Chap2 011320
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LOGIQUES ET DEMONSTRATIONS
Il n’existe pas de technique universelle de démonstration (heureusement pour les mathéma-
ticiens d’ailleurs). Chaque théorème nécessite une ou plusieurs idées qui lui sont propres pour
être démontré et il n’y a pas de moyen automatique d’obtenir cette ou ces idées.
Pour faire une démonstration il faut d’abord avoir les idées claires sur ce qu’il faut démontrer,
c’est-à-dire procéder à l’analyse logique complète du théorème, bien repérer quelles sont les
hypothèses, quelle est la conclusion, décomposer les hypothèses en énoncés simples en utilisant
les dé…nitions, etc.
Il y a plusieurs formes logique de raisonnement que l’on retrouve et qu’il faut connaître.
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2.1 LOGIQUE DES PROPOSITIONS ET DEMONTRATION 17
2.1.2 Substitutions
Dé…nition 2.1.2 - Soit E un énoncé contenant une variable propositionnelle p. L’énoncé ob-
tenu en remplaçant dans E chaque occurrence de p par un énoncé F sera dit substitué de E,
et noté E(pjF ). On pourra procéder à plusieurs substitutions d’un seul coup s’il n’y a pas
d’ambiguïté.
Les règles d’inférence sont notées X; Y; Z ) T , pour signi…er que l’énoncé de forme T , ou
conséquent, est valablement déduit d’énoncés de forme X; Y; Z, les antécédents.
Pour éviter les confusions, on réserve en général les majuscules aux (métavariables des)
règles d’inférence, et les minuscules aux (variables des) énoncés spéci…ques du problème.
2.1.4 Démonstrations
Dé…nition 2.1.4 - Soit E1 , E2 , ..., En une suite d’énoncés. On dira qu’il s’agit d’une dé-
monstration de germe E1 , ... Ek ; si :
E1 , ..., Ek sont des énoncés au sens précédent,
chaque énoncé Ei de la sous-suite d’énoncés Ek+1 , ..., En est dérivé de la sous-suite E1 ,
..., Ei 1 au sens suivant :
- il existe une règle d’inférence notée X, Y , Z ) T ,
- il existe une substitution d’énoncés s telle que les substitués s(X), s(Y ), s(Z) soient
précisément des énoncés de E1 , ..., Ei 1 ;
- et en…n, Ei = s(T ).
Alors, chacun des Ek+1 , ..., En est vrai si chacun des E1 , ..., Ek est vrai.
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2.1 LOGIQUE DES PROPOSITIONS ET DEMONTRATION 18
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2.1 LOGIQUE DES PROPOSITIONS ET DEMONTRATION 19
Ces règles su¢ ront à établir au paragraphe 1.1.8 le principe de noncontradiction (ex. 6).
Règles aristotéliciennes
Avec l’involution, la négation se durcit ; la possibilité d’e¤acer les doubles négations donne
des résultats plus forts car plus simples ; la contraposition est symétrisée, la réfutation engendre
la reductio ad absurdum .
Ces règles, anciennes et e¢ caces, sont classiques en mathématiques, où la droite coupe ou
non le plan. Elles ont été isolées car elles sont inadéquates pour modéliser les systèmes
où les attributs ne sont pas bipolaires (X n’est ni pauvre ni riche...) ;
où la double négation est une forme faible de l’a¢ rmation (ce n’est pas inintéressant <
c’est intéressant).
Tableau 4 Règles aristotéliciennes.
Nom Notation Signi…cation
involution ::X ) X double négation vaut a¢ rmation
contraposition (X ! Z) ) (:Z ! :X) Symétrisation par e¤ecement des
doubles négations
absurdité (:X !?) ) X Si nier une hypothèse entraîne une
contradiction, l’hypothèse est établie
(par réfutation + involution)
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2.1 LOGIQUE DES PROPOSITIONS ET DEMONTRATION 20
Partant d’un germe vide, nous tentons une sous-démonstration sur une proposition quel-
conque :
1:0 x = hypothèse niveau 1
1:1 x _ y = adjonction 1:0 (Xjx; Y jy)
0:1 x ! (x _ y) = déduction 1:0 1:1 (Xjx; Y jy)
Cette démonstration est correcte quelles que soient les propositions substituées à x et y, elle
peut donc être vue comme tout à fait générale, et on retient son abstraction : X ! (X _ Y ).
Ce résultat a la forme d’un énoncé, mais n’utilise que des métavariables : c’est un méta-
énoncé qui vient d’être établi. Il constitue un métathéorème ou modèle de tautologie,
fournissant des énoncés vrais pour toute substitution d’énoncé à X et/ou Y .
Un modèle de tautologie est assimilable à une règle d’inférence sans antécédent : tout substi-
tué est une tautologie ou énoncé universellement vrai, i.e. indépendamment de la vérité de
ses variables ; ces tautologies peuvent toujours être utilisées comme étape d’une démonstration.
Une tautologie est une cheville ou un lieu commun de la logique : n’apportant rien en elle-
même, elle permet de relancer une démonstration, par combinaison avec des énoncés spéci…ques
au problème, et/ou en facilitant l’application de règles d’inférence plus constructives.
Ainsi peut-on, si nécessaire, insérer dans une démonstration un énoncé tel que ((a ! b) !
c) ! (((a ! b) ! c) _ (p ^ a)) comme tautologie obtenue par substitution de ((a ! b) ! c) à
X, et de (p ^ a) à Y , dans le modèle de tautologie X ! (X _ Y ).
En remplaçant l’adjonction en 1.1 par d’autres …gures, on obtiendra d’autres modèles de
tautologies, tels que : (X ! X) par simple recopie, (X ! (X ^X)) par conjonction, (X ^Y ) !
X par ventilation, (X _ X) ! X par dilemme...
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2.1 LOGIQUE DES PROPOSITIONS ET DEMONTRATION 21
0:0 (a ! b) germe
0:1 (b ! c) germe
1:0 a hypothèse
1:1 b détachement 0:0; 1:0
1:2 c détachement 0:1; 1:1
0:2 (a ! c) déduction 1:0; 1:2
On pourra admettre comme règle d’inférence son abstraction :
(A ! B); (B ! C) ) (A ! C)
Le procédé s’étend aux sorites ou syllogismes en chaîne
(A ! B); (B ! C); (C ! D); (D ! E); (E ! F ) ) (A ! F )
Des démonstrations semblables engendrent des tautologies apparentées :
((A ! B) ^ (B ! C)) ! (A ! C)
((A ! B) ! ((B ! C) ! (A ! C))):::
Avec négation, sans involution
Exemple 2.1.6 Montrer que (A ! :A) ) :A.
0:1 (a ! :a) germe
1:0 a hypothèse
1:1 :a détachement 0:0; 1:0 (Xja; Y j:a))
1:2 ? détection contradiction 1:0; 1:1
0:2 (a !?) déduction 1:0 à 1:2
0:3 :a élimination contradiction
Cette démonstration, supportant toute substitution sur a, peut être considérée comme fai-
sable en toute généralité, et on peut admettre son abstraction : (A ! :A) ) :A
Plus directement, on pourrait écrire la méta-déduction :
0:1 (A ! :A) germe
1:0 A hypothèse
1:1 :A détachement 0:0; 1:0
1:2 ? détection contradiction 1:0; 1:1
0:2 (A !?) déduction
0:3 :A élimination contradiction
Résumée par : (A ! :A) ) :A
qui mène au schéma de tautologie : (A ! :A) ! :A
Exemple 2.1.7 PRINCIPE DE NON-CONTRADICTION (LUKASIEWICZ).
Le principe « une proposition et sa contraire ne sont jamais simultanément vraies » s’établit
en supposant une telle conjonction, qui entraîne une contradiction et se trouve ainsi réfutée.
1:0 (A ^ :A) hypothèse
1:1 A ventillation 1:0
1:2 :A ventillation 1:1
1:3 ? contradiction 1:1; 1:2
0:0 :(A ^ :A) réfutation 1:0; 1:3
Ce principe fondamental découle de la seule réfutation.
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2.1 LOGIQUE DES PROPOSITIONS ET DEMONTRATION 22
Le principe « d’une proposition et sa contraire, au moins l’une est vraie » , noté A _ :A,
s’établit par l’absurde, en montrant que : (A _ :A) entraîne une contradiction sur :A.
1:0 A hypothèse
1:1 A _ :A adjonction 1:0
0:0 A ! (A _ :A) déduction 1:0; 1:1
1:0 :A hypothèse
1:1 A _ :A adjonction 1:0
0:1 :A ! (A _ :A) déduction 1:0; 1:1
1:0 :(A _ :A) hypothèse
1:1 :A contransposition 0:0; 1:0
1:2 ::A contransposition 0:1; 1:0
1:3 ? contradiction sur :A; 1:1; 1:2
0:2 :: (A _ :A) réfutation 1:0; 1:3
0:3 (A _ :A) involution 0:2, ou absurdité 1:0; 1:3
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2.2 LOGIQUE DES PREDICATS ET DEMONTRATION 23
2.2.1 Prédicats
On s’intéresse toujours aux phrases auxquelles on devrait pouvoir associer dans des circons-
tances précises une valeur vrai/faux.
Les énoncés élémentaires ou prédicats portent maintenant sur la vérité/le jugement
d’une relation entre des objets ou termes, correspondants aux sujets, compléments.. . de la
phrase.
Ainsi, « Pierre est au jardin » pourra être ici noté estEn(Pierre, jardin) où estEn désignera
une relation entre un objet (ici Pierre) et son emplacement (ici jardin).
On appelle terme clos un terme n’utilisant pas de variables, et qui dénote ainsi indirecte-
ment des constantes.
Enoncés élémentaires
Exemple 2.2.1 estEn(pere(P ierre); jardin) pour « le père de Pierre est au jardin » (vrai/faux),
plus(X; 0; X) pour « X + 0 = X » (vrai/faux).
Enoncés composés
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2.2 LOGIQUE DES PREDICATS ET DEMONTRATION 24
Les symboles _, ^, !, $ et : sont des connecteurs, les nouveaux symboles 8 et 9 sont dits
quanti…cateurs.
Les deux dernières formes, dites quanti…ées, généralisent l’énoncé interne.
L’énoncé s’interprète
8x plus(x; 0; x) pour tout x, x + 0 = x
8x 9y plus(x; y; 0) pour tout x, il existe au moins un y tel que x + y = 0
8x (homme (x) ! mortel (x)) pour tout x, si x est un homme alors x est mortel ou :
tout homme est mortel
Lexiques
Pour éviter toute confusion, on utilise des lexiques disjoints pour les variables, les fonctions,
les prédicats.
Arités
Dé…nition 2.2.4 On appelle arité d’une fonction ou d’un prédicat, le nombre de termes qu’il
faut associer à son nom.
Le lexique des constantes symboliques s’identi…e au lexique des fonctions d’arité 0.
On appelle souvent propositions les prédicats d’arité 0, et propriétés les prédicats d’arité
1.
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2.2 LOGIQUE DES PREDICATS ET DEMONTRATION 25
2.2.6 Exemples
Exemple 2.2.2 Prouver que si un entier a n’est pas divisible par 3, alors a2 1 est divisible
par 3.
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2.2 LOGIQUE DES PREDICATS ET DEMONTRATION 26
Argument : si un élément a est en relation avec lui-même par R, il l’est autant de fois que
l’on veut ; or s’il l’est deux fois, l’intransitivité interdit une troisième, d’où contradiction.
0:1 8a8b8c R (a; b) ^ R (b; c) ! :R (a; c) def intransitivité
0:2 8a8b (R (a; b) ^ R (b; b)) ! :R (a; b) spec univ 0:1; (cjb)
0:3 8a (R (a; a) ^ R (a; a)) ! :R (a; a) spec univ 0:2; (bja)
1:0 R (a; a) hypothèse locale
1:1 R (a; a) ^ R (a; a) conjonction 1:0; 1:0
1:2 (R (a; a) ^ R (a; a)) ! :R (a; a) spec univ 0:3
1:3 :R (a; a) détachement 1:1; 1:2
1:4 ? contradiction 1:0; 1:3
0:4 :R (a; a) réfutation 1:0; 1:4
0:5 8a :R (a; a) généralisation univ 0:4
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