MQ CH Texier Extrait PDF
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Christophe Texier
2ème édition
5 novembre 2014
Gauche : Diffraction d’électrons passant par un trou. La figure est obtenue en déplaçant une
pointe SPM (scanning probe microscope) chargée négativement au-dessus d’un gaz d’électrons
bidimensionnel (des électrons contraints à se déplacer à l’interface de deux semi-conducteurs
GaAs/GaAlAs). La conductance du trou est mesurée en fonction de la position de la pointe
et révèle la densité électronique (ici en présence d’un flot de courant). Image gracieusement
fournie par Arthur Gossard & Mark Topinka, tirée de : M. A. Topinka, Imaging coherent
electron wave flow through 2-D electron gas nanostructures, Ph.D. Thesis, Harvard University
(2002).
Droite : Image par microscopie électronique d’un réseau de fils d’argent déposé sur un sub-
strat isolant (le pas du réseau est 0.64µm). À très basse température, la mesure de la résistance
électrique en fonction du champ magnétique (courbe superposée à l’image) donne un accès
direct au rapport de la constante de Planck et de la charge de l’électron (le quantum de flux
magnétique φ0 = h/|qe |). Ces petites oscillations de la résistance électrique sont appelées
oscillations Aharonov-Bohm et sont la manifestation d’un phénomène d’interférences
ii
À Marie-Flore
iii
Table des matières
1 Introduction 1
1.1 Qu’est-ce que la mécanique quantique ? . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1.2 Brèves considérations historiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2.1 La mécanique newtonienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2.2 L’électromagnétisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.2.3 La physique statistique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.2.4 Les impasses de la théorie classique . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.2.5 Une nouvelle constante fondamentale : la constante de Planck ~ 10
1.3 La structure des théories physiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.4 Aperçu des postulats de la mécanique quantique . . . . . . . . . . . . 13
1.4.1 Les concepts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.4.2 Les postulats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
1.4.3 Difficultés de l’interprétation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
1.4.4 Différentes formulations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
1.5 Premières conséquences importantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
1.5.1 La dualité onde-corpuscule . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
1.5.2 Le principe de superposition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.5.3 Particule libre dans une boı̂te : quantification . . . . . . . . . . 20
1.5.4 Spectre quantifié vs continuum . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
Annexe 1.A : La physique quantique en quelques dates . . . . . . . . . . . . 22
Annexe 1.B : Rappels de mécanique analytique . . . . . . . . . . . . . . . . 31
v
TABLE DES MATIÈRES TABLE DES MATIÈRES
vi
TABLE DES MATIÈRES TABLE DES MATIÈRES
Exercices
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
vii
TABLE DES MATIÈRES TABLE DES MATIÈRES
viii
TABLE DES MATIÈRES TABLE DES MATIÈRES
ix
TABLE DES MATIÈRES TABLE DES MATIÈRES
Bibliographie 354
Index 358
x
Avant-propos – Mode d’emploi
xi
TABLE DES MATIÈRES TABLE DES MATIÈRES
xii
TABLE DES MATIÈRES TABLE DES MATIÈRES
Cette seconde édition, impulsée par Lætitia Herin et mise en œuvre par Coline
Laquêche, que je remercie chaleureusement, m’a donné l’occasion de corriger les co-
quilles de la première édition. J’en ai profité pour clarifier, restructurer ou même
compléter certaines parties (chapitres 1 et 2, annexe 11.A). Un certain nombre d’exer-
cices (5.2, 5.8, 5.9, 11.3, 12.4, 13.2, 15.3, 15.4, 16.4) et problèmes (7.1, 11.2, 15.1) ont
été complétés ou simplement ajoutés.
xiii
TABLE DES MATIÈRES TABLE DES MATIÈRES
Structure de l’ouvrage
Le schéma suivant montre la structure de l’ouvrage. Les flèches indiquent les relations
logiques entre les chapitres. Les flèches épaisses définissent un cheminement natu-
rel (le programme du cours de mécanique quantique du magistère d’Orsay).
7. Oscillateur harmonique
Les deux branches qui ne s’inscrivent pas dans le chemin principal correspondent
à deux chapitres ajoutés à la version initiale des notes de cours. Le chapitre 10, qui
pourra être sauté sans nuire à la compréhension globale, est d’un niveau plus ardu.
xiv
TABLE DES MATIÈRES TABLE DES MATIÈRES
Notations
def
= égal par définition Γ(z) fonction Gamma d’Euler
' approximativement égal à ψ(z) fonction digamma
∼ de l’ordre de C = ψ(1) constante d’Euler-Mascheroni
∝ proportionnel à B(µ, ν) fonction Beta d’Euler
N ensemble des entiers naturels Hn (z) polynôme d’Hermite
Z ensemble des entiers relatifs Pn (z), Pnm (z) polynômes de Legendre
R ensemble des nombres réels Lαn (z) polynôme de Laguerre
C ensemble des nombres Jν (z) fonction de Bessel
complexes Nν (z) fonction de Neumann
Re(· · · ) partie réelle (Bessel de 2ème espèce)
Im(· · · ) partie imaginaire (1)
Hν (z) fonction de Hankel
z̄ ou z ∗ complexe conjugué de z (Bessel de 3ème espèce)
Tr { } trace Kν (z) fonction de MacDonald
h· · ·i moyenne (Bessel modifiée de 3ème
Var(· · · ) variance p espèce)
∆X écart-type (= Var(X)) ~ = h/(2π) constante de Planck
θH (x) fonction de Heaviside c célérité de la lumière
δ(x) distribution de Dirac 0 permittivité diélectrique du vide
δi,j symbole de Kronecker µ0 permittivité du vide
ψ̃(k) transformée de Fourier ψ(x) me masse de l’électron
f ∗g produit de convolution qe charge de l’électron
∇~ gradient qe2
e2 = 4π couplage électromagnétique
0
∆=∇ ~ 2 Laplacien m∗ masse effective
ψ(~r; t) fonction d’onde
ρψ (~r; t) densité de probabilité
J~ψ (~r; t) densité de courant de
probabilité Principales unités (système MKSA)
H espace de Hilbert m mètre
|ψi vecteur d’état (ket) kg kilogramme
hψ| dual du vecteur d’état (bra) s seconde
hψ|χi produit scalaire J Joule
⊗ produit tensoriel K Kelvin
[, ] commutateur A Ampère
1N matrice identité de taille N C Coulomb
H hamiltonien V Volt
J~ moment cinétique (générique) Ω Ohm
~` moment cinétique orbital T Tesla
S~ moment cinétique de spin F Farad
σx , σy , σz matrices de Pauli
Y`m (θ, ϕ) harmonique sphérique
xv
TABLE DES MATIÈRES TABLE DES MATIÈRES
xvi
Chapitre 1
Introduction
1
1.2 Brèves considérations historiques Introduction
bouleversements. Elles nous aideront à mieux saisir les paragraphes suivants qui seront
consacrés à une description succincte de la structure des théories physiques et de la
mécanique quantique en particulier.
2
Introduction 1.2 Brèves considérations historiques
prédiction de l’existence d’une nouvelle planète fut confirmée le 23 septembre par une
observation de Johann Galle.
1.2.2 L’électromagnétisme
Parallèlement à la théorie du mouvement des corps matériels, les phénomènes de na-
tures électrique et magnétique étaient décrits par un certain nombre de lois finalement
unifiées dans ce qui est aujourd’hui appelé l’électromagnétisme.
La théorie des phénomènes électriques s’est développée principalement dans la
seconde moitié du XVIIIe siècle. On peut citer les noms de Charles Augustin Coulomb
(1736-1806), d’Alessandro Volta (1745-1827) et de Denis Poisson (1781-1840).
Les phénomènes magnétiques étaient décrits depuis longtemps (les aimants furent
découverts par les grecs dès l’antiquité), mais ce n’est qu’en 1820 que la relation
entre les phénomènes magnétiques et électriques fut démontrée par une expérience
réalisée par Hans Christian Œrsted (1777-1851) montrant que l’aiguille d’une bous-
sole est influencée par le courant électrique traversant un fil disposé à proximité. Les
contributions importantes furent apportées par André Marie Ampère (1775-1836),
Jean-Baptiste Biot (1774-1862) et Michael Faraday (1791-1867). La construction du
bel édifice fut parachevée par James Clerk Maxwell (1831-1879) qui donna une vi-
sion unifiée de l’ensemble des phénomènes à travers les fameuses quatre équations qui
portent aujourd’hui son nom, présentées devant la Royal Society en 1864. Il est aujour-
d’hui considéré comme un des précurseurs de la vision moderne de la physique, pour
avoir donné une place centrale à la notion de symétrie dans une théorie physique.
C’est apparemment des considérations purement esthétiques (on dirait aujourd’hui
de symétrie ) qui le conduisirent à ajouter un dernier terme dans la dernière des
quatre équations. Ces quatre équations aux dérivées partielles décrivent la dynamique
des champs électrique E(~ ~ r, t) et magnétique B(~
~ r, t) : un premier couple d’équations
fixe des contraintes sur les champs divB ~ = 0 et rot ~ E~ = −∂B ~ (les deux champs
∂t
dérivent des potentiels scalaire et vecteur) ; un second couple d’équations divE ~ = 1ρ
0
~ B
et rot ~ = µ0~j + 0 µ0 ∂ E~ couplent les champs à des sources les générant, densité de
∂t
charge ρ et densité de courant ~j. C’est à Oliver Heaviside (1850-1925) qu’on doit cette
forme élégante des équations de Maxwell, que ce dernier avait présentées sous la forme
de 20 équations.
Mentionnons également le rôle déterminant de Heinrich Rudolf Hertz (1857-1894)
qui mit en évidence expérimentalement l’existence des ondes électromagnétiques,
prédites par les équations de Maxwell, et montra que la lumière est une forme de
rayonnement électromagnétique.
3
1.2 Brèves considérations historiques Introduction
4
Introduction 1.2 Brèves considérations historiques
(non quantique) permettant de décrire les corps aux très grandes vitesses (comparables
à la vitesse de la lumière) : la théorie de la relativité restreinte d’Einstein qui remit en
cause les conceptions sur la structure de notre espace-temps. Le cœur de la théorie de
la relativité restreinte, le principe de relativité, i.e. l’universalité des lois de la physique
(mécanique et électromagnétisme) dans tous les réferentiels inertiels, apparaı̂t comme
une réponse aux expériences d’Albert Michelson et Edward Morley (entre 1881 et
1885) démontrant le caractère absolu de la vitesse de la lumière.
Les problèmes profonds de la physique classique portent sur les mécanismes d’interaction
matière-rayonnement. La discussion de ces questions est inextricablement liée à l’ex-
ploration de la structure de la matière aux échelles atomiques et subatomiques.
• Les électrons
Les expériences d’ionisation des gaz raréfiés jouèrent un rôle important jusqu’à la
démonstration, en 1897, de l’existence de l’électron par Joseph John Thomson (1856-
1940, prix Nobel 1906), qui observa la déviation de rayons cathodiques (faisceaux
5
1.2 Brèves considérations historiques Introduction
d’électrons) d’une lampe à vide par un champ magnétique. L’expérience fournit une
mesure du rapport de la charge par la masse qe /me . La mesure de la charge de
l’électron qe ' −1.6 × 10−19 C, sera réalisée en 1910 par Robert Andrews Millikan
(1868-1953, prix Nobel 1923).
e− e−
ur
e− e− ecte
e− Radium dét θ
e−
111111
000000
e− 000000
111111
000000
111111
α
e− 000000
111111
000000
111111 Au
Modèle globulaire Modèle planétaire
(J.J.Thomson) (J.Perrin)
• La structure de l’atome
Au début du XXe siècle, deux modèles d’atome sont proposés. D’une part un modèle
planétaire, proposé par Perrin en 1901, d’électrons interagissant avec un noyau chargé
positivement via l’interaction coulombienne, d’autre part un modèle globulaire, pro-
posé par Thomson en 1903, d’électrons se mouvant sur un fond continu chargé positi-
vement assurant la neutralité électrique de l’atome (figure 1.2) [24]. La question sera
tranchée par une série d’expériences dues à deux étudiants d’Ernest Rutherford (1871-
1937, prix Nobel 1908), Hans Geiger (1882-1945) et Ernest Marsden (1889-1970) en
1909, et leur interprétation par Rutherford en 1911. Un faisceau de particules α (des
noyaux d’hélium) est envoyé sur une mince (∼ 100 µm) feuille d’or. Si la plupart
des particules α ne sont pas déviées, certaines sont diffusées avec de grands angles.
L’observation de rétrodiffusion avait particulièrement frappé Rutherford et invalide le
modèle de J. J. Thomson : la rétrodiffusion des particules α fortement énergétiques
(v ≈ 1.8 × 107 m/s, i.e. Ec ≈ 7 MeV) ne peut s’expliquer que parce qu’elles rencontrent
une concentration extrêmement forte de charges, le noyau atomique. Rutherford va
plus loin et explique les données expérimentales à l’aide de son modèle théorique de
diffusion d’une charge ponctuelle dans un champ coulombien (la particule α dans le
champ du noyau d’or).
6
Introduction 1.2 Brèves considérations historiques
de la technique). Il montre d’une part que les masses des noyaux sont (approximati-
vement) quantifiées en multiples entiers de la masse du proton (le noyau de l’atome
d’hydrogène), et d’autre part que la masse du noyau d’un même élément chimique
peut fluctuer de quelques unités. L’existence de différents isotopes est derrière cette
observation. 4
• La radioactivité
4
Le nombre de neutrons dans le noyau varie d’un isotope à l’autre, par exemple dans le carbone
12 (6 protons et 6 neutrons) et le carbone 14 (6 protons et 8 neutrons). Les propriétés chimiques
des isotopes sont identiques, puisqu’elles dépendent de la structure électronique, i.e. du nombre de
protons, seule la masse varie. Pour éviter tout anachronisme, notons que le neutron, dont l’existence
a été conjecturée par Rutherford en 1920, ne sera découvert qu’en 1932 par Chadwick.
7
1.2 Brèves considérations historiques Introduction
• Spectroscopie atomique
Les expériences d’absorption ou d’émission de la lumière par un gaz atomique montrent
que la lumière n’est absorbée/émise qu’à certaines fréquences discrètes. 5 Cet ensemble
de fréquences constitue le spectre de l’atome et joue le rôle de sa carte d’identité .
Cette observation sera à l’origine du modèle de l’atome de Bohr : essentiellement
le modèle d’atome planétaire auquel on ajoute une règle de quantification.
• Effet photoélectrique
Découvert par Heinrich Rudolf Hertz (1857-1894) en 1887, l’effet photoélectrique est
l’émission d’électrons par un métal soumis à un rayonnement ultraviolet.
Décrivons l’expérience : un morceau de métal est placé dans le vide et éclairé
par un rayonnement ultraviolet monochromatique de pulsation ω. Une différence de
potentiel V est appliquée entre le métal et une cathode. Le courant I d’électrons
arrachés de l’anode est mesuré en fonction de la tension V (figure 1.3). Lorsque la
tension est inférieure à la contre-tension V0 les électrons sont repoussés par la cathode
et le courant électrique ne passe pas. V0fournit
donc une mesure de l’énergie cinétique
maximale des électrons arrachés : max Ecel. = −V0 .
8
Introduction 1.2 Brèves considérations historiques
lumière n’est pas absorbée. Au-delà de cette fréquence, la relation entre contre-tension
(i.e. énergie cinétique des électrons) et fréquence est linéaire
Ecel. = ~ (ω − ωs ) (1.1)
où ~ est une constante universelle (alors que ωs dépend du métal, ~ en est
indépendante). L’existence du seuil, incompréhensible classiquement, suggère à Al-
bert Einstein (1879-1955, prix Nobel 1921) en 1905 que l’énergie du rayonnement
monochromatique ne peut être absorbée que par quanta Equantum = ~ ω.
L’équation (1.1) s’interprète comme un bilan d’énergie : l’énergie déposée par le rayon-
nement monochromatique (un multiple entier de paquets Equantum = ~ ω) se
distribue pour partie en énergie cinétique de l’électron, et pour partie en énergie po-
tentielle nécessaire pour l’arracher au métal, au minimum ~ ωs , expliquant le seuil.
Dans une étoile, les photons émis lors de la nucléo-synthèse diffusent depuis le cœur
vers les couches externes. Les multiples processus d’émission/absorption conduisent à
l’existence d’un équilibre thermique entre matière et lumière. En supposant le système
isolé et à l’équilibre ( corps noir ), ce qui suppose que les pertes d’énergie sont
faibles relativement, la thermodynamique prédit que la distribution des fréquences
du rayonnement est une loi universelle, uniquement fonction de la température T
(remarquons que la température correspondant au rayonnement émis par l’étoile est
celle des couches externes, quelques milliers de K, et non du cœur beaucoup plus
chaud, quelques millions de K).
Notons u(ω, T )dω la densité (volumique) d’énergie des fréquences de l’intervalle
[ω, ω + dω]. La physique classique prédit une densité présentant le comportement
uRJ (ω, T ) ∝ T ω 2 (la loi de Rayleigh-Jeans, obtenue par Lord Rayleigh en 1900
puis corrigée en 1905 par James Jeans, est déduite du théorème d’équipartition de
l’énergie de la physique statistique). Elle conduit à une densité d’énergie infinie après
intégration sur les fréquences : Ehrenfest évoquera
R∞ en 1911 une catastrophe ul-
traviolette pour désigner cette divergence 0 dω uRJ (ω, T ) = ∞. D’autre part,
Whilhelm Wien (1864-1928, prix Nobel 1911) avait obtenu en 1894 la loi portant son
nom uWien (ω, T ) = ω 3 f (ω/T ) ; pour rendre compte des expériences, il propose en
1896 une forme exponentielle décroissante, f (x → ∞) ' A e−Bx où A et B sont des
constantes universelles.
En 1900, Max Planck (1858-1947, prix Nobel 1918) démontre la loi qui portera
son nom, interpolant entre les lois de Rayleigh-Jeans et de Wien et en bon accord
avec l’expérience :
ω2 1
uPlanck (ω, T ) = ~ω , (1.2)
π 2 c3 exp(~ω/kB T ) − 1
9
1.2 Brèves considérations historiques Introduction
où kB est une autre constante universelle appelée la constante de Boltzmann (cf. cours
de physique statistique). Il identifie l’existence d’une nouvelle constante fondamen-
tale, ~. Dans sa démonstration, afin de reprendre une méthode combinatoire due à
Boltzmann, Planck supposait l’énergie quantifiée. Alors qu’il ne voyait qu’un artifice
technique dans cette idée, celle-ci jouera un rôle central dans les travaux ultérieurs
d’Einstein [16].
Il est remarquable de constater que l’étude de deux problèmes à première vue aussi
différents que la thermodynamique du rayonnement dans une étoile et l’irradiation
d’un morceau de métal font apparaı̂tre la même constante universelle ~. Analysons
sa dimension : l’expression (1.2) montre que ~ω est une énergie, autrement dit ~
permet de convertir une pulsation en énergie
C’est aussi la dimension d’une action, une grandeur physique introduite dans le cadre
de la formulation lagrangienne de la mécanique classique (cf. annexe 1.B), ce qui
explique pourquoi la constante de Planck est dénommée le quantum d’action. Sa
valeur,
extrêmement petite comparée aux échelles physiques caractérisant le monde qui nous
entoure (∼ 1 kg, ∼ 1 m, ∼ 1 s ⇒ action∼ 1 J.s), suggère que les phénomènes quan-
tiques n’émergent qu’à de très petites échelles (dans les deux exemples, les processus
microscopiques d’interaction entre matière et rayonnement sont en jeu).
10
Introduction 1.3 La structure des théories physiques
* Modèle planétaire
Modèles * etc
Toute théorie est basée sur un certain nombre de postulats (axiomes) qui doivent
obéir à quelques règles transcendantes, telles que la causalité, la conservation de
l’énergie-impulsion d’un système isolé. D’autres choix axiomatiques conduiraient à
des conclusions différentes. C’est donc la confrontation à l’expérience qui permet de
valider la pertinence du choix des axiomes. La justesse d’une théorie physique n’est
donc pas seulement dans sa construction mais aussi dans la validité de son application.
Par exemple, reconsidérons la proposition aristotélicienne de décrire la dynamique des
corps en mouvement en postulant la proportionnalité entre vitesse et force : λ ~v = F~ .
On sait que cette relation est démentie par l’expérience de la chute des corps (elle a
aussi la désagréable propriété de ne pas respecter le principe de relativité). Cela ne la
rend pas pour autant absurde et il est possible de trouver des situations décrites par
cette relation : le cas d’une particule en milieu fortement visqueux.
Notons enfin que le statut d’une théorie peut varier comme le montre l’exemple
de la théorie de la gravitation. Alors que dans le cadre newtonien la théorie de la
gravitation apparaı̂t comme une théorie spécifique décrivant l’interaction entre masses,
11
1.3 La structure des théories physiques Introduction
12
Introduction 1.4 Aperçu des postulats de la mécanique quantique
13
1.4 Aperçu des postulats de la mécanique quantique Introduction
• Les quantités physiques, les observables, sont représentées par des opérateurs
linéaires 6 (chapitre 3) agissant dans l’espace des états H (i.e. sur les fonctions
d’onde). Par exemple, l’opérateur de position agit comme la multiplication de la fonc-
tion d’onde par ~r, tandis que l’opérateur d’impulsion agit comme l’action du gradient
sur la fonction d’onde : p~ → −i~∇ ~ (une justification sera proposée au début du cha-
pitre 3).
Si les particules sont des fermions (électrons, protons, neutrons,...), la fonction d’onde
est antisymétrique :
14
Introduction 1.4 Aperçu des postulats de la mécanique quantique
∂ ~2
i~ ψ(~r, t) = − ∆ψ(~r, t) + V (~r, t) ψ(~r, t) (1.13)
∂t 2m
def∂ 2 ∂ 2 ∂ 2
où ∆ = ∂x 2 + ∂y 2 + ∂z 2 est l’opérateur de Laplace. L’équation de Schrödinger joue en
mécanique quantique le rôle de la relation fondamentale de la dynamique en mécanique
newtonienne.
15
1.5 Premières conséquences importantes Introduction
• Dans celle que nous donnerons, nous analyserons l’évolution temporelle de l’état
quantique. L’analyse spectrale des opérateurs sera centrale (en particulier celui représentant
l’énergie, qui joue un rôle particulier dans l’évolution). On peut voir cette présentation
comme la quantification de la formulation hamiltonienne de la mécanique analytique.
• La formulation d’intégrale de chemin, développée par R. Feynman [18]. Basée sur la
formulation lagrangienne de la mécanique classique. Elle s’attache plutôt à l’analyse
des amplitudes de probabilité de transition.
• Enfin, la théorie quantique des champs (le formalisme de seconde quantifica-
tion ) permet de traiter les problèmes dans lesquels le nombre de particules n’est pas
conservé, ou lorsqu’elles se transforment, ce qui est important dans certains domaines
comme la physique des particules ou la matière condensée.
16
Introduction 1.5 Premières conséquences importantes
• Onde plane
~
Une onde plane φ~k (~r, t) = A eik·~r−iωt décrit donc l’état quantique pour une particule
libre d’impulsion p~ = ~~k et d’énergie E = ~ω.
- Exercice 1.2 (F) : Écrire la relation de dispersion (relation entre ω et ~k) pour
une particule non relativiste de masse m, puis pour une particule relativiste.
(1)
S
particules D
(2) détecteur
17
1.5 Premières conséquences importantes Introduction
dispositif. Les particules suivent soit le chemin (1), associé à l’amplitude de probabilité
ψ1 (S → D), soit le chemin (2) associé à l’amplitude ψ2 (S → D). Si les particules,
d’impulsion p = ~k = 2π~/λ, se déplacent librement (entre les fentes) les amplitudes
sont données par ψ1 (S → D) ∝ eik`1 et ψ2 (S → D) ∝ eik`2 (ondes planes), où `1 et
`2 sont les longueurs des chemins. Si aucun mécanisme ne sélectionne une des deux
trajectoires (comme sur la partie gauche de la figure 1.5), l’amplitude de probabilité
au niveau du détecteur est une superposition des deux amplitudes. La probabilité
correspondante,
1
Proba[S → D] = |ψ1 (S → D) + ψ2 (S → D)|2 ∝ cos2 [π(`1 − `2 )/λ] , (1.17)
2
présente des franges d’interférences lorsque le détecteur est déplacé et que `1 − `2
varie. L’existence d’une figure d’interférences repose donc crucialement sur le fait
que le principe de superposition s’applique aux amplitudes de probabilité et non aux
probabilités (figure 1.5).
x x x
+ 6=
particules
particules
particules
P(x) P(x) P(x)
Jusque là, l’analyse ressemble banalement à l’expérience d’Young pour une onde
classique. L’expérience devient intéressante lorsque le flux de particules est suffi-
samment faible pour détecter les particules une à une (aspect corpusculaire). Si on
attend qu’un grand nombre de particules soient passées, les impacts apparaissant
aléatoirement en différents endroits s’accumulent préférentiellement dans certaines
régions, faisant ainsi apparaı̂tre la figure d’interférences (aspect ondulatoire). De telles
expériences d’interférences ont été réalisées pour de nombreux types de particules :
photons, électrons, neutrons (figure 1.6), atomes, molécules. La figure 1.6 montre le
résultat récent de la très spectaculaire expérience d’interférences réalisée avec un faible
flux (au plus 4 molécules détectées par seconde) de molécules de fullerène. 8
18
Introduction 1.5 Premières conséquences importantes
400
4000
# de neutrons (/125min.)
# de molécules (/100s.)
300
3000
2000 200
1000 100
0 0
0 100 200 300 400 500 600 700 800 −150 −100 −50 0 50 100 150
Position du détecteur (µm) Position du détecteur ( µm)
x x x
19
1.5 Premières conséquences importantes Introduction
Ce système n’admet de solution non triviale que lorsque le déterminant est nul :
1 1
eika e−ika = 0
⇒ sin(ka) = 0 (1.21)
Cette condition nous montre que les fonctions de la forme (1.18) ne sont solutions
du problème que si k est solution de (1.21). Cette équation est appelée équation de
quantification : seules certaines valeurs discrètes de k (et donc de E) correspondent
à des solutions physiques :
π ~2 π 2
kn = n , n ∈ N∗ et donc En = n2 (1.22)
a 2ma2
20
Introduction 1.5 Premières conséquences importantes
r
2 nπx
ϕn (x) = sin (1.23)
a a
Quelles idées générales peut-on retirer ? Premièrement : un problème d’états liés est
caractérisé par un spectre discret de valeurs de l’énergie : chaque valeur discrète
de l’énergie correspond à un état stationnaire. Cela explique l’existence des raies
spectrales atomiques, correspondant à des transitions entre différents états quantiques.
Deuxièmement : l’énergie ne peut pas être inférieure à une valeur minimale, l’énergie
de l’état de plus basse énergie, appelé état fondamental. Autrement dit, la particule
confinée dans une région de dimension a acquiert au moins une énergie (cinétique,
puisque V = 0) de l’ordre de
~2
Ec & (1.24)
ma2
Donnons des ordres de grandeur : (i) pour une masse m = 1 kg confinée dans a = 1 m,
~2 −50 eV. (ii) Pour un électron confiné dans a = 1 Å, ~2 ' 6 eV.
on trouve ma 2 ' 6 × 10 ma2
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1.5 Premières conséquences importantes Introduction
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