enjeux de la convention (neutralité en
matière de dégradation des terres à l’horizon 2030) et la cohérence de ces deux instruments.

Au plan juridique, le Mali s’est engagé dans l’élaboration d’un Code et d’une Charte de
l’environnement. Ces deux outils renforceront le corpus juridique et offriront aux textes
nationaux, des référentiels adéquats qui faciliteront l’appropriation et l’application des
dispositions juridiques relatives à l’environnement. Par ailleurs, les trois conventions de Rio
ont été mise en synergie avec le Fonds pour l’Environnement Mondial et l’intégration des
Objectifs de Développement Durable. La mise en cohérence de ces instruments facilitera leur
mise en œuvre.

h) Vers des mécanismes de financement à hauteur des ambitions pour


l’environnement
Le financement est la clé de voute de toute initiative ou action environnementale de grande
envergure. En effet, qu’il s’agisse des actions de protection ou d’amélioration, de

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 138


renforcement de capacité, etc. l’acquisition des moyens humains et matériels nécessaires
requiert des moyens financiers qui ne sont pas toujours à portée des communautés, voire de
l’Etat, d’où le recours à des aides extérieures.

 Des opportunités de financements de la lutte contre le changement climatique

Le fonds vert pour le climat, lancé en 2011, est un mécanisme financier de la Convention-
cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, ayant pour objectifs de limiter ou
de réduire les émissions de gaz à effet de serre dans les pays en développement et d’aider les
communautés vulnérables à s’adapter aux impacts déjà ressentis des changements
climatiques.
Il entend apporter une contribution ambitieuse à la réalisation des objectifs d’atténuation et
d’adaptation de la communauté internationale, dans le but de maintenir l’élévation moyenne
de la température de la planète en dessous de 2 °C.

Le FVC intervient dans huit (8) domaines dont les activités contribuent à accroître la
résilience face aux effets de changement climatique.

En matière d’atténuation du changement climatique, sont pris en compte, les domaines qui
contribuent à la réduction des émissions de gaz à effets de serre, tels que :
- La production et l’accès à l’énergie ;
- Le transport ;
- Les forêts et l’affectation des terres ;
- Les bâtiments, les villes, les industries et les équipements.
En matière d’adaptation, les domaines ci-après sont concernés :
- La santé, la sécurité alimentaire et la qualité de l’eau ;
- Les moyens de subsistance des communautés ;
- Les écosystèmes et les services éco-systémiques ;
- Les infrastructures et construction.

Au cours de l’année 2015, le FVC a été capitalisé à hauteur de 10,2 milliards de dollars EU.
Il octroie les fonds sous la forme de dons et de prêts à conditions préférentielles directement
aux entités d'exécutionou de manière indirecte par le biais d'intermédiaires financiers pour
subventionner des activités grâce aux fonds propres et aux garanties. que des institutions
financières.
Son intervention dans les pays se fait à travers l’Autorité Nationale Désignée et les Entités
Accréditées. Au Mali l’autorité nationale désignée est l’Agence de l’Environnement et du
Développement Durable (AEDD) représentée par son Directeur général.

Le Fonds Climat Mali a été créé le 26 janvier 2012 suite à un protocole d’accord signé entre
le gouvernement du Mali et le Bureau des Fonds Multi Partenaire du Programme des Nations-
Unies pour le Développement (Bureau MPTF du PNUD). Il a a été opérationnel en fin 2013,
avec l’appui financier et technique du Royaume de la Suède.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 139


Son objectif principal est d’aider le Mali à financer les interventions de développement
stratégiques telles que définies dans la stratégie nationale Economie Verte et Résiliente aux
Changements Climatiques (EVRCC).

Il doit permettre la mise en œuvre intégrée du cadre stratégique climat pour passer d’une
approche projet à une approche multisectorielle. Le Fonds sert à atteindre les résultats
sectoriels suivants :
- agriculture : favoriser la diversification agricole et soutenir l’accès aux technologies
appropriées pour une meilleure résilience aux effets néfastes des Changements
Climatiques ;
- élevage : promouvoir la conservation des races autochtones et les croisements avec des
races résistantes aux changements Climatiques ;
- pisciculture : promouvoir de nouvelles techniques de piscicultures, en vulgarisant les
techniques de rizi-piscicultures, de cages flottantes, des étangs piscicoles et
l’empoissonnement des mares.
- eau : assurer une gestion intégrée des ressources et promouvoir les techniques de
conservation des eaux et des sols ;
- énergie : promouvoir les énergies renouvelables, et l’efficacité énergétique ;
- foresteries : renverser la tendance à la déforestation ;

Depuis sa création le Fonds Climat Mali a reçu des contributions du Royaume de la


Suède pour un montant de 10 142 142 USD et du Royaume de Norvège s’élevant à 3 678 977
USD, soit un montant total de : 13 821 118 USD mobilisé et entièrement libéré. Le
gouvernement du Mali a apporté un appui budgétaire de 20 millions de F. CFA en 2017, qui
sera porté à 40 millions de FCFA en 2018.

Le FCM est un mécanisme à moindre risque et le moyen le plus efficace pour investir des
fonds bilatéraux dans les projets de lutte contre les Changements climatiques. Son mécanisme
est conforme à la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide. Les financements du FCM
sont basés sur le principe que « l'aide doit avoir un impact réel et mesurable sur
développement », c’est pour cette raison que les financements se font suivant un Plan
d’Investissement et un cadre de résultats précis.

Au total sept projets et programmes ont été financés par le Fonds pour un montant total de
6 846 336 USD, dont :
- quatre (4) projets dans le domaine de l’intensification de l’agriculture, de l’élevage, de la
pêche, de l’aviculture, pour un montant 3 467 159 USD ;
- deux (2) projets dans le domaine de la maîtrise de l’eau pour un montant 1 945 345 USD ;
- un projet dans le domaine de la filière énergie et foresterie, pour un montant 846 362
USD.

Ces projets ont un impact réel sur les conditions de vie des populations vulnérables et le
renforcement de leur résilience. A titre d’exemple « le projet d’alimentation en eau potable

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 140


par énergie solaire de communautés agro-pastorales dans les régions de Ségou, Tombouctou
et Mopti » a permis de faire accéder 47 000 personnes à l’eau potable.

 Une stratégie en perspective pour le financement autocentré de l’environnement


La stratégie nationale de financement de l’environnement en construction permettra de
« doter le pays d’un cadre de référence pour le financement durable de l’environnement qui
s’appuie sur un Fonds National Unique, assorti d’un plan d’action pour la période 2016-
2019. » avec comme objectifs spécifiques :
 Etablir une cartographie exhaustive des différents mécanismes et opportunités de
mobilisation des ressources: nationales et internationales, financières et non-
financières, innovants et privés, selon des critères pertinents (éligibilité, potentiel,
accessibilité, conditionnalités, etc.)
 Analyser les types et niveaux de financements disponibles et mobilisables au profit de
l’environnement au Mali selon les besoins sur la période à couvrir (2015-2019) ;
 Analyser le potentiel des instruments et outils fiscaux selon les secteurs économiques
et faires des propositions concrètes tant sur la définition des bases de l’assiette fiscale
écologique (sources, procédures juridiques, gouvernance, etc.) que sur une
opérationnalisation complète d’un tel mécanisme ;
 Définir les bases juridiques, la structure et les modalités de fonctionnement du Fonds
National pour l’Environnement
 Définir un mécanisme de coordination pour assurer le financement durable de
l’environnement au Mali.

La SNFE sera assortie d’un Plan d’action aux termes duquel, le cadre politique de
l’environnement sera revu pour l’adapter aux évolutions actuelles, un programme pluriannuel
de protection de l’environnement sera adopté, un cadre de concertation et de suivi de la mise
en œuvre du programme pluriannuel sera mis en place ainsi qu’un Fonds National de
l’Environnement sous la forme d’un Etablissement Public à caractère Administratif. Le plan
d’action envisage la création des écotaxes par une loi qui fixera les taux, assiettes et modalités
de recouvrement et des concertations avec le secteur privé et le système bancaire pour
promouvoir les investissements privés dans le domaine de la protection de l’environnement.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 141


CHAPITRE 6 : RECOMMANDATIONS

L’analyse de l’état et des tendances évolutives de l’environnement au Mali suscite les


principales recommandations ci-après, qui ne prétendent à aucune exhaustivité, compte tenu
des nombreux griefs soulevés.

1. Promouvoir l’éducation environnementale à l’école et l’initiation à la sensibilité


environnementale dans les petites classes pour permettre de grandir avec des réflexes
favorables à l’amélioration et la protection des ressources naturelles et du cadre de vie.

2. Procéder à une étude diagnostique pour d’une part, repérer les causes profondes du
faible niveau d’application des textes qui constitue la contrainte majeure à la
protection de l’environnement au Mali, et d’autre part, mettre au point une démarche
d’appropriation effective par toutes les catégories d’acteurs, des textes
environnementaux existants et futurs.

3. Améliorer la gouvernance environnementale par la clarification des missions entre les


acteurs de l’environnement, la mise en cohérence des politiques et textes
environnementaux et le renforcement de la continuité de l’action tant au niveau
gouvernemental qu’au sein des structures.

4. Accroître la part de l’Etat dans le financement de l’environnement afin que celui-ci


puisse relayer à terme une bonne partie des financements extérieurs et faire face ainsi
à des impératifs environnementaux, tels que la réalisation d’infrastructures, les études,
les mesures de protection, etc. A cet égard, la mise en place par l’Etat d’une fiscalité
environnementale nationale destinée à réparer les dommages causés à l’environnement
s’avère une bonne opportunité.

5. Mettre en œuvre les Plans Stratégiques d’Assainissement (PSA) existants et en


élaborer pour les autres centres urbains et semi urbains, afin de doter chaque ville
malienne d’infrastructures adéquates et d’une organisation conséquente des filières
pour la gestion optimale et durable des diverses catégories de déchets (collecte,
évacuation, transformation, recyclage, etc.)

6. Renforcer le dispositif de suivi des ressources naturelles et du cadre de vie, notamment


à travers l’établissement périodique de situations globales de référence et le choix
judicieux des indicateurs, afin d’améliorer les connaissances sur l’état et l’évolution
des principales composantes environnementales et asseoir les planifications et les
évaluations sur des bases fiables et pertinentes.

7. Promouvoir les solutions agro écologiques (jachère améliorée, compostage, fumier,


engrais biologiques, agroforesterie, techniques culturales, etc.) dans les systèmes de

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 142


fertilisation des cultures afin de maintenir durablement la fertilité des sols, condition
sine qanun de l’atteinte et la durabilité de la sécurité alimentaire.

8. Encadrer véritablement l’orpaillage traditionnel, (à défaut de l’interdire) de manière à


en faire un outil de développement économique respectueux de l’environnement,
notamment à travers la délimitation précise des périmètres d’orpaillage, la remise en
état des sites après exploitation, l’interdiction de l’usage de produits polluants, la
sauvegarde des ressources en eaux, etc.

9. Mettre en place un dispositif performant de suivi de la qualité de l’air, reposant sur des
normes pertinentes et des ressources humaines, matérielles et financières
conséquentes.

10. Renforcer le développement des énergies propres et renouvelables en cours et


promouvoir leur utilisation par l’élaboration et la mise en œuvre de stratégies
permettant d’améliorer l’accès des couches les plus pauvres à ces sources d’énergies.

11. Améliorer la biodiversité au Mali par la réintroduction d’espèces végétales et animales


disparues, la protection de celles en voie de disparition et la mise en place de mesures
de sauvegarde adéquates.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 143


CONCLUSION

La présente édition du rapport sur l’état de l’environnement intervient au Mali dans un


contexte national caractérisé d’une part, par une crise sécuritaire qui renforce les impacts du
changement climatique et d’autre part, par l’adoption d’importants instruments de gestion du
processus de développement durable dans lequel le pays s’est engagé.

Malgré les multiples difficultés et contraintes, la croissance a affiché une assez bonne
performance qui reste fragile à moyen et long termes, au regard de la dynamique de la
population, caractérisée par un rythme de croissance élevé et des flux migratoires très
prononcé en direction des villes.

L’analyse de plusieurs activités économiques nécessaires à la survie et au confort des


populations maliennes met en exergue des liens forts avec l’environnement qui se traduisent
le plus souvent par la dégradation des ressources naturelles et du cadre de vie.

Des pressions, telles que l’expansion agricole, les mauvaises pratiques d’élevage et de pêche,
l’exploitation abusive des forêts, l’urbanisation galopante, les rejets artisanaux, industriels et
miniers, les pollutions dues aux transports, etc. persistent et constituent avec le changement
climatique, d’énormes défis au processus de développement durable.

Pour y répondre, plusieurs efforts sont déployés par divers acteurs, mais restent difficilement
appréciables en termes d’impact, à cause de l’insuffisance d’informations et de données
statistiques environnementales. Néanmoins, vu les ouvrages et équipements mis en place, les
actions de renforcement de capacités et les multiples appuis, etc., l’espoir d’un meilleur
environnement est permis au Mali, même si ces acquis sont jugés en deçà des attentes des
populations.

D’importantes initiatives de grande envergure sont en cours ou en perspective pour faire face
aux énormes défis, en plus des réponses ponctuelles aux pressions sur les composantes
environnementales. Elles bénéficient d’un dispositif institutionnel acquis à la cause
environnementale, d’un cadre juridique assez étoffé par plusieurs textes internationaux signés
et ratifiés par le Mali , de plusieurs outils d’orientation et de planification des actions
(Politiques et stratégies), de la diversité de financements et de l’engagement de plusieurs
associations et ONG.

Cela est un passage obligé car le Mali a le devoir de préserver l’environnement pour sa
population et de le léguer aux futures générations, à l’état productif et sain. Cette exigence
implique une prise de conscience collective et un plus fort engagement de l’Etat dans la
résolution des problèmes environnementaux qui sont en passe d’hypothéquer le processus de
développement économique et social.

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 144


REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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DN- Pêche- 2016 : Rapport annuel

DNACPN – 2018 : Rapport 5ième Concertation des acteurs de l’eau et de l’assainissement

DNACPN-2009 : Politique Nationale d’Assainissement

DNEF 2012 : Rapport état des lieux et évaluation des politiques, plans et programmes par
rapport à la prise en compte de la diversité biologique au Mali

DNEF- 2014 : Rapport d’enquête faune Bafing

DNEF -2017 : Ciblage des communes d’inventaire forestier communal relatif au résultat
attendu 2 : la capacité opérationnelle de la cellule du SIFOR est renforcée, du
programme AGCC-MALI 2

DNEF- 2017 : Rapport approvisionnement District 2016_2017


DNEF- 2017 : Rapport de dénombrement des oiseaux -Avril 2017

DNEF : Rapports annuels 2008 à 2017

DNEF/ Mille Traces/AMEPANE- 2014: Rapport d’enquête faune Bafing

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 145


DNEF-2014 : Rapport d’inventaire forestier 2014

DNH : Rapports d’activités 2015 à 2017


DNH-2017 : Bases de données SIGMA
DNI- 2015 : Recensement industriel 2015
DNP- 2016 : Politique Nationale de la Population

DNP- 2016 : Etude relative aux effets de l’orpaillage sur la scolarisation des enfants, le
mariage précoce, l’environnement et la propagation des IST/VIH SIDA dans le
cercle de Yanfolila, Région de Sikasso.

DNP-2012 : Projections démographiques 2010-2035

DNPIA-2017: Rapport annuel 2017


DNSI : Rapport 2014
DNTTMF/OT- 2016 : Annuaire statistique
DOUMBIA et al. 2006. :Improved food production and water capture in the drought-stricken
Sahel of West Africa.,
DOUMBIA, 2013 : Caractérisation des sols à prédominance ferrugineux tropical ;
DRA Kayes : Rapports d’activités 2015, 2016, 2017
DRA Koulikoro: Rapports d’activités 2015, 2016, 2017
DRA Mopti : Base de données DRA-ORM
DRA Ségou : Rapports d’activités 2015, 2016, 2017
DRA Sikasso: Rapports d’activités 2015, 2016, 2017
DRACPN Kayes : Rapports annuels 2015, 2016, 2017
DRACPN Koulikoro : Rapports annuels 2015, 2016, 2017
DRACPN Mopti : Rapports annuels 2015, 2016, 2017
DRACPN Ségou : Rapports annuels 2015, 2016, 2017
DRACPN Sikasso : Rapports annuels 2015, 2016, 2017
DREF Kayes : Rapports annuels 2010 à 2017
DREF Koulikoro : Rapports annuels 2015, 2016, 2017
DREF Mopti : Rapports annuels 2015, 2016, 2017
DREF Ségou : Rapports annuels 2015, 2016, 2017
DREF Sikasso: Rapports annuels 2015, 2016, 2017
DRGR Ségou : Synthèse du rapport annuel 2017
DRGR Mopti : Rapport annuel 2017
DRH Mopti : Rapports d’activités 2015, 2016, 2017
DRP Kayes : Rapports d’activités 2014, 2015, 2016, 2017
DRP Sikasso ; Rapports d’activités 2015, 2016, 2017
DRPIA Ségou : Rapports annuels d’activités 2015, 2016, 2017
DRPSIAP Kayes : Annuaires 2015 et 2016 :
DRPSIAP Koulikoro : Annuaires 2014 et 2015
DRPSIAP Sikasso : Schéma Régional d’Aménagement du Territoire de Sikasso

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 146


DRSV Koulikoro : Rapport annuel 2017
GIGOU J. et al -1997 : Aménagements des champs pour la culture en courbes de niveau au
sud du Mali.
Guillaume SAINTENY- 2008 : Responsabilité & Environnement n° 49
IER /WAAPP- 2016 : Intensification de l’agriculture au Mali ;
IER : Rapport commission scientifique 2015 ;
IER/LABO SEP- 2014 : Rapports de recherche sur l’amélioration du potentiel productif des
sols
IER/Labo SEP- 2016 : Mesure de ruissellement et d’érosion dans la zone soudano- sahélien
du Mali ;
IER/LABO-SEP-2015 : Rapport étude pédologique
IER/LABO-SEP-2016 : Rapport d’activité ;
INSTAT- 2017 : Comptes économiques du Mali
IPE-2016 : Rapport sur la révision des indicateurs environnementaux du Mali
LNE – 2017 : Rapport de contrôle de la qualité des eaux des fleuves (Niger et Sénégal) et
leurs affluents au Mali
LNE- 2017: Rapport de mission relatif au suivi de la qualité des eaux pour le compte de
l’Office du Niger
LR E eaux Kayes : Bulletin mensuel n°09 de suivi de la qualité de l’eau du fleuve Sénégal a
Kayes - 29 novembre 2016.
MAIRIE du District de Bamako - 2014 : Stratégies opérationnelles vision Bamako 2030.
MEA- 2007 : Place de la gestion durable des terres au Mali
MEADD- 2017 : Evaluation des impacts de l’exploitation aurifère par dragage sur les
ressources en eau du Mali
MONIQUE BERTRAND- 2015 : « Du District au « grand Bamako » (Mali) : réserves
foncières en tension, gouvernance contestée »,
OFFICE DU NIGER: Rapports annuels 2015, 2016, 2017
OFFICE RIZ -Ségou : Rapports annuels d’activités 2012 à 2017
PNUD-2017 : Rapport Mondial sur le développement humain
SANDRINE et al. : Urbanisation et croissance dans les villes du Mali
SISSOKO Sékou N’Faly : Note sur l’impact de l’orpaillage traditionnel sur
l’environnement-
TRAORE, et al.- 2016 : Technique de conservation des sols Mali sud,

Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali-2017 147

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