NRP 019 0165
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Les
enseignements d’une recherche internationale
Martine Lani-Bayle
Dans Nouvelle revue de psychosociologie 2015/1 (n° 19), pages 165 à 179
Éditions Érès
ISSN 1951-9532
ISBN 9782749247465
DOI 10.3917/nrp.019.0165
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Martine Lani-Bayle
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« Deux impératifs se posent à la sociologie du présent. Le premier est
d’interroger un événement imprévu, de voir ce qu’il révèle, modifie, innove.
Le second consiste à se vouer à la connaissance d’une réalité concrète. »
Edgar Morin, 2008, p. 161
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– un événement personnel, c’est… ; un événement global, c’est… ;
– un événement personnel/un événement global dans ma vie pendant
l’enfance… ; pendant mon adolescence… ; depuis que je suis adulte…
– un événement pour moi cette année… ; l’an passé…
L’originalité de ce questionnement provient de la distinction entre
événement dit « personnel » et événement « global ». Acceptant cette
proposition, nous avons conservé les termes de cette catégorisation, à
la fois pour maintenir une certaine cohérence entre les données récoltées
dans les différents lieux et en raison de son ambiguïté : elle obligeait à
se questionner sur le sens à donner à ces expressions, évidentes pour
certains, incompréhensibles pour d’autres. D’où l’intérêt de proposer en
préalable à chaque personne interviewée de donner ses propres défini-
tions, afin de mettre en rapport le registre évoqué et les associations
faites.
Pour autant, cette entrée en forme de phrases à compléter, tout en
nous intéressant, nous a vite semblé insuffisante. Aussi, outre l’extension
vers d’autres pays en lien avec nos opportunités de recherche, avons-
nous proposé des explorations complémentaires, dont Olga Czerniawska
a accepté le principe : ne pas se limiter aux questionnaires mais réaliser
des entretiens ; intégrer, dans l’étude :
– Un effet génération : la « mondialisation » et la médiatisation géné-
ralisée modifient-elles la façon de recevoir et d’être touché par ce qui
survient plus ou moins loin de nous ?
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ont été intéressés par un tel projet. Pour chacun, ce sont des résidents
locaux qui ont effectué le recueil puis le travail de lecture des données,
collègues ou étudiants (parfois plusieurs par pays) connaissant suffisam-
ment le français, langue fédératrice de nos travaux, pour traduire les
entretiens et nous en rendre compte, ainsi que la culture et l’histoire du
pays concerné pour contextualiser les données recueillies.
Nous n’avons évidemment pu poser aucune contrainte d’exhausti-
vité, de représentativité ni même de saturation du modèle : vu le nombre
de pays en jeu, un tel objectif aurait été illusoire, la recherche ayant suivi
les opportunités qui se présentaient. Par contre, le nombre important
de questionnaires et d’entretiens recueillis – tous ne sont pas présents
dans le tableau ci-dessous qui montre que les modalités de recueil ont
été différentes selon les pays – nous a permis de dégager une quantité
très importante d’informations, dont beaucoup pourraient encore être
exploitées.
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Corée-du-Sud Q 4 7 - Q : 11
E - 3 - E:3
Inde Q 28 25 7 Q : 60
TOTAUX Q 530 171 140 Q : 841
E 39 36 39 E : 114
Q : nombre de questionnaires recueillis
E : nombre d’entretiens réalisés et transcrits (Lani-Bayle et Mallet, 2010,
p. 180)
Résultats généraux
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« [Un événement personnel ?] : quelque chose qui peut paraître anodin
mais qui a du sens pour moi 1 par rapport à mon histoire » (Lani-Bayle et
Mallet, 2006, t. 1, p. 34) ; « [Un événement global ?] : un événement qui
ne touche pas uniquement moi ; [qui] ne nous concerne pas forcément »
(ibid., p. 36).
– Aux États-Unis, la notion de « personnel » a tendance à englober
la famille (événements familiaux) et les amis (fêtes, anniversaires) ; le
global est souvent associé au terrorisme (Lani-Bayle et Mallet, 2006,
t. 2, p. 217-234). Cela se rapproche des résultats obtenus au Brésil où
le registre personnel s’associe aussi à la famille, toujours très importante.
Il est « ce qui marque notre vie » (ibid., p. 201). Le global renvoie plutôt
au collectif et au macrosocial, il est « ce qui marque une époque ou une
génération » (ibid.). À ce niveau, les évocations les plus fréquentes enten-
dues au Brésil tournent autour des grands spectacles (Coupes du monde
de foot) et de la mort de personnes médiatisées (Ayrton Senna).
– Les Australiens, pour qui le sport revêt également une importance
majeure, semblent rivés à eux-mêmes pour le personnel, mais la famille se
rapproche des amis vers le cadre global (ibid., p. 303-318).
Il est ainsi possible de repérer des contrastes, parmi les diversités rele-
vées auprès des personnes de ces cultures, montrant que les frontières de
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ments cités dans cette unique catégorie tourna autour des performances
scolaires et de la réussite des apprentissages en vue de l’indispensable
concours public, le gosi (ibid., p. 134).
– Au Japon, après avoir inversé nos représentations et relié, compte
tenu des premiers résultats obtenus, le « personnel » à la tradition et la vie
communautaire (Lani-Bayle et Mallet, 2006, t. 1, p. 65) et le « global » à
ce qui menace la vie personnelle – les guerres, les tremblements de terre,
le 11 septembre 2001, la mort de l’Empereur… (ibid., p. 67) –, Makoto
Suemoto a proposé de sortir de la dichotomie entre ces deux catégories.
En effet, leur différenciation lui est apparue trop fragile pour la maintenir,
eu égard aux personnes qu’il a entendues : « Il serait donc nécessaire de
ne pas dissocier les deux pôles, mais de les étudier en les rattachant par
le sens commun qui existe entre “événement personnel” et “événement
global” » (ibid., p. 123). C’est davantage leur valence, positive ou néga-
tive, qui différencie selon lui les événements.
– En Inde aussi il a été difficile, pour Malini Ranganathan, de trouver
des équivalents sémantiques aux notions étudiées. Elle a proposé « samb-
havam » pour événement, dont la signification se situe entre devoir,
dharma, et destin, karma (Lani-Bayle et Mallet, 2006, t. 2, p. 157).
Le personnel est tourné vers le sujet intérieur, quand il est positif il est
rappelé spontanément ; le global est tourné vers l’extérieur, il a besoin
d’un temps de réflexion pour apparaître (op. cit., p. 160).
Au-delà de ces contrastes liés à la position de chacun dans l’espace,
de grands marqueurs globaux, observables dans tous les lieux enquêtés,
ont fait l’unanimité : les guerres. C’est à travers celles qui sont évoquées
que ressortent non seulement la référence à un pays mais aussi, comme
nous allons le voir, le repérage générationnel.
Oscillations espace/temps
Ainsi, il s’est avéré que les temps de la vie ponctuent, à peu près de
la même façon dans tous les lieux de la recherche, le rapport aux avène-
ments et ce, quelle que soit la génération. Les plus universels d’entre eux
sont en priorité les naissances et les morts, qui sont citées tant au plan
personnel qu’au plan global – quand cette démarcation est faite –, ainsi
que la santé, les événements familiaux, les rites de passage, la scolarité,
l’emploi, les accidents. Leur évocation varie dans tous les cas selon les
âges.
À l’adolescence, les événements sont faits surtout des découvertes
et rencontres sociales plus ou moins proches, à l’interface entre le réseau
familial et le monde plus lointain. Les générations actuelles étant de
surcroît marquées, à la différence de leurs aînés au même âge, par les
catastrophes naturelles et le terrorisme. Chez les adultes, la démarca-
tion entre personnel et global est plus nette : événements de vie (nais-
sances…) pour le personnel ; événements politiques pour le global. Pour
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la génération des seniors, l’événement majeur, toutes catégories et loca-
lisations confondues, est toujours la Seconde Guerre mondiale.
Chaque génération et chaque lieu ont leur(s) guerre(s) de référence.
Aux États-Unis, ce sont les guerres agies hors du territoire qui rythment
le rapport entre générations (Mallet, 2010, t. 3, p. 184) : guerres en Irak
pour la génération des jeunes ; guerre du Vietnam pour la génération de
leurs parents ; Seconde Guerre mondiale et guerre de Corée pour la géné-
ration des grands-parents.
Notons que la médiatisation, généralisée et globalisée maintenant
en temps réel, abolit les frontières entre les espaces et les générations.
Elle conduit à ce qu’on pourrait appeler, au-delà du global, un événement
mondial, voire universel (exemple récurrent du 11 septembre 2001).
Mallet (ibid., p. 259) a ainsi proposé, pour modéliser ces différences
et rapprochements, un « schéma de globalisation événementielle » (sge)
qui pointe un réseau de convergences/divergences auprès des populations
enquêtées, distinguant avec elles des événements communs, relevés par
tous les enquêtés, et des événements différenciés car n’apparaissant
que chez certains. Ceci met en évidence une « zone commune de sensi-
bilité aux événements » qui permet, autour des repérages d’événements
personnels et globaux, que des populations diversifiées se retrouvent
dans ce qu’il propose d’appeler une « globalisation du culturel ».
Le recours à la proxémie (Hall, 1966) a, dans cette lignée, permis
d’établir une distance, distincte selon les pays, entre soi et ce qui
marquera le soi, venant de (plus ou moins) loin. La zone interface de
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personne.
– L’écart de générations se révèle marqué par des différences plus
subtiles qu’on aurait pu l’imaginer, chacun réagissant aussi aux avène-
ments sur d’autres critères que sa position générationnelle ou son âge
– d’une façon qu’on pourrait qualifier d’« anthropologique » et qui serait
alors relativement universelle.
– Au-delà, ce qui rassemble le plus les peuples et les cultures serait,
paradoxalement, ce qui est le plus proche de soi, à savoir les événements
dits personnels (naissances, décès, événements de la vie…), caractérisés
par des émotions et sentiments manifestant cet aspect universel, comme
un irréductible fond commun à tous.
– En complément, les distinctions viennent plutôt du ressenti des
événements globaux, reliés à chaque localisation majeure.
– Enfin, la médiatisation de plus en plus active froisse les distances et
frontières (le 11 septembre 2001, par exemple, n’est pas cité que par les
Américains et il a couvert d’autres événements importants qui ont eu lieu
ailleurs le même jour, imposant une mémoire et une proximité communes
aux différents lieux enquêtés dans le monde) tout en maintenant, quoique
les abrasant, les spécifications locales ou générationnelles.
Tout ceci peut conduire à avancer que si un avènement fait événe-
ment pour quelqu’un selon les définitions que nous avons proposées pour
ces termes, c’est qu’il le « touche » et, par-là, devient ou est personnel
– même s’il peut, par ailleurs, être considéré comme global.
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(sa)voir ? En cas de trop de distance, qu’est-ce qui fait relais ? Autrement
dit, ce qui « touche » est-il facteur ou perturbateur d’apprentissage ? Et
si l’on n’est pas touché (par perception d’une « saveur », ce qui nécessite
une forme de proximité), comment le devenir, en vue de construire des
savoirs qui nécessitent une appropriation ?
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leur succession de marquages sur la personne, les événements ne se
contentent pas de s’accumuler : chaque nouvelle survenue requestionne
et remanie ce qui s’est produit avant, la mémoire est donc réinventée en
permanence. Avec et par ce que l’on sait après coup, elle se modifie au
fil de la vie, vit au présent. Dès lors, les suites des événements potentiel-
lement marquants sont souvent imprédictibles : le ressenti (tant positif
et/ou heureux que négatif et/ou malheureux) peut éveiller, stimuler ou au
contraire inhiber.
Et certains événements de l’extrême, aux plans tant personnel, fami-
lial que global, restent souvent plus ou moins longtemps non dits, voire
mal dits ou déniés (Lani-Bayle, 2006). Une fois passés, ils formeront,
avec les moins connotés, ce qu’Olga Czerniawska appelle le « milieu
invisible », puisqu’ils ne sont plus présents, ne sont plus palpables mais
néanmoins encore souterrainement actifs. Le temps s’arrête, le silence
oblitère la pensée. Plusieurs chercheurs des pays participants ont ainsi
établi une césure :
– entre héritages concurrents provoquant des conflits de mémoire et
de loyauté et infléchissant la portée ressentie des événements (Togo et
Maroc) ;
– entre les façons de vivre son appartenance nationale selon que l’on est
résident, expatrié ou exilé (Roumanie, Pologne, Maroc) ;
– entre avant et après une coupure révolutionnaire ou de guerre
(Roumanie, Brésil, Chine, Allemagne).
Alors, entre ce qui se passe qui nous marque ou pas, que ce soit
ressenti comme personnel et/ou global, et ce que l’on en fait, que
découvre-t-on ? Nous entrons là dans cette zone de sensibilité commune
(Mallet, 2010, t. 3, p. 269) face à ce qui peut affecter tout un chacun et
construire, au fil du temps, sa mémoire, garante de ses apprentissages.
En dehors des rappels commémoratifs qui se font de plus en plus
insistants pour ce qui constitue souvent le pire de la mémoire collective,
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quel est le mode d’intervention du système scolaire en ce domaine ?
Comment différencier l’intervention des différents « sachants », les
enseignants et ceux qui ont appris par l’expérience ? Pour ces derniers,
cela passe par une mémoire malgré soi (sans avoir à apprendre), mais
circonscrite à l’environnement alors proche, sans globalisation possible
ni relativisation – en tout cas sur le moment. Ce qui peut fonctionner
comme un échange. Comme le constate par exemple Makoto Suemoto
sur l’île d’Okinawa au Japon, les âgés apprennent les guerres qu’ils ont
connues aux jeunes qui en retour, leur apprennent les ntic 2 (Lani-Bayle
et Mallet, 2006, t. 2, p. 115).
Or, très vite maintenant, après un avènement notable qui fera événe-
ment, la « mémoire des alentours », la mémoire sociale, les discours
entendus ou lus sur l’événement vont plus ou moins radicalement couvrir
la mémoire individuelle, voire prendre le pas sur elle. En effet, celle-ci
reste limitée aux ressentis propres en ce qui concerne les épisodes vécus,
voire perturbée ou empêchée par eux quand la sidération de l’extrême
aura pu aller jusqu’à ne pouvoir inscrire ce qui, de ce moment, aura été
vécu. Car avoir été au cœur de l’événement peut constituer une possibi-
lité de non-mémorisation, d’un non-apprentissage, et même d’un contre-
apprentissage. Ce qui reste alors, au mieux, ce sont quelques bribes,
des détails souvent insignifiants et qui pourront couvrir, voire oblitérer,
le contexte trop angoissant. D’où des difficultés à construire un récit en
vue d’un savoir à chaud. Mais plus le temps passe, plus le récit peut se
construire et devenir cohérent. Grâce aux effets des récits portés par une
mémoire collective plus globale.
Denis Peschanski (2013) a centré ses travaux sur la mémoire des
épisodes extrêmes de l’Histoire : par exemple, celle du 11 septembre
2001 pour les rescapés des tours du World Trade Center. Ainsi, à
Columbia et à la New School, universités américaines, ont pu être recueil-
lis directement des témoignages à distance de cet événement d’un an,
trois puis dix ans. Ces investigations ont permis d’analyser le phénomène
de construction, de consolidation et de socialisation mémorielle au cours
du temps. Ce dernier, en effet, loin de toujours amoindrir la mémoire,
peut au contraire la décupler : de quelques mots épars de sensations non
reliées et encore abasourdies sur le moment, d’une année sur l’autre le
témoignage qui relate peut se renforcer en intégrant les images vues et
revues sur les écrans télévisés, autant que les récits maintes fois réitérés
des témoins, puis des médias. Éléments qui permettent la construction
d’un récit structuré quasi semblable aux récits généraux relatés sur le
sujet qu’un étranger éloigné peut produire (mis à part l’implication et le
positionnement spécifique et peut-être grâce à cela), récit venant de la
mémoire des autres et qui sera, pourtant, ressenti a posteriori comme
personnel.
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Ainsi les savoirs, quelle que soit la façon dont ils nous touchent et
sont acquis, sont en lien avec une mémoire composite. Dès lors ils se
montrent, comme elle, fluctuants avec le temps, liés tant à l’expérience
propre de vie qu’au contexte culturel.
3. À relier à ce que Bernard This appelle la « sécurité de base » (This, 1991, p. 14).
4. Ce qui renvoie à ce que Wallon, dès 1945, appelle les « stades centri-
fuges » et « centripètes », qui selon lui se succèdent alternativement dans tout
développement.
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Jorland, 2012) qui, après un lâcher-prise, suscite à plus ou moins longue
échéance un rebond, avec reprise d’un autre développement permettant
au sujet de devenir, ou redevenir, apprenant.
Perspectives
Bibliographie
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Lani-Bayle, M. ; Słowik, A. (sous la direction de). 2012. Formation de
l’événement, événements en formation… Regards croisés, Wrocław, Oficyna
Wydawnicza atut.
Leclerc-Olive, M. 1997. Le dire de l’événement (biographique), Villeneuve
d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion.
Lévy, A. 2010. Penser l’événement. Pour une psychosociologie clinique, Lyon,
Parango/Vs.
Morin, E. 1999. Les sept savoirs nécessaires à l’éducation du futur, Paris, Le
Seuil.
Morin, E. 2008. Mon chemin, Paris, Fayard.
Peschanski, D. (sous la direction de). 2013. Mémoire et mémorialisation. De
l’absence à la représentation, Paris, Hermann.
Pineau, G. 2014. « L’autoformation : une rencontre à jouer avec la mondialisation »,
Le journal des psychologues, 321, 69-75.
This, B. 1991. Le père. Acte de naissance, Paris, Le Seuil.
Vygotski, L. 1997. Pensée & langage, Paris, La Dispute.
Wallon, H, 1945. Les origines de la pensée chez l’enfant, Paris, Puf.
Résumé
L’événement est ce qui provoque une rupture dans l’intelligibilité, en ce sens il
nous bouscule en bousculant notre façon d’apprendre, qui n’est pas indépendante
de ce que nous vivons, à titre individuel comme à titre collectif. En 2003, en
Pologne, une recherche sur ce thème a été amorcée, qui s’est étendue à quatorze
pays répartis sur les cinq continents. S’appuyant sur un court questionnaire et
recueillant des témoignages, elle a interrogé ce qui nous marque et nous (dé)forme
dans la vie, dans notre vie, en lien avec ce qui se passe en nous comme autour de
nous, du plus proche au plus lointain, dans l’espace comme dans le temps. En ont
été tirés des enseignements pour la compréhension du processus d’apprentissage
et de formation en lien avec les conditions de vie.
Mots-clés
Distance, extrême, histoire, mémoire, proxémie, ressenti, transmission.
Abstract
The event is what provokes a break in the comprehensibility, by this way it pushes
aside us by pushing aside our way of knowing, which is not independent from
what we live, individually as collectively. In 2003 during a journey in Poland, we
opened a research on this theme, which has later opened its area in 14 countries
distributed on the 5 continents. With a short questionnaire and collecting
interviews we have questioned, around the world and generations, what marks
us and transforms our life and construction of knowledge, in connection with
distance or time from our position to the event. We have progressed, from this
research, in the understanding of the process of learning and formation, according
to the ways of life.
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Keywords
Distance, extreme, history (story), memory, proxémie, felt, transmission.