Cas Du Maraîchage Comme Une Activité Montante de Stratégie de Survie

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[VertigO] La revue électronique en sciences de l’environnement

Dynamique spatio temporelle de l’agriculture urbaine à


Ouagadougou
Cas du Maraîchage comme une activité montante de stratégie
de survie
Conchita Mèvo Guézo Kêdowidé, Michel P. Sedogo et Guéladio Cisse

Volume 10, numéro 2, septembre 2010 Résumé de l'article


La présente étude fait état de la caractérisation de l’agriculture urbaine à
L’agriculture urbaine : un outil multidimensionnel pour le Ouagadougou et de son évolution malgré les contraintes auxquelles elle se
développement des villes et des communautés trouve confrontée. Elle s’est intéressée spécifiquement à sa dynamique spatiale
et temporelle depuis plus d’une décennie. Les premières études confirmées sur
URI : https://id.erudit.org/iderudit/045510ar le maraîchage à Ouagadougou ont eu lieu en 1992 avec un inventaire spatialisé
en 1996 (Cissé, 1997) qui correspond également à la période de l’adoption de la
Réforme Agraire et Foncière (RAF) au Burkina. La RAF n’interdit pas
Aller au sommaire du numéro
explicitement l’agriculture urbaine à Ouagadougou mais elle précise que les
terres urbaines du Burkina sont destinées principalement aux activités liées à
la vie urbaine (habitation, commerce, l’industrie, artisanat) et celles rurales
Éditeur(s) sont destinées à l’agriculture, à l’élevage, en sommes aux activités liées à la vie
rurale (RAF, 1996). Il s’agit donc d’une interdiction qui ne dit pas son nom
Université du Québec à Montréal
depuis 1996, ce qui justifie le choix pertinent de cette année comme référence
Éditions en environnement VertigO
dans l’analyse de l’évolution spatialisée qu’a connu cette activité. Les résultats
obtenus présentent la répartition spatiale des sites maraîchers dans la ville de
ISSN Ouagadougou en 1996 et 2009, ainsi que les valeurs des superficies exploitées.
1492-8442 (numérique) Ils analysent la dynamique spatiale observée et identifient les paramètres qui
justifient l’évolution observée malgré la presque interdiction réglementaire.
Basés sur une série de travaux de terrains (enquêtes, entretiens, levés au
Découvrir la revue
Global Positioning System - GPS) et une étude de la documentation existante
couplée aux possibilités d’acquisition de données et d’analyse spatiale offertes
par les systèmes d’informations géographiques (SIG), les résultats de l’étude
Citer cet article révèlent que, en 13 ans, le nombre de sites agricoles à Ouagadougou n’a cessé
de croitre malgré l’interdiction et les diverses pressions. Même si la localisation
Kêdowidé, C. M. G., Sedogo, M. P. & Cisse, G. (2010). Dynamique spatio
des grandes zones agricoles n’a pas beaucoup changé, les superficies cultivées
temporelle de l’agriculture urbaine à Ouagadougou : cas du Maraîchage
sur place ont presque triplé. Cette croissance spatiale s’est doublée de la
comme une activité montante de stratégie de survie. [VertigO] La revue
croissance du nombre d’exploitants et par conséquent, du nombre de
électronique en sciences de l’environnement, 10(2), 0–0.
personnes vivant de cette activité … autant de paramètres fondamentaux qui
justifient à Ouagadougou une reconnaissance et une institutionnalisation de
l’activité maraîchère qui se présente aujourd’hui comme une activité de
subsistance en ville dans les pays en voie de développement. (Koc et al 2000 ;
Mougeot, 2006 ; IAGU 2008 ; FAO 1996 - 1999 - 2009)

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VertigO – La revue en sciences de l'environnement, Volume 10 numéro 2, septembre 2010

DYNAMIQUE SPATIO TEMPORELLE DE L’AGRICULTURE


URBAINE A OUAGADOUGOU : cas du Maraîchage comme une
activité montante de stratégie de survie
Conchita M. G. Kedowide1, Michel P. Sedogo2, Guéladio Cisse3

1
Enseignante en sciences géomatiques au 2IE, Ouagadougou, Burkina, doctorante Paris 8, IDR Bobo, courriel :
[email protected], 2Agro-pédologue, Directeur de recherche INERA Ouagadougou, IDR Bobo, courriel :
[email protected], 3Directeur de Recherche, Epidémiologiste de l’Environnement, Directeur Général, Centre Suisse de
Recherches Scientifiques en Côte d’Ivoire (CSRS), Abidjan, Côte d’Ivoire, courriel : [email protected]

Résumé : La présente étude fait état de la caractérisation de l’agriculture urbaine à Ouagadougou et de son évolution malgré
les contraintes auxquelles elle se trouve confrontée. Elle s’est intéressée spécifiquement à sa dynamique spatiale et
temporelle depuis plus d’une décennie. Les premières études confirmées sur le maraîchage à Ouagadougou ont eu lieu en
1992 avec un inventaire spatialisé en 1996 qui correspond également à la période de l’adoption de la Réforme Agraire et
Foncière (RAF) au Burkina. La RAF n’interdit pas explicitement l’agriculture urbaine à Ouagadougou mais elle précise que les
terres urbaines du Burkina sont destinées principalement aux activités liées à la vie urbaine (habitation, commerce, l’industrie,
artisanat) et celles rurales sont destinées à l’agriculture, à l’élevage, en sommes aux activités liées à la vie rurale. Il s’agit donc
d’une interdiction qui ne dit pas son nom depuis 1996, ce qui justifie le choix pertinent de cette année comme référence dans
l’analyse de l’évolution spatialisée qu’a connu cette activité. Les résultats obtenus présentent la répartition spatiale des sites
maraîchers dans la ville de Ouagadougou en 1996 et 2009, ainsi que les valeurs des superficies exploitées. Ils analysent la
dynamique spatiale observée et identifient les paramètres qui justifient l’évolution observée malgré la presque interdiction
réglementaire. Basés sur une série de travaux de terrains (enquêtes, entretiens, levés au Global Positioning System - GPS) et
une étude de la documentation existante couplée aux possibilités d’acquisition de données et d’analyse spatiale offertes par
les systèmes d’informations géographiques (SIG), les résultats de l’étude révèlent que, en 13 ans, le nombre de sites agricoles
à Ouagadougou n’a cessé de croitre malgré l’interdiction et les diverses pressions. Même si la localisation des grandes zones
agricoles n’a pas beaucoup changé, les superficies cultivées sur place ont presque triplé. Cette croissance spatiale s’est
doublée de la croissance du nombre d’exploitants et par conséquent, du nombre de personnes vivant de cette activité …
autant de paramètres fondamentaux qui justifient à Ouagadougou une reconnaissance et une institutionnalisation de
l’activité maraîchère qui se présente aujourd’hui comme une activité de subsistance en ville dans les pays en voie de
développement.
Mots-Clés : Système d’information géographique (SIG), agriculture urbaine (AU), maraîchage, dynamique spatiale,
Ouagadougou, Burkina Faso
Abstract: The present study characterizes the different types of urban agriculture in Ouagadougou and defines their spatial
distribution. The study was specifically interested in the spatial and temporal dynamics for more than a decade. The first
studies on truck farming in Ouagadougou took place in 1992 with a spatial inventory in 1996 which also corresponds to the
period when the agrarian and land Reform was adopted in Burkina (RAF stands for Réforme Agraire et Foncière). The RAF
does not explicitly prevent urban agriculture within the city of Ouagadougou, rather it says that the urban fields of Burkina
are mainly used for activities related to the needs of the urban life (housing, trade, industry, arts crafts), while rural fields are
mainly for agriculture, cattle breeding (or livestock), and to other rural activities in general. This reason justifies the relevant
choice of this year as reference in the analysis of this spatial dynamics. The results present the spatial distribution of the sites
of agriculture in the city of Ouagadougou between 1996 and 2009, as well as the total surface area exploited in the truck
farming according to the seasons. They analyze the spatial and temporal dynamics observed according to the urban land
pressure and to the availability of the water, which is an indispensable resource for the survival of the activity. Therefore, this
is an inexplicit prohibition which exists since then, which explains the pertinent choice of 1996 as the reference in the
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VertigO – La revue en sciences de l'environnement, Volume 10 numéro 2, septembre 2010

analysis of the spatial evolution of this activity. The results present the spatial distribution of the sites of agriculture in the city
of Ouagadougou between 1996 and 2009, as well as the total surface area exploited in the truck farming according to the
seasons. They analyze the spatial and temporal dynamics observed according to the urban land pressure and to the
availability of the water, which is an indispensable resource for the survival of the activity.
Keywords: Geographic information systems (GIS), urban agriculture, Ouagadougou, Burkina Faso, spatial dynamic

Introduction gestion se limite dans le meilleur des cas à un inventaire


occasionnel et partiel de sa répartition spatiale mal
La problématique maîtrisée. Le contexte urbain et la compétition spatiale
pour l’accès aux ressources “terre et eau” entraînent un
D’ici 2030, la population mondiale augmentera de 3 ensemble de processus : surexploitation des terres,
milliards d’individus, dont 95 % dans les pays en saturation de l’espace, dégradation des écosystèmes,
développement, la production de nourriture devra doubler, pression foncière, expropriation des producteurs…etc. Tout
et celle des déchets et effluents sera multipliée par quatre ceci se traduit par une grande précarité et un caractère
dans les villes. Trois milliards de personnes ne disposeront largement informel de ce secteur d’activités.
pas d’équipements d’évacuation des eaux usées ... Ces
tendances et leur impact potentiel, tout comme le défi que Introduite entre les années 1920 et 1930 à Ouagadougou,
pose la gestion de cet impact, seront particulièrement l’agriculture urbaine a connu une expansion dans les
prononcés dans les régions en voie d’urbanisation rapide, années 1970 pour se voir contrainte avec la Réforme
comme l’Afrique subsaharienne (Mougeot et Moustier, Agraire et Foncière en 1996. Mais malgré cette non
2004 ; Mougeot, 2006). Une activité qui participe dans un reconnaissance, l’activité continue de se répandre. Jadis
environnement urbain de façon intégrée à la lutte contre la uniquement présente autour des barrages, elle est
pauvreté et à l’assainissement environnemental n’est rien aujourd’hui pratiquée même au niveau des sources d’eaux
d’autre que l’agriculture urbaine (Cissé et Moustier 1999, usées (Sawadogo, 2008). Cette présence de plus en plus
FAO 2009, Eaton et Hilhorst, 2003 ; Parrot 2008a) en ce visible malgré la contrainte règlementaire montre que
sens qu’elle est source de revenues pour les couches l’agriculture urbaine a des fonctions vitales et mérite d’être
défavorisées qu’elle emploie, et qu’elle participe à abordée selon une approche qui la construit de façon
l’assainissement des villes en utilisant comme engrais les prospère et durable.
déchets recyclés (Assogba komlan, 2001, Compaoré et al.
2010), les eaux usées traitées (Gueye et Sy, 2001, Sou 2010). Cette prise de conscience a amené les autorités burkinabés
et certains projets d’appui à s’y intéresser. On compte un
La ville de Ouagadougou n’échappe pas à cette certain nombre d’actions telles que l’adoption du Schéma
problématique. Le développement territorial n’est que très Directeur d’Aménagement du « Grand Ouaga » (AAPUI et
partiellement maîtrisé par les autorités en raison d’une ARCADE, 2009) qui donne une place à cette activité en péri
poussée démographique conjuguée à un faible niveau de urbain, les renforcements des capacités des exploitants de
ressources et à l’absence d’instruments de planification et certains sites à travers des appuis en intrants, en moyens
de gestion adéquats. L’agriculture urbaine constitue, dans d’exhaure et en formation sur les techniques agricoles.
cette ville, un secteur d'activités particulièrement
intéressant. Pourtant, en dépit de ses fonctions Mais force est de constater qu’une politique de
importantes, elle souffre d'un manque de reconnaissance et développement durable ne se repose pas sur des actions
de poids économique. (Compaoré, 2008 ; Ndiaye, 2008). Sa ponctuelles disparates, mais elle passe par une planification
qui prend en compte tous les paramètres essentiels devant
Référence électronique concourir à l’expansion effective de l’activité. Ceci suppose
une disponibilité de données et d’informations de base en
Conchita Mèvo Guézo Kedowide, Michel P. Sedogo et Guéladio Cisse,
2010. «Dynamique spatio temporelle de l’agriculture urbaine à Ouagadougou : vue d’une analyse prospective pour l’aide à la décision.
Cas du Maraîchage comme une activité montante de stratégie de survie »,
Des initiatives fondamentales de la FAO comme
VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement, Volume
10 numéro 2, [En ligne], URL : http://vertigo.revues.org/10312
"Agriculture mondiale Horizon 2020" reposent sur la
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fourniture de données de base aux fins d'analyses et de comprend les produits provenant de l’agriculture, de
projections en matière d’agriculture. Sans information l’élevage, de la pêche et de la sylviculture ainsi que leurs
adéquate sur la terre et sur l'eau, il n'est pas possible fonctions écologiques.
d'élaborer des politiques agricoles qui tiennent dûment
compte de la durabilité, que ce soit au niveau mondial, L’activité agricole la plus répandue dans le paysage urbain
national ou régional. Un effort global et soutenu de de Ouagadougou est l’horticulture maraîchère appelée
collecte de données est donc nécessaire pour envisager couramment le maraîchage. Elle mobilise le plus grand
toutes les possibilités offertes par l'agriculture urbaine et nombre de producteurs dans la ville. Aussi, sur le terrain,
péri urbaine (FAO, 1999). plusieurs sites sont dédiés de façon indissociable aux
cultures maraîchères, floricoles, arboricoles et de pépinière.
La problématique de l’agriculture urbaine à Ouagadougou Dans la pratique, sur le terrain, les exploitants sont
trouve ainsi l’une de ses justifications dans cette difficulté à organisés en deux groupes de production : ceux appelés «
disposer de données adéquates qui permettent de maraîchers » qui cultivent les produits de maraîchage
comprendre la logique de l’évolution de l’activité en vue de (légumes) et ceux appelés horticulteurs qui s’intéressent
la prise en compte de sa mutation future dans les aux autres activités de l’horticulture hormis le maraîchage.
politiques d’aménagement et de développement durable. Ainsi, les horticulteurs de Ouagadougou produisent des
La présence étude se propose d’apporter un début de plantes ornementales, des fruits. Ils sont aussi appelés
solution à cette carence. Elle fait état de la caractérisation communément pépiniéristes et la plupart d’entre eux sont
de l’activité agricole, notamment celle du maraîchage à des paysagistes ; ce qui explique le fait qu’on les voit
Ouagadougou. Elle s’intéresse à sa localisation et sa beaucoup plus s’implanter dans les nouveaux quartiers de
dynamique spatiale depuis plus d’une décennie (entre 1996 la ville dont les maisons sont plus demandeuses de
et 2009) et essaie d’identifier les paramètres qui justifient paysagistes pour la création et l’entretien de leurs jardins.
son évolution malgré les contraintes auxquelles elle se
trouve confrontée … autant de résultats (obtenus sur la Les spéculations cultivées par les maraîchers de
base d’enquêtes terrain) qui pourront servir de référence à Ouagadougou sont : L’oignon feuille, l’oignon bulbe, le
une prise de décision éclairée chou, la tomate, l’aubergine, le piment, la laitue, la carotte,
la pomme de terre, le haricot, les fraises, le concombre, le
Concept de l’agriculture urbaine et du maraîchage poivron, l’ail, le gombo, la betterave, le navet, la courgette.
Un site agricole produit en général plusieurs spéculations
Plusieurs définitions ont été attribuées au concept de et la plupart des cultures boucle deux à trois cycles par an.
l’agriculture urbaine selon les spécificités. Mougeot et Les principales contraintes sont le tarissement précoce des
Moustier (2004) en analysent neuf différentes définies par sources d’eau et la non maîtrise de la technique culturale.
rapport au marché urbain, à l’intensification des systèmes Ainsi, les agriculteurs se concentrent sur la production de
de production, à l’utilisation des déchets urbains, aux flux celles qui ont une faible durée de rotation (ex la laitue)
de ressources et de produits entre l’agriculture et la ville, en compte tenue de la pression foncière à laquelle ils sont
fonction des limites administratives de la ville, par rapport contraints ou bien ils produisent les spéculations qui
aux activités (production, commerce, transformation), par donnent de meilleurs profits et qui s’écoulent assez
rapport aux produits (productions végétales et animales, facilement.
alimentaire).
Dans cet article, nos travaux s’intéressent spatialement à
Nous retenons d’une façon générale que l’agriculture est tous ces espaces qui reçoivent à une saison ou à une autre
l’ensemble des travaux qui s’applique au sol pour faire de l’année une production maraîchère en vue de la culture
produire des végétaux intéressant à l’être humain. des fruits et légumes de manière intensive ou extensive et
L’agriculture urbaine se distingue de l’agriculture rurale par professionnelle, à usage alimentaire pour les besoins de la
sa présence dans le système économique et écologique ville.
urbain ; ce n’est pas son emplacement qui la différencie,
mais le fait qu’elle est incorporée dans la ville et agit en
interaction. Elle est une forme d’agriculture effectuée dans
ou aux faubourgs d’une ville (Moustier, 1996). Elle

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Objectifs et hypothèses

Les principaux objectifs qui ont sous-tendu nos travaux ont


été de déterminer la répartition spatiale et la superficie des
sites maraîchers dans la ville de Ouagadougou en 1996 et
2009, d'analyser la dynamique spatiale et temporelle
observée sur l’activité maraîchère en 13 années et
d'identifier des indicateurs qui sous-tendent la mutation
spatiale des sites maraîchers dans la ville de Ouagadougou.

A travers cette étude, nous fournissons des données de


bases en vue d’analyse pour une meilleure prise de
décision. La ville de Ouagadougou a connu une forte
urbanisation ces dernières années. L’agriculture, malgré ce
contexte de pression foncière et des ressources en eau a
connu aussi un accroissement tant au niveau des
superficies exploitées qu’au niveau des exploitants. Les
différentes parties de l’article étudient la dynamique
spatiale et temporelle de cette activité entre 1996 et 2009
et par conséquent fournissent une photographie à jour de
sa localisation dans la capitale burkinabé.

Les objectifs ci-dessus définis, nos observations et


affirmations souvent avancées sur le maraîchage,
conduisent à la formulation des hypothèses suivantes que
nous chercherons à vérifier qu'au delà de la production en
activité maraichère, se profile un enjeu sécuritaire
(alimentaire) et aussi sanitaire. Et n’autorisant pas cette
pratique de l’agriculture, la loi a, par ricochet, favorisé son
développement à Ouagadougou et que spatialement, le
maraîchage se mène principalement à proximité d’une
source d’eau (qu’elle soit usée ou non) et a tendance à
s’installer de façon anarchique sur tout espace libre
disposant d’une ressource hydrique dans son voisinage.
Ainsi, l’accès au foncier et à l’eau constitue les contraintes
essentielles au développement durable de l’activité agricole
dans les villes.

Le site de l’étude : la ville de Ouagadougou

La zone d’étude couvre la Ville de Ouagadougou


subdivisée en 30 secteurs appartenant aux cinq
arrondissements composant la Commune (représentant le
département) de Ouagadougou.

Figure 1. Présentation de la zone d'étude : ville de


Ouagadougou.
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Tableau 1. Projection de la population de la Commune de Ouagadougou, horizon 2025.

Arrondissement / 1985 1996 2006 2008 2010 2015 2020 2025


Communes
Baskuy 193 048 173 124 180 512 182 031 183 563 187 451 201 143 215 836
Bogodogo 96 443 207 380 374 473 421 393 474 192 636 974 875 992 1 204 700
Boulmiougou 76 411 180 895 366 182 421 596 485 395 690 389 1 005 050 1 463 125
Signoghin 63 532 117 752 188 329 206 842 227 175 287 189 371 800 481 340
Nongremassom 30 243 73 085 163 859 192 579 226 332 338 917 519 317 795 740
Total Commune de 459 677 752 236 1 273 355 1 424 441 1 596 657 2 140 920 2 973 302 4 160 741
Ougadougou
Source : INSD, Réalisé à partir des données des recensements de 1996 et 2006.

Caractéristiques socio démographiques arrondissements de Bogodogo, Boulmiougou et


Nongremasson, aidées en cela par la disponibilité en
La croissance démographique urbaine au Burkina reste espaces et l’exode rural. Entre 2006 et 2025, ces trois
rapide en raison de l’importance de l’exode rural vers les arrondissements vont plus que tripler leur effectif alors que
centres urbains. En dépit d’un échange migratoire plus l’allure de la croissance observée à Sighnoghin est moins
important en milieu rural, l’essentiel des flux vers la ville se exponentielle et l’est beaucoup moins encore sur
dirige vers Ouagadougou et Bobo-Dioulasso, les deux plus l’arrondissement de Baskuy. Ce fait justifiera le fait que les
grandes villes du Burkina. activités du secteur informel, dont l’agriculture urbaine,
connaissent plus d’expansion sur ces territoires tel que
En 2006, la région du centre administrant Ouagadougou décrit dans les paragraphes consacrés aux résultats.
totalise 72,9 % des migrants (contre 51,3 % en 1993) et
celle de Houet administrant Bobo Dioulasso 24,7 % (contre Aujourd’hui la population de la ville de Ouagadougou
43,1 % en 1993). Ainsi, ces deux régions concentrent ainsi à représente plus de 10 % de la population totale du Burkina.
elles seules 97,6 % des migrants de destination urbaine au La densité moyenne (relative à l’espace des 30 secteurs) est
Burkina Faso (Ouattara et Somé, 2009) et l’attraction porte de 7750 hbts/km² contre une densité moyenne de 59
actuellement plus sur Ouagadougou au détriment de Bobo hbts/km² sur l’ensemble du pays. La progression de cette
Dioulasso. densité correspond respectivement à : 868 habitants au
km2 en 1956 ; 2 801 habitants au km2 pour 1981 soit 3,23
La croissance de la population « ouagalaise », à la fois fois plus élevé qu’en 1956 ; 6 246 habitants au km2 pour
imputable au dynamisme démographique de la ville, à 2005, soit 2,23 fois plus qu’en 1981.
l’exode rural, a pour effet immédiat un étalement croisant
de l’espace urbain avec des problèmes d’équipements, de Du même coté, la ville s’étend à cause de la poussée
logements et d’assainissement qui en découlent. L’étude démographique due en majorité à l’exode rural et les
relative à la croissance démographique menée dans le immigrés qui sont à la recherche du mieux être (Ouattara et
cadre de la proposition d’un Schéma d’Aménagement du Somé 2009). Ainsi en un demi-siècle (de 1956 à 2005), la
Grand Ouaga (Aapui, Arcade 2009) indique les perspectives population a été multipliée par (26). Quant à la superficie
d’évolution de la population ci-après : urbanisée, elle a été multipliée par (4) selon Kientga (2008).
Aussi Ouagadougou renferme près de 60 % de la
Il apparait à la lecture de ce tableau que les effectifs de population urbaine du Burkina dont 51 % d’hommes contre
populations de la ville de Ouagadougou ont connu des 49 % de femmes (INDS, 2006)
rythmes divers d’évolution. Ainsi, si des contraintes
spatiales et des impératifs nationaux d’aménagement de la Cette poussée conjuguée de la population et du
capitale ont induit un ralentissement de la croissance de développement anarchique spatial rend complexe la
l’arrondissement central de Baskuy, on assiste en revanche gestion des ressources, la mise en œuvre des activités de
à l’expansion des zones périphériques notamment les développement et fait croître la demande alimentaire d’où

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l’importance de mener l’agriculture à proximité dans la ville l’érosion. D’après le BUNASOLS, on distingue quatre types
en l’absence d’infrastructures de communication adéquates de sols dans la province du Kadiogo qui administre la Ville
pour assurer le transport des vivres depuis le rural. de Ouagadougou. Ce sont les sols minéraux bruts, les sols
peu évolués, les sols à sesquioxydes de fer et/ou de
Caractéristiques physiques manganèse et les sols hydromorphes.

La prospérité de l’activité agricole sur un territoire est La végétation est une savane arbustive anthropisée. Les
fonction d’un certains nombre de caractéristiques principales espèces rencontrées sont entre autres le
physiques (relief, climat, sols, végétation, hydrographie) Butyrospermun parkii, Parkia biglobosa, Lanea microcarpa,
que nous précisions ici très succinctement pour l’espace de Kaya senegalensis Magifra indica, etc. Quelques aires
la ville de Ouagadougou. protégées, les réserves foncières, le parc Bangrewogo, les
espaces verts ont été crées sous l’égide du ministère chargé
La ville de Ouagadougou, en termes de relief, se situe sur le de la protection de l’environnement et du cadre de vie. La
socle granito-gneissique mis en place au Précambrien Mairie prévoit la réhabilitation de la ceinture verte autour
inférieur occupant près de 85 % du socle du Burkina Faso. de la ville. Force est de reconnaître qu’il s’agira ici
A Ouagadougou le socle n’affleure pratiquement pas. Il est d’emplacements propices (sécurisation foncière) pour
recouvert d’une mince couche d’altérites dont la l’implantation de futurs sites maraîchers.
profondeur peut atteindre 40 m par endroit. Situé sur la
plaine centrale, le modelé de la ville résulte d’une action En termes de ressources en eau, l’axe principal de la ville
érosive qui a fait disparaître le relief ancien. suit une direction générale sud-ouest et nord-est
matérialisé par trois barrages (1, 2 et 3). Ces barrages se
Le climat est de type tropical sec avec une pluviométrie succèdent sur un talweg qui s’allonge d’ouest en est et qui
variant entre 700 et 900 mm/an, caractérisé par une saison rejoint le massili (affluent du Nakembé) à 12km au nord-est
sèche et une saison pluvieuse. Les températures moyennes de la ville. Des dépressions topographiques aménagées en
annuelles sont élevées, 30° C. On note d’importants écarts canaux drainent toutes les eaux vers les barrages. Ce sont
de température entre les jours et les nuits. Le rythme le canal du Kadiogo, le canal du marché central, le canal de
saisonnier est influencé par l’alternance de l’harmattan et Zogona et celui de Wemtenga. Dans l’ensemble la ville
de la mousson. présente une morphologie plane et monotone avec une
altitude moyenne qui ne dépasse pas 400 m. Les pentes
Ce climat justifie les saisons de l’année durant lesquelles sont faibles et varient entre 0,6 et 1 %. Cette platitude du
l’activité maraîchère prospère. Les superficies exploitées relief favorise l’extension spatiale, la croissance
sont sensibles à trois périodes. Le mois de décembre démographique de la ville et la tenue d’une activité
indique l'exploitation du plus grand nombre de superficie agricole.
pour le maraîchage. Ce qui correspond à la saison fraîche à
Ouagadougou (novembre - janvier). La diminution de Méthodologie
superficie entre la plus haute saison (décembre) et la
première base saison (avril) est importante. Cette baisse est L’unité de sondage choisie pour l’enquête sur le terrain est
due à l'impact des conditions d'aridité dans les pays le site agricole. Les informations collectées sont relatives
sahéliens. Les barrages s'assèchent, les puits tarissent, et les aux sites et zones agricoles et l’analyse de la dynamique
superficies exploitées se réduisent de manière drastique spatiale a été faite par entités administratives
(Cissé, 1997). La saison des pluies ne permet pas non plus (arrondissement) ce qui reflète le mode de gestion agricole
une augmentation des superficies totales exploitées ; au urbain observé sur le terrain.
contraire, elles diminuent encore car les eaux de pluie
inondent certaines zones, et les cultures céréalières Ainsi, nous définissons le site comme un espace continu de
prennent leur place dans d'autres. cultures à une saison donnée. Il possède un nom dérivant
soit du nom du quartier administratif dans lequel il se
Les sols de la ville de Ouagadougou résultent pour la trouve, soit du nom d’une infrastructure importante se
plupart de l’altération du socle. La ville est entaillée par de trouvant à proximité. Un site est constitué de plusieurs
nombreuses rigoles à cause de l’importance de l’action de parcelles ou sous-unités contiguës de production. Chaque

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sous unité a généralement à sa tête un producteur : un employée était des discussions libres orientées sur la
homme marié ou célibataire ; une femme seule ou une perception de la question agricole en milieu urbain de
épouse et chaque producteur dispose moyennement entre façon générale, sur les forces et faiblesses de la filière
2 et 3 ouvriers comme employés. agricole urbaine et sur les indicateurs spatialisés ou non
pouvant conduire à un maintient et une planification
La zone agricole désigne un ensemble de sites contigus ou durable de cette activité.
non qui peuvent être entrecoupés par des infrastructures
(bâtiments, routes ou espaces naturels tels que la forêt) et Levés GPS
ayant, pour la plupart des cas, des liens fonctionnels
(groupements professionnels) entre les agriculteurs et Chaque site a fait l’objet d’une localisation spatiale. Les
surtout sont sous tutelle de la même entité administrative contours de chacun d’eux ont été relevés par un appareil
(arrondissement / Mairie). GPS (Global Positioning System). De manière exhaustive, les
endroits où les cultures maraîchères (par endroit couplées
Les enquêtes terrain au sein des agriculteurs avec les cultures horticoles et les cultures saisonnières de
substitut) existent ont été enquêtés et levés.
Les enquêtes et les relevés terrain ont concerné l’inventaire
spatialisé de la situation de 2009. Deux types de données Les sites sont répertoriés avec plusieurs points relevés par
ont été relevés sur le terrain ; les données descriptives site selon la forme complexe ou régulière polygonale du
permettant de décrire l’activité et des données site, ce qui a servi de base, par la suite, à la reconstitution
géographiques permettant de situer géographiquement les des polygones représentant les sites agricoles recherchés et
sites agricoles dans la ville et calculer leurs superficies les calculs des superficies grâce aux modules de calcul du
logiciel SIG ARCGIS 9.1.
Ainsi l’enquête s’est déroulée, dans une première phase,
par la soumission d’un questionnaire aux agriculteurs et du Les levés GPS et les enquêtes sur les sites ont été
relevé des coordonnées géographiques des sites agricoles effectuées à plusieurs dates car les sites fonctionnels
à l’aide d’un récepteur GPS (Global Positioning System). Elle varient d’une saison à l’autre (saisons fraiche, sèche et
s’est poursuivie avec des interviews de groupes focaux. Les pluvieuse) comme décrit plus haut. En définitive, les
groupes focaux sont des groupes de discussion qui invitent enquêtes terrain ont été effectuées à trois dates : Avril à
les personnes du même milieu ou ayant des expériences Mai 2008 – Décembre/Janvier 2009 – Juillet à Août 2009.
semblables à parler d’un thème précis, d’intérêt pour le
chercheur (Basch, 1987, Dawson et al., 1993), Les groupes La recherche documentaire et la collecte des données
focaux avec lesquels nous nous sommes entretenus sont géographiques existantes
directement un ensemble d’agriculteurs appartenant à un
même site ou un groupe d’exploitants qui relèvent des La revue documentaire a surtout consisté à exploiter les
associations et groupements professionnels agricoles données disponibles (rapports, livres, mémoires, thèses et
(maraîchers ou horticulteurs). monographies en lien avec l’agriculture urbaine à
Ouagadougou ou ailleurs) pour enrichir nos données de
Les entretiens avec les autres acteurs référence et nourrir notre analyse et commentaire.

Dans un deuxième temps, notre enquête s’est portée sur Les premières études confirmées sur l’agriculture à
les autres acteurs directs de la filière agricole urbaine à Ouagadougou ont eu lieu en 1992 avec un inventaire
savoir les gestionnaires des territoires urbains spatialisé spécifiquement sur le maraîchage en 1995 (Cissé,
(arrondissements, secteurs …), les acteurs de l’urbanisme 1997). D’autres études ont également eu lieu notamment
(ministère urbanisme, bureau chargés de l’établissement du les travaux de mémoire ou ceux de la Coordination
schéma directeur d’aménagement du Grand Ouaga, mairie Nationale du Réseau Francophone sur l’Agriculture Urbaine
centrale), des gestionnaires de la question agricole en Afrique de l’Ouest et Central (RFAU/AOC). Entre autre,
(Ministère de l’agriculture, direction régionale agricole de ces travaux sont relatifs à la problématique du maraîchage
Kadiogo), des acteurs d’appui au développement de sur certains sites de la ville (Thiadje, 2005; Ouédraogo,
l’agriculture urbaine à Ouagadougou. La technique 2005; Kaboré, 2005; Bagré et al., 2002; Cissé et Tanner,

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2002), au recyclage des déchets et à la réutilisation des observée. Les sources de données complémentaires qui ont
eaux usées en agriculture urbaine (Sou, 2009 ; Sacko et été utilisées pour l’élaboration de ces cartes sont : la Base
Stravato, 2007 ; Cissé et al. 2002, Whéthé et al., 2001, Koné Nationale de Donnée Topographiques (BNDT/IGB), l’image
et al., 2002) ; au financement de la filière maraîchère (Touré Google Earth de 2008-2009, quelques photographies
et Naba, 2006). aériennes.

Toute cette documentation a été exploitée dans cette Résultats


première étape pour établir la situation initiale de
l’agriculture urbaine à Ouagadougou en 1996 d’une part et Inventaires des sites maraîchers en 2009
d’autre part pour la caractérisation de l’activité et la
recherche des indicateurs justifiant l’expansion spatiale qui L’inventaire des sites agricoles sur la commune de
a été observée. Ouagadougou révèle 71 sites maraîchers regroupés dans
28 zones et mis en culture à une période ou à une autre de
Traitement des données par les SIG l’année sur un ensemble de superficie d’environs 580 ha.
Les sites agricoles ne sont pas également répartis sur le
Une fois les données collectées, elles ont été synthétisées territoire de la commune (cf. figure 2). Leur localisation
et traitées par les techniques de SIG. De façon pratique, un varie en fonction de plusieurs paramètres. Aussi, selon
système d’Information Géographique (SIG) est un outil l’occupation du sol (présence de bas-fonds ou zones
informatique permettant de représenter et d’analyser inondables, présence de barrages etc.) observée, on note
toutes les choses qui existent sur terre ainsi que tous les une forte présence ou non de l’activité. Les sites sont
événements qui s’y produisent (ESRI, 2007). Il représente généralement situés dans les secteurs périphériques de la
l’outil idéal pour les chercheurs. Grâce à lui, ils peuvent ville (exploitants résidants à proximité et recherchant des
modéliser le monde réel, classer et observer des espaces moins spéculés foncièrement) et dans les bas-
phénomènes et prévoir les changements à venir. fonds localisés autour des barrages. D’autres paramètres
non moins importants tels que la localisation des marchés
L’information géographique est devenue depuis plusieurs potentiels pour l’écoulement des produits tiennent aussi
années une ressource incontournable en matière d’analyse leur place dans cette localisation.
spatiale et de diagnostic territorial. Pour s’en convaincre, il
suffit de regarder le nombre de territoires qui se sont dotés L’importance de l’activité maraîchère varie d’un
de systèmes d’informations géographiques, notamment arrondissement à l’autre. Elle ne se mesure pas sur la base
dans les pays développés ou encore le nombre d’outils de du nombre de sites existants, mais elle est notamment
communication qui se sont développés dans ce domaine définie par la superficie emblavée et par conséquent le
(GéoPortail, Google Earth, etc.). nombre d’exploitants qui la mettent en œuvre. La superficie
des sites est très variable et fluctue moyennement entre 0.2
Les données collectées au GPS ont été transférées et 20 ha. Mais lorsqu’on considère toute la zone cultivable,
directement sur l’ordinateur puis traités avec le logiciel on obtient des pics de superficie allant à plus de 30 ha. Cet
Excel ; la table résultante est ensuite récupérée sous le inventaire met également en lumière le poids de la
logiciel ARCGIS afin de visualiser sur un fond de carte présence de la ceinture verte à réhabiliter et qui représente
(source : plan parcellaire de Ouagadougou au un vaste espace assez propice à l’agriculture en termes de
1/15000ième) les points qui ont été levés sur le terrain. Ces sécurité foncière puisque la vocation d’aménagement
points ont servi de base pour la reconstitution des officielle qui lui a été donnée est une couverture verte ;
polygones constituant les limités des sites agricoles. Les mais restera à préciser le pourcentage de couverture verte
différents traitements ont permis d’avoir les situations alimentaire à implanter sur cet espace.
spatiales et descriptives de référence en 1996 et en 2009
ainsi que la dynamique spatiale et la croissance urbaine

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Figure 2. Localisation des sites maraîchers en 2009.

On observe en 2009 une dizaine de sites maraîchers L’agriculture urbaine à Ouagadougou ne concerne pas que
importants dont notamment Boulmiougou, Bika, Tampouy, le maraîchage comme culture, mais deux autres produits
Kilwin ,Kossodo, Tanghin, Wayalghin, Paspanga, Bogtoega ont aussi leur poids dans la tenue de cette activité à savoir
Ouidtenga qui couvrent presque 70 % des superficies l’horticulture et les cultures céréalières. L’inventaire global
cultivées. de l’activité agricole dans la commune indique plus de 100

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sites implantés une superficie de plus de 750 ha (Kedowidé, ; alors qu’en 2009, on compte sur l’ensemble des secteurs
2010). Aussi, nos inventaires estiment à 5000 le nombre de la ville, 62 sites maraîchers répartis en 26 zones et
d’exploitants agricoles existant à Ouagadougou, à 15000 le couvrant une superficie de 561,95 ha. Lorsqu’on ajoute
nombre de personnes pratiquant cette activité (y compris l’inventaire maraîchère des villages périphériques qui
les ouvriers, les saisonniers) et à 75.000 le nombre de mettent en œuvre cette activité, notamment les villages de
personne vivant de cette activité. Kamboinsè et de Doumtenga (proche de Loumbila), le
nombre de sites maraîchers s’élève à 71 sites maraîchers
Le profil des exploitants présente une majorité dont l’âge pour 28 zones et une superficie de 581.81 ha pour toute la
est compris entre 30 et 45 ans, ils proviennent en général commune de Ouagadougou.
de l’exode rural et n’ont aucune qualification
professionnelle. La plupart ont des statuts de mariés et L’analyse macroscopique de cet inventaire amène à
possèdent plusieurs personnes à charge. constater qu’en 13 ans, la superficie maraîchère à
Ouagadougou a augmenté de plus de 225 % (elle a plus
Inventaires des sites maraîchers en 1996 que triplé). Les emplacements occupés par cette activité par
contre, c'est-à-dire les sites et les zones agricoles ont
En 1996, la ville de Ouagadougou était parsemée d'environ augmenté d’à peine 50 %. Il va s’en dire que l’activité s’est
48 sites de maraîchage, répartis entre une douzaine de intensifiée tout en restant presque concentré aux mêmes
secteurs, qu'on peut rattacher à environs 18 zones endroits. Des superficies mises en culture se sont élargies
référencées (Cissé et al, 1999). Les superficies exploitées sans pour autant chercher à se délocaliser. Le processus
étaient sensibles comme en 2009 à trois périodes (saisons d’expansion spatiale révèle donc des facteurs limitants qui
fraîche, sèche et pluvieuse) de l'année. Les 6 zones de justifient cette dynamique observée. L’année 1996
maraîchage les plus connues à Ouagadougou durant cette correspond à la période d’adoption de la réforme Agraire
période étaient Boulmiougou, Canal central, Tanghin et Foncière (RAF, 1999) qui place la tenue légale de
Abattoir, SOBBRA et tannerie. En dehors de la tannerie qui l’activité agricole en ville dans un « flou » car ne l’autorisant
ne dépassait pas 5 % des superficies exploitées, les 5 autres guère, mais ne l’acceptant pas officiellement non plus. La
représentaient à elles seules, plus de 50 % des superficies RAF apparaissait plutôt comme un frein à la culture
exploitées quelque soit la période de l'année. maraîchère car stipulant que l’activité agricole est réservée
aux territoires ruraux et que l’espace urbain devrait être
En 1996 les sites de maraîchage se retrouvent caractérisé par des aménagements à vocation urbaine.
principalement dans les secteurs périphériques ou
intermédiaires de la Ville, mais ils ne demeurent pas aussi Malgré cette absence de reconnaissance, on a pu constater
moins importants dans l’arrondissement de Baskuy situé en que l’activité maraîchère, loin de s’estomper durant cette
plein centre de Ouagadougou et fortement sous pression dernière décennie, s’est plutôt accrue. Deux justifications
foncière. Ces constats incitent par conséquent les réflexions tentent d’expliquer ce phénomène : le caractère vital de
vers les caractéristiques marquantes de ces zones dans le l’agriculture maraîchère à Ouagadougou et l’absence
tissu urbain des villes africaines (nouveaux citadins arrivant d’outils de règlementation.
du milieu rural, quartiers pollués, espaces menacés par les
projets de constructions de la ville moderne). D’un point de vue microscopique, on peut lire à travers cet
inventaire diachronique que durant cette décennie, des
Dynamique spatiale observée entre 1996 et 2009 sites maraîchers ont disparus, les uns se sont maintenus en
s’intensifiant ou par rare cas en s’estompant par endroits,
La dynamique spatiale s’intéresse ici spécifiquement au au moment où d’autres sont apparus. Ce constat nous
maraîchage. L’inventaire comparé conduit au tableau 2 qui amène à une étude plus fine de la dynamique spatio-
met en exergue l’évolution de la production maraîchère au temporelle observée par entité administrative, ce qui devra
niveau de chaque arrondissement. conduire à l’identification de critères intervenant dans
l’implantation des sites agricoles à travers la ville.
En 1996, il a été dénombré dans la ville de Ouagadougou
48 sites agricoles regroupés en 18 zones et couvrant une
superficie maximale (toute saison confondue) de 178.78 ha

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Figure 3. Localisation des sites maraîchers en 1996.

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Tableau 2. Inventaire comparé des sites maraîchers en 1996 et 2009.

Date Inventaires maraîchage 1996 Inventaires maraîchage 2009


Inventaire N° Secteurs Nbre Nbre Sup.max Zones maraîchères Nbre Nbre Sup.max Zones maraîchères
Arrond. sites zone (ha) importantes sites zone (ha) importantes
H.Yalgado, Bogtoega,
Université, Samandin,
Larlé, Kologhnaba
Baskuy 1 à 12 18 7 30,29 Goughin, Kologonaba, 8 7 47,34
Ouidi, Dapoya,
Sonabel, Canal_C, Dapoya
Paspanga
Université, Tannerie, Université, Tanghin,
Somgandé, Tanghin, Silmandé, Kossodo,
13, 23, 24,
Nongremasson 20 9 112,54 Silmandé, SOBBRA 21 6 215,38 Wayalguin, MACO,
25, 26, 27
Abattoir, Wayalguin, Doumtenga
Tannerie
Ouaga 2000,
14, 15, 28,
Bogodogo - - - - 9 4 61.58 Dassasgho, Yamtenga,
29, 30
Ouidtenga
16, 17, 18, Nonsin, Boulmiougou
Boulmiougou 4 2 24,41 10 2 123.36 Nonsin, Boulmiougou
19
Bas-fonds-B1, Kilwin,
Tampouy_B,
Tampouy_Barrage,
Signoghin 20, 21, 22 6 2 11,54 23 9 134.15 Tampouy_V Borbili,
Tampouy_Village
NaabPougo, Borogho,
Kamboinsé
Total 48 18 178.78 71 28 581.81

La dynamique maraîchère à Baskuy mises en culture. Force est de noter ici également une
organisation paysanne présente qui milite pour la
C’est l’entité administrative dans laquelle l’activité reconnaissance des droits des exploitants.
maraîchère a connu le moins possible d’expansion. Même
si la superficie emblavée a légèrement augmenté de 50 % Enfin, on observe dans les secteurs 11 et 12, l’intensification
en 13 ans, on peut remarquer que le nombre de sites de l’activité au niveau de tous ces sites qui se trouvent dans
agricoles est passé de 18 à 8 ce qui veut dire qu’il y en a un les bas-fonds et des lits des barrages N° 2 et N° 3. Il s’agit
certain nombre qui ont disparus. des sites de Kolognaba, Ouidi, Dapoya, Paspanga, Canal
central etc. Ces sites essaient d’emblaver plus de superficie
Ainsi, on observe dans le secteur 4, la disparition des petits mais ils sont fortement menacés et se retrouvent dans une
sites expérimentaux de l’EIR et des sites collectifs de insécurité foncière totale. La première raison est qu’ils sont
l’université. Ces derniers se sont déplacés sur envierons situés sur des territoires non propices pour une mise en
2Km du fait de la construction du nouvel amphi de culture selon la mairie (risque d’érosion dans les lits des
l’université en 2006 et certains se sont installés le long du barrages, risque de fortes inondations en témoigne la
canal central où l’eau usée est directement utilisée comme grande pluie catastrophique du 1ier septembre 2009) et
ressource principale en eau bon nombre notamment ceux situés le long du canal
central utilisent directement l’eau usée pour arroser les
Les sites de Bogteaga (théâtre populaire) situés dans les plantes ; ceci pose des problèmes de risque sanitaires tant
zones de Samandin et Goughin en pleine ville dans les pour les agriculteurs que pour les consommateurs (Cissé,
secteurs 7 et 8, demeurent jusqu’à aujourd’hui avec une 1997 ; Wéthé et al., 2001 ; Parrot, 2008b ; Sou, 2009 ).
légère diminution des superficies emblavées du côté de
Samadin compte tenu de la pression foncière. L’espace La dynamique spatio-temporelle de l’activité maraîchère à
public vide, et la présence de la ressource eau du côté du Baskuy se justifie ainsi par les critères suivants :
théâtre populaire ont favorisé l’émergence de nouvelles

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x disparition de sites compte tenue des besoins


en construction, de la pression foncière Les Secteurs 22, 23 et 24 ont aussi vu leur nombre de sites
l’urbanisation et leur superficie accroître. Même si la variation ici n’est pas
x apparition et expansion de sites agricoles très significative par rapport à ce qui est observé au niveau
compte tenue de la présence d’eau usée des autres secteurs, on remarque que l’activité s’est
x Pression forte sur des sites maintenus mais maintenue et a prospéré malgré toutes les contraintes dans
menacés de déguerpissement à cause de leur ces secteurs. Le secteur 24 connait une croissance de ses
localisation en zones très inondables et pouvant sites avec les zones de Tanghin et Silmandé qui existaient
provoquer l’érosion dans le lit du barrage depuis 1996. Enfin, l’activité maraîchère s’est accrue au
niveau des sites de Wayalguin dans le secteur 27
La dynamique maraîchère à Nongremasson notamment avec la présence des bas-fonds dans ce secteur
et aussi la réhabilitation de la ceinture verte qui dégage des
Nongremasson était l’arrondissement le plus agricole de zones vides où l’activité maraîchère pourrait prospérer. Une
Ouagadougou en 1996 et il le demeure en 2009 avec une partie de ces sites sont aussi concernés par le projet
superficie emblavée qui a pratiquement doublé et un maraîcher Kossodo en souffrance pour le moment malgré
nombre de sites agricoles quasiment constant. Certains les plus de 600 exploitants qui y sont présents (Ki, 2008)
sites ont disparu ou tendent à disparaître (Tannerie,
Sobebra, Sonabel) pour un redéploiement vers les La dynamique spatio-temporelle de l’activité maraîchère à
périmètres aménagés de Kossodo alors que d’autres ont Nongremasson se justifie ainsi par les critères suivants :
connu malgré les contraintes une expansion à tel enseigne
que nous les avons subdivisé en plusieurs sous zones dans x Disparition de sites agricoles dans les aires
notre inventaire (Tanghin) protégées et pour des questions d’urbanisation
(construction)
La dynamique observée dans le secteur 13 indique une x Déguerpissement des sites utilisant directement
diminution du nombre de sites ainsi que de la superficie l’eau usée et ceux localisés à moins de 100m du
exploitée. Les sites disparus concernent ceux de Somgandé bord du barrage
(pression foncière due au développement de nouvelles x Politique de réutilisation de l’eau usée épurée
constructions) et de la Tannerie dont la principale ressource au profit de l’agriculture urbaine
eau (eau usée) a été déviée vers la STEP de Kossodo. En x Expansion des sites localisés dans les bas-fonds
effet, les sites de maraîchage dans ce secteur se sont x Importance de la qualité de l’eau et du sol dans
développés en 1996 autour des canaux d’eaux usées qui la prospérité de l’activité maraîchère
longent le bord de la forêt classée et qui collectaient les
eaux usées de la Tannerie, de la Sobebra, de la Sonabel. La dynamique maraîchère à Bogodogo
Toutes ces eaux usées ont été déviées vers la STEP mise en
place dans le cadre du réseau d’assainissement collectif de Aucun site maraîcher n’existait dans cet arrondissement en
la ville. 1996. Les ressources hydriques n’y sont pas très prospères
et la demande en produits maraîchères n’y était pas levée.
Tous ces sites qui se trouvent donc à cheval sur le secteur Aujourd’hui, avec la croissance urbaine, les espaces se
26 ainsi que ceux du secteur 27 avec qui ils construits constamment : quartiers résidentiels, quartier où
communiquaient se sont tous retrouvés privés de leur sont relogés les riverains de l’espace ZACA du centre ville.
ressource en eau principale après la construction de la La demande est née avec l’accroissement de la population
STEP. La finalité était qu’ils se redéploient tous sur des ce qui justifie aujourd’hui la présente des sites maraîchers
périmètres aménagés et alimentés par l’eau épurée en aval. et horticoles dans l’arrondissement de Bogodogo.
Mais malheureusement, se pose aujourd’hui une
problématique liée à la qualité de cette eau ayant On observe à Ouaga 2000 au secteur 15, l’apparition de
occasionné la pauvreté du sol (Sou, 2009). L’agriculture cette nouvelle zone (composée de plusieurs sites dont la
urbaine s’est ainsi développée au secteur 25 à Kossodo en plupart font de l’horticulture) agricole. Les quartiers
2006, après donc 1996 avec cette possibilité de la nouvellement lotis avec des espaces encore inoccupés
réutilisation des eaux traitées par la STEP. favorisent l’implantation de maraîchers et d’horticulteurs.

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Certains de ces maraîchers à la recherche de l’espace changé. L’activité maraîchère y a connu une forte expansion
disponible viennent du théâtre populaire, et d’autres de et prospérité avec la création de la filière Fraise qui a été
Kossodo. Cette situation observée dans le secteur 15 très rentable. Cette filière a été à la base de la création du
confirme notre hypothèse qui affirme que lorsque les site de Bika situé à proximité du barrage de Boulmiougou
paramètres relatifs à la disponibilité de l’espace et de l’eau et se déployant sur l’espace vide disponible de la ceinture
sont réunis, avec une présence humaine, l’activité verte à réhabiliter.
maraîchère s’installe ; ce qui prouve que les agriculteurs ont
tendance à développer l’activité dans leur voisinage. Au niveau de Boumiougou, les deux paramètres
L’hypothèse se vérifie également avec le cas Kossodo de fondamentaux sont réunis pour l’expansion de l’agriculture.
Nongremasson qui compte encore plusieurs centaines de On est en présence d’une zone marécageuse avec un
maraîchers alors que le sol y est très pauvre (Sou, 2009). barrage sur site qui contient quasi permanemment de l’eau.
L’affectation des terres et la présence de l’eau même de La zone de Boulmiougou jouxte l’espace de la ceinture
qualité inappropriée pour les plantes les maintiennent sur verte que les exploitants utilisent déjà pour le maraîchage
cet espace. Les enquêtes terrain prouvent que les ou pour les cultures céréalières.
agriculteurs vivent soit dans le même Secteur dans lequel
ils cultivent soit ils résident dans les secteurs périphériques Au niveau des secteurs 19 et 20, les sites et superficies
(Cissé, 1997) de la ville. maraîchers ont augmenté considérablement. Les zones
définies par Cissé (1997) ont tellement augmenté en
Au niveau du secteur 28, deux petits sites sont apparus superficies exploités et nombre d’exploitants qu’elles sont
contrairement à ce qui est observé en 1996. Il s’agit des été tout comme le cas de Boulmiougou sudivisées en
sites de Dassagho qui se sont développés sur des espaces plusieurs zones en 2009. La présence du barrage N° 1 y est
vides appartenant à la municipalité bien qu’il n’y ait pas pour beaucoup et les sites maraîchers se sont développés
une source naturelle d’eau qui soit proche. Ainsi, ce site autour de cette source d’eau et de son espace proche
utilise l’eau souterraine avec la construction de forages ou inondable (marais).
puits maraîchers. Ceci fait apparaître un autre type de sites
maraîchers qui se développent sur des espaces disponibles La dynamique spatio-temporelle de l’activité maraîchère à
même si la source d’eau surface n’y existe pas auparavant. Boulmiougou se justifie par les critères suivants :
Il suffit dans ce cas que cet espace dispose d’eau
souterraine et alors un puits maraîcher ou un forage y est x Expansion des sites avec la présence de l’eau,
construit. des marais et des espaces disponibles
x Prospérité de l’activité lorsque se fait sur la base
Les secteurs 29 et 30 n’ont pas tellement développé des filières agro-économiques
l’activité maraîchère, ni en 1996, ni récemment. On observe
dans le prolongement du secteur 29, le site de Yamtenga La dynamique maraîchère de Signoghin
(village urbain rattachée à l’arrondissement de Bogodogo
qui produit les fruits et légumes. Cette activité a été La zone de Kilwin au secteur 21 est aussi un nouveau site
favorisée par la présence d’un petit barrage s’y trouvant maraîcher apparu durant ces dernières années ; elle compte
mais qui s’assèche très vide dès l’apparition de la saison plusieurs sites qui se retrouvent entièrement sur l’espace de
sèche. la ceinture verte. Le site le plus proche de la zone
marécageuse (présence d’eau) fait du maraîchage et un
La dynamique maraîchère de Boulmiougou autre plus loin cultive plutôt des cultures céréalières (maïs)
durant la saison pluvieuse.
Le secteur 17 est dominé par la grande et complexe zone
de culture de Boulmiougou, un des principaux sites La réhabilitation de la ceinture verte prévue par le nouveau
maraîchers de la ville de Ouagadougou depuis plusieurs Schéma Directeur d’Aménagement du Grand Ouaga est
années. La question foncière y est prononcée et on y apparemment une aubaine pour ces exploitants agricoles
observe une organisation paysanne très forte qui est urbains en quête de nouveaux espaces pour la mise en
implantée. Le nombre de site ainsi que la superficie ont œuvre de leur activité. Reste maintenant à savoir si cet
pratiquement triplé en 13 ans mais la zone agricole n’a pas emplacement peut recevoir l’activité de façon durable car

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réhabiliter la ceinture verte ne signifie pas forcément y entreprend des opérations de lotissement à
mener que des activités agricoles. Si un aménagement grande échelle, qui sont dès lors facilitées par le
spécifique était prévu pour cet espace (bois, forêts etc.), nouveau statut foncier imposé par la Reforme
alors les exploitants de la zone de Kilwin ou autre zone Agraire et Foncière (RAF). Entre 1984 et 1996,
agricole située sur la ceinture verte se verront un jour 60 000 parcelles sont créées et la quasi-totalité
déguerpir. Mais avec le projet « ceinture verte » de la des quartiers d'habitats spontanés est lotie.
mairie de Ouagadougou, la plupart des sites agricoles x Une approche de l’évolution de la ville entre
localisés sur cette zone ont le potentiel foncier d’être 1984 et 2009 confirme que, dans un espace plat
maintenu. et sans accident topographique majeur formant
une barrière à la croissance urbaine, l’espace
L’arrondissement de Signoghin présente également une urbain a tendance à accroître du centre vers la
zone maraîchère très importante dans son village périphérie immédiatement laissant à la ville une
périphérique Kamboinsè. L’activité s’y développe sur forme massive et compacte.
plusieurs sites autour d’un barrage et des zones
marécageuses qui l’entourent. Cette zone agricole existe Ouagadougou a été élargie du centre vers la périphérie
depuis plus d’une quinzaine d’année mais elle n’a pas été dans presque toutes les directions comme l’indique la
intégrée à l’inventaire de 1996 tout comme l’espace carte3. Les changements les plus remarquables sont du
maraîcher de Doumtenga dans l’arrondissement de coté des secteurs périphériques. Le phénomène d’évolution
Nongremasson, compte tenu du fait qu’ils étaient hors du est particulièrement visible dans la partie sud-est de la ville
site d’étude des travaux de (Cissé, 1997) avec Ouaga 2000 et sa trame d’accueil ou bâtiments de
services et résidences huppées de hauts fonctionnaires y
La dynamique spatio-temporelle de l’activité maraîchère à ont surgi. L’occupation du lotissement résidentiel et même
Signoghin se justifie par les critères suivants : administratif évolue rapidement dans un style architectural
imposant, fait d’un quadrillage régulier de haut standing.
x Expansion des sites avec la présence de l’eau, Cette situation explique la rente foncière au niveau de
des marais l’arrondissement de Bogodogo et l’accès couteux à la terre
x Facteur favorable représenté par l’espace de la pour une probable mise en culture.
ceinture verte pour une mise en culture
sécuritaire L’extension spatiale démesurée de la ville est imputable au
développement de l’habitat dit « spontané » et aux «
Analyse et commentaire lotissements » de grande envergure. En 2006, les limites de
la partie aménagée (lotie) dépassaient déjà les prévisions à
La dynamique spatio-temporelle observée trouve sa l’horizon 2010 selon le projet d’aménagement du « Grand
justification dans plusieurs aspects qu’il convient de mettre Ouaga » (AAPUI et ARCADE, 2009)
en lumière : croissance urbaine de la ville, expansion
spatiale au gré des paramètres fondamentaux, pression Ainsi depuis l’indépendance du pays à nos jours, à l’instar
socio-économique et le cadre réglementaire « flou » des autres capitales des pays au Sud du Sahara,
Ouagadougou a connu non seulement une extension
La croissance urbaine de la ville spatiale exponentielle mais cette expansion est également
doublée d’une démographie galopante (cf. paragraphe
Ouagadougou répond aux structures des grandes villes 2.3.3). Cette croissance urbaine concentrée justifie
africaines avec un noyau central très dense et une pleinement l’expansion de la culture maraîchère dans cet
diminution de la concentration des bâtiments au fur et à espace confiné dont la demande en alimentation a presque
mesure que l’on s’éloigne du centre ville. La ville a subi doublé entre 1996 et 209.
plusieurs étapes de développement :

x Un Programme de Lotissement Massif (PLM) :


pour remédier aux problèmes des terres, l'Etat

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VertigO – La revue en sciences de l'environnement, Volume 10 numéro 2, septembre 2010

Figure 4. Croissance urbaine et dynamique spatiale des sites maraîchers

La dynamique spatiale des sites de maraîchage montrent L’expansion spatiale au gré des paramètres fondamentaux
des sites apparus principalement dans les secteurs
périphériques ou intermédiaires de la ville, des sites Plusieurs paramètres spatialisés expliquent la dynamique
disparus des zones urbaines denses et des sites maintenus des sites agricoles dans l’espace urbain de la Commune de
dans des zones marécageuses autour de plans d’eau. Ce Ouagadougou. On constate les phénomènes spatialisés ci-
constat incite, par conséquent, les réflexions vers les après :
caractéristiques marquantes de ces zones dans le tissu
urbain des villes africaines : nouveaux citadins arrivant du x Des sites qui se maintiennent dans les zones
milieu rural et s’installant en périphérie, espaces menacés humides ou à proximité d’une ressource en eau
par les projets de constructions de la ville moderne, : La plupart des sites menacés de
rapprochement entre lieux de résidence des exploitants et déguerpissement et situés notamment dans les
les sites, existence de marchés potentiel de consommation zones marécageuses et les lits des barrages N°
etc. Cette dynamique fait ainsi observer un phénomène 2 et N° 3.
contre-intuitif mais bien justifié dans le cas de x De nouveaux sites aménagés et organisés
Ouagadougou à savoir que l’agriculture s’incruste en ville professionnellement en fonction des besoins et
au fur et à mesure que celle-ci progresse (Tallet, 1999) d’où marchés potentiels : Il s’agit de tous ces sites
la contrainte foncière (Gueye et al., 2009) permanente dans situés dans les secteurs périphériques qui se
laquelle elle se trouve. sont créés durant cette dernière décennie :
aménagement des sites de Bika à Boulmiougou
(grâce à la présence d’un barrage et des bas-
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VertigO – La revue en sciences de l'environnement, Volume 10 numéro 2, septembre 2010

fonds pour une production de la Fraise). Ceux x le long des grands collecteurs d’eaux pluviales
de Ouaga 2000, Kilwin, Kossodo etc. ne sont pas (plans d’eau artificiels communément appelés «
non plus des exemples moindres barrage »),
x Des sites apparus dès qu’une ressource en eau x autour des mares d’eau stagnantes temporaires
utilisable à proximité se met en place : ou permanentes,
L’exemple est celui de Kossodo (Kaboré- x dans les bas-fonds marécageux
Dembélé, 2006 ; Kiemdé, 2006 ; Ki, 2008) dont x le long des voies (notamment les horticulteurs)
le projet avait spécifiquement comme objet x sur des réserves administratives vides
l’assainissement de la ville ; l’aménagement des x sur des espaces verts non aménagés (ceinture
périmètres maraîchers s’y est greffé pour rendre verte)
utile l’eau traitée et mettre en exergue l’apport x en présence d’une source d’eau même usée et
de l’agriculture urbaine dans l’assainissement non traitée
des villes des pays en voie de développement. Il x en aval des stations d’épuration (STEP de
en est de même de tous ces sites du canal Kossodo)
central et d’ailleurs (petites superficie entre les x au sein de certaines infrastructures spécifiques
maisons) qui se mettent en place avec la (maison d’arrêt MACO, maison des femmes)
présence d’eau usée drainée et non épurée. x dans la périphérie de la ville (secteur 15, 17, 21,
x Des sites disparus à cause d’une pression 25, 26)
foncière : Il s’agit ici des sites de Samandin, de x sur des espaces disponibles dans les villages
Dapoya, de l’université… qui se sont déplacés périphériques (Kamboinsè, Doumtenga).
pour laisser place aux bâtiments à construire
x • Des sites apparus avec le projet de La pression socio-économique et le cadre réglementaire «
réhabilitation de la ceinture verte autour de la flou »
ville : Le paramètre le plus en vue ici est la
disponibilité de l’espace ; même sans ressource L’agriculture urbaine s’est fortement développée pendant
en eau à proximité, des parcelles y sont mises la dernière décennie malgré la contrainte imposée en 1996
en culture pendant la saison pluvieuse pour la par la réforme agraire et foncière qui interdit l’exploitation
production céréalière et d’autres situées de l’espace urbain à de fins de production agricole. Ce
proches de zones marécageuses ou de cours constat fait appel à deux hypothèses qui se trouvent
d’eau temporaires (Kilwin, Biba, Ouidtenga) se vérifiées d’après nos enquêtes et analyses à savoir :
consacrent au maraîchage.
x Des jardins maraîchers apparus entre les Les fonctions vitales de l’activité maraîchère en ville
maisons sur les espaces vides : Pour des besoins participent à son maintient et à son développement malgré
alimentaires, on voit s‘ériger de petites zones les contraintes auxquelles elle se trouve confrontée. Et dans
maraîchères qui apparaissent souvent en saison le cas de Ouagadougou, ces fonctions sont notamment
pluvieuse juste le temps de disposer de la l’enjeu alimentaire (le maraîchage approvisionne la ville à
ressource Eau pour une mise en culture plus de 90 % de sa consommation en fruits et légumes),
temporaire : cas des sites de Dassassgho (Jardin l’insertion des groupes sociaux (l’activité maraîchère est
du Musée National, près du centre de menée par des personnes provenant de l’exode rural et ne
Formation biblique) ou du centre AMCEB qu’on disposant pas d’autres qualifications pour mener une
peut caractériser de jardins familiaux souvent activité professionnelle), la participation à l’assainissement
plus destinés à la consommation familiale qu’à de la ville (la réutilisation des eaux usées de Kossodo, les
un écoulement dans un marché. composts effectués à partir des déchets et utilisés comme
engrais organique), la création d’espace vert (ceinture
Nous retenons donc que l’activité agricole se pratique verte)
spatialement :

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Figure 5. Dynamique des sites maraîchers de Boulmiougou.

Figure 6. Pression foncière sur les sites maraîchers autour du barrage N° 2.

Malgré sa non reconnaissance officielle et un cadre ne suffit pas d’un arrêté ou d’une décision réglementaire
législatif qui ne l’interdit pas clairement mais la contraint, le pour interdire l’activité maraîchère dans la ville de
décisionnel l’accepte dans l’espace urbain et la laisse Ouagadougou ; il s’agit d’une problématique plus
s’étendre tant bien que mal spatialement. Cette situation complexe qui y a toute sa place compte tenu des
prouve que les pouvoirs locaux sont conscients du fait qu’il problèmes qu’il résout (Smith et al., 2004)

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L’approche du décisionnel par moments à Ouagadougou A Ouagadougou, l'agriculture reconquiert l'espace urbain.
est même d’assurer un certain accompagnement aux Cette conquête n'est pas homogène car le maraîchage
producteurs en vue de l’obtention des rendements occupe les interstices là où des ressources en sol et eau
culturaux meilleurs. Mais l’épanouissement de l’agriculture permettent de développer des activités agricoles. Il
dans le paysage urbain de la capitale burkinabé devra s’installe partout même sur des bouts de terre contiguës
d’abord passer par sa reconnaissance officielle, son aux maisons du moment que l’eau souterraine (Puits,
institutionnalisation avec tout ce que cela pourrait entrainer forages) ou surfacique (pluie, plans d’eau) est disponible.
comme corollaires (affectation sécurisée des terres
agricoles, renforcement des capacités des agriculteurs, Tandis que le maraîchage se développe pour des fonctions
mises en place de filières agro-économiques, accès au d'autosubsistance ou d'approvisionnement des marchés
financement etc.). locaux (même avec des risques sanitaires liés à la
contamination des légumes arrosée par les eaux usées), les
Conscient de cette situation, le politique lui a accordé une quartiers plus aisés accueillent des productions
place dans le nouveau visage du Grand Ouaga issu du ornementales, destinées aux parcs et jardins résidentiels et
schéma directeur d’aménagement (AAPPUI et ACADE, les espaces disponibles sur la ceinture verte sont mis à
2009) élaboré en 1999 et révisé en 2009. Même si ce profit pour la production des céréales pendant la saison
schéma donne les grandes orientations sur les des pluies… autant d’activités qui nourrissent la tenue de
aménagements futurs à implanter, nous soulignons le fait l’agriculture urbaine à Ouagadougou et font sa prospérité
qu’à l’intérieur de la commune de Ouaga spécifiquement, bien controversée.
en dehors de la ceinture verte à réhabiliter, seule la
production horticole est prévue pour l’aménagement des Remerciements
bas-fonds autour des barrages situés au centre ville. Et
pourtant, la dynamique spatio-temporelle observée, ainsi Les auteurs remercient Adama Seye N’diaye, Drissa
que les nombreux espaces marécageux existant prouvent Ouédraogo, Hamadé Sawadogo de la promotion Ingénieur
bien que la disparition du maraîchage dans la ville de / Master 2007-2008 du 2IE (Institut International
Ouagadougou ne se fera de si tôt. Il convient donc de d’Ingénierie d’Eau et de l’Environnement) et Carine
repenser la filière et de l’intégrer dans les différentes Kemeking, Moussa Kontougomde, Ouamarou Traoré et
politiques d’aménagement concernant la ville … une Christian Wansi Hapi, de la promotion 2008-2009, pour leur
approche adoptée en ce moment par la mairie dans son participation aux travaux de terrain réalisés (levés au GPS
projet « Ceinture verte de Ouagadougou : écosystème de des sites, enquêtes terrain auprès des agriculteurs) dans le
vie et de production » qui place le maraichage au centre cadre de leur stage et qui a contribué aux traitements et
des implantations effectives à construire sur cet espace. résultats présentés dans cet article.

Conclusion Bibliographie :

L’agriculture urbaine dans la ville de Ouagadougou connaît AAPUI-ARCADE, 2009, Stratégie d’aménagement vol. II, In Schéma
Directeur d’Aménagement du Grand Ouaga horizon 2025 ;
d’énormes difficultés depuis celles liées à l’espace-
Direction Générale de l’Ubarnisme et des Travaux Fonciers : SP/
production, à celles plus externes telles que le rapport à la MHU ; Burkina
ville qui l’entoure et qui la menace (Kaboré, 2005). Malgré Assogba-Komlan, F, 2001, Valorisation des déchets organiques de la ville
ces contraintes et la tendance municipale d’exploiter pour la production de légumes dans les sols sableux du littoral :
cas du site maraîcher de l’ONEPI. In : Recherche Agricole pour le
l’espace urbain à de fins de production culturale, le
Développement. Actes de l’atelier scientifique. Niaouli, Bénin. 144-
maraîchage s’est fortement développé pendant la dernière 161.
décennie. Force est donc de reconnaître qu’au delà de la Bagré, A.S., M. Kientga, G. Cissé et M. Tanner, 2002, Processus de
production dans cette activité, se profile un enjeu reconnaissance et de légalisation de l’agriculture urbaine à
Ouagadougou : de la légitimation à la légalisation, 2002, Bioterre,
sécuritaire (alimentaire) et aussi sanitaire. Mais en
Numéro spécial, 2002 : 139-148
n’autorisant pas cette pratique de l’agriculture, la loi a, par Basch, C., 1987, « Focus group interviews : An underutilised research
ricochet, favorisé le développement du maraîchage (IAGU, technique for theory and practice in health education. », Health
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