C Agri 230032
C Agri 230032
C Agri 230032
2023, 32, 26
© L.-M. Raboin et al., Hosted by EDP Sciences 2023
https://doi.org/10.1051/cagri/2023019
Disponible en ligne :
www.cahiersagricultures.fr
Résumé – La diversification des cultures est un des leviers qui pourraient contribuer à stabiliser, voire
améliorer, les rendements dans les régions soudano-sahéliennes contraintes par des conditions climatiques
semi-arides et des sols très faiblement fertiles. Elle peut permettre aussi d’atténuer les risques liés aux
marchés. Cette diversification peut être mise en œuvre par la pratique des associations et des rotations ainsi
que par l’enrichissement de celles-ci avec de nouvelles espèces. Pendant trois années d’expérimentation,
nous avons comparé sept espèces, dont quatre légumineuses y compris le haricot mungo, cultivées seules ou
en association avec le sorgho. Le haricot mungo est apparu comme une espèce très bien adaptée aux
conditions semi-arides du Burkina Faso. Parmi les sept espèces testées, c’est celle qui a produit le plus de
grains, entre 0,8 et 1,8 t ha1 en culture pure et entre 0,35 et 0.9 t ha1 en association avec le sorgho. Nos
résultats confirment aussi le gain de rendement de la culture de sorgho associée avec les légumineuses par
rapport à la culture pure. Vingt-cinq producteurs du centre nord du Burkina Faso ont testé le haricot mungo
dans leurs parcelles et apprécié sa productivité et sa rusticité. Ils ont obtenu un rendement moyen de
0,7 t ha1. Toutefois, l’absence de marché, par comparaison au niébé, reste un frein à sa diffusion.
Mots clés : culture intercalaire / diversification / légumineuse / Vigna radiata / haricot mungo / Burkina Faso
Abstract – Mungbean, Vigna radiata (L.), an alternative to the sorghum-cowpea association for crop
diversification in Sudano-Sahelian conditions? Crop diversification is one of the levers that could help
stabilize or even improve yields in the Sudano-Sahelian regions, which are constrained by semi-arid climatic
conditions and very low soil fertility. It can also help mitigate market risks. This diversification can be
implemented through the practice of associations and rotations, as well as by enriching them with new crop
species. During three years of experimentation, we compared seven species, of which four legumes
including mungbean, grown in association with sorghum or in pure stand. Mungbean appeared to be a
species very well adapted to the semi-arid conditions of Burkina Faso. Of the seven species tested, it
produced the most grain on average, between 0.8 and 1.8 t ha1 in pure cultivation and between 0.35 and
0.9 t ha1 in association with sorghum. Our results also confirm the yield advantage of growing sorghum in
association with legumes over pure cultivation. Twenty-five producers in north-central Burkina Faso tested
mungbean in their plots and confirmed its productivity and hardiness. They obtained an average yield of
0.7 t ha1. However, the lack of a market compared to cowpea remains a barrier to its dissemination.
Keywords: intercropping / diversification / legumes / Vigna radiata / mungbean / Burkina Faso
This is an Open Access article distributed under the terms of the Creative Commons Attribution License CC-BY-NC (https://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0),
which permits unrestricted use, distribution, and reproduction in any medium, except for commercial purposes, provided the original work is properly cited.
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Fig. 1. Productrices et producteurs ayant participé à l’évaluation participative en 2020 face à une parcelle de haricot mungo.
Fig. 1. Producers involved in the participatory evaluation in 2020 facing a mungbean plot.
(Vigna radiata L. ; Fig. 1) qui commence à être diffusé au 2.1.4 Conduite culturale
Burkina Faso. Sauf pour l’éleusine, les variétés qui ont été
À Dondollé, le semis a été réalisé le 13 juillet 2019. À
utilisées dans l’essai sont des variétés homologuées et inscrites
Gonsé, il a été réalisé le 18 juillet en 2020 et les 17 juillet
au catalogue national des espèces et des variétés cultivées au
(répétitions 1 et 2) et 22 juillet (répétition 3) en 2021. Le sol
Burkina Faso ou en cours d’inscription pour la variété de pois
avait été préalablement labouré à l’aide d’un tracteur équipé
de terre. Ces semences ont été obtenues auprès de l’INERA.
d’une charrue à disque. Après la levée, un apport de NPK (14/
Les cultivars d’éleusine ont été choisis dans une collection de
18/18) a été réalisé à la dose de 75 kg ha1, localisé et enfoui à
lignées fournie par l’ICRISAT au Kenya (voir Annexe 2 en
côté des poquets de semis. Deux sarclages manuels ont été
matériel supplémentaire).
réalisés sur chaque essai (autour de 20 jours après semis et de
40 JAS), le deuxième étant suivi du buttage du sorgho. Le
2.1.3 Dispositif expérimental niébé a été traité avec des insecticides à deux reprises au stade
floraison : le Deltacal (deltaméthrine) et le Pacha (acétamipride
Le dispositif expérimental est un split plot avec 2 et lambda-cyhalothrine) en 2019 et avec le Cypercal
répétitions en 2019, puis 3 répétitions en 2020 et 2021. (cyperméthrine) en 2020 et 2021. En 2020, le mil n’a pas
Chaque répétition est divisée en 7 grandes parcelles été récolté à cause des pertes occasionnées par les oiseaux.
attribuées chacune au hasard à l’étude d’une espèce. Chaque
grande parcelle est ensuite divisée en 3 sous parcelles, 2
2.1.5 Mesures effectuées
pour les cultures en pur du sorgho et de l’espèce compagne,
et 1 cultivée en association alternant deux lignes de sorgho et Pour le sorgho, le rendement a été évalué sur des placettes
deux lignes (sésame, mil, niébé, haricot mungo) ou quatre définies en omettant les lignes de bordure ainsi que les
lignes (arachide, éleusine, pois de terre) de l’espèce premiers et derniers poquets de chaque ligne (Fig. 2). La
compagne (Fig. 2). Les densités de semis des différentes superficie du carré de rendement était de 42,24 m2 pour les
cultures sont présentées en matériel supplémentaire (voir parcelles d’association et 17,6 m2 pour les cultures pures. Les
Annexe 2). panicules récoltées ont été séchées au soleil pendant plusieurs
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Fig. 2. Représentation des parcelles élémentaires divisées en trois sous-parcelles (culture associée, culture pure du sorgho, culture pure de
l’espèce compagne) et des placettes pour les mesures de rendement. Le sorgho est figuré en vert, l’espèce compagne en jaune : (a) dispositif pour
le mil, le sésame, le niébé et le haricot mungo et (b) dispositif pour l’arachide, le pois de terre et l’éleusine.
Fig. 2. Representation of the elementary plots divided into three subplots (associated crop, pure sorghum crop, pure associated crop) and the
corresponding yield squares. The sorghum is shown in green, the associated crop in yellow: (a) layout for millet, sesame, cowpea and mungbean
and (b) layout for groundnut, Bambara nut and finger millet.
jours jusqu’à l’obtention d’un poids constant. Puis elles ont été évaluations à Gonsé. Un vote anonyme a été organisé pour
égrenées pour mesurer le poids de grains. Après la récolte des choisir entre les sept différents types d’association présentés,
panicules, la biomasse contenue à l’intérieur des placettes a été selon des modalités un peu différentes entre les deux années.
coupée et pesée. Un échantillon représentatif de la biomasse de En 2019, les producteurs avaient la possibilité de voter pour les
la parcelle a été constitué et pesé au champ, séché à l’étuve trois associations qu’ils préféraient (chacun disposait de trois
pendant 72 h à 65 °C, puis repesé pour calculer le taux de “bulletins” verts) et aussi pour les trois associations qu’ils
matière sèche et le rendement en biomasse sèche. Pour les rejetaient (trois bulletins “rouges”). En 2020, toutes les
autres espèces, les rendements en grain et en biomasse associations devaient être notées par les producteurs. Devant
résiduelle ont été estimés de la même manière. Le LER (Land chaque modalité d’association, ils déposaient soit un bulletin
Equivalent Ratio ; Willey et Osiru, 1972), permet d’évaluer vert s’ils l’appréciaient, soit un bulletin rouge s’ils la rejetaient,
l’efficacité de l’association, et correspond à la surface soit un bulletin blanc pour un avis neutre. Il n’y a pas eu
nécessaire en culture pure pour avoir la même production d’évaluation participative en 2021.
qu’un hectare en association. Le LER total de l’association et
les LER partiels de chaque composante de l’association ont pu 2.2.2 Expérimentation du haricot mungo chez les
être calculés puisque des parcelles de culture pure étaient producteurs et enquête sur les opportunités et contraintes
systématiquement adjointes aux parcelles en association : de la culture du haricot mungo par comparaison au niébé
LERtotal ¼ LERsorgho þLERespèce compagne; De 2019 à 2021, quelques producteurs volontaires
Rendement sorgho en association (7 femmes et 3 hommes) ont testé le haricot mungo chez
LERsorgho ¼ eux. Vingt essais ont été conduits dans deux villages du centre
Rendement sorgho en pur
nord : Yilou (commune de Guibare, province du Bam) et
et LEResp: compagne Tansin (commune de Korsimoro, province du Sanmatenga).
Chaque producteur cultivait une parcelle de sorgho associé au
Rendement esp: compagne en association haricot mungo en même temps que des parcelles pures de
¼ : sorgho et de haricot mungo. Les parcelles mesuraient 96 m2 et
Rendement esp: compagne en pur
le mode d’association était de 2 lignes de sorgho alternées avec
2 lignes de haricot mungo, comme sur les essais en plateforme.
En 2022, 25 producteurs (dont 8 femmes) de deux villages
2.2 Évaluation par les producteurs de l’AMSP (Tansin et Foulla) appartenant à la commune de Korsimoro ont
2.2.1 Évaluation participative sur la plateforme comparé chez eux le haricot mungo et le niébé. Chaque
producteur cultivait une parcelle pure de haricot mungo à côté
Les évaluations participatives se sont déroulées au stade de d’une autre parcelle pure de niébé. Tous ont utilisé les mêmes
maturité des légumineuses (Fig. 1). Elles avaient pour but de variétés : Komcallé pour le niébé et Beng Tigré pour le haricot
permettre aux producteurs innovateurs de Korsimoro, de mungo. Les semences leur ont été fournies par la recherche.
Boussouma, de Yilou (trois communes ou village du Centre- Les parcelles expérimentales avaient une taille de 100 m2 pour
Nord) et de Gonsé (village du Centre) d’apprécier les chaque culture. Les mesures des surfaces expérimentales et les
différentes associations mises en place dans l’essai. En pesées des grains récoltés ont été réalisées par des techniciens.
2019, 25 producteurs (15 hommes et 10 femmes) ont réalisé les En revanche les agriculteurs ont conduit les essais à leur
évaluations sur la plateforme de Dondollé. En 2020, 21 manière avec la seule consigne de mettre la même quantité
producteurs (15 hommes et 6 femmes) ont réalisé les d’engrais et/ou de fumier sur les deux cultures (consigne
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Tableau 1. Analyse combinée de la variance dans le dispositif en split plot comparant sept cultures en association avec le sorgho et en culture
pure sur trois années d’expérimentation.
Table 1. Combined analysis of variance in split plot design comparing seven crops in association with sorghum and in pure stand over three
years of experimentation.
respectée par 22 producteurs sur les 25). À l’issue de la 2.3.2 Essais chez les producteurs
campagne agricole, une enquête a été menée chez ces
Une analyse de la variance a été réalisée sur les essais
producteurs-expérimentateurs pour connaître leur appréciation
comparant le haricot mungo et le niébé chez 25 producteurs de
sur la culture du haricot mungo en comparaison avec celle du
deux villages différents. Les effets de la plante cultivée, du
niébé en général et pour différents critères (précocité,
village et l’interaction entre village et plante cultivée ont été
rendements en grain et fourrage, goût, facilité du travail,
testés. Un graphique en boîte à moustache a été réalisé pour
tolérance aux bio-agresseurs).
illustrer ces résultats.
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quels que soient le groupe (légumineuse ou non) et l’espèce. 3.2.2 Essais conduits par les producteurs
En moyenne sur les trois années, il y a des différences très
Dans les essais réalisés par les producteurs dans leurs
significatives de rendement en grain et en biomasse entre les
propres champs de 2019 à 2021, comparant le haricot mungo
légumineuses et les non-légumineuses et entre les espèces au
en culture pure et en association, le haricot mungo a produit en
sein de ces groupes (Tab. 1). Ces différences sont indépen-
moyenne 862 kg ha1 en pur et 469 kg ha1 en association,
dantes du mode de culture (pur ou associé) puisqu’il n’y a pas
tandis que le sorgho a produit en moyenne 1224 kg ha1 en pur
d’interaction (Tab. 1). En revanche, les différences entre
et 641 kg ha1 en association (sur l’ensemble des 20 tests). Il
groupes et entre espèces de chaque groupe sont variables d’une
existe une très grande variabilité entre les essais (CV>50 %).
année à l’autre, avec des interactions significatives (Tab. 1 et
Le LER total était de 1,07 comme sur les plateformes.
Fig. 4). Pour le rendement en grain, sur l’ensemble des trois
En 2022, chez 25 producteurs, la culture du haricot mungo
campagnes et des deux modes de culture, le haricot mungo a
a été comparée à celle du niébé, qu’ils connaissent bien. Là
produit en moyenne 852 kg ha1, l’arachide 669 kg ha1 et le
encore, les résultats ont été marqués par une très grande
niébé 628 kg ha1 (Fig. 4). Les autres cultures ont donné des
variabilité entre les producteurs (Fig. 6). La différence de
résultats moins bons. Les rendements en grain présentent une
rendement entre les parcelles de haricot mungo et celles de
grande variabilité en fonction des années, particulièrement
niébé n’est pas statistiquement significative (p = 0,132). Le
pour l’éleusine et le pois de terre. Pour le rendement en
haricot mungo a produit en moyenne 731 kg ha1 et le niébé a
biomasse sèche résiduelle mesuré après récolte, l’éleusine a
produit en moyenne 609 kg ha1. Les rendements ont été
produit 2276 kg ha1 en moyenne sur l’ensemble des trois
significativement meilleurs à Tansin qu’à Foulla (p = 0,035).
campagnes, l’arachide 1923 kg ha1, le mil 1605 kg ha1,
Le classement des cultures n’est pas modifié selon le village
le pois de terre 1486 kg ha1, le haricot mungo 1150 kg ha1,
(interaction non significative, p = 0,560).
le sésame 602 kg ha1 et le niébé, 357 kg ha1.
3.2.3 Enquête post-campagne chez les producteurs-
3.1.3 Bilan des associations en termes de LER.
expérimentateurs.
En moyenne sur les trois années, les différences de LER
Les producteurs ont majoritairement préféré le niébé au
partiels pour le sorgho et pour les plantes compagnes ne sont
haricot mungo (72 % ; Tab. 2). L’avantage du niébé est qu’il est
pas significatives entre les associations. Les LER partiels sont
bien connu pour sa production et sa consommation et qu’il
présentés en matériel supplémentaire (voir Annexe 5). Les
représente une source de revenu car il se vend bien sur le
résultats montrent que l’avantage de la culture en association
marché. Le haricot mungo est cependant plébiscité pour sa
par rapport à la culture pure a été globalement relativement
productivité, par 100 % des producteurs expérimentateurs. Il
faible dans les conditions de notre série d’essais (LER = 1,05).
est aussi apprécié pour son goût (56 % ont préféré le haricot
Les associations avec les légumineuses présentaient un LER
mungo au niébé). Les producteurs ont majoritairement
moyen de 1,11, contre 0,97 pour celles avec les non-
considéré le niébé comme plus précoce que le haricot mungo
légumineuses, traduisant l’effet positif sur le sorgho de
(76 % d’entre eux). Le haricot mungo est malgré tout aussi
l’association avec les légumineuses. Le LER partiel sorgho des
considéré comme précoce par la totalité des expérimentateurs.
associations avec légumineuses a été de 0,60 en moyenne alors
Le haricot mungo demande plus de travail pour la récolte (3,9
qu’il a été de 0,48 pour les associations avec les non-
passages en moyenne contre 2,3 pour le niébé) et est plus
légumineuses.
pénible à sarcler à cause du caractère irritant de ses feuilles
pubescentes. Par contre, les producteurs sont unanimes pour
3.2 Évaluation par les producteurs dire que le haricot mungo a moins de problèmes de maladies et
3.2.1 Évaluation participative des différentes associations d’attaques d’insectes que le niébé. Sept producteurs ont aussi
de culture sur les plateformes évoqué des chutes de fleurs chez le niébé à cause de l’excès de
pluviométrie en août.
En 2019, les avis des producteurs ont été tranchés. Ils ont
très majoritairement rejeté les systèmes de culture associée 4 Discussion
avec le haricot mungo et l’éleusine, notamment parce que ce
sont des cultures qu’ils ne connaissaient pas (Fig. 5). Pourtant
le haricot mungo s’était particulièrement bien comporté dans Dans ces différents essais et tests paysans, le haricot
mungo a démontré son potentiel comme culture bien adaptée
l’essai en 2019 (Fig. 4). Les autres systèmes proposés ont été
favorablement évalués sauf l’association avec le pois de terre aux conditions du centre-nord du Burkina Faso. Toutefois,
qui n’avait pas bien produit en 2019. aussi bien sur les plateformes expérimentales que chez les
producteurs, son association avec le sorgho est apparue moins
En 2020, les résultats ont été beaucoup plus nuancés. Sans
surprise, l’association avec le mil a été mal notée compte tenu favorable que l’association du sorgho et du niébé. Il existe
des attaques d’oiseaux, et l’association avec le pois de terre a vraisemblablement des possibilités d’optimisation de cette
association par l’ajustement des arrangements entre plantes.
de nouveau été mal notée. Les associations les plus appréciées
Quoiqu’il en soit, le haricot mungo représente une opportunité
ont été celle avec l’arachide suivie de celles avec le haricot
mungo et avec le sésame. Le haricot mungo a été beaucoup intéressante en culture pure pour diversifier les rotations. Il a
produit plus de grains que les autres légumineuses sur
mieux apprécié qu’en 2019.
l’ensemble des trois campagnes d’essais sur les plateformes. Il
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Fig. 3. Rendement grain du sorgho dans les parcelles cultivées en association en fonction de l’espèce utilisée dans l’association. La ligne
hachurée correspond à un LER partiel du sorgho = 0,5.
Fig. 3. Grain yield of sorghum in association plots as a function of the crop used in the association. The dashed line corresponds to a partial LER
for sorghum = 0.5.
Fig. 4. Comparaison du rendement grain moyen des différentes espèces compagnes sur les trois campagnes quel que soit le mode de culture
(*pour le mil, les données ne sont disponibles que sur deux campagnes).
Fig. 4. Comparison of average grain yield of the different species used over all three seasons regardless of the cropping method (*for millet, data
are only available for two seasons).
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Fig. 5. Évaluation participative des différents types d’associations par les producteurs de l’AMSP. En vert les appréciations favorables, en rouge
les rejets et en bleu (seulement en 2020) les appréciations intermédiaires.
Fig. 5. Participatory evaluation of the different types of associations by AMSP producers. Green indicates favorable appreciations, red indicates
rejection, and blue (only in 2020) indicates intermediate appreciations.
Fig. 6. Boîtes à moustaches comparant les rendements du haricot mungo (en vert) et du niébé (en orange) dans les 25 essais des producteurs des
villages de Tansin et de Foulla en 2022.
Fig. 6. Boxplot comparing mungbean (in green) and cowpea (in orange) yields in 25 producer trials of the villages of Tansin and Foulla en 2022.
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Tableau 2. Résultats de l’enquête comparant le niébé et le haricot mungo auprès des 25 producteurs qui ont réalisé des expérimentations en
2022.
Table 2. Results of the survey comparing cowpea and mungbean among the 25 producers who conducted experiments in 2022.
a été le plus productif deux campagnes sur trois. Il est à noter cela représente. Par ailleurs, des distributions de sachets de
que c’est en 2019, où l’essai a été conduit le plus au nord (à semences, des formations à sa transformation, des livres de
Dondollé, 80 km au nord de Ouagadougou) avec la pluviomé- recettes seront réalisés. De plus, il devrait être possible
trie cumulée la plus faible (613 mm), que les rendements ont d’élargir l’offre de variétés de haricot mungo disponibles pour
été les meilleurs comparativement aux autres cultures. De plus les producteurs, qui se limite pour le moment à la seule variété
le haricot mungo a donné de bons résultats, malgré leur grande « Beng Tigré » en référence au chef coutumier Larlé Naaba
variabilité, dans les essais des producteurs réalisés dans Tigré. Il existe une grande diversité de variétés de haricot
différents villages du centre nord entre 2019 et 2022. Le mungo dont le potentiel reste à explorer dans le contexte
haricot mungo est une culture adaptée aux conditions semi- soudano-sahélien. Il faudra aussi s’intéresser à la question de la
arides (Pataczek et al., 2018). Le haricot mungo pourrait être valorisation du haricot mungo comme fourrage, utilisation qui
plus performant et plus stable que les autres légumineuses dans ne fait pas consensus parmi les producteurs dont beaucoup
les conditions semi-arides de l’Afrique notamment car il est disent qu’il n’est pas appété en frais par les animaux. Il faudra
moins sensible à l’avortement des fleurs et des gousses, lié à étudier son potentiel fourrager après séchage. En Inde la paille
des stress biotiques et abiotiques (Avav et Ugese, 2009). de haricot mungo s’est avérée appétente à la fois pour les
Le haricot mungo commence à susciter un intérêt chez les moutons et les chèvres (Khatik et al., 2007).
producteurs ciblés comme l’illustre bien l’évolution favorable Dans les conditions de nos expérimentations, la culture en
et rapide de leur appréciation entre 2019, où ils ont découvert association a montré un avantage modeste par rapport à la
cette culture et 2020, lors des évaluations participatives culture pure, essentiellement en ce qui concerne les
réalisées sur les plateformes AMSP. Même si le niébé conserve associations avec les légumineuses. Deux méta-analyses sur
la préférence des producteurs d’après l’enquête de 2022, le les effets des associations céréales légumineuses indiquaient
haricot mungo est unanimement apprécié pour sa productivité un index de LER égal à 1,31 (Daryanto et al., 2020) et à 1,17
et sa rusticité. Il est aussi apprécié pour son goût. Le frein (Yu et al., 2016), pour toutes les associations céréales-
majeur à la diffusion du haricot mungo est l’absence d’un légumineuses confondues. En comparaison, dans notre
marché. Contrairement au niébé, il ne peut pas être vendu expérimentation, nous avons obtenu un LER de 1,11 pour
facilement pour le moment. Le succès de la diffusion du l’ensemble des quatre associations sorgho-légumineuses
haricot mungo, encore méconnu par les consommateurs, étudiées. Dans le cas spécifique de l’association sorgho-niébé,
nécessitera une participation accrue des producteurs et des une métanalyse de Namatsheve et al. (2020) indiquait un LER
transformatrices pour définir les critères, évaluer les effets moyen de 1,26 dans 79 expérimentations réalisées en Afrique
multidimensionnels de l’introduction du haricot mungo dans subsaharienne. Le LER de 1,33 obtenu dans notre expéri-
leurs exploitations et identifier les défis et les opportunités que mentation est donc proche. Les semis tardifs des différents
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essais (entre le 13 et le 22 juillet) ont pu limiter les effets de Bagayoko M, Buerkert A, Lung G, Bationo A, Römheld V. 2000.
complémentarité entre céréales et légumineuses. Le sorgho a Cereal/legume rotation effects on cereal growth in Sudano-
profité de l’association plus que la légumineuse, avec un LER Sahelian West Africa: soil mineral nitrogen, mycorrhizae and
partiel moyen respectif de 0,62 et de 0,49. Ce résultat est nematodes. Plant and Soil 218 (1): 103–116. https://doi.org/
conforme au cas général lorsque les deux composantes sont 10.1023/A:1014957605852.
semées simultanément (Yu et al., 2016). Bationo A, Kihara J, Vanlauwe B, Waswa B, Kimetu J. 2007. Soil
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African agro-ecosystems. Agricultural Systems 94(1): 13–25.
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Beillouin D, Ben-Ari T, Malézieux E, Seufert V, Makowski D. 2021.
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particulièrement en augmentant la proportion de légumineu- and ecosystem services. Global Change Biology 27(19): 4697–
ses. Les espèces de légumineuses sont à privilégier pour leur 4710. https://doi.org/10.1111/gcb.15747.
capacité à fixer l’azote atmosphérique et à fournir une Dabat MH, Lahmar R, Guissou R. 2012. La culture du niébé au
alimentation saine et un fourrage de bonne qualité, même si Burkina Faso : une voie d’adaptation de la petite agriculture à son
dans nos essais les avis des paysans sur l’utilisation fourragère environnement ? Autrepart 3: 95–114. https://doi.org/10.3917/
du haricot mungo sont mitigés. Nos résultats confirment autr.062.0095.
l’intérêt des associations avec les légumineuses. La sécurité Daryanto S., Fu B, Zhao W, Wang S, Jacinthe PA, Wang L. 2020.
alimentaire et la fertilité des sols pourraient être considéra- Ecosystem service provision of grain legume and cereal
blement améliorées par une plus grande utilisation des intercropping in Africa. Agricultural Systems 178: 102761.
légumineuses à grains (Foyer et al., 2016). Le haricot mungo, https://doi.org/10.1016/j.agsy.2019.102761.
bien adapté aux conditions semi-arides, pourrait contribuer à Douce S. 2018. Au Burkina Faso, les haricots magiques de sa majesté.
Le monde Afrique. Disponible sur : https://www.lemonde.fr/
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afrique/article/2018/10/22/au-burkina-faso-les-haricots-magiques-
sahéliennes de l’Afrique. Les producteurs ont confirmé ce
de-sa-majeste_5372788_3212.html.
potentiel dans leurs exploitations mais l’adoption du haricot Food and Agriculture Organization of the United Nations. 2022.
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les différents essais au cours des trois campagnes et leur s10681-011-0401-6.
modalité de semis. Khatik KL, Vaishnava CS, Gupta L. 2007. Nutritional evaluation of
Annexe 3. Sescription des modèles mixtes utilisées pour green gram (Vigna radiata L.) straw in sheep and goats. The Indian
analyser les essais. Journal of Small Ruminants 13(2): 196–198.
Annexe 4. Tableau des rendements moyens annuels en grains Kotir JH. 2011. Climate change and variability in Sub-Saharan
et en biomasse pour le sorgho et pour les sept plantes Africa: A review of current and future trends and impacts on
compagnes pour chacune des trois années d’expérimentation. agriculture and food security. Environment, Development and
Annexe 5. Tableau des LER partiels et totaux observés pour les Sustainability 13(3): 587–605. https://doi.org/10.1007/
sept cultures en association avec le sorgho en moyenne sur les s10668-010-9278-0.
trois années d’expérimentation. Mason SC, Ouattara K, Taonda SJB, Palé S, Sohoro A, Kaboré D.
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Le matériel supplémentaire est disponible sur https://www. as related to the potential for conservation agriculture. Inter-
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https://doi.org/10.1080/14735903.2014.945319.
Remerciements. Nous remercions la fondation McKnight pour Nair RM, Thavarajah D, Thavarajah P, Giri RR, Ledesma D, Yang RY,
le financement du projet « 3F: Feeding the soil and Feeding the et al. 2015. Mineral and phenolic concentrations of mungbean
cow to Feed the people » qui a permis de conduire les travaux [Vigna radiata (L.) R. Wilczek var. radiata] grown in semi-arid
présentés dans cet article. Nous remercions aussi David tropical India. Journal of Food Composition and Analysis 39: 23–
Boundaogo et Benoit Sawadogo pour leur investissement dans 32. https://doi.org/10.1016/j.jfca.2014.10.009.
la mise en place et le suivi des essais. Namatsheve T. Cardinael R, Corbeels M, Chikowo R. 2020.
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Références Sustainable Development 40(4): 1–12. https://doi.org/10.1007/
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Citation de l’article : Raboin L-M, Batieno BJ, Gozé E, Douzet J-M, Poda L, Koala WA, Agbevohia KA, Hassami D, Kabore M, Adam M,
Dusserre J, Kabore R. 2023. Le haricot mungo, Vigna radiata (L.), une alternative à l’association sorgho-niébé pour la diversification des
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