loi 2 (1)
loi 2 (1)
loi 2 (1)
L’ASSAINISSEMENT *-*-*-*-*-*-*-*-
ET DU DEVELOPPEMENT DURABLE Un Peuple- Un But- Une Foi
-*-*-*-*-*-*-*-*-
Août 2018
PREFACE
Nous voici déjà au bout de quinze (15) ans, à la septième édition du Rapport national sur
l’Etat de l’Environnement au Mali. Que de chemin parcouru pour offrir aux décideurs,
un aide efficace à la prise de décision et au public un outil d’éveil de conscience, face aux
multiples défis environnementaux en passe d’hypothéquer notre processus de développement.
Ce faisant, on peut déduire que cette édition, qui n’a nullement une vocation encyclopédique,
est à la fois une communication efficace et invite à renforcer les réponses déjà nombreuses aux
multiples défis environnementaux. Elle a nécessité en conséquence, des analyses qui reposent
sur des données bien assurées, obtenues à l’issue d’un processus participatif et transparent
ayant enregistré une forte implication des divers acteurs de l’environnement.
En réalité, le Rapport national sur l’Etat de l’Environnement au Mali, en son édition de 2017,
est le fruit des efforts conjugués de toutes les structures (étatiques ou non) aux niveaux national
et régional qui l’ont véritablement approprié.
J’ose espérer que cette appropriation constitue le vrai départ d’une participation réelle de tous
les citoyens à la sauvegarde et l’amélioration de ce qui reste de notre environnement
longuement et durement éprouvé par les aléas climatiques et nos modes de production et de
consommation.
Le document est le fruit d’un consensus, né d’une démarche participative ayant impliqué les
structures nationales et régionales, les organisations concernées par la protection de notre
environnement, que sont les Institutions de l’Etat, les Départements ministériels, la Société
civile, les Collectivités territoriales et les personnes ressources.
Nos vifs remerciements sont adressés à toutes ces structures et personnes dont l’engagement et
l’implication ont rendu possible l’édition de cette 7ème Rapport national sur l’Etat de
l’Environnement du Mali.
PREFACE ....................................................................................................................................2
REMERCIEMENTS ...................................................................................................................3
LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES .....................................................................................6
LISTE DES TABLEAUX ...........................................................................................................11
LISTE DES FIGURES ................................................................................................................11
LISTE DES PHOTOS .................................................................................................................12
LISTE DES CARTES .................................................................................................................13
LISTE DES ENCADRES ...........................................................................................................13
RESUME ............................................................................................. Erreur ! Signet non défini.
METHODOLOGIE ..................................................................................................................20
INTRODUCTION .....................................................................................................................22
CHAPITRE 1 : PANORAMA DES ELEMENTS CONSTITUTIFS DE
L’ENVIRONNEMENT AU MALI ..........................................................................................24
CHAPITRE 2 : L’ENVIRONNEMENT SOCIO-ECONOMIQUE .....................................27
2.1. LA POPULATION ..........................................................................................................27
2.2. LE CONTEXTE ECONOMIQUE ...................................................................................31
2.2.1. Les tendances des indicateurs macro-économiques .............................................................. 31
2.2.2. La Pauvreté et le Développement humain au Mali................................................................. 33
2.3. LES ACTIVITES ECONOMIQUES : Génératrices de croissance économique mais au
prix de dommages environnementaux. ....................................................................................35
2.3.1. L’agriculture : Des enjeux environnementaux pour une quête de sécurité alimentaire ......... 35
2.3.2. L’élevage : En question, l’accroissement du cheptel conjugué au système d’élevage extensif .
.......................................................................................................................................................... 38
2.3.3. La pêche : Le plus grand dommage à l’environnement réside dans des pratiques
défavorables au développement des ressources halieutiques........................................................... 40
2.3.4. L’exploitation forestière : Une activité économique en rupture avec la durabilité
environnementale ............................................................................................................................. 41
2.3.5. L’énergie : Le rôle de la biomasse demeure prépondérant au Mali ...................................... 44
2.3.6. Industrie et mines : Une efficacité économique au prix d’inefficiences environnementales. 45
2.3.7. Les transports : l’état du parc routier demeure l’un des principaux défis environnementaux
.......................................................................................................................................................... 50
CHAPITRE 3 : LES MILIEUX NATURELS ......................................................................52
3.1. L’AIR ET LE CLIMAT ...................................................................................................52
L’édition de 2017, la septième résulte d’une méthodologie axée sur l’analyse des forces
motrices du changement, la description de l’état de l’environnement sous diverses pressions et
impacts et l’identification des initiatives et actions envisagées en guise de réponses. Son
élaboration s’est voulue très participative, à travers l’implication effective des acteurs étatiques
et non étatiques, organisés en groupes de travail autour de quatre thématiques
environnementales à savoir: l’environnement socio-économique, les milieux naturels, le cadre
de vie et la gouvernance environnementale.
Les milieux naturels comprennent les milieux, aérien (air et le climat), terrestre (flore, faune,
sol), aquatique (eau).
L’air subit des pollutions dues aux gaz émis par les transports, l’industrie, l’élevage, l’énergie,
les feux de brousse, etc. On estime que les émissions de gaz à effet de serre au Mali ont
enregistré une légère augmentation entre 2007 et 2012. La pollution de l’air impacte le climat
et affecte l’état de santé des populations. Le nombre de nouveaux cas de maladies liées à la
qualité de l’air a atteint 1 236 252 en 2015 pour ensuite retomber à 305 603 cas en 2016 (DNS-
2016).Au plan climatique, la pluviométrie affiche une tendance à la baisse et une forte
variabilité spatiale et temporelle. L’analyse de l’évolution des températures fait ressortir que les
journées sont de plus en plus chaudes et les nuits de moins en moins froides. Selon le modèle
de simulation, le réchauffement se poursuivra jusqu’à l’horizon 2100.
Sous ce climat, le Mali renferme une diversité d’écosystèmes terrestres, fluviaux et lacustres,
abritant chacun plusieurs espèces animales et végétales dont la plupart sont menacées par les
effets du changement climatique et les actions anthropiques. Le changement climatique a le
plus impacté négativement la biodiversité au Mali. Il a provoqué entre autre, la « sahélisation »
des savanes, la réduction des bourgoutières dans le delta central du Niger, la perte de variétés
d’environ 60 % au sud, 40 % au centre, 25 % au nord et à l’ouest (Kouressy et al, 2001) et la
chute des rendements des plantes cultivées. Les activités humaines les plus préjudiciables à la
biodiversité sont : le défrichement des terres, l’exploitation forestière, les feux de brousse,
l’utilisation incontrôlée des engrais chimiques et des pesticides, les mauvaises pratiques de
pêche, etc. En guise de réponse à ces diverses pressions, le Mali a signé et ratifié des
conventions internationales dont la mise en œuvre a donné lieu à plusieurs initiatives et actions
qui concourent à la préservation de la diversité biologique.
Les formations forestières constituent l’essentiel de la flore au Mali. Elles sont menacées par
l’insuffisance et l’irrégularité interannuelle des pluies, la longueur de la saison sèche, les fortes
températures et l’évapotranspiration, la surexploitation, l’expansion agricole, l’activité minière
et les feux de brousse.
Des initiatives sont en cours ou en perspective pour réduire les différentes pressions et
réhabiliter les formations forestières (Aménagements, classement, reboisement, régénération
naturelle assistée, etc.)
Les pâturages, tout comme les formations forestières, sont des écosystèmes très importants,
sur lesquels repose l’élevage au Mali. Les diverses zones pastorales se distinguent par leur
productivité en matières sèches (fourrage), suivant les isohyètes et la nature des sols. Les
pâturages au Mali se dégradent de plus en plus, suite au surpâturage, aux feux de brousse, aux
diverses pressions agricoles qui, conjugués aux facteurs climatiques, réduisent la quantité et la
qualité de la biomasse. La désertification s’accélère, suite à la destruction du tapis herbacé et
la dégradation du sol. Les parcours pastoraux se réduisent et se déplacent de plus en plus du
nord vers le sud avec comme conséquence entre autre, la recrudescence de conflits entre
éleveurs et agriculteurs.
Plusieurs actions sont en cours pour assurer la gestion durable des ressources pastorales. Il
s’agit notamment de : la vulgarisation des espèces animales et végétales adaptées, la promotion
des cultures fourragères, la réalisation des forages, la restauration des points d’eau (mares,
marigot et lacs), etc.
Quant à la faune sauvage, elle traverse au Mali une phase critique de son existence à cause
de la déforestation, du braconnage, de l’occupation agricole et/ou pastorale de ses habitats et
la faiblesse des crues des cours d’eau. Néanmoins, on rencontre encore la gamme des
mammifères sauvages, d’oiseaux et de reptiles de savane et de steppe sahélienne,
particulièrement dans certaines aires protégées.
Concernant les sols maliens, on distingue cinq types dominants : sols ferrugineux tropicaux
(peu lessivés et lessivés), sols minéraux bruts, sols peu évolués, sols brunifiés et sols
hydromorphes (IER / Labo SEP/IER 2016). La forte pression démographique a provoqué la
mise en culture des terres marginales et/ou forestières et la réduction de la durée des jachères.
Pour sauvegarder ces sols, la Gestion Durable des Terres compte parmi les initiatives destinées
entre autre à freiner la dégradation des terres. Elle constitue un cadre de référence cohérent et
précis sur les actions nécessaires au maintien et/ou l’amélioration de la fertilité des sols.
Les ressources en eau du Mali sont constituées par les bassins fluviaux du Niger sur 300.000
Km², du Sénégal sur 155.000 Km², de la Volta (à travers son affluent le Sourou) sur 15.392
km² et les nappes souterraines. Leur rôle est déterminant dans l’atteinte de la sécurité
alimentaire (irrigation et eau potable). Elles supportent beaucoup d’activités dont les
externalités négatives constituent les causes majeures de leur dégradation (extraction de l’or,
transports fluviaux, industrie, artisanat, etc.).
Le fleuve Niger offre à cet égard, une illustration parfaite. D’une longueur totale de 4200 km
dont 1 750 km au Mali, ce fleuve est menacé par plusieurs facteurs naturels (évaporation,
évapotranspiration, déplacement des dunes et ensablement, etc.) et anthropiques (construction
d’ouvrages de dérivation ou de retenue d’eau, prolifération de périmètres irrigués et
d’aménagements aquacoles, orpaillage, teinturerie, eaux usées domestiques et/ou industrielles,
engrais chimiques et pesticides etc.). Ces facteurs influencent le régime et la qualité des eaux,
modifient les écosystèmes aquatiques et affectent négativement la biodiversité. Leur incidence
est aggravée par diverses agressions des berges et servitudes notamment au niveau des centres
urbains et semi urbains (occupation anarchique par des parcelles agricoles, logements, services
privés, grands chantiers de construction, garages d’automobile etc.).
Globalement les eaux de surface du Mali sont de qualité physico-chimique satisfaisante ; elles
ne menacent pas la vie aquatique et peuvent être utilisées non seulement dans l’agriculture et
l’élevage, mais aussi comme eaux de boisson sous réserve d’un traitement adéquat (LNE-2017).
Toutefois, les traces de cyanure et la présence de phosphates observées par endroits sont à
surveiller de près, surtout dans les zones minières.
L’accès à l’eau potable et à l’eau pour les autres usages est devenu un leitmotiv qui a donné
lieu à plusieurs initiatives. Grâce à la Gestion Intégrée des Ressources en Eau et l’amélioration
de la qualité du service public de l’eau, le taux national d’accès à l’eau potable est passé de
65,3% en 2015 à 68% en 2017 (DNH-2017). Par ailleurs, le Programme National de
Sauvegarde du Fleuve Niger (PNS FN) en perspective vise à maintenir le fleuve Niger dans ses
fonctions économiques, environnementales, sociales et de mobilité. En attendant, le curage et
l’aménagement des berges de ce fleuve ainsi que l’enlèvement des plantes envahissantes se
poursuivent.
D’une manière générale, les taux d’accès à l’électricité (40 % en 2017 selon la DNE) et à l’eau
potable (68% en 2017) sont satisfaisants, mais avec des écarts importants entre villes et
campagnes. L’accès à l’hygiène et l’assainissement (utilisation d’installations sanitaires
améliorées, lavage des mains et traitement de l’eau à domicile) affiche les mêmes tendances,
de même que les aspects inhérents au logement.
C’est surtout la gestion des déchets qui constitue l’un des défis environnementaux majeurs au
Mali. Alors que théoriquement, les filières y afférentes semblent bien organisées, on assiste
pratiquement à la prolifération de dépôts anarchiques d’ordures, l’obstruction des caniveaux et
collecteurs par des déchets de toute nature (y compris les eaux usées), la dissémination de
déchets plastiques dans les rues et sur les espaces publics, etc. L’exemple de Bamako offre à
cet égard une parfaite illustration. Environ 1 932 224 tonnes de déchets solides sont produits
chaque jour à Bamako (DNACPN-PNA 2009). La plupart de ces déchets sont rejetés dans les
collecteurs ou caniveaux, dans la rue ou dans des dépôts sauvages. Les causes sont à rechercher
d’abord au niveau du conditionnement des déchets, dévolu aux ménages et aux unités
industrielles ou artisanales (non abonnement aux services d’un GIE d’enlèvement des déchets),
puis au niveau de la pré collecte, collecte et évacuation des déchets (insuffisance des GIE et de
dépôts de transit, faible capacité d’évacuation des déchets vers la décharge finale).
Quant aux eaux usées, elles sont fréquemment évacuées dans les rues, les cours d’eau, les
caniveaux et collecteurs ou dans des trous à l’intérieur des concessions. Environ 51% des
ménages en milieu urbain et 77% en milieu rural, déversent sans traitement leurs eaux usées
dans la nature (SDAB 2008).
Les boues de vidange sont soit évacuées dans les caniveaux et collecteurs, soit enfouies à
l’intérieur ou à l’extérieur des concessions, ou déversées dans les champs, les marigots ou
ravins aux alentours des villes.
Les eaux pluviales sont drainées par les collecteurs et de caniveaux. Ceux-ci sont
malheureusement de plus en plus utilisés pour l’évacuation des eaux usées domestiques,
industrielles, artisanales et servent pour la plupart de dépotoirs de déchets solides.
Dans le domaine des risques et catastrophes, l’accent est mis sur l’inondation qui est un
exemple de risque particulier relativement récurrent au Mali. Au cours de l’année 2017, il a été
observé 65 cas d’inondation, ayant causé des dégâts très importants : 84 474 animaux tués ou
disparus, 102,6 tonnes de vivres détériorés, 80 pirogues portées disparues et 2 157 maisons
détruites. Cette catastrophe a affecté 1 233 ménages et sinistré 8 370 personnes, provoqué 10
blessés et coûté la vie à 14 personnes sur l’étendue du pays. (DGPC- 2017). En général, l’Etat
intervient pour réconforter moralement les victimes et sécuriser les sinistrés dans des abris
provisoires avec octroi gratuit de matériel et de nourriture.
Le Mali fait face à certains grands défis environnementaux qu’il s’emploie à relever malgré
l’insuffisance des ressources. Il s’agit notamment du changement climatique, la déforestation,
les menaces sur les cours d’eau, l’érosion et l’appauvrissement des sols et la mauvaise gestion
des déchets. Il dispose pour ce faire, d’institutions et de structures acquises à la cause
environnementale (Assemblée Nationale, Gouvernement, haut Conseil des Collectivités,
Conseil Economique, Social et Culturel, Conseil National de l’Environnement, etc.), d’un
dispositif juridique renforcé, de plusieurs politiques et stratégies, d’une diversité de
financement et de l’existence de nombreuses ONG et associations très engagées pour la cause
environnementale.
Ces dispositifs et moyens constituent les principaux atouts pour bâtir de grands chantiers
environnementaux à savoir : la transition énergétique, la réhabilitation totale des
forêts maliennes, l’amélioration des systèmes agricoles, pastoraux et halieutiques, la réduction
significative des risques et nuisances, l’information et l’éducation environnementale efficaces
et généralisées, le financement conséquent de l’environnement.
Le Mali, élabore depuis 2003 un Rapport National sur l’Etat de l’Environnement afin de pallier
l’absence d'informations et de données pertinentes qui constitue une contrainte majeure à la
mise en œuvre des politiques et des Accords Multilatéraux sur l’Environnement.
Aider les décideurs aux différents niveaux à prendre les meilleures décisions sur la base
d’informations précises et objectives sur l’environnement et le développement durable ;
Renforcer la synergie entre tous les acteurs intervenant dans la formulation de politiques
et programmes de développement du Mali en vue de la prise en compte de la dimension
environnementale pour un développement durable.
Pour atteindre ces objectifs, l’approche s’est voulue très participative avec la forte implication
des acteurs institutionnels à travers les points focaux désignés à cet effet. La méthodologie a été
axée sur les étapes suivantes :
---------------------------------------------
C’est ainsi que le Mali partage entièrement avec la communauté internationale, les Objectifs de
Développement Durable (ODD) dont la pertinence environnementale ne fait l’ombre d’aucun
doute, puisqu’il s’agit d’assurer la durabilité des modes de production et de consommation, de
restaurer et préserver les ressources naturelles, d’améliorer le cadre de vie, de lutter contre les
changements climatiques, etc.
La diligence qui a caractérisé la signature et la ratification par le Mali de l’Accord de Paris sur
le climat, témoigne d’une volonté réelle et d’un engagement fort du Mali à mettre en œuvre la
Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques. En témoigne d’ailleurs
la mise au point et la présentation de sa Contribution Déterminée au niveau National (CDN).
Cependant, il ressort de plusieurs constats que la plupart des défis environnementaux au Mali
relèvent de comportements individuels et/ou collectifs. Relever de tels défis nécessite, à côté
des moyens matériels et financiers, une stratégie d’information et de communication apte à
promouvoir un profond changement de comportement.
Le Mali a perçu cette nécessité depuis les années 1990 qui ont enregistré plusieurs programmes
prenant en compte les données et informations dans la gestion de l’environnement. La même
période fut celle de l’émergence d’un mécanisme efficace de gestion de l’information
environnementale qui a finalement débouché sur la création d’un Système National de Gestion
de l'Information Environnementale (SNGIE).
L’année 2003 marquera par la suite, une étape importante dans la démarche informationnelle
sur l’environnement au Mali, suite à l’avènement du Rapport National sur l’Etat de
l’Environnement ayant pour objet de rassembler à partir d’évaluations environnementales
périodiques, les informations multisectorielles nécessaires aux processus décisionnels.
Le Rapport National sur l’Etat de l’Environnement au Mali, considéré comme un outil d’aide à
la décision paraissait tous les deux ans, jusqu’à l’édition de 2011 à partir de laquelle la
fréquence de parution a été portée à trois ans. Son élaboration repose sur le concept : « Forces
motrices- Pressions- Etat- Impacts- Réponses » (FPEIR), ou en anglais «Driving force-
Pressure- State- Impact- Response » (DPSIR) qui constitue une base de raisonnement très
cohérente et accessible à toute compréhension.
S’inscrivant dans cette démarche conceptuelle, le présent rapport aborde après un aperçu des
éléments biophysiques, l’environnement socio-économique, siège des plus grands enjeux, tout
simplement du fait qu’il est porteur de croissance économique, d’emplois, etc. mais en même
temps d’externalités négatives dommageables à l’environnement global. L’analyse des milieux
naturels qui suit, édifie sur l’état et l’évolution des différentes composantes naturelles de
l’environnement sous l’influence de multiples pressions naturelles et anthropiques. Puis
viennent les aspects inhérents au cadre de vie, notamment l’accès à certaines commodités, la
situation des déchets et les risques et catastrophes. La cinquième partie est dédiée aux
initiatives en cours ou en perspective pour bâtir de grands chantiers destinés à relever certains
grands défis environnementaux auxquels le Mali est confronté. A la lumière des diverses
analyses et de l’évolution du contexte global de l’environnement, des recommandations sont
formulées pour offrir aux décideurs des pistes de solutions à certaines problématiques
environnementales qui affectent le processus de développement.
Le Mali est un vaste territoire enclavé d’une superficie de 1 241 238 km². Il est situé entre les
10° et 25° de latitude Nord, le 4° de longitude Est et le 12° de longitude Ouest et comporte
7 420 km de frontières avec 7 pays limitrophes (Algérie, Niger, Burkina Faso, Côte d’Ivoire,
Guinée, Sénégal et Mauritanie).
Les ressources en eau de surface sont constituées par un réseau hydrographique qui s’articule
autour des bassins versants de deux principaux fleuves (fleuve Niger et fleuve Sénégal) et
accessoirement du Sourou. Les eaux souterraines sont composées d’importantes nappes situées
à des profondeurs variables en fonction des conditions géographiques, géologiques et
hydrologiques.
Cet ensemble évolue sous un climat soudano-sahélien, caractérisé par des températures
moyennes élevées (entre 35 et 45°), de fortes évapotranspirations et l’alternance de deux
saisons (pluvieuse et sèche) de durées variables. Ces éléments combinées aux conditions
édaphiques, ont façonné une végétation dont la densité et la composition permettent de
distinguer du sud au nord, quatre principales zones bio- climatiques à savoir : (i) la zone
soudano-guinéenne ou subhumide (environ 6% du territoire national ; 1 200 mm de pluies
en moyenne par an ; domaine des savanes boisées et forêts claires), (ii) la zone soudanienne
(environ 17% du territoire national ; 600 à plus de 1000 mm de pluies par an ; savanes
arborées avec un couvert végétal plus ou moins dense et varié ), (iii) la zone sahélienne
(environ 26% du territoire ; 200 à 600 mm/an de pluie par an ; prairies aquatiques à
graminées vivaces et steppes arbustives), (iv) la zone saharienne (environ 51% du territoire ;
pluviométrie inférieure à 200 mm par an ; végétation naturelle composée des steppes
épineuses) ;
Ces facteurs biotiques et abiotiques, mus par divers phénomènes et interactions ont donné
naissance à une diversité d’écosystèmes dont l’intégrité écologique est actuellement mise en
mal par les changements climatiques et les activités menées par la population pour satisfaire ses
besoins.
L’environnement au Mali, c’est aussi une écologie urbaine caractérisée par une urbanisation
galopante, une extension incontrôlée des villes avec comme conséquence majeure, la précarité
du cadre de vie de la population.
L’homme a toujours exploité la nature d’une manière ou d’une autre pour satisfaire ses besoins,
tant il est vrai que tout processus de production ou de transformation tire directement ou
indirectement son ancrage d’un élément du milieu naturel (sol, eau, air, flore, etc.). Ces
besoins s’accroissent et se diversifient au gré de la multiplication des êtres humains, de leur
désir d’accumulation et de la recherche d’un certain confort. Ce qui induit des prélèvements de
plus en plus importants sur la nature et des processus de production et de transformation
donnant lieu à des activités dont les externalités impactent l’évolution de l’Homme.
Qu’en est-il pour la population malienne, ses caractéristiques, ses activités et leurs relations
avec l’environnement ?
2.1. LA POPULATION
Ensemble
20 000
18 341 18 874
18 000 17 308 17 819
16 000 15 370 15 840 16 319 16 808
14 910
14 000 13 593 14 021 14 460
12 000
10 000
8 000
6 000
4 000
2 000
0
2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017
Les régions de Sikasso, Koulikoro, Ségou, Mopti et Kayes, relativement les plus peuplées
abritent respectivement 18,3%, 16,7%, 16,2%, 14,01% et 13,72% de la population, tandis que
les régions de Kidal, Gao et Tombouctou comptent 0,5%, 3,8% et 4,7%. Le District de
Bamako concentre 12,46% de la population totale. (EMOP- 2015).
L’un des traits remarquables de cette population est sa jeunesse, illustrée par la pyramide des
âges ci-dessous. Les moins de 15 et 18 ans représentent respectivement 47% et 53% de la
population totale. La population inactive (0 -14 ans et 65 ans et plus) est plus importante en
effectif que celle potentiellement active (15-64 ans), d’où un rapport de dépendance
démographique de 103 personnes à charge pour 100 actifs (Politique Nationale de la
Population- 2016).
70-74
Hommes Femmes
60-64
50-54
40-44
30-34
20-24
10-14
00-04
-2000 -1500 -1000 -500 0 500 1000 1500 2000
Le sens migratoire interne de la population malienne est beaucoup plus en direction du milieu
urbain (36%) que vers le milieu rural (10,2%), dû à l’attrait des conditions économiques
relativement plus favorables en milieu urbain. La région de Sikasso et le District de Bamako
sont considérés comme les zones d’immigration par excellence, à l'opposé des régions de
Kayes, de Tombouctou, de Gao, de Mopti et de Ségou qui présentent un déficit migratoire.
(Document de Politique Nationale de la Population Actualisée- 2016).
Selon le RGPH 2009, le Mali connaît aussi une forte émigration, notamment vers la Côte
d’Ivoire (31,9% des émigrés), le Sénégal (6,1%), la Mauritanie (5,3%), le Gabon (6,2%),
d’autres pays africains (15,7%) et l’Europe (19,8%). Cette diaspora malienne contribue d’une
manière ou d’une autre au développement de leur région d’origine. Selon une étude de la
Banque Mondiale en 2009, le montant des transferts de fonds opérés par la diaspora en
direction de la région de Kayes est estimé à environ 230 millions d’euros par an. (Stratégie de
Développement Économique Régional- Région de Kayes- Aout 2016). C’est l’une des raisons,
qui expliquerait le niveau de vie relativement élevé dans cette région, au regard de l’habitat, des
infrastructures (écoles, centres de santé, accès à l’eau potable, au téléphone, etc.)
Cette croissance démographique ainsi que les flux migratoires induisent une augmentation de
la demande sociale, notamment en matière de santé, d’éducation, d’approvisionnement en eau
potable et d’assainissement, de besoins énergétiques, etc. Ainsi, les centres urbains, submergés
par des problèmes d’urbanisation, d’occupation anarchique des espaces due à la prolifération
de quartiers spontanés, offrent en plusieurs endroits, un cadre de vie d’un niveau extrêmement
bas. Particulièrement du fait de la migration, le milieu rural est privé de l’essentiel des forces
productives, notamment les actifs qui sont les principaux acteurs de la mise en œuvre des
actions de développement rural.
Par ailleurs, la jeunesse qui caractérise la population malienne est un atout important pour le
développement. Cela est indéniable, tout autant que l’est la nécessité d’un accompagnement
efficace en termes d’éducation, de santé et surtout de promotion industrielle ; cette dernière
demeurant pour le Mali l’un des meilleurs créneaux porteurs d’emplois et de richesse à travers
la valorisation des filières agricoles, pastorales, halieutiques, etc. Autrement, la jeunesse en
quête légitime de bien-être et de promotion sociale risque de perdre ses repères de citoyenneté
et d’emprunter une direction qui, in fine risque de compromettre l’environnement, la sécurité et
la paix sociale.
Persuadé que le niveau d’éducation de sa population constitue un atout majeur de son processus
de développement, le Mali consent chaque année, d’énormes efforts pour augmenter le taux de
scolarisation et vaincre à terme l’analphabétisme sur l’ensemble du territoire. C’est ainsi que
malgré les effets de la crise politico-sécuritaire de 2012, le nombre d’écoles a enregistré
globalement une légère augmentation de 11,87% de 2013 à 2017, passant de 12 376 à 13 846
écoles (EMOP - 2017/2018).
Les effectifs scolarisés à tous les niveaux d’enseignement ont eux aussi enregistré des
accroissements importants. A titre indicatif, le nombre d’élèves dans le secondaire technique,
professionnel et normal pour 100 000 habitants est passé de 340 à 756 au cours de la période
2000 -2016 ; dans le supérieur public, le nombre d’étudiants pour 100 000 habitants est passé
de 178 à 429 (EMOP - 2017/2018).
Cependant, on ne saurait passer sous silence la question de la non fréquentation scolaire dont
l’impact demeure négatif sur le système éducatif. Selon les résultats de l’ EMOP 2017/2018,
les principaux motifs d’abandons scolaires au niveau du premier cycle de l’enseignement
fondamental sont : l’ abandon volontaire (34%), l’ échec scolaire (13,9 %), le manque de
moyen et/ou la cherté (11,8%), le désintéressement des parents (11,7%), la préférence
pour un apprentissage ou un travail (10,9%), la crise sécuritaire (4,0%), la maladie
(3,6%), la grossesse ou le mariage (0,6 %), l’éloignement (3,4%) et autres (5,9%).
L’abandon volontaire constitue la principale raison de déscolarisation au niveau du premier
cycle de l’enseignement fondamental, suivi de l’échec scolaire, du manque de moyen et du
désintéressement des parents. (EMOP- 2017/2018).
Le taux d’alphabétisation des 15 ans et plus a évolué de 31% à 34,3% de 2014 à 2017. Cette
évolution est de 21,5% à 24,6% chez les femmes et de 41,5% à 44,8% chez les hommes
(EMOP -2014, 2015, 2016 et 2017). Il reste néanmoins que 66% des adultes demeurent encore
analphabètes en 2017. Par ailleurs, les taux d’alphabétisation apparaissent plus faibles chez les
femmes (24,6%) que chez les hommes (44,8%), ce qui indique que l’analphabétisme touche
plus les femmes que les hommes.
La politique nationale de santé vise à améliorer l’état de santé des populations en fonction des
connaissances et des ressources du moment.
Pour réaliser cet objectif, le Mali s’est investi entre autres dans la création de nombreuses
structures sanitaires. C’est ainsi qu’en 2016, selon le Système Local d’Information Sanitaire
(SLIS), le Mali compte au total 1294 CSCom fonctionnels, 65 Districts sanitaires et 13
Hôpitaux.
La réalisation de ces infrastructures dans le temps a amélioré l’accès d’une importante frange
de la population aux soins de santé. L’accessibilité aux CSCom est passée de 47% en 2004 à
59% en 2016 dans un rayon de 5 km et de 71% en 2004 à 81% en 2016 dans un rayon de 15 km
(SLIS-2016).
Cette tendance est très importante au plan environnemental pour la simple raison que les
capacités opérationnelles d’une population donnée, dépendent en premier lieu de son état de
santé. Toutefois, elle s’accompagne de la production de déchets biomédicaux dont la
dangerosité exige des modes de traitement appropriés.
Avec un taux de croissance réel du PIB établi à 5,8% au cours de l’année 2016 contre 7% en
2014, l’économie malienne, malgré cette décroissance affiche une performance assez bonne,
l’objectif du CREDD étant fixé à 6,5 % en 2016. Toutefois, l’analyse pluriannuelle des
tendances sur la période 2007-2016 (Tableau n°1), indique d’importantes fluctuations qui
invitent à nuancer cette affirmation.
Les taux de croissance des différents secteurs affichent de grandes fluctuations qui se sont
logiquement répercutées sur les tendances du PIB au cours de la période 2007-2016.
Cette performance ne serait-elle pas obtenue au prix de pressions sur les ressources naturelles,
étant entendu que la plupart des activités caractéristiques du secteur primaire évoluent sur la
base de systèmes extensifs ? L’analyse des activités socio-économiques édifiera davantage sur
ce questionnement. Néanmoins on peut d’ores et déjà retenir que la plupart des enjeux
environnementaux au Mali se situent au niveau des secteurs primaire et secondaire. En effet,
l’expansion agricole, le surpâturage, la surexploitation des forêts, la surpêche, etc. sont entre
autres, de fortes pressions exercées actuellement sur les ressources naturelles dans le but
d’augmenter les niveaux de production agricole, pastorale, sylvicole et halieutique.
Le taux de croissance du secteur secondaire est relativement bas, comparé aux autres secteurs
et affiche de surcroît des tendances négatives au cours de plusieurs années. Cette « contre-
performance » du secteur secondaire ne serait-elle pas symptomatique d’un tissu industriel
malien fragile et peu résilient ? Rappelons que ce secteur est tiré par la branche « industrie
textile », fortement liée à la production de coton graine qui demeure tributaire du climat et des
objectifs de campagne des producteurs. Les effets du changement climatique, les orientations
stratégiques des producteurs vers d’autres spéculations agricoles affectent inévitablement le
niveau de production du coton et par ricochet la croissance industrielle. On relève aussi que les
branches « industries agroalimentaires » et « autres industries » n’ont enregistré en 2016, que
des taux de croissance négatifs (-12,0 % et -7,3%) sur une prévision de 4.5% et 6.3% (INSTAT-
Comptes économiques- 2017).
Pour le secteur tertiaire, le taux de croissance est passé de 8,6% en 2007 à 6,9% en
2016.Malgré cette décroissance, le niveau atteint en 2016 dépasse de peu la prévision du
CREDD qui était de 6,5%. Il est en grande partie imputable aux branches « Activités
financières » et « Commerce » qui entrent respectivement pour 7,6% et 7,0% (INSTAT-
Comptes économiques- 2017).
Ces indicateurs ont leur signification et leur utilité au plan macro-économique, mais pas
suffisants au plan individuel pour déduire une amélioration du bien-être. La redistribution
insuffisante des richesses, des revenus et des emplois, l’augmentation du coût de la vie, la
recrudescence des conflits, etc… sont autant de signaux attestant des faibles retombés au plan
individuel, des taux de croissance économique affichés. Ce que semble d’ailleurs corroborer
l’analyse qui suit, relative à la pauvreté et au développement humain au Mali. Dans pareille
situation, les ressources naturelles payent le prix fort des actions et stratégies développées par
les couches les plus vulnérables en quête de revenus pour satisfaire leurs besoins élémentaires.
La plupart des jeunes migrent vers les centres urbains ou vers les zones minières pour mener
La pauvreté quant à elle, a été mesurée au Mali sur la base de sa dimension monétaire et selon
les conditions de vie (non monétaire). La pauvreté monétaire s’exprime à travers l’incidence ou
taux de pauvreté correspondant au pourcentage de la population dont les revenus ou les
dépenses de consommation par habitant se situent en dessous du seuil de pauvreté fixé à 178
343 FCFA en 2017 (contre 175 000 FCFA en 2016, en raison de la hausse du taux d’inflation
(1,8 en 2017) (ODHD/LCP-2017). La figure ci-dessous illustre l’évolution de l’incidence de la
pauvreté en fonction des milieux urbain et rural.
INCIDENCE DE LA PAUVRETE
Source : (ODHD/LCP-2017)
La pauvreté monétaire est évaluée à travers l’incidence ou taux de pauvreté. Elle a touché plus
de 45,6% de la population malienne en 2011 et 47,1% en 2013, soit une accentuation de 1,5
point de pourcentage imputable aux effets de la crise politico sécuritaire de 2012. De 46,9% en
2014, l’incidence de la pauvreté a atteint 47,2% en 2015 soit une hausse de 0,3 point de
pourcentage due à la baisse de la production agricole de 2013, ajoutée aux effets de la crise.
1
L’IDH est un indicateur composite calculé par le Bureau du Rapport Mondial sur le Développement Humain et
publié depuis 1990 à travers un rapport dans lequel les pays sont classés en fonction de la valeur de leur IDH.
La pauvreté est accentuée en milieu rural, mais s’améliore en milieu urbain où le District de
Bamako se distingue avec un niveau de pauvreté nettement inférieur (10,7% en 2011 à 4,7%
en 2017).
La pauvreté de conditions de vie, quant à elle a été cernée au Mali au niveau communal
(ODHD/LCP, 20142) à travers l’indice de développement calculé pour chacune des 703
communes du Mali. Les résultats indiquent que les communes urbaines de façon générale ont
les indices plus élevés. Les communes du District de Bamako sont nettement au-dessus des
autres. Toutefois cette analyse n’intègre pas les nouvelles régions en tant que telles.
2
A défaut du profil de pauvreté de 2017 non finalisé.
Les pauvres sont plus vulnérables aux catastrophes naturelles (inondations ou sécheresses), aux
effets du changement climatiques et aux autres chocs environnementaux qui menacent leur
existence et leur sécurité alimentaire. Malgré cette vulnérabilité, ils sont enclins à la
surexploitation des ressources naturelles, notamment les forêts pour subvenir à leurs besoins,
compromettant ainsi la durabilité de leur développement.
La bonne gestion environnementale renforce la résilience des couches pauvres face aux aléas
naturels, tout en améliorant leur bien-être et leur situation économique.
Les principales activités économiques abordées dans cette partie sont celles dont l’exercice
impacte directement l’environnement à travers l’utilisation et /ou la transformation d’une ou
de plusieurs composantes. A ce niveau, l’accent est de préférence porté sur les relations avec
l’environnement à travers l’analyse des problématiques majeures découlant de l’exercice de ces
activités.
On estime à 40 924 059 ha, le potentiel de terres agricoles au Mali sur lequel 7 302 775 ha ont
été exploités au cours de la campagne 2016/2017, soit 18%. (DNA- Rapports d’activités 2016-
2017)
Les superficies cultivées au Mali, tous systèmes confondus, ont enregistré une augmentation de
9% au cours des campagnes 2015/2016 et 2016/2017, passant de 6 727 888 ha à 7 302 775 ha
(DNA- Rapports d’activités 2015-2016-2017). Alors que la plupart des systèmes de production
restent extensifs, ces accroissements se font généralement au détriment des terres vierges
couvertes par des formations forestières ou des pâturages.
D’après ces données, l’arboriculture progresse au Mali avec un taux d’augmentation de 51%
dû aux actions de promotion de l’anacardier et du manguier. Ce qui suscite un espoir au plan
environnemental, au regard du rythme alarmant de déboisement que connait le Mali. Ces
essences fruitières, contribuent à la séquestration du carbone et à la protection des sols contre
l’érosion hydrique et éolienne. Toutefois, leur impact écologique reste inférieur à celui des
forêts naturelles en raison entre autres, de l’artificialisation du milieu.
D’une manière générale, l’exploitation des terres agricoles obéit plus ou moins à des normes
agro techniques mises au point par les structures de recherche et conseillées aux producteurs
par les structures de conseil et de vulgarisation étatiques et/ou privées.
L’adoption de ces techniques par chaque producteur est fonction de ses objectifs de campagne
au regard de la structure de son exploitation agricole et des contraintes naturelles et socio-
économiques. A défaut de main d’œuvre familiale ou d’équipement, d’un niveau suffisant
d’instruction, etc., les techniques conseillées ne sont généralement pas appliquées à hauteur de
souhait. Ce manquement entraîne une baisse des rendements et provoque à terme
l’appauvrissement du sol qui pousse finalement le paysan à recourir à l’extension des surfaces
pour atteindre ses objectifs de production.
Les formules de fertilisation pratiquées par les paysans maliens reposent en majeure partie sur
les engrais minéraux et accessoirement sur les fumures organiques. Les quantités d’engrais
augmentent donc d’année en année. De 252 727 tonnes pendant la campagne 2013/2014, elles
ont atteint 446 173 tonnes en 2017/2018, soit un taux de croissance annuelle moyenne de 9%.
Cette augmentation est en majeure partie due à l’utilisation des engrais chimiques qui a connu
un véritable essor imputable au régime de subvention des prix au cours de ces dernières années
dans le cadre de l’initiative riz. De la campagne 2013-2014 à celle de 2017-2018, leur volume
s’est accru de 75,5%, passant de 237 441 à 416 938 tonnes.
Tableau 3 : Evolution des quantités d’engrais utilisés de 2013 à 2017 (en Tonne)
TYPES D’ENGRAIS 2013-2014 2014-2015 2015-2016 2016-2017 2017-2018
Engrais chimiques appliqués au
Coton, Riz, Maïs, Mil/Sorgho et 237 441 369 155,5 307 507 376 016 416 938
Blé
Engrais Organiques 11 082 8 328 8 162 7 193 13 614
PNT 204 0 3 908 1 424 15 622
TOTAL 252 727 377 483,5 319 576 384 633 446 173
Source : Rapports Bilan DNA 2013-2014 à 2017-2018
La part des engrais organiques demeure faible. Même si elle enregistre une légère augmentation
de 2013 à 2017, elle ne représente que 3 à 4,3 % des quantités totales d’engrais utilisés au
cours de la période. Pourtant, seule la matière organique offre au sol, les propriétés physico-
chimiques (stabilité de la structure, capacité de rétention de l’eau, vie microbienne, pouvoir
absorbant, aération, etc.) lui permettant d’assurer efficacement et durablement ses fonctions de
production. Vu la tendance vers l’intensification des systèmes de culture, on peut déduire que
ce faible niveau d’utilisation des engrais organiques comporte au plan environnemental, un
risque réel d’épuisement des sols. Cela est d’autant plus certain que la part de la jachère se
réduit de plus en plus dans les systèmes de production agricoles et que la majeure partie des
résidus de récolte est exportée des parcelles pour servir à l’alimentation du bétail.
La culture du coton passe pour être la plus consommatrice de pesticides, notamment les
insecticides, à cause de sa vulnérabilité aux attaques parasitaires, de la diversité de parasites et
surtout des superficies emblavées qui déterminent les quantités utilisées anuellement en
fonction des doses appliquées.
En riziculture et de plus en plus sur les cultures pluviales telles que le maïs et le sorgho, c’est
généralement les herbicides qui dominent, les insecticides n’étant utilisés qu’en cas d’attaques
importantes de déprédateurs.
Suivant les données recueillies auprès des services du Commerce extérieur, les quantités de
pesticides utilisées au Mali sont très importantes. Elles enregistrent un accroissement de
71,47% entre 2012 et 2016, passant de 6 409 471kg à 10 990 684 kg. Il reste entendu qu’avec
la libéralisation du commerce, la tenue des statistiques relatives aux pesticides, plus
particulièrement les herbicides, bute à d’énormes difficultés, même en zone cotonnière où les
services techniques (CMDT et OHVN) semblent maîtriser plus ou moins la filière. Cette
libéralisation dans un contexte caractérisé par la perméabilité des frontières et l’inefficacité des
structures de contrôle, a favorisé la prolifération de marchés illicites de pesticides de tous
genres, dangereux et à effets rémanents. Dans la plupart des cas, ces produits tombent en état
d’obsolescence ou sont avariés par suite d’un mauvais stockage ou d’une mauvaise
manipulation. Ils tombent du coup dans la catégorie des pesticides obsolètes considérés comme
déchets spéciaux dangereux pour les populations et les animaux.
L’autre danger et non des moindres, porte sur le rejet dans la nature et/ou l’utilisation des
emballages de ces produits à d’autres fins, telles que la conservation d’aliments, de l’eau, etc.
toutes choses susceptibles de porter atteinte à la santé humaine et écologique.
L’élevage en tant qu’activité économique se définit au Mali à travers trois principaux systèmes
d’exploitation à savoir :
le système pastoral pur associé aux cultures pluviales et aux cultures de décrue. Il
couvre environ 77% du territoire et se rencontre dans les zones semi-arides au nord de
l’isohyète 400 mm. Le pastoralisme transhumant est pratiqué principalement par les peulhs et
le pastoralisme nomade par les Touaregs dans le Gourma, l’Adrar des Ifogas et dans le nord du
delta central du Niger.
le système agropastoral associé aux cultures pluviales, aux cultures irriguées et aux
cultures de rente occupent 23 % du territoire. Il est pratiqué entre les isohyètes 400 et 800 mm
et couvrent les zones soudano-sahéliennes.
le système périurbain qui se développe actuellement autour des grandes villes vise
essentiellement des objectifs commerciaux, orientés vers la production de viande et de lait.
Quel que soit le système, les principales sources pour l’alimentation du cheptel demeurent les
pâturages naturels, les sous-produits agricoles, les sous-produits agro-industriels et les cultures
fourragères.
L’importance relative de ces différentes sources détermine la nature et la qualité des relations
de l’activité d’élevage avec l’environnement à travers notamment l’utilisation des espaces
naturels. La recherche de points d’eau et d’une bonne alimentation du troupeau pousse le plus
souvent l’éleveur à adopter des pratiques défavorables telles que la forte concentration des
troupeaux sur des espaces réduits, l’émondage d’essences fourragères, etc. se traduisant entre
autres par la dégradation des sols et des ressources pastorales et la récurrence des conflits entre
éleveurs et autres utilisateurs des ressources naturelles.
A cela s’ajoute l’émission de méthane (Gaz à effet de serre) dont l’élevage est la principale
source, à travers le processus digestif des bovins et le dégagement à partir du fumier. Les
vaches laitières, les moutons, les chèvres et les chameaux ont émis de 2007 à 2014
respectivement en moyenne 305, 61, 84 et 43 Giga-grammes de méthane. Les émissions
imputables aux autres types d’animaux se situent au-dessous de 10 Gigga-grammes. (AEDD/
Rapport TCN 2017)
3
Sur la base des données du recensement national du cheptel de 1991 auxquelles ont été appliqués des taux de
croît moyens annuels de 3 % pour les bovins, 5 % pour les ovins/caprins, 2 % pour les équins, 2 % pour les asins,
2% pour les camelins et 1,2 % pour les porcins. Pour la volaille il s’agit d’estimations faites par les agents de la
DNPIA
.
2.3.3. La pêche : Le plus grand dommage à l’environnement réside dans des pratiques
défavorables au développement des ressources halieutiques.
La pêche est une activité qui participe beaucoup à la croissance économique du Mali. Sur la
base de 4 millions de Francs la tonne de poisson transformé et de 2 millions de Francs la tonne
de poisson frais, la pêche a rapporté aux acteurs de la filière un gain brut de 34 155 508 000
Francs CFA en 2016 (DN Pêche- 2016).
La capture globale de poisson frais au Mali qui était de 32 370,24 tonnes en 2015 a atteint
34 807,92 tonnes en 2016 soit une augmentation de 7,53%. Plus de la moitié (54,35%) de ces
captures proviennent des régions de Gao et Ségou ; le reste, des régions de Kayes (4,9%),
Koulikoro (8,54%), Sikasso (3,91%) et le District de Bamako (0,63%)
Au constat, la plupart de ces captures se font de plus en plus sans perspectives de maintien de la
capacité de production des pêcheries. En effet, l’augmentation de la demande et l’appétit du
gain amènent les pêcheurs à utiliser des engins et méthodes de pêches illicites (filets à petites
mailles, barrage du cours d’eau, utilisation de produits toxiques, etc.) qui mettent en péril le
développement des ressources halieutiques (capture de sujets immatures, perturbation du cycle
migratoire du poisson, etc.).
Au plan économique, les forêts demeurent la principale source d’énergie domestique à travers
le bois et le charbon de bois utilisés par la quasi-totalité des ménages au Mali, la plupart
n’ayant pas accès aux énergies alternatives (gaz, électricité). La consommation de bois et de
charbon est estimée à 459 kg par personne et par an (FONABE). Ce qui fait de l’exploitation
des produits forestiers ligneux l’activité économique forestière la plus importante en termes de
volume et de revenus. Elle a généré environ 1 146 584 211 F.CFA de revenus en moyenne par
an de 2014 à 2017 (DNEF- Rapports annuels 2014 à 2017).
La consommation de bois a atteint 413 341 stères4 en 2017 contre 498 438 stères en 2014, soit
une baisse de 17,7%. Celle du charbon est passée de 234 862 Qm5 en 2014 à 334 454 Qm en
2017, soit une augmentation de 42,40. (DNEF- Rapports annuels 2014 à 2017).
En réalité, il ne s’agit là que de quantités sous contrôle des services forestiers, donc inférieures
aux quantités réelles, étant entendu que lesdits services manquent de moyens humains et
matériels pour produire des statistiques exhaustives en la matière.
Quant aux produits forestiers non ligneux, ils constituent pour plusieurs communautés, des
sources de revenus, particulièrement pour les femmes qui y trouvent une véritable opportunité
de promotion économique et sociale. Le niveau de production de la gomme arabique est estimé
à 49 380 kg, soit une valeur de 1 234 500 Francs CFA (DNEF- Rapports annuels 2014 à 2017).
Les noix de karité (Vitellaria paradoxa), le « zaban » (Landolfia senegalensis), le « néré »,
(Parkia biglobosa) etc. sont parmi d’autres, des produits forestiers non ligneux qui, en plus de
l’autoconsommation, sont commercialisés, transformés voire exportés par bon nombre
4
Le stère correspond à un (1) m3 de bois.
5
Un Qm (quintal métrique) équivaut à 100 kg de charbon
.
La forêt est aussi la principale base de la pharmacopée au Mali aussi bien en milieu urbain
qu’en milieu rural, au regard du faible accès d’une frange importante de la population aux
produits pharmaceutiques. Le volume de prélèvement des plantes médicinales a atteint environ
61 tonnes en 2017(DNEF-Rapport annuel 2017).
C’est de la forêt que l’artisanat malien puise l’essentiel du bois d’œuvre pour la fabrication des
instruments de musique, des statuettes et autres objets d’art, des outils aratoires (manches de
houe, de pioches, de dabas, etc.). Le nombre de bois d’œuvre exploité en 2017est estimé à 1220
pieds (DNEF-Rapport annuel 2017).
Les forêts maliennes offrent aussi des opportunités de chasse au gibier. On estime à 40 324 le
nombre de trophées de chasse issus des formations forestières par an de 2014 à 2017. Elles
offrent aussi d’énormes potentialités pour l’apiculture qui a produit 325, 96 tonnes de miel et
312,9 tonnes de cire en 2017. (DNPIA-Rapport 2017).
Autant dire que l’exploitation forestière constitue un pan important de l’économie malienne et
contribue à la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Jadis, elle était régie par des fonctions
sociales et sociologiques qui ne visaient que la gestion durable des forêts (Interdits au sein des
organisations de chasseurs, protection traditionnelle d’essences et de massifs forestiers,
contrôle mutuel au sein de la communauté sur les modes d’exploitation des produits forestiers
non ligneux, rituels de prélèvement de plantes médicinales, etc.). Cette exploitation a
malheureusement basculé au cours de ces dernières décennies vers une surexploitation devenue
l’une des principales sources de dégradation des ressources forestières du Mali.
A partir de ces résultats, un Plan National de Réponses (PNR) aux crises alimentaires et
nutritionnelles est élaboré annuellement. Les réponses se focalisent autour de : (i) l’assistance
alimentaire, l’appui à la nutrition, (iii) le renforcement de résilience et des moyens d’existence,
(iv) l’information, le renforcement de capacités des acteurs et la communication, et (v) la
coordination de la mise en œuvre du PNR.
Au titre de l’assistance alimentaire de l’Etat, en moyenne 15 293 Tonnes d’aliments ont été
distribuées gratuitement à 566 419 bénéficiaires au cours des années 2015, 2016 et 2017. Le
test de Transferts Monétaires au titre l’année 2017 du Commissariat à la Sécurité Alimentaire a
été de 89 172 000 F.CFA pour 978 ménages (CSA- Rapports Bilans PNR 2015-2016-2017).
Il est important de souligner que le Mali pourrait devenir un grand producteur d’énergie
renouvelable, au regard des immenses potentialités et opportunités.
Le solaire bénéficie d’un potentiel de 7 à 10 heures d’ensoleillement par jour et une irradiation
moyenne, de 5 à 7 kWh/m2/J contre une moyenne mondiale estimée à 4-5 kWh/m2/j. Le
potentiel hydroélectrique national est estimé à environ 1150 MW sur lequel l’exploitation
porte sur 312 MW, soit 27 % de la capacité totale installée. (DNE-2017). Quant au
biocarburant, on estime à plus de 167 303 hectares le potentiel de Jatropha curcas pour une
production d’environ 58 304 litres d’huile biocarburant par an. Le bio éthanol, utilisable dans
des réchauds à usage domestique et dans les moteurs, jouit d’un potentiel de 10 millions de
litres qui peut être porté à 20 millions de litres en fonction de la demande. (DNE-2017)
C’est surtout à travers la consommation d’énergie que se manifestent de manière évidente, les
relations du secteur de l’énergie avec l’environnement. La consommation finale de l’électricité
a enregistré une hausse de 169,38%, passant de 98 à 264 Ktep (millier de tonnes équivalent
pétrole) de 2007 à 2016. Celle de la biomasse (bois) est passée de 1745 à 4228 Ktep, soit
142,29%. En produits pétroliers elle a augmenté de 250,49% soit 1423 Ktep en 2016 contre
406 en 2007. (DNE/ SIE- 2017)
Les courbes représentatives ci-dessous illustrent les diverses consommations de 2007 à 2016.
Au constat, les tendances demeurent les mêmes : les consommations en électricité enregistrent
une croissance tout au long de la période, sauf au cours des années 2013 à 2014. Sur toute
période, la part de la biomasse reste de loin supérieure.
Dans le contexte de changement climatique, les énergies renouvelables (solaire, éolienne et les
biocarburants) constituent une opportunité importante d’accès à des sources d’énergie propre
et durable.
Le secteur industriel comptait 30 438 emplois permanents en 2014, sur lesquels 3074 étaient
occupés par les femmes, soit environ 10%. (Rapport recensement industriel DNI- 2015)
Selon le recensement industriel 2015, le tissu industriel se compose de huit cent vingt- neuf
(829) entreprises en activité, sur lesquelles environ 52,68 % sont localisées dans le District de
Bamako. Ensuite suivent respectivement par ordre d’importance en termes d’unités
industrielles, les régions de Koulikoro (15,56%), Sikasso (15,29%), Ségou (6,14%), Kayes
(4,70%), Mopti (3%). Les régions du Nord abritent très peu d’entreprises industrielles, voire
pas du tout pour certaines d’entre elles.
Quant aux rejets de déchets liquides industriels tels que les eaux et les huiles usées, ils ont été
estimés à 947,535 millions de litres pour 485 entreprises industrielles ayant fourni les
informations. Au constat, 396 entreprises soit 81,6 % produisent une quantité de déchets
liquides comprise entre 1000 et 450 000 litres ou plus. Ces déchets liquides sont soit collectés
et évacués dans des fosses septiques (23,13% des entreprises) ou dans les caniveaux branchés
aux réseaux d’épuration des eaux usées (2,48%), soit enlevés par les GIE ou autres organismes
(1,69%). Beaucoup d’autres entreprises déversent leurs déchets sans traitement dans les milieux
naturels. (DNI-2015)
Au rejet de déchets, s’ajoutent d’une part, les nuisances sonores provoquées par les bruits des
machines et les va-et-vient des moyens de transport et d’autre part, la pollution atmosphérique
provoquée par les émissions de fumées, de gaz et de particules diverses.
Dans le domaine minier, on distingue au Mali quatre types d’exploitation à savoir : les mines
industrielles, l’exploitation artisanale (orpaillage), les carrières industrielles et les carrières
artisanales.
L’analyse qui suit est focalisée plutôt sur les mines d’or industrielles et l’orpaillage en raison de
leur importance économique et leur impact environnemental.
Les mines industrielles utilisent de gros moyens et de grandes quantités de produits chimiques,
d’explosifs et d’accessoires. La figure ci-dessous donne la situation évolutive des quantités de
cyanure consommées dans les mines industrielles au Mali au cours des années 2015, 2016 et
2017.
25000
20000 19198,08
15000
12926,08
10000
4708,92
5000
0
Année 2015 Année 2016 Année 2017
Par ailleurs, ces mines utilisent d’énormes quantités de carburant et lubrifiants, soit en 2015 :
229.971.207 litres de gasoil, 30.504.606 litres de fuels, 4.659 110 litres d’huile et
534 844 kg de graisse. Cette utilisation se traduit par le rejet d’importantes quantités de gaz et
de résidus d’huiles et de graisse, susceptibles de dégrader les milieux naturels.
Les impacts environnementaux générés par le fonctionnement des mines industrielles sont
gérés à travers les plans de gestion environnementale et sociale découlant des études d’impact
environnemental auxquelles ces mines sont assujetties. La mise en œuvre de ces plans est
suivie par la DNGM en collaboration avec les structures compétentes du MEADD. Néanmoins,
la situation environnementale est loin d’être idéale du fait notamment de la forte
artificialisation du milieu, des diverses pollutions, etc. dont les effets persistent durant des
années après fermeture de la mine.
.C’est surtout l‘exploitation artisanale de l’or qui est à l’origine des plus grands dommages
environnementaux et sociaux au Mali, non seulement à travers la dégradation des ressources
forestières, agricoles et pastorales, mais aussi par la pollution des eaux et le mauvais cadre de
vie qui caractérise les sites. (Encadré n°2 ci-dessous)
Les quantités d’or produites par les onze (11) unités industrielles en 2017 s’élèvent à
49,621tonnes ; celles tirées de l’orpaillage atteignent annuellement 10 à 20 tonne (DNGM-
2017).
La forme industrielle d’extraction de l’or au Mali repose sur des contrats miniers négociés avec
l’Etat qui intègrent les dimensions environnementales inhérentes à l’exploitation, notamment la
réalisation d’une EIES assortie d’un plan de gestion environnemental et social (PGES). Le
PGES précise les actions d’atténuation ou d’élimination des impacts négatifs et de bonification
des impacts positifs et définit les modalités de réalisation desdites actions.
En réalité, la mise en œuvre du PGES ne fait que limiter les dégâts sur l’environnement car il
serait illusoire d’espérer reconstituer intégralement la situation d’avant exploitation minière.
En effet toutes les mines d’or actuellement actives au Mali sont à ciel ouvert, conduisant à
l’excavation de grandes étendues de terre à des profondeurs impressionnantes. La végétation y
est complètement détruite et la faune privée d’habitat ; le sol y est complètement retourné à tel
point qu’en cas de remblai (peu probable) des carrières, il n’est pas évident qu’il recouvre son
profil d’antan.
Les eaux usées découlant des processus d’extraction contiennent des résidus de produits
hautement dangereux aussi bien pour l’homme que pour l’environnement. Elles sont recueillies
dans des bassins à ciel ouvert et constituent ainsi de graves menaces pour la faune terrestre et
aviaire. L’étanchéité de ces bassins étant sujette à caution dans le long terme, ces menaces
pèsent aussi sur les ressources en eau souterraine et par conséquent sur la santé des populations.
C’est dans l’exploitation artisanale de l’or que le danger est plus imminent et les conséquences
plus graves sur l’environnement et sur l’avenir des populations, y compris les exploitants eux-
mêmes.
Plus de 200.000 personnes pratiquent l’exploitation artisanale de l’or. La ruée a commencé vers
les années 80 suite aux épisodes de sècheresse. A l’époque, 350 zones ont été identifiées. (Note
sur l’impact de l’impact de l’orpaillage traditionnel sur l’environnement- Seydou KEITA,
spécialiste en environnement minier- 2011)
L’activité entraine aussi une dégradation catastrophique des terres, des berges et des flancs de
collines. Les galeries et fosses creusées à la recherche du métal jaune ne sont plus refermées.
La structure des sols y est bouleversée. Les sites deviennent ainsi inexploitables aussi bien pour
l’agriculture que pour l’élevage.
En plus de la déforestation et de la dégradation des terres, les ressources en eau sont victimes
de l’exploitation artisanale de l’or au Mali. Les dragues utilisées pour extraire l’or, le traitement
manuel du minerai, etc. contribuent à freiner l’écoulement des eaux et au pire des cas, à
combler les cours d’eau par des dépôts de terrils. A l’heure actuelle, l’existence de la Falémé
(affluent du fleuve Sénégal) et de plusieurs autres marigots et rivières est menacée. Plus grave
est l’utilisation incontrôlée de mercure, de cyanure et autres métaux lourds qui menace la santé
humaine et animale à travers la pollution des ressources en eau des zones exploitées.
Au plan social, la ruée vers l’or a provoqué un exode massif des jeunes ruraux, privant souvent
l’agriculture de bras valides nécessaires à la mise en valeur des terres, d’où un risque de
diminution de la production agricole dans les zones de provenance.
Par ailleurs, il a été constaté que l’exploitation artisanale de l’or a réduit la scolarisation des
enfants, accentué le mariage précoce des filles et renforcé la propagation des IST/VIH Sida
dans les zones étudiées. (Etude relative aux effets de l’orpaillage sur la scolarisation des
enfants, le mariage précoce et la propagation des IST/VIH SIDA dans le cercle de Yanfolila,
région de Sikasso- Direction Nationale de la Population -Novembre 2016)
La possession des moyens de déplacement routier par les ménages est passée de 32 % en 2006
à 57,9% en 2017 pour les motocyclettes et de 3,3% à 5,7% pour les voitures. (INSTAT, ELIM
2006, EMOP 2017). Ce qui témoigne de l’importance du parc motorisé, un parc caractérisé par
sa vétusté comme l’indique le tableau ci-après.
Les véhicules de plus de 10 ans représentent 67,07% du parc parmi lesquels, 52,81% ont 16 ans
et plus. Ce qui prouve l’état vieillissant du parc de véhicules qui n’est pas sans impact sur
l’environnement, notamment en termes de pollution atmosphérique, étant donné que 48,81%
de ces véhicules utilisent le gazole et 43,85% l’essence (CPS /ETC- 2017). Hormis cet aspect,
ces vieux véhicules dont la durée de fonctionnement dépend de la capacité de maintenance et
du pouvoir d’achat de leurs propriétaires, croupissent peu après dans des garages de fortune,
encombrant ainsi plusieurs espaces, voire des voies circulation dans les villes.
Quant au trafic aérien, il a connu un rebond à partir de 2013, suite à la baisse enregistrée en
2012, en référence aux mouvements d’aéronefs enregistrés (arrivées et départs) au niveau de
l’Aéroport International Président Modibo KEITA Sénou (AIPMKS). Il n’a cessé d’augmenter,
passant de 10 480 mouvements en 2013 à 11 638 en 2016, soit un taux d’augmentation de
11,04%.(CPS /ETC- 2017).
L’environnement est constitué des milieux, aérien (atmosphère, air, climat), terrestre (flore,
faune, sol), aquatique (eau) qui interagissent en permanence pour assurer diverses fonctions
telles que la fourniture des conditions nécessaires à la vie (air, eau, nutriments, etc.), l’habitat
pour la faune et la flore, etc.
Ces milieux subissent de fortes pressions résultant des facteurs naturels et des activités
humaines. En effet, les besoins croissants de la population induisent des prélèvements sur les
ressources naturelles, des activités de transformation et de consommation débouchant le plus
souvent sur des rejets de substances nocives, toutes choses qui affectent négativement les
processus biologiques et dégradent les milieux naturels.
Dans les lignes qui suivent, les composantes naturelles seront abordées individuellement,
toutefois en gardant à l’esprit qu’elles sont en perpétuelle interaction, laquelle fonde la
dynamique et les déterminismes qui président à l’état et l’évolution des différents milieux, en
dehors de toute ingérence anthropique.
L’air est une composante très importante mais aussi très complexe de l’environnement, vu sa
composition, ses variations dans le temps et dans l’espace et surtout sa forte mobilité.
Au cours de l’année, le Mali est traversé par deux principaux courants d’air qui caractérisent les
deux grandes saisons climatiques à savoir :
- l’air continental sec de l’harmattan qui souffle de novembre à avril ; (saison sèche)
- l’air tropical humide de la mousson de l’atlantique équatorial qui a cours de juin à
septembre (saison humide).
L’air est souvent pollué par une brume sèche, constituée de poussières en suspension, c'est à dire
des particules d'origine terrigène dont le diamètre varie entre 10-1 et 100μ. Ce phénomène
s’observe en général pendant les mois de décembre à mars sur l’ensemble du territoire du Mali.
Une autre forme de pollution de l’air provient du dégagement de poussières au passage des
véhicules à cause de l’état défectueux des voies de circulation.
Malheureusement, il n’existe pas de données fiables sur l’évolution de la qualité de l’air au Mali.
Les évaluations périodiques faites dans le cadre de la mise en œuvre de la Convention Cadre des
Nations Unies sur les Changements Climatiques, consistent à calculer les émissions des gaz à
effet de serre à partir de modèles mathématiques.
La synthèse des émissions entre 2007 et 2012 est présentée dans le tableau ci-dessous. On
constate que les émissions des gaz à effet de serre ont augmenté légèrement. D’une année à
l’autre, la combustion de la biomasse demeure la principale source d’émissions des gaz à effet de
serre dans le secteur de l’énergie.
Tableau 7 : Bilan des émissions de gaz à effet de serre au Mali de 2007à 2012
ANNEES CO2 CH4 N2O NOX CO NMVOC SO2 TOTAL
Même si le Mali est considéré comme « puits de carbone » aux termes des conclusions de la
troisième communication nationale à la Convention Cadre des Nations Unies sur les
Changements Climatiques, il reste néanmoins que ces émissions de gaz impactent le climat dans
son ensemble.
Par ailleurs, la pollution atmosphérique affecte l’état de santé des populations comme l’indique
le tableau ci-dessous relatif à l’incidence des maladies liées à la qualité de l'air.
En référence à l’évolution du nombre total de nouveaux cas rapportés liés à la pollution d'air, on
constate que les maladies dues à la qualité de l’air ont progressé d’année en année jusqu’à
atteindre plus d’un million de cas en 2015, soit 6 938 cas pour 100 000 habitants. En 2017, le
nombre de cas retombe à un peu plus de 300 000, soit une baisse d’environ 300% sans qu’on ne
puisse en donner les raisons.
Quant au climat du Mali, il est sec et caractérisé par une saison sèche et une saison des pluies de
durées variables du sud au nord. Les 30 dernières années (1981-2010) ont été arides en Afrique
de façon générale et au Mali en particulier si bien qu’on a assisté à un déplacement des isohyètes
d’environ 200 km vers le Sud.
Les développements qui suivent retracent l’évolution des paramètres climatiques (pluies,
températures, ETP) sur trente (30) ans, dans quatre (4) stations météorologiques synoptiques
représentatives des zones bioclimatiques du Mali (Sikasso, Ségou, Mopti et Tombouctou). Il
s’agit essentiellement d’appréhender le contexte climatique du Mali et d’envisager l’avenir en
termes de réchauffement climatique.
L’appréciation du réchauffement global, des jours chauds et des nuits moins froides repose sur le
suivi des températures. Sans entrer dans les détails, il s’agit d’analyser les écarts entre les valeurs
de températures (sur la période d’observation) par rapport à leurs valeurs normales respectives
(1981-2010) et d’apprécier l’occurrence des phénomènes extrêmes.
Notons que les données obtenues sur la station de Tombouctou concernent la période 1988 -2011
(pour raison d’insécurité), alors que celles des autres stations, la période 1988-2017.
2002
2004
2006
2008
2010
2012
2014
2016
36
Total
34
Linéaire (Total)
32
1996
1988
1990
1992
1994
1998
2000
2002
2004
2006
2008
2010
2012
2014
2016
Source : Mali- Météo
D’une manière générale, les graphiques indiquent une tendance nette à la hausse dans toutes les
stations, à l’exception de la station de Tombouctou, où elle n’est pas aussi nette (déficit de
données à partir de 2011).
2000
2008
2016
1988
1990
1994
1996
1998
2002
2004
2006
2010
2012
2014
2016
1988
1990
1992
1994
1996
1998
2000
2002
2004
2008
2010
2012
2014
En résumé, l’analyse fait ressortir une tendance à la hausse des températures minimales, dans
toutes les zones, à l’exception de la zone sahélienne où la tendance est à la normale et la zone
saharienne où on note une légère baisse.
Les graphiques suivants indiquent l’évolution de la moyenne annuelle des températures sous
abri et des écarts subséquents de 1988 à 2017 pour les stations de Sikasso, Ségou, Mopti et de
1988 à 2011 pour la station de Tombouctou.
28,5
28
27,5
Total
27
Linéaire (Total)
26,5
26
19881990199219941996199820002002200420062009201220142016
1
0,5
0 Total
2004
2007
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2005
2006
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
-0,5
-1
2012
2013
2014
2015
2016
2017 Source : Mali- Météo
0,5
Total
0
1995
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
-0,5
-1
Total
30,5
30
29,5
29 Total
28,5 Linéaire (Total)
28
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1998
1999
2000
2002
2004
2005
2009
2010
2011
2013
2014
2015
2016
2017
Source : Mali- Météo
0,5
0 Total
1997
2007
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2008
2009
2010
-0,5
-1
1,5
0,5
Total
0
1992
1997
1988
1990
1991
1993
1996
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2005
2007
2008
2010
2011
-0,5
-1
Source : Mali- Météo
L’évolution des températures moyennes indique une tendance à la hausse dans toutes les zones, à
l’exception de Mopti, où il est observé une tendance à la baisse au cours de la période
d’observation. Les écarts de températures par rapport aux températures normales de 1981 à 2010
sont de plus en plus positifs à l’exception de Mopti où ceux des dernières années sont de plus en
plus négatifs.
2000
1500
1000 Total
500 Linéaire (Total)
0
2004
1988
1990
1992
1994
1996
1998
2000
2002
2006
2008
2010
2012
2014
2016
1500
1000
Total
500
Linéaire (Total)
0
1988
1990
1992
1994
1996
1998
2000
2002
2004
2006
2008
2010
2012
2014
2016
Source : Mali- Météo
2008
1990
1992
1994
1996
1998
2000
2002
2004
2006
2010
2012
2014
2016
300
200 Total
Linéaire (Total)
100
0
1988 1990 19921994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010
En résumé, on observe sur la période une tendance linéaire (sur les graphiques) d’une baisse de
la pluviométrie dans toutes les stations, excepté celle de Sikasso où on observe une tendance à la
hausse, due à la reprise de la pluviométrie pendant la dernière décennie.
Par ailleurs, l’analyse de la tendance mobile (sur les graphiques) indique une forte variabilité de
la pluviométrie d’une année à l’autre.
Afin d’apprécier l’évolution future des paramètres température et pluie, il a été procédé à une
modélisation des anomalies de température (par rapport à la moyenne 1850-2010), et à des
analyses à l’échelle du pays. Les résultats de cet exercice ont débouché sur les principales
conclusions suivantes :
Les écarts de températures moyennes par rapport aux températures normales de 1981 à
2010 sont de plus en plus positifs. Ce qui pourrait expliquer la fréquence de plus en plus
élevée des phénomènes extrêmes.
Par rapport aux projections, les diverses analyses présagent un réchauffement continu
jusqu’à l’horizon 2100.
La tendance du rapport ETP /P est d’un grand intérêt, particulièrement en agro météorologie.
Elle permet de découper la saison pluvieuse en trois parties appelées évènements agro
climatiques, qui sont déterminants dans la conduite des systèmes de production. La période pré
humide est la période durant laquelle les hauteurs de pluie reçues enregistrent un cumul compris
entre le 1/3 de l’Evapotranspiration Potentiel (ETP) et l’ETP. La période franchement humide
est celle qui enregistre une pluviométrie globalement supérieure à l’ETP. La période post
humide est celle d’une pluviosité redevenue intégralement inférieure à l’ETP et comprise entre
l’ETP et le 1/3 de l’ETP.
Pour déterminer les dates de début et de fin (donc la durée) de ces évènements climatiques, on
construit sur le même graphique, les courbes de pluviosité, de l’ETP et du 1/3 de l’ETP, comme
sur le graphique suivant.
250
200
Source : Mali-Météo
Légende :
La période pré humide :
La période franchement humide :
La période post humide :
Cet exercice a été fait avec les données mensuelles de pluie, chaque cinq an, de 1988 à 2017
pour les stations de Sikasso, Ségou et Mopti et de 1988 à 2001 pour celle de Tombouctou. Les
constats sont les suivants :
Plusieurs initiatives sont en cours au Mali pour lutter contre le changement climatique, soit par
des actions d’atténuation, soit à travers l’adaptation des systèmes de production.
Rappelons que le Mali dispose d’une Politique Nationale sur le Changement Climatique, assortie
d’une stratégie reposant sur huit axes à partir desquelles ont été définies 147 actions composant
le Plan d’Action National Climat (PANC 2012-2017).
Beaucoup d’actions ont été menées sur le terrain afin de renforcer la résilience des populations.
La cartographie des projets sur le changement climatique, réalisée en 2017 sous l’égide de
l’AEDD avec l’appui de la GIZ a permis d’identifier au Mali, 92 projets changement climatique
en cours ou ayant démarré pendant la période 2014- 2017.(Rapport de cartographie des projets
changements climatiques au Mali-Période 2014-2017- AEDD-GIZ)
La biodiversité est abordée ici sous l’angle des trois niveaux d’organisation du monde vivant
(diversité génétique, diversité des espèces et diversité des écosystèmes) et des différentes
interactions au sein de ces trois niveaux.
La diversité de la faune au Mali s’explique par la grande diversité des habitats (forêts, savanes,
fleuves, lacs, etc.) Toutefois, si les espèces sont encore nombreuses, il n’en est pas de même pour
les populations au sein de chaque espèce. Certaines espèces ne sont représentées que par
quelques individus d’apparition rare, suite aux énormes pressions qui ont réduit
considérablement les effectifs.
La faune comprend des espèces de mammifères, une grande variété d’oiseaux, de reptiles,
d’amphibiens, de poissons et d’insectes.
Tableau 9 : Biodiversité de la faune au Mali
GROUPE NOMBRE TOTAL NOMBRE D’ESPECES
D’ESPECES ENDEMIQUES
Mammifères 136 -
Oiseaux 640 -
Reptiles 106 1
Amphibiens 30 2
Poissons 160 24
Papillons sphinx 6 -
Source : Rapport état des lieux et évaluation des politiques, plans et programmes par rapport à la prise en
compte de la diversité biologique au Mali, DNEF 2012
Les Mammifères sont répartis entre 136 espèces, dont 70 sont de grands mammifères. Ces
grands mammifères vivent dans les savanes soudaniennes occidentales et dans la zone
sahélienne. Les espèces dominantes sont : l’hippopotame nain (Choerapsis liberiensis) et le
lamantin (Trichechus senegalensis). On rencontre également en nombre réduit : le damalisque
(Damaliscus karrigum), l’éland de Derby (Tauratragus derbianus), la giraffe (Giraffa
camelopardalis reticulata), la gazelle dama (Gazella dammah), l’Oryx (Oryx algazella), l’addax
(Addax nasomaculatus), le mouflon à machettes (Acinonyx lervia), le guépard (Acinonyx
jubatus), le lycaon (Lycaon pictus), le pangolin (Manis spp.), l’orycterape (Orycterapus afer), le
lion, l’éléphant, le Chimpanzé, etc.
L’avifaune contient au moins 640 espèces d’oiseaux. Plusieurs études menées dans le delta
intérieur du fleuve Niger ont démontré l’existence d’importantes populations d’oiseaux (espèces
migratrices, éthiopiennes). Les principales espèces migratrices sont : la sarcelle d’été (Anas
quesquedula), le Pilet (Anas acuta), le Souchet (Anas dypeata) et le Filicule nyroca (Aythya
nyroca). La migration des oiseaux s’effectue entre le Mali et plus de 18 pays d’Europe,
Les espèces inventoriées de la faune ichtyologique du Niger appartiennent toutes à la classe des
ostéïchthyens, poissons à squelette osseux. Trois sous-classes d’importance différente sont
présentes dans la faune du Niger à savoir les Dipneustes les Néoptérygiens et les
Actinoptérygiens.
Les espèces de poissons dont les noms suivent sont considérées comme des espèces endémiques,
rares ou sensibles aux variations environnementales au Mali ; (DNEF, 2012) :
Tableau 10 : Espèces de poissons rencontrées dans le DIN
Nom scientifique de l’espèce Nom vernaculaire Observations
(Bamanan)
Polypterus annectens annectens Sajèguè
Polypterus endlicheri endlicheri Sajèguè espèce endémique au DIN
Gymnarchus niloticus Sôdjèguè
Hepsetus odoe zangalan
Pollimyrus petricolus nana
Malapterus electricus n’tigui
Tetraodon lineatus dodo
Synodontis resupinatus konkon
Synodontis gabroni konkon
Arius gigas soumè
Source : Rapport DN Pêche 2012
Les reptiles largement répandus sont principalement les tortues, les serpents, les lézards, les
warrants et les crocodiles. Les amphibiens les plus rencontrés, considérés comme espèces
endémiques au Mali sont : Schontedenalla mille tihorsini et Bufo chadeani.
Les invertébrés renferment une grande diversité biologique qui a encore besoin d’être exploré.
La plus récente mise en valeur est l’essor de l’apiculture. Dans la zone d’intervention du projet
PATTEC, les insectes capturés ou observés en mai 2012 sont indiqués au tableau ci-après.
Tableau 11 : Ordre, familles, genre et espèces des insectes capturés ou observés dans la
zone du projet PATTEC
Ordre Famille Genre Espèce Observation
Pompilidae Anopluis Sp. Parasite
Vespidae Vespula Sp. Parasite
Hyménoptère Sphecidae Sphex Sp. Parasite
Xylocopinae Xylocopa Sp. Pollinisateur
Le Mali passe pour être un centre important de domestication de plusieurs espèces de plantes
cultivées. Beaucoup d’écotypes locaux et espèces apparentées ont été identifiés en 2011 tel que
l’indique le tableau n°12 ci-après.
Plusieurs parmi ces espèces présentent des atouts en matière de biotechnologie. Il s’agit entre
Toutes ces variétés de plantes pourraient servir de donneurs de gènes à d’autres variétés de la
même espèce.
Les déficits hydriques ont entraîné une réduction de la production primaire, une modification de
la structure du couvert végétal, suite à la disparition des espèces non résistantes et une réduction
massive de la faune sauvage privée de son habitat ainsi que du cheptel.
Par ailleurs, des études indiquent que le changement climatique a un grand impact sur les
ressources génétiques agricoles. La dégradation parfois soudaine de leur environnement et les
profonds changements socioculturels et socio-économiques constituent les principaux facteurs
d'appauvrissement de la variabilité existante. De tels bouleversements peuvent provoquer la
disparition rapide et irréversible de cultivars traditionnels. Ainsi une étude récente, menée sur
une période de dix ans dans ce domaine, a révélé une perte de variétés d'environ 60 % au sud, 40
% au centre et 25 % au nord et à l'ouest (Kouressy et al, 2001).
Les impacts du changement climatique sur les espèces ou variétés cultivées ont été évalués sur
des rendements avec simulation pour la période normale 1961-1990 et aux horizons temporels
2025 et 2100 pour chaque variété.
Pour le maïs, il est attendu une baisse générale des rendements, suite à une diminution
progressive de la durée de la saison pluvieuse et de la durée du cycle de la plante dans certaines
localités comme Bougouni, d’où la nécessité de recourir à d'autres spéculations pour compenser
les baisses de rendement entre 2025 et 2100.
Pour le coton, une baisse généralisée des rendements du cotonnier entre 2005 et 2025 sera
observée; les pertes de production se situeraient entre 150 tonnes en 2005 et 3.500 tonnes en
2025 selon les localités.
Le défrichement des terres pour les cultures a un impact très important sur la structure de la
végétation et sur l'environnement. La plupart des plantes ligneuses sont détruites, à l'exception de
quelques espèces protégées (Vitellaria paradoxa, Acacia albida et Parkia biglobosa). Seules les
espèces buissonnantes telles que Guiera senegalensis, Piliostigma reticulatum et Anona
senegalensis résistent à des coupes annuelles répétées. La réduction de la jachère a raccourci la
période nécessaire aux processus de régénération et accru la fragmentation des îlots de
végétation naturelle qui constituent les «banques de semences». Son impact est encore plus grave
lorsque l'accroissement de la pression démographique et les mutations sociales entraînent une
avancée des cultures sur des terres fragiles à faible rendement, aux sols peu profonds, érodés ou
saturés d'eau.
Pour la satisfaction des besoins d’énergie domestique, certaines espèces forestières sont
particulièrement menacées à cause du pouvoir calorifique de leur bois: Combretum glutinosum,
Pterocarpus erinaceus, Pterocarpus lucens, Acacia nilotica. D'autres comme Prosopis africana
(Guélé) et Burkea africana (Siri) sont recherchées pour leur charbon apprécié en artisanat local.
Il en est de même pour certaines espèces telles que Khaya senegalensis, Prosopis africana,
Bombax costatum, Dalbergia menaloxylon (l'ébène de Nioro) et Sclerocarya birrea exploitées
pour des fins artisanales et industrielles. Cette sélection entraîne des perturbations dans la
dynamique des peuplements.
Les produits de cueillette tels que le karité, le néré, le doum, le jujube, le kapok, la gomme
arabique, le baobab, etc., sont essentiellement prélevés par les femmes et les jeunes. Ils sont
utilisés à plusieurs fins: alimentation, médecine, commerce et artisanat. Mais souvent, la manière
d'effectuer les prélèvements et le moment où ils s'opèrent compromettent dangereusement le
développement ou la régénération de la ressource mère.
L'ébranchage par les bergers des espèces telles que Acacia seyal, Acacia senegal, Balanites
aegyptiaca, pour nourrir les animaux, expose les peuplements aux effets dévastateurs des feux de
brousse et des termites.
Plusieurs écosystèmes sont annuellement victimes des feux de brousse qui ravagent des forêts et
des pâturages, notamment en régions de savane et dans le Delta vif du Niger. Ils détruisent en
zone sud-sahélienne, le fourrage herbacé composé essentiellement d'espèces annuelles, privant
ainsi le bétail de pâturage. Les peuplements de certaines espèces ont régressé au Mali à cause des
feux de brousse et se sont ainsi cantonnés dans des endroits qui sont à l’abri du feu. Ce sont par
exemple : Gilletiodendronglandulosum, Guibourtiacopallifera et Veprisheterophylla dans le
massif gréseux de Kita.
En 1997, les dommages économiques liés aux pertes économiques en ressources fauniques
représentaient 7,25 % du PIB, soit 107 milliards de FCFA (Pillet et Dabo, 1997).
Les pollutions se font de plus en plus pressantes sur les ressources en eau et menacent l’équilibre
de nombreux écosystèmes aquatiques. Le fleuve Niger reçoit par jour à Bamako plus de 2.200 m³
d'eaux usées industrielles. Les usines de tannerie, de textile, de savonnerie et d'huilerie, les
industries chimiques, d'exploitation minière, les abattoirs déversent de manière incontrôlée des
polluants qui contribuent pour une grande part à une dégradation des écosystèmes terrestres et
aquatiques. En plus, le fleuve Niger reçoit plus de 32.000 m³ d'eaux usées domestiques et 16.000
m³ d'eaux usées des teintureries contenant des colorants, des polluants chimiques, des métaux
lourds qui dégradent la flore et la faune aquatiques.
Plus particulièrement, l'exploitation des mines d'or et les nombreux sites d'orpaillage ont un
impact important sur les ressources biologiques. Le cyanure, l'excavation et la décharge de
minerais, sources de pollution, entraînent la destruction du couvert végétal et la perte de la
diversité biologique du milieu environnant.
L'utilisation massive des engrais chimiques occasionne une dégradation de l'écosystème par
l'acidification des sols et la pollution de la nappe phréatique. L'utilisation des pesticides, en plus
des ennemis visés, anéantit malheureusement une faune (par exemple les insectes pollinisateurs
comme les abeilles) et une flore très utiles au maintien de l'équilibre des écosystèmes.
L'introduction de certaines espèces au Mali a mis en péril des espèces locales avec lesquelles
elles n'avaient pas évolué. C'est le cas de la jacinthe d'eau (Eiclornia erassipes). Elle est devenue
une source d'inquiétude grandissante. Originaire de l'Amazonie, cette herbe aquatique flottante a
été introduite vers 1990 autour de Bamako. Elle constitue le biotope de nombreux organismes
aquatiques vecteurs de maladies et envahit les mares, les infrastructures de l'Energie du Mali, de
l'Office du Niger, du Périmètre irrigué de Baguinéda. En couvrant les plans d'eau, elle constitue
une menace pour les espèces aquatiques animales et végétales qu'elle asphyxie.
L'intensification des cultures a conduit à une réduction de la diversité génétique des plantes
locales cultivées, car les quelques variétés sélectionnées pour leur meilleur rendement ont
Dans le domaine de l'élevage, l'introduction croissante de races sahéliennes dans les zones
agricoles provoque une érosion génétique des races endémiques présentes. A cela il faut ajouter
l'élargissement de la base génétique animale avec l'introduction de semences congelées dans les
systèmes périurbains en cours d'intensification.
Les besoins de consommation des populations pauvres reposent presque exclusivement sur
l'exploitation des ressources naturelles. Les populations pauvres, dans leur situation de précarité,
n'ont souvent d'autres recours que de procéder à des prélèvements abusifs ou illicites sur les
ressources quel que soit leur état: braconnage, pêche abusive, mutilation des arbres,
défrichements anarchiques, exploitation illicite des forêts, surpâturage, etc.
La mise en œuvre de ces instruments internationaux a donné lieu à plusieurs actions dont la
plupart seront évoquées dans les réponses aux pressions sur les diverses composantes des
ressources naturelles. Toutes ces actions concourent à la préservation de la diversité biologique
au Mali.
3.3. LA FLORE
3.3.1. Les formations forestières : une évolution inquiétante, mais des actions
réconfortantes.
Les formations forestières constituent l’essentiel de la flore au Mali au regard de leur couverture
spatiale et de la biodiversité qu’elles renferment. Elles sont menacées par les manifestations
climatiques et les activités humaines.
L’insuffisance et l’irrégularité interannuelle des pluies, la longueur de la saison sèche, les fortes
températures et évapotranspiration, etc. provoquent la disparition de nombreuses espèces
forestières qui n’ont pas pu s’adapter. Pour celles qui résistent, la croissance se heurte à
l’insuffisance des pluies et la forte demande climatique en eau (ETP) qui limitent leur production
de matières sèches.
Le caractère saisonnier des revenus en milieu rural est crucial pour l’évolution des forêts.
Lorsque la campagne agricole échoue, le commerce de produits forestiers devient pour les
populations rurales la source facile de revenus. A côté des marchés ruraux de bois officiellement
crées, prolifèrent des circuits informels de commerce de bois et de charbon, signes de la
surexploitation des formations forestières. C’est ainsi que la consommation actuelle de produits
ligneux a atteint un niveau tel qu’il y a lieu de se demander ce que deviendront les forêts
maliennes dans un avenir proche. A ce questionnement, une étude de la Banque Mondiale datant
de 2007, estime que la demande de bois de chauffe évaluée à 9,129 millions de tonnes en 2002,
atteindra 19,871 millions de tonnes en 2022, soit l’équivalent d’environ 13,255 millions
d’hectares de forêt disparus.
Les graphiques ci-dessous indiquent les évolutions des consommations de bois énergie et de
charbon de bois de 2008 à 2017. Ces évolutions sont croissantes et portent sur des quantités
importantes ; encore qu’il ne s’agit là que des quantités sous contrôle des services
techniques alors que ceux-ci ne sont pas suffisamment équipés pour limiter les fraudes ou
produire des statistiques exhaustives en la matière.
Figure 27 : Evolution de la consommation de bois de chauffe de 2008 à 2017
600000
498 438
500000
413 341
383 141 386 011 368 846
400000 337811 345 979 328 731
305 745
300000 261337
200000
100000
0
Nombre de stères
2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017
La consommation de bois est passée de 337 811 stères en 2008 à 413 341 stères en 2017, soit un
taux d’augmentation de 22%. Au cours de la même période, elle enregistre un cumul de 3 629
380 stères, soit en moyenne 62 938 stères par an
Titre du graphique
600 000 537 908
500 000
400 000 334 454
275 296 283 875
300 000 234 862
171 699
200 000 140 578 132 116
79 221 85 199
100 000
0
Quantités (Qm)
2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017
L’exploitation du charbon de bois est passée de 79 221 Qm en 2008 à 334 454 Qm en 2017,
soit un taux d’augmentation de 322 %. Le cumul enregistré au cours de la même période est de
2 275 208 Qm, soit en moyenne 227 520 Qm par an.
L’impact de la consommation de bois énergie sur les formations forestière est énorme et pour
preuve, l’approvisionnement du seul District de Bamako en bois énergie pour l’année 2016 a
nécessité 1 095 070,33 stères, soit une coupe à blanc de 21 901,40 ha6 d’une formation végétale
de type savane arborée. Pour l’année 2017, de janvier à novembre, il a fallu 1 103 121,66 stères
de bois soit 22 062,43 ha du même type de formation végétale. (DNEF-Rapport
approvisionnement District 2016_2017 ; 2017).En moyenne il a fallu déboiser l’équivalent
d’environ 22 000 ha pour satisfaire les besoins en bois énergie du District de Bamako pendant la
période 2016-2017.
Les formations forestières constituent donc pour l’agriculture malienne, le principal vivier
d’accroissement des superficies aux fins d’augmentation des productions agricoles. En culture
cotonnière par exemple, les extensions de surfaces s’élèvent à environ 1 000 ha par an.
6
Il faut 7kg de bois pour 1 kg de charbon ; 1 stère de bois équivaut à 230 kg ; la production moyenne en coupe à
blanc d’une savane arborée est de 50 stères/ ha.
Années 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017
Superficies 1167 959 1367 1943 992 1221 1753 1716 1783 1805
Source : Rapports annuels DNEF de 2008 à 2017
D’une manière directe et plus explicite, le tableau n°15 ci-dessous dresse un bilan en termes de
gain de surface à dominante agricole et de perte de surface de formations forestières semi-
naturelles de 1987 (évaluation du PIRL) et 2014 (évaluation d’AGRER- GEEDER).
Le taux de déforestation à des fins agricoles est très important, se situant entre 17% et 34%
suivant les régions. Dans les régions de Ségou et Sikasso, les pertes de surfaces en formations
forestières semi naturelles ont atteint respectivement à 34% et 32%, alors que les surfaces
agricoles enregistrent des augmentations de 73% et 114% de 1987 à 2014. L’augmentation des
aménagements hydro agricoles à l’Office du Niger dans la région de Ségou et l’accroissement
des superficies cotonnières semblent expliquer ces tendances.
L’extraction industrielle de l’or détruit complètement la flore suite à l’implantation des carrières,
l’aménagement des bassins de réception des effluents, l’installation de la base vie, etc. Même si
des plantations de compensation sont réalisées afin d’en atténuer les effets, il n’est pas évident que
ces sites recouvrent à court ou moyen termes, leurs fonctions écologiques.
C’est surtout l’exploitation traditionnelle de l’or qui menace gravement les formations forestières
en raison de son caractère incontrôlé, de ses effets dévastateurs et de l’absence de toute
compensation des impacts. L’aménagement des puits miniers s’accompagne d’une destruction de
la flore. Des troncs d’arbres (voir photo) sont abattus pour servir d’échafauds dans les milliers de
puits miniers, provoquant ainsi la déforestation des zones concernées, plus particulièrement les
berges des cours d’eaux qui portent généralement les plus grands arbres. Malheureusement il
n’existe aucune donnée statistique relative à cette activité qui, cependant gagne de plus en plus de
terrain dans les régions de Kayes et Sikasso.
Source : Note sur l’impact de l’orpaillage traditionnel sur l’environnement- SISSOKO Sékou
N’Faly
Les feux de brousse continuent de ravager annuellement plusieurs forêts et pâturages au Mali.
Utilisés souvent pour chasser, défricher ou reverdir les pâturages, ils constituent un réel danger
pour les forêts du fait qu’ils interviennent pour la plupart en pleine saison sèche sur une végétation
déjà stressée par l’aridité du climat. Les feux provoquent ainsi la disparition des sujets fragiles,
réduisent temporairement l’activité photosynthétique des sujets restants, affectent négativement
les capacités de reproduction et de dissémination des espèces à travers la destruction des fleurs,
des insectes polinisateurs et des semences, etc. Par campagne, d’énormes superficies sont
victimes des feux de brousse au Mali, comme l’indiquent les figures ci-dessous.
SUP_BRULEE_14_15_(ha)
SUP_BRULEE_15_16_(ha)
SUP_BRULEE_16_17_(ha)
10000
8000
6000
4000
2000
0
TOMB
KAYE KOULI SIKAS SEGO BAMA
MOPTI OUCT Gao
S KORO SO U KO
OU
OCCU_FEU_14_15 14651 5011 7673 775 319 93 0 0
OCC_FEU_15_16 16111 5211 5665 1000 580 11 0 21
OCC_FEU_16_17 363 651 149 196 292 39 4 15
Actuellement, les formations forestières au Mali ont atteint un niveau de dégradation alarmant,
nécessitant des moyens importants pour leur réhabilitation.
Figure 32 : Représentation graphique des superficies forestières par région (en Ha)
Cette superficie (54 434 781 ha) se décompose en diverses formations forestières dont les
principales rencontrées dans les régions sont les suivantes :
D’après ce tableau, huit principaux types de formations forestières ont été identifiés au Mali. Les
formations forestières semi naturelles et les formations forestières à dominance agricole occupent
respectivement 40% et 23,41% des surfaces totales. Elles constituent les deux principaux types
rencontrés dans les régions de Kayes, Koulikoro et Sikasso. Plus au nord, dans les régions de
Mopti, Tombouctou et Gao, les formations forestières sont plus diversifiées et dominées par la
steppe arbustive ( 30,59% des superficies), suivie de la savane arbustive et /ou arborée (5,81%) et
des petites formations de moindre importance, telles que les galeries forestières en frange rupicole
(0,10%), les zones agricoles ligneuses (0,05%), les fourrés (0,03%) et les steppes arborées
(0,01%).
10 000 000
Selon cet inventaire, le volume total sur pied est de 221 172 159 m3, soit une densité moyenne de
17,4m3/ha en « surface agricole » et de 446 700 672 m3 et une densité moyenne de 20,5 m3/ha
dans les formations semi naturelles.
Les volumes de bois d’œuvre, de bois de service et de bois énergie sont respectivement évalués à
30 994 857 m3, 22 588 225 m3 et 55 952 653 m3, dans les « surfaces agricoles » et à 78 792 571
m3, 68 167 581 m3 et 128 389 434 m3 dans les formations forestières semi naturelles. Le volume
de bois mort existant dans les diverses formations est de 20 258 736 m3.
Dans plusieurs localités, le bois énergie se fait de plus en plus rare, obligeant les populations à
effectuer de longues distances (d’où l’augmentation des coûts), parfois sur d’autres terroirs (d’où
des risques de conflits).
Pour toutes ces raisons, des actions sont en cours ou sont initiées pour améliorer l’état des
formations forestières à travers des approches de gestion pertinentes au regard des réalités
naturelles, socio politiques et économiques des zones ciblées.
Plusieurs actions phares sont en cours pour réhabiliter les ressources forestières au Mali. Parmi ces
actions on peut citer la mise en œuvre de 106 Plans d’Aménagement et de Gestion des forêts, la
délimitation de trois forêts classées, l’élaboration de trente (30) Plans d’Aménagement (PAG)
dont un de forêt classée et 29 de massifs villageois, l’immatriculation de dix (10) forêts classées
mises sous aménagement, de 627 ha de forêts classées et de 105 000 ha de massifs villageois, etc.
Ces réalisations hautement stratégiques, suscitent beaucoup d’espoir, au regard de l’approche
participative et inclusive qui sous-tend leur mise en œuvre et en facilite l’appropriation par les
acteurs. En plus, 3 351 ha ont fait l’objet de régénération naturelle assistée ; des pare feu ont été
ouverts sur 1 325 km et nettoyés sur 1 027 km. Le reboisement a porté sur 32 517,72 ha en
2017 et l’enrichissement de forêt sur 25 561, 26 ha.
En matière de protection des ressources forestières, les années 2015, 2016 et 2017 ont enregistré la
mise en défens de 7 299 ha, la protection biologique de 194 ha de berges de cours d’eau et de 965
ha de digues et d’axes routiers ainsi que la restauration de 170 ha de placers.
Sur le plan législatif et règlementaire, plusieurs textes ont été adoptés, soit dans le cadre de la mise
en œuvre des conventions et accords internationaux signés et ratifiés par le Mali, soit dans le cadre
de l’application de lois existantes. D’ailleurs signalons que la Politique Forestière Nationale
assortie d’un plan d’actions 2018-2020, a été relue et adaptée au contexte actuel, notamment la
décentralisation qui prévoit un transfert de la gestion des ressources forestières aux collectivités
territoriales.
Beaucoup d’autres actions sont en cours, notamment au niveau régional, local voire communal,
sur la base d’initiatives d’ONG, d’associations ou autres acteurs engagés à inverser la tendance
actuelle.
Les pâturages, tout comme les formations forestières avec lesquelles ils se confondent d’ailleurs
lorsqu’il s’agit de « pâturages aériens », sont des écosystèmes très importants, sur lesquels
reposent essentiellement l’élevage au Mali.
Les facteurs climatiques influent sur la quantité et la qualité de la biomasse. Les tendances
climatiques évoquées ci-dessus ont incontestablement limité la productivité des pâturages au Mali.
On note à cet égard la disparition de plusieurs espèces fourragères, notamment les graminées
pérennes qui n’ont pas pu résister aux insuffisances pluviométriques, aux fortes chaleurs et à la
sécheresse.
L’évolution des effectifs des bovins, ovins/caprins est telle qu’aucune attention n’est portée à la
capacité de charge pastorale, si bien que les fortes concentrations d’animaux sur des espaces
réduits et fragilisés par les facteurs climatiques ont entraîné la dégradation des pâturages dans
plusieurs zones. Le Delta Central du fleuve Niger au Mali offre à cet égard une parfaite
illustration. Le surpâturage, conjugué aux effets des facteurs climatique et à l’occupation
anarchique des espaces, y a provoqué la dégradation de plusieurs pâturages, la raréfaction
d’espèces fourragères de haute valeur nutritive et la baisse de productivité de vastes zones
pastorales.
Les feux de brousse dont l’occurrence s’accentue, causent des préjudices incalculables sur la flore
en général et les pâturages en particulier. Même s’ils sont intentionnellement provoqués dans le
but de « rajeunir » les pâturages par les éventuelles repousses, les feux réduisent considérablement
le volume de biomasse disponible et participent à la disparition progressive de certaines espèces
fourragères. A cela s’ajoutent la prolifération des petits périmètres irrigués villageois le long des
cours d’eau et le nomadisme agricole qui ont réduit les parcours pastoraux et renforcé en
conséquence la concentration des effectifs sur les espaces restants.
Tous ces facteurs ont façonné divers types de végétation caractéristique des zones bioclimatiques
et dont la composition spécifique et la densité déterminent la qualité et la productivité des
pâturages.
C’est ainsi que la steppe saharienne au Nord de la zone saharienne (pluviométrie de 0 à 150 mm
par an) est la zone des pâturages peu productifs (0 à 500 kg de MS/ha). La végétation y est
La steppe sahélienne plus au sud, reçoit 250 à 550 mm de pluie et comporte une végétation du
type steppe xérophile sur dunes dans sa partie nord dominée par des graminées (Cenchrus
biflorus, Aristida mutabilis et Schoenefeldia gracilis) et une strate ligneuse (Acacia senegal,
Acacia laeta, Acacia tortilis, Balanites aegyptiaca). Dans la partie sud, la végétation est du type
steppe mésophile et localisée dans les dépressions limoneuses à Schoenefeldia gracilis, Panicum
laetum, Acacia laeta, Salvadora persica. Dans les zones d’inondation des fleuves, elle forme des
prairies aquatiques à graminées vivaces comme Echinochloa stagnina, Oryza barthii, Vossia
cuspidata. Ces prairies sont d’excellents pâturages de décrue. Sur les zones de plateaux, les
cuirasses latéritiques sont colonisées par Combretum nigricans, Guiera senegalensis, Lannea
acida, Sclerocarya birrea. Cette zone abrite les meilleurs pâturages à savoir : les pâturages de
décrue (bourgoutières du Delta Central Nigérien et de la zone lacustre dont la productivité peut
atteindre 10 t de MS/ha) et les pâturages sur les dunes et formations sableuses dont la productivité
moyenne varie de 1000 à 2000 kg de MS/ha.
La zone soudanienne (800 à 1400 mm de pluie par an) ou savane « parc » est la zone à
strate herbacée continue, dominée par Vitellaria paradoxa, Parkia biglobossa, Sclerocarya birrea
et Lannea acida. La biomasse y atteint 800 kg de MS/ha au nord et 2000 kg au sud.
Enfin la zone soudano-guinéenne (pluviométrie supérieure à 1 000 mm) est celle de la savane
boisée et de la forêt claire, avec de plus en plus quelques grandes graminées pérennes telles que
divers Hyparrhenia. La strate ligneuse est dominée par Daniella oliveri, Isoberlinia doka auxquels
sont associés des graminées comme Schizachyrium rupestre, S. semi-herbe et Diheteropogon
hagerupii. Les pâturages ont une productivité moyenne élevée comprise entre 2 000 et 4 000 kg de
MS/ha mais souvent difficile d’accès par le bétail à cause de la densité et de la taille élevée des
formations herbeuses.
Des évaluations récentes (2014-2015) de biomasse effectuées dans plusieurs sites représentatifs de
certaines zones pastorales donnent quelques indications sur la productivité de ces pâturages. Au
constat, la quantité moyenne de biomasse herbacée observée varie en fonction des types de sols et
des terroirs villageois.
Sur le site de Manankoro (cercle de Bougouni), elle varie de 481 à 4 413 kg de Matières
Sèches/ha , de 1 141 à 7 430 kg de Matières Sèches/ha dans le site de Madina- Diassa et de
842 à 3 467 kg de Matières Sèches/ha sur le site de Sagabary (PASE 2015)
La production des pâturages naturels de Sotuba, s’est située entre 300 à 500kg de Matières
Sèches/ha tandis qu’à Bafoulabé et à Kayes, elle a varié respectivement de 453 à 2140 Kg de
Actuellement, on assiste à un déplacement accentué des terroirs pastoraux du nord vers les zones
soudanienne et guinéenne du sud. La concentration prolongée d’animaux autour des points d'eau
permanents qui en découle génère le plus souvent des conflits meurtriers récurrents entre éleveurs
et agriculteurs autour de l’exploitation des ressources naturelles, la recrudescence des vols de
bétail, l’accélération de la désertification par destruction du tapis herbacé et la dégradation du sol
par surpâturage. Par ailleurs, la transhumance en direction des pays voisins s’amplifie d’année en
année, occasionnant des conflits qui risquent de basculer en confrontation entre états voisins.
La vulgarisation des espèces animales et végétales les mieux adaptées aux conditions climatiques,
le développement des cultures fourragères, la réalisation des forages équipés de pompe solaires ou
éoliennes, le captage des eaux de ruissellement et la restauration des points d’eau (mares, marigot
et lacs), l’élaboration d’un paquet technologique sur les pratiques simples d’adaptation au
changement climatique, l’aménagement de pistes de transhumance, etc. sont autant de réalisations
permettant de restaurer dans une certaine mesure l’état et le fonctionnement des écosystèmes
pastoraux.
Parmi les perspectives, la plus importante demeure la mise en œuvre du Projet Régional d’Appui
au Pastoralisme au Sahel (PRAPS) dont les diverses actions dans les zones ciblées (10 régions, 49
cercles et 220 communes) contribueront à transformer le système d’élevage avec comme
retombée, la sauvegarde des écosystèmes. Il s’agit essentiellement d’aménagements pastoraux, de
réalisation d’infrastructures de commercialisation, d’unités de transformation, de points d’eau, de
parcs à vaccination, etc.
Ainsi, le braconnage constitue la cause majeure de dégradation des ressources fauniques au Mali.
Rappelons que ces ressources avaient déjà été décimées par le braconnage à grande échelle à but
commercial, effectué dans les années 1980 et 1990 par des ressortissants mauritaniens qui se
livraient à un véritable carnage avec des moyens sophistiqués.
L’occupation agricole des habitats de la faune, à travers la multiplication des hameaux de culture
et le défrichement incontrôlé, le passage ou le séjour des grands troupeaux de bétail en
transhumance, constituent autant de facteurs défavorables au développement des ressources
fauniques au Mali.
Au plan halieutique, plusieurs espèces ont disparu du fait des mauvaises pratiques de pêche telles
que l’utilisation de filets à petites mailles, de branchages dans les chenaux et de produits toxiques,
etc.
La faiblesse et l’irrégularité des pluies ont considérablement diminué la hauteur et la durée des
crues ainsi que les superficies inondées et provoqué le tarissement des lacs et mares, toutes choses
ayant créé des conditions défavorables au développement de la faune aquatique.
Cependant, on rencontre encore au Mali toute la gamme des mammifères sauvages, d’oiseaux et
de reptiles de savane et de steppe sahélienne, particulièrement dans certaines aires protégées.
La réserve de faune du Bafing et ses aires adjacentes constituent l’une des rares zones au Mali
encore nanties d’un certain potentiel faunique. Selon le rapport d’enquête faune Bafing (DNEF-
ONG Mille Traces- ONG AMEPANE, Février 2014), cette zone abriterait en plus des
mammifères représentatifs de la grande faune des savanes soudaniennes, les dernières populations
d’une espèce en voie de disparition à savoir le Chimpanzé occidental (Pan troglodytes verus).
Plusieurs espèces de grands ongulés sont encore présentes. On signale même la présence de
l’Eland du Derby de l’ouest (Taurotragus derbianus derbianus) et celle du Lycaon qui reste à
confirmer. On note également la présence de grands carnivores comme le lion, le léopard et
l’hyène.
Parmi les reptiles, 3 espèces de Crocodiles ont été reconnues comme présentes dans la zone à
savoir, le Crocodile nain (Osteolaemus tetraspis), Crocodile du Nil ouest-africain (Crocodylus
suchus) et le Crocodile à long museau (Mecistops cataphractus). La réserve abrite aussi deux
espèces de Varans, caractéristiques de la région biogéographique, le Varan de savane (Varanus
exanthemicus) et le Varan du Nil (Varanus niloticus), généralement jugées « abondantes » voire «
très abondantes ».
L’évaluation de l’état de conservation de ces espèces indique que seul trois primates de la zone
peuvent être considérés comme étant en « très bon » état de conservation (le Patas, le Babouin de
Guinée et le Callitriche). Pour quatre autres espèces (le phacochère, les deux espèces de varans et
le Python de seba) l’état est « bon ».
Il serait « défavorable » pour deux espèces d’Antilopes, (l’Hippotrague et l’Ourébi), deux espèces
de Crocodiles (Crocodile nain et Crocodile à long museau) et le Chacal doré, puis « très
défavorable » pour le Buffle, le Cobe Défassa, le Redunca et les deux espèces d’hyènes.
Par contre certaines espèces comme la biche commune, la gazelle dama, le porc-épic, l’hyène,
l’antilope, l’oryctérope sont menacées de disparition alors que d’autres telles que le lion, la
panthère et tous les gros herbivores, ont complètement disparu.
Cette zone abrite aussi onze espèces de reptiles (Le boa, le margouillat, le lézard, la tortue, le
crocodile, le varan des savanes, le varan du Nil, etc.), parmi lesquels le margouillat, le lézard et le
serpent blanc sont les plus abondants et les autres menacés de disparition, particulièrement le boa,
le crocodile, le varan du Nil.
Par ailleurs dans le Delta Intérieur du fleuve Niger (DIN), des enquêtes menées en 2015 à propos
de la faune aquatique, ont révélé l’existence d’une population importante de lamantins estimée à
392 individus en 2015, 350 en 2016 et 250 en 2017.
Selon les mêmes enquêtes, 33 hippopotames (dont 7 jeunes) ont été observés en 2017, sur un
parcours de 150 km, contre 89 en 2015, et 18 en 2016. Cette variation annuelle des effectifs serait
due à leur déplacement hors des zones intensément exploitée par les hommes.
L’avifaune regroupe plusieurs espèces dont la plus grande diversité est concentrée dans le Delta
Intérieur du fleuve Niger qui demeure au Mali une zone d’importance internationale pour les
oiseaux. Un dénombrement effectué en avril 2017 a permis d’identifier 36 espèces d‘oiseaux
d’eau comprenant 12 espèces résidentes, 3 espèces migratrices afro tropicales et 21 espèces
migratrices du paléarctique, alors que les recensements de février des années 2011 et 2012
donnaient respectivement 63 et 65 espèces. Cette différence par rapport au mois de février
Certaines espèces d’oiseaux déclarées rares en 1981 par François Lamarche (Cigogne noire,
Cigogne épiscopale, Avocette, Tournepierre, Grue couronnée, Jabiru du Sénégal) sont de nos
jours très rares dans le delta à cause de la dégradation de leur cadre de vie et du braconnage.
Certaines de ces espèces (grue couronnée, Jabiru du Sénégal) en dépit de leur prise en charge par
la législation malienne sont de plus en plus rares dans le DIN (Rapport de dénombrement des
oiseaux -PDD-DIN/DNEF- Avril 2017)
Dans le Sahel, plus particulièrement dans les cercles de Nioro du Sahel, Banamba et Nara,
l’inventaire relatif à l’avifaune a produit des résultats très intéressants qui fournissent de bonnes
indications sur l’état de l’avifaune de cette zone. L’inventaire a dénombré 2 734 individus répartis
entre 40 espèces. Les espèces les plus fréquemment rencontrées sont le travailleur à bec rouge
(environ 22% de l’effectif total), Moineau gris (15%), Les tourterelles (11%), Bulbul des jardins
(8%), Héron garde bœuf (7%) Bulbul commun (5%) Calao (bec noir + bec rouge) (6), Francolin
d'Afrique (3%). Les espèces rares sont : le Carbucan à poitrine rouge (3 individus dans toute la
zone) la petite outarde (3), le Vautour africain (2), l’Elanion blanche (2), le Milan noir (1) et
l’Hirondelle des rivages (1).
L’impact de la dégradation de l’état de la faune s’est fait sentir particulièrement sur l’écotourisme,
un pan important de l’économie malienne qui a quasiment disparu. A cela s’ajoute le déséquilibre
au sein des écosystèmes et la privation d’une partie de la population d’une importante source de
protéines à laquelle elle avait facilement accès.
Beaucoup d’initiatives sont en cours ou en perspective pour reconstituer le parc faunique du Mali.
En général, la faune terrestre et aérienne bénéficie des multiples actions d’amélioration et de
protection des forêts. Ces initiatives sont renforcées par l’entretient fréquent des pare feu dans les
massifs forestiers (1 027 km), l’observation de mammifères (de 113 individus) et d’oiseaux (660
individus), la poursuite de la création de 2 aires de protection de crocodiles, l’ouverture et/ou le
nettoyage de 1445,4km de pistes forestières dans les aires protégées et aires de conservation, etc.
L’inscription du lac de Sélingué sur la liste des sites Ramsar est un acquis important qui favorisera
le développement des espèces sur ce site à travers des mesures de protection idoines.
La vocation agricole d’un sol qui détermine ses capacités de production végétale, intègre des
exigences physiques (supporter l’inondation), climatiques (équilibre écosystème) et agro-
écologiques pour la pratique des cultures. De façon générale, un bon fonctionnement du système
racinaire de la culture nécessite une certaine aération, une certaine humidité, des températures et la
disponibilité des éléments minéraux.
Les régions naturelles au Mali présentent une grande diversité de sols. Trois grands types de
couvertures pédologiques se distinguent à savoir, (i) celles qui dérivent de matériaux sableux
d’origine éolienne, (ii) celles qui sont caractérisées par l’abondance d’argiles gonflantes et (iii)
celles qui dérivent de glacis ou plateaux cuirassés.
A partir des études réalisées par le PIRT, de la légende révisée de la FAO et des études ponctuelles
de l’IER se dégagent cinq types de sols dominants : ferrugineux tropicaux (peu lessivés et
lessivés), des sols minéraux bruts, des sols peu évolués, des sols brunifiés et des sols
hydromorphes (IER / étude Labo Sep 2016).
La pression agricole sur ces sols a progressivement augmenté. La superficie des terres cultivées est
passée de 1.967.000 ha en 1970/71 à 5.504917 ha en 2016/2017, ce qui représente une augmentation
de +200% qui s'est traduite dans les régions à forte pression démographique par la mise en culture
des terres marginales et/ou forestières, la diminution de la durée des jachères et de la fertilité et par l’
accentuation du phénomène de l'érosion (Rapport (IER /Labo Sep 2016).
En effet, le paysan Malien demande toujours plus à la terre sans s’employer à lui restituer tous les
éléments nécessaires au maintien de sa fertilité. La matière organique est l’un de ces éléments les
moins rendus aux sols alors que c’est elle et elle seule qui est à même d’assurer le maintien des
propriétés physico chimiques et la vie microbienne du sol. Seulement environ 4% des terres
cultivées en moyenne ont reçu la fumure organique de 2015 à 2017 (Suivant les données des
rapports annuels DNA), alors que les résidus de récolte sont de plus en plus exportés des champs
pour d’autres usages (source d’énergie domestique et construction de hangar dans le Seno,
alimentation du bétail, etc.). En monoculture de riz dans les aménagements hydro agricoles, des
hauts rendements sont visés sur la base de formules de fertilisation essentiellement chimiques qui
ne permettent pas elles seules d’assurer durablement la fertilité des sols. La forte pression
Suite à la déforestation, les sols de vastes zones sont aujourd’hui privés de nombreux éléments
essentiels au maintien de leur fertilité. Pour rappel, c’est la forêt qui atténue l’impact des pluies,
freine l’écoulement des eaux de ruissellement et par conséquent l’érosion hydrique. Elle entretient
le micro climat et l’humidité du sol, nécessaires au développement de la vie microbienne et
animale (bactéries, vers de terre, etc.). A travers la chute des feuilles et autres organes morts, la
forêt restitue la matière organique nécessaire au maintien des propriétés physiques, chimiques et
biologiques du sol, etc.
Actuellement, les sols maliens sont caractérisés par une carence en éléments nutritifs majeurs
(surtout Azote et Phosphore), un faible taux de matière organique (60% des sols contiennent
moins de 1%), une faible capacité de rétention d’eau (10-15% de l’eau disponible pour les
plantes). Ils sont aussi peu profonds, sensibles à l’érosion, avec une tendance à acidification (pH
entre 4,6 et 5,8). (Rapport étude pédologique LABO SEP 2015)
Sous l’effet de certaines pratiques culturales et surtout du piétinement du bétail, les horizons
deviennent très sensibles à la déflation éolienne dont le potentiel est très élevé. Ce problème est
aggravé par la disparition de la végétation ligneuse (IER /WAAPP-2A 2016).
On évalue à environ 6,5 t/ha à 30 t/ha la perte annuelle de terres arables en fonction du type de
sol. L’érosion éolienne accélérée des sols dégradés entraine à la formation de dunes provoquant
une réduction de la productivité sur plus de 20.000 ha (MEA-Place de la gestion durable des
terres au Mali- 2007).
Les pertes annuelles moyennes en terres arables du fait de l'érosion hydrique étaient de l’ordre de
6,7 tonnes/ha/an, variant de 1 tonne au Nord à plus de 10 tonnes au Sud dans les années 1989
(Bishop et Allen, 1989). Elles atteignent de nos jours, 32 à 36 tonnes/ha/an à Bougouni, Koutiala
(Région de Sikasso) et Tominian (Région de Ségou) (Rapport IER /WAAPP-2A- Labo-Sep 2016).
On estime que la dégradation des terres coûte à l’économie du Mali, environ 20,9 à 26,5% du PIB,
soit deux fois la dette extérieure du Mali (DNSI 2014).
Pour l’agriculture, la dégradation des sols provoque une diminution considérable de rendement, la
perte de la biodiversité végétale, la réduction des terres cultivables, l’ensablement des cours d’eau,
l’envasement des mares et la perte de revenus agricoles (L.S.E.P 2016).
La question de la dégradation des terres ne passe pas inaperçue au Mali, au regard des multiples
actions et initiatives en cours et en perspective. La Gestion Durable des Terres fait partie de ces
initiatives et constitue un cadre de référence cohérent et précis sur les actions nécessaires au
maintien de la fertilité des sols. Sa mise en œuvre a débouché ces trois dernières années sur
Les actions de CES/DRS enregistrent de plus en plus d’adhésion des producteurs au vu des
réalisations enregistrées dans plusieurs régions. La technique de l’Aménagement en Courbe de
Niveau (ACN) permet la conservation de l’humidité et de la fertilité du sol, la régénération des
arbres et l’augmentation des rendements des cultures.
3.6. L’EAU
Les ressources en eau du Mali sont constituées par les fleuves et leurs affluents, les rivières et
marigots, les nappes superficielles (lacs et mares) et les nappes souterraines qu’alimente
annuellement une pluviométrie aux allures saisonnières et à variabilité spatiale très prononcée.
Elles constituent pour le Mali, l’élément essentiel à l’atteinte de la sécurité alimentaire, notamment
à travers la couverture des besoins en eau potable et la sécurisation des systèmes de production.
Leur contribution dans le processus de transition énergétique est très importante au regard du
potentiel hydroélectrique et de la pression non soutenable sur les formations forestières pour
satisfaire la demande énergétique.
Les ressources en eau supportent beaucoup d’autres activités dont les externalités négatives
contribuent à les dégrader. Il s’agit de l’extraction de l’or, des transports fluviaux, de l’industrie,
de l’artisanat, etc.
Ces multiples usages, ajoutés aux facteurs climatiques, constituent l’essentiel des facteurs qui
influent quantitativement et qualitativement sur les ressources en eau.
Le cas du fleuve Niger : Chronique d’une gestion peu reluisante des eaux de surface au Mali
Le fleuve Niger est le plus grand fleuve et le plus important des cours d’eau au Mali, du point de
vue socio-économique mais aussi par sa longueur et la superficie de son bassin versant. Ce fleuve
parcourt au total 4200 km en Afrique de l’Ouest dont 1 750 km au Mali et bénéficie d’apports de
ses deux principaux affluents que sont le Bani et le Sankarani respectivement longs de 900 Km et
490 Km.
Les fortes chaleurs, l’insolation, les vents violents et chauds, augmentent l’évaporation et
l’évapotranspiration qui, du reste ont été beaucoup accentuées par le changement climatique. Dans
le delta intérieur du Niger on estime que 40 à 50 % des débits d'entrée sont perdus par
évapotranspiration, infiltration irrigation, avec de sérieux problèmes d'environnement.
Les déplacements des dunes de sable causés par l’érosion éolienne et l’ensablement du lit du
fleuve constituent à l’heure actuelle, les plus grandes menaces sur l’existence du fleuve Niger.
Seul un mécanisme de fixation efficace et durable des dunes est à même de sauver le fleuve en
plusieurs endroits et lui permettre d’assurer son régime normal.
Le bassin du fleuve Niger est aussi la cible d’ouvrages de dérivation (barrage de Markala) ou de
retenue d’eau (retenue de Sélengué, seuils de Talo et de Djenné) pour des activités économiques,
notamment la production agricole, aquacole et/ou la production d’électricité. Ces ouvrages ont
considérablement influencé le régime du fleuve et modifié la structure et le fonctionnement des
écosystèmes fluviaux. L’étiage du fleuve Niger en aval de ces ouvrages est souvent si faible
(surtout en année de déficit pluviométrique) que sa traversée en plusieurs endroits se fait sans
recours à un moyen de navigation. A ces grands ouvrages il faut ajouter la multitude de périmètres
irrigués de différentes tailles et d’aménagements aquacoles qui utilisent d’importants volumes
d’eau prélevés soit sur le fleuve soit sur ses affluents ou défluents.
Pour illustrer cette pression, il a été constaté dans le cadre du Projet « Gestion efficace de l’eau
dans le Bassin du Haut Niger 2002-2004 », que la gestion du réservoir de Sélengué «entraînerait
une contraction de la zone inondable maximale du Delta Intérieur de 600 km2. ».
La pollution des eaux du fleuve Niger découle aussi de l’utilisation abusive des intrants agricoles
(pesticides et engrais) dont le contrôle de qualité échappe aux structures compétentes (Faible
capacité d’intervention face à la multiplication des circuits de vente). Ces produits utilisés en
grandes quantités dans les aménagements hydro agricoles et autres périmètres agricoles qui
jalonnent le parcours du fleuve regagnent celui-ci suite au drainage ou au ruissellement.
Le fleuve Niger subit au niveau des grandes villes qu’il traverse, d’énormes agressions telles que
l’occupation anarchique de ses berges et servitudes par des parcelles agricoles, des logements, des
services privés, des grands chantiers de construction, des garages d’automobile et même des
ambassades. Ce type d’agression est très accentué à Bamako où il fait peser sur les riverains, de
gros risques d’inondation ou d’effondrement. De plus, le citoyen malien se trouve privé de son
droit d’accès aux servitudes fluviales du fait que celles-ci sont devenues, contre toute disposition
légale, la propriété des seuls riverains qui y ont accès, de par leurs investissements. (Rapport
occupation illicite des berges du fleuve Niger, ABFN juin 2013)
Ce tableau qui peint la situation du fleuve Niger, est malheureusement le reflet des principales
pressions que subissent les ressources en eau de surface au Mali. Le fleuve Sénégal, le second
grand fleuve du Mali subit les mêmes agressions au niveau de la ville de Kayes, (exemple :
l’abattoir de Kayes déverse directement dans le fleuve, ses eaux usées sans traitement préalable,
tout comme le font tous les ménages riverains du fleuve). Ce fleuve porte sur son parcours malien,
2 barrages (Manantali et Felou) pour la production d’électricité. Plusieurs périmètres irrigués
s’installent progressivement sur ses berges pour la production agricole ; etc.
Par ailleurs, l’engouement pour l’or, manifesté au cours de ces dernières années par une
importante frange de la population s’est traduit entre autres par la prolifération des dragues dans le
Encadré 3 : L’exploitation aurifère par dragage des cours d’eau : Un grand péril sur les
ressources en eau au Mali
(NB : Les informations sont tirées du « rapport d’évaluation des impacts de l’exploitation
aurifère par dragage sur les ressources en eau du Mali » MEADD- 2017)
Plusieurs cours d’eau du Mali sont aujourd’hui victimes de leur richesse en or. Les fleuves Niger
et Sénégal et certains de leurs affluents, particulièrement dans les bassins aurifères sont envahis
par une multitude d’engins appelés dragues, qui utilisent divers mécanismes pour extraire le métal
jaune contenu dans le sable, le gravier et le sol de ces cours d’eau. Deux types de dragues sont
rencontrés au Mali.
La drague suceuse ou aspiratrice est un équipement flottant comprenant entre autres, une
pompe aspirante motorisée sur laquelle est branché un tuyau d'aspiration dont l’embout en bec est
conçu pour permettre à un opérateur en plongée, de racler le fond du cours d’eau. Le mélange
d’eau, de sable, d’alluvions, d’or et autres matériaux, est aspiré et recueilli en surface dans une
trémie, puis lavé au mercure pour obtenir un « amalgame » (or et mercure) qui est ensuite chauffé
afin de recueillir le métal jaune, suite à l’évaporation du mercure.
A ce jour, il n’existe aucune statistique officielle relative à l’exploitation de l’or par dragage. Tout
le monde s’accorde sur l’existence de plusieurs milliers de dragues sur les différents cours d’eau
concernés. Autant dire que l’utilisation des dragues échappe à tout contrôle officiel. On assiste à
un déferlement d’exploitants nationaux et étrangers, à la prolifération des engins et des
associations.
Au plan environnemental, l’huile de vidange des moteurs, le mercure ou le cyanure utilisé pour
traiter le minerai, la défécation à l’air libre que pratiquent les travailleurs en l’absence de latrines,
le déversement des ordures ménagères dans l’eau, etc. constituent autant de facteurs de pollution
des eaux observés sur les sites de dragage. A titre d’exemple, le lit mineur du Baoulé est par
endroit parsemé de flaques d’aspect noirâtre qui indiquent à vue d’œil la gravité de la pollution de
ce fleuve.
Il faut noter que la plupart des dérivés du mercure sont toxiques et dangereux même à très faibles
concentrations. Le mercure peut se bio accumuler dans les organismes vivants, et entraîner un
niveau de toxicité élevé chez les poissons, les oiseaux et les mammifères aquatiques.
Même si les paramètres de pollutions des ressources en eau du Mali respectent globalement à ce
jour les normes admissibles, il n’est pas exclu que la situation s’empire dans un avenir proche, vu
la tendance évolutive des dragues d’exploitation aurifère.
Déjà en 2001, une étude de l’IRD indiquait que les valeurs de turbidités et le taux de matières en
suspension (MES) sont en hausse dans les sous bassins touchés par l’activité d’orpaillage et
atteignent 70-80 NTU. En 2005, HYDRECO démontre la bonne corrélation entre les valeurs de
turbidité et la proximité des sites d’orpaillage.
A travers l’extraction et le transport des minerais d’or, les dragues détruisent le lit mineur et
dégradent les berges des cours d’eau. Les dépôts de sédiments issus du dragage modifient
considérablement le lit des cours d’eau, suite à la formation de nombreux bancs de sable et/ou de
gravier qui affaiblissent les débits, provoquent l’étiage précoce et occasionnent au pire des cas,
l’arrêt des écoulements. En un tour, les dragues à godets peuvent extraire et déposer dans le lit
1500 à 2000 tonnes de matériaux. C’est ainsi que le lit mineur des cours d’eau concernés (Niger,
Baoulé, Bagoué, Falémé, etc.) a disparu, cédant la place à un filet d’eau situé le long de la berge
qui, à son tour est très agressé. Au niveau du Baoulé, de la Bagoé et de la Falémé, l’eau cesse
pratiquement de couler, laissant place à quelques flaques durant une période plus ou moins longue
de l’année.
Tous ces facteurs contribuent à la dégradation des écosystèmes aquatiques. Ils affectent l’activité
biologique et biochimique des organismes aquatiques, notamment par la réduction de la teneur en
oxygène dissous, le pourcentage de saturation, le régime des températures, etc. L’augmentation de
la turbidité de l’eau consécutive au fonctionnement des dragues, perturbe la fonction
chlorophyllienne des plantes par insuffisance ou manque de lumière, diminue le taux d’oxygène
dans l’eau et entraîne progressivement l'asphyxie du milieu. Suite à la sédimentation des particules
en suspension, les branchies des poissons peuvent être bouchées et les zones de frayères,
recouvertes d’où la disparition de plusieurs espèces de poissons et de plantes ayant besoin d'une
eau claire et limpide pour vivre.
Malgré les coûts environnementaux et sociaux du fonctionnement des dragues, on est enclin à se
demander comment cette activité perdure au mépris des textes règlementaires et de la réticence
d’une majeure partie de la population qui aspire simplement à un environnement sain.
Il est difficile de répondre avec certitude et précision à cette interrogation, tant le phénomène du
dragage des cours d’eau pour l’extraction de l’or est complexe, au vu des multiples enjeux et des
diverses implications administratives, politiques et sociales. Pour autant cela devra-t-il justifier
toute inaction, au risque de voir sombrer dans l’incertitude, le destin de ces cours d’eau qui ont
forgé l’histoire du Mali et constituent la base naturelle de son développement durable ?
Actuellement les ressources en eau du Mali sont dans un état critique au regard de l’évolution des
données quantitatives et qualitatives.
La quantité des eaux : un réseau hydrographique bien fourni, mais spatialement mal
réparti.
Le réseau hydrographique comporte les bassins fluviaux du Niger qui s'étend du Sud-Ouest au
Nord–Est sur 300.000 Km², du Sénégal à l'Ouest sur 155.000 Km² et de la Volta au Sud- Est sur
15.392 km² représentée par le Sourou, affluent de la Volta Noire (Mouhoun).
Les deux premiers fleuves qui constituent l’essentiel des ressources en eau de surface pérennes du
pays, ont un potentiel d'écoulement annuel respectif de 46 milliards de m³ à Koulikoro et de 10,5
milliards de m³ à Kayes. Ces fleuves drainent à eux seuls en année moyenne 70 milliards de m3
d’eau, en année humide 110 milliards de m3 et en année sèche 30 milliards de m3 d’eau.
En dehors des deux grands fleuves et leurs affluents, des ressources en eau de surface non
pérennes, estimées à environ 15 milliards de m3, sont exploitées par les populations des régions
éloignées des fleuves. Elles permettent de prolonger ou retarder le tarissement des nappes,
d'augmenter les surfaces irriguées, de couvrir plus ou moins les besoins humains et du cheptel, de
pratiquer le maraîchage de contre-saison, etc. Les eaux de surface pérennes contribuent pour
environ 10 à 15% en volume à l'alimentation en eau des populations, le reste étant couvert par les
eaux souterraines.
Les eaux souterraines sont réparties au Mali entre neuf (9) principaux systèmes aquifères
correspondant aux différents étages stratigraphiques. Selon les types de gisement on distingue : la
catégorie des aquifères de type fissuré semi - continu ou entièrement discontinus, la catégorie des
aquifères de type généralisé et les systèmes aquifères profonds.
Les eaux souterraines du Mali sont estimées à 2 700 milliards de m3 de réserves statiques avec un
taux annuel de renouvellement évalué à 66 milliards de m3 représentant la principale source pour
l'alimentation en eau potable des populations.
Au niveau de tous les points de prélèvement des échantillons, les quantités de métaux lourds
observées sont conformes aux normes requises.
Globalement, toutes les eaux de surface sont de qualité physico-chimique satisfaisante ; elles ne
menacent pas la vie aquatique et peuvent être utilisées dans l’agriculture et l’élevage, aussi comme
eaux de boisson sous réserve d’un traitement adéquat.
Les appréciations ont été faites en référence à la grille d’évaluation ci-après:
Source : Rapport de contrôle de la qualité des eaux des fleuves (Niger et Sénégal) et leurs affluents au
Mali- LNE - Juin 2017
Les tableaux ci-dessous indiquent les valeurs obtenues aux termes des analyses des échantillons
prélevés dans les cours d’eau ciblés.
REGIONS COURS pH Cond T°C O2 mg/L O2% Coul Turb NO2- mg/L NO3- mg/L NH4+ PO43- CN-
D’EAU µs/cm Pt/Co NTU mg/L mg/L mg/L
Sikasso Sankarani 6,75-7,36 26,7 -32,8 29,3 - 2,92- 7,06 41,4- 97 16 -970 1- 81 4,73- 5,67 5,05-5,64 0,34- 4,68 0,001- 0
31,3 0,007
Baoulé 6,85 17 27,1 3,43 50,2 426 190 4,75 5,80 1,72 0,003 0
Bagoé 6,85 34,3 31,1 3,65 54,5 120 10 5,025 5,45 0,61 0,001 0
Ségou Niger 6,89 - 7,66 34,7- 39,4 29,7-32,3 3,27- 7,50 46,3- 23-89 2-5 0,12- 1,40 1,34- 1,38 0,53- 0,73 1,45- 1,58 0,001-0,004
101,6
Banifing 6,20 137,8 32,3 6,20 88,1 120 20 0,134 1,63 0,65 10,163 0,001
Bani 7,18 51 27,7 7,18 97,5 317 38 0,115 1,44 0,55 2,44 0,001
Koulikoro Niger 7,27 - 9,73 31,8- 41,6 31,3- 31,9 6,10-9,74 85,2- 143
30- 130 3- 14 0,001- 0,409 1,986- 2,441 0,51- 1,39 0,001 0,001- 0,003
Bagoé 7,15 43,5 32,1 5,93 83,2 526 30 0,423 7,300 1,52 0,001 0
Baoulé 8,08 83 32,7 7,16 104,3 61 10 0,626 1,673 0,69 0,001 0
Kodadiarra 7,02 31,8 34 3,50 51,2 7020 400 0,001 14,528 12,35 0,001 0,002
Sankarani 7,40 31 30,8 6,11 84,2 21 3 0,330 1,553 0,53 6,7 0,012
Kayes Sénégal 7,53 - 7,73 37-72 30,5- 37 7,09- 7,17 - 17- 29 2- 22 0,001 4,992- 6,176 0,17- 0,28 0,005-0,017
Bafing 7,5- 8,28 37- 81 27,6- 28,6 6,92- 7,19 - 19- 110 1 à 4 0,001- 4,724 5,177- 5,439 0,15- 0,27 - 0,012- 0,019
Bakoye 7,28 -7,76 41- 86 28- 29,3 6,72- 7,03 - 32- 41 1 0,001 4,973- 5,221 0,16- 0,20 - 0,006 à 0,027
Koumbou 7,10 151 26,1 7,14 - 225 25 4,743 5,024 0,36 - 0,005
Darouma 8,09 458 26,4 7,01 - 212 11 0,001 4,955 0,36 - 0,011
Kolimbine 7,62 120 25,7 6,88 - 265 27 4,736 4,970 2,05 - 0,005
Balinn ko 7,56 117 27,6 7,09 - 438 38 0,001 4,951 0,58 - 0,006
Balinn 7,96 133 29,3 6,69 - 28 1 0,001 4,970 2,92 - 0,008
Mopti, Niger/ 6,63- 7,95 35- 60,2 29,7- 32 2,60- 4,58 - 60- 516 11-114 0,001- 5,371 1,456- 2,109 0,09- 3,28 0,001 -
Tombouc- Mopti
Bani 7,01- 7,08 45-137 30,9-33 3,17- 3,95 - 70- 81 16- 20 0,32- 1,068 1,456- 1,574 0,09- 0,11 0,001 -
tou, Gao
Niger/Tbtou 6,50- 7,11 57,6- 130 34,6- 35,2 3,48- 4,7 - 112- 516 41- 114 0,0194- 5,371 1,546- 1,7 0,45- 0,46 0,001 -
Niger/Gao 6,70 80- 245 31,6- 32,4 2,35- 6,70 - 60- 310 11- 51 0,001- 0,082 1,507- 2,109 0,37- 3,28 0,001 -
Source : AEDD suivant les données du rapport de contrôle de la qualité des eaux des fleuves (Niger et Sénégal) et leurs affluents au Mali- LNE - Juin 2017
Quant aux eaux de drainage elles sont de qualité physico chimique acceptable au regard de la
norme malienne, à l’exception d’un seul drain dans lequel la présence de bactéries est très
accentuée (KIO). Aucun échantillon ne présente de résidus de pesticides organochlorés, ni
organophosphorés. La DBO5 et la DCO sont à des niveaux acceptables. Néanmoins, il s’avère
nécessaire de suivre l’évolution de l’ensemble des paramètres de pollutions dans ces eaux (DCO,
DBO5, phosphates, concentrations en oxygène dissout, pourcentage de saturation). (Rapport de
mission relatif au suivi de la qualité des eaux pour le compte de l’office du Niger-LNE- Mai
2017)
Les eaux potables analysées contiennent des métaux lourds mais à des concentrations assez
basses, répondant ainsi aux normes maliennes de l’eau potable. Aucun échantillon des eaux de
consommation ne présente des résidus de pesticides organochlorés, ni organophosphorés.
Toutefois dans certains sites, une contamination microbiologique est constatée d’où la nécessité
d’un traitement bactéricide. Cette contamination peut être due au manque d’hygiène aux alentours
des points d’eaux. (Rapport de mission relatif au suivi de la qualité des eaux pour le compte de
l’office du Niger-LNE- Mai 2017).
L’un des impacts de la pollution des eaux de surface se traduit par la prolifération de plantes
aquatiques invasives défavorables à la vie aquatique, y compris celles d’autres plantes sur les
espaces infestés. (Salvinia molesta, Eichhornia crassipes, Typha autralis et Pistia stratiotes.
(Rapport étude, CARCEG SARL 2005). Ces plantes prolifèrent à la faveur de l’eutrophisation des
plans d’eau consécutive aux rejets de déchets (eaux usées ménagères, artisanales ou industrielles,
excrétas, eaux de drainage, etc.).
Photo 9 : Plan d’eau couvert de laitue d’eau douce (Pistia stratiotes)
Nota : En raison du manque de données sur la période, certaines maladies telles que la fièvre
typhoïde et la dysenterie ont été soustraites du tableau.
Partant de l’évolution du nombre total de nouveaux cas au cours de la période 2005- 2016, on peut
déduire que l’incidence des maladies d’origine hydrique est très importante et enregistre une
progression fulgurante qui culmine à environ quatre millions de cas en 2015, soit un taux
d’augmentation d’environ 260% par rapport au nombre de cas enregistré en 2005. Ce niveau
atteint en 2015 correspond à 23 018 cas pour 100 000 habitants. Les cas de paludisme, de
maladies infectieuses intestinales, de schistosomiases et de de maladies diarrhéiques paraissent les
plus récurrents. Au contraire, on constate une diminution progressive des cas de ver de Guinée
jusqu’à l’éradication totale observée en 2016. Cette tendance découle de l’amélioration de l’accès
des populations à l’eau potable et aux diverses actions menées dans le cadre de la lutte contre le
ver de Guinée.
Des initiatives de grande envergure sont en cours ou en perspective. Dans le cadre du Programme
Sectoriel Eau et Assainissement (PROSEA), les programmes relatifs à la composante « eau »
ambitionnent d’améliorer l’accès à l’eau potable de façon équitable et durable, l’accès à l’eau
pour les autres usages, de favoriser la Gestion Intégrée des Ressources en Eau et d’améliorer la
qualité du service public de l’eau de façon efficace et efficiente.
La mise en œuvre de ce programme a produit entre autre les résultats suivants au titre des années
2015, 2016 et 2017.
Tableau 20 : Evolution des réalisations de la composante eau du PROSEA
ANNEES 2015 2016 2017
INDICATEURS
Nombre de nouveaux EPEM réalisés 1538 1647 2430
Nombre de réhabilitation (EPEM) 535 587 341
Nombre de branchements d’eau SOMAGEP SA 12 428 11 887 13 297
Nombre de villages bénéficiant d’au moins 1 PEM 10 817 10 871 10 888
Proportion de population ayant accès à l’eau potable en milieu rural 63,3% 65,3% 65,3%
Proportion de population ayant accès à l’eau potable en milieu 70,0% 70,6% 74,6%
semi- urbain et urbain
Taux national d’accès à l’eau potable 65,3% 66,9% 68%
Source des données : Rapports d’activités DNH 2015 à 2017; Bases de données SIGMA
(EPEM = Equivalent Point d’Eau Moderne)
Les nouveaux « Equivalent Point d’Eau Moderne » (EPEM) ont enregistré une augmentation de
60%, passant de 1538 EPEM installés au cours de l’année 2015 à 2430 en 2017 si bien que le
nombre de villages bénéficiant d’au moins un (1) PEM est passé de 10 817 en 2015 à 10 888 en
2017, soit une augmentation de 0,65%. Pendant la même période, le nombre de branchements
d’eau SOMAGEP SA est passé de 12 428 en 2015 à 13 297 en 2017 soit environ 7%.
Ces réalisations ont fait passer la proportion de population ayant accès à l’eau potable de 63,3% à
65,3% en milieu rural et de 70% à 74,6% en milieu semi- urbain et urbain entre 2015 et 2017.
En tout état de cause, au-delà des avantages socio-sanitaires, la réalisation des points d’eau
modernes comporte des retombées positives au plan environnemental de par les mesures de
protection et d’assainissement y afférentes, visant à préserver ces eaux de toute forme de
pollution.
A travers le Programme National de Sauvegarde du Fleuve Niger (PNS FN) le Mali entend
maintenir le fleuve Niger dans ses fonctions (économique, environnementale, sociale et de
mobilité) et services. Pour ce faire, diverses actions sont en cours ou en perspective, visant à
Plusieurs réalisations ont été faites telles que l’aménagement des berges et le curage du fleuve
Niger. Les longueurs de berges aménagées (protection mécanique) au titre des années 2015, 2016
et 2017 sont respectivement de 1821, 2 621 et 178 mètres linéaires. (Document Réalisations
ABFN 2005 – 2017). Le faucardage et l’enlèvement des plantes envahissantes sont des actions
quasi permanentes visant à assurer un meilleur fonctionnement des écosystèmes fluviaux et un
meilleur écoulement des eaux.
Source : ABFN
Parallèlement à ces réalisations physiques, plusieurs actions sont menées pour amorcer et
promouvoir un véritable changement de comportement des populations vis-à-vis du fleuve Niger
et de ses ressources. Il s’agit des activités de communication, de sensibilisation et de la
mobilisation sociale autour des enjeux de la sauvegarde du fleuve Niger, animées en langues
nationales à l’aide de supports adaptés (Document Réalisations ABFN 2005 – 2017). A ces
actions, s’ajoutent la formation de 587 acteurs locaux provenant de 238 communes sur le thème
« Aspects de sauvegarde du fleuve Niger et de ses ressources au Mali » (Document Réalisations
ABFN 2005 – 2017).
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Le cadre de vie se définit comme un ensemble de relations nées de la concentration des hommes et
de leurs activités sur un territoire ou espace et à un moment donné.
En milieu urbain, la prolifération des quartiers spontanés avec habitats précaires, l’occupation
anarchique de l’espace, les pollutions dues à l’industrie et aux transports, la mauvaise gestion des
déchets, etc. sont des préoccupations permanentes. Au contraire, le milieu rural offre un cadre de
vie plutôt naturel, soustrait en grande partie des problèmes environnementaux que connaissent les
villes, mais souffre généralement de l’insuffisance voire l’absence de certains services sociaux
tels que l’accès au service de santé, à l’eau potable et à l’électricité.
Les villes du Mali connaissent une croissance rapide. Dans cette dynamique, Bamako se démarque
des autres villes du pays avec une population qui dépasse 13 fois celle de Ségou, la plus grande
ville après la capitale. (Sandrine et al. 2014). Son expansion est exceptionnelle, avec un croît
démographique annuel établi à 4,8 % (RGPH 2009) et à 5,4 % si l’on prend en compte le
débordement de l’agglomération sur la région environnante de Koulikoro, singulièrement sur le
Cercle de Kati qui ceinture les six communes urbaines constitutives du District. (Monique
Bertrand-2012)
La ville s’est aussi étalée jusqu’à absorber plusieurs villages environnants. En effet, suivant le
Schéma Directeur d’Urbanisme (SDU) de 1981, le périmètre de l’extension maximum de Bamako
s’étend sur un rayon de 20 à 30 km et une superficie de 142 000 ha dont un peu moins de 20%
constitués par les six communes. Cette surface, sensée contenir l’urbanisation pour les trente
années à venir comprend le District de Bamako (26 750 ha) et les communes riveraines
appartenant au cercle de Kati (115 250 ha). Malgré les révisions du SDU, les réserves foncières
des communes du District ont toutes été consommées. Aujourd’hui, la tache urbaine dépasse les
frontières administratives et physiques du District de Bamako et s’étend sur les communes
voisines, tel qu’illustrée sur la figure ci-après traçant l’évolution de la ville de 1641 à 2012.
Cette expansion spatiale dont les causes sont multiples7 s’est caractérisée par un développement
anarchique de quartiers périphériques, l’occupation illicite des places publiques, espaces verts,
bas-fonds et berges et par des difficultés de circulation dues à l’état défectueux de plusieurs
infrastructures routières.
Les conséquences au plan environnemental de l’étalement urbain, sont multiples. Il provoque une
réduction de la surface des espaces naturels (donc de la biodiversité) et des espaces agricoles, la
fragmentation des écosystèmes selon les localisations et le mitage du paysage. Sur le sol, ses effets
se traduisent par l’imperméabilisation qui entraîne l’accroissement des risques d’inondation, la
faible recharge des nappes, l’augmentation des coûts d’assainissement, etc. L’étalement urbain est
7
Lire à cet effet, Monique Bertrand « Du District au « grand Bamako » (Mali) : réserves foncières en tension,
gouvernance contestée »- 2012 ; Sandrine et al. « Urbanisation et croissance dans les villes du Mali »-2014
L’accès à l’électricité constitue un facteur important de discrimination entre les villes et les zones
rurales. Bien que cet accès reste partout limité, avec seulement 40% des ménages connectés en
2017, il est nettement plus répandu en ville (86 % en 2017) qu’à la campagne où la connexion à
l’électricité est très faible (25,62 % en 2017).
Le taux d’accès à l’électricité est passé de 34,43 % en 2013 à 40 % en 2017 soit une augmentation
de 7,53 % au cours de ces cinq dernières années (tableau ci-dessous). Dans cet élan, le milieu
urbain creuse l’écart, avec un taux d’accès de 86% en 2017 contre 66,8% en 2013 soit un
accroissement de 19,2% pendant que le milieu rural est à 25,62% en 2017 contre 17,56% en
2013, soit une augmentation de 8 %.
Le taux d’accès de la population à l’eau potable enregistre une évolution croissante de 2013 à
2017 aussi bien en milieu rural qu’en milieu urbain. En 2017, 68% des maliens ont accès à l’eau
potable dont 74,7% en milieu urbain et 65,3% en milieu rural. Les résultats de l’enquête EDSV-M
2012-2013 indiquent que 66% de la population au Mali utilisait une source améliorée d’eau
potable en 2013, dont 93% en milieu urbain et 59% en milieu rural. Selon l’enquête MICS réalisée
en 2015, ces taux sont de 69%, 93% et 63%, respectivement aux niveaux national, urbain et rural.
Au niveau régional, le District de Bamako détient le taux le plus élevé d’accès à l’eau potable en
Ces résultats indiquent un accroissement du niveau d’accès des populations à l’eau potable. Il
s’agit là d’une avancée remarquable dans la recherche de meilleures conditions de vie de la
population. L’impact est d’ailleurs perceptible à travers l’évolution de la prévalence de certaines
maladies hydriques de 2013 à 2016 telles que le choléra dont le nombre de cas enregistrés est
passé de 22 à 0 cas et le ver de Guinée de 11 à 0 cas (SLIS DNS). Toutefois des efforts restent
encore à déployer en milieu rural qui abrite les couches les plus pauvres et les plus vulnérables du
Mali.
Tableau 22 : Evolution du taux d’accès des populations à l’eau potable (2013-2017)
NIVEAU PREVISIONS ET 2013 2014 2015 2016 2017
SPATIAL REALISATIONS
Milieu urbain Cibles OMD/ODD 84,8% 87,8% 90,7% 70,8% 71,8%
Réalisations 69,2% 70,0% 70,6% 70,6% 74,7%
Milieu rural Cibles OMD/ODD 74,8% 76,8% 77,8% 65,5% 67,5%
Réalisations 61,3% 63,7% 63,3% 65,3% 65,3%
National Cibles OMD/ODD 78,3% 80,1% 82,0% 67,0% 68,7%
Réalisations 63,6% 65,5% 65,3% 66,9% 68,0%
Source : Rapport bilan de la DNH-2017
L’accès à l’hygiène est évalué à travers l’utilisation d’installations sanitaires améliorées, le lavage
des mains et le traitement de l’eau à domicile estimés à partir des enquêtes MICS 2015 et EDSV-
M 2012-2013
Le pourcentage des ménages au Mali qui faisait la défécation dans la nature est passé de 14% en
2010 à 11% en 2015. Ce qui signifie que les latrines sont de plus en plus utilisées. Egalement,
33% des ménages utilisaient des toilettes améliorées non partagées avec d’autres ménages alors
que 9% utilisent des toilettes améliorées partagées
Selon la même enquête, 51% des ménages des villes, bénéficiait en plus d’une d’eau potable, des
toilettes améliorées. Ce taux était de 22% en campagne, 28% au niveau national, 56% dans le
District de Bamako et 34% à Kayes.
En 2015, 61 % des ménages au Mali se servaient d’une bouilloire ou d’un bol ou d’un bassin
mobile pour le lavage des mains. Selon les résultats des enquêtes EDSV-M 2012-2013, ce taux
était d’environ 26% en 2013. Le lavage de mains se faisait dans un endroit spécifique pour 12%
des ménages pendant que 29% disposaient pour ce faire, d’un endroit, de l’eau et du savon ou
autre produit.
Selon les résultats des enquêtes EDSV-M 2012-2013, 73% des ménages n’utilisaient aucun moyen
de traitement de l’eau de boisson en 2013. Ce taux était de 81% en milieu urbain, du fait que la
majeure partie de la population a déjà accès à l’eau potable, et de 71% en milieu rural
probablement en raison de la non maîtrise des techniques de traitement et du faible accès aux
produits de traitement de l’eau de boisson. Cependant, 16% des ménages utilisaient plus
fréquemment l’eau de javel ou le chlore comme moyens de traitement de l’eau de boisson alors
que 13% la filtrait au moyen d’un linge ou d’un autre filtre.
Le type de revêtement du sol est déterminant dans l’application des mesures d’hygiène et de
salubrité. Ces mesures sont plus efficaces pour un sol couvert de carrelage ou de ciment que sur
sol recouvert de sable ou autre matériau rudimentaire. Le tableau ci-dessous donne les taux
d’accès des ménages à divers types de revêtement du sol des maisons.
4.6. Les déchets : Des filières théoriquement bien organisées mais mal mises en pratique
par les différents acteurs.
La notion de déchets recouvre toute substance solide, liquide, gazeuse ou tout résidu d’un
processus de production, transformation ou d’utilisation d’autres substances éliminé ou destiné à
être éliminé.
La Politique Nationale d’Assainissement adoptée en 2009, classe les déchets produits au Mali en
trois grandes catégories à savoir : les déchets solides, les déchets liquides et les déchets spéciaux
ou dangereux.
Les déchets solides comprennent les rejets de consistance solide (rejets hospitaliers, ferrailles,
gravats, produits d’élagage, balayures d’origine industrielle et ordures). Leur gestion recourt à une
approche filière au sein de laquelle divers acteurs sont appelés à jouer des rôles précis, de manière
à éviter toute forme de pollution.
Le conditionnement des déchets solides incombe aux ménages qui doivent les recueillir
dans des poubelles ou d’autres récipients répondant aux normes d’hygiène et
d’assainissement.
A certains types de déchets (pesticides obsolètes, déchets biomédicaux, déchets plastiques, etc.)
sont réservés des modes de traitements spéciaux.
Le rappel de ces aspects théoriques paraît nécessaire afin que les lecteurs en dehors du système,
puissent comprendre le fonctionnement théorique de la filière et cerner les défis inhérents à la
gestion actuelle des déchets solides au Mali. L’exemple de la ville de Bamako offre à cet égard
une illustration parfaite.
La quantité moyenne de déchets solides produits à Bamako par personne et par jour est estimée à
0,7 kg (DNACPN-PNA 2009). Pour la seule année 2017, Bamako aurait produit 1 932 224 tonnes
de déchets solides. Le conditionnement de ces déchets par les ménages est confronté à d’énormes
difficultés liées aux conditions économiques (Coûts des poubelles et de la rémunération des GIE,
non accessibles à plusieurs ménages), et aux mauvais comportements individuels. Environ 70.000
concessions du District de Bamako disposent de poubelles répondant aux normes d’hygiène et de
salubrité et sont abonnées à un service de GIE pour l’évacuation des déchets solides (COGIAM-
2017). Les autres déposent leurs ordures soit dans les collecteurs ou caniveaux, soit dans la rue ou
dans des dépôts constitués à leur propre gré. Il s’en suit l’éparpillement des déchets, en particulier
les sachets plastiques, l’obstruction des caniveaux et collecteurs qui, au-delà des risques
d’inondation, entraîne des coûts récurrents et exorbitants de curage.
Pour la pré-collecte des déchets, la ville de Bamako compte 156 GIE sur lesquels 151 sont
fonctionnels, soit environ 465 concessions par GIE. Si ces GIE doivent collecter les quantités
totales de déchets produits en 2017, chacun d’eux aurait en charge, 12 800 tonnes, soit environ 35
tonnes de déchets par jour. Ce qui est de toute évidence au-dessus des capacités des GIE, vu la
nature des moyens et les distances à parcourir pour atteindre les dépôts de transit dont le nombre
est d’ailleurs limité (13 dépôts autorisés dont 5 seulement sont aménagés). La conséquence, c’est
une prolifération de dépôts sauvages de déchets solides, tel qu’illustré par la photo ci-dessous
portant sur un tas de déchets en plein centre de Bamako, dans une rue à grande circulation.
La Collecte et l’Evacuation qui incombent à la mairie centrale du district ne se font pas à hauteur
de souhait. Les déchets solides qui parviennent aux dépôts de transit y séjournent généralement
plus de 72 heures, voire des semaines et des mois pendant lesquels les odeurs qu’ils émettent
provoquent des nuisances olfactives. Ce long séjour des déchets dans les dépôts de transit est
dangereux pour certaines populations qui s’adonnent sans mesures de protection, au tri d’objets de
toute nature, au prix d’énormes risques pour leur santé (blessures, inhalation de gaz,
contamination de maladies liées aux microbes ou germes, etc.).
Photo 12 : Une scène de tri de déchets dans un dépôt de transit d’un quartier du
District de Bamako
L’élimination des déchets constitue l’étape ultime de la gestion des déchets du District de
Bamako. Elle se fait au niveau de la décharge de Noumoubougou, située à environ 35 km de
Bamako, d’une superficie d’environ 52 ha et d’une capacité minimale de 400.000 m3.
Des efforts sont entrepris au niveau national pour offrir à la population malienne un cadre de vie
sain et agréable. Ainsi, une entreprise disposant des moyens adéquats s’est vu confier la collecte et
l’évacuation des déchets d’une bonne partie de la ville de Bamako. Des actions de sensibilisation
sont en cours pour renforcer le conditionnement des déchets solides au niveau des ménages.
En dehors de Bamako, seule la ville de Sikasso dispose d’une décharge construite avec l’appui du
royaume de Belgique. Cet ouvrage d’une très bonne qualité technologique est unique en son genre
au Mali et constitue un formidable atout pour l’assainissement et la dépollution de la ville de
Sikasso (voir encadré ci-dessous).
Encadré 4 : La décharge finale des déchets solides de la ville de Sikasso : une expérience à
généraliser dans les grandes villes du Mali.
Il y a plus d’une décennie, la commune urbaine de Sikasso s’est engagée dans un processus
d’amélioration du cadre de vie de sa population à travers la lutte contre l’insalubrité et la
promotion d’un véritable assainissement de la ville.
Elle a bénéficié à cet effet de l’appui de la Coopération Technique Belge en juin 2014, pour entre
autres, la réalisation d’un Centre d’Enfouissement Technique (CET) en partenariat avec le
Gouvernement de la République du Mali.
Le CET est un ouvrage conçu pour l’élimination des déchets solides par enfouissement et
compactage. L’ouvrage de Sikasso est conçu et réalisé conformément aux normes requises. Divers
équipements assurent le transport, l’épandage et le compactage des déchets destinés à
l’enfouissement.
La réalisation de cet ouvrage a nécessité une organisation conséquente de la filière de gestion des
déchets solides dans la ville de Sikasso se traduisant entre autre par un meilleur fonctionnement
des dépôts de transit des déchets et la réduction du nombre de dépôts sauvages d’ordures.
Cette expérience mérite d’être consolidée et répercutées sur d’autres centres urbains afin
d’optimiser durablement la gestion des déchets solides et améliorer le cadre de vie des populations
au Mali.
La gestion des déchets liquides : Une tendance à l’amélioration grâce à des infrastructures et
actions en cours ou en perspective.
Les déchets liquides regroupent essentiellement les eaux usées domestiques, industrielles et
artisanales, les boues de vidange et les eaux pluviales.
Les eaux usées comprennent les eaux usées ménagères résultant essentiellement du processus
métabolique humain et des activités ménagères et les eaux usées industrielles issues des activités
industrielles, commerciales, artisanales, agricoles ou des établissements de soins.
Quelle que soit leur nature, les eaux usées ne doivent pas être déversées dans les milieux naturels
(espaces, champs, cours d’eau, caniveaux, etc.) ou autres, sans traitement préalable destiné à en
atténuer ou éliminer les impacts négatifs.
Les déchets collectées sont évacuées vers une station où elles subissent le traitement
approprié avant d’être déversées dans la nature ou recyclées à d’autres fins.
Les eaux pluviales quant à elles sont des eaux de ruissellement issue des pluies et n’ayant subi
aucune modification anthropique. Elles nécessitent une prise en compte spécifique liée à leur
évacuation (drainage) et parfois à leur traitement avant rejet dans le milieu naturel.
Dans la pratique, la situation d’ensemble fait ressortir une production d’eaux usées domestiques
estimée à 74 874 m3/jour dans les villes de Bamako, Kayes, Koulikoro, Sikasso et Gao. (Rapport
bilan 2016- DNACPN) et l’insuffisance voire l’inexistence d’ouvrages d’assainissement
appropriés.
A Bamako, les réseaux d'égout conventionnels sont aujourd'hui disséminés dans la ville, sans
inter connexion si bien que chacun de ces systèmes déverse ses eaux usées dans un collecteur
(oued naturel) ou directement dans le fleuve Niger.
Au niveau régional, deux réseaux d’égout ont été construits, l’un à Mopti sur une longueur totale
de 8590 ml pour recevoir les eaux usées de 517 ménages et l’autre à Tombouctou, d’une longueur
de 17 920 ml pour gérer les eaux usées de 764 ménages (Rapport 2016-ANGESEM).
En dehors de ces systèmes, les eaux usées sont évacuées dans la rue, dans les cours d’eau, dans
les caniveaux et collecteurs ou dans un trou creusé dans la cour. Ainsi 51,1% des ménages en
milieu urbain et 77,0% en milieu rural, déversent directement sans traitement leurs eaux usées
dans la nature.
Les déchets liquides industriels sont évalués à 54 000 m3 par an à Bamako, ce qui représente la
capacité optimale des eaux usées industrielles (ANGESEM).
Quant aux boues de vidange, leur volume annuel est estimé à 600 000 m3/an (DNACPN, 2008).
Ces boues proviennent en général des latrines et des fosses septiques. Leur gestion, comme celle
des autres déchets est loin d’être optimale. Elles sont, soit évacuées fréquemment dans les
caniveaux et collecteurs, soit enfouies à l'intérieur ou à l'extérieur des concessions en cas de
vidange manuelle, ou déversées dans les champs, les marigots ou ravins aux alentours des villes
lorsque des camions spiros sont utilisés.
Les eaux pluviales sont drainées par les 911 km de collecteurs et de caniveaux dont le tiers a été
construit avant l’indépendance. (SDAB -2008). L’essentiel des collecteurs et caniveaux est
concentré à Bamako et dans quelques capitales régionales. Malheureusement ce réseau, destiné au
drainage des eaux pluviales sert à évacuer les eaux usées domestiques, industrielles, artisanales. Ils
servent aussi dans plusieurs endroits de dépotoirs des déchets solides
En polluant les rizières ou les cultures maraîchères, les eaux usées domestiques, urbaines et
industrielles mal gérées menacent gravement la santé des consommateurs.
En outre les déchets mal gérés offrent à la ville un aspect peu attrayant et une image peu flatteuse
aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.
Dans le cadre de la gestion des déchets liquides, plusieurs ouvrages individuels d’assainissement
ont été réalisés. Les taux d’accès de la population à des latrines fonctionnelles, aux lavoirs/
puisards fonctionnels et aux Service de vidange directe se sont améliorés et ont été portés
respectivement à 49 %, 4% et 19% en 2015. (DNACPN -Rapports annuels 2014 à 2017). Cet élan
a été boosté par le programme « Assainissement Total Piloté par les Communauté (ATPC) » (voir
encadré n° ci-dessous)
Encadré 5 : Des latrines pour tous : bientôt la fin de défécation à l’air libre au Mali
L’absence de latrines dans plusieurs zones du Mali poussent les communautés à pratiquer la
défécation à l’air libre, dans la nature, y compris aux abords des cours d’eau. En plus des
nuisances olfactives, ces déchets contribuent à la pollution et la contamination des eaux par
ruissellement, la pollution de l’air et la prolifération de vecteurs de maladies, etc.
L’Assainissement Total Piloté par les Communauté (ATPC) est un concept mu en programme qui
vise à réduire le péril fécal découlant de la défécation à l’air libre. Il se définit comme étant une
approche intégrée consistant à encourager la communauté à analyser sa propre situation en matière
d’hygiène et d’assainissement, ses pratiques en matière de défécation et leurs conséquences, afin
de susciter une action collective visant à atteindre et maintenir un état de Fin de la Défécation à
l’Air Libre (FDAL), par la construction de latrines par la communauté sans subvention extérieure.
L’UNICEF demeure le partenaire clé dans le développement de l’ATPC au Mali. Elle a facilité
l’initiation de l’approche et mobilisé d’importants financements pour son expansion à travers des
appuis aux DRACPN ou des accords de partenariat avec des ONG. Au cours de ces 5 années
passées, l’UNICEF a mobilisé d’importants financements auprès des gouvernements du
Danemark, de la Suède, du Canada, des Pays-Bas et des Etats-Unis pour la mise en œuvre de
l’ATPC.
L’ATPC a connu au Mali un essor impressionnant pendant ces dernières années. Au 31 décembre
2017, plus de 3000 personnes ont été formées, 3814 villages sont déclenchés sur lesquels 2849
villages ont éradiqué la défécation à l’air libre, soit une population de 2 171 923 habitants, 91 125
latrines ont été construites et 180 617 réhabilitées. La plupart de ces latrines sont équipées d’un
dispositif de lave-mains fonctionnel. (Rapport 5ième Concertation des acteurs de l’eau et de
l’assainissement -30 mars 2018 DNACPN-US-AID-CARE-UNICEF).
Dans les villages ATPC, l’accès aux latrines privées a presque doublé, la mortalité des enfants de
moins de 5 ans, due aux maladies diarrhéiques a été réduite de 55%, la prévalence des retards de
croissance de 22 % et le risque de déficit pondéral de 35%. (Rapport 5ième Concertation des
acteurs de l’eau et de l’assainissement -30 mars 2018 DNACPN-US-AID-CARE-UNICEF).
Il est prévu de toucher 6258 et de réaliser la fin de défécation à l’air libre sur l’ensemble du
territoire malien dans un proche avenir.
Concernant les ouvrages collectifs, cinq (5) stations d’épurations des eaux usées ont vu le jour de
2015 à 2017, sous l’égide de l’Agence Nationale de Gestion des Stations d’Epuration du Mali qui,
par ailleurs est entrain de réhabiliter la station d’épuration de la ville de Tombouctou.
La construction des stations d’épuration au Mali est une tâche indispensable pour la préservation
de la qualité de l’environnement, plus particulièrement du cadre de vie des populations. En 2016
les stations existantes ont traité 504 000 m3 d’eaux usées industrielles : 272 250 m3 d’eaux usées
des hôpitaux et 162 000 m3 d’eaux usées domestiques (Rapport 2016- ANGESEM) qui auraient
été jetées dans la nature avec tous les risques y afférents (maladies, dégradation des ressources en
eau, nuisances, etc.
Photo 15 : Un bassin de la STEP du Pt G Photo 16 : Un bassin de la STEP de Mopti
Le drainage des eaux pluviales a fait l’objet d’attention particulière, vu les cas d’inondations
récurrentes que connaît le district de Bamako. L’aménagement de deux collecteurs naturels d’une
longueur totale d’environ 9 000 mètres linéaires (y compris un marigot), avec l’appui de KFW et
de PACUM ont amélioré le drainage des eaux de pluies dans plusieurs communes du district de
Bamako.
Les pesticides obsolètes regroupent les substances ou préparations chimiques utilisées dans la lutte
contre les ennemis des cultures et des produits stockés, tombées en désuétude ou détériorées par
suite de mauvaises conditions d’entreposage et/ou de manipulation. Ces produits, ainsi que les
matériels qu’ils ont contaminés (emballages, matériel usagé, etc.) sont considérés comme déchets
spéciaux et constituent un réel danger pour les populations et les animaux.
Les déchets biomédicaux (DBM) sont des déchets issus des différentes activités de santé telles que
les diagnostics, les analyses biomédicales, les vaccins et produits pharmaceutiques périmés et les
soins dans les domaines de la médecine humaine ou vétérinaire. Ces déchets sont générés par les
hôpitaux, les centres de santé de référence (CSRéf), les Centres de Santé Communautaires, et les
structures sanitaires privées ainsi que le LCV et les cliniques vétérinaires.
Les huiles usagées proviennent en majeure partie des centrales électriques ou autres unités
industrielles, des stations-services, des garages automobiles et motos lors des entretiens et dans les
aires de lavage. Leur quantité n’est pas connue.
Ces déchets classés dans la catégorie des déchets spéciaux selon la typologie adoptée dans la
Politique Nationale d’Assainissement du Mali, comprennent (i) les déchets assimilables aux
ordures ménagères (Papier, carton, emballages plastiques, etc.), (ii) les déchets
anatomiques (pièces anatomiques, placentas, etc.), (iii) les déchets infectieux (sang et produits
sanguins incomplètement utilisés ou arrivés à péremption, sérum, etc.), (iv) les déchets
spéciaux (Films de radio, déchets génotoxiques, etc.) et (v) les coupants, les piquants
tranchants (aiguilles, lames de bistouri, etc.).
La mauvaise gestion des déchets biomédicaux comportent plusieurs risques aussi graves les uns
que les autres. Ces risques peuvent être de nature biologique (micro-organismes potentiellement
dangereux susceptibles d’infecter d’autres individus), physique (blessures provoquées par des
objets pointus ou tranchants), chimique (produits radioactifs, composés toxiques tels que le
mercure ou les dioxines) ou environnementaux (Contamination du sol, de l’eau ou de l’air par
des microorganismes pathogènes, des produits chimiques toxiques, des éléments radioactifs ou
autres).
Le mode traitement des déchets biomédicaux couramment pratiqué par les structures sanitaires
au Mali est l’incinération, le plus couramment à l’aide d’incinérateurs de types Montfort, Dragon,
Scorpion, ou EGS. Ces incinérateurs simples sont capables d’atteindre des températures
comprises entre 900 et 1200º C, conseillées par l’OMS pour le traitement des déchets
biomédicaux. Le taux d’incinérateurs fonctionnels dans les centres de santé (Csréf et Cscom ) est
de 57% en 2017.
Certaines structures utilisent les incinérateurs artisanaux métalliques (fûts munis d’une cheminée)
ou en maçonnerie. Dans ce cas, les températures de combustion ne permettent pas l’oxydation
complète des dérivés gazeux agressifs et conduit à l’émission de substances toxiques et de
polluants dangereux tels que les dérivés gazeux acides provenant de plastic et/ou de produits
chimiques (chlore, fluor, soufre, phosphore, azote, etc.), des dioxines, etc.
L’enfouissement sanitaire est aussi un mode de gestion des déchets biomédicaux utilisé par
plusieurs structures sanitaires. Utilisé dans les conditions requises (nappe phréatique est
suffisamment profonde, 15 mètres de toute source d’eau potable profondeur d’enfouissement
Cependant, tel que pratiqué le plus souvent par certains établissements sanitaires, (en l’absence de
fosses étanches et à faible profondeur), l’enfouissement comporte des risques de pollution des sols
et de la nappe phréatique et d’attirance des mouches et d’animaux errants.
Le recyclage est pratiqué dans la quasi-totalité des établissements sanitaires. Il consiste à
récupérer ou recycler certaines catégories de déchets pour d’autres usages (flacons d’eau de Javel,
matériel en verre, contenants sous pression, etc.) pourvu qu’ils ne soient pas contaminés.
La gestion des déchets biomédicaux au Mali est confrontée à un certain nombre de difficultés et
contraintes. Le manque de données fiables ne permet pas de cerner l’ampleur des risques et de
préconiser des solutions idoines. A cela s’ajoutent l’absence de décharge finale des déchets dans la
quasi-totalité des villes, l’insuffisance d’équipements pour le traitement et/ou l’élimination des
déchets biomédicaux dans la plupart des structures de santé, la méconnaissance par les populations
des risques que comporte leur mauvaise gestion, etc. ,
Le concept de risques et catastrophes au Mali recouvre deux aspects en fonction desquels sont
élaborés les éléments de la politique nationale en matière de réduction des risques et de gestion
des catastrophes.
Les risques courants ou ordinaires sont ceux dont la probabilité d’occurrence est forte
mais à conséquences plus ou moins faibles. Les réponses à ces risques s’intègrent dans le
fonctionnement normal des services d’Incendie et de Secours et constituent ainsi la majeure partie
de l’activité opérationnelle des Unités d’Intervention de la Protection civile.
Les risques particuliers sont de faible probabilité d’occurrence mais aux conséquences
très importantes. Les réponses apportées nécessitent très souvent une large coordination et une
mobilisation à l’échelon régional, voire national de personnels et de matériels adaptés. Chaque
risque identifié fait l’objet d’une analyse individuelle spécifique et est comparé aux grilles
nationales établies en retour d’expérience d’accident majeur. Des moyens particuliers et
supplémentaires sont définis pour la couverture de ces risques.
Partout au Mali, la forte concentration de l’habitat, sans recoupement, isolement ou séparation, les
branchements électriques vétustes et souvent entremêlés, le stockage clandestin de produits
dangereux (essence, ou autres produits), au mépris de toutes normes en la matière, la proximité de
nombreux points chauds (cuisine, ou autres), constituent les principaux facteurs qui contribuent à
renforcer la vulnérabilité des quartiers et à les exposer à un fort risque d’incendie.
Les risques particuliers sont nombreux et d’origines diverses. Les risques naturels sont les plus
fréquents au regard du contexte climatique, aggravé ces dernières années par les effets du
changement climatique. Les inondations, les intempéries, les invasions acridiennes, etc. sont des
Les inondations se font de plus en plus spectaculaires et couteuses au Mali. Les dégâts sur les
personnes, les biens et l’environnement sont parfois très importants (Perte en vie humaine,
destruction des plaines cultivables, ravage des concessions destruction des denrées
alimentaires et du cheptel, etc.).
En 2015, les cas d’inondation ont été moins nombreux et les dégâts moins spectaculaires,
mais cependant très graves avec 16 cas enregistrés, 5 décès, 11 blessés, 211 ménages affectés,
1320 sinistrés, 52 tonnes de vivres endommagés, 72 têtes de bétail perdues, 348 maisons
détruites et 21 infrastructures endommagées. (Rapport DNPC- 2015)
D’une manière générale, l’Etat intervient avec promptitude d’une part, à travers une démarche
psychologique consistant en une visite des lieux par les autorités relevant de divers niveaux
administratifs pour réconforter moralement les victimes et d’autre part, en sécurisant les
Au-delà de ces interventions, l’Etat s’est inscrit dans une véritable dynamique de protection
des personnes et des biens à travers l’élaboration et la mise en œuvre d’instruments juridiques
et programmatiques. Sont de ceux-là, la Loi d’orientation sur l’aménagement du territoire, la
Loi de programmation relative à la sécurité intérieure, la Politique Nationale
d’Assainissement et ses cinq stratégies et les plans et schémas directeurs
d’assainissement, dont l’application et/ou la mise en œuvre effective exposera moins les
populations à divers risques et catastrophes.
Parmi les textes règlementaires majeurs en matière de de réduction des risques et de gestion
des catastrophes, on peut citer :
- le décret sur la stratégie nationale de RRC et son plan d’action;
- le décret portant création de la plateforme nationale de réduction des risques de
catastrophes;
- le décret portant organisation des secours (ORSEC);
- le décret portant création du Comité Interministériel de Gestion de Crises et
Catastrophes (CIGC) et autre décret créant ses membres dont le Premier Ministre en
est le Président;
Les précédentes analyses ont mis en exergue une multitude de problématiques inhérentes aux
différentes composantes environnementales. En plus du changement climatique qui demeure
le plus grand défi environnemental de l’heure, le Mali est confronté à un rythme accéléré de
déforestation aux conséquences catastrophiques sur la biodiversité, un niveau alarmant des
menaces sur les cours d’eau, notamment le fleuve Niger, l’érosion et l’appauvrissement des
sols ainsi que la gestion calamiteuse des déchets qui dégrade le cadre de vie des populations.
La situation a atteint un niveau de gravité tel qu’inverser ces tendances semble un idéal
ambitieux, au regard de la taille des enjeux environnementaux inhérents aux activités, de
l’insuffisance des ressources et surtout certains comportements individuels et collectifs qui
frisent actuellement l’irresponsabilité et la démission en matière de protection et
d’amélioration de l’environnement.
Cependant, l’Etat malien s’y emploie, à l’aide d’un certain nombre de dispositifs, d’outils ou
autres moyens mis en place, renforcés par les contributions des Partenaires Techniques et
Financiers, des ONG, etc. dont les apports financiers et les expertises techniques permettent
d’obtenir d’importants résultats, notamment dans la lutte contre le changement climatique et
la désertification, la préservation des ressources naturelles, l’assainissement, etc.
A titre indicatif, l’Assemblée Nationale s’est beaucoup impliquée de 2015 à 2017, dans la
gestion environnementale du pays à travers plusieurs actes majeurs. Parmi ces actes, on peut
citer : l’adoption du projet de loi sur l’interdiction des sachets plastiques, du rapport
d’évaluation de l’état de mise en œuvre et du répertoire des Accords Multilatéraux sur
l’Environnement (AME), les débats relatifs aux questions portant sur l’occupation illicite des
forêts classées, l’attribution de couloir d’orpaillage dans la forêt de Matiogo (Région de
Sikasso), la délocalisation des teinturières sur les berges du fleuve Niger à Bamako, la
décharge de Noumoubougou, l’orpaillage dans le fleuve Falémé (région de Kayes), etc.
Le Haut Conseil des Collectivités (HCC), en tant qu’institution consultée pour donner son
avis motivé sur toutes les questions environnementales qui lui sont soumises et détenant un
réel pouvoir en matière de protection de l’environnement et de gestion des ressources
naturelles. Il s’est beaucoup impliqué dans la mise au point d’un avant-projet de Charte sur
l’Environnement et l’élaboration de nombreux projets relatifs à la gestion des ressources
naturelles et l’Insertion des Jeunes, etc.
En matière de coordination des actions environnementales, des structures telles que le Conseil
National de l’Environnement (C.N.E.) et la coordination au niveau des PTF affichent de plus
en plus de dynamisme. La validation du rapport 2014 sur l’état de l’environnement au Mali, la
réflexion sur la mise en place d’un partenariat entre l’AEDD et les structures de recherche et
l’actualisation de la Politique Nationale de Protection de l’Environnement sont entre autres,
des actes qui témoignent de ce dynamisme. Il en est de même pour la coordination au niveau
des PTF à travers la tenue régulière des rencontres sur l’état d’avancement des projets et
programmes, les requêtes de financement pour de nouveaux projets et programmes, les
missions conjointes, etc.
En plus des lois nationales et leurs règlements, le Mali a signé et ratifié plusieurs textes
internationaux (conventions, accords et traités) relatifs à l’environnement et devenus de facto
des éléments du corpus juridique. La signature de l’accord de Paris sur le climat reste
l’évènement majeur dans la lutte contre le réchauffement climatique, au regard des
engagements pris sur la limitation des émissions de gaz à effet de serre et le soutien aux pays
vulnérables.
En se référant aux données sur les contributions budgétaires de l’Etat et les financements
extérieurs de 2012 à 2016, des Départements en charge de l’environnement et de l’eau, on
s’aperçoit que le financement interne subi quelques fluctuations, mais reste inférieur au
financement extérieur, comme l’indique le graphique ci-dessous.
700000
600000
500000
Financement interne (en millions
400000 F.CFA)
Financement extérieur (en
300000 millions F.CFA)
TOTAL (en millions F.CFA)
200000
100000
0
2012 2013 2014 2015 2016
Les financements extérieurs représentent environ 80% du financement total acquis de 2012 à
2016, soit un montant total de 1 796 902 millions de Francs CFA.). Ces financements sont le
fruit des aides multilatérale et bilatérale dont le nombre s’accroît de plus en plus dans la lutte
contre le changement climatique. Les 92 projets changement climatique mis en œuvre au Mali
de 2014 à 2017 ont coûté 87 908 626 507 de francs CFA, financé par l’extérieur à hauteur
d’environ 99 %.(Rapport de cartographie des projets changement climatiques au Mali- 2014-
2016 ; GIZ). L’aide multilatérale provient principalement de la Banque Mondiale, la Banque
Africaine de Développement, le FIDA, la FAO, le PNUD et l’Union Européenne tandis que
les principaux partenaires bilatéraux traditionnels sont la Suède, la Suisse, l’Allemagne, le
Canada, les Etats-Unis, la France, la Belgique et les Pays-Bas.
Il s’agit de certaines initiatives, loin d’être exhaustives qui participent d’une volonté de
préserver et d’améliorer les ressources naturelles et le cadre de vie des populations.
a) Vers une transition énergétique qui, s’inscrivant dans les stratégies de lutte
contre le changement climatique, épargnera les ressources forestières d’une
exploitation abusive:
La survie des forêts constitue l’une des préoccupations essentielles du Mali, sinon la plus
importante pour le maintien et la préservation de son potentiel écologique et pour cause, les
forêts abritent la plus grande diversité biologique, protègent les sols, atténuent les variations
climatiques, contribuent à la sécurité alimentaire et nutritionnelle ainsi qu’à l’amélioration de
la santé des populations, etc.
Développer les énergies renouvelables et accroître l’accès des populations rurales et urbaines
à l’électricité à moindre coût devient un leitmotiv au Mali. Plusieurs actions importantes sont
en œuvre pour renforcer les capacités de production, d’extension de réseaux, de promotion de
l’électrification en milieu rural et de développement des sources d’énergies renouvelables.
Les investisseurs privés dans les domaines des énergies renouvelables, bénéficient de la
détaxe des équipements solaires depuis plusieurs années. Certaines banques de la place
favorisent l’accès des porteurs de projets d’énergie solaire aux équipements à travers des
modalités de paiement favorables, sans oublier le Fonds de garantie banquier qui s’avère un
véritable instrument de facilitation de l’investissement par le secteur privé.
Le programme « Gestion Décentralisée des Forêts (GEDEFOR) » est l’une de ces initiatives
jugée pertinente au regard du contexte social et politico administratif. Il s’agit de
responsabiliser les collectivités territoriales pour assurer la gestion de proximité des forêts et
d’appuyer les communautés rurales à travers l’offre d’alternatives à l’exploitation abusive
des forêts et la diffusion de technologies de gestion durable des ressources naturelles. Il vise à
« Contribuer de façon intégrée, à la gestion décentralisée des ressources forestières dans le
cadre du développement local »
Il vise à « Contribuer à la gestion durable des ressources naturelles du Mali, en réponse aux
enjeux liés aux changements climatiques. », avec comme objectif spécifique : «Renforcer les
systèmes de gouvernance du secteur forestier et améliorer la couverture forestière dans les
zones ciblées ».
Dans sa démarche, le programme s’appuiera sur les ONG retenues aux termes d’une
procédure de sélection pour réaliser l'amélioration de la couverture forestière au Mali. Les
activités de ces ONG seront régulièrement suivies et évaluées dans le cadre de la mise en
œuvre du programme, afin de capitaliser acquis et réalisations et de les consolider lors de la
capitalisation du projet.
Par ailleurs, la régénération naturelle assistée connaît un véritable essor grâce à la forte
implication des ONG qui en ont fait un véritable cheval de bataille pour la sauvegarde des
ressources forestières au Mali. Cette approche de reforestation est de plus en plus adoptée par
les exploitants à cause de sa simplicité, son faible coût et du fait qu’elle repose sur des
essences autochtones.
Beaucoup d’ONG évoluant en milieu rural au Mali ont des programmes de régénération
naturelle assistée et sont appuyées en cela par des partenaires techniques et financiers. A cet
égard on peut citer l’exemple de l’ONG Sahel ECO qui a réalisé dans la région de Mopti,
6 457 ha de régénération naturelle assistée sur la base d’une densité moyenne de 156 pieds
par ha (Rapport troisième communication Nationale du Mali à la Convention Cadre des
Nations Unies sur les Changements Climatiques -AEDD- 2017)
Pour accompagner le secteur agricole, l’Etat malien lui consent par année 15% du budget
national, un effort appréciable qui témoigne en même temps d’un engagement fort du Mali à
assurer durablement sa sécurité alimentaire.
Cette volonté est affichée par le Mali dans les programmes prioritaires contenus dans ses
annonces au Sommet mondial sur le climat en septembre 2014 à New York dans le cadre de
sa Contribution Déterminée au niveau National (C D N). Ces programmes envisagent en plus
de cet engagement, de développer une agriculture intelligente et résiliente aux changements
climatiques, pour l’aménagement hydro-agricole de 92,000 ha dans le contexte d’une gestion
durable des terres
Au plan pastoral et agro pastoral ces programmes prévoient l’aménagement pastoral résilient
aux changements climatiques visant la matérialisation de 3,300 km d’axes de transhumance
afin de réduire les conflits entre agriculteurs et éleveurs, la réalisation de 21 périmètres et
aires pastorales d’une superficie totale de 400.000 ha.
Par ailleurs, la promotion des cultures fourragères actuellement en cours, peut être considérée
comme un pas important du passage d’un élevage extensif à un élevage intensif plus productif
et moins consommateur de ressources naturelles.
Elle fait l’objet d’un vaste programme financé dans le cadre du WAAP-PPAO et du PAPAM.
En 2016, des parcelles de diffusion de cultures fourragères ont été conduites dans les zones
pastorales et agro pastorales, sur une superficie totale de 8 705,2 ha en plus de la régénération
du bourgou sur 16 943 ha. Ces parcelles ont été ensemencées avec 47 204 Kg de semences,
toutes spéculations confondues, obtenues du WAAPP-PPAAO.
Les quantités de fourrage obtenues (y compris le bourgou) durant la campagne sont estimées à
environ 192 500 tonnes de matières sèches (MS).
La production piscicole a atteint déjà 4 194 tonnes de poisson en 2016. Les régions de Ségou,
Koulikoro et Sikasso demeurent les plus productrices de poisson de pisciculture, grâce au
programme d’élevage intensif en cage flottante à Ségou et Sélingué, aux résultats de
production des grandes fermes privées dans la région de Koulikoro et aux activités du
PRODEFA dans la région de Sikasso. En même temps, la promotion de la pisciculture se
poursuit normalement dans les autres régions.
A cet effet d’importantes initiatives sont en cours ou en perspectives avec pour offrir à la
majeure partie de la population malienne un cadre de vie exempt de toute pollution et
nuisance.
Enfin ce programme offre une opportunité d’emplois découlant du fonctionnement des unités
de conditionnement d’engrais organiques, des stations d’épuration et des circuits privés de
commercialisation (environ 200 emplois directs, 600 emplois indirects et 1500 emplois
saisonniers)
Le danger étant réel et persistant, le Mali et la Banque mondiale ont préparé un nouveau
Projet dénommé Projet d’Elimination & de Prévention des Pesticides Obsolètes au Mali
(PEPPO-Mali) avec pour objectif : « Réduire les risques des stocks de pesticides obsolètes
publics et déchets apparentés et renforcer le cadre institutionnel en vue de la réduction des
risques liés aux pesticides obsolètes ».
Il s’agit concrètement de :
- débarrasser le pays des stocks de pesticides obsolètes et de déchets contaminés
inventoriés;
- décontaminer les sites présentant les plus grands risques afin de préserver la santé et
l’environnement des populations;
- mettre en œuvre un système de prévention de l’accumulation des pesticides et
améliorer le système de gestion des pesticides.
Le fonctionnement simplifié du SNGIE peut se résumer ainsi : (i) la production des données
et informations environnementales par divers producteurs/fournisseurs, (ii) la collecte et le
traitement de ces données par l’unité centrale du système et (iii) la satisfaction des besoins des
utilisateurs.
Poursuivant sur le même élan, la session de mars 2018 recommande de « prendre en compte
dans le PTBA, l’intégration des thématiques liées à l’environnement et au développement
durable dans les curricula de l’enseignement fondamental et de l’enseignement secondaire
général ».
Ces deux recommandations sont les prémisses d’une initiative de grande envergure destinée à
promouvoir un véritable changement de comportement du citoyen malien vis – à – vis de son
Le suivi environnemental au Mali est doté désormais d’un référentiel important dans le
domaine du changement climatique (base de données sur les risques et la vulnérabilité). Les
données satellitaires, les modèles de simulation, les instruments d'observation climatique et
autres équipements acquis, permettent de pallier dans une certaine mesure, le déficit
d’informations environnementales nécessaire au suivi et à la surveillance environnementale.
Le processus d’alignement des Plans d’Actions Nationaux (PAN) du Mali sur le Plan cadre
stratégique décennal 2008-2018 de la Convention Cadre des Nations Unies sur la Lutte contre
la Désertification a abouti à l’intégration des nouveaux enjeux de la convention (neutralité en
matière de dégradation des terres à l’horizon 2030) et la cohérence de ces deux instruments.
Au plan juridique, le Mali s’est engagé dans l’élaboration d’un Code et d’une Charte de
l’environnement. Ces deux outils renforceront le corpus juridique et offriront aux textes
nationaux, des référentiels adéquats qui faciliteront l’appropriation et l’application des
dispositions juridiques relatives à l’environnement. Par ailleurs, les trois conventions de Rio
ont été mise en synergie avec le Fonds pour l’Environnement Mondial et l’intégration des
Objectifs de Développement Durable. La mise en cohérence de ces instruments facilitera leur
mise en œuvre.
Le fonds vert pour le climat, lancé en 2011, est un mécanisme financier de la Convention-
cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, ayant pour objectifs de limiter ou
de réduire les émissions de gaz à effet de serre dans les pays en développement et d’aider les
communautés vulnérables à s’adapter aux impacts déjà ressentis des changements
climatiques.
Il entend apporter une contribution ambitieuse à la réalisation des objectifs d’atténuation et
d’adaptation de la communauté internationale, dans le but de maintenir l’élévation moyenne
de la température de la planète en dessous de 2 °C.
Le FVC intervient dans huit (8) domaines dont les activités contribuent à accroître la
résilience face aux effets de changement climatique.
En matière d’atténuation du changement climatique, sont pris en compte, les domaines qui
contribuent à la réduction des émissions de gaz à effets de serre, tels que :
- La production et l’accès à l’énergie ;
- Le transport ;
- Les forêts et l’affectation des terres ;
- Les bâtiments, les villes, les industries et les équipements.
En matière d’adaptation, les domaines ci-après sont concernés :
- La santé, la sécurité alimentaire et la qualité de l’eau ;
- Les moyens de subsistance des communautés ;
- Les écosystèmes et les services éco-systémiques ;
- Les infrastructures et construction.
Au cours de l’année 2015, le FVC a été capitalisé à hauteur de 10,2 milliards de dollars EU.
Il octroie les fonds sous la forme de dons et de prêts à conditions préférentielles directement
aux entités d'exécutionou de manière indirecte par le biais d'intermédiaires financiers pour
subventionner des activités grâce aux fonds propres et aux garanties. que des institutions
financières.
Son intervention dans les pays se fait à travers l’Autorité Nationale Désignée et les Entités
Accréditées. Au Mali l’autorité nationale désignée est l’Agence de l’Environnement et du
Développement Durable (AEDD) représentée par son Directeur général.
Le Fonds Climat Mali a été créé le 26 janvier 2012 suite à un protocole d’accord signé entre
le gouvernement du Mali et le Bureau des Fonds Multi Partenaire du Programme des Nations-
Unies pour le Développement (Bureau MPTF du PNUD). Il a a été opérationnel en fin 2013,
avec l’appui financier et technique du Royaume de la Suède.
Il doit permettre la mise en œuvre intégrée du cadre stratégique climat pour passer d’une
approche projet à une approche multisectorielle. Le Fonds sert à atteindre les résultats
sectoriels suivants :
- agriculture : favoriser la diversification agricole et soutenir l’accès aux technologies
appropriées pour une meilleure résilience aux effets néfastes des Changements
Climatiques ;
- élevage : promouvoir la conservation des races autochtones et les croisements avec des
races résistantes aux changements Climatiques ;
- pisciculture : promouvoir de nouvelles techniques de piscicultures, en vulgarisant les
techniques de rizi-piscicultures, de cages flottantes, des étangs piscicoles et
l’empoissonnement des mares.
- eau : assurer une gestion intégrée des ressources et promouvoir les techniques de
conservation des eaux et des sols ;
- énergie : promouvoir les énergies renouvelables, et l’efficacité énergétique ;
- foresteries : renverser la tendance à la déforestation ;
Le FCM est un mécanisme à moindre risque et le moyen le plus efficace pour investir des
fonds bilatéraux dans les projets de lutte contre les Changements climatiques. Son mécanisme
est conforme à la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide. Les financements du FCM
sont basés sur le principe que « l'aide doit avoir un impact réel et mesurable sur
développement », c’est pour cette raison que les financements se font suivant un Plan
d’Investissement et un cadre de résultats précis.
Au total sept projets et programmes ont été financés par le Fonds pour un montant total de
6 846 336 USD, dont :
- quatre (4) projets dans le domaine de l’intensification de l’agriculture, de l’élevage, de la
pêche, de l’aviculture, pour un montant 3 467 159 USD ;
- deux (2) projets dans le domaine de la maîtrise de l’eau pour un montant 1 945 345 USD ;
- un projet dans le domaine de la filière énergie et foresterie, pour un montant 846 362
USD.
Ces projets ont un impact réel sur les conditions de vie des populations vulnérables et le
renforcement de leur résilience. A titre d’exemple « le projet d’alimentation en eau potable
La SNFE sera assortie d’un Plan d’action aux termes duquel, le cadre politique de
l’environnement sera revu pour l’adapter aux évolutions actuelles, un programme pluriannuel
de protection de l’environnement sera adopté, un cadre de concertation et de suivi de la mise
en œuvre du programme pluriannuel sera mis en place ainsi qu’un Fonds National de
l’Environnement sous la forme d’un Etablissement Public à caractère Administratif. Le plan
d’action envisage la création des écotaxes par une loi qui fixera les taux, assiettes et modalités
de recouvrement et des concertations avec le secteur privé et le système bancaire pour
promouvoir les investissements privés dans le domaine de la protection de l’environnement.
2. Procéder à une étude diagnostique pour d’une part, repérer les causes profondes du
faible niveau d’application des textes qui constitue la contrainte majeure à la
protection de l’environnement au Mali, et d’autre part, mettre au point une démarche
d’appropriation effective par toutes les catégories d’acteurs, des textes
environnementaux existants et futurs.
9. Mettre en place un dispositif performant de suivi de la qualité de l’air, reposant sur des
normes pertinentes et des ressources humaines, matérielles et financières
conséquentes.
Malgré les multiples difficultés et contraintes, la croissance a affiché une assez bonne
performance qui reste fragile à moyen et long termes, au regard de la dynamique de la
population, caractérisée par un rythme de croissance élevé et des flux migratoires très
prononcé en direction des villes.
Des pressions, telles que l’expansion agricole, les mauvaises pratiques d’élevage et de pêche,
l’exploitation abusive des forêts, l’urbanisation galopante, les rejets artisanaux, industriels et
miniers, les pollutions dues aux transports, etc. persistent et constituent avec le changement
climatique, d’énormes défis au processus de développement durable.
Pour y répondre, plusieurs efforts sont déployés par divers acteurs, mais restent difficilement
appréciables en termes d’impact, à cause de l’insuffisance d’informations et de données
statistiques environnementales. Néanmoins, vu les ouvrages et équipements mis en place, les
actions de renforcement de capacités et les multiples appuis, etc., l’espoir d’un meilleur
environnement est permis au Mali, même si ces acquis sont jugés en deçà des attentes des
populations.
D’importantes initiatives de grande envergure sont en cours ou en perspective pour faire face
aux énormes défis, en plus des réponses ponctuelles aux pressions sur les composantes
environnementales. Elles bénéficient d’un dispositif institutionnel acquis à la cause
environnementale, d’un cadre juridique assez étoffé par plusieurs textes internationaux signés
et ratifiés par le Mali , de plusieurs outils d’orientation et de planification des actions
(Politiques et stratégies), de la diversité de financements et de l’engagement de plusieurs
associations et ONG.
Cela est un passage obligé car le Mali a le devoir de préserver l’environnement pour sa
population et de le léguer aux futures générations, à l’état productif et sain. Cette exigence
implique une prise de conscience collective et un plus fort engagement de l’Etat dans la
résolution des problèmes environnementaux qui sont en passe d’hypothéquer le processus de
développement économique et social.
DNEF 2012 : Rapport état des lieux et évaluation des politiques, plans et programmes par
rapport à la prise en compte de la diversité biologique au Mali
DNEF -2017 : Ciblage des communes d’inventaire forestier communal relatif au résultat
attendu 2 : la capacité opérationnelle de la cellule du SIFOR est renforcée, du
programme AGCC-MALI 2
DNP- 2016 : Etude relative aux effets de l’orpaillage sur la scolarisation des enfants, le
mariage précoce, l’environnement et la propagation des IST/VIH SIDA dans le
cercle de Yanfolila, Région de Sikasso.