Cours
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Math 111
16 novembre 2006
1 Généralités
Qu’est-ce qu’une équation ? C’est une égalité comportant une (ou plusieurs) incon-
nue(s) :
“Résoudre l’équation 2x + 3 = 0”.
Résoudre l’équation, c’est chercher toutes les valeurs de l’inconnue qui satisfont l’égalité.
Dans la plupart des équations que vous avez rencontrées juqu’à présent, les inconnues étaient
des nombres. Une des difficultés des équations différentielles, c’est que les inconnues vont être
des fonctions.
y 0 = αy.
Dans cette égalité, y symbolise une fonction inconnue dépendant d’une va-
riable t, et y 0 est sa dérivée. Vous savez (Terminale) que cette équation modélise
l’évolution dans le temps du nombre d’atomes radioactifs. Elle exprime le fait
que la diminution du nombre d’atomes radioactifs (cad le nombre d’atomes qui
se désintègrent) est proportionnelle au nombre total d’atomes radioactifs.
De manière générale, une équation différentielle est une équation
– dont l’inconnue est une fonction y dépendant d’une variable x (ou t),
– qui fait intervenir y et certaines de ses dérivées y 0 , y 00 , etc., et éventuellement
la variable x (ou t) .
Résoudre l’équation différentielle, c’est chercher toutes les fonctions, définies
sur un intervalle, qui satisfont l’équation (on dit aussi intégrer l’équation
différentielle).
Remarques
– La variable est parfois notée x, parfois t (t est utilisée en particulier quand
l’équation décrit un phénomène dépendant du temps). La fonction inconnue
peut être notée y, parfois x, ou toute autre lettre adaptée au problème
1
(cf plus bas, N pour le nb d’individus d’une population). Ainsi, la même
équation peut s’écrire
dy dy
y 0 = αy ou (t) = αy(t) ou (x) = αy(x) ou x0 = αx.
dt dx
– Attention :
– dans le cours sur les fonctions de deux variables, y désigne une
variable ;
– dans le cours sur les équation différentielle, y désigne une fonc-
tion inconnue dans une équation.
dN = N (t)αdt − N (t)βdt
(b) Les solutions de cette première équation sont des fonctions exponen-
tielle, ce qui n’est pas réaliste : on peut affiner le modèle en supposant
que quand la population devient trop importante, il y a plus de décès
(par surpopulation, dus par exemple au manque de nourriture). Une
possibilité, parmi beaucoup d’autres, est de rajouter un terme de décès
proportionnel à N 2 (ce terme est donc dominant lorsque N est grand) :
on aboutit alors à
2
– Taux de naissance avec variations saisonnières ;
– terme de surpopulation ;
– terme indépendant de la taille et du temps (élevage de saumons, ce
sont les saumons péchés !).
La figure ci-dessous montre les graphes de trois fonctions solutions de cette
équation différentielle.
2,5
-2,5
3
Champ de tangentes
Reprenons notre première équation y 0 = − 12 y. Les solutions sont donc les
fonctions f qui vérifient f 0 (x) = − 12 f (x) pour tout x. Quel est le sens géométrique
de cette égalité ? Si (x, y) est un point du graphe Cf de f , cette égalité dit que la
tangente à Cf au point (x, y) a pour pente − 21 y.
Dessinons alors, en (presque) chaque point (x, y) du plan, un vecteur Vx,y de
pente − 12 y (DESSIN esquissé à la main, et tracé avec GRAPHER).
-1 0 1 2 3 4 5 6 7 8
-1
y 0 = ϕ(x, y).
En chaque point (x, y) du plan, on se donne un vecteur Vx,y de pente ϕ(x, y) basé
au point (x, y) : la collection de tous ces vecteurs s’appelle le champ de tangentes
de l’équation différentielle.
Proposition 1.1. Soit f est une solution de l’équation différentielle y 0 = ϕ(x, y).
Alors le graphe de f est tangent, en chacun de ses points (x, y), au vecteur Vx,y .
4
5
2,5
-2,5
Remarquer qu’on n’a pas besoin d’avoir résolu l’équation (analytiquement) pour
pouvoir dessiner le champ de tangentes, et ceci permet parfois d’avoir une idée
du comportement des solutions.
1.5 Exemples
cf Feuille d’exercices.
5
1.6 Méthode d’Euler
Comment l’ordinateur trace-t-il les solutions ? La méthode d’Euler consiste à
tracer un graphe affine par morceaux (cad constitué de segments de droites) qui
approche une solution. Le segment tracé suit le champ de tangentes de l’équation :
le segment tracé à partir d’un point (x, y) aura pour pente ϕ(x, y).
Exemple : tracer une approximation de la solution de l’équation y 0 = y
vérifiant la condition initiale y(0) = 1/2.
On se fixe un “pas d’intégration”, noté ∆x (par exemple, prenons ∆x = 1).
On part du point (x0 , y0 ) = (0, 1/2) correspondant à la condition initiale. En ce
point, la pente du champ de tangentes vaut 1/2 : on trace donc un segment de
pente 1/2 jusqu’à arriver en un point d’abscisse x0 + ∆x = 0 + 1 = 1 : on arrive
ainsi au point (1, 1). Et on recommence... On obtient ainsi une ligne brisée qui
passe successivement par les points (0, 1/2), (1, 1), (2, 2), (3, 4), (4, 8), (5, 16), ....
6
1.7 Le théorème d’existence et d’unicité
Constat graphique
Lorsqu’on trace des solutions d’une même équation différentielle avec
différentes conditions initiales, on constate que les courbes obtenues ne se croisent
jamais. En regardant le premier dessin du cours (section 1.2), on pourrait croire
que deux des courbes sont confondues à partir d’un certain point (d’abscisse 5,
par exemple). Mais lorsqu’on zoome sur le dessin, on constate que l’ordinateur
trace deux courbes séparées.
En fait, il y a un résultat qui garantit que :
(sous certaines hypothèses très générales) deux graphes de fonctions qui sont des
solutions de la même équation différentielle ne se rencontrent jamais, sauf s’ils
sont confondus.
Le théorème garantit aussi l’existence des solutions ; pour donner un énoncé
précis, il faut d’abord définir la notion de solution maximale.
7,5
2,5
-5 -2,5 0 2,5
7
On se donne une équation différentielle y 0 = ϕ(x, y) avec une condition initiale
y(x0 ) = y0 .
Une solution maximale pour ce problème est une fonction f , définie sur un inter-
valle I appelé intervalle de vie, telle que
– f est solution de l’équation différentielle et vérifie la condition initiale ;
– il n’existe pas de solution g de la même équation, vérifiant la même condition
initiale, et définie sur un intervalle J contenant I et plus grand que I.
Le théorème de Cauchy-Lipschitz
On considère une équation différentielle du type y 0 = ϕ(x, y). On
suppose que la fonction ϕ est définie pour tout x dans un inter-
valle I et tout y dans un intervalle J, et qu’elle est de classe C 1 .
8
2 Primitives
La recherche de primitives fournit l’exemple le plus simple d’équation
différentielle.
Définition 2.1. Soit f une fonction définie sur un intervalle I. Une autre fonction
F , définie sur I, est une primitive de f si F est dérivable sur I, et si f est la
fonction dérivée de F sur I :
F 0 = f.
y 0 = f (x).
Autrement dit, les primitives de la fonction nulle sur un intervalle sont les
fonctions constantes. Ou encore : les solutions de l’équation différentielle y 0 = 0
sont les fonctions y = C où C est une constante. (Preuve ? Le TAF (que l’on a
admis...)).
Exercice 1 Attention, la situation est un peu différente si on ne se trouve pas sur un
intervalle : Trouver toutes les fonctions f définies sur R∗ et qui vérifient f 0 = 0
sur R∗ .
Exercice 2
Exemple : trouver toutes les primitives de la fonction f (x) = x + 1 sur R.
2
F0 : x 7→ x2 + x est une primitive (calculer !), donc d’après le théorème, les
primitives de cette fonction sont les fonctions
x2
FC : x 7→ +x+C
2
où C est une constante quelconque. Il faut bien comprendre ce que désigne ce ’C’ : C
symbolise n’importe quel nombre “fixé”, c-à-d qui ne dépend pas de x.
9
Condition initiale On a souvent besoin de trouver, non pas toutes les primi-
tives, mais celle dont la valeur en un certain point est donnée.
Exemple : parmi les primitives F de x 7→ x + 1 trouvées plus haut, lesquelles
vérifient F (2) = 1 ? On calcule pour voir que cette condition est équivalente à
C = −3. Conclusion : il y a exactement une primitive de x 7→ x + 1 qui vérifie
2
F (2) = 1, c’est la fonction x 7→7→ x2 + x − 3.
Ceci est un phénomène général : si l’on impose la valeur de la primitive en un
point, alors il n’y a plus qu’une seule primitive qui convienne.
10
(c) ln(u) (si u ne prend que des valeurs strictement positives).
(d) ln(−u) (si u ne prend que des valeurs strictement négatives).
u0 u0
En déduire les primitives des fonctions u0 u, u0 u2 , , .
u2 u
Le calcul d’une primitive n’est pas toujours possible ! Par exemple, l’une des fonctions im-
x2
portante du calcul des probabilité est x 7→ e− 2 . Cette fonction admet des primitives, mais on
ne peut pas exprimer ces primitives à l’aide des fonctions usuelles. Par contre, on sait quand
même calculer (par une autre méthode) l’aire sous le graphe de cette fonction entre les bornes
− ∞ et + ∞.
2.3 Exemples
1
1. Trouver les primitives de f (x) = x(1−x) . On s’en sort en constatant que
1 1 1
= + .
x(1 − x) x 1−x
Pour plus d’exemples de ce type, cf cours math 151 : intégrer des fractions
rationnelles.
2. Trouver les primitives de tan(x) sur l’intervalle ] − π2 , π2 [. Même question
sur l’intervalle ] π2 , 3π
2 [ (cf feuille d’exos).
3. Soit f une fonction qui ne s’annule pas sur un intervalle I, quelles sont les
0
primitives de ff2 (cf feuille d’exos).
2.4 Dessins
Les trois dessins ci-dessous montrent successivements des primitives des fonc-
1
tions f1 (x) = x, f2 (x) = sin(x) cos(x) et f3 (x) = x(1−x) . Chercher ces primi-
tives revient à résoudre les équations différentielles y = x, y 0 = sin(x) cos(x),
0
y 0 = x(1−x)
1
; on a aussi tracé les champs de tangentes associés à ces équations
différentielles.
La pente ne dépend que de la variable x (et pas de y) : les champs sont
“invariants par translation vers le haut”. Ceci correspond au fait que les solutions
se déduisent les unes des autres en ajoutant une constante.
2,5
-5 -2,5 0 2,5 5
-2,5
11
2,5
-5 -2,5 0 2,5 5
-2,5
2,5
-5 -2,5 0 2,5 5
-2,5
12
3 Équations à variables séparables
Il s’agit des équations où on peut “séparer ce qui concerne y, y 0 , ... d’un côté
de l’équation et ce qui concerne x de l’autre”.
3.1 Exemples
1. y 0 y = 1 (dans cette équation, les variables sont déjà séparées...) ;
2. y 0 y 2 = x ;
y0
3. y 0 = y 2 (on “sépare les variables” en écrivant y2
= 1) ;
y0
4. y 0 = y − y 2 (équation de population...), qu’on écrit y−y 2
= 1.
Contre-exemple : y 0 = sin(xy) ; on peut essaye de prendre l’ arcsin...
y 0 g(y) = f (x)
G(y) = F (x) + C,
autrement dit, une fonction f , définie sur un intervalle I, est solution de l’équation
différentielle si et seulement si il existe une constante C telle que, pour tout x ∈ I,
on a G(f (x)) = F (x) + C 1 .
Attention, il ne suffit pas de mettre les’y’ à gauche et les ’x’ à droite, il faut que la partie
gauche soit vraiment sous forme y 0 g(y). Par exemple, l’équation 3 pourrait s’écrire y 0 − y = 0,
on a bien les ’y’ à gauche, mais ça n’est pas sous la bonne forme, on ne sait pas résoudre ainsi
(il n’y a pas de formule générale pour une primitive de y 0 − y).
3.3 Pièges
Il y a un certain nombre de difficultés :
1. les solutions ne sont pas toujours définies sur R (cf exemples 1, 3, 4) ;
2. il faut parfois faire des hypothèses sur y pour pouvoir continuer les calculs
(exemples 3 et 4), ce qui revient à “oublier” certaines solutions ;
3. il faut savoir calculer les primitives F et G ;
4. on n’obtient pas directement y comme fonction de x, mais comme fonc-
tion implicite de x, et il n’est pas toujours facile d’en déduire une formule
explicite pour les solutions : il faut savoir inverser la fonction G.
1
On a bien sûr utilisé un des théorèmes de la section précédente sur les primitives (lequel ?).
13
3.4 Résolution des exemples
Solutions :
√ √
1. Les solutions sont les fonctions f (x) = x + c1 et f (x) = − x + c2 , où c1
et c2 sont des constantes.
1
2. Les solutions sont les fonctions f (x) = ( 23 x2 + c3 ) 3 où c3 est une constante ;
−1
3. Les solutions sont les fonctions f (x) = x+c4 où c4 est une constante ;
4. ...
3.5 Dessins
14
4 Équations différentielles linéaires d’ordre 1
4.1 Définition
On appelle équation différentielle linéaire d’ordre 1 toute équation
différentielle du type
y 0 + a(x)y = b(x)
(où a et b sont des fonctions de x, définies et continues sur un intervalle I). 2
y 0 + a(x)y = 0
C’est encore une équation différentielle linéaire du premier ordre (mais plus
simple).
Définition 4.1. On dit qu’une l’équation différentielle linéaire est homogène (ou :
sans second membre) si la fonction b est nulle, c-à-d si elle est du type
y 0 + a(x)y = 0.
2
“Ordre 1” signifie que l’équation ne fait pas intervenir les dérivées de y d’ordre plus grand
que 1 : y 00 , y 000 etc..
15
Par exemple, les trois équations différentielles y 0 = y + x, y 0 = y + e2x ,
y 0 = y + sin(x), ont pour équation homogène associée y 0 − y = 0.
Remarque-clé : une équation différentielle linéaire homogène est à variables
séparables : on peut la résoudre avec les techniques de la section précédente.
Résolvons l’équation linéaire homogène générale y 0 + a(x)y = 0.
1. La fonction nulle est solution. Donc d’après Cauchy-Lipschitz (et le TVI), toute autre
solution est soit strictement positive soit strictement négative.
2. Soit f une solution > 0. Alors f est solution de l’ED ssi
f 0 (x)
= −a(x) ⇔ ln(f (x)) = −A(x) + C ⇔ f (x) = e−A(x) eC = λe−A(x)
f (x)
où A est une primitive de a et λ une constante strictement positive.
3. De même, si f < 0, ...
On a donc montré que les solutions sont les fonctions λe−A(x) où A est une
primitive de a et λ une constante quelconque.3
Remarquons que si a est continue sur R, alors les solutions sont définies sur
R (l’intervalle de vie est R).
Exemples
1. On peut ainsi résoudre l’équation y 0 = y : en se plaçant sur un intervalle ou
0
la fonction y ne s’annule pas, on l’écrit yy = 1, qui s’intègre en ln |y| = x+C,
eC ex = λex (où la constante λ est strictement positive).
ou encore |y| = |{z}
λ
Si on est sur un intervalle où y est strictement positive, ceci équivaut à
y = λex ; si on est sur un intervalle où y est strictement négative, ceci
équivaut à y = −λex ; d’autre part, la fonction nulle est aussi solution.
Finalement, les solutions peuvent se mettre sous la forme
x 7→ λex
x 7→ λx
16
Théorème 4. Soit f0 une fonction qui est une solution particulière de l’équation
différentiellenon homogène. Soit {λg} l’ensemble des fonctions solutions de
l’équation différentielle homogène associée. Alors les solutions de l’équation
différentielle non homogène sont les fonctions
Preuve du théorème —
1. Toute fonction f0 (x) + λg(x) est solution (il suffit de remplacer dans
l’équation différentielle).
2. Réciproquement, toute solution est de cette forme : pour voir ceci, on
considère une fonction f solution, on montre alors que f − f0 est solution
de l’équation différentielle homogène associée (vérifier !), et par conséquent
f −f0 est l’une des fonctions λg, autrement dit f = f0 +λg, ce qu’on voulait.
λg(x)
λ0 g + λg 0 + aλg = b
Exemples
1. Reprenons l’équation y 0 − y = e2x . ...
17
4.5 Autres exemples
On trouve parfois des solutions particulières assez simples, sans avoir à utiliser
la méthode de variation de la constante.
1. y 0 +2xy = 2x : on cherchera une solution particulière sous forme de fonction
constante.
2. 2xy 0 + y = 1 là encore, chercher une solution particulière simple.
3. y 0 − y = x Aide pour la primitive...
4. y 0 − y = sin(x) Aide pour la primitive...
5. y 0 + 2xy = 1. Appliquer la variation de la constante ; quelle fonction doit-
on intégrer ? Ceci est un exemple d’équation où la méthode n’aboutit pas,
2
parce qu’on ne sait pas trouver une formule pour les primitives de ex .
18
5 Étude géométriques
Ou : que faire quand on ne sait pas résoudre ? Deux résultats qualitatifs.
5.1 Barrières
On considère une équation différentielle y 0 = Φ(x, y) (où Φ est une fonction
continue de R2 dans R.).
DESSIN.
Définition 5.1. On appellera sur-solution toute fonction dérivable g : R → R
telle que pour tout x ∈ R, g 0 (x) > Φ(x, g(x)). Le graphe d’une sur-solution est
appelé barrière descendante.
Autrement dit, en tout point d’une barrière descendante, la pente de la tan-
gente est supérieure à la pente du champ de l’équation différentielle.
Exemple On considère y 0 = 2 cos(y − x). La droite y = x + π est une sur-
solution. Faire un dessin.
Une barrière descendante “pousse les solutions vers le bas” : Remarque Soit
g une barrière descendante et f une solution. Supposons que les deux graphes se
croisent : f (x1 ) = g(x1 ) pour un certain x1 . Alors :
1. si x < x1 et x assez proche de x1 , on a g(x1 ) < f (x1 ).
2. si x > x1 et x assez proche de x1 , on a g(x1 ) > f (x1 ).
(Preuve : DL 1 de g − f ).
L’intérêt des barrières, c’est 1) qu’il est beaucoup plus facile de trouver des
barrières que des solutions (il y en a plus !), et 2) qu’une bonne barrière peut
donner des indications sur le comportement des solutions, à l’aide du théorème
suivant.
Théorème 5. Soit g une barrière descendante, et f une solution. Supposons qu’il
existe x0 ∈ R tel que g(x0 ) ≥ f (x0 ).
Alors pour tout x ≥ x0 , on a g(x0 ) > f (x0 ).
19
Dans ce qui précède, on a admis que f était définie pour tout x ≥ 0. En fait,
ceci découle d’un résultat général.
y 0 = Φ(x, y)
20
6 Équation différentielles linéaires d’ordre 2 à coeffi-
cients constants
Il s’agit des équations du type
ay 00 + by 0 + c = g(t)
Rappels
Pour travailler avec les nombres complexes, il faut accepter l’existence d’un
nombre i dont le carré vaut − 1. Ceci étant admis, un nombre complexe est un
nombre de la forme
z = x + iy
où x et y sont des nombres réels. On calcule avec les complexes comme avec les
nombre réels ; on peut ainsi les ajouter, les multiplier.
Exercice : calculer (1 + 2i)(3 + 4i).
Comme un nombre complexe correspond à la donnée de deux nombres réels,
on peut identifier l’ensemble C des nombres complexes avec le plan R2 :
x + iy = Reiθ .
21
Le conjugué de z = x + iy est z = x − iy.
1
Exercice : que vaut z.z ? Calculer alors 1+i .
Voici une première motivation pour les nombres complexes. On les a inventé
en décidant simplement qu’il existait une racine carré au nombre négatif − 1.
Mais maintenant, tout nombre négatif a une (et même deux) racines carrées.
Exercice : trouver les deux racines carrées complexes de − 10.
Autrement dit, l’équation z 2 = r (avec r réel) a toujours deux solutions (sauf
pour 0). Mieux : toutes les équations de degré 2 (avec a, b, c réels)
az 2 + bz + c = 0
vont avoir deux (ou parfois une seule) solutions. Et la formule est la même que
dans le cas ∆ > 0 : −b+δ2a
±
où δ± représente les deux racines carrées de ∆.
(En fait, idem si a, b, c complexes).
Exercice : quelles sont les solutions complexes de z 2 + z + 1 = 0 ?
Vérifier votre réponse.
ea+ib = ea eib .
z 0 (t) = ωeωt .
22
6.2 L’équation différentielle homogène
Il s’agit de l’équation différentielle
ay 00 + by 0 + cy = 0.
Nous allons voir comment la résoudre à l’aide des complexes. D’abord quelques
remarques.
Généralités
On peut interpréter cette équation de deux manières, selon qu’on cherche des
solutions à valeurs réelles ou complexes. Le sens physique de cette équation avec
y à valeurs complexes n’est pas très clair, mais on va voir que le point de vue
complexe permet de trouver agréablement les solutions réelles.
Résolution
On va trouver des solutions complexes sous forme de fonction exponentielle,
et on les combinera pour obtenir des solutions réelles.
Exercice : trouver les fonctions solutions du type t 7→ eωt . Miracle, l’équation
différentielle est convertie en une équation polynomiale de degré deux !
Quand ∆ > 0, on trouve deux solutions qui sont des fonctions réelles.
Quand ∆ < 0 on trouve deux solutions complexes conjuguées. En les combiant
linéairement, on obtient leur partie réelle et imaginaire, qui sont deux solutions
réelles.
Quand ∆ = 0, on trouve une seule solution (réelle) y1 , on remarque que
y2 = ty1 est encore solution.
Théorème Dans chacun des trois cas, on a trouvé deux fonctions solutions f1
et f2 . Les solutions de l’équation sont alors les combinaisons linéaires de ces deux
fonctions (vrai sur R ou C).
(ce qui resterait à montrer pour avoir le théorème, c’est qu’on a bien trouvé
toutes les solutions).
ay 00 + by 0 + cy = eωt
23
ressort forcé sans frottement :
k F F0
x00 + x= = cos(ωt).
m m m
Théorème 7. Soit f0 une fonction qui est une solution particulière de l’équation
différentiellenon homogène. Soit {λ1 f1 + λ2 f2 } l’ensemble des fonctions solutions
de l’équation différentielle homogène associée. Alors
1. Les solutions de l’équation différentielle non homogène sont les fonctions f
définies par
f (t) = f0 (t) + λ1 f1 (t) + λ2 f2 (t).
2. Pour toute condition initiale (t0 , y0 , y00 ), il existe une unique solution f qui
vérifie les conditions initiales f (t0 ) = y0 et f 0 (t0 ) = y00 .
ay 00 + by 0 + cy = d(t),
et si f1 est solution de
ay 00 + by 0 + cy = e(t),
alors f0 + f1 est solution de
ay 00 + by 0 + cy = d(t) + e(t).
24