S2 P1 N6 Baltassat Extended Final
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profil d’altération stratiforme mais aucune corrélation satisfaisante n’est obtenue pour les mêmes
sondages pour les plus grandes longueurs de ligne : les inflexions des sondages électriques traduisent alors
les variations latérales de résistivité qui sont interprétées malencontreusement en profondeur. Cette
configuration et ces défauts d’interprétation sont bien illustrés par les modélisations de Dahlin et Loke
(1998) qui montrent sans ambiguïté les avantages de la tomographie électrique sur plusieurs modèles de
discontinuité latérale de résistivité.
Méthodologie d’application
Pour des commodités de mise en œuvre et parce que les électrodes des systèmes multi-électrodes sont
généralement reliées par un même câble, les mesures sont réalisées le long de profils. Les différentes
configurations du quadripôle (C1, C2, P1, P2) qui sont classiquement utilisés le long de ces profils sont : le
dipôle-dipôle, le Wenner, le Wenner-Schlumberger, le gradient, le pôle-dipôle et le pôle-pôle. Parmi les
trois premières configurations qui ont toutes les électrodes sur le profil de mesure, le dispositif dipôle-
dipôle offre la meilleure résolution des variations tant verticales qu’horizontales ainsi que la plus grande
profondeur d’investigation (Edward 1977, Baker 1989, Seaton & Barbey, 2002, Dahlin &Zhou 2004, Loke
2004). Dans les environnements de socle ou les résistivités sont souvent au-delà de la cinquantaine
d’Ohm.m, la décroissance du signal dipôle-dipôle avec l’écartement émetteur-récepteur est moins sensible
et ce dispositif est recommandé du fait de sa capacité à imager les structures discontinues tout comme le
dispositif gradient qui offre la meilleure résolution horizontale (Dahlin et Zhou 2004) parmi l’ensemble des
dispositifs. Pour des profondeurs d’investigation plus importantes, Le dispositif pôle-dipôle présente un
bon compromis entre investigation et résolution quand il est possible de mettre en œuvre et maintenir,
dans des conditions économiques raisonnables, l’électrode lointaine à la distance convenable (Edward
1977, Oldenbourg et Li 1999, Razafindratsina & Lataste 2014). Pour des profondeurs également
importantes mais où la mise en œuvre d’électrode lointaine n’est pas possible, il existe une limite au-delà
de laquelle le rapport signal sur bruit ne peut plus être maintenu à un niveau acceptable du fait de la
puissance d’injection limitée (quelques centaines de mA généralement) et/ou de la précision limitée de
mesure des équipements multi-électrodes. Il existe alors une méthodologie alternative, basée sur un
dispositif de mesure où l’injection et la réception sont séparées, qui permet suivant les conditions de
résistance aux électrodes d’injecter des courants pouvant atteindre plusieurs ampères compensant
l’atténuation du signal en profondeur sans souffrir des problèmes de couplage électromagnétique qui
limite la puissance des systèmes multi-électrodes.
Les programmes de mesures multi-électrode sont conçus de manière à assurer un bon niveau de signal en
accord avec la précision des résistivimètres (p. ex. au moins 0.3 mV sont recommandés par l’AGAP) en
adaptant la géométrie du dispositif et l’intensité du courant injecté. Pratiquement, considérant la résistivité
moyenne attendue du milieu et les niveaux d’injection permis par le système de mesure on définit le
facteur géométrique limite, Kmax qu’il convient de ne pas dépasser afin de maintenir le niveau de signal de
réception. La géométrie du dispositif est adaptée régulièrement alors que l’écartement injection-réception
augmente par des embrayages sur des dipôles de réception de plus en plus grands.
Différents types d’erreurs peuvent affecter les mesures et par suite les résultats. Ce sont principalement,
suivant Zhou et Dahlin (2003), les erreurs sur la géométrie du dispositif qui peuvent dépasser 20% sur la
résistivité mesurée pour des erreurs de positionnement de 10% d’un dipôle-dipôle et les erreurs de mesure
du potentiel causées par les effets transitoires du réseau électrique haute tension, les champs telluriques et
les dysfonctionnements instrumentaux. Ces erreurs sont souvent corrélées avec des résistances de contact
élevées (Dahlin & Zhou 2003) qui sont des conditions courantes dans les environnements de socle. Il
convient de vérifier et si besoin améliorer les résistances de contact aux électrodes afin d’assurer des
mesures dans les conditions optimales de fonctionnement des résistivimètres (niveau d’injection, équilibre
des résistances et couplage électromagnétique).
La précision nécessaire sur la géométrie du dispositif peut être obtenue facilement par un levé GPS
différentiel dont les localisations dans un référentiel reconnu permettront la réoccupation des sites avec
une précision équivalente (pour l’implantation des forages p.ex.). Des méthodes plus classiques (chaine
Vingtièmes journées techniques du Comité Français d’Hydrogéologie
de l’Association Internationale des Hydrogéologues
« Aquifères de socle : le point sur les concepts et les applications opérationnelles», La Roche-sur-Yon, juin 2015
Resistivity (ohm.m)
1000
d’arpenteur et théodolite) calées sur des repères
100
10
topographiques terrain non ambigus sont
MW1
toutefois également fiables et parfois nécessaires OB2
MW3
IFP27/3
avec les structures recherchées (a-coups de prise, IFP27/4
MW1
qualifier la tomographie pour l’inversion. Bien MW1_SN
OB1_LN
peuvent être brutales. L’expérience montre que MW3
MW3_SN
Y-1 Fissured
l’option de régularisation des moindres carrés qui Y-1
Y-2
Y-2
zone
IFP27/5
OB2_LN
OB3
OB3_SN
Résultats d’application OB3_LN
OB1 Fresh
Les résultats de la tomographie électrique de OB1_SN
rock
OB1_LN
résistivité sont globalement la définition d’une MW3
MW3_SN
Y-1
succession (Figure 1 et 2) résistant-conducteur- Y-1
Y-2
Y-2 ERT resistivity
résistant (avec de bas en haut R1>C1<R2). Les Y-3
Y-3 OA=1m normal resistivity
IFP27 Short normal Resistivity
limites conducteur-résistant (R1-C1 et C1-R2) IFP27/3 Long normal resistivity
tomographies de résistivité pour cibler les régions présentant la plus grande épaisseur d’altération et donc
les meilleures réserves aquifères. Sa profondeur est utilisée pour définir la longueur des forages
d’exploration en prenant en considération que la zone fissurée se développe parfois au-dessus (forage de
Cote-Rouge à St-Galmier) et/ou au-dessous de cette limite (Site de Salus en Uruguay, forage du Mont
Mahury en Guyane).
La gamme de résistivité de la zone fissurée recoupe en effet largement la gamme correspond à la roche peu
ou pas fissurée (figure 1) et prévoit que la distinction des deux niveaux sur la base de la résistivité n’est pas
toujours possible. Néanmoins Dewandel et al (2006) réussissent à cartographier la zone fissurée du bassin
de Maheshwaram en Inde en résultat de l’interprétation de 80 sondages électriques contrainte par la
gamme des profondeurs statistiquement acceptables selon une analyse de variogrammes basée sur les
lithologies de 45 forages.
L’interprétation et l’utilisation de la limite C1-R2 est plus délicate. Beauvais et al. (1999) calibrent les
résistivités de la partie supérieure du profil d’altération grâce à une tomographie surface-forage mise en
œuvre dans deux fosses recoupant la cuirasse. Ils établissent ainsi une limite à 477 Ohm.m entre la
saprolite et les argiles tâchetées (mottled zone) puis une limite à 810 Ohm.m (figure 1) entre les argiles
tâchetées et les matériaux ferralitiques meubles en base de cuirasse ; cette dernière étant au-delà de 2300
Ohm.m. En Guyane (sites du Mont Mahury et de Cacao) le résistant R1 correspond à la cuirasse (ρ > 1500
Ohm.m ) en place ou remaniée et probablement à des éluvions de matériaux ferralitiques meubles et de
cuirasse (600 < ρ <1500 Ohm.m sous la nappe) pouvant dépasser 10 m d’épaisseur par place (Figure 2).
Dans le bassin de Maheshwaram en Inde (Dewandel et al 2006) et en Margeride, le résistant superficiel R2
à plus de 1000-1500 Ohm.m correspond à des arènes sableuses sèches. A St-Galmier, R2 correspond à des
niveaux ou blocs résiduels de roche saine intercalé dans le profil d’altération. L’interprétation de cet
interface C1-R2 comme le toit de la nappe aquifère, bien qu’elle soit vérifiée dans différents contextes
(Seaton et Barbey, 2002) n’est donc pas a priori évidente.
Conclusion
Les tomographies électriques de résistivité utilisant les équipements multi-électrodes s’appliquent avec
succès à imager les formations aquifères des socles altérés et les discontinuités qui les affectent en utilisant
des configurations de mesure, des procédés de traitement et d’inversion des données spécifiques. Le choix
des dispositifs quadripôles offrant la meilleure résolution notamment latérale (dipôle-dipôle, gradient,
pôle-dipôle) ainsi que l’utilisation du procédé d’inversion par blocs qui permet de mieux résoudre la
géométrie et la résistivité des milieux fortement contrastés sont déterminant.
Les résultats de la tomographie électrique de résistivité sont globalement la définition d’une succession
résistant-conducteur-résistant (avec de bas en haut R1>C1<R2). La limite R1-C1 est généralement
clairement marquée et définit la base du profil d’altération. C’est l’indicateur principal pour cibler les
régions présentant le profil d’altération le plus épais et offrant les meilleures réserves aquifères ainsi que
pour définir les profondeurs des forages d’exploration. La zone fissurée dont la gamme de résistivité
recoupe largement celle de la roche saine, peu ou pas fissurée n’est généralement pas distinguée sauf
contraintes géométriques nombreuses apportées par des calibration sur des forages. La limite C1-R2 est
plus délicate a interpréter car elle peut traduire la partie la plus évoluée du profil d’altération (cuirasse et
niveaux meubles ferralitiques en place ou éluvionnaires), des niveaux d’arène sableuse sèche, des blocs de
roche saine résiduels ou le passage à la zone non saturée. Les variations latérales de résistivité localisent
précisément les failles et les zones de fracture tectonique qui affectent le massif.
Une procédure générale d’exploration en vue de forages hydrogéologiques se dessine, ciblant d’une part
les profils d’altération les plus épais pour une épaisseur maximale de l’aquifère et de la zone fissurée
productive à sa base, et d’autre part les discontinuités sub-verticales pour bénéficier de la productivité des
failles, filons et contacts ; ces dernières constituent des cibles de forage de choix, notamment lorsque
l’horizon fissuré du profil d’altération stratiforme est réduit. Parallèlement, l'identification des zones les
plus conductrices, permet d'éviter leur forage quand elles correspondent à des formations argilisées peu
perméables.
Vingtièmes journées techniques du Comité Français d’Hydrogéologie
de l’Association Internationale des Hydrogéologues
« Aquifères de socle : le point sur les concepts et les applications opérationnelles», La Roche-sur-Yon, juin 2015
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Figure 2 – Resistivity tomography cross-section illustrating the different resistivity facies (R1-C1-R2) encountered at
Cacao site. (French Guyana). C2 qualify a more conductive saprolite which may be related to metavolcanite.