Risques Professionnels en Établissement de Santé

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MODULE INTERPROFESSIONNEL DE SANTÉ PUBLIQUE

– 2014 –

RISQUES PROFESSIONNELS EN
ETABLISSEMENTS DE SANTE : QUELS ENJEUX
DE SECURITE SANITAIRE ?

– Groupe n° 31 –

 Monique Akmel-Bourgade  Alice Arlot


 Charlotte Beata  Catherine Berton
 Hélène Gendreau  Paulo Gomes
 Marie Henry  Gildas Huerre
 Emmanuelle Madec-Clei  Melody Malpel

Animatrice
 Emilie Counil
Sommaire

INTRODUCTION .......................................................................................................................................... 1

METHODOLOGIE ......................................................................................................................................... 3

I. TROIS RISQUES AVEC DE FORTS ENJEUX DE SECURITE SANITAIRE EN ETABLISSEMENT DE SANTE ...... 5

A- LES CONTRAINTES PSYCHOLOGIQUES ET ORGANISATIONNELLES : UN RISQUE DE PLUS EN PLUS PREVALENT ................. 5


B- LA MAITRISE DU CIRCUIT DU MEDICAMENT A L’HOPITAL : UN RENFORCEMENT DE LA SECURITE SANITAIRE ................... 7
C- LE RISQUE BIOLOGIQUE : LA SPECIFICITE ET LA PREVALENCE DU RISQUE INFECTIEUX .............................................. 11

II. DE L’EVALUATION AU PLAN D’ACTIONS : UNE NECESSAIRE AMELIORATION DE LA DEMARCHE


SECURITE EN ETABLISSEMENT DE SANTE .................................................................................................. 15

A- LA QUALITE DE VIE AU TRAVAIL : LA CONSTRUCTION D’UN CONCEPT EN RELATION AVEC LES ENJEUX SANITAIRES......... 15
1. Sécurité du patient versus risques professionnels ........................................................................ 15
2. La qualité de vie au travail : un déterminant de la sécurité des soins .......................................... 16
3. La prise en compte des conditions de travail : faire évoluer les esprits ........................................ 17
4. Améliorer les conditions de travail dans un établissement de santé ............................................ 18
B- LES DISPOSITIFS D’EVALUATION DES RISQUES PROFESSIONNELS ........................................................................ 18
1. Les outils d’évaluation : un ensemble hétéroclite ......................................................................... 18
2. Le CHSCT : un rôle central dans la sécurité au travail ................................................................... 21
C- QUELLES PERSPECTIVES POUR LA QUALITE DE VIE AU TRAVAIL EN LIEN AVEC LA SECURITE DES SOINS ? ...................... 22
1. Transformer les contraintes en opportunités ............................................................................... 22
2. Sensibiliser les acteurs aux risques du circuit du médicament ..................................................... 24
3. Travailler sur les représentations liées à la vaccination ............................................................... 25

CONCLUSION ............................................................................................................................................ 27

BIBLIOGRAPHIE ......................................................................................................................................... 29

LISTE DES ANNEXES...................................................................................................................................... I

EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014


Remerciements

Nous souhaitons tout d’abord remercier l’ensemble des interlocuteurs qui ont accepté de
répondre à nos questions. Tous nous ont accordé du temps et nous ont reçus avec
bienveillance. Les entretiens réalisés nous ont permis d’enrichir nos recherches.

Nous remercions chaleureusement notre référente, Madame Emilie Counil, pour son aide
dans le choix des contacts, sa disponibilité et ses conseils.

Un remerciement à Alice, qui a assuré la responsabilité logistique pour notre groupe.

Nous tenons enfin à remercier l’équipe pédagogique à l’origine de ce module


interprofessionnel, Mme Emmanuelle Guevara et M. Christophe Le Rat pour l’organisation
de ce projet, leur soutien logistique et leur accueil chaleureux. Ce travail collectif aura été
l’occasion d’échanges riches et dynamiques.

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Liste des sigles utilisés

ACIP : Advisory Committee on Immunization Practices (comité technique des


vaccinations en France)
AES : Accident d’Exposition au Sang
ARIQ : Attraction Rétention Implication des infirmières Qualité des soins
ANACT : Agence Nationale pour l’Amélioration des Conditions de Travail
ANFH : Association Nationale de la Formation Hospitalière
ANI : Accord National Interprofessionnel
AS : Aide-Soignant
CHSCT : Comité d’Hygiène Sécurité et Conditions de Travail
CHU : Centre Hospitalier Universitaire
CCLIN : Centre de Coordination de Lutte contre les Infections Nosocomiales
CME : Commission Médicale d’Etablissement
CMR : Cancérigène Mutagène Reprotoxique
CPO : Contraintes Psychologiques et Organisationnelles
DASRI : Déchets d’Activités de Soins à Risques Infectieux
DU : Document Unique
EI(G) : Evénements Indésirables (Graves)
ENEIS : Enquête Nationale sur les Evénements Indésirables liés aux Soins
EPP : Evaluation des Pratiques Professionnelles
FPH : Fonction Publique Hospitalière
GERES : Groupe d’Etude sur le Risque d’Exposition des Soignants aux agents infectieux
HAS : Haute Autorité de Santé
IDE : Infirmière Diplômée d’Etat
INPES : Institut National de Prévention et d’Education à la Santé
InVS : Institut national de Veille Sanitaire
MIP : Module InterProfessionnel
ORSOSA : ORganisation des SOins et SAnté des soignants
RPS : Risques Psychosociaux
QVT : Qualité de Vie au Travail
THEOREM : Théorie Organisation Recommandation Management
TMS : Troubles Musculo-Squelettiques
UF : Unité Fonctionnelle

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Introduction

« La culture de la prévention à l’hôpital [des infections nosocomiales] est centrée sur le


patient alors qu’aujourd’hui on introduit le personnel ; les risques professionnels
n’intéressent pas grand monde, car, c’est simple, l’hôpital est au service du patient.
Pourtant, il existe un lien réel entre qualité de vie au travail et sécurité des soins.
D’ailleurs, la Haute Autorité de Santé a introduit pour la première fois des indicateurs sur
la qualité de vie au travail. Le lien est logique : un soignant qui n’est pas bien risque de
faire plus d’erreurs […] ».
Régis de Gaudemaris, le 5 mai 2014, au cours d’un entretien téléphonique.

Dans La société du risque (1986), Ulrich Beck démontre que le risque, « danger potentiel
plus ou moins imprévisible »1, n’est plus une menace extérieure mais un élément
indissociable et constitutif de la société, dans la mesure où le risque n’est pas une
imperfection au progrès mais sa contrepartie. Cette analyse constitue une grille de lecture
pour étudier les enjeux de sécurité sanitaire (cf définition en Annexe 1) liés aux risques
professionnels dans les établissements de soins.

L’hôpital, comme tout employeur, doit s’assurer de la protection de la santé et de la


sécurité de ses salariés. Il a en effet une obligation de résultat. Pour ce faire, il doit prendre
« toutes les mesures nécessaires pour assurer la santé physique et mentale des
travailleurs »2. Le secteur de la santé se distingue des autres par des conditions de travail et
une exposition aux risques professionnels très spécifiques. L’enquête Surveillance
médicale des expositions aux risques professionnels (SUMER)3 répertorie les risques
auxquels sont exposés les professionnels de santé : horaires atypiques, contraintes de
rythme de travail, agressions de la part du public, exposition à des produits chimiques,
troubles musculo-squelettiques (TMS). Les « risques psychosociaux » semblent
consubstantiels au secteur de la santé. Ceux-ci découlent de « contraintes psychologiques
et organisationnelles » (CPO) propres au fonctionnement des établissements de santé.

1
Dictionnaire Larousse, 2013.
2
Art. L4121-1 du Code du travail.
3
DARES analyse – « Les risques professionnels en 2010 : de fortes différences d’exposition selon les
secteurs » (enquête SUMER 2010), février 2013 n°10.

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Selon Yves Clot4, parler de « CPO » permet de mieux décrire les causes des « risques
psychosociaux », d’élaborer une stratégie collective pour les réduire et d’améliorer la
sécurité des soins.

La sécurité du patient et la prise en compte des risques professionnels ont été traitées de
façon distincte. Or, on constate une forte corrélation entre la qualité des soins prodigués au
patient et les conditions de travail. Les évènements indésirables graves (EIG) adviennent
souvent dans un environnement stressant, lorsque la charge de travail est trop importante.
La réduction des risques professionnels apparaît ici comme une condition sine qua non
d’une sécurité des soins mieux garantie.

En 1994, Didier Tabuteau décrit la sécurité sanitaire comme la « protection contre les
risques liés au fonctionnement du système de santé »5. Cette définition, qui renvoie à une
doctrine médicale, « Primum non nocere » (« premièrement ne pas nuire »), semble
s’appliquer exclusivement à la protection des patients. Pourtant, les soignants encourent
des risques dans leurs pratiques quotidiennes au service des patients.

De nombreuses démarches ont été entreprises pour réduire les risques professionnels dans
les établissements de santé : le décret n°2001-1006 a introduit des obligations sur
l’évaluation des risques professionnels et l’instauration d’un Document Unique. Plus
récemment, la Haute Autorité de Santé (HAS) a inclus la « qualité de vie au travail » parmi
les critères de certification. L’essor des référentiels de qualité et la prise en compte des
demandes des usagers ont conduit à de profondes mutations des organisations soignantes.
Il en résulte une diversification des tâches afférentes aux métiers du soin qui pose la
question de l’accompagnement des personnels dans l’apprentissage de ces nouvelles
activités. Ces constats nous amènent à interroger les liens entre sécurité des patients et
risques professionnels. Comment concilier les exigences de sécurité des soins et de
protection des professionnels en établissement de santé ?

Pour tenter de répondre à ces questions, nous étudierons trois risques professionnels ainsi
que leurs enjeux sanitaires (I). Puis nous démontrerons que si de nombreuses pistes
d’évolution existent, elles méritent d’être développées (II).

4
Interview d’Yves Clot, 2012
5
Thomas Alam, « Les mises en forme savante d’un mythe d’action publique : la sécurité sanitaire »,
Genèses, 2010 / 1 ; n°78 ; pp. 48-66.

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Méthodologie

Le « Module interprofessionnel » (MIP) de santé publique invite les élèves à produire une
réflexion collective sur des sujets de santé publique. Il constitue une occasion unique pour
les élèves d’apprendre à travailler ensemble. Encadré par Madame Emilie Counil,
enseignante chercheure au département EPI-BIOSTATS de l’Ecole des Hautes Etudes en
Santé Publique) ce groupe (n°31), rassemblait dix élèves aux parcours et aux horizons
différents.

Le groupe a organisé une première rencontre le jeudi 22 avril, en amont de la date


officielle de début du MIP, pour faire connaissance et pour échanger sur sa vision du
travail en commun.

La première réunion avec Mme Counil a été l’occasion pour le groupe de questionner
davantage le sujet. Elle nous a proposé des lectures complémentaires, que nous nous
sommes partagées. A partir des sources bibliographiques proposées et de nos propres
recherches nous avons constitué un tableau regroupant les principaux risques pour les
professionnels, leurs caractéristiques et leurs conséquences sur la sécurité des patients (cf
Annexe 2).

Nous avons choisi d’étudier de manière plus approfondie trois risques. Nous avons retenu
les contraintes psychologiques et organisationnelles (CPO) du fait de leur prévalence
croissante et de leur fort impact sur la sécurité des patients.

Ensuite, les risques liés au circuit du médicament ont retenu notre attention de par la
multiplication des acteurs impliqués. En outre, si les risques pour les patients sont bien
identifiés, les risques chimiques liés aux médicaments pour les professionnels sont parfois
sous-estimés.

Enfin, le risque biologique a été retenu pour sa spécificité. Dans un premier temps, nous
avons orienté nos recherches sur les AES. Nous avons finalement choisi de traiter le risque
infectieux car, au vu des entretiens réalisés, il apparaît comme un des risques majeurs en
établissements de soins tant pour les professionnels que pour les patients contrairement aux

EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014 -3-


AES dont la prévalence est désormais faible6. Il est d’autant plus intéressant à étudier que
la source d’infection est souvent humaine (patientsoignant, patient patient, soignant
soignant).

Nous avons mené divers entretiens avec des personnes ressources identifiées en amont par
Mme Counil (médecins du travail, HAS, inspection du travail, chercheurs) que nous avons
nous-même contactées pour obtenir des rendez-vous.

Nous avons également choisi de mener des entretiens auprès d’infirmières, d’aides-
soignantes, de kinésithérapeutes, que nous avons-nous-même identifiés et contactés, afin
de les interroger sur leurs représentations des enjeux de sécurité sanitaire liés aux risques
professionnels. Le groupe a choisi de mener des entretiens semi-directifs à partir d’une
grille d’entretien (cf Annexe 3) adaptée aux différents interlocuteurs, selon un calendrier
prévisionnel (cf Annexe 4). Une synthèse de ces entretiens a été réalisée sous forme de
tableau (cf Annexe 5).

Les échanges réguliers avec notre référente, sous la forme d’entretiens téléphoniques et de
réunions à Paris, ont permis au groupe d’affiner sa problématique et de construire un
travail mieux structuré.

Les moments de réflexion en commun, le forum mis à notre disposition sur la plateforme
numérique pédagogique de l’EHESP et les échanges de courriels ont permis aux membres
du groupe de partager quotidiennement de nombreuses informations, mais aussi des
questionnements émergents.

Si des binômes se sont constitués pour assurer la rédaction du mémoire, l’ensemble du


groupe a participé à la mise en commun des écrits, aux débats, à la relecture globale de la
production finale et à la préparation de l’oral. Notre production intermédiaire a été soumise
à la relecture de Mme Counil. Enfin, le groupe a souhaité mettre en lumière des bonnes
pratiques, ainsi que des pistes d’évolution.

6
« Surveillance des accidents avec exposition au sang dans les établissements de santé en France en 2007 »,
dossier InVS, publication 2009

-4- EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014


I. Trois risques avec de forts enjeux de sécurité sanitaire en
établissement de santé

Notre recherche bibliographique puis nos différents entretiens ont permis d’identifier trois
risques particulièrement prégnants pouvant avoir des conséquences à la fois sur la sécurité
des soignants et des patients.

A- Les Contraintes Psychologiques et Organisationnelles : un risque


de plus en plus prévalent

La notion de CPO recouvre plusieurs réalités : les tensions liées aux contraintes de
réalisation du travail, aux changements du travail et de son environnement, aux relations et
comportements, mais également les tensions liées aux valeurs et aux exigences du salarié.
Les salariés subissent des contraintes liées à l’organisation même du temps de travail mais
aussi au travail en équipe, qui est source de tensions. Aujourd’hui, nombreux sont les
professionnels qui rapportent que les relations humaines et les conflits qui en découlent
sont souvent le point de départ de mauvais fonctionnements dans un service, mais aussi la
cause de sentiments de mal-être au travail.

L’enquête SUMER permet de dégager un certain nombre de contraintes auxquelles sont


particulièrement exposés les salariés de la fonction publique hospitalière (FPH). Ainsi
40.1% des salariés de la FPH sont confrontés à des contraintes de rythme de travail. Ils
« travaillent beaucoup plus souvent que l’ensemble des salariés selon des horaires
atypiques, notamment le dimanche et les jours fériés (62 % dans la FPH. […] Ils sont
également plus nombreux à ne pas avoir les mêmes horaires tous les jours (38 % contre 23
% pour l’ensemble des secteurs) et à travailler fréquemment la nuit (27 %) » 7, ce qui peut
rendre plus difficile la conciliation entre travail et vie privée.

Ces contraintes organisationnelles peuvent avoir une répercussion sur la santé des patients.
En effet, le travail en 12h, le travail de nuit ou encore des horaires atypiques peuvent
causer une fatigue certaine et entrainer une baisse de l’attention, une plus grande nervosité
et donc dans certains cas des erreurs.

7
DARES analyse - « Les risques professionnels en 2010 : de fortes différences d’exposition selon les
secteurs » (enquête SUMER 2010), février 2013 n°10.

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L’enquête ENEIS8 de 2010 rapporte que 24% des évènements indésirables graves (EIG)
évitables pendant une hospitalisation seraient dus à une défaillance humaine. Un EI peut se
définir comme « tout événement survenant au sein de l’établissement de santé et qui peut
avoir des conséquences néfastes sur le patient, les professionnels de santé, les visiteurs ou
les biens». Cet EI est qualifié de « grave » quand ses conséquences mettent ou pourraient
mettre en péril le patient, les professionnels de santé, les visiteurs ou les biens.

Concernant les contraintes psychologiques, au niveau européen9, près d’un tiers des
travailleurs estime que sa santé est affectée par le stress ressenti sur le lieu de travail. En
France, les consultations pour risques psychosociaux sont devenues en 2007 la première
cause de consultation pour pathologie professionnelle. Ce phénomène se ressent d’autant
plus dans les établissements de santé du fait notamment des contraintes organisationnelles
et psychologiques. Ainsi, l’enquête SUMER de 2010 rapporte que 46,3% des salariés de la
FPH indiquent être souvent, voire toujours, obligés de se dépêcher pour faire leur travail.
De même, le risque de porter atteinte à leur sécurité et à celle des autres personnes est
identifié par 69 % d’entre-eux. Enfin, ils sont soumis à des procédures de qualité strictes
qui complexifient et alourdissent leurs tâches de travail.

Devoir travailler en contact direct avec le public est également source d’anxiété.
L’actualité n’a cessé ces dernières années de nous démontrer que cette spécificité pouvait
être à la source de risques professionnels comme le stress, avec le développement des
agressions verbales et physiques dans les services d’urgence. Ainsi, 29,3% des salariés de
la FPH indiquent avoir fait au moins l’objet d’une agression verbale au cours des douze
derniers mois10.

Selon Madame Saillour-Glénisson, médecin de Santé Publique au Centre hospitalier


universitaire de Bordeaux, les CPO sont en lien fort avec le management de proximité. Elle
souligne d’ailleurs l’importance du travail des cadres de proximité en matière de
prévention des risques professionnels11. Pourtant, plus de 64% des salariés ont du mal à

8
Enquête nationale sur les évènements indésirables liés aux soins observés en établissements de santé
9
Rapport Lachman, Larose, Penicaud, « Bien-être et efficacité au travail, 10 propositions pour améliorer la
santé psychologique au travail », février 2010
10
DARES analyse – « Les risques professionnels en 2010 : de fortes différences d’exposition selon les
secteurs » (enquête SUMER 2010), février 2013 n°10.
11
Entretien Florence Saillour-Glénisson, médecin de Santé Publique au CHU de Bordeaux. Entretien

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bénéficier de moments d’échange informel avec leur cadre de proximité. Selon elle, un
management de qualité accroît la sécurité des soins et a un impact positif sur la qualité de
vie au travail, et donc réduit les CPO. Elle va même jusqu’à associer deux éléments : « la
bientraitance des soignants vis-à-vis des patients va de pair avec la bientraitance de la
structure à l’égard des professionnels. »

Par ailleurs, selon le Docteur Sorel, médecin du travail au CHU de Rennes, les CPO
peuvent conduire les professionnels de santé à développer des addictions (alcool, tabac,
drogue), ce qui représente un enjeu de santé publique mais aussi un risque potentiel pour la
sécurité des patients.

Les CPO peuvent parfois avoir un impact sur l’absentéisme, un mal-être au travail pouvant
engendrer des arrêts de travail. C’est du moins ce qui ressort d’une étude d’un congrès « la
progression de l’absentéisme : nouveaux comportements des salariés ou nouvelles
contraintes organisationnelles12». Il est important de rappeler que l’absentéisme de courte
durée a un impact sur les organisations.13 Du fait de cet « absentéisme perlé » le cadre de
proximité consacre une grande partie de son temps à la gestion de ce phénomène (rappel de
personnel, demande d’intérimaires…). Les organisations sont déstabilisées, ce qui peut
entraîner une surcharge de travail pour les professionnels présents et ainsi renforcer
davantage les CPO.

L’absence de prise en compte des CPO, outre son impact sur la santé physique et mentale
des personnels hospitaliers, peut engendrer des conséquences sur la sécurité des patients
mais également entrainer d’autres risques, comme des erreurs dans la gestion du circuit du
médicament.

B- La maîtrise du circuit du médicament à l’hôpital : un renforcement


de la sécurité sanitaire

Le circuit du médicament constitue le processus le plus transversal de l’hôpital. Ses bases


législatives et réglementaires14 sont nombreuses. La prise en charge médicamenteuse fait

12
Gregor Bouville, « La progression de l’absentéisme : nouveaux comportements des salariés ou nouvelles
contraintes organisationnelles, 21ème Congrès de l'AGRH, 2010 ».
13
Florence Delaune, MIP « Le bien-être au travail, où en est-on au sein de l’hôpital public? », 2013
14
L’arrêté du 31 mars 1999, le décret du 26 décembre 2000, la loi de modernisation sociale du 17 janvier
2002, le décret du 25 août 2005

EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014 -7-


l’objet de toutes les attentions. Elle constitue une pratique exigible prioritaire depuis la
V2010. La loi du 29 décembre 2011 relative à la sécurité sanitaire du médicament et des
produits de santé renforce la gestion des risques liés au médicament.

La sécurisation du circuit du médicament présente deux enjeux majeurs pour les patients,
mais aussi pour les professionnels. Il s’agit d’une part d’éviter la iatrogénie des produits de
santé et de prévenir les erreurs médicamenteuses afin de garantir la sécurité du patient.
D’autre part, les professionnels de santé doivent en effet appliquer la règle des « 5 B » qui
consiste à administrer le bon médicament, à la bonne dose, par la bonne voie, au bon
moment et au bon patient. Nous avons choisi d’observer une « filière de risques », et nous
avons opté pour l’étude des risques liés à l’élaboration, au transport, à la pose et au
traitement des déchets issus des cytotoxiques.

Processus complexe, hétérogène, qui implique de nombreux professionnels, le circuit du


médicament repose sur une chaîne de savoir-faire dans laquelle la transmission
d’informations et la coordination des interventions sont essentielles. Il comporte cinq
étapes (la prescription, la validation par le pharmacien, la préparation, le transport,
l’administration par l’infirmière), auxquelles s’ajoutent la question du traitement des
déchets (cf Annexe 6). Les soignants rencontrés nous ont fait part de la présence d’outils
et de protocoles sur le circuit des cytotoxiques.

Des dispositions sont mises en œuvre afin de pallier les erreurs médicamenteuses. Au
niveau des locaux, la HAS et la DGOS préconisent un espace dédié, par exemple au
moyen d’un marquage au sol, bien éclairé et sans nuisance sonore. En matière
d’organisation du travail, il convient de bien identifier les plages horaires à risques afin de
planifier cette activité en conséquence, en tenant compte des effectifs et des
qualifications. De plus, le mode opératoire de préparation doit être connu et le matériel
adapté. Des dispositions générales existent : une seule préparation à la fois pour un
patient, réalisé par un seul IDE. Une lecture attentive du produit pris dans la pharmacie
est requise. Il faut éviter des interruptions durant les préparations. Elles doivent être
assurées le plus près possible de l’administration, selon les caractéristiques du produit. Le
déconditionnement des formes orales est fortement déconseillé. L’étiquetage des
préparations, notamment les formes injectables reconstituées, est indispensable.

-8- EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014


L’Hospitalisation à Domicile (HAD) constitue un environnement particulièrement risqué
pour les professionnels. M. Sinigaglia, inspecteur du travail, explique que l’élaboration
des chimiothérapies « se fait parfois dans la cuisine, au-dessus de l’évier ». Les
professionnels et l’entourage du patient encourent alors un risque d’exposition aux
produits cytotoxiques par voies respiratoires.

Lors de nos entretiens l’IDE d’oncologie a cité l’ensemble des outils (habillage,
protocoles, procédures…) actuels pour le circuit des cytostatiques. Le risque chimique
semble connu et les protocoles respectés de la préparation des prescriptions à
l’élimination des déchets. Le Comité International de la Croix Rouge précise dans son
manuel de gestion des déchets médicaux que : « les déchets liés aux soins de santé
constituent un réservoir de micro-organismes potentiellement dangereux, susceptibles
d’infecter les malades hospitalisés, le personnel et le grand public. Les voies d’exposition
sont multiples : blessure (coupure, piqûre), contact cutané avec les muqueuses, inhalation
ou par ingestion15 ».

Au niveau de la pharmacie à usage intérieur, des précautions particulières existent pour


les déchets d’activité de soins de chimiothérapie (aiguilles, cathéters, compresses,
flacons…). Les flacons de produits cytostatiques sont éliminés par une filière spécifique
(produits dangereux), tandis que les déchets de soins des services sont éliminés dans les
sacs DASRI. Les excréta humains à la suite des traitements suivent un circuit sécurisé au
sein des établissements. Cependant, une interrogation demeure lorsque le traitement est
administré au domicile des patients lors d’une HAD.

Pour Emilie Legrand, sociologue, lors de son intervention au Colloque « Organisation,


gestion productive et santé au travail »16, les risques chimiques sont les mieux pris en
charge collectivement, et ceci, grâce à l’action du CHSCT. La reconstitution des
cytotoxiques a fait l’objet de nombreux travaux et il existe de nombreux outils.

Cependant, Mme Legrand met en exergue la sous-estimation réelle du risque d’exposition


mais surtout l’occultation de certaines expositions aux cancérogènes en lien avec le

15
« Manuel de gestion des déchets médicaux », p. 17, Comité International de la Croix Rouge (CICR), mai
2011.
16
E.Legrand, « l’hôpital face aux risques professionnels cancérogènes : invisibilisation et aveuglement ».
Sociologue, maîtresse de conférences, université du Havre Idees/Cirtal

EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014 -9-


travail, nonobstant les démarches de prévention assurées dans l’établissement. De fait,
certaines expositions produisent des effets à court terme. Pour autant, l’exposition à
d’autres produits cancérogènes peut avoir une évolution insidieuse et longue dont il faut
tenir compte pour la prise en charge de cancers différés et d’origine professionnelle. De
plus, les difficultés à objectiver le risque CMR procèdent de son caractère invisible et
insidieux contrairement aux AT et aux TMS. En effet, si la matérialisation « physique »
(odeur) est parfois réelle, il n’en demeure pas moins que la dangerosité est sous-estimée,
voire appréciée comme étant naturelle ou agréable (odeur).

De surcroît, le processus médico-légal de la reconnaissance des maladies professionnelles


obère la visibilité du risque lié aux cytostatiques. La prise en charge d’une maladie
professionnelle nécessite de figurer parmi l’un des 120 tableaux des maladies
professionnelles de l’Assurance maladie et de répondre à des critères spécifiques.
Aujourd’hui, la méthode de déclaration des pathologies professionnelles pâtit d’un double
effet restrictif : le nombre des maladies professionnelles figurant aux tableaux est limité et
le diagnostic centré sur une seule « cause ». Or, les pathologies d’origine professionnelle
et en particulier le cancer, peuvent résulter d’expositions multiples, conjointes et
simultanées dans les milieux professionnels et de vie, sans que l’on soit en mesure
d’identifier précisément un agent causal. On note aussi une méconnaissance de leurs
droits par les travailleurs. Selon E. Legrand, on constate une absence de contrôle des
dispositifs collectifs de prévention (faibles contrôles des systèmes de captage). Elle parle
même d’un « aveuglement organisationnel » des établissements qui aboutit à une
politique de prévention particulièrement perfectible pour les personnels à l’hôpital.

Le circuit du médicament comporte des risques accrus dans un environnement hospitalier


soumis à une obligation de performance, une accélération de la mobilité professionnelle
des personnels et une réduction de la durée moyenne du séjour des patients.
L’augmentation constante des traitements de cancer, l’apparition de molécules innovantes
et le développement des génériques créent de nouveaux risques. En effet, les changements
de produit (packagings différents) dans les pharmacies à usage intérieur créent de la
confusion, qui peut être source d’erreur.

Par conséquent, si les patients sont exposés à des risques iatrogéniques ou à des erreurs
d’administration liés au circuit du médicament, le contact des soignants avec certains

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médicaments peut également entrainer des risques pour leur santé. A ce risque chimique
peuvent également s’ajouter des risques biologiques.

C- Le risque biologique : la spécificité et la prévalence du risque


infectieux

Le risque biologique est un risque prévalent en établissement de soins à la fois pour les
professionnels et les patients. Ainsi, selon l’enquête SUMER de 2010, 76% des salariés de
la FPH sont exposés à des agents biologiques.

Il existe plusieurs types de risques biologiques : les risques immuno-allergiques17, les


risques toxiniques18, les risques cancérogènes 19
et les risques infectieux20. Les voies de
contaminations sont également diverses ce qui multiplie le risque : voie respiratoire et
transmission aérienne (toux d’un patient tuberculeux), voie sanguine en cas de piqûre ou
blessure (accidents d’exposition au sang, cf Annexe 7), voie digestive (transmission
manuportée) et via les muqueuses ou la peau.

L’impact et la prévalence de certains de ces risques sont parfois sous-estimés. C’est le cas
du risque infectieux, auquel nous avons choisi de nous intéresser, dans la mesure où il
concerne à la fois les soignants et les patients et qu’il pose des questions en termes de
sécurité sanitaire en population générale, notamment du fait du développement
d’épidémies comme la grippe.

Une des spécificités du risque infectieux est le portage sain : une personne atteinte d’une
maladie infectieuse peut transmettre un germe alors qu’elle ne présente pas les signes de la
maladie. C’est le cas par exemple de la tuberculose qui peut être asymptomatique ou dont
l’incubation est de plus d’un mois. Cette « invisibilité » rend le risque plus prégnant. A

17
« Les allergies sont dues à une défense immunitaire trop importante ». Ces réactions résultent de « la
présence dans l’organisme d’un allergène pouvant provenir d’un agent biologique. » ; Dossier INRS
« Risques biologiques en milieu professionnel »
18
« Une intoxication est un ensemble de troubles résultant de l’action exercée sur l’organisme par une ou des
toxines. En établissements de santé les professionnels et patients peuvent être exposés à des mycotoxines
(moisissures) ou à des endotoxines ».
19
« Un cancer est une tumeur maligne formée par la multiplication désordonnée de cellules ». Certaines
infections, lorsqu’elles deviennent chroniques peuvent parfois provoquer des cancers (hépatite B et C =>
cancer du foie).
20
« Les infections sont dues à la pénétration puis à la multiplication de micro-organismes dans le corps ».

EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014 - 11 -


cette notion de portage sain s’ajoute un phénomène récent et de plus en plus important :
celui des bactéries multirésistantes du fait de la mauvaise utilisation des antibiotiques.

Il convient de distinguer deux types de mesures de prévention contre le risque infectieux.


Pour certaines maladies, de type viral essentiellement, le vaccin est une couverture
efficace. A ce titre, certains vaccins sont obligatoires pour des professionnels de santé,
tandis que d’autres ne font l’objet que d’une recommandation (cf annexe 8). Les autres
mesures de prévention concernent les règles d’hygiènes : hygiène des mains, isolement,
port de masque…

Les personnels de tous les services sont exposés au risque infectieux même s’il existe
certaines particularités. Les services de pédiatrie sont plus particulièrement exposés aux
maladies de la petite enfance comme la rougeole. La grippe et la gastro-entérite sont aussi
des maladies fréquentes dans ce type de service. La contamination peut se faire des
patients vers les soignants et inversement mais aussi entre patients.

Lors de nos entretiens avec des kinésithérapeutes, le risque d’exposition à la tuberculose


est apparu comme une préoccupation. Les actes de kinésithérapie respiratoire exposent le
personnel à des transmissions par voie aérienne (gouttelettes) ou par contact. En outre, le
problème du diagnostic (et des délais dans lesquels il est posé) est un enjeu majeur car ce
type de maladie nécessite un isolement, d’où l’importance des mesures de précautions
standards (port de masque lors de tous les soins respiratoires).

Lorsque le risque infectieux concerne les patients, on parle « d’infection nosocomiale »21
ou d’infection associée aux soins. Le Ministère de la Santé estime que les infections
nosocomiales sont la cause directe de 4 000 décès chaque année en France ; elles touchent
un patient sur vingt et multiplient par trois le risque de décès. Contracter une infection
nosocomiale est considéré comme un EIG qui doit être déclaré. Ces dernières représentent
d’ailleurs 22% des EIG liés aux soins22.

21
Selon la définition du Conseil supérieur d’hygiène publique, « Une infection est dite nosocomiale si elle
était absente lors de l’admission à l’hôpital ». Pour être considérée comme telle elle doit se déclarer « au
moins 48 heures après l’admission ».
22
A. Vasselle, Rapport de l’OPEPS n°421 «Prévenir les infections nosocomiales : une exigence de qualité
des soins hospitaliers », 2006

- 12 - EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014


D’après les données de l’INSERM, les trois bactéries les plus fréquentes sont Escherichia
coli (24.7%), Staphylococus aureus (18.99%) et Pseudomonas aeruginosa (10%). La
prévalence de ces germes est d’autant plus inquiétante qu’ils peuvent être nocifs ou
résistants. Le staphylocoque peut être présent chez des porteurs sains et entraîner une
contamination collective d’un patient à un autre via un soignant.

Concernant les épidémies, la plus fréquente est la grippe qui peut être mortelle chez des
patients fragilisés (personnes âgées, enfants en bas âge, personnes immunodéprimées…).
La contamination peut se faire entre patients ou du soignant vers le patient. D’après le
CCLIN, la vaccination des deux tiers des personnels de santé permettrait d’endiguer la
grippe nosocomiale23. Or, la couverture vaccinale des soignants contre la grippe est
inférieure à 40% (en 2008-2009, 25,6% des soignants déclaraient être vaccinés)24.

Pour prévenir ces risques, de nombreuses mesures préventives ont été mises en place, avec
l’adoption de recommandations25, protocoles, guides de bonnes pratiques26… Les
précautions standards concernent surtout l’hygiène (hygiène corporelle, vestimentaire,
désinfection des chambres, du linge…) afin de limiter la propagation d’agents infectieux.
Ces mesures amplifient les contraintes actuelles du personnel qui peut manifester des
difficultés à appliquer les différents protocoles. De plus, le personnel ne doit pas avoir
d’objets personnels sur soi (téléphone portable, bijoux…) ou doit les nettoyer avant et
après chaque service (voire entre plusieurs patients) car ce sont des vecteurs importants de
transmission manuportée en cas d’épidémies, au sein de l’hôpital mais aussi entre l’hôpital
et le domicile. Or, il est ressorti de nos entretiens que ces principes sont peu respectés. En
effet, ces précautions ne sont pas encore dans la culture des soignants et considérées
comme contraignantes. Les précautions standards restent insuffisantes. La vaccination est
un rempart contre le risque infectieux viral.

Les infections nosocomiales sont donc un enjeu majeur pour les établissements de soins et
leur image. Elles constituent un indicateur de sécurité (ou de non sécurité) utilisé dans les
classements des établissements de plus en plus consultés par les usagers.

23
Guide Technique d’Hygiène Hospitalière. 2004 ; C.CLIN Sud-Est. Fiche n°16.03
24
« Vaccination et risque infectieux chez le personnel des établissements de santé ». BEH 35-36/ 27
septembre 2011.
25
Recommandation R410 sur « le risque biologique en milieu de soins », novembre 2004
26
M. Héron - « Hygiène et prévention des infections nosocomiales », revue Aides-Soignantes.2009

EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014 - 13 -


Par ailleurs, le risque infectieux en établissement de santé peut être un problème de santé
publique en termes de propagation de maladies dans la population. Lorsque l’apparition
des symptômes d’une maladie contractée à l’hôpital se fait après la sortie du patient, celui-
ci risque de la transmettre à l’extérieur ce qui augmente les phénomènes d’épidémies. Par
exemple, une personne ayant la grippe est contagieuse 24 heures avant l’apparition des
premiers signes et jusqu’à cinq jours après leur disparition.

En outre, certaines maladies comme la rougeole ou la coqueluche se développent alors


qu’elles auraient dû disparaître dans les années 2000 selon le Professeur Régis de
Gaudemaris. La couverture vaccinale du nourrisson contre la coqueluche étant très bonne,
cette maladie avait disparu chez l’enfant. Cependant, la durée limitée de la protection
entraine une résurgence des cas et « une source de contamination pour les nourrissons trop
jeunes pour recevoir l’injection »27. Ceci interroge sur la nécessité de revacciner les adultes
qui ne sont plus protégés et plus particulièrement les soignants en contact avec de jeunes
enfants pour qui la vaccination n’est que recommandée.

Après le constat de ces risques, il convient d’aborder les enjeux relatifs aux conditions de
travail et de leur lien avec la sécurité des soins. Cette articulation doit être mise en
perspective afin de diminuer la prévalence des risques associés aux soins pour les
personnels comme pour les patients.

27
Emmanuel Belchior, Isabelle Bonmarin, Isabelle Poujol, Sophie Alleaume, Jean-Michel Thiolet, Daniel
Lévy-Bruhl, Bruno Coignard « Episodes de coqueluche nosocomiale, France, 2008-2010 », in BEH 27
septembre 2011, InVs Saint Maurice, France.

- 14 - EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014


II. De l’évaluation au plan d’actions : une nécessaire
amélioration de la démarche sécurité en établissement de
santé

A- La qualité de vie au travail : la construction d’un concept en


relation avec les enjeux sanitaires

1. Sécurité du patient versus risques professionnels

La loi du 13 août 200428 dispose que chaque établissement doit définir une politique
d'amélioration continue de la qualité et de la sécurité de soins. De même, la lutte contre les
événements indésirables s'est intensifiée de façon manifeste, notamment à travers les
dispositifs de « vigilance sanitaire ». Globalement, l'atteinte des objectifs de sécurité des
soins fait l'objet d'évaluations régulières, externes (certification des établissements de
santé, inspections et contrôles) et internes (suivi d'Indicateurs Pour l'Amélioration de la
Qualité et de la Sécurité des Soins (IPAQSS) et évaluations des pratiques
professionnelles (EPP), revue de morbidité-mortalité (RMM)).

L'instauration d'une culture sécurité des patients, plébiscitée par les usagers et les experts,
doit être véhiculée par l'ensemble des professionnels de santé. Or, l'étude des entretiens
menés auprès de ceux-ci révèle une mobilisation hétérogène des acteurs. En outre, les liens
avec les risques professionnels, en particulier les contraintes psychologiques et
organisationnelles, sont peu identifiés. Ainsi les soignants ont une vision du « prendre
soin » des patients sans vraiment l'articuler avec le « prendre soin » d'eux-mêmes.

Pourtant, ils identifient clairement les outils mis à leur disposition pour prévenir les risques
professionnels tels que les « protocoles et procédures, achat de matériel, conduite d'EPP,
formations, recommandations, bonnes pratiques »29. Les problèmes liés à l'organisation du
travail, la coordination des acteurs et l'implication du patient sont cités : « absence de
communication dans l'équipe, pression des chirurgiens, des patients ». Cependant, nous
constatons que la tendance dégagée par nos entretiens révèle des soignants « biens et
investis dans leur travail »30.

28
Loi 2004.806 relative à la politique de santé
29
Annexe 5 : Extrait de la synthèse des entretiens professionnels
30
Op Cit

EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014 - 15 -


Les enjeux de qualité et sécurité des soins sont également cités par les professionnels à
travers la démarche qualité et la traçabilité des actes réalisés. Cependant, l'implication du
patient dans l'ensemble des actes de son parcours semble, selon nos investigations, peu
évoquée. Le programme national de sécurité des soins, lancé par Madame Marisol
Touraine en février 2013 « doit en effet permettre à tout professionnel, patient et usager de
discerner les enjeux de la sécurité des soins, les objectifs à poursuivre pour garantir la
sécurité et les moyens de s’améliorer, individuellement et collectivement. Chaque acteur,
quel que soit son rôle, est un maillon de la chaîne de sécurité nécessaire à la conception et
à la production d’un soin »31.

A ce jour, les professionnels de santé ne semblent pas avoir intégré que la sécurité des
patients et la prise en compte des risques professionnels et plus généralement des
conditions de travail représentent les « deux faces d’une même médaille ».

2. La qualité de vie au travail : un déterminant de la sécurité des soins

La qualité et la sécurité des soins sont deux enjeux majeurs pour les établissements de
santé. La réglementation relative à ces deux aspects a connu un fort développement ces
deux dernières décennies. Selon un rapport de la HAS32, elle pèse souvent comme une
contrainte pour les professionnels de santé. Elle peut également compromettre la qualité et
la sécurité des soins en complexifiant les processus et en augmentant la charge de travail.

C’est dans ce contexte que la HAS, en partenariat avec l’ANACT (Agence Nationale pour
l’Amélioration des Conditions de Travail), a animé des groupes de travail associant des
organisations syndicales, des experts-visiteurs et professionnels des établissements publics
et privés pour intégrer la notion de qualité de vie au travail33 (QVT) dans la certification
des établissements de santé. Le constat, alimenté par une abondante littérature scientifique,
est que la QVT a un fort impact sur la qualité et la sécurité des soins. Cette idée est

31
www.sante.gouv.fr/pnsp, Programme pour la sécurité des patients 2013-2017
32
« Qualité de vie au travail, qualité des soins, pour un croisement des points de vue », ANACT, p.6,
Séminaire du 2 juillet 2013
33
Définition dans l’accord national interprofessionnel du 19/06/2013 « Un sentiment de bien-être au travail
perçu collectivement et individuellement […] la qualité de vie au travail désigne et regroupe les dispositions
récurrentes abordant notamment les modalités de mise en œuvre de l’organisation du travail permettant de
concilier les modalités de l’amélioration des conditions de travail et de vie pour les salariés et la performance
collective de l’entreprise ».

- 16 - EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014


partagée par les organisations syndicales et patronales qui ont abouti à l’Accord National
Interprofessionnel (ANI) du 19 juin 201334. La difficulté, soulevée par la HAS et
l’ANACT, est que l’on ne peut pas normer une qualité de vie au travail, tant ses aspects
sont soumis aux contextes. En effet, « la qualité de vie au travail ne se décrète pas »35. Il
s’agit, dès lors, de se pencher sur les organisations des services pour concilier la qualité de
vie et la sécurité au travail avec la qualité et la sécurité des soins.

3. La prise en compte des conditions de travail : faire évoluer les esprits

Des dispositifs existent pour protéger la santé physique et mentale des travailleurs. Ainsi,
le médecin du travail a pour mission de contribuer à « l’amélioration des conditions de vie
et de travail dans l’entreprise »36. Mais, comme le souligne l’un des médecins du travail
que nous avons rencontré, son rôle ne se limite pas à « pleurer avec les gens ».

Travailler sur les conditions de travail et les risques professionnels procède donc d’une
démarche plus active et positive. Au-delà d’une prise en compte de la souffrance au travail,
il s’agit de se rendre dans les services et de discuter avec les protagonistes sur
l’organisation du travail en vue d’améliorer la qualité de vie au travail. Cette dernière ne
concerne pas qu’une direction, qu’un service ou qu’un acteur de l’établissement. Comme le
souligne Monique Mazard37: « c’est une démarche collective, transversale, qui percute
fortement notre hiérarchie hospitalière ». Il faut donc faire émerger un débat où chaque
professionnel peut apporter sa contribution à l’amélioration de la QVT.

La discussion ne se limite pas aux améliorations environnementales ou structurelles, il


s’agit de donner du sens au travail, de prendre en compte les besoins des salariés et les
conflits éthiques soulevés par le travail autour de prises en charge difficiles. Le mode
managérial est l’un des principaux leviers de la QVT. Ce management, pour Monique
Mazard, doit être attentif à l’expression des besoins, au partage des idées. L’ambition de

34
Accord national interprofessionnel du 19 juin 2013 vers une politique d’amélioration de la qualité de vie au
travail et de l’égalité professionnelle
35
Repères et principes d’une démarche qualité de vie au travail dans les établissements de santé, document
HAS
36
Article R. 4623-1 du code du travail issu du décret du 30 janvier 2012 relatif à l’organisation de la
médecine du travail
37
Table ronde sur la qualité de vie au travail et qualité des soins : Qualité de vie au travail, qualité des soins,
pour un croisement des points de vue. Séminaire du 2 juillet 2013 HAS et ANACT

EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014 - 17 -


ces espaces de parole est de faire émerger les contraintes et de pouvoir mettre à jour les
injonctions contradictoires. Ceci étant, les espaces de parole ne se font pas uniquement à
l’échelle des services, ils procèdent d’une politique d’établissement.

4. Améliorer les conditions de travail dans un établissement de santé

Une politique de QVT se déploie dans la durée avec une attention soutenue de tous les
acteurs de l’établissement. Ainsi, certains documents stratégiques témoignent de la volonté
affichée d’une amélioration de la QVT comme le projet social, la politique des ressources
humaines ou le projet médical. Par ailleurs, une prise en compte des conditions matérielles
de travail (éclairage des lieux de travail, locaux de repos pour le personnel…) sont aussi
des marqueurs de la prise en compte de la QVT. Cette dernière ne saurait toutefois se
limiter à l’existence de documents ou à un confort matériel.

Par ailleurs, une politique de gestion des risques doit pouvoir s’actualiser. Nos entretiens
ont montré que l’on pouvait mener une politique de prévention des AES très efficace en
direction des infirmiers. Néanmoins, à trop cibler un risque, on peut en oublier son
environnement et des professionnels qui y sont exposés indirectement. Ainsi, les agents de
service hospitaliers qui font la manutention des déchets d’activités de soins à risques
infectieux (DASRI) peuvent être concernés par les AES. Dès lors, la QVT doit questionner
les processus de prise en charge du patient de manière globale afin d’évaluer l’ensemble
des risques pour tous les professionnels intervenant directement ou non auprès du patient et
de proposer des actions de prévention.

B- Les dispositifs d’évaluation des risques professionnels

Différents outils ont été mis en place pour faciliter l’évaluation des risques professionnels.
Nous allons ici tenter de les répertorier et de décrire leurs évolutions afin de mieux
s’adapter aux nouveaux besoins.

1. Les outils d’évaluation : un ensemble hétéroclite

Les outils d’évaluation prennent en compte la sécurité au travail et les conditions de travail
La V2014 de la HAS traite de manière conjointe ces deux aspects. Mais l’autoévaluation
des établissements ne se limite pas au référentiel de la HAS, il existe plusieurs documents
supports et indicateurs réglementaires.

- 18 - EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014


 Le document unique

Le document unique38 est un outil dans la démarche de prévention qui a pour but de
retranscrire les résultats de l’évaluation des risques et de proposer des actions préventives
et correctives. Ce document est placé sous la responsabilité du chef d’établissement qui en
confie la rédaction aux professionnels de son choix avec l’aide des représentants du
personnel, du service de santé au travail ou tout autre intervenant extérieur. La loi ne
propose pas de modèle mais il doit a minima contenir :
- une identification des risques : il s’agit d’identifier les dangers inhérents aux
substances, équipements ou process de l’entreprise pouvant engendrer des dommages
pour les salariés. Une fois les dangers identifiés, une analyse de l’exposition des
personnes à ces dangers doit être menée afin d’évaluer le risque qu’ils peuvent présenter.
- une hiérarchisation des risques : chaque risque identifié et hiérarchisé à partir de
critères définis préalablement par l’entreprise (fréquence de l’exposition, gravité,
probabilité d’occurrence).
- des propositions d’actions préventives et correctives : des actions visant à réduire les
risques doivent être proposées et intégrées dans un calendrier de réalisation.

Le document unique doit être révisé au minimum une fois par an ou en cas de modification
des conditions de travail. De plus, il doit être tenu à disposition des différents acteurs de la
prévention (médecin du travail, inspection du travail, délégués du personnel ou membres
du CHSCT) mais aussi des salariés, qui doivent être informés du lieu où le document
unique peut être consulté.

 Les indicateurs de ressources humaines : accidents du travail, maladies


professionnelles et absentéisme

L’évaluation des risques et de leurs effets sur les salariés se fait aussi par l’analyse du
nombre d’accidents du travail39, de maladies professionnelles40 et du taux d’absentéisme.

38
D’un point de vue réglementaire, il découle initialement de la loi n°91-1414 du 31 décembre 1991 puis du
décret n°2001-1016 du 5 novembre 2001, codifié à l’article R.4121-1 du code du travail.
39
« L'accident, qu'elle qu'en soit la cause, survenu par le fait ou à l'occasion du travail de toute personne
salariée ou travaillant à quelque titre ou en quelque lieu que ce soit pour un ou plusieurs employeurs ou chefs
d'entreprise »
40
Contrairement aux accidents du travail, il n’existe pas de définition d’une maladie professionnelle. Le
caractère professionnel d’une maladie se fait à partir de tableaux annexés au code de la sécurité sociale.

EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014 - 19 -


Ces chiffres sont pondérés par des calculs du niveau de risque, il s’agit notamment du taux
de fréquence et du taux de gravité. A partir de ces indicateurs un établissement peut, par
exemple, suivre l’évolution de ses accidents d’une année sur l’autre, mais il peut également
comparer sa situation avec les moyennes nationales établies. Ces indicateurs sont compris
dans le bilan social annuel établi par la Direction des Ressources Humaines. Leur
exploitation permet d’actualiser la politique de gestion du personnel aux fins d’une
meilleure politique de recrutement et d’amélioration de la qualité de vie au travail.

 Les questionnaires d’évaluation des conditions de travail

S’agissant du stress professionnel, certains établissements utilisent le questionnaire de


Karasek comme outil de mesure. Cependant, son utilisation est chronophage. D’autres
questionnaires sont utilisés tels que le « baromètre social » de l’ANFH qui permet des
comparaisons régionales et nationales de critères de bien-être au travail. Par ailleurs le
projet ORSOSA propose un diagnostic rapide et partagé des contraintes de travail au
niveau des unités de soins. Dans sa phase d’évaluation, le programme ORSOSA
diagnostique, à travers un questionnaire distribué aux IDE et aux AS, les CPO de l’unité
fonctionnelle (cf Annexe 9).

 Les fiches d’évènement indésirable

Une fiche de déclaration d’EI est à remplir par les professionnels dès la survenue d’un
incident. Elle permet de signaler les évènements qui peuvent avoir des conséquences
néfastes sur le patient, les professionnels de santé, les visiteurs ou les biens.
Elles sont compilées au sein de la Direction en charge de la qualité qui les analyse afin de
mettre en place des actions correctrices et de prévention lorsque la fréquence ou le niveau
de gravité sont élevés.

La fiche de signalement des événements indésirables est renseignée par tout professionnel
constatant un incident. Il s’agit souvent d’une fiche pré-imprimée avec la désignation de
plusieurs incidents. La déclaration des évènements indésirables ne doit pas uniquement
concerner les incidents liés directement aux soins mais également ceux liés à l’organisation
du travail (problèmes logistiques, relationnels, …). La culture de la déclaration ne se limite
pas à l’échelle de l’établissement. En effet, concernant les violences à l’hôpital,
l’établissement est tenu de faire une déclaration à l’Observatoire National des Violences en
milieu de Santé (ONVS). Par ailleurs, certains corps de professionnels peuvent déclarer
- 20 - EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014
directement auprès d’organismes les accidents dont ils ont été victimes ou témoins (Ordre
des infirmiers, Ordre des médecins).

2. Le CHSCT : un rôle central dans la sécurité au travail

Le CHSCT est une instance de concertation chargée de « contribuer à la protection de la


santé physique et mentale et à la sécurité des agents dans leur travail »41. Ce comité,
présidé par le chef d’établissement, est composé de représentants du personnel. Certains
membres y sont présents à titre consultatif : médecin du travail, ingénieur en charge de la
sécurité, coordonnateur général des soins… Il procède à l’évaluation et à l’analyse des
risques, à des évaluations à intervalles réguliers. Il doit également être consulté dans le
cadre de projets d’aménagement importants modifiant les conditions de travail. Il participe
à l’amélioration des conditions de travail notamment par l’analyse des causes et
circonstances des accidents de travail ou des maladies à caractère professionnel.

Le CHSCT est aussi consulté avant toute décision d’aménagement important modifiant les
conditions de santé et de sécurité ou les conditions de travail (par exemple : transformation
des postes de travail, les adaptations liées aux mutations technologiques). Enfin, il donne
son avis sur les documents relatifs aux risques et aux conditions de travail (le bilan annuel
de l’hygiène, de la sécurité et des conditions de travail, le programme annuel de prévention
des risques professionnels et des conditions de travail…)

Comme le précisent milie Legrand et Arnaud Mias42, faut-il considérer le CHSCT


comme un porte-parole du travail réel ou un instrument managérial ? Selon leurs propos,
« les réunions du C C peuvent s’organiser autour des interventions de la
direction,[…]. ans ces cas, l’instance s’éloigne de sa onction de représentation du
personnel pour se mettre au service des responsables Hygiène Sécurité Environnement.
lle devient à proprement parler un instrument managérial ». A contrario, on peut se
questionner sur la possible instrumentalisation du CHSCT par les organisations syndicales.

41
www.fonction-publique.gouv.fr
42
« ones d’ombre dans la prévention des risques cancérogènes », milie Legrand et Arnaud Mias,
Sociologies Pratiques no 26/2013

EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014 - 21 -


Nous avons pu voir qu’il existait de nombreux dispositifs d’évaluation des risques,
reposant sur une constellation d’acteurs. Cependant, il faut réussir à dépasser la
juxtaposition de ceux-ci afin de créer une culture de sécurité et de qualité de vie au travail.

C- Quelles perspectives pour la qualité de vie au travail en lien avec la


sécurité des soins ?

1. Transformer les contraintes en opportunités

Postulant qu’un « hôpital où il fait bon travailler en est un où il fait bon de se faire
soigner » (Y. Brunelle, 2009 »43), de nombreux établissements de santé cherchent
aujourd’hui à imiter le modèle des « hôpitaux magnétiques ». Cette notion développée aux
Etats-Unis dans les années 80 caractérisait les hôpitaux qui, dans un contexte de pénurie de
personnel infirmier, possédaient un faible taux de turn-over. Les études évaluatives de ces
établissements d’excellence ont dégagé huit conditions d’attractivité.
1. Les infirmières bénéficient d’une autonomie professionnelle
2. Le support fourni est suffisant (équipement, soutien informatif, sécurité au travail)
3. Il existe une bonne collaboration entre médecins et infirmières
4. Le travail est valorisé
5. Les relations avec les pairs sont positives
6. Le ratio de personnel est adéquat
7. Le patient est au centre de toutes les démarches
8. La meilleure qualité des soins est recherchée.

Ces affirmations montrent qu’il s’agit de faciliter les organisations en trouvant des
solutions aux diverses contraintes psychologiques et organisationnelles décrites par le
modèle ANACT44. Toutefois ces objectifs, en raison de leur hétérogénéité, ne peuvent
s’appuyer sur des modèles types ou des solutions « clé en main ». Ils impliquent des
échelons de décision multiples allant de la direction au pôle clinique. Aussi, des méthodes
innovantes ont-elles été mises en place dans les hôpitaux afin d’instituer un processus
d’évaluation et de proposition d’actions spécifiques aux différentes organisations.

43
Postulat confirmé par plusieurs études empiriques : taux de mortalité plus faible, une satisfaction des
patients plus élevée (Aiken, Sloane, Lake, Sochalski et Weber, 1999), plaintes moins fréquentes des patients,
indicateurs de qualité des soins meilleurs (Aiken, Clarke, Sloane, 2000) et des erreurs de soins moindres
(Lake, Shang, Klaus, Dunton, 2010)
44
1. les tensions liées aux relations et comportements 2. les tensions liées aux contraintes de réalisation du
travail 3. les tensions liées aux valeurs et exigences du salarié 4. les tensions liées aux changements du travail
et de son environnement .

- 22 - EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014


Le programme « ORSOSA » déployé sur 4 CHU45 et 5 hôpitaux de proximité (organisation
des soins et santé des soignants) constitue l’une de ces démarches. A partir de l’état des
lieux dégagé par des questionnaires, les personnels déterminent un plan d’actions de
manière consensuelle. Un intervenant extérieur, à même de désamorcer les conflits, est
chargé d’encadrer le travail de hiérarchisation des pistes d’amélioration. Les propositions
collectives issues de cette méthode « participative » doivent ensuite faire l’objet d’un suivi
des préconisations. Une démarche similaire a été suivie en Belgique et en France à travers
le projet ARIQ (attraction, rétention, implication des infirmières et qualité des soins).

Ces méthodes présentent toutefois certaines limites. Elles sont tout d’abord dépendantes de
l’implication des acteurs dans la politique de l’établissement. Or nos entretiens ont pu
montrer que celles-ci pouvaient parfois être perçues comme chronophages et avec des
retours insuffisants. Il serait possible, afin de répondre à cette problématique, de cibler les
unités fonctionnelles (UF) volontaires. Elles constitueront certainement des terrains
d’expérimentation privilégiés. Si cette sélection permet de prendre en compte l’importance
de la prédisposition au changement comme condition du succès, elle ne permet pas à
l’établissement de se concentrer sur les unités qui lui semblent les plus pertinentes.

Face à cette méthode de « bottom-up » une méthode « top down » peut constituer une
source d’inspiration pour les établissements. Ainsi, les travaux de Florence Saillour-
Glénisson, médecin de Santé Publique au CHU de Bordeaux, considèrent le rôle du cadre
de proximité comme un élément prépondérant de la QVT. Il constitue, avec le chef de pôle,
un acteur essentiel pour le maintien et le développement de repères professionnels46. Avec
« THEOREM », Florence Saillour-Glenisson met en lumière le lien entre l’organisation et
le management des services hospitaliers et l’appropriation des recommandations de bonnes
pratiques par les équipes. A cet effet, il apparaît nécessaire de mettre en place une politique
de recrutement efficace ainsi que des formations managériales adéquates.

En somme, si les caractéristiques d’un établissement attractif sont facilement identifiables,


les solutions pour y parvenir ne sauraient être facilement déductibles. L’intérêt des
démarches ORSOSA, ARIQ ou encore THEOREM tient ainsi au fait qu’elles interrogent

45
Lille, Bordeaux, Grenoble et Strasbourg
46
(notion large qui recouvre à la fois des éléments techniques, en lien avec les pratiques de soin, et des
éléments plus généraux, tels que la capacité du professionnel à être en empathie avec les patients).

EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014 - 23 -


les organisations et appellent à l’intelligence des acteurs concernés. La résolution des
contraintes ne saurait exister sans une volonté forte de tous les acteurs de l’établissement.

2. Sensibiliser les acteurs aux risques du circuit du médicament

Au CHU de Sherbrooke47, l’évaluation des représentations du risque lié aux médicaments


dangereux a montré que certains travailleurs du circuit du médicament ne se sentaient pas
exposés. Aussi les mesures de protection n’étaient appliquées que partiellement. Face à ce
constat d’une certaine « invisibilité du risque », le CHU a mis en place un programme de
gestion préventive afin d’étendre les mesures de protection à l’ensemble du circuit et d’y
inclure tous les médicaments dangereux. Il a dans un premier temps identifié les situations
à risque afin de mettre en place un plan d’actions. Ce dernier comporte les étapes
suivantes : formation du personnel, identification des correctifs à apporter en matière de
pratiques, mise à jour et diffusion des outils de référence. Afin d’automatiser ces nouvelles
pratiques, différents mécanismes ont été institués dont un programme de formation
continue, des grilles d’autoévaluation pour le personnel soignant et des procédures de
certification pour les assistants techniques en pharmacie.

La démarche initiée par le CHU de Sherbrooke montre l’importance d’une prise de


conscience par les personnels des risques liés à la manipulation des médicaments
dangereux (depuis leur préparation jusqu’à l’évacuation des déchets). Plusieurs pistes
peuvent être envisagées en ce sens. Lors des journées d’accueil des nouveaux arrivants
impliqués dans le circuit du médicament, une sensibilisation aux risques liés aux
médicaments dangereux pourrait être réalisée par les pharmaciens et les médecins. Par
ailleurs, comme prescrit par l’Association Paritaire pour la Santé et la Sécurité au Travail
du secteur affaires sociales québécoise dans son un guide de prévention « Manipulation
sécuritaire des médicaments dangereux », une identification claire des médicaments
dangereux par un symbole connu par tous les acteurs semble nécessaire (exemple :
« précaution ») comme c’est le cas en France pour les produits chimiques depuis l’arrêté
du 20 avril 1994.

47
Site « coalition pour la qualité de vie au travail et des soins » - répertoire des pratiques innovatrices –
manipulation sécuritaire des médicaments dangereux CHU de Sherbrooke, Québec

- 24 - EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014


Plusieurs mesures pour améliorer la sécurisation du circuit du médicament peuvent être
mises en place. La HAS préconise d’élaborer une cartographie des risques a priori et de
poursuivre l’informatisation de la prescription médicamenteuse. La participation du patient
à sa propre sécurité par le biais du développement des actions d’éducation thérapeutique
est un autre levier à la sécurisation du circuit du médicament. Dans la préparation du
médicament, un système de pancarte ou de gilet jaune «préparation des médicaments, ne
pas déranger » permettrait de garantir une préparation du médicament dans un contexte
serein. A cet effet, une règle préconisant que les IDE ne puissent répondre au téléphone
lors de cette préparation apparaît indispensable. Enfin une liste à jour des équivalents et
substitutions permettrait d’éviter les EI.

3. Travailler sur les représentations liées à la vaccination

La protection des salariés contre les risques biologiques s’appuie au préalable sur les
précautions standards. Des mesures particulières sont appliquées en cas d’infections d’un
patient (isolement, protection physique, …) afin de le protéger ainsi que son
environnement (famille, soignants et autre patient). La prévention contre les risques
infectieux passe aussi par la sensibilisation des personnels. Celle-ci peut se faire par des
ateliers à vocation pédagogique lors de la journée hygiène des mains, ou lors de la semaine
sécurité des patients. Par ailleurs, une réunion d’équipe pourrait être mise en place afin
d’échanger autour des protocoles proposés par le CLIN afin que tout le personnel puisse se
les approprier (idée émise par une infirmière du CHU de Rennes).

En dépit de l’importance de ces mesures, nous avons décidé de nous attarder sur la
vaccination dont la couverture pour les professionnels de santé n’est pas optimale et met en
jeu la sécurité des patients comme celle des soignants. Selon l’INPES48, la vaccination a un
double objectif. D’une part de protéger le soignant contre un risque professionnel en
l’immunisant (prévention primaire) et d’autre part d’éviter la contamination aux patients en
immunisant le personnel afin de limiter le risque d’infection nosocomiale.

Cependant, un rapport49 de l’InVS et du GERES datant de 2009 montre que la couverture


vaccinale est basse pour les vaccinations recommandées (cf. Annexe 7). Selon une étude de

48
INPES, guide des vaccinations 2012
49
Vaccination chez les soignants des établissements de soins en France 2009

EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014 - 25 -


la fédération française d’infectiologie de 2010, il est nécessaire d’améliorer l’information
(pour 57% des personnes interrogées) sur les vaccinations recommandées. Il s’agit
notamment de sensibiliser le personnel sur le rôle potentiel du soignant dans la
transmission de certaines maladies, sur l’efficacité de la vaccination et sur les
représentations des effets secondaires. Selon l’ACIP aux USA, (équivalent du comité
technique des vaccinations en France) il est nécessaire d’informer et éduquer les
professionnels sur les bénéfices de la vaccination, de rendre le vaccin gratuit et facilement
accessible, de donner un retour sur le taux de vaccination. Enfin, il faudrait faire du taux de
vaccination un indice de qualité et de sécurité des soins. Le médecin du travail a, à ce titre,
un rôle clé à jouer en termes de prévention avec l’appui du chef d’établissement mais aussi
des différentes instances, notamment la CME.

En France, le programme VESTA 2 d’incitation à la vaccination antigrippale des


personnels a mis en place des actions de sensibilisation. Il comprend : un kit enseignement
avec des éléments didactiques, un kit de stimulation avec une « zone sans grippe »
identifiée par des affiches et des bracelets et un kit réussite avec le marquage du territoire
symbolique des vaccinés, la valorisation de l’attitude vaccinale. Le résultat montre que
42.2% des personnels ayant participé à ce programme se sont vaccinés contre 29.5% pour
ceux n’y ayant pas participé. D’autres pistes peuvent être avancées telles que l’information
du nouveau professionnel, la sensibilisation à l’importance du rappel mais aussi la mise en
place des équipes mobiles de vaccination en incluant les personnels de nuit.

- 26 - EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014


Conclusion

Etudier les enjeux sanitaires des risques professionnels en établissements de soins nous
amène à constater l’existence d’un lien entre risques professionnels et sécurité des soins.
En effet, une meilleure sécurité découle de conditions de travail de qualité. Ce constat se
vérifie pour chacun des risques observés. Tout d’abord, les bonnes pratiques sont mieux
assimilées et mises en œuvre dans les unités où les professionnels ne se sentent pas
exposés à de fortes contraintes psychologiques et organisationnelles. Ensuite, une charge
de travail trop lourde et un environnement de travail déstructuré augmentent la probabilité
d’occurrence d’erreurs dans le circuit du médicament. Troisièmement, l’apparente
simplicité des solutions pour endiguer le risque infectieux pour les professionnels et les
patients s’oppose à la complexité de leur mise en œuvre.

Afin de se conformer à son obligation de résultat, il apparait nécessaire pour l’employeur


de développer simultanément des dispositifs variés et complémentaires. Par exemple,
promouvoir de façon efficace la vaccination, c’est notamment : informer de ses bénéfices
pour la collectivité, déployer des équipes mobiles, réaliser des « rappels réguliers ».
D’autre part, un management de qualité constitue une clef de voûte pour assurer une bonne
qualité de dialogue dans les unités de soins et la mise en œuvre de ces démarches.

Ensuite, s’interroger sur les enjeux sanitaires des risques professionnels nécessite de faire
preuve de pragmatisme : certains secteurs, certaines professions sont davantage exposés
que d’autres aux risques professionnels, et certains d’entre eux sont plus difficiles à
prévenir et à gérer (notamment les TMS). L’équilibre entre sécurité des professionnels et
sécurité des soins est parfois difficile à trouver. Toutefois, « le pessimisme est d’humeur,
l’optimisme est de volonté » - Alain.

Enfin, l’ensemble du groupe est satisfait de ce travail interdisciplinaire. Cependant, nous


aurions aimé approfondir quelques points. Nous avons beaucoup évoqué la position du
cadre de proximité, or il est apparu que nous n’avons pas interrogé de manager au cours de
nos entretiens, ce que nous ferons avant l’oral. Nous aurions aimé définir plus précisément
les concepts dont on trouvera le détail en annexe. Ceci étant, nous avons connu des
moments où nous avons pu débattre, partager et en fin de compte nous enrichir. Nous
garderons un excellent souvenir de ce travail qui a connu ses moments de cordialité, de
bonne humeur à l’image de notre repas de clôture très convivial.

EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014 - 27 -


Bibliographie

Réglementations

 Contraintes psychologiques et organisationnelles

- Directive européenne 89/391 cadre du 12/06/1989 visant à promouvoir l’amélioration


de la santé et de la sécurité des travailleurs.
- Loi n° 91-1414 du 31 décembre 1991 modifiant le Code du travail en vue de favoriser
la prévention des risques professionnels et portant transposition de directives
européennes relatives à la santé et à la sécurité au travail.
- Loi n° 2011-867 du 20 juillet 2011 relative à l'organisation de la médecine du travail.
- Loi n° 2013-504 du 14 juin 2013 relative à la sécurisation de l’emploi.
- Décret n°2002-9 du 4 janvier 2002 relatif au temps de travail et à l'organisation du
travail, modifié par le décret n°2002-1162 du 12 septembre 2002.
- Décret n° 2011-354 du 30 mars 2011 relatif à la définition des facteurs de risques
professionnels.
- Décrets n° 2012-134, 2012-135, 2012-136 et 2012-137 du 30 janvier 20 relatifs à
l’organisation et fonctionnement des services de santé au travail.
- Articles L. 4141-1 à L.4142-3, R.4121-1 à R. 4121-4, R. 4141-1à R. 4143-2 et R.
4612-3 à R. 4612-6 du Code du travail.
- Article L1413-14 du Code de la santé publique relatif aux évènements indésirables
graves.

 Circuit du médicament

- Arrêté n°99-249 du 31 Mars 1999 relatif à la prescription, à la dispensation et à


l'administration des médicaments soumis à la réglementation des substances
vénéneuses dans les établissements de santé disposant d'une pharmacie à usage
intérieur (PUI).
- Arrêté du 6 avril 2011 relatif au management de la qualité de la prise en charge
médicamenteuse et aux médicaments dans les établissements de santé.
- Circulaire du 14 février 2012 relative au Guide de bonnes pratiques en matière de
marchés publics.
- Article R.5194, R.5198, R.5203 du Code de Santé Publique (CSP)

EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014 - 29 -


 Risques biologiques

- Directive 2000/54/CE du Parlement européen et du Conseil du 18 septembre 2000


concernant la protection des travailleurs contre les risques liés à l'exposition à des
agents biologiques au travail.
- Directive 2010/32/ du Conseil de l’Union européenne du 10 mai 2010 portant
application de l’accord-cadre relatif à la prévention des blessures par objets tranchants
dans le secteur hospitalier et sanitaire conclu par l’HOSPEEM et la FSESP.
- Décret n° 2001-671 du 26 juillet 2001 relatif à la lutte contre les infections
nosocomiales dans les établissements de santé et modifiant le code de la santé
publique.
- Circulaire DGS/DHOS/DGAS n° 2009-264 du 19 août 2009 relative à la mise en
œuvre du plan stratégique national 2009-2013 de prévention des infections associées
aux soins.
- Circulaire DHOS/E2/DGS/RI/2009/272 du 26 août 2009 relative à la mise en œuvre
du programme national de prévention des infections nosocomiales 2009/2013.
- Circulaire DHOS/E 2/DGS/SD5C n°2004-21 du 22 janvier 2004 relative au
signalement des infections nosocomiales et à l'information des patients dans les
établissements de santé.
- Circulaire DGS/DH/98/249 du 20 avril 1998 relative à la prévention de la transmission
d'agents infectieux véhiculés par le sang ou les liquides biologiques lors des soins dans
les établissements de santé.

Ouvrages

 BECK U. - « La société du risque : sur la voie d’une autre modernité », Flammarion,


1986.
 BUGADA A. - « Politiques de santé dans l’entreprise, le chef d’entreprise face à
l’obligation de sécurité », 2006.
 FAVENNEC-HERY F., VERKINDT P-Y. - « Droit du travail » LGDJ, lextenso
éditions, 4ème édition p.498.
 LEGRAND E., MIAS A. - « ones d’ombre dans la prévention des risques
cancérogènes », Presses de Sciences-Politiques – Sociologies pratiques, 2013 n°26.
 LEGRAND E - « L’hôpital face aux risques professionnels cancérogènes :
invisibilisation et aveuglement », 2010.

- 30 - EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014


 LACHMAN H., LAROSE C., PENICAUD M. - “Bien-être et efficacité au travail, 10
propositions pour améliorer la santé psychologique au travail », rapport sur demande
du 1er Ministre, février 2010
 VASSELLE A. - «Prévenir les infections nosocomiales : une exigence de qualité des
soins hospitaliers », Rapport de l’OPEPS n°421 2006.

Guides

 Guide des vaccinations, Édition 2012.


 Guide de prévention « Manipulation sécuritaire des médicaments dangereux »
L'Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail du secteur affaires
sociales (ASSTSAS), 2008.
 Guide HAS "Outils de sécurisation et d'auto-évaluation de l'administration des
médicaments", 2012.
 Guide DGOS "Qualité de la prise en charge médicamenteuse - outils pour les
établissements de santé ", février 2012.
 C.CLIN Sud-Est - Guide Technique d’Hygiène Hospitalière, Fiche n°16.03, 2004.
 HERON M. - Guide « Hygiène et prévention des infections nosocomiales », revue
Aides-Soignantes, 2009.
 « Environnements de travail sains et attrayants : Les hôpitaux magnétiques »,
brochure de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec, Mai 2010.
 « Manuel de gestion des déchets médicaux », p. 17, Comité International de la Croix
Rouge (CICR), mai 2011.

Rapports

 HAS - « Repères et principes d’une démarche qualité de vie au travail dans les
établissements de santé », Note du groupe établissement – juin 2013
 HAS - « Qualité de vie au travail, certification des établissements de santé et
dialogue social », Note blanche – juin 2013
 HAS, ANACT - « Qualité de vie au travail, qualité des soins, pour un croisement
des points de vue », Séminaire du 2 juillet 2013
 HAS - « Investiguer la qualité de vie au travail dans le cadre de la certification »,
Synthèse des résultats de l’expérimentation, 2013
 HAS - « La certification, la qualité des soins et la qualité de vie au travail »,
Novembre 2013

EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014 - 31 -


 DARES analyse, Les risques professionnels en 2010 : de fortes différences
d’exposition selon les secteurs (enquête SUMER 2010), février 2013 n°10.
 LEDOYEN J-R., WAELLI M. (dir.) - « Le travail flexible à l’épreuve de la vie
quotidienne : le cas du personnel soignant et éducatif en institution de santé », 2011.
 GARLENTEZEC R., MADEC L. (dir.) - « Indicateurs en santé et sécurité au travail
en milieu hospitalier ? Pertinence et objectifs », 2012.
 DELAUNE F. (dir.) - « Le bien-être au travail : où en est-on au sein de l’hôpital
public ? », 2013.
 JAMO P. (dir.) - « L’évolution de la place des usagers dans la gestion des risques
associés aux soins », 2013.
 GUTHMANN J-P., ABITEBOUL D. - « Vaccinations chez les soignants des
établissements de soins en France 2009, connaissance et perception vis-à-vis de la
vaccination, rapport final », InVs 2011

Articles

 THOMAS A. - « Les mises en forme savante d'un mythe d'action publique : la


sécurité sanitaire »,
 Genèses, 2010/1 n° 78, p. 48-66.
 Réseau de santé Lettre mensuelle n° 65 – Association vivre et vieillir chez soi,
Grippe et prévention, Avril 2012
 LESPRIT P. – « La Grippe Nosocomiale : un plaidoyer pour la vaccination
antigrippale systématique du personnel soignant », Unité de Contrôle-Epidémiologie-
Prévention de l’Infection Hôpital Henri Mondor, Créteil dans « A l’écoute des
spécialistes », N°3, septembre 2007
 LAMY S. et al. – « Améliorer les conditions de travail à l’hôpital ? ORSOSA, de la
démarche de recherche, à l’action de prévention », S.F.S.P, Santé Publique, 3013/4
 BRUNELLE Y. – « Les hôpitaux magnétiques : un hôpital où il fait bon travailler en
est un où il fait bon de se faire soigner », CNAMTS, pratiques et Organisations des
Soins, 2009. Vol 40
 « Vaccination et risque infectieux chez le personnel des établissements de santé ».
BEH 35-36/ 27 septembre 2011.
 MICHEL P. et al. « Les évènements indésirables graves dans les établissements de
santé : fréquence, évitabilité et acceptabilité, DREES Etudes et résultats, n°761, mai
2011. »

- 32 - EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014


Présentation PowerPoint
 CAMERLYNCK A., GRANDBASTIEN B, OLLIVIER Y., BLANCKERT K. -
« Organisation de la campagne de vaccination contre la grippe saisonnière dans les
établissements de santé de la région Nord pas de Calais », CCLIN Arlin, Nord Pas de
Calais.
 de GAUDEMARIS R. - « Contraintes psychologiques et organisationnelles chez les
soignants : de la mesure à la prévention au niveau des unités de soins », présentation
au CHU de Grenoble – Université Joseph Fourier.
 PRONOST A-M. – « Magnets hospitals : attirer et fidéliser les professionnels »,
présentation, Clinique Pasteur, Toulouse, 2012
 VANOVERBERGHE H. – « Gestion des risques a priori sur le circuit du
médicament, expérience de la Clinique du Parc de Charleville-Mézières »,
présentation.
 BONMARIN I., POUJOL I., ALLEAUME S., THIOLET J6M., LYVY-BRUHL D.,
COIGNARD B. - « Infections nosocomiales grippales et soignants, France », 2001-
2010, InVS, Saint-Maurice, F rance

Autres supports
- « Calendrier vaccinal et recommandations vaccinales », Ministère des affaires
sociales et de la santé, selon l’avis du Haut Conseil de la santé publique, 2013.
- « Vaccinations recommandées pour les soignants », Fédération Française
d’Infectiologie 2010.
- « Risques biologiques en milieu professionnel », dossier INRS, juillet 2013
- « Coalition pour la qualité de vie au travail et des soins de qualité », répertoire des
pratiques innovatrices - manipulation sécuritaire des médicaments dangereux CHU
de Sherbrooke, Québec.
- Recommandation R410 « Risque biologique en milieux de soins » adoptée par le
Comité technique national des activités de services 1 (CTN H), lors de sa réunion
du 4 novembre 2004, et le Comité technique national des activités de services 2 et
travail temporaire (CTN I), lors de sa réunion du 30 novembre 2004.

EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014 - 33 -


Liste des annexes

ANNEXE 1 : DEFINITIONS ............................................................................................................................ II

ANNEXE 2 : REFLEXION SUR LES RISQUES PROFESSIONNELS ....................................................................... V

ANNEXE 3 : GRILLES D’ENTRETIENS DES PERSONNELS SOIGNANTS ET PERSONNELS RESSOURCES ............. VI

ANNEXE 4 : CALENDRIER DES ENTRETIENS ................................................................................................ VII

ANNEXE 5 : SYNTHESE DES ENTRETIENS ..................................................................................................... IX

ANNEXE 6 : LES ACCIDENTS D’EXPOSITION AU SANG .............................................................................XVIII

ANNEXE 7 : SCHEMA DES DIFFERENTES PHASES DU CIRCUIT DU MEDICAMENT ....................................... XIX

ANNEXE 8 : LA VACCINATION : RECOMMANDATIONS ET OBLIGATIONS .................................................. XXI

ANNEXE 9 : QUESTIONNAIRES ORSOSA ................................................................................................. XXIII

EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014 -I-


Annexe 1

Définitions

 Sécurité sanitaire

Le terme de « sécurité sanitaire » a été forgé en 1992 par le ministère de la santé à la suite
du drame du sang contaminé. La sécurité sanitaire a été définie, en 1994, comme « la
protection contre les risques liés au fonctionnement du système de santé ». A partir des
années 90, la notion incluait également la protection contre les risques sanitaires dans les
domaines de l'alimentation et de l'environnement. Cette notion recoupe deux dispositifs :
l'évaluation et la gestion des risques sanitaires. En effet, selon Didier Tabuteau, « la
réduction des risques est aussi vitale que notre capacité à les prendre en charge lorsqu'ils
surviennent ».50

 Sécurité des soins

La sécurité sanitaire (liée aux soins) « a pour objet de prévenir ou de réduire les risques
iatrogènes, les accidents et les incidents liés aux traitements, aux actes de prévention, de
diagnostic et de soin, à l usage des biens et produits de santé comme aux interventions et
décisions des autorités sanitaires. »51
« Elle constitue avec la démarche qualité, l’ensemble des démarches et des actions qui
permettent d’assurer le niveau de qualité attendu aux regards des bonnes pratiques
reconnues compte tenu des connaissances et de la gestion des risques pour éviter les
conséquences non voulues au cours de la prise en charge.
Les soins sont de nature diagnostique, thérapeutique, éducationnelle et ont une dimension
relationnelle. Ils sont dispensés en ambulatoire, dans les secteurs hospitaliers et
médicosociaux, ils peuvent être dispensés en urgence, de façon programmé ou en continu.
La qualité des soins est l’aboutissement d’un processus ou l’ensemble des professionnels
jouent un rôle complémentaire. La gestion des risques (GDR) est une démarche globale qui
agit en synergie avec la démarche d’amélioration de la qualité. La GDR a donc pour
objectif, notamment, d’assurer la sécurité des soins.

50
Didier Tabuteau, «La sécurité sanitaire, réforme institutionnelle ou résurgence des politiques de santé
publique ? », Les Tribunes de la santé 2007/3.
51
Didier Tabuteau, « La sécurité sanitaire », Berger-Levrault éditeur, 1994

- II - EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014


De ce fait la sécurité des soins, au-delà du respect de la réglementation, exige de
s’interroger, sur les pratiques et les organisations en prenant en compte la globalité et la
complexité de l’activité de production des soins »52.

 Différence entre sécurité sanitaire et sécurité des soins

La sécurité sanitaire a un champ d'application plus large que la sécurité des soins :
alimentation, médicaments, santé environnementale, maladies émergentes, risque
nosocomial, etc. Ces deux notions suivent néanmoins la même méthodologie (prévention
et gestion des risques).

 Sécurité au travail :

On parle aujourd’hui de « santé et sécurité du travail » plutôt que « d’hygiène, sécurité et


conditions de travail ». Cette notion de sécurité au travail sous-entend le fait de limiter
certains effets nuisibles liés aux activités humaines qui ont un impact sur la santé des
travailleurs.
Selon l’Institut de recherche et prévention en santé (IRPS), la sécurité au travail consiste en
l’absence « de tout danger au cours du travail, et de toute circonstance susceptible de
provoquer une lésion du personnel ».

 Qualité de vie au travail

Cette expression se rapporte à l’humanisation du travail. Les facteurs principaux qui


influent sur la qualité de vie au travail, sont le poste lui-même, l’environnement physique
et l’environnement social de travail, les relations interpersonnelles au travail, le système de
l’organisation.53

Pour la HAS la qualité de vie au travail « a comme objectif de concilier les modalités de
l’amélioration des conditions de travail et de vie pour les salariés et la performance
collective de l’entreprise. Elle met en avant le rôle des salariés et de leurs représentants en

52
www.ars.iledefrance.sante.fr
53
www.qualitédevieautravail.org

EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014 - III -


tant qu’acteurs de la construction des solutions proposées notamment organisationnelles
aux cotés des directions, de l’encadrement et des experts.

« La QVT est un sentiment de bien-être (physique, mental et social) au travail qui englobe
l’ambiance, la culture de l’entreprise, l’intérêt du travail, le sentiment d’implication et de
responsabilisation, un droit à l’erreur accordé à chacun, une reconnaissance et une
valorisation du travail effectué. »
Le sens de cette notion varie selon les individus, leur âge, leur statut, leur genre, leur
emploi. Il existe cependant des facteurs clés :
- Impliquer les salariés et leurs représentants dans une conception participative.
- Aider l’opérateur à sa réalisation et à son développement personnel
- Développer la qualité des relations sociales et de travail
- Améliorer le confort de l’opérateur sur son poste de travail.54

 Différence entre sécurité et qualité de vie au travail

La sécurité au travail est une obligation réglementaire imposée à tous les employeurs au
niveau national, elle est donc censée être la même partout, tandis que la QVT est davantage
une notion liée au contexte de chaque établissement, voire même de chaque service mais
également à l’implication de chaque acteur. En effet, le concept de QVT est lié au
management général de l’établissement (projet d’établissement, projet social, valeurs
partagées à la gestion des ressources humaines), à l’organisation des soins, aux modalités
de mises en œuvre des démarches qualité.

54
www.Leconseil.gdle/bientravailler/qualité-de-vie

- IV - EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014


Annexe 2

Réflexion sur les risques professionnels

A partir des enquêtes SUMER de 2003 et de 2010, nous avons identifié et classé les
risques professionnels selon des critères que nous avons déterminés au décours de notre
travail et avec l’aide de Mme Counil, animatrice de notre MIP.

Lien avec la
Spécificité Prévalence
sécurité patient
Horaires de nuit oui 27% oui
Horaires variables oui 62% oui
Travail en 12h oui oui oui
Oui (retard de
Travail dans l’urgence oui 46%
soins)
Travail qui a des conséquences graves oui 69% oui
Travail en équipe non oui oui
Travail normé (protocoles de soins) oui oui oui
Oui (chutes,
TMS non oui
escarres)
RPS (thème transversal) non oui oui
Agressivité/violence/incivilités (contact
oui oui oui
patient)
Exposition aux produits chimiques (solution
non 55% non
hydro alcoolique)
Risque médicament oui oui oui
Non (sauf
Exposition aux agents biologiques
cytotoxique) /
(Exposition au sang/ exposition aux
oui 76% contraintes pour les
maladies transmissibles/ risque infectieux
patients
(virus)
(protocoles)
Risques de chute non oui non
Exposition aux rayonnements oui non oui
Risques environnementaux/architecturaux :
non oui non
salmonelle, amiante, radon
Risque d’exposition aux bruits non oui oui

EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014 -V-


Annexe 3

Grille d’entretien des personnels soignants et personnels ressources

Grille d’entretien pour les personnels soignants

1. Quelle est votre profession ?


2. Depuis combien de temps exercez-vous ?
3. Quels sont pour vous les risques professionnels auxquels vous êtes exposés?
4. Quels liens faites-vous entre les risques professionnels et la sécurité et la qualité des
soins ?
5. Quels outils connaissez-vous dans l’établissement/service pour prévenir les risques
professionnels ?
6. Quels sont vos horaires de travail ? est-ce que ces horaires posent des difficultés
spécifiques ?
7. Ressentez-vous un stress dans votre travail ? et pourquoi ?
8. Existe-t-il des difficultés spécifiques relatives au circuit du médicament ?
9. Si vous vous piquez avec une aiguille, que faites-vous ? (connaissez-vous la
procédure ?)
10. Est-ce que les protocoles/recommandations que l’établissement vous propose vous
semblent utiles et nécessaires ?
11. Comment sont-ils diffusés, où se trouvent-ils ?
12. Est-ce que vous les appliquez?
13. Avez-vous des idées d’amélioration ou avez-vous vu d’autres procédures ailleurs ?
14. Comment vous sentez-vous dans votre travail ?

Grille d’entretien pour les « personnes ressources »

1. Quelle est votre domaine de compétence ?


1. Depuis combien de temps exercez-vous ?
2. Quelles sont les évolutions des risques professionnels à l’hôpital ?
3. Que pouvez-vous nous dire sur les CPO, le circuit du médicament, les risques
biologiques ?
4. Quels sont les principaux enjeux sanitaires que vous identifiez (pour les médecins,
dans les établissements / pour les experts, dans l’actualité) ?
5. Questions pour les médecins du travail : quels sont les principaux motifs de
consultations ?
6. Quels liens existent-ils entre risques professionnels et enjeux sanitaires ?
7. Quelles sont les professions les plus exposées, les plus « à risques » ?
8. Quels sont les secteurs d’activités les plus « à risques »?
9. Connaissez-vous des modèles vertueux, en France, à l’étranger ?

Question spéciale destinée à la HAS :


- Quels liens établissez-vous entre les conditions de travail et le référentiel ?
- VI - EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014
Annexe 4

Calendrier des entretiens


Visites et entretiens

28/04/2014 29/04/2014 30/04/2014 01/05 au 04/05 05/05/2014 06/05/2014 07/05/2014 08/05 au 11/05 12/05/2014 13/05/2014 14/05/2014 15/05/2014 16/05/2014
16h - Gildas : 16h - Gildas, 14h - Paulo, 15h30 - 14h - Monique : 9h30 - Paulo, 14h30 - Hélène,
Rdv avec le Dr Catherine, Alice : Monique : cadre en Alice : Mélody :
Hascouet, Charlotte : Rdv avec Mme Rdv avec une higiène, CH de Rdv avec Mme Rdv
médecin du Rdv avec Dr Ghadi de l'HAS, IDE oncologien, Mende Temine, CNAM, téléphonique
travail, St- Sorel, médecin Paris CH Mende Paris avec Mme
Brieuc du travail, Bertrand-Barat
Rennes du CHU de
Bordeaux
14h - Marie : 17h - Monique : 16h30 - Hélène : 14h - Paulo,
Rdv avec une pharmacien, Rdv avec le Dr Alice :
puéricultrice et praticien en Saillour- Rdv Mr
un kiné, hygiène, CH Glénisson, Sinigaglia,
Zuydcoote Mendes médecin de Inspecteur du
santé publique, travail, Paris
CHU Bordeaux

14h - Hélène, 16h - Hélène,


Emmanuelle, Emmanuelle et
Melody : Mélody :
Entretien RDV avec des
téléphonique soignants du
avec le CHU de Rennes
professeur De
Gaudemaris,
médecin du
travai, CHU
Grenoble

EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014 - VII -


Travail en groupe à Rennes, EHESP

28/04/2014 29/04/2014 30/04/2014 01/05 au 04/05 05/05/2014 06/05/2014 07/05/2014 08/05 au 11/05 12/05/2014 13/05/2014 14/05/2014 15/05/2014 16/05/2014
Présentation Appropriation Rédaction Travail Travail Travail fin de la Retour sur les Rédaction du Vidéo Relecture du
de chacun de la questionnaire personnel personnel personnel rédaction différents rapport conférence rapport
Point avec bibliographie entretien individuelle entretiens avec Mme
Emilie Counil Répartition du Compilation de Counil
sur travail par sous- nos parties
l'organisation groupe
des rdv et la
Travail
méthodologie Travail
personnel à
Relecture de la Mise en 14h - RDV personnel à Réunion entre Réunion entre 14h - RDV début de la Relecture de 16h - RDV Rédaction du Relecture du
domicile +
problématique commun sur la téléphonique domicile les personnes les personnes téléphonique lecture des l'ensemble du téléphonique rapport rapport
rédaction
Reflexion bibliographie avec Emilie présentes sur présentes sur avec Emilie parties rapport avec Mme Dépôt du
commune sur la Réflexion sur la Counil EHESP l'EHESP Counil Counil rapport sur Real
typologie des problématique Préparation des
risques Finaliser le annexes, mise
Reflexion sur le budget en page du
budget Rédaction des rapport
AID

- VIII - EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014


Annexe 5

Synthèse des entretiens


1. Synthèse des entretiens des professionnels de soins
Puéricultrice Kinésithérapeute IDE en cancérologie IBODE
Expérience professionnelle 3 ans et 6 mois 29 et 23 ans 10 ans dont 8 en cancérologie 9 ans IDE, 3 ans IBODE
Exposition aux risques TMS Risque biologique Le risque chimique (cytotoxiques) TMS
professionnels AES TMS ATB AES
agressivité des parents impact psycho avec la PEC des TMS RPS
parents d'enfants malade
coupure, blessure, morsure
Risques chimiques Le formol :
Mytocine (amétycine): anticancéreux
Aniosyme : détergeant désinfectant
les protections ne sont pas toujours utilisées
Risques biologiques DASRI : mauvaise manip des pièces
anatomiques
les protections pas toujours utilisées
AES : internes, médecins ne respectent pas
les bonnes pratiques et le protocole.
La vapeur lors du nettoyage des salles après
intervention
Liens entre risque professionnel Protocoles limites les risques Lien de cause à effet Tous les outils et les bonnes Altération de la qualité des soins. Les
et sécurité des patients ? mais créent de la distance avec la FEI pratiques servent à la sécurité des risques pro induisent une baisse de qualité
Outils le patient (enfant) patients et protéger le personnel des soins
Formation sécu incendie le matériel (lits, fauteuils....) protocoles, formation interne,
formation initiale communication
Doc Unique
Horaires / rythmes Matin, soir, nuit, pas de WE Jour, semaine Du lundi au vendredi en 7h ou 10h Matin, soir, nuit
difficultés sur les nuits (4 pas de difficultés particulières car planning
consécutives) adapté.
Stress ressenti au travail et Oui car situations d'urgence Parfois, accompagnement des Pression positive et négative Oui.
pourquoi ? difficulté avec la hiérarchie familles réveil la nuit Absence de communication dans l'équipe

EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014 - IX -


parfois pression des chirurgiens
du à l'activité croissante
difficultés d’approvisionnement de matériel
turn over médical
absence de soutien du cadre
Difficultés spécifiques relatives Professionnel de nuit prépare, non Pour les produits cytotoxiques Difficultés d’'approvisionnement de la
au circuit du médicament ? celui de jour vérifie et pharmacie
administre
AES Connaissance du protocole Pas de risques Connaissance de la procédure, Protocole connu mais pas toujours actualisé
affichage dans la salle de soins dans le service

Protocoles et recommandations Connu Non connu Oui dans l'ensemble Oui pour les AES mais non pour les autres
utiles et nécessaires ? conduite EPP risques professionnels
Diffusion ? intranet non affichette, classeur, intranet pas de notion de prévention
Application ? oui pas à 100% non oui protocoles enfermés dans un bureau et non
Améliorations à apporter ? non conduite EPP bon moyen pour facilement accessibles
améliorer les pratiques suggestion : staff hebdomadaires, traçabilité
et diffusion à l'équipe
Comment vous sentez-vous dans bien Investi mais incompréhension Bien, participation à l'organisation Pense à changer de service par rapport à
votre travail avec les médecins et la direction du service, choix du matériel l'ambiance de travail et donc insécurité
pas d'évolution en RH Effet + de la polyvalence

Aides-soignants (CHU IDE hygiéniste (CHU Rennes) IDE (CHU Rennes) Kinésithérapeutes (CHU Rennes)
Rennes) –
Expérience professionnelle Une AS en poste depuis 20 ans, IDE depuis 26 ans IDE depuis 18 ans Entretien collectif – 5 kinésithérapeutes
un AS en poste depuis 5 ans
Exposition aux risques Risque infectieux Charge de travail Burn out, le stress Risque infectieux
professionnels TMS Risque infectieux. Risque infectieux, AES TMS
Agressivité
Risques chimiques SHA : dans l’équipe, une personne en arrêt
de 2 semaines de travail : peau des mains
brûlée, ne peut pas toucher l’eau.
Risques biologiques Exposition au risque infectieux « Tous les services sont logés à Risque infectieux se pose surtout pour
(urine, crachat) la même enseigne » : autant de l’équipe mobile en contact avec des patients
risques infectieux dans un dont ils ne connaissent pas l’infection (ou

-X- EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014


service de consultation externe suspicion de maladie infectieuse levée puis
que dans un service pointu. rétablie).

Liens entre risque professionnel Les lèves-personnes permettent Sentiment que la cadence exigée Incertitude de certaines IDE quant Sentiment que les contraintes
et sécurité des patients ? de réduire les risques de TMS. fait que les IDE « loupent des au maintien de leur emploi organisationnelles les obligent à passer de
Outils « Seulement pour le bien du étapes ». Il faut se demander s’il participe de la mauvaise qualité des moins en moins de temps avec les patients.
patient, il ne faut pas trop les n’existe pas des facteurs soins (« je ne serais pas là demain
utiliser, la rééducation suppose individuels : il y a des personnes donc je ne fais pas ce
que le patient fasse un effort ». non organisées. Il s’agit de pansement »). Une IDE qui suit son
savoir gérer son stress, de rester patient est au contraire beaucoup
calme. plus pertinente.

Horaires / rythmes 7H30 Travail en 10H (RTT le 7h30 7h30


vendredi-samedi-dimanche).
Stress ressenti au travail et Les patients sont devenus de Oui, lié par exemple à l’outil Sentiment de devoir aller de plus
pourquoi ? plus en plus exigeants. Ils ont informatique (« on voit ce qu’il en plus vite, avec une somme de Horaires fixes, horaires « confortables ».
leur habitude et sont contrariés y a à faire là-bas ».) travail plus importante. Impact des Mais frustration liée à un sentiment de
si on ne les respecte pas. Il nouvelles technologies. Faible rentabilité
existe une agressivité. reconnaissance du travail exigée.
Les IDE sont souvent rappelées,
cela « participe au ras le bol ».
Difficultés spécifiques relatives ras S’agissant du risque ras
au circuit du médicament ? médicament, il se pose surtout
pour l’administration du
médicament. L’arrivée des
génériques, de nouveaux
injectables sont problématiques
(elles posent la question de
l’erreur d’administration et des
revérifications des ordonnances)
AES Exposition au sang (personne ras ras
qui crachait du sang).
Protocoles et recommandations Il existe des méthodes de Formations régulières et Les protocoles se trouvent dans un Nombreux protocoles en matière de risques
utiles et nécessaires ? protection : la solution protocoles rangés dans un classeur hygiène. Il existe une infectieux (fiche établie initialement pour le
Diffusion ? hydroalcoolique, les gants, etc. classeur et disponibles sur possibilité d’appeler une IDE patient). Tableau affiché dans la salle de
Application ? l’intranet. Il faudrait un temps hygiéniste lorsqu’un agent à une réunion (existence d’un classeur qui
Amélioration à apporter ? avec l’équipe pour discuter des question sur un protocole. répertorie les protocoles). Ce tableau intitulé

EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014 - XI -


protocoles (expliquer, partager L’implication dans la politique de « fiche de déplacement des patients en
sur les recommandations du l’établissement (référente dans isolement » se divise entre l’infection par «
CLIN). S’agissant des plusieurs groupes) est intéressante contact » (plaies, urines, selles) et l’infection
évènements indésirables, elle mais demande beaucoup de temps par « gouttelettes » (voies aériennes)
considère qu’il faut faire « une et n’est « pas payé davantage ».
grosse bêtise » pour que des
changements soient faits auprès
de la Direction.

Comment vous sentez-vous dans bien bien Bien (formation d’art -hérapie) bien
votre travail

2. Synthèse des entretiens des personnes ressources sur les risques professionnels

HAS (Mme GHADI) Praticien en Cadre en hygiène Médecin du travail (Mr De Médecin de Santé Publique (Mme
Hygiène/pharmacienne Gaudemaris) SAILLOUR-GLENISSON)
Expérience Chef de projet HAS/QVT 8 ans 17 ans IDE Experte de la bientraitance depuis 2010
professionnell 6 IDE hygiène + FF cadre élaboration d'un guide publié par l'HAS en
e 2010 pour les ES
Évolution des V2010 1 critère sécurité au Énormes progrès dans la Meilleure PEC depuis mes L'agression risque devenu plus
risques travail (DU) reconstitution des études important
professionnel puis médiatisation cytotoxiques avec salle davantage de protocoles, de
s difficulté : sécurité au travail blanche, double paire de procédures
= normé gants, transports des produits lien étroit entre médecine
QVT = non normé dans une caisse fermée, préventive
v2014 : santé, QVT, gants nitryle, habillage des sensibilisation auprès des
dialogue social IDE, purge des tubulures, nouveaux embauchés, livret
Existence d'un guide- système d’élimination facile d'accueil
référentiel dossier médical des déchets (produits vérification de l'état vaccinal
pour les médecins du travail dangereux) dans une filière
spécifique
Champs TMS,horaires décalés, W de Risque infectieux AES TMS,
exposés aux nuit, RPS risque nosocomial Risque infectieux (rougeole, RPS
risques pro risques de manutention rubéole, tuberculose, ce sont ceux qui coûtent le plus

- XII - EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014


le risque psychologique pneumopathies cher, les plus prévalents
Outils pour Formations organisées Guide 7 outils
prévenir les achat de matériel autoévaluation : 2 outils, 2 questionnaires
risques pro la médecine préventive prévention de la maltraitance : 2 outils :
parfois mauvaise utilisation questionnaire + cartographie des risques de
des produits donc formation maltraitance
et information outils de management : 1 outil collectif,
le matériel de sécurité : charte de bientraitance + cahier des
aiguilles sécurisées, charges des formations
collecteurs, plateaux, THEOREM = Théorie Organisation
bulletin d'information à Recommandations Management (lien
destination du personnels entre organisation et management). Lien
journée hygiène des mains, avec équipement matériel et informatique,
semaine sécurité des patients force du soutien hiérarchique et richesse
formation auprès des vie en équipe
étudiants sur l'hygiène et le développement de la bientraitance :
risque infectieux organisation de réunions avec présentation
livret d'accueil des patients de cas, cadre en position d'animateur
et des nouveaux d'équipe
professionnels = outil au service de la bonne PEC + au
service de la QVT, les professionnels se
sentent écoutés, reconnus, identifiés
dans toutes leurs dimensions et ils
développent leurs qualités
professionnelles
CPO Existe pour l'équipe d'ASH Médecin du travail doivent Lien fort avec le management de
en fonction de l'organisation aller dans les services voir les proximité. Rôle du cadre et du chef de
du service, les chambres de organisations service déterminants dans le maintien, le
départ sont effectuées avec pour les médecins risque de développement des repères professionnels.
les AS ou pas violence (patients, famille),
surcharge de W, stress,
prévention au CHU Grenoble
sous forme de questionnaire
Risques Caisses de médicaments Médicament :
chimiques acheminées par des ASH, Cytotoxiques : risque faible
elles sont sécurisées gaz anesthésiant
produits détergents : peu

EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014 - XIII -


toxiques
pommades : non-événement
désinfection du matériel : arrêt
de l'utilisation du formol
Risques Risque nosocomial car les Risque infectieux AES : non-événement AES : part de négligence
biologiques médecins ne changent pas risque nosocomial Infections nosocomiales : Grippe banalisée cela génère une sous
leurs tenues, absence de AES rougeole les soignants ne sont protection
friction au SHA. les précautions standards pas protégés (problème
Réalisation d'un audit devraient être appliquées d'immunité)
surprise en 2013 sur partout la tuberculose : revient
l'hygiène des mains : port de précautions particulières Grippe : enjeu majeur des IN.
bagues, téléphone portable pour le laboratoire et en salle Solution = vaccination mais les
risque légionnelle : de reconstitution des soignants ne sont vaccinés qu'à
préoccupation permanente produits cytotoxiques 80%
circuit d'élimination des
déchets est bien identifié
Liens entre les études montrent un lien Apparition de nouveaux Le risque infectieux en Lien direct entre bientraitance, QVT et
sécurité du entre QVT et qualité du W virus résistants au SHA qui raison de la baisse du niveau qualité du management
patient et la HAS s’intéresse aux nécessitent des précautions vaccinal des professionnels Rôle déterminant du cadre de santé
risque conditions de travail car particulières (clostridium, absentéisme, arrêts maladie Programme de recherche actuel (PREPS)
professionnel impact sur la qualité et rotavirus) parfois mauvaises pratiques pour évaluer la performance en santé
s sécurité des soins lorsque absence d'utilisation (porté par DGOS)
les experts regardent : contamination manu portée de précautions standards basée sur questionnaire COMETS
identification des risques et (contexte organisationnel managérial en
les plans d'action associés établissement de santé) l'objectif est
bonne qualité de vie temps d'étudier comment les professionnels, les
de discussion possibles et soignants, perçoivent la façon dont ils sont
aménagés dans les équipes managés.
temps de discussion Un management de qualité accroît la
pluridisciplinaires sécurité des soins
Docs de preuve : DU, CR un management de qualité a un impact
CHSCT, Projet social, bilan positif sur la QVT, et donc réduit les CPO
social, accords plus le fonctionnement est collectif, plus
interprofessionnels, plan de les bonnes pratiques sont répandues.
maîtrise des risques
Travaux CLARTE
v2014 : 2 méthodes :
audit de processus (médecin,

- XIV - EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014


chef de service, cadre),
cartographie des risques et
les moyens de maitrise +
PAQ
patient traceur (dialogue
avec équipe)
projet sur le W en équipe :
comment améliorer la
communication
interprofessionnelle
Base de données ENEIS sur
les EI (IPAQSS...)
HAS (Mme GHADI) Praticien en Cadre en hygiène Médecin du travail (Mr De Médecin Santé Publique (Mme
Hygiène/pharmacienne Gaudemaris) SAILLOUR-GLENISSON)
Professions Enjeux des personnels Risque chimique : Les médecins et les Risques de radioactivité croissants mais
plus vieillissants mais pas de cancérologie chirurgiens aujourd'hui : développement de maîtrise de risques
exposées/sect ciblage de type de personnel risque biologique : soins sous déclaration des AES,
eurs à risques mais plutôt de secteur à les AES mais phénomène tenues non changées, friction
risques culturel en France (pays au SHA non faites, matériel
méditerranéenne) non décontaminé, portable
secteurs : pédiatrie (gastro, dans la poche, port de bijoux
grippe, rougeole) médecine même au bloc opératoire
(tuberculose), urgences, la les ASH
maternité
Modèle « Magnet hospital » aux L' EPP Conduite EPP Hôpital magnétique (questionnaire
vertueux USA et Belgique COMETs s'en est inspiré)
question du sens au W, management participatif
innovation, implication des prévention des RPS : qualité du
personnels pour limiter le management de proximité
turn over et l'absentéisme outils sur le site HAS
Pistes Ne pas faire des protocoles 2 sources d'innovations :
de 15 pages, préférer la recherche clinique
l'élaboration d'affichettes les démarches qualité
colorées et ludiques Formation initiales, continue

EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014 - XV -


Dr Hascouet (Médecin du Dr Sorel (Médecin du travail Mme TEMIME (Enseignant Mr Sinigaglia (Inspecteur du travail,
travail au CH Saint Brieuc) CHU de Rennes) chercheur au CNAM) territoire du 5ème arrondissement de
Paris)
Expérience professionnelle Depuis 5 ans au CH de Saint Depuis 3 ans au CHU de Enseignant chercheur en 20 ans d'expérience en inspection du
Brieuc Rennes Epidémiologie et EQRS travail
(évaluation quantitative des formation en hygiène et sécurité du
risques sanitaires) travail sur le tas
Participe à l'étude Motilis du
CNAM et AP/HP sur les
services de réanimation
Evolution des risques Augmentation depuis 10 ans des Passage au travail en 12 heures Passages en 12 heures donc plus de
professionnels rythmes de travail, de Augmentation de la fatigue et fatigue au travail
l'absentéisme, de l'agressivité niveau du stress diminution du personnel donc
envers le personnel par les Baisse de la qualité du lavage intensification du travailler
patients (maladies des mains et la fréquence pression plus importante du à l'absence
dégénératives) et les proches des Aspect coût/efficacité : faut-il de cadre et de médecin
patients avoir recours à l'intérim pour
l'absentéisme ou rappeler le
personnel ? (rapport
bénéfice/risque sur la fatigue, le
stress et la connaissance du
terrain)
Champs exposés aux risques RPS Risque CMR Services de réanimation Les HAD, les préparations de
professionnels TMS risque chimique IDE chimiothérapies à domicile en dépit de la
AT 827 en 2013 pour 8150 AS circulaire de 1987
agents Professionnels polyvalents dans La reconstitution du traitement
AES 311 en 2013 les services (kiné, chef de cytotoxique se fait dans la cuisine au-
maladies professionnelle 25 service, radiologue) qui sont dessus de l’évier
dont 20 concernent des TMS des super-propagateurs de Les rayonnements ionisants
germes Les RPS en particulier la nuit
Outils pour prévenir les risques Indicateurs qui sont examinés de Protocole de prévention relatif Volume de consommation de L'article 40 du code pénal, signalement
professionnels près (absentéisme, turn over) aux AES remis à chaque agent SHA n'est pas un indicateur en au procureur
soi La visite et la contre visite
l'organisation du temps de
travail

- XVI - EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014


CPO Procédures d'accréditation très RPS Plannings La nuit avec médecin d'astreinte et non
chronophages et source de stress TMS dues aux efforts de turn over du personnel (25% de garde
pour les cadres notamment manutention dans les services de l'AP/HP) Pas de surveillant
Chutes et glissades problème de transmissions des Moins de personnel
connaissances et construction
des compétences
Risques chimiques Benzène Cytostatiques pour les soignants, le
formol patient, et la famille des patients
cytostatiques
Risques biologiques Plus important dans les services
à gestes invasifs et les patients
fragiles
Lien entre sécurité du patient et Risques d'addictions du Tension dans les équipes due En dehors de la réanimation Organisations
risques professionnels personnel qui ont un impact sur aux conflits absence de ratio de personnel sous-traitance (société de nettoyage)
la PEC des patients et donc leur nécessité de prioriser les soins
sécurité par manque de temps
Professions les plus exposés et IDE Soignants mais aussi : IDE, IDE
secteurs à risque Agents de sécurité Blanchisserie AS AS
service des urgences Ateliers
Stérilisation
Administratif
Modèle vertueux Plannings en 3X8heures sur 35
heures semblent générer moins
d'infections liées aux soins mais
un « bon » planning en
12heures vaut mieux qu'un
« mauvais » planning en
8heures.
Il faut prendre en compte le
contexte car le planning ne fait
pas tout.
Pistes Augmenter les effectifs
former le personnel aux
situations de crises (violences)

EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014 - XVII -


Annexe 6

Schéma des différentes phases du circuit du médicament

Dossier INRS, Médicaments cytotoxiques et soignants,


manipulez avec précaution, novembre 2012

EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014 - XVIII -


Annexe 7

Les accidents d’exposition au sang (AES)

Les accidents d’exposition au sang55 sont un des risques biologiques spécifiques aux
établissements de soins. « Priorité nationale depuis 1998, la surveillance des AES demeure
une des priorités du programme national de prévention des infections nosocomiales
(PROPIN) 2009-2013 et du Plan stratégique national de prévention des infections
associées aux soins 2009-2013. »56

Il y a eu une réelle prise de conscience autour de ce risque depuis les scandales du sang
contaminés dans les années 1980, d’où l’adoption de nombreux protocoles, guides de
bonnes pratiques… afin de limiter les risques d’exposition ou de prendre en charge
efficacement et rapidement les personnels ayant été exposés57. De même, le matériel a été
sécurisé pour limiter ce risque (aiguilles rétractables). La prévalence est donc aujourd’hui
plus faible, et les risques de transmission après exposition plus limités grâce à la
vaccination des soignants contre l’hépatite B, ou le traitement d’urgence contre le VIH. Le
risque moyen de transmission après exposition percutanée au sang d’un patient infecté est
de 0,3 % pour le VIH.

Cependant, malgré toutes les mesures de précautions, des accidents surviennent encore. Le
nombre d’AES pour 100 lits était de 6.7 en 201058. Pour F. Saillour-Glénisson « les AES
sont liés à une part de négligence ». En effet, 43,3 % des AES auraient pu être évités par la
seule observance des précautions standards59.

Il est également ressorti de nos entretiens qu’aujourd’hui ce risque concerne avant tout les
aides-soignants (60% des AES concernent des personnels paramédicaux60). Il y a ainsi eu
un « glissement du risque » des infirmières vers les aides-soignantes et agents de service
hospitalier. En effet, les risques d’accidents dus à un contact avec des objets tranchants

55
« Tout contact percutané (piqûre, coupure) ou muqueux (oeil, bouche) ou sur peau lésée (eczéma, plaie) avec du sang ou un produit
biologique contenant du sang pour lesquels le risque viral est prouvé. », GERES
56
« Surveillance des accidents avec exposition au sang dans les établissements de santé français en 2010 », Résultats AES-Raisin 2010
57
Conduite à tenir en cas d’AES, R.de Gaudemaris, 2003
58
Ibid 2
59
Ibid 2
60
Ibid 2

EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014 - XIX -


souillés laissés dans les chambres, ou lors du transport des sacs contenant les DASRI
restent importants. Cette profession est donc à sensibiliser.

Enfin, le risque est à hiérarchiser selon les services. Le risque d’AES est ainsi plus
important dans les services de médecine (dans 33.1% des cas) au bloc (16.7%) et en
chirurgie (11.5%)61.

61
Ibid

- XX - EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014


Annexe 8

La vaccination : recommandations et obligations

La vaccination dans les établissements de santé concerne les travailleurs exposés à des
agents biologiques tels que les personnels médicaux, paramédicaux, pharmaceutiques et les
étudiants. La vaccination est ainsi encadrée par deux réglementations. Tout d’abord, le
code de la santé publique énumère les vaccinations obligatoires pour certains personnels
particulièrement exposés. Ensuite, le code du travail dispose qu’un employeur peut
recommander sur proposition du médecin du travail certaines vaccinations. Dans les
établissements de santé, cela se traduit dans le tableau ci-dessous :

Tableau1 : www.chru-strasbourg.fr

Sensibiliser, impliquer sans culpabiliser et responsabiliser.

EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014 - XXI -


Rapport vaccination chez les soignants des établissements de soins 2009 (InVS et GERES)

- XXII - EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014


Annexe 9

Questionnaires ORSOSA

Questionnaire CPO Version IDE

Fortement en
En désaccord

désaccord
Fortement

D’accord
d’accord
Au sein de l’unité dans laquelle je travaille
actuellement…

Score 1 2 3 4

1- Les médecins et les infirmier(e)s ont de bonnes relations de


travail

2-Le cadre de santé apporte son soutien aux infirmier(e)s

3- Je dispose d’assez de temps et d’occasions pour discuter des


problèmes de soins des patients avec les autres infirmier(e)s

4- Il y a suffisamment d’infirmier(e)s dans l’équipe pour


garantir aux patients une bonne qualité des soins

5- Le cadre de santé est un bon chef d’équipe, un bon manager

6- Le personnel est en nombre suffisant pour faire le travail

7- Il y a beaucoup de travail d’équipe (coordination) entre les


infirmier(e)s et les médecins

8- Le cadre de santé apporte son soutien aux infirmier(e)s lors


des prises de décision, même en cas de conflit avec un médecin

9- Il y a des moments où les infirmier(e)s et les médecins


travaillent ensemble

10- Je suis souvent interrompu(e) au cours des tâches que


j’accomplis : sonnette, téléphone, demande d’aide, nouvelle
tâche à faire…

11- Il y a fréquemment des incidents qui viennent déranger la


réalisation de mon travail

12- Les tâches annexes que j’ai à faire gênent mon travail de
soignant

13- Il y a rarement des rappels sur vacances ou RTT

EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014 - XXIII -


Fortement

désaccord

Fortement

désaccord
D’accord
d’accord
Au sein de l’unité dans laquelle je travaille

En

en
actuellement…

Score 1 2 3 4

14- Il n’y a pas de difficulté à choisir des jours de vacances ou


RTT

15- Il y a suffisamment de temps de chevauchement pour


assurer les transmissions lors de la relève

16- Il y a suffisamment de temps pour organiser le travail en


équipe

17- Il est possible de discuter en équipe des difficultés d’ordre


psychologique rencontrées dans ma relation de soins avec les
malades

18- Je suis consulté(e) lors de l’élaboration du projet de


service

19- L’équipe partage les mêmes valeurs éthiques

20- L’équipe partage le même sens de l’excellence du travail

21- L’administration a conscience des difficultés actuelles


d’exercice du métier

22- L’administration se donne les moyens d’améliorer la


situation des soignants

- XXIV - EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014


Questionnaire CPO Version AS

Fortement en
En désaccord

désaccord
Fortement

D’accord
d’accord
Au sein de l’unité dans laquelle je travaille
actuellement…

Score 1 2 3 4

1- Les aides soignant(e)s et les infirmier(e)s ont de bonnes


relations de travail

2-Le cadre de santé apporte son soutien aux aides soignant(e)s

3- Je dispose d’assez de temps et d’occasions pour discuter des


problèmes de soins des patients avec les autres aides
soignant(e)s

4- Il y a suffisamment d’aides soignant(e)s dans l’équipe pour


garantir aux patients une bonne qualité des soins

5- Le cadre de santé est un bon chef d’équipe, un bon manager

6- Le personnel est en nombre suffisant pour faire le travail

7- Il y a beaucoup de travail d’équipe (coordination) entre les


infirmier(e)s et les aides soignant(e)s

8- Le cadre de santé apporte son soutien aux aides


soignant(e)s lors des prises de décision, même en cas de conflit
avec un médecin

9- Il y a des moments où les infirmier(e)s et les aides


soignant(e)s travaillent ensemble

10- Je suis souvent interrompu(e) au cours des tâches que


j’accomplis : sonnette, téléphone, demande d’aide, nouvelle
tâche à faire…

11- Il y a fréquemment des incidents qui viennent déranger la


réalisation de mon travail

12- Les tâches annexes que j’ai à faire gênent mon travail de
soignant

13- Il y a rarement des rappels sur vacances ou RTT

EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014 - XXV -


Fortement en
En désaccord

désaccord
Fortement

D’accord
d’accord
Au sein de l’unité dans laquelle je travaille
actuellement…

Score 1 2 3 4

14- Il n’y a pas de difficulté à choisir des jours de vacances ou


RTT

15- Il y a suffisamment de temps de chevauchement pour


assurer les transmissions lors de la relève

16- Il y a suffisamment de temps pour organiser le travail en


équipe

17- Il est possible de discuter en équipe des difficultés d’ordre


psychologique rencontrées dans ma relation de soins avec les
malades

18- Je suis consulté(e) lors de l’élaboration du projet de


service

19- L’équipe partage les mêmes valeurs éthiques

20- L’équipe partage le même sens de l’excellence du travail

21- L’administration a conscience des difficultés actuelles


d’exercice du métier

22- L’administration se donne les moyens d’améliorer la


situation des soignants

- XXVI - EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014


Mode de calcul des scores de contrainte CPO et valeurs seuils ( 75° percentile)
de chacune des 8 dimensions mesurées

Dimension Formule Score seuils Score seuils


I DE AS
Organisation qui ne permet pas 15*(Q3+Q15+Q16+Q17+ 9.97 9.37
la communication Q18)/20
Manque de support du cadre de 15*(Q2+Q5+Q8)/12 9.43 9.50
santé
Effectifs insuffisants pour faire 15*(Q4+Q6)/8 11.25 12.00
le travail
Interruptions fréquentes dans 15*(15- 7.50 8.28
le travail (Q10+Q11+Q12))/12
Mauvaises Relations au sein de 15*(Q1+Q7+Q9)/12 8.75 8.40
l'équipe soignante et médicale
Manque de partage des valeurs 15*(Q19+Q20)/8 9.24 9.37
du travail
Manque de soutien de 15*(Q21+Q22)/8 13.31 12.86
l'administration
Organisation qui ne permet pas 15*(Q13+Q14)/8 10.42 10.37
le respect des congés

EHESP – Module interprofessionnel de santé publique – 2014 - XXVII -


Thème n°31 Animé par : Emilie Counil

Les risques professionnels en établissements de santé : quels


enjeux de sécurité sanitaire ?
Monique Akmel-Bourgarde, Alice Arlot, Charlotte Beata, Catherine Berton, Hélène
Gendreau, Paulo Gomes, Marie Henry, Gildas Huerres, Emmanuelle Madec-Clei, Mélody
Malpel

Résumé :
La sécurité du patient et la prise en compte des risques professionnels ont été traitées de façon
distincte. Aujourd'hui, on constate une forte corrélation entre une qualité des soins prodigués
au patient et des conditions de travail satisfaisantes.

L’enquête Surveillance médicale des expositions aux risques professionnels a contribué à


mettre en lumière les risques auxquels sont exposés les soignants : (rythme de travail,
agressions de la part du public, exposition au bruit et à des produits chimiques…) Trois
risques ont fait l’objet d’une étude approfondie : le risque infectieux, qui constitue un enjeu de
sécurité sanitaire majeur dans les établissements de santé, les risques liés aux cytotoxiques et
les « risques psychosociaux », ou « contraintes psychologiques et organisationnelles ».

En 1994, Didier Tabuteau décrit la sécurité sanitaire comme la « protection contre les risques
liés au fonctionnement du système de santé ». Toutefois, les pratiques professionnelles des
soignants les exposent à des risques ayant un impact sur leur santé et par extension à des
risques pour les patients. Comment concilier les exigences de sécurité des soins et de
protection des professionnels de santé ?

Pour mieux prévenir et gérer les risques professionnels, il apparaît nécessaire de développer
simultanément des dispositifs variés et complémentaires. Enfin, s’interroger sur les enjeux
sanitaires des risques professionnels nécessite de faire preuve de pragmatisme : certains
secteurs, certaines professions sont davantage exposés que d’autres aux risques
professionnels, et certains d’entre eux sont plus difficiles à prévenir et à gérer.

Mots clés :
Risques professionnels, sécurité sanitaire, contraintes organisationnelles et psychologiques,
risque infectieux, enjeux sanitaires, prévention et gestion
L’École des hautes études en santé publique n’entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans
les rapports : ces opinions doivent être considérées comme propres à leurs auteurs

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