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BACCALAURÉAT GÉNÉRAL

SESSION 2024

FRANÇAIS

ÉPREUVE ANTICIPÉE

Durée de l’épreuve : 4 heures

Coefficient : 5

L’usage de la calculatrice et du dictionnaire n’est pas autorisé.

Dès que ce sujet vous est remis, assurez-vous qu’il est complet.

Ce sujet comporte 4 pages, numérotées de 1/4 à 4/4.

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Vous traiterez, au choix, le commentaire ou l’un des sujets de dissertation :
1- Commentaire (20 points)
Objet d’étude : Le théâtre du XVIIe siècle au XXIe siècle

Alfred de Musset, Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée (1845)

Le Comte et la Marquise se connaissent bien. Il est venu lui rendre visite, alors qu'elle
attend des amis. Il a quelque chose à lui dire...

LE COMTE.
Vous riez de tout ; mais, sincèrement, serait-il possible que depuis un an,
vous voyant presque tous les jours, faite comme vous êtes, avec votre esprit,
votre grâce et votre beauté…
LA MARQUISE.
Mais, mon Dieu ! c’est bien pis qu’une phrase, c’est une déclaration que vous
5 me fabriquez là. Avertissez au moins : est-ce une déclaration ou un
compliment de bonne année ?
LE COMTE.
Et si c’était une déclaration ?
LA MARQUISE.
Oh ! c’est que je n’en veux pas ce matin. Je vous ai dit que j’allais au bal, je
suis exposée à en entendre ce soir ; ma santé ne me permet pas ces choses-
10 là deux fois par jour.
LE COMTE.
En vérité, vous êtes décourageante, et je me réjouirai de bon cœur quand
vous y serez prise à votre tour.
LA MARQUISE.
Moi aussi, je m’en réjouirai. Je vous jure qu’il y a des instants où je donnerais
de grosses sommes pour avoir seulement un petit chagrin. Tenez, j’étais
15 comme cela pendant qu’on me coiffait, pas plus tard que tout à l’heure. Je
poussais des soupirs à me fendre l’âme de désespoir de ne penser à rien.
LE COMTE.
Raillez1, raillez, vous y viendrez.
LA MARQUISE.
C’est bien possible ; nous sommes tous mortels. Si je suis raisonnable, à qui
la faute ? Je vous assure que je ne me défends pas.
LE COMTE.
20 Vous ne voulez pas qu’on vous fasse la cour.
LA MARQUISE.
Non. Je suis très bonne personne ; mais, quant à cela, c’est par trop bête.
Dites-moi un peu, vous qui avez le sens commun, qu’est-ce que signifie cette
chose-là : faire la cour à une femme ?
—————————
1. railler : ne pas parler sérieusement, plaisanter, se moquer.

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LE COMTE.
Cela signifie que cette femme vous plaît, et qu’on est bien aise de le lui dire.
LA MARQUISE.
25 À la bonne heure ; mais cette femme, cela lui plaît-il, à elle, de vous plaire ?
Vous me trouvez jolie, je suppose, et cela vous amuse de m’en faire part. Eh
bien, après ? Qu’est-ce que cela prouve ? Est-ce une raison pour que je vous
aime ? J’imagine que, si quelqu’un me plaît, ce n’est pas parce que je suis
jolie. Qu’y gagne-t-il, à ces compliments ? La belle manière de se faire aimer
30 que de venir se planter devant une femme avec un lorgnon, de la regarder
des pieds à la tête, comme une poupée dans un étalage, et de lui dire bien
agréablement : Madame, je vous trouve charmante ! Joignez à cela quelques
phrases bien fades, un tour de valse et un cornet de bonbons, voilà pourtant
ce qu’on appelle faire sa cour. Fi donc ! comment un homme d’esprit peut-il
35 prendre goût à ces niaiseries-là ? Cela me met en colère quand j’y pense.
LE COMTE.
Il n’y a pourtant pas de quoi se fâcher.
LA MARQUISE.
Ma foi, si. Il faut supposer à une femme une tête bien vide et un grand fonds
de sottise, pour se figurer qu’on la charme avec de pareils ingrédients.
Croyez-vous que ce soit bien divertissant de passer sa vie au milieu d’un
40 déluge de fadaises1, et d’avoir du matin au soir les oreilles pleines de
balivernes2 ? Il me semble, en vérité, que, si j’étais homme et si je voyais une
jolie femme, je me dirais : Voilà une pauvre créature qui doit être bien
assommée de compliments ; je l’épargnerais, j’aurais pitié d’elle, et, si je
voulais essayer de lui plaire, je lui ferais l’honneur de lui parler d’autre chose
45 que de son malheureux visage. Mais non, toujours : « vous êtes jolie, » et
puis « vous êtes jolie, » et encore jolie. Eh ! mon Dieu, on le sait bien. Voulez-
vous que je vous dise ? vous autres hommes à la mode, vous êtes des
confiseurs et des perruquiers.
LE COMTE.
Eh bien ! madame, vous êtes charmante, prenez-le comme vous voudrez.
(On entend la sonnette.)
50 On sonne de nouveau, adieu, je me sauve.
(Il se lève et ouvre la porte.)

—————————
1. fadaises : propos plat, sot ou insignifiant.
2. balivernes : propos sans vérité ; plaisanterie légère.

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2- Dissertation (20 points)

Objet d’étude : La poésie du XIXe siècle au XXIe siècle

Le candidat traite au choix, compte tenu de l’œuvre et du parcours associé étudiés


durant l’année, l’un des trois sujets suivants :

A. Œuvre : Arthur Rimbaud, Cahier de Douai


Parcours : Émancipations créatrices

Un critique écrit à propos d’Arthur Rimbaud : « Son désir ? Tout réinventer,


tout vivre, tout redire. Tout abattre d’abord. » Dans quelle mesure cette citation
éclaire-t-elle votre lecture du Cahier de Douai ?

Vous répondrez à cette question dans un développement organisé. Votre


réflexion prendra appui sur l’œuvre d’Arthur Rimbaud au programme, sur le travail
mené dans le cadre du parcours associé et sur votre culture personnelle.

B. Œuvre : Francis Ponge, La rage de l’expression


Parcours : Dans l’atelier du poète

Un critique affirme : « Chaque fois recommencée, sans aboutissement


possible, l’œuvre s’explore, progresse péniblement, cherche sa propre fluidité, son
bon écoulement ». En quoi cette réflexion vous paraît-elle pouvoir éclairer le travail
à l’œuvre dans La rage de l’expression ?

Vous répondrez à cette question dans un développement organisé. Votre


réflexion prendra appui sur l’œuvre de Francis Ponge au programme, sur le travail
mené dans le cadre du parcours associé et sur votre culture personnelle.

C. Œuvre : Hélène Dorion, Mes forêts


Parcours : La poésie, la nature, l’intime

Dans Mes forêts, la nature n'est-elle qu'une métaphore de l'intériorité ?

Vous répondrez à cette question dans un développement organisé. Votre


réflexion prendra appui sur l’œuvre d’Hélène Dorion au programme, sur le travail
mené dans le cadre du parcours associé et sur votre culture personnelle.

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