Mon Pere Mon Heros Texte de M Tremblay Sculpture Du Bernin
Mon Pere Mon Heros Texte de M Tremblay Sculpture Du Bernin
Mon Pere Mon Heros Texte de M Tremblay Sculpture Du Bernin
Il ouvrit toute grande la porte ; une trombe d'eau tiède nous submergea d'un seul coup et
je me dis ça y est, c'est là qu'on meurt ! Dehors, c'était chaud, humide, l'orage battait son
plein, des éclairs jaillissaient presque sans cesse et le tonnerre semblait tomber un peu
partout en provoquant des échos horrifiants. Ça sentait fort quelque chose que j'ignorais
encore être de l'ozone, les arbres étaient secoués de bourrasques de pluie, le monde
entier était mouillé et la colère du ciel tombait sur nous en vagues enragées et
destructrices. Comme si la nature s'était vengée de quelque chose que je ne saisissais
pas encore.« R'garde si c'est beau, Michel ! R'garde ça si c'est beau ! »Beau ?Mais c'était la
fin du monde !J'étais tellement terrifié que j'étais convaincu que j'allais d'une seconde à
l'autre faire pipi sur la bedaine naissante de mon père.Il s'assit sur la chaise à bascule de
sa mère, me retourna dans ses bras, m'installa sur ses genoux.« Garde pas les yeux
fermés comme ça… Ouvre-les. Pis regarde ça… »Il se releva aussitôt que j'eus les yeux
ouverts et s'approcha de la rambarde du balcon contre laquelle il s'appuya. Il se pencha
même un peu au-dessus du vide.Ça non plus, les arbres, les escaliers extérieurs, les
balcons voisins, la rue, je n'avais jamais vu ça d'aussi haut et, au lieu d'avoir peur, les
pieds battants au-dessus du gouffre et la tête sous la pluie, je connus un des plus
agréables vertiges de mon enfance.La pluie nous tombait dessus, les éclairs éclataient,
suivis du tonnerre qu'on prétendait si dangereux, les arbres étaient secoués par un vent
violent et produisaient un bruissement qui aurait dû me terroriser, mais plus rien ne
semblait dangereux parce que j'étais à vingt pieds du sol, dans les bras de mon père qui,
par la seule force de sa volonté, faisait en sorte que rien ne m'arrive !Rien ne pouvait
m'arriver !Protégé contre tout mal, rendu invincible par la présence de mon père qui
affrontait la tempête au lieu de se cacher, j'étais l'enfant le plus heureux du monde.
Énée porte son père Anchise, âgé et souffrant, sur son épaule. Derrière lui, se trouve son
fils Ascagne. Ils fuient la ville de Troie assiégée et incendiée.
©Jemolo/Leemage
Relevez deux exemples et expliquez en quoi ils relèvent de ce niveau de langue. (2 points)
▶ 3. « […] plus rien ne me semblait dangereux parce que j'étais à vingt pieds du sol, dans les
bras de mon père […] » (l. 30-31)
« La pluie nous tombait dessus, les éclairs éclataient, suivis du tonnerre qu'on prétendait si
dangereux, les arbres étaient secoués par un vent violent et produisaient un bruissement […] »
(l. 27-29).
▶ 8. a) Dans le premier paragraphe, relevez deux figures de style que vous nommerez. (2 points)
Le nom de l'auteur, le titre de l'œuvre, ainsi que « Robertine » et « hockey » sont écrits au
tableau.
Michel Tremblay
On n'avait pourtant rien annoncé de particulier pour cette nuit-là, à part une belle pluie d'août
qui viendrait enfin dissiper cette horrible et collante humidité que nous avions eue à endurer
sans relâche plusieurs semaines de suite. Un front froid s'avançait […]. Toute la maisonnée
s'était préparée à cette pluie en soupirs de satisfaction et remarques désobligeantes pour le
maudit été trop chaud, trop long, trop collant. Ma grand-mère prétendait soudain détester l'été,
ma tante Robertine rêvait au mois d'octobre, mes frères parlaient déjà de hockey. Six mois plus
tard, aux premiers frémissements du printemps, ils proféreraient des horreurs semblables au
sujet de l'hiver.
rédaction 40 points • ⏱ 1 h 30
Vous traiterez au choix l'un des sujets suivants. Votre travail fera au moins deux pages (soit une
cinquantaine de lignes).
Sujet d'imagination
Racontez un épisode heureux de votre enfance lors duquel un adulte a joué un rôle déterminant.
Vous insisterez sur la succession des sentiments éprouvés. Vous évoquerez la leçon que vous
en avez tirée.
Sujet de réflexion
Comment concevez-vous le rôle des parents dans l'éducation de leurs enfants ? Vous répondrez
à cette question en développant plusieurs arguments.
L'image (document B)
Recherche d'idées
■ Prends le temps de retrouver dans les souvenirs de ton enfance un épisode heureux dans
lequel un adulte a tenu un grand rôle. Si tu n'as pas un tel souvenir, tu peux en inventer un.
Attache-toi alors à ce qu'il soit crédible et réaliste.
■ Puise dans le lexique des sentiments pour exprimer ce que tu as ressenti : peur,
excitation, étonnement, surprise, stupéfaction… pour finir par la joie, le bonheur, puisqu'il
doit s'agir d'un souvenir heureux.
Conseils de rédaction
Tu peux suivre le plan suivant qui t'est proposé dans le sujet : courte introduction ; récit de
l'épisode et évocation des sentiments éprouvés ; en conclusion, la leçon que tu en as tirée.
Recherche d'idées
■ Demande-toi ce que signifie pour toi éduquer un enfant. Les parents doivent-ils être
sévères ou indulgents ? Un enfant peut-il s'épanouir sans l'amour de ses parents ? N'y a-t-il
pas un risque à surprotéger un enfant ?
■ Tu peux t'appuyer sur ton propre vécu, en tant qu'enfant, mais aussi t'inspirer de tes
lectures (L'Enfant de Jules Vallès, La Promesse de l'aube de Romain Gary, l'extrait de la
nouvelle de Michel Tremblay…), ou encore de films ou de reportages.
Conseils de rédaction
Organise tes arguments en paragraphes distincts. Tu peux les classer par ordre
d'importance (tout d'abord, ensuite, enfin) ou adopter un plan de type « thèse, antithèse,
synthèse » :
argument 1 : les parents doivent avant tout aimer et protéger leurs enfants ;
argument 2 : cependant, ils doivent éviter de les surprotéger, au risque de les étouffer.
info +
Il existe quatre types de phrase : déclarative, interrogative, impérative et
exclamative.
▶ 2. a) Le niveau de langue employé est familier, comme en témoignent ces deux exemples tirés
du texte : « Garde pas les yeux fermés comme ça » ; « Pis regarde ça… ».
Dans le premier exemple, la syntaxe est incorrecte : il manque la première partie de la négation,
ne. Le second exemple présente une prononciation incorrecte du mot « puis ».
b) L'emploi de ce langage familier peut s'expliquer peut-être par le contexte social (que l'on ne
connaît pas), et aussi par la situation familière dans laquelle se trouvent les deux personnages :
un père qui s'adresse à son jeune fils. Il s'agit d'un échange oral sur un ton familier.
▶ 4. a) Le mot « invincible » est composé du préfixe in- qui permet de créer des antonymes, du
radical -vinc- et du suffixe -ible qui permet de créer des adjectifs.
attention !
Veille à accorder le participe passé tombé avec le sujet (auxiliaire être) : tombée.
« La pluie nous est tombée dessus, les éclairs ont éclaté, suivis du tonnerre qu'on a prétendu si
dangereux, les arbres ont été secoués par un vent violent et ont produit un bruissement […] »
▶ 6. Lors d'un orage particulièrement violent, Michel, le narrateur alors tout enfant, va découvrir
en son père un héros protecteur entre les bras duquel il peut affronter en toute confiance les
dangers les plus terrifiants, et cela le rend heureux.
▶ 7. Le texte adopte le point de vue interne. Il s'agit du point de vue subjectif du narrateur. Il y a
tout d'abord l'emploi de la première personne du singulier et du pluriel : « une trombe d'eau tiède
nous submergea d'un seul coup ». Ensuite, nous entrons dans le dialogue intérieur du
narrateur : « je me dis ça y est, c'est là qu'on meurt ! ». Enfin, il y a emploi de modalisateurs, de
verbes qui expriment le doute, l'incompréhension : « sembler », « ignorer », « ne pas saisir »…
info +
Une personnification est une figure de style qui consiste à attribuer des propriétés
humaines à un animal ou à une chose inanimée (objet concret ou abstraction).
Ensuite, il y a une personnification du ciel et de la nature : « la colère du ciel », « vagues
enragées » ; « la nature s'était vengée »
b) La nature, le ciel sont évoqués comme des divinités irascibles et vengeresses prêtes à punir
les hommes pour quelque action sacrilège qu'ils auraient commise à leur encontre.
▶ 9. a) L'enfant ressent tout d'abord de la terreur. Mais cette terreur va se transformer en joie, en
bonheur.
b) Cette succession de sentiments s'explique par l'intervention de son père qui va le prendre
dans ses bras protecteurs pour lui faire affronter les éléments déchaînés : l'enfant a alors le
sentiment que plus rien ne peut lui arriver.
▶ 10. Dans ce récit, le père aide son fils à affronter ses peurs, ses terreurs d'enfant, pour mieux
les surmonter. Il ne cherche pas à le surprotéger, mais à le confronter, sous sa protection, à des
événements qui peuvent paraître terrifiants à un enfant. Il fait cela pour l'aider à grandir.
▶ 11. Le narrateur choisit de raconter cet épisode, car il s'agit d'un des événements les plus
marquants de son enfance : « je connus un des plus agréables vertiges de mon enfance. » ;
« Protégé contre tout mal, rendu invincible par la présence de mon père qui affrontait la
tempête au lieu de se cacher, j'étais l'enfant le plus heureux du monde. » C'est un événement
fondateur pour lui : le jour où son père est devenu son héros. En le racontant, il lui rend
hommage.
▶ 12. Le texte comme la sculpture présentent la relation protectrice d'un père vis-à-vis de son
enfant. Comme le père du narrateur, Énée protège son fils placé derrière lui et l'entraîne dans sa
fuite loin de Troie qui vient d'être prise et mise à sac. Il s'agit de deux figures paternelles
héroïques.
dictée
POINT MÉTHODE
1 Les noms féminins terminés par le son [té] ou [tié] s'écrivent é, sauf ceux qui expriment un
contenu (une assiettée, une pelletée) et certains noms usuels (dictée, portée, pâtée, jetée,
montée). Attention donc à ne pas mettre de e à la fin d'humidité.
2 Veille à bien accorder les participes passés :
le participe passé eue est employé avec l'auxiliaire avoir : il s'accorde avec le COD que, qui
désigne cette horrible et collante humidité, car il est placé avant.
le participe passé préparée est employé avec l'auxiliaire être : il s'accorde avec le sujet toute
la maisonnée.
On n'avait pourtant rien annoncé de particulier pour cette nuit-là, à part une belle pluie d'août
qui viendrait enfin dissiper cette horrible et collante humidité que nous avions eue à endurer
sans relâche plusieurs semaines de suite. Un front froid s'avançait […]. Toute la maisonnée
s'était préparée à cette pluie en soupirs de satisfaction et remarques désobligeantes pour le
maudit été trop chaud, trop long, trop collant. Ma grand-mère prétendait soudain détester l'été,
ma tante Robertine rêvait au mois d'octobre, mes frères parlaient déjà de hockey. Six mois plus
tard, aux premiers frémissements du printemps, ils proféreraient des horreurs semblables au
sujet de l'hiver.
rédaction
Attention les indications entre crochets ne doivent pas figurer sur ta copie.
Sujet d'imagination
[Introduction] J'étais encore une toute petite fille lorsqu'une expérience d'un soir a changé ma
vie.
[Récit de l'épisode] Je passais des vacances chez ma grand-mère. Elle avait l'habitude d'aller au
théâtre une fois par mois, assister à la représentation d'une opérette. Je ne sais pas pourquoi,
malgré mon très jeune âge, ma mère lui proposa de m'y emmener. Ce qu'elle fit. Je découvris
alors la magie du théâtre, à commencer par celle du lieu : le velours rouge des fauteuils et du
rideau de scène, le lustre majestueux du plafond qui scintillait de mille feux, les dorures…
conseil
N'oublie pas de décrire les sentiments successifs que tu as ressentis en employant
un lexique varié (intimidée, m'enhardis, fascinait…).
[Évocation des sentiments ressentis] Au début, j'étais intimidée, tant ce que je voyais me
paraissait somptueux, puis très vite je m'enhardis et partis explorer les lieux avant le début de la
représentation. Ce qui me fascinait le plus, c'était la fosse d'orchestre avec tous les musiciens.
Parmi eux, j'aimais particulièrement une harpiste.
Lorsque le rideau se leva, sagement assise sur les genoux de ma grand-mère, je ne bougeai plus
et suivis, émerveillée, toute la représentation. C'était si beau ! Je ne comprenais pas tout de
l'intrigue, j'étais encore bien petite, mais j'étais subjuguée par les jeux de lumière, le décor, les
costumes et la beauté des voix des chanteurs. Je me sentais pleinement heureuse, blottie
contre ma grand-mère : c'était comme si elle m'avait transportée dans un univers féerique ; je
souhaitais ne jamais en sortir.
[Conclusion] Bien sûr, tout a une fin et les applaudissements me tirèrent de mon rêve éveillé. Je
serrai fort la main de ma grand-mère en sortant dans la nuit et me promis que, moi aussi, je
monterais sur scène pour retrouver cette magie. Ce fut la naissance d'une vocation.
Sujet de réflexion
[Introduction : présentation de la question] Quel est le rôle des parents dans l'éducation des
enfants ? Comment doivent-ils les accompagner dans leur développement jusqu'à l'âge adulte ?
[Aimer et protéger] Un père, une mère doivent apporter à leurs enfants les conditions idéales
pour s'épanouir : la tendresse, la protection, la sécurité. En effet, un enfant doit se sentir aimé et
protégé pour grandir et s'affirmer de façon équilibrée. Un enfant mal aimé risque de s'étioler, de
se renfermer ou de développer de l'agressivité. Il pourrait reproduire plus tard, avec ses propres
enfants, le type de relation qu'il a vécue.
[Ne pas surprotéger ni étouffer] Cependant, les parents doivent se garder de surprotéger leurs
enfants, de les élever « dans du coton », selon l'expression populaire. Ils doivent aussi éviter de
les étouffer, de ne vouloir les garder que pour eux. Sinon, ils risqueraient de leur rogner les ailes
et de les empêcher de prendre leur envol.
conseil
N'hésite pas à t'appuyer sur le texte proposé dans le sujet.
Il faut au contraire qu'ils leur apprennent à surmonter leurs peurs et à s'affirmer. C'est ce que fait
le père du petit Michel dans la nouvelle « Sturm und Drang ».
[Entre sévérité et indulgence] Les parents doivent aussi trouver le juste équilibre entre sévérité
et indulgence. Il ne faut pas tout laisser faire à un enfant au risque d'en faire un petit tyran, mais
il ne faut pas non plus tout lui interdire. Un enfant a besoin de liberté pour faire son
apprentissage du monde.
[Conclusion : synthèse] Être parent consiste donc à aimer et protéger sans surprotéger ni
étouffer ; à être à la fois ferme et indulgent pour amener les enfants à devenir des êtres libres,
heureux et prêts à s'affirmer dans le monde qui les entoure.