Combustion
Combustion
Combustion
Dans la plupart des cycles moteurs étudiés au chapitre 9, les quantités de chaleur
nécessaires au fonctionnement du cycle sont obtenues par combustion
d’hydrocarbures, c.-à-d. par des réactions chimiques d’oxydation exothermiques.
Ce chapitre est consacré à l’analyse des systèmes subissant de telles réactions
chimiques, sur base des premier et second principes. On se bornera à considérer
des situations d’équilibre, et par conséquent, on n’abordera pas les phénomènes
cinétiques.
13.1 Les combustibles
On commencera par une brève présentation des combustibles courants, à savoir les
hydrocarbures. On peut les subdiviser en trois classes : le charbon, les
hydrocarbures liquides, et les hydrocarbures gazeux. On s’intéressera uniquement à
ces deux dernières classes.
1er avril 2003 Les combustibles 345
Les alcools sont aussi parfois utilisés combustibles dans les moteurs à combustion
interne. Ils se caractérisent par le fait qu’un des atomes d’hydrogène est remplacé
par un radical OH.
La plupart des hydrocarbures liquides sont obtenus par distillation et crackage du
pétrole brut. À partir de ce dernier, on obtient donc une variété de combustibles
dont les plus communs sont l’essence, le kérosène, le gazole et le fuel lourd. Ils se
caractérisent par leur courbe de distillation, qui représente la température de la
fraction non vaporisée en fonction de la proportion de vapeur condensée.
1er avril 2003 Les combustibles 347
on considère que l’air est composé de 21% d’oxygène et de 79% d’« azote
atmosphérique » auquel on attribue une masse molaire fictive pour tenir compte de
la présence d’argon. La réaction de combustion d’un hydrocarbure avec l’air devient
donc
y 79 y y 79 y
C x Hy + ( x + ) O2 + (x + ) N2 → x CO2 + H2 O + (x + ) N2 (13.4)
4 21 4 2 21 4
13.2.2 Air théorique
La quantité minimale d’air nécessaire à la combustion complète d’un combustible
est appelée air strictement nécessaire ou encore air théorique.
Pour réaliser la combustion complète avec l’air théorique, il faudrait un mélange
parfait. En pratique, pour assurer la combustion complète, il faut un certain excès
d’air. Celui-ci est caractérisé par le coefficient d’air théorique
air utilisé
λ =
air théorique
1er avril 2003 Les réactions de combustion 352
b Pour
les substances à l’état gazeux, on considère en général un état hypothétique de gaz parfait.
Comme on ne considère pas les effets de gaz réels dans ce cours, la distinction n’a pas lieu d’être
1er avril 2003 L’enthalpie de formation 354
On suppose que les deux réactifs entrent dans la chambre de combustion à l’état de
référence, et que le dioxyde de carbone formé sort à l’état de référence également.
Si l’on pouvait mesurer précisément la quantité de chaleur cédée, on obtiendrait
une valeur de q̄ = 393 522 kJ/kmol de carbone.
−
Q̇ + Ẇ =
ṅ s h̄ s −
ṅe h̄e
P R
où les ṅ sont les débits molaires des diverses substances. En divisant par ṅcomb , on
obtient les grandeurs par kmol de combustible.
Dans la plupart des cas, les réactifs et les produits ne se trouvent pas dans l’état de
référence. Pour les solides ou les liquides, la variation d’entalpie entre l’état
considéré et l’état de référence s’obtient à partir de tables thermodynamiques.
Pour les gaz, avec l’hypothèse de gaz parfaits, on calculera les variations à l’aide des
tables de gaz parfaits.
1er avril 2003 Température adiabatique de flamme 358
Dans le cas d’une combustion à volume constant, la chaleur échangée est égale à
l”opposée de l’énergie interne de combustion. On l’appelle pouvoir calorifique
isochore.
(PC)v,T = ūRP ou (PC)v,T = uRP
− −
On distingue les pouvoirs calorifiques inférieur (PCI) ou supérieur (PCS) selon que
l’eau contenue dans les produits est sous forme de vapeur ou sous forme liquide.
1er avril 2003 Enthalpie et énergie interne de combustion ; pouvoir calorifique 361
Lorsqu’on calcule les pouvoirs calorifiques des hydrocarbures par les expressions
(13.8–13.9), on constate que l’enthalpie de formation de l’hydrocarbure contribue
faiblement. Considérant l’équation chimique de combustion générale avec excès
d’air (13.5), et compte tenu de ce que les enthalpies de formation de l’oxygène et
de l’azote moléculaire sont nulles, le pouvoir calorifique isobare aux conditions
normales vaut
y y
(PC) = − xh̄0f ,CO2 − h̄0f ,H2 O + h̄ f ,C x Hy ≈ − xh̄0f ,CO2 − h̄0f ,H2 O (13.11)
2 2
d’on on déduit que
– le pouvoir calorifique de tous les hydrocarbures de même composition molaire
(ou massique) en C et H est identique en première approximation, ce qui justifie
l’utilisation de la notion de combustible moyen, et
– le pouvoir calorifique est indépendant de la quantité d’espèces inertes (azote)
présentes, et de l’excès d’air.
1er avril 2003 Le troisième principe de la thermodynamique et l’entropie absolue 362
évaluer l’entropie d’une substance. L’entropie définie de la sorte est désignée sous
le nom d’entropie absolue. On peut la déterminer expérimentalement par des
mesures calorimétriques ou à l’aide de la thermodynamique statistique. Les
entropies absolues des solides et liquides aux conditions normales sont disponibles
dans la littérature (p.ex. livre de Van Wylen et al.). Elles sont désignées par le
symbole s̄0 . Pour les gaz parfaits, l’entropie absolue à une pression p0 = 0, 1 MPa
est tabulée en fonction de la température. On en déduit l’entropie absolue à une
pression quelconque par l’expression
p
s̄ p,T = s̄0T − R¯ ln
p0
Dans le cas d’une transformation avec réaction chimique, cette expression devient,
pour un intervalle de temps donné
∗
Wrev =
ne (h̄0f + ∆h̄ − T 0 s̄)e −
n s (h̄0f + ∆h̄ − T 0 s̄) s (13.12)
R P
Pour une transformation telle que les réactifs et les produits soient en équilibre de
1er avril 2003 Analyse des systèmes réactifs à l’aide du second principe 365
Examinons à présent la question du travail maximum qui peut être effectué au cours
d’une réaction chimique, les réactifs étant à température ambiante. Ce travail sera
obtenu si la réaction est réversible et si les produits sont en équilibre de pression et
de température avec l’ambiance, et est donc donné par l’expression précédente
(13.14), c.-à-d. qu’il est égal à la diminution de l’énergie libre de Gibbs.
Par conséquent, le rendement exergétique d’un dispositif destiné à produire du
travail au moyen d’une combustion, comme un moteur volumétrique, s’exprime
comme le rapport entre le travail réellement fourni et la diminution de l’énergie
libre de Gibbs ḡRP . Or, la définition habituellement utilisée du rendement est le
−
pour les hydrocarbures, ḡRP h̄RP , les valeurs sont très proches.
≈
1er avril 2003 Analyse des systèmes réactifs à l’aide du second principe 366
(PCI) = h̄0f ,C2 H4 − 2h̄0f ,CO2 − 2h̄0f ,H2 O = 1 323 163 kJ/kmol
C2 H4 O2 N2 CO2 H2 O
s̄R0 (kJ/kmol·K) 253,109 218,267 193,713
s̄0P (kJ/kmol·K) 220,659 193,713 241,810 216,851
et par conséquent
∗
Wrev = (PCI) − T 0 [
ne se −
ns ss ] = 1 332 387 kJ/kmol
R P
I =
n s T 0 s̄ s −
ne T 0 s̄e = 672 625 kJ/kmol
P R
ηth = (13.17)
ṁc (PCS)
Comme on l’a déjà souligné, comme la variation d’énergie libre lors d’une
combustion d’hydrocarbures diffère peu de l’enthalpie de combustion, le
rendement thermique ainsi défini est fort proche du rendement exergétique.
On utilise également cette définition pour caractériser le rendement global
d’une turbine à gaz ou d’une centrale thermique à vapeur. Comme on l’a
souligné à la section précédente, l’irréversibilité de combustion contribue
grandement à la faible valeur du rendement.