Polycopié 01
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Polycopié 01
DROIT CONSTITUTIONNEL
ET INSTITUTIONS POLITIQUES
(Introduction, Parties I, II et III)
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SOMMAIRE
Introduction
Qu’est-ce que le droit constitutionnel ?
§ 1 – Le pouvoir anonyme
§ 2 – Le pouvoir individualisé
§ 3 – Le pouvoir féodal
Sect. II – L’Etat
A – Le fondement juridique
B – La souveraineté
A – L’Etat unitaire
B – L’Etat fédéral
- Le principe d’autonomie
- Le principe de participation
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Chap. II – La personnalisation du pouvoir dans l’Etat
§ 1 – L’incarnation du pouvoir
§ 2 – La concentration du pouvoir
Partie II – La constitution
§ 1 – Notion de constitution
A – Définition
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B – Les caractères de la constitution
4 – La suprématie de la constitution
C – Le système mixte
A – Qui a l’initiative ?
- La formule classique
- La formule simplifiée
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B – La valeur juridique des déclarations
§ 3 – Qui contrôle ?
§ 1 – Le modèle américain
§ 2 – Le modèle européen
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B – La confusion au profit du législatif
1 – La séparation organique
Le Président :
Le congrès :
Le pouvoir judiciaire :
B – De quelques remarques
a – Le législatif
b – L’exécutif
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Introduction
Qu’est-ce que le droit constitutionnel ?
C’est une discipline juridique qui se définit comme l’ensemble des règles
juridiques qui s’appliquent au pouvoir politique dans un Etat déterminé. Il
n’est pas inexact de dire qu’à l’instar de Monsieur Jourdain qui faisait de la
prose sans le savoir, on le pratique presque quotidiennement, ou tout au
moins on en est constamment concerné, sans que l’on s’en rende compte.
Sans doute, dans cette situation, est-on plus directement confronté au droit
administratif dans la mesure où notre contact avec l’Etat s’établit par le
truchement de l’Administration, mais il n’en demeure pas moins vrai que la
base de ce contact s’enracine dans le droit constitutionnel. Cette
observation ne concerne pas que l’Administration et son droit ; elle s’étend
à toutes les matières juridiques.
Telle est la situation des disciplines où les principes, les droits et libertés
garantis par une constitution sont concernés. Leurs règles, pour être
constitutionnellement valables, ne sauraient aller à l’encontre des règles
contenues dans la constitution.
C’est un droit qui est à la source de toutes les normes juridiques au sein de
l’Etat. Au fond, c’est à partir du droit constitutionnel que les autres
branches du droit sont juridiquement évaluées. Qu’il s’agisse des règles du
droit administratif, du droit civil, du droit pénal, du droit parlementaire,
bref de toutes les disciplines juridiques sans aucune exception.
Comment cela ?
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L’objet du droit civil est de régler les rapports entre les particuliers, les
privés ; celui du droit pénal est de sanctionner les infractions ; le droit
commercial est de régler les relations de commerce dans la société, quant
au droit constitutionnel, il lui revient de déterminer l’organisation et le
fonctionnement des pouvoirs publics et de fixer les principes qui
garantissent les droits et les libertés des citoyens, ainsi que leurs obligations
envers la société. C’est l’encadrement juridique des acteurs, des pouvoirs et
des normes appliquées en droit.
A cet égard, on peut donner des exemples qui confortent amplement cette
assertion.
- Au IVe siècle avant Jésus-Christ, Aristote (384-322 avant notre ère) avait
fait rassembler par ses élèves 158 constitutions de l’époque, dont celle
d’Athènes (Aristote, Constitutions d’Athènes, Les belles lettres, 1996,
Traduction, Georges Mathieu). Ce fut, sans doute, le premier ouvrage de
« Droit constitutionnel », contemporain de l’envergure de la cité grecque,
ancêtre de l’Etat moderne et des règles structurant le pouvoir.
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- Au XIe siècle, Mawardi (972-1058) écrit « Les statuts gouvernementaux
ou règles de droit public et administratif » ouvrage dans lequel il décrit les
rouages de l’Etat, son organisation, ses institutions politiques et
administratives. C’est un ouvrage de vingt chapitres qui traitent de
plusieurs points en rapport avec le droit constitutionnel. Du contrat
d’imamat (fî ‘aqd al-imâma), de l’investiture du vizirat (fîtaqlîd al-wizâra),
de l’investiture du gouvernement des provinces (fîtaqlîd al-imâra ‘alâ al-
bilâd), ainsi que d’une foule de questions qui permettent de dire que
l’ouvrage traitait du droit public de l’époque.
Outre cela, c’est un droit qui révèle la tendance idéologique de l’Etat. Car
c’est à travers l’étude de la constitution ou tout au moins du
fonctionnement des institutions et de l’exercice du pouvoir d’un Etat que
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l’on peut qualifier sa tendance, religieuse, socialiste, communiste, libérale,
totalitaire… etc.
Par ailleurs, il ne serait pas déplacé de dire quelque mot sur la matière de
« droit constitutionnel et institutions politiques ».
Une quatrième partie qui nous permettra un regard sur le régime politique
marocain.
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Partie I - Le pouvoir politique et l’Etat
Parler du pouvoir politique, c’est essentiellement parler de l’Etat et
de la relation qui existe entre eux. Une relation incontournable du fait
que le pouvoir politique implique automatiquement une organisation
communautaire et que l’on ne peut pas imaginer un Etat sans qu’il
n’y ait à sa tête un pouvoir qui est l’un de ses éléments constitutifs.
§ 1 – Le pouvoir anonyme
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exemple, à l’existence d’un danger externe contre lequel on doit se
mobiliser.
§ 2 – Le pouvoir individualisé
§ 3 – Le pouvoir féodal
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Sect. II – L’Etat
§ 1 – La notion d’Etat
Qui sont-ils ?
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De crainte que se développe et se renforce un pouvoir administratif
au point de s’autonomiser, il y a le contrôle juridictionnel de
l’administration qui s’exerce par les juridictions administratives.
Les lois également sont soumises à une hiérarchie des normes. Elles
peuvent faire l’objet d’une saisine par le contrôle constitutionnel.
A – Le fondement juridique
B – La souveraineté
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§ 3 – Les formes d’Etat
A – L’Etat unitaire
Mais il faut dire que dans le système unitaire centralisé qui n’existe
pratiquement plus, la déconcentration ne diminue en rien le caractère
centralisé de l’Etat. C’est la raison pour laquelle, toute forme de
centralisation, pour perdurer, nécessite d’être décentralisée.
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porte aucunement atteinte à l’unité de l’Etat. A cet égard, le Maroc
s’y est bien engagé et très progressivement quelques années après le
recouvrement de l’indépendance.
B – L’Etat fédéral
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Le niveau supérieur se caractérise par la constitution fédérale qui
précise ce qui relève de l’Etat fédéral et des unités qui le constituent.
Quant au niveau inférieur, il repose sur l’exercice de compétences
qui ne relèvent pas de l’Etat fédéral. La répartition varie selon les
Etats. L’objet peut porter sur l’enseignement, la santé, la sécurité
sociale, la fiscalité… etc.
L’autonomie et la participation.
- Le principe d’autonomie
- Le principe de participation
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Chap. II – La personnalisation du pouvoir dans l’Etat
§ 1 – L’incarnation du pouvoir
Dans les régimes présidentiels, cette logique est tout aussi évidente.
Le suffrage universel désigne la personne qui aux yeux de la
population va incarner le pouvoir. Ainsi, par exemple, la constitution
française amendée sur proposition du général De Gaulle pour que le
président soit élu au suffrage universel et non plus à la majorité
absolue des suffrages par les deux chambres du parlement réunies en
congrès.
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lui permettront de s’imposer comme chef de l’exécutif qui incarnera
le pouvoir durant tout le mandat. Les exemples ne manquent pas :
Boris Johnson en GB, Angela Merkel en Allemagne… etc…
On rappellera qu’en France, les élus du tiers état étaient élus par des
chefs de foyer âgés de plus de 25 ans et payant l'impôt ; la
Constitution de 1791 maintient ce suffrage censitaire (à deux degrés,
suffrage indirect donc). En 1848, avec la deuxième République, le
suffrage censitaire est remplacé par le suffrage universel masculin.
De même qu’en Angleterre, pays à tradition libérale, ce n’est qu’à
partir du moment où les masses participent à la vie politique que les
chefs de partis sont devenus des leaders. Ces chefs deviennent
populaires par la participation de la grande partie de la population à
la vie politique.
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C – Les techniques modernes de communication et de diffusion
du pouvoir
§ 2 – La concentration du pouvoir
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Allemagne, c’est le chancelier, en Italie c’est le président du conseil
des ministres. D’ailleurs, dans ces pays ainsi que ceux qui ont un
système voisin, le nom du président, chef de l’Etat, est rarement cité.
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Partie II – La constitution
Son étude nécessite que l’on se penche, d’une part, sur l’aspect
organisationnel du pouvoir dans l’Etat et, d’autre part, sur les mécanismes
employés pour contrôler l’application de ses normes par les textes de lois.
§ 1 – Notion de constitution
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A – Définition
Au sens formel, le terme désigne toute règle quel que soit son objet contenu
dans un document déterminé auquel est reconnue une valeur supérieure aux
lois et règlement en vigueur. En d’autres termes, tout ce qui est mentionné
dans ce texte a une supériorité sur toute autre norme.
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établissent le mode de fonctionnement des institutions mais d’autres qui
prévoient les moindres détails.
La constitution rigide est celle qui est établie selon une procédure spéciale
et dont la révision ne peut avoir lieu que par le pouvoir constituant lui-
même. La distinction doit être faite entre les constitutions rigides et
souples, et entre les constitutions écrites et coutumières.
La constitution rigide est celle qui est établie selon une procédure spéciale
et dont la révision ne peut avoir lieu que par le pouvoir constituant lui-
même.
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2 – Distinction entre constitutions écrites et coutumières
Jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, la plupart des Etats étaient régis par des
Constitutions non écrites.
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Les constitutions coutumières ne sont pas aussi nombreuses que dans le passé. Jusqu’au XVIIIème siècle,
la plupart des Etats connaissait une organisation coutumière, au plan du domaine du pouvoir politique.
Sous l'Ancien Régime, en France, les lois fondamentales étaient instituées par des règles coutumières,
comme par exemple la loi interdisant la succession des femmes sur le trône royal.
Actuellement, il n'y a guère que le Royaume-Uni qui ait une Constitution coutumière. Néanmoins cette
affirmation est à nuancer. Car, le régime constitutionnel britannique contient un certain nombre de textes
ou d'écrits comme la Grande Charte de 1215, la Pétition des droits de 1628, l’Act d'Habeas Corpus de
1679, qui protège les citoyens contre l'arbitraire monarchique, le Bill of rights de 1689, l’Act
d'établissement de 1701 qui règle les problèmes de succession au trône et les Parliament Acts de 1911 et
1949. Cependant, il faut dire que des règles essentielles du fonctionnement du régime comme le droit de
dissolution de la Chambre des communes, l'obligation de nommer Premier ministre le chef du parti
majoritaire, l'interdiction pour le roi de présider le Cabinet sont purement coutumières, mais cela ne leur
ôte pas leur force obligatoire.
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Les constitutions écrites ont des raisons d’être adoptées :
Sans généraliser, on peut dire que les constitutions écrites sont par nature
rigides, tandis que les constitutions coutumières sont plutôt souples.
Néanmoins, il existe des exceptions.
4 – La suprématie de la constitution
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dans l’organisation d’un pays. Cette suprématie peut être protégée, comme
on le verra, par un contrôle de constitutionnalité.
C’est un mode complètement dépassé qui remonte à très loin du temps des
monarchies absolues. Il se caractérise par le fait que la constitution est
imposée par l’autorité en dehors du peuple. Elle peut être le fruit d’un
octroi, on parle de constitution octroyée. C’est le souverain qui l’établit et
la présente à l’approbation des gouvernés qui l’accepte en bloc. Ce n’est
pas un mode absolument unilatéral dans la mesure où en théorie il suppose
une approbation en aval.
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C – Le système mixte
Napoléon disait : « Aucune constitution n’est restée telle qu’elle a été faite.
Sa marche est toujours subordonnée aux hommes et aux circonstances ».
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A – Qui a l’initiative ?
- La formule classique
A cet égard, on peut relever qu’à l’instar de ce qui a cours dans différentes
démocraties, la révision, actuellement prévue au Maroc par l’article 172 de
la constitution, peut avoir lieu de trois manières :
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parlement adoptée par un vote à la majorité des deux tiers des membres de
chacune d’elles.
Force est de relever que dans les trois cas, c’est le référendum qui
intervient en dernier ressort pour la validation. Ce qui n’est pas le cas de la
formule simplifiée.
- La formule simplifiée
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Article 89 de la Constitution française de la Ve République : « L'initiative de la révision de la
Constitution appartient concurremment au Président de la République sur proposition du Premier
ministre et aux membres du Parlement.
Le projet ou la proposition de révision doit être examiné dans les conditions de délai fixées au troisième
alinéa de l'article42etvoté par les deux assemblées en termes identiques. La révision est définitive après
avoir été approuvée par référendum.
Toutefois, le projet de révision n’est pas présenté au référendum lors que le Président de la République
décide de le soumettre au Parlement convoqué en Congrès ; dans ce cas, le projet de révision n'est
approuvé que s'il réunit la majorité des trois cinquièmes des suffrages exprimés. Le bureau du Congrès
est celui de l’Assemblée nationale.
Aucune procédure de révision ne peut être engagée ou poursuivie lorsqu'il est porté atteinte à l'intégrité
du territoire.
La forme républicaine du Gouvernement ne peut faire l'objet d’une révision ».
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C – Sur quoi va porter la révision ?
Dans tous les pays dotés d’une constitution, il y a souvent une volonté de
ses premiers auteurs, les constituants originaires, de protéger des principes
élevés au rang de dogmes contre toute modification ultérieure.
Le contenu d’une constitution varie d’un pays à l’autre. On ne peut pas dire
qu’il existe une seule forme de constitution, bien que l’on puisse avancer
sans risque d’erreur que certains éléments ont généralement une présence
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dans toutes les constitutions, dans quelque pays que ce soit, avec
naturellement quelques variantes.
Ces règles concernent également les relations entre les pouvoirs à partir
desquelles on peut qualifier le pouvoir de confusion, de séparation ou de
collaboration.
Tout comme on peut relever le statut des partis politiques et leur place dans
le système et de leur participation au fonctionnement des institutions.
Inutile de dire que lorsqu’un pays dispose de véritables partis politiques,
ceux-ci constituent le moteur essentiel de ses rouages.
Ce sont des constitutions qui étaient à la mode à une certaine époque, plus
précisément chez les pays à orientation communiste ou socialiste au
lendemain de la seconde guerre mondiale. Les termes de la constitution les
engageaient sur une orientation bien déterminée sur les traces de l’union
des républiques socialistes soviétiques, qui a existé
du 30 décembre 1922 jusqu’à sa dissolution le 26 décembre 1991.
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L’exemple le plus expressif est celui de la constitution russe de 1918 qui a
été la base juridique de l’établissement de l’union soviétique. Dans le
deuxième chapitre, est définie la tâche principale de l’État soviétique
consistant à "détruire toute exploitation de l'homme par l'homme" et que
son objectif est de « démolir de manière décisive l'humanité des griffes du
capital financier et de l'impérialisme ».
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de savoir quelle a été l’évolution du contenu des droits fondamentaux
depuis les premières constitutions et quelle est leur valeur juridique.
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Pour évidente et d'actualité qu'elle soit, cette interaction n'est pourtant pas si récente. Bien qu'elle n'ait
été mise en relief que dans le courant de ce dernier quart de siècle, à la faveur d'un vent nouveau au
souffle fort qui a remis la notion de droits de l'Homme à l'ordre du jour, la relation entre les droits et les
libertés ne plonge pas moins ses racines dans les fins fonds de l'Histoire des peuples.
Ainsi, si l'on prend l'exemple de la vieille Angleterre, berceau de la séparation des pouvoirs et du régime
parlementaire, ou celui des Etats-Unis d'Amérique où la déclaration d'indépendance du 4 juillet 1776 a été
suivie plus tard par les "Bills of Rights", qui constituent les premières déclarations des droits individuels,
ou plus proche de nous, celui de la France, on se rend compte que la notion de droits de l'Homme a été le
préalable de toute idée concrète de liberté publique.
Les Pactes anglais qui probablement ont été une précieuse source d'inspiration pour les rédacteurs de la
Déclaration d'Indépendance de l'Amérique du Nord, laquelle, selon certains auteurs, aurait servi comme
base de réflexion aux révolutionnaires français proclamant la déclaration des droits de l'Homme et du
citoyen, constituent les textes qui depuis la Grande Charte de Jean sans Terre du 21 juin 1215 jusqu'à
l’Acte d'établissement de 1701, en passant par l'Acte d'Habeas corpus de 1679, ont proclamé des
principes et des libertés et la mise en place des garanties contre l'arbitraire. Il ne s'agit pas alors de
l'exercice de droits nouveaux, mais de la sauvegarde de droits inhérents à l’Homme. A cet égard, il n'est
point étonnant de remarquer que toutes les déclarations qui vinrent par la suite aussi bien en Amérique
qu'en France, ont pratiquement reproduit les mêmes principes relatifs à la liberté, la propriété, la légalité,
l'égalité et la sûreté. Sans prétendre prendre parti sur l'antique querelle qui avait opposé l'Allemand
Jelinek au Français Boutmy à propos de la paternité historique et philosophique de l’ensemble de ces
droits et libertés, on se contentera de dire qu'en ce domaine-là, la nationalité importe peu. Partout et quel
que soit le moment où il se trouve, l'Homme de par sa qualité d'être humain, aspire au même bien-être, a
besoin des mêmes droits et libertés, d'où, du reste, le caractère universel de la notion de droits de
l'Homme.
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2 – La conception moderne des déclarations
Pour faire bref, on retiendra que la plupart des droits qui se sont développés
au cours de cette période marquée par une grande évolution se retrouvent à
quelques différences près dans le corps de nombre de constitutions afin de
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leur donner une solennité et une autorité dont le respect s’impose aux
autorités de l’Etat.
Leur insertion dans la constitution est d’une portée indéniable, tout aussi
que la forme de leur énoncé et de leur protection juridique. La valeur des
déclarations est tributaire de trois facteurs essentiels :
1 – Certains d’entre eux se retrouvent dans les préambules. Tel est le cas
de la constitution française de 1958 dont justement le préambule déclare
« Le peuple français proclame solennellement son attachement aux Droits
de l'homme et aux principes de la souveraineté nationale tels qu’ils ont été
définis par la Déclaration de 1789 ( 4 ), confirmée et complétée parle
préambule de la Constitutionde1946 ( 5 ), ainsi qu'aux droits et devoirs
définis dans la Charte de l'environnement de 2004 ».
Mais dans certaines constitutions, les droits sont dans le corps du texte.
C’est le cas des constitutions marocaines depuis 1962 jusqu’à celle de
2011.
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C’est un texte de la Révolution française adopté le 26 août 1789. Il énonce un ensemble de droits
naturels individuels et communs, ainsi que les conditions de leur mise en œuvre. Il constitue l’un des trois
textes visés par le préambule de la Constitution française du 4 octobre 1958. Sa valeur constitutionnelle
est reconnue par le Conseil constitutionnel depuis sa décision du 16 juillet 1971. Ses dispositions font
partie du droit positif français, et se placent au plus haut niveau de la hiérarchie des normes en France.
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Le préambule de la Constitution de 1946 (IVe République) énonce des droits et libertés fondamentaux,
qui ont été ajoutés à la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen à la fin de la seconde guerre
mondiale. Il contient principalement des droits économiques et sociaux. Il a valeur constitutionnelle
depuis la décision du Conseil constitutionnelle du 16 juillet 1971 depuis laquelle le Conseil vérifie la
conformité des lois votées par le parlement avec les dispositions de ce texte qui est devenu un des quatre
éléments du bloc de constitutionnalité.
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l’effectivité. Par exemple, le droit au travail est bien énoncé dans plusieurs,
sinon toutes les constitutions, mais il ne saurait ouvrir aux citoyens la
possibilité de s’adresser à la justice pour en obtenir le respect.
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Ch. II – Le contrôle de constitutionnalité
Mais tel n’est plus le cas. Aujourd’hui tous les pays dotés d’une
constitution ont pour la plupart une instance chargée de contrôler si les lois
dont elle est saisie ne sont pas entachées d’inconstitutionnalité.
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Quiconque s’intéresse à l’étude de ce principe fait son éloge en tant qu’il permet la protection des droits
et libertés contre la loi lorsqu’elle est contraire à la constitution. Pourtant l’origine du contrôle de
constitutionnalité a été curieusement liée à une affaire où il ne s’agissait nullement de protection des
droits. C’est par l’arrêt du 24 février 1803, Marbury c/ Madison que la Cour suprême des Etats unis a
donné naissance au contrôle de constitutionnalité.
Le Président sortant Adams avait nommé comme juge de paix Marbury qui n’avait pas reçu sa
nomination après l’accession de Jefferson à la présidence. Sur la base d’une loi de 1781, il s’adresse à la
Cour suprême lui demandant d’adresser une injonction à l’Administration en la personne de Madison
pour l’installer à son poste. Le juge Marshall, ne voulant pas se mettre à dos le nouveau président,
cherche une parade juridique pour rejeter la demande de Marbury ; il décline la compétence de la Cour
suprême en déclarant que la loi de 1781sur la base de laquelle le requérant l’avait directement saisi était
inconstitutionnelle, vu que la Constitution ne donnait compétence à la Cour suprême de ne se prononcer
qu’en appel ! Le contrôle de constitutionnalité des lois était né !
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§ 1 – Sur quoi porte le contrôle ?
Dans la conception étroite, il s’git de régler les rapports entre les pouvoirs,
sans plus.
Cette conception est celle qui a cours de nos jours dans la plupart des pays.
Elle se traduit par le contrôle de constitutionnalité de tous les textes (lois
organiques ou « ordinaires ») par référence aux normes non seulement
expressément citées dans la constitution mais aussi « déductibles » de son
esprit. Ce qui donne à l’organe de contrôle une fonction d’arbitre et de
régulateur des pouvoirs publics. Sauf que ces textes ne peuvent être
contrôlés que tant qu’ils ne sont pas promulgués.
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A – Le contrôle par voie d’action
Lors d’un procès, l’une des deux parties qui estime que la loi qui va lui être
appliquée, même déjà en vigueur, souffre d’inconstitutionnalité peut
demander au juge de sursoir à statuer en attendant que l’autorité
compétente dise son mot.
C’est un contrôle qui peut être diffus, relevant de toutes les juridictions
avec à leur tête une juridiction suprême, ou concentré au niveau d’une
juridiction à laquelle revient de se prononcer lorsqu’elle est saisie.
§ 3 – Qui contrôle ?
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Dans la plupart des pays, pour permettre leur indépendance, les membres
sont nommés pour une période définie qui varie entre 6 et 9 ans, non
renouvelable. En Belgique, il en est de même mais jusqu’à l’âge de la
retraite seulement.
Aux Etats unis, les membres de la Cour suprême sont nommés à vie par le
président avec l’accord du sénat.
Les nominations se font généralement par les trois pouvoirs. Ainsi, par
exemple, en France où le conseil comprend 9 membres, 3 sont nommés par
le Président de la République, 3 par le Président du Sénat et 3 par le
Président de l’Assemblée nationale. Au Maroc, 6 le sont par le Roi, et les 6
autres sont élus à la majorité des 2/3 par chacune des deux chambres.
§ 1 – Le modèle américain
C’est un contrôle qui n’est pas prévu dans la Constitution américaine, mais
il est purement jurisprudentiel.
En fait, c’est à partir de 1803 que la Cour suprême s’est d’elle même
attribuée la compétence pour exercer ce contrôle de constitutionnalité.
Dans cet arrêt, la Cour s’est reconnu le droit de contrôler les actes de
l’Exécutif et les lois par rapport à la Constitution.
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A partir de ce moment, et à l’occasion de tout litige, la Cour suprême peut,
par voie d’exception, quand se pose un problème d’interprétation de la
Constitution, faire prévaloir la Constitution fédérale sur toute autre norme
inférieure, émanant d’une autorité fédérale.
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irrecevables. De la sorte, la Cour ne juge ainsi que quelques centaines de
décisions par an.
Par ailleurs, il faut dire que le cas américain qui bénéficie de la permanence
depuis 1787 se caractérise par le culte de la constitution, la toute puissance
du pouvoir judiciaire et, surtout, la grande valorisation de la Cour suprême
dont les décisions peuvent parfois se substituer au pouvoir politique. On
parle beaucoup de « juges qui gouvernent » ou de « gouvernement des
juges ».
§ 2 – Le modèle européen
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constitutionnalité, dont l’objet est essentiellement de protéger les droits
fondamentaux contre des régimes autoritaires et d’instaurer la démocratie.
Son contrôle s’exerce aussi par renvoi préjudiciel des tribunaux ordinaires
à l’occasion d’un litige.
3 –La troisième est celle des juridictions constitutionnelles dans les pays
anciennement soumis à l’Union soviétique, après 1989.
Après la chute du mur de Berlin, ces pays ont connu une transformation
très importante au regard des droits et libertés, ce qui a induit la mise en
place d’institutions juridictionnelles pour contrôler la constitutionnalité des
lois.
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Partie III – Institutions et régimes politiques comparés
En tant que théorie, la séparation des pouvoirs est relativement récente dans
l’histoire ; elle constitue une réplique dirigée contre les monarchies
absolues. Elle est inséparable de la lutte contre les monarchies absolues, en
Europe, aux XVIIe et XVIIIe siècle.
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forcément celle du peuple dans son ensemble. En cela elle est une théorie
libérale mais pas nécessairement démocratique. Les pouvoirs peuvent être
séparés au profit de quelques privilégiés ou de la noblesse.
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abandonnent une partie de leur(s) liberté(s) dans le contrat qui fonde la
société, mais le roi doit respecter certaines libertés "naturelles" et le droit
de propriété.
La violation de ces droits par le roi autorise ses sujets à ne pas lui obéir est
assez logique que cette théorisation du pouvoir se retrouve dans les deux
grands textes révolutionnaires de la fin du XVIIIe siècle.
Locke estimait d’ailleurs qu'il ne devait pas y avoir une séparation absolue
des pouvoirs exécutif et législatif, afin d’éviter le désordre si les deux
pouvoirs allaient dans des sens opposés. Il faut donc établir une hiérarchie
entre eux, dominée par le pouvoir législatif qui est le "pouvoir suprême".
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diverses façons. L'expression de "théorie de la séparation des pouvoirs" ne
figure d'ailleurs pas dans ses œuvres. Pour lui, il s'agit de se servir de
«l’exemple britannique » pour lutter contre le pouvoir absolu français,
quitte à interpréter le régime anglais qui n'était plus, au moment où il
écrivait, celui qu'il décrit.
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est complétée par celle-ci, qui est une sorte de résumé de la théorie de la
séparation des pouvoirs : « Pour qu'on ne puisse abuser du pouvoir, il faut
que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir ».
Il ne s'agit cependant pas d'une séparation totale, car celle-ci est surtout
destinée à éviter que deux fonctions, par exemple faire les lois et juger les
différends pour faire appliquer ces lois, soient intégralement attribuées à
une même puissance. En revanche, une même fonction peut être distribuée
entre plusieurs mains et un même organe peut exercer plusieurs fonctions,
ce qui permet de comprendre que, chez Montesquieu, il n’y a pas
véritablement de séparation étanche entre les organes et les fonctions qui
conduiraient à ce que chaque fonction soit attribuée à un seul organe.
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Montesquieu, en observant la Grande Bretagne, a pu voir que ces pouvoirs
collaboraient entre eux, sans séparation stricte. Comme il l'écrit, « ces
puissances doivent aller de concert». La Constitution doit alors organiser
les pouvoirs de telle façon qu'elle garantisse la liberté politique.
Cette théorie a été critiquée au nom de l'unité de l'Etat qui ne pourrait être
partagé, car le pouvoir étatique est unique et non divisible par deux ou par
trois. Ces critiques se trouvent notamment chez Rousseau et dans la théorie
marxiste.
Classer les régimes politiques n’est pas chose aisée. Leur pluralité résiste à
toute tentative de théorisation précise. Les auteurs qui se sont intéressés à la
question ont procédé à leur classification par catégorie plutôt qu’à partir de
chaque espèce.
C’est le régime dans lequel un seul organe détient tous les pouvoirs ou en
est l’émanation. Tout se fait en son nom, voire sous son contrôle, même s’il
existe une pluralité autres organes. Leurs décisions ne sont que la
projection des directives et instructions supérieures.
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A – La confusion au profit de l’exécutif
C’est le cas aussi des dictatures civiles ou militaires. Dans ces régimes, les
parlements n’avaient en pratique pour rôle que de ratifier les décisions qui
leur étaient soumises pour examen ou même à voter les pleins pouvoirs au
profit du chef.
C’est l’occasion pour dire que c’est un système qui découle de l’application
intégrale de souveraineté populaire prôné par Jean-Jacques Rousseau pour
une démocratie absolue fondée sur une hiérarchie des institutions selon un
ordre de légitimité populaire décroissante. Au sommet, le peuple, puis
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l’assemblée des députés et enfin le gouvernement commis par l’assemblée.
Quant à la fonction judiciaire, elle n’est que subordonnée au législateur,
son rôle c’est d’être la « bouche de la loi ».
1 – La séparation organique
Le Président : Dès son origine, il est indépendant. Elu pour quatre ans au
suffrage indirect, mais politiquement, son élection est directe.
Renouvelable une fois. C’est le 22e amendement de la Constitution adopté
en 1951.
Il est élu par un collège de grands électeurs où chaque Etat compte autant
de délégués qu’il y a de sièges dans les deux chambres réunies.
Dans ses fonctions aussi, il est indépendant. Il n’est pas responsable devant
le congrès avec une seule exception par une procédure spéciale :
l’impeachment.
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Lincoln avait conclu une discussion par la phrase : « Sept nons, un oui, les
oui l’emportent ».
Le congrès :
Le Sénat : Deux sénateurs par Etat, soit 100, élus pour six ans, avec
renouvellement par tiers tous les deux ans. Tout Etat est divisé en deux
circonscriptions qui élisent chacune un sénateur.
La Chambre des Représentants : Ses membres sont élus pour deux ans
directement au scrutin majoritaire uninominal à un tour. La Chambre
compte 435 membres. La brièveté du mandat permet un meilleur contrôle
de l’activité des députés.
Le pouvoir judiciaire :
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Les nominations sont faites par le Président mais avec l’accord du Sénat.
Le Sénat peut établir des commissions d’enquête et peut faire révoquer les
responsables qui s’avèrent impliqués dans des malversations.
B – De quelques remarques
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a – Le législatif
b – L’exécutif
L’exécutif peut être présidé par le Chef de l’Etat ou par le Premier ministre.
En Grande Bretagne, c’est le Premier ministre (8).
7
La Chambre des lords (en anglais : House of Lords) est la chambre haute du parlement du Royaume-
Uni. Le Parlement comprend également la reine et la chambre basse, la Chambre des communes du
Royaume-Uni.
La Chambre des lords se compose de membres nommés à vie par la reine sur proposition du Premier
ministre, de 92 lords héréditaires élus parmi les membres des différentes pairies du Royaume-Uni et de 26
lords clercs de l'Église d'Angleterre, membres de droit. Le nombre de membres n'est pas fixe et dépend
des nominations : il y en a aujourd’hui près de 800.
Depuis le XIXe siècle, les pouvoirs de la Chambre des lords ont considérablement diminué et son pouvoir
est aujourd'hui nettement inférieur à celui de la Chambre des communes. Elle examine les projets de loi
approuvés par la Chambre des communes et peut les modifier mais ne dispose pas, sauf dans des cas
limités, du pouvoir d'empêcher leur adoption. Toutefois la Chambre des lords peut retarder l'adoption d'un
projet de loi et inviter le gouvernement à le revoir. (Source : Wikipedia)
8
L’appellation de Premier ministre a une origine lointaine liée à l’histoire de la Grande-Bretagne et de
son régime. Elle remonte à l’avènement de la dynastie allemande des Hanovre suite à la mort sans
descendance de la Reine Anne en 1714. Ne comprenant guère la langue anglaise, son arrière-petit-neveu,
Georges I, prince allemand de 54 ans lors de son accession au Trône, et son successeur, la comprenant
mais ne la parlant pas, prirent l’habitude de ne pas prendre part aux travaux du Cabinet réunissant les
ministres. Le contact était avec l’un d’entre eux qui leur rendaient compte des délibérations et prenaient
leurs instructions. C’était l’intermédiaire entre le Roi et le Cabinet ; son influence devint telle qu’elle lui
valut le titre officieux de « Prime minister » ; il n’était que le primus inter parès. Il remplaçait le Roi à la
tête du gouvernement.
Le chef du gouvernement est une autorité qui est à la tête d’un gouvernement ; il peut être Chancelier
(Allemagne), Premier ministre (France, Grande Bretagne et un peu partout dans le monde), Président du
conseil (France de la IVe République), Président du Conseil des ministres (Italie), Président du
gouvernement (Espagne).
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2 – La collaboration des deux pouvoirs par l’intermédiaire du cabinet
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C’est en effet avec Robert Walpole que la fonction de Premier ministre est apparue. Il l’occupa pendant
vingt et un ans, de 1721 à 1742. En fait, le titre de Premier ministre ne sera officiellement consacré dans
son sens parlementaire qu’à la fin du XIXe siècle pour n’acquérir un rang officiel qu’en 1905. Cf. B.
Chantebout, Droit constitutionnel, Armand Colin, 18e édition, p. 142 ; A-M. Le Pourhiet, Droit
constitutionnel, Economica, 2012, p. 204.
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Il est marqué aussi par des prérogatives entre les mains du parlement dans
l’exercice du contrôle sur l’exécutif. Les questions orales ou écrites, la
création de commissions d’enquête.
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