Inso 202 0107
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© Caisse nationale d'allocations familiales | Téléchargé le 10/04/2024 sur www.cairn.info (IP: 41.85.163.118)
Il ne s’agit pas ici d’un rapport classique de recherche ou d’étude mais plutôt d’une note
de synthèse reprenant les principales conclusions et idées des nombreux ateliers organisés
dans le réseau de la fédération des Acteurs de la Solidarité (plus connue sous le sigle Fnars
jusqu’en 2016). Une large partie de la note rappelle et analyse les dysfonctionnements et
les difficultés subies par tous, professionnels et personnes en situation de précarité. La note
montre aussi que le confinement a été une opportunité pour repenser l’accompagnement
des familles, le travail à la rue, le travail à distance dans un monde professionnel qui n’en
avait jusqu’alors quasiment pas l’usage. Amorce d’un potentiel renouvellement, pour les
participants à ces ateliers, la mobilisation des équipes dans des modes plus partenariaux,
plus mobiles, plus connectés et plus polyvalents laisse entrevoir ce que pourrait devenir
l’intervention sociale à condition qu’on lui en donne les moyens. Les treize pages de cette
note sont un point de départ prometteur. Les nombreuses rubriques « pour aller plus loin »
renvoient par des liens hypertextes à des sites spécifiques dont, sur YouTube, à un atelier
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passionnant sur le travail de rue (https://www.youtube.com/watch?v=wivYLTe5AXU&t=5s).
Enseigner confiné
Confinement et continuité pédagogique
Sylvain Genevois, Gaëlle Lefer, Nathalie Wallian
Questionnaire et rapport préliminaire d’enquête, Laboratoire Icare EA 7389, Université de
la Réunion, septembre 2020, 32 p. (https://hal.univ-reunion.fr/ICARE/hal-02934483v1)
De nombreux groupes professionnels, dans le cadre d’études et de recherche et des
étudiants en travail social pour la préparation de mémoires professionnels, s’intéressent
à ce moment si exceptionnel qu’a été le premier confinement. Les angles d’approches
peuvent être très différents portant sur le vécu individuel ou collectif de cette période, sur
les modalités d’organisation de la vie familiale ou professionnelle et sur les impacts sociaux,
psychologiques et économiques de ce repli forcé. Le laboratoire Icare de l’université de la
Réunion diffuse les premières informations sur une enquête auprès de 4285 enseignants
du premier et du second degré de France métropolitaine et d’outre-mer. L’objectif était
d’appréhender le vécu d’enseignants en période de confinement et la manière dont avait
été adapté l’enseignement à distance pour assurer la « continuité pédagogique ». Le
questionnaire a été diffusé sur Internet du 7 avril au 11 mai 2020. Ce premier rapport
présente les tris à plat des réponses aux 26 questions réparties en 4 parties : vécu du
confinement ; usages professionnels du numérique ; continuité pédagogique ; informations
et contexte. En attendant le rapport final, le questionnaire à lui seul pourrait servir de base
à d’autres investigations dans le secteur social.
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familles ouvrières un surplus alimentaire, tout en fournissant aux hommes un loisir
dans une activité valorisant le lien avec la terre. Les temps ont changé et les jardins
ouvriers ont prospéré en devenant des jardins familiaux, des jardins partagés et même
des jardins d’insertion sur le modèle des jardins de Cocagne. Leur activité s’inscrit
toujours dans le rythme des saisons. Le partage du travail associe hommes et femmes,
à la différence des premiers jardins ouvriers qui furent essentiellement l’affaire des
hommes. Ces jardiniers bretons pratiquent une culture bio pour éviter les dépenses
phytosanitaires et pour assurer une alimentation diversifiée avec le souci de préserver
une bonne santé. Si la dimension économique est devenue moins prégnante, l’auteure
de cette thèse montre l’importance pour ces hommes et ces femmes de faire vivre
des lieux de partage de savoirs, de transmission intergénérationnelle, d’échanges de
produits et de préservation de la diversité biologique. Le jardinage collectif devient ici
une agriculture productive et douce qui préserve et réensemence de la nature et du
lien dans l’univers urbain. Sur ce thème on peut aussi lire le passionnant numéro de In
situ. Revue des patrimoines (2018, n° 37) intitulé « Jardins collectifs : de l’abbé Lemire
aux jardins d’insertion. Typologies - Expériences – Enjeux de conservation ».
rapport est non seulement accessible en totalité sur le site de l’Igas, mais il est surtout conçu
pour le Net avec un graphisme et des liens hypertextes qui facilitent l’accès à des parties
et à des références. L’Igas n’est pas un organisme de recherche et il ne faut pas s’attendre
à trouver des problématiques et des hypothèses auxquelles les auteurs appliqueraient
des procédures et des méthodes aboutissant à une démonstration. En revanche, dans ses
meilleurs travaux de synthèse, l’Igas excelle dans la mise à plat des politiques publiques
à caractère social. C’est le cas avec ce rapport sur l’accès à l’emploi des personnes en
situation de handicap qui montre les décalages entre l’existant réel et des politiques dont
les conceptions et les fondements remontent à plus d’un siècle. Répondant au cas par cas,
dans une logique purement catégorielle aux situations de handicap au travail, les politiques
actuelles n’incitent pas à investir dans la prévention, l’aménagement des locaux et, plus
globalement, dans l’organisation du travail. L’existence même d’un statut de travailleur
handicapé pensé comme une source bénéfique de discrimination positive se révèle de
plus en plus contreproductif et stigmatisant. Au-delà des recommandations usuelles et déjà
bien connues, l’Igas propose trois scénarios d’évolution : aménager à la marge le statu quo
présent, changer de paradigme en basculant vers un modèle inclusif, ou se recentrer sur
le noyau dur constitué des personnes les plus handicapées, ce qui permettrait d’éviter les
perversités du système actuel dont les effets d’aubaine sont fréquents.
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Covid-19, une crise inégalitaire
Les inégalités sociales face à l’épidémie de Covid-19. État des lieux et perspectives
Claire-Lise Dubost, Catherine Pollak et Sylvie Rey (coordonnatrices)
Les Dossiers de la Drees, direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation
et des Statistiques, n° 62, juillet 2020 (www.drees.solidarites-sante.gouv.fr)
Dès la mi-mars 2020, au tout début du premier confinement, la direction de la Recherche,
des Études, de l’Évaluation et des Statistiques (Drees) du ministère des Solidarités et de la
Santé organisait une veille documentaire sur les conséquences, constatées ou prévisibles,
de la crise sanitaire. Une première synthèse des travaux, publiée en juillet 2020, montre,
face à la Covid-19, l’importance des déterminants sociaux. Les hospitaliers avaient indiqué
le rôle néfaste de l’avancée en âge sur les taux de létalité, les chercheurs mobilisés par
la Drees insistent sur les inégalités de genre, lorsque les femmes, souvent en première
ligne du fait de leur implication forte dans les métiers de soins, se retrouvent surexposées.
Apparaissent aussi des inégalités liées aux territoires, ruraux lorsque l’accès aux soins
devient plus difficile, ou dans les quartiers défavorisés pour les populations concernées
par la mauvaise qualité des logements, le surpeuplement, et l’obligation de continuer à
travailler et à utiliser des transports en communs. Le lien fort entre la gravité de l’affection
et l’existence de comorbidités (obésité, diabète,) très affectées par les positions sociales
renforce ces inégalités.
Dans le cas de la Covid-19, les inégalités de santé se doublent d’un renforcement des
inégalités par l’existence même du confinement. Qu’il s’agisse des retards apportés dans
la prise en charge des soins hors Covid-19, de la forte précarité qui frappe des populations
laissées sans ressources, de l’augmentation des phénomènes de dépression et de violences
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peut être aussi conduit à traiter des situations d’urgence et à établir des liens immédiats
avec des services du type police pompiers Samu. Le service d’écoute fonctionne jour
et nuit, 7 jours sur 7. Si le nombre d’appels traités reste constant depuis plusieurs
années, le Snated fait état d’une augmentation régulière des appels donnant lieu à une
information préoccupante (IP). Les appelants sont majoritairement des membres de la
famille proche (parents, grands-parents membres de la fratrie). Le tiers des enfants en
danger vit dans des familles dites traditionnelles et les auteurs présumés des mises en
danger sont majoritairement issus du cercle familial.
Transfuge de soi-même
Small town boys : homosexualité et ruralité
Virginie Le Corre
Thèse pour l’obtention du grade de docteur de l’Université de Strasbourg, mention
sociologie, École doctorale Sciences humaines et sociales – Perspectives européennes,
2019, 231 p. (http://www.theses.fr/2019STRAG036)
Ils s’appellent Bastien, Fred, Kerem, Marc, Pierre et Mathieu. Ils ont entre 20 et 47 ans.
La plupart ont vécu tout ou partie de leur enfance et de leur adolescence dans un
petit village rural d’Alsace. Ils sont homosexuels, fait stigmatisé en alsacien par le
terme argot « arschficker ». Au moment où Virginie Le Corre réalise avec eux de très
longs entretiens, dont le compte rendu sert de support à cette thèse, ces hommes sont
installés dans leur vie, professionnelle et affective. À la différence d’autres travaux,
l’auteure ne s’intéresse pas à l’insertion dans les vies d’adulte, ni au moment d’un
« coming-out », elle regarde avec attention cette longue période antérieure pendant
laquelle s’élabore l’identité de soi qui rend possible cette affirmation aux autres. Cette
phase d’élaboration, qui peut commencer très tôt, dès les premières années d’école,
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ans-lase)
En octobre 2018, la présentation de la Stratégie nationale de prévention et de lutte contre la
pauvreté avait mis l’accent sur l’insertion des jeunes de l’aide sociale à l’enfance, précisant
que toute sortie « sèche » de la protection de l’enfance à 18 ans devait désormais être
impossible. L’étude sur les contrats de jeunes majeurs qui recouvrent des aides financières,
des accompagnements sociaux et des hébergements provisoires, réalisée par Asdo études à
la demande de la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS) montre que l’atteinte
de cet objectif reste une perspective éloignée. Le rapport s’appuie sur les monographies de
quatre départements, des études de cas auprès de jeunes ainsi que sur une investigation
quantitative dans les départements. Cette politique reste peu développée : seulement un peu
plus du tiers des jeunes potentiellement concernés (36 %) font l’objet d’une aide après leur
18e anniversaire. D’un département à l’autre, les stratégies diffèrent sans corrélation avec
les caractéristiques économiques ou sociodémographiques des départements traduisant des
conceptions très différentes. Plus inquiétant, il apparaît que la préparation à l’autonomie
est inégalement travaillée, la poursuite d’un accompagnement semblerait ne pas être un
droit mais « se mériter ». Alors que la loi de 2016 prévoit la signature d’un protocole de
coordination entre les différents partenaires départementaux, ce dispositif n’a été mis en
place que dans un département sur 10. Cette étude peut être rapprochée du rapport de la
Cour des Comptes La protection de l’enfance, une politique inadaptée au temps de l’enfant
(2020). Plus de dix ans après un précédent rapport qui formulait 27 recommandations,
l’institution de la rue Cambon constate que la majeure partie d’entre elles restent d’actualité
en 2020. La faiblesse de la gouvernance, le pilotage défaillant, l’enchevêtrement des acteurs
et des missions, des moyens limités génèrent des iniquités territoriales et surtout des délais
dans la prise en charge des enfants sans vision à long terme de l’avenir de ces enfants.
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les filles. Dans une thèse, assez courte, et toujours passionnante, Nayé Dominique
Vroh-Iritie réinterroge la façon dont la chaîne pénale, dans toute sa continuité, du
policier qui interpelle à l’éducateur qui assure un suivi en passant par le juge des
enfants et le substitut du procureur de la République, reconstruit la délinquance des
filles. Relisant les travaux des criminologues du XIXe siècle, parcourant l’histoire des
formes plus anciennes du contrôle de la déviance des garçons et des filles, analysant
les représentations des professionnels de l’ensemble de cette chaîne, l’auteure de ce
travail montre qu’à tous les niveaux de l’intervention sociale joue une même trame de
représentations sociales. Celle-ci conduit à protéger la fille pour sa supposée fragilité
et à encadrer et surtout recadrer le garçon pour le danger qu’il représente.