2016LEMA1039
2016LEMA1039
2016LEMA1039
Discipline : 60
Spécialité : Acoustique
Unité de recherche : Laboratoire d’Acoustique de l’Université du Maine
Directeur de thèse : Jean-Hugh THOMAS, Maître de conférences HDR (LAUM), Université du Maine
JURY
Rapporteurs : Bernard BONELLO, Directeur de recherche au CNRS, Université Pierre et Marie Curie
Belgacem EL JANI, Professeur, Faculté des Sciences de Monastir
Invité(s) : Hassiba KETATA, Professeure, Institut préparatoire aux études d’ingénieur de Sfax
Nourdin YAAKOUBI, Maître de conférences (LAUM), Université du Maine
2
Table des matières
Remerciement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
Résumé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173
Introduction général . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1
TABLE DES MATIÈRES TABLE DES MATIÈRES
2
TABLE DES MATIÈRES TABLE DES MATIÈRES
3
TABLE DES MATIÈRES TABLE DES MATIÈRES
4
TABLE DES MATIÈRES TABLE DES MATIÈRES
5
Remerciements
Remerciements
6
Résumé
Résumé
abstract
This thesis focuses on the study of multilayered and FGM systems (FGM : Function-
nally Graded Materials). The main purpose of this type of materials is to obtain deposits
with new and innovative features and to increase the fracture toughness. From now on,
FGM have been used in various high technology application. A multilayer system with a
composition gradient of copper and nickel was studied experimentally by the application
of the laser ultrasonics (LU) technique which was coupled to a theoretical study based on
the ordinary differential equations (ODE) and the Stiffness Matrix Method (SMM). This
PhD thesis is organized around four chapters. The first chapter is dedicated to a theore-
tical study of the propagation behavior of surface acoustic wave (SAW) in a multilayer
system with à gradient of properties. Thus, the numerical methods developped for the
7
Résumé
piezoelectric materials (FGPM) are presented. The second chapter is devoted to describe
the setup for making the samples used in this study which were obtained by sputtering
technique. The third chapter presents the experimental study dedicated to the measu-
rement of surface wave velocities in many crystal orientations. The last chapter of the
manuscript presents experimental results, compared to the theoretical results, describing
the dispersive behavior of submicrometer multilayers.
8
Introduction générale
Introduction générale
La technique basée sur les ultrasons laser est une méthode non destructive bien adaptée
à ce genre d’études, le plus souvent en utilisant des ondes acoustiques guidées. Les ultra-
sons laser apportent certains avantages comme l’absence de contact, une bonne résolution
spatiale, une large bande passante et la possibilité d’inspecter des structures à hautes
températures. Cependant, pour des épaisseurs de couche submicrométriques, leur utilisa-
tion nécessite de recourir à des ondes acoustiques à des fréquences de l’ordre du gigahertz.
Le dispositif optique utilisé dans la thèse a permis de satisfaire cette contrainte.
Dans cette thèse, la caractérisation des matériaux étudiés est envisagée selon deux
approches :
1) Une approche numérique, qui traite la propagation des ondes élastiques dans les struc-
tures stratifiées ou à gradient de propriétés. Cette étude repose sur des outils théoriques,
mathématiques et physiques permettant de comprendre les phénomènes fondamentaux
mis en jeu et de fournir les courbes de dispersion des ondes acoustiques de surface au sein
du matériau.
2) Une approche expérimentale, qui s’intéresse à l’élaboration des couches minces, la
génération et à la détection d’ondes acoustiques de type surfacique par des méthodes
9
Introduction générale
Ces deux approches sont développées dans le mémoire de thèse qui se subdivise en
quatre chapitres structurés de la manière suivante :
Au premier chapitre, nous commençons par définir le contexte général de notre étude
qui s’articule autour du contrôle des structures de type FGM (Functionnally Graded Ma-
terials), c’est-à-dire des matériaux à gradient de propriétés, par les ultrasons. Pour aborder
les phénomènes de propagation des ondes élastiques, des rappels généraux sur l’élasticité
dans les milieux non-piézoélectriques et dans les milieux piézoélectriques sont présentés.
Les équations fondamentales de l’acoustique sont également développées. Elle conduisent
à deux méthodes pour modéliser la propagation des ondes élastiques dans les structures
multicouches ou possédant des gradients continus de propriétés, la méthode ODE (Ordi-
nary Differentiel Equation) et la méthode SMM (Stiffness Matrix Method). A partir de ces
méthodes, la propagation des ondes de Lamb et des ondes de surfaces de type Rayleigh est
décrite dans un système piézoélectrique couramment utilisé, formé d’une hétérostructure
film/substrat et d’une plaque, dont les propriétés élastiques et piézoélectriques varient
avec l’épaisseur. L’originalité réside dans la création d’un gradient dû à un changement de
la température lors de l’élaboration du matériau, ce qui représente un FGM relevant de la
réalité.
Au second chapitre, nous détaillons les techniques expérimentales utilisées pour l’élabor-
ation d’une structure de type couche sur substrat en citant quelques unes de leurs appli-
cations, comme la réalisation de composants électroniques et de capteurs. Par la suite, les
différents échantillons élaborés par pulvérisation cathodique au sein de la salle blanche du
LAUM sont présentés. Ceux-ci sont composés d’un bicouche de cuivre/nickel et d’un tri-
couche de cuivre/constantan/nickel subnanométrique déposé sur un substrat de silicium.
Ces échantillons ouvrent la porte de l’étude expérimentale des systèmes FGM à gradient
de composition (alliage).
10
Introduction générale
La thèse a été menée dans le cadre d’une cotutelle entre le laboratoire d’Acoustique de
l’Université du Maine (LAUM) et le laboratoire de Physique des Matériaux de l’Université
de Sfax en Tunisie.
11
Chapitre I
12
I. Matériaux à gradient fonctionnel et leur caractérisation par contrôle non destructif
I.1 Introduction
Les matériaux à gradient fonctionnel sont avant tout des matériaux que l’on peut définir
comme des systèmes multiphasiques multicomposants, présentant des interpénétrations
moléculaires effectives entre eux, mais en rajoutant la notion de variation d’un des réseaux,
chimiquement ou physiquement différent des autres, selon la section de l’échantillon. Ainsi,
ces matériaux à gradient fonctionnel peuvent être schématisés par un empilement d’un
nombre infini de couches, chacune étant une sous-couche à part entière avec sa propre
composition, sa propre séparation de phase, et donc sa propre morphologie et ses propres
13
I. Matériaux à gradient fonctionnel et leur caractérisation par contrôle non destructif
propriétés. Le gradient peut alors présenter n’importe quel profil (linéaire, sinusoı̈dal, pa-
rabolique etc ...) suivant l’application recherchée et la méthode de synthèse utilisée.
Avec le développement des méthodes d’élaboration, les systèmes fonctionnels FGM peuvent
êtres manufacturés comme substrat ou film dans des dispositifs à ondes acoustiques de
surface, communément appelés SAW (Surface Acoustic Waves), basés sur l’intégration
des matériaux piézoélectriques. Dans ce cas, la notion de matériaux à gradient fonction-
nel est étendue aux matériaux piézoélectriques, appelés matériaux à gradient fonctionnel
piézoélectrique (FGPM). Des méthodes fiables sont nécessaires pour la mesure non des-
tructive des propriétés des matériaux de la catégorie FGPM.
Il y a plusieurs procédés de fabrication des FGM et FGPM selon l’application désirée.
Notamment pour les revêtements de surface, les méthodes de dépôt suivantes peuvent
être utilisées [2][3] : CVD (dépôt chimique en phase vapeur), PVD (dépot physique en
phase vapeur), le sputtring, le dépôt par jet plasma...Cette dernière méthode est en
plein développement et concerne la majorité des publications de ces dernières années.
Les barrières thermiques sont la principale contrainte de ce type de revêtement. Shodja et
al. [4] ont étudié les contraintes électromécaniques dans un système FGM/substrat avec un
échauffement au niveau du contact. Il apparait que ce type de solution est plus résistant
à la fatigue thermique et à la fatigue mécanique que les revêtements classiques.
L’autre famille de FGM est constituée des FGM massiques dont la fabrication se fait par
d’autre techniques, par exemple la métallurgie des poudres (frittage) [5].
Les métaux purs ont peu d’utilité dans les applications d’ingénierie à cause de leurs
propriétés. Une application peut par exemple nécessiter un matériau dur et ductile, qui
n’existe pas dans la nature avec ces propriétés. Pour résoudre ce problème, un métal est
combiné avec d’autres métaux ou des couches métalliques selon l’application désirée : {
métal/ métal}, { polymère/ métal}, { polymère/ céramique}, { polymère/ carbone}.
Le passage d’un système bicouche à un gradient de composition, du métal à la céramique,
permet d’accommoder les différences physiques (CDT pour coefficient de dilatation ther-
mique, module d’Young, etc.) de ces deux matériaux permettant ainsi d’améliorer les pro-
priétés thermiques et mécaniques de l’ensemble et de limiter l’apparition de contraintes
résiduelles responsables de la délamination du dépôt. Par exemple, Khor et al, [6] ont
montré que la résistance aux chocs thermiques d’un dépôt à gradient de composition de
14
I. Matériaux à gradient fonctionnel et leur caractérisation par contrôle non destructif
NiCoCrAlY à ZrO2 était cinq fois supérieure à celle d’un dépôt bicouche.
Les dépôts à gradient de propriétés évoluent donc d’un composé à l’autre, mais peuvent
aussi évoluer d’une structure à l’autre, en passant par exemple d’un dépôt dense à un dépôt
poreux ce qui permet une évolution graduelle des propriétés de la couche et notamment
des caractéristiques élastiques et thermiques. On peut alors réaliser un dépôt à gradient de
porosité entraı̂nant, par exemple, une meilleure accommodation des contraintes, ou encore
une augmentation de l’isolation thermique.
Deux voies principales sont utilisées pour la réalisation de FGM, soit en modifiant les
conditions de projection (composition des gaz plasmagènes, intensité d’arc, distance de
tir..), soit en faisant varier la nature et la composition des poudres initialement injectées.
Pour obtenir des dépôts à gradient de porosité, il y a ajout au sein de dépôt d’éléments qui
seront ensuite éliminés par un traitement post thermique. Ces éléments sont couramment
appelés des porogènes (composés organiques, métalliques, céramique fondant...) et sont
très utilisés, par exemple dans l’élaboration de matériaux céramiques pour des applica-
tions médicales et en particulier pour l’élaboration d’os artificiels.
Une fois la couche réalisée, les éléments peuvent être éliminés, soit par pyrolyse, soit par
sublimation entraı̂nant l’apparition de pores ou de fissures. L’intérêt de cette méthode est
de pouvoir faire varier le taux de ces particules au sein de la poudre initiale du matériau à
projeter permettant ainsi de contrôler le pourcentage de porosité et par la suite la variation
du module de Young le long de la couche [7].
15
I. Matériaux à gradient fonctionnel et leur caractérisation par contrôle non destructif
en fonction du type de variation des propriétés mécaniques dans la couche. Schwarzer [10]
a montré qu’une couche avec un module de Young variable selon la profondeur est la plus
adaptée pour protéger une pièce soumise à de fortes contraintes normales et tangentielles
(figure I.1). Cette variation (valeur maximale, épaisseur) doit être adaptée en fonction
des propriétés du substrat et du chargement. Ce type de modulation des propriétés est
maintenant réalisable avec certains matériaux.
Avec ce type de FGM, la résistance à l’usure et une dureté élevée sont simultanément
requises.
16
I. Matériaux à gradient fonctionnel et leur caractérisation par contrôle non destructif
Les ondes élastiques se propageant dans une direction xi au sein d’un solide résultent
du déplacement ui des particules sous l’action d’une force engendrant des contraintes. si
les déformations dans un milieu élastique non piézoélectrique sont petites et réversibles,
la relation entre les contraintes et les déformations est décrite par la loi de Hooke [13] :
où Tij et Skl sont respectivement appelés tenseur des contraintes et tenseur de déformations.
Les coefficients Cijkl forment un tenseur appelé tenseur des constantes élastiques ou des
rigidités élastiques.
L’équation de propagation s’obtient en appliquant le principe de la dynamique :
∂Tik ∂ 2 ui
+ fi = ρ 2 , (I.2)
∂xk ∂t
où fi est la densité de force extérieure par unité de volume suivant l’axe xi , ρ la masse
volumique.
En tenant compte de la loi de Hooke et en négligeant la pesanteur (pas de force extérieure),
l’équation du mouvement dans un solide anisotrope et non piézoélectrique s’écrit :
∂ 2 ul ∂ 2 ul
ρ = C ijkl . (I.3)
∂t2 ∂xj ∂xk
17
I. Matériaux à gradient fonctionnel et leur caractérisation par contrôle non destructif
qui permet d’utiliser ces matériaux comme capteurs (acquisition de signaux). L’effet
piézoélectrique étant réversible, lorsque ces matériaux sont soumis à un champ électrique,
ils se déforment ; c’est l’effet piézoélectrique inverse qui permet de les utiliser comme ac-
tionneurs. Ces deux effets sont illustrés à la figure I.2.
où la matrice sijkl est l’inverse de la matrice Cijkl . Dans le cas d’un cristal piézoélectrique,
→
−
l’application d’un champ extérieur E peut également provoquer une déformation (effet
piézoélectrique inverse). Un terme supplémentaire doit donc être ajouté à la loi précédente :
donnant :
Tij = Cijkl Skl − ekij Ek , (I.6)
où ekij représente le tenseur des constantes piézoélectriques. L’équation (1.5) est la loi de
Hooke généralisée en milieu anisotrope piézoélectrique.
18
I. Matériaux à gradient fonctionnel et leur caractérisation par contrôle non destructif
Nous savons également qu’une déformation mécanique peut engendrer une polarisation
au sein du matériau (effet piézoélectrique direct) : Pi = δijk × Sjk . Cependant l’application
d’un champ électrique peut elle aussi générer une polarisation au sein du matériau :
Pi = εij Ej où εij est le tenseur de permittivité du matériau (εij est symétrique [14]).
→
−
Les composantes du vecteur de polarisation totale D s’écrit donc :
→
−
D est plus communément appelé déplacement électrique ou encore induction électrique.
Le tenseur δijk traduit le couplage électromécanique pour l’effet piézoélectrique direct.
Puisque l’effet piézoélectrique inverse est le réciproque de l’effet piézoélectrique direct, il
est possible de démontrer que le tenseur ekij = δijk :
∂ul ∂φ
Tij = Cijkl + ekij , (I.9)
∂xk ∂xk
∂Dj
= 0. (I.11)
∂xj
∂ 2 ul ∂2φ
ejkl − εjk = 0. (I.12)
∂xj ∂xk ∂xj ∂xk
19
I. Matériaux à gradient fonctionnel et leur caractérisation par contrôle non destructif
Les ondes de surface sont des ondes qui se propagent à la surface des matériaux dans
une épaisseur de l’ordre de quelques longueurs d’onde. La vibration des particules dépend
essentiellement de la nature du milieu et des conditions de propagation. Leurs amplitudes
décroissent exponentiellement à l’intérieur du matériau. Une onde de surface peut se pro-
pager à l’interface entre un matériau solide ou liquide d’une part et l’air ou le vide d’autre
part. C’est une onde de déplacement et de contrainte au sens de la théorie de l’élasticité.
Par exemple, pour un solide cristallin, ce sont les atomes qui se déplacent en fonction du
temps lors du passage de l’onde, bien qu’ils restent en moyenne à la même position. Les
ondes de surface sont celles pour lesquelles le déplacement des particules est notable à la
surface du matériau. Parmi les ondes de surface figurent les ondes de Rayleigh et les ondes
de Love.
Onde de Lamb
Si l’on considère un milieu d’épaisseur finie (cas d’une plaque dans le vide), deux
ondes de surface peuvent se propager sur chacune des interfaces libres lorsque l’épaisseur
de la plaque est grande devant la longueur d’onde λ. Si l’épaisseur de la plaque est du
même ordre de grandeur que λ, alors les ondes résultant du couplage des ondes partielles
aux interfaces solide/vide peuvent se propager dans un matériau homogène isotrope. Ces
ondes de plaque, dites onde de Lamb, sont dispersives et ont la particularité de mettre en
mouvement la totalité de l’épaisseur de la plaque. Ces modes de Lamb sont classés en deux
familles relatives aux symétries du champs de déplacement dans l’épaisseur de la plaque.
On distingue donc les modes symétriques et antisymétriques, dont les déformations sont
respectivement symétriques et antisymétriques dans l’épaisseur de guide (figure I.3).
20
I. Matériaux à gradient fonctionnel et leur caractérisation par contrôle non destructif
Onde de Rayleigh
Ces ondes de surface portent le nom du physicien Lord Rayleigh, qui les a découvertes
en 1885 à l’occasion de ses travaux sur les tremblements de terre [15]. Ces ondes se
propagent à la surface de tout milieu semi infini. Elles trouvent de nombreuses appli-
cations dans le contrôle non destructif des matériaux. Elles sont notamment utilisées
pour l’évaluation aussi bien des contraintes résiduelles que des propriétés thermiques et
mécaniques mais également pour la détection de défauts surfaciques ou subsurfaciques
[16] [17]. Dans le cas d’un milieu isotrope, le déplacement des particules est elliptique et
situé dans le plan sagittal qui forme le plan perpendiculaire à la surface de propagation.
Elles résultent de la composition d’une onde longitudinale de polarisation parallèle à la
surface et d’une onde transversale perpendiculaire à celle-ci. Ces deux ondes se propagent
à la même vitesse (dite vitesse de Rayleigh) indépendamment de la fréquence d’excita-
tion. De même, l’amplitude du mouvement de ces ondes s’atténue très rapidement suivant
l’épaisseur du milieu de propagation [18]. L’énergie de l’onde se concentre essentiellement
sur une profondeur de l’ordre d’une longueur d’onde λR et le déplacement est quasi nul à
partir d’une profondeur de deux longueurs d’onde (figure I.3)
21
I. Matériaux à gradient fonctionnel et leur caractérisation par contrôle non destructif
Figure I.4 – Décroissance des amplitudes des composantes longitudinale (L) et transver-
sale (T) de l’onde de Rayleigh dans le silicium considéré comme isotrope [18].
Onde de Love
Les ondes de Love sont découvertes en 1911 par le physicien et géophysicien Augustus
Love. C’est une onde transversale avec un déplacement des particules parallèle à la sur-
face et perpendiculaire à la direction de déplacement de l’onde. Elle est dispersive et se
propage dans un milieu constitué d’une couche sur un substrat, sous certaines conditions
de symétrie et de vitesse des matériaux. Love a montré que la vitesse de propagation de
l’onde, qui porte son nom, est comprise entre les vitesses transverses des deux milieux.
Les ondes de Love ne peuvent d’ailleurs exister sans perte que si la vitesse transverse du
substrat est supérieure à celle de la couche [13]. Les ondes de Love sont des ondes de
cisaillement et présentent une propriété intéressante : leur célérité dépend du rapport de
leur longueur d’onde à la dimension du milieu dans lequel elles se propagent. De ce fait,
cette célérité dépend de la fréquence ; on dit que ces ondes sont dispersives. Les ondes de
Love permettent de nombreuses applications pour les capteurs car le cisaillement n’est pas
transmis dans les liquides.
Ces ondes acoustiques de surface (Rayleigh et Love) jouent un rôle important dans la
22
I. Matériaux à gradient fonctionnel et leur caractérisation par contrôle non destructif
détection des contraintes résiduelles développées dans les matériaux [20]. En effet, ce type
d’onde pénètre légèrement dans le matériau considéré (de l’ordre de quelques longueurs
d’ondes), ce qui permet de détecter les contraintes résiduelles au niveau des couches. Des
travaux assez récents ont montré que la vitesse de propagation des ondes acoustiques dans
un milieu élastique dépend des contraintes internes existant dans ce matériau [21].
Fahmy et Adler [22] [23] ont exploité les relations constitutives de l’élasticité pour
mettre en place une méthode générale de résolution des problèmes de propagation d’ondes
planes monochromatiques dans les matériaux élastiques. Ils ont cherché à écrire le problème
sous forme matricielle, en posant pour inconnus les déplacements et les contraintes du
système et en ne faisant intervenir comme coefficients que les grandeurs directement
dépendantes des propriétés intrinsèques du matériau, à savoir les vitesses de propaga-
tion des ondes élastiques ainsi que les constantes du matériau. La propagation des ondes
de surface est fondée sur la résolution numérique des équations de propagation.
La résolution numérique des équations de mouvement s’exprime dans un système de co-
ordonnées (x1 , x2 , x3 ) où (x1 , x3 ) désigne le plan sagittal. Le plan (x1 , x2 ) représente la
surface libre pour x3 = 0. La direction de guidage se confond avec l’axe x1 (figure I.5). Les
équations de continuité sont établies numériquement en reprenant le modèle analytique
mais en utilisant une vitesse de phase obtenue par des méthodes d’analyse numérique.
L’idée consiste à proposer une valeur de la vitesse de phase, et à vérifier si cette vi-
tesse permet de satisfaire les équations de propagation, les conditions aux interfaces, et les
conditions aux limites. Le système d’équations de propagation admet une solution générale
sous forme d’ondes planes monochromatiques de pulsation ω et de nombre d’onde k. Les
déplacements ui peuvent s’écrire sous la forme :
avec
l’indice i=1,2,3, indiquant la direction du déplacement,
u0 l’amplitude de déplacement,
Pi la polarisation,
23
I. Matériaux à gradient fonctionnel et leur caractérisation par contrôle non destructif
→
− →
− ω→
−
k le vecteur d’onde avec k = ν n,
ω = 2πf la pulsation,
→
−
n la direction de propagation.
L’état vibratoire dans une couche homogène anisotrope est décrit par 6 ondes planes
monochromatiques de pulsation ω dites ondes partielles. Trois sont dirigées vers le bas et
les trois autres vers le haut (figure I.6).
24
I. Matériaux à gradient fonctionnel et leur caractérisation par contrôle non destructif
La méthode utilisée pour notre étude est celle du formalisme de Stroh [24]. Il est basé
sur la formulation sous forme matricielle des équations différentielles du premier ordre à
partir du vecteur d’état ξ,
U
ξ = , (I.15)
T
où U = [u1 u2 u3 ]T et T = [T13 T23 T33 ]T , sont respectivement les déplacements particu-
laires et le vecteur Ti3 décrivant les contraintes interfaciales. L’exposant (T ) représente
l’opérateur transposé. La solution générale du vecteur d’état peut être représentée sous la
forme suivante :
ξ(x1 , x3 , t) = ξ(x3 ) ei(k1 x1 −ωt) . (I.16)
L’équation régissant l’état du vecteur ξ est donnée par un système d’équations différentielles
introduisant ainsi le tenseur fondamental acoustique A [22] [23] telle que
∂ξ(x3 )
= iAξ. (I.17)
∂x3
En fait le système (1.15) conduit à six équations différentielles couplées conformément aux
blocs du tenseur fondamental acoustique A. Par ailleurs et ayant admis des solutions sous
25
I. Matériaux à gradient fonctionnel et leur caractérisation par contrôle non destructif
forme d’ondes planes, l’équation (I.16) s’identifie à une équation aux valeurs propres. La
diagonalisation conduit à la base des ondes partielles assurant le découplage des équations
différentielles. Les valeurs propres s’identifient à l’ensemble des inconnues k3 . Les vecteurs
propres définissent des matrices permettant de remonter aux déplacements et contraintes
au niveau des interfaces x3 = 0 et x3 = −h. Les ondes partielles au nombre de six, se sub-
divisent en trois ondes ascendantes et trois ondes descendantes (fig I.6). la reconnaissance
de ces deux types d’ondes s’effectue généralement à travers le signe de la valeur propre
correspondante k3 .
En passant par un développement de la loi de Hooke et en intégrant les équations (I.13)
aux équations (I.3) (voir Annexe A), on obtient le système d’équations
∂U −1 −1
−k Γ Γ
1 33 31 −iΓ 33 U
∂x3 = i . (I.18)
∂T
∂x3 −i(Γ11 − Γ13 Γ−1 2 2 −1
33 Γ31 )k1 + iρω I −ik1 Γ13 Γ33 T
La matrice (1.18) comprend toute l’information nécessaire au calcul des ondes partielles
dans un solide non piézoélectrique avec I la matrice unité, Γik les matrices 3×3 formées à
partir des constantes élastiques, (voir Annexe A) telles que
C1i1k C1i2k C1i3k
Γik = C2i1k C2i2k C2i3k . (I.20)
C3i1k C3i2k C3i3k
Nous nous intéressons au cas des matériaux piézoélectriques. Le même modèle ana-
lytique va être considéré mais la résolution des équation de mouvement et de continuité
va se faire en tenant compte des propriétés piézoélectriques du matériau. La formula-
tion de Fahmy-Adler, nous a permis d’écrire l’équation de propagation des ondes planes
dans un solide piézoélectrique en exprimant les tenseurs de contraintes et de déplacements
généralisés en fonction des composantes des tenseurs élastique, piézoélectrique et diélectriq-
ue du matériau. Reprenons le système général d’équations décrivant la propagation d’une
26
I. Matériaux à gradient fonctionnel et leur caractérisation par contrôle non destructif
onde dans un cristal anisotrope piézoélectrique (équations (I.9) et (I.11)). Dans ce cas,
huit ondes planes monochromatiques se propagent dans le milieu, quatre dirigées vers le
bas (+x3 ) et quatre vers le haut (−x3 ).
La méthode employée dans l’étude théorique est celle des équations différentielles ordi-
naires (ODE). Cette méthode est développée pour un matériau piézoélectrique en posant
φ = u4 :
∂ul ∂u4
Tij = Cijkl + ekij , (I.21)
∂xk ∂xk
∂ul ∂u4
Tij = ejkl − εjk . (I.22)
∂xk ∂xk
U
Cette fois ci, le vecteur d’état ξ est défini par ξ = avec U = [u1 u2 u3 u4 ]T , T =
T
[T13 T23 T33 D3 ]T et le déplacement de l’onde plane dans ce milieu est la somme de huit
déplacements partiels :
8
→
− →
−
X
u = u n. (I.23)
n=1
Le développement des équations de la piézoélectricité est détaillé dans l’Annexe A. Le
tenseur fondamental acoustique A peut être écrit pour un milieu piézoélectrique, comme
suit :
−k1 Γ−1
33 Γ31 −iΓ−1
33
A= , (I.24)
−i(Γ11 − Γ13 Γ−1 2 2 −1
33 Γ31 )k1 + iρω I −ik1 Γ13 Γ33
où les sous matrices Γik (4×4) (i = 1, 3 et k = 1, 3) dépendent des constantes élastique,
diélectrique et piézoélectrique du matériau :
C1i1k C1i2k C1i3k ek1i
C2i1k C2i2k C2i3k ek2i
Γik =
.
(I.25)
C3i1k C3i2k C3i3k ek3i
ei1k ei2k ei3k −εik
Les conditions aux limites dépendent essentiellement de la nature des surfaces supérieure
et inférieure du milieu : compte tenu de la faible densité de l’air comparativement à celle
des matériaux solides, on peut considérer, au cours de la propagation, les surfaces libres
du milieu, libres de toute contrainte, ce qui simplifie le calcul. Les conditions aux limites
27
I. Matériaux à gradient fonctionnel et leur caractérisation par contrôle non destructif
du milieu libre, s’écrivent alors en annulant les contraintes normales et tangentielles sur
les surfaces libres [25].
Pour décrire les ondes de surface dans un milieu piézoélectrique, les conditions aux
limites électriques doivent être satisfaites. Deux configurations d’états électriques, sont
prises en considération dans cette étude : circuit ouvert et court circuit.
Considérant le cas général des conditions aux limites électriques sur les surfaces libres :
vide/matériau piézoélectrique (x3 = −h, x3 = 0), les densités surfaciques de charge σ0 et
σ−h sont égales à la discontinuité du vecteur déplacement électrique D3 à travers cette
surface :
σ0 = D3 (x3 = 0+ ) − D3 (x3 = 0− ), (I.29)
où : D3 (x3 = 0− ), D3 (x3 = −h+ ) sont les déplacements électriques à l’intérieur du milieu
piézoélectrique, et D3 (x3 = 0+ ), D3 (x3 = −h− ) sont les déplacements juste en dehors du
matériau piézoélectrique.
Hors de la plaque, dans les régions vides, le potentiel électrique D3 est lié, du coté du vide,
au potentiel φ par les relations
28
I. Matériaux à gradient fonctionnel et leur caractérisation par contrôle non destructif
Par la suite, deux conditions aux limites électriques possibles sont considérées :
– La surface subit une métallisation (court-circuit (cc)), correspondant à l’annulation
du potentiel électrique :
φ(x3 = −h) = 0, (I.35)
φ(x3 = 0) = 0. (I.36)
σ(x3 = 0) = 0. (I.38)
Les résultats (I.31-34) sont obtenus par application de la loi de Laplace ∆φ = 0 aussi bien
dans la plaque que dans son voisinage.
Dans la partie précédente, les caractéristiques des ondes de surface dans un milieu
homogène fini libre ont été rappelées . Cette partie s’intéresse à la propagation de ces
ondes dans une structure de couche mince sur substrat, comme illustré en figure I.7. Les
interfaces couche-substrat et couche-surface libre se trouvent respectivement en x3 = 0 et
x3 = −h.
29
I. Matériaux à gradient fonctionnel et leur caractérisation par contrôle non destructif
f
Le film est d’épaisseur h, de masse volumique ρf , de tenseur de rigidité Cijkl , déposé sur
un substrat semi infini, de masse volumique ρs et de tenseur de rigidité Cijkl
s .
Figure I.7 – Système d’axes pour l’étude de la propagation dans une hétéro-structure.
Les paramètres et les variables liés au substrat seront désormais notés avec un expo-
sant ′ s′ , ceux liés au film guidant avec un exposant ′ f ′ . Le système de coordonnées est
celui utilisé précédemment (figure I.4), avec (x1 , x2 ) la surface libre, x1 la direction de
propagation, l’axe x3 orienté positivement vers le substrat semi-infini.
Comme pour le cas précédent (milieu fini homogène), dans le film se propagent six
ondes partielles (voir figure I.7). Ces ondes forment une base. Le déplacement global d’une
particule, dans la couche, sera la somme des déplacements partiels dus à chacune des six
ondes partielles :
3
[u+f
X −f
Uf = j + uj ], (I.39)
j=1
u−f −f −f −f
j = Aj Pj exp(ik3 x3 ) × exp(i(k1 x1 − ωt)). (I.41)
30
I. Matériaux à gradient fonctionnel et leur caractérisation par contrôle non destructif
sont :
3
[Tj+f + Tj−f ],
X
Tf = (I.42)
j=1
f f f T
avec Tf = [T13 T23 T33 ] ,
et
Tj+f = A+f +f +f
j dj exp(ik3 x3 ) × exp(i(k1 x1 − ωt)), (I.43)
Tj−f = A−f −f −f
j dj exp(ik3 x3 ) × exp(i(k1 x1 − ωt)). (I.44)
Dans le milieu semi-infini (le substrat), l’amplitude de l’onde recherchée doit tendre
vers zéro lorsque la profondeur tend vers l’infini. Or les amplitudes des ondes réfléchies (-)
augmentent exponentiellement avec la profondeur. Elles doivent donc être éliminées. Ainsi
seules les ondes incidentes (+) sont prises en compte. L’onde recherchée dans le milieu
semi-infini s’écrit sous la forme suivante :
3
X
Us = u+s
j , (I.45)
j=1
31
I. Matériaux à gradient fonctionnel et leur caractérisation par contrôle non destructif
Tj+s = A+s +s +s
j dj exp(ik3 x3 ) × exp(i(k1 x1 − ωt)). (I.48)
La résolution du tenseur des conditions aux limites permet d’obtenir les amplitudes rela-
tives Aj de chacune de ces ondes.
La présence d’un film, sur la surface d’un substrat semi-infini, perturbe l’onde de sur-
face qui devient dispersive, sa vitesse de propagation dépend alors de la fréquence. La
dispersion des ondes de surface dans les structures de type couche sur substrat a initiale-
ment été analysée par Brimwhich [26] et a largement été étudiée depuis [27], [28].
Les conditions aux limites et les relations de continuité dépendent de la nature de l’in-
terface entre la couche et le substrat. Ici, le contact entre les deux milieux est supposé
parfait. Les déplacements et les contraintes sont alors continus le long de l’interface entre
les deux matériaux.
f s
T31 = T31 , (I.52)
f s
T32 = T32 , (I.53)
f s
T33 = T33 . (I.54)
32
I. Matériaux à gradient fonctionnel et leur caractérisation par contrôle non destructif
Rappelons que dans le film, six ondes partielles sont combinées tandis que dans le substrat,
seulement 3 le sont.
I.4.3 Ondes de Rayleigh dans les structures de type couche mince sur
substrat
L’onde de Rayleigh, comme rappelé dans le paragraphe (I.3.3), ne présente pas d’ef-
fet dispersif lors de sa propagation dans un milieu semi-infini homogène, sa vitesse de
propagation est indépendante de la fréquence [16], [20]. Cette vitesse ne dépend que des
caractéristiques élastiques du matériau à la surface duquel l’onde se propage.
Au contraire, la présence d’un film sur la surface d’un substrat semi-infini perturbe l’onde
de Rayleigh qui devient dispersive. Sa vitesse de propagation dépend alors de la fréquence.
L’examen de certains solides permet la réduction des matrices impliquées dans la résolution
du système d’équations différentielles de la méthode ODE. En effet, la rotation du solide
anisotrope modifie totalement ses propriétés élastiques (piézoélectrique et diélectrique pour
un solide piézoélectrique). Un changement de base est alors effectué, de la base cristallo-
graphique (BC) vers la base de travail (BT).
Le découplage entre les différentes ondes partielles se propageant dans un solide peut
être contrôlé aisément au niveau du tenseur fondamental acoustique A. Pour un solide
caractérisé par :
– le plan sagittal parallèle à un plan miroir : une onde de Rayleigh dont les composantes
suivant les axes x1 et x3 sont couplées et découplées de la composante transversale
suivant l’axe x2 se polarise dans le plan sagittal. Dans ce cas l’onde de Rayleigh est
représentée par la matrice Γik :
C1i1k C1i3k
Γik = . (I.56)
C3i1k C3i3k
Le tenseur fondamental acoustique devient de dimension (4 × 4), le vecteur d’état
est : ξ = [u1 u3 T13 T33 ]T .
33
I. Matériaux à gradient fonctionnel et leur caractérisation par contrôle non destructif
– le plan sagittal perpendiculaire à un axe d’ordre deux : une onde de Love polarisée
transverse horizontale suivant l’axe x2 est représentée par :
Γik = C2i2k . (I.57)
Pour une combinaison couche-substrat, il existe deux limites extrêmes des vitesses
transverses utiles pour déterminer la pente de la courbe de dispersion. Soit VT′ et VT les
√
vitesses transversales respectives de la couche et du substrat, les limites sont VT′ = 2VT
et VT′ = √1 VT [30].
2
Figure I.9 – Domaines d’existence des cas Loading et Stiffening pour un matériau
′ /C
isotrope en fonction des rapports C44 ′
44 et ρ /ρ [30] [18].
34
I. Matériaux à gradient fonctionnel et leur caractérisation par contrôle non destructif
La figure I.10 illustre les différents cas. Pour le cas Stiffening, Schneider [31] a pris
un matériau composé d’une couche de diamand d’épaisseur 5 µm déposée sur un sub-
strat de silicium. Pour cette structure, la pente de la courbe de dispersion est positive
puisque le rapport des vitesses transversales est supérieur à la limite du cas Stiffening
√
VTdiamand /VTsilicium > 2 (figure I.10 (b)).
Il apparait que pour cette combinaison de matériau, un seul mode de Rayleigh peut se
propager et ceci jusqu’à une certaine fréquence. La courbe de dispersion de la vitesse de
35
I. Matériaux à gradient fonctionnel et leur caractérisation par contrôle non destructif
I.5.1 Historique
La propagation d’ondes dans des milieux inhomogènes multicouches, dont les propriétés
élastiques varient continument avec l’espace, est étudiée (figure I.11). Il s’agit de discrétiser
le milieu et de modéliser la propagation d’ondes.
La modélisation est classiquement effectuée à travers une résolution matricielle de la ma-
trice de transfert proposée par Thomson [32] et Haskell [33]. Cependant, cette méthode in-
tuitive présente des instabilités numériques lorsque l’épaisseur de la couche ou la fréquence
devient élevée. Ces questions d’instabilité ont donné lieu à d’intenses recherches pour pro-
poser des variantes de la méthode de Thomson-Haskell : méthode de la matrice delta
généralisée par Casting et Hosten [34] pour les multicouches monocliniques, méthode dite
réverbérante d’onde très utilisée en sismologie [35], etc. Nous avons choisi la méthode dite
de la matrice de rigidité récursive [36] qui combine les avantages d’éviter les instabilités
numériques tout en conservant une simplicité d’implémentation et des coûts de calcul
comparables à ceux de la méthode de la matrice de transfert. Cette méthode développée
par Rokhlin et Wang pour les milieux élastiques anisotropes est ici étendue aux milieux
multicouches piézoélectriques élastiques afin de déterminer les vitesses de propagation des
ondes de Lamb et des ondes de surface de type Rayleigh dans les homostructures (plaques
minces) et les hétérostructures (couche mince/ substrat).
36
I. Matériaux à gradient fonctionnel et leur caractérisation par contrôle non destructif
Cette méthode, développée par Thomson puis par Haskell, consiste à exprimer dans une
matrice dite de transfert les déplacements et les contraintes à la surface supérieure d’une
couche en fonction des déplacements et contraintes à la surface inférieure de cette même
couche. Une matrice de transfert est alors obtenue pour chacune des couches. Le couplage
de toutes ces matrices de transfert permet ainsi de décrire les champs de déplacements
et de contraintes de la structure globale, en tenant compte des différentes condition aux
limites entre les couches ou sur les surfaces libres.
La technique de la matrice de transfert consiste alors à construire une matrice carrée qui
relie le vecteur d’état, défini précédemment (I.14), d’une surface de la structure à celui de
l’autre surface. Cette méthode est rappelée et détaillée en annexe B.
L’équation (I.13), représentant les déplacements mécaniques des six ondes partielles
de la couche ’m’ d’épaisseur hm , s’exprime sous forme matricielle de telle sorte que les
37
I. Matériaux à gradient fonctionnel et leur caractérisation par contrôle non destructif
avec P ± =(P1± ,P2± ,P3± ) les matrices (3×3) de polarisation et H ± les matrices diagonales
(3×3) de déphasage qui s’écrivent sous la forme suivante :
+1
H + = Diag(eik3 hm , eik3+2 hm , eik3+3 hm ),
−1
H − = Diag(eik3 hm , eik3−2 hm , eik3−3 hm ).
avec D ± =(d± ± ±
1 ,d2 ,d3 ), les matrices (3×3) des contraintes.
(d± ± ′ ′ ′ ′
j )m = (Ci3kl kk Pl )m . L’indice m représente les propriétés de la couche m .
Les équations (1.56) et (1.57), qui relient les déplacements et les contraintes dans une
couche aux amplitudes de déplacement Am , entraı̂nent :
−1
Tm− D+ D−H − P+ P −H − u−
= m , (I.60)
Tm+ D+H + D− P +H + P− u+
m
avec
11 K 12
Km m
Km = . (I.62)
21 K 22
Km m
Pour trouver la matrice de raideur globale à travers tout le milieu, l’algorithme de calcul
récursif, développé par Wang et Rocklin [6], est utilisé en passant par deux étapes : la
38
I. Matériaux à gradient fonctionnel et leur caractérisation par contrôle non destructif
matrice de raideur est calculée à travers une cellule, puis à travers le multicouche. Cette
méthode est basée sur la continuité des déplacements et des contraintes pour chaque
interface du système.
Soit deux couches voisines, m = 1 et m = 2, comme indiqué à la figure (I.11), la matrice
de raideur de la couche ′ 1′ , K 1 telle que
T1− K111 K112 u−
= 1 , (I.64)
T1+ K121 K122 u+
1
+ + + +
En reliant T1− et u−
1 avec T2 et u2 en utilisant T1 =T2 dans les équations (I.63) et (I.64),
Cette méthode récursive sera utilisée par récurrence pour combiner les couches voisines
deux à deux jusqu’à l’obtention de la matrice de raideur globale KT pour un système conte-
nant N couches. La matrice de Stiffness globale relie les déplacements entre les interfaces
x3 = −h et x3 = 0 selon
T U
−h = KT −h . (I.67)
T0 U0
Pour un milieu semi-infini (substrat), la matrice de Stiffness Ks relie les déplacements et
les contraintes à l’interface (x3 = 0)selon
Ts = Ks Us . (I.68)
T−h = (KT12 − KT11 (KT21 )−1 KT22 )Us + KT11 (KT21 )−1 Ts , (I.69)
39
I. Matériaux à gradient fonctionnel et leur caractérisation par contrôle non destructif
Ts et Us ont trois composantes correspondant aux ondes partielles dans le substrat Vue
l’absence d’ondes partielle retour dans le substrat, le dimensionnement est ainsi réduit de
moitié.
La vitesse de phase d’une onde plane se propageant dans la structure couche/substrat de
propriété non piézoélectrique correspond au minimum du déterminant de T−h [38].
Cette méthode consiste à relier les vecteurs déplacements en haut et en bas d’une
couche avec les contraintes. Pour un milieu piézoélectrique, l’équation (I.23) représentant
les déplacements mécaniques des huit ondes partielles de la couche ′ m′ , est décrite sous
forme matricielle telle que :
u− P + −
P H − A+
m = m . (I.71)
u+
m P +H + P− A−
m
avec P ± =(P1± ,P2± ,P3± ,P4± )les matrices (4×4) de polarisation et H ± les matrices diagonales
de déphasage qui s’écrivent sous la forme suivante :
+1
H + = Diag(eik3 hm , eik3+2 hm , eik3+3 hm , eik4+4 hm ),
−1
H − = Diag(eik3 hm , eik3−2 hm , eik3−3 hm , eik3−4 hm )
avec D ± =(d± ± ± ±
1 ,d2 ,d3 ,d4 ), les matrices (4×4) de contraintes.
La matrice de raideur pour un milieu piézoélectrique est donc de dimension (8×8) d’après
−1
Tm− D+ D−H − P+ P −H − u−
= m . (I.73)
Tm+ D+H + D− P +H + P− u+
m
Par la suite les contraintes à la surface libre T−h s’expriment en fonction des déplacements
du même niveau par
T−h = (KT12 − KT11 (KT21 )−1 KT22 )Us + KT11 (KT21 )−1 Ts , (I.74)
40
I. Matériaux à gradient fonctionnel et leur caractérisation par contrôle non destructif
avec
T
13
T23
T−h =
, (I.76)
T33
D3
−h
et
u1
u2
U−h =
. (I.77)
u3
φ
−h
Deux matrices Mcc et Mco relatives aux deux types de polarisation circuit-ouvert (co) et
court-circuit (cc) sont maintenant introduites. Elle définissent dans le base AS un système
d’équations linéaires et sans second membre. L’ annulation du déterminant de chacune des
matrices, permet de remonter au comportement dispersif du système, c’est-à-dire au lien
entre la fréquence et la vitesse de phase.
T
i3
= Mco AS , (I.78)
σ
−h
Ti3
= Mcc AS , (I.79)
φ
−h
avec
T−h (1 : 3, :)
Mco = , (I.80)
Th (4, :) + ε0 k1 u−h (4, :)
T−h (1 : 3, :)
Mcc = . (I.81)
u−h (4, :)
41
I. Matériaux à gradient fonctionnel et leur caractérisation par contrôle non destructif
42
I. Matériaux à gradient fonctionnel et leur caractérisation par contrôle non destructif
Le calcul des vitesses de phase de l’onde de surface pour un matériau anisotrope met
en jeu la complicité des équations. Ce problème n’admet pas de solution analytique connue
comme dans le cas de matériaux isotropes. La procédure de calcul est donc entièrement
numérique et s’inspire des travaux menés par Farnell [40]. La valeur VR de la vitesse mini-
misant le déterminant de la matrice des conditions de continuité Mcc ou Mco est recherchée
parmi un ensemble de valeurs possibles Vmin < V < Vmax par itérations successives.
Le modèle numérique développé pour étudier la propagation des ondes de surface dans un
milieu hétérogène (multicouche, FGPM), est implémenté par des sous programmes Matlab
qui accomplissent les tâches suivantes :
– Calcul des tenseurs de rigidité (des tenseurs électriques pour un milieu piézoélectrique)
dans n’importe quelle base de travail.
– Détermination du tenseur acoustique fondamental A.
– Détermination des matrices de polarisation et des matrices de contraintes.
– Application de la méthode de la matrice Stiffness K pour obtenir T−h et U−h .
– Recherche de la vitesse de propagation de l’onde de Rayleigh.
– Présentation graphique des courbes de dispersion.
Un sous programme permet la résolution du tenseur acoustique fondamental A dans
chaque sous-couche du milieu hétérogène. Cette résolution donne les polarisations P ∓
et les contraintes D ∓ .
L’étude des structures FGPM ou FGM doit être fonctionnelle, c’est-à-dire que le gra-
dient créé, l’est pour un but bien déterminé. Les travaux publiés précédemment sont prin-
cipalement basés sur une approche analytique en utilisant un coefficient unique de gradient
qui signifie que les paramètres électriques et mécaniques changent de la même manière dans
la limite de l’épaisseur [41] [42]. Les constantes élastiques, électriques, et piézoélectriques
sont dans le calcul théorique distribuées dans l’épaisseur selon un profil décrit par une fonc-
tion mathématique (linéaire, exponentielle, Gaussienne ou quadratique)[43]. Ces constantes
correspondent souvent à des structures irréalisables en pratique.
43
I. Matériaux à gradient fonctionnel et leur caractérisation par contrôle non destructif
−1
Cij = Sij , (I.83)
44
I. Matériaux à gradient fonctionnel et leur caractérisation par contrôle non destructif
Figure I.12 – Distribution relative des constantes élastiques (a), piézoélectrique (b),
diélectrique (c) en fonction de l’épaisseur de l’échantillon.
Cette étude permet d’identifier les modes de Lamb d’une homostructure piézoélectrique
constituée d’une plaque mince d’épaisseur h=1,6 mm [46]. Au cours de la propagation,
les surfaces de la plaque sont considérées libres de toute contrainte. Ces conditions aux
limites conduisent à l’annulation des contraintes tangentielles T23 (mode TH) et de T13 ,
T33 (ondes de Lamb) sur les surfaces libres. En tenant aussi compte des conditions aux
limites électriques, si la surface est non métallisée (circuit-ouvert(co)), la densité surfacique
de charges s’annule et si la surface subit une métallisation (cout-circuit (cc)), le potentiel
électrique s’annule. La modélisation de la propagation des ondes de Lamb dans ce type de
structure repose sur les méthodes ODE et SMM détaillées dans la partie précédente (I.5).
Le vecteur d’état s’écrit
−iωu1
−iωu3
−iωφ
ξ(x3 ) =
.
(I.85)
T13
T33
D3
A partir des conditions aux limites précisées ci dessus pour x3 = 0 et x3 = −h, des
conditions de continuité de déplacements et des contraintes normales, la valeur recherchée
45
I. Matériaux à gradient fonctionnel et leur caractérisation par contrôle non destructif
de la vitesse de phase est la valeur pour laquelle le déterminant des matrices Mco et Mcc
(I.79) et (I.80) est égal à zéro [45].
Les figures (1.14) et (1.15) présentent les vitesses de phase des modes S0 et A0 pour
une plaque piézoélectrique à gradient de propriétés créé par un gradient de température
(FGPM). Ces résultats sont par la suite comparés au cas d’une plaque homogène avec un
dépôt à température ambiante.
Figure I.14 – Courbes de dispersion du mode symétrique S0 pour les polarisation court-
circuit et circuit-ouvert.
46
I. Matériaux à gradient fonctionnel et leur caractérisation par contrôle non destructif
Les modes A0 et S0 d’ordre zero sont les seules modes propagatifs lorsque le rapport
h/λ tend vers zero. Ces modes n’ont pas de fréquence de coupure, ils existent quelle que
soit la fréquence de travail choisie.
La résolution passe par la stratification de la plaque, la division de cette dernière en N
sous-couches traitées chacune comme une couche homogène. D’un point de vue théorique,
plus le nombre des couches est grand, plus les résultats obtenus sont précis. Ici N = 20
avec un pas de température tel que (TN − TN −1 ) = 5o C.
47
I. Matériaux à gradient fonctionnel et leur caractérisation par contrôle non destructif
48
I. Matériaux à gradient fonctionnel et leur caractérisation par contrôle non destructif
49
I. Matériaux à gradient fonctionnel et leur caractérisation par contrôle non destructif
La propagation des ondes de surface de type Rayleigh est étudiée numériquement dans
un système constitué d’un film P ZT − 4D de type FGPM, déposé sur un substrat de
Silice (SiO2 ) supposé homogène et isotrope [47]. L’axe piézoélectrique est présenté pour
deux directions différentes par rapport à la direction de propagation : parallèle et perpen-
diculaire. L’axe six du film se confond avec l’axe de propagation x1 ou x3 respectivement.
Suivant ces deux directions, le matériau se polarise sous l’action des ondes de Rayleigh. Le
gradient est implanté dans le film, ce qui impose une variation graduelle des propriétés du
matériau avec l’épaisseur de film. Dans cette structure, la présence d’un substrat (milieu
semi-infini) impose des conditions aux limites différentes de celles d’une homostructure
(paragraphe 1.4.2).
50
I. Matériaux à gradient fonctionnel et leur caractérisation par contrôle non destructif
Configuration parallèle
Figure I.19 – Vitesse de phase des trois premiers modes de Rayleigh pour le cas homogène
et le cas FGPM.
51
I. Matériaux à gradient fonctionnel et leur caractérisation par contrôle non destructif
dispersion dans le cas FGPM reste similaire à celle des ondes de Rayleigh dans le matériau
homogène.
Configuration perpendiculaire
Figure I.20 – Vitesse de phase des trois premiers modes Rayleigh pour le cas homogène
et le cas FGPM.
Pour le système homogène, l’écart entre les vitesses de phase pour les deux polarisa-
tions Vco − Vcc diminue pour les modes supérieurs, Vco et Vcc sont les vitesses de phase
respectivement pour les polarisations cc et co. K 2 varie de 0.135 pour le premier mode jus-
qu’à 0.075 pour le troisième mode, les maxima sont obtenus à des fréquences extrêmement
différentes respectivement f = 2.5M Hz et f = 25M Hz. Pour le mode fondamental, K 2
est très sensible à la fréquence en dessous de kh = 2. Ailleurs le coefficient K 2 ne dépasse
guère 0.02. Remarquons que l’effet de gradient par comparaison avec le cas homogène est
important pour les propriétés sensibles à la température (figures I.21 et I.22).
52
I. Matériaux à gradient fonctionnel et leur caractérisation par contrôle non destructif
53
I. Matériaux à gradient fonctionnel et leur caractérisation par contrôle non destructif
I.7 Conclusion
54
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58
Chapitre II
59
II. Élaboration des couches minces
II.1 Introduction
Plusieurs méthodes de dépôt existent afin d’obtenir des couches minces. Par définition
une couche mince d’un matériau donné est un élément de ce matériau dont l’une des di-
mensions, qu’on appelle épaisseur, est fortement réduite de telle sorte qu’elle s’exprime
habituellement en nanomètres. Cette couche, déposée sur un autre matériau appelé sub-
strat, a des propriétés physiques différentes par rapport à l’état massif. Ses propriétés sont
d’autant plus modifiées que l’épaisseur du film est faible et inversement, lorsque celle ci
dépasse un certain seuil, le matériau retrouve les propriétés du matériau massif.
Le choix de la méthode de dépôt est important car il doit permettre de satisfaire les
exigences pour le dépôt inscrites dans un cahier des charges précis défini au préalable.
L’adhérence de la couche, les contraintes résiduelles, la porosité, la variation d’épaisseur,
sont quelques exemples de critères à prendre en compte avant de faire ce choix. Les
méthodes de dépôt physique (PVD pour physical vapor deposition) ou chimique (CVD
pour chemical vapor deposition) en phase vapeur, permettent notamment d’obtenir une
couche mince d’une pureté et d’une régularité importante.
En une première partie, nous détaillerons les méthodes les plus couramment utilisées parmi
celles ci les méthodes de dépôt physique (PVD). Les principales applications des films
minces seront vues dans une deuxième partie et nous aborderons dans une troisième par-
tie les techniques expérimentales employées pour l’élaboration et la caractérisation des
composés proposés dans notre étude.
Ces techniques consistent à chauffer sous vide le matériau à déposer : les atomes
du matériau à évaporer reçoivent de l’énergie calorifique afin que leur énergie vibratoire
dépasse leur énergie de liaison et provoque donc l’évaporation. Le matériau ainsi évaporé
peut ensuite être recueilli par condensation sur le substrat à recouvrir. Les principales
techniques par évaporation sous vide se différencient par le mode de chauffage du matériau
[1] :
– Évaporation par bombardement d’électrons (pulvérisation cathodique)
60
II. Élaboration des couches minces
La pulvérisation cathodique, (ou sputtring en anglais) [2], est basée sur le phénomène
d’éjection des particules à la surface d’un matériau bombardé par un flux de particules
énergétiques. Le processus classique utilisé en pulvérisation cathodique est le procédé
diode. Un schéma de principe de ce procédé est présenté à la figure II.1. Avec ce processus,
la cible de pulvérisation fait partie de la cathode du système alors que le substrat sur
lequel on souhaite déposer le film est fixé sur l’anode, située à quelques centimètres de la
cathode. Ces deux électrodes, disposées dans une enceinte sous vide, baignent dans un ou
plusieurs gaz, en général neutre (l’argon par exemple) appelé plasma. L’application d’un
champ électrique entre l’anode et la cathode, par une alimentation continue (DC) permet
d’ioniser le gaz présent dans l’enceinte et de le rendre conducteur. Ce sont alors les ions
positifs présents dans le gaz résiduel, attirés par la cathode, qui pulvérisent les atomes de
la cible. Le dépôt est alors dû à la condensation des atomes pulvérisés provenant de la
cible [3].
Les étapes dans le processus de dépôt par pulvérisation sont :
– la génération du plasma,
– le bombardement et la pulvérisation de la cible,
– le transfert des particules pulvérisées de la cible au substrat,
– la condensation de ces particules sur le substrat.
La pulvérisation cathodique résulte d’un processus essentiellement mécanique : les ions
incidents arrachent des particules à la cible en leur transférant une partie de leur quan-
tité de mouvement (ou moment cinétique). Les atomes de l’argon sont projetés avec une
certaine énergie cinétique sur la cible du matériau à déposer, le transfert de l’énergie va
d’abord repousser la particule de la cible vers l’intérieur de celle ci. Pour avoir éjection de
particules, il faut une série de collisions à l’intérieur de la cible. Le transfert par cascade
est schématisé sur la figure II.1, l’arrachement d’un atome de surface se produisant lorsque
61
II. Élaboration des couches minces
l’énergie transférée dépasse l’énergie de liaison (quelques eV). Certains ions peuvent être
implantés dans le matériau cible, jusqu’à des profondeurs de l’ordre de 10 nm.
L’avantage de ce genre de technique est qu’elle permet de déposer n’importe quel type
de matériau, simple ou composé, isolant ou conducteur. Cependant, dans le cas de cibles
constituées de matériaux isolants, il se pose un problème : lors du bombardement, les
charges positives s’accumulent sur la cathode, faisant chuter la tension effective appliquée
et provoquant l’arrêt de la pulvérisation. Ce problème peut être résolu par l’utilisation de
la pulvérisation cathodique radiofréquence.
62
II. Élaboration des couches minces
Avec cette technique, les industriels peuvent travailler dans des conditions de pres-
sion plus extrêmes afin d’obtenir une plus grande pureté de la couche [6]. Ce procédé
de pulvérisation, qui permet de déposer et donc de déposer différent types de matériaux
(isolants ou des métaux), est beaucoup utilisé dans l’industrie de la micro-électronique [7].
63
II. Élaboration des couches minces
Les applications des couches minces sont nombreuses et interviennent dans différents
domaines tels que l’électronique ou l’optique pour
– la réalisation de capteurs,
– les interconnexions dans les dispositifs électroniques.
– l’implantation des composants électroniques passifs ou actifs, de revêtement en op-
tique.
– la protection de certaines surfaces.
Les procédés de fabrication sont plus ou moins complexes selon le type d’application.
64
II. Élaboration des couches minces
contraintes mécaniques. On retrouve par ailleurs des capteurs de pression à jauge d’ex-
tensométrie en couche mince. On voit aussi de plus en plus apparaitre des applications
biochimiques, pour la surveillance médicale de certaines maladies comme l’épilepsie, qui
utilisent des systèmes d’électrodes en couche mince déposées sur un support flexible [18].
Les technologies des couches minces ont joué un rôle important dans le développement
des composants électroniques et notamment dans le développement des semi-conducteurs
afin d’assurer les interconnexions entre les éléments d’une même puce. Les interconnexions
sont constituées d’un réseau de lignes métalliques dont le rôle est la distribution des signaux
électriques et la connexion des différents composants actifs [18].
Trois métaux sont couramment utilisés : le cuivre, l’or et l’aluminium. Le cuivre, ductile
et malléable, est apprécié par la facilité avec laquelle on peut le travailler pour lui donner
la forme de fil et par son excellente conductivité électrique [9]. Sa faible résistivité se
révèle très importante dans les dispositifs ultra miniaturisés fonctionnant à des fréquences
élevées.
L’or a l’avantage d’avoir une encore meilleure conductibilité et aucun risque d’oxydation.
L’aluminium est facile à déposer par évaporation thermique. Bon conducteur, il présente
une excellente adhérence aux substrats et demeure le plus utilisé dans les semi-conducteurs.
II.3.3 Les couches minces pour les composants et les dispositifs électroni-
ques
Les couches minces servent à la réalisation de dispositifs techniques très employés telles
que les têtes de lecture des disques durs (couche magnétique), des ordinateurs et les têtes
d’impression des imprimantes à jet d’encre. Il est possible de réaliser des transistors, des
résistances et des condensateurs de grande précision et de haute stabilité dans le temps et
en température. Les couches minces sont développées du simple composant électronique
à des composants plus complexes dans divers domaines : les circuits analogiques, les co-
deurs, des applications hyperfréquences et optoéléctroniques. Le filtre à onde acoustique
de surface est un exemple typique de l’usage des couches minces. Ces filtres permettent
65
II. Élaboration des couches minces
suivant le dessin des peignes interdigités de réaliser une fonction de transfert appliquée à
un signal radiofréquence (ligne à retard, filtre, résonateur,...) [18].
Les couches minces peuvent aussi être employées pour protéger ou renforcer la surface
d’un matériau. Des couches anticorrosion sont en effet utilisées dans des pare-chocs ou
encore des pièces nickelées destinées à des dispositifs à hautes performances techniques
comme par exemple les satellites. L’amélioration de la robustesse ou de l’imperméabilité
d’un circuit à puces par exemple consiste à appliquer sur une protection par déposition
d’une couche mince qui amène le circuit à un niveau d’herméticité requis pour une appli-
cation généralement militaire ou spatiale. Le dépôt en surface assure non seulement une
protection contre la corrosion mais aussi un renforcement de la dureté de la surface. C’est
par exemple le cas de certains forets recouverts d’une couche de titane qui leur confère
66
II. Élaboration des couches minces
une bien plus grande dureté avec un coût de fabrication bien moindre que s’ils étaient
usinés intégralement avec ce matériau d’origine. Le Nickel, qui a l’avantage d’être solide,
dur et ductile en même temps, est utilisé pour le plaquage de fer, cuivre, laiton, grâce à
sa résistance à l’oxydation et à la corrosion. On le trouve fréquemment accompagné de
cobalt ou de cuivre (Constantan : alliage Cu/N i).
Cette partie présente les échantillons utilisés dans les expérimentations liées aux tra-
vaux de thèse. Le choix d’un dépôt de couches métalliques sur un substrat de silicium sera
tout d’abord justifié et l’anisotropie sera abordée. La méthode de dépôt utilisée au sein
du laboratoire du LAUM sera également exposée.
Le choix du silicium comme support des couches minces se justifie par ses bonnes
propriétés, comme le prouve son utilisation généralisée dans les circuit intégrés et les
puces électroniques.
Le silicium monocristallin appartient au groupe cristallographique cubique à faces centrées.
Il est produit par un processus de croissance cristalline bien contrôlé consistant à tirer
lentement un cristal d’un bain de silicium ultra-pur. L’ensemble étant en rotation, on
obtient un cristal cylindrique dont on découpe des tranches. Suivant l’épaisseur de celles-
ci, on parle de wafers (quelques centaines de microns) ou de substrats (quelques dizaines
de millimètres) [18].
Le repère des directions cristallographiques principales du substrat ou du wafer est le
méplat dit primaire. Un méplat secondaire peut également être présent, permettant de
distinguer facilement le plan dans lequel est situé le substrat ((100), (110) ou (111)) et
d’identifier le type de dopant utilisé (substrat de type P ou de type N). Les configurations
suivantes sont schématisées sur la figure II.4.
– Un substrat de silicium de type P situé dans le plan (100) est identifiable par un
angle de 90o entre les deux méplats.
67
II. Élaboration des couches minces
– Un substrat de silicium de type N situé dans le plan (100) est identifiable par un
angle de 180o entre les deux méplats.
– Un substrat de silicium de type P situé dans le plan (111) est identifiable par l’ab-
sence de méplat secondaire.
– Un substrat de silicium de type N situé dans le plan (111) est identifiable par un
angle de 45o entre les deux méplats.
Le cuivre et le nickel, très courants dans le domaine de l’électronique, ont été privilégiés
pour constituer les couches déposées . Les échantillons réalisés dans l’étude présente sont
des systèmes multicouches sur substrat avec une couche supérieure de nickel, une couche
inférieure de cuivre et une couche intermédiaire de type alliage Cu/Ni. Quatre échantillons
ont été fabriqués avec les caractéristiques suivantes :
– Échantillon A : Il est composé d’un substrat de silicium orienté suivant le plan
(111) d’épaisseur 280µm (un substrat de type P(111)) et de deux couches métalliques
de cuivre et de nickel d’environ 150 nm d’épaisseur chacune (figure II.5.A).
– Échantillon B : Il est composé d’un substrat de silicium orienté suivant le plan
(100) d’épaisseur 280µm (un substrat de type P(100)), avec un dépôt identique à
celui de l’échantillon A (figure II.5.B).
– Échantillon C : Il est composé d’un substrat de silicium orienté suivant le plan (111)
(un substrat de type P(111)) et de trois couches métalliques de cuivre, constantan
et nickel d’environ 150 nm d’épaisseur chacune (figure II.5.C).
68
II. Élaboration des couches minces
Les différents échantillons utilisés au cours de nos travaux ont été réalisés au sein de
la salle blanche du LAUM par pulvérisation cathodique sous vide dont le principe a été
expliqué précédemment au paragraphe II.1. La machine utilisée est présentée à la figure
II.6.
69
II. Élaboration des couches minces
Le dépôt de couche mince nécessite la formation de vide à hauteur de 15.8 mT orr dans
l’endroit où les Wafers seront traités : la chambre de pulvérisation d’un bâti Plassys MP
4505.
Avant de pulvériser le cuivre, il faut nettoyer le substrat en bombardant sa surface avec
de l’argon pour former le plasma, cela de façon continue pendant 2 mn. Le débit de flux
est de 50.1 sccm (standard cubic centimeter par minute). En utilisant le programme DC1
de la machine, la pulvérisation de cuivre a été exécutée pendant 6 mn à une pression de
70
II. Élaboration des couches minces
11.7 mT orr. Les ions de l’argon bombardent la source et éliminent les atomes de cuivre,
qui en conséquence sous l’action de la différence de potentielle entre l’anode et la cathode,
s’accrochent sur le substrat. Enfin, pour retirer le support, il faut casser la condition de
vide en arrêtant le pompage.
Les tableaux II.1 et II.2 synthétisent les paramètres employés lors de la pulvérisation
permettant la préparation des échantillons.
Tableau II.1 – Paramètres utilisés pour le dépôt de bicouche N i/Cu sur le silicium.
Tableau II.2 – Paramètres utilisés pour le dépôt de tricouche N i/CST /Cu sur le silicium.
71
II. Élaboration des couches minces
Les épaisseurs ont été mesurées à différents endroits (quatre emplacements à la frontière
du dépôt de chaque échantillon) des échantillons au moyen d’un profilomètre de haute
précision pour des épaisseurs micrométriques (figure II.7). Le tableau II.3 présente l’épaisseur
moyenne obtenue pour chaque échantillon.
Echantillon A B C D
Épaisseur moyenne (nm) 216 309.5 480 482.2
Un écart maximum par rapport à l’épaisseur moyenne d’environ 100nm a été constaté
entre les différentes mesures profilométriques réalisées. Les films minces ne sont pas donc
uniformes au niveau de l’épaisseur figure II.8. Ceci est bien montré par cette méthode de
mesure par profilomètre qui repose sur une mesure locale de l’épaisseur (effectuée sur les
bords du dépôt).
72
II. Élaboration des couches minces
Une mesure des épaisseurs du dépôt a également été effectuée par une méthode optique
sans contact. Dans un premier temps, il s’agit d’imager la frontière entre la surface de
silicium et la surface du dépôt métallique. La figure II.9 présente le montage optique
utilisé pour l’observation. Il s’agit d’un montage optique de grandissement, le principe
73
II. Élaboration des couches minces
est d’obtenir, à l’aide d’un instrument d’observation (caméra CDD), une image d’une
autre taille (généralement, elle est plus grande), le grandissement est associé au rapport
d’une grandeur de l’objet à son équivalent pour l’image de cet objet à travers un système
optique. Soit A’ et B’ les images des objets A et B données par le système optique composé
d’une lentille convergente de distance focale f et de centre optique o, le grandissement
transversale peut s’écrire
A′¯B ′
γ= ¯ (II.1)
AB
Les mesures optiques sont réalisées sur une zone de 100 µm au voisinage de la frontière.
La figure II.10 présente l’image de dimension avoisinant 1 cm2 captée par une caméra avec
un agrandissement ×100. Cette figure permet d’observer le décalage des épaisseurs entre la
surface de silicium et la surface de nickel mais elle est insuffisante pour évaluer l’épaisseur
de dépôt métallique.
74
II. Élaboration des couches minces
En interférant le faisceau (S), réfléchi par l’échantillon, avec un autre faisceau (R),
réfléchi par un miroir placé perpendiculairement à la lame séparatrice (figure II.11), on
obtient une figure d’interférence sous forme d’ensemble d’anneaux concentriques, succes-
sivement sombres et clairs (figure II.12).
75
II. Élaboration des couches minces
76
II. Élaboration des couches minces
avec :
I0 (x, y) le niveau moyen du signal,
m(x, y) la modulation de la figure de franges (contraste),
Φ(x, y) la phase interférométrique,
f une fonction définissant le profil des franges.
L’état d’interférence décrit par la phase interférométrique dépend du déphasage entre
les deux faisceaux S et R, il change par modification du chemin optique de l’un de ces
faisceaux.
Φ(x, y) = ϕech (x, y) − ϕref (x, y) (II.3)
avec a(x, y)=I0 (x, y) et b(x, y)=I0 (x, y)m(x, y) respectivement le niveau moyen et l’am-
plitude de l’onde harmonique. La figure d’interférence II.12 montre que le contraste di-
minue à mesure que l’on s’éloigne du centre. Cette figure de franges constitue un outil
de mesure particulièrement intéressant qui donne une information spatiale instantanée :
les franges constituent des lignes d’égale variation de phase optique et la régularité des
anneaux traduit l’homogénéité en épaisseur du dépôt. Il s’agit donc d’évaluer le décalage
interférométrique ∆Φ en un point de la frontière entre deux milieux D1 et D2 (figure II.13)
de façon analogue à l’équation (II.2).
Au voisinage de cette frontière, les phases au niveau des points B1 et B2 appartenant à
D1 et D2 , sont notées ϕech (B1 ) et ϕech (B2 ) telles que
77
II. Élaboration des couches minces
Le déphasage interférométrique au voisinage la frontière pour les deux domaines est alors :
Le décalage de phase interférométrique induit par la suite un décalage des frange d’in-
terférence au niveau de la frontière :
78
II. Élaboration des couches minces
79
II. Élaboration des couches minces
Le tableau 1.1 résume les constantes optiques dans les deux milieux pour la longueur
d’onde du laser utilisé (λ = 532nm).
Matériau n R (Réflectance) Φr
Ni 1.7764 0.60094 -152.585o
Si 4.136 0.37283 -179.227o
Tableau II.4 – Les constantes optiques pour le nickel et le silicium à la longueur d’onde
λ = 532nm.
Afin de connaitre l’épaisseur du dépôt, il est donc nécessaire d’après l’équation II.10 de
déterminer le déphasage ∆Φ.
Les méthodes d’évaluation de la phase sont diverses [11],[12]. Une des méthodes les
plus utilisées actuellement est la méthode dite du décalage de phase, apparue en 1966 [13],
lorsque P. Carré inventa le procédé pour le comparateur interférentiel du Bureau Interna-
tional des Poids et Mesures (BIPM). Le principe de cette méthode consiste à estimer la
phase interférométrique ∆Φ à l’aide d’une série de figures de franges déphasées combinées
à une fonction arctangente ou exponentielle. D’une manière générale, la démodulation de
la phase consiste à ajouter un terme de phase supplémentaire φ à la phase utile ∆Φ.
Ainsi l’expression de la figure des franges à un point B appartenant à la frontière se réécrit
Cette expression contient trois inconnues a, b, ∆Φ. Il est donc nécessaire d’avoir au moins
trois équations pour espérer obtenir les inconnues, c’est pourquoi on fait varier le terme φ
ajouté suivant 4 valeurs [14].
L’application de cette méthode (le décalage de phase), est réalisée par le transducteur
piézoélectrique sur lequel est collé le miroir réfléchissant. La déformation du matériau
piézoélectrique suite à l’application d’une tension conduit à un changement de position
de miroir, faisant varier finement la phase optique d’une valeur φ. Puisque le faisceau
lumineux (R) est réfléchi en incidence normal, un déplacement δ du miroir de λ/8 est
suffisant pour réaliser un déphasage interférométrique φ de π/2 (figure II.16).
80
II. Élaboration des couches minces
81
II. Élaboration des couches minces
Pour cette approche, dite de Wyant [11], quatre interférogrammes sont captés avec
une figure de franges pour chaque marche de phase maintenue constante sur la durée ∆T
(figure II.18). :
82
II. Élaboration des couches minces
ce qui donne
I = 2b exp(i∆Φ). (II.19)
∆Φ = arg(I). (II.20)
La figure II.19 montre le résultat obtenu après application de l’algorithme sur les quatre
interférogrammes déphasés de la figure II.18.
Figure II.19 – Phase non déroulée estimée avec les quatre interférogrammes déphasés
83
II. Élaboration des couches minces
Tableau II.5 – Épaisseurs des quatre échantillons obtenus pour plusieurs essais de mesure
interférométrique.
84
II. Élaboration des couches minces
Cette méthode est limitée par la connaissance exacte des coefficients de réflexion des
matériaux constituant les deux domaines D1 et D2 . Ici la différence Φr (N i) − Φr (Si)
est calculée en considérant que le silicium et le nickel sont totalement purs. Or plusieurs
facteurs peuvent intervenir dans la variation de leurs propriétés comme par exemple l’oxy-
dation.
II.6 Conclusion
85
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II. Élaboration des couches minces
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87
Chapitre III
88
III. Génération et Détection des Ondes de Surface par Sources lasers
III.1 Introduction
Comme vu dans le chapitre précédant, le laser est couramment utilisé pour les mesures
d’épaisseurs et la caractérisation de surfaces. Cette invention importante du 20eme siècle
est, dans notre cas, employée pour la génération et la détection sans contact d’ondes
ultrasonores.
Dans une première partie, nous introduirons le principe général des ultrasons-laser et
énumérerons leurs avantages. Quelques caractéristiques des lasers les plus couramment
utilisés seront également présentées. Les principaux modes d’interaction laser-matière qui
conduisent à la génération d’ondes ultrasonores dans les solides seront ensuite exposés
dans une seconde partie. Nous y décrirons successivement les modes thermoélastique et
d’ablation avant de nous intéresser plus particulièrement à la génération thermoélastique.
La troisième partie sera, quant à elle, consacrée à la détection optique des vibrations
ultrasonores par une méthode interférométrique. Pour terminer ce chapitre, les dispositifs
expérimentaux utilisés au sein du laboratoire seront détaillés.
89
III. Génération et Détection des Ondes de Surface par Sources lasers
grâce à l’emploi d’un second laser utilisé en mode continu appelée ≪ sonde ≫.
Les impulsions laser, généralement de courte durée, qui servent à la génération, vont en-
gendrer une élévation locale de la température de la structure étudiée et ainsi provoquer
des phénomènes d’interaction laser-matière à la base de la génération des ondes élastiques.
Le choix de la longueur d’onde du laser dépend de l’absorptivité du matériau à la lon-
gueur d’onde optique considérée. De plus, la durée de l’impulsion laser fait également
partie des paramètres à prendre en compte dans la génération des ondes ultrasonores. Les
lasers Nd :YAG (acronyme de Neodymium-doped Yttrium Aluminium Garnet) et CO2
permettent de couvrir un large spectre de fréquence et représentent les sources les plus
utilisées [1].
La première expérience permettant l’observation de l’interaction laser-matière pour générer
les ultrasons est associée à A. G. Bell en 1880 [3], [4]. Néanmoins, il a fallu attendre les
années 1960 et l’avènement des lasers pour que la technique d’ultrasons laser soit ap-
pliquée à l’étude des propriétés de solides isotropes [5], [6]. L’instrumentation relative aux
expériences a ensuite été perfectionnée. La conception de lasers impulsionnels et de mon-
tages interférométriques a par exemple permis d’améliorer la génération et la détection
des ondes acoustiques [7], [8].
La détection des ultrasons est réalisée par un autre laser, dont les propriétés, à savoir
la monochromaticité, la cohérence, la directivité et la densité de puissance doivent être
adaptées à l’onde recherchée. Les méthodes de détection basées sur l’interaction acousto-
optique sont variées. Cette interaction peut être évaluée par plusieurs techniques de me-
sures exploitant la déflexion [11], la diffraction [12], la réflexion [9], [10] ou les interférences
[13], [14].
Les tableaux III.1 et III.2 donnent les principales caractéristiques de quelques lasers utilisés
pour la génération et la détection des ultrasons.
90
III. Génération et Détection des Ondes de Surface par Sources lasers
Tableau III.1 – Les lasers impulsionnels utilisés pour la génération des ultrasons avec leurs
principales caractéristiques [15].
Tableau III.2 – Les lasers impulsionnels utilisés pour la détection des ultrasons avec leurs
paramètres [15].
Les nombreux atouts des lasers en font des outils en plein essor, pour le contrôle non
destructif qui tendent à remplacer les méthodes traditionnelles utilisant des transducteurs
piézoélectriques. Ces techniques usuelles, qui nécessitent un contact ou un couplage liquide
pour la génération et la détection des ondes, sont inadaptées à l’examen d’objet de pe-
tites dimensions. En effet, d’une part le couplage perturbe la mesure, et d’autre part, le
découpage des pièces selon de multiples directions peut être nécessaire afin de mesurer les
vitesses pour différentes directions cristallographiques [16].
De nombreuses méthodes sans contact, à couplage aérien ou utilisant par exemple des
excitateurs et détecteurs EMAT ou des traducteurs électrocapacitifs ou piézo-électriques,
permettent alors de répondre aux différentes préoccupations du contrôle et de l’évaluation
non-destructifs sans contact d’échantillons d’épaisseur millimétrique. Elles autorisent aussi
91
III. Génération et Détection des Ondes de Surface par Sources lasers
l’inspection des matériaux à géométrie complexe dans des conditions extrêmes de températ-
ure ou de configuration chimique. De plus, les couplants liquides n’étant plus utiles, il
est possible de contrôler des matériaux poreux ou hydrophobes, sans craindre de créer
des conditions favorables au développement de la corrosion. Malgré tout, les techniques
restent, pour la plupart d’entre elles, limitées par les caractéristiques (magnétiques et
élastiques si le couplage est élasto-optique) du matériau à contrôler.
La génération d’ultrasons par la technique d’ultrasons laser est, quant à elle, envisageable
quelle que soit la nature du matériau. Lorsque le matériau est transparent au rayonne-
ment laser, il suffit de déposer une fine couche métallique permettant la transduction
opto-acoustique.
Deux régimes de génération sont principalement distingués selon l’énergie des impul-
sions laser : le régime d’ablation et le régime thermoélastique. Le premier est atteint pour
de grandes énergies et correspond à l’ablation de matière en surface du matériau. La force
imposée par l’échange de quantité de mouvement dû à l’éjection de matière est alors nor-
male à la surface. Ce régime fut étudié par J. F. Ready [17].
Le régime de génération thermoélastique intervient, pour sa part, pour de plus petites
énergies. Les déformations élastiques proviennent alors du gradient thermique consécutif
au dépôt d’énergie du faisceau laser dans le matériau.
Lorsqu’une impulsion lumineuse rencontre la surface libre d’un solide opaque, une par-
tie de son énergie est absorbée par l’échantillon et est convertie en chaleur. Si la densité
de puissance incidente est faible, l’élévation de température qui en résulte ne permet pas
d’atteindre le point de fusion du matériau et aucun changement d’état de la matière n’est
observé. Dans ce cas, le phénomène d’interaction laser-matière est non destructif, c’est le
régime thermoélastique [1].
Cet échauffement est suffisant pour engendrer au sein du matériau des contraintes mécani-
92
III. Génération et Détection des Ondes de Surface par Sources lasers
ques qui permettront ensuite la génération d’ondes acoustiques. La direction de ces contrain-
tes est parallèle à la surface irradiée et lorsque la focalisation du faisceau laser est circulaire,
la source est assimilable à un disque d’épaisseur faible qui se dilate de façon radiale (figure
III.1). Pour les métaux, l’énergie absorbée reste localisée dans quelques nanomètres sous
la surface, dans l’épaisseur de peau.
93
III. Génération et Détection des Ondes de Surface par Sources lasers
Notons que dans le domaine du contrôle non destructif sans contact mécanique, le
régime thermoélastique s’impose face au régime d’ablation pour éviter tout endommage-
ment de la surface de l’échantillon. Seul le cas de la génération thermoélastique est par
conséquent traité par la suite.
Nous considérons dans cette partie un solide homogène, isotrope et semi-infini où
plusieurs ondes élastiques sont capables de se propager. Celles-ci peuvent notamment être
engendrées par les impulsions d’un faisceau laser focalisé à la surface du matériau, sous la
forme d’un point ou d’une ligne agissant alors respectivement comme une source ponctuelle
ou linéique.
Une source thermoélastique ne crée que des ondes longitudinales si elle se situe à l’intérieur
du solide. La présence de la surface est à l’origine d’une conversion en ondes transversales.
La combinaison des modes longitudinaux et transversaux engendre une onde de Rayleigh
qui se propage à la surface du matériau [1]. La figure III.3 représente les fronts d’ondes à
un instant suite à une impulsion laser.
94
III. Génération et Détection des Ondes de Surface par Sources lasers
Figure III.3 – Fronts d’onde associés à une source laser dans un solide isotrope semi-infini
à un instant t [1].
A partir de cette figure, nous pouvons résumer les différentes perturbations mécaniques
observées en un point M(r,θ,t) dans le cas d’une interface vide-solide. Nous observons :
– une onde longitudinale se propageant à la vitesse VL ,
– une onde transversale se propageant à la vitesse VT (VT < √1 VL ),
2
– une onde de surface se propageant à la vitesse VR appelée onde de Rayleigh et dont
la polarisation est elliptique. Cette onde possède une composante longitudinale et
une composante transversale déphasées de 90o et contenues dans le plan sagittal
formé par le vecteur d’onde et la normale à la surface.
– Lorsque le point d’observation M se situe à un angle θ tel que θ > θc [18] :
−1 VT
θc = sin . (III.1)
VL
Il existe une onde de tête dont le temps d’arrivée du front d’onde au point M est donné
selon [18] :
r × cos(θ − θc )
tLT = . (III.2)
VT
95
III. Génération et Détection des Ondes de Surface par Sources lasers
Les diagrammes de directivité sont établis pour une source ponctuelle par Rose [20], à
partir des fonction de Green, pour des ondes longitudinales et transversales. Les fonctions
de directivité, qui dépendent du rapport des vitesses ν = VT /VL sont données par les
équation III.4 et III.5 respectivement pour les ondes longitudinales et transversales pour
un solide supposé isotrope :
√
sinθ sin2θ ν 2 − sin2 θ
L(θ) = √ , (III.4)
(ν −2 − 2sin2 θ)2 + 2sinθ sin2θ ν −2 − sin2 θ
sin2θ cos2θ
T (θ) = √ . (III.5)
cos2 2θ + 2sinθ sin2θ ν 2 − sin2 θ
Figure III.4 – Diagrammes de directivité d’une source ponctuelle pour a) une onde
longitudinale et b) une onde transversale dans un substrat de silicium.
96
III. Génération et Détection des Ondes de Surface par Sources lasers
Dans notre étude, la génération des ondes ultrasonores est réalisée par un faisceau laser
focalisé par une lentille cylindrique de sorte que la source acoustique peut être considérée
comme linéique de longueur 700µm. Contrairement à la focalisation ponctuelle qui en-
gendre une répartition uniforme de l’énergie associée à l’onde de surface autour de la source,
la focalisation linéique permet de favoriser une direction pour le maximum d’énergie.
La fonction de directivité de l’onde de surface dans le plan de la surface est donnée par
[21] :
sin( πbf
VR sinθ)
πbf
D(θ) = πbf
= sinc sinθ , (III.6)
sinθ VR
VR
97
III. Génération et Détection des Ondes de Surface par Sources lasers
98
III. Génération et Détection des Ondes de Surface par Sources lasers
qui ont la même intensité pour obtenir le meilleur contraste. Si la surface de l’échantillon
oscille avec un mouvement sinusoı̈dal selon un déplacement u normal à la surface u =
u0 sin(Ωt + ϕ), alors le photodétecteur recevant les deux faisceaux fournit un courant
dont l’intensité s’exprime par :
I = I0 + I0 cos[2ku + ϕS − ϕR ]. (III.7)
Les fluctuations des phases ϕS et ϕR correspondent aux fluctuations des chemins op-
tiques LS et LR . Les variations ϕS − ϕR = 2π(LS − LR )/λ doivent être petites devant le
terme ku0 .
Parmi les solutions proposées pour réduire l’effet de ces fluctuations, il s’agit de déplacer
le faisceau référence en déplaçant le miroir de façon à maintenir constante le différence de
phase (ϕS − ϕR ) (interféromètre de Michelson stabilisé) [1].
La figure III.7 présente les principaux éléments de la sonde homodyne.
Un isolateur est souvent placé avant la lame séparatrice pour empêcher la partie du
faisceau (la moitié) qui revient vers la source, après sa réflexion sur l’objet, de pénétrer
dans la cavité laser et d’y engendrer des instabilités.
L’information utile est donc contenue sous forme d’une modulation de phase. Un dispositif
électronique de traitement du signal est présent à la sortie de la photodiode afin de restituer
99
III. Génération et Détection des Ondes de Surface par Sources lasers
100
III. Génération et Détection des Ondes de Surface par Sources lasers
Dans cette partie, nous présentons en détail les dispositifs de génération et détection
lasers utilisés dans nos expériences pour la caractérisation des couches minces (figure III.8).
Ces dispositifs (développés au sein du laboratoire) ont été utilisés pour la caractérisation
de fibres [25].
Une première source laser, de type Nd :YAG microship, émet dans le proche infrarouge à
1064 nm. Pour déclencher une impulsion, il faut envoyer au contrôleur du laser un front
montant de 5V avec un générateur de fonctions (Gen1).
Les impulsions laser émises ont une durée d’environ 0.6 ns, une énergie de l’ordre de 10µJ
et la cadence des répétitions est fixée au niveau de Gen1 à une valeur de 4 kHz (valeur
maximale de la cadence de répétition). La puissance du laser peut alors atteindre 40 mW.
On utilise une lentille de collimation (L1) que l’on peut déplacer dans le sens du faisceau
pour rendre légèrement convergent le faisceau pompe et ainsi compenser le chromatisme
de la lentille (OBJ).
Un atténuateur (A) formé d’une lamelle de microscope sur laquelle on a déposé un film
mince de chrome sert à réduire l’énergie des impulsions.
Une lame demi-onde (H1), située après l’atténuateur (A), est montée sur un support ro-
tatif. En tournant la lame demi-onde H1, il est possible d’affiner la puissance incidente de
pompe sur l’échantillon.
Le cube séparateur de polarisation (PBS1), (25 mm de coté), a comme rôle de séparer le
faisceau de pompe en deux faisceaux : le premier est réfléchi à angle droit vers la photo-
diode (D0) qui déclenche l’oscilloscope numérique, le second est transmis vers le miroir
diélectrique M1.
Le miroir diélectrique M2, situé après M1, renvoie le faisceau de pompe à environ 150o
vers le miroir dichroı̈que (MD).
On utilise à ce stade une lentille sphérique (L2) afin de focaliser légèrement le faisceau de
pompe à environ 40 cm derrière la position de l’échantillon.
Le miroir dichroı̈que (MD) dans le montage, renvoie le faisceau pompe vers l’objectif
(OBJ), qui focalise le faisceau sur l’échantillon. Il transmet le faisceau de sonde à 532 nm
mais réfléchit totalement le faisceau de pompe à 1064 nm. On peut modifier l’orientation
du miroir (MD) au moyen de boutons gradués : l’un (V) pour changer l’orientation du
faisceau réfléchi par rapport à la verticale et l’autre (H) pour changer l’orientation hori-
101
III. Génération et Détection des Ondes de Surface par Sources lasers
102
III. Génération et Détection des Ondes de Surface par Sources lasers
4π Vpp 4π
SDC = m V0 = , (III.9)
λ 2 λ
où Vpp est la tension crête à crête mesurée sur la sortie DC et λ est la longueur d’onde du
laser de sonde :
Vpp =6,1 V,
λ=532 nm,
d’où SDC ≃ 72 mV/nm.
103
III. Génération et Détection des Ondes de Surface par Sources lasers
104
III. Génération et Détection des Ondes de Surface par Sources lasers
105
III. Génération et Détection des Ondes de Surface par Sources lasers
Figure III.13 – Ondes de surface engendrées par une source laser déplacée en plusieurs
points.
Cette méthode consiste à utiliser deux lasers, comme signalé dans le paragraphe de
description du montage, le premier joue le rôle de pompe et le deuxième celui de détecteur
des déplacements normaux des ondes acoustiques à la surface de l’échantillon (Figure
III.13). L’énergie par impulsion est de l’ordre de 10 µJ, ce qui permet de générer en
régime thermoélastique plusieurs ondes acoustiques qui se propagent perpendiculairement
à la ligne d’excitation [1], [27].
106
III. Génération et Détection des Ondes de Surface par Sources lasers
Le faisceau pompe est translaté par rapport à la zone de détection grâce au miroir
dichroı̈que (MD) [26], avec un pas d’échantillonnage spatial ∆x = 1µm (figure III.13).
Pour chaque position xi , le signal vibratoire est enregistré par un oscilloscope numérique
de bande passante 3 GHz pendant une durée d’acquisition de 200 ns. La fréquence
d’échantillonnage est fe =10 GHz, la résolution spectrale ∆f avoisine les 5 MHz. Le pas
d’échantillonnage ∆x détermine le vecteur d’onde de coupure kmax ≃ 3× 106 m−1 . La
résolution dans le domaine des nombres d’onde est ∆k ≃ 3 ×103 m−1 .
wx et wy caractérisent les dimensions spatiales du spot elliptique respectivement dans les
directions parallèle et perpendiculaire à la direction de déplacement de la source laser sur
la surface de l’échantillon. La longueur du spot du laser pompe est 2wy = 700µm et la
largeur est 2wx = 4µm.
Le profil d’intensité gaussien du faisceau du laser pompe (figure III.14) s’écrit sous la forme
suivante
−2x2
I(x) = I0 × exp . (III.13)
wx2
Dans la direction x, l’étendue 2wx du spot correspond à la distance pour laquelle
l’intensité est encore supérieure au maximum d’intensité divisée par e2 . Cette étendue peut
s’écrire en fonction de ∆x1/2 qui correspond à la largeur du spot pour lequel l’amplitude de
l’intensité ne chute pas d’un facteur supérieur à 2 par rapport à son amplitude maximale :
s
2
2wx = ∆x1/2 × . (III.14)
log(2)
107
III. Génération et Détection des Ondes de Surface par Sources lasers
108
III. Génération et Détection des Ondes de Surface par Sources lasers
A partir des équations (III.14) et (III.15), la largeur du spot pompe 2wx est alors :
s
2
2wx = ∆τ1/2 × CR . (III.16)
log(2)
Le spot de sonde est de forme circulaire et possède, aussi lui dans l’espace, une distri-
bution d’intensité lumineuse gaussienne. Le diamètre du faisceau est 2w0 = 1, 5µm, ce qui
permet de détecter des ondes acoustiques de longueur d’onde jusqu’à environ λmin
a = 3µm
telle que
λa
2w0 ≤ , (III.17)
2
donc
λmin
a = 4w0 , (III.18)
λ×f
w0 = , (III.19)
π×w
avec 2w ≃ 4mm le rayon du faisceau laser sonde de longueur d’onde λ=532 nm avant qu’il
soit focalisé sur la surface de l’échantillon par l’objectif (OBJ) de distance focale f = 8
mm (figure III.16).
La figure III.17 représente un signal détecté lors de nos essais sur un système composé
d’une couche de Chrome de 80 nm déposée sur un substrat de Silicium. L’onde de tête,
109
III. Génération et Détection des Ondes de Surface par Sources lasers
dénommée head wave ou parfois Surface Skimming Longitudinal wave (SSLW) se propage
à la surface de la structure à la vitesse longitudinale du substrat considéré. Comme rappelé
au paragraphe III.3.2, cette onde est rayonnée dans le matériau pour des angles supérieurs
à l’angle critique (équation III.1).
L’onde de tête rayonne de l’énergie vers l’intérieur du matériau et son atténuation, en
fonction de la distance de propagation, est beaucoup plus importante que celle de l’onde
de Rayleigh.
Figure III.17 – Onde de tête et onde de Rayleigh détectées à une distance de 50µm du
spot du laser pompe.
110
III. Génération et Détection des Ondes de Surface par Sources lasers
Figure III.18 – Onde de tête et onde de Rayleigh détectées à une distance de 500µm du
spot du laser pompe.
111
III. Génération et Détection des Ondes de Surface par Sources lasers
Figure III.19 – Présentation des signaux temporels acquis sur un système Cr (80 nm)/Si.
La distance pompe-sonde est augmentée de 1 µm à chaque mesure. Le premier signal est
obtenu à partir d’une position du spot du laser pompe fixée à x = x0 .
112
III. Génération et Détection des Ondes de Surface par Sources lasers
à partir du modèle théorique traité précédemment au premier chapitre pour les milieux
hétérogènes.
La figure III.20 représente un exemple de signaux temporels obtenus avec la méthode
ligne source/point récepteur sur une structure de type couche mince sur substrat pour des
distances source-récepteur différentes. La dispersion des ondes de surface y est clairement
observée pour ce système, (figure III.21) par rapport au cas de l’échantillon Cr(80 nm)/si
(figure III.19). L’effet dispersif est donc d’autant plus prononcé que l’épaisseur des couches
est importante.
Figure III.20 – Présentation des signaux temporels acquis sur un système bicouche (300
nm) sur un substrat de silicium. La distance pompe-sonde est augmentée de 1 µm à chaque
mesure. Le premier signal est obtenu à partir d’une position du spot du laser pompe fixée
à x = x0 .
113
III. Génération et Détection des Ondes de Surface par Sources lasers
D’autres méthodes basées sur les ultrasons-lasers permettent de caractériser des systèmes
sans recourir aux courbes de dispersion. Ces méthodes consistent à observer la résonance à
vitesse de groupe nulle de certains modes de Lamb afin de déterminer directement certaines
caractéristiques de la structure étudiée comme des plaques ou des fibres de dimensions mi-
crométriques [28], [29].
III.6 Conclusion
114
III. Génération et Détection des Ondes de Surface par Sources lasers
dyne stabilisée.
La dernière partie de ce chapitre a été consacrée à la description des données expérimentales
acquises lors de nos essais pour la détection des ondes élastiques de type surfacique.
Les mesures effectuées recouvrent trois directions de propagation pour chaque échantillon
élaboré (A, B, C et D). Pour chaque direction, trois séries de mesures sont effectuées
pour trois différents pas d’échantillonnage ∆x = 1, 5 et 10 µm. le choix de ∆x = 10 µm
permet d’avoir une bonne résolution spectrale en basses fréquences. Le choix de ∆x = 1
µm permet d’atteindre des fréquences jusqu’à 1 GHz.
Chaque série conduit à l’enregistrement de 40 signaux.
115
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of zero-group velocity Lamb waves in thin plates, Appl. Phys. Lett. 87, 2005.
118
Chapitre IV
Caractérisation de structures de
type multicouche mince sur
substrat
119
IV. Caractérisation de structures de type multicouche mince sur substrat
IV.1 Introduction
120
IV. Caractérisation de structures de type multicouche mince sur substrat
Le silicium est un matériau anisotrope, c’est-à-dire que selon le plan dans lequel est
situé le substrat et selon la direction cristallographique considérée, les valeurs des pa-
ramètres élastiques sont différentes. Son facteur d’anisotropie A, évalué à partir de la
relation (IV.1), est faible comparé à celui d’autres matériaux [1] :
Comme mentionné au premier chapitre, la propagation des ondes ultrasonores dépend des
propriétés élastiques du milieu et aussi de la direction de propagation. Un milieu ani-
sotrope peut donc s’apparenter à un milieu isotrope pour une direction de propagation
donnée [2].
La détermination des vitesses et directions de polarisation des ondes pouvant se propager
dans une direction donnée pour des milieux anisotropes homogènes semi-infini est régie
d’habitude par la résolution de l’équation de Christoffel. Cette résolution permet de ca-
ractériser ces ondes par leur direction de propagation → −
n , leur nombre d’onde k et leur
→
−
vecteur de polarisation P [3]. Le système d’équation de Christoffel est défini selon [4], [5]
par
Γil ul − ρV 2 ui , (IV.2)
121
IV. Caractérisation de structures de type multicouche mince sur substrat
Pour une direction de propagation donnée, les vitesses de phase recherchées sont les racines
de l’équation suivante [4] :
|Γil − ρV 2 δil | = 0, (IV.3)
avec
0 i 6= l
δil = , (IV.4)
1 i=l
Figure IV.1 – Le repère principal d’anisotropie du silicium est défini par les axes X1 , Y1
et Z1 [6].
122
IV. Caractérisation de structures de type multicouche mince sur substrat
Comme évoqué au premier chapitre, la relation générale entre les contraintes et les
déformations dans R1 s’exprime par son tenseur des rigidités élastiques d’ordre quatre.
Comme le silicium est un milieu de symétrie cubique, le tenseur élastique s’exprime comme
suit :
C11 C12 C12 0 0 0
C12 C11 C12 0 0 0
C12 C12 C11 0 0 0
(Cijkl ) = (Cγδ ) =
,
(IV.5)
0 0 0 C44 0 0
0 0 0 0 C44 0
0 0 0 0 0 C44
Le nombre de constantes élastiques peut être réduit en utilisant les symétries des
tenseurs et la convention suivante de contraction des indices (ij) → (γ), (kl) → δ.
Les valeurs numériques rencontrées dans la littérature des coefficients C11 , C12 et C44 du
silicium sont indiquées dans le tableau IV.1 [6], [7].
Tableau IV.1 – Valeurs numériques des constantes de rigidité du silicium [6], [7].
Ces constantes présentent les propriétés élastiques du cristal dans le repère principal R1 .
Dans un autre repère orthonormé quelconque Rq , ces dernières sont respectivement ex-
′ défini par un simple changement de repère [4], [5], [8], [9]. Le
primées par le tenseur Cγδ
repère Rq est relié au repère R1 par une matrice de changement de base notée (Aq1 ) [5],[9] :
avec
a11 a12 a13
(Aq1 ) = a21 a22 a23 . (IV.7)
a31 a32 a33
Les coefficients des tenseurs des rigidités élastiques s’expriment dans le repère quelconque
Rq à l’aide de la relation suivante [5],[9] :
X
′
Cijkl = aim ajn akp alq Cmnpq , (IV.8)
mnpq
123
IV. Caractérisation de structures de type multicouche mince sur substrat
Figure IV.2 – Propagation des ondes de surface dans la famille des plans (111) du silicium
cubique en fonction de la direction de propagation.
La figure IV.3, qui montre un résultat des travaux de Trzaskowskaa et al. [10], présente
124
IV. Caractérisation de structures de type multicouche mince sur substrat
Figure IV.3 – Vitesses de phase d’ondes de Rayleigh mesurées dans les structures sui-
vantes : silicium semi-infini (point), nickel (50 nm) sur substrat de silicium (carré) et nickel
(100 nm) sur silicium (triangle) [10].
125
IV. Caractérisation de structures de type multicouche mince sur substrat
Figure IV.4 – Propagation des ondes de surface dans la famille des plans (100) du silicium
cubique en fonction de la direction de propagation.
D’après les courbes de vitesses présentées à la figure IV.4, il existe une solution de type
onde de Rayleigh dont la vitesse de phase est supérieure à celle de l’onde transversale lente
[11] [12].
Dans cette partie, nous nous intéressons à l’influence des différents paramètres du sub-
strat sur les courbes de dispersion dans la structure de type mono-couche dans un premier
temps et dans des structures multicouches sur substrat dans un deuxième temps.
L’onde de Rayleigh se propage à la surface d’un milieu semi infini (substrat) et devient
dispersive lorsqu’une couche est déposée sur celui-ci, la vitesse de propagation de cette
onde dépend alors de sa fréquence.
Les structures étudiées sont un film de cuivre de 150 nm d’épaisseur et une bicouche de
nickel/cuivre de 300 nm d’épaisseur sur un substrat de silicium d’orientation (111) et
(100).
Les courbes de dispersion, illustrées aux figures IV.5, IV.6 et IV.7, présentent respective-
126
IV. Caractérisation de structures de type multicouche mince sur substrat
ment les fréquences en fonction des nombres d’onde et les vitesses de phase en fonction
ω
des fréquences. Les deux représentations sont liées par la relation v = k. L’analyse de
ces courbes montre que la pente des courbes (f, k) jusqu’à 1000 MHz varie faiblement
pour les plans (100) et (111). Les différentes propriétés des matériaux utilisés dans l’étude
théorique sont regroupées dans les tableaux IV.2 et IV.3.
Figure IV.5 – Courbe de dispersion du premier mode de Rayleigh dans une structure
Cu(150 nm)/Si pour les plans (100) et (111).
127
IV. Caractérisation de structures de type multicouche mince sur substrat
Figure IV.6 – Vitesse de phase du premier mode de Rayleigh dans une structure
Cu(150 nm)/Si pour les plans (100) et (111).
Figure IV.7 – Vitesse de phase du premier mode de Rayleigh dans des bicouches
N i(150 nm)/Cu(150 nm)/Si
128
IV. Caractérisation de structures de type multicouche mince sur substrat
Figure IV.8 – Vitesse de phase du premier mode de Rayleigh dans une structure
Cu/N i/Si(111) pour différentes directions de propagation.
129
IV. Caractérisation de structures de type multicouche mince sur substrat
Figure IV.9 – Déviation relative de la vitesse de phase pour une rotation du substrat de
silicium de 5o , (la vitesse V1 correspond à θ = 0o ), (V2 à θ = 5o ).
La plupart des travaux de recherche considère les couches déposées isotropes dans le but
de simplifier les calculs. Dans cette partie les cas d’isotropie et d’anisotropie sont étudiés et
notamment leurs influences sur la dispersion de la structure N i(150 nm)/Cu(150 nm)/Si-
(111) (figure IV.10). Les facteurs d’anisotropie du cuivre et du nickel sont indiqués dans
le tableau IV.4.
Matériaux Cu Ni
Anisotropie (A) 3.12 2.5
130
IV. Caractérisation de structures de type multicouche mince sur substrat
Figure IV.10 – Courbes de dispersion du premier mode de Rayleigh dans une structure
N i/Cu/Si(111), en considérant les paramètres élastiques des couches dans les deux cas,
isotrope et anisotrope.
Concernant l’influence des épaisseurs des couches, il est évident d’après la figure IV.11,
que la courbe de dispersion dépend essentiellement de l’épaisseur globale des couches,
puisque dans notre cas les deux matériaux choisis ont des propriétés élastiques proches.
Toute variation sur la courbe de dispersion, est donc surtout due à une variation de
l’épaisseur globale de la multicouche.
131
IV. Caractérisation de structures de type multicouche mince sur substrat
Comme nous l’avons vu dans les paragraphes précédents, les paramètres des couches
influent sur la dispersion seulement pour les hautes fréquences. Dans cette partie, on
va comparer l’influence de l’épaisseur et des constantes de rigidité sur les courbes de
dispersion, en les augmentant et en les diminuant de 10%. Les courbes de dispersion
obtenues en vitesse de phase sont présentées à la figure IV.12. Les variations de la vitesse
de phase les plus importantes sont observées à 1000 MHz. Ainsi pour donner un ordre de
grandeur de l’influence de chaque paramètre, les variations relatives des vitesses de phase
obtenues à 1000 MHz sont répertoriées dans le tableau IV.5.
L’analyse de ces courbes montre que la pente des courbes de dispersion varie fortement,
à peu prés d’un facteur 2, en fonction d’une variation de l’épaisseur, par rapport à une
variation des six constantes élastiques des deux couches, c’est à peu prés le double (figure
IV.13).
132
IV. Caractérisation de structures de type multicouche mince sur substrat
Tableau IV.5 – Influence des paramètres du multicouche sur la vitesse de phase du premier
mode de Rayleigh à une fréquence de 1000 MHz.
133
IV. Caractérisation de structures de type multicouche mince sur substrat
Intéressons nous ici au cas d’une structure tricouche constituée d’une couche de cuivre
et d’une couche de nickel, et entre les deux, d’une couche d’alliage de type constantan
(≃ 55% Cu + 45% Ni) dont les paramètres sont donnés dans le tableau IV.6.
Le cuivre et le nickel ont une structure cristalline cubique à face centrées, avec des pa-
ramètres de maille 3.6150 Ao pour le cuivre et 3.5238 Ao pour le nickel, ce qui donne
un désaccord paramétrique de 2.5%. Ces deux éléments sont côte à côte dans le ta-
bleau périodique. Nous allons présenter leurs propriétés élastiques et thermodynamiques
en termes de diagramme de phase et de coefficient de diffusion afin d’étudier la miscibilité
du système Cu-Ni [15].
134
IV. Caractérisation de structures de type multicouche mince sur substrat
Nous traçons par la suite les courbes de dispersion théoriques du système bicouche et pour
le système FGM.
135
IV. Caractérisation de structures de type multicouche mince sur substrat
Figure IV.15 – Courbes de dispersion du premier mode de Rayleigh, dans les structures
bicouche et FGM avec variation d’épaisseur.
Figure IV.16 – Courbes de dispersion du premier mode de Rayleigh, dans les structures
bicouches et FGM sans variation d’épaisseur.
136
IV. Caractérisation de structures de type multicouche mince sur substrat
A partir de ces figures (IV.15 et IV.16), nous observons que l’insertion de la couche
d’alliage peut avoir un impact non négligeable sur les courbes de dispersion du premier
mode de Rayleigh même dans le cas ou la même épaisseur globale est considérée (figure
IV.16).
La caractérisation d’une structure couche mince sur substrat est couramment étudiée
en faisant correspondre les courbes de dispersion expérimentales avec les courbes de dis-
persion théoriques.
Dans cette partie, nous nous intéressons à la caractérisation des multicouches dont les
différents paramètres ont été étudiés précédemment. Certains ont une influence importante
sur la courbe de dispersion du premier mode de Rayleigh et d’autres ont une influence
négligeable, ce qui permet de réduire le degré de liberté de ces systèmes, et diminuer le
nombre d’inconnues (épaisseur, propriétés élastiques du substrat, propriétés élastiques des
couches).
En général, les caractéristiques des structures étudiées sont déduites des caractéristiques
du modèle théorique pris en compte. Pour le silicium, les paramètres sont bien connus
dans la littérature. Notre étude consiste à déterminer les paramètres des multicouches.
Dans un premier temps, les résultats expérimentaux liés aux mesures réalisées sur les
différents échantillons seront présentés. Ensuite, il sera question de l’étalonnage nécessaire
au dispositif expérimental de façon à faire correspondre la courbe de dispersion expérimentale
du premier mode de Rayleigh en basse fréquence avec la courbe théorique. L’épaisseur du
multicouche est déduite en utilisant les plus hautes fréquences du spectre.
Comme décrit au chapitre III, l’acquisition des informations sur les ondes de surface qui
se propagent dans une direction bien précise est effectuée par la méthode ligne source/point
137
IV. Caractérisation de structures de type multicouche mince sur substrat
récepteur. Pour avoir une bonne résolution spectrale en basses fréquences, la distance de
propagation est augumentée de ∆x ≃ 10 µm entre chaque série de mesures.
Le pas est réduit à ∆x ≃ 5 µm et à ∆x ≃ 1 µm afin d’étendre la limite haute du spectre
(1 GHz). La fréquence d’échantillonnage est de 10 GHz pour toutes les mesures.
Les courbes de dispersion caractéristiques des structures étudiées sont en premier lieu
obtenues à l’aide de la transformée de Fourier spatiale à deux dimensions implémentées à
l’aide d’un algorithme rapide (2D-FFT) [20] [21] (Annexe C). Cette méthode est appliquée
pour tous les signaux acquis associés à l’onde de surface se propageant suivant la direction
[110] (φ = 0o ), considérée comme direction de référence de chaque structure, et aussi
suivant d’autres directions (φ = 45o , 90o pour les structures composées d’un substrat de
type (100) et φ = 45o , 60o pour les substrat de type (111)). La représentation graphique
des résultats de la 2D-FFT ainsi obtenue est donnée aux figures IV.17, IV.18 et IV.19
pour 40 mesures suivant la direction [110] de l’échantillon A (N i/Cu/Si(111)) et différent
pas d’échantillonnage spatial(≃10µm, 5µm, 1µm). A chaque acquisition, la ligne source
est donc déplacée de ∆x.
Le pas d’échantillonnage ∆x ≃ 10µm détermine un vecteur d’onde maximum kmax ≃
3 × 105 m−1 . A cet échantillonnage spatial, le risque de repliement est plus important que
pour ∆x ≃ 1 µm. Ce dernier pas détermine un vecteur d’onde maximal kmax ≃ 3×106 m−1 ,
avec une résolution en nombre d’onde dix fois plus large qu’avec les mesures faites avec
un pas de 10µm pour une résolution spatio-fréquentielle ∆k ≃ 10 × 103 m−1 .
Les différents échantillons utilisés au cours de nos travaux sont rappelés dans le tableau
IV.7.
138
IV. Caractérisation de structures de type multicouche mince sur substrat
139
IV. Caractérisation de structures de type multicouche mince sur substrat
La méthode spectrale n’est pas assez précise pour déterminer les pulsations et les
amplitudes complexes des modes superposés dans le signal vibratoire. Nous utilisons
donc la méthode ”Matrix-Pencil” (MP) qui permet de déterminer d’une manière plus
exacte les amplitudes et les fréquences complexes. Les figures IV.20, IV.21, IV.22 et IV.23
représentent les résultats du traitement des signaux avec la méthode Matrix-Pencil pour
différents seuils de troncature ’δ’ des valeurs singulières issues de la décomposition en va-
leurs singulières (SVD) triées par ordre décroissant [22] [23] (Annexe D). Les premières
valeurs singulières sont significatives des pulsations qui correspondent aux valeurs maxi-
males des amplitudes de la transformée de Fourier spatiale et permettent de déduire le
premier mode de Rayleigh. Les valeurs singulières suivantes sont associées à des fréquences
présentes dans le spectre de bruit.
140
IV. Caractérisation de structures de type multicouche mince sur substrat
141
IV. Caractérisation de structures de type multicouche mince sur substrat
142
IV. Caractérisation de structures de type multicouche mince sur substrat
143
IV. Caractérisation de structures de type multicouche mince sur substrat
144
IV. Caractérisation de structures de type multicouche mince sur substrat
Intéressons nous maintenant aux mesures comparant les structures bicouche et tri-
couche, caractérisées par les courbes de dispersion présentées en figure IV.27.
A partir de cette figure, l’épaisseur de la couche de constantan semble avoir un impact
non négligeable sur les courbes de dispersion et l’effet dispersif est d’autant plus prononcé
aux hautes fréquences, au delà de 200 MHz. En effet, aux très basses fréquences, lorsque
la longueur d’onde de Rayleigh est très grande devant l’épaisseur totale des couches, sa
vitesse de propagation est uniquement déterminée par le substrat.
Figure IV.27 – Influence de la couche d’alliage (CST) sur la dispersion du premier mode
de Rayleigh dans le système Ni/Cu/Si(100).
145
IV. Caractérisation de structures de type multicouche mince sur substrat
Échantillons A B C D
VR [m/s] 4776.4 4901.7 4775.8 4900.9
Les vitesses de phase de l’onde de Rayleigh VR ≃ 4776m/s dans les substrats des échantil-
lons A et C (silicium (111)), sont en bon accord avec la vitesse de l’onde de Rayleigh
obtenue numériquement avec la méthode de Christoffel pour un milieu semi infini ho-
mogène de silicium dans la direction [110] (figure IV.2).
C’est aussi le cas de la vitesse VR ≃ 4901m/s issue des courbes de dispersion numériques
pour les échantillons B et D, (figure IV.4).
La figure IV.28 compare les courbes de dispersion théorique et expérimentale pour l’échanti-
llon A en basses fréquences. Il est à noter qu’il existe une incertitude sur l’échantillonnage
spatial que l’on peut évaluer à 15% liée au positionnement du laser pompe lors des
expérimentations. La gamme de fréquences visée s’étend de 0 MHz à 200 MHz avec des
données acquises avec un pas spatial ∆x ≃ 10 µm.
La pente de la courbe de dispersion expérimentale de l’échantillon A en basse fréquences
est a=666.37, ce qui correspond à une vitesse de phase VRexp = 4187 m/s, alors que la
vitesse théorique est VRnum = 4776.4 m/s. Le rapport entre les deux vitesses est :
VRexp
R= = 0.87. (IV.12)
VRnum
Ceci introduit une incertitude relative sur l’échelle des nombres d’onde de 15%. Le meilleur
accord entre les courbes théoriques et expérimentales dans la bande [0-100 MHz] (figure
IV.30) est obtenu par ajustement du pas d’échantillonnage à la valeur ∆x = 11.49 µm.
146
IV. Caractérisation de structures de type multicouche mince sur substrat
147
IV. Caractérisation de structures de type multicouche mince sur substrat
La correction de l’échelle k est aussi appliquée pour les mesures avec un pas d’échantillon-
nage spatial ∆x ≃5 µm (figure IV.31). Une bonne concordance entre le numérique et
l’expérimental pour la gamme de fréquences de 0 à 200 MHz est observée. Par contre
pour les hautes fréquences, un décalage existe entre les courbes de dispersion théorique
et expérimentale recalée dû à l’incertitude sur la valeur exacte de l’épaisseur de dépôt,
supposée de 300 nm dans l’étude numérique (figure IV.32).
Pour chaque nombre d’onde k, il est intéressant de calculer l’écart ∆F, entre les fréquences
expérimentales Fexp et numériques Fnum , tel que :
148
IV. Caractérisation de structures de type multicouche mince sur substrat
Figure IV.32 – Zoom des courbes de dispersion théorique et expérimentale après correc-
tion de l’échelle des nombres d’ondes utilisée dans l’expérimentation pour l’échantillon A
dans la gamme de fréquences [200 MHz-400 MHz].
149
IV. Caractérisation de structures de type multicouche mince sur substrat
Figure IV.33 – Variation du décalage de fréquence existant entre les mesures et les calculs
en fonction des nombres d’onde.
En effet, il a été constaté au paragraphe IV.3.3 que les paramètres élastiques des
couches pouvaient peu influer les vitesses de propagation du premier mode de Rayleigh
par rapport la variation de l’épaisseur globale des couches (tableau(IV.5)).
La figure IV.27 a montré que l’augmentation de l’épaisseur des couches renforce l’effet
dispersif dans les hautes fréquences [26].
Afin de déterminer les épaisseurs des dépôts élaborés lors de nos expérimentations et
déduire les plus faibles variations d’épaisseur mesurables par le dispositif expérimental,
l’effet de l’épaisseur des couches sur la dispersion du premier mode de Rayleigh (figure
IV.34) est dans un premier temps étudié.
L’épaisseur h=300 nm est considérée comme référence pour les études numériques.
150
IV. Caractérisation de structures de type multicouche mince sur substrat
kref − ki
δ= , (IV.14)
kref
où k=kref pour h = 300 nm (voir figure IV.36). Cette déviation relative est représentée à
la figure IV.37. A partir de la figure IV.32, à la fréquence F = 371M Hz, la déviation de
nombres d’onde entre la théorie et les mesures est δ = +3% ce qui correspond, d’après la
figure IV.37, à un décalage d’épaisseur de ∆h = −80 nm, ce qui signifie que le bicouche
de l’échantillon A est d’épaisseur h = 220nm.
151
IV. Caractérisation de structures de type multicouche mince sur substrat
Figure IV.35 – Influence de l’épaisseur du bicouche Cu/Ni sur le nombre d’onde à une
fréquence F=371 MHz.
Figure IV.36 – Déviation de nombre d’onde ki par rapport kref lors l’augmentation de
l’épaisseur.
152
IV. Caractérisation de structures de type multicouche mince sur substrat
153
IV. Caractérisation de structures de type multicouche mince sur substrat
154
IV. Caractérisation de structures de type multicouche mince sur substrat
Figure IV.39 – Courbes de dispersion numériques pour les structures : Cr/Si et Cr/Verre.
155
IV. Caractérisation de structures de type multicouche mince sur substrat
Pour la fréquence maximale mesurée de l’onde propagative, ici de 1 GHz (figure IV.40),
on obtient k = 1.47×106 m−1 . Sur la figure IV.41, les courbes de dispersion expérimentale et
théorique sont présentées et montrent l’existence d’une faible dispersion dans la structure
Cr(80 nm)/Si à partir de 500 MHz. La faible dispersion s’explique par l’existence d’une
couche mince de très faible épaisseur sur le substrat. Cette dispersion se caractérise par
un décalage de fréquence par rapport au milieu semi infini de silicium dont la vitesse de
phase (pente de la courbe (F,k)) est constante et indépendante de la fréquence.
Les écarts de fréquences sont calculés pour tous les nombres d’onde et représentés à la
figure IV.42.
Le décalage de fréquences entre les courbes de dispersion expérimentales de Cr/Si et
du silicium semi-infini théorique pour k = 1.47 × 106 m−1 avoisinent ∆F = −81 MHz, ce
qui correspond à une épaisseur de la couche de Chrome de h=85.76 nm (figure IV.44).
Cette courbe est déterminée à partir de l’étude numérique de la variation de la pente des
courbes de dispersion en fonction de la variation de l’épaisseur de la couche, présentée à
la figure IV.43.
156
IV. Caractérisation de structures de type multicouche mince sur substrat
157
IV. Caractérisation de structures de type multicouche mince sur substrat
Figure IV.42 – Variations du décalage en fréquence obtenu entre les mesures de (Cr/Si)
et (Si) semi-infini en fonction des nombres d’onde.
158
IV. Caractérisation de structures de type multicouche mince sur substrat
IV.6 Conclusion
159
Bibliographie
[3] M. Bruneau, C. Potel, Matériaux et acoustique - Tome 1, Propagation des ondes acous-
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[4] D. Royer et E. Dieulesaint, Ondes élastiques dans les solides. Tome 1 : Propagation
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Silicon and Germanium, Journal of Applied Physics, vol. 36, 1965.
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160
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[23] T.K. Sarkar, F. Hu, Y. Hua, M. Wicks, A real-time signal processing technique for
approximating a function by a sum of complex exponentials utilizing the matrix-pencil
approach, Digital Signal Processing. vol. 4, N. 2, p. 127-140, 1994.
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sical Review, Vol. 119, N. 2, 1960.
[27] D. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, 88th Edition, Dr. David Lide.
162
Conclusion générale
Conclusion générale
163
Conclusion générale
164
Annexe A
Méthode ODE
La méthode employée dans notre étude théorique est celle des équation différentielles
ordinaires (ODE). On procède dans cet annexe au développement de cette méthode, par-
∂ul
tant de la loi de Hooke pour un milieu non piézoélectrique : Tij = Cijkl ∂x k
165
Annexe A : Méthode ODE
matricielle :
T Γ Γ13 U
i1 = 11 ,1 , (A.1)
Ti3 Γ31 Γ33 U,3
avec :
C1111 C1121 C1131 C1113 C1123 C1133
Γ11 = C2111 C2121 C2131 , Γ13 = C2113 C2123 C2133 , (A.2)
C3111 C3121 C3131 C3113 C3123 C3133
C C1321 C1331 C C1323 C1333
1311 1313
Γ31 = C2311 C2321 C2331 , Γ33 = C2313 C2323 C2333 . (A.3)
C3311 C3321 C3331 C3313 C3323 C3333
∂
Développons la deuxième ligne du système (A.1) avec ∂x1 = ik1 , on obtient trois équations
qui relient les déplacements ui , et les contraintes Ti3 :
∂U
= i −k1 Γ−1 Γ
33 31 −iΓ −1 ξ.
33
(A.4)
∂x3
En intégrant l’expression de déplacement pour une couche (A.6) aux équations du système
de mouvement (A.7), on obtient trois équations à six variables (ui , Ti3 ) (A.8) :
6
→
− →
−
X
u = u n, (A.5)
n=1
6
→
− n
X
u = u0n Pn eik3 x3 ei(k1 x1 −ωt) , (A.6)
n=1
∂ 2 ui ∂ 2 ui
ρ = C ijkl . (A.7)
∂t2 ∂xj ∂xk
∂T13 ∂T11
∂x3 = −ρω 2 u1 − ∂x1
∂T23 ∂T21
∂x3 = −ρω 2 u2 − ∂x1
(A.8)
∂T33 ∂T31
= −ρω 2 u3 −
∂x3 ∂x1
166
Annexe A : Méthode ODE
∂ 2 ui
avec ∂t2
= −ω 2 ui .
Ce système peut être contracté en utilisant les vecteurs U , T et T ′ = Ti1 comme suit :
∂T ∂T ′
= −ρω 2 I ′ U − (A.9)
∂x3 ∂x1
1 0 0
′
avec : I = 0 1 0.
0 0 1
En exprimant le vecteur T ′ en fonction des matrices Γik et en utilisant l’équation (A.4)
nous obtenons le système de trois équations :
∂T
= i −i(Γ11 − Γ13 Γ−1 2 2
33 Γ31 )k1 + iρω I
′ −1 ξ
−ik1 Γ13 Γ33 (A.10)
∂x3
En regroupant les systèmes (A.4) et (A.10), le tenseur fondamental acoustique A peut être
écrit, pour un milieu non piézoélectrique, comme suit
−k1 Γ−1 Γ
33 31 −iΓ −1
33
A= . (A.11)
−i(Γ11 − Γ13 Γ33 Γ31 )k1 + iρω I −ik1 Γ13 Γ−1
−1 2 2 ′
33
167
Annexe B
Soit N couches homogènes superposées comme sur la figure B.1. Le contact entre
les différents éléments de la structure est considéré comme parfait. La numérotation des
différentes couches et interfaces se fait à partir de la surface du substrat.
168
Annexe B : Méthode de la matrice de transfert
La propagation au sein d’une couche anisotrope est caractérisée par la génération d’ondes
planes longitudinales et transversales. Elle se propagent vers les x3 négatifs ou vers les x3
positifs. Six ondes sont donc présentes dans chaque couche : une onde (quasi) longitudinale
et deux (quasi) transversales se propageant vers les x3 négatifs, ainsi qu’une onde (quasi)
longitudinale et deux (quasi) transversales se propageant vers les x3 positifs.
La matrice de transfert S m reliant les déplacements et les contraintes de la surface x3 = xm
3
avec u− −
m et Tm les les déplacements et les contraintes en haut de la couche et ceux en bas
u+ +
m et Tm tels que
u−
m P+ P −H − A+
= m , (B.2)
−
Tm D+ D− H − A−
m
et
u+
m P +H + P− A+
= m . (B.3)
+
Tm D+ H + D− A−
m
(3×3) des contraintes et H ± les matrices diagonales (3×3) de déphasage qui s’écrivent
sous la forme suivante :
+1
H + = Diag(eik3 hm , eik3+2 hm , eik3+3 hm ),
−1
H − = Diag(eik3 hm , eik3−2 hm , eik3−3 hm ).
169
Annexe C
Le tracé des résultats de l’équation C.2, dans le domaine nombre d’onde-fréquence (k, ω)
permet de visualiser les courbes de dispersion directement.
170
Annexe D
Méthode ”Matrix-Pencil”
Dans l’expression D.1, les pulsations complexes ωn et les amplitudes complexes An sont
les inconnues à déterminer. Le paramètre n correspond au nombre de modes recherchés
(1≤ n ≤ M ).
La méthode du ”Matrix-Pencil” (MP) détermine de manière plus robuste que la méthode
spectrale les fréquences et les amplitudes complexes de la composition en modes propres
donnée par l’équation D.1.
Le signal u(k, t) est échantillonné sur N points : u(k, t) = [u(k, t1 ), u(k, t2 ), ..., u(k, tN )]
avec une période d’échantillonnage Te et ti = (i − 1)Te .
Pour un nombre d’onde fixe k et à t=ti , le signal vibratoire s’écrit u(k, ti ) = ui .
A partir du signal u(k, t) échantillonné, on construit les deux matrices de Hankel X1 et
X2 :
u1 u2 ... uL
u2 u3 ... uL+1
X1 =
,
(D.2)
: : ... :
uN −L uN −L+1 ... uN −1
et
171
Annexe D : Méthode ”Matrix-Pencil”
u2 u3 ... uL+1
u3 u4 ... uL+2
X2 =
.
(D.3)
: : ... :
uN −L+1 uN −L+2 ... uN
Le paramètre L est appelé paramètre de Pencil, il fixe les dimensions des matrices, et
permet de mieux estimer le signal en présence de bruit. On doit avoir M ≤ L ≤ N − M .
D’après Sarkar et al.(ref.23 CH.IV), la valeur de L qui minimise la variance de l’estimation
des fréquences doit être telle que :
N N
≤L≤ . (D.4)
3 2
avec U et V deux matrices aux colonnes orthogonales et Σ une matrice diagonale contenant
les L valeurs singulières positives de X1 triées par ordre décroissant.T désigne l’opérateur
transposé.
Chaque valeur singulière est associée à une fréquence. En particulier, les M fréquences du
signal u(t) sont associées aux M valeurs singulières les plus grandes. Les valeurs singulières
associées aux fréquences présentes dans le bruit sont nettement plus faibles, ce qui permet
de séparer le signal du bruit.
Considérons Σ̃ = diag(σ1 , · · · , σM ) la matrice diagonale contenant seulement les M premiè-
res valeurs singulières de X1 et soit Ũ et Ṽ les matrices constituées uniquement des M
premières colonnes de U et V , respectivement. Pour déterminer les fréquences du signal
u(k,t) pour un nombre d’onde donné, on résout le problème aux valeurs propres généralisées
suivant :
(Ũ T X2 Ṽ )Y = λΣ̃Y, (D.6)
où λ est une valeur propre et Y un vecteur propre de la matrice (Ũ T X2 Ṽ Σ̃−1 ) associé à
λ avec
λn = exp(iωn Te ). (D.7)
172
DAMMAK Yosra
Caractérisation numérique et expérimentale par ultrason
ultrasons de matériaux à
gradient fonctionnel
Characterization of Functionally Graded Material by Ultrasonic signals
Résumé Abstract
Ce travail porte sur l'étude de structures multicouches à This thesis focuses on the study of multilayered and
gradient de propriétés (FGM : Functionnally Graded FGM systems (FGM : Functionnally Graded Materials).
Materials). Ces matériaux sont apparus afin d'obtenir The main purpose of this type of materials is to obtain
des dépôts aux caractéristiques nouvelles et deposits with new and innovative features and to
innovantes. Les FGM sont désormais présents dans increase the fracture toughness. From now on, FGM
divers applications de haute technologie. Un système have been used in various high technology applications.
multicouche à gradient de composition entre le cuivre A multilayer system with a composition gradient of
et le nickel, a fait l'objet d'une étude expérimentale par copper and nickel was studied experimentally by the
l'application de la technique des ultrasons laser (LU) application of the laser ultrasonics (LU) technique which
couplée à une étude numérique basée sur le was coupled to a theoretical study based on the
formalisme de Stroh et la méthode de la matrice de ordinary differential equations (ODE) and the Stiffness
raideur. Le travail de thèse est organisé autour de Matrix Method (SMM). This PhD thesis is organized
quatre chapitres. Le premier chapitre est dédié à around four chapters. The first chapter is dedicated to a
l'aspect théorique de la propagation des ondes de theoretical study of the propagation behavior of surface
surface dans une structure multicouche et à gradient de acoustic wave (SAW) in a multilayer system with à
propriétés. Ainsi, un développement des méthodes gradient of properties. Thus, the numerical methods
numériques pour les matériaux dotés de la developped for the piezoelectric materials (FGPM) are
piézoélectricité est fourni. Le second chapitre se presented. The second chapter is devoted to describe
consacre à l'élaboration des échantillons utilisés dans the setup for making the samples used in this study
notre étude et obtenus par pulvérisation cathodique. which were obtained by sputtering technique. The third
Le troisième chapitre présente la méthode opto- chapter presents the experimental study dedicated to
acoustique utilisée pour caractériser les échantillons the measurement of surface wave velocities in many
réalisés. le dernier chapitre présente les résultats crystal orientations. The last chapter of the manuscript
expérimentaux, confrontés aux résultats théoriques, presents experimental results, compared to the
décrivant le comportement dispersif des multicouches theoretical results, describing the dispersive behavior of
submicrométriques. submicrometer multilayers.