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Introduction à la bioéthique

Pr. Francis KLOTZ


Morale

 Ensemble des normes et des règles de


conduite propres à une société donnée
 Philosophiquement: comment faire le bien
et éviter de faire le mal
 Politique, religieux, sociétal
La déontologie

 Règles et devoirs régissant une profession


 En médecine: règles de bonne conduite
envers les patients, les familles les collègues
Ethique
 Réflexion sur les valeurs humaines: vie,
mort, respect de la personne, liberté,
confidentialité
 Savoir choisir le moindre mal. Faire
progresser l’universalité et la sollicitude
envers l’autre
 Suggestive et non directive
Loi

 C’est un impératif imposé par la collectivité


dont le non respect implique une sanction
 Notre conscience est au dessus de la loi et
tout ce qui est légal n’est pas forcement
moral => réflexion éthique
 Éthique: réflexion sur les situations
(médicales) suscitant des conflits de valeur.
 Bioéthique: Années 70, sociétés
occidentales. Caractéristiques d’une
évolution historique et sociétale.
 Évolution de la médecine.
 Avant, presque impuissante
 → soigner, compatir plus que guérir.
 Avant la médecine était centrée sur le malade
 Aujourd’hui, elle fait de plus en plus appel à la
science, le malade devient un objet de savoir. On
demande à la médecine d’aujourd’hui de soigner,
de guérir ou d’améliorer l’individu sain voir de se
substituer à lui-même. (ex: procréation “in
vitro”).
 La médecine coûte chère.
Bioéthique définition
La déontologie médicale classique, constitue
un code éthique fondé par les médecins pour les
médecins.
La bioéthique, au contraire, fait intervenir
une pluralité d'acteurs et de disciplines (outre
les médecins, biologistes et généticiens, les
philosophes, juristes, sociologues théologiens,
ingénieurs biomédicaux).
Bioéthique définition

 Etude des problèmes moraux soulevés par la


recherche biologique, médicale ou
génétique et ses applications (Larousse)
QUESTIONS 1

 Quels sont les éléments qui définissent l’identité


humaine ? Sont-ils inviolables ?
 Quel est le statut juridique du corps humain ? Le
corps humain est-il une personne ou une chose ?
Peut-on porter atteinte au corps humain, dans
quels cas et à quelles fins ?
QUESTIONS 2

 -Le corps humain est-il sujet à commerce ?


Peut-on vendre des organes ? Des tissus ?
 -Existe-t-il un droit patrimonial du corps
humain ? Peut-on léguer son corps ?
 -Comment concilier les découvertes
scientifiques avec la protection de la dignité
immuable de l’homme ?
 -Quelles sont les indications de ces
découvertes ?
 Comment les décisions de leur application
doivent être prises et par qui ?
 -Le médecin ou le scientifique sont-ils seuls
juges ?
 -Face à la morale, aux logiques religieuses, au
droit, le législateur est-il fondé à intervenir ?
 La plupart des sociétés contemporaines sont
fondées sinon sur une morale du « bien » et
du « mal », du moins sur un code de valeurs
qui situe au premier rang le respect de
l’autre, la dignité de la personne humaine,
les droits de l’homme.
 La bioéthique repose sur ces bases
essentielles mais ne saurait se contenter
d’un consensus non codifié, le médecin et le
chercheur ne pouvant se considérer au-
dessus des lois. En définitive, les études et
les lois dérivant de la bioéthique doivent
être définies sur le fondement du
« principe de responsabilité »
Il existe deux orientations principales de la bioéthique:
*l'une, davantage descriptive, s'appuie sur la
philosophie morale, vise à éclaircir les choix éthiques
et les valeurs présupposées par ceux-ci, en écartant les
arguments contradictoires;
*l'autre est davantage prescriptive: elle recherche
les normes morales qui sont applicables aux sciences
du vivant, y compris la médecine, propose certaines
règles et certaines postures face à d'éventuels
dilemmes.
Histoire et médecine
 L'éthique médicale, qui remonte au serment
d'Hippocrate (IV siècle avant JC), fait partie
intégrante de l'exercice de la médecine.
Serment d’hippocrate version 2012
 « Au moment d'être admis à exercer la médecine, je promets et je jure d'être
fidèle aux lois de l'honneur et de la probité.
 Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la
santé dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux.
 Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans
aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions. J'interviendrai pour
les protéger si elles sont affaiblies, vulnérables ou menacées dans leur intégrité
ou leur dignité. Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes
connaissances contre les lois de l'humanité.
 J'informerai les patients des décisions envisagées, de leurs raisons et de
leurs conséquences. Je ne tromperai jamais leur confiance et n'exploiterai pas le
pouvoir hérité des circonstances pour forcer les consciences.
 Je donnerai mes soins à l'indigent et à quiconque me le demandera. Je ne
me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire.
Serment d’hippocrate 2
 Admis dans l'intimité des personnes, je tairai les secrets qui me
seront confiés. Reçu à l'intérieur des maisons, je respecterai les secrets
des foyers et ma conduite ne servira pas à corrompre les mœurs.
 Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas
abusivement les agonies. Je ne provoquerai jamais la mort délibérément.
 Je préserverai l'indépendance nécessaire à l'accomplissement de
ma mission. Je n'entreprendrai rien qui dépasse mes
compétences. Je les entretiendrai et les perfectionnerai pour assurer
au mieux les services qui me seront demandés.
 J'apporterai mon aide à mes confrères ainsi qu'à leurs familles
dans l'adversité.
 Que les hommes et mes confrères m'accordent leur estime si je
suis fidèle à mes promesses ; que je sois déshonoré et méprisé si j'y
manque. »
Histoire et Médecine 2

 Au XXe siècle, la déontologie médicale a pris en


compte l'importance croissante des droits de
l'homme, les organisations internationales
l'Association médicale mondiale (AMM) ou
l'Organisation mondiale de la santé (OMS)) se
situant comme arbitre.
Les dérives!

 En 1814 → Charles Michet proposait l’élimination des anormaux.


Il faut créer une “ race admirable”. Il y a eu plusieurs propositions
de lois (1907: loi de stérilisation des criminels, imbéciles et aliénés
aux EU).
 Alexis Carrel 1873-1944: “l’homme cet inconnu”, propose
d’éliminer les déficients et criminels dans un établissement
euthanasique!
 → courants nazis→ sous tendus par l’eugénisme.
L’eugenisme
 L’eugénisme peut être défini comme
l’ensemble des méthodes et pratiques visant à
intervenir sur le patrimoine génétique de l’espèce
humaine, dans le but de le faire tendre vers un
idéal déterminé!
De l’eugénisme au génocide nazi.

 Loi du 14 juillet 1933: stérilisation si les médecins retenaient


une tare héréditaire physique ou mentale. Tribunal de santé
→ juge + 2 médecins.
 1935: Stérilisation des tziganes.
 1939: Signalements obligatoires des enfants malformés.
Création de 6 instituts dotés de chambre à gaz.
 Dans les camps: “expérimentations”, exterminations des
malades, solution finale.
 Les médecins sont impliqués et servent à “légitimer” ces
pratiques sous le couvert de la science.
 “L’abstraction et la déshumanisation de leur
activité a joué un rôle central dans la dérive
des médecins allemands” (Elie Wiezel).
Nuremberg 1947
 Cette convergence s'est concrétisée dans le Code
de Nuremberg de 1947, rédigé à la suite des
expérimentations perpétrées par les nazis sur des
cobayes humains. Elle conduit à légitimer
l'opposition et la résistance des médecins envers
des pratiques autoritaires qu’imposent des Etats
non démocratiques
10 articles
 1)Le consentement volontaire du sujet humain est absolument
essentiel. Cela veut dire que la personne concernée doit avoir la capacité
légale de consentir ; qu’elle doit être placée en situation d’exercer un libre
pouvoir de choix, sans intervention de quelque élément de force, de fraude, de
contrainte, de supercherie, de duperie ou d’autres formes sournoises de
contrainte ou de coercition ; et qu’elle doit avoir une connaissance et une
compréhension suffisantes de ce que cela implique, de façon à lui permettre de
prendre une décision éclairée. Ce dernier point demande que, avant d’accepter
une décision positive par le sujet d’expérience, il lui soit fait connaître : la
nature, la durée, et le but de l’expérience ; les méthodes et moyens par
lesquels elle sera conduite ; tous les désagréments et risques qui peuvent être
raisonnablement envisagés ; et les conséquences pour sa santé ou sa personne,
qui pourraient possiblement advenir du fait de sa participation à l’expérience.
L’obligation et la responsabilité d’apprécier la qualité du consentement
incombent à chaque personne qui prend l’initiative de, dirige ou travaille à
l’expérience. Il s’agit d’une obligation et d’une responsabilité personnelles qui
ne peuvent pas être déléguées impunément ;
 2)L’expérience doit être telle qu’elle produise des résultats
avantageux pour le bien de la société, impossibles à
obtenir par d’autres méthodes ou moyens d’étude, et pas
aléatoires ou superflus par nature ;
 3)L’expérience doit être construite et fondée de façon telle
sur les résultats de l’expérimentation animale et de la
connaissance de l’histoire naturelle de la maladie ou autre
problème à l’étude, que les résultats attendus justifient la
réalisation de l’expérience ;
 4)L’expérience doit être conduite de façon telle que soient
évitées toute souffrance et toute atteinte, physique et
mentale, non nécessaires ;
 5)Aucune expérience ne doit être conduite lorsqu’il y a une
raison a priori de croire que la mort ou des blessures
invalidantes surviendront ; sauf, peut-être, dans ces
expériences où les médecins expérimentateurs servent aussi
de sujets ;
 6)Le niveau des risques devant être pris ne doit jamais
excéder celui de l’importance humanitaire du problème que
doit résoudre l’expérience ;

 7)Les dispositions doivent être prises et les moyens fournis


pour protéger le sujet d’expérience contre les éventualités,
même ténues, de blessure, infirmité ou décès ;
 8)Les expériences ne doivent être pratiquées que
par des personnes scientifiquement qualifiées. Le
plus haut degré de compétence professionnelle doit être
exigé tout au long de l’expérience, de tous ceux qui la
dirigent ou y participent ;

 9)Dans le déroulement de l’expérience, le sujet humain doit


être libre de mettre un terme à l’expérience s’il a atteint
l’état physique ou mental où la continuation de l’expérience
lui semble impossible
 10)Dans le déroulement de l’expérience, le scientifique qui
en a la charge doit être prêt à l’interrompre à tout
moment, s’il a été conduit à croire — dans l’exercice de la
bonne foi, de la compétence du plus haut niveau et du
jugement prudent qui sont requis de lui — qu’une
continuation de l’expérience pourrait entraîner des
blessures, l’invalidité ou la mort pour le sujet d’expérience.
dans les années 1960-70
La « bioéthique », en tant que domaine non
réservé aux médecins, s'est développé
davantage, en conjonction avec les avancées
du progrès scientifique et les questions que
celui-ci posait. Le néologisme de
« bioéthique »
lui-même a été forgé par
Potter van Rensselaer dans Bioethics: Bridge to
the Future (1971)
I) Histoire et développement de la
bioéthique: contexte
 Les années 1960 ont vu émerger dans les
pays industrialisés un certain nombre de
revendications tenant aux droits individuels
et à l'autonomie de la personne, conduisant
à des changements sociaux importants
(dépénalisation du suicide, de l'avortement,
de l'homosexualité, libération sexuelle,
légalisation du divorce, de la contraception,
etc.).
Histoire 2
 En 1969, le psychiatre Willard Gaylin et le
philosophe catholique Daniel Callahan fondent
l'Institute of Society, Ethics and the Life
Sciences , qui deviendra le Hastings Center.
Dès 1973, Callahan présente, dans le Hastings
Center Report, la bioéthique en tant que
discipline. Un deuxième centre, le Joseph and Rose
Kennedy Institute for the Study of Human
Reproduction and Bioethics, qui compte un Center for
Bioethics, est créé en 1971.
1991 le Kennedy Institute of Ethics
Journal

 La bioéthique concerne non seulement l'ensemble des


problèmes liés, ou non, aux thérapies, mais aussi les
dimensions sociopolitiques des progrès
biomédicaux (possibilité d'utiliser les techniques à
des fins autres que strictement thérapeutiques, par
exemple avec la sélection du sexe par diagnostic
prénatal, la FIVETE chez la femme ménopausée, etc.), et
englobe l'ensemble du règne animal et végétal.
II) Domaines de la bioéthique

A) Biotechnologies appliquées à l'homme


La bioéthique est devenue un sujet d'actualité, suite
aux manipulations génétiques effectuées sur les
plantes alimentaires, au clonage et à l'utilisation
d'embryons humains.
Historiquement
 elle est apparue au moment où le pouvoir fourni par la
médecine est devenu plus important (maîtrise de la
fécondité par les femmes grâce à la pilule contraceptive,
apparition des premiers services de soins intensifs avec la
possibilité, inconnue jusqu'alors, de l'acharnement
thérapeutique et la difficulté inédite qu'il y avait à prendre la
décision d'arrêter un traitement devenu inutile).
 De même, l'évolution de l'attitude à l'égard de la science
faisait qu'elle ne bénéficiait plus d'une aura systématiquement
positive (bombe atomique, expériences des médecins nazis).
Procréation

 L'assistance médicale à la procréation a été l'un


des premiers objets de réflexion de la bioéthique,
à cause de son potentiel eugéniste. Ainsi, en
France, le Comité consultatif national d'éthique
pour les sciences de la vie et de la santé (CCNE)
a été créé en 1983 après la première naissance
par Fivete en 1982.
Procréation 2
 La contraception ;
 L'avortement ;
 Don de gamètes ou d’embryons ; don de sperme et don d'ovules
 L'hypothèse d'une gestation de l’embryon humain par des espèces non humaines ;
 Les questions de clonage humain ;
 Le diagnostic prénatal ou préimplantatoire ;
 Les thérapies géniques ;
 L'eugénisme (stérilisation d'handicapés mentaux et de personnes à risque
génétique...) ;
 statut juridique de l'embryon et du foetus (lié en droit français à la « dignité de la vie
humaine »)
 les cellules-souches. La recherche sur les cellules-souches humaines est autorisée, en
France, à titre exceptionnel, et uniquement à partir des embryons surnuméraires .
Génie génétique
 Le génie génétique ayant des buts médicaux et
pharmaceutiques (fabrication de vaccins, thérapie génique,
diagnostic prénatal) est mieux perçu que les manipulations
ayant des buts alimentaires ou ludiques (OGM, clonage
d'animaux familiers) qui soulèvent beaucoup plus de
problèmes.
 Les manipulations humaines (profil génétique, clonage
reproductif, amélioration) sont de plus en plus débattues par
la communauté scientifique.
Les brevets du vivant

 Savoir si une séquence de gènes est brevetable et


si les applications de sa découverte, médicaments,
tests, etc., le sont également. C'est un enjeu de
première importance pour les entreprises qui ont
investi des sommes d'argent considérables dans le
décodage du génome humain, mais également
pour les éventuels progrès de la connaissance
induits par la découverte de ces gènes.
Les brevets du vivant 2
 la question des brevets de médicaments pose le
problème de l'accès au soin pour les plus pauvres.
Une législation mal adaptée pourrait conduire à la
biopiraterie.
 Selon une déclaration de l'Unesco du 11 novembre
1997, le génome humain est un patrimoine de
l'humanité et il ne peut faire l'objet de
commercialisation. Le décodage du génome ne peut
être breveté ; mais à partir de ce décodage, les
applications thérapeutiques peuvent l'être!
B) Interventions sur le corps humain
 Le prélèvement d'organes et de tissus : la vente
d'organe étant interdite dans de nombreux pays, les
législateurs ont dû définir comment la pénurie d'organes
devait être gérée. En France, a été créé en 1992 un registre
des refus, qui consigne tous les refus au don d'organe.
 Le don de cellules souches et le clonage
thérapeutique :(transfert de noyau de cellules
somatiques, une technique de production de matériel
vivant via l'injection de cellules souches de la moelle
osseuse, pour remplacer un organe détruit, et dont la
compatibilité avec le malade est garantie par la parenté
génétique assurée par le clonage), sujet à controverse!
Interventions sur le corps humain 2

 prothèses ;
 gestion des banques d'organes ;
 neurochirurgie : en Russie, par exemple, il est
légal d'opérer (même sur des mineurs) le cerveau
de personnes, afin de limiter leurs
comportements violents
 utilisation des psychotropes...
La fin de vie

 acharnement thérapeutique (à partir de quel


moment faut-il considérer que le traitement devient
trop lourd ?) ;
 euthanasie ; aide médicale au suicide ; Limitations
ou arrêt des thérapeutiques actives en réanimation
 soins palliatifs ;
 contrôle de la sénescence (personnes atteintes
de la maladie de Parkinson, maladie d’Alzheimer...)
L'expérimentation
 expérimentation à visée thérapeutique ou de recherche ;
 quelles sont les personnes admises (volontaires,
prisonniers, personnes saines, malades, handicapés
mentaux) ; en France, elle est interdite sur les personnes
en état végétatif chronique, ainsi que sur les personnes
en état de mort cérébrale, sauf, dans ce dernier cas, si la
personne a fait don de son corps à la science;
 embryons surnuméraires utilisés pour la recherche
 l'utilisation des données de santé à caractère personnel
dans la recherche.
Interventions sur les êtres et les
milieux non humains

 expérimentation sur les animaux


 préservation des espèces (animales ou végétales), question de la
biodiversité : des études récentes démontrent que la biodiversité
des milieux aquatiques aide à la reconstitution plus rapide des
stocks de poissons ;
 incidences de la société industrielle sur la biosphère (nouveaux
produits mutagènes, organismes génétiquement modifiés...) ;
armes biologiques ;
 clonage sur les plantes (depuis plus d'un millénaire en Chine) ou
les animaux ;
C Bioéthique et nature
 Le concept de nature a été utilisé par certains, parfois de
façon arbitraire, comme critère du Bien.
 Aujourd'hui, l'homme aurait acquis le pouvoir technique de
créer du nouveau dans la nature et dans l'espèce humaine. Il
faut cependant nuancer cette position puisque la sélection par
l'homme des caractéristiques génétiques qui lui convenaient
sur les plantes et les animaux datent depuis plusieurs
millénaires (plantes greffées, création de races d'animaux...).
 De nombreuses personnes redoutent une appropriation de la
nature par l'homme et réclament la (re)définition des règles
morales actuelles.
Bioéthique et nature 2
 La vision la plus traditionaliste demeure assez anthropocentriste et
pose comme exigence la minimisation de l'impact de l'homme sur
son environnement, de façon à pouvoir le conserver intact et
propre à la vie humaine (vie des générations futures).

 Une approche différente cherche à replacer l'homme au sein


de la biosphère. Elle repose sur le concept d'écologie
profonde et soutient que l'homme n'a pas plus de droits que les
autres espèces vivantes et doit respecter la nature, fut-ce à ses
dépens. Il est à noter cependant, que les activités du vivant
contribuent à modifier son environnement, comme l'ont fait par
exemple, les premières plantes qui ont colonisé la planète, en
modifiant la composition de l'atmosphère terrestre par leurs rejets
d'oxygène et de dioxyde de carbone.
Bioéthique et droit
 Le Code de Nuremberg (1947) est un code
déontologique composé de dix règles sur l'expérimentation
humaine; déjà étudié tout à l’heure.
 le but de l'expérimentation doit être scientifique. C'est à ce
titre que les médecins nazis ont été condamnés, le tribunal
jugeant en vertu de la gravité des faits à l’encontre de la vie
humaine.
Bioéthique et droit 2
 L'assemblée de l'Association Médicale Mondiale à
Helsinki en 1964, puis la conférence internationale
de Manille de 1981, s'inspirant des travaux de
Nuremberg, ont émises des déclarations
internationales sur l'expérimentation.
 En France, il faut attendre la loi du 20 décembre
1988 pour que soit réglementé l'expérimentation
humaine, qui se limite à celle effectuée sur des
cobayes consentants.
Bioéthique et droit 3

 la loi du 29 juillet 1994 sur le corps humain, le


don et l'utilisation des éléments et produits du
corps humain, a posé les bases du droit actuel en
matière de bioéthique:
Bioéthique et droit 4

 , en particulier le principe d'indisponibilité du corps humain,


qui interdit par exemple la vente d'organes, n'autorisant que
le don. Avec la loi du 6 août 2004 modifiant celles de 1994,
le terme de « bioéthique » apparaîtra pour la première fois
en droit positif français. Elles traitent de deux thèmes
majeurs : la question du clonage de l'embryon et des
prélèvements d'organes.
F Science et morale
Emmanuel Kant
 La question philosophique du respect de l’être vivant doit faire
invoquer l’impératif catégorique kantien : « agis de telle façon
que tu traites l’humanité, aussi bien dans ta personne
que dans tout autres, toujours en même temps comme
fin, jamais simplement comme moyen ». Cette maxime
constituerait pour certains le fondement même de la bioéthique :
le principe de respect de la dignité humaine comme « principe
matriciel » de la bioéthique.
 Kant développe le principe de dignité comme « valeur
intérieure absolue » qui exprime une exigence de non-
instrumentalisation de l’être humain (en matière
d’expérimentation biomédicale ou de transplantation d’organes
par exemple)
Emmanuel Kant

 Emmanuel Kant (1724-1804) trouve bon dans la


nature humaine la capacité que l’homme a de
s’imposer à lui-même une contrainte morale, une
loi, bref ! d’être autonome. Sa dignité est de
respecter la loi qu’il s’est donné. Le mal consiste à
déroger à cette règle et manifeste par là un
manquement au respect de soi que l’on s’était
donné.
Science et morale 2

 Les excès de la « société industrielle » ont


conduit dans la seconde moitié du XXème siècle
à une prise de conscience de l’intérêt d’une
vision moins anthropocentrique du monde,
prenant en compte l’ensemble du monde vivant.
Science et morale 3

 Si la référence à la philosophie kantienne est très


utilisée à l’appui des réflexions de bioéthique, on
peut néanmoins remarquer qu’avec la révolution
biotechnologique, la philosophie morale
traditionnelle n’apparaît plus suffisante pour
répondre à toutes les nouvelles questions éthiques
posées.
Science et morale 4
 Depuis le siècle des Lumières, la réflexion philosophique
s’était plutôt concentrée sur l’humain en tant que citoyen,
individu libre, raisonné et raisonnable. Cette réflexion s’est
traduite concrètement par la promotion des Droits de
l’Homme au moment de la Révolution Française
(1789). Or le défi que posent les progrès actuels des sciences
et des techniques à la philosophie contemporaine est de
réfléchir aux valeurs propres à l’humain et à son rapport au
corps, voire même au vivant en général (animaux,
environnement).
Science et morale 5
 Les réflexions philosophiques contemporaines concernant
cette révolution biotechnologique se situent principalement
entre deux extrêmes : la « technophobie » prônant la
peur et la « technophilie »
 La plupart des philosophes proposent un juste milieu entre
ces deux extrêmes qui vise à ne pas rejeter les progrès
scientifiques en se laissant aller au catastrophisme ambiant
tout en régulant les pratiques et définissant des valeurs pour
la société. La primauté de la dignité humaine dans certains
cas ne serait alors pas contraire à la liberté mais en fixerait les
limites afin d’assurer la nécessaire cohésion sociale et la
survie de l’espèce humaine.
Présentation synthétique de la loi bioéthique
du 7 juillet 2011
 Examen des caractéristiques génétiques à des fins
médicales
 Organes et cellules
 Diagnostic prénatal, diagnostic préimplantatoire et
échographie obstétricale et fœtal
 IVG pratiquée pour motif médical
 Anonymat du don de gamètes
 Assistance médicale à la procréation
 Recherche sur l'embryon et les cellules souches
embryonnaires
 Neurosciences et imagerie médicale
 Application et évaluation de la loi Bioéthique
la réflexion bioéthique doit devancer la
recherche scientifique et ses orientations, ce qui
malheureusement n’est pas le cas dans nos
sociétés modernes tant il est vrai que la science
avance plus vite que l’homme et certainement
plus vite que le législateur, ce qui creuse un fossé
dangereux entre la connaissance (le
scientifique insatiable et rapide enfermé dans son
laboratoire) et la sagesse (le législateur éclairé
par une longue réflexion) obligée, pour protéger
sa société, de freiner la recherche ou la prohiber.
 on peut penser que la bioéthique n’est pas une mode
passagère car elle résume la plupart de nos interrogations sur
notre avenir, liées à la démographie, à l’allongement de la
durée de vie, à la répartition équitable des chances, aux
exigences de la personne humaine.
 La bioéthique invite à des réflexions d’autant plus urgentes
que chaque pas supplémentaire effectué dans le domaine des
biotechnologies, s’il est applicable a l’homme, met en jeu des
options sociales et morales fondamentales
 philosophe allemand Hans Jonas (XXéme siècle) : « La
bioéthique, nouvelle discipline, nous permet de réfléchir et par des
entraves librement consenties, empêcher le pouvoir de l’homme de
devenir une malédiction pour lui-même. »
Qu’en est il de l’ingénieur biomédical?

 L’ingénierie biomédicale est devenue le pivot du


vaste monde de la santé, agissant tant au niveau
conceptuel dans les laboratoires de recherche
qu’au niveau technique sur le terrain hospitalier
ou dans les établissements de fabrication de
produits biomédicaux.
 Le rapport médecin-malade a été profondément
transformé et laminé par la vague
d’instrumentalisation du diagnostic et de la
thérapeutique. Le médecin ne doit pas y perdre
son âme, le malade ne doit pas accentuer sa
solitude face à la maladie.
 L’ingénieur biomédical est devenu le personnage
incontournable du système de santé moderne. La
conception des matériels et la mise au point des
technologies nécessitent des connaissances
scientifiques de haut niveau, mais aussi une
obligation d’appréhender, tout ou partie des
sciences médicales pour concevoir des machines
dont les éventuels effets pervers seront contrôlés.
Ce personnage complexe doit aussi
connaître la philosophie de la médecine car
il devient le partenaire essentiel du praticien
qui doit rester le médecin du corps entier et
préserver sa relation avec le patient même
s’il emploie une technique sophistiquée
dans une spécialité d’organe.
 Il y a 50 ans tout convergeait vers le médecin considéré
comme le sachant en face du patient, avec un rapport de
confiance souvent très fort. En ce début de XXIe siècle, le
médecin est un pion du dispositif ! L’ingénieur
biomédical est devenu une des pièces maîtresses de
l’échiquier. Il est un homme orchestre de la technologie
biomédicale, agissant dans un système sophistiqué où il est le
partenaire obligé de médecins, de chirurgiens, de spécialistes
d’organes, de biologistes, de pharmaciens, de tous les
personnels paramédicaux, au service des malades et des
dispositifs médicaux diagnostiques et thérapeutiques.
 La formation en ingénierie biomédicale touche à un
domaine sensible de la préservation de la vie, de
l’amélioration des conditions de diagnostic et de traitement
du malade, de la sécurité du patient. L’ingénieur biomédical
est un veilleur sanitaire, qui, à notre époque, tient entre
ses mains beaucoup de clés de la qualité des soins et par là-
même une grande part de la qualité de la prise en charge
globale du malade.
Le volet bioéthique doit être présent en permanence dans sa
réflexion et dans son métier car les machines qu’il conçoit ou
qu’il répare sont au service de l’homme de sa santé et de son
bien être.
En conclusion
 Les Progrès scientifiques recèlent toujours des
ambigüités.
 D’un côté, le Rêve, de l’autre la Peur. D’un
côté de formidables avancées, de l’autre des
risques de dérapages, de danger pour
l’humanité. Il faut à la fois soutenir et même
encourager la recherche, mais dans le même
temps s’interdire d’aller trop loin .
 =>législation, comités d’éthique!

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