Innovation Durable I7 ESCP Europe Weave AIR 20132
Innovation Durable I7 ESCP Europe Weave AIR 20132
Innovation Durable I7 ESCP Europe Weave AIR 20132
+
DÉVELOPPEMENT DURABLE
=
NOUVEAUX BUSINESS MODELS
JUIN 2013
Les auteurs tiennent également à remercier toutes les personnes ayant contribué à la
réalisation de l’étude et en particulier les consultants weave AIR impliqués : Bertrand
Ranvier, Tobias Riché, Marion Bedat, Julien Le Net, et les assistantes de recherche de
ESCP Europe : Marie-Astrid Morio, Justine Porterie, Mélanie Duval et Mathilde Robelin.
© Institut pour l’Innovation et la Compétitivité i7 & weave AIR. Tous droits réservés.
Introduction 4
Méthodologie 7
Conclusion 75
Annexe 78
Bibliographie 79
Les auteurs 84
3
Etude Innovation Durable - Institut i7 - ESCP Europe - weave AIR
Introduction
L
’environnement économique et social actuel se caractérise par deux préoccupations
majeures : la prise en compte accrue des enjeux de développement durable et
la volonté de renforcer la capacité d’innovation des entreprises, perçue comme
un levier de compétitivité essentiel. Alors que les problématiques d’innovation
et de développement durable sont souvent pensées et organisées de manière
indépendante, le point de départ de cette étude est qu’il est essentiel, pour les
entreprises et pour nos sociétés contemporaines, de mieux penser l’articulation entre
ces deux notions.
Dans le cadre de cette étude, nous avons souhaité poursuivre la réflexion en explorant
de manière systématique le lien entre innovation et développement durable. Par
innovation durable, nous désignons l’ensemble des démarches d’innovation menées
par l’entreprise pour intégrer les enjeux environnementaux et sociaux dans son
activité. Telles que nous l’entendons, l’innovation durable ne se réduit pas à des
innovations techniques dans le champ de l’environnement (type cleantechs ou
smart grids). Elle inclut une réflexion sur les dimensions environnementales, mais aussi
sociales et économiques de l’innovation. De même, l’innovation durable ne peut être
appréhendée à travers l’unique spectre technique des experts R&D de l’entreprise,
car elle est susceptible de mobiliser et d’impacter l’ensemble des fonctions internes
(marketing, design, ressources humaines, supply chain, etc.) et des parties prenantes
externes de l’entreprise. Notre approche est donc convergente avec celle du Centre
pour le Design Durable2, qui définit l’innovation durable comme « un processus dans
lequel les considérations (environnementales, sociales et financières) sont intégrées
dans les systèmes de l’entreprise depuis la génération d’idées jusqu’à la R&D et la
commercialisation, et ceci appliqué aux produits, services et technologies, ainsi
qu’aux nouveaux business models et modèles organisationnels. »
A travers cette étude, nous avons cherché à répondre aux questions suivantes :
Quel est le degré de prise de conscience de ces enjeux dans l’univers économique ?
Comment ces enjeux sont-ils perçus, intégrés et gérés dans les stratégies d’innovation
des entreprises ? Comment penser la performance d’une démarche d’innovation
durable et quels en sont les facteurs clé de succès ?
1
Open Innovation: What’s Behind the Buzzword?, Institut pour l’Innovation et la Compétitivité i7 et Accenture, 2011.
2
Centre for Sustainable Design (CfSD): http://cfsd.org.uk/
4
Etude Innovation Durable - Institut i7 - ESCP Europe - weave AIR retour au sommaire
Pour répondre à ces questions, nous avons interviewé des dirigeants de 34 petites et
grandes entreprises en Europe, dans différentes fonctions (direction générale, direction
de l’innovation, direction du développement durable, etc.) et dans différents secteurs
(transports, construction, énergie, luxe, grande consommation, etc.). Nous avons
également administré un questionnaire en ligne. Plus de 300 répondants internationaux
se sont exprimés sur l’importance et le pilotage de l’innovation durable au sein de leur
organisation (Méthodologie).
5
Etude Innovation Durable - Institut i7 - ESCP Europe - weave AIR
6
Etude Innovation Durable - Institut i7 - ESCP Europe - weave AIR
Méthodologie
Cette étude a été réalisée par l’Institut pour l’Innovation et la Compétitivité i7 (créé
et porté par ESCP Europe), et le cabinet de conseil en stratégie et innovation durable
weave AIR.
(1) Une série d’entretiens semi-directifs a été réalisée entre juin 2012 et janvier 2013
avec des responsables d’entreprises internationales en charge des sujets relatifs à
l’étude.
Nous remercions chaleureusement les 45 personnes des 34 entreprises qui ont contribué
à cette réflexion (Tableau 1) en nous accordant du temps et en partageant leurs
connaissances et expériences, ainsi que leurs projets et points de vue.
Notre échantillon (Figure 1) compte 75% de grandes entreprises (plus de 5 000 salariés
ou chiffre d’affaires > 2 milliards €) et 30% d’entreprises d’origine non française.
6 7 4
5
5 1
3
4 1
3 2
2
Arjowiggins
Solène Foucher Responsable marketing Sterisheet
Healthcare
Samuel Ronquillo
Directeur Innovation, Direction R&D
Carreon
Directrice de la Communication et du
Eramet Catherine Tissot-Colle
Développement Durable
Directeur Innovation, Direction Recherche &
Alain Bechtel
innovation
GDF Suez
Adjointe Directeur Innovation, Direction Recherche
Marleen de Rick
& innovation
8
Etude Innovation Durable - Institut i7 - ESCP Europe - weave AIR
Institutions Personnes rencontrées Fonctions
9
Etude Innovation Durable - Institut i7 - ESCP Europe - weave AIR
(2) Une phase d’échange et de tests des résultats préliminaires de l’étude qualitative
a été organisée avec un comité d’experts. Cette étape a permis d’affiner la
compréhension des résultats obtenus et de préparer l’enquête quantitative, élaborée
dans la double optique de valider à plus large échelle les propos convergents issus
de la phase 1 et de tester quelques axes d’analyse identifiés par l’équipe scientifique.
Les auteurs adressent leur plus vive considération aux quatre experts les ayant
accompagnés dans l’amélioration de leur compréhension du sujet et de ses enjeux :
• Arnaud Berger, Directeur Développement Durable, Groupe BPCE (Banque
Populaire et Caisse d’Epargne) ;
• Joachim Bitterlich, Professeur affilié à ESCP Europe, ancien Executive Vice
President International Affairs de Veolia Environnement SA à Paris et ancien
Chairman de Veolia Environnement en Allemagne, ancien conseiller auprès du
Chancelier Helmut Kohl ;
• Catherine Borg-Capra, Directrice de la Direction de l’Expertise, OSEO ;
• Michel Daigney, Responsable du Pôle Développement Durable, Centre
Francilien de l’Innovation.
Le baromètre Innovation Durable 2013 était structuré autour des cinq axes suivants :
• Perception de l’innovation durable en tant qu’enjeu sociétal et managérial ;
• Périmètre de l’innovation durable dans l’entreprise ;
• Moteurs et freins des démarches d’innovation durable ;
• Portage organisationnel de ce type de projets ;
• Vision prospective sectorielle.
Nous remercions aussi les 312 répondants ayant répondu au questionnaire en ligne et
à ceux qui nous ont ensuite contactés pour aller plus loin dans le partage de vues sur
la question.
10
Etude Innovation Durable - Institut i7 - ESCP Europe - weave AIR
Figure 2 - Echantillon du baromètre Innovation Durable 2013 administré par l’Institut
pour l’Innovation et la Compétitivité i7 et weave AIR
4 9 10
8
7
6
3 1 5 1
3
2 2
6 7 3 4
5 1
2
4
1
2
3
11
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12
Etude Innovation Durable - Institut i7 - ESCP Europe - weave AIR
Idée clé n°1
Intégrer le
développement durable
dans les stratégies
d’innovation constitue
un enjeu majeur mais
fortement déstabilisant
pour l’entreprise
13
retour au sommaire Etude Innovation Durable - Institut i7 - ESCP Europe - weave AIR
« Schneider Electric a intériorisé les grands enjeux
de développement durable auxquels le monde
fait face : les questions de changement climatique,
de biodiversité, de lutte contre la pauvreté… La
stratégie de l’entreprise a été révisée en fonction. »
Gilles Vermot-Desroches, Directeur Développement Durable,
Schneider Electric
73 % des dirigeants3 ayant participé à l’enquête déclarent que l’innovation durable est
une priorité stratégique de leur entreprise. C’est même la priorité stratégique majeure
pour 40 % d’entre eux ! 80 % pensent que l’innovation durable sera immanquablement
identifiée comme l’une des cinq priorités stratégiques de leur entreprise dans les cinq
ans à venir.
3
N= 94 répondants (PDG / DG / Président et Directeur / Membre du comité de direction).
14
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« Si je réunis 10 personnes autour d’une table et que
je leur demande de définir ce qu’est l’innovation
durable, elles vont me donner 30 définitions
différentes ! »
Trevor Davis, Expert Global, IBM
Produits
Produits & Services
Services Processus
Processus Modèles éconimiques
Modèles économiques
développé une gamme verte de Dekra Consulting a construit de la mobilité, Bosch a développé
Environnemental
feuilles de stérilisation destinées un bâtiment HQE approprié une série de produits recyclés
à des hôpitaux. Elle est à base aux normes allemandes et remanufacturés pour véhicules
de matières renouvelables, i.e. (DGNB - Conseil Allemand pour (démarreurs, alternateurs…). Le
en cellulose et sans agents de la Construction Durable). Ce prix de ces produits revalorisés
blanchissement. Arjowiggins est 30 à 40% inférieur à celui d’un
durable
employés Pyramid
Le Crédit Agricole, à travers son
offre Tookets, donne la possibilité Chez Veolia, les déchets sont Cemex aide depuis 1998 des
à ses jeunes clients d’affecter filmés lorsqu’ils passent sur le familles à faible revenu à améliorer
des points gagnés en fonction tapis convoyeur et les opérateurs leur logement dans le cadre de
Social
Social
des opérations réalisées sur leur désignent sur des écrans tactiles son programme Patrimonio Hoy.
compte, à des projets durables les objets qui doivent être éjectés Ces familles ont accès grâce à
portés par des associations ou du tapis afin que des machines des microcrédits à des matériaux
Axe privilégié
sociaux et environnementaux
Picard a développé une tout au long de la chaîne de Le passage de la propriété à la
+
4
Exemples cités par les entreprises de notre échantillon.
5
Pour en savoir plus sur la certification OK Biobased : http://www.okcompost.be/fr/les-logos-ok-environnement/ok-biobased/
15
Etude Innovation Durable - Institut i7 - ESCP Europe - weave AIR
L’innovation durable implique un décloisonnement des fonctions traditionnelles de
l’entreprise. Cette dimension transversale rend difficile le portage organisationnel des
démarches d’innovation durable. A ce sujet, les résultats de l’étude montrent que le
portage des démarches d’innovation en développement durable est extrêmement
variable d’une organisation à l’autre et n’a souvent pas de porteur naturel (Figure 3).
Ainsi, pour 35 % des répondants, les démarches d’innovation durable ne dépendent
d’aucune direction en particulier. Les directions Innovation et Développement Durable
sont citées, presque au coude à coude par 15 à 20 % des répondants, mais moins que
la Direction de la Stratégie. En réalité, l’innovation durable requiert le développement
de nouvelles expertises dans de nombreuses organisations, dans des domaines variés
(design, sciences de l’environnement, sciences sociales, etc.), mais aussi de repenser
la notion de valeur, sa création, sa répartition et sa mesure (Idée clé n°2).
0% 5% 10 % 15 % 20 % 25 % 30 % 35 % 40 %
16
Etude Innovation Durable - Institut i7 - ESCP Europe - weave AIR
« L’innovation durable implique progressivement
la prise en compte, bien en amont des projets,
des nouveaux usages et l’anticipation des besoins
futurs des occupants ; nous parlons alors de co-
construction avec nos clients. Notre modèle
économique est en train d’évoluer de la vente de
m2 bruts à la vente de m2 d’usage. »
Gaëtan Desruelles, Directeur Général Adjoint en charge de la R&D,
l’innovation et la construction durable, Bouygues Construction
• Innovation durable : innovation qui intègre les • Innovation : ensemble de processus qui
enjeux sociaux et environnementaux permettent de renouveler la demande
de biens et services et de transformer les
• Eco-innovation : innovation qui vise à réduire
• Innovation durable : innovation qui intègre les • Innovation : ensemble de processus qui
modèles économiques
les impacts environnementaux
enjeux sociaux et environnementaux permettent de renouveler la demande
• Développement durable : approche qui
• Innovation sociale : démarche d’innovation de de biens et services et de transformer les
• Eco-innovation : innovation qui vise à réduire intègre les composantes économiques,
nature sociale dans ses objectifs et ses modèles économiques
les impacts environnementaux sociales et environnementales afin de
méthodes
• Développement durable :futures
préserver les générations approche qui
• Innovation sociale : démarche d’innovation de
intègre les composantes économiques,
nature sociale dans ses objectifs et ses
sociales et environnementales afin de
méthodes
préserver les générations futures
• Economie légère® : modèle de croissance durable
à inventer par chaque entreprise pour répondre
• Bottom of the Pyramid (BOP) : groupes aux mutations de la société*
démographiques les plus pauvres d’un point de • Economie légère® : modèle de croissance durable
vue socioéconomique Définitions des • Economie circulaire : modèle économique qui
à inventer par chaque entreprise pour répondre
• Bottom of the Pyramid (BOP) : groupes concepts clé transforme le déchet en ressource productive selon
aux mutations de la société*6
• Shared value
value : politique d’une entreprise qui l’approche cradle to cradle
démographiques les plus pauvres d’un point de
combine performance économique et • Economie circulaire : modèle économique qui
vue socioéconomique • Biomimétisme : approche qui s’inspire de la nature
amélioration des conditions sociales des transforme le déchet en ressource productive selon
• Shared value : politique d’une entreprise qui
communautés pour innover
« cradle
l’approche cradle toto cradle »
cradle
combine performance économique et
amélioration des conditions sociales des • Biomimétisme : approche qui s’inspire de la nature
• Innovation frugale : démarche qui vise à développer des
communautés *approche imaginée par weave AIR
pour innover
technologies et produits accessibles aux communautés des
pays émergents
• Innovation frugale : démarche qui vise à développer des *approche imaginée par weave AIR
• Reverse innovation : innovation issue des pays émergents et
technologies et produits accessibles aux communautés des
adaptée dans les pays développés • Recherche responsable : processus d’innovation transparent
pays émergents
et interactif qui implique la société civile
• Reverse innovation : innovation issue des pays émergents et
adaptée dans les pays développés • Grassroot innovation : solutions innovantes et durables
innovation
• Recherche responsable : processus d’innovation transparent
développées au niveau local par la société civile
et interactif qui implique la société civile
• Grassroot
Voirinnovation : solutions
les définitions innovantes
détaillées et durables
en Annexe
développées au niveau local par la société civile
6
Approche imaginée par weave AIR
17
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Idée clé n°2
19
retour au sommaire Etude Innovation Durable - Institut i7 - ESCP Europe - weave AIR
On pourrait penser que la préoccupation combinée d’innover et de mieux répondre
aux contraintes sociales et environnementales aboutisse à des innovations de rupture,
modifiant radicalement l’offre ou les processus de l’entreprise. Face à l’importance
des enjeux et de leurs conséquences organisationnelles, les entreprises prendraient
des mesures drastiques révolutionnant leurs manières de procéder. Il n’en est rien.
Les 34 entreprises interviewées ont essentiellement partagé avec nous des exemples
d’innovation durable de continuité, c’est-à-dire se traduisant principalement par la
modification de l’offre existante. L’initiation de démarches d’innovation durable a en
effet souvent pour motif la mise en conformité avec la réglementation (Idée clé n°5),
en particulier dans le domaine environnemental (Nidumolu et al., 2009), entraînant la
re-conception des produits ou services existants.
Il est vrai que les entreprises entrent majoritairement dans l’innovation durable par les
sujets environnementaux, notamment grâce à des outils tels que le bilan carbone et
l’Analyse de Cycle de Vie7(ACV). Le bilan carbone comptabilise les émissions de gaz à
effet de serre de l’ensemble des activités d’une organisation en identifiant ses activités
les plus polluantes afin d’initier des changements dans une démarche d’amélioration
continue8. De nombreux logiciels d’ACV permettent de quantifier les impacts d’un
produit, service ou procédé sur l’environnement en termes de consommation
d’énergie et de matières premières, de production de déchets…
7
Life Cycle Analysis (LCA) en anglais. La série des normes ISO 14040 décrit la méthodologie et la déontologie
que doivent suivre les études ACV.
8
Selon l’Association Bilan Carbone.
20
Etude Innovation Durable - Institut i7 - ESCP Europe - weave AIR
Figure 5 - Exemple d’Analyse de Cycle de Vie (ACV), pour un produit chez Picard
21
Etude Innovation Durable - Institut i7 - ESCP Europe - weave AIR
Cas 1. Air France : Mise en place d’une démarche d’éco-conception de services
En parallèle de recherches sur les biocarburants, Air France a mis en place une
démarche d’éco-conception, déclinée dans ses trois métiers : le transport de
passagers, le fret et la maintenance des avions.
Dès 2006, Air France affiche sa volonté de placer l’innovation au service du client
au cœur du développement de ses projets. « Nous avons démarré avec une étude
de faisabilité sur la mise en place d’une formation en éco-innovation. Nous avons
ensuite co-construit une formation de deux jours à l’éco-conception avec les
différents métiers concernés : le marketing, le ‘vol’ (en charge de la prescription
technique et de la prescription marketing en termes de produits et services proposés
à bord) et les achats ». La montée en compétences des 70 personnes formées, issues
des différentes directions métier et réunies au sein d’un petit groupe de pilotage sur
le sujet, a permis à l’entreprise de développer rapidement l’éco-conception dans
le groupe. Des outils adaptés à la réalisation de nouveaux projets éco-conçus ont
ensuite été implémentés : un outil d’ACV simplifié a été testé, des outils et méthodes
spécifiques pour les métiers de la R&D, de la prescription technique et des achats
ont été développés en interne…. Sophie Virapin, Directrice du Développement
Durable d’Air France, se réjouit du succès de cette démarche « think different » qui
réussit à s’imposer lorsque la preuve est faite qu’ « en plus de réduire l’empreinte
environnementale, ces innovations durables sont également plus intéressantes sur le
plan économique que les solutions classiques. »
Or ce ne fut pas chose facile de réaliser un tel virage car « Air France n’est pas un
producteur de produits dont l’impact se mesure aisément mais bien un prestataire
de services. L’éco-conception du service, c’est possible, tout le monde le dit ;
encore faut-il parvenir à lui donner concrètement une réalité », explique Dorothea
Dupond-Ziob, Manager Développement durable d’Air France. Depuis le printemps
2012, Air France a par exemple arrêté de distribuer automatiquement à chaque
passager de la classe économique des petits écouteurs jetables. En réfléchissant
un peu différemment et en observant que finalement beaucoup de voyageurs
possédaient leurs propres écouteurs, Air France a revu son offre de service pour
proposer aux seuls passagers qui en manifestent le désir un vrai casque audio. Ce
casque est dorénavant récupéré à la fin du vol. Les fils sont démêlés grâce à un
processus industriel mis au point avec l’université de Picardie. Les casques sont
ensuite reconditionnés par des entreprises du secteur adapté* grâce à un scouting
efficace du département Achats pour être reproposés lors de prochains vols. Cette
initiative est un bel exemple où tout le monde sort gagnant : le client bénéficie d’un
casque de bien meilleure qualité, l’entreprise réduit significativement sa production
de déchets (une économie de 400 tonnes de déchets par an est prévue) et réalise
des économies en coût complet.
*Les Entreprises Adaptées ont pour spécificité fondamentale d’employer au moins 80 % de travailleurs
handicapés.
9
« L’innovation de modèle économique consiste à redéfinir les sources de revenus de l’entreprise et leur part respective »
selon Delphine Manceau et Pascal Morand dans le rapport « Pour une nouvelle vision de l’innovation ».
22
Etude Innovation Durable - Institut i7 - ESCP Europe - weave AIR
mais elles hésitent à se lancer dans des démarches plus radicales qui modifieraient
profondément leur organisation, leur rapport au marché et à leur écosystème, ou
encore leurs structures de revenus.
L’économie sociale et solidaire (ESS) se définit par son ambition de concilier activité
économique et utilité sociale. L’ESS représente 10 % du PIB et près de 10 % des
emplois10 aujourd’hui en France, selon le Ministère de l’économie et des finances.
En 2012, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault a nommé pour la première fois
un Ministre délégué, chargé de l’économie sociale et solidaire, Benoît Hamon.
Les critères définissant l’ESS et la démarquant de l’économie classique sont
principalement la libre adhésion, la lucrativité limitée, la gestion démocratique et
participative, l’utilité collective ou sociale du projet et la mixité des financements
entre ressources privées et publiques.
Les approches liées à la redéfinition des sources de revenus sur des critères sociaux
sont fréquemment citées par nos interlocuteurs. Ainsi, un nombre conséquent
d’entreprises se sont lancées sur l’offre de biens et services pour le plus grand
nombre, en veillant à ne pas exclure les personnes les moins solvables. Les modèles
Bottom of the Pyramid (BOP) permettent l’accès de populations défavorisées ou
fragiles à des ressources telles que l’eau, l’énergie, le crédit, le soin, etc. ouvrant
ainsi de nouvelles opportunités commerciales. Ces modèles s’appliquent aux
populations défavorisées des économies développées et des pays émergents
: les approches BOP existent au niveau mondial quel que soit le niveau de PIB
moyen par habitant du pays concerné. En France, GDF Suez s’est engagée dans
la diminution de la précarité énergétique à travers, par exemple la contribution à
l’amélioration de l’habitat des personnes en situation de précarité. La fondation
de l’entreprise, en partenariat avec des associations aide les occupants à réaliser
des travaux de rénovation. Parmi les actions de l’entreprise, on compte également
la proposition de tarifs adaptés et la mise à disposition de conseillers dédiés aux
personnes en situation de fragilité. Plus encore, ces différents marchés peuvent se
nourrir mutuellement, avec des innovations qui passent par exemple des marchés
émergents aux pays riches, comme le prouve l’exemple de la reverse innovation
chez General Electric (Cas 2), en créant de nouveaux segments de marchés ou
en relançant la capacité d’innovation du groupe par un effet d’entraînement.
Nestlé a développé pour le marché indien des pâtes Maggi en sachet, à cuire en
deux minutes, sur la promesse d’un prix modeste et d’une faible teneur en gras.
Ce produit a ensuite été commercialisé avec succès en Australie et en Nouvelle-
Zélande comme un produit familial pratique et économique11.
10
Il est à noter que les mutuelles, comme la MAIF et la MACIF, ou les caisses d’épargne sont prises en compte dans le
secteur de l’ESS.
11
Certains auteurs mettent en cause l’impact réel des modèles BOP sur le développement en expliquant par exemple
que l’introduction de ce type de nouveaux formats et packagings augmente la quantité de déchets (Walsh et al., 2005).
23
Etude Innovation Durable - Institut i7 - ESCP Europe - weave AIR
Cas 2. General Electric : L’innovation inversée, ou comment innover ‘local’ pour
vendre ‘global’
Dès 2008, les équipes indiennes de GE développent le Mac 400, qui donnera
ensuite naissance au Mac 800 et au Vscan, des équipements médicaux
dernier cri, permettant aux médecins locaux ou à des ONG de réaliser des
électrocardiogrammes et de l’imagerie à ultrasons hors des hôpitaux. En effet,
bien souvent, les populations isolées et défavorisées des pays émergents ne
peuvent se rendre dans les infrastructures médicalisées pour des raisons à la fois
économiques (peu de moyens), d’infrastructures (trajets longs et pénibles) et de
mauvaise santé. Les équipes médicales tentent alors d’aller à leur rencontre mais
ont besoin d’équipements qui soient à la fois portables (installation de batteries
ayant une autonomie importante en raison de la difficulté à la brancher sur
secteur lors des déplacements), maniables (réduction de la taille et simplification
de l’usage), résistants aux conditions météorologiques des zones concernées
(fortes excursions thermiques) et abordables.
Conçus au départ pour soigner les populations pauvres et isolées des pays
émergents, ces appareils sont commercialisés depuis fin 2010 sur les marchés
occidentaux afin d’équiper les secouristes-urgentistes et de leur permettre de
réaliser des diagnostics rapides et fiables sur les zones accidentées avant de
déplacer le blessé. Le Vscan, système échographique (abdominal, cardiaque,
obstétrique, etc. de haute qualité) de poche, se démocratise également
dans les cabinets médicaux. Il permet au médecin de raccourcir le temps du
diagnostic. Les effets sont positifs à la fois pour le patient et pour la collectivité en
réduisant le nombre (et les dépenses associées) de consultations de spécialistes
et d’examens complets (qui auraient conclu que tout était normal). Être doté de
cet appareil offre également l’opportunité au médecin de déceler en temps réel
un problème grave permettant ainsi une prise en charge rapide du patient, ce
qui évite de potentielles complications dues à un dépistage plus tardif. Il n’y a pas
de cannibalisation par rapport aux produits existants mais bien la création d’une
nouvelle offre à forte valeur ajoutée comme l’explique Dario Liguti, Directeur
du marketing stratégique chez GE France, car « on offre de cette manière
aux médecins une gamme complète et complémentaire d’équipements qui
répondent à des besoins différents ! ».
Pour aller plus loin : Vijay Govindarajan, Chris Trimble, Indra K. Nooyi (2012), Reverse Innovation:
Create Far From Home, Win Everywhere, Harvard Business Review Press
24
Etude Innovation Durable - Institut i7 - ESCP Europe - weave AIR
« Il est loin, le temps où les pays émergents attendaient
les créations de L’Oréal en France et se contentaient,
au mieux, de les adapter à la marge ! Désormais, nos
centres de recherches locaux créent et lancent leurs
propres produits, en fonction de leurs besoins spécifiques.
La nouveauté, depuis une poignée d’années, est que ces
produits se commercialisent parfois très bien dans les pays
occidentaux ! »
Jacques Challes, Directeur Innovation et ancien directeur pour
l’Inde, L’Oréal12
12
Interview à L’Expansion en septembre 2012.
13
Selon l’Institut de l’Economie Circulaire.
14
Cradle to cradle pour les anglophones (ou C2C) en référence à l’ouvrage de William McDonough et Michael Braungart.
15
http://www.dictionnaire-environnement.com
16
http://www.soonsoonsoon.com/bp9873
25
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Cas 3. Innortex : Quand les matelas en fin de vie deviennent matière première
Jeune start-up industrielle, Innortex a été créée en 2012 afin de valoriser, par le recyclage, les
matériaux textiles et alvéolaires en fin de vie. Jusqu’ici salarié d’un groupe international de
literie, Richard Papin franchit le pas et fonde son entreprise sur le constat suivant : à l’échelle
de la France, 5 millions de matelas (120 000 tonnes) sont jetés chaque année. Et une idée :
réutiliser les mousses et textiles contenus dans ces matelas en fin de vie comme ressource
première pour un nouveau cycle de production.
Atteindre ces objectifs implique de structurer l’ensemble de la filière : collecter les matériaux en
fin de vie, mais aussi créer de nouveaux acteurs et de nouvelles compétences permettant de
démanteler les matelas usagés et de les réintégrer dans un processus de production. Innortex a
mis au point un procédé de retraitement et de valorisation des matériaux usagés. Afin d’assurer
ses approvisionnements en matière recyclée et d’établir une stratégie de valorisation, Innortex
est membre d’un consortium avec un démanteleur (RecycMatelas) et un cabinet de conseil
en stratégie et innovation durable (weave AIR). Le projet a reçu le soutien de l’ADEME et de
fonds de développement OSEO.
Les perspectives de marché sont réelles : au-delà des vertus écologiques du recyclage, la
technologie d’Innortex rend le matériau recyclé moins coûteux à produire que la « matière
vierge », et présente des fonctionnalités potentiellement supérieures en termes de tenue et
de résistance de la mousse, de durée de vie, de résistance au feu, ou d’utilisation de produits
chimiques.
Cas 4. Bayer : « The Dream Production », la R&D collaborative au service de l’économie circulaire
Le pétrole brut est la matière première utilisée pour produire la plupart des plastiques. Seules 1 %
des émissions de CO2 sont actuellement réutilisées à des fins chimiques.
Une recherche collaborative entre l’université de Rhénanie du Nord et Bayer a été mise en
place autour de cette technologie de la catalyse.
En 2012, lors du Forum économique mondial de Davos, l’agence de notation SAM et les
auditeurs de KPMG ont présenté le « Sustainability Yearbook 2012 », dans lequel Bayer est
présenté comme la meilleure entreprise allemande de chimie et l’une des trois entreprises du
secteur dans le monde à avoir obtenu la « Gold Class », le plus haut label de qualité.
26
Etude Innovation Durable - Institut i7 - ESCP Europe - weave AIR
(3) L’économie de la fonctionnalité
http://www.renault.com/fr/groupe/developpement-durable/entreprenariat-social-mecenat-et-fondations/
18
pages/renault-mobiliz.aspx
27
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Cas 5. Renault : Explorateur des nouvelles technologies et de nouveaux usages
pour une mobilité durable
L’innovation durable, chez Renault, repose entre autres sur le véhicule électrique (VE).
Il s’agit à l’évidence d’une « innovation technologique qui s’attaque à plusieurs enjeux
clés, notamment énergétiques, environnementaux, et de compétitivité ». Claire Martin,
Directeur RSE du Groupe et de la Fondation Renault, ajoute que cette innovation
technologique est intéressante car elle « va de pair avec d’autres innovations,
comme des nouvelles technologies de l’information et de la communication
(NTIC) permettant de pister l’empreinte d’un véhicule en auto-partage par
exemple. On peut même aller jusqu’à dire que l’innovation du VE est rendue
possible par d’autres innovations, notamment d’usage, relatives aux nouvelles
mobilités, et de modèle économique ».
Depuis 15 ans, des études montrent que de moins en moins de Parisiens, par exemple,
possèdent une voiture. Entre 2001 et 2010, les déplacements en voiture dans la
capitale ont ainsi baissé de 24 % selon l’Institut d’aménagement et d’urbanisme
(IAU) de l’Ile-de-France. Afin d’identifier les évolutions macro-économiques majeures
susceptibles d’avoir un effet sur le marché et d’entraîner des bouleversements
de l’organisation, Renault a décidé de créer l’Institut de la Mobilité Durable. En
2009, la Fondation Renault scelle un partenariat avec le pôle de recherche et
d’enseignement supérieur (PRES) ParisTech, impliquant 8 écoles et 10 laboratoires
de recherche. Cet Institut permet à Renault d’explorer l’ensemble des dimensions
technologiques (nouvelles générations de batterie), macro-économiques (évolution
du prix de l’énergie, des matières premières...) et sociologiques (observation des
comportements d’achat et d’utilisation) des innovations liées à un objectif de
mobilité durable.
28
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Le principe consiste, pour l’opérateur concerné, à vendre une baisse de volume
(rendue nécessaire par les contraintes environnementales et économiques) tout
en maintenant son revenu global. Par exemple, l’opérateur Oui Planète, fournisseur
d’électricité 100 % renouvelable, récompense ses clients par des réductions
sur l’abonnement s’ils s’engagent dans une démarche de réduction de leur
consommation. En Californie, Pacific Gaz s’appuie sur le principe de tarification
progressive, mis en place au niveau de l’Etat, pour développer un programme
complet d’accompagnement à la réduction des consommations.
19
Des espaces collectifs de travail rassemblant différents professionnels (indépendants, entrepreneurs, cadres de grands
groupes en déplacement…).
20
« customer to customer » ou de pair-à-pair.
21
Le crowdfunding consiste à lever des fonds auprès de plusieurs individus sans ou avec peu d’intermédiation par les
acteurs traditionnels des transactions financières.
22
Un Fab Lab (FABrication LABoratory ou LABoratoire de FABrication) est un atelier de prototypage rapide d’objets
physiques qui regroupe un ensemble de machines à commande numérique.
29
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Cas 6. Eiffage : Création d’une vision prospective pour la ville de demain
30
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Le développement durable est porteur de ruptures potentielles qu’il est important
d’anticiper pour les entreprises. La construction est un secteur qui illustre bien cela en
France : suite au Grenelle de l’Environnement, l’ensemble des bâtiments neufs doivent
être BBC (basse consommation) en 2012 et devront être à BEPOS (énergie positive)
en 2020. Cette mutation profonde du marché a nettement favorisé les entreprises qui
s’étaient préparées à ces nouvelles technologies en amont. La transition énergétique,
de nouvelles organisations du couple producteur-consommateur, la relocalisation
nécessaire de certaines activités, etc. sont autant de tendances structurantes à
appréhender concrètement par les entreprises. Or, seule une minorité des entreprises
interviewées, à l’instar d’Eiffage, de Renault, ou Bosch ont une veille véritable sur les
macro-tendances et sont dotées d’un dispositif formel d’analyse prospective.
Les entreprises se focalisent avant tout sur des innovations durables incrémentales
pour éviter de trop bouleverser l’activité ; l’innovation durable étant déjà par nature
perturbatrice. Cela reflète également une absence de maturité sur le sujet et
probablement une difficulté certaine à l’appréhender. Notre échantillon comporte
pourtant des petites et des grandes entreprises, dans des secteurs émergents comme
matures. Il apparaît que la question sous-jacente du profil des entreprises les mieux
armées pour faire face aux enjeux de l’innovation durable ne trouve pas de réponse
toute faite… L’innovation durable n’est pas l’apanage de start-up évoluant dans la
sphère des cleantech23 comme on pourrait le penser à première vue mais bien une
démarche globale remettant en cause la façon d’innover dans les années à venir
quelles que soient les caractéristiques de l’organisation concernée.
Economie
Production circulaire
Economie de la
Economie collaborative
réduction
Environnement Social
Ces exemples de nouveaux business models n’ont pas été cités par les dirigeants de notre échantillon.
Les cleantech recouvrent les nouvelles technologies et les nouveaux usages visant à réduire la consommation d’énergie
23
31
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En résumé
L’innovation durable est systémique et polysémique.
32
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33
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Idée clé n°3
Organiser l’innovation
durable exige de remettre
à plat les stratégies et
les choix d’organisation
35
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Penser et agir de manière complexe et systémique, tel qu’il apparaît nécessaire
pour gérer l’innovation durable, peut être particulièrement déstabilisant pour les
grandes entreprises, alors qu’historiquement, celles-ci se sont structurées autour de
technologies clairement identifiées et organisées en divisions, de la conception à la
commercialisation des produits et services (Recherche & Développement, Marketing,
Distribution, etc.). Cette logique de compartimentalisation est-elle toujours de mise
dans le cadre de la « troisième révolution industrielle » au sens de Rifkin (2012) ? De
nombreux interlocuteurs de notre étude soulèvent les difficultés de coordination
posées par l’innovation durable et sont à la recherche de modèles d’organisation
alternatifs.
Malgré son potentiel, cette démarche présente des limites. Comment s’organiser
lorsque l’entreprise est confrontée à une innovation durable qui sort de son
périmètre classique en termes de métiers, d’expertises, ou de business models ?
Comment agir lorsque ces enjeux de développement durable peuvent avoir des
impacts stratégiques majeurs à moyen ou long terme, qui impliquent de sortir du
« business as usual » ? Plusieurs solutions organisationnelles sont expérimentées par
les entreprises ayant participé à l’étude. Ces solutions ne sont pas exclusives, mais
chacune présente des intérêts et des limites.
36
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Cas 7. Picard : Simplifier l’innovation durable, une étape nécessaire pour gagner
en maturité
Dans un second temps, l’entreprise a pris en charge des questions plus complexes
en termes de pilotage : développement d’une démarche d’éco-conception
de ses produits, réduction de la consommation énergétique de ses magasins,
conception HQE (haute qualité environnementale) de ses magasins, conception
d’une glacière équitable et écologique. Ces champs d’action sont plus complexes
car ils imposent une collaboration plus forte avec les différents métiers internes. Sur
ces sujets, c’est un fonctionnement en mode projet qui tend à s’imposer, associant
le marketing, la R&D, l’équipe développement durable et des fournisseurs.
Ce n’est qu’une fois ces champs d’action stabilisés que l’entreprise peut aborder
des enjeux d’innovation systémique. Aujourd’hui, l’entreprise engage une réflexion
sur l’impact de son réseau de fournisseurs, notamment agricoles, qui représente
l’essentiel des impacts environnementaux et sociaux générés par l’entreprise, mais
qui sont beaucoup plus difficiles à gérer.
SNCF s’est associée en novembre 2011 à Orange, Total et PSA pour créer Ecomobilité
Ventures, un fonds d’investissement pluri-entreprises dédié à la mobilité durable.
Ce fonds a pour objet de prendre des participations dans des PME européennes
innovantes, en phase d’amorçage ou de développement, grâce à un budget
de 30 millions d’euros, dont la moitié est apportée par SNCF. Les quatre grands
groupes apportent ainsi un soutien financier mais également leur expertise pour
renforcer et stimuler la capacité d’innovation des start-up sélectionnées. De
cette manière, le fonds promeut des projets en lien avec les nouveaux modes de
transport et de mobilité et garde une visibilité sur les évolutions du marché de la
mobilité durable. Les trois premiers investissements du fonds ont été annoncés en octobre
2012 : « Zilok Auto », premier site de location de voiture entre particuliers ; « EZ Wheel »,
entreprise proposant la première roue électrique autonome ; et « Move about »,
opérateur d’auto partage de véhicules propres à destination des entreprises.
37
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(2) Dans la deuxième stratégie consistant à piloter un portefeuille de projets innovants,
une direction (de l’innovation ou du développement durable par exemple) définit
une stratégie d’innovation durable, s’appuyant souvent sur un exercice prospectif
porté par le sommet stratégique de la firme, afin d’orienter les axes du portefeuille.
Cet exercice amène souvent les acteurs à re-conceptualiser leur cœur de métier.
A titre d’exemple, un acteur du secteur automobile peut se définir comme
concepteur et distributeur d’automobiles ou se projeter comme « acteur de la
mobilité ». Le cas de Bosch dans le champ de la mobilité durable constitue une
bonne illustration de cette logique. L’entreprise parvient à concilier la tension entre
les deux axes de la demande actuelle du marché et des tendances nouvelles de
produits verts (Idée clé n°5). Ainsi, Bosch continue à servir les marchés traditionnels
diesel et essence mais avec des composants moins polluants. Et en même temps,
l’entreprise est pionnière dans la e-mobility (réseaux, machines électriques…) et
contribue à son développement.
38
Etude Innovation Durable - Institut i7 - ESCP Europe - weave AIR
de multiplier les offres rentables et présentant un avantage environnemental en
termes d’efficience énergétique. Aujourd’hui, la ligne de produits EcoMagination
représente plus de 10 % du chiffre d’affaires du groupe et constitue un domaine
à croissance rapide, ce qui a permis de rendre visibles auprès de l’ensemble des
divisions du groupe les enjeux d’innovation liés au développement durable. A
l’autre bout du spectre, la création de divisions dédiées peut permettre à une
entreprise d’isoler des projets qui ne seraient pas viables financièrement dans le
cadre classique de l’entreprise. Ceci est particulièrement vrai dans le domaine
du Social Business ou des marchés du bas de la pyramide (BOP), pour lesquels les
entreprises ne peuvent transposer leurs contraintes de rentabilité classiques. Deux
cas d’entreprises interviewées ont mis en avant ces initiatives : Schneider Electric
et Veolia Eau. Grameen Veolia Eau (partenariat entre Veolia et Grameen Bank)
est basé sur un modèle de social business pour favoriser l’accès à l’eau potable au
Bangladesh. Schneider Electric, à travers son initiative BipBop, développe l’accès
à l’électricité. La distribution de l’électricité s’accompagne d’un programme de
formation locale, financé par la fondation de l’entreprise, dans lequel les employés
de l’entreprise peuvent participer en tant que formateurs.
(4) Enfin, lorsque l’entreprise anticipe des changements majeurs dans son secteur à
moyen terme mais que ses ressources internes paraissent inadaptées ou trop
limitées, elle peut mener une politique de partenariats ou d’acquisitions externes.
C’est le cas de Dassault Systèmes, dont la politique d’acquisition externe constitue
un levier de développement central depuis plusieurs années dans ces domaines.
Ces acquisitions permettent d’accompagner les transformations de l’entreprise
éditant des logiciels de conception numérique, et dont la mission se définit
aujourd’hui comme « harmonize product, nature, and life ». Lorsque les liens au
cœur de métier de l’entreprise sont plus diffus, celle-ci peut aussi mener une
politique de prise de participation et d’aide au financement de l’entrepreneuriat.
En mettant en place des fonds de financement de type venture capital, à l’instar
du fonds Ecomobilité (Cas 8), les grands groupes peuvent aider au financement
de projets, en escomptant des bénéfices financiers, mais aussi en nouant des
relations et des coopérations avec des entrepreneurs générant un apprentissage
et des changements internes, avant d’aller plus loin vers une éventuelle intégration
capitalistique et stratégique plus forte.
39
Etude Innovation Durable - Institut i7 - ESCP Europe - weave AIR
Figure 7 - Quatre stratégies pour le portage organisationnel de l’innovation durable
1. Simplifier l’innovation
Restreindre la complexité de l’innovation en se focalisant
sur des enjeux maîtrisables et connus par l’entreprise et
optimiser les solutions et technologies existantes
Portage organisationnel
de l’innovation durable
Permet éventuellement de
desserrer des contraintes
liées à la maturité/
rentabilité des marchés
40
Etude Innovation Durable - Institut i7 - ESCP Europe - weave AIR
41
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Idée clé n°4
Implémenter l’innovation
durable suppose de
recourir à de nouvelles
compétences et à
de nouveaux critères
d’évaluation
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Dans la suite logique des choix d’organisation alternatifs générant des avantages
et inconvénients multiples, les organisations doivent faire face à plusieurs nouveaux
défis : le renouvellement des compétences et de leur pilotage, ainsi que la définition
d’indicateurs et de critères d’évaluation en adéquation avec ces nouveaux enjeux.
24
Open Innovation: What’s Behind the Buzzword?, Institut pour l’Innovation et la Compétitivité i7 et Accenture, 2011.
44
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même rapport. Tout le défi de l’Open Innovation consiste en réalité à trouver l’équilibre
entre la quantité et la qualité des relations avec les partenaires. Il faut impérativement
créer des relations pérennes de confiance pour fidéliser ses partenaires et capitaliser
sur les expériences communes.
45
Etude Innovation Durable - Institut i7 - ESCP Europe - weave AIR
Cas 9. La Poste : Valorisation d’expertises internes par le développement de
nouvelles prestations
Sur le même modèle, La Poste a créé Greenovia, une entreprise qui propose des
conseils et des solutions de mobilité éco-responsable aux utilisateurs de flotte de
véhicules souhaitant opérer une gestion propre de leur parc. Laurence Durand,
Directrice de la direction RSE de l’Enseigne La Poste, confirme cette volonté de
transmission du savoir-faire : « Toute expertise que nous acquérons en interne pour
notre propre entreprise , nous la mettons ensuite à disposition des autres ».
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« Nos réflexions sur l’innovation durable doivent porter
sur du long terme mais les sociétés d’aujourd’hui
raisonnent toutes sur du court terme, ce qui constitue
le cœur du challenge. »
Sandrine Sommer, Directrice Développement Durable, Guerlain
Figure 8 - Dans votre entreprise, les critères d’évaluation des projets d’innovation durable
sont-ils différents des critères appliqués aux projets plus classiques ?
100%
90%
80%
70%
60%
Non
40%
Oui
30%
20%
10%
N = 312
0%
Les seuils de rentabilité Les temps de développement
exigés sont moins élevés et de diffusion sont plus longs
47
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Certaines entreprises tentent pourtant d’adapter leurs pratiques gestionnaires pour
rendre compte de leurs engagements en la matière. Nestlé publie depuis 6 ans un rapport
nommé « Création de valeur partagée et respect de nos engagements », selon l’approche
initialement développée par Michael Porter et Mark Kramer (Figure 4). Des indicateurs
de performances spécifiques ont été instaurés pour suivre et évaluer les efforts du
groupe afin d’améliorer la qualité de vie des consommateurs, particulièrement en ce
qui concerne la nutrition et ainsi tenter de répondre aux enjeux de sous-alimentation,
de carences alimentaires, d’obésité, etc.
• Nutrition : Améliorer le profil nutritionnel des produits (réduire le sel, le sucre, les
graisses…) ; fournir des informations et des recommandations nutritionnelles ;
• Eau : Améliorer l’efficience de l’eau ; améliorer la gestion de l’eau en-dehors des
usines ;
• Développement rural et approvisionnement responsable : Mettre en place un
programme d’approvisionnement responsable et de traçabilité (code de conduite
pour les fournisseurs de Nestlé, partenariats avec des tiers) ;
• Durabilité environnementale : Améliorer l’efficacité des ressources avec l’objectif
zéro déchet produit par 10 % des usines Nestlé d’ici 2015 et améliorer l’impact
environnemental des emballages;
• Droits de l’homme et conformité : Éradiquer le travail des enfants ;
• Collaborateurs : Diversité ; santé au travail ;
• Economie : Chiffre d’affaires ; bénéfice net.
Dans son plan à 2020 , Unilever est l’un des rares industriels à avoir pris un engagement
de réduction absolue de l’empreinte carbone : il est prévu de réduire de moitié
l’empreinte carbone du groupe alors qu’il est dans le même temps espéré de doubler
le chiffre d’affaires... Autrement dit, la question de l’évaluation de l’innovation durable
se pose à plusieurs niveaux : comment identifier les objectifs prioritaires ? Comment
repérer les référentiels pour chaque objectif ? Comment fixer et mesurer l’état initial à
améliorer ? Par rapport à quel objet et à quels acteurs ?
48
Etude Innovation Durable - Institut i7 - ESCP Europe - weave AIR
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Idée clé n°5
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Selon les participants au Baromètre de l’Innovation Durable 2013, les parties prenantes
les plus influentes sur l’innovation durable sont les clients et l’État (respectivement
64 % et 56 % des répondants). Or, nos interlocuteurs ont également mis en avant les
paradoxes de ces acteurs et la difficulté à gérer leurs éventuelles contradictions.
Le client/consommateur
Dans le cas de l’innovation durable, cette difficulté classique se combine avec deux
autres types de contradictions clients, que les organisations doivent identifier en
amont pour mieux les contourner : il peut exister des décalages importants entre ce
que d’une part le client perçoit comme « durable » et ce qui mérite vraiment ce
qualificatif, et d’autre part, l’exigence de durabilité affichée par le client en termes
d’intention d’achat ne se traduit pas forcément dans la réalité de ses pratiques de
consommation.
52
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Arnaud Brulaire, Responsable Développement Durable chez Picard, explique que
lorsque le groupe s’est engagé dans un diagnostic développement durable fin 2008,
les consommateurs et les collaborateurs ont fait ressortir spontanément la question
des emballages comme un point prioritaire à travailler. Picard a donc embauché une
responsable emballage pour optimiser les dimensions et les matériaux des emballages
des produits, ce qui leur a permis de réaliser des économies (16 tonnes de matériaux
d’emballages et 87 camions de moins sur les routes en 201125). Toutefois l’ACV réalisée
en 2011 a montré que les emballages représentaient seulement 1 à 2 % des impacts
environnementaux d’un produit moyen (vs la partie agricole amont, le transport et la
consommation énergétique des congélateurs en magasin par exemple).
Les innovations durables risquent parfois d’être mal comprises, et donc mal perçues
par le client, comme un moins-disant en termes de confort, de qualité, ou d’usage
du produit. A l’instar des stratégies low cost, qui reposent sur la simplicité de l’offre
et non sur une détérioration de la qualité, les innovations durables, en tentant de
limiter les externalités négatives, peuvent être assimilées à des propositions de
valeur dégradée. Cet état de fait s’explique aussi par les difficultés qu’éprouvent
les responsables marketing à intégrer aujourd’hui les valeurs du développement
durable à la valeur perçue du produit, parfois totalement déconnectée de sa valeur
réelle. Le cas du luxe, et de Guerlain en particulier (Cas 10), illustre bien comment
en revenant aux fondamentaux (des matériaux nobles, des métiers rares, des savoir-
faire artisanaux, une haute qualité de service), il est possible de capitaliser sur une
offre durable, intergénérationnelle, alors même qu’il s’agit d’un secteur qui peut être
accusé de surabondance, de gaspillage, d’obsolescence, etc.
25
Rapport Développement Durable 2011 de Picard.
53
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Ce constat est également souvent valable pour les innovations durables sur des axes
sociaux, qui restent souvent invisibles pour les clients. Le Plaza Athénée a cherché à
améliorer les conditions de travail des employés travaillant en sous-sols, sans accès
à la lumière du jour. Un programme de luminothérapie26 a été mis en place pour le
service lingerie suite à une large consultation des employés, raconte Pascal Billard,
Directeur Adjoint & Responsable cellule innovation du Plaza Athénée. « A différents
étages, il y a des services qui ne sont pas visibles des clients, on ne s’imagine pas que
c’est une vraie ville à l’intérieur ! ».
Cas 10. Guerlain : Échanger et récupérer les produits usagés pour cultiver la relation client
Dès les années 1980, la Maison a proposé ses premières recharges de parfum
dans un flacon appelé Habit de Fête. Le système de recharge a ensuite été
étendu à d’autres parfums et lignes de produit comme les fonds de teint ou
plus récemment le mascara. Dans les années 2000, Guerlain va plus loin en
proposant à ses clients de venir recharger directement leur flacon de parfum
dans certaines boutiques grâce aux Fontaines Impériales.
Quant aux packagings ne pouvant être rechargés, les clients se voient offrir la
possibilité de se joindre aux efforts de Guerlain en rapportant ces derniers en
boutique afin qu’ils soient triés, recyclés et valorisés. Ces packagings vides sont
alors envoyés sur la plateforme de déconditionnement et de tri de l’entreprise
avec les stocks obsolètes, les testeurs et les flacons vides des boutiques. Les
retours des clients sont très positifs et enthousiastes. Pour expliquer ce choix d’un
travail sur la fin de vie du produit, Sandrine Sommer rappelle que « le domaine
du luxe appelle la qualité et le prestige par essence. Cela peut se traduire par
des packagings lourds et l’utilisation de plusieurs matériaux assemblés difficiles à
recycler et à trier ». Guerlain a choisi de travailler sur des systèmes de recharge
et de réfléchir à l’impact environnemental tout au long du cycle de vie du
produit comprenant la conception packaging mais pas uniquement.
26
La luminothérapie consiste à être exposé à une lumière artificielle blanche, imitant celle du soleil, afin d’éviter certains
troubles associés aux dérèglements de l’horloge biologique interne, comme la dépression saisonnière.
54
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Enfin, l’équation « exigence de durabilité/niveau de prix du produit » peut parfois être
très difficile à résoudre pour les organisations. Car même si le consommateur est de
plus en plus en recherche de durabilité dans les produits et les services qu’il consomme,
il ne peut pas toujours se les offrir ou les préférer à des offres moins chères. Le facteur
prix reste un élément déterminant du succès des innovations durables, qu’elles soient
de nature environnementale ou sociale.
L’Etat
L’Etat joue un rôle très important dans la lutte contre les risques environnementaux et
sociaux en alertant et sensibilisant le public et en explorant d’autres voies possibles. Un
de ses rôles consiste à encourager les entreprises à adopter des stratégies d’innovation
durable et les consommateurs à les accueillir favorablement. Depuis janvier 2013,
la vente des lampes à incandescence est par exemple interdite dans l’Union
européenne pour améliorer l’efficacité énergétique. Les pouvoirs publics ont incité
les entreprises à produire ces ampoules économiques localement, contribué à fixer
les prix de vente et poussé les consommateurs à changer leurs ampoules classiques
par des LED via des campagnes de communication et des mesures réglementaires.
L’acteur public peut également soutenir ce type de transformations en intégrant
des critères environnementaux et des clauses sociales dans les marchés publics. La
commande publique représentant près de 15 % du produit intérieur brut français,
l’effet d’entraînement de ce type de mesure n’est pas négligeable.
Par ailleurs, l’un des membres de notre panel suggérait que le Ministère du
développement durable préempte les brevets en mesure de profiter au plus grand
nombre, comme l’Armée est autorisée à le faire, afin qu’ils ne soient pas oubliés et
non développés. Sans juger de la pertinence de cette proposition, il est à noter que
la question des formes d’incitation des pouvoirs publics adaptées à la promotion de
l’innovation durable, dans ses formes incrémentales et de rupture, se pose.
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Etude Innovation Durable - Institut i7 - ESCP Europe - weave AIR
« L’innovation durable représente une promesse, la
possibilité d’un futur souhaité, mais c’est ce futur
une fois réalisé qui établira si cette innovation
était vraiment durable. Ainsi, minimiser les temps
de transport de la personne est un futur souhaité,
pas le fait de passer chaque jour plusieurs heures
dans les embouteillages dans une voiture à basse
consommation carbone. »
Dominique Guinet, Directeur Développement Durable, Bayer
La réglementation est sans conteste l’un des facteurs déterminants pour les entreprises
en matière de développement et d’innovation durable car elle permet de définir
et mettre en œuvre la doctrine. 80% des droits nationaux de l’environnement étant
d’émanation européenne, les organisations doivent porter une attention particulière
à la réglementation européenne (et à ses évolutions) en la matière.
Cependant, si les entreprises doivent faire face non seulement à l’incertitude quant
à l’évolution de la législation européenne, elles doivent également pallier aux
difficultés liées au mécanisme de transposition des directives européennes dans les
différents droits des pays membres. Des choix stratégiques vis-à-vis de ces contraintes
institutionnelles doivent alors être considérés et entrepris par les organisations.
Les résultats de notre Baromètre sur l’influence des diverses parties prenantes externes
de l’entreprise en matière d’innovation durable fournissent quelques enseignements
intéressants. Premier constat, les entreprises sont essentiellement motivées dans leur
démarche d’innovation durable par les clients, l’Etat et les consommateurs. Viennent
ensuite les médias et les ONG (influence positive pour respectivement 50 % et 45 %
des répondants). A l’inverse, les fournisseurs et les actionnaires sont perçus de manière
plutôt négative ou non pertinente pour les entreprises. Le cas des concurrents révèle
une forte ambivalence entre influence positive et négative ou non existante. Les
universités et grandes écoles quant à elles sont assez faiblement perçues comme
parties prenantes significatives. On note enfin une proportion relativement élevée de
réponses « ne savent pas » pour la majorité des parties prenantes. Seule une minorité
d’entreprises semble avoir intégré une démarche multi-partie prenantes complète et
mature sur ces questions.
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En résumé
La mise en œuvre de l’innovation durable dans les organisations
établies s’accompagne de nombreux défis organisationnels liés à
un pilotage délicat de gestion d’un changement profond.
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Idée clé n°6
Le développement de
l’innovation durable
demande d’apprendre de
ses échecs pour mieux
réussir à travers une
démarche itérative
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« Ce qui m’intéresse c’est la vie des hommes qui ont échoué car c’est le signe
qu’ils ont essayé de se surpasser », disait Georges Clémenceau. Beaucoup d’idées
innovantes et durables n’aboutissent pas parce qu’elles émergent trop tôt, comme
nous l’avons vu avec la location de dalles de moquette d’Interface, ou qu’elles ne
sont pas opérationnalisées dans le bon contexte de marché. Pour autant, la promotion
et l’entretien d’une culture de l’erreur, en vue d’un apprentissage interne, s’imposent
comme un levier capable de transformer des échecs en succès. Une culture de
l’innovation se doit d’intégrer l’échec comme faisant pleinement partie du processus
menant au succès.
Pourtant, rares sont encore les entreprises qui encouragent leurs équipes à proposer des
idées et à prendre des initiatives, quitte à échouer, et qui essayent de capitaliser sur les
échecs passés (Cas 11). L’idée sous-jacente à cette approche est qu’une innovation,
qu’elle connaisse un succès commercial ou non, peut s’avérer particulièrement
enrichissante pour l’entreprise : c’est la notion de « successful failures ». Les échecs
sont ainsi appréhendés comme sources d’apprentissage et d’opportunités pouvant
aboutir à de nouveaux projets qui connaîtront le succès espéré, dans de nouveaux
contextes ou à d’autres moments.
27
L’éloge de l’erreur, Laurent Degos, 2013, Le Pommier.
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Cas 11. Interface et Geodis : Exemples de successful failures
61
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Cas 12. Emulsar : Capitaliser sur un échec pour trouver de nouveaux débouchés,
comment valoriser sa technologie de nano-émulsion
Emulsar est une jeune entreprise innovante française qui a mis au point et breveté
une machine et un procédé de fabrication de nano-émulsion (brevet « pionnier »)
permettant d’obtenir des émulsions très fines, homogènes et stables. Les gouttes
obtenues par Emulsar sont 5 à 10 fois plus fines, contiennent très peu d’additifs
(issus de la pétrochimie) ou des additifs naturels et consomment 20 fois moins
d’énergie. Les émulsions servent de base dans un grand nombre de produits
dans les industries cosmétique (ex : crèmes de soin), agroalimentaire (ex : sauces,
vinaigrette…) et pharmaceutique (ex : liquides injectables). « Vous consommez
ou utilisez au moins une fois par jour un produit qui est à base d’émulsions »
explique Frédéric Arnaud, Directeur Général d’Emulsar. Cette technologie de
rupture permet aux entreprises clientes de développer des nouveaux produits à
forte valeur ajoutée comme des crèmes plus efficaces et naturelles exploitant
mieux les principes actifs ou des huiles allégées pour des produits allégés sans
altération du goût. De vendeur de machines, Emulsar est devenu concepteur,
fabricant et vendeur d’ingrédients sous forme d’émulsion.
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Idée clé n°7
L’innovation durable
nécessite de changer
d’échelle, et de faire
émerger des écosystèmes
d’innovation durable
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L’innovation durable passe par l’acquisition de nouvelles compétences et nécessite
de décloisonner les frontières à l’intérieur de l’entreprise (Idée clé n°4). Mais elle
implique aussi de repenser la manière dont l’entreprise s’inscrit dans son écosystème.
Par analogie, la notion d’écosystème d’affaires selon J. F. Moore28 peut être définie
comme « une communauté économique supportée par l’interaction entre les
organismes du monde des affaires : des entreprises, des individus et des acteurs
publics. Cette communauté économique va produire des biens et des services en
apportant de la valeur aux clients, qui feront eux-mêmes partie de cet écosystème.
Les organismes membres vont également inclure les fournisseurs, les producteurs,
les concurrents et autres parties prenantes (institutions de formation, de recherche,
communautés, acteurs publics, etc.) ».
Ainsi, l’impact environnemental d’un bâtiment ne peut s’envisager qu’en pensant les
interactions complexes au sein de toute la chaîne d’acteurs qui sont impliqués dans
la conception et la vie d’un bâtiment : ses concepteurs, architectes, promoteurs,
constructeurs, gestionnaires et occupants. Innover implique donc de développer des
initiatives, méthodes, outils et acteurs qui permettent d’agir simultanément sur plusieurs
maillons, et de repenser la coordination entre les différents membres de l’écosystème.
28
“business ecosystem” en anglais (Moore 1993, 2006).
66
Etude Innovation Durable - Institut i7 - ESCP Europe - weave AIR
L’étude nous a permis de mettre en évidence trois leviers susceptibles de rendre
les écosystèmes d’affaires plus durables : (1) utiliser l’intelligence de l’écosystème ;
(2) structurer ces informations et identifier des orientations et objectifs communs ; et
enfin (3) interconnecter les acteurs de l’écosystème et redéfinir leur rôle.
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Etude Innovation Durable - Institut i7 - ESCP Europe - weave AIR
Mais les connaissances ne se situent pas uniquement à l’intérieur de l’entreprise
et l’entreprise doit développer une capacité à mobiliser l’intelligence de son
écosystème. Une solution peut consister à créer des espaces d’échange et de partage
d’information entre acteurs d’un même secteur, prenant la forme de séminaires, de
partage d’expériences, ou de dispositifs multi-parties prenantes. Des communautés
d’innovation se créent ainsi de par le monde, pour concevoir de nouveaux produits
à forte valeur sociale et environnementale. A titre d’exemple, Nike a créé depuis
2009 la plateforme GreenXchange, visant à la publication et au partage de brevets
d’innovation durable. De même, des communautés de concepteurs (le mouvement
des makers) se constituent. Ces communautés répliquent les logiques de l’opensource
au monde réel. Elles visent à créer et partager des solutions techniques pour mettre
à disposition du plus grand nombre des biens nécessaires accessibles au plus grand
nombre.
Structurer et faire sens de l’information peut passer par des outils permettant de
visualiser les données et de les représenter. A titre d’exemple, les pratiques de
conception du secteur automobile ont été profondément révolutionnées par le
recours aux maquettes numériques 3D, qui ont permis de coordonner des acteurs
intervenant à des stades très différents de la conception (concepteurs des produits et
des usines), d’intégrer des acteurs géographiquement dispersés sur un même projet
et de développer un langage commun. Combinée aux outils de gestion de projet, la
maquette numérique a permis d’améliorer considérablement la qualité des nouveaux
produits tout en réduisant drastiquement les délais et les coûts de développement de
chaque modèle.
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Etude Innovation Durable - Institut i7 - ESCP Europe - weave AIR
A condition d’adapter ces outils de maquettage de manière pertinente, cette
révolution instrumentale pourrait transformer d’autres secteurs, comme celui de la
construction, et faciliter la prise en compte des enjeux de performance énergétique :
L’État peut jouer un rôle actif dans la promotion de tels outils. En Europe, le
gouvernement danois impose depuis 2007 le recours systématique aux outils de
maquettage numérique pour toute réponse à un appel d’offre public sur un projet
architectural ou d’urbanisme. Ce processus, qui a des répercussions centrales sur la
formation, les langages des architectes et des ingénieurs des bureaux d’étude, et
sur le management de projet, a été encadré et facilité par un programme Digital
Construction, initié par l’agence nationale pour la construction en 2005.
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Etude Innovation Durable - Institut i7 - ESCP Europe - weave AIR
d’entreprises de collecte, de démantèlement, et de valorisation des déchets. C’est
l’ensemble de l’écosystème qui s’en trouve potentiellement transformé.
Certains dispositifs et solutions techniques peuvent aussi aboutir à redéfinir les rôles
et positions des différents acteurs. Ainsi, l’adoption de certaines solutions techniques,
telles que la préfabrication dans la construction, permettent de réduire les interactions
entre conception et mise en œuvre. De même la création d’une marque ou de labels
(3M Thinsulate, Gore Tex, etc.) permet de renforcer la position de certains fournisseurs
et de signifier leur avantage auprès des consommateurs finaux.
Fair Labor Association (FLA), Fair Wear Foundation, SA 8000, commerce équitable,
collectif de l’éthique sur l’étiquette... Cet exemple du secteur du textile en témoigne :
on assiste depuis une décennie à l’éclosion d’« initiatives sectorielles multi-parties
prenantes ». Cette catégorie large recouvre des initiatives et modes de fonctionnement
hétérogènes. De manière générale, les initiatives multi-parties prenantes visent
à promouvoir des démarches de RSE et de développement durable au sein d’un
secteur à travers l’émergence de normes, standards et labels volontaire (c’est-à-dire
non contraignants, et dont l’adoption est laissée à la volonté des entreprises d’un
secteur). Ces labels et standards sont élaborés en intégrant une diversité de parties
prenantes et/ou gouvernés de manière collégiale entre entreprises, ONG, associations
professionnelles, représentants des travailleurs, organismes publics, etc.
Ces initiatives, partant d’une volonté de décloisonner les acteurs et de les coordonner
autour de projets de RSE, sont un outil intéressant pour promouvoir l’innovation durable
au sein d’un écosystème. Néanmoins, ces initiatives restent hétérogènes dans leurs
objectifs et leurs mécanismes (le degré de contrainte qu’elles imposent aux acteurs
économiques), et leur pilotage peut s’avérer ardu. Dans de nombreux secteurs, on
compte d’ailleurs une prolifération d’initiatives différentes, parfois en concurrence les
unes avec les autres, aboutissant à en limiter l’impact (Chatterji & Levine, 2006).
L’un des enjeux actuels, pour ces initiatives, est de ne pas limiter les initiatives multi-
parties prenantes à des arènes politiques, mais de les utiliser comme des arènes de
création collective. En effet, ces initiatives constituent des dispositifs d’échange et
de coordination, potentiellement utiles pour générer de l’intelligence commune, la
création de nouveaux produits ou de nouvelles solutions de service à haute valeur
ajoutée économique, sociale et environnementale.
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Etude Innovation Durable - Institut i7 - ESCP Europe - weave AIR
Gecina présente une initiative originale qui permet de penser ces questions de
durabilité plus facilement à travers des dialogues avec différents acteurs. Gecina
Lab peut se positionner comme un outil d’interconnexion des divers acteurs dans
l’immobilier, d’autant plus que les systèmes sont aujourd’hui mal coordonnés.
Cas 14. Gecina Lab : Dialogue avec les clients pour co-innover
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Etude Innovation Durable - Institut i7 - ESCP Europe - weave AIR
En résumé
L’innovation durable exige de repenser profondément les pratiques.
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Etude Innovation Durable - Institut i7 - ESCP Europe - weave AIR
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Etude Innovation Durable - Institut i7 - ESCP Europe - weave AIR
74
Etude Innovation Durable - Institut i7 - ESCP Europe - weave AIR
Conclusion
A
u terme de cette étude, l’innovation durable révèle un certain nombre de
paradoxes. Si elle est considérée comme une priorité stratégique, elle apparaît
aussi particulièrement complexe à opérationnaliser. Il est vrai que la liste
des défis potentiels est si longue qu’elle peut en devenir paralysante : incertitudes
technologiques, maturité ou attentes des clients revues à la baisse en temps de
crise, imprévisibilité de l’action publique, difficulté à communiquer et à valoriser ces
projets, appréhensions internes à s’engager sur ces enjeux, difficultés à construire des
projets créateurs de valeur économique, sociale et environnementale, horizons de
temps difficilement compatibles avec ceux des marchés financiers, etc. Le portage
organisationnel de l’innovation durable est lui aussi complexe pour plusieurs raisons.
Premièrement, la thématique se situe à l’interface des directions de l’innovation et du
développement durable. Dans de nombreuses organisations, ces directions peinent
à trouver leur place et sont trop souvent pensées et organisées comme distinctes.
Deuxièmement, la plupart des organisations sont traditionnellement mal armées pour
piloter des projets transversaux, décloisonner les frontières fonctionnelles, repenser leur
position au sein de leur écosystème.
En temps de crise, la tentation est donc grande d’optimiser les business models existants,
qui, à défaut d’être durables, ont fait leurs preuves. Mais en se focalisant uniquement
sur l’optimisation des business models efficaces aujourd’hui, les entreprises courent
le risque d’organiser leur propre marginalisation dans le monde à venir. L’accès aux
ressources énergétiques, aux matières premières, le vieillissement de la population
et les enjeux de santé associés, les transformations climatiques et l’érosion de la
biodiversité sont des bouleversements majeurs pour nos sociétés. Des secteurs aussi
divers que ceux des transports, de la santé, de la construction, sont déjà en cours de
reconfiguration. Plusieurs entreprises ont pris conscience de ces enjeux et s’efforcent
de reconcevoir leurs compétences et leurs business models autour des concepts
d’efficacité ou de sobriété énergétique, d’offres servicielles, etc. (Idée clé n°2).
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retour au sommaire Etude Innovation Durable - Institut i7 - ESCP Europe - weave AIR
gérer les enjeux du développement durable. Pour répondre à ces enjeux, les acteurs
en charge du développement durable doivent développer leur capacité de repérage
des enjeux à fort impact pour l’entreprise et la société, leur capacité de traduction de
ces enjeux en impacts pour l’entreprise, identifier des objets/espaces d’innovation et
piloter des lignées de projets mobilisant les différents métiers de l’entreprise.
Rares sont les entreprises qui sont parvenues à développer une approche intégrée
et holistique de l’innovation durable. Bien souvent les entreprises s’engagent sur des
projets spécifiques et peu articulés au reste des projets d’innovation. Cette difficulté est
liée à la jeunesse de nombreuses démarches. Mais elle provient aussi souvent d’une
difficulté à penser plus largement une stratégie d’innovation durable à l’échelle de
l’ensemble de l’entreprise. Comment identifier des axes à forte ambition et à forte
cohérence stratégique ? Il s’agit d’identifier des « utopies mobilisatrices » (telles que
l’objectif zéro impact chez Interface) susceptibles de soutenir et structurer des logiques
d’innovation sur le long terme. Pour cela, les acteurs en charge de l’innovation
durable peuvent chercher à établir une vision stratégique à partir des modèles mis
en évidence à travers l’idée clé n°2 (nouveaux types de business models). Pour les
cellules et directions de l’innovation, l’innovation durable ne doit pas être traitée
comme un ensemble de projets spécifiques et disjoints. L’innovation durable doit être
utilisée comme levier d’interrogation de l’ensemble de la politique d’innovation.
Une autre implication majeure de l’innovation durable est qu’elle tend à « re-politiser »
l’innovation. Si on les considère individuellement et d’un point de vue strictement
technique, les projets d’innovation durable soulèvent peu de traits totalement
uniques. Ils exacerbent plutôt des aspects déjà connus de l’innovation, tels que la
difficulté à gérer sa dimension ouverte, le rapport incertain à la valeur, etc. Mais tout
l’enjeu, pour l’entreprise, est d’utiliser le concept d’innovation durable de manière
holistique, pour s’interroger sur sa stratégie et sur l’utilité sociale de l’ensemble de ses
innovations. Une démarche d’innovation durable ne prend sens que si l’entreprise est
en mesure de dépasser une démarche ad-hoc sur quelques « projets durables », pour
interroger les valeurs qui sous-tendent l’ensemble de sa « politique » d’innovation. Prise
ainsi, l’innovation durable interroge l’ancrage de l’entreprise et de l’innovation dans
la cité. Elle constitue un levier pour créer du sens et des orientations communes au
sein des projets d’innovation. Si cette dimension politique de l’innovation durable est
assumée, elle peut favoriser un questionnement stratégique de grande ampleur dans
une organisation.
Aujourd’hui force est de constater que ce n’est pas le cas. Alors même que le débat
sur la compétitivité et l’innovation est un enjeu central du débat public, l’acteur public
peine à intégrer dans sa réflexion une dimension prospective sur la manière dont nos
sociétés utiliseront les ressources énergétiques à l’avenir, gèreront le vieillissement de la
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Etude Innovation Durable - Institut i7 - ESCP Europe - weave AIR
population ou la transformation des écosystèmes. Lorsqu’il intègre ces transformations,
c’est souvent à travers le prisme de l’énergie, et dans l’optique de préserver un accès
aux énergies abondantes plutôt que de réduire notre dépendance en s’orientant vers
une économie sobre en énergie.
• Rassurer les acteurs privés sur la pérennité des orientations et du cadre institutionnel
Nous avons souligné (Idée clé n°7) l’importance de faire émerger des écosystèmes
d’innovation durable. L’acteur public peut y contribuer par différents leviers : en
favorisant la mise en relation des acteurs ou en encadrant l’émergence de standards
et de normes. Comme les grandes entreprises ont du mal à reconfigurer leur position
dans leur écosystème, l’Etat doit aussi soutenir les nouveaux entrants et les acteurs
susceptibles de transformer les écosystèmes d’affaires vers des démarches d’innovation
durable, via un soutien à l’entrepreneuriat ciblé sur des thématiques majeures telles
que la sobriété énergétique, la prise en charge du vieillissement, etc.
La manière dont les acteurs perçoivent l’innovation durable dans l’entreprise est un
phénomène complexe. Mais cette perception est largement structurée par la manière
dont les institutions de formation au management, à l’ingénierie, à l’économie
ou au design problématisent l’entreprise, ses raisons d’être et son rôle sociétal. La
sensibilisation et la promotion de l’innovation durable passent ainsi par les écoles, et
leur capacité à appréhender les dimensions sociétales de l’entreprise, de l’activité
managériale, de la conception ou du design des produits. Les différentes institutions
de formation doivent donc poursuivre leurs efforts et intégrer de manière plus forte les
liens entre innovation et développement durable.
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Etude Innovation Durable - Institut i7 - ESCP Europe - weave AIR
Annexe
Définitions des concepts clé
Développement durable : Un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la
capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins (Rapport Our Common future, 1987).
A l’échelle de l’entreprise, ce concept est interprété comme le triple bilan à travers l’intégration de trois
composantes économique, sociale et environnementale (Elkington, 1999).
Innovation durable : Toutes les démarches d’innovation menées par l’entreprise pour intégrer les enjeux
environnementaux et sociaux dans son activité. L’innovation durable concerne les innovations de type
produit & services, processus, mais aussi de modèle économique (business model).
Innovation sociale : Ce sont les innovations qui sont sociales dans leurs objectifs et leurs moyens. Par
exemple, elles font référence à des idées nouvelles (produit, service ou modèle économique) et de
façon simultanée permettent d’atteindre des objectifs sociaux et de créer de nouvelles relations ou
collaborations.
Biomimétisme : Approche qui analyse et s’inspire de la nature pour résoudre des problèmes humains. La
nature devient ainsi un modèle d’innovation (Benyus, 1997).
Bottom of the Pyramid (BOP) : Fait référence aux groupes démographiques les plus pauvres en termes de
conditions socioéconomiques. Les innovations dans ce domaine cherchent à atteindre ces populations
avec de nouveaux produits et services ou modèles économiques (Prahalad et Hart, 2002).
Economie circulaire : Le concept a ses racines dans l’écologie industrielle et fait référence à la réduction
des déchets à zéro grâce à des systèmes fermés basés sur l’interdépendance de différentes entreprises
et processus. Les approches from cradle to cradle (du berceau au berceau) font partie de l’économie
circulaire (Andersen, 2006).
Economie légère® : L’économie légère® est un modèle de croissance durable à inventer par chaque
entreprise pour répondre aux mutations de la société. Ce concept est imaginé par weave AIR.
Innovation frugale : Innovation qui vise à développer de nouvelles technologies et produits accessibles à
des communautés des pays émergents.
Reverse innovation : Concept qui fait référence à des innovations créées dans les pays émergents et
ensuite importées et adaptées dans les pays développés.
Shared value : Fait référence aux pratiques ou politiques de l’entreprise qui cherchent à la fois la
performance économique pour l’entreprise et l’amélioration des conditions sociales et économiques
des communautés dans lesquelles l’entreprise mène ses opérations (Porter et Kramer, 2011)
Grassroot innovation : Le terme décrit les solutions nouvelles dans la base de la société et qui visent un
développement durable. Elles diffèrent des approches traditionnelles des entreprises dans la mesure où
les initiatives sont développées au niveau local par la société civile (Seyfang et Smith, 2007).
78
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Bibliographie
Articles
Acquier A., Aggeri F. (2008), « Une généalogie de la pensée managériale sur la RSE », Revue
Française de Gestion, 180, pp. 131-157.
Acquier A. (2009), “From Social Value to Market Value. Business, Society, and Value Transformation
Processes”. Paper presented at the Academy of Management, Chicago.
Acquier A., Daudigeos T., Valiorgue B. (2011), “Corporate social responsibility as an organizational
and managerial challenge: the forgotten legacy of the Corporate Social Responsiveness
movement”, M@n@gement, 14, 4, pp. 222-250.
Andersen M.S. (2006), “An introductory note on the environmental economics of the circular
economy”, Sustainability Science, 2, 1.
Carbone V., Moatti V., Vinzi V. (2012), “Mapping Corporate Responsibility and Sustainable Supply
Chains: an Exploratory Perspective”, Business Strategy and the Environment, vol. 21, pp. 475–494.
Chatterji A., Levine D. (2006), “Breaking Down the Wall of Codes: Evaluating Non-Financial
Performance Measurement”, California Management Review 48, 2, pp. 29-51.
De Brito M., Carbone V., Meunier C. (2008), “Towards a sustainable fashion retail supply chain in
Europe: organization and performance”, International Journal of Production Economics, 2008, vol.
114, pp. 534–553.
Govindarajan V., Trimble C., Nooyi I.K. (2012), Reverse Innovation: Create Far From Home, Win
Everywhere“, Harvard Business Review Press, Boston.
Moore J.F. (1993), “Predators and Prey, A New Ecology of Competition”, Harvard Business Review,
May-June, pp. 75-86.
Moore J.F. (2006), “Business Ecosystems and the View From The Firm”, Antitrust Bulleting, Federal
Legal Publications Inc, Spring, pp. 31-75.
Nidumolu C.K., Prahalad C.K., Rangaswami R.M. (2009), “Why sustainability is now the key driver of
innovation?” Harvard Business Review, September, pp.57-64.
Porter M.E., Kramer M.R. (2011), “Shared Value. How to reinvent capitalism-and unleash a wave of
innovation and growth”, Harvard Business Review, January-February, pp.63-77.
Prahalad C.K., Hart S.L. (2002), “The fortune at the bottom of the pyramid”, Strategy + Business, 26,
pp.1-14.
Sankar Sen., Bhattacharya C. B. (2001), “Does Doing Good Always Lead to Doing Better? Consumer
Reactions to Corporate Social Responsibility“, Journal of Marketing Research, vol. 38, n° 2, pp. 225-
244.
Seyfang G., Smith A. (2007), “Grassroots innovations for sustainable development: Towards a new
research and policy agenda”, Environmental Politics, 16, 4, pp.584-603.
Vijay Govindarajan, Chris Trimble, Indra K. Nooyi (2012), Reverse Innovation: Create Far From Home,
Win Everywhere, Harvard Business Review Press
Walsh J.P., Kress Jeremy C., Beyerchen K.W. (2005), “Book review essay: Promises and perils at the
Bottom of the Pyramid”, Administrative Science Quarterly, 50 (3) pp. 473-482.
79
retour au sommaire Etude Innovation Durable - Institut i7 - ESCP Europe - weave AIR
Ouvrages
Acquier A. (2007), Les modèles de pilotage du développement durable : du contrôle externe
à la conception innovante. Thèse de l’Ecole des Mines de Paris, Paris.
Benyus J.M. (1997), Biomimicry, Innovation Inspired by Nature, Harper Collins, N.Y.
Christensen C.M. (1997), The Innovator’s Dilemma: When New Technologies Cause Great Firms
to Fail, Harvard Business Press, M.A.
Elkington J. (1999), Cannibals with Forks: the Triple Bottom Line of 21st Century Business, Capstone
Publishing Ltd, Oxford.
Kazazian T. (2003), Design et développement durable : Il y aura l’âge des choses légères,
Victoires Editions, Paris.
Kotler P., Keller K., Manceau D. (2012), Marketing Management, Pearson Education, Paris,
14ème édition, Chapitre 22 intitulé « Piloter la responsabilité sociale du marketing, l’organisation
et le contrôle ».
Le Masson P., Weil B., Hatchuel A. (2010), Strategic Management of Design and Innovation,
Cambridge University Press, Cambridge.
McDonough W., Braungart M. (2009), Cradle to Cradle: Remaking the Way We Make Things,
North Point Press, N.Y.
Moncef B., Carbone V., Soulerot M. (eds.) (2011), Le management durable au cœur des
organisations, Hermes, Paris, pp. 256
Morand P., Manceau D. (2007), Pour une nouvelle vision de l’innovation, La Documentation
Française, Paris.
Rifkin J. (2012), The Third Industrial Revolution: How Lateral Power Is Transforming Energy, the
Economy, and the World, Palgrave Mac Millan, N.Y.
Rapports et études
Commission Européenne (2011), Towards Responsible Research and Innovation in the
Information and Communication Technologies and Security Technologies Fields.
Manceau D., Moatti V., Fabbri J., Kaltenbach P.F., Bagger-Hansen L. (2011), Open Innovation:
What’s Behind the Buzzword?, Institut pour l’Innovation et la Compétitivité i7 et Accenture.
World Commission on Environment and Development (1987), Our Common Future, Oxford
University Press, Oxford.
80
Etude Innovation Durable - Institut i7 - ESCP Europe - weave AIR
Sites web
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recycling/recycling.html
http://cfsd.org.uk/
http://www.dictionnaire-environnement.com
http://economiedefonctionnalite.fr
http://www.gdfsuez.com/gdf-suez-sengage-pour-lacces-a-lenergie-durable-pour-tous/gdf-
suez-sengage-contre-la-precarite-energetique-en-france/
http://www.guardian.co.uk/sustainable-business/blog/circular-economy-private-sector-zero-
waste
http://www.interfaceglobal.com/
http://lexpansion.lexpress.fr/entreprise/comment-l-oreal-s-adapte-au-marche-indien_336995.
html?xtmc=l\%27or%E9al&xtcr=7
http://www.managementexchange.com/
http://www.mobilite-durable.org/
http://opensourceecology.org/
http://www.renault.com/fr/groupe/developpement-durable/entreprenariat-social-mecenat-
et-fondations/pages/renault-mobiliz.aspx
http://www.scu.edu/engineering/frugal/publications.cfm
http://www.socialinnovationeurope.eu/
http://www.soonsoonsoon.com/bp9873
http://www.tuck.dartmouth.edu/people/vg/reverse-innovation/about-the-book/synopsis
81
Etude Innovation Durable - Institut i7 - ESCP Europe - weave AIR
Table des figures
p.47 Figure 8 - Dans votre entreprise, les critères d’évaluation des projets
d’innovation durable sont-ils différents des critères appliqués aux
projets plus classiques?
82
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Table des études de cas
p.22 Cas 1. Air France : Mise en place d’une démarche d’éco-conception de services
p.24 Cas 2. General Electric : L’innovation inversée, ou comment innover ‘local’ pour
vendre ‘global’
p.26 Cas 3. Innortex : Quand les matelas en fin de vie deviennent matière première
p.30 Cas 6. Eiffage : Création d’une vision prospective pour la ville de demain
p.37 Cas 7. Picard : Simplifier l’innovation durable, une étape nécessaire pour gagner
en maturité
p.54 Cas 10. Guerlain : Échanger et récupérer les produits usagés pour cultiver la
relation client
p.62 Cas 12. Emulsar : Capitaliser sur un échec pour trouver de nouveaux débouchés,
comment valoriser sa technologie de nano-émulsion
p.67 Cas 13. Interface, CEMEX : Des exemples d’outils de partage de l’innovation
p.71 Cas 14. Gecina Lab : Dialogue avec les clients pour co-innover
83
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Les auteurs
retour au sommaire
Pilar ACOSTA
PhD candidate ESCP Europe / Université Paris 1 Panthéon Sorbonne
[email protected]
Pilar Acosta est doctorante depuis 2011. Elle s’intéresse aux questions liées à l’évolution des pratiques
associées au développement durable et la responsabilité sociale d’entreprise. Sa recherche actuelle
se centre sur la diffusion de ces approches dans les pays émergents tout le long de la chaîne
d’approvisionnement. Elle a un diplôme d’ingénieur industriel et un master recherche de l’université de
Paris X Nanterre en Gestion et Dynamique des Organisations. Elle a aussi travaillé en tant que consultante
en organisations et innovation dans les secteurs énergie, banque et grande consommation.
Aurélien ACQUIER
Professeur Associé au Département Stratégie, Hommes et Organisation à ESCP Europe
[email protected]
En lien avec différentes entreprises nationales et internationales, ses travaux portent sur les relations
entre développement durable, stratégie d’entreprise et changement institutionnel. Au sein des
entreprises, il s’intéresse plus particulièrement aux liens entre le pilotage du développement durable et
le management de l’innovation. Cette analyse des pratiques internes est complétée par une analyse
institutionnelle, où il a étudié différents processus d’élaboration de normes, standards, référentiels et
marchés du développement durable.
Ses recherches ont donné lieu à de nombreuses communications et publications. Il est notamment
co-auteur de l’ouvrage Organiser le développement durable édité chez Vuibert en 2005, en cours de
traduction en anglais (Organizing Sustainable Development, Edward Elgar Publishing).
Diplômé de l’ESSEC et du master Gestion et Dynamique des Organisations (Paris X, ESCP Europe, Ecole
des Mines de Paris, Ecole Polytechnique, ESSEC), il est titulaire d’un Doctorat de l’Ecole des Mines de
Paris, où il est chercheur associé.
Valentina CARBONE
Professeur Associé au Département Management de l’information et des opérations à ESCP Europe
[email protected]
Valentina Carbone, italienne, titulaire d’un doctorat en sciences de gestion de l’Ecole Nationale des
Ponts et Chaussées, après une expérience de 3 ans en entreprise (Procter & Gamble) et de 4 ans en
Instituts de recherche (Inrets), est Professeur en Management de la Supply Chain, des Achats et des
Opérations à ESCP Europe. Spécialiste de l’organisation et coordination des supply chain globales,
elle étudie actuellement la Green Supply Chain et le lien entre Corporate Social Responsibility (CSR) et
Supply Chain. Elle est l’auteur, sur ces thèmes, de nombreux articles, ouvrages, chapitres d’ouvrages
et communications, dans le cadre de conférences internationales. Ses intérêts l’ont amenée à donner
des cours et des séminaires dans plusieurs pays (Martinique, Allemagne, Vietnam, Liban, Etats-Unis,
Italie, Bahreïn, Angleterre, Portugal, Thaïlande, Suède, Norvège…).
Olivier DELBARD
Professeur au Département sciences juridiques, économiques et sociales à ESCP Europe
[email protected]
Titulaire d’un Doctorat en études américaines de l’université Paris-Sorbonne et habilité à diriger des
recherches en économie, Olivier Delbard est Professeur à ESCP Europe au département Sciences
Juridiques, économiques et sociales. Il occupe également la fonction de Coordinateur développement
durable pour ESCP Europe. Spécialiste des questions de développement durable et de Responsabilité
Sociale des Entreprises, il est notamment directeur scientifique de programmes spécialisés en formation
executive et co-responsable d’une option de spécialité « Management, Innovation et Développement
durable » dans le Master en Management. Il intervient régulièrement dans tous les programmes de
ESCP Europe ainsi que dans des institutions à l’étranger. Auteur d’articles et d’ouvrages sur le sujet (dont
Pour une entreprise responsable – Comment concilier profits et développement durable ? paru en 2009
aux éditions Le Cavalier bleu), Olivier Delbard exerce également des activités de conseil auprès de
diverses organisations.
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Julie FABBRI
Secrétaire Générale de l’Institut pour l’Innovation et la Compétitivité i7 de ESCP Europe
[email protected]
Julie Fabbri est Secrétaire Générale de l’Institut pour l’Innovation et la Compétitivité i7, créé et porté
par ESCP Europe Business School. Elle organise et coordonne les événements et travaux de recherche
de l’Institut i7 à l’échelle européenne. Elle est co-auteur du rapport de l’Institut pour l’Innovation et la
Compétitivité i7, Open Innovation: What’s Behind the Buzzword? (2011).
Diplômée de ESCP Europe (Master in Management) et de l’Université Paris X Nanterre (Master
Recherche en Organisation), elle est également doctorante au Centre de Recherche en Gestion de
l’Ecole Polytechnique (France). Dans le cadre de sa recherche doctorale, elle s’intéresse au rôle de
l’environnement physique de travail dans les processus d’innovation.
Florent GITIAUX
Manager chez weave AIR
[email protected]
Florent Gitiaux est diplômé d’HEC Paris, majeure Alternative Management (innovation, prospective
et développement durable). Il conseille depuis plus de 5 ans les entreprises et les collectivités dans la
prise en compte des enjeux environnementaux et sociaux dans leur stratégie et dans leur politique
d’innovation.
Il a notamment travaillé sur des programmes d’innovation de rupture destinés à améliorer l’expérience
du consommateur tout en réduisant fortement l’empreinte environnementale des produits (secteurs
de l’agro-alimentaire, des transports et de l’énergie). Il a aussi accompagné la mise sur le marché de
nombreux produits de grande consommation à valeur ajoutée développement durable.
Delphine MANCEAU
Professeur et Directrice de la Division Corporate de ESCP Europe
[email protected]
Delphine Manceau est Directrice Europe de la Division Corporate de ESCP Europe qui rassemble les
activités de formation continue (programmes sur mesure et sur catalogue), l’Executive MBA et les
relations avec les entreprises. Professeur à ESCP Europe, elle y a fondé l’Institut pour l’innovation et la
Compétitivité i7 qui analyse les nouvelles pratiques d’innovation des entreprises.
Spécialiste de marketing et d’innovation, elle a réalisé en 2009 avec Pascal Morand le rapport « Pour
une nouvelle vision de l’innovation » commandé par Christine Lagarde, alors Ministre de l’Économie,
de l’Industrie et de l’Emploi, sur la capacité d’innovation des entreprises françaises et européennes, et
publié à La Documentation Française. Elle est également l’auteur de l’ouvrage de référence Marketing
Management avec Philip Kotler et Kevin Keller (14ème édition parue en 2012, Pearson Education) et
de Marketing de l’innovation (avec Emmanuelle Le Nagard, 2011, 2ème édition, Dunod) et du rapport
Open Innovation: What’s Behind the Buzzword? (i7, 2011). Titulaire d’un Doctorat en Sciences de
Gestion, habilitée à diriger des Recherches, elle a été Senior Fellow à la Wharton School (University of
Pennsylavania).
Catherine RONGE
Présidente de weave AIR
[email protected]
Ancienne élève de l’Ecole Normale Supérieure, professeur agrégée de physique et diplômée de
l’Institut européen d’administration des affaires (INSEAD), Catherine Ronge est engagée dans les
problématiques liées à l’innovation et à l’environnement depuis plus d’une quinzaine d’années. Elle
dirige le cabinet weave AIR depuis 2006.
Dans le cadre de son parcours professionnel, elle a imaginé de nouveaux business models et piloté la
mise en œuvre de stratégies de croissance différenciantes. Elle encadre aujourd’hui des missions de
réflexion stratégique, de prospective, de transformation et d’innovation intégrant le développement
durable comme source d’inspiration. Elle est Trésorière de l’Association Orée et Vice-présidente de
l’Association Entreprendre vert.
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Etude Innovation Durable - Institut i7 - ESCP Europe - weave AIR
L’Institut pour l’Innovation et la Compétitivité i7, créé et porté par ESCP Europe, a pour
objet de promouvoir une vision élargie de l’innovation et de la compétitivité afin de
stimuler des travaux sur les pratiques récentes et les enjeux auxquels les entreprises font face.
Think Tank académique européen, l’Institut i7 stimule la création, la diffusion et
l’échange de connaissances autour de l’innovation dans sa diversité (innovation
technologique et non technologique, usages, évolution des business models) et
ses différents facteurs (créativité, R&D, culture, diversité …). Il se caractérise par son
ambition internationale et pluridisciplinaire.
Fondée en 1819, ESCP Europe est la plus ancienne école de commerce au monde
et a formé plusieurs générations de dirigeants et de penseurs d’avant-garde.
Grâce à ses cinq campus urbains (à Paris, Londres, Berlin, Madrid et Turin) et à son
identité profondément européenne, ESCP Europe dispose d’un style unique de
formation managériale et d’une perspective globale des problématiques liées au
management. Bénéficiant d’une triple accréditation (EQUIS, AMBA, AACSB), ESCP
Europe accueille chaque année 4 000 étudiants et 5 000 cadres-dirigeants de 90
pays différents. Le réseau des anciens de l’école compte à ce jour 40 000 membres,
représentant 200 nationalités et présents dans 150 pays. ESCP Europe est membre du
pôle d’enseignement et de recherche supérieur (PRES) héSam.
Cabinet de conseil en stratégie et innovation durable, weave AIR aide les entreprises
à innover pour une économie légère. Parce que la seule optimisation de l’existant
ne suffit plus pour faire face aux défis de demain, weave AIR mise sur l’innovation
pour inventer de nouveaux modèles économiques créateurs de valeur. weave AIR
met en œuvre une méthode spécifique d’innovation, l’AIR Lab, fondée sur le design
thinking, les sciences humaines et l’analyse des tendances micro et macro pour créer
un espace de créativité, d’expérimentation et de co-construction.
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