Cours Histoire Romaine Pour Telech
Cours Histoire Romaine Pour Telech
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2. L’HERITAGE D’ENEE.
- Le fils d’Enée, Iule, aussi appelé Ascagne, fonde la ville d’Albe la Longue, cité
capitale du Latium. Le roi Numitor, descendant d’Ascagne, donne naissance à une fille,
nommée Rhéa Silvia. Celle-ci devient Vestale, c’est-à-dire une prêtresse de Vesta. A
ce titre, elle est soumise à un serment de chasteté. Elle est pourtant séduite et met au
monde des jumeaux, dont le père était censé être le dieu Mars en personne. Cette
1
Pour la légende troyenne, cf. E. HAMILTON, La mythologie, Paris, 1978, p.268-289 et bien sûr l’Enéide de
Virgile.
2
Cf. L. JERPHAGNON, Histoire de la Rome antique, 2002, p.21.
2
naissance s’accompagne d’une prédiction, terrible pour le frère du roi qui avait usurpé
le trône. Un devin annonce en effet que les jumeaux sont destinés à venger ce crime.
Leur mort est donc immédiatement décidée par leur oncle. Les bébés sont cependant
sauvés, soit qu’ils furent déposés dans une corbeille et confiés au fleuve Tibre, qui les
déposa sans dommage un peu plus bas, soit que le meurtrier chargé du contrat se
contenta de les abandonner dans un lieu désert, dans la pensée évidente que les bêtes
sauvages les trouveraient et les dévoreraient. Et trouvés ils furent mais par une louve
qui venaient de perdre ses petits et qui se chargea de les allaiter. Une autre légende
assure qu’un pic-vert assura également leur subsistance. Peu après, Romulus et Rémus
sont recueillis par un berger, Faustulus, et sa femme, Acca Larentia.
- Devenus grands, ils apprennent la vérité, tuent leur oncle et rétablissent leur grand-
père sur son trône. Entraînant une troupe d’aventuriers dans leur sillage, ils décident
de fonder une nouvelle cité, à 25 kms au nord-ouest d’Albe. Mais il ne pouvait y avoir
qu’un seul fondateur : c’est pourquoi il fut décidé que les dieux eux-mêmes
partageraient les deux frères. Ceux-ci, postés en hauteur, devaient, selon la pratique
bien attestée des augures, observer le passage des oiseaux dans un cadre spatial
délimité dans le ciel par le magistrat religieux. Romulus, du haut du Palatin, vit 12
vautours, tandis que Rémus n’en aperçut que 6 du haut de l’Aventin. Les dieux avaient
manifesté leur volonté : à Romulus revient la tâche de fonder la cité. Aussitôt, l’élu
trace autour du Palatin le sillon sacré qui délimitait l’enceinte tabou, religieusement
inviolable. Son frère, par dérision et par dépit, saute au-dessus de ce sillon et périt sur
le champ de la main de son jumeau. Romulus accompagne ce meurtre de la phrase :
« Ainsi périsse quiconque, à l’avenir, franchira mes murailles ! » Ce geste fratricide,
que le poète Horace, sous Auguste, ne manquera pas de rappeler à la lumière
contemporaine de la guerre civile, s’explique par la nécessité de préserver les forces
magiques et mystiques mises en œuvre par le fondateur pour assurer la préservation de
la future Rome3.
3. LE REGNE DE ROMULUS.
- Afin de peupler sa Cité, Romulus ne se montre guère délicat sur la qualité de ceux qui
viennent se joindre à lui et à ses hommes. Tous les bannis, tous les exilés mais aussi et
surtout tous les démunis qu’une extrême pauvreté rendait pratiquement esclaves de
riches praticiens, affluent dans l’espoir de devenir maîtres de leur destin. Rome se
3
Cf. P.GRIMAL, La civilisation romaine, Paris, 2001, p.22.
3
trouve ainsi pourvue de guerriers, de paysans et de bergers. Mais les femmes font
cruellement défaut. Les Romains décident donc de pallier cette absence grâce à leurs
voisins, les Sabins. Sous le prétexte de participer à des jeux qui doivent fonder l’union
des deux peuples, les hommes de Romulus, sur un signal de celui-ci se ruent sur les
jeunes femmes et s’emparent chacun d’une Sabine. Afin d’adoucir la violence et
l’illégitimité de ce rapt, la légende ajoute tardivement un épisode chevaleresque :
Romulus aurait présenté ses hommages aux jeunes Sabines terrifiées en leur assurant
un respect, un peu tardif, et l’apaisement de leurs craintes avant d’avoir la joie de
rencontrer leurs époux. Quoiqu’il en soit, une guerre fait rage entre les Romains et les
Sabins et ce pendant plusieurs années, jusqu’au jour où les Sabines s’interposent sur le
champ de bataille, présentant à leurs pères et aux membres de leurs familles les
enfants qu’elles avaient conçus de leur mariage : elle supplient leurs maris, qu’elles
avaient appris à aimer, et leurs familles d’origine de cesser une lutte devenue sans
objet.
- Les deux peuples se lient et ne font bientôt qu’une seule nation, placée sous le signe de
la royauté partagée4. Quant à Romulus lui-même, toujours dans la même logique de
glorification et de justification par le Grand Ordre Divin, on raconte qu’il disparut
brusquement. Alors que le peuple était réuni au Champ de Mars, un éclair le frappe et
un nuage vient le dérober à la vue des siens. Après la dissipation du nuage, force est de
constater que Romulus n’est plus là. On entendit une voix qui assura qu’il avait été
promu au rang de dieu par les divinités. Il fut dès lors honoré sous le nom de Quirinus,
vieille divinité qui passait pour sabine et qui avait un temple sur le mont Quirinal5.
4
5
Ibid. p.21-22.
Cf. JERPHAGNON, p.23.
4
faits tangibles : c’est ainsi que l’on présentait aux yeux de tous, au temps de Cicéron
encore, la cabane de Faustulus préservée intacte sur le Palatin, dernier vestige du
temps où le fier Romain tirait son orgueil d’être un simple berger, heureux de vivre
aux temps de la pureté et de l’innocence. Sans s’encombrer d’exactitude toute
historique, on montrait d’ailleurs une autre cabane, sur le Capitole, devant le temple de
Jupiter Très Bon Très Grand, qui passait pour avoir aussi abrité Romulus ou son
collègue royal sabin Titus Tatius.
Cependant, il est bien évident à nos yeux que ces légendes, telles que nous en avons
rendu compte, reposent principalement sur des données symboliques, sur une
interprétation étiologique. Nous allons donc examiner à présent ce symbolisme et nous
interroger sur un décryptage possible des légendes d’Enée et de Romulus.
Remontons le temps depuis les données les plus récentes, d’un point de vue relatif, bien sûr,
jusqu’aux traces de représentations schématiques indo-européennes.
1. LE MYTHE DE ROMULUS.
- Nous avons déjà rappelé les circonstances miraculeuses qui ont prévalu à la survie des
frères jumeaux. Le rôle assuré par le fleuve Tibre est une image du bénéfice retiré par
Rome de cette proximité fluviale. De fait, le Tibre apparaît dans d’autres légendes,
guerrières notamment. On pensera par exemple au siège historique de la cité de Véies
(épisode sur lequel nous reviendrons plus tard). La crue inopinée du fleuve tend à être
interprétée comme une intervention directe des dieux. De même, en d’autres
circonstances, un général armé qui, après une prière aux dieux, se jette dans le Tibre
tout armé et parvient à rallier l’autre rive est évidemment considéré comme placé sous
la protection efficace des dieux.
- Quant aux animaux nourriciers des deux frères, la louve et le pic-vert sont tous deux
associés au dieu Mars. C’est bien sûr la louve qui frappera particulièrement les esprits
et il est fréquent que les Romains se surnomment « les fils de la louve ». On sait
également le succès que connut la représentation des deux jumeaux et de la louve les
allaitant. Les noms du couple de bergers recouvrent d’anciennes divinités. D’une part,
Faustulus est une forme dérivée de manière transparente du verbe faveo, qui signifie
« être favorable ». De plus, on rapproche Faustulus du dieu Faunus, divinité pastorale
5
très ancienne, protectrice des espaces sauvages. D’autre part, le nom de la femme du
berger, Acca Larentia, semble renvoyer au culte ancien de la Mère des Lares. I faut
rappeler que les Lares sont les divinités domestiques du foyer, celles qui présidaient à
la protection la plus intime de la maison et de la famille romaines. Forme
particulièrement bien conservée d’un culte archaïque, c’est aux Lares que le chef de
famille offre l’encens à son lever le matin, ce sont eux que l’on prie avant de partir en
voyage afin de pouvoir rentrer sain et sauf et de revoir les siens. Si l’on prend les
pièces de Plaute, par exemple, on voit l’importance de cette intimité dont l’importance
a parfois été méconnue.
- Par conséquent, la primauté d’une double dimension apparaît d’emblée : Romulus et
Rémus sont particulièrement et directement placés sous le patronage d’une divinité
guerrière redoutable, Mars puisque ce dieu était censé être leur père. Cet aspect
sauvage, celui de la guerre, est relayé par l’apparition de Faunus, qui traduit la même
idée, mais transposée dans le domaine agreste. Il s’agit donc d’évoquer, par le mythe,
l’état précédent la civilisation proprement dite. Il s’agit aussi de démontrer que la voie
guerrière s’impose pour ainsi dire d’elle-même à Rome. Les Romains se définissent
également en tant que Martigenae. La présence de la Mère des Lares, quant à elle,
nous rappelle la très haute antiquité de la religion romaine, plus précisément
l’antiquité dont se réclamait la religion romaine. De plus, si la Cité devait régner sur le
monde entier, l’homme Romain s’identifie d’abord à son lieu de naissance, il est civis
Romanus, et à son héritage familial, sa gens.
- Surtout, Romulus est marqué par le charisme d’ordre mystique, une idée qui perdure
durant toute l’histoire romaine. En temps de stabilité, ce charisme s’attache aux
institutions et à ses représentants (les rois d’abord, les magistrats, particulièrement les
sénateurs successeurs des rois ensuite). En temps de crise, on croit reconnaître dans
certains hommes exceptionnels cette force supérieure qui se manifeste en eux et les
identifie à des hommes providentiels. On pensera par exemple au général Camille
devant Véies (anecdote de Junon + persuasion de Camille de ne pas abandonner le site
de Rome) ; à Scipion l’Africain qui doit son surnom à la victoire sur Carthage
(anecdote des entretiens privés avec Jupiter) ; au dictateur Sylla (surnom de felix) ; à
César (revendication de l’héritage énéen), aux empereurs enfin qui voulurent
confisquer cette force à leur profit exclusif7.
- Il faut rappeler aussi l’importance cultuelle de la figure du fondateur. Les cités
antiques se rattachent à une tradition héroïque : au besoin, soit on fait d’un fondateur
attesté un héros au sens étymologique du terme ; soit on crée des circonstances
héroïques qui retracent la légende « miraculeusement plausible » d’un fondateur qui
puisse satisfaire les besoins étiologiques de l’établissement d’une tradition civique.
7
8
Ibid. p.25-26.
Cf. G. DUMEZIL, La religion romaine archaïque, Paris, 2000 ; Mythe et Epopée, I, II, III, Paris, 1995.
7
peuples, ce qui permet l’établissement d’une entité viable et complète réunissant les
trois critères.
- Deuxième décryptage indo-européen : Enée a pour épithète spécifique « le pieux ». La
première partie de ses pérégrinations, c’est-à-dire son voyage jusqu’aux côtes
italiennes, est placée sous la protection explicite des dieux = 1ère fonction. Son rôle
précis dans la légende romaine, c’est-à-dire que la fondation elle-même ne lui revient
pas mais qu’il doit être l’ancêtre du peuple romain, l’identifie à la troisième fonction,
celle de prospérité. Enfin, la seconde partie de l’Enéide décrit les activités guerrières
d’Enée. La perspective sacrée est toujours très présente (cf. intervention de Jupiter)
mais l’accent est mis sur ses succès militaires. Enée représente donc un type parfait en
soi, qui se trouve ensuite dédoublé en Romulus (face violente, divinité punitive) et en
Numa (face sacrée, divinité régulatrice et bienveillante).
d’eau potable. Les fouilles ont révélé d’importants forages réalisés sur le Forum et de
très bonne heure, des citernes ont été construites sur les collines, ce qui est un
expédient très coûteux et précaire. Ce problème d’eau potable ne fut définitivement
résolu qu’au milieu du IIIème siècle avant JC, soit 500 ans après la fondation, avec la
construction des aqueducs.
- En fait, il semble que Rome était au départ un poste avancé, poussé vers l’ouest par les
Latins de la cité d’Albe, les collines de Rome et le dédale marécageux associé au
Tibre aux eaux profondes et rapides, offraient une protection efficace. Il faut donc voir
Rome comme une main refermée sur son forum. P Grimal rappelle que cette
particularité influença décisivement le destin de Rome : les Romains se sont toujours
sentis assiégés et leur volonté forcenée d’expansion révèle la défiance d’un peuple
toujours en guerre contre une nature hostile et contre des agresseurs sans cesse
renouvelés et craints sans repos.
2. LA POPULATION10.
- Au IIème millénaire avant JC, une première vague de peuples incinérants et
connaissant l’usage et la technique du cuivre apparaît en Italie ; ils sont groupés en
villages, installés parfois sur des marécages, ce qui fait qu’on les appelle « la
civilisation des terramares ». Il s’agirait là des premiers envahisseurs indo-européens.
A la fin du IIème millénaire, une seconde vague de peuples incinérants vient se
superposer aux Terramares. La découverte d’une riche nécropole à Villanova, près de
Bologne, fait qu’on le appelle les Villanoviens. Les Villanoviens maîtrisait le fer et
recouvrent une zone d’occupation plus vaste. Ils étaient solidement implantés dans le
Latium à la fin du Ier millénaire avant JC. Les Terramares d’abord, les Villanoviens
ensuite se sont mêlés aux habitants premiers du sol italien. Le résultat fut que ces
populations continuèrent à évoluer et créèrent des civilisations originales, différentes
selon les régions. Il faut donc retenir que la race latine, dont est née Rome, est issue
d’une synthèse lentement réalisée entre les envahisseurs indo-européens et les peuples
proprement méditerranéens.
- Dans le courant du VIIIe s. la péninsule italienne tout entière est marquée par de
grands changements, suscités en partie par la colonisation grecque. C’est le temps de
l’ouverture vers l’extérieur. Les commerçants grecs viennent jusqu’aux portes du
Portus Tiberinus ; des artisans s’y installent. On découvre une différenciation
10
Ibid., p. 17-18.
10
B) L’EXTENSION DE LA CITE.
- Tout au long du IXe et VIIIe s. l’habitat se développe dans cette zone et tend vers une
intégration progressive. Au milieu du VIIIe s. une muraille isole et protège le Palatin,
qui devait tenir lieu à la fois de citadelle et de centre religieux (comme le sera plus tard,
à l’époque classique, le Capitole). C’est sans doute qu’à cette époque Rome a dépassé
le stade de villages isolés et fédérés ; on peut penser qu’elle constitue déjà une entité
politique, même si aucun document ne permet de l’établir vraiment. Elle doit former
une structure organisée et posséder déjà son nom de Roma.
- À la fin du VIIIe s. et dans la première partie du VIIe s., l’archéologie révèle qu’une
aristocratie puissante se développe. Vers 640 commence la période royale, qui voit
l’émergence de structures politiques assez fermes. Pendant l’ensemble de cette période,
s’affirme, à travers le matériel funéraire, une aristocratie puissante, au sein de laquelle
on note l’affirmation de groupes familiaux : regroupement dans des nécropoles ;
apparition du gentilice, adjoint au nom individuel, qui reste constant à travers les
générations successives. Cette aristocratie commence à développer le système de la
clientèle.
CONCLUSION.
- Toute cité crée ou retrace ses origines en s’appuyant sur la figure exemplaire et
héroïque d’un fondateur. Rome ne fait pas exception à la règle mais tend à s’identifier
à un modèle particulièrement illustre et antique afin de justifier a posteriori son succès
et son extension.
- Les historiens latins intègrent des éléments légendaires au récit historique, mais ils
n’hésitent pas à souligner la distance qu’ils adoptent quand cela leur paraît nécessaire.
On peut penser que les Romains acceptaient l’ensemble de l’explication étiologique,
sans accorder une foi aveugle au détail.
- Les récits de fondation ainsi que les traces archéologiques s’accordent pour marquer
l’importance de l’héritage indo-européen. Il semble, à ce titre, que le récit des origines
de Rome transcrive dans l’imaginaire collectif la transformation et l’évolution de
Rome, depuis le petit village de bergers jusqu’à la capitale du monde.
11
I) LA PERIODE ROYALE.
A) LA ROYAUTE ETRUSQUE.
1. CE QUE NOUS SAVONS DES ETRUSQUES11.
- Les Anciens eux-mêmes éprouvaient bien des difficultés à retracer le passé des
Etrusques avant que ce peuple n’apportât à Rome un savoir et une culture artistique
extrêmement riches. L’historien grec Hérodote pensait qu’ils étaient originaires de
Lydie en Asie Mineure mais d’autres estimaient qu’ils étaient des indigènes italiens.
Les historiens modernes pensent qu’ils sont les héritiers des Villanoviens ; leurs
tombes richement décorées ainsi que certains aspects de leur religion et de leur
astronomie semblent rappeler des éléments orientaux.
- Il existe des milliers d’inscriptions écrites en caractères grecs, notamment un nombre
très important d’épitaphes, datées du VIIème siècle à l’empire d’Auguste. Leur langue
ne paraît pas être indo-européenne et la plus grande partie n’a pas été déchiffrée, bien
que l’on en comprenne la morphologie et la phonétique.
- C’est surtout à travers les tombes que nous pouvons comprendre la vie quotidienne des
Etrusques. Les tombes étrusques sont magnifiquement décorées. Datées du VIIème
siècle, les peintures murales ainsi que les sculptures représentent les membres de la
famille dans leur intimité. Les portraits des morts sont impressionnants de réalisme et
de vie. Cette maîtrise esthétique et technique (travail du métal ; architecture ; science
des ingénieurs) ainsi que la très haute spécialisation des Etrusques en matière de rites
religieux (qu’ils associaient à absolument toutes les institutions) font que leur
influence a été déterminante dans la civilisation romaine.
11
12
Sur la civilisation étrusque, se reporter à D. BRIQUEL, La civilisation étrusque, Paris, 1999.
Sur la royauté étrusque, cf. JERPHAGNON, p.23-29 ; GRIMAL, p.26-33.
12
effet, étaient vraisemblablement des aventuriers, soit que des chefs de guerre se soient
affrontés pour dominer des territoires plus étendus et avantageusement situés (tête de
pont) soit que Rome elle-même les ait engagés à titre de spécialistes.
- Quoiqu’il en soit, les Etrusques, parce qu’ils étaient grands bâtisseurs de villes,
installèrent une garnison sur le Capitole et ouvrirent un marché sur le Forum, qui
devint le centre de la nouvelle ville. Après Numa, se succèdent Tullus Hostilius,
Ancus Martius et Tarquin l’Ancien. Ce dernier aurait soumis à Rome les villes
voisines du Latium et aurait commencé à assainir la ville en faisant creuser un système
de drainage à ciel ouvert, plus tard couvert, appelé Cloaca maxima. Il aurait aussi
conçu le temple de Jupiter Capitolin, dont les travaux débutèrent sous son règne. Il
mourut assassiné et céda donc la place à Servius Tullius. Tullus Hostilius aurait
imposé la domination de Rome à Albe (cf. les Horace et les Curiace). C’est Servius
Tullius qui réorganisa l’ensemble de la société romaine : répartition des citoyens en 5
classes censitaires (1°= les + riches, la dernière = les plus pauvres) ; chaque classe
divisée en nombre variable de centuries (spécialisation militaire + assure prééminence
aristocrates pendant vote puisque 1 centurie = 1 voix). A noter que ce système
censitaire resta en vigueur jusque sous l’Empire. Servius Tullius fit aussi édifier un
mur d’enceinte stratégique, qui fut d’ailleurs débordé par l’expansion urbaine.
- Le septième roi étrusque fut aussi le dernier : il s’appelait aussi Tarquin et se voit
affublé du surnom de Superbe (ce qui veut dire « Orgueilleux »). La tradition le définit
comme un tyran violent, sanguinaire et sans scrupule. L’éviction de Tarquin est
auréolée de légende : le fils de Tarquin le Superbe, Sextus, aurait violé Lucrèce,
épouse de L. Tarquinius Collatinus, neveu de Tarquin l’Ancien. Celle-ci se suicide
après avoir révélé le crime dont elle a été victime. Le peuple de Rome se révolte et
chasse les rois pour toujours. En 509, d’après la tradition, naît la République romaine.
plus, la royauté étrusque émerge dans la violence, peut-être favorisée par la population
étrusque déjà enracinée dans la cité.
- En tout cas, l’héritage étrusque fut absolument capital. Ainsi la fondation du temple de
Jupiter Capitolin souligne la synthèse des cultes latins, fondement de la religion
romaine classique, la construction du Capitole signe aussi la naissance d’un art
national. Dans la religion, l’Etrusca disciplina ne fut jamais remise en question. Il
s’agit en fait de la science des Haruspices (examen des entrailles des victimes).
L’instauration des flamines est un autre vestige permanent jusque sous l’Empire de
l’influence étrusque.
2. LA NOTION DE REPUBLIQUE.
- Historiquement, il semblerait que ce soit le roi étrusque Porsenna qui ait mis fin à la
domination des Tarquins. En effet, Porsenna, roi de Chiusi, prit la Cité mais il échoua
dans le Latium. A la faveur de ces événements, les villes latines d’Aricie et de
Tusculum prirent la tête de la ligue latine qui s’était ainsi constitué et affirmèrent leur
indépendance à l’égard de Rome. Porsenna quitta celle-ci et la laissa aux mains de la
classe dirigeante.
- Il faut en effet éviter un contre-sens anachronique. L’étymologie de la République est
Res publica. Il ne s’agit en aucun cas d’égalité parfaite et de représentation totalement
démocratique. Il y eut plutôt un transfert de pouvoir du roi à l’aristocratie. Même si la
magistrature du consulat, qui impose 2 consuls, semble assurer le partage du pouvoir.
En fait la République des premiers temps apparaît comme la continuité du régime
précédent.
II) LA REPUBLIQUE13.
A) LA JEUNESSE ET LA LUTTE.
1. ROME ET LES CITES LATINES.
- Après l’expulsion des Tarquins, la ligue des cités latines reprit son indépendance.
Rome, cependant, parvint à briser, d’une part en rétablissant une harmonie intérieure
et, d’autre part, en s’appuyant sur des cités étrusques avec lesquelles elle avait gardé
de bons rapports. Vers le milieu du Vème siècle, la paix est rétablie, afin de faire face
aux menaces extérieures.
13
Cf. GRIMAL, Civilisation romaine, p.39-41.
14
- Après avoir une nouvelle fois réussi à surmonter cette menace, Rome passe à
l’offensive et s’empare, de proche en proche, de la péninsule, conquête dont le point
culminant est la prise de Véies (396 ; général Camille ; siège de 10 ans).
- Les conséquences sont pérennes : d’une part, les Romains n’oublieront jamais
l’humiliation subie et se jureront de la venger. D’autre part, la représentation
fantasmagorique des Gaulois se construit alors et durera jusqu’à la Guerre des Gaules.
d’impôts. Du point de vue social, le fossé se creuse entre riches et pauvres, tandis que
la classe moyenne disparaît. Les Sénateurs se trouvant écartés du domaine
économique, la classe des Chevaliers s’enrichit et entreprend son ascension sociale.
- Sur le plan politique, l’oligarchie sénatoriale est renforcée, d’autant plus que les
tribuns de la plèbe se rapproche du Sénat. Il semblerait également que des tensions
naissent entre les dirigeants politiques et les grandes figures militaires (ex : Scipion
l’Africain et les Fabii).
B) DE LA REPUBLIQUE A L’EMPIRE.
1. LES CRISES.
- L’une des conséquences importantes de la conquête est l’enrichissement de Rome (à
partir de 68, les citoyens romains sont exemptés d’impôts). Cependant, la manne de
l’hégémonie militaire ne profite pas à toutes les classes de la société. Les petits
19
3. L’EMPIRE.
- La divinisation posthume et populaire de César ouvre la voie à ses successeurs. Octave,
vainqueur de la guerre civile qui l’oppose à Marc-Antoine, ne tarde pas à recevoir le
titre d’Auguste, le 16.01.27, normalement réservé aux dieux. Auguste préserve les
apparences de la République, tout en collationnant de fait l’ensemble des pouvoirs.
S’il refuse d’être divinisé, il introduit cependant l’idée fondatrice du pouvoir détenu
par un seul homme, un élu exceptionnel des dieux.
- L’Empire tendra, vaille que vaille, à poursuivre les conquêtes, jusqu’à Hadrien, qui
fera construire le Vallum Hadriani en Grande-Bretagne. Après scission de l’Empire, la
partie occidentale succombera à la fin du Vème siècle après J.-C. ; la partie orientale
survivra jusqu’à l’invasion turque de 1453.
21
BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE.