LL10 Pacte Peau de Chagrin
LL10 Pacte Peau de Chagrin
LL10 Pacte Peau de Chagrin
Introduction:
⇒ La Peau de Chagrin, publié par Honoré de Balzac en 1831 fait partie de la fresque
La Comédie humaine. Ce roman réaliste, écrit par un auteur romantique, met en
scène un objet fantastique dont la portée se veut philosophique. La dimension
fantastique est la plus saillante dans cette œuvre. Selon le théoricien de la
littérature Tzvetan Todorov, il s’agit de l’irruption soudaine du surnaturel dans le
quotidien. Le fantastique repose sur l’objet central du roman : la peau de chagrin, un
objet mystérieux qui détient le pouvoir d’exaucer les souhaits de son détenteur, mais
qui se réduit inéluctablement à chaque réalisation et réduit avec elle en même
temps, l’espérance de vie de son propriétaire.
Plan :
1/ La leçon de philosophie de l’antiquaire : Le choix de l’économie d’énergie
2/Le choix de Raphaël : le symptôme d’une société déréglée
3/ Le désir de Raphaël : la peinture d’une société matérialiste et corrompue.
Mouvement 1 :
⇒ L’énumération qui suit « Là sont vos idées sociales, vos désirs excessifs, vos
intempérances, vos joies qui tuent, vos douleurs qui font trop vivre » est une
condamnation des comportements excessifs, coûteux en énergie. C’est aussi une
façon de souligner le paradoxe de la Peau : elle permet de vivre intensément mais
apporte aussi la mort. Cela se traduit par les antithèses « joies qui tuent/ douleurs
qui font trop vivre ». Les déterminants possessifs « vos » montre que l’antiquaire se
désolidarise de ce mode de vie coûteux, qui est celui de ses contemporains . Il a
choisi une autre voie.
Mouvement 2 :
⇒ « Eh, bien, oui, je veux vivre avec excès, dit l’inconnu » l’interjection et l’adverbe
d’affirmation montrent que malgré la mise en garde Raphaël exprime vivement son
désir de vivre dans l’excès, il choisit de dépenser son énergie vitale rapidement en
vivant intensément. Il n’est pas encore nommé à ce moment du roman, le lecteur est
encore face à un « inconnu » qui se dévoilera progressivement pour gagner en
épaisseur psychologique dans la deuxième partie.
⇒ Dans la phrase suivante, « J’avais résolu ma vie par l’étude et par la pensée; mais
elles ne m’ont même pas nourri » l’emploi du plus que parfait, du passé composé
met en exergue ce à quoi l’inconnu veut tourner le dos. Il a déjà utilisé beaucoup
d’énergie pour essayer de créer une œuvre, de vivre « par l’étude et par la pensée »
Le verbe « nourrir » renvoie aux réalités corporelles: il a vécu dans la misère, son
entreprise n’a été qu’un échec. L’opposition est marquée par la conjonction de
coordination « mais » et la négation lexicale « impossible » (préfixe négatif) : il
choisit une autre vie tournée vers le matérialisme.
Mouvement 3 :
⇒ La possession de la Peau semble provoquer l’agitation et l’exaltation du
personnage. Les exclamations, l’interjection « voyons! », la répétition du verbe
« vouloir », de l’expression du souhait par la conjonction « que » reprise quatre fois,
le geste « en serrant le talisman d’une main convulsive » sont des marques de son
excitation.
⇒ La débauche est mise en scène dans une allégorie: « que la Débauche en délire et
rugissant nous emporte dans son char à quatre chevaux.. ». Enfin les antithèses
soulignent l’absurdité de ces désirs « que les âmes montent dans les cieux ou
plongent dans la boue » Le personnage mêle sans distinction plaisir terrestre et
spirituel, sans préoccupation morale, sans principes, sans valeurs.
Le dîner désiré est à l’image du siècle: il en reflète la corruption, la jeune génération
représentée par les convives a perdu ses valeurs. La spiritualité est réduite à des
traits d’esprit, la royauté au luxe, la bacchanale (autrefois fête religieuse) à l’ivresse.
Ces désirs n’ont pas de sens mais manifestent l’euphorie du personnage emporté
dans la griserie du plaisir immédiat, intense, brûlant l’énergie sans mesure.