Experts-Vih Initiation
Experts-Vih Initiation
Experts-Vih Initiation
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Prise en charge médicale des personnes vivant avec le VIH
Initiation d'un premier traitement antirétroviral (avril 2018)
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Prise en charge médicale des personnes vivant avec le VIH
Initiation d'un premier traitement antirétroviral (avril 2018)
Personne auditionnée
Constance DELAUGERRE CHU Saint Louis-Lariboisière, Paris
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Prise en charge médicale des personnes vivant avec le VIH
Initiation d'un premier traitement antirétroviral (avril 2018)
Les parties surlignées du texte sont celles qui ont été modifiées ou ajoutées en avril 2018 à la
précédente version du chapitre (octobre 2017).
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Prise en charge médicale des personnes vivant avec le VIH
Initiation d'un premier traitement antirétroviral (avril 2018)
lymphoïdes (8-10). Elle est aussi associée à une réduction de l’inflammation systémique chronique,
dont les conséquences délétères au cours de l’infection VIH non contrôlée ont été établies sur le plan
cardio-vasculaire, métabolique, osseux et neurologique, et dont certains marqueurs (en particulier le
CD14 soluble) ont été associés de façon indépendante à la mortalité (11).
Réduction du risque de transmission du VIH
Le traitement ARV constitue un moyen performant de réduction du risque de transmission du VIH.
Plusieurs études observationnelles ont démontré une réduction du risque de transmission sexuelle du
VIH chez les personnes sous traitement ARV. Dans une étude longitudinale au sein d'une cohorte de
couples sérodifférents en Afrique, on a pu calculer que l'efficacité protectrice du traitement ARV du
partenaire infecté vis-à-vis du partenaire non infecté était de 92 % (intervalle de confiance [IC] à
95 % : 43 % − 99,8 %) (12).
Dans l'essai HPTN 052, conduit chez 1 763 couples sérodifférents pour le VIH (autant d'hommes
que de femmes vivant avec le VIH, plus de la moitié de couples africains, nombre de CD4 compris
3
entre 350 et 500 /mm chez le conjoint séropositif), les conjoints vivant avec le VIH étaient randomisés
pour débuter un traitement ARV dès la randomisation ou après diminution du nombre de CD4 sous le
seuil d'initiation du traitement ARV ou apparition de symptômes liés au VIH. L'essai a été interrompu
après un temps médian de suivi dans l'essai de 1,7 an en raison de la démonstration d'une réduction
de 96 % du risque de transmission du VIH au conjoint (IC95 %: 73 %-99 %) (13).
L'objectif de réduire le risque de transmission sexuelle du VIH constitue donc un argument
supplémentaire pour l'initiation d'un traitement ARV, tant à l'échelon individuel que collectif. Cette
information doit être portée systématiquement à la connaissance des patients.
Inconvénients potentiels d’une initiation précoce du traitement ARV
Les médicaments antirétroviraux actuellement disponibles permettent presque toujours de
construire un traitement simple et bien supporté. Il faut cependant prendre en compte les risques d’un
défaut d’observance d’un traitement ARV précoce dont les bénéfices seraient mal perçus, avec
l’exposition des patients à un contrôle imparfait de leur réplication virale et donc à un risque
d’émergence de virus résistants, qui compromettrait certaines options thérapeutiques futures.
En conclusion
• Il est recommandé d'instaurer un traitement ARV chez toute personne vivant avec le VIH,
3
quel que soit le nombre de lymphocytes CD4, y compris s'il est > 500 /mm (AI).
• L’initiation précoce du traitement ARV, quel que soit le nombre de lymphocytes CD4, est associée
à d’autres bénéfices : cliniques (réduction des comorbidités associées à l’infection par le VIH),
immunologiques (BII), réduction du risque de transmission du VIH (AI). Le patient doit être
informé de ces bénéfices.
•
3
Lorsque le niveau de CD4 est > 500/mm et stable, le traitement peut être différé en cas de non-
adhésion immédiate du patient au projet thérapeutique. Le médecin, en lien avec une équipe
d'éducation thérapeutique et/ou un groupe de soutien, s’efforcera alors de préparer le patient à la
mise en route ultérieure du traitement.
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Prise en charge médicale des personnes vivant avec le VIH
Initiation d'un premier traitement antirétroviral (avril 2018)
Moins de 1 % des personnes vivant avec VIH-1 ont un contrôle spontané et prolongé de la
réplication virale (« HIV controllers »). Le plus souvent, ce contrôle virologique s’accompagne du
maintien prolongé d’un nombre élevé de CD4 (« long-term non progressors »). Il est donc nécessaire
3
de s'assurer que le nombre de CD4 reste stable et > 500/mm , avant d'envisager un éventuel report
de l'initiation du traitement ARV. Il est recommandé de proposer à ces personnes de participer à la
cohorte ANRS CO21 CODEX.
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Prise en charge médicale des personnes vivant avec le VIH
Initiation d'un premier traitement antirétroviral (avril 2018)
Sérologie VIH : un test ELISA de 4 génération et un test de confirmation par Western Blot avec
e
différenciation VIH1/VIH2
Numération des populations lymphocytaires T CD4/CD8
Dosage de l’ARN VIH plasmatique (charge virale VIH)
Test génotypique de résistance du VIH (transcriptase inverse, protéase, intégrase] et détermination
du sous-type VIH-1
Recherche de l’allèle HLA-B*5701
Hémogramme avec plaquettes
Transaminases, γGT, phosphatases alcalines, bilirubine totale et conjuguée
Créatininémie et estimation du DFG par la méthode MDRD ou CKD-EPI
Phosphorémie à jeun
Glycémie à jeun
Bilan lipidique à jeun : cholestérol total, LDL et HDL, triglycérides
Recherche d’une protéinurie [bandelette urinaire] ou dosage du rapport protéinurie/créatininurie
Marqueurs de l’hépatite virale B : Ag HBs, anticorps anti-HBs et anti-HBc
Sérologie de l’hépatite virale C
Sérologie de l’hépatite virale A [IgG]
Sérologie de la syphilis
Sérologie de la toxoplasmose
test IGRA [Quantiféron ou T-spot TB] pour le dépistage de la tuberculose latente
Chez les femmes : consultation gynécologique avec cytologie cervicovaginale
Chez les HSH, sujets à partenaires multiples et femmes avec ATCD de condylomatose et/ou
pathologie cervicale :
- consultation proctologique pour le dépistage des lésions précancéreuses de l’anus.
- prélèvements PCR à la recherche d’IST (chlamydia, gonocoque) au niveau anal, urétral et/ou
pharyngé selon circonstances (absence de remboursement début 2018 du test gonocoque)
Chez les patients provenant d’une zone d’endémie tuberculeuse :
- radio thoracique
Si CD4 <100/ mm3
- dosage de l’antigène cryptocoque et sérologie CMV (si positive: PCR CMV et fond d’œil )
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Initiation d'un premier traitement antirétroviral (avril 2018)
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Prise en charge médicale des personnes vivant avec le VIH
Initiation d'un premier traitement antirétroviral (avril 2018)
Le tableau 2 résume les associations à utiliser préférentiellement pour l'initiation d'un premier
traitement ARV, sans hiérarchie et sur la base des médicaments disponibles en avril 2018. La lecture
de la colonne « Commentaires » permet d’adapter le choix de ce premier traitement à la situation
individuelle du patient.
Si, à l'issue de l'analyse d'une situation individuelle, plusieurs associations décrites dans le tableau
2 peuvent être retenues chez un patient donné, le coût du traitement doit être considéré dans la prise
de décision et les associations les moins chères doivent être privilégiées. Dans tous les cas, le choix
ère
du traitement antirétroviral de 1 ligne doit être explicité et discuté avec le patient auquel il est
prescrit. Le tableau 3 est destiné à éclairer le prescripteur sur le coût annuel des traitements qu'il
prescrit.
Les arguments du choix des schémas recommandés sont présentés ci-après, présentant
avantages et inconvénients des différentes options.
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Initiation d'un premier traitement antirétroviral (avril 2018)
Nb cp/
Nb
2 INTI INNTI prises Commentaires
par jour
Uniquement si CV < 5 log copies/ml.
3
Précaution si CD4 < 200/mm
ténofovir alafénamide
rilpivirine Association contre-indiquée si
/emtricitabine 1/1
25 mg x 1 clairance de la créatinine < 30 ml/min.
25/200 mg x 1
Prise au cours d'un repas.
Association à un IPP contre-indiquée
Uniquement si CV < 5 log copies/ml.
3
Précaution si CD4 < 200/mm
ténofovirDF/emtricitabine Précaution si clairance de la
rilpivirine
Gé 2/1 créatinine < 80 ml/min. Surveillance
25 mg x 1
245/200 mg x 1 rénale.
Prise au cours d'un repas.
Association à un IPP contre-indiquée
2 INTI INI Commentaires
Précaution si clairance de la
ténofovirDF/emtricitabine créatinine < 80 ml/min. Surveillance
dolutégravir
Gé 2/1 rénale.
50 mg x 1
245/200 mg x 1 Peu d'interactions médicamenteuses
avec le dolutégravir
Uniquement si HLA-B*5701 négatif
abacavir/lamivudine dolutégravir 1/1
Peu d'interactions médicamenteuses
600/300 mg x1 50 mg x 1 ou 2/1*
avec le dolutégravir
Association contre-indiquée si
ténofovir alafénamide elvitégravir/c
clairance de la créatinine < 30 ml/min.
/emtricitabine 150/150 mg x 1/1
Interactions médicamenteuses avec
10/200 mg x 1 1
le cobicistat
Précaution si clairance de la
raltégravir
ténofovirDF/emtricitabine créatinine < 80 ml/min. Surveillance
1200 mg x 1
Gé 3/1 rénale.
(2 comprimés
245/200 mg x 1 Pas d'interaction médicamenteuse
de 600 mg)
avec le raltégravir
2 INTI IP/r Commentaires
Intérêt particulier dans les indications
suivantes : immunodépression
profonde, charge virale plasmatique
élevée, nécessité d'entreprendre un
darunavir/r
ténofovirDF/emtricitabine traitement rapidement, grossesse.
800/100 mg x 3/1
Gé 245/200 mg x1 Précaution si clairance de la
1
créatinine < 80 ml/min. Surveillance
rénale.
Interactions médicamenteuses avec
le ritonavir
* Si 2 INTI sous formes géneriques
Les options thérapeutiques mentionnées sont toutes recommandées avec une force de recommandation A
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Prise en charge médicale des personnes vivant avec le VIH
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ème
Trithérapie avec un INNTI comme 3 agent
L'efficacité de trithérapies avec INNTI a été démontrée dans de nombreux essais thérapeutiques.
Ce type de schéma a deux inconvénients principaux :
• le taux de résistance primaire aux INNTI (3 % en 2014 en primo-infection en France), qui impose
la connaissance du résultat du test génotypique de résistance avant d'entreprendre un tel schéma
thérapeutique ;
• la faible barrière génétique du VIH vis-à-vis des INNTI, qui expose en cas de défaut d’observance
ou en cas d’interaction au risque de sélection rapide de virus résistant non seulement aux
médicaments utilisés mais à l'ensemble des INNTI de première génération (efavirenz, névirapine)
et aux INTI (notamment lamivudine et emtricitabine) présents dans le schéma thérapeutique.
L'étravirine reste habituellement actif sur les virus ayant des mutations de résistance aux INNTI de
première génération. Cependant les mutations sélectionnées par l'exposition à la rilpivirine
peuvent conférer une résistance croisée à l'étravirine (mutation au codon 138 de la transcriptase
inverse, Cf. chapitre "Résistance du VIH-1 aux antirétroviraux").
Les tests de résistance actuellement utilisés en pratique clinique ne permettent pas la détection de
populations résistantes minoritaires en dessous d’un seuil correspondant à 20 % de la population
virale globale (Cf. chapitre "Résistance du VIH-1 aux antirétroviraux"). Plusieurs études ont montré
une relation entre la présence de virus minoritaires portant des mutations associées à la résistance
aux INNTI et un échec à un traitement comportant des médicaments de cette classe. Cependant des
recommandations sur l’intérêt de la détection des populations résistantes minoritaires ne peuvent pas
être formulées dans l’état actuel des connaissances. L’utilisation des INNTI nécessitera donc
d’accorder une attention particulière à la diminution de la charge virale puis à son indétectabilité dans
l’année qui suit l’instauration du traitement.
Efavirenz
Le groupe d'experts a décidé de ne plus retenir l’efavirenz comme un choix préférentiel en tant que
ème
3 agent d'une première trithérapie en 2016 compte-tenu de la disponibilité de plusieurs autres choix
de traitement en 1 comprimé/jour, avec des profils de tolérance plus favorables et une efficacité
équivalente ou supérieure.
Rilpivirine
La rilpivirine a été évaluée à la dose de 25 mg une fois par jour dans deux essais randomisés en
double aveugle contre efavirenz en association avec ténofovirDF/emtricitabine ou abacavir/lamivudine
(28-30). Dans l'analyse globalisée de ces deux essais, la non-infériorité de la rilpivirine en termes
d'efficacité virologique a été démontrée à 96 semaines (pourcentage de patients ayant une CV < 50
copies à 96 semaines de 76 % et 77 % respectivement sous rilpivirine et efavirenz) (30). Cependant,
le taux de succès virologique était moins bon en cas de CV initiale supérieure à 5 log copies /ml et de
3
nombre de CD4 inférieur à 200 /mm . En cas d'échec virologique, les virus isolés à l'échec
présentaient plus souvent des mutations de résistance aux autres INNTI et à emtricitabine/lamivudine
et ténofovir après échec sous rilpivirine qu'après échec sous efavirenz. En revanche, les arrêts pour
effet indésirable et l'aggravation du profil lipidique étaient moins fréquents sous rilpivirine que sous
efavirenz.
La rilpivirine est formulée seule et en association fixe en un comprimé par jour
(ténofovirDF/emtricitabine/rilpivirine et TAF/emtricitabine/rilpivirine) et doit être prise au cours d'un
repas. La prise concomitante d'inhibiteurs de la pompe à protons est contre-indiquée, celle des anti-
H2 sera faite avec précaution en raison d'un risque de diminution de la concentration plasmatique de
rilpivirine. Cette combinaison a été évaluée dans un essai randomisé ouvert (essai STAR) contre un
comprimé par jour de l’association ténofovirDF/emtricitabine/efavirenz. Sa non-infériorité a été
démontrée chez l'ensemble des patients étudiés, et même sa supériorité en cas de CV initiale
inférieure à 5 log copies/ml. Le taux d'échec virologique était identique dans les deux bras mais le
taux de mutations de résistance à l'échec était plus élevé dans le bras
ténofovirDF/emtricitabine/rilpivirine que dans le bras ténofovirDF/emtricitabine/efavirenz en cas de CV
à l'inclusion > 5 log copies /ml. La tolérance clinique et biologique était meilleure sous
ténofovirDF/emtricitabine/rilpivirine que sous ténofovirDF/emtricitabine/efavirenz (31).
En conclusion
ème
Si on choisit un INNTI comme 3 agent pour l'instauration d'un premier traitement ARV, il est
recommandé d'utiliser la rilpivirine, à condition que la CV avant l'initiation du traitement soit inférieure
à 5 log copies/ml.
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Prise en charge médicale des personnes vivant avec le VIH
Initiation d'un premier traitement antirétroviral (avril 2018)
ème
Trithérapie avec INI comme 3 agent
La réalisation d’un test génotypique incluant la recherche de mutations de résistance dans le gène
de l’intégrase est recommandée avant l'initiation du premier traitement antirétroviral (AII) et cette
recherche doit être inscrite sur la liste des actes remboursés par la sécurité sociale.
Raltégravir
Le raltégravir est le premier représentant de la classe des INI et s’administre en deux prises par
jour. Le raltégravir à la dose de 400 mg 2 fois par jour a été comparé à l'efavirenz en association avec
ténofovirDF/emtricitabine chez 566 patients naïfs dans le cadre de l'essai randomisé en double
aveugle STARTMRK. La non-infériorité du raltégravir a été démontrée en termes d'efficacité
virologique. La tolérance du traitement avec raltégravir était significativement meilleure que celle du
traitement avec efavirenz (32). La rapidité de décroissance de la charge virale était plus importante
avec raltégravir qu'avec efavirenz (32;33). La fréquence de sélection de variants résistants en cas
d'échec virologique était faible et comparable dans les 2 bras.
Le raltégravir à la dose de 400 mg 2 fois par jour a également été comparé avec atazanavir/r
(300/100 mg 1 fois par jour) et darunavir/r (800/100 1 fois par jour) en association avec
ténofovirDF/emtricitabine chez 1809 patients naïfs dans un essai randomisé d'équivalence sans insu
pendant 96 semaines (essai ACTG 5257). Le raltégravir s'est avéré supérieur aux 2 inhibiteurs de
protéase sur le critère de jugement principal composite (délai de survenue d'un échec virologique ou
d'un arrêt de traitement pour intolérance). En termes d'incidence cumulée d'échecs virologiques, le
raltégravir était équivalent aux deux IP/r. Les proportions d'arrêt de traitement pour intolérance étaient
de 1,3 %, 5,3 % et 15,7 %, respectivement pour raltégravir, darunavir/r et atazanavir/r. Les proportions
de patients ayant une charge virale plasmatique < 50 copies/ml à S96 étaient de 80 %, 73 % et 63 %,
respectivement pour raltégravir, darunavir/r, atazanavir/r (analyse ITT snapshot, arrêt de traitement =
échec). La fréquence de sélection de variants résistants en cas d'échec virologique était plus élevée
dans le bras raltégravir (3 %) que dans les bras darunavir/r (0,7 %) et atazanavir/r (1,5 %) (27). Peu
de données sont disponibles quant à l’association abacavir + lamivudine + raltégravir.
Depuis avril 2018, une nouvelle forme galénique de raltégravir en comprimés à 600 mg est
commercialisée. La prise de deux comprimés de 600 mg une fois par jour permet d'obtenir des aires
sous courbe de concentrations plasmatiques supérieures à celles obtenues avec la prise de trois
comprimés de 400 mg une fois par jour ou d'un comprimé de 400 mg deux fois par jour (34). Un essai
randomisé en double aveugle chez 802 patients naïfs de traitement a démontré la non-infériorité en
terme de succès virologique à 48 semaines de l'administration de deux comprimés de 600 mg en une
prise par jour par rapport à l'administration d'un comprimé de 400 mg deux fois par jour. La fréquence
des effets indésirables était similaire pour les 2 modes d'administration (35). Le coût de traitement
journalier est identique avec cette nouvelle formulation. Il est donc maintenant recommandé d'utiliser
cette nouvelle forme galénique de raltégravir lorsqu'on le choisit comme troisième agent pour
l'initiation d'un premier traitement antirétroviral.
Au total, le risque de sélection de résistance en cas d'échec virologique sous un traitement
comportant du raltégravir est du même ordre que celui observé en cas d'échec sous un traitement
comportant un INNTI mais plus élevé que sous un traitement comportant un IP/r.
La tolérance du raltégravir est globalement bonne mais des effets indésirables graves ont été
rapportés de façon rare : éruption cutanée, syndrome d'hypersensibilité, myosite et rhabdomyolyse,
manifestations neurologiques centrales et neuropsychiatriques (36). Par contre, il a été montré dans
l'essai ACTG 5257 que les effets sur le profil lipidique (37) et sur la densité minérale osseuse (38)
étaient moins délétères sous raltégravir que sous IP/r. C’est l’INI pour lequel on dispose maintenant
de la plus longue expérience clinique. Il n'expose à aucun risque d'interaction médicamenteuse
significative.
Recommandation :
L'efficacité et la tolérance de l'association ténofovirDF/emtricitabine + raltégravir ont été
démontrées dans trois essais randomisés bien conduits. Cette association doit être administrée
désormais en une prise quotidienne en utilisant la nouvelle formulation de raltégravir à 600 mg
administrée à raison de deux comprimés pris simultanément (soit 1200 mg). Elle expose à un risque
de sélection de mutations de résistance (tant aux INI qu’aux INTI) en cas d'échec virologique. Le
groupe d’experts recommande que cette association fasse partie des options thérapeutiques
recommandées en première ligne, notamment pour la gestion d'interactions médicamenteuses
(exemple : co-infection tuberculose) (BI).
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Prise en charge médicale des personnes vivant avec le VIH
Initiation d'un premier traitement antirétroviral (avril 2018)
Elvitégravir/cobicistat
L'elvitégravir est commercialisé sous forme d’un comprimé unique quotidien contenant
ténofovirDF/emtricitabine/elvitégravir/cobicistat et depuis 2017, d’un comprimé unique quotidien
contenant ténofovir alafénamide/emtricitabine/elvitégravir/cobicistat (39). L'elvitégravir dont la voie
métabolique principale passe par le cytochrome P450 doit être utilisé en association avec le cobicistat,
inhibiteur puissant de ce cytochrome, ce qui nécessite des précautions en termes de gestion
d’interactions médicamenteuses
L'association fixe ténofovirDF/emtricitabine/elvitégravir/cobicistat a été évaluée dans 2 essais
randomisés, comparée à l'association fixe ténofovirDF/emtricitabine/efavirenz (40) dans l’un des
essais, et à l'association ténofovirDF/emtricitabine + atazanavir/r dans l’autre (41). Les 2 essais ont
démontré la non-infériorité de ténofovirDF/emtricitabine/elvitégravir/cobicistat en termes d'efficacité
virologique, jusqu'à S96 et au-delà (42-45). La fréquence de sélection de virus résistants aux INI au
diagnostic de l'échec virologique était faible dans les bras elvitégravir des deux essais, comparable à
celle observée sous efavirenz mais plus élevée que sous atazanavir/r. La tolérance clinique de
l'association était bonne, les effets indésirables les plus fréquents étant diarrhée, nausées et
céphalées.
Le cobicistat inhibe la sécrétion tubulaire active de créatinine, ce qui entraîne une élévation de la
créatininémie et une diminution de la clairance de la créatinine estimée, sans toutefois de réduction du
DFG (46). Cette élévation de la créatininémie est observée dans les quatre premières semaines et se
stabilise ensuite. Elle doit être distinguée des tubulopathies induites par ténofovirDF, ce qui nécessite
une surveillance régulière de la fonction rénale, de la protéinurie, de la glycosurie et de la
phosphorémie. L'élévation de la créatininémie induite par le cobicistat étant généralement < 35 µmol/l,
toute élévation supérieure doit rendre attentif à l'existence d'une insuffisance rénale d’autre cause ou
d’une tubulopathie proximale. Il est donc indispensable d'effectuer une mesure de la créatininémie,
dans le même laboratoire, immédiatement avant et 4 semaines après l’introduction d’un traitement par
ténofovirDF/emtricitabine/elvitégravir/cobicistat.
Les profils d'efficacité et de tolérance de ténofovirDF/emtricitabine/elvitégravir/cobicistat sont
comparables à ceux de ténofovirDF/emtricitabine/efavirenz et ténofovirDF/emtricitabine + atazanavir/r.
Des effets indésirables psychiatriques (troubles du sommeil, dépression) peuvent survenir.
Une étude randomisée en double aveugle ayant comparé, chez 1733 patients naïfs, les
associations ténofovirDF/emtricitabine/elvitégravir/cobicistat et TAF/emtricitabine/elvitégravir/cobicistat
- sous forme d’associations fixes de 1 cp/j - a démontré la non-infériorité de l'association à base de
TAF sur le critère principal, charge virale < 50 copies/mL à 48 semaines (92 % sous combinaison TAF
vs. 90 % sous combinaison ténofovirDF, IC95 % de la différence, -0,7 ; +4,7 %). Sur les critères
secondaires rénaux et osseux, l'association à base de TAF était significativement mieux tolérée (39) :
augmentation moindre de la créatininémie (moyenne, + 0,8 vs + 1,2 mg/L; p<0,0001), fréquence
moindre de protéinurie (-3 % vs +20 %; p<0,0001), et moindre diminution de la densité minérale
osseuse au niveau du rachis (-1,30 vs -2,86 %; p<0,0001) et de la hanche (-0,66 vs -2,95 %;
p<0,0001). En revanche, on observait une augmentation significativement plus importante des
paramètres lipidiques (cholestérol total, fractions LDL et HDL et triglycérides) sous TAF que sous
TDF. Les données collectées à la semaine 96 (47) et S144 (Arribas JR, CROI 2017, Abs. 453)
confirment ces résultats.
L'association TAF/emtricitabine/elvitégravir/cobicistat est désormais disponible en France, à un prix
inférieur à celui de ténofovirDF/emtricitabine/elvitégravir/cobicistat à laquelle elle doit donc être
préférée.
Recommandation :
L'efficacité et la tolérance de l'association ténofovirDF/emtricitabine/elvitégravir/cobicistat ont été
démontrées dans deux essais randomisés bien conduits. L'association
TAF/emtricitabine/elvitégravir/cobicistat a une efficacité identique, une meilleure tolérance rénale et
osseuse et un coût plus faible que l'association TDF/emtricitabine/elvitégravir/cobicistat. Elle est
disponible sous forme combinée en un comprimé par jour. Les interactions médicamenteuses liées au
cobicistat, l'augmentation des lipides et un recul d'utilisation encore limité en constituent les
principales limites. Le groupe d’experts recommande que cette association
TAF/emtricitabine/elvitégravir/cobicistat fasse partie des options thérapeutiques recommandées en
première ligne, à la place de l'association TDF/emtricitabine/elvitégravir/cobicistat (BI).
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Prise en charge médicale des personnes vivant avec le VIH
Initiation d'un premier traitement antirétroviral (avril 2018)
Dolutégravir
Le dolutégravir est un INI administré en une prise quotidienne de 50 mg sans potentialisateur
pharmacologique. Son efficacité et sa tolérance ont été évaluées dans trois essais randomisés de
phase 3 : SPRING-2, SINGLE et FLAMINGO.
SPRING-2 comparait en double aveugle et double placebo dolutégravir (50 mg une fois par jour) et
raltégravir (400 mg 2 fois par jour) en association avec ténofovirDF/emtricitabine ou
abacavir/lamivudine chez 822 patients naïfs (48). La non-infériorité virologique du dolutégravir a été
démontrée à S48 et confirmée à S96 (49). La fréquence des effets indésirables n'était pas différente
dans les 2 bras, avec 2 % d’effets indésirables ayant conduit à l'arrêt de traitement.
SINGLE comparait en double aveugle et double placebo dolutégravir (50 mg une fois par jour) +
abacavir/lamivudine avec l'association fixe de référence ténofovirDF/emtricitabine/efavirenz chez 833
patients naïfs (50). La supériorité virologique de l'association dolutégravir/abacavir/lamivudine a été
démontrée à S48 et confirmée à S144 (51). En termes de tolérance, il y a eu moins d'arrêts de
traitement pour effet indésirable dans le bras dolutégravir/abacavir/lamivudine que dans le bras
ténofovirDF/emtricitabine/efavirenz (2 % vs 10 %), et l’impact sur les paramètres du remodelage
osseux était moindre (52).
FLAMINGO comparait sans insu dolutégravir (50 mg une fois par jour) et darunavir/r (800/100 mg
une fois par jour) en association avec ténofovirDF/emtricitabine ou abacavir/lamivudine chez 484
patients naïfs (53). La supériorité virologique du dolutégravir a été démontrée à S48. Dans le bras
dolutégravir, il y a eu 2 % d'arrêt de traitement pour effet indésirable, avec moins de diarrhée et
d'élévation du LDL cholestérol que dans le bras darunavir/r.
Dans aucun de ces trois essais il n'a été observé de sélection de mutations de résistance aux INI
ou aux INTI dans les situations d'échec virologique (défini comme une CV > 50 copies/ml). On note
toutefois qu’au cours de ces essais, la recherche de mutations a été réalisée sur des échecs définis
par 1 ou 2 charges virales > 50 copies/ml et non > 500 copies/ml comme pour les essais évaluant le
raltégravir et l’elvitégravir.
Le dolutégravir entraine une augmentation attendue, de l’ordre de 10 %, de la créatininémie, et par
voie de conséquence une diminution de la clairance estimée de la créatinine, liée à l’inhibition du
transporteur organique de cations, OCT2. Cette inhibition bloque la sécrétion tubulaire de la
créatinine, d’où l’augmentation de la créatinine sérique, mais sans modification du DFG mesurée par
exemple par la clairance du iohexol (54). Dans les essais SINGLE, SPRING-2 et FLAMINGO, il n’y a
eu aucun cas de tubulopathie ni d’arrêt du dolutégravir pour toxicité rénale.
La tolérance du dolutégravir est globalement bonne, avec moins de 2 % d'arrêt de traitement pour
effet indésirable dans les 3 essais pivots décrits ci-dessus. Des effets indésirables neuropsychiques
(troubles du sommeil, anxiété, céphalées, vertiges et troubles de la concentration) ont été décrits avec
les trois INI et sont associés à des arrêts plus fréquents de traitement pour le dolutégravir dans des
études retrospectives (55;56). Les patients doivent être prévenus du risque de leur survenue.
Recommandation :
L'efficacité et la tolérance du dolutégravir en association avec ténofovirDF/emtricitabine ou
abacavir/lamivudine ont été démontrées dans 3 essais randomisés bien conduits. L'association du
dolutégravir avec ténofovirDF/emtricitabine ou abacavir/lamivudine a l'avantage d'être administrée en
une prise par jour, de ne pas nécessiter de potentialisateur pharmacologique et d'exposer à peu
d'interactions médicamenteuses. Le faible recul et les effets indésirables neuropsychiques du
dolutégravir en constituent les limites actuelles. Le groupe d’experts recommande que l’association du
dolutégravir avec ténofovirDF/emtricitabine ou abacavir/lamivudine fasse partie des options
thérapeutiques recommandées en première ligne (BI).
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Prise en charge médicale des personnes vivant avec le VIH
Initiation d'un premier traitement antirétroviral (avril 2018)
par sous-groupes, la non infériorité n'est pas retrouvée lorsque la charge virale plasmatique à
l'inclusion était > 5 log copies/ml et lorsque le nombre de lymphocytes CD4 à l'inclusion était
3
<200/mm . La fréquence des effets indésirables était comparable dans les 2 bras. En cas d'échec
virologique, aucune mutation de résistance n'a été identifiée sous trithérapie alors que des mutations
sur le gène de l'intégrase ont été sélectionnées chez 5/29 patients du bras raltégravir + darunavir/r
(57;58).
Recommandation :
L'association raltégravir + darunavir/r en initiation de traitement antirétroviral peut constituer une
alternative lorque les INTI ne sont pas utilisables (par exemple HLA B*5701 et insuffisance rénale).
Primo-infection
Le choix du traitement au moment de la primo-infection comporte quelques particularités tenant
compte du court délai d’initiation de celui-ci et de l’épidémiologie des résistances. Dans ce contexte où
le traitement doit être débuté rapidement, on ne dispose généralement pas des résultats de la
recherche de l’allèle HLA-B*5701 ni du test génotypique de résistance. Le choix d’une trithérapie
privilégiera donc l’association de ténofovirDF/emtricitabine, en l’absence de maladie rénale, et d’un
ème
IP/r, ce d’autant que la CV est élevée. La discussion du 3 agent doit prendre en considération la
tolérance immédiate de la molécule prescrite, sa puissance virologique, sa barrière génétique et les
risques d’observance non optimale en l’absence d’éducation thérapeutique préalable. Les IP/r ont été
les plus étudiés au moment de la primo-infection. On ne dispose pas de résultats d’essai avec un INI
ème
utilisé comme 3 agent en primo-infection mais les résultats des essais réalisés chez les patients
naïfs ayant une charge virale élevée peuvent être transposés dans la situation particulière de la primo-
infection, conduisant à favoriser le dolutégravir comme alternative aux IP/r. Le bénéfice de schémas
intensifiés a été évalué en particulier dans l’essai ANRS OPTIPRIM, qui ne montre pas de différence
immunovirologique à S48 entre le bras de référence (trithérapie avec ténofovirDF/emtricitabine et
darunavir/r) et un bras intensifié avec maraviroc et raltégravir (60).
Une trithérapie comportant ténofovirDF/emtricitabine + darunavir/r ou dolutégravir est
recommandée en 2017. L'ajout d'un ARV supplémentaire n'est pas recommandé. Le schéma
thérapeutique ultérieur sera adapté en fonction du profil de résistance, avec un relais si possible par
un schéma simplifié. Un chapitre spécifique des recommandations est consacré à la primo-infection
(Cf. chapitre "Primo-infection à VIH-1").
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Prise en charge médicale des personnes vivant avec le VIH
Initiation d'un premier traitement antirétroviral (avril 2018)
une CV élevée. Les essais ayant testé des quadrithérapies associant deux INTI, un IP et un INNTI
n’ont pas montré de bénéfice par rapport à une trithérapie, mais ont conclu à des effets indésirables
3
plus fréquents. Chez des patients asymptomatiques ayant moins de 100 CD4/mm ou
3
symptomatiques ayant moins de 200 CD4/mm , l'essai randomisé ANRS APOLLO a montré que
l'adjonction d'enfuvirtide à une trithérapie conventionnelle n'améliorait pas la restauration des CD4
malgré une meilleure réponse virologique à six mois (61). Des essais d’intensification de trithérapie
comportant un IP/r sont en cours dans des situations particulières, dont l’essai ANRS OPTIMAL
destiné aux patients au stade sida ou asymptomatiques mais très immunodéprimés.
Personnes hémophiles
En 2017, tous les schémas recommandés en première ligne peuvent être utilisés sans précautions
particulières chez les hémophiles.
19
Prise en charge médicale des personnes vivant avec le VIH
Initiation d'un premier traitement antirétroviral (avril 2018)
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Prise en charge médicale des personnes vivant avec le VIH
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25
Prise en charge médicale des personnes vivant avec le VIH
Initiation d'un premier traitement antirétroviral (avril 2018)
Il existe une gestion des liens d’intérêt au sein du groupe comprenant principalement le respect de
l’absence de participation à des manifestations promotionnelles de médicaments et au plafonnement
des rémunérations personnelles possiblement attribuées par des firmes pharmaceutiques. Au fil des
travaux du groupe d’experts, le président a été conduit à demander à deux membres du groupe (une
fois) et à un troisième membre (deux fois) à ne pas participer à certaines discussions, après avoir
identifié un possible conflit d’intérêts au regard de la thématique à traiter. Depuis 2016, le président du
groupe s’est assujetti à ne recevoir aucune rémunération personnelle émanant de l’industrie et à
n’être invité à aucun congrès par une firme pharmaceutique.
Un travail préparatoire aux réunions du groupe plénier est entrepris au sein de commissions
thématiques intégrant des experts additionnels au groupe d’experts mais ne participant pas à la
rédaction finale des recommandations. Toutefois, la commission « Traitement antirétroviral de
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Prise en charge médicale des personnes vivant avec le VIH
Initiation d'un premier traitement antirétroviral (avril 2018)
l’adulte » (en charge du thème où la problématique des liens d’intérêt avec l’industrie du médicament
est la plus sensible) n’est depuis 2016 composée que de membres du groupe d’experts plénier. Les
DPI des participants aux commissions qui ne sont pas membres du groupe d’experts sont sollicitées à
visée de transparence et accessibles sur le site du CNS.
Des personnalités qualifiées peuvent être ponctuellement auditionnées par les commissions ou le
groupe d’experts. Leurs DPI ne sont pas recueillies.
Mise à jour : avril 2018 - Responsable éditorial : Philippe Morlat pour le groupe d’experts
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