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M ieux s’aimer
pour aimer mieux
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Du même auteur
aux éditions J’ai lu

N’y a-t-il pas d’amour heureux ?, n° 7157


La guérison du cœur, n° 7244
Victimes des autres, bourreau de soi-même, n° 7465
Le meilleur de soi, n° 8855
Père manquant, fils manqué, n° 9139
Revivre !, n° 10207
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GUY CORNEAU

M ieux s’aimer
pour aimer mieux
Pour un amour vrai
et une relation de couple harmonieuse

Avec Marie Lise Labonté, Danielle Proulx,


Camille Bardery, Victoire Theismann
et Thomas D’Ansembourg
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© Gallimard ltée – Édito, 2018

© Éditions J’ai lu, 2019, pour la présente édition


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À Cécile et Alcide
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PRÉFACE

Si l’on m’avait dit qu’un jour, un éditeur me demanderait


d’écrire l’introduction du livre posthume de Guy Corneau, je ne
l’aurais pas cru. Après l’avoir aidé à traverser son cancer, après
avoir célébré sa guérison, tests à l’appui, non, je ne l’aurais pas cru.

Nous avons été de grands amis pendant de nombreuses


années. Nous partagions d’ailleurs le même appartement à
Paris avant qu’il décède. C’est ainsi que j’ai été témoin des
derniers mois de sa vie, chargés qu’ils étaient de la maladie en
phase terminale de sa sœur Joanne, de la grande souffrance
que vivait sa mère face à la mort imminente de sa fille et du
temps qu’il consacrait à sa seconde sœur, Line. J’ai écouté ses
confidences nocturnes par-delà les fuseaux horaires, j’ai parlé
avec sa mère et avec sa sœur mourante. Je l’ai entendu rire et
jouer au téléphone avec son fils de cœur Nicolas. J’ai reçu ses
angoisses matinales à l’égard du destin qui se dessinait devant
lui. J’ai partagé ses grands moments de joie au théâtre avec la
pièce L’Amour dans tous ses états et j’ai observé la notoriété
grandissante qu’il connaissait grâce à son nouveau thème de
conférence, Mieux s’aimer pour aimer mieux.

Le dimanche soir, lorsque je revenais d’un atelier ou d’une


conférence, Guy m’attendait souvent avec mon cocktail préféré,

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une margarita qu’il m’avait concoctée. Main dans la main, nous


regardions notre série américaine préférée, Les Experts : Miami,
tel le vieux couple d’amis que nous étions.

Le 21 décembre 2016, cette vie de « cocooning » s’est


interrompue : je venais d’atterrir en République dominicaine
lorsqu’il m’a informée du décès de sa sœur Joanne. Il faisait
nuit pour lui, et c’est à son retour du théâtre qu’il avait
appris la triste nouvelle. Tandis que je déballais mes valises
en cette fin d’après-midi, il lui fallait boucler les siennes pour
Montréal et le Mexique. J’ai entendu sa douleur, et c’est à ce
moment-là que j’ai compris que quelque chose s’était cassé
en lui. Une fois Guy arrivé à Montréal, étant donné que nous
étions dans le même fuseau horaire, nous avons communiqué
jour et nuit. Je lui offrais l’écoute nécessaire pour calmer son
angoisse. Il avait de la difficulté à respirer, et je tentais de
mon mieux de l’aider à s’apaiser.

C’est ainsi que j’ai reçu ses dernières confidences, jusqu’au


moment où il est entré dans le coma. Durant ces deux
semaines, j’ai mesuré son épuisement physique et psychique,
écouté sa peur de voir sa mère les quitter à la suite de la perte
de sa fille, perçu les tiraillements qu’il ressentait entre sa vie
de conférencier, sa vie d’auteur et sa vie d’homme de théâtre.

Le 1er janvier 2017, j’ai reçu un message vocal de Guy me


confiant qu’il était confronté à un grand déchirement entre
les sphères personnelle, professionnelle et artistique de sa
vie et qu’il n’avait plus la force de se battre. Je savais que
ces paroles étaient celles d’un homme en deuil, qu’elles tra-
duisaient la souffrance de perdre un être cher en plus d’un
essoufflement chronique. Dans mon message de réponse,
je lui ai crié qu’il se devait de tenir le coup, qu’il n’avait pas

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le droit de baisser les bras. J’étais révoltée et je me sentais


impuissante face à ce qu’il ressentait.

J’ai longuement attendu son appel, ce soir-là. Puis, dans la


nuit, je lui ai écrit pour lui demander pardon d’avoir réagi de
cette façon et lui répéter que je l’aimais. Plus tard, j’ai enfin reçu
sa réponse : il me remerciait de lui avoir parlé ainsi et m’af-
firmait qu’il l’avait pris comme une preuve d’amour. Puis, plus
rien. Guy était entré dans le coma pour ne plus en ressortir.

Encore une fois, la vie me demandait de laisser partir un


être cher, mon grand ami.

Encore une fois, la mort était plus grande que moi.

L’amour vrai est vaste, infini ; il est.

*
* *

Plus de vingt ans après la publication de L’Amour en guerre,


premier ouvrage de Guy sur l’amour, ses amis éditeurs et sa
famille ont décidé de regrouper les textes des conférences
qu’il donnait sur ce thème ainsi que la pièce de théâtre qu’il
a coécrite avec Danielle Proulx et Camille Bardery pour en
faire ce livre, son dernier.

« L’amour dans tous ses états », Guy l’a bien connu dans
ses relations amoureuses, et dans tous ses états, l’amour était
une initiation pour lui, ainsi que pour les femmes qu’il aimait
et qui l’aimaient. Il exerçait sur elles un charisme magnétique.
Juste à contempler la file d’attente pour la dédicace après
ses conférences, il était aisé de comprendre l’attraction que

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les femmes avaient pour Guy, et inversement ; une attraction


nourrie par tout ce qu’il était dans sa beauté, sa générosité,
son humour et son amour.

Son parcours d’éternel amoureux de la gent féminine s’ins-


crivait certainement dans une recherche de guérison de son
féminin intérieur, que Jung nomme l’anima. Durant un certain
temps, Guy a réellement cherché une partenaire qui puisse être
à ses côtés tout au long de son existence… Mais comme la vie
aux côtés d’un homme charismatique n’est pas toujours facile,
des crises de jalousie et un sentiment de trahison finissaient par
donner lieu à « l’amour dans tous ses états ». Le fait de vivre
dans l’ombre de Guy était très exigeant pour la majorité de ces
femmes : cela impliquait de mettre de côté, s’il y avait lieu, sa
propre carrière pour devenir « la compagne de Guy Corneau ».
J’en ai connu qui ont donné beaucoup d’elles-mêmes pour
l’épauler dans sa vie publique et le déploiement de son œuvre.

Guy savait partager l’amour avec sa famille, son fils de cœur,


ses amoureuses, ses amis – femmes et hommes –, ses col-
laborateurs et son public, ainsi qu’au sein du regroupement
d’hommes qu’il a créé. Il partageait constamment l’amour, et
en recevait en retour. Deux mois avant sa mort, il me confiait
à quel point il était reconnaissant de la qualité de présence de
son public européen et québécois. Il me disait recevoir telle-
ment d’amour ! Je me souviens de ma réponse : « Tu donnes
de l’amour depuis tant d’années… à ton tour d’en recevoir. »

Un jour, Guy m’avait dit : « J’ai compris l’amour, le réel amour,


grâce à Nicolas. Aimer, c’est prendre soin… » Eh oui ! Aimer,
c’est prendre soin… de nous, de l’autre, des autres, du monde,
de l’univers. Du plus loin que je me souvienne, l’amour était

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son chemin initiatique, sa quête d’absolu et l’expérience dont


il avait besoin pour exister. Ce qui donnait un sens à sa vie.

*
* *

Dans L’Amour en guerre, Guy nous parle des blessures


d’amour et de la façon dont différents facteurs, tels la construc-
tion de notre personnalité, nos conditionnements et notre
relation avec le parent du sexe opposé, contribuent à les
entretenir. Il nous amène à voir notre vide, notre manque
d’amour à travers une grille d’interprétation jungienne et nous
aide à comprendre les personnages de notre monde intérieur
– l’ombre, la persona, l’animus et l’anima – qui peuvent interférer
dans notre façon de nous aimer nous-mêmes et d’aimer l’autre.

Comme il l’a écrit dans la pièce de théâtre L’Amour dans


tous ses états : « C’est paradoxal en fait, nous tentons de tout
figer par besoin de sécurité alors que la principale invitation
de l’amour est de nous remettre en mouvement, de nous
remettre en vie. » L’œuvre de Guy est une expression de
l’amour et, dans cet ouvrage posthume, il nous enseigne à aller
encore plus loin que dans L’Amour en guerre : il nous parle ici
de l’amour vrai. Ce livre est un hymne à la vie et à l’amour.

Cela me fait penser à une dame que j’ai rencontrée à


Québec lors d’une conférence. Pendant la période de ques-
tions, cette dernière m’avait interpellée, furieuse : « Vous nous
parlez d’amour depuis plus d’une heure, et je suis en colère
parce que moi, je n’ai jamais connu l’amour… Alors comment
est-ce que je peux m’aimer ? »

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Bonne question : « Si je n’ai jamais connu l’amour, comment


puis-je m’aimer ? »

Je l’avais relancée avec douceur : « Madame, avez-vous déjà


donné de la tendresse ? De la douceur ? De la patience ?
De la bienveillance ? Du respect, de l’écoute, de l’attention à
l’autre ? » Elle avait répondu positivement à toutes mes ques-
tions par un hochement de tête. Puis, elle s’était mise à pleu-
rer : elle avait compris. Elle était capable d’offrir de l’amour
même si elle n’en avait, selon sa perception, jamais reçu.

« Vous savez ce qu’est aimer ; vous en faites l’expérience


sans en être consciente. Vous êtes capable d’amour. Les diffi-
cultés rencontrées dans votre enfance et le fait de vous iden-
tifier à votre souffrance de mal-aimée vous ont empêchée de
reconnaître la force d’amour qui existe en vous. »

Elle m’avait remerciée.

L’amour est là et n’attend que d’être cueilli. Il est au plus pro-


fond de nous, mais encore faut-il nous ouvrir à l’idée d’aller à sa
rencontre, de l’explorer. Ce n’est pas parce que nous n’avons
pas reçu d’amour que nous ne pouvons aimer. Combien de
gens se réfugient dans cette blessure ? « Je n’ai pas été aimé,
donc je ne peux pas aimer. »

Mais de quel amour parlons-nous ici ? Dans la pièce de


théâtre, Guy nous décrit les différents types de partenaires que
l’on peut rencontrer dans le contexte d’une relation d’amour :
les sécurisants, les dépendants/fusionnels, les fuyants et les
chaotiques. Chacune de ces catégories prend pour origine des
difficultés vécues au cours de l’enfance et ayant interféré dans
la construction de la personnalité amoureuse.

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Nous sommes tellement conditionnés à aimer en attendant


de l’amour en retour, à aimer pour être aimés, ou encore à
tenter d’aimer même si, au plus profond de nous-mêmes,
nous souffrons d’un manque d’amour ou d’une incapacité à
aimer. La croyance voulant que nous soyons incapables d’aimer
vient de loin, entre autres de notre inaptitude à satisfaire nos
parents ou à éviter de les décevoir. Enfants, nous nous jugeons
rapidement sur l’expansion de notre amour, qui ne prend pas
nécessairement racine chez le parent ou au sein de la fratrie.

Afin de nous assurer d’être aimés, nous commençons la


danse de la suradaptation, avec comme résultat de nous séparer
de nous-mêmes, de notre force d’amour, de notre « essentiel ».

Nous apprenons à aimer sous conditions et de façon condi-


tionnée. « Je t’aime si… » ; voilà une phrase que la majorité
d’entre nous a entendue. Je t’aime si tu es semblable à moi,
je t’aime si tu te tiens tranquille, je t’aime si tu fais comme
je veux. Ou encore : « Je ne t’aime pas. » Malheureusement,
ce que nous avons reçu, nous le reproduisons auprès de nos
partenaires, de nos amis, de nos enfants. Ces répétitions sont
inconscientes : nous les subissons sans savoir que cela vient
d’une part de nous-mêmes qui, un jour, s’est sentie mal aimée.
Nous n’osons pas remettre en question notre façon d’aimer.
Ce n’est pas étonnant. Il est beaucoup plus facile de criti-
quer la façon dont l’autre nous prive de l’amour qui nous est
nécessaire. En amour, nous avons peur de nous découvrir…

Puis, à la suite de blessures amoureuses répétées, que ce


soit dans un couple de longue date, avec différents partenaires
ou avec nos enfants, nous nous hasardons à nous questionner
au sujet de l’amour. Nous risquons-nous toutefois à remettre
en question notre propre façon d’aimer ?

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« C’est la faute de ma femme si je suis atteint d’un can-


cer », me disait l’un de mes clients. Il rejetait sur celle-ci la
responsabilité de son état. Dans d’autres cas, les coupables
seront les enfants. Évidemment, devant un diagnostic grave
ou une épreuve amoureuse, le premier réflexe humain est de
porter des accusations sur la vie, la société, le médecin ou les
autres. Il nous est trop difficile de prendre le temps de nous
questionner sur notre vie, nos attitudes, nos comportements,
nos compulsions ou encore nos croyances. À qui la faute ?

Si nous projetons notre souffrance sur autrui, est-ce parce


qu’il serait trop éprouvant de l’assumer ? Bien évidemment,
l’inverse n’est pas plus sain. « Si j’ai un cancer, c’est ma faute. »
« Si je suis abandonnée en amour, c’est ma faute. » Il y a
toujours ce mouvement de balancier d’un extrême à l’autre
qui nous éloigne de nous-mêmes. « Si ce n’est pas leur faute,
c’est la mienne ; et si ce n’est pas ma faute, c’est alors la leur.
Qui puis-je accuser pour mon malheur ? »

J’ai été élevée en pensant que les hommes allaient m’aban-


donner, croyance qui m’a été transmise à travers les paroles de
ma mère. Elle me répétait qu’il fallait que je sois forte, car les
hommes allaient m’abandonner. À dix-sept ans, j’ai résolu de vivre
en me passant de leur présence afin d’être autonome, de ne
jamais dépendre de ceux qui me causeraient tant de souffrances.

Ma mère nourrissait, quant à elle, cette croyance depuis


sa propre enfance. Son père, qu’elle adorait, est décédé lors-
qu’elle avait dix-sept ans, et la cassure affective causée par
ce malheureux événement a bien évidemment contribué à
alimenter cette pensée. De l’aisance financière dans laquelle ils
vivaient, ils sont passés à la pauvreté. C’est ainsi que ma mère

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a développé une insécurité financière et affective qui allait la


marquer durant tout le reste de sa vie.

Voilà comment se transmettent les blessures affectives


d’amour dans le système familial, de mère en fille ou de père
en fils, de génération en génération. Le pire, c’est que nous
perpétuons cette chaîne de transmission de façon inconsciente.

Si nous nous croyons incapables d’aimer, que nous croyons que


notre amour blesse ou encore qu’il n’est pas suffisant pour éviter
la souffrance de papa ou de maman, quelle vie nous attend ?

Nous grandissons en cherchant le regard de l’amour sur


nous, nous nous épuisons à le trouver, nous nous accrochons
lorsque nous pensons l’avoir déniché, nous pleurons lorsque
nous avons l’impression de le perdre, nous nous fermons pour
ne plus être blessés et nous fuyons pour ne plus souffrir.

Très beau programme de vie qu’est le non-amour de soi-


même, programme qui finit par nous blesser corps, cœur et
âme, et par blesser les autres autour de nous…
Qu’est-ce qui fait que deux êtres se disent « Je t’aime », s’ils
arrivent à prononcer ces mots, et se déchirent ? Si la guerre
envahit le territoire de l’amour, c’est parce que dans notre
relation avec l’autre, nous sommes confrontés à des répétitions.
Nous reproduisons ce que nous n’avons pas guéri.

Dans la pièce de théâtre qui suit, le personnage du Psy cite


Freud et Jung : « Freud (…) disait que nous sommes tous pri-
sonniers, prisonnières d’une névrose de répétition. Jung, un peu
plus optimiste, ajoutait que ces répétitions nous permettaient
de prendre conscience de nos problèmes et de les dépasser. »
Le processus d’individuation se réalise là, dans cet espace où,

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en toute simplicité, nous osons nous rencontrer, faire face aux


répétitions et aux difficultés qui surgissent plutôt que de les
fuir ou d’accuser les autres d’en être responsables.

Beaucoup ont soif d’amour et sont à la recherche de l’autre,


de celui ou de celle qu’ils veulent aimer. Mais lorsqu’il ou elle
se présente au rendez-vous, beaucoup ont peur. De quoi
avons-nous si peur ? De changer, de nous transformer, de
nous rencontrer nous-mêmes et de rencontrer l’autre. Devant
ces craintes, nous nous accrochons à ce qui semble être une
sécurité, soit notre blessure d’amour, notre prison dorée, notre
histoire ancienne. Nous avons peur d’ébranler notre person-
nalité amoureuse, alors nous fuyons ou nous nous agrippons
aux vestiges de notre passé.

Savons-nous que l’amour initie et nous ramène à nos fric-


tions intérieures et à nos contradictions ? « Tu es l’amour
de ma vie, et je te fuis parce que tu es trop dangereux… »
Est-ce cela, aimer ?

La plupart d’entre nous ont été façonnés d’amour condi-


tionnel et conditionné. Il est donc tout à fait naturel que nous
répétions ce schéma ; nous vivons en ayant l’illusion qu’aimer
permet d’échapper à cette rencontre avec nous-mêmes, en
nous confinant dans une sécurité affective qui, à la longue,
étouffe notre vie et notre créativité. C’est ainsi que les couples
se perdent dans leur cocon et dans la mort de leur sexualité.

L’amour secoue nos certitudes, nos croyances, et réveille


notre blessure fondamentale. « J’ai peur d’aimer, car je vais être
abandonné, rejeté, non reconnu, trahi, maltraité, etc. » Nous
cherchons donc un objet d’amour chez l’autre ou chez les autres
pour nourrir nos illusions : « Si l’autre m’aime, c’est que je mérite

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d’être aimé » ; « Si l’autre m’aime, c’est que je ne suis pas si


laid » ; « Si l’autre m’aime, c’est que j’en vaux la peine. » Nous
projetons sur l’autre la façon dont nous aimerions être aimés, et
tout se passe bien jusqu’au moment où nous nous apercevons
qu’il ne peut combler ce désir. C’est à nous de nous donner cet
amour. Nous devons cesser d’attendre qu’une source extérieure
satisfasse notre besoin narcissique ou notre besoin de sécurité
et remplisse le vide ou la séparation d’avec nous-mêmes.

Dans ce livre, Guy nous explique comment, en cherchant sans


fin l’amour de la mère ou du père, l’enfant se sépare de lui-même.
Cette volonté d’être aimé à tout prix, nous la reproduisons dans
notre vie d’adolescent, de jeune adulte, puis d’adulte. Et pendant
tout ce temps, qui nous apprend à nous aimer ?

C’est en plongeant dans l’amour que je puise la force de


guérir mes plaies. Si je reconnais mes imperfections et mes
dimensions plus sombres, je nourris le tissu de mon âme. Je
m’aime, j’aime, et l’amour ne va pas me quitter.

Car l’autre est un outil fort intéressant dans cette rencontre


avec soi-même, un merveilleux guide pour nous accompagner
le long de ce chemin inconnu qu’est l’amour. Il peut soit nourrir
la joie, l’inspiration ou un état fusionnel sain, soit entretenir
une guerre perpétuelle. La visite intérieure que propose Guy
au tout début du présent ouvrage est en ce sens nécessaire.
Prenons le temps de nous retrouver et d’entretenir une rela-
tion d’intimité avec nous-mêmes plutôt que de nous laisser
submerger par l’autre et entraîner dans des conflits sans fin.

C’est lorsque tombe le masque du prince charmant ou de


la princesse charmante que l’autre nous dévoile à nous-mêmes
et que se révèle tout ce que nous avons voulu éviter en nous.

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C’est à ce moment que débute la vraie rencontre avec soi.


Ainsi, Guy affirme dans L’Amour en guerre : « En amour, nous
avons besoin de rencontrer le pire de nous-mêmes pour aller
vers le meilleur un jour.

Ce qui est le plus drôle, c’est que nous commençons tou-


jours par ce que nous croyons être le meilleur pour rapide-
ment nous rendre compte que l’autre vient chercher en nous
le pire. L’autre nous aide à nous révéler à nous-mêmes. Nos
ombres se pointent et nous sommes alors au plus grand des
rendez-vous avec nous-mêmes. »

En conférence, je suggère souvent de laisser l’autre tranquille


pour contempler ce qu’est l’amour. Fermez les yeux et réflé-
chissez à cette question : qu’est-ce que l’amour pour vous ?

Deuxième question : comment aimeriez-vous être aimé ?


Osez y répondre et vous pourrez cerner et nommer votre
besoin d’amour et vos besoins affectifs. Si vous demandez à
vos enfants, à votre partenaire, à vos amis de combler ces
besoins, vous risquez d’être blessés. Pouvez-vous satisfaire vos
besoins affectifs sans passer par l’autre ?

Il y a tellement de jeux amoureux malsains où nous dépen-


sons une énergie folle à vouloir que l’autre réponde à nos
besoins… Frustrations, colère et tristesse sont les litanies du
mal-aimé… Dans la pièce de Guy, les personnages de Céline
et d’André illustrent très bien cette situation où l’on se perd
dans l’amour en guerre.

Troisième question essentielle : pouvez-vous aimer comme


vous aimeriez être aimé ? C’est souvent là que ça bloque.
Je le constate souvent chez les personnes que j’accompagne

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en atelier. L’amour infantile dit : « Donne-moi, donne-moi,


donne-moi… » Mais pouvons-nous donner en retour ?

Un jour, j’ai pris conscience que mon besoin en amour


était d’être libre. C’est magnifique, mais est-ce que je pouvais
donner à l’autre cette liberté ? La réponse était non.

Un autre de mes besoins était la sécurité. Pouvais-je offrir


à l’être aimé cette même sécurité ? Non, au contraire ! Du
fait de ma blessure d’abandon, j’excellais à insécuriser l’autre.

Qu’est-ce qui nous empêche d’aimer en retour comme nous


aimerions être aimés ? Le ressentiment, ce grand fléau ! Ce n’est
pas que nous en voulions nécessairement à l’autre, mais nous
croyons qu’il est le responsable de nos blessures, que tout cela
est de sa faute. Nous en voulons inconsciemment à nos parents
de ne pas nous avoir aimés de la façon dont nous aurions
souhaité être aimés. Le ressentiment nous empêche de nous
aimer. Non seulement nous en voulons à ceux qui nous ont mal
aimés, mais nous voulons aussi les punir. En réponse à la dou-
leur ressentie, nous cherchons en quelque sorte à nous venger.

Ces phrases de Guy, tirées de L’Amour en guerre, évoquent


le défi que représente l’intimité et les frictions qu’elle entraîne :
« Je pensais que l’amour me faciliterait la vie. Il me l’a compli-
quée infiniment… J’ai passé plusieurs années à vouloir aimer
à tout prix, mais j’en ai passé autant à me fermer le cœur. J’ai
juré d’être fidèle par amour, mais j’ai aussi juré d’être infidèle
par dépit et par crainte de souffrir. » Nous faisons tout pour
ne pas souffrir, pour ne pas revivre notre blessure d’amour.

Dans une scène de sa pièce de théâtre où il s’adresse au


public, décrivant les difficultés vécues par le couple de Céline

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et d’André, le Psy affirme : « En fait, c’est plus compliqué que


ça. Ils sont attachés à leur blessure, elle les structure, elle leur
donne une histoire, une identité. Ils s’accrochent à elle. »

Répondre aux questions qui précèdent est essentiel pour


commencer à assumer pleinement la responsabilité de notre
façon d’aimer et de nous aimer.

*
* *

Je ne le répéterai jamais assez : il est bon d’aimer ; l’amour


guérit, et seule l’expérience de l’amour fait grandir. Qu’arriverait-il
si nous reconnaissions notre beauté, notre grandeur, nos limites
comme nos forces ? Qu’arriverait-il si nous nous aimions ? Eh bien,
l’amour se vivrait différemment. Nous quitterions les territoires de
l’amour en guerre pour nous diriger vers un amour authentique,
dans la reconnaissance de l’être que nous sommes et de celui
qu’est l’autre, sans vouloir atténuer sa beauté ni la nôtre.

Osons explorer l’amour.

Mieux s’aimer, c’est reconnaître que l’on est maître de sa


vie, que l’on en a la charge et la responsabilité, dans le respect
de soi et des autres.

Mieux s’aimer, c’est revenir à soi, prendre le temps de se


retrouver, non pas dans le jugement, mais dans l’écoute.

Mieux s’aimer est essentiel, c’est le pilier d’un amour vrai.


Cela implique d’apprendre à se connaître. C’est un chemin d’in-
dividuation où rien n’est tracé, où l’on est invité à reconnaître

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ses forces, ses faiblesses ainsi que les blessures qui ont pendant
tant d’années conditionné qui l’on est.

Mieux s’aimer, c’est mettre un terme aux souffrances


amoureuses passées.

Mieux s’aimer, c’est se libérer des fausses personnalités qui


ont bel et bien encombré notre capacité d’aimer sans retenue,
sans calcul, sans jugement.

S’aimer soi-même et aimer l’autre tiennent de la même vibra-


tion. Je m’aime et, par le fait même, j’aime. Je m’accepte avec
amour et, par le fait même, j’accepte l’autre. Mes ombres sont
des parcelles de lumière et les ombres de l’autre sont identiques.

Si je m’aime, je suis à l’écoute de moi-même, alors écouter


l’autre est tout aussi important. Si je me donne de l’amour, je
cesse d’en attendre de l’autre…

Mes différences ne sont pas une menace pour l’autre et,


inversement, je ne suis pas menacé par ses différences. Au
contraire, je les perçois comme une source de créativité.

Je vous parle d’amour vrai.

Mieux s’aimer ouvre la voie à cette expérience créatrice


d’aimer mieux.

Chères lectrices et chers lecteurs, je souhaite que les propos


de Guy vous fassent vivre un formidable voyage intérieur.

Marie Lise Labonté

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