Dakar Littoral
Dakar Littoral
Dakar Littoral
https://books.google.com
Programme Zones Humides de l'UlCN
Côtières et Littorales
du Sénégal
Littorales du Sénégal ,
UICN - Union mondiaIe pour Ia nature
Fondée en 1948, l'UICN - Union mondiale pour la nature réunit des Etats, des organismes
publics et un large éventail d'organisations non gouvernementales en une association mondiale
unique: en tout, près de 770 membres dans 123 pays.
L'UICN étant une union, sa raison d'être est de servir ses membres - de se faire le porte-parole
de leur point de vue sur la scène internationale et de leur offrir les idées, les stratégies et l'appui
technique dont ils ont besoin pour atteindre leurs objectifs. Par l'intermédiaire de ses six
commissions, l'UICN peut faire appel à plus de 5000 expert bénévoles pour ses missions,
projects et groupes d'action. Un secrétariat central coordonne le Programme de l'UICN et dirige
les initiatives sur la conservation et l'utilisation durable de la diversité biologique mondiale tout
en fournissant toute une gamme de services. L'Union aide de nombreux pays à préparer leur
stratégie nationale de conservation et applique ses connaissances dans le cadre des projets
qu'elle supervise. De plus en plus, les opérations sont décentralisées et conduites par un réseau
en expansion de bureaux nationaux et de délégations régionales établis surtout dans des pays
en développement.
L'UICN - Union mondiale pour la nature cherche avant tout à œuvrer, en collaboration avec
ses membres, à l'avènement d'un développement qui soit durable et améliore de manière
permanente la qualité de vie de l'humanité toute entière.
Littorales du Sénégal
Sous Ia direction de
A.T. Diaw
Avec Ia coIIaboration de
UlCN
Union mond'ale pour II natnrt
Citation: Diaw, A.T., Bâ, A., Bouland, P., Diouf, P.S., Lake, L-A.,
Mbow, M-A., Ndiaye, P. et Thiam, M.D. 1993. Gestion des
Ressources Côlières et Littorales du Sénégal: Actes de l'Atelier de
Gorée 27-29 Juillet 1992. UICN, Gland, Suisse, x + 484 pp.
ISBN: 2-8317-0145-7
Mis en page: Samara Publishing Ltd, Tresaith, Dyfed, SA43 2JG, Royaume Uni
La terminologie géographique employée dans cet ouvrage, de même que sa présentation ne sont
en aucune manière l'expression d'une opinion quelconque de la part de l'UICN en ce qui
concerne le statut juridique ou l'autorité de quelque Etat, territoire ou région que ce soit ou en
ce qui concerne la délimitation de leurs frontières
L'opinion des auteurs, exprimée dans ce compte rendu, ne reflète pas nécessairement celle de
l'UICN
Tab1e de Matières
PROBLEMATIQUE DU LITTORAL
THE LITTORAL ISSUE
V
RECHERCHES EN SCIENCES GEOMATIQUES
RESEARCH IN GEOMATIC SCIENCES
ETUDES ET AMENAGEMENTS
SURVEYS AND DEVELOPMENTS
vi
L'ESTUAIRE DU FLEUVE SENEGAL: IMPACT DES BARRAGES DE
DIAMA ET MANANTALI SUR LA QUALITE CHIMIQUE DES EAUX 1 57
Mariline BA
vii
CONTAMINATION DU PEUPLEMENT BENTHIQUE ET POLLUTION
DES BAIES DE DAKAR 26 1
Amadou Abdoulaye SECK
viii
PARASITOSES DE CREVETTES SENEGALAISES: EXEMPLE D'UNE
MICROSPORIDIOSE DE PENAEUS NOTIALIS (PEREZ-FARFANTE, 1967) 365
France-Lyse CLOTILDE-BA
ix
NOTE DE CONTRIBUTION AU PROFIT DE L'ATELIER SUR
"LA GESTION DES RESSOURCES COTIERES ET LITTORALES
DU SENEGAL" DU 27 AU 29 JUILLET 1 992 A GOREE 445
ATELE-SENEGAL
RECOMMANDATIONS 473
X
CEREMONIE OFFICIELLE D'OUVERTURE
DISCOURS DE MONSIEUR URBAIN DIAGNE,
MAIRE DE GOREE
3
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
Gorée, mère des cités du Sénégal, symbole de l'humanité à plus d'un titre, vous remercie
infiniment de votre présence dans ses murs et sur son sol. Puissent vos travaux constituer
une pierre dans la recherche de la consolidation de la paix dans le monde.
Bienvenue à vous, distingués hôtes de Gorée et de sa population.
Je vous remercie de votre attention.
DISCOURS DU PROFESSEUR ABDOULAYE
BARA DIOP, DIRECTEUR DE L'IFAN
5
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
6
DISCOURS DE MONSIEUR DIAFARA TOURE,
DIRECTEUR DU CRODT/ISRA
7
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
Dans notre démarche, nous avons toujours privilégié l'approche globale ou multidisci-
plinaire, qui comme vous le savez, seule, permet d'intégrer l'ensemble des facteurs
biologiques, environnementaux, sociologiques, historiques et économiques, interagis
sant au sein du système de production aquatique.
C'est vous dire tout l'intérêt que l'ISRA accorde à cet Atelier, Atelier qui, faudrait-il le
rappeler, est le fruit de la collaboration entre l'IFAN, l'ISRA et l'UICN et qui permettra,
j'en suis persuadé, un renforcement de l'option d'une politique de recherche orientée
vers le développement, comme le préconisent les autorités de notre pays.
Nous pensons que la presse dont l'une des plus nobles tâches est d'informer afin
d'éduquer, jouera un rôle important dans cet Atelier. En effet, nous comptons sur les
journalistes pour sensibiliser les populations sur les enjeux d'une bonne gestion des
ressources et de la conservation de l'environnement côtier et littoral.
Je concluerai, Mesdames, Messieurs, en souhaitant que de ces journées se dégagent des
recommandations qui permettront de gérer au mieux les ressources côtières et littorales
du Sénégal.
Je vous remercie.
8
DISCOURS DE MONSIEUR PATRICK BOULAND,
DELEGUE REGIONAL DE l'UICN POUR
L'AFRIQUE DE L'OUEST
9
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
Le Sénégal est membre de l'UICN depuis bientôt trente ans. Depuis cette époque, votre
pays s'est engagé dans une politique de préservation de quelques-uns de ses principaux
biotopes littoraux. Les Parcs nationaux qui sont nés de cette politique, bénéficient de
procédure d'aménagements et de protections spécifiques, qui a abouti jusqu'à aujour
d'hui, à maintenir la diversité biologique des littoraux.
Il n'en va pas de même des autres formes littorales où l'urgence d'une politique de
conservation des ressources apparaît. Je prendrai le seul exemple de la pêche à l'explosif
dans les eaux dakaroises, qui risque de mettre en péril, si elle se poursuit, l'ensemble de
la communauté des pêcheurs artisanaux, qui produisent l'essentiel du poisson consommé
sur Dakar.
L'organisation de ces trois journées est conçue de manière à décloisonner les thèmes de
recherche. L'ensemble des participants pourra entendre la totalité des communications
dans le but de provoquer un enrichissement mutuel de connaissances, de créer des
passerelles nouvelles entre spécialistes et thématiques de recherche.
Il est donc important que l'ensemble de la communauté scientifique puisse faire entendre
sa voix en toute connaissance de cause.
Cet Atelier a été prévu sur l'Ile de Gorée, loin des rumeurs de la grande ville, dans cette
Maison d'Education Mariama BA, qui est un lieu propre à la méditation et à l'écoute des
autres. Dans ce lieu, depuis quelques semaines, l'UICN avec le concours d'artistes,
travaille à donner la parole aux enfants de Gorée.
Voyez derrière vous, sur les murs de cette salle, les résultats des travaux des enfants. Ils
nous disent leurs préoccupations par rapport à leur environnement insulaire et par rapport
à leur perception de leur avenir.
Je vous formule les vœux pour que cet Atelier soit donc placé sous la plus belle et sous
la plus redoutable des tutelles, celle des enfants. Sachons répondre à leur attente!
Je vous remercie.
10
DISCOURS D'OUVERTURE DE MONSIEUR
ETIENNE SARR, DIRECTEUR DE CABINET DE
MONSIEUR LE MINISTRE DE L'EDUCATION
NATIONALE
11
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
12
PROBLEMATIQUE DU LITTORAL
1. INTRODUCTION
A l'évidence le littoral sénégalais parcouru depuis plus de quatre siècles est un espace
complexe; complexité qui justifie parfaitement la littérature abondante qui lui est
consacrée.
Nous allons essayer de présenter cette zone de contact entre le continent et la mer pour
tenter de dégager quelques pistes de réflexion.
15
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
et régions côtières atlantiques; c'est dans ces dernières, dénommées régions maritimes,
que l'appel de la mer reste le plus sonore.
L'attirance se manifeste à travers les activités de pêche, l'exploitation des salines, le
maraîchage dans les dépressions interdunaires littorales, la riziculture des estuaires et
espaces deltaïques, le transport fluviomaritime par cabotage et les activités les plus
récentes, relatives au tourisme et au développement industriel.
En résumé, la convoitise suscitée par cet espace exigu introduit une certaine compé
tition qu'il convient de formaliser. Or, malgré un arsenal de textes juridiques et de
nombreux schémas d'aménagement, les stratégies d'intervention sont encore difficiles à
harmoniser. En outre, il se pose sans conteste un problème d'occupation et d'utilisation
du littoral.
16
Exposé Introductif
Dans cet ensemble, on peut situer le canyon naturel de Kayar, le Lac Rose, objet de grande
curiosité. On y annonce également des perspectives énergétiques intéressantes avec la
découverte de gisements de tourbes.
17
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
18
Exposé Introductif
Au Sud, le littoral casamançais est très peu peuplé. Ainsi, de Diogué à Kafountine, les
localités sont de petits villages, inserrés dans les bolons, avec de très faibles densités, de
l'ordre de 5 habitants au km2.
Finalement du Nord au Sud, de la Grande Côte à la Basse Casamance, le littoral n'est
pas occupé de façon homogène. Cet état de fait serait-il lié à l'insécurité créée au niveau
de l'espace côtier par la traite négrière, ou encore à l' inhospitalité et l'insalubrité des
basses plaines? En effet, on peut signaler des phénomènes de sursalure ou d'acidification
de certains sols (Saloum, Casamance), l'existence de sols rouges lessivés de la Casa
mance maritime, la végétation littorale exubérante et fastidieuse à défricher qu'est la
mangrove, la présence de glossines et les menaces liées à l'érosion côtière sur les sites
de Rufisque, Guet-Ndar, Djifère et Joal-Fadiouth entre autres.
Cette dépression démographique signifie-t-elle pour autant faible pression foncière en
ces lieux? Rien n'est moins sûr, la diversification des activités s'accompagne de plus en
plus de compétition pour le contrôle de l'espace.
19
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
20
Exposé lntroductif
3. PERSPECTIVES DE RECHERCHE
Existe-t-il une grande question du littoral? Et quelle est la grande préoccupation de
l'heure?
Telles sont les questions collectives auxquelles il faut apporter des réponses. Car, par
rapport aux changements globaux à travers le programme "Géosphère-Biosphère" nos
interpellations s'adressent à toutes les grandes disciplines thématiques de l'environne
ment: l'hydrodynamique, la sédimentologie, la biologie, la géologie, l'océanographie,
la géographie, la sociologie, l'économie, etc. Ainsi, au sortir de cette rencontre, il
s'agira de:
- faire l'esquisse de la carte d'identité du littoral sénégalais, en commençant par nous
mettre d'accord sur la sémantique;
- réfléchir sur les problèmes d'occupation et d'utilisation de cet espace de plus en plus
convoité et de proposer des solutions appropriées:
relatives aux meilleures formules pour la coordination des actions et des
programmes;
concernant l'opportunité d'un code d'utilisation de l'espace, mieux penser à
un programme national ou régional (au niveau des Etats) du développement
côtier;
en rapport avec les schémas de mise en valeur sans oublier la dimension
humaine; autrement dit, comment concilier les compétitions sociologiques et
économiques sur l'espace littoral.
A cet égard, il y a toute une problématique à conduire, celle de la migration saisonnière
des pêcheurs d'un centre de pêche à l'autre: les migrations de Saint-Louis à Kayar; de
Bargny, Mbour, Rufisque, Yoff, vers Joal; de Saint-Louis vers Mbour; de la vallée du
Sénégal vers la Gambie et la Casamance.
- Il serait heureux de tenter un bilan de la pêche artisanale, de l'organisation du
mareyage et l'amélioration de la production artisanale; tout cela par rapport à un fort
appel de main d'œuvre composée des désœuvrés de la sécheresse.
- Une des priorités de l'heure, c'est peut être aussi la gestion des ressources, la
sauvegarde de sites rares:
à commencer par l'évaluation sur le plateau continental comme sur les fonds;
à envisager les applications des nouvelles technologies, comme la télédétection.
- Les plaines basses maritimes et les cuvettes interdunaires constituent des ressources
dont l'exploitation présente un certain nombre de contraintes.
L'étude sur la récupération des tannes divise les chercheurs; à ce propos, un débat sain,
strictement scientifique est souhaité.
Les ensembles dunaires littoraux de la Grande Côte connaissent une intense évolution
d'origine éolienne dont la principale conséquence est l'ensablement des dépressions
maraîchères.
La crise écologique affecte également la végétation fossile des Niayes que les agressions
anthropiques n'épargnent pas non plus. Il est souhaitable de discuter des mesures de
sauvegarde. Nous inviterons nos collègues à fournir les premiers éléments de l'impact
des barrages (sur les fleuves Sénégal et Casamance) sur le littoral.
21
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
- Sur la Grande Côte, les problèmes de disponibilité en eau sont réels. La multiplica
tion de puits forages menacent la pérennité de la nappe. Cela nous amène à la question
de la gestion des aquifères côtiers. Quelle est la situation du moment?
- En ce qui concerne le tourisme, les pessimistes ne manquent pas de prédire une
situation de monopole gênante. Le débat qui suivra nous éclairera.
- Nos préoccupations sont également d'ordre environnemental et sécuritaire.
Environnement quand il s'agit d'analyser et de trouver des solutions aux risques
d'urbanisation et d'encombrement du littoral par une occupation sauvage, les rejets des
eaux usées urbaines, le péril fécal, la promiscuité dans l'espace exigu des îles, les
problèmes de l'architecture en bord de mer suite à l'attaque du sol, à l'humidité excessive,
à l'érosion éolienne. Environnement toujours quand il s'agit de la pollution dans le
voisinage des ports, des usines: nos recommandations de discuter sur les emprises
portuaires et leurs efforts sur la dynamique littorale.
Sécurité pour la navigation en mer, surtout pour la flottille de pêche traditionnelle qui
n'utilise aucun moyen de communication et de sauvetage.
- L'Atelier devra se prononcer enfin sur les politiques de sauvegarde, de conservation
avec le réseau des Parcs et Réserves, en réfléchissant sur des mesures opératoires
allant dans le sens du développement rural intégré, qui fait de plus en plus des
riverains de ces espaces protégés, des partenaires impliqués dans leur gestion.
Je me permettrais de conclure sur cette dernière invitation. L'objectif de cet exposé
introductif consistait à soulever le plus d'interrogations possibles; il demeure certain que
de nombreux problèmes, d'ordre général ou à caractère spécifique, ont été oubliés. Ils
ne devront pas pour autant être écartés du débat que nous souhaitons le plus large, de
façon à apporter aux ressortissants des terroirs, hommes et femmes, des informations
utiles et améliorantes pour le vécu de leur espace côtier.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
DIAW, A.T. (1984). Morphométrie du littoral sénégalais et gambien. Notes
Africaines, n° 183, Dakar, pp. 58-63.
DIOUF-SENE, B. (1987). Le tourisme international: étude géographique de son
impact sur la Petite Côte et en Basse Casamance. Doct. 3e Cycle, Univ. Dakar,
318p.
PELISSIER, P. (1966). Les paysans du Sénégal. Les civilisations agraires du Cayor à
la Casamance. Imprim. Fabrègue, Saint-Yrieix, 939 p.
22
EVOLUTION HISTORIQUE ET DECOUPAGE DU
LITTORAL SENEGALAIS
Ahmadou F. KANE
Département de Géographie, Faculté des Lettres et Sciences Humaines
Université Cheikh Anta Diop, Dakar, Sénégal
Résumé
Abstract
A littoral zone has various definitions. Whether a line or an area, it remains an environ-
ment with a topography and typical biogeographical features. Its populations have lived
for a long time on a hunters'/gatherers' economy in a bipartite environment: the sea and
the mainland. The life of the littoral zone depending on these two elements.
The natural environnement and population of the West African littoral zone, projected
in international politics as early as the mid-15th century due to the covetousness of
European princely courts, has been subjected to constant demands.
23
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
The cutting of timber for the construction of boats and buildings, including living
quarters, has contributed to a weakening and degradation of the littoral zone. Thus, in
the Casamance and in the Scarcies, whole populations ofpalm-oil trees have disappeared
in the first third of the 19th century to satisfy the demands of the soap and lubricants
industry destined for France and Great Britain. In addition, the farming of American
plantations led to a large human exodus ofthe population in the African continent, which
resulted in modifying the ethnic and political map of littoral areas.
The European order was illustrated by the division of the littoral area in ill-defined
administrative units. These divisions reflected the rivalry between the different colonial
powers Portugal, France, England and Holland. Finally, the present division was pres-
cribed by the Franco-English (June 28, 1882; August 10, 1889) and Franco-Portugese
(May 12, 1886) conventions.
Dès que les progrès de la navigation, les découvertes techniques et l'avancée des sciences
comme l'astronomie et la géographie le permirent, certains pays d'Europe se lancèrent
selon l'expression d'André Vigarié "vers les rivages du point du jour".
Rivages inconnus, rivages mystérieux dont les échos reçus à travers le Sahara et la
Méditerranée poussèrent à l'organisation d'expéditions de découverte. Ainsi le rivage
ouest-africain se vit-il progressivement troublé dans sa quiétude à partir du XVe siècle.
Parce qu'il devait être visité, connu, nommé et divisé par des navigateurs et des
négociants agissant au nom de la grandeur de leurs princes et de leurs pays, le littoral fut
abordé par plusieurs navires de plus en plus grands et performants: caravelles, goélettes,
bricks, etc.
Au départ, ces lointains voyages furent organisés par des armateurs privés qui entraînè
rent par la suite dans leurs entreprises les gouvernements de leurs pays. Le Portugal et
l'Espagne d'abord, à cause de leur maîtrise de la navigation et de leur rôle de gardiens
de la foi catholique dans le bassin de la Méditerranée, inaugurèrent ces voyages
lointains.
Mais bientôt les retombées financières et commerciales créèrent des frictions entre ces
deux puissances navales. L'Eglise fut sollicitée pour bénir les entreprises, confirmer les
points acquis et surtout pour assurer l'arbitrage entre deux pays chrétiens impliqués dans
la grande aventure maritime:
- la bulle Romanus Pontifex du Pape Nicolas V, parue le 8 janvier 1455, trancha
le différend entre le Portugal et la Castille à propos du commerce d'Afrique,
au-delà du Cap Bogador, en faveur du Portugal qui dût abandonner cependant
les Canaries;
- la bulle Inter Cœtra du Pape Alexandre VI Borgia, publiée le 4 mai 1493, soit un an
après la découverte de l'Amérique ou Indes occidentales, réserva à l'Espagne le droit
d'acquérir les îles et territoires par delà d'une ligne tracée à 550 km ( 1 00 lieues) à l'Ouest
des Açores et du Cap Vert; l'Est de cette ligne revenant bien entendu au Portugal;
- les deux monarchies se reconnurent leurs zones d'influence respectives par le traité
de Tordesilas du 7 juin 1494.
24
Evolution Historique et Découpage du Littoral
25
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
Les rivalités se poursuivirent au XIXe siècle et le littoral devint selon le mot de Van
Vollenhoven "une rue des nations": France du Sud marocain à la Gambie, Angleterre
en Gambie et en Sierra Leone vers 165 1, Portugal entre les fleuves Casamance et Cassini,
les Allemands pour un court temps au bord du Kakandé ou rio Nunez.
La France et l'Angleterre s'affrontèrent entre le Nunez et les Scarcies et l'occupation par
la France de Boké en 1 866 fit pencher la balance de son côté. La mission Noirot-Bayol
en juillet 1 88 1 arracha aux Almamys le traité du 5 juillet qui accorda le littoral à la France
en même temps qu'il institua le protectorat sur le Fouta Djallon. Dès lors, France et
Angleterre s'entendirent pour délimiter leurs zones d'influence et leurs négociations
aboutirent à la convention du 28 juin 1 882 qui mit le rivage guinéen entre les mains des
français qui par le décret du 12 octobre 1882 constituèrent la Colonie des Rivières du
Sud du Sénégal, future Guinée Française. Le rivage de la nouvelle colonie dépendit du
Sénégal jusqu'à la fin du XIXe siècle.
En 1886, la France et le Portugal échangèrent Ziguinchor et le fleuve Casamance contre
le Cassini et les droits de pêche français au large de Terre Neuve. Enfin, l'arrangement
du 10 avril 1889 fixant les limites sur le littoral des possessions françaises et anglaises
sur la côte: la Gambie et le Sénégal, la Guinée portugaise, la Guinée française et la Sierra
Leone étaient dès lors clairement délimités sur leurs portions littorales.
Cette présence changea d'orientation sur le plan économique avec la signature en 1826
d'un traité d'amitié et de commerce entre l'Angleterre et le Soumbouya sur la Mellacoré;
ce fut le premier traité d'amitié et de commerce conclu entre un pays d'Europe et un pays
des Rivières du Sud. Cette évolution se confirma surtout après 1848.
C'est que le machinisme européen avait besoin de matières premières. On mit sauvage
ment à contribution les palmeraies à huile pour l'approvisionnement des fabriques de
savon de Liverpool, Manchester, Marseille et Bordeaux, pour la fabrication de lubrifiants
destinés à la fois aux machines des industries naissantes et aux moteurs des navires à
vapeur et pour la fabrication des bougies à stéarine.
26
Evolution Historique et Découpage du Littoral
Sur le littoral même il y eut des bousculades, tantôt orientées vers le Nord (Baga, Soussou,
Landouman, Nalou, Biaffoubé, Pepel, Diola, etc.) tantôt vers le Sud (Mandeny, Timné,
etc.)- Une nouvelle carte ethnodémographique vit lejour; elle resta en l'état pendant toute
la période coloniale et perdure encore actuellement.
Les Etats littoraux successeurs des puissances coloniales se trouvent donc confrontés au
double problème de l'aménagement et de la protection de leurs portions de rivage, ce qui
les conduit à gérer deux types de situation. La situation nationale et les situations
internationales elles-mêmes très complexes.
La situation nationale se perçoit au regard de la répartition du littoral entre les différentes
activités socio-économiques (pêche, industrie, tourisme) et entre ces dernières et les
populations qui vivent sur la côte. La cohabitation n'est pas toujours facile: les exigences
des uns étant les interdits des autres. La cohabitation devient compétition puis, confron
tation et généra des conflits plus ou moins graves et plus ou moins longs. Leur gravité
et leur longévité dépendant de la force de l'Etat c'est-à-dire de la solidité de ses
institutions et de sa capacité à les faire respecter.
Les situations internationales impliquent au moins deux Etats littoraux contigus dans la
gestion de leurs zones riveraines à travers lesquelles les limites sont mal définies ou en
tout pas démarquées. Les contestations surgissent lorsque des richesses sont en jeu
(richesses halieutiques, hydrocarbures) ou lorsque se posent des questions touchant à la
souveraineté nationale (zone maritime nationale, zone maritime exclusive, zone interna
tionale). Dès lors le rivage "militaire" diffère du rivage "civil" et leur administration
également. Des cas encore trop récents sont malheureusement là pour les illustrer
(Guinée Conakry-Guinée Bissau, Sénégal-Gambie, Sénégal-Guinée Bissau, Sénégal-
Mauritanie).
EPILOGUE
Le littoral actuel est donc l'ultime image d'un film qui s'est déroulé sur plusieurs siècles.
De cette longue évolution, il a gardé certains traits même si à l'arrivée, ceux-ci ne se
posent plus dans les termes du départ. Il demeure une ligne ou une zone de pression:
- pression de peuples organisés de part et d'autre de lignes frontières qui sont deve
nues l'inscription du temps dans l'Espace, donc des rapports entre Etats;
- pression à l'intérieur même des Etats littoraux entre des ethnies voisines, entre ces
noyaux ethno-démographiques qui cohabitent plus ou moins bien;
- pression entre les autorités continentales et les navires, pêcheurs indélicats et pol
lueurs (rôle de la Marine nationale);
- conflits entre groupes de pression économiques impliqués dans le tourisme, la
pêche, l'agriculture ou l'industrie.
27
LES PEUPLEMENTS HUMAINS ANCIENS DU
LITTORAL ATLANTIQUE SENEGALAIS:
LES AMAS COQUILLIERS ANTHROPIQUES
ET LES RECHERCHES PLURIDISCIPLINAIRES
Marie-Amy MBOW
Musée d'Art Africain IFAN, Université Cheikh Anta Diop, Dakar, Sénégal
Résumé
Les zones côtières, et le littoral en particulier, sont considérés comme des zones à très
forte productivité du fait de leur importante activité biologique.
L'occupation des littoraux est un phénomène observé mondialement dès la fin du
Pléistocène et le début de l'Holocène. Au Sénégal, la colonisation des zones littorales se
manifeste entre autres, par la présence le long des estuaires des fleuves Sénégal, Saloum
et Casamance, d'accumulations anthropiques de coquillages de volume variable.
L'analyse des amas coquilliers nécessite de par la diversité des vestiges qu'ils contiennent
et des questions qu'ils soulèvent, une approche pluridisciplinaire. En effet, l'étude des
coquilles marines peut servir à reconstituer et à dater les paliers successifs des niveaux
marins holocènes; elle peut conduire également à l'établissement de variations climati
ques locales ou de biotopes par comparaison avec des peuplements actuels. Enfin, elle
peut permettre de mesurer les conséquences de la prédation humaine sur les peuplements
malacologiques.
Ces sites connaissent aussi des problèmes d'environnement, plus particulièrement de
conservation, liés à l'urbanisation et à l'exploitation des coquilles qu'ils renferment. Ils
doivent aussi faire l'objet d'une gestion plus rigoureuse dans le cadre de leur intégration
aux circuits touristiques sénégalais.
Abstract
Coastal zones, and in particular the littoral zone, are considered areas of very high
productivity, due to their important biological activity.
The occupation of littoral zones is a phenomenon which has been observed on a global
scale since the end of the Pleistocene and the beginning of the Holocene period. In
Senegal, the colonization of littoral zones is revealed by the occurence of anthropogenic
accumulations, of shells of variable sizes, along the estuaries of the Senegal, Saloum and
Casamance rivers.
29
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
Due to the diversity ofthe remains they contain, and the questions they raise, the analysis
of the conchiferous clusters requires a multidisciplinary approach. Indeed, the study of
marine shells can be used to reconstitute and date the successive stages of Holocene
marine levels. It can also lead establishing local climatic changes or biotopes by
comparison with present populations. Lastly, it can facilitate by measuring the effects of
human predation on malacological populations.
These sites also have environmental problems and more particularly conservation
problems linked to urbanization and exploitation of the shells they contain. They must
also be more strictly managed as they are integrated into the Senegalese touristic circuit.
1. INTRODUCTION
Les zones côtières et le littoral en particulier, sont des zones de très forte productivité du
fait de l'importante activité biologique qui s'y développe.
Aussi, l'occupation des littoraux est-elle un phénomène observé mondialement entre la
fin du Pléistocène et le début de l'Holocène (autour de 1 0 000 ans B.P.). Elle se caractérise
par une exploitation des ressources côtières (mollusques, poissons, mammifères marins)
dont témoigne l'existence de différents sites archéologiques côtiers.
Au Sénégal, la colonisation des zones littorales est attestée, entre autres, par la présence
d'accumulations anthropiques de coquillages de volume variable, formant des sites
originaux le long des estuaires des fleuves (Sénégal, Saloum et Casamance).
Ces sites sont des décharges où ont été entassées les rejets d'activités domestiques ou
techniques sur plusieurs époques. Ils renferment principalement des coquilles vides
d'arches (Anadara senilis), d'huîtres (Crassostrea gasar), de patelles (Patella safiana),
de pourpres (Thaïs haemastoma et Murex hoplites) et de Cvmbium provenant de
l'exploitation ancienne des mollusques. Divers autres déchets biologiques: végétaux et
ossements, bien conservés dans ce milieu permettent de se faire une idée sur l'alimenta
tion, les stratégies d'exploitation du milieu littoral (chasse, cueillette, pêche, élevage,
agriculture) et de reconstituer les paléoenvironnements (paléo-géographie). Des restes
d'éléments techniques (outils et objets en céramique, en pierre, en métal, en os) ainsi que
des vestiges d'habitation (inhumations, foyers, traces de construction) permettent d'en
trevoir les savoir-faire technologiques et les facteurs culturels, qui ont sous-tendu
l'évolution démographique et sociale des populations côtières.
Par ailleurs, d'un point de vue scientifique et économique, les amas coquilliers consti
tuent parmi les sites archéologiques du Sénégal, un patrimoine original. Leur intérêt
scientifique réside dans les différents domaines de recherche qu'ils englobent: écologie,
géomorphologie, technologie, ethnologie, biologie, etc. Leur intérêt économique résulte
de l'utilisation des coquilles et de leur intégration dans les circuits touristiques locaux.
30
Les Peuplements Humains Anciens du Littoral
31
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
32
Les Peuplements Humains Anciens du Littoral
33
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
C. Descamps, 1988 et 1989). Dès lors, on comprend mieux pourquoi ont été édifiés des
amas aussi volumineux que celui de Fa Bura (500 000 m3 sur 8 ha). Sur la base d'une
accumulation journalière moyenne de 25 kg de coquillages par personne active,
H. Gravrand (1983) estime qu'il aura fallu 20 millions de journées de travail pour
édifier ce dernier amas.
La répartition de ces dates, montre aussi un gradient d'ancienneté Nord-Sud; les sites du
delta du Sénégal étant les plus anciens.
On note aussi une fréquence marquée des dates comprises entre 2 200 et 1 700 ans B.P.
(IIItme siècle avant et lit*' après J.C.) pour le delta du Sénégal, entre 1 200 et 500 ans
B.P. (VlIr" au XV*™ après J.C.) pour la Grande Côte et la Presqu'île du Cap-Vert, entre
1 400 et 250 ans B.P. (VI*™ au XVtf"* après J.C.) pour la Petite Côte, entre 1 500 et
900 ans B.P. (V™e et Xème siècle après J.C.) pour l'estuaire du Saloum, entre 1 500 et
400 ans B.P. (Vime et XVI™' siècle après J.C.) pour la Casamance.
En ce qui concerne le delta du Sénégal, la fréquence des dates peut être corrélée, comme
on l'a observé en Mauritanie, avec les améliorations climatiques, en particulier les
épisodes humides. Les causes de la disparition de l'activité de collecte dans le delta
intérieur après 2 000 ans B.P. seraient plutôt liées à des phénomènes morpho-climatiques
(confinement et envasement du milieu ayant entraîné la disparition des mollusques
laguno-estuariens d'après J. Monteillet, 1 988) qu'à des phénomènes humains (surexploi
tation des mollusques et déforestation des mangroves reliques).
Pour le Saloum, le ralentissement et, même, l'arrêt de l'édification des sambaquis
observés à partir du XIV""' siècle (G. Thilmans et C. Descamps, 1982) aurait d'après
Descamps (in P. Giresse et al, 1988) une origine historique humaine (liée à des départs
de population, à des perturbations dans les communications) plutôt qu'une origine
écologique (la dégradation du biotope: par comblement du delta et péjoration des
conditions climatiques, par des phénomènes d'hypersalination dus au fonctionnement
estuarien inverse et nuisant au bon développement des mollusques).
L'ensemble de ces observations fondent la différenciation entre les amas "septentrio
naux" de Saint-Louis et les amas "méridionaux" du Saloum et de la Casamance. Et
d'après C. Descamps (1988, op. cit.) "aucun argument archéologique et anthropologique
ne permet de présumer que les édificateurs du Nord, chassés de leur terroir par la
désertification, auraient migré vers le Sud en suivant le littoral, pour venir s'établir près
des biotopes riches en mollusques du Saloum".
34
Les Peuplements Humains Anciens du Littoral
35
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
36
Les Peuplements Humains Anciens du Littoral
37
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
4.1.3. Le vent
Le vent est aussi responsable du remaniement des sites. Ainsi, sur les dunes non fixées,
la déflation éolienne provoque l'accumulation et la juxtaposition de matériel provenant
d'horizons différents au départ. Ce matériel peut également s'accumuler sous forme
d'éboulis de pente du côté au vent de la dune en mouvement (Ndiaoudoune dans le delta
du Sénégal, Guéréo-Somone sur la Petite Côte).
Les coquilles sont en général d'un blanc mat plâtreux et présentent un aspect dépoli
caractéristique. Leurs arêtes sont vives et dentelées; les stries d'accroissement sont plus
marquées que sur les coquilles fraîches.
38
Les Peuplements Humains Anciens du Littoral
39
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
40
Les Peuplements Humains Anciens du Littoral
5. CONCLUSION
La revue des différents processus naturels et anthropiques affectant les amas coquilliers
permet de prendre la mesure des enjeux contraires qui apparaissent comme autant de
menaces pesant sur eux:
- en raison du matériau coquillier qu'ils renferment ces sites constituent des res
sources économiques d'importance;
- du fait de leur localisation dans des zones littorales en voie rapide d'urbanisation,
les terrains qu'ils occupent constituent un patrimoine foncier convoité;
- à cause du patrimoine culturel dont ils sont porteurs, ils peuvent être valorisés dans
le cadre de circuits touristiques et doivent faire l'objet d'une gestion appropriée dans
le cadre d'une politique d'harmonisation des impératifs écologiques et économiques.
GLOSSAIRE
KJÔKKENMÔDDING: terme danois désignant les volumineux amas coquilliers
attribués à la culture mésolithique de l'Ertebôlle qui s'épanouit de 4.600 à
3.100 ans avant J.C. au nord de la Presqu'île du Jutland.
SAMBAQUI: terme brésilien désignant les amas coquilliers situés le long de la côte
atlantique entre Rio de Janeiro et Rio Grande do Sul et dont la période
d'occupation principale est datée entre 4 900 et 2 000 ans B.P.
BIOSTROME à Crassostrea: accumulation horizontale de coquilles d'huîtres en
place au sein d'un sédiment marin argileux et d'origine naturelle.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
AUSSEIL-BADIE, J., BARUSSEAU, J.P., DESCAMPS, C., DIOP, E.S., GIRESSE,
P., PADZUR, M. (1991). Holocene deltaic sequence in the Saloum estuary,
Senegal. Quaternary research, 36: 178-194.
CORMIER-SALEM, M.C. (1987). La cueillette des huîtres en Casamance. Place de
cette pratique dans le système d'exploitation diola. Doc. Sc. du CRODT-ISRA,
106, mai 1987, 119 p. multigr.
DEMARCQ, G., DEMARCQ, H. (1990). Découverte d'un biostrome récent à
Crassostrea (Bivalves) dans une mangrove du Sénégal. C.R. Acad. Sci. Paris
(2), 310: 651-654.
DESCAMPS, C. (1989). La collecte des arches (Anadara senilis L.) dans le
Bas-Saloum (Sénégal). Une approche ethnoarchéologique des amas
coquilliers. Travaux du LAPMO-Aix en Provence: 131-149.
DEBENAY, J.P., BELLION, Y., HEBRARD, L. (1987). La biologie d'un mollusque
actuel (Anadara senilis) appliquée à la paléontologie du Quaternaire récent du
bassin sénégalo-mauritanien. C.R. Acad. Sci. Paris, 305: 807-810.
41
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
42
GEOGRAPHIE DES TERRAINS SALES ET NUS DE
MANGROVE: LA PROBLEMATIQUE DES TANNES
Résumé
Les tannes caractérisent les zones à mangrove de nombreuses régions tropicales du globe.
Ils couvrent de vastes étendues dans les zones estuariennes sénégalaises.
Les différents auteurs se sont attachés à démontrer que la connaissance du domaine
estuarien était liée au perfectionnement de la taxinomie générale par une individualisa
tion des paysages.
L'utilisation de modèles calés sur les marais des milieux tempérés a contribué à occulter:
- les réalités terminologiques locales;
- les relations du tanne avec les formations végétales adjacentes;
- les relations submersion/topographie.
Par ailleurs, l'usage de l'indicateur de discontinuité qu'est la marée, a été largement
exagéré. Aussi, après une description des tannes, de leur condition d'évolution et de leur
répartition sur le globe, les auteurs donnent-ils une définition de ces formes.
Abstract
Barren areas ("tannes") are characteristic ofthe mangrove areas in many tropical regions
throughout the world.
They cover wide areas in the Senegalese estuarine zones.
The various authors of this paper endeavoured to demonstrate that knowledge of the
estuarine area was linked to the improvement of the gêneral taxonomy through an
individualization of sites.
43
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
The use of a sophisticated model ofthe marshes of temperate areas has contributed to an
improved understanding:
- the local mangrove terminology;
- the tanne's relationship with adjacent plant assemblages;
- the relationship between topography and submersion depth.
Furthermore, the use ofthe tide as a means of classification has been largely exagerated.
The authors, therefore, after a description ofthe "tannes", their evolutionary conditions
and their global distribution, give a definition of these forms.
INTRODUCTION
Des étendues planes et salées, inondables par la marée, marquées par de faibles dénivel
lations, caractérisent les zones à mangrove de nombreuses régions tropicales du globe.
Les appellations de ces formes sont aussi diverses que les régions où on les observe.
Ainsi connaît-on les plaines kSira-Sira (réf. C9) de Madagascar, les Bada en Inde, les
salt pans (réf. A5) en Papouasie - Nouvelle Guinée. Les hypersaline bare flats ont été
décrits par maints auteurs en Australie. Les latino-américains parlent d'albinos, de
salitrales ou de salineras. C'est le terme serer de tan1 qui est le plus répandu dans la
littérature ouest-africaine. Quelques auteurs (réf. D13) ayant déjà travaillé au Sénégal
l'ont, en outre, utilisé pour désigner des formes comparables au Gabon et en Inde.
Assimilé par la plupart des géographes francophones en partie à la haute slikke et au
schorre des milieux tempérés, le tanne pose des problèmes terminologiques liés à ses
différents faciès et reste encore mal défini, surtout dans ses relations avec les formations
végétales qui lui sont adjacentes.
1. DESCRIPTION DU TANNE
La topographie constitue le trait majeur dans la description du tanne. A l'échelle
régionale, sa morphologie générale est plate. A plus grande échelle, elle est en réalité très
cloisonnée, avec des dénivellations topographiques mineures mais susceptibles de créer
une zonation caractéristique, liée à la contrainte de la marée sur ces étendues. En effet,
la succession des inondations et des retraits, dont la marque se surimpose à la topographie,
élabore une structure d'ensemble auréolaire (planches la-b). L'aspect le plus décrit en
est la concentration des cristaux de sel en surface. Celle-ci donne naissance à des
efflorescences blanches dont l'aspect varie en fonction de la position altimétrique du
tanne, du type de marée, du degré d'évaporation et de la proximité ou non de la nappe
44
Géographie des Terrains Salés et Nus de Mangrove
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
46
Géographie des Terrains Salés et Nus de Mangrove
47
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
d'eau salée. Les principaux faciès du tanne en relation avec la marée et la topographie,
établis lors de travaux antérieurs (réf. D16), seront repris lors de l'étude zonale et avec
les problèmes de terminologie.
Les nivellements, effectués sur les divers tannes du secteur de Guimsam, dans les
îles du Saloum (figure 1), présentent le plus souvent des dénivellations comprises
entre 2 et 6 cm. Exceptionnellement, elles atteignent 16 à 20 cm, dans le cas où une
partie du tanne correspond à un ancien chenal. Les valeurs plus élevées, 40 à 80 cm,
ne correspondent pas à l'aire directe du tanne. Elles sont plutôt à mettre en relation
avec des formes mitoyennes: chenal fonctionnel, cordon coquillier ou sableux. Enfin,
il faut également souligner la présence, le plus souvent en bordure du tanne, de bosses
qui rompent l'harmonie topographique apparente. La pente d'ensemble de ces formes
est douce, mais ces bosses, posées sur une surface plane, paraissent imposer leur
modelé. Aussi, l'œil accorde-t-il beaucoup d'importance à ces accidents topographi
ques d'origine éolienne de forme arrondie et allongée, décrite comme des lunettes.
Dans l'aire immédiate du tanne existent par contre des formes très peu prononcées
mais qui, combinées à la structure litée des sédiments et à leur teneur en argile, sont
insuffisantes pour créer un modelé de détail fait de microboursouflures. J. Vieillefon
(réf. D18) attribue la mise en place de ce micromodelé au dégagement de soufre et à
l'emprisonnement d'air qui aboutissent à une structure dite de "moquette". En effet,
les boursouflures éclatent sous les pas, donnant ainsi une sensation veloutée compa
rable à une moquette. Le façonnement d'une telle structure peutêtre conjuguée à un
retrait aussi rapide de la nappe dans des sols à qualité gonflante marquée.
Par ailleurs, deux catégories principales de formes de creux sont rencontrées à la
surface du tanne. Elles s'observent la plupart du temps dans sa partie centrale où la
morphologie déprimée autorise la concentration des eaux et facilite la décantation
des éléments argileux apportés par la marée ou les eaux de pluie. La première
catégorie se présente sous l'aspect de coupelles ou d'assiettes (planche 2). Il constitue
en quelque sorte le négatif des microboursouflures décrites plus haut, et peut être
considéré comme transition vers la seconde catégorie de formes, si l'on considère les
variations de volume provoquées par les phénomènes d'hydratation et de retrait par
dessiccation. Cette seconde catégorie représente sans doute un micromodelé de
type gilgaï décrit en détail par F. Verger3, avec existence de larges fentes de retrait
(planche 3) comparables à celles qu'a observées R. Rougerie dans la vallée du
Sénégal au Nord-Est de Rosso.
D'autre part, l'action des êtres vivants peut modifier l'allure du tanne: il peut être
ondulé en surface avec de petites crevasses dues au piétinement de l'homme et du
bétail. Une bioturbation du tanne est par ailleurs produite par les crabes rouges qui
contribuent à un ameublement du sol avec de petites bosses signalant l'entrée des
terriers. L'action des plantes pose des problèmes plus complexes qui seront abordés
plus tard.
48
Géographie des Terrains Salés et Nus de Mangrove
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
51
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
Les descriptions les plus caractéristiques de l'association mangrove-tanne ont été effec
tuées par F.R. Fosberg (réf. A5) dans le Nord Equatorien, à Puna Island (estuaire du Rio
Guayas) où, selon son expression, de curieuses étendues nues sont localisées entre la
mangrove et la terre ferme. Cette succession est mentionnée également dans le delta de
Rio Villaneuva (Nord-Ouest du Nicaragua) où la disposition des mangroves épouse
étroitement le tracé du complexe des chenaux de marée. Dans la même étude, F.R.
Fosberg signale aussi l'existence de tanne dans les mangroves australiennes, le long de
la côte du Queensland. Sur ce même continent, le schéma de zonation le plus détaillé est
cependant celui fourni par W. Macnae (réf. A7) pour des zones à pluviométrie élevée,
supérieure ou égale à 2 000 mm. Ce schéma s'établit comme suit:
- forêt à Avicennia et Sonneratia;
- forêt à Rhizophora;
- forêt à Bruguiera;
- forêt à Ceriops;
- zone interne à Avicennia marina;
- forêt d'Eucalyptus.
Lorsque la pluviométrie, à laquelle il faudrait ajouter des facteurs comme l'évaporation,
la durée et la fréquence des submersions, baisse, la zonation est modifiée. On note alors
l'existence de tanne et la disposition de la végétation devient la suivante:
- forêt à Avicennia;
- forêt à Rhizophora;
- forêt de Bruguiera;
- tanne;
- fourré de Ceriops;
- forêt d'Eucalyptus.
Dans le domaine indo-malais, F. Blasco et C. Caratini (réf. A3) décrivent la zonation de
la végétation de la région de Pichavaram (delta de la Cauvry) en liaison avec le rythme
des marées et la durée des submersions. C'est ainsi qu'ils distinguent trois zones:
- la zone à Rhizophora (R. apiculata et R. mucronata);
- la zone à Avicennia (A. officina L. et A. marina Vierh);
- l'arrière mangrove, discontinue, faite essentiellement de Suaeda avec de larges
plaques de sol nu.
La zonation mentionnée par R. Kerrest (in Cl. Marius, réf. A8) dans le même secteur
semble légèrement différente avec:
- la zone à Rhizophora;
- les formations à Suaeda plus ou moins mélangé d' Avicennia marina;
- les formations à Avicennia marina pur;
- la zone nue.
En Nouvelle-Guinée et en Papouasie, la disposition zonale observée (réf. A5) se présente
de la manière suivante:
- une zone de mangrove bordant les chenaux;
- des zones nues de couleur blanche où ne pousse aucune végétation;
- une forêt d'Eucalyptus de terre ferme.
^2
Géographie des Terrains Salés et Nus de Mangrove
Ce schéma ressemble à peu de choses à ce qui a été décrit à Madagascar par M. Weiss
(réf. C 1 0) et J. P. Trouchaud (réf. C9), précisément au Nord-Ouest de Tuléar. Ces auteurs
distinguent:
- une zone de vasière à mangrove;
- une deuxième zone prolongeant la vasière et dite à "évaporites", inondée à marée
haute seulement. Cette zone salée similaire au tanne est considérée comme une plaine
de transition localement appelée Sira-Sira. Elle peut être couverte par endroits de
salicornes et, lorsqu'elle est dans cet état, les parties concernées sont désignées sous
le vocable de heake.
En Océanie, F. Baltzer (réf. Al) a consacré une bonne partie de ses travaux aux marais
néo-calédoniens. La zonation qu'il décrit reste tout à fait originale avec une ceinture de
Rhizophoracées subdivisée en plusieurs formations comprenant:
- une zone à Rhizophora mucronata largement développée dans les parties externes
(bordure de chenaux et baies), mais pouvant être aussi retrouvée dans les parties
internes;
- une zone unispécifique à Bruguiera gymnorhiza disposée parallèlement au rideau
de Rhizophora;
- une zone mixte à Rhizophora et à Bruguiera, dense dans les parties externes et de
forme plus claire dans les parties internes.
Les Rhizophoracées sont relayées dans la zone la plus interne des mangroves de la
Dumbéa par Avicennia officinalis qui précède le pré-salé à Salicornia. Celles-ci sont,
dans les secteurs les plus salés, remplacées par un voile algaire à Cyanophycées. Enfin,
la dernière zone rencontrée correspond aux régions de salinité extrême. Elle est nue et
sans végétation.
Le complexe mangrove - tanne a fait l'objet de nombreuses études sur le littoral
ouest-africain. Un schéma simplifié de la zonation que l'on y rencontre serait du type
suivant:
- un rideau de Rhizophoracées localisées en bordure de chenaux, d'extension
moyenne à faible;
- une formation secondaire à Avicennia pouvant se mélanger à des Rhizophora;
- le tanne.
En Afrique centrale, les récents travaux de Cl. Marius (réf. D13) montrent, dans la baie
de Mondah au Gabon, une disposition analogue à celle des milieux à mangrove de l'Ouest
Africain.
Ainsi, c'est certainement en Afrique de l'Ouest que les tannes sont les plus caracté
ristiques. Mais si au départ, la plupart des auteurs décrivent le tanne comme une
étendue salée et nue, ce qui rejoint la représentation faite par les Serer, les essais de
subdivision de l'espace effectués par la suite ont développé quelques équivoques
résultant de distinctions fondées sur des séquences végétales ou pédologiques abou
tissant à des contradictions certaines. A notre connaissance, après les différentes
études d'aménagement des tannes du Sine, le premier essai de spatialisation dyna
mique a été conduit en 1963 par C. Charreau et P. Bonfils (réf. D4) dans la région de
Mbour au Sénégal. Ces auteurs ont introduit les notions de tanne vif correspondant
à un sol fortement salé de type hypersolontchak et de tanne herbu assimilé à un sol
moyennement salé de type solontchak. Ces notions ont par la suite été reprises surtout
53
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
54
Géographie des Terrains Salés et Nus de Mangrove
55
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
durée dessubmersions; lesdifférents aspects les plus directement perceptibles des marais
dépendent de la capacité de la végétation à s'adapter ou non à des teneurs en sel qui peuvent
atteindre de très fortes valeurs dans les marais tropicaux du fait d'une évaporation souvent
importante. On constate que les taux de salinité s'accroissent alors globalement de la mer
vers le tanne, zone où la concentration saline devient trop forte pour autoriser le développe
ment de toute végétation. Le tanne peut ainsi être comparé à certaines mares ou cuvettes de
sursalinité que l'on observe sur les parties les plus anciennes des schorres, et particulièrement
dans les parties internes basses des schorres contraires.
L'aspect du tanne lui-même varie en fonction du niveau atteint par les marées; on y
observe une microzonation qui s'établit en fonction de l'ancienneté de la submersion et
de la microtopographie. Ces états, fréquemment observés sur les photographies aé
riennes, ont déjà fait l'objet d'une analyse (réf. D3). Ils peuvent être schématisés de la
manière suivante:
- une zone haute, couverte de poussières, de teinte sombre. Cette zone a été anciennement
atteinte par la marée;
- la deuxième zone a été atteinte plus récemment par la marée; les poussières ont été
lessivées et on y observe la formation d'efflorescences salines;
- la zone la plus basse, recouverte par la marée la plus récente, est encore humide.
En climat tempéré, des ceintures formées selon les mêmes processus s'observent l'été,
alors que les hauteurs atteintes par les marées sont faibles et l'évaporation la plus forte,
soit dans les cuvettes dénudées des schorres, soit sur les hautes slikkes.
Le mécanisme des marées sur le tanne peut être compliqué par une interférence liée
aux précipitations qui dérégularisent la dynamique tidale en entraînant des phéno
mènes de dessalement par lessivage des sols ou une interférence liée à la nappe phréatique
dont une forte salinité amplifie au contraire la dénudation par l'existence de cris
taux de sel.
Ces différents états, comme du reste l'existence de quelques herbacées généralement
développées à la faveur des pluies dans des microdépressions centrales ou bordières du
tanne, ne sauraient se substituer à la forme elle-même. C'est pourquoi nous préférons
maintenir l'idée générale de salinité liée au tanne, déterminante pour sa stérilité; pour
traduire aussi l'aspect ponctuel, spatialement et temporellement, de ces herbacées, nous
parlerons de pelouse ou de "péritan" pour reprendre l'expression de J.G. Adam
(réf. Dl).
Enfin, on peut encore, à la lumière de toutes ces remarques, se demander s'il existe une
zonation typique du tanne et du marais tropical en général. En ce qui concerne le second
point, comme nous avons pu le constater, divers schémas ont été élaborés. Dans le cas
de l'Ouest africain, l'amalgame des divers états dynamiques avec le tanne n'a pas
contribué à homogénéiser les choses. Mais si le problème de la délimitation de l'espace
intertidal subsiste encore, nous pensons avec F. Blasco (réf. A4) qu'une zonation
classique même schématique des littoraux tropicaux s'impose. Elle serait du type que
nous proposons (figure 3).
56
Géographie des Terrains Salés et Nus de Mangrove
57
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
CONCLUSION
Le tanne, à travers de multiples séquences, a fait l'objet de nombreuses descriptions. Il
a donc fini par s'imposer depuis une décennie environ à la communauté scientifique
mondiale comme une forme pantropicale. Mais si le paysage du tanne semble facile à
percevoir sur le terrain, il n'en est pas de même de ses divers états, variables d'une
séquence à l'autre, d'une période à une autre. Le tanne pose des problèmes liés à notre
avis à deux faits essentiels: une assimilation entre formes de milieux différents et une
substitution entre des états de la forme elle-même. Ce dernier point a davantage
compliqué les choses même si, paradoxalement, tous les auteurs s'accordent pour
reconnaître au tanne son caractère nu. Ce trait découle d'une série de facteurs convergents
vers la salinité (marée, évaporation, nappe phréatique). Il devrait donc être à la base de
la définition même de la forme. Aussi, nous définirons le tanne de la manière suivante:
Le tanne s'étend, en arrière des vasières à mangrove, dans la zone inondable par les
marées de vives eaux; il est caractérisé par des sédiments sablo-limoneux, une forte
salinité et une absence totale de végétation.
Enfin, comme on peut le constater, nous excluons de cette définition toutes les formes
qui évoluent en circuit fermé, qui ne sont plus atteintes par les marées, résultat d'une
salinisation ancienne et encore appelées tannes dans les secteurs amont du Sine et du
Saloum. Il en est de même des cuvettes localisées dans les cordons des dunes de la vallée
du Sénégal dont la salinité provient pour l'essentiel des infiltrations d'eaux marines et
qui en réalité se rapprochent davantage des sebkras.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
A - Domaine Indo-malais
F. BALTZER (1982). Géodynamique de la sédimentation et diagénèse précoce en
domaine ultrabasique. Nouvelle-Calédonie. Trav. et Doc., ORSTOM, n° 152,
p. 63.
R. BATTISTINI, J.P. BERGOEING (1983). Reconnaissance géomorphologique de la
façade pacifique du Costa Rica. Trav. et Doc. de Géogr. trop., C.E.G.E.T,
Bordeaux, n° 49, pp. 19 et 59.
F. BLASCO, C. CARATTNI (1980). Les mangroves de l'Inde. Trav. et Doc. de
Géogr. trop., Bordeaux, n° 39, pp. 96, 97 et 99.
F. BLASCO, (1984). Résultat d'une simulation SPOT au Bengladesh. Rev. Espace
Géographique, Paris, n° 3, pp. 201-204.
F.R. FOSBERG (1961). Vegetation free zone on dry mangrove coast. Geol. Surv.
Prof. Pap. , 424D, p. D2 1 6-D2 18.
A. GUILCHER (1965). Questions de morphologie climatique en Mélanésie
équatoriale (Nouvelle Guinée, Nouvelle Bretagne, Guadalcanal). Bull. Ass.
Géogr. Franç., Paris, n° 338-339, pp. 28-40.
W. MACNAE (1966). Mangroves in Eastern and Southern Australia. Austr. Journ.
Bot.,n° 14, pp. 67-104.
58
Géographie des Terrains Salés et Nus de Mangrove
59
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
60
Géographie des Terrains Salés et Nus de Mangrove
Additif:
J. M. LEBIGRE (1983). Les tannes, approche géographique. Rev. Géogr. de
Madagascar, n° 43, pp. 41-63.
61
RECHERCHES EN SCIENCES
GEOMATIQUES
Nouhoum DIOP
Service des Phares et Balises, Port Autonome de Dakar, Sénégal
Résumé
L'aménagement du littoral constitue pour les Etats à façade maritime une des priorités
des politiques de dévéloppement parce que:
- d'abord cette partie de territoire reste un centre d'activités économiques à forte valeur
ajoutée; à titre d'exemple, le littoral est le lieu privilégié pour la création de stations
balnéaires qui favorisent le développement touristique;
- ensuite, le développement de la pêche maritime se conçoit avec la mise en place
d'infrastructures de réception et de traitement dont l'implantation, pour des raisons
économiques évidentes, se projette sur le littoral;
- enfin, la globalisation des échanges intervenue avec l'avénement de l'intermoda-
lisme a entraîné l'accroissement des besoins en installations portuaires pour la
promotion du commerce international.
Les sciences géomatiques jouent un rôle essentiel dans la connaissance des différents
facteurs qui agissent sur la mer, de leurs conséquences sur le littoral, afin de favoriser
des prises de décisions adéquates dans les plans d'aménagement de cette zone.
Les levés hydrographiques combinent un ensemble de sciences telles que la géodésie,
l'océanographie physique, la bathymétrie, la photogrammétrie de la frange côtière, la
géophysique, et constituent un préalable à la plupart des formes d'exploitation du milieu
marin et plus particulièrement à une meilleure connaissance de la dynamique sédimen-
taire.
L'auteur analyse ici les différentes techniques de mesure des paramètres océaniques
comme la houle, les marées et courants, la bathymétrie et la sédimentologie.
L'exposé retrace rapidement le rôle de la géodésie dans les opérations de mise en plan
et parle des techniques de localisation, de leurs conditions de mise en œuvre et des
faiblesses rattachées à chacune d'entre elles.
65
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
Abstract
Littoral zone management is one of the priorities for political development of states
which have a coastline because:
- this part ofthe territory is an area with a high value ofeconomic activity, for instance,
the littoral zone is the main area for the establishment of seaside resorts which
promote the development of tourism;
- the expansion ofmaritime fishing conceive the setting up ofreception and processing
infrastructures which for obvious economic reasons are located on the littoral zone;
- the increase in international trade and global interactions has resulted in the need for
improved coastal harbour facitities.
Geomathematical sciences play a crucial part in our knowledge of the different factors
that have an impact on the sea and the littoral zone, and are used to promote appropriate
decision-making when planning the development of this area.
Hydrographic surveys combine a set ofsciences such as geodesy, physical oceanography,
bathymetry, photogrammetry of the coastal fringe, and geophysics, and constitute a
prerequisite for most forms of exploitation of the marine area, and particularly, to obtain
knowledge of the dynamics of sediments.
The author hereby analyses the different techniques for measuring oceanic parameters
such as swells, tides and currents, bathymetry and sedimentology.
This paper recalls briefly the role of geodesy in planning operations and refers to the
location techniques, their implementation conditions, and their possible weaknesses.
1. INTRODUCTION
1.1.1. La géodésie
La géodésie est l'étude de la forme et des dimensions de la terre; elle intéresse l'hydro
graphie car elle fournit, avec l'astronomie et la radiolocalisation, les éléments permettant
la détermination précise des positions de points à la surface du globe et les méthodes de
représentation sur un plan de zones de la surface de la terre qui ont des applications
importantes en cartographie.
1.1.2. La houle
La houle est une onde produite par l'action du vent à la surface de l'eau et dont la période
est comprise entre 1 et 30 s. Elle est par conséquent caractérisée par:
66
Les Techniques de Levés Hvdrographiques
1.1.3. La marée
Elle est une ondulation périodique du niveau des mers et des océans qui se manifeste sur
la côte par une oscillation dont l'amplitude varie entre 0,3 et 15 m et la période entre
12 heures et 18 ans 2/3:
- Marée d'origine astronomique: marée dûe à l'influence des astres (notamment le
soleil et la lune à cause de leur masse);
- Marée périodique d'origine non astronomique; ce sont:
les seiches qui prennent naissance dans des bassins sous l'effet de certaines
forces (vent, pression). Leur période est assez courte de cinq minutes à une
heure;
certaines ondes de plateau.
Ces deux phénomènes s'opposent à la marée par l'instabilité de leur phase.
- Les marées météorologiques qui sont dûes à l'influence des vents alternatifs (vent
"solaires" ou moussons) ou à des variations de pression atmosphérique.
- Marée non périodique: elle intervient à la suite de variations dûes au vent ou à la
pression, qui sont de grande ampleur (raz de marée ou storm surge) et qui peuvent
être catastrophiques sur les côtes basses; il faut les différencier des tsunamis qui sont
des variations très brutales engendrées par des déformations brusques de l'écorce
terrestre.
1.1.5. La bathymétrie
Elle peut être définie comme la topographie des fonds marins.
1.1.6. La sédimentologie
Etudie le déplacement des sédiments sur le littoral.
67
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
1.2.1. La houle
On constate que, dans la répartition de l'énergie totale des océans par tranche de période,
c'est dans celle correspondant à la houle que l'on retrouve la plus grande quantité
d'énergie (figure 1).
L'étude de la houle et sa connaissance sont donc d'un intérêt particulier pour la tenue
des ouvrages construits en mer, sur la côte ou offshore, et des conditions d'exploitation
d'un port.
1.2.2. La marée
L'étude de la marée est menée pour les raisons suivantes:
- pour la réduction des sondes brutes dans la bathymétrie;
- pour sa connaissance par le navigateur lui permettant de naviguer en sécurité;
- pour le dimensionnement des usines marémotrices;
- pour l'aménagement des ports.
1.2.3. Le courant
Sa connaissance permet:
- le tracé des chenaux d'accès portuaires et navigables;
- l'implantation des sites portuaires.
L'étude du courant est également d'un grand intérêt dans la sédimentologie.
1.2.4. La bathymétrie
La connaissance des fonds marins est utile à plus d'un titre:
- pour le navigateur;
- pour les besoins de la sédimentologie;
- dans l'aménagement des ports.
2.1. La houle
68
Les Techniques de Levés Hvdrographiques
69
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
70
Les Techniques de Levés Hvdrographiques
inéoire ■
00« 004 0 l 0 3 0»
71
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
2.2. La marée
72
Les Techniques de Levés Hvdrographiques
2.3. Le courant
L'observation des courants peut s'effectuer selon diverses méthodes.
73
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
2.4. La bathymétrie
Elle combine deux (2) opérations:
- une de mesure de fond;
- une de localisation.
2.4.2. La localisation
2.4.2.1. La méthode optique
Elle consiste à déterminer la position du mobile à partir de trois stations par procédé
optique (théodolite). Trois opérateurs visent en même temps un mobile se déplaçant sur
un profil. Un algorithme permet de déterminer la position du point.
2.4.2.2. La radiolocalisation
Le principe est le même que celui défini précédemment mais au lieu de l'emploi de
théodolites, il est utilisé trois balises installées sur des stations dont les coordonnées sont
connues à l'avance. Un appareil récepteur installé sur le mobile permet de calculer le
point.
Raydist
Le Raydist est un système à comparaison de phase de haute précision et fonctionne en
bande HF. Sa portée est égale à 450 km le jour et à 280 km la nuit. Sa précision est de
l'ordre de 3 mètres. Il peut être utilisé par 4 opérateurs différents. Il fonctionne soit en
mode circulaire ou hyperbolique, soit dans une combinaison des deux modes.
Trident
Le Trident travaille en mode circulaire en gamme de fréquence VHF. Le trident III a une
portée limitée à 1 30 km pour les applications maritimes. La portée minimale est de 200 m.
Les fréquences d'utilisation sont soit de 200 MHZ, 400 MHZ ou 1 200 MHZ. Sa précision
est inférieure à 3 m.
Syledis
Le Syledis est un système de positionnement à moyenne portée. Il peut fonctionner soit
en mode circulaire ou en mode hyperbolique ou avec la combinaison des deux. La portée
maximale est de 120 km pour le Syledis B et 220 km pour le Syledis LD. La précision
est fonction de la distance mesurée:
jusqu'à 1 X portée optique: 1 mètre
de 1 à 2 X portée optique: 3 mètres
de 2 X portée optique à la portée limite: 20 mètres.
74
Les Techniques de Levés Hvdrographiques
Ariemis
L'Ariemis est un système à micro-ondes qui comprend 2 stations: une station "mobile"
à bord du navire et une station "fixe" à terre. Le point est donné en distance et relèvement
de la station fixée. C'est un système à utilisateur unique. La portée varie entre 10 mètres
et 30 km. La précision est de 1,5 mètre pour la distance et de 0.08 degré pour l'Azimut.
Il fonctionne sous deux fréquences, une pour la station mobile et une pour la station fixée
séparées par 30 MHZ et dans les limites de portée de radio directe.
Comme tous les systèmes à micro-ondes, les conditions de propagation des signaux
peuvent être affectées par les réflexions des signaux à micro-ondes sur la surface de la
mer appelées "trous d'interférence" ou "trous de distance".
2.5. La sédimentologie
La houle est le principal agent responsable du transport des sables le long des rivages.
La connaissance de la houle, du courant et de la nature du sol ainsi que la bathymétrie
des fonds est essentielle dans la connaissance du transport du littoral. D'autres facteurs
externes, comme le vent, les facteurs géologiques et humains jouent également un rôle
dans le transport des sédiments par les différents facteurs naturels.
4. CONCLUSION
La connaissance des différentes techniques de levés hydrographiques par le chercheur
est nécessaire afin que celui-ci puisse mesurer 1 ' impact des données mises à sa disposition
pour ses conclusions. Le chercheur recourt souvent aux plans et cartes fournis dans des
systèmes géodésiques différents. L'analyse doit nécessairement se mener sur un référen
tiel unique. La bathymétrie évoluant avec le temps, les suppports d'analyse différents
aboutiront à des conclusions qui risquent d'être entachées d'erreur car le point évolue
dans le transit littoral. La connaissance des besoins des chercheurs en précision est
également nécessaire pour leur prise en compte dans les différentes techniques de levés.
75
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
GRAILLOT. Cours de Travaux Matitimes. Inst. Port. d'Ens. et de Rech., Havre,
Tomes 1, 2 et 4.
R. BONNEFILLE. Cours d'Hydraulique Maritime, Masson éd., Paris, 171 p.
BESSERO (1985). Cours de Géodésie, SHOM, Brest, Tomes 1 et 2.
INSTITUT FRANÇAIS DE NAVIGATION (1989). Revue Technique de Navigation
Maritime, Aérienne, Spatiale et Terrestre, vol. 37.
BUREAU HYDROGRAPHIQUE INTERNATIONAL. Publication spéciale n° 39,
Monaco.
76
LE REGIME DES MAREES A DJIFERE
(SALOUM, SENEGAL)
Résumé
Abstract
Situated one hundred kilometres south of Dakar, the Saloum estuary constitutes a
very complex environment. The littoral zone is characterized by a higly dynamic
environment, which has as yet not been studied in great detail.
Indeed, most of the work concerning dynamic agents are based on measures of a limited
time period. The authors of the present paper, having reviewed elementary knowledge
linked to the tide and making an inventory of data acquisition problems, have also
tried to follow the tidal evolution over a period of twelve months. This study which
concentrates most of its observations on Djifère, through analysis of the different
tidal phases, has enabled the production of a tidal curve and confirmed the existence
of a double tide.
77
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
Introduction
I Nous tenons à exprimer nos vifs remerciements à la Direction des Parcs Nationaux du
Sénégal et aux agents du campement de Djifère qui ont bien voulu effectuer pour nous les
observations marégraphiques consignées dans ce travail.
78
Le Régime des Marées à Djifère
secondaires. Il en est de même des basses mers où la moins élevée désigne la basse mer
principale tandis que les autres correspondent aux basses mers secondaires.
Le marnage est défini comme étant la dénivellation entre la pleine mer principale ou
unique et la basse mer principale ou unique. Nous l'assimilerons comme le veut l'usage
à la notion d'amplitude2. Très variable d'un littoral maritime à un autre, il est fort lors
des syzygies et faible lors des quadratures. La marée la plus forte est appelée marée de
vive eau et la plus faible marée de morte eau. Cependant, ces marées se produisent avec
un certain retard (âge de la marée) pour la première sur la syzygie et pour la seconde sur
la quadrature.
Les variations de l'oscillation verticale de l'eau passent aussi par une succession de
phases au cours du mois lunaire suivant le schéma ci-dessous:
- croissance du marnage entre une morte eau et la vive eau suivante, c'est le revif;
- décroissance du marnage entre une vive eau et la morte eau qui la suit, c'est le déchet.
La marée présente sur le globe des aspects très divers. Sur les côtes sénégalaises, chaque
jour lunaire de 24 heures 50 minutes connaît deux pleines mers et deux basses mers peu
différentes de niveau. Ce caractère semi-diurne imprime par conséquent son empreinte
à la marée.
Enfin, les niveaux de références sur lesquels s'appuie la définition des mouvements
verticaux sont de plusieurs ordres:
- Le premier niveau qui pourrait être évoqué parce qu'étant le plus simple est celui
qui, entendu dans le sens Laplacien, est appelé niveau d'équilibre par les hydro
graphes. Il s'agit en l'occurence du niveau que prendrait la mer si elle ne subissait
pas l'attraction de la Lune et du Soleil.
- Le niveau de mi-marée est la moyenne arithmétique des pleines et basses mers
pendant une longue période. Il diffère du niveau moyen approché par le calcul de la
moyenne arithmétique des hauteurs horaires avec l'obtention des meilleures valeurs
sur la période de révolution des nœuds de la dernière lune, ou période chaldéenne
égale à 18 ans 2/3. Toutefois, la pratique courante permet la confection de niveau
moyen journalier, mensuel ou annuel.
La terminologie liée à l'oscillation horizontale de l'eau est en relation évidente avec celle
de niveau. Elle s'appuie également sur les types d'onde accompagnant la marée. Le cas
d'une onde stationnaire et celui d'une onde progressive sont en général envisagés. Mais
dans les deux situations, un des caractères essentiels reste l'annulation du mouvement
pendant un instant donné de la marée, parfois désignée aussi sous le nom d'étale de
courant et auquel F. VERGER, (1968) préfère celui de renverse. Les autres moments de
déroulement du mouvement horizontal sont:
- pour une onde stationnaire, le flot qui accompagne la montée puis le jusant qui
accompagne la baissée;
79
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
- pour une onde progressive par contre, les deux courants se produisent pendant la
montée comme pendant la baissée. Aussi, le flot est défini comme le courant qui
porte dans le sens de progression de l'onde et le jusant celui du sens contraire.
Le réseau géodésique sénégalais, malgré les efforts déployés par l'IGN, la Mission
hydrographique de la Marine et le Service des Travaux Publics reste relativement
modeste et pose par ailleurs de multiples problèmes de "maintenance". Sur l'ensemble
du littoral, Dakar est une référence à laquelle les autres ports ou stations restent rattachés.
En effet, par une relation de concordance, on peut arriver, en chaque point de la côte, à
établir le zéro hydrographique. Cette valeur qui est le zéro de l'échelle du marégraphe
de Dakar, encore appelé zéro commun de l'Annuaire et des cartes marines se trouve à
2,30 m en contrebas du repère du nivellement de Dakar3. Ainsi, en nous appuyant sur ce
zéro et sur la base des calculs établis par nos soins le niveau de mi-marée à Dakar est de
1,02. En fonction de la période considérée, ce niveau est variable comme du reste le
niveau moyen dont les valeurs adoptées dans l'Annuaire des marées sont établies à + 1 ,01
de 1975 à nos jours et à +0,98 de 1958 à 1974.
Le niveau zéro du nivellement général de l'Afrique de l'Ouest, appelé couramment zéro
normal est la surface horizontale passant par le repère fondamental de Dakar, niveau
moyen à Dakar. Il a une valeur légèrement différente du niveau moyen adopté par
l'Annuaire des marées puisque se situant à +1,320 m.
3 Ce repère est différent de celui du zéro des cartes tel qu'il est défini dans les tables des marées
des colonies françaises de l'Adantique pour l'an 1910. En effet, le Capitaine de Frégate LE
BAIL estime, pour la presqu'île du Cap-Vert (1909-1 910), que le repère de 1910 a été
transféré lors de travaux dans le port. Et c'est sur sa demande qu'il a été procédé à l'exécution
d'un nivellement entre ce repère transféré (situé à 1 2,065 m au-dessus du zéro des cartes) et le
plan formé par la partie supérieure du musoir sud de l'entrée du bassin du radoub; la côte de
ce plan étant à 2,31 2 m au-dessus du zéro des cartes.
80
Le Régime des Marées à Djifère
81
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
Le diviseur a été choisi de telle sorte que le coefficient de la marée semi-diurne ait un
coefficient 1,00 lorsque le Soleil et la Lune sont dans le plan de l'Equateur (équinoxe)
et à leurs distances moyennes de la Terre (F. VERGER, 1968). Les valeurs attribuées au
minimum et au maximum du coefficient de marée varient de 20 pour la morte eau minimale à
120 pour la vive eau maximale théorique.
Le Lieutenant de vaisseau J. TROMEUR (1930-1931) et A. MINOT (1933) ont, au cours de
leurs travaux sur le Saloum, repris cette notion de coefficient largement usitée sur le littoral de
la France. Mais les valeurs fournies doivent être accueillies avec quelques réserves - comme le
souligne du reste l'Ingénieur A. MINOT - puisqu'établies à partir de l'Annuaire des marées des
côtes françaises pour le port de Brest. En effet, la variation du coefficient est proportionnelle au
mamage de la marée semi-diurne à Brest où les ondes ne présentent pas, toutefois, les mêmes
traits que sur les stations côtières du Sénégal. En d'autres termes, si les marées caractéristiques
sont dans leur ensemble correctement définies, il n'en est pas de même pour l'exactitude de la
valeur des coefficients correspondants.
Par ailleurs, les plus forts mamages observcs dans le Saloum (ruines de la douane à Sangomar)
sont mentionnés dans les travaux du même Lieutenant J. TROMEUR (1930) avec 1,80 m et
ceux de la mission LE FUR (1950) avec 1 ,60 m. Le Service Hydrographique de la Marine dans
différentes Instructions Nautiques (1944, 1959, 1970, 1981) fournit à peu de choses près les
mêmes chiffres (1,70 m).
Nous avons à la station de Djifère obtenu des valeurs diverses de l'état de la mer, fonction du
type de marée et de la période de l'année. La moyenne annuelle des PM s'établit à 120,14 cm
et celle des BM à 57,40 cm soit une amplitude de 62,73 cm4.
En moyenne, les vives eaux les plus fortes s'établissent en octobre, novembre, avril et mai. Dans
le détail, elles débutent avec la troisième marée qui a suivi la syzygie à un ou deux jours après
l'équinoxe de septembre et unjour après celui de mars, seulement à la quatorzième marée après
la dernière syzygie.
Les marées de mortes eaux les plus fortes sont observées enjuin et grosso modo dejanvier
à mars. Dans le détail, elles s'établissent pour le solstice de décembre à deux jours près
(24 décembre) et à la cinquième marée après la quadrature.
En considérant toujours le schéma moyen (figure 1 et tableau 2) on note les variations
suivantes:
- une marée dans la croissance des pleines mers de juin à novembre est presqu'
effective, parallèlement à la décroissance de l'importance des valeurs de basses mers
(juin à octobre). Cette constatation se traduit par des marnages relativement faibles;
- une absence de progression des valeurs dans un sens ou l'autre, de décembre à mai,
mais avec des pleines mers sensiblement égales aux premières et des basses mers
nettement plus importantes, ce qui entraîne de fortes amplitudes;
- ces différences d'amplitude pourraient être mises en relation avec les variations de
la pression dont les schémas d'évolution restent fortement corrélables. En effet,
4 L'amplitude moyenne mesurée pour 60 marées par le projet Intecsa, entre le 1 2-02-79 et le
25-03-79 est de 0,57m. L'amplitude moyenne des 5 plus grandes marées toujours au cours de
la même période est égale à 1 ,03.
82
Le Régime des Marées à Djifère
83
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
5 Les différences horaires de l'état de la mer entre Dakar et la barre de Sangomar selon
l'Annuaire des marées sont marquées par un retard de 45 minutes en PM et de 33 minutes
en BM.
Pour le projet Intecsa (1979) qui avait implanté un marégraphe à l'usine de la SOPESINE
c'est-à-dire à 1 000 m environ de notre échelle de marée, la moyenne des différences horaires
entre Dakar et Djifère (usine) sont pour février et mars respectivement 52 minutes et
1 h 10 mn en PM et 1 h 12 mn et 1 h 20 mn en BM.
Par contre, d'après les travaux de la Mission de l'Adantique Sud-Saloum (avril-mai 1 964,
sous la direction technique de l'Ingénieur Bourgoin), la marée à l'embouchure du Saloum a
un retard moyen de 1 0 mn seulement sur celle de Dakar. Cet état est confirmé par de
récentes mesures du Service de Sécurité maritime sénégalais (novembre 1 983), qui avec une
échelle de marée implantée à 1 3*48'33"N et 16'46'49"W, trouve également un retard de
1 5 mn entre la PM à Dakar et celle de l'embouchure du Saloum.
6 On peut en effet se demander si les volumes entrés au flot l'emportent sur ceux écoulés au
jusant en chaque point de l'estuaire?
84
Le Régime des Marées à Djifère
Figure 1 Evolution moyenne mensuelle des pleines mers et des basses mers à
Djifère, et de la pression atmosphérique à Dakar (trait épais)
Figure 2 Exemples de courbes à deux pleines mers et à deux basses mers à Djifère
85
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
CONCLUSION
Le système estuarien du Saloum apparaît d'une grande complexité et l'étude de la marée
par ses caractères hydrologiques particuliers nécessite incontestablement une densifica-
tion des points d'observation. En outre si les caractéristiques des différents moments de
la marée (durée des étales de niveau, durée des mouvements horizontaux) - il est vrai
dans des termes moyens - restent quelque peu atténuées à l'embouchure, elles ne
devraient pas cacher l'imprécision de nos connaissances sur nombre de phénomènes
typiquement géographiques notamment le rythme de vie des ostréicultrices des îles, la
progression des herbacées halophiles ou encore la submersion et l'évolution des tannes.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
EPEEC (1982). Atelier d'étude des mangroves et de l'estuaire du Saloum (Sénégal).
Rapp. tech. UNESCO/UNITE ROSTA BREDA. Dakar, 175 p., 54 fig., XXIV tabl.
GOUGENHEIM, A. (1985). Les marées. Encyclopaedia Universalis.
LE BAIL, M. (1909-1910). Mission Hydrographique de l'Afrique Occidentale, Ann.
Hvdrogr. 1911, tome 3 1 , pp. 1 87- 1 89.
LE FUR, M.A.(1953). Mission Hydrographique de la côte Ouest africaine. Ann.
Hvdrogr., 5A, II. Levés de l'entrée du Saloum, pp. 124-139.
MINOT, A. (1933-37). Rapp. Minot. Série de rapports avec plusieurs levés et
planches cartographiques. Ed. Trav. Publ.
PELNARD-CONSIDERE, R. (1959). Amélioration des embouchures du Saloum et de
la Casamance. BCEOM Service des ports et ouvrages d'art., Paris, 33 p., 20
«g-
ROLLET DE L'ISLE (1905). Observation, étude et prédiction des marées, 287 p., 19
pl. h. t. Serv. hydrogr de la Marine, n° 13-155, Réimp. 1945.
SALL, M. (1982). Dynamique et morphogenèse actuelles au Sénégal occidental. Th.
de Doct. d'Etat., Univ. L. Pasteur, Strasbourg, 1, 2 t., 604 p., 8 ph., 138 fig., 21
pl. h. t.
SERVICE HYDROGRAPHIQUE DE LA MARINE (de 1900 à 1986). Annuaire des
marées.
TROMEUR, J.J. (1938-1939). Mission Hydrographique du Saloum. Ann. Hvdrogr.
IIIème série, t. XVI, p. 5-33, 2 cartes, 2 pl. h. t., Paris.
86
VARIABILITE DES PRECIPITATIONS SUR LE
BASSIN VERSANT DU SALOUM
Honoré DACOSTA
Département de Géographie, Faculté des Lettres et Sciences Humaines,
Université Cheikh Anta Diop, Dakar, Sénégal
Résumé
Après un bref aperçu des caractéristiques climatiques, l'auteur procède à une homogé
néisation des données pluviométriques. Il analyse la variabilité des précipitations
moyennes sur le bassin du Saloum en caractérisant statistiquement les années à forte
pluviosité et étudie la répartition mensuelle des pluies pour les années concernées. Enfin,
une étude fréquentielle des précipitations journalières et de la concentration des pluies
pendant ces années particulières a été faite.
Abstract
INTRODUCTION
L'estuaire du Saloum a connu des changements souvent brutaux durant ces dernières
décennies, changements dont la manifestation la plus tangible est la forte érosion qui a
plusieurs fois détruit ou endommagé la flèche de Sangomar et les villages environnants.
Divers modèles ont été proposés pour expliquer les modifications constatées dans ce
milieu. Cette étude a pour but de montrer l'évolution des précipitations sur le bassin
versant du Saloum durant les soixante-dix dernières années et la particularité, du point
de vue pluviométrique, des années où se sont produites ces modifications majeures au
niveau de l'estuaire du Saloum.
87
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
2 800, soit 9%, sont en permanence en eau c'est-à-dire soumis à une submersion
permanente du fait de la marée. Ce bassin se caractérise par son allongement dans le sens
Est-Ouest, s'élargissant de plus en plus en direction de l'Océan Atlantique. Les pentes
sont très faibles de façon générale, car à l'exception du plateau de Thiès qui borde le
bassin dans sa partie Nord-Ouest où les altitudes peuvent atteindre 100 m, sur le reste du
bassin n'apparaît que la courbe de niveau 50 m dans les environs de Darou Mousty,
Thiel-Vélingara Ferlo et au Nord de Koungheul-Koumpentoum, à l'Est du bassin. Cette
faiblesse des pentes explique la remontée très prononcée de la mer jusqu'au-delà de
Kahone, sur le Saloum. Les caractéristiques morphométriques du bassin sont indiquées
ci-dessous:
Surface: 29 720 km2
Périmètre stylisé: 878 km
Coefficient de compacité: 1,43
Rectangle équivalent L: 355,5 km
Rectangle équivalent 1: 83,6 km
Du point de vue climatique, le bassin se situe dans le domaine tropical pur avec des
précipitations variant entre 1 000 et 600 mm. P. MORAL (1965), M. LEROUX (1980)
et P. SAGNA (1988) ont fait des études très détaillées sur les différents facteurs
climatiques de la zone. On retiendra la partition de l'année en deux saisons, sèche et
humide, allant respectivement de novembre à mai et de juin à octobre, avec l'alternance
de l'influence des anticyclones des Açores et la cellule saisonnière maghrébine d'une
part, et d'autre part celui de Sainte-Hélène. Les conditions thermiques sont très pénibles
en saison sèche avec des températures maximales absolues toujours supérieures à 40°C
à Kaolack, principale station climatologique du bassin. Le tableau 1 fournit les valeurs
moyennes de différents paramètres climatiques à la station de Kaolack. Nous reviendrons
sur les précipitations plus en avant.
PERIODE JAN FEV MAR AVR MAI JUN JUL AOU SEP OCT NOV DEC
T* C. moy. 51-85 25 27 29 31 30 29 29 28 28 29 28 25
Insol. (heures) 55-83 268 269 306 307 308 268 249 229 227 244 262 247
Evap. mm 51-82 263 266 312 284 239 160 107 72 67 103 171 224
Hum. rel. moy. % 51-83 37.5 38.5 39.5 42.5 50 62.5 72 78.5 78.5 65.5 55 41
Tens. de vap. Mb 51-80 10.1 10.7 11.9 14 18.5 24.7 27.9 29.4 29.6 27.2 18.1 11.8
Pression Mb 51-80 12.2 11.3 10.5 10.1 10.9 12.4 12.7 12.2 12.2 11.8 11.5 12.3
Vit, moy. vents 51-80 3 3.1 3.4 3.4 3.4 3.4 2.9 2.3 2 1.8 1.8 2.5
Direction NNE NNE N NNW NNW W W W WSW W NE NNE
88
Variabilité des Précipitations sur le Saloum
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
2. LA PLUVIOMETRIE
Le réseau pluviométrique
Les stations pluviométriques sur le bassin du Saloum sont d'inégale importance compte
tenu de leur durée d'observation et de la qualité de l'information fournie. Les premières
observations remontent à 1 9 1 8 à Fatick, Foundiougne et Kaolack, 1 9 1 9 à Diourbel; 1 92 1
à Bambey. Pour des raisons évidentes, cette analyse des précipitations se fera sur la base
des stations longue durée nous permettant de remonter le plus loin dans le temps. Les
stations sont choisies en fonction de leur position sur le bassin; quand deux stations sont
très proches l'une de l'autre nous avons retenu la plus ancienne, à qualité égale sur la
période commune. Le tableau 2 regroupe les caractéristiques des stations retenues, au
total une vingtaine.
Ce tableau montre l'hétérogénéité des données disponibles, d'où la nécessité de leur
homogénéisation. Celle-ci a été faite à l'aide du vecteur régional (Y. BRUNET-MORET,
1978). Compte tenu de la décroissance des précipitations du Sud au Nord, les stations
ont été réparties en deux groupes, séparés par la latitude Fatick, rattachée au groupe
dénommé Saloum nord. Il a été possible d'homogénéiser les données de l'ensemble des
stations sur la période 1920-1989. Les indices pluviométriques des deux vecteurs
permettent de retracer la variabilité des pluies sur cette période. En effet, pour chaque
année, le vecteur détermine un indice pluviométrique défmi sur la base de la pluie
90
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
92
Variabilité des Précipitations sur le Saloum
1
M■
m•
M' mM
m
M■
U■
1■ A il n, n n fin . nJ 1
Vu * U
F'fl 1 1
1
«1 -
IF
*4 - 1
n
4* ■
1 if» ■MO m imo itt» m
93
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
1920 634 1930 657 1940 669 1950 1068 1960 705 1970 446 1980 420
1921 549 1931 587 1941 482 1951 900 1961 627 1971 619 1981 566
1922 624 1932 668 1942 608 1952 851 1962 657 1972 444 1982 454
1923 633 1933 865 1943 901 1953 769 1963 618 1973 413 1983 337
1924 857 1934 676 1944 686 1954 818 1964 718 1974 587 1984 473
1925 658 1935 926 1945 620 1955 867 1965 689 1975 667 1985 532
1926 561 1936 1016 1946 693 1956 680 1966 773 1976 534 1986 473
1927 972 1937 631 1947 637 1957 797 1967 861 1977 391 1987 556
1928 758 1938 724 1948 718 1958 905 1968 411 1978 647 1988 633
1929 813 1939 627 1949 701 1959 624 1969 824 1979 585 1989 613
Tableau 4 Répartition mensuelle des pluies en 1927, 1936, 1950 et 1987 à Kaolack,
Fatick et Foundiougne
94
Variabilité des Précipitations sur le Saloum
800 -rr
700 - □ 1927
600 -| ■ 1936
m ■ 1950
r
m 400 H m 1917
JOO m Moy
200
100
0
IAM FEV MARS OCT NOV DEC
96
Variabilité des Précipitations sur le Saloum
où
Fi (x) est la probabilité pour que la valeur de la variable soit supérieure ou égale à x;
F\ (0) est la probabilité pour que la valeur de la variable ne soit pas nulle, c'est
le paramètre de tronquage;
y est le paramètre de forme, positif, sans dimension;
s est le paramètre d'échelle, positif, s'exprimant dans la même unité que x,
ici comme la précipitation;
r est la fonction Gamma incomplète (Eulerienne de seconde espèce).
L'ensemble des précipitations journalières est pris en compte, ce qui signifie que l'étude
traite n valeur xi; xi = N* M, N étant le nombre d'années d'observations et M le nombre
moyen de jours de pluie.
F] (0) est en théorie égal à M365.25, rapport du nombre moyen de jours de pluie par an
au nombre de jours de l'année, mais on préfère calculer Fx (0) avec W, nombre moyen
théorique de jours de pluie dans l'année, obtenu par la méthode des moments (ce qui
exclut l'imprécision du nombre de jours de pluie inférieure à 0. 1 mm non comptabilisés).
Les résultats sont consignés dans le tableau 5 pour quelques stations du bassin. On
constate une diminution des hauteurs d'averses du littoral vers l'intérieur du pays.
La figure 6 donne une représentation graphique de cette distribution statistique pour les
stations de Fatick, Foundiougne et Kaolack. Les deux ou trois plus fortes averses
survenues sur les trois stations y sont indiquées.Les temps de retour indiqués permettent
d'apprécier le caractère exceptionnel de certaines de ces averses, notamment à Foun
diougne et Fatick en 1 936 et 1 950. La pluie du 1 3 août 1 936 à Foundiougne a une période
de retour de 500 ans et celle du 21 août 1936 a la même station, de 70 ans.
Mais la concentration des pluies en Août 1 927, 1 936 et 1 950 semble plus intéressante à analyser:
Cette concentration de pluies dans une zone à forte hydromorphie peut être à l'origine
d'un important ruissellement de surface avec comme corollaire une érosion de grande
envergure comme cela a été constaté sur les bassins versants de Thyssé Kaymor ces
dernières années (H. DACOSTA, 1992).
CONCLUSION
Il est singulier de noter la correspondance, à peu de choses près, des années à forte
pluviométrie avec celles des fortes érosions qui ont entraîné des modifications au
niveau de l'estuaire du Saloum. En effet, YVETOT (1936) constata l'ouverture du
Lagoba en 1927, même si d'autres auteurs (LE FUR, 1953; TROMEUR, 1939;
MINOT, 1934) la situent en 1928.
En 1936, YVETOT (1936) a signalé également une importante érosion au niveau de
l'estuaire du Saloum, érosion qui a entraîné la destruction du village de Diacolodja.
97
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
98
Variabilité des Précipitations sur le Saloum
1 950 fut une année de forte pluviométrie dans une série de dix ans. Le Lamane du village
de Dionewar signale une simple rupture du cordon en 1952 et 1954.
Il serait hasardeux de prétendre que la pluie soit seule responsable de telles modifications car
ce serait ignorer les lois de la dynamique fluviale qui entrent en ligne de compte. En effet, le
réseau hydrographique du Saloum se caractérise par la faiblesse de sa pente longitudinale
incapable d'accélérer la vitesse de l'écoulement. Il s'y ajoute l'étendue de la zone de
mangrove jouant le rôle d'un bassin de réception amortissant la puissance d'une telle crue.
Un troisième facteur à prendre en considération est la résistance opposée par l'onde de marée.
La rupture de la Pointe de Sangomar en février 1987, en l'absence de toute précipitation
annuelle significative, montre que la dynamique responsable d'un tel phénomène doit
être marine. Mais cela n'exclut peut-être pas la conjonction des deux en saison des pluies
grâce à une situation météorologique dont les effets s'exercent simultanément sur le
continent par des précipitations et sur la côte par des "raz de marée" auxquels ont été
attribuées les modifications de 1927 et 1936.
Il serait intéressant de confronter les données marégraphiques disponibles avec les
chroniques des précipitations afin d'évaluer avec précision l'influence de ces dernières
sur la forme des marégrammes.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
DACOSTA, H. (1989). Précipitations et Ecoulements sur le bassin de la Casamance.
Thèse 3ème cycle. Univ. Ch. A. Diop, Dakar, 278 p.
DACOSTA, H. (1992). Economie de l'Eau - DRS sur les bassins versants de Thyssé
Kaymoy. Synthèse hydrologique 1983-1988. ORSTOM, Dakar-Hann, 126 p.
DIAW, A.T., DIOP, N. et THOMAS, Y-F. (1991). The rupture of the spit of
Sangomar, Estuary of the Saloum, Sénégal. AIAA Series Progress in
Astronautics and Aeronautics. Vol. 128, Washington, pp. 170-180.
LE FUR, A. (1953). Mission hydrographique de la Côte Ouest d'Afrique: levés de
l'entrée du Saloum du 13 juin au 22 juillet 1950. Paris, Ann. Hvdrogr. vol. IV,
pp. 125-139.
LEROUX, M. (1983). Le climat de l'Afrique tropicale. 2 vol., éd. Champion, Paris, 650 p.
MICHEL, P. (1973). Les bassins des fleuves Sénégal et Gambie. Etude
géomorphologique. Mém. ORSTOM, n° 63, 3 tomes.
MINOT, A. (1934). Rapport Minot. Dakar, Serv. des Trav. Publ., 60 p.
MORAL, P. (1965-1966). Le climat du Sénégal. Rev. de Géogr. del'Afr. Occident.
N°l,2, pp. 49-70, n° 3, pp. 3-35.
SAGNA, P. (1988). Etudes des lignes de grains au Sénégal. Thèse de fme cycle,
Univ. Ch. A. Diop, Dakar.
TROMEUR, J. (1939). Mission hydrographique du Saloum. Ann. Hvdrogra., 3ème
série, T. XVI, Paris, pp. 5-33.
YVETOT, I. (1949). Trois notes relatives aux côtes de l'A.O.F.
99
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
Foundiougne Koumpentoum
Koungéeul ioubacouta
Ndof ane Dionewar
Vecteur Kaolack Kaf rine Sokone
Année Nioro
1920 0.950 785 684 713 782 724 715 811 760 741 821
1921 0.840 694 605 630 691 640 632 717 672 655 726
1922 0.940 777 677 705 774 716 707 802 752 733 812
1923 0.980 810 706 735 807 746 737 836 784 764 847
1924 1.240 1024 893 930 1021 945 933 1058 992 967 1072
1925 0.990 818 713 743 815 754 745 845 792 772 856
1926 0.860 711 619 645 708 655 647 734 688 671 743
1927 1.400 1157 1008 1050 1152 1066 1053 1195 1120 1092 1210
1928 1.120 925 807 840 922 853 843 956 896 874 968
1929 1.220 1008 879 915 1004 929 918 1041 976 952. 1054
1930 0.990 818 713 743 815 754 745 845 792 772 856
1931 0.954 826 775 716 648 727 718 814 763 744 824
1932 0.975 866 583 836 707 741 734 832 780 761 843
1933 1.336 1069 995 920 1196 949 1005 1140 1069 1042 1155
1934 1.010 717 710 765 795 872 760 862 808 788 873
1935 1.267 1044 957 816 1047 998 953 1081 1014 988 1095
1936 1.520 1071 1276 1133 1195 1120 1144 1297 1216 1186 1314
1937 0.977 915 585 659 776 827 735 834 782 762 844
1938 1.046 886 832 821 696 755 787 893 837 816 904
1939 0.965 808 691 752 810 636 726 824 772 753 834
1940 1.054 994 655 809 737 816 824 899 843 822 911
1941 0.745 601 525 571 645 508 567 636 596 581 644
1942 1.005 887 675 746 798 835 673 858 804 784 869
1943 1.317 1041 1090 844 1041 1068 951 1124 1054 1027 1138
1944 0.919 725 698 555 900 746 605 784 735 717 794
1945 1.096 1006 721 649 876 854 942 935 877 855 947
1946 1.158 1079 721 809 861 859 992 988 926 903 1001
1947 1.012 875 716 649 876 854 942 864 810 789 875
1948 1.066 805 755 729 984 969 654 910 853 831 921
1949 1.119 914 903 710 923 876 629 955 895 873 967
1950 1.514 1315 1086 1055 1258 1194 1046 1292 1211 1181 1308
1951 1.329 1098 1067 857 1123 878 1076 1134 1063 1037 1149
1952 1.330 1099 924 892 1143 919 1130 1135 1064 1037 1149
1953 1.186 1034 759 773 973 1053 864 1012 949 925 1025
100
Variabilité des Précipitations sur le Saloum
1954 1.216 1064 899 979 827 926 862 1038 973 948 1051
1955 1.218 1099 780 898 1015 948 857 1039 974 950 1053
1956 0.938 657 702 759 724 773 665 800 750 732 811
1957 1.168 901 932 835 975 825 824 997 934 911 1009
1958 1.398 1081 1050 1030 1199 1012 1052 1193 1118 1090 1208
1959 0.964 680 636 699 911 706 725 823 771 752 833
1960 1.050 868 756 788 864 800 790 896 840 819 907
1961 0.909 725 775 712 742 571 631 776 727 709 786
1962 0.868 508 605 551 816 795 698 859 694 677 631
1963 0.904 777 671 575 778 688 598 857 779 709 792
1964 1.075 880 777 732 736 867 761 1164 879 744 1070
1965 1.020 763 672 697 872 700 880 1110 875 760 837
1966 1.239 913 946 823 1075 1011 920 1051 945 1012 1167
1967 1.334 1051 845 920 1024 1131 907 1223 1161 1120 1273
1968 0.638 493 540 412 518 463 545 608 485 497 515
1969 1.088 1000 733 798 830 692 981 966 830 895 942
1970 0.730 596 477 530 458 568 568 722 664 475 649
1971 1.053 739 666 687 648 946 600 800 854 922 906
1972 0.655 494 480 519 626 514 548 554 400 530 528
1973 0.692 602 440 469 525 546 537 701 617 469 630
1974 0.816 629 548 669 708 635 623 768 584 592 750
1975 1.052 1028 703 770 974 768 746 1005 886 671 854
1976 0.794 760 472 622 695 596 597 711 635 625 619
1977 0.594 491 503 458 399 427 507 475 475 463 513
1978 0.938 703 639 650 772 599 853 917 854 667 835
1979 0.909 765 648 750 837 577 649 772 727 723 786
1980 0.662 523 418 507 553 472 498 565 483 620 572
1981 0.864 786 591 713 721 658 650 701 627 674 747
1982 0.634 541 513 457 431 483 496 461 422 564 548
1983 0.527 418 305 375 501 401 397 523 418 421 455
1984 0.714 552 586 511 511 544 464 574 662 645 617
1085 0.793 532 651 555 725 604 651 650 593 651 685
1986 0.839 801 636 629 714 639 631 707 585 654 725
1987 0.587 852 551 527 806 653 662 696 691 668 741
1988 0.960 793 691 720 790 731 722 819 768 749 830
1989 0.930 768 670 698 765 708 700 794 744 725 804
Moyenne 830 722 725 822 769 756 875 805 786 872
101
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
Daroumous F
Velingara
Vecteur Diourbel Bambey Gassane
Année Mbour iles Fatick Sadio ilél
1920 0.93 631 482 759 606 549 447 502 513 524 472
1921 0.79 532 415 608 554 441 376 423 432 442 398
1922 0.91 618 481 683 565 607 437 482 502 513 463
1923 0.97 656 594 760 573 560 464 522 533 544 491
1924 1.31 888 724 962 859 809 628 707 722 737 665
1925 0.98 664 648 770 560 540 470 528 539 551 497
1926 0.81 551 512 658 453 471 390 439 448 458 412
1927 1.51 1022 949 1041 956 908 723 813 830 848 765
1928 1.14 774 719 752 685 755 548 616 629 643 579
1929 1.28 864 877 951 480 715 611 688 702 718" 647
1930 0.97 586 660 741 538 589 466 524 535 546 493
1931 0.79 585 477 565 480 468 381 428 437 447 403
1932 1.04 751 735 752 603 545 500 563 575 587 529
1933 1.25 775 917 885 776 716 600 675 690 705 635
1934 1.01 753 575 856 563 542 483 543 555 567 511
1935 1.52 869 960 981 1117 956 728 818 836 854 770
1936 1.5 1681 685 1115 803 880 718 808 825 843 760
1937 0.97 757 442 616 602 579 463 521 532 543 490
1938 1.11 757 643 687 745 751 534 600 613 626 565
1939 0.91 678 615 557 536 565 438 493 504 514 464
1940 0.95 561 595 766 638 532 457 514 525 536 483
1941 0.69 485 435 444 371 493 331 373 381 386 351
1942 0.83 555 568 600 506 456 397 447 456 466 420
1943 1.42 1145 856 1055 785 789 682 768 784 801 722
1944 1.15 764 601 765 853 726 551 620 633 647 583
1945 0.79 574 550 630 409 410 379 426 435 445 401
1946 0.92 524 615 740 600 501 440 495 506 517 466
1947 0.86 495 633 670 447 543 413 464 474 485 437
1948 1.12 822 677 589 662 606 605 618 631 ooy 569
1949 1.03 555 584 710 632 567 533 622 570 582 525
1950 1.74 1317 1039 1220 1158 983 814 890 957 978 881
1951 1.39 908 977 1015 903 768 683 672 765 782 705
1952 1.21 760 887 848 756 722 508 665 664 679 612
1953 1.15 882 594 859 740 745 504 587 632 646 582
102
Variabilité des Précipitations sur le Saloum
Daroumousty
Velingara
F.
Vecteur Diourbel Bambey Gas ane
Année Mbour Fatick Sadio
iles ilél
1954 1.23 722 855 799 730 780 605 716 678 693 624
1955 1.4 824 894 988 940 781 653 802 769 785 747
1956 1.07 661 596 842 724 645 397 615 592 569 563
1957 1.22 649 775 1051 814 676 548 699 622 661 560
1958 1.29 960 771 828 730 760 578 701 851 725
1959 0.91 615 426 630 572 535 430 489 500 510 500
1960 1.06 684 767 644 683 823 536 570 582 594 536
1961 0.97 775 564 668 583 571 464 522 516 545 491
1962 1.12 812 739 777 616 747 544 603 540 629 567
1963 0.98 573 586 740 559 538 556 526 591 542 495
1964 1.1 774 804 851 723 703 437 593 560 518 558
1965 1.03 698 627 642 605 602 514 557 651 616 524
1966 1.06 659 502 823 707 581 510 544 602 651 540
1967 1.27 741 799 977 811 823 811 621 699 598 644
1968 0.6 575 236 335 359 363 340 323 330 296 304
1969 1.38 980 826 950 875 666 619 828 749 925 701
1970 0.68 431 444 490 458 483 332 247 212 280 400
1971 0.89 476 523 803 663 605 458 399 473 439 350
1972 0.63 251 228 298 419 394 319 438 426 378 2398
1973 0.56 334 266 394 334 322 283 317 294 323 319
1974 0.94 538 655 523 599 519 515 552 514 551 415
1975 0.99 755 578 668 505 534 529 446 582 619 567
1976 0.8 461 474 673 497 426 360 416 444 524 415
1977 0.54 237 289 373 352 308 232 304 272 358 439
1978 1.04 744 605 523 664 630 466 585 521 447 596
1979 0.81 487 626 532 527 513 423 473 415 416 353
1980 0.6 371 409 315 324 331 333 323 330 395 395
1981 0.82 467 537 514 505 447 423 504 451 430 430
1982 0.74 442 460 578 452 372 390 428 408 417 376
1983 0.5 344 241 273 317 264 267 ■279 275 281 254
1984 0.73 414 316 536 460 286 430 421 404 413 372
1985 0.76 479 405 634 390 404 415 490 421 430 388
1986 0.65 374 368 425 279 408 329 358 365 329
1987 0.88 697 417 575 365 467 546 503 486 496 447
1988 0.93 667 509 671 580 550 447 503 513 525 473
1989 0.89 555 611 644 556 527 429 482 493 503 454
Moyenne 671 607 705 612 585 489 543 550 561 512
103
TRANSITION EAU-CONTINENT: RECHERCHES
SUR LES UNITES PHYSIOGRAPHIQUES
TOPOSEQUENTIELLES DE L'ILE DE
FOUNDIOUGNE
Résumé
Les auteurs opèrent une visualisation des contacts entre milieux adjacents, de nature
opposée, dans une localisation de type toposéquentiel. Les observations réalisées dans
l'île de Foundiougne permettent d'approcher le problème de la transition entre milieu
liquide et milieu continental qui, dans ce secteur, apparaît avec des limites très nettes
entre les différentes unités considérées.
L'analyse s'appuie en particulier sur les états de surface, les caractéristiques géo-
pédologiques, les valeurs de paramètres sédimentologiques et la pente relative.
Abstract
The authors carry out a visualization of the interactions between adjacent, but topose-
quential, environments of opposite type. Observations made on the Island of Foun
diougne allow an approach to the issue of transmission between marine and land
environment, which, in this sector, where the different units considered are distinct.
The analysis is based notably on surface conditions, geo-pedological features, the values
of sedimentological parameters and the relative slope.
1. PRESENTATION GENERALE
La zone étudiée est située sur le cours moyen du fleuve Saloum, entre 14°03'03" -
14°10'02" de latitude Nord et 16°22'00" - 16°32'46" de longitude Ouest (figure la-b).
Sa superficie est d'environ 6 000 ha. Sur le plan climatique, elle appartient au domaine
soudanien qui se caractérise par deux saisons tranchées:
105
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
106
Transition Eau-continent: l 'Ile de Foundiougne
- Une saison sèche de novembre àjuin, dépourvue de pluies, intégrant une sous-saison
fraîche de novembre à mars et une sous-saison chaude de mars à juin.
- Il existe une saison humide ou hivernage, de juillet à octobre, durant laquelle
surviennent les pluies. En outre, les mois d'août et de septembre concentrent à eux
seuls l'essentiel des précipitations.
Pour ce qui concerne l'hydrologie du Saloum, elle est déterminante sur le climat et
inversement. Elle influe sur le climat pendant la saison sèche car elle contribue à
l'atténuation du temps, plus agréable sur le littoral. Le climat, à son tour, joue un rôle
significatif sur l'hydrologie car les seuls apports d'eau douce que reçoit le fleuve lui sont
assurés par les précipitations qui tombent pendant l'hivernage.
Au plan géomorphologique, l'estuaire du Saloum se caractérise par une certaine plati
tude. Les unités géomorphologiques observées successivement à partir du cours d'eau
sont: les vasières, les tannes, les pelouses halophiles et les cordons sableux ou coquilliers
qui constituent les unités les plus élevées au plan altitudinal (figure lc). Au plan
topographique, l'altitude augmente de la vasière vers l'intérieur des terres et il importe
de souligner que les différences de dénivellation entre ces unités sont souvent difficile
ment décelables; la transition n'est souvent perceptible qu'à travers le couvert végétal
dans le cas où il existe.
Quant à la pédologie, les sols du Sine-Saloum, sont en étroite relation avec la géomor
phologie et déterminent l'organisation des formations végétales.
La végétation, enfin, a fait l'objet de beaucoup de travaux généraux; elle n'a par contre
donné lieu qu'à très peu d'études détaillées. On distingue en gros trois types de
groupements végétaux au Sine-Saloum avec la disposition suivante, de la vasière vers
les zones exondées:
- La mangrove composée de Rhizophora ou d'Avicennia et de Conocarpus suivant le
niveau de submersion.
- Les pelouses halophiles constituées surtout par des herbacées du genre Sesuvium,
Philoxerus ou Paspalum, etc.
- Les cordons sableux occupés par des espèces ligneuses et sous-ligneuses comme
Acacia, Combretum, Tamarindus, etc., et par quelques herbacées annuelles. Les
cordons coquilliers, eux, sont le plus souvent colonisés par Adansonia digitata
associée à Maytenus senegalensis.
La présente étude a été effectuée à partir de transects levés lors d'une mission de terrain,
d'analyses sédimentologiques en laboratoire et de relevés d'espèces végétales.
L'analyse sédimentologique a essentiellement concerné la granulométrie, le pH, l'humi
dité et la salinité.
107
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
108
Transition Eau-continent: l'Ile de Foundiougne
109
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
3. CONCLUSION
Dans l'ensemble, au fur et à mesure qu'on s'éloigne du cours d'eau en direction des zones
exondées, on note que la texture sédimentologique devient plus homogène et sableuse,
le pH s'acidifie, les taux de salinité et d'humidité diminuent.
On remarque également que la flore s'enrichit, sans doute avec l'adoucissement des
conditions sédimentologiques (et l'augmentation des altitudes).
Pour ce qui concerne plus particulièrement les limites étudiées, il existe une étroite
dépendance entre les paramètres sédimentologiques: pH, salinité et humidité; cela
prédispose à certaines conclusions:
- Les valeurs des trois paramètres sont les plus faibles au niveau des contacts
pelouse-cordon, avec des moyennes respectives de 5 pour le pH, 2,6%o pour la
salinité et 0,9% pour l'humidité.
- Les pentes peu sensibles et les sols, dont la texture granulométrique est à dominante
sableuse, sont les plus riches au plan floristique.
- Les valeurs des contacts tanne-pelouse sont intermédiaires avec des moyennes de
6,7 pour le pH, 6,3%o pour la salinité et 1,7% pour l'humidité. Leurs pentes sont
encore plus faibles que les précédentes et la végétation, assez pauvre, est dominée
par des herbacées à cause des taux de salinité non négligeables.
- Enfin, les valeurs des contacts tanne-cordon sont les plus élevées de toutes avec en
moyenne 7,3 pour le pH, 1 l%o pour la salinité et 3,8% pour l'humidité; ceci est dû
au fait que les influences du tanne se font encore sentir. Leur composition floristique,
plus ou moins riche, est dominée soit par des herbacées, soit par des ligneux et sous
ligneux; au point de vue floristique, on note donc soit une prédominance des
influences du tanne, soit une prédominance des influences du cordon.
De cette étude, il ressort trois principaux constats:
- Le premier est une caractéristique physiographique qui tient à la relative linéarité de
l'organisation des paysages des secteurs étudiés.
- Le deuxième constat réside dans le fait que les contacts sont toujours très nets;
- La troisième observation importante est que le schéma classique eau-vasière-tanne-
pelouse-cordon peut être perturbé: il arrive qu'on passe du tanne au cordon ou de la
vasière à la pelouse. Dans de tels cas, la séquence est dite incomplète.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
AVENARD, J. M. (1976). Géographie physique du contact forêt-savane dans l'ouest
de la Côte d'Ivoire. Thèse Doctorat ès-Sciences, Univ. Louis-Pasteur de
Strasbourg.
CHARREAU, C. et BONFILS, P. (1963). Carte des sols du Sine Saloum. Région de
Mbour. C.R.A. de Bambey (IRAT), Service cartographique ORSTOM, Bondy.
DIAW, A.T., LAKE, L-A. et THOMAS, Y-F. (1989). Contribution à l'étude
morphométrique des tannes de l'estuaire du Saloum. Notes de biogéographie,
n° 4, Dakar, pp. 207-232, 7 fig., 3 tabl., 3 ann.
110
Transition Eau-continent: l 'lle de Foundiougne
111
EVOLUTION INTERANNUELLE DES
ENVIRONNEMENTS LITTORAUX AU SENEGAL:
EXEMPLE DU LITTORAL DE LA LANGUE DE
BARBARIE
Bachir DIOUF
Département de Géologie, Faculté des Sciences et Techniques, Université
Cheikh Anta Diop, Dakar, Sénégal
Résumé
Abstract
This work deals with the topobathymetric variations of profiles realized in optimal
positioning conditions. These profiles encompass both the offshore bar and the inter- and
infratidal areas.
Broadly speaking, the profiles are characterized by the presence of three distinct mor-
phological units: a foreshore, a forecoast bar, and a glacis.
The sediments, generally coarse, show a heterogenous distribution linked to the depth
and position of the profile. The heterogeneity of the material illustrates the important
part played by offshore currents in sediment transportation. Furthermore, the mor-
phological variations noticed at the level of the internal slope of the forecoast bar
illustrate a weakening of the energy of waves.
113
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
Evolution du Littoral de la Langue de Barbarie
1. INTRODUCTION
Les littoraux sableux à travers le monde se caractérisent par la fragilité de leur équilibre
dynamique et sont fréquemment affectés par des phénomènes d'érosion.
Différents scénarios sont envisagés pour l'évolution du niveau marin. Les plus pessi
mistes envisagent une montée du niveau marin de 1 à 1,5 m. Concomitamment, on peut
s'attendre à une intensification de l'action de la houle. En réalité, la diminution de
l'énergie des vagues au contact de zones de plus en plus profondes sera faible et on peut
s'attendre à une augmentation de la longueur d'onde et de la hauteur des vagues.
Cette intensification des courants côtiers pourrait induire une accentuation de l'érosion
côtière, notamment dans toutes les zones où les possibilités d'une modification uniforme
du littoral sont limitées ou bien sont devenues impossibles par suite de l'action anthro-
pique (urbanisation, industries, commerce, etc.).
Dans cette perspective, divers modèles essaient d'établir une relation entre le recul de la
ligne de rivage et l'augmentation de la profondeur. Le problème est alors de réunir de
façon régulière des données de terrains fiables sur plusieurs années (longues séries de
mesures) pour assurer un suivi régulier de l'évolution des fonds et de la plage aérienne.
Un programme de suivi a été initié depuis 1989 sur le littoral sénégalais, terrain tout
indiqué pour des études de cette nature, d' autant que 1 ' aménagement sur le fleuve Sénégal
d'un barrage anti-sel laissait présumer une retenue des apports dans le bief aval du fleuve,
notamment la fraction la plus grossière susceptible de contribuer à l'alimentation des
rivages situés en aval transit vers le Sud. Ce programme de suivi s'appuie sur quatre
Observatoires de Dynamique des Côtes (ODC) implantés (figure 1 ):
- à Gandiole dans l'embouchure du fleuve Sénégal;
- à Mboro sur le littoral entre Malika et Gandiole;
- à Rufisque sur la côte Sud de la Presqu'île du Cap-Vert;
- à Djifère sur l'estuaire du Saloum.
Le but du travail est de parvenir à définir des modèles à partir des variations interan
nuelles. La forme du profil de plage est considérée comme l'expression la plus significative
de l'état de la côte susceptible de permettre une prédiction des tendances (engraissement,
équilibre, érosion).
On se propose donc d'illustrer le comportement d'un segment de la côte sénégalaise entre
1 989 et 1991 à travers l'exemple de la zone d'embouchure du fleuve Sénégal (figure 2).
2. METHODOLOGIE D'ETUDE
L'évolution morphologique de la plage aérienne et du profil sous-marin est suivie au
cours des deux principales saisons climatiques, en fin de saison sèche (juin) et en fin de
saison des pluies (octobre). En effet, il est nécessaire d'avoir la meilleure continuité
possible entre les deux parties émergée et submergée. Par conséquent, il faut travailler
lorsque la "barre" (ensemble des brisants et de leurs déferlements respectifs), suractivée
par le régime des alizés, est atténuée aux changements saisonniers. Ce suivi est réalisé
grâce à l'établissement de profils topobathymétriques effectués à partir de bornes-
repères, perpendiculairement à la plage. Ils sont donc définis par leur angle par rapport
à ce trait morphologique, angle qui sera le même durant toute la période de surveillance
afin de permettre une comparaison rigoureuse des profils dans le temps.
115
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
Figure 3 Profil type de l'avant plage
117
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
Les enregistrements topographiques sont effectués à l'aide d'un géodimètre à rayon laser
qui, outre qu'il permet de définir un azimut, donne par lecture la distance et le dénivelé
d'un point quelconque du profil par rapport à la borne-repère. La bathymétrie est
enregistrée par un sondeur FUSO-200 installé dans une pirogue de location.
L'enregistrement débute à partir des fonds de 10 mètres. Un opérateur matérialise
toutes les 15 secondes sur le papier de sondeur des "tops" correspondant aux
distances lues sur le géodimètre. Le dépouillement des profils permet d'établir une
courbe distance/profondeur qui illustre la morphologie des fonds qu'on relie
ensuite aux données des profils en domaine émergé pour avoir des profils topoba-
thymétriques.
Les analyses sédimentologiques sont effectuées sur la base d'un échantillonnage
détaillé en fonction de la morphologie des profils (fonds de 10 m, creux et crêtes
de barres d'avant-côte, zone de collision et zone de swash, arrière-plage...). Les
échantillons lavés et séchés sont ensuite granulométriquement caractérisés à l'aide
d'une colonne de tamis de norme AFNOR. Les indices granulométriques calculés
à partir des courbes cumulatives sont confrontés pour mettre en évidence les
variations de la taille des grains dans les stocks sédimentaires au cours de la période
considérée.
3. ANALYSE MORPHOLOGIQUE
Les processus hydrodynamiques et hydrosédimentaires de la zone de déferlement
s'inscrivent entre deux types extrêmes: les systèmes réflectifs à pente forte et les
plages dissipatives à pente douce. Diverses formes de barres et de fosses, des
topographies rythmiques et des cellules de circulation caractérisent des états
intermédiaires.
Le littoral sénégalais s'inscrit dans le contexte des côtes dissipatives. Dans un tel
contexte, on enregistre habituellement de façon régulière des structures rythmiques
(croissants de plage, barres festonnées, etc.).
Les profils du littoral de la Langue de Barbarie présentent une partie aérienne
généralement constituée par la succession de cordons dunaires interrompus par des
creux interdunaires. La morphologie de la zone de battement des marées est
toujours accidentée par une berme actuelle située à une dizaine de mètres de la
limite du jet de rive.
Le profil de l'avant-côte est un profil à épaulement, rarement à barre d'avant-côte,
qui marque un changement de la pente des fonds vers -4 m (figure 3). Les barres
d'avant-côte sont apparues sur les derniers profils de 1991, ce qui laisse supposer
une évolution du littoral de cette partie de la côte sénégalaise vers un système
dissipatif typique.
Les pentes sont généralement plus fortes après la saison des pluies en rapport
généralement avec une érosion des différentes parties du profil.
La prémodélisation implique de prendre en considération la configuration du profil
de part et d'autre de l'épaulement. Deux fonctions satisfont à cette disposition du
profil:
118
Evolution du Littoral de la Langue de Barbarie
119
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
4. OBSERVATIONS SEDIMENTOLOGIQUES
Le sédiment est généralement à grain moyen, bien trié. L'asymétrie du sédiment est
généralement positive vers le Sud et négative vers le Nord, ce qui indique des processus
érosifs plus intenses au Nord qu'au Sud comme le suggérait du reste l'essai de modéli
sation fait à partir de l'analyse morphologique.
Les échanges sédimentaires entre les différents niveaux du profil affectent surtout les
parties hautes mais s'observent cependant jusqu'à 10 m de profondeur. Il y a générale
ment alternance des perturbations granulométriques mais sans claire rythmicité saison
nière: les profils d'une période à l'autre s'enrichissent ou s'appauvrissent en fractions
grossières ou en fractions fines (figure 4).
5. CONCLUSIONS
Le régime d'évolution morphologique du littoral de la Langue de Barbarie s'inscrit dans
le contexte des plages dissipatives à pente douce. Mais, contrairement à ce qui est observé
dans ce type de système, les profils transversaux de la plage sont rarement des profils à
barre (s) d'avant-côte mais apparaissent plutôt concaves. Cependant, il semble que
l'évolution de cette partie de la côte sénégalaise se fait dans le sens d'une configuration
littorale à barres d'avant-côte.
La rétention des apports dans le bief aval du fleuve n'a apparemment pas d'incidence sur
le bilan sédimentaire des zones situées en aval transit vers le Sud.
Il existe une variabilité interannuelle plus forte que celle provoquée par l'alternance
saisonnière. Au début de l'étude, la zone littorale a manifesté un état de dégradation plus
alarmant que tout ce qui fut observé par la suite. Il est donc nécessaire d'organiser
rapidement l'acquisition de connaissances sur les rythmes pluriannuels des fluctuations
météorologiques et océanographiques.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
BARUSSEAU, J.P., DESCAMPS, C., DIOUF, B., KANE, A., MONTEILLET, J. et
KUETE, M. (1991). Proceedings of SEPM: IGCP 274. Research
Conference Quaternary Coastal Evolution, Tallahassee (Florida), 21-27.
COMARAF (1990). Hydrodynamique et Erosion Côtière. Rapp. teck, n° 3.
L'APRÈS-BARRAGE DANS LA VALLÉE DU SÉNÉGAL. (1992). Modifications
hydrodynamiques et sédimentologiques: Conséquences sur le milieu et
les aménagements hydroagricoles. Rapp. de synth., Strasbourg.
120
EVOLUTION DE L'EMBOUCHURE DU SALOUM
DE 1958 A 1992
Résumé
ABSTRACT
The evolution of the mouth of the Saloum can be redrawn from the data of the marine
map established in 1958, the 1976 LANDSAT satellite imagery, the 1981 SPOT
simulations, and field measurements carried out in 1991 and 1992.
The erosion of the littoral zone at the north of the beach which opened in February
1 987 is monitored by regular measurements using topo-geodimetre laser. Bathyme
tric profiles carried out with an echo-sound recorder make it possible to trace the
morphology of the beach and the main channel of the Saloum.
Since 1958, the tip of Sangomar has been continuously advancing southward. Its
extension to 1 500 m between 1958 and 1981 reached 3 000 m in 1991.
121
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
Evolution de l Embouchure du Saloum de 1958 à 1992
123
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
DONNEES SATELLITAIRES
DECOUPAGE DES
IMAGETTES
COMPOSITION ANALYSE EN
MANIPULATIONS DES
COLOREE COMPOSANTES
NIVEAUX DE GRIS
PRINCIPALES
DELIMITATION DES
ZONES
VISUALISATION DES
STATISTIQUES
REALISATION DE LA MATRICE DE
CONFUSION
VERITE TERRAIN
ANALYSE DES
RESULTATS
124
Evolution de l 'Embouchure du Saloum de 1958 à 1992
Following the opening of the beach in the offshore bar in 1987, the tip continuee! its
southward advance, while the beach is rapidely widening northward by way ofa rapid
erosion of the sandy tip. The opening has now reached more than 3 000 metres.
INTRODUCTION
Ce travail a été réalisé dans le cadre des activités de recherches menées par l'Equipe
Pluridisciplinaire d'Etudes des Ecosystèmes Côtiers (EPEEC) sur l'ensemble du
littoral du Sénégal. Une action spécifique de recherches menée sur la Pointe de
Sangomar et la partie aval du Saloum (figures 1 et 2) est conduite depuis 1987, date
de la rupture de la Pointe de Sangomar, par des chercheurs de l'Université Cheikh
Anta Diop de Dakar (départements de Géographie et de Géologie), de l'ORSTOM et
de l'Université de Perpignan.
1. MOYENS ET METHODES
2. LOGICIELS ET MATERIELS
Les logiciels et matériels utilisés par la réalisation de cette étude sont les suivants:
- le logiciel "Planète" de l'ORSTOM sur station de travail couleur SUN. Ce logiciel
adapté à un environnement en multifenêtrage est couplé à une imprimante couleur
canon.
- le logiciel de traitement d'images "CHIPS" du département de géographie couplé
à une imprimante couleur XEROX. La méthodologie utilisée pour la mise en
évidence des modifications intervenues sur les images SPOT de 1991 est simple et
peut se résumer sous la forme d'un organigramme (figure 3).
125
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
3. LES RESULTATS
Depuis 1958, la Pointe de Sangomar a progressé continuellement vers le -Sud. Son
extension qui était de 1 500 m entre 1958 et 198 1 a atteint plus de 3 000 m en 1991 . La
superposition de différentes cartes le montre très clairement de même que l'on peut
remarquer cette situation sur l'imagerie LANDSAT de février 1976.
Depuis l'ouverture de la brèche au niveau de l'ancienne embouchure de la Pointe de
Sangomar en février 1987, la progression de cette dernière en direction du Sud n'a pas
cessé. On en a pour preuve les mesures directement effectuées sur l'imagerie SPOT par
comparaison entre les données des mois d'avril et d'octobre 1991, comparaison qui
montre une extension de 200 m environ en 6 mois. Alors que les mesures réalisées entre
1981 et 1991 donnent une extension de 1 300 m (figure 6).
Cependant, entre 1987, date de la rupture de la Pointe de Sangomar et 1991, la brèche
s'est élargie rapidement vers le Nord avec une érosion de la langue sableuse bien mise
en évidence par les mesures de topo-géodimétrie. L'ouverture actuelle dépasse 3 000 m
et le recul du trait de côte se poursuit toujours vers le Nord (figure 6).
126
Evolution de l 'Embouchure du Saloum de 1958 à 1992
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
128
Evolution de l 'Embouchure du Saloum de 1958 à 1992
129
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
130
Evolution de l 'Embouchure du Saloum de 1958 à 1992
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
BARUSSEAU, J.P., DIOP E.S., GIRESSE, P. et al. (1986). Conséquences
sédimentologiques de l'évolution climatique récente dans le delta du Saloum.
Océanographie Tropicale, 21: 89-92.
DIAW, A.T., DIOP, N., THIAM, M.D. et THOMAS, Y-F. (1991). Remote sensing of
spit development: a case study of Sangomar spit, Senegal. Z. Geomorph. N.F.,
Suppl. Bd. 81, Berlin-Stuttgart, pp. 11 5- 124.
DIOP, E. S. (1975). Etude géomorphologique de la Pointe de Sangomar et des Iles du
Gandoul (Sénégal). T.E.R. de Géographie, Dakar, 183 p.
SOUMARE, A. (1992). Evolution géomorphologique récente des paysages du
Bas-Saloum (Sénégal). Mémoire de DEA, Dakar, 35 p.
SY, A (1982). Etude géomorphologique des flèches sableuses du littoral sénégalais.
T.E.R. de Géographie, Dakar, 103 p.
131
CONSEQUENCES DE L'ELEVATION DU NIVEAU
MARIN SUR LES COTES SENEGALAISES
Isabelle NIANG-DIOP
Département de Géologie, Faculté des Sciences et Techniques, Université Cheikh
Anta Diop, Dakar, Sénégal
Résumé
Abstract
Considering the hypothesis of a sea level rise resulting from atmospheric warming, a
study has been carried out on the consequences of such a phenomenon on Senegalese
coasts.
The present communication reviews the following aspects:
- the distribution of the coastal areas liable to disappear either because of floods or
through coastal erosion;
- the different protection options that can be considered;
- the comparison between the economic value of the areas threatened and their
protection costs.
Finally, we shall demonstrate that in the case of accelerated sea level rise, the conse
quences for Senegal will be significant in terms of land loss, eventual costs ofpopulation
protection or transfer, but also pressures on drinking water resources. The Development
Plan for the coastal area appears vital if the costs of sea level rise are to be minimized.
133
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
INTRODUCTION
Il est actuellement admis que le réchauffement de l'atmosphère déterminé par l'émission
de gaz à effet de serre tels que le gaz carbonique, les chlorofluorocarbones, etc., devrait
engendrer une élévation globale du niveau marin suite à l'expansion thermique des
océans et à la fonte des calottes polaires. Lors de la Conférence Internationale
UNEP/lCSU/WMO tenue à Villach en 1985, il a été estimé que l'on pouvait s'attendre
à une élévation du niveau marin de 20 à 140 cm avant la fin du XXIe siècle.
Cette étude est le résultat d'une collaboration entre l'Université de Maryland (USA) et
l'Université de Dakar, sur financement de l'Environmental Protection Agency (EPA)
des USA. Elle a été présentée lors de l'atelier international de l'IPCC sur les consé
quences de l'élévation du niveau marin, tenu au Vénézuela du 9 au 13 mars 1992.
Les objectifs visés par cette étude étaient d'estimer les impacts sur la côte sénégalaise
d'une telle élévation du niveau marin. Pour ce faire, on a essayé de déterminer pour
différents scénarii d'élévation du niveau marin (0,5, 1 et 2 m d'élévation pour
l'année 2100):
- les pertes de terrain engendrées;
- les coûts de protection de la zone littorale;
- la valeur économique des terrains susceptibles d'être perdus.
Pour parvenir à ces résultats, une nouvelle méthodologie, la cartographie par vidéo
("videomapping") a été expérimentée afin de résoudre le problème de la faible résolution
des cartes topographiques existantes (équidistance des courbes de niveau rarement
inférieure à 20 m).
134
Conséquences de l 'Elévation du Niveau Marin
Elévation du Estimations
niveau marin (en km2)
(en m) Basse Forte
0,5 28 44
1 55 86
2 105 157
135
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
Premier cas
Seules les zones actuellement protégées (Saint-Louis, Rufisque, Joal) seraient réaména
gées de manière à tenir compte de l'élévation du niveau marin. Deux hypothèses ont été
étudiées: la première (tableau 3) ne prend pas en compte le port de Dakar alors que la
deuxième envisage une protection du port (tableau 4).
On voit donc que le coût de protection du port de Dakar est nettement supérieur au coût
d'aménagement des autres structures. Mais le port a une grande importance économique.
Deuxième cas
Protection de toutes les zones littorales importantes (villes, plages touristiques, indus
tries, zones à ressources naturelles).
Sont inclus ici le premier cas (réajustement des structures existantes et du port de Dakar),
l'alimentation en sable des plages touristiques et la protection des autres zones littorales
importantes par des murs de protection.
N'ont pas été pris en compte ici les coûts de relogement des pêcheurs des petits villages
et la protection des zones basses dans les estuaires.
Troisième cas
Ici, on suppose que l'on va protéger toutes les zones côtières ayant une population
supérieure à 0 habitants par km2, ce qui veut dire toute la côte.
Comme on peut s'en rendre compte, cette option n'est pas viable économiquement.
136
Conséquences de l'Elévation du Niveau Marin
137
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
CONCLUSIONS
Cette étude indique qu'en cas d'élévation du niveau marin due au réchauffement de
l'atmosphère, le Sénégal serait très affecté en terme de pertes de terrain dues soit à une
recrudescence des phénomènes d'érosion côtière, soit à des inondations des zones basses,
notamment des estuaires. Des problèmes de salinisation des nappes phréatiques avec
leurs conséquences sur l'alimentation en eau et la préservation de zones écologiques
telles que les Niayes s'y ajouteraient.
Les estimations et comparaisons faites relativement aux coûts de protection et à la valeur
économique des zones menacées montrent que, même en cas de protection rationnelle
(cas no 2), les coûts resteraient très élevés pour le budget du pays (entre 4 et 34% du PNB
1990). De plus, il faut rappeler que ces estimations ne tiennent pas compte des dévelop
pements démographiques et économiques postérieurs à 1990. Il semble donc urgent de
mettre sur pied un Plan d'Aménagement de la Zone Côtière qui devrait, entre autres, se
pencher sur la possibilité d'établir des zones de retrait dans lesquelles on n'autoriserait
plus de nouvelles constructions, mais aussi sur de nouvelles options d'aménagement
touristique (éviter les hôtels pieds dans l'eau). Il s'agirait également d'envisager des
solutions pour sauver les infrastructures économiques situées dans des zones menacées.
138
ETUDES ET AMENAGEMENTS
Résumé
Abstract
141
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
In the cold season, the upwelling brings up to the surface the thermocline as well as the
nutrient salts. The phytoplankton biomass is present everywhere in the water layer in
depths of- 1 0 m and throughout the continental shelf, sometimes even beyond. The extent
and concentration of this biomass depend on the intensity of the upwelling but also on
the area involved between the north and the south of Cap-Vert.
1. INTRODUCTION
Depuis quelques années, les connaissances acquises dans la bio-écologie des poissons
ainsi que certains événements comme le phénomène d'El Nino observé sur les côtes
d'Amérique du Sud, ont provoqué une meilleure prise de conscience de la part des
scientifiques quant à l'importance des facteurs hydroclimatiques dans les fluctuations de
la production halieutique.
Au Sénégal, le poisson représente la première source de protéines pour les populations.
La production halieutique permet également une rentrée de devises non négligeable tant
par les accords de pêche avec les navires étrangers que par l'exportation de produits bruts
ou transformés. Par ailleurs, la pêche et ses activités annexes occupent une part impor
tante de la population active.
Les débarquements au Sénégal sont constitués à près de 60% par les ressources pélagi
ques (CURY et ROY, 1991) et ces dernières sont connues pour leur sensibilité aux
fluctuations de l'environnement. Certaines ressources hauturières dont bénéficie le
Sénégal, comme les thons, ont également été identifiées comme étant très sensibles aux
conditions environnementales; les bancs de thons s'observent dans les zones d'eau
chaude qu'ils suivent tout au long de l'année.
Ainsi, si dans le passé un des thèmes majeurs dans l'étude des pêcheries a été le mode
de gestion de la raréfaction de la ressource, aujourd'hui la nouvelle problématique intègre
la variabilité liée aux facteurs hydroclimatiques et la façon de gérer la ressource. L'étude
des facteurs physico-chimiques et de la circulation devant le Sénégal s'intègre donc
parfaitement au thème de l'Atelier sur la gestion des ressources côtières et littorales.
Les côtes ouest-africaines, dont celles du Sénégal, sont connues pour la richesse de leurs
eaux soumises en continu ou saisonnièrement à des phénomènes de remontée d'eaux
profondes riches en substances nutritives. Ces remontées en rapport avec l'action des
vents, montrent l'importance des conditions météorologiques dans la région.
2. CONDITIONS METEOROLOGIQUES
Pendant l'année, le littoral sénégalais est soumis à l'influence de trois masses d'air
principales, perceptibles au sol: deux d'origine boréale et une d'origine australe séparées
par une surface de discontinuité appelée front intertropical (FIT). Le FIT est situé dans
la zone des basses pressions intertropicales et matérialisé au sol par une ligne dont on
peut suivre les déplacements (figure 1), lesquels régissent en partie le climat.
Quatre champs de pression déterminent la circulation dans les basses couches atmosphé
riques (figures 2a-b):
- les anticyclones des Açores et de Sainte Hélène qui forment deux systèmes maritimes
permanents;
142
Circulation et Dynamique des Sels et du Phytoplancton
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
144
Circulation et Dynamique des Sels et du Phytoplancton
145
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
146
Circulation et Dynamique des Sels et du Phytoplanctoi
14
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
148
Circulation et Dynamique des Sels et du Phytoplancton
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
150
Circulation et Dynamique des Sels et du Phytoplancton
- Les eaux du fleuve Sénégal dont on peut percevoir les effets au Nord dès le mois de
juillet et au Sud vers le mois de septembre. Au niveau de Saint-Louis, leur salinité
peut être inférieure à 20%o et croit à mesure qu'on s'éloigne de l'embouchure.
- Le coin d'eau dessalée guinéenne constitué d'eaux formées au Sud du Cap Roxo
par les apports des nombreux fleuves côtiers de la Guinée Bissau et de la Guinée.
Ces eaux peuvent atteindre des salinités très basses (<30%o).
- Les effets locaux comme le ruissellement des eaux de pluies, l'influence des
nappes phréatiques supérieures et les débordements des marigots (J.P. REBERT,
1979).
Les variations hydroclimatiques ont un effet direct sur l'enrichissement en sels
nutritifs et en biomasse des eaux sénégalaises.
5. SELS NUTRITIFS
Les quantités de sels nutritifs rencontrées dans les eaux sénégalaises varient dans
l'espace et le temps. Suivant la saison observée, les sources et le taux d'enrichisse
ment sont différents.
En saison chaude, la couche de surface est dépourvue de nitrate et de phosphate quelle
que soit l'origine des eaux; ce sont des eaux oligotrophes. Durant toute cette saison,
les eaux sont stratifiées et le réservoir de sels nutritifs se situe en dessous de la
pycnocline.
Des résultats obtenus à la station côtière de Yoff de 1 985 à 1 989, très proches de ceux
obtenus sur le plateau (C. OUDOT et C. ROY, 1991) montrent que les plus fortes
valeurs de nitrates (16 umol/1) sont observées entre février et mars, et les plus faibles
(<3 umol/1) entre juin et novembre. Les phosphates varient de la même manière et
en même temps que les nitrates. Les plus fortes valeurs (>1,2 umol/1) et les plus
faibles (<0,5 umol/1) s'observent à la même période que pour le nitrate. On note que
ces valeurs de phosphate et de nitrate ne sont jamais nulles à la côte. Elles s'expli
queraient par la diffusion turbulente à partir des sédiments (C. OUDOT et C. ROY,
1991). Au large, les valeurs sont voisines de zéro pendant la période chaude, particuliè
rement en année d'upwelling faible (I. GNINGUE, C. ROY et D. TOURE, 1990). La
variabilité spatiale est quasi inexistante en période chaude.
En saison froide, les concentrations sont élevées à la côte au Nord du Cap-Vert et au
niveau du talus au Sud du Cap-Vert. En année d'upwelling faible à modéré, les
teneurs en sels nutritifs sont plus faibles (I. GNINGUE et al., 1990) que celles
observées en année d'upwelling fort. Quelle que soit l'intensité de l'upwelling, la
répartition des sels nutritifs est différente entre le Nord et le Sud du Cap-Vert pendant
la saison froide.
En upwelling faible à modéré, les plus fortes concentrations sont près de la côte
et on observe des pics secondaires sur le talus et de forts gradients côte/large au
Nord du Cap- Vert. En upwelling fort, le gradient côte/large est plus faible et on
observe de fortes concentrations jusqu'à 90 milles au large (10 uatg/1) contre
60 milles maximum au large pour les upwelling faibles ou modérés (6 uatg/1).
151
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
6. BIOMASSE PHYTOPLANCTONIQUE
La chlorophylle est l'estimateur de biomasse le plus utilisé, de par sa représentativité (le
phytoplancton contenant toujours de la chlorophylle) mais aussi de par sa facilité de
dosage.
Devant le Sénégal, la biomasse phytoplanctonique varie en quantité dans l'espace et
le temps notamment, selon les saisons hydrologiques.
En saison chaude, sa distribution verticale est fonction de la position de la thermocline
et de la nitratocline (D. TOURE, I. GNINGUE, 1991). Avec l'accalmie des vents et le
fort éclairement pendant cette période, la chlorophylle est présente sur une bonne
partie de la colonne d'eau (jusqu'à 75 m). A proximité des côtes, on observe un
maximum de biomasse en surface; au large, la biomasse est très proche de zéro et le
maximum est situé au dessus de la nitratocline qui, pendant cette période, est
relativement profonde.
Les concentrations de biomasse sont généralement faibles pendant la saison chaude et
on remarque trois principaux peuplements le long de la côte sénégalaise:
- un qui occupe toute la côte Nord de Saint-Louis à Kayar;
- le second, localisé le long de la Petite Côte;
- le troisième, observé devant l'embouchure de la casamance.
Ces concentrations relativement faibles dans l'ensemble, sont cependant plus ou moins
importantes selon l'année. En 1986, les concentrations sont plus faibles et moins
répandues vers le large sur la côte Nord. En 1 987, ces concentrations sont un peu plus
élevées et les écarts entre radiales sont plus importants, notamment au Nord. Des
concentrations relativement importantes ont été observées cette année sur l'ensemble du
plateau continental et parfois même un peu au large. Il existe un fort gradient côte/large
pour les eaux de surface.
7. PRODUCTION
En saison chaude, la couche homogène de surface est épuisée en sels nutritifs; le
développement du phytoplancton est relativement faible près de la côte; il se fait par
régénération à partir de la matière organique provenant des crues des fleuves, rivières et
des pollutions diverses (déchets domestiques ou issus de la transformation artisanale des
produits de la pêche et effluents des industries agro-alimentaires). Au large, le maximum
de phytoplancton est situé au sommet de la nitratocline (à environ 20 m) dans les eaux
stables et éclairées à l'intérieur de la pycnocline. La transparence relativement grande
des eaux permet un développement en profondeur du phytoplancton en dessous de la
nitratocline (disque de secchi de l'ordre de 18 m, D. TOURE, 1983).
152
Circulation et Dynamique des Sels et du Phytoplancton
M •• lia
OXSTAHCC A LA OOTC <nIU-E«> Ot>TWCC A LA COTE InILLEt)
»• tl IIa
OI»TM« A LA COTC <MLLE*> DKTAHCC A LA COTC IIULLUI
153
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
NORD SUD
■ ■ ■ ■ ' i■ ■ r
154
Circulation et Dynamique des Sels et du Pnytoplancton
En saison froide, le système est typique de celui des upwellings côtiers dans lequel on
distingue trois phases:
- Début de l'upwelling, phase pendant laquelle le développement du pnytoplanc
ton est favorisé par les fortes vitesses verticales ascendantes dans les couches
intermédiaires et profondes qui injectent les sels nutritifs dans la couche stable
et bien éclairée de la pycnocline. La valeur de biomasse intégrale est alors de
25 mg/m2.
- Au milieu de l'upwelling, lorsque les vents sont forts et les vagues puissantes,
on observe un accroissement vertical de la turbulence et de la turbidité des eaux
côtières. Ces phénomènes augmentent l'absorption et la diffusion du rayonne
ment solaire par les matières dissoutes et en suspension dans l'eau. L'épaisseur
de la couche riche en phytoplancton diminue alors. Par ailleurs, la biomasse
intégrée n'est pas encore importante malgré l'enrichissement en sels nutritifs des
couches superficielles (biomasse intégrale de 20 mg/m2).
- La troisième phase correspond à la période de maximum de biomasse intégrée
(70 mg/m2) observée juste après la période la plus intense de remontée soit entre
mars et mai. Ainsi, la période du maximum de productivité des eaux sénégalaises
serait située à la fin de la remontée lorsque les eaux de surface sont encore riches
en sels nutritifs avec un éclairement maximum.
Ces productions, comparées à celles d'autres régions (3 à 22 mg/m2 dans le secteur
oriental du Pacifique et 75 à 322 mg/m2 au Cap-Blanc dans l'upwelling mauritanien),
classeraient l'upwelling sénégalais comme étant de moyenne productivité.
8. CONCLUSION
Les eaux sénégalaises sont soumises à de grandes variations tant saisonnières qu' in
terannuelles. Les alizés influent directement sur leur enrichissement et conditionnent
leur productivité.
En saison chaude, les eaux sont stratifiées, chaudes en surface et en partie dessalées
avec de faibles concentrations en sels nutritifs et en biomasse phytoplanctonique, le
peu de biomasse observée étant plaquée à la côte.
En saison froide, l'upwelling enrichit les eaux de surface qui deviennent froides et
riches en sels nutritifs et en biomasse phytoplanctonique. Cependant, cette richesse
est variable selon l'intensité des vents qui, en définitive, conditionnent l'ensemble
des processus d'enrichissement.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
BERRIT, G.R. (1952). Esquisses des conditions hydrologiques du plateau continental
du Cap-Vert à la Gambie. Bull. IFAN, XIV (3).
DIAW, B. (1982). Synthèse des résultats physiques des campagnes de prospection
acoustique le long du plateau continental Ouest-africain (1973-1982). Archives
n° 122, CRODT.
155
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
156
L'ESTUAIRE DU FLEUVE SENEGAL: IMPACT
DES BARRAGES DE DIAMA ET MANANTALI SUR
LA QUALITE CHIMIQUE DES EAUX
Mariline BA
Département de Géologie, Faculté des Sciences et Techniques, Université
Cheikh Anta Diop, Dakar, Sénégal
Résumé
Le fleuve Sénégal constitue le principal réseau d'eau douce du Sénégal. Ces dernières
années, deux barrages ont été mis en place, un à l'aval (Diama) pour stopper l'invasion
saline, et un autre à l'amont (Manantali) comme réservoir d'eau.
La mise en fonctionnement de ces barrages a entraîné des modifications de la qualité des
eaux dans l'ensemble estuarien. Aujourd'hui, en amont du barrage de Diama, les eaux
sont douces tout au long de l'année, alors qu'au début des années 80, l'invasion saline
pouvait remonter jusqu'à Podor. La matière organique piégée par le barrage s'accumule
dans cette masse d'eau douce. Ceci provoque un début d'anoxie, l'oxygène dissous utilisé
lors de la minéralisation de la matière organique aboutissant à la formation de sels
nutritifs tels que les nitrites et les nitrates. En aval, l'estuaire est envahi par les eaux
marines après la fermeture du barrage de Diama en fin de crue. Mais jusqu'à présent,
l'ouverture périodique des vannes a empêché, par simple dilution, une sursalinisation
des eaux sous l'action de l'évaporation.
Abstract
The River Senégal is the main fresh water network of Senegal. Recently, two dams have
been constructed, one downstream (Diama) to prevent salt invasion, and another ups-
tream (Manantali) as a water reservoir.
The operating of these dams resulted in changes in the quality of waters in the estuarine
complex. Nowadays, upstream of the dam of Diama, water is fresh all year round, while
in the early 1 980s the salt invasion could reach as far as Podor. The organic matter trapped
by the dam accumulates in this freshwater mass. This provokes the beginning of anoxia,
since dissolved oxygen is used during the mineralization of the organic matter, leading
to the formation of nutrient salts such as nitrites and nitrates. Downstream, the estuary
is invaded by seawater, due to the closing of the dam of Diama after the floods. But until
now, the periodic opening of the floodgates has prevented, by dilution alone, an
oversalinization of waters due to evaporation.
157
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
INTRODUCTION
Nous avons étudié durant l'année 1991-92 les variations hydrologiques de l'estuaire du
fleuve Sénégal qui a subi de fortes modifications depuis plusieurs années, sous l'action:
- du phénomène de sécheresse;
- de l'artificialisation de tout le système hydrologique avec les barrages de Diama et
de Manantali (figure 1).
1. CADRE GENERAL
158
L 'Estuaire du Sénégal, Barrages et Qualité des Eaux
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
2. UTILISATION DE L'EAU
160
L 'Estuaire du Sénégal, Barrages et Qualité des Eaux
3.2. Méthodologie
Entre les années 1991 et 1992, des mesures de courant ont été faites à différentes saisons
(mars, juin, juillet, septembre, novembre 91, février 92) et à différentes profondeurs
(surface, mi-fond, fond) associées à des mesures de hauteur d'eau, de température, de
salinité, de pH, d'oxygène dissous, de transparence; des prélèvements d'eau ont été
également réalisés pour évaluer les quantités de matières en suspension, les concentra
tions en sels nutritifs (nitrites, nitrates, phosphates, silicates) et en chlorophylle, en
surface et au fond.
Ces prélèvements et mesures ont été faits à Gandiole, à 8 km de l'embouchure (figure 1),
en station fixe au milieu du chenal pendant un cycle de marée à partir d'une embarcation.
Les mêmes mesures, à l'exception des mesures de courant, ont été faites à St-Louis, au
barrage de Diama, côté aval et côté amont lorsque les vannes étaient fermées et
uniquement côté amont lorsque les vannes étaient ouvertes (en période de crue), à
Richard-Toll ainsi qu'au Nord du lac de Guiers.
161
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
Température
en °C
mois
162
L 'Estuaire du Sénégal, Barrages et Qualité des Eaux
163
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
Salinité Salinité
en 7«« en 7..
32 36
30 -I
28 -|
26
24
22
18 20 H 18 20H
35 H 31 H
34 H
33
32 H Surface
Fond
31 — \
10 12 14 16 18 20H
164
L 'Estuaire du Sénégal, Barrages et Qualité des Eaux
Salinité
en %«
40 n
mois
MES
en mg/'l
500 -.
165
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
MES
en mg/1
300 -
200 -
— Surlace n
— Fond II \\
100 -
n
u i •
mars juin juillet septembre novembre février
mois
166
L 'Estuaire du Sénégal, Barrages et Qualité des Eaux
167
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
85-
80-
7.5'
7 (H
Surftce
Fond
6 5 —I—<—i—>—i • 1 1—i '—i ■
m*rj juin juill sept nov février
mois
02
02 m % it f ituretierv
en V. de satureiion
110 T
mars juin juill sept nov février m*r$ juin juill. sept nov fév
mois mois
I68
L 'Estuaire du Sénégal, Barrages et Qualité des Eaux
N02
en pmol/1
0 .6 ■
Suriece
01
juin juill s»pt nov février juin juill sept nov février
mois mois
N01 N03
en pmol/1 en pmol/1
6 - 12 i A a Surfit*
5- o— Surttc» • / \ 10 - / \ e— Fend
/
4 - Fond jp^v» \ 6-
fA *
3- 6-
2■ J \ A
4-
1/ \/\
1 - 2- r .
V M \■
' ' Un - —i—• i ■ i ■ i ■ ' ■ i •
mars juin juill jep» nov février mars juin juill ïepl nov février
mois mois
169
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
Si02 Si02
en pmol/l en pmol /]
200 -i 240 -
—o— SuiUc* P-——» 220 -
•— ForuS ! \ r\
200 ■
/ \
1 \ 180 -
100 / \ * X
/ \ 160 -
\ / \
/ \ MO -
\/ ▼ o— Surftce x
^^^^ \ 120 -
*~— F n rÀ
u I r—l ' 1 . , . T
W\\r% jgw juill $ep( nov févrwr m»fs jum juill itpt nov fivri»r
mois ■oit
170
L 'Estuaire du Sénégal, Barrages et Qualité des Eaux
mois mois
5. CONCLUSIONS
Le fleuve Sénégal a été, depuis fort longtemps, le cadre d'activités diverses et ceci
grâce à des écoulements importants dus à des précipitations abondantes. Depuis plus
de 20 ans, des conditions climatiques particulièrement dures ont entraîné un énorme
déficit hydrique dans toute la vallée du fleuve Sénégal et, par conséquent, une dégrada
tion de l'environnement extrêmement préoccupante.
171
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
C'est pourquoi, devant un tel état de fait, la construction de deux barrages a été réalisée
pour améliorer la gestion de l'eau dans toute la vallée. Or, il est très difficile lorsque l'on
construit des infrastructures de satisfaire tous les besoins. Quand il s'agit de barrage en
pays sahélien, le problème est encore plus grand puisqu'il faut exploiter au mieux l'eau
dans un pays qui en manque cruellement.
Les résultats que nous avons obtenus ne sont pas dramatiques mais montrent qu'il est
nécessaire de surveiller la zone qui devrait devenir à long terme une région agricole
développée, pourvue en électricité et avec des possibilités de navigation propres au
développement des industries.
Il est primordial de continuer de telles études grâce à des suivis sur plusieurs années
conjointement à des études dans d'autres disciplines. Nous avons vu, en effet, qu'une
étude sur une année dans ce contexte bien particulier est loin d'être suffisant. Les
phénomènes étudiés évoluent sur une échelle de temps beaucoup plus grand.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
DIOUF, B., BARUSSEAU, J.P., KANE, A. (1990). Evolution de la zone
d'embouchure du fleuve Sénégal: bilan des premières observations
morphosédimentaires. Projet CAMPUS: l'après barrage dans la vallée du
Sénégal, Rapp. de synth. sur les travaux menés en 1 989.
GAC, J.Y. (1979). Géochimie du lac Tchad. Bilan de l'altération de l'érosion et de la
sédimentologie. Th. Univ. Louis Pasteur, Strasbourg, 249 p.
GAC, J. Y., CARN, M., SAOS, J. L. (1966). L'invasion marine dans la basse vallée
du fleuve Sénégal. Rev. Hvdrobiol. trop. 19 (2): 93-108.
MILLET, B. (1991). Modélisation numérique de la circulation de marée et de la
dispersion du sel dans l'estuaire du fleuve. Doc. CRODT, Dakar, 31 p.
ROCHETTE, C. (1974). Le bassin du fleuve Sénégal. Monographie hydrologique de
l'ORSTOM, Paris, n° 1,31 p.
172
DEUX PROBLEMES DE LA REGION DAKAROISE:
LA SUREXPLOITATION DES NAPPES ET
L'EVACUATION DES EAUX USEES
Résumé
Abstract
Water supply and drainage of waste waters in the area of Dakar constitute a problem
because of the incessantly growing demand for water and the rain deficit which consid-
erably reduces the renewal of water bodies.
173
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
174
Problèmes des Nappes et des Eaux Usées à Dakar
Ressources 1925 1939 1946 1952 1959 1965 1968 1972 1976 1981 1991
1939 1946 1952 1959 1965 1967
Infrabasalt 3 000 12 000 24 000 24 000 18 000 18 000 18 000 18 000 18 000 14 000 21 000
Sables quatem
Thiaroye 15 000 12 000 12 000 12 000 12 000 12 000 10 400 10 400
Berr Thialane 7 000 9 000 9 000
Sébikotane 30 000 28 000 25 000 25 000 25 000 28 000 31 000
175
Ressources Côîières et Littorales du Sénégal
176
Problèmes des Nappes et des Eaux Usées à Dakar
P"
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
Sur la côte septentrionale, on note principalement le rejet des eaux traitées à la station de
Cambérène.
178
Problèmes des Nappes et des Eaux Usées à Dakar
4.1. BaiedeHann
C'est le secteur où la situation est la plus critique, c'est pourquoi le traitement de
l'ensemble des rejets constitue un impératifd'action pour la réhabilitation du milieu. Les
solutions préconisées pour les industries sont les suivantes:
- le repérage des branchements effectués sur le Réseau Eaux Pluviales ou directement
en mer;
- l'amélioration des technologies industrielles visant à réduire les flux polluants
rejetés;
- la valorisation et le recyclage des déchets solides et liquides;
- la mise en place de prétraitement d'élimination des produits toxiques résiduels ou
des polluants spécifiques de certaines entreprises.
1 79
SIMULATION DE L'INTRUSION SALINE DANS
LA NAPPE DES SABLES INFRABASALTIQUES
DE DAKAR, SENEGAL
Résumé
Dakar, capitale du Sénégal, avec une population estimée à plus de 1,5 millions
d'habitants, tire l'essentiel (plus de 70%) de son eau potable de l'exploitation
d'aquifères répartis le long de la Presqu'île du Cap-Vert. La nappe infrabasaltique
semi-captive localisée sous la ville de Dakar, fournit environ 10% de la demande en
eau journalière qui dépasse 250 000 m3, et qui, du reste, n'est satisfaite qu'à hauteur
de 70 à 75%. La conjugaison de la sur-exploitation et de la sécheresse des vingts
dernières années a induit une intrusion d'eau saline en différents points de la nappe.
Un programme de surveillance de cet aquifère exécuté de 1987 à 1990 nous a permis
d'analyser l'évolution du biseau salé et de proposer un modèle de simulation du
fonctionnement du système en relation avec les contraintes climatiques et les condi
tions d'exploitation.
Abstract
Dakar, capital city of Senegal, with a population estimated at over 1,5 million
inhabitants, derives the main part of its drinking water (over 70%) from the
tapping of aquifers distributed along the Cap-Vert Peninsula. The semi-confined
infra- basaltic water body located under the city of Dakar provides about 10% of
the daily water requirement which exceeds 250 000 m3 and which is only satisfied
to the tune of 70 to 75%. Overtapping combined with the drought of the last
twenty years resulted in the intrusion of salt water in different points of the water
body.
A monitoring programme for this aquifer permitted us to analyse the evolution of the
salted edge and to propose a model of simulation of the functioning of the System in
relation to climatic constraints and tapping conditions.
181
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
INTRODUCTION
Dakar, capitale du Sénégal, constitue avec sa banlieue, une des plus grandes métropoles
de l'Ouest africain. Sa population répartie sur une aire de près de 50 km2, est estimée à
plus de 1 ,5 millions d'habitants, avec une forte densité au niveau de la tête de la Presqu'île
du Cap-Vert (figure 1).
L'approvisionnement en eau potable de cette agglomération est assuré pour l'essentiel
(plus de 70%) par l'exploitation d'aquifères répartis le long de la presqu'île. L'accrois
sement rapide de la population, avec l'arrivée massive de ruraux affectés par la sécheresse
persistante des deux dernières décennies, a provoqué une augmentation de la consom
mation d'eau qui dépasse 250 000 mVjour. Dans le même temps, une diminution de la
recharge des nappes est observée avec la baisse de la pluviométrie (figure 2). Il en découle
un déficit d'alimentation et une sur-exploitation des principaux aquifères en attendant la
réalisation du Canal du Cayor1. Cette situation a eu pour conséquence l'intrusion d'eau
saline en différents points des aquifères et le redéploiement des forages d'exploitation
loin de la ligne de rivage. Le présent travail précise l'impact de ce schéma d'exploitation
sur la nappe des sables infrabasaltiques.
1. CONTEXTE HYDROGEOLOGIQUE
La géologie de la Presqu'île est connue grâce aux nombreux sondages pétroliers et
forages hydrauliques. La coupe géologique type (figure 3) indique une formation
sableuse d'âge quaternaire reposant sur un substratum marneux tertiaire, elle même
surmontée, sur une partie de la ville de Dakar, par des produits volcaniques, définis
sant ainsi un aquifère captif, avec un toit et un mur. Le mur de l'aquifère, constitué
de marnes et argiles éocènes affecte la forme d'un plan incliné vers le Nord-Ouest,
passant d'une profondeur de 20 mètres au Sud, à plus de 75 mètres dans la zone de
Yoff-Cambérène au Nord. Le toit, formé par la base des produits du volcanisme des
Mamelles, présente une allure irrégulière; cette base se situe dans la partie Ouest bien
au-dessous du niveau de la mer (-65 m au Fort A) alors qu'elle est au-dessus du niveau
de la mer dans la partie orientale (+10 m au Front de terre). La couverture basaltique
disparaît progressivement vers l'Est de la presqu'île. L'aquifère est constitué de
sables fins à moyens non consolidés, dont l'épaisseur varie très rapidement, suivant
en cela les variations de profondeur du toit et du mur (figure 3); elle atteint 75 m au
Nord pour une moyenne de 30 m sur le reste. La perméabilité de ces sables est estimée
en moyenne à 1,2.10"* m/s (O.M.S., 1972; GAYE, 1980). Pour les basaltes, GAYE
et al. (1980) considèrent des conductivités hydrauliques verticale (Kv) de
5.10"5 m/s et horizontale (Kh), de 10"5m/s.
1 Projet de conduite d'eau destinée à approvisionner Dakar, à partir du lac de Guiers, vers
1996.
1X2
Simulation de l 'Intrusion Saline
-j—i—i—i i » ■ -i—l i ■ i
20 40 60 eo
TEMPS EN ANNEES
183
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
184
Simulation de l 'Intrusion Saline
3. PIEZOMETRIE DE LA NAPPE
L'allure de la surface piézométrique est relativement complexe (figure 5), avec une
dépression axée autour des principaux ouvrages d'exploitation, dans la partie centrale de
la nappe. A côté de cette dépression, se trouve un dôme hydraulique correspondant à une
zone d'infiltration, à la limite de la couverture volcanique. Les fluctuations piézométri-
ques saisonnières indiquent une remontée de l'ordre du mètre entre juin et septembre,
suivie d'une baisse lente qui se poursuit pendant la saison sèche (GAYE, 1980). La
réaction à l'alimentation se fait sentir plus rapidement dans la partie libre de la nappe
qu'au niveau de la zone à couverture volcanique où l'infiltration est retardée. Cependant
l'évolution à long terme montre une baisse continue des niveaux depuis 1975 (SONEES,
1986), cette baisse étant de l'ordre du mètre par an.
5. QUALITE DE L'EAU
Dans l'ensemble l'eau de la nappe est de bonne qualité et les contaminations anthropo-
géniques restent très faibles, malgré le taux élevé d'urbanisation des dernières années.
La salinité moyenne de l'eau pompée de la nappe infrabasaltique est restée relativement
constante pendant ces 10 dernières années, ce qui est tout à fait surprenant si l'on
considère par ailleurs la baisse des niveaux piézométriques. Ceci ne doit pas être
interprété comme une stabilisation du biseau salé, mais plutôt comme le résultat d'une
localisation judicieuse des captages au centre de l'aquifère, à plus de 4 km du rivage en
moyenne. En réalité, la salinité a augmenté dans certains ouvrages installés sur le littoral;
ainsi, le puits Km 5 reste encore salé suite à l'avancée du biseau dans le secteur Ouest
vers les années 1960.
185
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
ISOCHLORES 50%
- bum
-30
\
A B C FDE
1
0 500 1000 1500 2000m
DISTANCE AU RIVAGE
I86
Simulation de l 'Intrusion Saline
6. MODELISATION NUMERIQUE
Un modèle numérique a été utilisé pour analyser le comportement de l'aquifère infraba-
saltique dans des conditions variables d'exploitation et d'alimentation (OUELLET,
1988). Plusieurs simulations ont été effectuées pour évaluer l'inertie du système. On a
surtout voulu étudier les mouvements relatifs de l'interface eau douce/eau salée en
fonction des différentes contraintes; c'est le programme USGS-SUTRA, décrit par
VOSS (1984), qui a été utilisé. Ce modèle à deux dimensions utilise la méthode des
éléments fins pour simuler un écoulement à densité variable et le transport de l'ensemble
des solides dissous au sein du milieu poreux. Les deux variables fondamentales de ce
modèle sont la pression du fluide et la concentration de l'ensemble des solides dissous
exprimés comme une fraction de la masse du fluide.
Un maillage d'éléments finis comprenant 2 717 éléments et 2 976 nœuds a été utilisé
pour discrétiser une section en coupe de l'aquifère, sur une longueur de 9 800 m, avec
une épaisseur de 80 m. Le maillage est plus fin aux extrêmités pour rendre compte des
plus forts gradients de pressions et de concentrations dans ces zones de contact.
Les conditions suivantes ont été retenues:
- une condition de NEUMANN (flux nul) est imposée à la base du maillage pour
indiquer que le mur argileux est imperméable;
- sur les extrémités du maillage, une pression hydrostatique qui correspond à la
concentration de l'eau de mer est imposée (condition de DIRICHET);
- un flux d'entrée qui simule le flux net de recharge (infiltration volume d'eau pompé)
est imposé sur toute la surface au niveau des mailles supérieures;
- en vue de simuler le transport de masse, il est nécessaire de fixer la concentration
initiale dans l'eau d'infiltration (résidu sec); celle-ci correspond à la teneur en sels
minéraux de l'eau douce dans la région qui est de l'ordre de 60 mg/1;
- de même l'on considère que l'eau entrant par les limites à potentiel imposé a la
concentration de l'eau de mer, soit 35 700 mg/1, tandis que l'eau qui s'échappe par
ces mêmes limites a une concentration égale à celle calculée par le modèle;
- il est également considéré qu'aucun échange de matière avec le substratum ne se
produit.
7. DISCUSSIONS ET CONCLUSION
Plusieurs simulations ont été effectuées sur la base des données du tableau 1 indiquant
les conditions d'exploitation de la nappe depuis la mise en service des premiers forages.
Les résultats pour la zone de Yoff, située au Nord-Ouest de la presqu'île sont donnés par
la figure 6, avec la position calculée à l'issue de chaque phase de simulation (A à F du
tableau 1) de l'isochlore 50%, définie comme un mélange à parts égales d'eau douce et
d'eau de mer.
A une phase de sur-exploitation de la nappe correspond une avancée rapide de l'interface
eau douce/eau salée vers l'intérieur des terres, ainsi qu'on peut l'observer pour les
périodes de 1 947 à 1 959 et de 1 973 à 1 987 (courbes B et D, figure 6). La vitesse à laquelle
l'intrusion progresse varie de 65 m/an entre 1947 et 1959, à 35 m/an pour la période
1973-1987; l'effet cumulé est une avancée du biseau salé sur plus de 1000 m.
187
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
188
Simulation de l 'Intrusion Saline
REMERCIEMENTS
Les auteurs expriment toute leur reconnaissance au Centre de Recherches pour le
Développement International (Bureau de Dakar) qui a bien voulu financer les travaux de
recherches du programme "Nappes Salées" et adressent leurs sincères remerciements à
leurs collègues de l'Université de Laval pour leur amicale collaboration.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
GAYE, C.B. (1980). Etude hydrogéologique, hydrochimique et isotopique de la
nappe infrabasaltique de la Presqu'île du Cap-Vert (Sénégal). Thèse 3ème
cycle, Univ. Dakar, 131p.
GAYE C.B., GELINAS, P., FAYE, A., OUELLET, M. and THERRIEN, P. (1989).
Groundwater planning and management in coastal areas. The case history of
Dakar, Senegal. Recent Advances in Groundwater Hvdrology: Amer. Inst.
ofHvdrology, pp. 238-245.
MARTIN, A. (1970). Les nappes de la Presqu'île du Cap-Vert. Leur utilisation pour
l'alimentation en eau de Dakar. Publ. BRGM/Fac. Dakar, 49 p.
O.M.S. (1972). Etude des eaux souterraines du Sénégal. Projet SEN-3201, tome 1
(nappe infrabasaltique), 104 p.
OUELLET, M. (1988). Analyse par éléments finis d'une intrusion saline à Dakar
(Sénégal). Maîtrise Se, Univ. Laval, Québec, 59 p. + annexes.
SONEES (1986). Renforcement de l'approvisionnement en eau de la région de Dakar
1986-1991, phase intérimaire. Rapp. SONEES, Dakar, tome 1.
THERRIEN, P., GAYE, C.B., GELINAS, P., OUELLET, M., FAYE, A. (1991).
Exploitation et gestion des aquifères côtiers: le cas des nappes de la
Presqu'île du Cap-Vert, Sénégal. Congrès Mondial des Ressources
en Eau ", Rabat, Résumés, pp. 29-3 1 .
VOSS, C. I. (1984). SUTRA: A finite element simulation model for
saturated-unsaturated fluid density dependent groundwater flow with energy
transport or chemically reactive single species solute transport. U.S.G.S.,
Water Res. Invest. Rep., 84-4369, 409 p.
189
LA GESTION DES RESSOURCES DU TERROIR DE
KAYAR
Résumé
Abstract
The management of coastal and littoral resources is a key element in the economic
development of Senegal, considering the enormous potentials held by this part of the
country.
However, as shown by the example of the locality of Kayar, which recently has been the
object of a detailed agro-pedological survey by the Pedology Office of Senegal, there are
real threats of environmental imbalance as can be seen even on the aerial photos of the
area.
191
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
From a sustainable development perspective ofthese resources which are essentially fish
products and market gardening products, the implementation of an integrated policy is
still urgently needed.
In particular, the following immediate measures are required:
- stabilisation of dunes to avoid the sanding up of inter-dune spaces utilized for
agriculture;
- protection of the Niaye by embankment to reduce salinization.
Furthermore, to secure and increase different productions it is necessary to modernize
the exploitation techniques and to exploit the considerable peat reserves and the different
wastes, in order to produce the enormous quantities of organic matter that must support
the fertilization of the poor and sandy soils of the locality.
INTRODUCTION
Les ressources côtières et littorales constituent une composante majeure de l'économie
nationale sénégalaise. La tendance à la croissance de cette composante pourrait
continuer si sa gestion était plus rationnelle et les techniques mises en œuvre plus
compétitives.
Les produits de la pêche et du maraîchage, essentiels dans le secteur primaire,
rencontrent des problèmes sérieux dès qu'il s'agit de passer du primaire au secondaire
par leur transformation; il en est de même pour le passage au secteur tertiaire
(écoulements et transactions).
Cette étude conduite par le Bureau Pédologie du Sénégal analyse succintement la
situation de la gestion actuelle des ressources du terroir de Kayar et recense quelques
directions fondamentales pour améliorer cette gestion.
1. PRESENTATION DU TERROIR
Le terroir de Kayar, situé à 14°55' de latitude Nord et 17°07' de longitude Ouest, couvre
une superficie d'environ 1 592 ha et fait partie de la Communauté Rurale de Djinder,
arrondissement de Pout, département de Thiès. Kayar se trouve sur le littoral à 58 km au
Nord-Est de Dakar.
Le recensement de 1988 donne pour Kayar une population autochtone de 7 000
habitants composée essentiellement de Lébous. Il s'y ajoute des saisonniers guet-
ndariens et cayoriens dont le nombre (2 000 à 2 500) est fonction des mouvements
saisonniers.
Le climat de Kayar est de type subcanarien du fait de sa position littorale et de l'influence
de l'alizé maritime. Pendant la saison des pluies ou hivernage, la mousson du Sud-Ouest
apporte la pluie dont le volume réparti sur 3 mois (juillet, août et septembre) est en
moyenne de 367,8 mm/an. La température moyenne des dix dernières années est de
24,4°C avec un minimum de 1 7,2°C en janvier et un maximum de 30,3°C en septembre.
L'humidité relative moyenne est de 75,4%, la vitesse du vent de 4,3 m/s et l'insolation
de 7,6 h/j. L'évapotranspiration potentielle calculée à l'aide de la formule de PENMAN
donne un total annuel de 2 259,3 mm.
192
La Gestion des Ressources du Terroir de Kayar
2.1.1. La pêche
La pêche constitue l'activité prépondérante et la principale source de revenus des
populations de Kayar. En effet, la campagne de pêche qui s'étale sur 6 mois, de
novembre/décembre à avril/mai mobilise la presque totalité des jeunes pour les
sorties en mer et des femmes qui assurent la transformation et l'écoulement du
poisson.
Les pêcheurs, tout comme les femmes et les mareyeurs, se sont constitués en
Groupements d'Intérêt Economique (GIE). D'autres personnes bénéficient des re
tombées de la pêche en s'occupant d'activités annexes; ce sont:
- les fabricants de paniers servant à l'emballage du poisson;
- les colporteurs pour le transport du poisson;
- les vendeurs et les casseurs de glace;
- les gérants des stations d'essence.
La production totale annuelle s'élève à environ 13 000 tonnes, toutes espèces
confondues, soit 20% des débarquements totaux de la région de Thiès et 12% de la
pêche artisanale sénégalaise. Cette bonne production s'explique par les nombreux
atouts dont dispose la pêche au niveau de Kayar:
- une population jeune, active et expérimentée dans le domaine de la pêche
artisanale, sensible au progrès technologique;
- une richesse en poissons, surtout pélagiques côtiers;
- un grand centre d'attraction où l'on trouve des populations venant du reste du
Sénégal et même des pays limitrophes;
- une vaste frange maritime pouvant abriter notamment une criée;
- un centre proche de Dakar (gros marché d'écoulement de la production).
193
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
2.1.2. L'élevage
Au niveau du terroir de Kayar, l'élevage, qui est de type traditionnel extensifpur, occupe
la troisième place après la pêche et le maraîchage aussi bien en ce qui concerne les
populations employées que les revenus.
L'élevage bovin (nombre de têtes estimé à 1 600) est pratiqué par deux groupes
d'éleveurs:
- le groupe d'éleveurs wolof - lébou - sérère: grands éleveurs pour la plupart. Les
animaux confiés aux bergers peul sont un moyen de thésauriser le surplus financier
dégagé au niveau des autres secteurs d'activité;
- le groupe d'éleveurs peul: ces petits propriétaires qui vivent les dures réalités
pastorales du village, tirent l'essentiel de leurs revenus de l'activité d'élevage.
A l'exception de quelques petits troupeaux conduits par les Peul pour le compte
généralement de plusieurs propriétaires, l'élevage des petits ruminants (environ 500)
reste encore un élevage de case, se résumant à quelques têtes par concession, mais
cependant pratiqué par la presque totalité des habitants du village. Les animaux laissés
en divagation pour la plupart contribuent à l'insalubrité du village.
Contrairement à ce qui se passe dans le reste de la zone des Niayes, l'aviculture qui est
encore de type traditionnel, est très peu pratiquée au niveau du village et se réduit aux
besoins de consommation.
Le long des Niayes, 276 fermes ont été recensées par AVICAP en 1988, avec une
production de 3 000 à 4 000 tonnes par an de fientes de volailles. Ces déchets vendus 5 à
1 0 F CFA/kg constituent une source importante de matière organique riche en azote et
en phosphore pouvant contribuer au développement du maraîchage.
194
La Gestion des Ressources du Terroir de Kayar
D'autre part, le projet "Village pilote" qui intervient dans la zone depuis quelques
années envisage, en rapport avec le CTL, la mise en place de pépinières villageoises
destinées au lancement d'actions de reboisement communautaire, impliquant ainsi les
populations dans la maîtrise de leur environnement.
Certaines espèces forestières naturelles du terroir constituent une source de revenus non
négligeable par la commercialisation de leurs fruits comestibles. Ces espèces en voie de
disparition du fait de la sécheresse méritent d'être régénérées en les intégrant dans les
programmes de reboisement. D'autres encore sont connues pour leurs propriétés médi
cinales.
Pour ce chapitre, nous renvoyons le lecteur à l'exposé relatif aux activités forestières du
littoral.
195
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
196
La Gestion des Ressources du Terroir de Kayar
197
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
198
La Gestion des Ressources du Terroir de Kayar
Selon la nature et la sévérité des contraintes de mise en valeur décelées, les recomman
dations suivantes peuvent être formulées en vue d'une gestion rationnelle des terres de
Kayar:
- Certaines dunes à pente faible peuvent être mise en valeur après amélioration de leur
statut nutritionnel. Par contre, pour le respect de l'équilibre de l'environnement, il
n'est pas recommandé de cultiver sur les dunes à pente forte (>8%). Celles-ci devront
plutôt être reboisées pour éviter l'ensablement des espaces interdunaires voisins.
- Du fait de leur texture sableuse, l'amélioration de la productivité des sols des espaces
interdunaires passe forcément par des apports importants de matière organique, sous
forme de fumier ou de compost devant soustendre leur fertilisation. D'autre part,
pour sécuriser la production, des efforts doivent être faits pour une plus grande
maîtrise de l'eau grâce à la modernisation des techniques d'exhaure et d'irrigation.
- Les principales contraintes des sols de niayes sont: la salinité, les engorgements
temporaires et l'acidité:
le drainage de la plaine fluvio-marine peut se faire en utilisant le chenal des
niayes comme drain collecteur, ce qui abaissera en même temps la nappe
phréatique à un niveau raisonnable;
l'acidité des sols peut être sensiblement améliorée par des amendements
organiques et calciques;
des mesures de protection des zones moins salées des niayes contre l'avancée
des tannes sont urgentes; par endiguement par exemple;
en ce qui concerne les cultures sous pluie, seul le mil peut être envisagé avec
des chances de réussite, vu les conditions climatiques de la zone.
199
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
- des actions de conservation des sols par la poursuite de la fixation des dunes
littorales, le reboisement des dunes intérieures pour la protection des zones de
cultures contre l'ensablement, la lutte contre la salinisation des niayes, etc.;
- en somme, une meilleure intégration des activités agricoles, de foresterie, d'élevage
et de pêche par la mise au point de techniques agro-sylvo-pastorales aptes à conserver
l'équilibre de l'environnement.
CONCLUSION
Le développement durable et productif des zones côtières et littorales du Sénégal passe
par une meilleure gestion de leurs ressources.
La base stratégique de gestion de celles-ci est l'intégration harmonieuse des différentes
activités dans l'espace réduit que constituent la côte et le littoral.
La stabilité et la prospérité de l'une de ces activités, sources de revenus, sont liées à
l'équilibre et au développement des autres. Ainsi, l'accumulation des déchets de poissons
ou de l'aviculture influe négativement sur l'environnement; par contre, la transformation
et Y utilisation de ces déchets dans les cultures, libérent la plage au profit de la pêche et
apportent des fertilisants nécessaires aux terres.
200
LA FIXATION DES DUNES AU SENEGAL
Babacar DIA
Ministère du Développement Rural et de l'Hydraulique,
Projet Conservation des Terroirs du Littoral (CTL Nord),
Direction des Eaux, Forêts et Chasses, Dakar, Sénégal
Résumé
La désertification est l'aboutissement d'un long processus. Elle constitue une menace
sérieuse pour notre environnement.
La zone des Niayes, lieu de prédilection de la production légumière de notre pays, a
durement ressenti les contrecoups de cette désertification qui se sont manifestés par
l'avancée constante des dunes (de sable).
Pour lutter contre ce phénomène, considéré à juste raison comme un fléau, le Sénégal a
entrepris par le biais du service forestier un important programme de fixation des dunes
de la Grande Côte, de Dakar à Saint-Louis. Ce programme a des acquis certains, qui se
sont traduits par la mise sur pied d'un imposant rideau de filaos dont l'aménagement est
aujourd'hui à l'ordre du jour.
Abstract
Desertification is the result of a long process which constitutes a serious threat to our
environment.
The area of the Niayes, where vegetable cultivation is at its highest in Senegal, has been
seriously affected by the impact of this desertification which has resulted from the
continual advance of sand dunes.
In order to fight this phenomenon, which plagues the area, Senegal has undertaken,
through its Forest Service, an important programme of stabilisation of dunes on the
Grande Côte, from Dakar to Saint-Louis. This programme has made certain achieve-
ments such as planting ofa massive screen of "filao" trees, which is very much in keeping
with current thinking.
1. GENERALITES
Les atteintes que la société industrielle fait subir à notre Planète constituent de graves
menaces pour notre environnement, si l'on pense par exemple à la question de la couche
d'ozone.
On ne saurait toutefois oublier la menace constituée par la désertification qui contribue
à dégrader notre environnement et à freiner notre développement économique et social.
20 1
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
2.1. Historique
Depuis plusieurs décennies déjà, la politique forestière du Sénégal s'est intéressée au
reboisement de la Grande Côte ou plus exactement au sauvetage des cuvettes maraîchères
de la zone des Niayes. C'est ainsi que les premières plantations ont été réalisées en 1925
par le Service de l'Agriculture pour lutter contre l'ensablement des cuvettes-maraîchères.
Le Service forestier a commencé à prendre les choses en mains à partir de 1948 en
entreprenant des reboisements portant sur une bande littorale de 200 m de large dans la
zone de Malika.
D'importants programmes de fixation de dunes ont commencé à voir le jour en 1975
grâce aux réalisations du projet PNUD-FAO-SENEGAL de Kébémer.
En 1980, un deuxième projet intitulé "Gandiolais" devait emboîter le pas à l'Inspection
forestière de Saint-Louis qui avait réalisé entre 1973 et 1978, 33 hectares de fixation des
dunes avec des moyens limités. En 1 988, ce projet devient le Projet Conservation des
Terroirs du Littoral - Secteur Nord (CTL Nord) tout en gardant la même source de
financement, l'ACDI1.
En 1981, la zone Kayar/Notto Gouye Diama/Mboro devait accueillir le troisième projet
du genre, intitulé PL 480.Ce projet est d'abord financé par l'USAID, puis en 1988, par
l'ACDI qui en fait l'antenne Sud du projet de Conservation des Terroirs du Littoral.
Ces trois projets se sont ainsi partagé les 1 82 kilomètres de la Grande Côte sénégalaise
et ont pu réaliser leurs jonctions sur une bande large de 200 m en 1982. Leurs activités
qui se poursuivent toujours, se traduisent maintenant par l'élargissement de cette bande
202
La Fixation des Dunes au Sénégal
mais aussi par la réalisation d'actions complémentaires (axes routiers, protection rappro
chée des cuvettes maraîchères, création de boisés de démonstration).
2.2. Objectifs
Les objectifs généraux de la fixation des dunes au Sénégal se résument comme suit:
- protection du potentiel maraîcher de la zone des Niayes par la fixation des dunes
proprement dites;
- l'installation de brise-vents autour des cuvettes maraîchères, le long des axes routiers
et pistes de production;
- sensibilisation des populations pour une meilleure implication de leurs activités aux
efforts de lutte contre la désertification;
- création de "boisés de démonstration" pour et par les populations en vue de mieux
les familiariser avec les techniques de pépinières et de plantation. Ces boisés sont
également destinés à la production (à petite échelle) de bois répondant à divers
besoins (chauffe, service, fruit, médecine traditionnelle).
3.2. Climat
Il est du type tropical subcanarien caractérisé par 3 à 4 mois de saison des pluies et 8 à
9 mois de saison sèche.
3.2.1. Températures
Elles sont en moyenne douces avec des écarts relativement faibles. Les alizés maritimes
qui soufflent dans la zone pendant une bonne partie de l'année influent sur les tempéra
tures enregistrées à savoir:
- les moyennes maxima toujours inférieures à 30°C;
203
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
La Fixation des Dunes au Sénégal
3.2.2. Pluviométrie
Dans les années 1950, la zone était traversée par les isohyètes 450-600 mm. Depuis 1968,
on note une baisse de la pluviométrie qui dépasse rarement 350 mm. Cependant,
l'hygrométrie élevée (80%) pouvait occasionner des pluies occultes mais, ces dernières
années, on a encore enregistré une baisse (moins de 300 mm dans certaines zones en
1990).
3.2.3. Vents
La zone des Niayes est soumise à l'influence de trois masses d'air:
- L'harmattan, vent d'Est chaud et sec. Il souffle surtout de mars àjuin et peut entraîner
une forte dessiccation.
- Les alizés maritimes, vents frais, secs et chargés d'embruns sont de direction
NNW-SSE. Leur vitesse est parfois très forte avec des pointes de 40 à 45 km/h; les
embruns sont de petites masses d'air saturées en eau salée qui se déposent sur la face
intérieure des feuilles des arbres situés à proximité de l'océan. Ils empêchent ainsi
le développement végétatifde certaines plantes en inhibant leur action photosynthé
tique.
- La mousson, chargée d'humidité, vient du Sud et souffle de juillet à octobre.
3.2.4. La végétation
Hormis les quelques 9 600 ha de plantations artificielles de filao, Acacia tortilis domine
le paysage de la zone des Niayes. On y rencontre par ailleurs certaines essences vestiges
telles Cocos nucifera, Celtis integrifolia ou Parinari macrophylla.
205
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
206
La Fixation des Dunes au Sénégal
5. REALISATIONS EFFECTIVES
La zone du littoral Nord du Sénégal a été et demeure le site d'un important programme
de fixation des dunes.
207
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
208
La Fixation des Dunes au Sénégal
La région de Dakar a été la première concernée par un reboisement d'une bande littorale
de 423 ha entre 1948 et 1959 destiné à freiner l'ensablement des terrains de culture et
des voies d'accès.
Suite au succès obtenu avec le filao dans la région de Dakar, d'autres superficies ont été
plantées sur la Langue de Barbarie entre 1957 et 1959, au lac Tanma et dans la zone de
Kayar en 1967, à Cambérène entre 1972 et 1976, dans la zone de Mbao et vers
l'embouchure du fleuve Sénégal en 1973. Ces plantations portent sur environ 700 ha et
ont été réalisées par le Service forestier avec l'aide du FIDA.
A partir de 1975, trois projets financés par la communauté internationale ont permis de
faire la jonction des boisements effectués sur la côte Nord par une plantation de plus de
8 000 ha en filao. La largeur de la bande varie entre 400 et 600 m. Le bilan global s'élève
à quelques 9 600 ha de dunes fixées (tableau 2).
D'autres actions ont été réalisées en vue de renforcer cette protection. On peut citer ici
le reboisement sur dunes intérieures (environ 1 000 ha), la protection rapprochée autour
des cuvettes maraîchères par l'installation de brise-vents périphériques sur une ou
plusieurs lignes, la création de placeaux intérieurs sur des sols abandonnés ou fragiles.
Ces plantations sont généralement réalisées en Eucalyptus camaldulensis et en Acacia
holosericea. Récemment, une action de grande envergure a été entreprise pour:
- la création de bois de village (individuels ou collectifs) pour la satisfaction des
besoins immédiats des populations en combustibles ligneux;
- et l'érection de brise-vents pour la protection des pistes contre l'ensablement. Tout
compte fait, le Service Forestier du Sénégal a inscrit à son actif des acquis certains
en matière de fixation des dunes mais le constat qui se confirme de plus en plus est
l'impérieuse nécessité de procéder à l'aménagement des plantations côtières de filao
en vue de la pérennisation de ces acquis. En effet, dans ces plantations qui ont été
réalisées à des densités relativement fortes, on constate une mortalité sur pied
imputable à une absence d'éclaircies. Un plan d'aménagement a déjà été élaboré et
son application devrait normalement suivre.
209
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
210
PROPOSITIONS D'AMENAGEMENT DES
PLANTATIONS DE FILAO DE LA GRANDE COTE
(SENEGAL)
Papa NDIAYE
Ministère du Développement Rural et de l'Hydraulique,
Projet Conservation des Terroirs du Littoral (CTL Sud),
Direction des Eaux, Forêts et Chasses, Dakar, Sénégal
Résumé
Abstract
The importance of the plantations of Casuarina equisetifolia, "filao" realized along the
Grande Côte of Senegal justifies the implementation as soon as possible of a forest
development plan. This plan would determine the différent tasks necessary to achieve
sustainable protection and a sustained production in view of satisfying the populations
needs for fuel. The development is planned over 10 years, with a one-year experimental
phase.
The main products expected are: firewood, charcoal, timber, and wood poles. The annual
potential is 38 636 m3 distributed over the whole population. The tapping will be carried
out by and for the populations with the participation of women.
INTRODUCTION
Une bande continue de filao de 150 km de long sur 400 m de large a été installée avec
succès entre 1948 et 1991 sur la Grande Côte du Sénégal, au Nord de Dakar. Bien que
211
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
212
Propositions d'Aménagement des Plantations de Filao
6. CLASSEMENT EN SERIES
Il s'agit d'un zonage de la forêt, chaque zone ou série est un ensemble de peuplements
destiné à poursuivre le même objectif et à subir le même traitement sylvicole. Compte
tenu des principaux objectifs recherchés dans les peuplements et des traitements envisa
gés, on pourra distinguer principalement trois types de séries:
- Une série "hors-cadre" où aucune intervention sylvicole ne pourra être justifiée.
Cette zone concernera les 50 premiers mètres du peuplement en partant de la mer, à
savoir les peuplements directement soumis à l'action des embruns marins.
213
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
- Une série de production et protection: nous estimons que dans cette série l'objectif
de protection ne constituera pas un facteur limitant à l'optimisation de la production;
pour assurer tant soit peu sa fonction de protection, elle sera traitée en futaiejardinée.
Elle sera contiguë à la première et s'étendra sur une largeur de 50 m.
- Une série de production: elle se situe à la limite de la deuxième série et s'étend
jusqu'aux dunes intérieures. A ce niveau, rien n'empêchera l'optimisation de la
production; cette série de production sera traitée en futaie régulière.
8. AGE D'EXPLOITABILITE
Les dimensions requises pour la production de poteaux contenues dans l'étude du marché
du PRS pour le bois de service spécialisé (MORENO, 1990), peuvent être obtenues au
bout de 12 ans. Donc cet âge sera considéré comme âge d'exploitabilité.
Dans la série "hors-cadre", étant donné que la mobilisation des produits n'est pas
envisagée, on peut élever l'âge jusqu'à l'exploitabilité physique, c'est-à-dire 40 ans.
Seulement, il faudra veiller au renouvellement des peuplements au fur et à mesure que
des arbres dépérissent.
214
Propositions d'Aménagement des Plantations de Filao
215
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
216
Propositions d'Aménagement des Plantations de Filao
18. EXPLOITATION
Bois de chauffe
L'exploitation est faite par des "sourghas"'. L'arbre est coupé à 50 cm du sol. L'outillage
nécessaire comprend la hache et le coupe-coupe. Les opérations de coupe, de façonnage,
de débusquage se font manuellement. Le prix de revient d'un stère de bois sur chantier
est évalué à 1 817 F CFA.
Charbon de bois
A l'instar du bois de chauffe, le bois utilisé pour le charbon de bois est traité jusqu'au
débusquage de la même manière et avec les mêmes instruments. Le prix d'un sac de
charbon sur site obtenu par le procédé de la meule traditionnelle est évalué à 775 F CFA
tandis que celui obtenu par le procédé de la meule casamançaise est évalué à 805 F CFA.
1 Ouvrier apicole.
217
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
Tableau 1 Constitution du prix de revient à Dakar (en F CFA) d'un stère de bois mort
sur la dune suivant deux scénarios
En termes de gains, l'analyse de la valeur ajoutée directe fait ressortir une valeur plus
importante sur la dune qu'avec le système classique (voir tableaux 1 et 2).
La production avec utilisation des moyens locaux des populations se traduit par des coûts
de revient de 2 616 F CFA pour le sac de charbon et de 18 308 F CFA le stère de bois
mort.
218
Propositions d'Aménagement des Plantations de Filao
Tableau 2 Constitution du prix de vente à Dakar (en francs CFA) d'un sac de charbon
produit sur la dune pour les scénarios et vendu
Chargement 25 25 25 25 25
Déchargement 35 35 35 35 35 1,3
CONCLUSION PARTIELLE
Il ressort de ce qui précède que:
- le scénario le plus rentable pour la production de charbon de bois est le procédé où
toutes les opérations seront réalisées par des animaux de trait et les charrettes pour
le débardage, la coupe et le façonnage par la hache et la carbonisation à partir de la
meule casamançaise;
- pour le bois de chauffe, il ëst préférable de mécaniser les opérations de coupe et de
débardage par l'utilisation de la tronçonneuse et de véhicules tous-terrains.
219
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
Il faudra également que les prix de vente des produits ligneux fixés par l'Etat soient revus
à la hausse et au moins multipliés par trois:
- Pour les poteaux, la coupe et le façonnage seront manuels ainsi que le débardage
jusqu'à la limite du peuplement; le transport se fera par camion. Le prix de revient
du poteau brut est estimé à 3 610 F CFA ce qui se rapproche du coût de revient dans
les pays producteurs (Cameroun) ou le prix d'achat au producteur varie entre 3 000
à 3 800 F CFA. Il serait souhaitable que les sociétés utilisatrices soient associées à
la création d'une unité de traitement de poteaux qui pourrait faire l'objet d'une étude
approfondie.
RECOMMANDATIONS
1. L'aménagement forestier tel que nous l'entendons doit impérativement reposer
sur les potentialités humaines de la côte Nord avec le soutien des projets et
ONG de la zone.
2. La population riveraine devra bénéficier dès maintenant du droit d'usage sur
ces forêts et le principe "il appartient à celui qui coupe un arbre d'en planter
un autre" devrait être bien établi.
3. Une formation en techniques d'exploitation (élagage, coupe, carbonisation,
etc.) doit être assurée avec une bonne planification des interventions de
même qu'un important programme de sensibilisation sur les réalités des
filao, sur ses possibilités et sur l'organisation sociale à adopter devront être
développés.
4. Les femmes seront impliquées à toutes les étapes en particulier dans le
processus de commercialisation et dans les décisions à prendre quant à
l'utilisation des bénéfices.
5. Les voies d'accès seront renforcées avec la création de nouvelles pistes dans le cadre
du Programme d'Ajustement Structurel des Transports. Elles existent au niveau
du village de Malika, de la voie de sortie des camions et au niveau du lac Rose.
Quelques voies d'accès existent dans la région et déterminent les zones où
l'exploitation va débuter; ce sont du Nord au Sud:
la route Potou - Mboumbaye,
la route Potou - mer,
la route Lompoul -mer,
la route Fass-Boye - mer,
la route Mboro - mer,
la piste des ICS,
la route de Kayar.
Il ne sera donc pas nécessaire d'ouvrir des pistes de débardage et de créer des
zones d'empilement.
Tenant compte de la distribution des superficies à exploiter annuellement, la
priorité sera donnée aux peuplements correspondant à ces voies d'accès.
6. Les Eaux et Forêts auront à développer des outils de vulgarisation et de
conseils auprès des populations et à mettre ces dernières en confiance.
220
Propositions d'Aménagement des Plantations de Filao
221
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
Ces coûts de production tiennent compte des coûts de transport sur la dune et
de la valeur de remplacement de la matière première qui est assimilée au coût
de réalisation d'un hectare de plantation de filao sur la dune. Les redevances
et taxes forestières représentent 33% des coûts de production alors que la
valeur de remplacement représente environ 43% du coût de production sur le
littoral. Il n'y a aucune possibilité d'écouler les produits du filao si les prix de
vente du bois et du charbon de bois actuels sont maintenus.
15. Par conséquent et du point de vue économique, l'exploitation des peuplements
du littoral pour la production de combustibles devrait nécessairement attendre
la décision de l'Etat de réviser les redevances forestières à la hausse, à moins
de subventionner les produits obtenus.
16. Il serait bon de promouvoir la vente des étais aux entrepreneurs en bâtiments
pour valoriser ce produit fortement concurrencé par les chevrons en bois
importés et les étais métalliques.
17. La quantité de poteaux exploitables (normes SENELEC) est estimée à 4 800
poteaux/an (NDIAYE, 1991). Le coût de production du poteau brut livré en
bord de route est de 3 978 F CFA (CISSE, 1992).
18. Les populations particulièrement ciblées sont celles qui vivent dans la zone du
littoral; les activités visées ne perturberaient pas celles de maraîchage, de
pêche et d'élevage.
19. Pour ce qui est des les revenus des populations impliquées dans l'aména
gement, on remarque que la valeur ajoutée directe (rémunération) offerte par le
charbon est plus substantielle comparativement à celle offerte par le bois de
chauffe ou le bois de service lorsque le débardage est mécanisé. Par contre, en
utilisant les moyens locaux pour le débardage, la valeur ajoutée directe issue
de la production du bois de chauffe apparaît bien supérieure.
20. La production de bois de service, moins contraignante, devra être confiée aux
groupements féminins.
21. Une intégration des activités des populations, des techniciens et des autres
acteurs intéressés par le développement de la région des Niayes serait un atout
majeur pour faire coïncider l'intérêt des populations et les objectifs de
production et de protection.
22. Les plantations de la côte peuvent jouer un rôle important dans l'éducation du
public; des aires de détente et une piste de randonnée pédestre pourront y être
aménagées ainsi qu'un parcours sportif vu le nombre de personnes qui
fréquentent la plage de Guédiawaye. Des produits issus de l'exploitation
comme les perches et gaulettes pourront servir à la construction de
campements touristiques ou bungalows. Ces derniers seront gérés par les
populations riveraines à l'image de ce qui se fait en Casamance.
Toutes ces actions ne pourront être réalisées que si les projets de
développement travaillant dans la zone se concertent et si les pouvoirs publics
coordonnent les futurs chantiers qui y sont prévus.
222
POLLUTION, URBANISATION ET SANTE
Nouhoum DIOP
Service des Phares et Balises, Port Autonome de Dakar, Sénégal
Résumé
Cette communication s'attache à définir le rôle que peut jouer un port maritime dans la
lutte contre la pollution.
Après une définition du port maritime, de son implantation et de ses installations, l'auteur
fait état de l'impact des activités portuaires sur la préservation de l'environnement.
Par ailleurs, il met l'accent sur les différentes installations nécessaires pour la collecte
des matériaux polluants et leur mode de stockage. Les principes d'analyse de risques de
pollution en fonction des types (tellurique et pélagique) et les mesures de prévention sont
également étudiés.
Enfin, l'auteur précise le rôle susceptible d'être joué par le port dans la gestion d'une
crise de pollution en milieu littoral.
Abstract
This presentation tries to define the role a sea port can play in the struggle against
pollution.
After a definition of the sea port, its establishment and its facilities, the author indicates
the impact of port activities on the preservation of the environment.
Furthermore, he underlines the different facilities that are to be set up for the collection
of pollutant materials and the way they are stored. The principles of analysis on the risks
of pollution in relation to types (telluric and pelagic), as well as precautionary measures,
are also studied.
In conclusion, the author specifies the role the port is likely to play in the management
of a pollution crisis in a littoral area.
1. INTRODUCTION
Le port maritime est destiné à recevoir des navires de mer, par opposition à un port fluvial
qui reçoit des convois ou des bâtiments fluviaux.
On peut donc comprendre qu'un port soit maritime même s'il est placé sur un fleuve. Un
port peut également être à la fois maritime et fluvial quand ses installations lui permettent
d'accueillir à la fois les deux types de bâtiments.
225
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
En fonction des activités et des opérations qui y sont menées, le port maritime est une
source de pollution pour l'environnement parce ce que:
- les navires qui le fréquentent sont eux-mêmes sources de pollution du plan d'eau
portuaire;
- les marchandises qui y sont traitées renferment une proportion de matières dange
reuses;
- les exutoires qui y débouchent véhiculent des effluents pour la plupart polluants;
- quelle que soit sa position (littorale ou intérieure), le port peut devenir un foyer de
diffusion des nappes polluantes entraînées par les courants et le vent.
Mais qu'est ce que la pollution?
La Convention sur le droit de la mer la définit comme étant "l'introduction directe ou
indirecte, par l'homme, de substances ou d'énergie dans le milieu marin, y compris les
estuaires, lorsqu'elle a ou peut avoir des effets nuisibles tels que dommages aux
ressources biologiques, à la faune et à la flore marines, risques pour la santé de l'homme,
entraves aux activités maritimes, y compris la pêche et les autres utilisations légitimes
de la mer, altération de la qualité de l'eau de mer du point de vue de son utilisation et
dégradation des valeurs d'agrément".
226
Port Maritime et Lutte Contre la Pollution du Littoral
- les car-ferries;
- les navires de croisière.
Chaque type de navire a ses caractéristiques et ses contraintes d'exploitation propres
auxquelles les installations portuaires doivent être adaptées.
227
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
228
Port Maritime et Lutte Contre la Pollution du Littoral
229
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
230
Port Maritime et Lutte Contre la Pollution du Littoral
5. CONCLUSION
La pollution sur le littoral ne peut être analysée sans la prise en compte des activités
portuaires. Le port maritime peut être le foyer d'une pollution qui peut être catastrophique
et avoir des conséquences sur des zones étendues du littoral. Il incombe à l'autorité
portuaire de prendre des mesures pour minimiser les risques d'accidents dans la zone
portuaire. Celles-ci comprennent des études de risques potentiels lui permettant de
déterminer les actions à mener pour accroître la sécurité de la navigation et les équipe
ments à acquérir en cas de catastrophe.
Elle doit introduire, là où cela apparaît nécessaire, le contrôle des mouvements de navires
et des plans d'urgence d'intervention préparés en rapport avec les autres structures
concernées, les autorités locales et d'autres organisations, pour permettre une action
immédiate et efficace en cas de catastrophe.
Le personnel employé sur les terminaux où des matières dangereuses sont manipulées
doit être totalement versé dans les procédures d'urgence et formé selon des normes au
moins égales à celles requises pour le personnel nomade.
REFEREFENCES BIBLIOGRAPHIQUES
CEDRE INFOPOL (1987). Evaluation du risque de pollution accidentelle lié au
transport maritime de produits chimiques.
INTERNATIONAL ASSOCIATION OF PORTS AND HARBORS. Guidelines on
port safety and environnemental protection.
INSTITUT PORTUAIRE D'ENSEIGNEMENT ET DE RECHERCHE (I.P.E.R.).
Tome 3. Cours de travaux maritimes.
ORGANISATION MARITIME INTERNATIONALE. Stratégie pour la protection du
milieu marin.
SERVICE DES PHARES ET BALISES ET DE LA NAVIGATION (1982). Guide
pratique pour la protection des points sensibles du littoral par des barrages
flottants. Poll Ibim 0302.
231
PRINCIPES D'ELIMINATION DES DECHETS
INDUSTRIELS
Massamba SECK
Département de Planification, Nouvelle SOTIBA, Rufisque, Sénégal
Résumé
Abstract
In their concern about the preservation ofthe environment, industrials use four principles
to process wastes. The first principle consists in integrating recycling into the industrial
production process; the second is based on the sorting out ofthe wastes; the third on their
purification; while the fourth is based on clean technologies to reduce the risks of
pollution up the production line.
233
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
234
Principes d'Elimination des Déchets Industriels
235
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
- les gains de productivité qui résultent de l'introduction d'un procédé propre peuvent
permettre de réaliser de nouveaux investissements et entraîner la création d'emplois
nouveaux.
Le 4e principe est un idéal qui n'existe même pas encore d'une façon généralisée dans
les pays développés, à plus forte raison au Sénégal. Dans ce pays, les industries sont
polluantes et n'ont jamais été contraintes par une législation quelconque à se conformer
à des normes précises. Ces normes sont d'ailleurs en cours d'élaboration, ce qui nous
inquiète beaucoup car nous espérons que l'I.S.N.' ne proposera pas des normes généra
lisées trop sévères et inutiles mais plutôt des normes sectorielles qui prennent en compte
les secteurs d'entreprise, le milieu récepteur et surtout les objectifs de qualité visés pour
ce milieu.
CONCLUSION
Les industries doivent jouer leur rôle dans la protection de l'environnement qui est
l'affaire de chacun. En ce qui les concerne, elles doivent prendre conscience de leur rôle
de pollueuses et commencer avant tout par réaliser un éco-bilan ou un audit environne
mental; cela leur permettrait, d'une part, de savoir combien leur coûtera la prise en
compte d'une politique de protection de l'environnement et, d'autre part, de connaître
avec précision ce qu'elles rejettent et à quels endroits.
Il faut des normes et directives assez précises pour que l'entreprise puisse avoir des
références de base pour toute action qu'elle voudrait mener. A ce titre, nous sommes
d'accord avec le projet du PNAE2, qui considère que le modèle suédois semble mieux
adapté à la situation et à la tradition juridique du pays. Il se fonde sur un examen de
chaque industrie et sur l'intention volontariste d'aboutir à une charge acceptable pour
l'environnement selon un calendrier et des méthodes choisies de commun accord par les
différentes parties.
Toutefois, il faut signaler qu'une étude d'impact ou d'incidence est en général imposée
à une entreprise qui veut s'installer mais pas à celles en activité. La création de zones
industrielles est de nature à limiter l'impact (négatif) des entreprises sur la collectivité.
236
REJETS CHIMIQUES EN MER ET
CONSEQUENCES ENVIRONNEMENTALES POUR
LA REGION DAKAROISE
OumarSARR
Département de Chimie, Faculté des Sciences et Techniques, Université Cheikh
Anta Diop, Dakar, Sénégal
Résumé
L'objet de la présente communication est de faire le point sur les principales substances
chimiques déversées en mer au large de Dakar.
L'auteur analyse ensuite les conséquences environnementales de ces rejets et esquisse des
solutions parmi lesquelles la mise sur pied des points nodaux de traitement chimique et
mécanique des eaux usées et l'élaboration d'une meilleure politique de sensibilisation et d'
éducation des populations.
Abstract
The object of this report is to define the main chemical substances discharged into the
sea off Dakar.
The author then analyses the effects ofthese discharges on the environment and su ^gests
solutions. Among these are the establishment of nodal points for the chemical and
mechanical treatment of waste waters, and the elaboration of an improved polky for
population awareness and education.
1. INTRODUCTION
Selon les adeptes de la théorie de l'évolution, la mer serait le berceau de la vie. De nos
jours, ce berceau reste encore indispensable pour la préservation de la vie sur terre. Toute
perturbation de son écosystème a une incidence directe sur la vie.
La mer est malheureusement muette et l'homme, égoïste, la considère comme un endroit
idéal pour évacuer ses résidus. L'expérience prouve cependant que, dans la plupart des
cas où la substance rejetée est solide, la mer finit tôt ou tard par la rejeter sur la plage.
En revanche elle est désarmée devant cette agression moderne que constitue le rejet de
substances chimiques nocives lié au développement industriel.
237
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
238
Rejets Chimiques en Mer et Conséquences Environnementales
239
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
240
Rejets Chimiques en Mer et Conséquences Environnementales
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
Rejets Chimiques en Mer et Conséquences Environnementales
Le mercure, méthylé par les bactéries (eaux usées) donne naissance à l'ion méthylmer-
cure HgMe+ très toxique et accumulé dans les planctons, principale nourriture des
poissons. Par la chaîne du poisson, l'homme récupère un dérivé du mercure plus nocif
que le métal rejeté en mer puisque très pénétrant vis-à-vis de la membrane cellulaire et
entraînant des pertes de mémoire.
Le plomb s'accumule au niveau de la végétation marine de même que le cadmium. La
chaîne du poisson devient de plus en plus dangereuse;la consommation accrue d'oxygène
diminue les chances de vie sous l'eau et contribue, avec la saturation de l'eau de mer en
CO2 par l'intermédiaire de la photosynthèse, au réchauffement de la planète.
Que faire? Autant il semble facile, avec un peu de bonne volonté et la coopération des
intéressés d'améliorer la situation en ce qui concerne le PAD et les sociétés industrielles,
autant la question des ménages et de la population semble difficile à résoudre.
Théoriquement, il est tout à fait possible d'envisager la création d'un ou de plusieurs
points nodaux de traitement chimique (précipitation des phosphates) et mécaniques
(filtration et séparation du précipité) des eaux usées avant le rejet à la mer; cela suppose
l'existence d'une grande canalisation de collecte ceinturant la zone. Des aménagements
supplémentaires et progressifs pourraient permettre la récupération des métaux lourds
toxiques.
Par ailleurs, on devrait mettre l'accent sur la sensibilisation et l'éducation des populations.
C'est ainsi qu'on pourrait conduire les jeunes à se sentir collectivement responsables du
littoral en les initiant à la connaissance de la nature grâce, par exemple, à des jeux et à
des manuels écrits dans un langage simple. Il serait également possible, tant à l'école
élémentaire que dans les lycées, de responsabiliser les enseignants qui, chacun dans sa
spécialité, pourraient attirer l'attention des élèves sur la problématique de l'environne
ment littoral. Enfin, cet effort d'interdisciplinarité devrait être de mise dans le domaine
de la recherche.
243
LE REJET DES EAUX USEES A DAKAR: ANALYSES
CHIMIQUES ET BACTERIOLOGIQUES,
PROBLEMES D'EPURATION
SeydouNIANG
Département de Biologie Animale, IFAN Cheikh Anta Diop, Dakar, Sénégal
Résumé
Environ 35 000 m3 d'eaux usées urbaines de Dakar sont rejetés, chaque jour, en mer sans
traitement. Ces eaux sont, pour l'essentiel, évacuées au niveau de la Baie de Hann par
l'intermédiaire du canal VI et au niveau de la Baie de Soumbédioune par le canal de la
Gueule-Tapée et le canal Hann-Fann.
De plus, toutes les usines situées sur la Zone Franche Industrielle déversent leurs eaux
usées en mer. Par un apport important de facteurs limitant à l'état naturel (Phosphore,
Potassium...), cette pollution est à l'origine des phénomènes d'eutrophisation (proliféra
tion d'algues Ulves sp.) observés dans la baie de Hann, rendant difficilement accessible
la plage aux pêcheurs et aux baigneurs.
Des phénomènes de contamination par les bactéries et les métaux ont été observés sur la
faune et la flore marine à divers endroits du littoral. Nous avons noté au cours d'une étude
sur la caractérisation des eaux usées urbaines de Dakar, au niveau de la station de relèvement
de l'Université, les charges suivantes pour un débit moyen journalier de 4 500 m3:
-4 354 Kg/j de matière en suspension;
-6 172 Kg/jdeDCO;
-3 492 Kg/j de DBO5;
-232 Kg/j d'Azote Organique;
-205 Kg/j de Phosphore.
La collecte, le traitement et la récupération de ces eaux sont pourtant souhaitables pour
l'amélioration de l'hygiène publique et la conservation des ressources naturelles. A cet
effet, la technique d'épuration des eaux usées par Mosaïque Hiérarchisée d'Ecosystèmes
Artificiels qui s'adresse à des collectivités de faible densité (quartiers périphériques)
pourrait constituer une perspective d'avenir.
Abstract
About 35 000 m3 of the urban waste water of Dakar is discharged daily into the sea
without being treated. This water is evacuated mainly to the Bay of Hann via Canal VI
and to the Bay of Soumbedioune via the Gueule-Tapée and Hann-Fann canals.
245
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
Moreover, all the factories located in the industrial estate discharge their waste water into
the sea. Due to high levels of nutrients such as phosphorous, potassium..., this effluent
has caused eutrophication (proliferation of Vlves sp. algae) in the Bay of Hann, and has
made access to the beach for swimmers and fishermen difficult.
Phenomena of contamination by bacteria and metals have been observed on the marine
fauna and flora in different parts ofthe littoral zone. While surveying the characterization
of the urban waste waters of Dakar, at the level of the University bearing station, the
following loads for an average daily discharge of 4 500 m3 were noted:
-4 354 k/d of suspended matter;
-6 172k/dofCOD;
-3 492k/dofBOD5;
-232 k/d of organic nitrogen;
-205 k/d of phosphorous.
Collection treatment and reprocessing of this water is nevertheless desirable for the
improvement of public health and the conservation of natural resources. To that end, a
future perspective could be the technique of purification of waste water by "Mosaïque
Hiérachisée d'Ecosystèmes Artificiels" (Hierarchical Mosaic of Artificial Ecosystems)
which concerns low density collectivities (peripheral districts).
1. INTRODUCTION
Le rejet sans traitement des eaux usées urbaines est généralisé dans les pays du Tiers-
Monde ainsi que dans de nombreuses villes et zones rurales des pays industrialisés. Ces
eaux qui ne subissent aucun traitement d'épuration même sommaire, sont non seulement
totalement inutilisables, mais entraînent également par leur seule présence des risques
épidémiques pour les populations et une dégradation de plus en plus importante du milieu
naturel.
D'une part, sur plus de 50 000 m3 d'eaux usées produites chaque jour seulement près de
9 000 m3 sont traitées avant rejet à la mer (Cambérène), le reste étant soit pour une grande
part directement rejeté à la mer, soit réutilisé telle quelle pour le maraîchage (Pikine,
Ouakam). Notons que sur ce volume rejeté, 15 000 m3 proviennent des industries
(Direction de l'Environnement, 1992).
D'autre part, pour le reste de la population pratiquant un assainissement individuel, il arrive
souvent que les vidanges ne soient pas effectuées de façon régulière, ou alors que les fosses
étanches ne le soient pas du tout. Il s'ensuit comme le montre une étude de COLLINS et
SALEM (1989) sur les nappes de Pikine, une très forte contamination des aquifères en
nitrate. Dans certains puits on a trouvé des concentrations allant jusqu'à 500 mg/l, alors
que les normes admises sont de 20 mg /l, la valeur guide tournant autour de 50 mg/l.
A Dakar, la plupart de ces eaux sont évacuées au niveau de la baie de Hann par
l'intermédiaire du canal VI, au niveau de Soumbédioune par le canal de la Gueule-Tapée
et le canal Hann-Fann, et au niveau des Niayes de Pikine par le biais d'une station de
lagunage qui ne fonctionne plus.
Nous avons noté par exemple, dans une étude sur la caractérisation des eaux usées
domestiques de Dakar financée par le CRDI, des charges pour les effluents évacués à
246
Le Rejet des Eaux Usées à Dakar
247
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
- les deux collecteurs de Fass-Gueule-Tapée en ovoïde 130 x 75, drainent les eaux
usées de Médina Nord-Ouest, Fass, Gueule-Tapée et Lycée Delafosse, Fann-Hock
et une partie de l'Université.
248
Le Rejet des Eaux Usées à Dakar
- CT (Coliformes totaux): variations entre 26,24 107 pour 100 ml et 21,73 107
pour 100 ml;
- DCO/DBO5: variations entre 2,33 et 1,59.
Pour la station de l'Université, les campagnes d'analyses ont donné les résultats
suivants pour des débits variant entre 200 et 400 mVh:
- MES (Matières en suspension): variations entre 570 mg/l et 1850 mg/1;
- MD (Matières décantables) variations entre 20,4 ml et 1 8 ml/l;
- DCO (Demande chimique en oxygène): variations entre 1 811 mg O2/l et
977 mg O2/l;
- DBO5 (Demande biochimique en oxygène): variations entre 900 mg O2/l et
626 mg O2/l;
- NH4+ (Azote ammoniacal): variations entre 64,57 mg N/l et 37,95 mg N/l;
- NKe (Azote Kieldahl): variations entre 106,49 mg/l et 91,43 mg N/l;
- PO4 (Phosphate orthophosphorique): variations entre 59,21 mg P/l et 36,10 mg P/l;
- CF (Coliformes fécaux): variations entre 12,96x107 pour 100 ml et 9,9x1 07
pour 100 ml;
- CT (Coliformes totaux): variations entre 16,7x107 et 14,8x107 pour 100 ml;
- DCO/DBO5: variations entre 2,07 et 1,56.
A la station de Cambérène, nous avons obtenu les résultats suivants:
- MES (Matières en suspension): variations entre 640 mg/l et 4490 mg/l;
- MD (Matières décantables): variations entre 23,56 ml/l et 16,78 ml/l;
- DCO (Demande chimique en oxygène) variations entre 2 098 mg O2/l et
1 130mgO2/l;
- DBO5 (Demande biochimique en oxygène): variations entre 820 et 729 mg O2/l;
- NH4+ (Azote ammoniacal): variations entre 68,5 mg N/l et 46,44 mg N/l;
- NKe (Azote Kieldahl): variation entre 13 1 ,24 et 97,06 mg N/l;
- PO4 (Phosphate orthophosphorique): variations entre 57,33 mg P/l et 37,3 mg P/l;
- CF (Coliformes fécaux): variations entre 26,03 et 14, 13x107 pour 100 ml;
- CT (Coliformes totaux): variations entre 29 et 18,7x107 pour 100 ml;
- DCO/DBO5: variation entre 2,6 et 1 ,4.
249
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
250
Le Rejet des Eaux Usées à Dakar
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
Les germes sulfito-réducteurs sont trouvés seulement en deux points dans la baie de
Soumbédioune. Ces germes étant localisés essentiellement dans les sols, leur présence
est due probablement à la remise en suspension des particules du fond par la circulation
des nombreuses pirogues de pêcheurs.
252
Le Rejet des Eaux Usées à Dakar
253
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
254
Le Rejet des Eaux Usées à Dakar
Rappelons que les résultats présentés ici sont issus d'une étude ponctuelle qu'il serait
urgent de poursuivre d'une manière régulière et approfondie pour un bilan plus complet.
255
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
Dans l'ensemble, beaucoup d'efforts ont été consentis en faveur de l'assainissement, tant
sur le plan des actions que de la législation. Cependant la multiplication des intervenants
sur le même terrain, créant obligatoirement un conflit de compétence est à notre avis à
l'origine des échecs observés. A l'avenir, il serait plus efficace de confier la législation
à un organisme étatique unique. La réalisation des ouvrages, leur mise en service et leur
entretien serait confié à un organisme tel que la SONEES.
Enfin un organisme de contrôle, cette fois étatique, pourrait être créé pour superviser le tout.
256
Le Rejet des Eaux Usées à Dakar
Enfin, concernant l'épuration bactériologique, il a été démontré qu'au niveau des racines
de Mentha aquatica, Accorus calamas, Juncus effunis et Phragmites communis, il y a
des sécrétions qui éliminent complètement ou partiellement les bactéries pathogènes dans
l'eau polluée.
257
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
- Le support des plantations dans chaque bac est constitué de plusieurs couches de
quartz calibré.
- Dans chaque bassin, les eaux peuvent circuler en translation, c'est à dire à la surface
du sol ou en percolation, à travers le quartz, ou encore en mélange des deux types
de circulation.
- Chaque bac comporte une série de tube de sondage pour la surveillance des eaux
interstitielles et du sol en profondeur et deux tubes d'essai destinés aux prélèvements
bactériologiques.
L'eau usée utilisée pour toutes les expériences est prélevée automatiquement, à inter
valles réguliers, dans le collecteur d'égout de la ville d'Arlon. Elle alimente les cinq
cascades expérimentales sous le contrôle d'une cabine de distribution entièrement
automatique.
11 21 w 31 41 51
Tiges PVC
Typha Lagune Epilobium + ombrage Iris
I 12 I I | 22 I I { 32 1 || espvc42| rf 52
▼ Typha Lagune Epilobium J'S^ | | Iris
Hlf
13 âi HE ,. 33 33i[f Tiges PVC43
Typha Lagune 'Epilobium
+ ombrage
J_l I I I
_44
i 14||"t 27] || 54] [f'Tiges PVC
Typha 1 1 Lagune
' - - 1 1 \pilobium 1 ' - ombrage
jj, H, p j
258
Le Rejet des Eaux Usées à Dakar
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANONYME (1987). Décennie Internationale de l'eau potable et de l'assainissement.
Données nationales. OMS Publicat. n° 92, Genève.
ANONYME (1990). Rapport d'étude sur l'état biologique des baies de Dakar. Projet
d'étude de réhabilitation, de protection et d'aménagement des baies de Dakar.
SEN/87/021. EPEEC/Projet COMARAF (UNESCO-PNUD), 48 p.
ANONYME (1992). Les problèmes de la pollution industrielle dans la baie de Hann.
Direction de l'environnement, Semaine. 1FAN, 9 p.
COLLIN, J.J., SALEM, G. (1989). Pollution des eaux souterraines par les nitrates
dans les banlieues non assainies des pays en développement, le cas de Pikine
(Sénégal). Symp. Intern. sur des solutions intégrées pour des problèmes de
pollution de l'eau SISSIPA - Lisbonne.
NIANG, S. (1992). Projet d'épuration des eaux usées domestiques dans la zone
urbaine de Dakar: Bilan et Perspectives, Rapport CRDI, 98 p.
SEIDEL, K. (1976). Macrophytes and water purification in biological control of water
pollution. Ed. by J. TOURBIER and R. W. PIERSON, 109-121.
260
CONTAMINATION DU PEUPLEMENT
BENTHIQUE ET POLLUTION DES BAIES DE
DAKAR
Résumé
Une ville est un écosystème ouvert qui entretient des échanges permanents (flux d'éner
gie et de matières) avec son environnement immédiat. Elle consomme des ressources
diverses et de l'énergie, et produit des déchets.
La ville de Dakar et sa zone industrielle, baie de Hann notamment, déversent sur le littoral
de la matière organique et des produits chimiques à effets polluants.
Il existe un réseau de stations d'épuration, géré par la SONEES, qui est insuffisant. Des
stations de relèvement déversent aussi directement leurs charges polluantes en mer sans
traitement préalable.
La situation des baies de Dakar a fait l'objet d'une étude biologique en équipe pluridis
ciplinaire (EPEEC, Equipe pluridisciplinaire d'Etudes des Ecosystèmes Côtiers).
La communication présentée, s'appuie sur l'analyse de la biomasse phytoplanctoni-
que, du peuplement macrobenthique, de la teneur en métaux lourds dans les algues et la
faune superficielle, de la contamination bactériologique de l'eau et des organismes
animaux. Malgré certains phénomènes d'eutrophisation et des signes de perturbation du
peuplement benthique, nous sommes arrivé à la conclusion que la situation n'est pas
irréversible.
Abstract
261
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
This presentation is based on the analysis of the phytoplanktonic biomass, the macro-
benthic population, the heavy metal content of algae and of the surface fauna, the
bacteriological contamination of the water and animal organisms. Despite some eutro-
phication phenomena and signs of disturbance of the benthic population, it was conclu-
ded that the situation is not irreversible.
1. INTRODUCTION
Une ville est un écosystème ouvert qui entretient des échanges permanents (flux d'éner
gie et de matières) avec son environnement immédiat. Elle consomme des ressources,
de l'énergie et produit des déchets.
Avec ses deux millions d'habitants, la communauté urbaine de Dakar connaît un
développement de son tissu urbain et industriel rapide et anarchique. Ce développement
a pour conséquences des rejets toujours plus importants de matières organiques, fécales
et de substances chimiques.
La plupart de ces rejets sont déversés en mer sans pré-traitement. En effet, les rares
stations d'épuration des eaux usées, gérées par la SONEES sont le plus souvent non-
fonctionnelles ou sous-dimensionnées.
L'existence de phénomènes d'eutrophisation dans certaines baies (baie de Hann) peut
être considérée par certains comme l'indice d'une pollution. Ce travail tente d'établir à
partir d'une série de mesures sur le peuplement benthique, le degré de pollution réelle
ou supposée des baies de Dakar.
262
Contamination du Peuplement Benthique et Pollution
2.5. Le benthos
Les variétés spécifiques les plus élevées du peuplement benthique se situent à Sotiba, à
Marinas et à l'anse Bernard. Ces zones se sont avérées les plus riches en faune benthique,
alors que les zones de Yoff, Ngor, Fann et Soumbédioune sont nettement appauvries.
Des facteurs écologiques d'une part et des facteurs biocénotiques d'autre part, structurent
le milieu en petites individualités.
Une structure biocénotique, reflètant un appauvrissement de la diversité, une proliféra
tion d'espèces tolérantes et d'autres perturbations dans la structure du peuplement en
rapport avec des modifications des conditions du milieu, devrait permettre d'illustrer de
façon plus pertinente l'état de pollution des baies de Dakar qui n'est pas apparu dans
l'analyse précédente.
Le benthos des baies de Dakar analysé ici se réduit à une taxocènose2 composée des
mollusques gastéropodes et lamellibranches et des polychètes prélevés au cours des
travaux de terrain.
Le choix porté sur les mollusques et les polychètes s'explique par le fait qu'ils représen
tent de bons traceurs biologiques de l'évolution du milieu dans le temps.
Nos analyses porteront sur plusieurs paramètres des communautés qui ont été échantil
lonnées:
2 L'ensemble des membres d'un taxon supraspécifique qui forment une communauté
spécifique naturelle, ou comme c'est le cas dans cette étude, qui représentent un segment
taxinomique d'une communauté ou association.
263
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
"64
Contamination du Peuplement Benthique et Pollution
La plupart de nos groupes étant de formes fixées ou peu mobiles, on peut désigner
l'ensemble des êtres-vivants d'une station (ou d'un groupe de stations) précise par le
terme de peuplement3.
Lorsque ce peuplement est affecté à une zone définie, il est assimilé à un faciès
faunistique.
3 Le peuplement n'aura pas la signification de sociabilité qui lui est souvent attribué en
phytosociologie mais s'en rapproche. Une base sociologique lui est conférée par la logique du
traitement appliqué.
265
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
4. CONCLUSION
A l'issue de cette analyse, nous avons distingué deux secteurs sur le littoral de la
Presqu'île du Cap-Vert.
Le premier secteur couvre toute la façade occidentale et septentrionale; il correspond au
secteur le plus pauvre en matière organique et en biomasse phytoplanctonique.
Le deuxième secteur couvre la façade méridionale et peut être subdivisé en deux
sous-secteurs représentés par les groupements spécifiques 3 et 4. Le premier sous-secteur
a une population faunistique homogène (groupement 3); le deuxième sous-secteur est
représenté par le groupement faunistique 4.
267
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ABDALLAH, A. et ELOUARD, P. (1971). Etude écologique de la plage soulevée du
Cap Manuel (Dakar, Sénégal). ême Congr. Panafr. Préhist Et. Quatern.,
Dakar: 317-318.
ANDREN, L.E., HADJ ALI SALEM, M. (1980). Sources de pollution marine côtière
en Tunisie: facteurs influençant sa distribution et ses effets. Bull. Inst. Sc.
Tech. Océanogr. Pêche, Tunisie, S (1-4): 53-95.
AUGIER, G., GILLES, G., RAMONDA, G. (1979). Recherche sur la pollution du
milieu maritime dans la région de Marseille (Méditerranée, France).
BELLAN, G. (1980). Annélides polychètes des substrats solides de trois milieux
pollués sur les côtes de Provence: Cordiou, Golfe de Fos, Vieux Port de
Marseille. Téthys, 9 (3): 267-278.
BUCHANAN, J.M. (1954). Marine molluscs of Gold Coast. Journ. WestAfric. Assoc.
FISCHER-PIETTE, E. et NICKLES, M. (1946). Mollusques nouveaux et peu connus
des côtes de l'Afrique Occidentale. Journ. Conchyl., 87: 45-82, 26 fig. I (1):
30-45
KNUDSEN, J. (1973). Some aspects of the distribution of the marine molluscs of
West Africa. Malacologia.
MASSE, J.P. (1968). Contribution à l'étude des sédiments actuels du plateau
continental de la région de Dakar (Sénégal). Essai d'analyse de la
sédimentation biogène. Rapp. Labo. Géol., Fac. 5c/'., Dakar, n° 23, 81 p.
PAULUS, M. (1950-51). Etude des mollusques quaternaires de l'anse Bernard près de
Dakar. Bull. Mus. Hist. Natur. Marseille, 10: 4-19 et 1 1: 85-86.
PEREZ, J.M. (1980). La pollution des eaux marines. Gauthiers-Villard, Paris, 253 p.
ROCHEBRUNE, A.T. de (1983). Diagnose de mollusques nouveaux propres à la
Sénégambie. Bull. Soc. Philom., Paris (7) 8: 177-182.
SOURIE, R. (1954). Contribution à l'étude écologique des côtes rocheuses du
Sénégal. Mém. IFAN, 38: 1-342, 46 fig.
268
ENVIRONNEMENT COTIER ET SANTE: LE CAS
DES VILLES DE DAKAR ET MBOUR
Résumé
Abstract
Coastal environments enable the riparian populations to feed themselves and to practise
some socio-economic and spare time activities (fishing, salt collection, waste disposal,
swimming...). This makes them highly attractive and in big cities they have experienced
a population explosion accompanied by an uncontrolled development of the industrial
and urban network.
The consequence of this anarchical development of the Dakar megalopolis is an uncon
trolled pollution which is illustrated by miscellaneous discharges: waste waters, house-
hold refuse, industrial wastes. Most of these are discharged into the sea without being
previously treated. Some chemical substances (heavy metals, hydrocarbons) are a threat
269
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
1. INTRODUCTION
Le Sénégal présente une façade maritime de 700 km. Près de 40 à 50% de la population
du pays vivent dans les villes et villages côtiers en raison des énormes potentialités que
présentent ces zones littorales. Il s'est créé ainsi un système complexe d'interrelations
équilibrées entre les hommes et la mer.
Le développement important des activités humaines a fini malheureusement par rompre
cet équilibre symbiotique en provoquant des agressions constantes de l'homme sur la
mer. Ainsi, la pollution de la mer est devenue alarmante, en raison surtout de ses
répercussions sur la santé.
Les problèmes de santé liés à l'environnement au niveau des populations des côtes, sont
connus de longue date (exemple Minamata en 1956 au Japon...). Au Sénégal, ces
problèmes revêtent de nombreux aspects.
270
Environnement Côtier et Santé à Dakar et à M 'bour
En 1989, le département de Mbour a fourni à lui seul les 40% des 30 000 tonnes mises
à terre par la pêche artisanale du Sénégal. Cette progression rapide de la pêche artisanale
est liée à la mise en place, par l'Etat, d'une politique incitative qui se matérialise par des
mesures de soutien et de modernisation de la logistique de pêche comme la motorisation
des pirogues, l'exonération des facteurs de production (moteurs, carburant, matériels de
pêche) et l'introduction de nouvelles techniques (sennes tournantes). Cette politique de
promotion de la pêche artisanale permet une bonne mise à terre, ce qui doit permettre
aux populations de disposer de protéines en quantité suffisante pour améliorer leur
alimentation.
Cependant, l'essor de la pêche se trouve compromis en aval par la faiblesse des structures
de conservation ou de transformation des produits frais. Cette défaillance a conduit les
populations à développer une véritable "industrie" de transformation artisanale, au
niveau du quartier "Tefesse" essentiellement. Cependant, la zone réservée à ce travail
connaît une insuffisance notoire d'infrastructures: pas d'installations sanitaires, pas
d'eau courante, pas de magasin de stockage des produits finis. Ainsi le travail se fait dans
des conditions d'hygiène déplorable.
La plage est utilisée pour les besoins naturels, le dépôt des ordures mais aussi pour
entreposer le poisson qui attend l'intervention des "transformateurs". Ceux-ci opèrent
avec l'eau de mer. Or, à l'endroit où cette eau est puisée, aboutissent les canalisations
d'eaux usées et les vannes provenant du marché et de certains domiciles qui s'en servent
comme égoûts. On se doute que l'eau de nettoyage ne fait donc que contaminer davantage
le poisson.
Les techniques de transformation artisanales employées (salage, fumage, séchage et
fermentation) accentuent cette dégradation des conditions d'hygiène et de salubrité. C'est
ainsi que:
- les bassins de salage en ciment présentent des anfractuosités, difficiles à nettoyer
correctement, où se nichent les micro-organismes qui contaminent le produit fini;
- le fumage se fait à même le sol, entre les tas d'ordures, par disposition du combustible
sur le poisson.
Il en résulte une fumée épaisse que les populations appellent "encens de Mbour" qui
entraîne, de 1 6 heures et 22 heures, une véritable pollution atmosphérique. Le produit
fini est par la suite exposé sur des claies de séchage qui sont envahis par des nuées de
mouches dont la reproduction se fait à partir des matières en décomposition. Cette
situation de pollution a des répercussions évidentes sur la santé des populations.
271
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
Maladies diarrhéiques 2e 4e
272
Environnement Côtier et Santé à Dakar et à M'bour
Charge industrielle
Les principales industries chargeant le réseau d'assainissement et le milieu marin de
Dakar sont concentrées sur la zone portuaire et la baie de Hann. Selon les renseignements
recueillis par le projet "Baies de Dakar", leurs charges sont approximativement les
suivantes:
Cette pollution industrielle détruit, entre autres, le phytoplancton dont se nourrit la
majeure partie de la faune marine et qui, en outre, produit 70% de l'oxygène nécessaire
aux êtres vivants. Il convient aussi de signaler le rejet d'acide fluoscilicilique (jus fluo)
que les Industries Chimiques du Sénégal (ICS) effectuent sur la plage de Mboro.
273
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
4. CONCLUSION
Les villes et villages du littoral au Sénégal regroupent la quasi-totalité des moyens du
développement économique et social, (la pêche, l'industrie, le tourisme).
Il parait essentiel, par conséquent, de développer des méthodes de gestion qui, tout en
tirant le maximum de profit de ces ressources, évitent de compromettre la vie des
générations futures. Pour cela, nous faisons les recommandations suivantes:
- équiper de manière appropriée les services chargés de contrôler le degré de pollution,
pour permettre aux structures nationales d'exercer un contrôle efficient sur les
différents polluants déversés en mer et d'appliquer avec rigueur la réglementation;
- systématiser les études d'impact sur la santé de tout produit ou procédé industriel
avant leur introduction dans le pays;
- établir des systèmes de surveillance à long terme des effets des accidents industriels
sur les populations;
- réglementer rigoureusement le stockage et le transport des produits dangereux.
274
L'EPIDEMIE DE BILHARZIOSE INTESTINALE A
RICHARD-TOLL
Dr Idrissa TALLA
District Sanitaire de Richard-Toll, Sénégal
Résumé
La bilharziose intestinale n'a jamais été signalée dans le delta du fleuve Sénégal. Un an
et demi après la mise en fonction du barrage de Diama, le premier cas fut dépisté au
Centre de Santé de Richard-Toll.
Entre 1988 et 1989, sur 3 926 examens de selles, 1 935 furent positifs au S. mansoni.
Une enquête de terrain réalisée sur un échantillon aléatoire de 1 000 sujets de tous âges,
a révélé en 1990 un taux de prévalence de 60%.
L'évolution de l'épidémie d'abord exponentielle au cours des trois premières années a
tendance à se stabiliser alors que quelques formes graves mais non encore compliquées
augmentent.
Des mesures de contrôle sur le plan de la santé publique sont prises et continuent d'être
améliorées.
Abstract
Intestinal bilharziosis has never been reported in the delta of the River Senegal. The first
case was detected in Richard-Toll Health Center one and a half years after the operating
of the Diama Dam.
Berween 1 988 and 1 989, over 3 926 stools were examined, 1 935 reacted positively to
S. mansoni. In 1990, a fïeld survey carried out on a random sampling of 1 000 subjects,
of all ages, revealed a prevalency rate of 60%.
The evolution ofthe epidemia, at first exponential in the first three years tends to stabilize,
while severe forms, that are not yet complicated, increase.
Controlling measures taken in the field ofpublic health are being continuously improved.
1. INTRODUCTION
Le Nord du Sénégal connaît durant ces dernières années d'importantes modifications sur
le plan agricole et écologique avec la construction des barrages de Diama et Manantali.
Le premier, situé à 27 km en amont de Saint-Louis est un barrage antisel, destiné à arrêter
la remontée de la "langue salée" phénomène longtemps connu dans le delta du fleuve
275
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
Sénégal. Le second, situé à 1 200 km, toujours en amont de Saint-Louis est construit sur
le Bafing, l'un des principaux affluents du Sénégal et constitue un barrage hydroélectrique.
Les changements survenus, avec la réalisation de ces ouvrages n'ont pas manqué d'avoir
des retombées sur le plan sanitaire. C'est ainsi que la bilharziose intestinale à Schistoso-
ma mansoni dont le premier cas dépisté en 1988 à Richard-Toll (TALLA et al., 1990)
constitue aujourd'hui la maladie hydrique la plus répandue dans la Commune.
2. PRESENTATION DE LA ZONE
A 106 km de Saint-Louis, sur la route Matam-Bakel, dans le département de Dagana, la
Commune de Richard-Toll est située sur la rive gauche du fleuve Sénégal. Elle compte
50 000 habitants environ, répartie dans 7 quartiers administratifs et est le siège du plus
grand complexe agro-industriel du pays qu'est la Compagnie Sucrière Sénégalaise
(CSS). Elle abrite en outre, une usine de fabrication de tuyaux et matériels en P.V.C.,
l'Industrial Drip Irrigation System (IDIS), une usine de décorticage de riz, la SAED et
d'autres entreprises et sociétés d'aménagement des terres pour l' agriculture.
Pour ces raisons, Richard-Toll constitue un grand pôle d'intérêt économique où se
rencontrent des personnes venant de toutes les régions du Sénégal, voire même des pays
limitrophes où la bilharziose intestinale sévit à l'état endémique.
Avec un taux d'accroissement moyen annuel de 7,96%, la population se développe
à un rythme très rapide. Ceci a pour conséquence le rapide dépassement des infra
structures sanitaires et d'approvisionnement en eau potable. Sur ce plan, la seule
station de traitement de l'eau destinée à la consommation, gérée par la Société
Nationale d'Exploitation des Eaux du Sénégal (SONEES) ne peut fournir à la
population plus de 700 mVjour, alors que les besoins en eau sont estimés à 27 000 mVj
(TALLA, 1992).
Ceci oblige les populations à se rabattre sur les canaux d'irrigation de la CSS et sur le
fleuve qui sont d'accès facile pour les travaux ménagers, les baignades, la toilette des
animaux et l'approvisionnement en eau destinée à la consommation par des méthodes
variées (siphons à partir des canaux).
Il faut par ailleurs noter que depuis la construction du barrage de Diama, ce réseau
hydrographique dispose en permanence d'eau douce.
Sur le plan de la couverture sanitaire, il y a comme infrastructures d'accès publique, un
centre de santé et depuis cette année ( 1 992) un poste au quartier de Gallo Malick. II existe
également le centre médical de la CSS et le dispensaire de l'Institution de Prévoyance
Maladie de la même entreprise comme structure privée.
276
Bilharziose Intestinale à Richard-Toll
277
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
Motifs d'hospitalisation:
Dysenterie sévère \ +/- déshydratation
Diarrhée sévère / moyenne
Anémie sévère => hospitalisation + transfusion
Coliques persistantes
Syndrome d'HTP
3.1.1. Enquêtes sur le terrain
3.1.1.1. Méthodologie
L'enquête a été effectuée sur un échantillon de 1 000 sujets de tous âges tirés dans
tous les quartiers de la Commune au prorata de leur population selon un sondage
aléatoire à plusieurs degrés.
A chaque sujet, un examen direct de selles et un examen par la méthode qualitative
de Kato (quand c'est possible) furent appliqués. 546 échantillons, soit 55%
étaient des selles liquides et n'ont pas permis l'application du Kato modifié.
278
Bilharziose Intestinale à Richard-Toll
rh
0-4 5-9 10-14 15-19 20-29 30-39 40-49 50-59 >■ 60g
(n-l<>3) (n-190) (n-13!) (n-83) (n-M9) (n-136) (n-63) (n-30) (n-25)
Figure 1 The percentage of stool samples found S. mansoni + per âge group
( X95% confidence interval)
80 "
70 -
60 -
50 ■
« 40 '
30 "
20 .
10 ■
279
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
ces quartiers, moins de 13% seulement des concessions sont pourvus de robinets (TALLA,
1991). Ce qui expliquerait que la charge parasitaire y soit très élevée.
4. MESURES DE CONTROLE
Un plan d'urgence de lutte pour 6 mois a été conçu. Il sera ensuite repris et intégré dans le
Plan de Développement Sanitaire du District de Richard-Toll (PDDS) et suivi d'un Pro
gramme d'Evacuation des excreta et d'Approvisionnement en eau potable. Les activités
menées jusqu'ici sont les suivantes:
- information et sensibilisation des autorités locales et régionales au cours d'une
réunion spéciale du comité de suivi des affaires communales de Richard-Toll en
janvier 1990 dont le "Soleil" et "Wal Fajdri" se sont fait l'écho;
- séances de causeries éducatives sur les modes de transmission et les méthodes de
prévention de la maladie;
- séances spécifiques au Centre de Santé pour les malades qui doivent prendre leur
traitement;
- séances intégrées au niveau des quartiers à des thèmes sur le traitement de l'eau
destinée à la consommation, sur les soins maternels et infantiles et la planification
familiale (SMI/PF), le SIDA, le paludisme, etc.;
- formation des infirmiers et du personnel de laboratoire par des guides élaborées par
l'équipe du Centre de Santé et des cours de formation sur la bilharziose;
- traitement médicamenteux,
- contact avec le Ministère de l'Hydraulique et des équipes du réseau ESPOIR
(European Special Program of Operational and Integrated Research).
Tous les sujets trouvés positifs sont traités par le PRAZIQUANTEL (environ 2 000
habitants par an) fourni gratuitement par la Coopération Sénégal/Communauté Flamande
de Belgique (VVDB) dans un premier temps. Ce médicament est maintenant vendu dans
le cadre de l'Initiative de Bamako à 200 F CFA le comprimé contre 8 000 F CFA la boîte
de quatre en officine privée.
Toutefois, une contrainte majeure est à signaler: il s'agit de la réinfestation quasi-perma
nente à cause de l'absence d'une alternative pour l'approvisionnement en eau potable.
5. CONCLUSIONS
La bilharziose intestinale kSchistosoma mansoni est devenue un problème de santé publique
à Richard-Toll, de par son ampleur, sa gravité et la psychose créée au sein de la population
qui l'a baptisée "maladie du Canal" (Febaru Canal bi). Tous les quartiers et tous les âges
sont touchés presque de la même manière.
Toutes les actions à entreprendre pour compléter ou améliorer celles déjà en cours devront
s'inscrire dans l'optique de la résolution des problèmes de santé publique dans la zone en
général, la construction de postes de santé, l'augmentation et la formation du personnel, la
mobilisation des ressources pour permettre aux autres activités et programmes de santé de
se dérouler, mais surtout la fourniture à la population d'une eau en quantité et qualité
suffisantes.
280
Bilharziose Intestinale à Richard-Toll
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
TALLA, I. (1991). Programme de Lutte contre la Bilharziose intestinale à
Schistosoma mansoni de la Commune de Richard-Toll de 1991 à 1995. Mém.
de Planif., Gest. et Adm. des Serv. de Santé, Inst. de Santé et Dévelop. (ISED),
Univ. Ch. A. Diop de Dakar, Sénégal.
TALLA, I. (1992). Analyse des problèmes d'assainissement et proposition d'un
Programme d'Evacuation des excreta et d'Approvisionnement en eau potable
dans la Commune de Richard-Toll. Mém. de Gén. San. et Techn. Appl. aux
probl. de santé et nutrition. CES de Santé Publique, Inst. de Santé et Dévelop.
(ISED), Univ. Ch. A. Diop de Dakar, Sénégal.
TALLA, I., KONGS, A., VERLE, P., BELOT, J., SARR, S. and COLL, A. M. (1990).
Outbreak of intestinal schistosomiasis in the Senegal River Basin. Ann. Soc.
Belge de Méd. Trop. pp. 173-180.
TALLA, I., KONGS, A. and VERLE, P. (1992). Preliminary study of the prevalence
of Human Schistosomiasis in Richard-Toll (The Senegal River Basin). Trans.
ofRoy. Soc. ofTrop. et Med Hyg. 86, 182.
281
EPIDEMIOLOGIE DES PRINCIPALES ENDEMIES
PARASITAIRES DANS LE DELTA DU FLEUVE
SENEGAL
Résumé
Cinq villages situés dans la zone du delta du fleuve Sénégal ont fait l'objet d'enquêtes
dans le cadre de l'élaboration du plan directeur pour la santé.
Les études ont montré que:
- le paludisme y sévit selon le type hypo et mésoendémique. La transmission de la
maladie s'effectue essentiellement en saison pluvieuse;
- la prévalence de la bilharziose urinaire est faible (0,5-5%). Les hôtes intermédiaires
sont cependant présents. La bilharziose intestinale sévit à Richard-Toll à des taux
élevés (42%);
- les parasitoses intestinales sont dominées par les protozooses.
En définitive, les auteurs notent que les principales endémies parasitaires sont présentes
dans le delta. Les aménagements hydro-agricoles de la zone peuvent sensiblement
modifier le biotope, et induire une recrudescence de ces endémies, nécessitant un
programme de surveillance.
Abstract
Five villages located in the area of the delta of the River Senegal have been the subject
of investigations as part of the elaboration of the Master Plan for Health.
The studies revealed that:
- malaria is present in its hypo and mesoendemic forms, and is essentially transmitted
during the rainy season;
283
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
1. INTRODUCTION
Confrontés au problème aigu de la désertification, les pays limitrophes du fleuve Sénégal
ont décidé l'aménagement du bassin par la mise en place notamment des barrages de
Diama et de Manantali.
Ces aménagements risquent cependant de modifier sensiblement l'écosystème et de
favoriser l'extension de certaines parasitoses.
L'étude présente les résultats d'enquêtes réalisées dans le delta. Celles-ci avaient pour
but d'étudier la prévalence des principales parasitoses liées au milieu hydrique et
d'identifier les sites de contamination. Le paludisme, les bilharzioses et les parasitoses
intestinales ont ainsi été étudiés.
2. CADRE D'ETUDE
Les villages situés dans le delta et qui ont été sélectionnés sont: Ndiougne Mberess et
Ross-Béthio, tous riverains du marigot de Lampsar; Diama Yalar, Khor et la commune
de Richard-Toll riverains du fleuve Sénégal. Les critères qui ont conduit au choix des
villages ont été: l'ancienneté de l'implantation, une population supérieure à 300 habi
tants, la présence de périmètres irrigués à partir du fleuve Sénégal et l'accessibilité en
toute saison.
3. PATIENTS ET METHODES
Les populations informées la veille se présentent le lendemain au niveau du poste de
santé avec, à leur tête, le chef de carré.
Tous les sujets qui ont répondu à la convocation subissent l'examen de dépistage. Chaque
sujet subit un examen clinique consistant en la palpitation de la rate et du foie, l'examen
des téguments et des muqueuses; l'interrogatoire essaie de retrouver la notion d'épisodes
hématuriques ou diarrhéiques et leur ancienneté. Puis un prélèvement de sang est effectué
au niveau de la pulpe du doigt pour la confection de goutte épaisse et de frottis sanguin
nécessaires pour la recherche et l'identification des plasmodiums agents du paludisme.
A chaque sujet sont remis également un pot destiné à recueillir ses urines et un sachet en
plastique pour le recueil des selles.
284
Epidémiologie des Endémies Parasitaires dans le Delta
4. RESULTATS
4.1. Paludisme
Pour l'ensemble des villages du delta 1 327 personnes ont été examinées. L'indice
parasitaire est de 2,6% (% de sujets porteurs de plasmodium). L'indice splénique (% de
sujets porteurs de grosse rate) est de 1. L'espèce plasmodiale la plus fréquemment
rencontrée est Plasmodium falciparum: 96,1%.
Au total le paludisme sévit faiblement dans la zone selon le type hypoendémique.
285
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
Epidémiologie des Endémies Parasitaires dans le Delta
5. COMMENTAIRES
Dans tous les villages visités du delta, la prévalence du paludisme et de la bilharziose
urinaire est donc faible. La transmission du paludisme qui s'effectue essentiellement en
saison pluvieuse ne semble pas pour le moment être influencée par l'existence des
périmètres irrigués villageois. Malgré cela, il reste cependant la première cause de
morbidité.
Si la prévalence de la bilharziose urinaire est encore faible, le risque d'extension du fait
de l'existence des périmètres irrigués ne peut être écarté.
En effet, des sujets positifs présents même en petit nombre constituent des réservoirs de
parasites d'autant plus que des espèces de mollusques susceptibles de servir d'hôtes
intermédiaires aux parasites sont présentes.
La bilharziose intestinale par contre est présente dans le delta à des taux de prévalence
alarmants (50%). S'il y a quelques années elle n'était pas encore décrite dans le delta,
depuis deux ans TALLA et al. (1990) signalaient les premiers cas qui sont allés en
augmentant de manière exponentielle. Les conditions écologiques actuelles du fait de la
forte humidité créée par les périmètres irrigués sont très favorables au développement
des mollusques hôtes intermédiaires.
Ross-Béthio de même que Khor semblent être progressivement touchés par l'épidémie.
La plupart des sujets infestés avaient séjourné à Richard-Toll. Des mollusques hôtes
intermédiaires de Schistosoma mansoni ont été retrouvés par DIAW et al. (1990), signes
que toutes les conditions sont réunies pour une extension de la maladie.
Concernant les parasitoses intestinales leur prévalence est très élevée. Le spectre est
dominé par les protozoaires (amibes et giardia). La prévalence des parasites intestinaux
à transmission cutanée est encore très faible. Il est à craindre cependant une extension
de ce groupe du fait des conditions écologiques actuelles favorables à leur développe
ment, du fait des nouvelles conditions d'humidité notamment.
6. CONCLUSIONS
Incontestablement les nouvelles conditions créées par les périmètres irrigués villageois
avec la mise en place des barrages ont modifié ou modifieront à court terme le profil des
endémies parasitaires dans la zone du delta.
Paludisme, bilharzioses et parasitoses intestinales risquent d'y sévir à des taux de
prévalence élevés. Aussi est-il important de mettre en place dès à présent un programme
de lutte cohérent et intégré par:
- la mise en place d'un système de dépistage-traitement;
- la lutte contre les vecteurs et hôtes intermédiaires;
- la protection des populations;
- l'installation d'un système d'approvisionnement en eau potable;
- l'éducation pour la santé.
287
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
DIALLO, S., NDIR, O., SOUARÉ, D., GAYE, O. et DIENG, TH. (1990). Prévalence
des bilharzioses et des autres parasitoses intestinales dans le bassin du fleuve
Sénégal. Doc. ronéo. Serv. de Parasitologie, Fac. de Médecine, Dakar.
DIAW, O.T., VASSILIADES, G. et SARR, Y. (1990). Prolifération des mollusques
après la construction du barrage de Diama au Sénégal. - Bull. Soc. Frse.
Parasit., 8, supplément n° 2, 802.
GANNETT-FLEMING (1978). Evaluation des effets sur l'environnement
d'aménagements prévus dans le bassin du fleuve Sénégal. Rapport spécial,
Santé publique, Doc. OMVS, Dakar.
GAYE, O., DIALLO, S., DIAW, O.T. et FAYE, O. (1991). Bilharziose intestinale
dans la commune de Richard-Toll. Aspects épidémiologiques et
retentissements cliniques. Médecine d'Afrique noire, 38, 11.
SOUARE, D. (1990). Prévalence des bilharzioses et autres parasitoses entériques dans
la vallée du fleuve Sénégal. Thèse Pharmacie, Dakar, 85.
TALLA, L, BELOT, J., VERLE, P., KONGS, A., SARR, S. et COLL, A. M. (1990).
Observations sur un nouveau foyer de schistosomose à S. mansoni dans la
vallée du fleuve. Bull. Soc. frse Parasit, 8, supplément n° 2, 802.
288
EXPLOITATION ET GESTION DES
RESSOURCES
Résumé
Les ressources halieutiques côtières sénégalaises, exploitées par les pêcheries artisanales
et industrielles, se répartissent en deux groupes: les ressources pélagiques (sardinelles,
chinchards, maquereaux) et les ressources démersales comprenant des poissons, des
crustacés et des céphalopodes.
En ce qui concerne les ressources pélagiques, elles sont localement surexploitées sur la
Petite Côte. Pour les ressources démersales, si, globalement elles semblent très fortement
exploitées, il reste que les stocks peuvent être à des niveaux d'exploitation différents.
Le développement des pêcheries dépend donc de l'état des ressources qui leur sont
accessibles, de l'accès effectif à ces ressources et de la rentabilité des unités de pêche.
C'est ainsi que le potentiel disponible sera évalué et que les moyens mis en œuvre pour
accéder à ces ressources et les perspectives de développement de chacune des pêcheries
seront abordées.
Abstract
291
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
1. INTRODUCTION
L'exploitation des richesses halieutiques littorales présente des retombées importantes
sur les plans économique (revenus des pêcheurs, finances publiques, etc.) et social
(emplois à terre et en mer).
Les principales ressources halieutiques exploitées par les flottilles industrielles et artisa
nales le long du littoral sénégalais peuvent être réparties en deux groupes essentiels:
- les ressources démersales côtières (crevettes, soles, dorades, mérous, seiche, poulpe,
etc.);
- les ressources pélagiques côtières (sardinelles, chinchards, maquereaux).
Le développement des pêcheries artisanale et industrielle est cependant étroitement lié
à l'état d'exploitation des ressources potentiellement accessibles et à l'accès effectif à
ces ressources renouvelables; il dépend également de la rentabilité des unités de
pêche mises en œuvre. Ce développement doit dès lors reposer sur des options judi
cieuses de gestion des stocks exploités et d'aménagement afin de garantir la pérennité
de ces ressources et un meilleur équilibre entre les diverses composantes du système
d'exploitation.
292
7 uoiiD)iojdx^' sap saornossB^ SdnbimdipH sajaijoj
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
294
L 'Exploitation des Ressources Halieutiques Côtières
295
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
L 'Exploitation des Ressources Halieutiques Côtières
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
298
L 'Exploitation des Ressources Halieutiques Côtières
Tableau 1 Prises (en tonnes) de petits pélagiques côtiers réalisées par les pêcheries
artisanale et industrielle (source: CRODT, 1992a)
Espèces Pêcherie artisanale Pêcherie industrielle
Ethmalose 16 606,7 130,0
Sardinelle ronde 81 553,7 9 537,0
Sardinelle plate 64 783,8 6 676,0
Brochet 887,2 3,2
Mulet 7 708,7 -
* dont 4,070 tonnes correspondant aux prises accessoires des chalutiers de fond
299
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
Tableau 2 Prises (en tonnes) des espèces démersales réalisées par les pêcheries
artisanale et industrielle sénégalaise et étrangère (source: CRODT, 1992a)
300
L 'Exploitation des Ressources Halieutiques Côtières
301
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
Tableau 3 Rentabilité des unités de pêche artisanale et des sardiniers (source: Kébé
et al., 1991; Dème, 1988; Dème et al., 1990)
2
<D .i_a)
— r> "S o
w
c <
lu. <a)
û. « S
EO « CD c
tt) -~- a- '5 » 3
T3 i3 £ 1 ■* (0 r>
_ (O 0) g> ?<
C LL.
S'îlS -g il
o. « r E «O
w > iô o <u ,S «un. ro m <u
o .£ S. z et s. a: — h
H 3 o
LN 294 080 3 - - - - 258 - -
Saint- Louis FM.D 800 700 3 40 403 1 454 300 49 24 95 77 2 639 500
LN/FMD 600 225 3 3 240 116 650 250 -42 000
Kayar LN (MO) 122 900 5 13 450 484 200 47 25 166 31 1 098 200
Yoff LN 175 387 4 21 908 525 800 46 26 122 27 1 376 015
Ouakam FMD 280 800 4 266
LN 182 900 4 20 975 503 400 41 29 80 16 1 304 920
Soumbé- LN/PN 249 480 3 21620 518 880 42 28 102 17 1 094 575
dioune
LM/PM 262 550 6 26 039 324 940 19 62 196 16 2 177 810
Hann LN 284 130 7 28 822 461 724 5 221 183 3 2 474 620
LM/PM 153 745 7 22 220 303 280 0.5 212 0,3 1 873 580
PN 228 000 3 44 448 1 162 764 140 9 58 35 2 993 680
LM/PM 243140 5 35 220 845 269 48 25 157 31 2 908 010
Mbour-Joal FMD 198 500 7 37 818 1 361 460 79 15 88 35 4 327 160
ST 421 020 20 55 400 402 654 47 16 16 8 19 539 160
FME 370 025 8 34 041 1 665 587 13 90 26 2 3 661 349
Casamance LM 218170 7 22194 402 654 47 26 362 51 2 008 350
Dakar SARD 1 800 000 14 95 468 - - - 54 - -519 000
302
L 'Exploitation des Ressources Halieutiques Côtières
303
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
304
L 'Exploitation des Ressources Halieutiques Côtières
Dans certains cas l'équipage est mieux rémunéré que les armateurs. Cependant la
rémunération moyenne mensuelle d'un pêcheur embarqué est relativement faible, no
tamment pour les unités de pêche à la ligne et/ou au filet dormant à Saint-Louis; pour les
autres, elle est comprise entre 13 000 et 41 000 F CFA; le plus important revenu est
observé pour les unités de pêche à la senne tournante.
Les sardiniers dakarois présentent une situation financière déficitaire liée à la lourdeur
des charges d'exploitation contrairement aux unités de pêche artisanale opérant sur les
mêmes sols (sennes tournantes et filets maillants encerclants) (DEME, 1988).
305
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
6. PERSPECTIVES DE DEVELOPPEMENT ET
RECOMMANDATIONS EN MATIERE DE GESTION
306
L 'Exploitation des Ressources Halieutiques Côtières
307
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
308
L 'Exploitation des Ressources Halieutiques Côtières
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
BOELY, T., CHABANNE, J. et FREON, P. (1978). Schémas migratoires, aires de
concentrations et périodes de reproduction des principales espèces de poissons
pélagiques côtières dans la zone sénégalo-mauritanienne. In: Rapport du
groupe de travail ad-hoc sur les poissons pélagiques côtiers ouest-africains
de la Mauritanie au Libéria (26°N à 5°N). Dakar, Sénégal, COPACE/PACE,
sér. 78.10: 63-70.
BRENDEL, R., CHABOUD, C., DUCRET, P., FOUCAULT, F. et ROJAT, D.
(1992). Bilan économique du secteur de la pêche au Sénégal en 1987.
CRODT/MDM, 45 p.
CAVERIVIERE, A. et THIAM, M. (1992). Indices d'abondance et niveaux
d'exploitation des espèces démersales du plateau continental sénégalais.
Estimation à partir des résultats des campagnes de chalutage stratifié
(1986-1991). Doc. Scient. CRODT, n° 132, 147 p.
CAVERIVIERE, A. et THIAM, M. (1992). Les campagnes de chalutage de fond du
N/O Louis-Sauger. Etudes sur l'échantillonnage et les traitements statistiques
pouvant être étendues à l'Atlantique Intertropical Est. Cent, de Rech.
Océanogr. Dakar-Thiaroye. Doc. Scient., CRODT, n° 131, 48 p.
CHABANNE, J. (1987). Le peuplement des fonds durs et sableux du plateau
continental sénégambien. Etude de sa pêcherie chalutière. Biologie et
dynamique d'une espèce caractéristique: le rouget (Pseudupeneus prayensis).
Edition de l'ORSTOM, Collection Etudes et Thèses. Paris, 355 p.
CRODT (1985). Plan Directeur Sud. Approche globale du système "pêche" dans les
régions du Sine-Saloum et de la Casamance. Contribution à l'élaboration d'un
plan directeur pour le développement des pêches dans le Sud du Sénégal.
Convention CRODT/R.I., Doc. int. CRODT, 674 p.
CRODT (1992a). Statistiques de la pêche maritime sénégalaise en 1989. Arch. Cent.
Rech. Océanogr. Dakar-Thiaroye, 183, 93 p.
CRODT (1992b). La situation des ressources halieutiques en 1991 et
recommandations en matière de gestion. Doc. Int. CRODT, 8 p.
DEME, M. et DIADHIOU, H.D. (1990). Pêche des pirogues glacières à la ligne en
Casamance: aspects biologiques et socio-économiques. Doc. Scient. Cent.
Rech. Océnogr. Dakar-Thiaroye, 120.
DEME, M. (1988). Etude économique et financière de la pêche sardinière
sénégalaise. Doc. Scient. Cent. Rech. Océanogr. Dakar-Thiaroye, 107, 66 p.
DOMAIN, F. (1980). Contribution à la connaissance de l'écologie des poissons
démersaux du plateau continental sénégalo-mauritanien. Les ressources
démersales dans le contexte général du golfe de Guinée. Thèse Doct. Etat, Sc.
Nat. Université Pierre et Marie Curie. Paris VI et Mus. Nat. Hist. Nat.,
2 vol., 342 et 68 p.
309
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
310
LA PECHE DANS LES ESTUAIRES DU SENEGAL
Résumé
Les milieux continentaux sénégalais ont subi deux types d'agression qui ont fortement
affecté le potentiel halieutique exploitable :
- une agression naturelle liée au déficit pluviométrique de ces dernières années,
entraînant une augmentation de la salinité notamment en Casamance et au Sine-
Saloum;
- une agression anthropique consécutive aux aménagements hydro-agricoles (endi-
guements, barrages, cultures irriguées...) qui ont réduit les surfaces inondées,
diminuant de ce fait, les zones de reproduction et de nurserie.
A cela, il faut ajouter de mauvaises pratiques de pêche, des moyens de production souvent
vétustes (surtout dans le bassin du fleuve Sénégal) et une politique d'encadrement
inefficace du fait d'un manque de moyens humains et matériels, et l'absence d'une
législation bien adaptée au contexte environnemental actuel.
D'une production moyenne d'environ 50 000 t vers les années 1972-1978, les captures
de la pêche continentale sénégalaise actuelle sont tombées à environ 30 000 t. Des
mesures énergiques et immédiates s'imposent.
Abstract
311
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
INTRODUCTION
Depuis plus de deux décennies, le Sénégal connaît un déficit pluviométrique persistant
qui a considérablement bouleversé l'écologie et l'exploitation des ressources des eaux
estuariennes.
A cette agression naturelle s'ajoute une deuxième d'ordre anthropique consécutive aux
aménagements hydro-agricoles (endiguements, barrages, cultures irriguées) qui ont
réduit les surfaces inondées diminuant de ce fait les zones de reproduction et de nurserie
(DIOUF et BOUSSO, 1988).
Cette conjonction de faits a provoqué une réduction considérable du potentiel halieuti
que. D'une production moyenne d'environ 50 000 t vers les années 1972, la production
de la pêche estuarienne sénégalaise est tombée à environ 30 000 t (DIOUF et al. , 1 99 1 ).
Or, cette pêche est d'une importance capitale pour les populations riveraines pour deux
raisons:
- elle constitue la principale source de protéines animales (plus de 90% dans certaines
localités, notamment au niveau des îles du Saloum);
- elle est une source non négligeable de revenus.
Il semble donc important d'étudier la pêche estuarienne pour bien comprendre sa
dynamique et promouvoir des actions qui permettront de la revitaliser.
Pour ce faire, nous présenterons brièvement les principales caractéristiques environne
mentales, puis nous aborderons les problèmes liés aux ressources, aux moyens de
production, à l'exploitation et enfin à la gestion.
312
La Pèche dans les Estuaires du Sénégal
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
2. LES RESSOURCES
314
La Pêche dans les Estuaires du Sénégal
2.2. La Casamance
Poissons
Plus de soixante quinze espèces de poissons regroupées en trente neuf familles consti
tuent le peuplement ichtyologique de l'estuaire de la Casamance (ALBARET, 1984).
Les formes d'origine marine et estuarienne représentent l'essentiel de cette icthyofaune
avec plus de soixante dix espèces. Les Carangidae (7 espèces), les Mugilidae (8), les
Scianidae (5) les Cichlidae et les Pomadasydae (4) sont les principales familles de ce
peuplement. Cette richesse spécifique n'est cependant pas la même sur tout le fleuve
(ALBARET, 1987). Elle diminue de l'aval vers l'amont. La zone de l'embouchure à
Ziguinchor (sous influence marine) est la plus riche et la plus diversifiée. Les formes
marines y dominent. La région de Goudomp est une zone charnière; la richesse spécifique
est de moitié moins importante que dans la première zone. Dans la zone d'étendue d'eau
sursalée permanente, le peuplement est réduit à 5 ou 6 espèces. Au-delà de cette zone,
vers Dianah-Malari, une seule espèce, Sarotherodon melanotheron, subsiste en saison
sèche lorsque la salinité devient trop élevée (supérieure à 70%o). En saison de pluies
lorsque la salinité baisse considérablement, quelques espèces d'origine marine et conti
nentale remontent. Il s'agit de Tilapia guineensis, Elops lacerta, Ethmalosafimbriata,
Hemichromisfasciatus et Clarias senegalensis.
La salinité est le principal facteur limitant de cette distribution spatio-temporelle
(ALBARET, 1987).
La taille moyenne des espèces diminue de l'aval vers l'amont. Nous ne disposons
d'aucune évaluation du potentiel exploitable dans l'estuaire de la Casamance. Toutefois
d'après les statistiques de la Direction de l'Océanographie et des Pêches Maritimes, les
captures en Casamance, depuis une dizaine d'années, seraient assez stables et d'environ
9 000 t/an. D'après des enquêtes du CRODT réalisées en 1985 ce chiffre serait sous-e-
stimé et la production serait supérieure à 14 000 t. On peut raisonnablement fixer le
potentiel exploitable en Casamance entre 9 000 t et 14 000 t.
Crevettes
Les ressources en crevettes de la Casamance varient en fonction de la salinité. Dans les
limites de salinité observées depuis le début de la pêcherie (1960), les captures peuvent
varier entre 700 et 1 600 tonnes. La taille des crevettes pêchées varie dans le même sens
que les captures. Dans ces conditions, si l'on se réfère à la période où les crevettes ont
été pêchées uniquement avec des filets fixes, c'est-à-dire jusqu'en 1984, la valeur de la
production peut varier dans un rapport de 1 à 4.
Les captures maximales sont obtenues pour les conditions de salinité correspondant à
une pluviométrie moyenne sur plusieurs années comprise entre 1 100 et 1 200 mm à
Ziguinchor. Cela correspond à une situation de déficit pluviométrique si l'on se réfère à
la pluviométrie qui a prévalu entre 1920 et la fin des années 1960 (1 500 mm). Le déficit
pluviométrique a donc été dans l'ensemble favorable pour la pêche crevettière dans
l'estuaire. Ce n'est qu'en 1984-1985 que, la sursalure étant devenu trop forte, les captures
ont fortement chuté.
315
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
2.3. Le Sine-Saloum
Poissons
Quatre vingt-cinq espèces de poisson ont été inventoriées dans l'estuaire du Saloum, dont
une nouvelle pour la science. Il s'agit d'un mulet du genre Liza. Comme pour la
Casamance, l' ichtyofaune du Saloum est dominée par les espèces marines et estuariennes
(DIOUF, 1992). Le Bandiala, un des trois bras qui constituent le complexe estuarien du
Saloum, est à peu près deux fois plus riche en espèces que les deux autres. Nous avons
comparé l' ichtyofaune du Saloum à celle de la Casamance et du fleuve Sénégal en
utilisant le coefficient de similitude de SORENSEN (1948) basé sur l'absence et la
présence des espèces et dont la formulation est:
S- 2a
2a + b + c
où:
a = nombre d'espèces présentes dans les deux milieux à comparer
b = nombre d'espèces présentes dans le premier milieu et absentes dans le second
c = nombre d'espèces absentes dans le premier et présentes dans le second.
On obtient un coefficient de similitude de 0,76 entre l' ichtyofaune du Saloum et celle de
la Casamance et de 0,42 entre celle du Saloum et du fleuve Sénégal. Il apparaît que la
faune du Saloum présente une affinité plus grande avec celle de la Casamance qu'avec
celle du fleuve Sénégal. Ce qui se comprend aisément si l'on sait que l'évolution
hydrologique des deux premiers est identique.
En ce qui concerne le potentiel exploitable, nous pensons qu'il doit être de tiers inférieur
à celui de la Casamance, les milieux étant comparables au point de vue productivité,
alors que le Saloum a une superficie qui fait approximativement les deux tiers de la
Casamance.
Crevettes
Alors que la surface en eau du Saloum correspond à peu près aux deux-tiers de celle de
la Casamance, les captures maximales de crevettes sont quatre à cinq fois moins
importantes. Cela est principalement dû en partie à la surface des eaux qui provoque un
départ vers la mer des crevettes de petite taille.
Il est certain cependant qu'étant donné la faible valeur des crevettes, les mareyeurs ne
visitent que les centres les plus accessibles. En octobre 1990, par exemple, seules les
crevettes pêchées dans la zone de Foundiougne étaient mareyées; les pêcheurs de
Missirah, en l'absence de mareyage, ne sortaient donc plus. L'activité de pêche dépen
dant entièrement des possibilités de mareyage, de vastes zones sont ainsi inexploitées.
Dans le Saloum les crevettes sont pêchées avec des filets en forme de poche, les killi,
traînés par deux hommes le long des berges où les crevettes, indépendamment des
conditions environnementales, sont de petite taille. Des crevettes plus grosses pourraient
être capturées avec des filets fixes dans le chenal. Lors d'essais effectués à Foundiougne
en 1972 la taille moyenne des crevettes capturées avec le killi était de 6,7 cm et celle des
crevettes capturées avec le filet fixe de 8 cm; la maille des killi était pourtant plus grosse
que celle des filets fixes (12 mm contre 8 mm de côté). Une solution intermédiaire
316
La Pêche dans les Estuaires du Sénégal
pourrait être l'emploi de filets maillants dérivants tels que ceux utilisés en Casamance et
qui peuvent être utilisés dans la zone située entre le chenal et la berge ou dans le chenal
si le courant est faible. Si, en Casamance, ces filets sont nocifs par rapport aux filets fixes
qui ont fait la preuve de leur efficacité et qui, dans les conditions locales, peuvent être
considérés comme les plus rationnels, dans le Saloum ils seraient un moindre mal par
rapport aux killi. Par ailleurs, lorsque le courant est trop faible, ce qui est peut-être souvent
le cas et explique leur absence au Saloum, les filets fixes ne sont plus performants.
Une valorisation de la production pourrait favoriser le mareyage et permettre d'exploiter
plus complètement les potentialités existantes.
3. MOYENS DE PRODUCTION
317
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
318
La Pêche dans les Estuaires du Sénégal
D'autres engins existent dans ces milieux. Ce sont les éperviers, les palangres appâtées
(armandinga) ou non appâtées (dolinke), les barrages et palissades pièges, les nasses, les
filets fixes à crevettes (moudiasses) et les filets actifs à crevettes (killi et chalut).
4. EXPLOITATION
4.1. Casamance
Sur l'ensemble de la Casamance, de mars 1984 à février 1985, la prise a été estimée par
le CRODT à 14 250 tonnes de poissons dont 4 707 t de tilapias, 2 917 t d'éthmaloses,
1 891 t d'arlius, 1 331 t de mulets et 1 087 t d'otolithes. Dans cette estimation, la zone
maritime fournit 27% des débarquements et la zone estuarienne 73%.
En ce qui concerne les crevettes, 1 000 à 1 600 t sont débarquées annuellement
(LERESTE, 1986).
319
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
4.3. Saloum
La production actuelle de la pêche artisanale au Saloum est estimée à 10 000 tonnes
(BOUSSO, 1991). Les captures réalisées au niveau de l'estuaire et des bolons se situent
autour de 8 000 t dont 30% d'ethmaloses, 29% de mulets, 15% de tilapias et 26% de
divers (Pomadasys, Arlus, Polvdactylus, Sphyraena, Caranx, Pseudotolithus sp., etc.).
Il semblerait que les ressources estuariennes soient pleinement exploitées en Casamance
et au Saloum. Par contre au fleuve Sénégal juste avant le conflit sénégalo-mauritanien,
il y avait surexploitation (DIOUF et al., 1 99 1 ).
6. DISCUSSION
L'environnement physique actuel des estuaires du Sénégal est globalement défavorable.
En effet, le déficit pluviométrique et son corollaire, l'hyperhalinité des systèmes estua-
riens locaux ont affecté les ressources halieutiques. Toutefois les parties aval de la
Casamance et du Saloum, le Bandiala dans sa totalité et le Diomboss à un degré
moindre renferment toujours une ichtyofaune relativement diversifiée et riche. Ce sont
surtout les ressources des parties amont des systèmes estuariens locaux qui ont souffert
de la péjoration de l'environnement. Ces biefs amont sont devenus très pauvres en
espèces.
En ce qui concerne le fleuve Sénégal, qui comme nous l'avons dit précédemment est du
type estuarien sous-régional, c'est surtout les aménagements hydro-agricoles et les
mauvaises pratiques de pêche qui sont à l'origine de la diminution drastique du potentiel
exploitable.
Ces milieux "agressés" par la nature et par l'homme, sont devenus très fragiles. Ce qui
rend leur aménagement délicat. Il est indispensable d'accompagner toute action de
développement d'une recherche approfondie afin d'éviter des catastrophes écologiques
dont les conséquences sociales et économiques peuvent être très graves.
Il est évident, vu l'état d'exploitation des ressources, que l'accent doit être mis sur la
gestion et donc l'encadrement. Toute action visant à augmenter directement les captures
doit être considérée avec beaucoup de prudence et à la limite devrait être évitée.
320
La Pêche dans les Estuaires du Sénégal
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ALBARET, J.J. (1984). Rapport de mission en Casamance (Sénégal), du 19 mars au
1er avril. Doc. Int. Cent. Rech. Ocèanogr. Dakar-Thiaroye, 12 p.
DIOUF, P.S. (1991). La pisciculture dans le bassin du fleuve Sénégal. Doc. Scient.
CRODT, 125, 25 p.
DIOUF, P.S. (1992). Bio-écologie des poissons de l'estuaire du Sine-Saloum. Rapp.
d'activité chercheur associé, 7 p.
321
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
DIOUF, P.S., KÉBÉ, M., LE RESTE, L., BOUSSO, T., DIADHIOU, H.D. et GAYE,
A.B. (1991). Plan d'action forestier - Pêche et aquaculture continentales.
Volume I : Diagnostic, CRODT/MDRH/FAO, 263 p. Volume II : Propositions
d'actions CRODT/MDRH/FAO, 32 p.
LE RESTE, L. (1986). La pêche crevettière artisanale en Casamance, In: L 'estuaire de
la Casamance: environnement, pèche, socio-économie. Le Reste, L., Fontana
A., Samba A. (éds). 245-254 p.
REIZER, C. (1974). Définition d'une politique d'aménagement des ressources
halieutiques d'un écosystème aquatique complexe par l'étude de son
environnement abiotique et anthropique. Thèse doct., Arlon FUL, 6 vol., 505 p.
SORENSEN, T. (1948). A method of establishing groups of equal amplitude in plant
sociology based on similarity of species content and its application to analysis
of vegetation on Danish commons. Bio. Sher., 5: 1-34.
322
LA TRANSFORMATION ARTISANALE DES
PRODUITS HALIEUTIQUES SUR LE LITTORAL
ET SON IMPACT SUR L'ENVIRONNEMENT
Absa GUEYE-NDIAYE
Département de Biologie Animale, Faculté des Sciences et Techniques,
Université Cheikh Anta Diop, Dakar, Sénégal
Résumé
Abstract
323
Côtières et Littorales de Sénégal
However, this activity which is important and useful to adeveloping country, creates
enormous health problems, in particular in the large processing areas. They generate
considerable waste and vast swarms of insects. Nevertheless, the state and the different
non-governmental institutions that operate in this field pay little attention to this
aspect.
The locality ofMbour on the Petite Côte, a big processing centre, will be used to illustrate
this.
The evaluation of processing waste through the production of fish flours and fertilizers
is recommended, and that more attention should be paid to this aspect in projects
concerning this sector.
INTRODUCTION
Au Sénégal, le poisson constitue 60% de l'apport en protéines animales des populations
(TOURY et al, 1970), mais par suite d'un faible développement de la chaîne de froid,
la consommation en frais, très importante sur la côte (45 kg/personne/an à Dakar), est
faible dans les régions rurales de l'intérieur (7 kg/personne/an, autour de Louga).
Pour contourner ces difficultés et valoriser au mieux les captures, le secteur de la
transformation artisanale s'est bien développé; il absorbe 30 à 50% des débarquements
de la pêche artisanale, qui elle-même constitue les 2/3 du total des mises à terre. En 1985,
1 5 763 tonnes de produits transformés ont été obtenus à partir de 50 à 60 000 tonnes de
frais (DOPM, 1985).
Cette activité de transformation des produits de la pêche est très importante; elle fournit
du travail et des revenus à un grand nombre de personnes: femmes du littoral, chômeurs,
paysans saisonniers; elle participe à la réalisation de l' autosuffisance alimentaire, et
rapporte des devises au pays, par l'exportation vers les autres pays africains, mais aussi
vers l'Asie et l'Europe.
Cependant, elle produit de nombreux déchets au niveau des sites de transformation situés
généralement sur les plages de débarquement, et entraîne souvent des nuisances dans les
localités environnantes. Pour appréhender ce problème, nous prendrons l'exemple du
site de transformation de la plage de Mbour où nous avons eu à travailler de mai à octobre
1991.
Après un recensement des méfaits constatés, nous indiquerons les perspectives de
valorisation des sous-produits de la transformation artisanale et des surplus de la pêche
pour une meilleure préservation de l'environnement sur le littoral.
324
La Transformation Artisanale des Produits Halieutiques
325
Côtières et Littorales de Sénégal
POISSONS
326
La Transformation Artisanale des Produits Halieutiques
327
Côtières et Littorales de Sénégal
Mbour est le premier centre de transformation artisanale du Sénégal pour les quantités
produites. Sur ce site, l'activité de transformation a lieu toute l'année, même en hiver
nage, et emploie de nombreux travailleurs saisonniers venant des zones rurales pendant
la saison sèche.
Tambadiang 1 945
Sali 9,95
328
La Transformation Artisanale des Produits Halieutiques
329
Côtières et Littorales de Sénégal
Planche 3 Détail de l'aire de braisage avec son sable noir. Au premier plan,
sardinelles fraîches, étalées à même le sol, pour être braisées. Au fond,
tas d'épluchures de poisson, utilisés pour fertiliser les cultures maraîchères
Planche 4 Ecran de fumée, observé dans la ville, à environ 250 mètres de l'aire de
braisage
330
La Transformation Artisanale des Produits Halieutiques
A cause de ces nuisances, et du fait que Mbour est un carrefour touristique important,
par les nombreuses infrastructures hôtelières qui l'entourent comme le complexe de
Saly Portudal, le domaine de Nianing, etc., les pouvoirs publics ont décidé à partir
de 1970 de transférer la transformation sur le site de Mballing situé à environ 5 km
de Mbour.
La zone a été aménagée depuis 1977 pour accueillir les artisans transformateurs, mais
jusqu'à présent, pour différentes raisons liées à l'équipement et à l'accessibilité du site,
ceux-ci n'ont pas encore déménagé. A l'heure actuelle, seuls quatre G.I.E. (soit environ
60 personnes), s'y sont installés, mais commencent à éprouver d'énormes difficultés pour
s'approvisionner en matière première et écouler leur production.
Au-delà même du problème de transfert de Mbour à Mballing, c'est de façon globale la
question de l'insalubrité et des nuisances liées à cette activité de transformation artisanale
des produits halieutiques qui est posée. Une réflexion doit lui être consacrée pour trouver
les solutions les plus adéquates.
331
Côtières et Littorales de Sénégal
332
La Transformation Artisanale des Produits Halieutiques
CONCLUSION
La transformation artisanale des produits halieutiques est un secteur d'une importance
capitale pour notre pays; il s'organise de plus en plus avec l'aide des pouvoirs publics et
de certaines institutions internationales et non gouvernementales.
Pour sa promotion, les objectifs visés jusqu'ici sont essentiellement l'amélioration des
conditions et techniques de transformation ainsi que celle de la qualité des produits; il
faut aussi limiter les pertes dûes aux insectes et rechercher plus de débouchés pour
l'exportation.
On devra ajouter à cela la valorisation des déchets de production en les transformant en
engrais et aliments du bétail. Cela résoudrait en grande partie les problèmes d'insalubrité
et de nuisances rencontrés, et assurerait une meilleure intégration des activités d'agricul
ture, d'élevage et de pêche sur le littoral. Ainsi, la vocation touristique de cette zone
pourra être mieux respectée car son environnement serait mieux préservé.
REMERCIEMENTS
L'auteur remercie la Fondation Internationale pour la Science (F.I.S.) pour son soutien
financier.
333
Côtières et Littorales de Sénégal
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
BROWN, N., SUMMER, J. (1985). Fish Silage: Spoilage of tropical fish and product
development. Proc. of Symp. VIe Session of Indo-Pacific Fishery Commission
Working Party on Fish Technology and Marketing, Melbourne, 23-26 October
1984. FAO-Fisheries Report 317.
CLUCAS, J. (1986). Manutention, conservation et transformation du poisson sous les
tropiques. 2àne Partie. TDRI G- 145, M.C.T.A., Wageningen.
334
VALORISATION DES ACTIVITES AQUICOLES
EN FILIERE DE DEVELOPPEMENT A LA BASE
Résumé
Les estuaires et zones à mangrove sont connus pour être des milieux fragiles mais qui
jouent un rôle important dans le développement des nations du fait de leur forte
productivité.
La forêt de mangrove occupe environ 1 8 000 ha au Sénégal, dans les estuaires du Saloum
et de la Casamance.
Aujourd'hui, malgré de nombreux travaux sur la mangrove, il n'existe pas de plan
d'aménagement de ce milieu. Les ressources malacologiques de la mangrove sont
insuffisamment connues du point de vue quantitatif; elles sont pour l'essentiel exploitées
traditionnellement et donc peu valorisées. Ces activités concernent l'exploitation de
l'huître, de l'arche, du Cymbium et du murex.
On note des changements dans l'exploitation de ces mollusques, en partie liés à l'assou
plissement des contraintes naturelles. Cependant, les questions essentielles demeurent :
- Que faut-il faire pour rationaliser ces exploitations?
- Comment faire pour valoriser ces produits au bénéfice des populations concernées?
Des propositions d'aménagement ont été élaborées. Il faudrait les rendre applicables,
procéder à l'analyse critique des projets initiés depuis les indépendances , ces projets
n'ayant pas donné les résultats escomptés.
Enfin, pour une meilleure connaissance des estuaires, plus particulièrement celui du
Saloum, et de leurs ressources, il convient d'intégrer l'impact possible de la remontée
du niveau marin.
Abstract
Estuaries and mangrove areas are known as fragile environments, yet they play an
important part in the national economic development owing to their high productivity.
Mangrove forests cover about 18 000 ha in Senegal, in the Saloum and Casamance
estuaries.
Today, despite numerous studies on mangroves, there are no development plans for these
areas. The malacologic resources in the mangrove are not sufficiently well understood,
quantitatively speaking; they are mostly exploited on a small-scale basis and therefore
335
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
not adequately evaluated. These activities are the exploitation of oysters, clams, Cym-
bium and Murex.
There are changes in the exploitation ofthese molluscs, related partly to the reduction in
naturel constraints. However, the basic issues still exist:
- What can be done to rationalize this exploitation?
- How can these products be evaluated to the benefit of the populations concemed?
Development proposals have been elaborated and it is necessary to make them become
operative, and to proceed to a critical analysis ofthe projects as since their inception they
have not produced the results anticipated.
Lastly, in order to gain a better knowledge of estuaries, more particularly the Saloum's,
and their resources, it is advisable to take into account the possible impact of sea level
rise.
1. INTRODUCTION
Les estuaires et zones de mangrove sont connus pour être des milieux fragiles jouant un
rôle important dans le développement des nations du fait de leur forte productivité. La
mangrove occupe 1 8 000 ha au Sud du territoire du Sénégal, au niveau des estuaires du
Saloum et de la Casamance, et s'étend vers le Sud jusqu'en Angola.
Dès 1979, un atelier organisé par l'UNESCO avait préconisé une stratégie d'étude et de
mise en valeur des zones côtières d'Afrique. C'est ainsi que de nombreuses structures
de recherche et des directions de services étatiques ont largement contribué à une
meilleure connaissance de l'écosystème de la mangrove dans des disciplines extrême
ment variées.
Malgré cette multitude de travaux sur la mangrove, il n'existe pas encore de plan
d'aménagement global de ce milieu au Sénégal. Les ressources de la mangrove sont
encore insuffisamment connues du point de vue quantitatif; elles sont encore exploitées
traditionnellement, peu valorisées et il n'existe pas une véritable politique de dévelop
pement de cette filière. Ces ressources semblent donc avoir été oubliées par les pro
grammes de recherche et de développement du pays, alors qu'elles sont convoitées
ailleurs (notamment par les pays d'Asie et du Pacifique où elles permettent d'entretenir
une multitude d'entreprises).
Que faut-il faire pour rationaliser ces espaces, valoriser ces produits au bénéfice des
populations concernées et impulser un regain à l'économie rurale sénégalaise sur la base
de l'exploitation de ces ressources? Nous demeurons convaincus que le développement
de l'aquaculture se présente aujourd'hui comme la solution optimale pour un dévelop
pement endogène de ces zones estuariennes. Aussi invitons-nous à réfléchir ensemble
autour des questions suivantes:
- Pourquoi l'exploitation des ressources malacologiques de la mangrove?
- Pourquoi en rationaliser l'exploitation?
- Pourquoi l'aquaculture comme technique d'exploitation?
- Quelles sont les conditions nécessaires à la réussite d'une politique de développe
ment de cette filière?
336
Valorisation des Activités Aquicoles
337
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
Si on compare ainsi l'arche à quelques aliments communs tels que le poisson et la viande,
on constate qu'elle est 1,4 fois plus riche en protéines que le poisson. De par sa forte
teneur en protéines, parfaitement assimilées par le métabolisme humain et du fait de la
présence des hydrates de carbone, l'arche représente un élément essentiel d'équilibre
pour les populations côtières des îles du Saloum, soumises à différentes carences
alimentaires essentiellement céréalière et végétarienne.
Les mollusques sont continuellement représentés dans le régime alimentaire annuel;
ils constituent une nourriture stable et une source de protéines quasiment à la portée
de tous.
338
Valorisation des Activités Aquicoles
5. CONCLUSION
Les ressources malacologiques ont été jusque là traitées en parent pauvre par les
politiques de développement du Sénégal, or elles jouent un rôle important dans les
activités socio-économiques des populations riveraines de la mangrove.
339
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
340
Valorisation des Activités Aquicoles
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
DEMARCQ, G., DEMARCQ, H. (1990). Découverte d'un biostrome récent à
Crassostrea (Bivalves) dans une mangrove du Sénégal. C.R. Acad. Sci. Paris
(2), 310: 651-654.
DESCAMPS, C. (1989) La collecte des arches (Anadara senilis L.) dans le
Bas-Saloum (Sénégal). Une approche ethnoarchéologique des amas
coquilliers. Travaux du LAPMO-Aix en Provence: 1 3 1 - 1 49.
SECK, A.A. (1986). L'exploitation des mollusques dans le cadre d'un aménagement
de la mangrove sénégalaise : le cas des huîtres et des arches. Mém. DEA Sc. de
l'Env. Univ. Dakar. 123p.
341
L'AQUACULTURE EN MILIEU CONTINENTAL
AU SENEGAL
Résumé
Abstract
Shrimp, oyster, and fish farming are the three types of aquaculture in Senegal.
Oyster farming has been practised in Sokone, Sine-Saloum, from 1965 to the present
day, and in Joal, on the Petite Côte, since the forties. Today this activity is experiencing
certain diffïculties. There is no more oyster spawn in the naturel fields in the immediate
vicinity of the farming sites.
Semi-intensive shrimp farming has been experimentally carried out in Basse-
Casamance since 1983. Seven species, among which two are local, have been tried. The
best results were obtained with the imported species Penaeus monodon; but they are still
not good enough to consider for commercial shrimp farming in Casamance at present.
343
Ressources Côtières et Littorales du Sénegal
Fish farming is little developped. After raising great hopes at first, fish farming in the
River Senegal now has great diffïculties due to several environmental, technical, admi
nistrative and socio-economic constraints. Traditionnal fish farming which has been
practised in Casamance for a long time, is now in decline.
INTRODUCTION
Il est de plus en plus question d'aquaculture au Sénégal. Le Sénégal est en effet un grand
pays consommateur de poisson, avec une population qui ne cesse d'augmenter. Jusqu'en
1 985, les captures des principales espèces côtières ont augmenté régulièrement. Actuel
lement, la plupart des stocks sont pleinement exploités et certains sont même menacés
de surexploitation (CRODT, 1985).
Depuis plus de deux décennies, des expériences sont menées en aquaculture au Fleuve,
au Sine-Saloum et en Casamance. Il était donc nécessaire de faire le point sur les résultats
acquis.
Un autre objectif, celui là à moyen terme, est de fournir les orientations qui permettront
de mieux préciser les objectifs de recherche.
La plupart des données qui ont permis de faire l'étude proviennent de services d'enca
drement. Les seuls travaux de recherche disponibles sont ceux du CRODT et intéressent
l'aquaculture en Casamance. Dès lors, l'analyse et la comparaison des résultats n'ont pas
été aisées.
Le plan suivi s'articule autour de trois axes: l'ostréiculture, la crevetticulture et la
pisciculture.
1. OSTREICULTURE
1.1. Casamance
Les premiers essais d'aménagement de parcs ostréicoles ont débuté à la fin des années
1940. Des cadres de l'administration et des entrepreneurs privés en étaient les initiateurs
(CORMIER-SALEM, 1992).
344
L 'Aquaculture en Milieu Continental au Sénégal
345
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
1.2. Sine-Saloum
1.2.1. Historique
Avant 1965, il était difficile de parler d'ostréiculture au Sine-Saloum. L'activité princi
pale était une cueillette des huîtres sauvages. Ce n'est qu'après 1965 que le Service des
Pêches Maritimes a entrepris des actions de vulgarisation au niveau des producteurs
(BOUSSO, 1991).
Les premiers essais d'élevage ont commencé en 1968, d'abord par l'installation de parcs
d'expérimentation à Sokone (figure 1) Puis, des parcs d'élevage sont créés à Bambougar
ainsi qu'un bassin de stabulation pour le prédégorgement des huîtres avant leur expédi
tion aux Almadies à Dakar. Ces opérations devaient être financées par l'administration
locale par le biais de la taxe rurale.
En 1 968, la coopérative de Sokone est affiliée à celle de Joal plus expérimentée et mieux
équipée. Mais à partir de 1 97 1 , rien ne va plus avec la coopérative de Joal et la production
de Sokone, qui atteignait 7 200 douzaines pour une valeur commerciale de 620 119 F CFA
en 1967, a commencé à baisser pour atteindre 300 douzaines en 1980.
Il a fallu attendre 1983, avec l'arrivée d'un corps volontaire japonais et la création plus
tard du centre de pêche artisanale de Missirah, pour que l'ostréiculture soit relancée.
346
L 'Aquaculture en Milieu Continental au Sénégal
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
1.3. Conclusion
Nos prospections ont surtout intéressé les estuaires de Casamance et du Saloum, mais
l'état des gisements naturels du Nord du Sénégal est préoccupant (LEUNG TACK,
1991).
348
L Aquaculture en Milieu Continental au Sénégal
Les sites de la Somone, de Fasna, de Joal-Fadiouth sont épuisés. La mangrove y est très
dégradée. Il n'y a plus d'huîtres exploitables; les exploitants s'orientent alors vers les
stocks d'huîtres du Saloum où la mangrove, sous l'effet conjugué de la sécheresse et de
la pression humaine, n'existe plus en amont et aux environs immédiats des villages et
campements (BOUSSO, 1991).
En Casamance la mangrove est aujourd'hui dégradée du fait essentiellement des mau
vaises conditions du milieu. Les seuls parcs ostréicoles qui existent actuellement sont les
"bunoken". Les parcs aménagés grâce à des financements extérieurs et laissés entre les
mains des populations sont à l'état d'abandon. Les anciens GIE du "Projet Ostréiculture
en Basse-Casamance" n'ont pas poursuivi le travail au-delà du projet, comme ils
l'avaient promis lorsqu'ils ont demandé le matériel utilisé dans l'ancien projet. Les
résultats mitigés du projet sont sans doute la principale raison de cet abandon.
C'est dans un tel contexte que le Centre de Recherches Océanographiques de Dakar-
Thiaroye (CRODT) s'est penché sur les problèmes liés au captage des naissains d'huîtres,
phase-clé de la maîtrise de la culture des huîtres.
Pour le Saloum, un certain nombre de constats peuvent être faits:
- Jusqu'en 1964, les modes d'exploitation traditionnelle de l'huître étaient bien
adaptés aux conditions locales. Quelques améliorations seulement auraient suffi
pour lever les difficultés auxquelles étaient confrontés les ostréiculteurs (difficultés
de commercialisation notamment).
- Le captage des naissains et les techniques de grossissement ne sont pas maîtrisés.
Malheureusement, les détails de ces résultats partiels ne sont pas connus.
- Concernant les projets qui se sont succédés, il n'a jamais été fait cas, dans aucun
d'eux, de la situation de référence. L'analyse détaillée de la situation de référence
aurait permis de bénéficier des acquis, d'éviter les erreurs passées, de mieux définir
les objectifs. Toutes ces insuffisances ont conduit les promoteurs à un excès
d'optimisme et à une sous-estimation des difficultés techniques, organisationnelles,
commerciales et financières qui ont entraîné des échecs successifs.
- L'analyse objective des résultats est rendue aussi difficile par l'absence des fiches
techniques. Seuls les rapports administratifs conçus par les responsables du projet
ou les agents de la Direction de l'Océanographie des Pêches Maritimes (DOPM)
sont disponibles; dans ces rapports, les données techniques, environnementales et
bio-écologiques étaient difficiles à appréhender.
2. CREVETTICULTURE
Un projet de crevetticulture semi-intensive a été initié en 1983 au lieu dit Katakalouss,
en Basse-Casamance (figure 2).
Le site d'implantation du projet ne devait pas être trop éloigné de la mer pour que les
variations de salinité ne soient pas trop fortes; il devait néanmoins être représentatif
d'assez vastes étendues pour que l'expérience acquise sur le site puisse être extrapolée
lors du passage à la crevetticulture à grande échelle. Le site devait être assez facile d'accès
et présenter en outre des qualités pédologique spécifique (compacité notamment). Le site
de Katakalouss, qui fut retenu, semblait réunir tous les avantages. Il apparut par la suite
que la salinité pouvait varier entre 25 et 45%o.
349
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
350
L 'Aquaculture en Milieu Continental au Sénégal
534 millions F CFA. Le projet a donc bénéficié d'un budget confortable et on peut
considérer qu'il n'y a pas eu de contraintes d'ordre financier.
Au début de la deuxième phase, de nouvelles installations ont été réalisées:
- une écloserie prévue pour produire 1 à 2 millions de postlarves par mois avec salle
de maturation, salle d'élevage larvaire, salle d'algues et d'artémias;
- quatre bassins de grossissement d'un hectare;
- un forage d'eau douce permettant de contrôler la salinité durant les premières phases
du développement.
Ultérieurement, furent construits quatre bassins en béton de 10 m3 dits de prégrossisse
ment permettant d'assurer la transition entre le milieu contrôlé de l'écloserie et les
conditions naturelles prévalant dans les bassins de grossissement.
Le projet dispose en outre de véhicules, d'un groupe électrogène, de soufflantes et
d'équipements de laboratoire.
France-Aquaculture a géré le projet jusqu'à juin 1987 et formé du personnel sénégalais.
Actuellement, la direction est assurée par deux docteurs vétérinaires sénégalais et le personnel
comprend en outre sept ouvriers. Depuis le début de 1990 le projet est géré conjointement
par la DOPM, pour les aspects techniques, et par le CRODT, pour les aspects financiers,
administratifs et scientifiques.
»■ r r» 'i'o'i'iI i ' i'«'> '»' i 'j i'o'»'»i j'i'k'i'm' j' j'r i'o'i 'il j'i '«'< '»
351
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
La température varie entre 23 et 3 1 °C (figure 3). La nourriture est à base d'aliments frais,
essentiellement des coquillages et accessoirement de granulés (SENTENAC, fabriqués à
Dakar, glucal).
Les élevages larvaires sont réalisés dans des cuves cylindriques de 2 m3. L'eau est filtrée sur
des mailles de 5 microns. La salinité a varié entre 22 et 35%o. La température a varié entre
27,5 et 3 1,5°C avec une amplitude maximale de 2,5°C pour un même élevage. Le premier
jour, l'eau est traitée avec de TESTA. Par la suite un traitement préventif à base de Treflan
et de Furazolidone est effectué. L'alimentation est à base d'algues unicellulaires éventuelle
ment associées à un microgranulé (PRECAL ND) pour les stades zoés et à base d'artémias
et de microgranulés (PRECAL ND et ACAL ND) pour les stades mysis et postlarves.
Les prégrossissements sont réalisés dans quatre bassins en béton de 1 0 m3 protégés par
de la tôle ondulée. L'aération est assurée par un bullage à courant convectif. L'enceinte
d'élevage est lavée à l'eau de javel puis rincée. Après la mise en eau et avant l'ensemen
cement les bassins sont traités au Treflan et à la Furazolidone. Le traitement est poursuivi
durant toute la durée du prégrossissement. La salinité a varié entre 22 et 35%o, et la
température entre 1 8 et 30°C. L'alimentation est à base d'artémias durant les premiers jours
et d'ACAL durant toute le durée du prégrossissement.
La récolte et le transfert dans les bassins de grossissement se font au stade PL 20 (postlarves
âgées de 20 jours).
Le grossissement est réalisé dans les bassins de 2 000 ou 10 000 m2 selon l'abondance des
postlarves. Avant tout ensemencement le bassin doit être soigneusement préparé. Lorsque le
terrain est bien sec, il est labouré sur environ 10 cm de profondeur. De la chaux est ensuite
répandue sur tout le terrain. Après la mise en eau le milieu est fertilisé par apport d'engrais
(NPK). Un supplément d'aliment est fourni (autrefois granulés importés AQUALIN, actuel
lement de fabrication locale, SENTENAC).
L'eau du bassin doit être soigneusement filtrée à l'arrivée pour éviter au maximum l'intro
duction d'alevins. On effectue également des traitements curatifs à l'aide de roténone mais
ce traitement n'a aucun effet sur les Tilapia.
2.3. Résultats
2.3.1. Elevage
Deux espèces seulement ont fait l'objet de nombreux tests aux différentes phases de l'élevage:
Peneaus monodon et P. indicus. Cette dernière espèce n'atteint cependant pas, en élevage,
une taille suffisante pour être commercialisée sur le marché mondial. Nous ne mentionnerons
donc que les résultats obtenus pour P. monodon.
En 1 989 l'écloserie a produit 576 000 postlarves PL 2. Ce résultat, le meilleur obtenu par le
projet, correspond à des réussites inégales. Des pontes ont été obtenues lors des six tests
réalisés mais la plupart du temps les oeufs n'étaient pas fécondés. 97% des nauplii (Ier stade
larvaire) ont été produits par un seul test. Les mauvais résultats de certains tests, d'après
LE BITOUX (1988), pourraient être dus à:
- l'âge (<1 an) des femelles utilisées dans certains tests;
- l'inadéquation de l'alimentation;
- la teneur élevée de l'eau (surtout lorsqu'on a recours à l'eau de forage) en ammoniac et
nitrite.
352
L Aquaculture en Milieu Continental au Sénégal
Un autre inconvénient est que les premières pontes, peut-être parce que la température
était trop basse auparavant, ne sont obtenues qu'en août ce qui ne permet pas de profiter
au maximum des conditions favorables au grossissement en saison humide.
Le taux de survie dans les élevages larvaires a atteint 28% en 1 989, ce qui est faible. Cela
est dû en partie à ce que les nauplii étaient souvent faibles dès l'éclosion, les soies étant
nécrosées. C'est là, probablement une conséquence des fortes concentrations en ammo
niac et nitrite. Une rupture de stock en produits antifongiques a également été ressentie
dans certains élevages. Lorsque les nauplii sont en bon état les produits fongiques
disponibles, le taux de survie se situe entre 40 et 50%, ce qui reflète mieux le degré de
maîtrise de l'élevage larvaire.
1 93 000 postlarves prêtes à être ensemencées dans le bassin de grossissement ont été
produites en 1989, ce qui correspond à un taux de survie de 33,5% lors de la phase de
prégrossissement. Ce résultat est assez mauvais et tient au fait que plusieurs élevages ont
connu des problèmes pathologiques graves suite à une rupture de stock de Treflan. Dans
la moitié des élevages le taux de survie s'est situé entre 60 et 90%, ce qui reflète mieux
le degré de maîtrise de cette phase de développement.
Il est difficile de tirer des conclusions de certains tests de grossissement, par exemple
lorsque la charge des bassins en postlarves est insuffisante. Nous considérons seulement
deux résultats qui nous paraissent représentatifs de ce qui peut être obtenu sur le site de
Katakalouss, respectivement en période salée (élevage 1 ) et en période dessalée (éle
vage 2).
Le rendement obtenu en saison dessalée est à peu près conforme à ce qui est rapporté
pour d'autres élevages dans des conditions analogues et relativement favorables. Le taux
de survie est également bon. Le poids moyen des crevettes récoltées, en revanche, est
insuffisant; il faudrait atteindre 25 g.
Elevage 1 Elevage 2
Surface du bassin (m2) 10 000 2 000
Dates d'élevage 1/12/88-17/4/89 6/7/89-6/1/90
Salinité (S%o) 34-35 18-38
Température (°C) 22-26 22-32
Densité (n/m2) 6,4 13,5
Récolte (tonnes) 0,403 0,309
Rendement/ha (tonnes) 0,403 1,545
Poids moy. à la récolte (g) 12,5 15,25
Survie (%) 49,9 76,6
Taux de conversion de 4,4 4,6
l'aliment
353
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
Pour que la croissance de P. monodon soit correcte, la salinité doit être comprise entre
1 8 et 30%o. Les résultats médiocres en saison sèche sont donc probablement imputables
aux salinités trop élevées.
Les responsables actuels du projet ainsi que le rapport d'expertise de LE BITOUX ( 1 988)
mettent en cause le choix de Katakalouss et préconisent des sites plus proches de la mer.
Notons cependant que, même à Elinkine, la salinité atteint 40%o en milieu naturel. En
bassin, où l'eau est renouvelée tous les jours, et avec une évaporation qui peut atteindre
10 mm par jour, la salinité ne serait donc pas beaucoup plus faible à Elinkine qu'à
Katakalouss.
Une autre espèce, P. Vannamei, serait susceptible de fournir de meilleurs rendements en
saison sèche mais la reproduction de cette espèce n'est pas maîtrisée par le projet.
2.3.3. Perspectives
Pour que l'exploitation soit rentable, il faudrait (LE BITOUX, 1988), en supposant que
les coûts de construction des bassins et de l'alimentation soient maîtrisés, que la
production soit de 3 tonnes/ha/an (en deux récoltes) de crevettes de 25-30 g. On en est
actuellement à 2 t/ha de crevettes de 1 2- 1 5 g. Il n'est donc pas possible, au vu des résultats
du projet, d'envisager dans un avenir proche, la possibilité d'une aquaculture semi-
intensive en Casamance.
354
L 'Aquaculture en Milieu Continental au Sénégal
La situation est d'autant plus difficile que la concurrence sur le marché international est
devenue plus sévère. En 1 989, de nombreux élevages du Sud-Est asiatique, notamment
à Taïwan où ils étaient pourtant performants, ont fait faillite. L'espèce P. monodon, de
couleur sombre et de ce fait moins appréciée par le consommateur, a été particulièrement
touchée par cette crise.
Il faut donc être conscient que la faisabilité de la crevetticulture semi- intensive en
Casamance reste encore à démontrer et que cela nécessitera plusieurs années de re
cherches et des efforts financiers importants.
3. PISCICULTURE
La pisciculture a été menée au Sénégal, essentiellement dans deux zones:
- Le bassin du fleuve Sénégal avec les projets de l'USAID, du Catholic Relief Services
et Matam III (figure 4).
- Le bassin de la Casamance où se pratique une pisciculture traditionnelle depuis fort
longtemps. Nous ne traiterons que de la pisciculture dans le bassin du fleuve Sénégal.
3.1. Historique
355
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
356
L 'Aquaculture en Milieu Continental au Sénégal
Cet échec est donc plus celui d'une opération et l'accepter - après celui du projet "Peace
Corps" - revient à condamner pour de longues années le developpement de la pisciculture à
Matam.
Aussi PARREL ( 1 990), afin de donner une autre chance au développement de la pisciculture
dans la région, a proposé une prolongation du volet piscicole de Matam III jusqu'au 3 1/12/92,
moyennant des réorientations et des modifications assorties de conditions, prolongation qui
fut d'ailleurs accordée.
357
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
L 'Aquaculture en Milieu Continental au Sénégal
Phase II
La station de Bakel comprenait trois étangs: deux de 35 ares et un de 75 ares. Elle était
approvisionnée en eau par pompage à partir du fleuve. Très peu d'information est
disponible sur les techniques d'élevage.
Cette station n'a produit que 1 5 000 alevins en 1983 pour l'empoissonnement des étangs
de Arroundou, Kougani, Yafera et Wallaldé. Cette station a connu de sérieuses difficultés
liées à des problèmes d'infiltration et de gestion (incompréhension entre membres de la
coopérative et le Corps de la Paix). A la suite d'une très mauvaise récolte en 1984, la
station fut abandonnée.
Pendant cette seconde phase, la qualité des alevins produits au niveau de Richard-Toll
était médiocre en raison de densités de stockage trop élevées. Paradoxalement, on
assistait à une augmentation spectaculaire du nombre des étangs de démonstration dans
les villages alors que les récoltes demeuraient mauvaises.
Un étang de la station de Richard-Toll de 20 ares a produit en six mois 263 kg de poissons
marchands (2,6 t/ha/an) et 609 kg d'alevins de 15 g. Ces résultats, inférieurs à ce à quoi
on peut raisonnablement s'attendre dans de telles structures de production, ont été
obtenus avec une alimentation à base d'un mélange de 90% de son de riz et 10% de farine
de poisson (Qn = 1 ,8).
Phase III
A la station de Richard-Toll, les géniteurs étaient stockés dans tous les étangs à raison
de 1,5 individu/m2. La mise en charge a été portée à 1,5 poisson/m2 pour réduire la
production d'alevins car beaucoup des étangs villageois qui devaient les utiliser étaient
abandonnés.
Il n'existe pas de statistiques sur la production d'alevins durant cette phase (ANONYME,
1986).
La station de Nianga fut empoissonnée fin 1984 et début 1985 avec des O. niloticus dont
une partie venait de Richard-Toll et une autre du lac de Guiers, des canaux des périmètres
situés aux environs de Podor et de l'étang de Guidékhar.
Au cours de la première année d'exploitation de la station, près de 20 000 alevins ont été
produits.
L'un des étangs d'alevinage a été empoissonné durant la première campagne avec des
Tilapia galilea. Aucune donnée n'est disponible sur le résultat de cet élevage.
Cette station a permis de ravitailler en alevins les étangs et les cages des environs pendant
la phase III, quoique de manière insuffisante.
A Nianga, comme d'ailleurs dans les étangs de démonstration des villages, l'alimentation
comprenait 80% de son de riz et 20% de farine de poisson. D'autres mélanges ou types
d'aliments ont été essayés (sang d'animaux d'abattage, tourteaux d'arachide, etc.) mais
jusque-là les résultats n'ont pas été concluants.
Les expérimentations menées à Nianga ont permis de conclure qu'un taux d'alevins de
2/m2 était nettement plus avantageux sur le plan production que 1/m2. En effet les
rendements obtenus avec le premier taux étaient 1 ,66 fois plus élevés que ceux obtenus
avec le second (2 427 t/ha contre 1 462 t/ha).
Sur le plan financier, le taux de 2/m2 est 1 ,4 fois moins rentable à cause des charges
supplémentaires de nourriture et d'engrais (FREUDENBERGER, 1988).
359
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
Par ailleurs, il a été montré que les petits étangs de 2,75 ares ( 1 ,462 tonnes/ha) étaient
plus productifs que les grands de 33 ares (0,850 tonnes/ha).
3.2.3. La rizipisciculture
L'espèce de poisson utilisée était O. niloticus et la variété de riz employée le KN- 1 H-350
originaire d'Indonésie. Cette variété résiste bien à la fraîcheur et donne souvent de bons
rendements. Selon CHOPAK (1983) et BLOOM (1986) tous les objectifs techniques ont
été atteints. Il est apparu que la rizipisciculture était plus rentable que la pisciculture et
la riziculture faites séparément (CHOPAK, 1983).
360
L 'Aquaculture en Milieu Continental au Sénégal
des consultants de haut niveau. Le choix des consultants nécessite une attention toute
particulière. Certains se fixent des normes élevées et fournissent un excellent travail,
mais il existe également des cabinets et des indépendants dont la compétence et même
l'honnêteté sont douteuses.
Deux problèmes situés à des niveaux très différents mais qui conditionnent en grande
partie la réussite de la pisciculture sont le manque de suivi systématique des paramètres
physico-chimiques et l'absence de recueil des données économiques et financières
d'élevage des poissons (DIOUF et ALBARET, 1 99 1 ). Il est évident que dans de pareilles
conditions, les chances de réussite de la pisciculture sont très limitées.
Sur le plan administratif, la pisciculture a souffert de son mode de gestion. Il est temps
qu'une décentralisation technique et financière de la gestion des projets de pisciculture
ait lieu. Les fonds doivent être affectés aux directeurs de projet. Cette décentralisation
devra s'accompagner d'un rythme plus élevé des évaluations techniques, administratives
et financières. De la part des directeurs de projets, une plus grande rigueur dans la gestion
est indispensable.
Toutes ces contraintes qui pèsent sur la pisciculture font qu'il se pose la question de
savoir s'il faut arrêter toute tentative piscicole ou non.
Dans le bassin du fleuve Sénégal, la production de la pêche continentale a fortement
baissé et n'arrive plus à satisfaire les besoins en protéines des populations locales
(DIOUF et al., 1991). Une solution à ce problème serait d'améliorer les circuits de
distribution du poisson de mer en renforçant les infrastructures routières et de conserva
tion des produits halieutiques. Toutefois, à moyen terme, cette solution risque de ne pas
être adéquate. En effet, la population sénégalaise ne cesse de croître, alors que les
ressources qui sont actuellement bien exploitées, ne peuvent supporter une augmentation
considérable sans risque d'effondrement des stocks (CRODT, 1985). Il est donc à prévoir
que d'ici quelques années, la pêche maritime pourra difficilement satisfaire la demande.
Les prix du poison de mer risquent d'augmenter, ce qui rendrait plus compétitif le poisson
de pisciculture dans les marchés de la vallée du fleuve Sénégal.
Le prix de la viande qui pourrait remplacer le poisson est relativement élevé et hors de
portée de la bourse de la plupart des ruraux.
Il apparaît donc qu'une nouvelle conjoncture moins défavorable à la pisciculture est en
train de se mettre en place, d'autant plus que le fonctionnement des barrages permettra
de disposer d'assez d'eau et ceci de manière plus régulière.
Il serait donc judicieux de se préparer en conséquence, en mettant en place des structures
d'expérimentation et de recherche qui pourront mettre au point des méthodes piscicoles
adaptées au milieu. Cette phase, qui risque de durer cinq à dix ans, conditionne la réussite
future de la pisciculture.
Cette démarche permettra d'éviter une erreur fondamentale qui a été commise dès le
début de la pisciculture dans le bassin du fleuve Sénégal, à savoir donner la primauté à
la production sur la recherche. Cette attitude était dictée par la certitude des responsables
de la pisciculture que les techniques mises au point dans d'autres pays pouvaient être
transférées telles quelles au Sénégal. A l'expérience, il s'est avéré que la dimension locale
de la pisciculture est très importante: pour chaque milieu une adaptation des techniques
est nécessaire.
361
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
Le choix du type de pisciculture à mener dans le bassin du fleuve Sénégal sera également
déterminant pour l'avenir. La pisciculture d' autoconsommation a peu de chances de
réussir. En effet, par rapport à la technicité que requièrent les activités piscicoles, elle
n'est pas assez attrayante économiquement (LAZARD et al., 1990); d'où un rapide
désintéressement des paysans.
En ce qui concerne la pisciculture industrielle, l'expérience montre que la plupart des
opérations de ce type ont échoué, les prix de revient restant largement supérieurs aux
prix du marché (LAZARD et al., 1990).
Le type de pisciculture qui présente sans doute le plus de chances de réussite est la
pisciculture artisanale de "petite" production marchande intégrée aux systèmes de
production agricole existants. Cette dernière a l'avantage de fournir aux paysans des
revenus supplémentaires et de ne pas demander des investissements très lourds.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANONYME (1986). Situation de la station piscicole de Richard-Toll du 1er juin 1984
au 30 juin 1986. DEFC, 17 p.
ANONYME. Résultats généraux de la pêche maritime sénégalaise de 1954 à 1988.
DOPM.
AVALLE, O. (1986). Mission d'évaluation du projet de crevetticulture de
Katakalouss.
BLANC, A. (1962). Etude de l'huître de palétuviers (Gryphea gazar). Doc. Serv. de
l'Océanogr. et des Pêches marit. République du Sénégal, 78 p.
BLANC, A. (1970). Rapport sur la situation de l'Ostréiculture au seuil du IIIème plan et
sur l'huître des palétuviers. Complément à l'étude de l'huître des palétuviers en
mars 1962, 4.07.1970. Serv. Rég. de Pêches marit., Thiès, MDR/DOPM, 31 p.
BLOOM, P. (1986). Fish-Cum-Rice acculturation in the Senegal river Valley an
ex-post evaluation? ENDA TM, 70 p.
BOUSSO, T. (1991). L'Ostréiculture au Sine Saloum, contexte environnemental et
bio-économique. Arch. CRODT, 186, 20 p.
CHOPAK, C.J. (1983). Rapport final sur la première campagne de pisciriziculture des
paysans de Ndiarème dans le périmètre de la SAED de Dagana. USAID/SAED,
35 p.
CRODT (1985). Approche globale du système pêche dans les régions du Sine-Saloum
et de la Casamance. Contribution à l'élaboration d'un plan directeur pour le
développement des pêches dans le Sud du Sénégal. Projet n° 808/08/ 307, Doc.
Int. CRODT, Dakar, 672 p.
CORMIER SALEM, M.C. (1986). La filière des huîtres en Casamance. LE RESTE,
FONTANA et SAMBA (Eds), ISRA/CRODT.
CORMIER SALEM, M.C. (1992). Contribution à l'étude géographique et évolution
des espaces aquatiques: La Casamance. Ed. ORSTOM515 p.
362
L 'Aquaculture en Milieu Continental au Sénégal
363
PARASITOSES DE CREVETTES SENEGALAISES:
EXEMPLE D'UNE MICROSPORIDIOSE DE
PENAEUS NOTIALIS (PEREZ-FARFANTE, 1967)
France-Lyse CLOTILDE-BA
Département de Biologie Animale, Faculté des Sciences et Techniques,
Université Cheikh Anta Diop, Dakar, Sénégal
Résumé
Penaeus notialis, crevette de mer, fait l'objet d'une exploitation intensive sur les côtes
sénégalaises, à des fins commerciales (locale et à l'exportation). Toutefois, elle se trouve
être parasitée par une microsporidie (protozoaire).
Cette pathologie macroscopiquement dégradante rend les crevettes atteintes invendables.
Dans cette communication, nous envisageons de voir l'impact de la microsporidiose sur
un échantillon de crevettes pêchées à Mbour en juin et juillet 1 992. Pour cela, nous nous
sommes appuyés sur les données biométriques de ces crustacés marins.
Abstract
Penaeus notialis, a sea shrimp, is intensively exploited on the Senegalese coasts and sold
locally and exported. However, the microsporidie (Protozoan) lives as a parasite on the
shrimp. As a result, this macroscopically degrading pathology makes the shrimps unmar-
ketable. In this presentation a study was made of the impact of microsporidiosis on a
sample of shrimps caught in Mbour in June and July 1992. For this purpose, we relied
on the biometrical data of these sea crustaceans.
INTRODUCTION
La crevette, Penaeus notialis, qui est la plus représentée dans les eaux sénégalaises, se
trouve être parasitée par une microsporidie (Protozoaire) du genre Thelohania sp.
Cette parasitose étant macroscopiquement dégradante, elle rend les crevettes atteintes
invendables. De même, dans un projet de crevetticulture à Ziguinchor (Casamance,
Sénégal) cette microsporidiose rend impossible l'élevage de la crevette locale.
Vu l'importance économique de P. notialis au Sénégal et le développement de
l'aquaculture dans la sous-région, la connaissance d'agents pathogènes tels que
Thelohania sp. est essentielle, aussi bien en terme d'étude biologique qu'en terme
365
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
d'impact sur les crevettes dans la nature. De tels parasites sont en effet des facteurs
limitants du développement aquacole; ils fragilisent les ressources halieutiques.
MATERIELS ET METHODES
Les crevettes qui sont pêchées à Joal sont acheminées à Dakar pour la commerciali
sation. C'est à ce niveau que nous les avons récupérées, en quatre échantillonnages,
pour limiter le risque de tri, échelonnés du 30 juin 1992 au 20 juillet 1992. Dans tous
les échantillons, et pour chaque animal, le sexe est déterminé, et la longueur cépha-
lothoracique (Lc), correspondant à la longueur séparant la base du rostre de la limite
postérieure du céphalothorax, est mesurée au pied à coulisse.
Après l'examen macroscopique des crevettes, un contrôle microscopique est égale
ment effectué sur chaque crevette parasitée afin de confirmer la présence du parasite.
RESULTATS
1. Symptomatologie de la parasitose
A l'observation macroscopique, les crevettes parasitées présentent dorsalement une
coloration blanc opaque qui s'étend du céphalothorax aux segments abdominaux
(planche 1). Dans la majorité des cas, ces crevettes prennent une teinte plus sombre
que les crevettes non infectées (planche 2). Dans le cas de fortes infestations,
l'opacité s'étend à tous les appendices, ainsi qu'aux antennules et uropodes sous
forme de cordons blanchâtres (planche 1 ).
Du point de vue histopathologique, tous les organes sont atteints: gonades, cœur,
intestin, hépatopancréas, muscles, chaîne nerveuse et branchies.
L'étude microscopique des organes, révèle la présence dans les tissus d'un très grand
nombre de vacuoles en forme de rosaces, renfermant chacune 8 spores (planche 3).
Les spores libérées par rupture de la membrane vacuolaire sont pyriformes et ont une
taille de l'ordre de 5 um de long sur 3 um de large (planche 4).
366
Parasitoses de Crevettes Sénégalaises
Tableau 1
Echantillons Nombre X d
1 212 19,3 2,9
2 160 19 2.7
3 226 17,9 2,8
4 140 24,2 2,9
Tableau 2
Echantillons Nombre total Nombre d'infectées %
1 212 12 5,6
2 160 12 7,5
3 226 10 4,4
4 140 3 2,1
Tableau 3
Echantillons Nombre total Mâles FsmsIlGS
1 212 5 7
2 160 4 8
3 226 2 8
4 140 2 1
Tableau 4
Cumul Mâles Femelles
Taille Nb Sains Malades Nb Sains Malades
(mm) total total
11-13 6 5 1 17 17 0
13-15 29 29 0 37 37 0
15-17 44 41 3 61 57 4
17-19 87 83 4 86 79 7
19-21 68 66 2 81 79 2
21-23 23 21 2 103 97 6
23-25 1 1 0 52 49 3
25-27 0 0 0 25 23 2
27-29 1 0 1 15 15 0
29-31 0 0 0 6 6 0
31-33 0 0 0 2 2 20
367
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
Parasitoses de Crevettes Sénégalaises
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
DISCUSSIONS
La parasitose qui affecte la crevette commerciale P. notialis (Perez-Farfante, 1967), au
Sénégal est due à une Microsporidie du genre Thelohania sp. L'affection se traduit par
l'apparition d'une coloration blanc opaque à la face dorsale de l'animal. De telles
crevettes sont désignées sous le nom de "cotton" ou "milkshrimp" (LIGHTNER, 1984).
Cette opacité serait dûe à l'invasion massive des tissus hôtes par la microsporidie et à
l'accumulation des spores dans les organes atteints (ENRIQUEZ et al., 1980).
La formation des spores regroupées au nombre de 8, dans une vacuole en forme de rosace
est caractéristique du genre Thelohania.
L'étude histopatologique a révélé la présence de l'agent pathogène dans divers organes
(muscles, cœur, glande digestive, gonades intestins). De tels sites sont rapportés pour des
Thelohania dans d'autres espèces de crevettes (OVERSTREET, 1973; FEIGENBAUM,
1975; OWENS and GLAZEBROOK, 1988). Mais c'est la taille des spores (5 u de long
x 3 u de large) qui dans l'état actuel de nos travaux, permettrait de rapprocher la
microsporidie observée chez P. notialis de Thelohania duorara (IVERIEN et MAN-
NING, 1959).
Concernant l'impact de la microsporidiose sur la population étudiée, nous avons observé
un taux d'infestation de 5%. Ce taux, bien que minimum, est dans la fourchette des taux
habituellement observés dans la nature (1 à 10%, COUCH, 1 983). Dans cette population
il semblerait qu'il y ait deux fois plus de femelles infectées que de mâles infectés.
Nous constatons d'autre part que dans la population, il y a une relative homogénéité tant
chez les mâles que chez les femelles, entre les courbes de crevettes infectées par rapport
aux crevettes saines. De plus, toutes les classes de taille sont représentées dans l'effectif
parasité, ce qui indiquerait l'absence d'une taille critique à partir de laquelle la micro-
scoporidiose se manifesterait de façon sélective. Enfin, le profil de ces histogrammes, en
rapport avec les tableaux 1 et 2, montre que la variation du taux d'infection se fait dans
le cas présent en fonction des échantillons et non pas en fonction de la structure
démographique de la population, ou du pourcentage d'infectés par échantillon.
CONCLUSIONS
Une telle étude montre l'impact que peut avoir une Microsporidiose sur une petite
population commerciale au Sénégal. Cette affection ne doit pas être ignorée et devrait
être observée à une plus grande échelle afin de déterminer son mode de transmission, car
elle constitue un réel obstacle pour l'aquaculture locale, comme c'est le cas à Katakalous.
REMERCIEMENTS
Nous remercions Monsieur Louis LE RESTE du CRODT (Dakar) pour les conseils
prodigués lors de la réalisation de ce travail. Nos remerciements s'adressent également
à Monsieur MBAYE, agent de la DPOM à Dakar, pour l'aide technique apportée.
370
Parasitoses de Crevettes Sénégalaises
11-13 13-15 15-17 17-19 19-21 21-23 23-25 25-27 27-29 29-31 31-33
Taille (mm)
Figure 1 Répartition de la population en fonction de la taille. Population mâle -
Cumul des échantillons
11-13 13-15 15-17 17-19 19-21 21-23 23-25 25-27 27-29 29-31 31-33
Taille (mm)
371
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ENRIQUEZ, G.L., BATICADOS, M. C. L. et GACUTAN, R.O. (1980).
Microsporidian parasite of the white prawn Penaeus merguiensis De Man: a
preliminary report. Nat. Appl. Sc. Bul., 32: 1-4.
FEIGERNBAUM, D.L. (1975). Parasites of the commercial shrimp Penaeus
Vannamea Boone and Penaeus brasiliensis Latreille.Bw//. ofMar. Sc., 25 (4):
491-514.
IVERSEAN, E.S. and MANNING, R.B. (1959). A new microsporidian parasite from
the parasite shrimp (Penaeus duorarum). Trans. am. FishJourn., 88: 130-132.
LIGHTNER, D. (1984). A Review of the diseases of Cultured Penaeid shrimps and
prawns with emphasis on recent discoveries and developments. Proc. ofthe lst
Intern. Conf. on the Culture ofPenaeid Prawns/shrimps, Iloilo City,
Philippines.
OVERSTREET, R.M. (1973). Parasites of some Penaeid shrimps with emphasis on
reared hosts. Aquaculture, 2: 105-140.
OWENS, L. and GLAZEBROOK, J.S. (1988). Microsporidosis in Prawns from
Northern Australia. Aust. Journ. Mar. Freshwater Res., 39, 301-305.
372
GESTION DES RESSOURCES HALIEUTIQUES
DANS LES ESTUAIRES DU SENEGAL
Louis LE RESTE
Centre de Recherches Océanographiques de Dakar-Thiaroye, CRODT/lSRA,
Sénégal
Résumé
Abstract
INTRODUCTION
Les objectifs de gestion, au niveau des ressources, sont de deux ordres: assurer les
captures - ou la valeur de ces captures - les plus élevées possibles, sans mettre en danger
les ressources et assurer l'exploitation la plus harmonieuse possible de ces ressources par
les différentes catégories de pêcheurs.
373
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
1. STATISTIQUES DE PECHE
Les statistiques de pêche peuvent permettre de suivre, indirectement, l'évolution des res
sources. Il faut connaître, notamment, les tonnages pêchés pour les différentes espèces,
la taille des individus pêchés, les efforts de pêche appliqués sur les principales espèces.
Les statistiques de la DOPM sont cependant davantage destinées à connaître l 'importance
économique de la pêche qu'à permettre la gestion des ressources. Elles sont très souvent
collectées lors de la transformation du poisson ou du mareyage. Dans ces conditions, il
est difficile de ventiler les captures par espèces et de mesurer les individus. Les efforts
de pêche, par ailleurs, sont mal connus. En fin de compte, de telles statistiques sont
difficilement utilisables pour la gestion des ressources.
De bonnes statistiques devraient être établies à l'arrivée des pêcheurs, au moment du
débarquement, en procédant par échantillonnages. Une telle procédure serait plus
contraignante que celle utilisée actuellement. L'expérience a cependant montré que de
bons résultats peuvent être obtenus si les agents sont motivés financièrement.
La DEFCCS a commencé depuis peu de temps la collecte des statistiques et il semble
qu'un effort soit fait pour les établir au moment du débarquement.
2. ETUDES SCIENTIFIQUES
Des recherches ont été réalisées en Casamance et sont en cours dans le Sine-Saloum. Un
programme d'étude sur le fleuve Sénégal a dû être interrompu précocement à cause du
différend sénégalo-mauritanien. Il est à souhaiter qu'il puisse être ré-activé.
Les recherches concernant les ressources halieutiques sont de trois ordres:
- description et dynamique de l'environnement aquatique;
- biologie et écologie des principales espèces pêchées;
- mise au point de systèmes de collecte de statistiques performants.
Ces recherches ont conduit, en Casamance, à faire des recommandations sur la gestion
des ressources crevettières; certaines ont été prises en considération, d'autres pas.
Le CRODT a également initié, toujours en Casamance, un début de collaboration avec
la DOPM et la DEFCCS pour l'amélioration des statistiques de pêche.
374
Gestion des Ressources Halieutiques des Estuaires
Notons que beaucoup d'espèces vivent à la fois dans les estuaires et en mer, ou comme
dans le fleuve Sénégal, dans les estuaires et les zones fluviales. Les études doivent alors
porter sur l'ensemble du cycle vital et la gestion doit concerner l'ensemble du stock.
3. REGLEMENTATION
375
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
La cohabitation entre différents types d'engins peut être difficile pour des raisons autres
que physiques. En casamance, deux types d'engins sont utilisés pour la pêche des
crevettes. D'une part les filets maillants ou fêlé félé qui peuvent opérer dans les zones
peu profondes où, à côté de crevettes assez grosses, vivent de nombreux individus de
petite taille. D'autre part les filets fixes qui ne peuvent être mouillés que dans les zones
les plus profondes où le courant est assez fort et qui capturent les plus grandes crevettes
en migration vers la mer. Il est donc évident que lesféléfélé hypothèquent les captures
des filets fixes, ce qui génère des conflits.
376
Gestion des Ressources Halieutiques des Estuaires
L'interdiction de pêcher en aval fut en revanche maintenue mais ne fut pas respectée,
peut-être en partie parce que les filets maillants hypothèquent les captures des filets fixes
en amont.
Depuis 1985, la situation haline de l'estuaire s'est améliorée et les captures sont à
nouveau élevées, aux environs de 1 600 tonnes. Les résultats actuels ne peuvent
cependant pas être comparés à ceux d'avant 1984, car ils incluent le tonnage, inconnu,
pêché en aval. Or, les crevettes de l'aval, si elles n'étaient pas capturées, ne remonteraient
pas en amont mais migreraient en mer où elles seraient exploitées par la pêcherie
industrielle.
D'autre part, les crevettes pêchées sont assez petites. Il est donc probable que la valeur
de la production actuelle est inférieure à ce que permettrait une meilleure gestion de la
ressource.
Ce qui est plus grave, c'est qu'une dynamique s'est créée où les pêcheurs tentent de
compenser la diminution de la qualité par une augmentation des rendements, ce qui se
traduit par un effort sur les jeunes.
CONCLUSION
On n'a pas pour le moment enregistré de diminution des captures imputables à une
mauvaise gestion des ressources. On a vu cependant qu'en Casamance un risque sérieux
existe en ce qui concerne les crevettes.
C'est peut-être parce qu'il n'y a pas eu d"'accidents" dans la production qu'on note un
certain désintérêt pour la gestion des ressources, désintérêt qui se manifeste de différentes
manières:
- Statistiques de pêche de qualité insuffisante. Il est indispensable de faire de sérieux
efforts dans ce domaine car il est difficile de prendre la température d'un patient avec
un thermomètre défectueux.
- Très grande tolérance vis-à-vis des infractions à la règlementation. Peut-être vau
drait-il mieux qu'elle soit moins contraignante sur certains points et mieux
appliquée.
- Priorité accordée aux contraintes sociales sur celles liées à la gestion des ressources
comme l'a montré l'autorisation desfêléfêlé en Casamance.
Il est vrai que la gestion des pêcheries est complexe et que la gestion des ressources n'en
constitue qu'un aspect. Il serait cependant dangereux de postuler que les contraintes sont
négligeables à ce niveau. Et l'exemple de la Casamance montre que des problèmes au
niveau des ressources se répercutent immédiatement au plan social.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ALBARET, J.J. (1987). Les peuplements de poissons de la Casamance (Sénégal) en
période de sécheresse. Rev. Hvdrobiol Trop, 20, 3-4: 291-308.
CORMIER-SALEM, L. (1992). Gestion et évolution des espaces aquatiques: la
Casamance. Etudes et Thèses, ORSTOM éditions, 583 p.
377
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
DEBENAY, J.P., PAGES, J., DIOUF, P.S. (1989). Ecological zonation of the
hyperhaline estuary of the Casamance River (Senegal): Foraminifera,
Zooplankton and abiotic variables. Hvdrobiologia, 174: 161-176
D.O.P.M. Résultats généraux de la pêche maritime sénégalaise. Rap. an.
DIADHIOU, H.D. (1992). Mise en place d'un système d'enquête intégré pour le suivi
de la pêche artisanale de poisson en Casamance. Doc. Sci. Cent. .Rech.
Océanogr. Dakar-Thiaroye, 108, 133 p.
DIOUF, P.S., KEBE, M. , LE RESTE, L., BOUSSO, T., DIADHIOU, H.D. et GAYE,
A.B. (1991). Plan d'action forestier. Pêche et aquaculture continentales,
CRODT/ISRA, Dakar, 268 p.
LE RESTE, L. (1981). The relation of rainfall to the production of the penaeid
shrimps Penaeus duorarum in the Casamance estuary (Senegal). J.I.
FURTADO (Ed.). Proc. ofthe Fifth Intern. Symp. on Trop. Ecol, Kuala
Lumpur, Intern. Soc. ofTrop. Ecol., 1 169-1 173.
LE RESTE, L. (1983). Etude des variations annuelles de crevettes dans l'estuaire de
la Casamance (Sénégal). Doc. Sci. Cent. Rech. Océanogr. Dakar-Thiaroye, 88,
12 p.
LE RESTE, L. (1987). Influence de la salinité et du courant sur la taille de migration
des crevettes Penaeus notialis dans l'estuaire de la Casamance (Sénégal). Rev.
Hvdrobiol. Trop., 20, 3-4: 279-289.
LE RESTE, L., FONTANA, A., SAMBA, A. (1986). L'estuaire de la Casamance:
environnement, pêche, socio-économie. ISRAJCRODT, Dakar, 328 p.
PAGES, J., DEBENAY, J.P. (1987). Evolution saisonnière de la salinité de la
Casamance. Description et essai de modélisation. Rev. Hvdrobiol. Trop., 20,
3-4:203-217.
PAGES, J, DEBENAY, J.P., LE BRUSQ, J.Y. (1987). L'environnement estuarien de
la Casamance. Rev. Hvdrobiol. Trop. 20, 3-4: 191-202.
PAGES, J., CITEAU, J. (1990). Rainfall and salinity of a sahelian estuary between
1927 and 1987'.Journal ofHvdrology. 113: 325-341.
REIZER, C. (1974). Définition d'une politique d'aménagement des ressources
halieutiques d'un écosystème aquatique complexe par l'étude de son
environnement abiotique, biotique et anthropique. Thèse, doct, Fond. Univ.
Luxemb. Arlon, 5 vol., 505 p.
SERET, B. (1983). Faune ichtyologique du Bandiala et du Diomboss. In: Atelier
d'étude des mangroves au Sud de l'estuaire du Saloum (Sénégal). Rapp. final:
125-146.
378
CONFLITS LIES AU SECTEUR DES PECHES
SENEGALAISES
Résumé
Abstract
Senegalese fisheries are of a very complex nature and have four main characteristics:
sequential, multi-specific, using multiple fishing tackle and fleets.
Both small-scale and industrial fleets (Senegalese and foreign) exploit the same stocks.
They elaborate fishing strategies which vary in the short and medium term with respect
to biological, social and economic factors (availability of the resource, technological
innovations, production costs, structure of domestic and foreign markets, etc.).
According to the fishing laws in Senegal, theoretically there should be no interference
between small-scale and industrial fishing. Yet there is an increase in the multiform
conflicts between the two sub-sectors as well as within small-scale fishing for the
exploitation of the fishing resources located in "The Senegalese Exclusive Economic
Area".
379
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
The authors establish a typology of the conflicts related to the interactions between the
different fisheries and the policy of assistance to the fishing sector in Senegal. At the
same rime, they propose solutions and alternatives to solve the conflicts.
INTRODUCTION
Les pêcheries sénégalaises sont très complexes et présentent quatre principales caracté
ristiques. Elles sont séquentielles, multispécifiques, multi-engins et "multi-flottilles".
Des classes d'âge d'une soixantaine d'espèces de caractéristiques biologiques et de
capturabilité différentes sont exploitées par des flottilles artisanales et industrielles
(sénégalaise et étrangère).
Les stratégies de pêche développées par ces différentes flottilles varient à court et à
moyen terme en fonction de facteurs biologiques, sociaux et économiques (disponibilité
de la ressource, innovations technologiques, coût de production, structure des marchés
intérieurs et extérieurs, etc.).
D'après les textes régissant la pêche au Sénégal, il ne devrait théoriquement pas exister
d'interférence entre pêche artisanale et pêche industrielle. Or on assiste à une exacerba-
tion de conflits multiformes entre ces deux sous-secteurs pour l'exploitation des res
sources halieutiques dans la ZEE sénégalaise.
Les conflits dans les pêcheries artisanales sont également fréquents. Ils opposent en règle
générale les pêcheurs utilisant des engins fixes à ceux travaillant avec des engins mobiles
sur les mêmes zones de pêche.
La logique qui sous-tend les discours dominants sur le développement de la pêche relégue
au second plan la pêche artisanale par rapport à la pêche industrielle. La première est
considérée comme "dépassée", créatrice d'emplois et approvisionnant les marchés
locaux, donc réduite à ses seuls effets sociaux, la seconde comme "supérieure", contri
buant à l'équilibre de la balance commerciale avec les devises tirées de l'exportation.
Ces mythes sont, dans une certaine mesure, source de conflits entre pêche industrielle et
pêche artisanale au niveau de la planification du secteur de la pêche (stratégies de
développement).
Nous tenterons d'établir une typologie des conflits opposant pêcheurs artisans et indus
triels. Les conflits internes à la pêche artisanale seront analysés au travers de la pêche
crevettière casamançaise. Compte tenu de la volonté des autorités sénégalaises pour la
mise en place d'une politique de gestion rationnelle des ressources halieutiques, des
solutions et alternatives à la résolution des conflits seront proposées pour un développe
ment harmonieux et complémentaire des deux sous-secteurs.
380
Conflits Liés au Secteur des Pêches
Le plateau continental et le littoral peuvent être divisés en trois grandes régions de pêche
où opèrent bateaux industriels et pirogues traditionnelles (figure 1): la Grande Côte, la
Petite Côte et le Sud (Casamance et Sine-Saloum).
Les conflits survenant entre pêcheurs artisans et industriels se situent généralement au
niveau de la violation de la réglementation en vigueur par les bateaux industriels. Cette
violation peut revêtir différentes formes.
- Des bateaux avec licence de pêche mais opérant dans des secteurs de pêche interdits.
L'empiétement est à l'origine des interactions spatiales entre pêcheries artisanale et
industrielle. Les bateaux de pêche autorisés à pêcher dans les eaux sénégalaises
reçoivent une licence de pêche. Cette licence de pêche concède au bateau titulaire le
droit de pêcher dans une zone bien définie. C'est ainsi que les sardiniers sont
autorisés à pêcher à l'intérieur des 3 milles marins. Les chalutiers basés à Dakar
(pêche fraîche) ne peuvent pêcher dans les zones situées au-delà des 6 milles marins
tandis que les chalutiers non basés au Sénégal (chalutiers congélateurs) sont autorisés
à pêcher au-delà des 12 milles nautiques.
La pêche artisanale piroguière ou moderne (cordiers) n'est pas concernée par
la réglementation en vigueur au Sénégal. La zone des 6 milles nautiques est
exclusivement réservée aux pirogues. D'ailleurs, les pêcheurs artisans pensent
que la réservation de cette zone doit tenir compte des caractéristiques du
plateau continental. En effet sur la Grande Côte les isobathes sont près des
côtes alors que le plateau continental est plus large sur la Petite Côte et en
Casamance.
- Des bateaux détenteurs d'engins non réglementaires. La réglementation des engins
de pêche se situe à trois niveaux:
l'interdiction d'embarquer des engins autres que ceux spécifiés par la licence
de pêche (cas des chalutiers et crevettiers espagnols);
l'interdiction de certains modes de protection des chaluts;
la fixation d'un maillage minimum pour les chaluts.
- Des bateaux sans licence en flagrant délit de pêche. Ce type de fraude doit être
vraisemblablement plus fréquent de nuit que de jour. Les bateaux susceptibles de
pratiquer cette forme de violation sont surtout des étrangers autorisés à pêcher
légalement dans les pays limitrophes (Gambie, Guinée Bissau, Mauritanie) ou
exploitant des ressources distribuées très au large des côtes (thoniers, chalutiers de
pêche profonde).
381
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
382
Conflits Liés au Secteur des Pêches
encerclant, à la senne de plage, à la ligne que par les sardiniers. Les stocks démersaux
côtiers sont exploités par les pirogues pêchant au filet encerclant, à la ligne, au casier et
par les chalutiers (basés ou non à Dakar).
L'exploitation de ces stocks pose le problème de la réglementation d'une part des zones
de pêche et d'autre part des maillages utilisés par les chalutiers. Ces derniers travaillant
avec un maillage trop petit dans les zones de reproduction et de nurserie, rejettent 40 à
60% de leurs prises, d'où un appauvrissement des stocks. Outre le fait qu'il engendre de
fréquents conflits entre artisans et industriels, ce problème est extrêmement grave pour
la conservation des ressources, notamment si on veut augmenter l'effort de pêche.
Si la saison de pêche est permanente sur la Petite Côte, par contre sur la Grande Côte, à
la campagne de Kayar succède celle de Saint-Louis. L'alternance des régions climatiques
explique la variété et l'abondance de poissons dans les eaux sénégalaises ainsi que les
phénomènes migratoires des populations de pêcheurs artisans. Une analyse de l'impor
tance relative de la flottille artisanale par rapport aux flottilles industrielles opérant dans
chaque zone nous donnera une idée de l'ampleur des conflits.
1.1.2.1. Zone 1 ou Grande Côte
Cette zone, située entre Dakar et la frontière sénégalo-mauritanienne, est fréquentée par
certains crevettiers sénégalais et français. Des poissonniers de ces nationalités y sont
également en activité. 70% des chalutiers en activité opèrent théoriquement dans le
secteur situé au-delà des 6 milles marins. A l'intérieur de ce secteur, 1 8% de bateaux sont
concentrés au sud de Dakar, les autres opérant au nord, hors de la zone 1 . En 1989, 24%
de l'effort de pêche des chalutiers de fond a été effectuée dans la zone considérée.
La pêche artisanale est très concentrée sur la Grande Côte avec deux centres de
débarquement importants, Kayar et Saint-Louis. Du fait des migrations de poissons et
de la difficulté du passage de la barre à certaines périodes, la pêche y est saisonnière; les
pêcheurs professionnels qui suivent cette migration des poissons se déplacent toute
l'année sur le littoral sénégalais. 1 018 pirogues en activité ont été recensées en avril
1989 contre 1 001 en septembre, d'où les nombreux conflits entre pêcheurs artisans et
industriels pendant la saison de pêche dans la zone.
Depuis quelques années, les pêcheurs artisans se plaignent du franchissement de la zone
des 6 milles par les chalutiers en infraction, fréquemment repérés en train de pêcher sur
des fonds de 1 8 m, ce qui correspond à une distance très proche de la côte; la conséquence
porte sur la destruction d'engins fixes (filets dormants) de pirogues à l'ancre. Ce
phénomène se traduit par une sérieuse baisse de la productivité des pirogues qui voient
baisser rapidement les ressources qui leur sont accessibles et se trouvent contraintes
d'aller chercher le poisson de plus en plus loin sur des fonds de pêche plus rentables. Il
s'ensuit une hausse de la consommation de carburant qui n'est pas nécessairement
répercutée sur le prix de vente du poisson.
Dans d'autres points de débarquement de la zone, notamment à Fass Boye, la faible
population locale et l'isolement géographique encouragent, semble-t-il, les infractions
qui deviennent de plus en plus fréquentes occasionnant souvent de graves accidents.
Beaucoup de chalutiers viennent régulièrement pêcher près de la côte, tous feux éteints
et détruisent tout sur leur passage.
383
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
384
Conflits Liés au Secteur des Pêches
385
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
pêche avantage le sous-secteur industriel par rapport à l'artisanat et met en évidence les
conflits entre les deux sous-secteurs. L'examen de la logique qui sous-tend les discours
sur le développement de la pêche permettra de mieux appréhender les sources et
conséquences de tels conflits.
La pêche artisanale est considérée par les "développeurs" comme une forme de produc
tion "dépassée" qu'il s'agit de faire évoluer vers de formes "supérieures", d'abord
semi-industrielles (cordiers) puis industrielles dans un second temps. On compte alors
sur les effets d'entraînement de la pêche industrielle pour contribuer à l'accumulation du
capital et sur les devises tirées de l'exportation des produits de la pêche industrielle pour
équilibrer la balance commerciale. On ne perçoit la pêche artisanale que comme créateur
d'emplois et fournisseur du marché intérieur: la pêche artisanale est ainsi réduite à ses
effets sociaux. De là à confondre l'entrée de devises et la création de richesse nationale,
il n'y a qu'un pas. La pêche artisanale est ainsi reléguée au second rang et constitue le
"parent pauvre" de la planification des pêches. Par contre, la pêche industrielle consi
dérée comme économiquement plus efficiente bénéficie ainsi des subventions à l'expor
tation, de crédits et d'avantages substantiels.
Les travaux de recherches socio-économiques menées au CRODT ont montré qu'avec
la pêche artisanale sénégalaise il est possible de concilier rentabilité de capital, faiblesse
de l'investissement, forte utilisation de main-d'œuvre et taux élevé de valeur ajoutée. La
pêche artisanale est, au regard de la pêche industrielle, la plus efficiente économiquement
et socialement et répond davantage aux intérêts de la collectivité nationale (WEBER et
FONTANA, 1983).
386
Conflits Liés au Secteur des Pêches
- La sensibilisation des pêcheurs pour une utilisation de bouées lumineuses (et non de
drapeaux invisibles la nuit).
- La création de brigades villageoises de surveillance à encadrer par des agents
assermentés des pêches maritimes. A noter que cette mesure ne pourra produire
d'effets positifs que si le PSPS prend en charge, comme le souhaitent les pêcheurs
eux-mêmes, les moyens de fonctionnement de ces brigades villageoises (achat de
pirogues et de moteurs, carburant).
- La déclaration préalable auprès des services locaux de l'océanographie et des pêches
maritimes de tous les engins de pêche acquis par les pêcheurs. Cette mesure liée vise
à permettre d'apprécier, de manière plus exacte, les pertes déclarées par les pêcheurs
artisans qui ont tendance à surestimer le montant des dégâts matériels.
387
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
388
Conflits Liés au Secteur des Pêches
Il est à noter que les captures, qui s'étaient maintenues aux alentours de 1 600 tonnes
entre 1986 et 1990 sont tombées à 1 280 tonnes en 1991. Il n'est pas impossible que cette
diminution corresponde à une surexploitation du stock du fait d'un effort de pêche trop
important sur les juvéniles; par ailleurs, les crevettes, pêchées à une plus grande taille
auraient une valeur marchande plus importante.
Lors d'une réunion consacrée à la pêche crevettière en Casamance, en septembre 1991,
il était apparu vraisemblable que les meilleurs résultats seraient obtenus en autorisant la
pêche en aval de Ziguinchor pendant quelques mois de l'année et en supprimant la pêche
aufélé-félé en amont.
Une estimation du meilleur modèle de gestion nécessiterait une action de recherche. Il
faudrait notamment connaître ce qui est péché, en quantité et en qualité, par les filets
fixes en aval de Ziguinchor et par les deux types de filets en amont.
CONCLUSION
Les interactions entre les pêcheries artisanale et industrielle se traduisent par l'exploita
tion commune d'un même stock et par l'incursion (passage ou pêche) des unités de pêche
industrielle (chalutiers) dans la zone côtière réservée à la pêche artisanale avec comme
conséquences:
- Des abordages et des destructions importantes de pirogues et engins de pêche: le
coût de ces pertes pour la pêche artisanale est estimé à 100 millions de F CFA par
an. A la suite de ces accidents, le non respect par les pêcheurs artisans de l'utilisation
du matériel de sécurité est constamment relevé (gilet de sauvetage, matériel de
signalisation, etc.).
- Un appauvrissement général des stocks, les chalutiers travaillent avec un maillage
trop petit dans les zones de reproduction et de nurserie. Les filets utilisés raclent le
fond, capturant simultanément un ensemble d'espèces et la sélection de taille qui se
fait au niveau de la poche terminale est fonction uniquement de la dimension du
maillage. Les chalutiers rejettent ainsi 40 à 60% de leurs prises (suivant le type de
pêche). Ces rejets concernent des espèces non encore commercialisables ou n'ayant
pas encore atteint leur taille commerciale.
Ce problème est extrêmement grave pour la conservation des ressources, notamment si
on veut augmenter l'effort de pêche sur le plateau continental. Dans une telle situation,
il faudrait renforcer les moyens financiers et humains pour l'application des lois exi
stantes tant pour la réglementation des maillages que pour la protection des zones de
pêche artisanale contre les incursions de navires industriels.
Lorsqu'une incursion des unités industrielles dans la zone côtière réservée à la pêche
artisanale se traduit par une destruction des engins de pêche, la responsabilité est difficile
à établir. Généralement ce sont les pêcheurs eux-mêmes qui, une fois les dégâts constatés,
procèdent à l'identification du navire en l'absence des agents assermentés des pêches
maritimes. Ces derniers refusent souvent de participer aux brigades locales de surveillance
389
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
constituées par les pêcheurs artisans. Or, la preuve de destruction n'est établie que s'il y
a constat de l'agent local assermenté des pêches maritimes. On assiste ainsi à des
contestations ou à des refus de dédommagement de la part des armements industriels
présumés coupables. Les bateaux incriminés reviennent régulièrement pêcher dans les
zones interdites, malgré les amendes qui leur sont infligées dans la mesure où le montant
des redevances est de loin inférieur aux gains tirés de la violation des zones de pêche.
Pour être réellement efficace, le système de protection et de surveillance des pêches doit
être dissuasif et crédible. La dissuasion serait atteinte par exemple si un commandant de
pêche était convaincu qu'il serait immanquablement arraisonné ou identifié en pêchant
dans une zone interdite et que les peines encourues l'emporteraient très nettement sur les
gains espérés (FONTANA, 1983).
Il y a quelques années, un inspecteur des pêches de Ziguinchor à qui on posait la question
de l'utilité d'une réglementation qui n'est pas respectée avait répondu que la situation
serait pire s'il n'y avait pas de réglementation du tout. Si l'on en juge par le nombre de
pirogues crevettières au voisinage de la Pointe Saint-Georges, l'effet dissuasifsemblerait
cependant assez voisin de zéro.
La situation actuelle en Casamance n'est pas sans dangers: diminution de l'autorité de
l'Administration, risques d'actions de représailles, risques de surexploitation. Il serait
préférable de tenter de déterminer les conséquences respectives de la suppression de la
pêche des crevettes avec les filets fixes en aval de Ziguinchor et avec les félé-félé en
amont, sur les captures de crevettes et de poissons, études que le CRODT n'a pu mener
jusqu'à présent, faute de moyens. Il conviendrait bien entendu de tenir compte des aspects
sociaux. L'Administration serait alors mieux armée pour dégager, après concertation
avec la population, une réglementation conforme aux choix politiques et aux intérêts,
non seulement à court terme mais également à moyen terme, du plus grand nombre. Cette
réglementation devrait être alors appliquée avec sévérité.
Les destructions d'engins de pêche (filets fixes) surviennent généralement la nuit au
moment où l'activité des pirogues est réduite voire inexistante. Les armements industriels
profitent ainsi du repos des pêcheurs pour s'approcher du rivage tous feux éteints.
Compte tenu des nombreux cas de contestation ou de refus de dédommagement de la
part des armateurs présumés coupables, on peut penser qu'il s'avère nécessaire de
transmettre tous les dossiers au niveau de la justice en évitant autant que possible les
règlements à l'amiable. Dans ces conditions les fautifs seront punis sans aucune com
plaisance conformément aux lois et règlements en vigueur au Sénégal. La question qui
se pose est de savoir si on dispose d'un arsenal et des moyens judiciaires adéquats dans
ce domaine.
Dans le cadre de la politique d'aménagement et de gestion des ressources halieutiques,
il serait intéressant d'orienter la pêche industrielle vers l'exploitation des stocks situés
plus au sud, au niveau de la Casamance. L'exploitation industrielle du stock disponible
de petits pélagiques au large de la Casamance pourrait justifier une implantation d'un
port secondaire en Basse Casamance pour éviter la concentration des bateaux industriels
dans la zone de Dakar; toutefois, une telle réalisation demandera une étude socio-
économique préalable.
390
Conflits Liés au Secteur des Pêches
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
BAKHAYOKHO, M. (1990). Les conflits dans les pêcheries artisanales sénégalaises.
Contribution à la recherche de solutions au problème actuel entre les pêcheurs
au filet maillant dormant et ceux au filet maillant dérivant de fond au large de
Joal. Revue ISRA, Etudes et Documents, vol. 3, n° 1, p. 1 1.
BAKHAYOKHO, M., NDIAYE, I. et FAYE, M. (1986). Les conflits des pêcheurs au
large de Joal. Une entrave au démarrage de la campagne des pêcheurs artisans
au casier et au filet dormant. Doc. int. Cent. Rech. Océanogr. Dakar-Thiaroye.
BAKHAYOKHO, M. et KEBE, M. (1989). Problématique des relations entre pêche
artisanale et pêche industrielle: cas des ressources démersales. In: Durand J.R.,
Lemoalle J. et Weber J. (éds): La rechercheface à la pêche artisanale; Svmp.
Int. ORSTOM/IFREMER Montpellier, 3-7juillet 1989. Paris, ORSTOM, tome
II: p. 933-941.
CHABOUD, C. et KEBE, M. (1989). Les relations entre producteurs et commerçants
ou les mareyeurs sont-ils des exploiteurs? Le cas du Sénégal. In: Durand, J. R.,
Lemoalle, J. et Weber, J. (éds): La rechercheface à la pêche artisanale. Symp.
Int. ORSTOM/IFREMER Montpellier, 3-7juillet 1989. Paris, ORSTOM, tome
II: p. 593-602.
CHABOUD, C. et KEBE, M. (1990). La distribution du poisson de mer au Sénégal.
Commerce traditionnel et interventions publiques. Cah. ORSTOM Sci. Hum.,
25 (1-2): 125-143.
CRODT (1985). Conflits de Kayar, analyse du CRODT. Doc. Int. Cent. Rech.
océanogr. Dakar-Thiaroye.
CRODT (1992). Statistiques de la pêche maritime sénégalaise en 1989. Arch. Cent.
Rech. Océanogr., Dakar-Thiaroye, 183, p. 93.
FONTANA, A. (1983). Gestion, protection et surveillance des pêches. Comparaison
des modèles canadiens et sénégalais. Rapp. int. Cent. Rech. Océanogr.
Dakar-Thiaroye, 55, p. 17.
391
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
KEBE, M. (1985). Etude des conflits entre pêche artisanale et pêche industrielle au
Sénégal. Rapport consultation FAO, 22 p.
KEBE, M. (1988). Rôle des secteurs public et privé dans le financement du secteur
des pêches au Sénégal. Rapport consultation FAO, 25 p.
LE RESTE, L. (1986). La pêche crevettière en Casamance. In: Le Reste, Fontana et
Samba (éds). L 'Estuaire de la Casamance: Environnement, pêche et
socio-économie. Actes du séminaire tenu à Ziguinchor du 19 au 24juin 1986.
CRODT/lSRA: 245-254.
WEBER, J. et FONTANA, A. (1983). Pêche et stratégie de développement. Discours
et pratiques. Réunion d'experts FAO sur les stratégies de développement des
pêches. Rome, 14-15 mai 1983, 11 p.
392
ESPACE TOURISTIQUE LITTORAL
TOURIST BEACHES
L'AMENAGEMENT DES ZONES TOURISTIQUES
DE LA PETITE COTE ET DE LA
BASSE-CASAMANCE: IMPACTS SPATIAUX ET
SOCIO-ECONOMIQUES D'UNE OCCUPATION
LITTORALE LINEAIRE
Résumé
Pour répondre aux exigences du tourisme international qui correspond à la fois à des
déplacements massifs de touristes, et à une consécration indiscutable du trophisme
littoral, le Sénégal s'est engagé à réaliser des aménagements de grande envergure sur
le littoral. Le choix porte plus particulièrement sur la Petite Côte et la Basse-
Casamance.
Cette polarisation croissante du littoral se manifeste par des concentrations de type
multiple : équipements hôteliers occupant le front de côte, infrastructures de base. Elle
induit aussi des activités diverses produisant ainsi des espaces où l'activité touristique
devient la branche maîtresse du développement local.
En réalité, ces espaces se façonnent au détriment de l'espace traditionnellement destiné
aux activités rurales. Cette situation tend à renforcer les disparités qui ont toujours existé
entre les régions littorales et celles de l'intérieur.
395
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
396
L Aménagement des Zones Touristiques
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
En Basse-Casamance, le littoral est la zone la plus densément occupée; il est aussi celui
qui portera l'essentiel des projets d'aménagement touristique de la région. Pour harmo
niser notre zone d'étude, nous avons adopté le même principe que sur la Petite Côte
c'est-à-dire "à partir d'une ligne parallèle à la côte passant à 5 km des limites du domaine
public maritime". Remarquons toutefois que cette limite (à 5 km du rivage) n'est qu'un
découpage commode puis qu'en fait l'aménagement touristique concerne l'ensemble de
la Basse-Casamance.
Selon le décret n° 84 - 1 367/MUH/DUA du 20 novembre 1 984 "le projet d'aménagement
touristique de la région de Ziguinchor couvre l'ensemble de cette région soit une
superficie totale de 7 339 km2". Cela représente toute la région administrative de
Ziguinchor, donc toute la Basse-Casamance.
Le schéma régional d'aménagement s'articule autour des zones suivantes:
- La zone littorale du Cap Skirring qui représente une bande de plage de 7 500 m et
qui comprend les anses de Boukote, l'anse dite de l'Aérodrome et l'anse du Cap
Skirring; ces sites sont tous inclus dans les limites du titre foncier no. 853 de
Basse-Casamance. Il est prévu dans le rapport final, d'étendre ce même titre foncier
ou d'en créer un nouveau de manière à inclure au Nord de cette zone d'aménagement
du Cap Skirring une portion du littoral sur une longueur d'environ 2 500 m; c'est la
région faisant transition entre la région du Cap Skirring et celle du littoral de
Diembéring, région entre les villages de Boukote et Bouyouye.
- La zone littorale de Kafountine, un littoral assez rectiligne qui se développe sur
8 000 m; dans la partie Nord de ce littoral, il est proposé, après 1989, la construction
d'une réserve foncière du domaine privé de l'Etat (incluant le Domaine Public
Maritime) dans une bande de 100 m à partir des plus hautes eaux, destinée à recevoir
le développement du tourisme (figure 2).
398
L 'Aménagement des Zones Touristiques
399
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
succession de "plages rouges" sur 5 km de long avec un estran compris entre 100 et
150m(DEMOULIN, 1967).
En certains endroits, comme le Cap de Naze (74 m) où les falaises sont élevées avec des
pentes fortes, il existe peu ou pas de plages, mais la vue reste belle. De la Somone à
Nianing, c'est la zone des belles plages réparties entre les anses de différentes échelles
souvent abritées des vents: baie de Ngaparou, de Saly Tape, grande baie entre Saly
Portudal et Saly Niakhniakhal, anse de la Pointe Sarène. Cette zone est aussi ponctuée
par de nombreux marigots: marigots de Mballing, de Warang et de Ponto.
En dehors des forêts de Bandia et de Nianing la végétation est une savane où domine le
baobab. C'est le secteur qui connaît le développement touristique le plus dense et qui va
porter les plus importants projets d'implantation touristique. De Nianing à Palmarin, il
s'agit de cordons littoraux récents (TECASEN, 1981) très minces avec de nombreuses
zones inondables; ce qui est très peu propice aux implantations touristiques.
L'ensemble Joal-Fadiouth est inséré dans un cordon littoral assez mince et long. De
l'autre côté du cordon littoral, c'est l'association de marigots, de mangroves et de terres
inondables. Enfm il est bâti sur des sols d'alluvions sablo-coquilliers (amas coquilliers).
La Petite Côte se termine par la flèche de Sangomar, cordon littoral récent formé de sable
de plage marin, située sur la bordure maritime du Delta du Saloum (2 000 km2). Les îles,
dans cet ensemble très hydromorphe, sont formées à partir de tannes nus ou herbus,
d'amas artificiels coquilliers, de vasières à mangroves. Elles sont accessibles par des
chenaux de marée qui se présentent sous forme de larges bolons bordés par la mangrove;
ces bolons sont des voies naturelles de pénétration assez pittoresques.
1.2.1.2 En Basse-Casamance
Le littoral casamançais est formé de deux ensembles, celui de la Presqu'île aux Oiseaux,
zone basse et sableuse, et de celui de l'estuaire du fleuve, zone qui dispose de vasières à
mangroves visitées par les chenaux de marées (bolons), de cordons sableux, de tannes et
de lambeaux de plateaux gréseux (TECASEN, 1979).
Les zones propices aux installations touristiques sont les suivantes:
- La région du Cap Skirring constituée de plusieurs anses séparées par des caps
rocheux (anse de Boukote, anse de l'Aérodrome, anse du Cap Skirring) avec un
littoral rectiligne, large et important (7 500 m).
- La région de Kafountine-Abéné a aussi un littoral assez rectiligne, important
(8 000 m), bordé d'un bourrelet dunaire avec une large plage. Ce sont ces régions
qui portent le plus d'implantations touristiques. Les zones du littoral peu aptes à
l'aménagement touristique sont soit constituées de cordons littoraux très étroits et
inondables (la Presqu'île aux Oiseaux, entre Kafountine et l'embouchure du fleuve)
soit fortement exposées aux vents dominants (Bouyouye et Pointe Nikine) soit de
zones inondables et marécageuses, de la frontière gambienne à Abéné et entre
Kabrousse et la frontière de la Guinée-Bissau.
Mais ces zones accessibles par les bolons bordés d'une épaisse mangrove sont propices
aux excursions. En dehors de la mangrove, la végétation sur les plateaux ou sur les
cordons littoraux est constituée de palmeraies, de formations arbustives ou de forêt claire.
Certaines de ces forêts, comme celle de Santiaba Mandjack, constituent des lieux
privilégiés d'excursion ou de chasse.
400
L Aménagement des Zones Touristiques
401
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
402
L 'Aménagement des Zones Touristiques
403
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
de 500, 750, 1 000 lits. Ces lots privatifs sont disposés en éventail autour d'un noyau (le
centre d'animation) pour une plus grande accessibilité de tous, touristes comme non-
touristes, aux lieux d'animation, aux places et chemins publics. Le souci d'une telle
structuration appelle à une intégration, une articulation entre différents éléments de la
station, contrairement à la situation des villages de vacances autonomes qui fonctionnent
en vase clos. La première tranche en cours de réalisation est Saly Sud. Les lots 1 A, 2, 5,
7, 10 sont déjà construits; la promotion des autres lots se poursuit. L'espace ainsi
déterminé est sous administration privée.
En effet, selon les clauses du décret attribuant Saly à la SAPCO, il est dit qu'aucune
action collective ne pourra être réalisée sans l'agrément formel du responsable de la
société qui pourra exiger dans tous les cas d'être le maître d'oeuvre délégué de l'action
envisagée. Les paysans sont expropriés: ils ne possèdent plus de champ de culture, de
même une partie, du village a été rasée et les habitants installés ailleurs.
C'est aussi un espace aménagé; la station a fait l'objet d'importants aménagements en
infrastructures de base:
- Le bitumage de 10 km de route (route de Saly à la Nationale RN1, des routes
desservant l'intérieur de la station), l'amélioration des pistes Ngaparou - Gandigal.
- L'alimentation en eau est assurée par deux forages de 250 m de profondeur situés à
Mbour, plus un château d'eau à Saly dont le débit est de 2 000 m3 par jour. A ce
système sont branchées des bornes fixes d'arrosage pour les plantations, les bouches
d'incendie et les bornes fontaines villageoises.
- Des équipements collectifs sont mis à la disposition de l'ensemble des touristes de
la station: théâtre de verdure, restaurant, night-clubs, terrains de tennis, boutiques et
un important programme paysager de 1 50 000 arbres.
En ce moment, seule l'U.A.T. de Saly Sud porte des réceptifs. Ces derniers sont au
nombre de sept:
- l'hôtel Palm Beach, 540 lits, 4 étoiles;
- Saly Hôtel, 200 lits, 4 étoiles;
- le village de vacances, le Savana Koumba, 256 lits, 4 étoiles;
- le village de vacances Savana Saly, 200 lits, 4 étoiles;
- l'hôtel Novotel Saly 200 lits, 4 étoiles;
- les Filao 216 lits, 3 étoiles;
- le Royam 120 lits, 4 étoiles.
Les réceptifs ont généralement un accès direct à la mer et ils sont tous dotés des
équipements traditionnels de loisirs et de sports (bars, piscine, terrains de jeux, restaurant
etc.); leur façade extérieure s'ouvrant sur des équipements collectifs, le réceptifne donne
plus l'impression d'être isolé par rapport à ses voisins.
2.1.1.2 Le tourisme de week-end
Le tourisme de week-end est particulièrement développé dans la zone comprise entre
Sienndou et Saly et plus précisément entre les villages suivants: Sienndou et Toubab-Dialao
en passant par Yenne, la Somone et Ngaparou, enfin entre Ngaparou et Saly.
Les réceptifs sont constitués de cabanons ou de bungalows qui s'échelonnent tout au long
de la plage; en effet, ils tournent le dos au village et ont un accès direct sur la mer.
404
L 'Aménagement des Zones Touristiques
Ces bungalows de fortune sont devenus petit à petit de somptueuses villas. La clientèle
vient en majorité de Dakar; elle était à l'origine constituée de Français, de Libano-syriens
et d'Africains diplomates, mais, à ceux-ci s'ajoutent aujourd'hui, bon nombre de hauts
fonctionnaires et d'hommes d'affaires sénégalais.
Ces bungalows établis sur des terrains situés sur le domaine maritime sont susceptibles
d'être récupérés à tout moment par l'Etat comme en atteste le déguerpissement massif
de bungalows de week-end pour la construction de la Station de Saly.
2.1.1.3 Le tourisme rural intégré
Le tourisme rural intégré ou tourisme de découverte se déroule dans des campements
situés au sein du village. Ce type de tourisme a vu le jour en Basse-Casamance où l'on
peut dénombrer une dizaine de campements villageois. La Petite Côte ne possède qu'un
seul campement, celui de Palmarin situé en bordure de la plage. Le style d'aménagement
est original, puisqu'il est construit à l'image du village. Le tourisme rural intégré a comme
objectif de valoriser l'architecture traditionnelle et d'impliquer les populations rurales à
la gestion des activités du tourisme.
La capacité d'hébergement est de l'ordre de 40 lits. La clientèle est en majorité constituée
de touristes internationaux. Le tourisme de découverte est l'affaire des jeunes mais aussi
de tous ceux qui veulent avoir un contact direct avec la culture locale.
2.1.2. En Basse-Casamance
Ici l'aménagement littoral concerne la seule zone du Cap Skirring. Comme sur la Petite
Côte, les réceptifs longent la côte en formant une occupation en chapelet.
2.1.2.1. Occupation en chapelet: cas de la zone touristique du Cap Skirring
L'implantation du Club Méditerranée au Cap Skirring sera l'élément moteur du déve
loppement touristique dans cette zone. De 1976 à 1979, c'est la création successive de
réceptifs de type et de style différents.
Aujourd'hui, de Kabrousse à Diembéring, sur environ 15 km, la jonction des limites
d'influence de ces réceptifs a créé une véritable zone touristique, un espace conditionné
pendant environ 6 à 8 mois par l'activité touristique. L'aménagement touristique de cette
zone présente un aspect hétérogène quant à la situation et au style des réceptifs. Au Sud,
de Kabrousse au Cap Skirring sur une distance d'environ 4 km, s'égrènent en chapelet
le long du littoral quatre villages de vacances: Socitour II, la Paillote, le Club Méditer
ranée et Savana.
Cet échelonnement des villages de vacances entraîne une véritable privatisation du
littoral du Cap Kabrousse au Cap Skirring: les réceptifs ayant la même disposition que
le village de vacances du Club Méditerranée forment une bande continue bordée d'un
côté par la plage et de l'autre par la route du Cap Skirring. Vers le Nord du Cap Skirring
à Diembéring, c'est la zone des campements touristiques: trois campements à Diembé
ring, un à Boukote; contrairement aux villages de vacances, ils ne donnent pas directe
ment sur la plage, mais sont établis à l'intérieur du village: ils se situent souvent à une
centaine de mètres de la plage.
Dans ce cas d'aménagement touristique, il n'y a pas de privatisation de la plage. Mais
avec le plan d'aménagement de la Basse-Casamance, du Cap Skirring à Boukote, il est
prévu l'implantation d'environ huit villages de vacances qui s'échelonneront le long du
405
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
littoral; leur disposition sera plus dense que celle que nous avons, entre les villages de
Cap Skirring et de Kabrousse (figure 3). Toute la plage sera soustraite aux non-touristes
par une bande ininterrompue.
Cette concentration des réceptifs le long de la côte entraîne d'une part un sur-équipement
du littoral en infrastructures de base comme l'électricité, l'eau, les routes goudronnées
et d'autre part, sa modernisation voire son urbanisation (importance de la population,
concentration des équipements collectifs divers...) par rapport à l'intérieur du pays.
2.1.2.2. Sur-équipement du littoral: déséquilibre avec l'intérieur
Sur la Petite Côte, toutes les routes nouvellement goudronnées branchées sur la Nationale
1 se dirigent vers la côte, de même que les zones électrifiées se situant dans la zone
comprise entre la route Diamniadio-Fadiouth et la Côte.
En Basse-Casamance, les infrastructures routières ont la même orientation: elles se
dirigent toutes vèrs la côte atlantique. En effet, dans le Ve Plan, sur un financement global
de 4,390 milliards de F CFA, 4,090 Mds ont été utilisés à la construction de trois ponts
sur la route touristique Ziguinchor-Oussouye-Cap Skirring de 73 km pendant que
l'intérieur de la Basse-Casamance reste sous équipé.
L'implantation de l'activité touristique sur le littoral renforce le déséquilibre qui a
toujours existé entre ce dernier et l'intérieur du pays. En effet, au cours de la pénétration
européenne et en particulier celle de la France, le littoral sénégalais a toujours été une
zone stratégique: lieu d'approvisionnement des navires européens en eau et en vivres,
lieu d'échanges de produits manufacturés (tissus, quincaillerie, alcools) et des produits
de l'intérieur (ambre, ivoire, cuir, or, cire, esclaves), lieu de ravitaillement de l'intérieur
du pays en poissons séchés, coquillages, sel et lieu d'immigration temporaire ou
permanente des paysans de l'intérieur, parfois confrontés aux aléas climatiques.
Du XV au XIXe siècle, toutes les enclaves situées sur le littoral (Saly-Portudal, Joal,
Palmarin, Karabane) et celles qui se trouvent en dehors de notre zone d'étude (St Louis,
Dakar, Rufisque) ont eu à jouer un rôle militaire et commercial.
Au XIXe siècle, sous la colonisation française, les produits de l'intérieur, d'abord la
gomme venant du fleuve, ensuite l'arachide du bassin arachidier vont entraîner la
prospérité de l'économie littorale: les premières infrastructures de base (ports, routes,
voies ferrées) se situent sur le littoral ou bien y convergent. Ce déséquilibre est specta
culaire sur la Petite Côte. De par sa situation, le littoral a une économie plus diversifiée
que celle de son hinterland; les paysans du littoral tirent leurs ressources à la fois des
cultures et de la pêche, tandis que ceux de l'intérieur ne comptent que sur des cultures
souvent soumises aux aléas climatiques. Le développement du tourisme va creuser cet
écart qui a toujours existé entre l'intérieur et le littoral.
En effet, la frange destinée au tourisme est sur-équipée. Ces équipements, bien que créés
pour satisfaire les besoins des touristes, peuvent être utilisés pour le développement
d'autres activités économiques. Le dénuement de l'intérieur en matière d'infrastructures
de base et la persistance de la sécheresse poussent les populations vers le littoral. La
présence de l'activité touristique va ainsi accentuer l'exode rural.
406
L 'Aménagement des Zones Touristiques
407
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
- En Basse-Casamance, on peut constater que les cultures vivrières ont vu leur volume
baisser considérablement ces dernières années, à cause probablement de la séche
resse mais aussi du manque de main-d'œuvre. Les jeunes paysans considèrent les
employés du Club Méditerranée comme des privilégiés. Ces derniers, en plus du fait
qu'ils sont salariés, ont aussi la possibilité d'aller chaque année en Europe, ceci
entraînant l'augmentation de leur pouvoir d'achat et par conséquent celle de leur
niveau de vie. Avec ces changements, ils constituent un point de mire pour les jeunes
ruraux qui, de plus en plus, dédaignent les travaux de rizières, leur rêve étant de
travailler à l'hôtel et à n'importe quelle condition.
Ainsi, nous constatons que l'appât du gain facile fait que le jeune paysan se détourne des
activités traditionnelles. Démuni de formation, le tourisme ne lui réserve généralement
qu'une situation souvent très précaire: petit employé d'hôtel, guide, piroguier, vendeur
à la sauvette.
408
L 'Aménagement des Zones Touristiques
sionnent occasionnellement chez le pêcheur local, par contre ils s'adressent fréquemment
aux mareyeurs, ces derniers leur permettant un ravitaillement avec quantité demandée et
livraison assurée. Ce qui est hors des possibilités du pêcheur local qui est dépourvu de
moyens d'équipement et de surcroît n'appartient à aucune organisation de type coopératif.
De timides tentatives pour organiser les pêcheurs sont menées. Elles ont abouti à la
naissance du CAPAS qui n'a pas encore l'adhésion de tous les pêcheurs. Ses objectifs
sont l'équipement des pirogues et la commercialisation des produits tirés de la pêche. La
commercialisation s'effectue en quatre étapes: l'exportation, le marché local, la transforma
tion et le mareyage. Le CAPAS ne ravitaille donc pas directement les hôteliers; jusqu'ici
aucun lien n'existe entre eux. Les liens entre pêcheurs locaux et hôteliers, s'ils existent,
sont tout à fait individuels. Ce sont les pêcheurs ou les femmes du village qui se présentent
chaque matin devant l'hôtel avec leurs produits qui seront acceptés selon les besoins de
l'hôtelier. Ce système fait qu'aucune garantie de vente n'est assurée aux pêcheurs. Dans ce
cas d'échanges, tout le profit revient à l'hôtelier puisqu'il peut se ravitailler en produits
frais sur place, donc sans coût de déplacement. De surcroît, la loi de l'offre et de la
demande est en sa faveur: le pêcheur ne disposant d'aucun moyen de conservation tend
à se débarrasser le plus vite possible de sa marchandise.
Ainsi, sur la Petite Côte où la pêche constitue une des sources de revenus les plus
importantes pour le paysan, il est regrettable de constater qu'aucune politique d'organi
sation et de restructuration de la commercialisation, conforme à la demande touristique,
n'est menée en direction des pêcheurs locaux. Le développement du tourisme va plutôt
profiter à des individus souvent extérieurs au lieu d'implantation touristique qui habitent
soit Mbour soit Dakar.
409
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
paysans diola pour la pêche. Mais ces derniers vont se heurter à des obstacles comme le
manque de capitaux et le manque de formation technique.
Ces obstacles ont été levés grâce à la création d'associations de type coopératif (groupe
ment des pêcheurs) et au recours à des bailleurs de fonds plus ou moins désintéressés
(organisations confessionnelles ou internationales, pouvoirs publics). A ce titre, deux
projets ont été mis sur pied. Le projet CARITAS créé en 1981 avait formé 25 groupes
de 7 à 8 personnes chacun et le projet GOPEC (groupement opérationnel d'étude et de
concertation), un organisme public sénégalais qui a vu le jour en 1976 et qui est devenu
opérationnel en juillet 1978; sur 90 pêcheurs diola en stage de formation auprès des
saisonniers guet-ndariens, 70 sont installés en permanence à Kafountine et les 20 autres
passent 6 mois par an au Cap Skirring, de novembre à décembre, période correspondant
à la saison touristique.
Sur le plan de l'équipement, la Basse-Casamance est encore plus démunie que la
Petite Côte. Le département ne dispose ni d'industrie de transformation, ni d'entrepôts
frigorifiques. Par contre, il faut noter la quasi inexistence du phénomène mareyeur: les
hôtels du Cap se ravitaillent, en grande partie, directement auprès des pêcheurs installés
dans la région. L'achat s'effectue à Boudiediette (ancien bac) soit sur la plage même à
proximité des établissements hôteliers. Pour assurer la régularité de leur appro
visionnement, certains hôteliers ont essayé de s'attacher à un certain nombre de
pêcheurs en leur fournissant des filets, ou même des denrées alimentaires (sucre, lait,
café etc.).
Evidemment, sur le plan de l'intégration du pêcheur à l'activité touristique, la situation
qui se présente est meilleure que celle qui prévaut sur la Petite Côte mais, avec ce système,
les relations commerciales entre pêcheur et hôtelier demeurent individuelles, le pêcheur
reste subordonné à l'hôtelier.
En dépit de cela, il faut avouer que c'est avec le développement du tourisme dans la zone
du Cap Skirring que la pêche a pu connaître son ampleur actuelle. Aujourd'hui, l'intérêt
des pêcheurs se trouve dans la création d'une coopérative équipée en entrepôt frigorifique
et en moyens de transport pour la collecte et la distribution de la production. Une autre
activité, jusqu'alors inconnue du paysan diola et qui s'est développée avec le tourisme
est le maraîchage: de Diembéring à Oussouye, le PIDAC (projet intérimaire de dévelop
pement agricole de la Casamance), fondé en 1979 et financé par l'USAID, encadre des
jardins maraîchers cultivés par les femmes mariées de cette zone.
Les arrondissements les plus touristiques du département d' Oussouye, ceux de Ka-
brousse et de Loudia, portent une dizaine de blocs de culture, chaque village ayant son
bloc de 2 ha environ. Avant l'installation des hôtels, le maraîchage pratiqué par les
femmes se limitait à la production de condiments pour les recettes à base de ris, mais
aujourd'hui toutes les variétés de légumes cultivées dans les blocs rentre dans l'alimentation.
Le maraîchage s'effectue pendant la saison sèche de novembre à mai, période où les femmes
ne sont pas occupées dans les rizières et où le tourisme bat son plein. La commercialisation
est plus réglementée que pour les produits de la pêche. Chaque année, avant l'ouverture
de la saison touristique, une réunion entre hôteliers, encadreurs du PIDAC, autorités
administratives se tient pour définir les prix de la saison et le calendrier de vente. Celui-ci
détermine le tour de vente de chaque bloc. Les produits de la vente représentent des
sommes variant de plusieurs milliers à plus d'un million de F CFA par saison.
410
L 'Aménagement des Zones Touristiques
4. CONCLUSION
La politique touristique sénégalaise est résolument orientée vers le tourisme balnéaire:
tous les plans d'aménagement prévoient l'établissement de plusieurs milliers de lits sur
le littoral; dans une déclaration récente (J.A.E., 1992), le Ministre du tourisme annonce
des projets de grande envergure sur la Grande Côte à Cayar et sur la côte Casamançaise
à Kafountine.
Ce type d'option, comme l'a souligné CAZES (1983) "pour les cas de beaucoup de pays
du Tiers Monde, est doublement contestable au plan des disparités régionales internes
d'abord, au plan de la compétition internationale ensuite". Certes la zone littorale profite
des infrastructures de base et des équipments destinés au tourisme, mais son arrière-pays
reste en retrait du développement touristique parce que dépourvu des moyens pour
répondre à ce type de tourisme. De même, le produit touristique est plus ou moins fragile
dans la mesure où l'attraction dominante est le littoral, alors qu'il existe d'autres
destinations balnéaires plus accessibles. Pourtant, une orientation vers l'exploitation des
potentialités de l'intérieur (autres types de paysages, la culture locale) peut participer
valablement à la diversification du produit touristique et par là même constituer l'oppor
tunité d'impliquer plus directement les populations locales à la gestion de l'activité
touristique.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
CAZES, G. (1983). Le tourisme international en Thaïlande et en Tunisie: les impacts
et le risque d'un développement mal maîtrisé. Trav. de l'Inst. de Géogr. de
Reims. n° 53-54, 153 p.
DEMOULIN, D. (1967). Etude de la morphologie littorale de la Petite Côte, de
Bargny au marigot de la Nougouna (Sénégal). DES de Géogr., Dakar, 122 p.
JEUNE AFRIQUE ECONOMIE ( 1992). Spécial Tourisme Sénégal n° 151.
PELISSIER, P. (1966). Les paysans du Sénégal: les civilisations agraires du Cayor à
la Casamance. St Yrieux, Imp. Fabrègue, 939 p.
SENE-DIOUF, B. (1987). Le tourisme international: étude géographique de son
impact sur la Petite Côte et en Basse-Casamance (Sénégal). Thèse de 3e cycle,
Univ. de Dakar, 318 p.
TECASEN, EQUIPE (1979). Télédétection de quelques géosystèmes littoraux
sénégalais. Rapport n° 1, ENSJF/Dép. Géogr. Dakar, 81 p.
TECASEN, EQUIPE (1981). Télédétection et cartographie thématique: Nord-Sénégal
et Basse-Gambie - Rapport n° 1, ENSJF/Dép. Géogr. Dakar, 83 p.
411
PROBLEMATIQUE DE LA MISE EN VALEUR DES
RESSOURCES ET POTENTIALITES
TOURISTIQUES DU LITTORAL SENEGALAIS
Ismaïla GOUDIABY
Direction des Investissements et de la Promotion Touristique, Ministère du
Tourisme et de l'Environnement, Sénégal
Résumé
Abstract
When studying Senegalese tourism, certain facts have to be taken into account:
- prevailance if two forms of tourism: business tourism and leisure tourism;
- both areas are located west of the Saint-Louis - Ziguinchor axis;
- they do not maximize the evaluation ofthe resources and potentialities ofthe littoral
area.
This threefold statement raises the whole issue of tourist development in Senegal. This
implies interest in the legal framework that supports this planning and in the execution
of defined programmes. In this paper the research and mobilization of funds necessary
in setting up the basic equipment and infrastructure, as well as the measures taken to
attract investors and finance tourist development, are analyzed.
The analysis will lead to the definition of what could constitute the axis of a strategy of
optimal development of the tourist potentialities of the Senegalese littoral area.
413
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
INTRODUCTION
Le tourisme au Sénégal reste dominé par deux composantes majeures: le tourisme
d'affaires et le tourisme de loisirs.
Ces deux formes de tourisme se sont développées à Dakar, sur la Petite Côte et en
Basse-Casamance, constituant ainsi trois pôles aux potentialités indéniables, mais
auxquelles on ne saurait attribuer l'exclusivité de la vocation touristique du littoral
sénégalais.
La Grande Côte, qui s'étend de Dakar à Saint-Louis, est restée en marge du développe
ment touristique. Handicapée par une mer trop houleuse, elle présente cependant des
atouts qui pourraient servir de points d'appui à un tourisme florissant, basé non pas sur
la baignade, mais sur des loisirs tout aussi prisés sur le marché international, tels le surf,
l'équitation, etc.
La surprenante marginalisation de cette partie du littoral sénégalais apparaît plus nette
ment encore à son extrême Nord qui a pourtant l'avantage de regrouper des sites aussi
intéressants que la Langue de Barbarie, le Parc national des Oiseaux du Djoudj et la ville
de Saint-Louis.
Tout cela dénote une exploitation non optimale des potentialités touristiques du littoral,
phénomène observable même dans les régions jugées prioritaires et dotées à ce titre d'un
plan d'aménagement touristique.
En effet, aussi bien en Basse-Casamance que sur la Petite Côte, l'exécution des pro
grammes d'aménagement a connu un retard d'une ampleur telle qu'on pourrait en arriver
à se poser un certain nombre de questions: comment expliquer qu'autant de ressources
et de potentialités ne soient pas valorisées au maximum par le tourisme? Comment le
tourisme est-il jusqu'à présent conçu, mis en œuvre et géré le long du littoral? Quelles
sont les principales contraintes qui se posent à son développement?
La réflexion portera sur le développement du tourisme, essentiellement dans les perspec
tives de l'aménagement touristique. L'accent sera mis sur l'étude du cadre légal qui
sous-tend l'aménagement, par le bilan de l'exécution des programmes et sur l'implication
des mesures prises pour attirer les investisseurs, sans oublier les efforts de financement
du développement touristique.
4I4
Problématique de la Mise en Valeur des Ressources Touristiques
415
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
416
Problématique de la Mise en Valeur des Ressources Touristiques
417
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
2.1.2. La Basse-Casamance
Le Plan d'Aménagement Touristique de la Basse-Casamance recommandait la mise en
place des infrastructures de base nécessaires pour la réalisation du programme d'aména
gement touristique.
Mais, en l'absence d'une Société chargée, à l'image de la SAPCO, de veiller à la mise
en œuvre du programme d'infrastructures, les délais de réalisation ont été rarement
respectés par les départements ministériels concernés.
Il s'avère aujourd'hui nécessaire de faire le point sur la réalisation des infrastructures de
base, notamment au Cap-Skirring et dans la zone de Kafountine.
418
Problématique de la Mise en Valeur des Ressources Touristiques
3.1. Généralités
Au Sénégal comme partout ailleurs, deux exigences majeures se posent au développe
ment du tourisme, à savoir:
419
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
- à long terme, exploiter à fond les ressources et potentialités des régions, sans détruire
ou diminuer leurs attraits, tout en créant et maintenant une image distinctive, dans
un marché de plus en plus concurrentiel;
- à court terme, assurer la croissance du potentiel hébergement, des services et
équipements d'accompagnement, tout en garantissant le profit maximum des fonds
investis.
Ces deux exigences constituent un premier problème dont toute stratégie de développe
ment touristique qui se veut conséquente doit tenir compte.
Nous pensons que le développement du tourisme au Sénégal, en particulier dans les zones
littorales, doit être sous-tendu par deux notions - clés: volonté et organisation.
Au nom d'une réelle volonté politique, le tourisme classé industrie lourde, en raison de
I ' importance des investissements qu'il nécessite, doit être doté de moyens suffisants pour
son développement; lequel développement ne sera durable que dans un cadre bien
organisé et garantissant l'équilibre des milieux aménagés.
Les axes que nous nous proposons de dégager comme devant permettre d'optimiser
l'exploitation des potentialités touristiques de notre littoral n'ont rien de révolution
naires. Répondant à une certaine logique, ils reprennent en les ordonnant des idées
connues, mais dont la réalisation tarde toujours à la grande misère du tourisme sénégalais.
II s'agit:
- du raffermissement du cadre de développement touristique;
- de la création d'une Société Nationale d'Aménagement Touristique;
- de la création d'une structure de financement répondant aux caractéristiques de
l'industrie touristique (crédit hôtelier);
- de l'adoption de mesures adéquates d'incitation à l'investissement touristique;
- du contrôle de la politique nationale d'aménagement touristique.
420
Problématique de la Mise en Valeur des Ressources Touristiques
421
LES RAPPORTS ENTRE TOURISME ET ESPACE
LITTORAL: EXEMPLE DE LA PETITE COTE
(SENEGAL)
Amadou DIOP
Département de Géographie, Faculté des Lettres et Sciences Humaines,
Université Cheikh Anta Diop, Dakar, Sénégal
Résumé
423
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
INTRODUCTION
Les possibilités de mise en valeur touristique du littoral de la Petite Côte sénégalaise ont
suscité un vif intérêt depuis 1972, date à laquelle fut confiée, au bureau d'études
Henri-Chomette, l'élaboration du schéma directeur touristique fixant les conditions
d'aménagement de cet espace littoral. Dans la ligne des recommandations, la Société
d'Aménagement de la Petite Côte (SAPCO), créée en 1975 et chargée de mettre en valeur
les sites prioritaires de la Petite Côte, a réalisé de toute pièce la station touristique de Saly
Portudal.
Sur les 700 km de côtes sénégalaises, le littoral de la Petite Côte en totalise 80 km et
s'étend du Sud de la région du Cap-Vert à celle de Joal-Fadiouth. Il s'agit, par définition,
d'une zone ultrasensible née du contact des deux écosystèmes: "les espaces terrestres et
marins fortement influencés les uns par la proximité des autres".
Cet espace littoral s'organise autour de deux centres urbains, Mbour et Joal-Fadiouth, et
d'un semis de villages qui s'échelonnent du Nord au Sud; plus de 150 000 habitants sont
concernés. Les premiers utilisateurs sont les pêcheurs-agriculteurs. Plus que l'agriculture
qui a un caractère de subsistance, la pêche artisanale constitue la principale activité
économique sur ce littoral et fait vivre des milliers de familles. A l'échelle du pays, la
Petite Côte assure chaque année plus de 40% des mises à terre.
Voilà que ce littoral est devenu aussi, depuis quelques années, l'espace de loisir le plus
convoité et exerce un attrait considérable sur des milliers de touristes étrangers à la
recherche de plage, de mer et de soleil. L'activité touristique exige beaucoup d'espace
et ses intérêts ne sont pas toujours conciliables avec ceux des autres formes d'occupation
de l'espace.
Cette bande littorale fait de plus en plus l'objet de convoitises, de pressions multiples et
contradictoires. Par ailleurs l'écosystème littoral se caractérise par une extrême fragilité.
Les contraintes sont ici rigoureuses et tout sur-aménagement peut produire des ruptures
irréversibles. L'aménagement et un zonage spatial rigoureux des activités sur le littoral,
sont donc une nécessité pour mieux protéger cet environnement rare et fragile. Au risque
de disparaître, le tourisme doit être respectueux de cet écosystème qui lui a donné
naissance.
L'objet de cette contribution est de tenter une mise au point, en étudiant l'irruption du
phénomène touristique sur la Petite Côte et les rapports dialectiques entre le tourisme et
l'espace littoral.
424
Les Rapports entre Tourisme et Espace Littoral
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
426
Les Rapports entre Tourisme et Espace Littoral
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
Vers les années 1 970, le souci de diversifier l'économie nationale, basée sur la monoculture
de l'arachide, a poussé le gouvernement à orienter ses efforts vers le développement du
tourisme sur cette partie de la côte. Cette orientation s 'est appuyée sur des stimulations fiscales
(code d'aide à l'investissement) qui ont permis à des promoteurs privés d'édifier des
établissements touristiques. Ainsi ont été créés les villages-vacances de Nianing, du Centre
touristique de Mbour, du Club Aldiana et la Station touristique de la Petite Côte pilotée par
laSAPCO.
La localisation de ce tourisme lié organiquement aux motivations des vacanciers est fondé
sur des critères balnéaires dont une large ouverture à la mer et une importante disponibilité
en plage. Deux modes d'implantation sont repérables ici; le premier correspond à une
implantation ponctuelle et localisée des établissements hôteliers et le second relève d'un
aménagement volontaire et intégré constitué de plusieurs unités hôtelières qui s'organisent
autour d'un noyau fonctionnel de commerces et de services.
428
Les Rapports entre Tourisme et Espace Littoral
OCEAN ATLANTIQUE
429
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
Les liens entre ce club vacances et l'espace d'accueil sont assez étroits. Les équipements
urbains de la ville de Mbour même, s'ils demeurent modestes, satisfont la demande
hôtelière. Dans le domaine de l'alimentation par exemple, la plupart des achats se font
sur place; tous les produits de pêche (poissons, crevettes et langoustes) et les boissons
sont fournis par le marché de Mbour et les commerces libanais.
Sur le plan spatial, la cohabitation est conflictuelle entre le tourisme et la pêche, la
proximité du centre de pêche et de ses activités de transformation est jugée incompatible
avec le développement du tourisme. Des mesures visant au déplacement du centre de
pêche ont été prises mais ne sont pas pour le moment effectives devant le refus des
pêcheurs de quitter la zone.
130
Les Rapports entre Tourisme et Espace Littoral
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
432
Les Rapports entre Tourisme et Espace Littoral
problème que pose le tourisme aux yeux des autochtones est celui de l'accès à leur lieu
de travail. Les installations hôtelières qui ont élu domicile sur le littoral ont ainsi privatisé
la plage, le lieu d'embarquement et de débarquement des pêcheurs et le support des
activités de transformation.
Cette consommation de l'espace littoral varie selon les formes d'occupation touristique.
Le tourisme de type 1 a des incidences moindres, qui ne remettent pas en cause les
activités traditionnelles.
433
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
434
Les Rapports entre Tourisme et Espace Littoral
CONCLUSION
Le tourisme doit être respectueux du milieu naturel qui l'a crée au risque de disparaître.
L'aménagement fonctionnel du littoral devra s'accomplir en fonction d'une politique de
préservation active, qui consistera à maintenir des espaces boisés, à classer, à réserver
des espaces et à faire respecter l'inaliénabilité du DPM1. Il faut arriver à faire coexister
des activités dont la logique spatiale est souvent conflictuelle. Appliquer un bon zonage
spatial pour bien délimiter les aires d'activités et imposer des règles propres à préserver
cet écosystème fragile. Le tourisme bien pensé peut jouer un rôle positif dans cette
politique de préservation.
435
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
BA, M. (1986). Paysage et Tourisme: essai de synthèse géographique sur la Petite
Côte. Mém. de maîtr., Département de Géographie, Univ. Ch. A. Diop, Dakar,
77 p.
BAILLY, P. (1981). Citadins aux champs: quelques malentendus du tourisme vert. La
Doc. Franç., n° 423, pp. 26-28.
BARBAZA, Y. (1970). Trois types d'intervention du tourisme dans l'organisation de
l'espace littoral. Ann. degéogr., n° 434, p. 9.
BELHASSEN, S. (1981). Destruction du milieu humain et naturel. Problèmes
politiques et sociaux. La Doc. Franç., n° 423, pp. 15-17.
CAZES, S. (197.5). Les constantes spatiales du fait touristique littoral: thématiques et
systématiques. TIGR, Reims, n° 23-24, pp. 13-21.
DIOP, A. Le tourisme sur la Petite Côte Sénégalaise. Rivages, n° \,Publi. du Labo.
d'Amén. des littoraux et d'organ. de l'espace, Université Paul Valéry,
Montpellier, p. 247.
MIOSSEC, J.M. (1973). L'espace touristique et son insertion régionale en pays
sous-développés: l'exemple de la Tunisie. TIGR, Reims, n° 13-14, pp. 53-63.
NIANG, A. (1992). Organisation spatiale du tourisme de proximité et implications
socio-économiques. Mém. de maîtr., Département de Géographie, Univ. Ch. A.
Diop, Dakar, 121 p.
PASKOFF, R. (1985). Les littoraux, impact des aménagements sur leur évolution.
Masson, Coll. de géographie, Paris, 1 84 p.
PREAU, P. (1973). L'emprise spatiale du tourisme: problèmes de méthodologie.
TIGR. Reims, n° 13-14, pp. 27-33.
436
CONSERVATION ET GESTION DU
LITTORAL
El Aly HAIDAR
Océanium, Club de Plongée, Dakar, Sénégal
Georges GREPIN
Département Zones Humides et Littorales, UICN, Sénégal
Résumé
La pêche à l'explosif a pris des proportions inquiétantes dans les baies de Dakar. Aussi,
les auteurs du présent article notent-ils une très forte réduction de l'ichtyofaune des bancs
rocheux de Yoff et des Almadies.
Ils indiquent, par ailleurs, les zones soumises actuellement à ce "braconnage" de façon
intense et s'intéressent également, dans cet article, aux types d'explosifs utilisés, aux
effets sur la faune et insistent enfin, sur les menaces qui pèsent sur les pêcheries
artisanales traditionnelles de la région de Dakar.
Abstract
Explosive fishing has increased at an alarming rate in Dakar's bays. In addition, the
authors ofthe present paper point out the servere reduction ofthe ichtyofauna in the reefs
of Yoff and Almadies.
Furthermore, they indicate the areas which are today intensely poached. They are also
interested in the types ofexplosives used, their effects on the fauna, and finally emphasize
the threats to traditional small-scale fishing in the Dakar region.
1. HISTORIQUE
La pratique de la pêche à l'explosif semble avoir pris naissance il y a une trentaine
d'années lors de l'exploitation des carrières de basalte de Ouakam en bord de mer. Le
savoir-faire nécessaire à la manipulation d'explosif brisant (dynamite) puis à la fabrica
tion artisanale d'explosif à base de chlorate (vendu comme désherbant) s'est ensuite
transmis à certains pêcheurs de la Pointe des Almadies approvisionnés en explosif par
les petits carriers guinéens.
Depuis quelques années, on assiste à une recrudescence de ce type de pêche; les plongeurs
sous-marins de l'Océanium de Dakar ont noté une très forte réduction de l'ichtyofaune.
Les bancs rocheux des Almadies et de Yoff étant fortement dépeuplés, la pêche à
l'explosif s'est déplacée autour du Parc National des Madeleines, à la Pointe du
Cap-Manuel, autour de l'île de Gorée et au banc de la Résolue face à Mbao.
439
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
3. L'EXPLOSIF UTILISE
La difficulté relative de se procurer de la dynamite a entraîné l'apparition d'un artisanat
de préparation des charges explosives à partir de Chlorate et d'un composé carboné (du
gasoil est rajouté à la charge juste avant l'explosion). L'allumage a lieu par cordon fusant
de type "Bickford" avec détonateur. L'utilisation d'engin de forte puissance est attestée
par le fait suivant: des plongeurs de l'Océanium de Dakar, en plongée sur le banc de la
Séminole, ont été choqués par une explosion; celle-ci a été localisée à environ 5 km du
lieu de plongée, au niveau de l'île de Gorée et le site a été filmé en plongée, alors que les
dynamiteurs prenaient la fuite.
Il est donc possible que ce type d'explosion très puissante mette enjeu un matériel plus
complexe.
440
La Pêche à l 'Explosifà Dakar
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
Le Sar marbré ou Ringue en wolof (Sparidae) vit en bancs compacts. L'appatage du banc
suivi de "dynamitage" permet des prises très importantes (certains pêcheurs du Cap
Manuel nous ont cité une prise de 1 200 kg en 1990).
D'autres espèces sont également exploitées: le Sar commun (Ngaté Bu Gor), le Sar à tête
noire (Ngaté bu Djiguèri), la Saupe (Rasaw) (Sparidae) et le Bar tacheté improprement
appelé truite de mer, Silinké (Serranidae); ces espèces sont, semble-t-il, recherchées pour
l'exportation. Cette demande représente cependant une part minime des exportations
sénégalaises de poissons côtiers. Seuls un ou deux exportateurs seraient à l'heure actuelle
demandeurs de ces espèces.
7. QUE FAIRE?
Jusqu'à présent, les "dynamiteurs" jouissent d'une grande impunité et la pratique
s'étend. Il est donc nécessaire de sensibiliser les diverses autorités concernées à la
nécessité de travailler ensemble pour trouver une solution à ce problème.
442
GESTION DES PRODUITS HALIEUTIQUES ET DU
LITTORAL
Michel NDOUR
Département Armement, Usine de Djifère, Sénégal
2. METHODES DE PECHE
Il convient de noter que les méthodes de pêche les plus employées sont:
- Les Filets maillants;
- La Senne tournante (avec ses difficultés de gestion);
- La Senne de plage;
- Les Casiers à seiches;
- La Ligne à hameçons;
- La Palangre;
- Le Filet filtrant à crevettes.
443
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
Mais cette activité a beaucoup de problèmes et des goulots d'étranglement, c'est pourquoi
nous lançons un appel pressant aux autorités, aux chercheurs, aux politiciens et aux ONG
pour contribuer à la surveillance, à l'organisation du travail et à la protection de
l'environnement.
Au sujet du traitement Mme Absa GUEYE-NDIAYE a fait des observations très
intéressantes. Je dois dire en complément que le traitement est archaïque et manque
d'hygiène. Le poisson frais est souvent entreposé sans glace dans les vieux frigos. Les
poissons invendus, les déchets, plus certaines ordures et eaux usées des usines se
retrouvent en général sur les débarcadères malpropres ou les plages. Le poisson est
souvent salé, séché et fumé par terre au contact des insectes et des eaux usées.
Solutions
- Surveillance des plages, absorption des déchets et invendus (usine de farine) par de
petites unités mobiles, etc.
- Contre la destruction des espèces menacées, étude de l'aquaculture.
- L'Etat a établi un bon programme d'équipement (pirogues, moteurs, filets) mais il
n'existe pas une organisation dans l'écoulement. Le maître du terrain, c'est le
mareyeur qui achète ce qu'il veut et au prix qui lui convient.
5. RECOMMANDATIONS
- Les chercheurs doivent de temps en temps entrer en contact avec les pêcheurs par le
canal des agents de la pêche, des présidents de GIE et des chefs de village pour
expliquer et informer sur la gravité de certaines situations: la surexploitation et la
diminution des stocks (cas des crevettes de Casamance), la destruction de la faune
marine, l'érosion côtière (la coupure du Lagoba), la pollution des plages par les
déchets. Ils peuvent être entendus car les agents de la pêche ne sont pas toujours là,
à cause de leurs tâches spécifiques de surveillance: poissons, carburant, filets, etc.
- Collaboration avec nos structures de développement pour l'acquisition de certaines
informations et la réalisation de projets en aquaculture ou pour la fabrication de
farines de poisson destinées à absorber les déchets de plage.
444
NOTE DE CONTRIBUTION AU PROFIT DE
L'ATELIER SUR "LA GESTION DES
RESSOURCES COTIERES ET LITTORALES DU
SENEGAL" DU 27 AU 29 JUILLET 1992 A GOREE
ATELE-SENEGAL
B.P. 20249 - Thiaroye sur Mer, Dakar, Sénégal
1. INTRODUCTION
Au nom du mouvement "ATELE-SENEGAL" et du Groupement d'Intérêt Economique
"DEEGO", de Thiaroye sur Mer, nous vous remercions sincèrement d'avoir bien voulu
nous inviter à cet important atelier dont le thème porte sur la "Gestion des Ressources
côtières et littorales du Sénégal". Aussi, nous vous exprimons toute notre joie à
collaborer efficacement avec des organismes, comme les vôtres, qui ont à cœur l'amé
lioration de nos conditions de vie.
2. PRESENTATION
2.1. ATELE-SENEGAL
Nous représentons de jeunes sénégalais librement décidés à mettre sur pied une union
nationale de volontaires du développement dont la dénomination est la suivante: Asso
ciation pour le Travail, l'Education, les Loisirs et les Echanges, en abrégé "ATELE-
SENEGAL". Ce mouvement qui a démarré ses activités depuis le mois d'août 1990, se
veut apolitique et a pour objet social:
- de prêter une assistance soutenue aux pêcheurs et mareyeurs qui désirent mettre sur
pied de micro-projets de développement;
- d'initier et d'intéresser au mieux les jeunes de notre terroir à la pratique des activités
communautaires pour améliorer notre mieux-être;
- de sensibiliser et de faire participer les communautés de base à la lutte:
contre le sous-emploi;
contre l'insalubrité des plages et des places publiques;
contre toute autre forme de pollution;
contre l'avancée de la mer;
contre l'avancée du désert.
- de créer de saines activités récréatives pouvant occuper utilement les jeunes durant
leurs heures perdues;
- avec méthode, un étanche réseau de communication au niveau national et interna
tional avec des organismes sérieux d'ici et d'ailleurs.
445
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
de mer. Malgré son jeune âge (un an et demi environ) le GIE précité a déjà fait la preuve
de sa compétence et de sa crédibilité auprès de la C.N.C.A. 1 qui lui a financé quatre petits
projets, déjà porteurs d'excellents résultats.
4. RECOMMANDATIONS GENERALES
Pour enrayer définitivement les phénomènes de la dégradation de notre environnement
et pour mieux rentabiliser les ressources côtières et littorales du Sénégal, nous pensons
à notre humble avis qu'il faut:
- Implanter une digue de rochers sur les plages à protéger.
- Reboiser le littoral exposé à l'avancée de la mer, avec des cocotiers et des filaos.
- Aider les associations de volontaires et les groupements d'intérêt économique avec
l'assistance des pouvoirs publics (nationaux et municipaux), en leur facilitant les
diverses démarches à entreprendre et en mettant à leur disposition le minimum de
moyens nécessaires à leur meilleur fonctionnement.
- Implanter des buvettes et des structures d'accueil pour la promotion du tourisme
intégré qui pourra:
générer un nombre considérable d'emplois en faveur des jeunes villageois,
procurer des moyens substantiels pouvant permettre une meilleure protection
de notre environnement;
faciliter d'intéressantes activités d'échanges au profit des collectivités de base.
- Elaborer au niveau de l'Etat une charte de l'environnement dans l'optique de mieux
sensibiliser les populations concernées et d'impliquer simultanément les divers
acteurs du développement national.
- Développer des efforts notoires pour la formation et l'assistance des jeunes volon
taires.
446
UTILITE DES SYSTEMES D'INFORMATION
GEOGRAPHIQUE (SIG) DANS LA GESTION DES
RESSOURCES NATURELLES
Résumé
Abstract
This paper deals with the Geographic Information System (GIS) and the management of
natural resources. GIS are instruments used to constitute data bases, update them, extract
and present information following criteria of location or attribute. They are also
performing in various operations necessary for analysis and planning, such as the
incorporation of quantitative data, resource evaluation, analysis and measurement of
changes, etc.
The Centre de Suivi Ecologique (Ecological Monitoring Center) for the management of
natural resources acquired an operational GIS and has a data bank on biophysics and
socio-economy fed by activities of remote sensing and systematic reconnaissance flights
corroborated and/or completed by on the field investigations and direct surveys.
447
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
1. DEFINITION
On désigne par ce terme un système d'ordinateur capable de mémoriser, de traiter et de
restituer des données. Le matériel et le logiciel sont conçus spécialement pour manipuler et
analyser des données spatiales géographiquement référencées pour la résolution de pro
blèmes complexes de planification et d'aménagement. Il se compose essentiellement d'une
machine (l'ordinateur), d'un logiciel (le programme), de données et d'utilisateurs (figure 1).
2.3. L'analyse
L'analyse consiste à traduire les données en des informations qui doivent guider la compré
hension du phénomène étudié et par conséquent faciliter la prise de décision. Toute la
puissance d'un SIG repose sur la capacité à mener les différentes opérations nécessaires à
l'analyse: croisement et combinaison de différents facteurs par intersection, intégration,
superposition, inclusion, exclusion, etc. On doit pouvoir répondre à des questions telles que:
- quels sont les objets qui répondent aux critères al
- où se trouve tel objet? A quelle distance?
- combien d'objets dans un rayon de n km?
- quelle surface, quel périmètre, quelle densité?
448
Utilité des SIG et Gestion des Ressources Naturelles
MACHINE
UTILISATEUR
LOGICIEL
DONNEES
ENTREE RESULTATS
DES C ANALYSE^) ET
DONNEES SORTIE
Tableaux Tableaux
Images Images
Cartes Cartes
GESTION
DES
DONNEES
449
CHARGE
EiAi DELA
CAPACIl
DE CDE
APACIl
THEORIQUE CHARGE
CHARGE lll
paet
(CSE)
dScééma
lSIG
à
des
gestion
d'un
gesr tsioacruioacnlesées
DISPONIBILTE
j
|—
FOUR AGEl COR IGE DON E S lEVAGE ENQUElS lRRAIN
FORAGES
DES
AUTOUR
COR ECTIONS
DE
DISPONIBILTE
FOUR AGEl SUlSTI MATION
U,
FORAGES
DISTANCE PARCOURS
DE
3
Figure
Utilité des SIG et Gestion des Ressources Naturelles
PHENOMENE
point d'impact
nature de la fuite
caractéristiques
Sens et vitesse de
propagation
CARACTERISTIQUES
ENVIRON.
PREVALENTS
vitesse du vent
hauteur d'ondes
direction du courant
RESSOURCES
POUVANT
ETRE AFFECTEES
espèce
localisation
importance
Figure 4 Proposition d'un SIG pour une intervention dans le cas d'une pollution
marine
45I
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
3. EXEMPLES D'APPLICATIONS
Le Centre de Suivi Ecologique a mis en place un Système d'Information Géographique
essentiellement destiné à l'analyse spatiale et à la gestion des ressources naturelles. La
première étude qui est présentée (exemple 1) est relative à la gestion des ressources
agricoles et pastorales, domaine d'action du CSE. Cependant pour la gestion des
ressources côtières et littorales, la démarche reste identique à savoir la prise en compte
de manière successive de plusieurs couches d'information (exemples 2 et 3).
Exemple 1: Le principal objectif
Le principal objectif de cette étude intitulée: "Essai de planification et de gestion des
ressources naturelles à l'aide d'un SIG, cas du département de Linguère au Sénégal",
était de tester les SIG comme outil de gestion et de planification des ressources naturelles.
En utilisant cette technologie nous avions voulu répondre aux questions suivantes:
- quelles opportunités existent pour le développement agricole et pastorale dans une
unité administrative donnée, en considérant les ressources disponibles?
- quelles quantités de terre et d'eau sont disponibles pour certaines cultures et par
rapport aux besoins de la population humaine et animale?
Une partie de cette étude devait servir à la mise au point d'un modèle de l'état de charge
animale pouvant servir à l'analyse des tendances et au redéploiement du cheptel des zones
en déficit vers les zones de surplus.
La démarche s'établit ainsi (figure 3):
- estimer la biomasse disponible à partir des images satellitaires (NOAA):
carte d'indice de végétation NDVI;
- régression NDVI/BIOMASSE;
- appliquer un facteur de correction de surestimation:
qualité fourragère;
inaccessibilité;
autres;
452
Utilité des SIG et Gestion des Ressources Naturelles
453
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
BURROUGH, P.A. Principles of Geographic Information System for Land
Assessement, Oxford University.
CAMARA, A., DIEYE, A.M. (1992). Contribution au Séminaire de formation à la
Télédétection appliquée aux sciences de la mer et à la gestion des ressources
côtières. 3-10 février, Dakar, CRODT.
DIEYE, A.M., GEORGE, H., CAMARA, A. (1990). Essai de planification et de
gestion des ressources naturelles à l'aide d'un SIG, cas du département de
Linguère au Sénégal. Centre de Suivi Ecologique.
KAPETSKY, J.M., McGREGOR, L.H., NANNE, E. (1987). A geographical
information system and satellite remote sensing to plan for aquaculture
developrrient: a FAO - UNEP/GRID cooperative study in Costa Rica. FAO
Fish Tech. Pap., (287): 51 p.
454
PLANIFICATION ET DEVELOPPEMENT
DURABLE EN ZONE COTIERE DE
GUINEE-BISSAU
Résumé
Le présent article pose les termes d'une stratégie de conservation conduite en Guinée-
Bissau. Le projet réalisé en collaboration avec l'UICN a débuté en 1989.
Il a permis d'aboutir à la création d'un Comité National de l'Environnement. Des actions
sectorielles ont été par ailleurs dégagées. Il s'agit des problèmes de conservation de la
région de Bolama-Bijagos, des mangroves de Rio Cacheu et des îles d'Orango et de la
création du Parc National des Forêts de Cantanhês.
L'appui à la pêche traditionnelle et la jonction avec les populations par le renforcement
de la communication restent une des priorités du projet.
Abstract
This article lays out the terms of a conservation strategy carried out in Guinea-Bissau in
collaboration with IUCN and initiated in 1989.
It has allowed the creation of a national environment committee and furthermore for
sectoral actions to be undertaken. These actions consist of tackling the conservation
problems in the Bolama-Bijagos area, mangroves in Rio Cacheu and on the Orango
islands, as well as the creation of a National Park from the Cantanhês forests.
Support to traditional fishing and contact with the populations by strengthening commu
nication remain one of the project's priorities.
1. INTRODUCTION
Le Gouvernement de Guinée-Bissau a sollicité l'UICN en 1989 dans le cadre d'une aide
à la définition d'une stratégie nationale de conservation. La première phase (1989-1991)
a eu comme élément "moteur" le projet de Planification Côtière. Le partenaire initial
principal a été la Direction Générale des Services Forestiers et de Chasse (DGFC) avec
la collaboration de l'Institut National des Etudes et Recherches (INEP).
455
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
456
Planification et Développement Durable en Guinée-Bissau
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
ton. Au niveau saisonnier ces changements (Nord-Sud) sont les plus importants. Par
contre, au niveau quotidien, les marées conditionnent les masses d'eau et leur évolution.
3.2.1. Agriculture
C'est l'activité la plus importante qui mobilise 75% de la population active. C'est une
agriculture de subsistance produisant riz et céréales. Elle est déficitaire depuis quelques
décennies. Les deux systèmes les plus importants sont: la riziculture inondée sur sol de
mangrove et la riziculture pluviale sur brûlis. Depuis une décennie, il y a une expansion
des cultures commerciales, surtout le cajou (anacardier) qui est actuellement le principal
produit d'exportation.
3.2.2. Pêche
La Guinée-Bissau a beaucoup de difficultés dans l'exploitation de sa plus grande richesse
naturelle, les ressources halieutiques. Les activités nationales de pêche, tant artisanales,
commerciales qu'industrielles sont minimes par rapport au potentiel et à la demande.
Paradoxalement, il y a une sur-pêche de plusieurs espèces car il n'y a ni contrôle, ni
études fiables sur les quantités à exploiter.
La pêche industrielle est réalisée par le biais de concession de licences. Elle représente
la plus importante entrée de devises (plus de la moitié du PNB et du budget général de
l'Etat). Mais, elle est trop concentrée aujourd'hui sur la pêche des crevettes.
La pêche artisanale commerciale connaît aussi des problèmes, malgré un accroissement
important au cours de ces dernières années. La plus grande productivité (incluant les
pêches prédatrices) vient des pêcheurs étrangers (surtout sénégalais).
La pêche de subsistance se développe également ces dernières années à cause des besoins
alimentaires. La cueillette des mollusques et crustacés, est devenue la plus importante
source journalière de protéines animales dans les villages côtiers.
458
Planification et Développement Durable en Guinée-Bissau
459
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
5. ETAPES DU TRAVAIL
Schématiquement, les étapes du travail sont les suivantes:
- Les travaux de terrain: enquêtes et interviews avec les institutions locales, villageoises,
familiales, diverses catégories socio-professionnelles et les promoteurs; observations des
milieux et de leur exploitation; puis actualisation de la carte d'occupation des sols en
s'appuyant sur une classification de données satellitaires; et, enfin, étude de la dynamique
côtière.
- Analyses, superposition et synthèses des informations collectées pour définir les unités
environnementales (U.A.S.) et les unités familiales d'exploitation (T.U.F.E.S.). Ce
travail s'appuie sur des moyens matériels peu coûteux et des méthodes simples à la
mesure des conditions locales.
Ces analyses lato sensu ont été groupées selon trois lignes directrices interreliées: dévelop
pement terrestre, aquatique et conservation:
- mise en place d'un processus de discussion de ces travaux grâce à des séminaires, des
réunions et aux média;
- formulation durant presqu'une année des politiques et programmes d'action des institu
tions;
- définition de la 2ème phase du projet.
460
Planification et Développement Durable en Guinée-Bissau
REMERCIEMENTS
Nous remercions Monsieur P. Campredon, Biologiste, Représentant-Résident de l'UICN en
Guinée-Bissau, R Miranda, Ingénieur zoo-technique et Directeurdu projet Planification Côtière
- MDRA -DGFC/UICN; A. Rachid Said, Ingénieur agronome, Coordonnateur de la Cellule
461
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
BAGE, H.E., KASSIMO, J.M., STEEN, K., VAZ, T.A. et TVEDTEN, I. (1989).
O sector da pesca artesanal na Guiné-Bissau. Bissau, ASDI. 109 p.
CECI, UICN et MDRA-DGFC (1991). Proposition d'un plan d'aménagement de la
réserve de la biosphère de l'archipel des Bijagos. Bissau,
U1CN/CECI/MDRA-DGFC, 3 vol.
DIEGUES, A.C.S. (1987). Conservaçao e desenvolvimento sustentado de ecosistemas
litorâneos no Brasil. Sào Paulo, SMA, 45 p.
DUGAN, P. (1991). La conservation des zones humides; problèmes actuels et mesures à
prendre. Gland, UICN, 99 p.
FERREIRA, M.L.C. et SILVA, A. (1990). Pescas: aspectos biologicos, legais e
potencialidades. Bissau, UICN, ser. conservaçâo e desenvolvimento da zona
costeria, 24 p., anxs.
HOCHET, A.-M. (1983). Paysannerie en attente. Bissau, Etudes et Recherches, n° 79-80,
174 p.
PNUD et INEP (1991). Estratégia para um desenvolvimento integrado e auto-sustentado
da regiao Bolama-Bijagos. Bissau, PNUD, 5 v.
SCET (1978). Potencialidades agricoles, florestais e pratenses; diagnostico sobre a
agricultura e recursos florestais; esboco de um esquema director de
desenvolvimento agricola e florestal. Paris, SCET INTERNACIONAL, 3 v.
SILVA, A. (1992). A situaçao actual do sector da pèsca industrial. Communication oral au
Seminario international de segunraça costeria, Bissau.
SMA (1989). Proposta de macrozoneamento da regiao lagunar estuarina de Iquape e
Cananéla - Sâo Paulo, SMA-CPLA-DPL.
UICN (1986). Review ofthe protected areas Systems in the Afrotropical realm.
Cambridge, UICN/UNEP, ISA p.
UICN et MDRA-DGFC (1992a). Planificaçâo costeria da Guiné-Bissau; relatorio técnico
final - la. fase. Bissau, UICN/MDRA-DGFC 135 p.
UICN et MDRA-DGFC (1992b). Planificaçâo costeria da Guiné-Bissau - la. fase;
documenta divulgativo. Bissau, UICN/MDRA-DGFC, 38 p.
462
PARCS ET RESERVES NATURELS DU LITTORAL
SENEGALAIS: RESSOURCES ET PROBLEMES
Résumé
Les zones humides accueillent une faune terrestre aviaire et aquatique, sédentaire ou
migratrice, dont la survie est fortement liée à la présence de l'eau et des ressources
alimentaires qu'elles renferment.
Au Sénégal existe un réseau de zones humides protégées qui couvrent une superficie de
20 000 ha d'îles, de marais, de lagunes et de mangroves, et de 50 000 ha de milieu marin.
Ce réseau comprend les Parcs des oiseaux de Djoudj, du Saloum, de la Langue de
Barbarie, des Iles de la Madeleine, de Basse-Casamance, les réserves de Guembeul, de
Popenguine et le Réseau Kalissaye-Kassel.
L'équilibre des parcs littoraux et côtiers du Sénégal est actuellement menacé par des
facteurs naturels et anthropiques.
Il convient donc de mettre en place des plans d'aménagement régionaux du littoral, basés
sur la connaissance, la conservation et la gestion de ces milieux.
Abstract
Wetlands support terrestrial and aquatic fowl, both sedentary and migratory. Their
survival is closely linked to the presence of the water and the food resources contained
therein.
In Senegal, there is a network of protected wetlands covering a surface area of 20 000 ha
comprised of islands, marshes, lagoons, and mangroves, and 50 000 ha of marine areas.
This network includes the bird Parks of Djoudj, Saloum, the Langue de Barbarie, the
Madeleine Isles, Lower Casamance, the reserves of Guembeul, Popenguine, and the
Kalissaye-Kassel Network.
The equilibrium of the littoral and coastal parks in Senegal is presently threatened by
natural and anthropogenic factors.
The elaboration of regional development plans for the littoral zone based on the
knowledge, conservation and management of these areas is therefore advisable.
463
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
INTRODUCTION
Depuis plusieurs années, la conservation de l'Environnement, en particulier celle des
ressources littorales, est l'objet de l'intérêt de l'ensemble des Nations; en outre, la
concertation internationale dans ce domaine est importante. Cependant, en raison des
grandes difficultés économiques que rencontrent notamment les pays en développement,
cette conservation ne peut être considérée comme un domaine spécifique en dehors des
priorités économiques de l'heure. L'acquis scientifique de ces dernières années a permis
une réflexion de synthèse globale au niveau de l'intégration de la conservation des
ressources naturelles dans l'approche du développement.
Le thème de cet atelier vient à un moment où les ressources littorales sont dans une phase
de dégradation rapide. L'importance de ces zones humides en tant que réservoir de
biodiversité a amené la Direction des Parcs Nationaux à créér un réseau d'aires protégées
pour préserver des échantillons irremplaçables. Ces zones accueillent avant tout une
faune sédentaire riche et diversifiée (grands mammifères, reptiles, poissons, etc.) dont la
survie est fortement liée à la présence de l'eau; elles abritent également chaque année,
grâce aux ressources alimentaires qu'elles offrent, toute une avifaune migratrice qui fuit
les rigueurs de l'hiver européen.
1.1. Intérêt
Les espaces littoraux figurent parmi les milieux les plus productifs du monde. Selon les
estimations de l'Alliance Mondiale pour la Nature (UICN) "les Ressources des zones
côtières de l'Afrique de l'Ouest comptent parmi les plus importantes du continent. Elles
permettent l'existence de pêcheurs au large et près des côtes dont le rendement annuel
est évalué à plus de 100 millions de dollars tandis que les produits directement prélevés
(bois, charbon de bois, tannins, etc.) sont essentiels pour la plupart des communautés
côtières". Ces zones humides assurent à l'homme de nombreux avantages économiques
à travers le monde: la production halieutique, le maintien des aquifères pour l'agriculture,
le stockage de l'eau et la maîtrise des crues, la stabilisation des côtes, la production de
bois d'œuvre, l'élimination des déchets et l'épuration des eaux, sans oublier les
loisirs.
Les zones humides sont des habitats d'importance cruciale pour les oiseaux, de même
que pour d'innombrables mammifères, reptiles, amphibiens, poissons et invertébrés,
souvent menacés d'extinction. Ces richesses dépendent du bon fonctionnement des
processus écologiques à l'œuvre dans les zones humides. Or celles-ci sont parmi les
biotopes les plus menacés, principalement par le drainage, la mise en valeur des terres,
la pollution et la surexploitation des espèces. Ces pressions montrent, s'il en était
besoin, la pertinence du choix du Sénégal de classer certains de ces biotopes en aires
protégées.
464
Parcs et Réserves Naturels du Littoral
1.2. Présentation
Le Sénégal dispose d'un réseau de réserves dans les zones humides proches du littoral.
Il représente une superficie de 20 000 ha d'îles, de marais, de lagunes et de mangrove et
50 000 ha de milieu marin.
465
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
La mangrove est un des peuplements les plus importants de l'Afrique Occidentale, mais
elle est menacée par l'extension des activités anthropiques. La monotonie du paysage est
interrompue par des tannes. De par leur nature saumâtre et leur localisation, les bolons
abritent des frayères importantes pour de nombreuses espèces.
Cette zone humide reçoit d'importantes colonies nicheuses d'Ardéides, de Laridés et
d'autres espèces migratrices paléarctiques. Le cordon dunaire est très recherché par les
limicoles qui l'utilisent comme axe migratoire principal. On y rencontre également des
balbuzards fluviatiles (Pandion haliaetus) et plusieurs espèces afro-tropicales telles que:
jabiru du Sénégal, héron goliath, vautour palmiste, aigle pêcheur; les mammifères
comme la hyène tachetée, le phacochère, le Cobe redunca; des cétacés comme les
dauphins commun et du Cameroun; les reptiles comme le python de Séba (Pvthon sebaé),
les tortues et le crocodile du nil (Crocodilus niloticus).
La flore est composée de 3 strates:
- strate herbacée constituée de graminées comme Andropogon gayanus et Cenchrus
biflorus. Les principales espèces de ligneux sont: Acacia seyal et Euphorbia balsa-
mifera;
- strate arborée représentée à Fathala avec Cordvla pinnata, Danielia oliveri, Ptero-
carpus erinaceus, Bombax costatum, Khaya senegalensis, etc;
- ensemble "amphibie" ou domaine estuarien caractérisé par trois formations végé
tales:
formation à mangrove localisée essentiellement dans la vasière;
prairie à halophytes localisée sur les sols salés et dénudés;
formation des cordons sableux avec Cocos nucifera et Borassus aethiopium.
Le Parc du Saloum est érigé en Réserve Mondiale de la Biosphère par l'UNESCO et
désigné zone humide d'importance internationale par la Convention de Ramsar en 1984.
466
Parcs et Réserves Naturels du Littoral
467
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
2. LES MENACES
Les Parcs et Réserves du littoral sénégalais sont vitaux pour la préservation des oiseaux
et particulièrement des migrateurs paléarctiques. Pour certains anatidés et limicoles, ils
constituent un site majeur d'hivernage. Il s'agit aussi d'un relais de migration essentiel
juste au Sud du Sahara.
Actuellement des menaces réelles pèsent sur la biodiversité des Parcs littoraux et côtiers.
En effet, une dégradation surtout dûe à des facteurs naturels (sécheresse, érosion,
salinisation...) et anthropiques (exploitation incontrôlée des ressources, aménagements
inadaptés...) commence à remettre en question la pérennité de ces zones humides. Les
raisons de cette dégradation sont:
- l'augmentation des surfaces cultivées et des pâturages;
- la sous-estimation des zones humides dûe à la méconnaissance de leur rôle complexe
dans les équilibres et échanges fondamentaux terre-eau, continent-mer;
- la colonisation de la côte par les établissements humains et l'industrie touristique.
A cela, il faut ajouter le manque de planification et de rationalisation dans l'utilisation
des ressources. On assiste à un véritable gaspillage de la biodiversité des zones littorales
à travers une destruction massive des ligneux (coupe anarchique des palétuviers et
exploitation non rationnelle des produits halieutiques). En effet, les prélèvements sont
opérés sans connaissance préalable des stocks.
Notons également les aménagements effectués sur le fleuve Sénégal qui ont perturbé
l'équilibre des biotopes (phénomène de prolifération des salades d'eau au Djoudj et
augmentation du gradient de salinité à Gueumbeul et à la Langue de Barbarie). Les
potentialités touristiques qu'offrent les zones humides peuvent constituer à court terme
une menace réelle si au préalable un plan d'aménagement intégré du littoral n'est pas
élaboré. Enfin, il faut signaler au niveau des menaces un problème institutionnel évident
lié à un manque de coordination entre les différentes structures concernées.
468
Parcs et Réserves Naturels du Littoral
Une telle politique nécessite une démarche prudente surtout si le champ d'action se situe
sur le littoral. Il est indispensable de dégager un diagnostic préalable destiné à éclairer
des choix en procédant à l'identification de l'ensemble du potentiel naturel, d'étudier
tous les paramètres socio-économiques (et écologiques) en vue d'une affectation judi
cieuse des ressources naturelles dans la perspective d'un programme de développement
régional intégré.
La conservation et l'utilisation durable des ressources naturelles du littoral nécessitent
aujourd'hui un programme d'aménagement global tenant compte de toutes les compo
santes (parcs, réserves, forêts classées, pêche, tourisme, zones d'essartage, parcours
pastoraux, etc.).
Les Parcs de grande taille (Djoudj et Saloum) doivent être dotés d'une politique pour
leur périphérie de façon à favoriser une meilleure symbiose entre ces aires protégées et
l'économie des communautés rurales voisines. Dans le Nord, la remise en eau de la
cuvette de Ndiaël et sa gestion coordonnée avec celle du Djoudj est indispensable sous
peine de perdre ce parc par enherbement. Il faut constituer une autorité de gestion des
zones humides du Nord pour une meilleure harmonisation de la gestion des eaux. Les
petites réserves proches des villes comme Popenguine devront confirmer leur vocation
expérimentale, esthétique et pédagogique.
Cependant sur la base des acquis de la conservation, il convient de bâtir une nouvelle
approche de gestion des ressources naturelles qui suscitera la participation active et
volontaire des Communautés Rurales.
CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES
Cet exposé montre à la fois les limites et les possibilités de la conservation et de la gestion
des milieux littoraux et côtiers face aux défis socio-économiques du Sénégal.
Cette situation fait ressortir également l'absence d'une politique cohérente en matière
d'aménagement et de gestion des milieux. Cependant au moment où la communauté
internationale prend conscience que l'environnement est partout soumis à des pressions
de plus en plus fortes, il va falloir imaginer des voies nouvelles pour en minimiser les
effets afin de renverser les tendances les plus défavorables.
Parmi ces voies, et à la lumière des multiples rencontres et séminaires, les plus signifi
catives paraissent être:
- la recherche de nouveaux types de développement fondés sur une coopération
régionale plus intense et sur une solidarité internationale plus vigoureuse en faveur
d'une utilisation durable des ressources naturelles respectueuses des modes de vie
locaux;
- la prise en compte plus systématique de l'environnement dans les schémas des
projets de développement et des évaluations économiques nationales notamment au
niveau des zones côtières et littorales;
- la promotion par l'éducation et l'information en vue d'une meilleure perception des
interactions entre l'environnement et le développement, afin d'assurer l'émergence
de comportements nouveaux tant chez les responsables nationaux ou locaux, publics
ou privés que parmi les populations concernées.
469
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
470
RECOMMANDATIONS, MOTIONS ET
CEREMONIE OFFICIELLE DE CLOTURE
Recommendations, Motions et Cérémonie de Clôture
RECOMMANDATIONS
Les 27, 28, 29 juillet 1992, s'est tenu à la Maison d'Education Manama BA à l'île de
Gorée, un atelier portant sur le thème: "Gestion des Ressources Côtières et Littorales
du Sénégal".
L'atelier:
- souligne l'importance vitale du littoral pour l'économie actuelle et future du Sénégal;
- s'inquiète de la multiplicité des agressions de plus en plus fortes et répétées subies
par cet espace;
- déplore le manque de coordination entre les actions et les programmes des nombreux
intervenants.
Face à ces constats, l'atelier propose la prise en compte de recommandations globales
qui auront pour effet d'impulser des politiques sectorielles.
lère Recommandation
2 me Recommandation
Les communications, les questions, les débats ont montré qu'il s'agissait de lever un
certain nombre de contraintes et d'aboutir à une convergence dans un consensus.
Les préalables à ce consensus portent sur:
1 . La nécessité de s'entendre sur la notion d'espace littoral. Il est suggéré une analyse
des différentes approches spécialisées et thématiques, une approche des enjeux
que cela implique en terme de politiques et de stratégies de gestion.
2. Une meilleure compréhension des dynamiques sociales et économiques qui ont
conduit à la situation actuelle au Sénégal.
3. L'amélioration de la connaissance de la perception du littoral par ses utilisateurs,
du secteur formel et informel, avec l'analyse des enjeux et des tendances, des
pressions ou menaces sur les ressources.
4. L'amélioration de la communication entre chercheurs et institutions de recherche
dans le but d'un accès équitable aux données, d'un accès plus facile à l'information
et dans le souci de la valorisation des travaux scientifiques. La mise en place, dans
un avenir proche, d'un Observatoire du littoral regroupant la communauté des
utilisateurs est à envisager activement.
473
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
3ème Recommandation
MOTION DE REMERCIEMENTS
L'Atelier remercie:
- l'UICN pour son appui financier, technique et scientifique. L'Atelier saisit cette
opportunité pour proposer à l'UICN de soutenir la tenue du prochain atelier.
- Monsieur l'Ambassadeur, Chef du Protocole de la Présidence de la République,
- Monsieur le Maire de Gorée,
- Madame le Proviseur de la Maison de l'Education Mariama BA,
- Monsieur le Directeur de l'Université des Mutants,
- Toutes les administrations et structures de recherche, en particulier l' ISRA et l'IFAN
Cheikh Anta Diop, les associations, les étudiants et le personnel d'appui qui ont
rendu possible la tenue de l'Atelier, l'ont soutenu activement et ont permis son
succès.
Gorée, le 29 juillet 1992
474
Recommendations, Motions et Cérémonie de Clôture
MOTION DE FELICITATIONS
475
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
Mesdames, Messieurs,
Notre conviction est que les interrogations auxquelles vous avez tenté de répondre, trois
jours durant, sont fondamentales à plus d'un titre:
- tout d'abord, parce que la recherche doit suivre, sinon accompagner l'évolution des
choix et options politiques;
- ensuite, en ce qu'elles placent votre action au centre de la dialectique recherche
fondamentale et recherche/développement.
Ainsi les thèmes que vous avez étudiés qui portent notamment sur la problématique du
littoral, les recherches en sciences géomatiques, les études et aménagements du littoral,
les problèmes de pollution, d'urbanisation et de santé, l'exploitation et la gestion des
ressources côtières sont aussi importants pour la conduite des politiques en matière de
gestion des ressources côtières et littorales dans notre sous-région.
Certes, le Gouvernement a adopté des objectifs et stratégies tendant à améliorer la gestion
des ressources de nos côtes et littoraux, mais les conditions de la réalisation de ces
objectifs et de la réussite de la mise en œuvre de ces stratégies reposent, pour une large
part, sur une meilleure maîtrise des facteurs dynamiques et des problèmes d'aménage
ment. Il est donc réjouissant, aujourd'hui, que la communauté scientifique constituée des
équipes pluridisciplinaires ici présentes, ait décidé de réfléchir, d'exercer son expérience
à la solution des problèmes liés à la connaissance et à la gestion de l'environnement.
Vous pouvez donc être assurés que le Gouvernement portera une attention toute particu
lière aux recommandations que vous avez bien voulu formuler à l'issue de cet Atelier.
Avant de terminer, et au nom du ministre de la Modernisation de l'Etat et de la
Technologie, je voudrais saluer encore une fois l'heureuse initiative de l'équipe IFAN-
ISRA et remercier tout ce qui par leur apport scientifique et technique ont permis la tenue
de ces assises.
Nos remerciements vont également aux organismes d'aide et de coopération, en particu
lier l'Union Mondiale pour la Nature (UICN) pour son appui financier déterminant dans
la tenue de cet Atelier.
Avec l'espoir voire la conviction que, au lendemain de la Conférence de Rio, le défi de
savoir comment gagner le combat de l'environnement sera relevé, je déclare clos, au nom
du ministre de la Modernisation de l'Etat et de la Technologie, l'Atelier IFAN-UICN-
ISRA, sur la Gestion des Ressources Côtières et Littorales du Sénégal.
Je vous remercie de votre attention.
476
LISTE DES PARTICIPANTS
Liste des Participants
479
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
480
Liste des Participants
481
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
482
Liste des Participants
483
Ressources Côtières et Littorales du Sénégal
484
Liste des Participants
485
Programme Zones Humides de l'UlCN
Titres actuellem
2. Conservation and f
Wetland Resource
Proceedings of the Ti
France
3. Conservation and
Proceedings of a Wor
Greece
P.A. Gerakis
4. Wetlands Conservi
Proceedings of a Conk
5. Wetlands of Kenya
Proceedings of a Seminar on Wetlands of Kenya
S.A. Crafter, S.G. Njuguna and G.W. Howard
UICN
Union mondiale pour 11 naturt