Mémoire de Fin Détude 2019-2020 PERRIN Chloé
Mémoire de Fin Détude 2019-2020 PERRIN Chloé
Mémoire de Fin Détude 2019-2020 PERRIN Chloé
pathologiques
Chloé Perrin
PERRIN Chloé
Maitre de mémoire :
TRINQUET Laure
Orthoptiste
Aix-Marseille Université - Faculté des Sciences Médicales et Paramédicales - 27 boulevard Jean Moulin - 13385 Marseille Cedex 5 Tél. :
+33 (0)4 91 32 43 00 - Site : http://smpm.univ-amu.fr
Je souhaite, tout d’abord, remercier mon maître de mémoire, Madame Laure TRINQUET,
pour son aide durant la réalisation de mon mémoire ainsi que ses précieux conseils qui m’ont
permis de mener à bien ce travail de fin d’étude.
Je tiens également à la remercier en tant que directrice pédagogique de l’école d’Orthoptie de
Marseille pour son investissement, sa disponibilité, son accompagnement et ses
connaissances, qui m’ont permis d’acquérir les outils nécessaires à la réussite de mes études
universitaires.
Au Professeur Danièle DENIS, pour son accueil lors de mes trois années au sein de
ses différents services d’ophtalmologie, où j’ai pu effectuer des stages enrichissants.
Aux orthoptistes m’ayant accueilli lors de mes stages externes, Madame Mélanie ORDINES,
Madame Samira NADIFI et Madame Delphine BOUSQUEL-BARNEOUD, qui ont partagé
leurs expériences et m’ont permis d’acquérir de nouvelles compétences.
Je tiens également à remercier mes parents et Jordan pour le soutien qu’ils m’ont apporté
durant ces trois années.
Mais aussi Anaelle, Laetitia et Corentin qui ont été de réels piliers pendant ces années
universitaires, et qui m’ont apporté entre-aide et soutiens.
Il existe un large panel de filtres optiques, mais leurs objectifs dépendent de la condition de vie
du patient, de sa pathologie et de son ressenti subjectif.
Les filtres non teintés sont bien connus, comme les filtres anti-lumière bleue, sujets à de
nombreuses études, et les filtres anti-reflets. Leurs bénéfices sur la vision et les personnes pour
lesquelles ils sont indiqués, restent flou.
Il en est de même pour les filtres teintés. Même si tout le monde reconnait la nécessité de porter
des lunettes de soleil, peu de personne connait la catégorie qui lui est appropriée, et pour quel
individu elles sont indispensables.
Au niveau de notre profession, il me semble intéressant de connaitre certains filtres basse vision,
afin de conseiller et orienter nos patients vers ce qui leur est le plus adapté.
Ces filtres peuvent améliorer la qualité visuelle de certains individus, tel que les personnes
atteintes de cataracte, de maculopathie, de rétinite pigmentaire, de rétinopathie diabétique, et
d’albinisme. Ils pourront amener une augmentation des contrastes, une diminution de la
sensibilité à l’éblouissement, voire une amélioration, parfois, de l’acuité visuelle.
Actuellement, l’effet des filtres chez les personnes dyslexiques est à l’étude. Celles sorties, ont
permis de constater que les filtres colorés peuvent être un outil pour les aider dans le milieu
scolaire. En effet, ils permettraient d’augmenter la vitesse de lecture et de diminuer le temps de
fixation entre deux saccades.
Mots-clés : Filtre, Basse vision, dyslexie, polarisant, solaire, anti-reflets, anti-lumière bleue
There is a wide range of optical filters, but their objectives depend on the patient's living condition,
their pathology and their subjective feelings.
Non-tinted filters are well known, such as blue light filters, which are the subject of numerous
studies, and anti-reflection filters. Their benefits for vision and the people for whom they are
indicated, remain unclear.
The same is true for tinted filters. Even if everyone recognizes the need to wear sunglasses, few
people know which category is appropriate for them, and for which individual they are essential.
At the level of our profession, it seems interesting to me to know certain low vision filters, in order to
advise and direct our patients towards what is most suitable for them.
These filters can improve the visual quality of some individuals, such as people with cataracts,
maculopathy, retinitis pigmentosa, diabetic retinopathy, and albinism. They may cause an increase in
contrast, a decrease in sensitivity to glare, or even an improvement, sometimes, in visual acuity.
Currently, the effect of filters in people with dyslexia is under study. These outings have shown that
colored filters can be a tool to help them in the school environment. Indeed, they would make it
possible to increase the speed of reading and to decrease the time of fixing between two jerks.
Keywords : Filter, Low vision, dyslexia, polarizing, solar, anti-glare, anti-blue light
Mais au-delà des filtres optiques, certaines parties anatomiques de l’œil ont des pics
d’absorption à la lumière qui leurs sont propres. Ce qui signifie que, sans protection oculaire,
si l’œil se retrouve face à un de ces pics (indiqués ci-dessous), cela pourrait induire des lésions
sur la partie de l’œil correspondante.
Le cristallin a son spectre d’absorption qui se trouve Figure 1 Absorption de la lumière par la cornée
dans les ultraviolets proches et infrarouges lointains,
et laisse passer pratiquement toute la lumière bleue (80%) surtout les ondes comprises entre
430 et 440nm. Mais celui-ci change avec l’âge.
Chez les personnes jeunes, le pic se situe à 365 nm, et
à partir de 60 ans le pic se déplace à 400nm. Donc si
celui-ci est exposé pendant une courte durée aux UVA
et B, cela induira des lésions mineures et réversibles.
Mais si le temps se prolonge, alors les lésions seront
plus importantes.
Le type de verre le plus utilisé est le verre organique grâce à ses caractéristiques, précisées ci-
dessous. Ensuite nous trouvons le Trivex, le minéral (qui correspond à environ 3% du marché)
et enfin le verre en polycarbonate. Chacun présente des avantages et des inconvénients.
L’indice des verres organiques peut aller de 1,5 à 1,74 (ce qui correspond à l’épaisseur du verre).
Ils possèdent une bonne résistance mécanique, une faible densité (ce qui signifie qu’ils sont
plus légers) et filtrent bien les UV. Mais leur inconvénient premier est qu’ils sont sensibles aux
rayures.
Le verre polycarbonate a un indice
unique (1,53) ce qui signifie qu’il a une
très faible densité. Il possède également
une excellente résistance mécanique.
Cependant il est très sensible aux
rayures et a une grande dispersion de la
lumière (nombre d’Abbe 30)
Il faut savoir que plus l’indice du verre augmente, plus le nombre d’Abbe diminue (donc moins
la qualité optique sera bonne), et plus la protection contre les UV augmente.
Donc la protection UV d’un verre est possible grâce à la qualité de la matière et non uniquement
à sa teinte. (2)
C’est pourquoi, on peut se demander quel est l’apport des filtres sur la vision et dans quel cadre
sont-ils conseillés ?
2
Mémoire de fin d’étude 2019-2020 PERRIN Chloé
I. Les filtres non teintés
Les filtres anti-lumière bleue sont proposés quasiment à chaque fois qu’il est prescrit une paire
de lunettes de vue chez l’opticien. Mais est-ce vraiment utile ?
1.1. Généralités
Comme dit dans l’introduction, la lumière visible qui entre dans l’œil, a une longueur d’ondes
de 380 à 780 nanomètres environ, mais il existe également des ondes non visibles telles que
l’ultraviolet et l’infrarouge. (3)
La lumière bleue s’étend sur 120 nanomètres sur le spectre visible : de 380 à 500 nanomètres.
(4)
Une quantité trop importante d’ultraviolet et de bandes bleue-violettes peut être nocif pour l’œil.
La lumière bleue correspond à environ un tiers de la lumière visible que l’on reçoit ; elle a la
particularité d’être la plus énergétique de la portion du spectre visible, et un peu moins
énergétique que les UV. Ceci signifie donc qu’elle est potentiellement dangereuse. (4)
Mais, la lumière bleue n’a pas que des inconvénients. Celle-ci exerce un effet biologique sur le
corps. Tout d’abord cette lumière influe sur notre équilibre hormonal. La lumière régule notre
cycle sommeil-éveil, notamment la bleue-turquoise qui se situe dans le spectre entre 466 et 495
nanomètres, ainsi que nos sentiments.
Lorsque la lumière extérieure est vive, notre corps libère de l’ocytocine, également appelé
« l’hormone du bonheur » et du cortisol, nommé « l’hormone du stress ». Ces deux hormones
nous rendent actifs et dynamiques. A l’inverse, lorsqu’il fait sombre, nous sécrétons de la
mélatonine, considérée comme l’hormone du sommeil, ce qui provoque une sensation de
fatigue et nous aide à dormir. (3)
C’est pourquoi il est donc important de ne pas filtrer toute la lumière bleue, car cela peut
entrainer des modifications hormonales.
Par ailleurs, nous pouvons observer l’avantage de cette lumière par le biais de la luminothérapie,
utilisant principalement la lumière bleue pour traiter avec succès la dépression hivernale et
l’insomnie.
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Mémoire de fin d’étude 2019-2020 PERRIN Chloé
Mais il convient d’appliquer la règle de la modération, puisqu’une exposition excessive à la
lumière comporte certains risques et peut même devenir nocive. (3)
On retrouve cette lumière bleue partout, aussi bien en intérieur qu’en extérieur.
A l’extérieur, c’est le soleil qui en est la source majeure (5). Il faut savoir que lorsque nous
restons une heure à l’extérieur, sous un temps nuageux, nous exposons nos yeux jusqu’à trente
fois plus à la lumière bleue que de passer le même temps face à un écran (3)
En intérieur, nous la retrouvons devant nos écrans, mais aussi dans nos éclairages domestiques.
Typiquement une lumière qui est blanche/jaune correspond à une ambiance chaude, et donc
celle-ci possède peu de bleu, mais à l’inverse, une lumière blanche froide ou blanc/bleutée,
comporte, elle, beaucoup de bleu correspondant à nos écrans et à l’éclairage xénon.
Actuellement, nos yeux sont exposés à une trop grande quantité de lumière bleue en
comparaison aux années antérieures. (5,6)
D’après le sondage du 2 au 11 avril 2019 réalisé par OpinionWay pour l’ASNAV (Association
Nationale pour l’Amélioration de la Vue) sur la santé visuelle, nous serions 58 % (dont 75%
des jeunes âgés de 16 à 24 ans) à avoir déjà ressenti des troubles visuels à cause du temps passé
devant un écran. Il y a une augmentation de 13% au total depuis un sondage antérieur datant de
2017. Le sondage de 2019 a été réalisé sur 833 personnes correspondant à la tranche de 18 ans
et plus, et sur 309 personnes représentatives de la population française âgées de 16 à 24 ans. Il
a été réalisé en appliquant les procédures et règles de la norme ISO 20252. (7)
Cette étude montre que la lumière bleue retrouvée dans les écrans
pourrait causer des troubles visuels.
Une étude réalisée par Dawson et ses collaborateurs, rapporte la présence de lésions rétiniennes
après exposition de singes à des LED bleues. Datant de 2009, elle a été effectuée sur deux singes
Rhésus et six singes Macaques. Lors de cette étude, chaque singe avait un œil exposé
directement à une LED bleue émettant des rayonnements entre 410 et 540 nanomètres avec un
pic à 465 nanomètres. L’autre œil était exposé à la même LED bleue mais avec la présence d’un
filtre réduisant de 30% la transmission entre 420 et 540 nanomètres.
Deux examens étaient réalisés 2 et 30 jours après. Ils montrent des lésions clairement
identifiables sur l’œil sans filtre à 35J/cm² et absent sur l’autre. A 60J/cm² des lésions majeures
étaient identifiables sur les deux yeux, mais nettement réduites sur l’œil possédant le filtre.
Cela démontre que la composante bleue des LED émettant de tels rayonnements est
spécifiquement responsable des lésions rétiniennes aigues observées sur la macula des singes.
(8)
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Mémoire de fin d’étude 2019-2020 PERRIN Chloé
De plus, depuis 2008 la société Essilor s’est associée à l’institution de la vision de Paris pour
approfondir les connaissances de la toxicité induite par la lumière bleue sur la rétine externe,
d’un point de vue photométrique. Depuis 2011, ils concentrent leurs recherches sur la
compréhension globale du rôle de la lumière bleue à chaque étape du processus dégénératif des
cellules EPR (épithélium pigmentaire rétinien) porcin, dès les tous premiers stades jusqu’à la
mort cellulaire. Ils ont démontré en 2011 que la bande spectrale toxique associée à l’apoptose
cellulaire se trouvait entre 415 et 455 nanomètres. Ils ont mis en lumière une forte accumulation
de dérivés réactifs de l’oxygène en réponse à la lumière bleu-violet. Ils ont également démontré
que la lumière bleue-violet agit comme un puissant inhibiteur des mécanismes de défense
antioxydants mais aussi comme un inducteur de stress. Ces deux effets négatifs affirment
l’hypothèse selon laquelle ce type de lumière contribue fortement au stress oxydatif des
premiers stades de lésion cellulaire, et donc au vieillissement rétinien accéléré, pouvant aboutir
à la mort cellulaire ainsi qu’à l’apparition, ou la progression plus rapide, de la DMLA. (9)
Nous pouvons donc nous demander si la lumière bleue à le même impact pour tous les
individus.
Il est reconnu que certains individus sont plus sujets à risques.
En effet, les enfants sont considérés comme une population à risque : avant 8 ans leur cristallin
ne filtre pas la lumière bleue.
Les prématurés sont aussi touchés car en plus de l’absence de filtration du cristallin, ils
possèdent une immaturation de la rétine et un déficit en mécanisme anti-oxydant.
Les personnes aphakes ou pseudophakes peuvent être atteintes, pour les mêmes raisons
précédemment décrites chez l’enfant.
Les individus atteints de pathologies rétiniennes telles que les dystrophies rétiniennes
héréditaires, les neuropathies optiques, et ceux présentant des accumulations de lipofuscine ou
des altérations de l’épithélium pigmentaire sont également affectés.
Il est de même pour les sujets consommant des médicaments photosensibilisants (tels que les
aminoquinolines, le tomoxifène, certains antiépileptiques, …), mais aussi ceux ayant une
intoxication énolique (alcoolisme chronique) qui est un facteur de risque. (1)
1.3. Quels sont les bénéfices et les limites des filtres anti-lumière
bleue sur la vision ?
Au vu des études citées précédemment, ces filtres seront préconisés pour des individus qui
utilisent fréquemment des écrans ou lumières LED, car cela pourrait provoquer des lésions
rétiniennes.
Ils seront également suggérés chez les enfants de moins de 8 ans, les prématurés, les personnes
ne possédant plus leurs cristallins, consommant des médicaments photosensibilisants ou ayant
une intoxication énolique.
Ces filtres seraient utilisés à titre préventif avec l’objectif de limiter les troubles visuels et ainsi
améliorer le confort des patients (maux de tête, fatigue visuelle, yeux qui piquent, …).
Une étude a été réalisée par Sylvie Zanier (professeure agrégée de physique à l'université
Grenoble Alpes) et Julien Delahaye (chercheur en physique au CNRS) montrant une efficacité
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Mémoire de fin d’étude 2019-2020 PERRIN Chloé
très limitée de ces filtres. Tout d’abord Mme Zanier explique que pour absorber efficacement
la lumière bleue le filtre devrait être jaune (notion de base en physique).
Ils ont d’abord testé la différence de « temps de dangerosité » (avec l’intensité lumineuse
provenant d’un écran d’ordinateur et d’une tablette) avec et sans les verres filtrants.
Le résultat était le suivant : les verres traités anti-
lumière bleue feraient gagner 10 minutes (avec 1
heure de temps passé devant l’écran) avant
d’atteindre le « temps de dangerosité ».
Ils ont ensuite mesuré à l’aide d’un spectromètre la
lumière émise par une zone blanche d’un ordinateur
avec et sans verres filtrants. Ils ont constaté que seul
le pied du pic des courtes longueurs d’ondes est
significativement affecté, et le maximum du pic est
réduit d’environ 10%.
Mais pour une source de lumière tel que le soleil,
qui est beaucoup plus riche en très courtes longueurs Figure 5 Spectre de la lumière émise par une
d’ondes, les résultats montrent nettement que le zone blanche d'un écran d'ordinateur ou par la
verre anti-lumière bleue réduit efficacement les lumière naturelle du soleil, avec et sans un verre
de lunettes anti-lumière bleue
longueurs d’ondes en dessous de 430nm environ,
jusque dans l’UV. (10)
En fonction des fabricants, le maximum du pic peut diminuer jusqu’à 20%.
Pour protéger l’œil de cette lumière nocive tout en étant esthétique, certains fabricants, comme
par exemple Essilor, ont mis en place, dans le matériau du verre, deux molécules neutralisant
la couleur jaune-orangé de celui-ci.
Prenons l’exemple d’un verre de chez essilor. Le verre Eye Protect System™ avec traitement
Crizal® Prevencia® offre une protection ultime pour un verre blanc, en filtrant en moyenne
30 % de la lumière bleu-violet (verre d’indice 1,59) entre 400 nm et 455 nm et en diminuant de
35 % la mort cellulaire par apoptose in vitro (± 5 %), soit environ 10 % de mieux qu’avec le
seul traitement Crizal® Prevencia®. (11)
2. Filtres anti-reflets
2.1. Généralités
Sans filtres anti-reflets, il existe une
réduction de la transmission de
lumière, à travers un verre, qui est
due à la réflexion de la face avant et
Tableau 2 Lumière réfléchie en fonction de l’indice du verre
à la réflexion interne sur la face
arrière (après la traversée de la lumière dans le verre).
L’intensité de la lumière réfléchie est d’autant plus importante que l’indice de réfraction du
matériau est élevé.
On peut donc constater la nécessité d’un traitement anti-reflet, puisqu’avec celui-ci, il est
possible de réduire la proportion de lumière réfléchie (donc perdue) à moins de 1%. (12)
Le principe consiste à déposer sur les surfaces une couche très mince d’un produit transparent
d’indice inférieur à l’indice du verre. Cette couche a pour but de séparer le reflet parasite en
6
Mémoire de fin d’étude 2019-2020 PERRIN Chloé
deux et de rallonger le chemin optique de l’un des deux rayons, d’une longueur équivalente à
la moitié de la longueur d’onde de la lumière.
Les deux reflets ainsi décalés se retrouvent en opposition de phase et s‘annulent mutuellement.
Ce traitement de surface est réalisé par vaporisation sous vide de différentes couches d’oxydes
(1 à 9 couches). Chaque couche a une épaisseur de quelques dixièmes de microns. La lumière
qui n'est pas réfléchie ne peut être que transmise. En réduisant les reflets parasites, on augmente
donc la quantité de lumière transmise.
Pour obtenir un anti-reflets, il faut :
- Que la couche déposée ait un indice de réfraction plus faible que le verre (n1 < n2) sinon
on obtient l'effet inverse, c’est-à-dire qu’on augmente les reflets.
- Que les deux rayons réfléchis aient une intensité (amplitude) la plus identique possible
pour qu'ils puissent se supprimer mutuellement.
Une seule couche ne permet de supprimer parfaitement qu'une seule longueur d'onde (une seule
couleur de reflets) plus on s'éloigne de celle-ci, moins l'anti-reflets est efficace.
Pour réduire les reflets dans toutes les longueurs d'ondes, on empile donc plusieurs couches les
unes sur les autres.
Avec un anti-reflets multicouches, on peut obtenir jusqu’à 99.9% de transmission. (13)
Il s’agit donc d’un traitement visant à réduire les reflets parasites de la lumière sur les surfaces
des verres. Il faut savoir que toute surface vitreuse reflète une partie de la lumière, entre 4 et
8% par face selon l’indice de réfraction de la matière. Ces reflets peuvent gêner la vision et sont
une perte de lumière. (13)
7
Mémoire de fin d’étude 2019-2020 PERRIN Chloé
Une étude réalisée en 1981 par Stuart G. Coupland et Trévor H. Kirkham a montré que les
traitements anti-reflets permettent d’améliorer considérablement la sensibilité au contraste en
présence d’une forte source lumineuse. Elles consistent à faire observer à des patients des mires
de contraste normalisées.
Ils sont équipés de verres non traités, puis
traités anti-reflets et soumis ou non à un
éblouissement provenant de l’arrière. Les
résultats reportés sur le graphique 2.2.1
représentent :
- la courbe, en l’absence d’éblouissement,
de sensibilité au contraste normal de ces
patients (courbe verte) ;
- la diminution de sensibilité au contraste
causée par l’éblouissement avec des
verres non traités anti-reflets (courbe
Figure 6 Sensibilité du contraste en fonction de l’éblouissement et
orange) ; des filtres anti-reflets
- la restauration de sensibilité au contraste
obtenue grâce au traitement anti-reflets dans des conditions d’éblouissement identiques (courbe
bleue). (14)
Par ailleurs, il a pu être établi que, sous des conditions d’éblouissement déterminées, le champ
visuel d’une personne portant des lunettes avec le traitement anti-reflets est sensiblement plus
large qu’avec des verres non traités. En effet, avec des lentilles revêtues d’anti-reflets de fluore
de magnésium les isoptères temporaux et isoptères nasaux étaient plus large, en présence
d’éblouissement, qu’avec les lentilles sans revêtement. (15)
Enfin, il a aussi été démontré que, dans des conditions de conduite de nuit, un verre traité anti-
reflets permettait de réduire de 2 à 5 secondes le temps de récupération d’une vision normale
après éblouissement, par rapport à des verres non traités ; cela correspond au parcours d’une
distance de 28 à 70 m à la vitesse de 50 kilomètres/heure… (16)
Le traitement anti-reflets consiste donc à favoriser la perception des contrastes, permettant une
transmission optimale du flux lumineux, soit de stimuler la sensibilité de la rétine. (17)
8
Mémoire de fin d’étude 2019-2020 PERRIN Chloé
II. Protection solaire : UV et éblouissement
1. Les filtres UV
1.1 Les UV dans le spectre et effets sur la santé
Le rayonnement ultraviolet fait partie du spectre électromagnétique. On le divise en 3
catégories :
- Les UVC : ils ont une longueur d’ondes comprise entre 100 et 280 nanomètres.
- Les UVB : leur longueur d’ondes est située entre 280 et 315 nanomètres.
- Les UVA : elle est comprise entre 315 et 400 nanomètres.
Les UVC sont absorbés par l’ozone atmosphérique, tandis que la quasi-totalité des UVA et 10%
des UVB atteignent la surface de la terre. (18)
En petite quantité, les UV sont bénéfiques à la santé. Ceux-ci permettent la synthèse de vitamine
D. Ils servent également à traiter certaines maladies tels que l’eczéma, le psoriasis, le rachitisme
et l’ictère.
Mais en quantité trop importante, ceux-ci peuvent provoquer des effets néfastes sur le plan
cutané, oculaire et immunitaire. (19)
« D’après les estimations de l’OMS, il y a chaque année dans le monde près de 12 à 15 millions
de personnes rendues aveugles par des
cataractes, et jusqu’à 20 % de ces
dernières peuvent être provoquées ou
accélérées par l’exposition solaire. » (19)
Les UVA et UVB sont en grande partie
filtrés par la cornée et le cristallin, et donc
une très faible partie d’entre eux atteint la
rétine (environ 1,5% pour les UVA).
Même si le renouvellement permanent des
cellules compense les agressions, il existe
un effet cumulatif. Figure 7 Filtration des UV par les différentes parties de l’œil
Par ailleurs, il faut savoir, qu’avant 1 ans,
90% des UVA et 60% des UVB atteignent
directement la rétine. (17)
Donc une exposition fréquente aux UV, dès le plus jeune âge, peut occasionner, plus tard, de
graves problèmes rétiniens. Il est donc important de bien protéger les yeux des enfants. Les
risques commencent dès le lever du soleil, et augmentent de manière considérable entre 11 et
15 heures. La neige, l’eau et le sable réfléchissant respectivement 80%, 20% et 10% des UV
sont également des facteurs cumulatifs. (20)
Les UVA et UVB peuvent également contribuer au vieillissement de l’œil, et être responsables
de maladies tels que la kératite, le carcinome, le ptérygion ou la cataracte précoce. (20)
9
Mémoire de fin d’étude 2019-2020 PERRIN Chloé
1.2 Les différentes catégories de protection solaire
En plus de ces catégories, il existe quatre teintes fixes, chacune ayant une multitude de dégradés
et de pourcentages d’absorption différents, ainsi que des caractéristiques distinctes.
Il existe :
- La teinte BLACK, retransmet parfaitement les couleurs et est idéale pour les fortes
intensités lumineuses.
- La teinte BRUN, permet l’augmentation des contrastes. Les couleurs « chaudes »
assurent une vision lumineuse.
- La teinte GRIS, assure une excellente restitution des couleurs par tous les temps.
- La teinte PIONEER (gris-vert), réduit l’intensité lumineuse sans modifier le rendu des
couleurs. (21)
10
Mémoire de fin d’étude 2019-2020 PERRIN Chloé
Ses teintes sont réalisées sur des verres en polycarbonates pour allier légèreté et résistance aux
chocs. (23)
Chez le skieur, la réglementation européenne pour le masque de ski est plus restrictive que la
réglementation standard précédemment décrite. Cela est dû à l’importance du rayonnement UV
réfléchi sur la neige (environs 85%).
- catégorie S0 : transmission limitée entre 80 et 100 % de la lumière visible et inférieure
à 3 % pour les UV B;
− catégorie S1 : transmission limitée entre 43 et 80 % de la lumière visible et inférieure à
1,3 - 2,4 % pour les UV B ;
− catégorie S2 : transmission limitée entre 18 et 43 % de la lumière visible et inférieure
à 0,5 - 1,3 % pour les UV B ;
− catégorie S3 : transmission limitée entre 8 et 18 % de la lumière visible et inférieure à
0,2 - 0,5 % pour les UV B ;
− catégorie S4 : transmission limitée entre 3 et 8 % de la lumière visible et inférieure à
0,1 - 0,2 % pour les UV B. ((22)
2. Filtres polarisants
2.1. Généralités
La polarisation est une distribution selon une loi physique déterminée du vecteur caractéristique
d’une onde non longitudinale, notamment électromagnétique ; c’est également la modification
de la distribution de ce vecteur lors de l’interaction de l’onde avec un milieu.
Appliquons ceci à la lumière : lorsque celle-ci est émise, elle vibre dans toutes les directions et
donc est non polarisée. Lorsqu’elle se réfléchit sur une surface lisse (par exemple une flaque
d’eau) elle se polarise, c’est-à-dire qu’elle ne vibre plus que sur un seul plan. Si lors de sa
réflexion elle est guidée vers l’œil, cela peut produire un effet aveuglant (éblouissement) et
donc, en fonction de la situation de l’individu, peut représenter un risque en matière de sécurité.
Les verres solaires traditionnels aident à réduire l’éblouissement provoqué par le soleil et ses
réflexions, uniquement par la diminution globale du niveau de transmission de la lumière visible
; ils n’agissent pas spécifiquement sur la lumière réfléchie perturbatrice, et procurent donc un
confort de vision limité. C’est pourquoi les verres polarisants ont été créés.
Ce filtre est composé de molécules positionnées horizontalement sur le verre, formant une
grille. Il empêche que la lumière, arrivant initialement à l’œil du sujet, ne passe au travers, et
donc évite la gêne occasionnée. (24)
2.2. Quels sont les avantages et les inconvénients de ces filtres sur la
vision ?
Comme dit précédemment, les filtres polarisés font gagner en sécurité dans certaines situations
mais pas seulement.
Ils apportent également des avantages visuels en améliorant les contrastes, favorisant alors une
vision plus nette ainsi qu’un rendu plus brillant des couleurs.
Cela permet également de diminuer la fatigabilité visuelle du fait de la suppression de
l’éblouissement.
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Mémoire de fin d’étude 2019-2020 PERRIN Chloé
Mais il faut savoir que l’atténuation de la lumière est en partie apportée par le principe même
de la polarisation, excepté pour toutes les ondes ne vibrant pas dans le plan vertical.
De plus un filtre polarisant n’est pas naturellement protecteur contre les UV : cette propriété
dépend des qualités du matériau auquel il est associé et/ou du traitement particulier de celui-ci.
Par ailleurs, ces filtres peuvent également donner une perception de couleurs bleues ou pourpres
sur certains parebrises de voiture, due à la polarisation de la lumière transmise par le parebrise,
résultant de sa composition ou de son traitement. (23)
Les principales pathologies causant cette déficience sont la DMLA (dégénérescence maculaire
liée à l’âge), le glaucome, le diabète, les maladies héréditaires comme la maladie de Stargardt,
maladie de Leber, … ainsi que le décollement de rétine. Les traumatismes oculaires tiennent
également une place non négligeable.
12
Mémoire de fin d’étude 2019-2020 PERRIN Chloé
Toutes ces causes, qu’elles soient acquises ou congénitales, apparaissent plus ou moins
brutalement, avec en conséquence un retentissement psychologique variable suivant les cas.
(27)
Pour aider ces patients à surmonter ce handicap, il existe différents types d’aides visuelles :
pour les déplacements (cannes blanches, chien guide), pour la communication (les aides
optiques ou optoélectroniques, les interfaces d’ordinateurs, machine à écrire et traitement de
textes en braille). Mais seulement 15 % des déficients visuels (soit 264 000 personnes environ)
déclarent utiliser une aide visuelle pour les déplacements ou la communication. (26)
Ces filtres sont réalisés par traitement de surface sur des verres organiques ou sur d’autres types
de matériaux, qu’ils soient correcteurs ou afocaux.
Ces aides optiques apportent une protection contre les ultraviolets, améliorent la perception des
contrastes, l’acuité visuelle et procurent un meilleur confort visuel. Ils vont soustraire une partie
ou la totalité de la lumière bleue du spectre de la lumière.
Mais il n’existe pas de relation univoque entre l’atteinte visuelle, les caractéristiques de
transmission/absorption du filtre et le confort qu’il peut procurer.
Seul l’essai par le patient, en conditions réelles d’utilisation et au moyen de faces
supplémentaires ou de sur-lunettes enveloppantes, permet de déterminer la teinte et l’intensité
du filtre le plus efficace. (29)
Avant d’expliquer les principes généraux pour l’adaptation des filtres thérapeutiques chez le
patient, il faut savoir que chaque couleur de filtres a des absorptions diverses et donc des
qualités optiques qui leur sont propres.
La lumière bleue correspondant aux courtes longueurs d’onde est responsable du vieillissement
cellulaire. Celle-ci va être absorbée par des filtres aux teintes allant du jaune orangé au
rougeâtre. Il faut savoir que plus la coupure nanométrique du filtre sera grande plus le bleu sera
absorbé. Au-delà de 550 nanomètres, il est absorbé en totalité et la sensibilité générale de tous
les photorécepteurs est baissée. De plus, cette absorption atténue l’éblouissement car les basses
longueurs d’ondes sont plus diffractées que le reste du spectre lumineux.
Le filtre jaune est utilisé en photographie par temps gris, permettant de donner du relief à la
scène, mais aussi chez le skieur pour percevoir le sommet et le creux de la bosse. Ce filtre est
principalement utilisé chez les personnes malvoyantes pour des activités de lecture/écriture ou
de déplacement extérieur par temps gris pour mieux identifier le bord du trottoir de la chaussée.
Cette coloration permet de mettre l’œil et la fonction visuelle au maximum de sa sensibilité
chromatique. Celui-ci transmet plus de 85% de la lumière incidente. (30)
13
Mémoire de fin d’étude 2019-2020 PERRIN Chloé
Rosemblum et al ont réalisé une étude en 2000 sur les filtres spectraux en correction basse
vision. Ils ont testé sur 15 patients adultes atteints de cataracte partielle et sur 80 enfants atteints
de pathologie congénitales (hypoplasie maculaire, albinisme, aphakie après cataracte
congénitale) quatre types de filtres, jaunes, ambre et orange. Les filtres ont été sélectionnés en
examinant l'acuité visuelle, la sensibilité au contraste, la sensibilité à l'éblouissement et la
sélection subjective par les patients.
Les effets des filtres étaient : une augmentation de 11 à 43% de l'acuité visuelle corrigée,
progression de 27 à 34% de la fonction de sensibilité au contraste pour toutes les fréquences et
une réduction significative de la sensibilité à l'éblouissement. Tous les patients ont signalé une
amélioration subjective, notamment une réduction de la photophobie, de la fatigue oculaire et
de l'inconfort oculaire. Ils ont démontré que les filtres colorés peuvent contribuer
considérablement à la réadaptation des patients malvoyants. Cette étude sera détaillée plus tard.
(31)
De plus, certains auteurs (notamment Leat et al en 1990(32)) ont souligné que les filtres jaunes
et oranges peuvent améliorer la qualité de l’image rétinienne dans le cas d’opacité des milieux
car ils diminuent la diffusion de la lumière dans les milieux oculaires. Et c'est particulièrement
le cas pour les patients atteints de cataracte partielle.
Les filtres réduisent également les effets de l'aberration chromatique.
Par conséquent, les filtres jaune et orange sont capables d'augmenter la sensibilité aux
contrastes et l'acuité visuelle. (32)
Cela peut donc être utile chez les patients malvoyants présentant différentes pathologies
oculaires car ils se plaignent souvent d'une sensibilité accrue à l'éblouissement. Les filtres à
courtes longueurs d'ondes sont également utiles en présence d'éblouissement. (33,34)
1.3. Comment bien choisir un filtre pour les patients Basse Vision ?
Il existe quelques principes généraux pouvant aider au choix du verre filtrant le plus approprié :
Tout d’abord, le choix du verre filtrant résulte de la collaboration entre l’adaptateur et le
patient. C’est le patient qui, le plus généralement, procède lui-même au choix du filtre selon les
recommandations qui lui sont faites et parmi une pré-sélection de filtres qui lui sera proposée.
Ce type de verre agit selon ses deux caractéristiques principales : sa sélectivité spectrale
qui influe sur la perception visuelle et son intensité qui influe sur l’éblouissement.
C’est donc pour cela, que l’opticien procédera d’abord au choix de la teinte du filtre pour
améliorer la vision du patient et, par la suite, au choix de l’intensité du filtre pour le protéger
de la lumière.
En pratique, l’opticien utilisera d’abord la méthode dite « objective ». C’est-à-dire qu’il
mesurera, à l’aide d’une échelle d’acuité et/ou de sensibilité de contraste, l’efficacité du filtre
dans l’amélioration de l’acuité visuelle et/ou la perception de contraste ainsi que le confort
visuel global du patient.
Cette évaluation s’effectue par comparaisons successives avec des filtres du plus clair au plus
foncé, ayant des coupures UV croissantes : 400, 450, 500, 511, 527 nm, etc…
Elle peut aussi être réalisée au moyen de logiciels spécifiques permettant de mesurer, pour
différents filtres, le gain de perception des contrastes.
Puis il utilise une méthode « subjective » d’évaluation des filtres par le sujet lui-même :
cela consiste à lui faire essayer les verres filtrants en situation réelle d’utilisation, et plus
particulièrement dans la situation d’une tâche visuelle à réaliser ou en environnement extérieur.
14
Mémoire de fin d’étude 2019-2020 PERRIN Chloé
En général, les patients malvoyants ont le plus souvent besoin de plusieurs verres filtrants
pour constituer leur équipement idéal : un filtre pour l’intérieur et, un ou plusieurs filtres pour
l’extérieur en fonction des conditions de luminosité ou des tâches à accomplir. Pour déterminer
les filtres nécessaires, il commence toujours par déterminer le filtre optimal (en teinte et
intensité) pour l’usage en intérieur. Puis, pour l’extérieur, il essayera en première intention un
filtre de teinte identique à celui pour l’intérieur mais d’intensité plus élevée.
Le choix d’un filtre est toujours un compromis entre le confort visuel et la qualité de vision,
un compromis entre la protection et la perception. En effet, un filtre trop intense risque de faire
chuter la vision du patient et, à l’inverse, un filtre trop clair risque de ne pas procurer le confort
visuel attendu. Pour choisir le meilleur compromis, il est nécessaire pour l’adaptateur de
pouvoir évaluer ce qui de la protection ou de la perception est le plus important pour le patient.
(29)
De plus, Eperjesi et al. ont tenté de mettre en place, en 2002, une méthode universelle pour
choisir un filtre thérapeutique.
Cependant, leur recherche dans la littérature n'a pas permis de trouver de protocole scientifique
pour aider aux décisions de prescription de verres teintés. Pour eux, il est impossible de baser
les recommandations de verres teintés uniquement sur le type de tâche ou l'état oculaire. Donc
jusqu'à ce que des études plus approfondies soient menées, les praticiens des soins oculaires
devront continuer à s'appuyer sur la littérature marketing, les rapports subjectifs, des
observations en clinique et les résultats d'essais réels pour décider si la fourniture de lentilles
teintées et de filtres à une personne malvoyante est appropriée.
Cependant ils s’accordent sur le fait que le choix de filtre thérapeutique doit se composer en
trois temps :
- Un essai en intérieur, avec une évaluation subjective et objective
- Un essai en extérieur, avec une évaluation uniquement subjective
- Une période d’essai de 3 à 6 semaines, avec un prêt du filtre pour le patient. (35)
Mais d’autres auteurs, comme Rosenblum et al. (31) soutiennent qu’il faudrait choisir le filtre
en fonction de la pathologie.
15
Mémoire de fin d’étude 2019-2020 PERRIN Chloé
Pour cette pathologie, ils ont sélectionné un filtre jaune à 50% de transmission à 490 nm, qui
absorbe la lumière en dessous de 390 nm et qui transmet intégralement la lumière au-dessus de
500 nm. Ils ont choisi celui-ci car il possède les caractéristiques spectrales du cristallin naturel
de l’adulte.
Ils ont observé une augmentation globalement moyenne, 43% de l’acuité visuelle et 32% de la
sensibilité au contraste avec le filtre jaune chez les sujets atteints de cataractes partielles
précoces. Pour les enfants aphakes, les résultats sont plus faibles, 19% pour l’acuité visuelle, et
27% pour la sensibilité au contraste.
La diminution de la sensibilité à l'éblouissement avec les
filtres chromatiques est illustrée ci-contre.
Sur ce diagramme chaque chiffre correspond à une
condition d’examen. Le 1 (en noir) correspond à
l’acuité visuelle, soit au témoin. Le 2 (en blanc)
correspond à l’acuité visuelle avec le troisième degré
d'éblouissement, soit 3000 cd.m −2. Et enfin le 3 (en
rayé) correspond à l’acuité visuelle avec le filtre et le
troisième degré d'éblouissement (qui reste à la valeur
précédemment donnée).
Sans filtre, l’effet d'éblouissement sur l'acuité visuelle
était faible chez les personnes atteintes d’aphakies
(diminution à 65% de l’acuité visuelle), et
l’amélioration de l’acuité visuelle obtenue par le filtre
était maximale (presque complète, 94%).
Figure 8 La valeur de la diminution de la
sensibilité à l'éblouissement par des filtres de
couleurs.
Au niveau de la sensibilité au contraste, ils l’ont analysée pour des fréquences spatiales basses,
intermédiaires et plus élevées. Les résultats sont représentés dans l’annexe 1 pour ceux atteints
de cataractes partielles et l’annexe 2 pour les enfants ayant eu l’ablation de la cataracte
congénitales.
Pour la sensibilité au contraste, ils ont remarqué une plus grande amélioration pour la fréquence
spatiale basse et celle considérée comme la plus élevée, à contrario de la fréquence
intermédiaire où ils ont retrouvé un pourcentage d’amélioration plus faible. (Voir Annexe 1.)
Pour la sensibilité au contraste chez les enfants aphakes, ils ont constaté une plus grande
amélioration pour les fréquences spatiales considérées comme les plus élevées, à contrario des
fréquences intermédiaires et basses où le pourcentage d’amélioration est assez faible.
16
Mémoire de fin d’étude 2019-2020 PERRIN Chloé
Cependant, au vu du nombre d’yeux étudiés dans le cas des fréquences considérées élevées, les
résultats sont moins fiables que ceux pour les fréquences intermédiaires et basses. (31)
(Voir Annexe 2.)
Le bulletin numéro 15 de
l’association ARIBA datant de
2005 informe sur le fait que les
filtres jaune-orangés et rouges
peuvent être conseillés par temps
clair pour les personnes aphakes.
(36)
Quant à l'amélioration de la qualité de la vision, il convient de souligner que les filtres jaunes
et oranges peuvent améliorer la qualité de l'image rétinienne en diminuant la diffusion de la
lumière dans les milieux oculaires. (32)
En cas d'opacité des milieux, les filtres jaunes diminuent la diffusion de la lumière et peuvent
également améliorer la fonction visuelle. C'est particulièrement le cas pour les patients atteints
de cataracte partielle.
Hoeft et Hughes (37) ont également constaté que les patients atteints de cataracte pouvaient
bénéficier d'une grande variété de teintes (toutes sauf celle qui a une coupure à environ 500nm).
17
Mémoire de fin d’étude 2019-2020 PERRIN Chloé
Ce filtre a pu réduire le phénomène de photophobie qui était lié à la perturbation de l'interaction
entre les cônes de la macula et les bâtonnets de la rétine périphérique.
27 54 11 34
Tableau 6 Augmentation des fonctions visuelles grâce au filtre orangé chez les sujets atteints de dystrophie maculaire
congénitale
Ils ont observé une faible augmentation de l’acuité visuelle avec le filtre orangé (11%) ainsi
qu’une augmentation moyenne de la sensibilité au contraste de 34%.
Au niveau de la sensibilité au contraste, ils l’ont analysée pour des fréquences spatiales basses,
intermédiaires et plus élevées. Les résultats ont montré que l’amélioration était meilleure pour
les fréquences spatiales les plus élevées, et donc un peu plus faible pour les fréquences
intermédiaires et basses. (Voir Annexe 3.)
2.3. L’albinisme
En raison de l'absence de mélanine dans l'iris et la rétine de l'œil albinos, la lumière intra-
oculaire diffusée dans l'œil est extrêmement élevée. Van den Berg (34) a démontré, en 1986,
que les personnes souffrant d'hypopigmentation rétinienne ont une diffusion intra-oculaire
accrue de la lumière. Dans le même temps, les patients albinos ont une photophobie, une
sensibilité élevée à l'éblouissement et souvent un nystagmus.
Hoeft et Hughes (37) ont réalisé une étude sur une centaine de patients malvoyants qui se
plaignaient de sensibilité à la lumière. Ils ont pu sélectionner l'un des cinq filtres qui leur ont
été proposés. Les résultats ont montré que les patients albinos ont choisi des filtres ambrés afin
de contrôler la lumière atteignant leurs yeux.
Ainsi, les filtres d'ambre foncé, qui coupent la partie des ondes courtes du spectre et diminuent
considérablement l'intensité lumineuse, sont capables de diminuer tous ces phénomènes visuels
défavorables.
18
Mémoire de fin d’étude 2019-2020 PERRIN Chloé
Il est évident que la diminution de l'amplitude du nystagmus améliore la qualité de l'image sur
la rétine. Certains patients atteints d'albinisme et de pathologie maculaire congénitale ont besoin
de filtres neutres supplémentaires qui seront portés les jours d’ensoleillement.
L’étude de Rosemblum et al. (31), en 2000, a également été réalisée sur 80 enfants atteints de
pathologies congénitales, et parmi eux, quarante-deux enfants âgés de 5 à 17 ans souffraient
d'albinisme oculo-cutané ou oculaire. L'acuité visuelle corrigée variait de 0,09 à 0,5. Tous les
patients avaient un nystagmus, et 25 avaient un strabisme. La vision des couleurs était normale.
Il faut savoir qu’en cas d'albinisme, il est nécessaire de limiter l'intensité de la lumière pénétrant
dans l'œil et de réduire la diffusion de la lumière dans la rétine.
Dans cette étude ils ont analysé le pourcentage d’amélioration de l’acuité visuelle, de la
sensibilité au contraste et celui de la diminution de la sensibilité à l’éblouissement.
Lors de cette étude ils ont utilisé un filtre orange ambré avec une transmission de 17% au niveau
de 560 nm. La caractéristique spectrale de ce filtre était similaire au spectre des pigments
oculaires naturels : la mélanine de l'iris, l'épithélium pigmentaire rétinien et les carotinoïdes de
la région maculaire. Le filtre était suffisamment sombre pour diminuer la photophobie et
améliorer le confort visuel.
Les résultats sont les suivants :
Nombre de patients Nombre de yeux Augmentation moyenne des capacités visuelles.
Acuité visuelle (%) Sensibilité aux contrastes
(%)
42 84 12 25
Tableau 7 Augmentation des fonctions visuelles grâce au filtre orangé chez les sujets atteints
Ils ont retrouvé chez les albinos une faible augmentation de l’acuité visuelle de 11% et une
augmentation moyenne de la sensibilité aux contrastes de 25% avec les filtres ambrés. L’acuité
visuelle a été mesurée avec l’échelle des anneaux de Landolt.
La sensibilité au contraste a été mesurée par le graphisme de Shelepin special avec les trois
types de fréquences spatiales : basse, intermédiaire et haute.
Les scientifiques ont observé une faible amélioration de cette sensibilité avec les fréquences
spatiales basses et intermédiaires. Pour la fréquence spatiale
la plus élevée, l’amélioration est plus significative que les
deux précédentes. (Voir Annexe 4.)
Morrissette et al. (38) ont constaté, par le biais d’une étude réalisée en 1984, que 26 des 36
patients ayant une rétinite pigmentaire, et qui avaient essayé la lentille CPF-550, l'avait
acceptée. Les patients avaient signalé des améliorations telles qu'une diminution du temps
d'adaptation à l'obscurité et à la lumière, moins de maux de tête, un confort oculaire accru et
des fonctions visuelles améliorées, par exemple la reconnaissance des détails, la discrimination
des contrastes (mais pas une meilleure reconnaissance des couleurs). La plupart des porteurs de
lentilles ont trouvé celles-ci bénéfiques dans un éclairage intérieur brillant et un temps ensoleillé
ou brumeux.
Lynch et Brilliant (39), qui ont également étudié cette lentille en 1984, ont constaté que l’acuité
visuelle était augmentée avec les lentilles CPF-550 sur 23 des 30 yeux testés.
Figure 12 Verre filtrant CPF 550. Les pourcentages représentent le taux de transmission
De plus, en 2011, une étude portant sur l’évaluation de la sensibilité au contraste avec des
lentilles de contact filtrantes chez les patients atteints de rétinite pigmentaire a été réalisée par
Carracedo et al (40). Le but de cette étude était de savoir si les lentilles de contact avec filtres
optiques pouvaient être bénéfiques pour l’éblouissement et la photophobie chez les patients
atteints de rétinite pigmentaire. 15 individus (4 femmes et 11
hommes âgés de 45 à 60 ans) atteints de cette pathologie ont
participé à l’étude. Ils ont tous été évalués avec des lentilles de
contact souples à filtre (MaxSight), des verres filtrants (CPF 527)
et sans filtres (servant pour le contrôle). Figure 14 Verre filtrant CPF
527
Pour l’acuité visuelle, elle était de 0,23 ± 0,08 LogMAR sans filtre, 0,19 ± 0,06 LogMAR avec
le MaxSight et 0,19 ± 0,07 LogMAR avec le CPF 527. L’acuité retrouvée est légèrement
meilleure avec les filtres que sans, mais les différences ne sont pas statistiquement significatives
(p = 0,133 avec MaxSight et p = 0,156 avec CPF-527).
Pour la sensibilité au contraste, en
absence d’éblouissement, ils ont
constaté que la plus grande
amélioration a été retrouvée avec le
filtre pour lentilles de contact.
Cette différence était statistiquement
significative pour toutes les
fréquences (p <0,05) sauf pour la 3
cpd.
Figure 15 Sensibilité aux contrastes sans éblouissement.
20
Mémoire de fin d’étude 2019-2020 PERRIN Chloé
La seule différence significative entre la non-utilisation d'un filtre et l'utilisation du filtre à
lunettes, se trouve pour la fréquence la plus élevée, soit la 18 cpd (p <0,005).
Pour la sensibilité au contraste avec un éblouissement central, ils ont retrouvé des différences
significatives pour la fréquence de 18 cpd et 3 cpd entre le filtre de lentilles de contact et le
groupe témoin (p <0,05). Pour les résultats
utilisant le filtre à lunettes orangé-rouge, il
y a eu une amélioration significative pour
les deux fréquences spatiales les plus basses
et la fréquence de 18 cpd par rapport au
groupe sans filtre (p <0,05).
(Voir tableau en Annexe)
Figure 16 Sensibilité aux contrastes avec éblouissement central
Leurs résultats montrent que 77,7% des patients préfèrent une alternance entre les verres et les
lentilles ou même de remplacer les verres par des lentilles de contact. Les 22,3% restants
préfèrent les lunettes aux lentilles de contact.
L'objectif de cette étude était d'obtenir des informations sur les préférences du patient pour
comparer les deux types de filtres.
L'une des critiques les plus courantes chez les patients utilisant les filtres sur lunettes est liée
aux activités en intérieur car ces filtres diminuent la luminosité et donc la visibilité des objets.
21
Mémoire de fin d’étude 2019-2020 PERRIN Chloé
Les résultats de cette étude montrent une amélioration significative de la sensibilité au contraste
pour les patients atteints de rétinite pigmentaire lors du port des filtres sur des lentilles de
contact ou sur lunettes par rapport à l’absence de ceux-ci.
Ces filtres pourraient donc être utiles aux patients souffrant de rétinite pigmentaire pour
améliorer la sensibilité au contraste et l'acuité visuelle, bien qu'il existe peu de preuves indiquant
que les filtres améliorent les capacités visuelles. Il faut savoir que cette étude a été réalisée sur
des patients souffrants de dystrophie de Botnie, qui est une variante de la rétinite pigmentaire.
De plus, les résultats montrent que les deux tiers des patients étaient plus à l'aise avec les
lentilles de contact que les filtres pour une utilisation en intérieur. Cela pourrait être dû au fait
que les patients atteints de rétinite pigmentaire ont des difficultés à s'adapter même à de petits
changements dans les niveaux de lumière, et que le port d'un filtre pour lentilles de contact offre
probablement une adaptation constante à l'obscurité, diminuant les symptômes de sensibilité à
la lumière.
Tout d'abord, les mesures ont été effectuées sans filtre teinté, puis avec 4 sortes différentes en
CR-39 : 527 ± 10, 511 ± 10, 450 ± 10 et 550 ± 10 nm. Le filtre qui a donné le meilleur résultat
a été donné aux patients, puis il leur a été demandé de les porter dans trois conditions : à la
22
Mémoire de fin d’étude 2019-2020 PERRIN Chloé
maison, à l'extérieur et en regardant la télévision. 2 jours plus tard, ils devaient se représenter à
la clinique, afin d’évaluer leur satisfaction dans ces trois conditions.
Les variables quantitatives ont été présentées sous forme de moyenne ± écart-type et les valeurs
de p <0,05 étaient considérées comme statistiquement significatives.
Les résultats étaient les suivants.
Ils ont retrouvé une amélioration
statistiquement significative de
l'acuité visuelle en utilisant le filtre
527 ± 10 nm (P = 0,01), mais aucune
amélioration évidente de l'acuité Tableau
Tableau 99 Moyenne
Moyenne de
de l’acuité
l’acuité visuelle
visuelle (±écart
(±écart type)
type) avec
avec différents
différents
visuelle n'a été signalée en utilisant filtres
d'autres filtres teintés.
Avec les filtres 527 ± 10 et 511 ± 10 nm, la
sensibilité au contraste s'est améliorée à des
fréquences spatiales de 3 (Fréquence A) et 6
(Fréquence B) cycle / degré. Cependant, ils
n’ont observé aucun changement en utilisant
les filtres 450 ± 10 et 550 ± 10 nm.
De plus, au niveau des résultats subjectifs, 69% des patients étaient satisfaits de leur vision
après avoir utilisé leurs filtres teintés à l'intérieur contre 31% des patients qui, pour eux,
trouvaient que les filtres teintés n'avaient aucun effet ou avaient même aggravé leur problème.
78% des patients étaient satisfaits de ces filtres en utilisation extérieure. 49% des individus ont
rapporté subjectivement une amélioration de la vision en regardant la télévision, mais les 51%
restants n'étaient pas satisfaits d'utiliser ces filtres en regardant leur écran et rapportaient qu’il
n'y avait pas de différence significative entre ces deux conditions.
Les résultats de l’étude montrent donc que l’acuité visuelle et la sensibilité au contraste se sont
améliorées de manière significative avec le filtre 527 ± 10 nm, et la sensibilité au contraste s'est
également améliorée de manière significative avec le filtre 511 ± 10 nm. Ces effets peuvent être
dus à la capacité des filtres à empêcher la diffusion de la lumière.
La satisfaction des patients à l'égard de leur vision était considérablement plus élevée en
utilisant les filtres à l'intérieur et à l'extérieur. Cependant, la satisfaction de leur utilisation
devant la télévision était équivoque.
Cette étude est en cohérence avec celle réalisée par Leat et al (32) qui avait conclu que l'effet
des lentilles teintées sur les patients atteints de rétinopathie diabétique est inférieur à celui des
personnes ayant d'autres pathologies basse vision, ainsi que l’étude réalisée par Nguyen et
Hoeft. où ils ont démontré que les personnes diabétiques préféraient le filtre 511 ± 10 nm aux
autres filtres. (43)
23
Mémoire de fin d’étude 2019-2020 PERRIN Chloé
Au-delà des études, la société
ZEISS a créé des filtres spécifiques
à la rétinopathie diabétique. Elle
explique que ces filtres F540, F560,
F580, F60, F80 et F90 absorbent la
plage spectrale dans laquelle les
cônes sont sensibles, en les
protégeant. Ils amenuisent ainsi
l’éblouissement et facilite
l’adaptation de la perception
visuelle du patient aux fluctuations
de la lumière. (41)
3. Filtres et dyslexie
La dyslexie affecte le développement scolaire des enfants. En effet, dans le processus
d’apprentissage, les activités académiques nécessitent la lecture et l’écriture. Ceci conduit à un
stress visuel, dont la prévalence est plus importante chez les personnes dyslexiques que chez
les autres.
Les symptômes de ce stress sensoriel comprennent des sensations de fatigue oculaire, de
luminosité excessive et diverses distorsions perceptuelles, telles que la décoloration, le flou, le
scintillement et le mouvement de certaines parties du stimulus visuel.
Pour prévenir et minimiser celui-ci,
des études sur l’utilisation de filtres
colorés pour les enfants souffrant de
dyslexie ont été réalisées.
Le placebo était une carte avec une fenêtre rectangulaire découpée, permettant de visualiser une
seule ligne. Cette carte était considérée comme bénéfique car diminuait les distracteurs.
Ces capacités ont ensuite été réévaluées.
24
Mémoire de fin d’étude 2019-2020 PERRIN Chloé
Les résultats montrent que la capacité de lecture a augmenté significativement chez ceux qui
avaient porté un filtre jaune pendant trois mois plutôt que chez ceux qui avaient utilisé le
placebo (F = 4,1, P <0,05). (Voir Figure 20.)
Ces auteurs considéraient les filtres colorés comme une intervention efficace pour les lecteurs
retardés, et ils ont suggéré que la couleur jaune augmentait l'entrée dans le système
magnocellulaire en stimulant sélectivement les cônes L et M.
Une autre étude réalisée par Henderson et al. (45), en 2013, portait sur l’effet des filtres colorés
sur la lecture des enfants de premier cycle avec et sans dyslexie. Les couleurs les plus
fréquemment choisies dans le groupe dyslexique étaient bleu, vert lime, vert menthe et orange.
Ils ont remarqué que les deux groupes ont lu plus de mots par minute avec leurs filtres que sans,
et que le groupe dyslexique a montré des gains légèrement plus importants dans le taux de
lecture avec une superposition par apport aux témoins (individus non dyslexique).
Phase 1 Phase 2
Avec Sans % Sans Avec %
superposition superposition amélioration superposition superposition amélioration
Témoin 182,01 172,24 6,47 189,53 178,45 5,93
±27,53 ±31,01 ±7,94 ±30,71 ±30,95 ±5,03
Dyslexie 156,83 143,22 9,92 157,98 151,33 4,57
±26,87 ±26,26 ±7,74 ±25,06 ±28,33 ±5,39
Tableau 11 Moyenne du taux de lecture (en mot par minute) avec et sans superposition sur WRRT pour les groupes de
contrôle et dyslexiques qui ont participé aux phases 1 et 2
Cependant ils précisent que cette différence doit être interprétée avec prudence car les enfants
dyslexiques étaient plus lents au départ (sans filtre).
Ils ont effectué les corrélations « r de Pearson » entre le taux de lecture sans superposition et le
pourcentage d'amélioration du taux de lecture avec la superposition pour les témoins, r=-0.58,
p <0.01, et pour le groupe dyslexique, r = -0.52, p <0.05.
Ces données ont suggéré que, quel que soit le groupe, les individus avec des taux de lecture
plus lents sont plus susceptibles de montrer de plus grandes améliorations du taux de lecture
avec une superposition que les individus plus rapides. Ils ont également analysé la
compréhension de texte, et celle-ci est restée inchangé que ce soit avec ou sans filtre. (45)
25
Mémoire de fin d’étude 2019-2020 PERRIN Chloé
Patients n° Age Sexe Mot par minute
Avant Après Après - Avant
Kim, Seo et Ha (46), 1 17 F 119 125 6
2 32 F 100 130 30
ont étudié en 2015 la
3 22 M 115 124 9
lecture des phrases 4 24 M 105 126 21
avant et après 5 32 M 102 130 18
l'utilisation de filtres 6 36 M 125 159 34
bleus en utilisant 7 23 M 107 107 0
l'imagerie par 8 13 M 96 112 16
9 41 M 124 137 13
résonance magnétique
10 13 F 103 145 42
fonctionnelle (IRMf) 11 18 M 132 157 25
chez 15 patients 12 19 M 73 73 0
atteints du syndrome 13 19 M 141 167 26
de Meares-Irlen. 14 21 M 105 105 0
15 21 M 114 130 17
Moyenne 23.4 110.7±15.9 128±23.1 17.1±12.4
Tableau 12 Profils des patients et vitesses de lecture avec et sans filtre bleus
Ce syndrome est considéré comme un trouble du système magnocellulaire qui induit un stress
visuel et une distorsion, mais il n’existe pas encore d’étiologie fixe sur ce trouble.
Les résultats ont montré que 80% des patients qui ont sélectionné un filtre bleu, ont vu leur
vitesse de lecture s’améliorer de plus de 20% après l'avoir utilisé.
En effet le Tableau 12 montre que, sur les 15 patients, 3 n’ont eu aucune amélioration de leur
vitesse de lecture avec les filtres bleus.
Il faut savoir que, en 2002, Wilkins (47) a suggéré que les filtres colorés réduisent
l'hyperexcitabilité corticale, provoquant une diminution du contraste du stimulus visuel et, par
conséquent, améliore les performances de lecture. Cette suggestion est conforme aux résultats
de l’étude de Kim et al, qui a montré une activation significative, du cortex temporal moyen
gauche et supérieur, lors de la lecture avec des filtres colorés plutôt qu’avec l’absence de filtres.
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Mémoire de fin d’étude 2019-2020 PERRIN Chloé
Enfin, une étude a été réalisée par Razuk et al. en 2018(48) sur l’effet des filtres colorés sur les
capacités de lecture chez les enfants dyslexiques. 18 enfants dyslexiques et 18 enfants (de même
âge) non dyslexiques y ont participé. La lecture a été effectuée dans trois conditions de
filtrage : pas de filtre, filtre vert et filtre jaune. Les filtres utilisés dans cette étude étaient Irlen
®filtres.
Les scientifiques ont choisi les filtres jaunes et verts car ces couleurs sont au milieu des
longueurs d'ondes du spectre de couleurs. Les mouvements oculaires ont été enregistrés avec le
Mobile EyeBrain Tracker ®.
Ils ont analysé le temps nécessaire pour lire le texte en intégralité ainsi que la durée de fixation
entre deux saccades successives.
Les résultats de cette étude ont montré que le temps de lecture des enfants dyslexiques était
significativement amélioré avec le filtre vert, alors qu’aucun résultat de ce type n’a été observé
pour le filtre jaune. Malgré cette amélioration, les scientifiques ont remarqué que le temps de
lecture chez les personnes dyslexiques restait toujours plus long que chez les autres enfants.
Sur la base de ces résultats, ils ont émis l'hypothèse que les effets des troubles magnocellulaires,
qui entraînent un stress et une distorsion visuelle dont il en résulte des difficultés de lecture,
sont réduits par l'utilisation de filtres colorés ; ceux-ci améliorant le traitement visuel et les
performances de lecture.
27
Mémoire de fin d’étude 2019-2020 PERRIN Chloé
Un des problèmes majeurs des études sur l'utilisation de filtres colorés lors de la lecture, est le
manque de standardisation des procédures utilisées pour étudier les performances de lecture
avec et sans filtres. Elles doivent être strictement contrôlées par des méthodes, telles que le
maintien de la même organisation environnementale et/ou configuration expérimentale ;
prévenir tout bruit et/ou distraction ; et surtout présenter différents textes de difficulté similaire
dans chaque condition pour éviter les effets d'apprentissage.
Enfin, il est important d'enregistrer les mouvements oculaires pendant la lecture avec des filtres,
afin d'obtenir des données objectives sur les mouvements oculaires et de révéler tout mécanisme
potentiel sous-jacent aux améliorations de lecture.
Malgré cela, les résultats suggèrent que les filtres colorés peuvent être utilisés comme un outil
supplémentaire à l'école et à la maison, afin d’améliorer les performances scolaires des enfants
atteints de dyslexie.(48)
28
Mémoire de fin d’étude 2019-2020 PERRIN Chloé
Conclusion
De nos jours, il existe un large panel de filtres. Celui-ci va des filtres non teintés, à ceux aidant
à la réadaptation, en passant par les filtres solaires.
Au sein de notre pratique, il est intéressant d’avoir des connaissances à leur sujet afin de
conseiller et orienter nos patients vers un type de filtre susceptible de convenir à leur pathologie
et/ou à leur condition de vie.
Les filtres anti-lumière bleue sont proposés à titre préventif. En effet, au sujet de la lumière
bleue, rien n’a encore été démontré à l’échelle de l’Homme.
Les filtres anti-reflets vont permettre de diminuer l’éblouissement et la fatigue visuelle ainsi
que d’augmenter la sensibilité au contraste. Ce qui favorise une meilleure sécurité en fonction
des activités réalisées.
Pour les filtres solaires, ceci est entré dans les mœurs depuis un certain temps maintenant.
En effet le soleil provoque un vieillissement oculaire pouvant aboutir à des problèmes rétiniens.
La protection par lunettes de soleil est donc indispensable pour chacun d’entre nous, et encore
plus pour les enfants de moins de 8 ans. Les filtres polarisants ont une spécificité par rapport
aux lunettes de soleil. Ceux-ci permettent de diminuer voire soustraire l’éblouissement direct
et indirect, permettant une augmentation de la sensibilité au contraste.
Pour les filtres aidant à la réadaptation, je me suis concentrée sur certains déficits pour
lesquels les filtres peuvent être bénéfiques. Ils peuvent améliorer la sensibilité au contraste et à
l’éblouissement, mais aussi apporter un plus grand confort visuel, ainsi que dans certains cas,
une augmentation de l’acuité visuelle.
Pour les personnes dyslexiques, ceci est encore en étude, mais il serait probable que les
filtres colorés permettent une augmentation de la vitesse de lecture ainsi qu’une probable
diminution du temps de fixation.
Il est important de retenir, que les filtres n’ont pas de teinte fixe et qu’ils possèdent une large
gamme de dégradés.
Il est nécessaire d’avoir une collaboration étroite entre les trois O (Ophtalmologiste, Orthoptiste
et Opticien) pour conseiller, orienter et accompagner au mieux les patients dans le choix des
filtres. Ainsi, ils pourront trouver des conseils auprès de chaque professionnel et des solutions
personnalisées.
Ci-dessous, vous trouverez une carte mémoire résumant les différents filtres présentés dans ce
mémoire. Celle-ci permettra de repérer plus simplement les différents filtres pouvant être
conseiller aux patients.
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Mémoire de fin d’étude 2019-2020 PERRIN Chloé
Figure 24 Carte mémoire regroupant les filtres en fonction de l'âge, de l'activité, des signes fonctionnels et des pathologies
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Mémoire de fin d’étude 2019-2020 PERRIN Chloé
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Annexe 1. Sensibilité au contraste de fréquence avec et sans filtres dans les cataractes
partielles précoces.
Fréquences spatiales (c.deg-1) Nombre de yeux Pourcentage
d’amélioration (M±σ)
Basses fréquence 0,37 24 58,04±3,65
Fréquence 8,5 24 10,02±0,12
intermédiaire
Fréquences considérées 16 24 47,29±0,24
plus élevées
Annexe 2. Sensibilité au contraste de fréquence chez les enfants aphakes avec et sans
filtres.
Fréquences spatiales (c.deg-1) Nombre de yeux Pourcentage
d’amélioration (M±σ)
Basses fréquence 0,37 22 3,02±0,55
Fréquence 1,24 12 4,64±0,77
intermédiaire 2,4 10 5,43±0,81
Fréquences considérées 3,4 3 46,24±3,45
plus élevées 5 3 32,14±2,23
6,5 3 92,85±2,39
8,5 2 80,72±0,00
10 3 57,33±2,85
14,5 3 46,25±2,21
Annexe 3. Sensibilité au contraste de fréquence avec et sans filtres dans les dystrophies
maculaires.
Fréquences spatiales Nombre de yeux Pourcentage
(c.deg-1) d’amélioration (M±σ)
Basses fréquence 0,37 54 10,53±0,94
Fréquence 0,62 4 19,14±3,14
intermédiaire 1,24 50 11,02±1,00
Fréquences 1,7 8 43,18±2,73
considérées plus 2,4 17 42,11±1,61
élevées
3,4 17 38,12±1,44
5 8 33,33±1,10