Legrand
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Line LEGRAND
Remerciements
Merci à tous les interlocuteurs qui ont répondu à mes nombreuses questions et
m’ont permis de recueillir matière à analyse pour ce mémoire.
Merci à Nina, qui du haut de ses trois ans, a suivi sa Maman avec courage tout
au long de cette année de formation, riche en expériences nouvelles, pour l’une
comme pour l’autre
Sommaire
INTRODUCTION .....................................................................................................................1
3.4.1 Des bonnes pratiques de préparation publiées mais non opposables ................. 17
Line LEGRAND- Mémoire de l’École Nationale de la Santé Publique – 2006-2007
3.4.1 Des inspections ne conduisant pas toujours à réduire les écarts à la norme.......18
3.4.2 Des préparations qui conduisent à des usages en dehors de l’AMM
(Autorisation de Mise sur le Marché), pratiques à risque pour le pharmacien,
dangereuses pour les patients , ............................................................................18
Conclusion............................................................................................................................25
Les médias ont largement rapporté l’accident grave, survenu dans une officine
parisienne, lors de la réalisation de préparations magistrales à base de dérivés
thyroïdiens 1. Cette pratique a suscité une commande d’enquête du Ministère de la Santé
attestant d’un débat français sur la réalisation des préparations magistrales en officine2.
Cette enquête a eu pour objet de faire un état des lieux de la préparation magistrale dans
les officines de pharmacie. Elle a été déclinée au niveau régional et elle a concerné 27
officines en Bretagne3 dont deux, situées à Rennes et à Vannes, qui réalisaient des
préparations en sous-traitance.
1
DOUKHAN D. Affaire des gélules mortelles. Une magistrale erreur de préparation. Le quotidien
du pharmacien [en ligne], 2 mai 2006, [consulté le 4 décembre 2006], site Internet :
http://www.quotipharm.com.
2
La réalisation des préparations magistrales en officine de pharmacie – enquête de la DGS – sur
lettre de mission datée du 16 novembre 2006.
3
Les 27 officines ayant été ciblées par l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de
santé grâce à la quantité de matières premières commandées par les officines. Il est à noter que
les substances ciblées par l’Afssaps ne sont pas obligatoirement les plus dangereuses. Des
grandes quantités d’aubépine étant par exemple un marqueur utilisé. Il a été constaté que des
formules de phytothérapie étaient susceptibles de dissimuler des pratiques d’administration de
produits plus toxiques à type de mélanges anabolisants ou amaigrissants.
Au total, on comprend que les sites de fabrication des médicaments pour enfants
se partagent actuellement entre l’officine de pharmacie et la pharmacie à usage intérieur
tout en étant bientôt confiée plus largement à l’industrie. En interrogeant les divers
professionnels du secteur et en restreignant le champ à la région Bretagne pour être
cohérant, nous essayerons de savoir quels sont les avantages et les inconvénients de la
réalisation en officine des médicaments pédiatriques sous forme de préparation
magistrale. Pour répondre à cette question, nous évoquerons l’état actuel de la
réglementation et ses modifications récentes, les avantages et les inconvénients de cette
pratique et nous ferons des propositions pour améliorer la qualité de la fabrication des
médicaments pour enfant.
4
DELOMENIE P., FOURCADE M. Rapport sur les préparations pharmaceutiques à l’hôpital et à
l’officine. Rapport n°2005 188, Janvier 2006.
5
Règlement CDE n°1901/2006 du parlement européen et du conseil du 12 décembre 2006 relatif
aux médicaments à usage pédiatrique, modifiant le règlement CEE n°1768/92, les directives
2001/20/CE et 2001/83/CE ainsi que le règlement CE n°726/2004.
6
VAN DEN BRINK H. Quel avenir pour les préparations magistrales ? Bulletin de l’Ordre des
pharmaciens, 2006, n°391, pp. 265-270.
7
POUZEAU F. Le no man’s land des préparations pédiatriques, Le moniteur hospitalier [en ligne],
2004, [consulté le 12 décembre 2006] Site Internet : www.moniteur.hospitalier.com .
8
Better formulations for children. Industrial pharmacist, février 2005, pp. 140-143.
9
DELOMENIE P. op.cit.
10
En fait, à propos du déconditionnement des spécialités, c’est le second décret d’application de la
loi « Talon » n°88-818 du 22 septembre 1982 (JO du 26 septembre 1982)
11
La récente affaire des hormones thyroïdiennes révélée dans une officine parisienne prouve
d’ailleurs que les préoccupations des prescripteurs et patients n’ont pas évolué.
Une recherche bibliographique met en évidence peu d’étude sur la nature des
préparations pédiatriques réalisées en officine induisant la croyance qu’elles sont rares et
portent sur peu de principes actifs. Une enquête menée dans 137 officines de juin 2004 à
avril 2005 a permis à un étudiant de faire un état des lieux des préparations magistrales
pédiatriques encore réalisées dans les officines12. Les caractéristiques de l’étude sont
reprises dans le tableau suivant :
12
MIMOUN J., Le relais en ville des préparations magistrales pédiatriques hospitalières, thèse de
docteur en pharmacie, université Paris-IX, 2005, 64 pages.
13
Splitting tablets in half. Am J Hosp Pharm, 1994, Vol 51 n° 15, 548-552.
Sur le plan historique, l’image du pharmacien réalisant des préparations pour ses
patients est omniprésente, même si la littérature du XIXe siècle le dépeint plus souvent
15
comme un idiot, vantard et antipathique que comme un apothicaire honorable ! La loi du
16
11 septembre 1941 représente pourtant un tournant dans la profession en présidant à la
transformation du pharmacien préparateur de médicaments en un pharmacien délivrant
17
des spécialités pharmaceutiques industrielles . La réalisation de préparations dans les
officines avait une nécessité historique – l’absence de médicaments industrialisés - :
certains avantages expliquent peut-être sa persistance aujourd’hui.
Le CSP prévoit dans ses articles L. 5125-3, L. 5125-11 et L. 5125-12 les possibilités
de création, de modification et de transfert des officines de pharmacie. Ces articles
conduisent à l’existence en moyenne d’une pharmacie pour 2 500 habitants.
En Bretagne, il existe 1 440 pharmaciens inscrits à la section A de l’Ordre des
Pharmaciens : section des titulaires d’officine. Il existe 1 170 officines 18. 3 855 0000
habitants étaient recensés dans la région en 2004 19. Le nombre de pharmacies est
globalement dans la fourchette prévue par la législation.
Cette répartition des officines sur le territoire crée un maillage étroit permettant aux
patients d’accéder facilement à des médicaments. La préparation magistrale réalisée en
officine constitue, nonobstant le délai de fabrication, un médicament aussi accessible que
les autres et permet de combler le vide laissé par des principes actifs et / ou des dosages
14
Rapport. Préparations pédiatriques à l’hôpital, La Revue Prescrire, 2000, 20, n°212, pp. 869-870.
15
KASSEL D. La pharmacie au Grand siècle : Image et rôle du pharmacien au travers de la
littérature, IVe rencontres d’histoire de la médecine et des représentations médicales dans les
sociétés anciennes, Université Champagne-Ardenne, Troyes, 20-21 janvier 2006.
16
ESMEIN P. La loi du 11 septembre 1941 relative à l’exercice de la pharmacie. Gaz Pal, 1941, II,
p. 94.
17
Loi du 11 septembre 1941 (JO du 20 septembre 1941).
18 e
Les statistiques de l’Ordre national des pharmaciens au 1 janvier 2006.[en ligne], 2006,
[consulté le 5 février 2007], site Internet : http ://www.ordre.pharmacien.fr
19
DRASS de Bretagne, Service Statistique. Statiss 2006 Bretagne
Un article récent paru dans la presse professionnelle fait état des raisons expliquant la
disparition des préparations magistrales dans les officines. Le pharmacien interrogé par le
journaliste évoque des origines « historiques, culturelles et sociopolitiques » développant
des idées telles que l’absence de formation des médecins à leur prescription, des
pharmaciens à leur fabrication, l’insuffisance de leur valorisation financière par
l’Assurance maladie21, leur « récupération » par l’industrie pharmaceutique. Le
pharmacien interrogé réalise une promotion de la préparation magistrale, qui à ses yeux,
aurait un intérêt certain pour la Santé Publique, notamment par le biais des ajustements
de dosages nécessaires en pédiatrie et gériatrie 22.
Sept entretiens avec des pharmaciens officinaux permettent d’évoquer diverses
situations (annexe n°3). Deux professionnels considèrent effectivement la préparation
magistrale comme « une part de l’image de marque de [leur] métier », un autre estime
que « s’il faut abandonner les préparations, [il] n’a plus qu’à ouvrir un SPA23 à la place de
la pharmacie ».
Les cinq autres pharmaciens expriment des opinions négatives allant du franc
désintérêt « les préparations magistrales ne m’intéressent pas » à la critique « la
20
Société française de pharmacie clinique – Groupe pédiatrique, La préparation des formes
pédiatriques dans les pharmacies hospitalières françaises – enquête nationale 1997, avril 1999 :
92 pages.
21
À propos du remboursement des préparations magistrales par l’Assurance maladie, le dernier
arrêté paru est l’arrêté 2006-1498 du 29 novembre 2006 déterminant les règles selon lesquelles
certaines catégories de préparations magistrales et officinales peuvent être exclues du
remboursement et modifiant le code de la sécurité sociale.
22
NICOLET C. La préparation magistrale doit-elle revenir à l’officine ? Le quotidien du pharmacien
[en ligne] 20 juin 2001, [consulté le 12 décembre 2006], site Internet :
http://www.quotipharma.com,
23
Il s’agit d’un centre de beauté de luxe, concept importé des Etats-Unis très à la mode en France.
Au cours des entretiens réalisés, la sous -traitance a été souvent évoquée. Elle
apparaît pour le pharmacien d’officine comme le moyen de s’affranchir de son
impossibilité technique de réaliser les préparations. Cependant, les pharmaciens ne se
rendent pas chez leur sous-traitant, ne réalisent pas d’audit et font confiance, les yeux
fermés à leur confrère. Tant qu’on reste dans la profession, tout semble couler de source :
le pharmacien mieux équipé réalise les préparations pour les autres. La récente loi du 26
février 2007 ouvre les portes pour une légalisation de la sous-traitance entre officines
mais n’a pas encore de décret d’application 24. Nous y reviendrons.
24
Loi n° 2007-248 du 26 février 2007 portant diverses dispositions d’adaptation au droit
communautaire dans le domaine du médicament, JO du 27 février 2007.
25
Préparations pédiatriques à l’hôpital, op.cit.
26
Code de la santé publique R 5126-104 sur le fait que les PUI peuvent délivrer des préparations
magistrales pédiatriques.
27
Préparations magistrales pédiatriques à l’officine : officinaux, quelles sont vos pratiques et vos
difficultés ? Les Nouvelles pharmaceutiques, 2001, n°220, pp. 13-16.
28
Préparations magistrales pédiatriques à l’officine, Les nouvelles pharmaceutiques, 2002, n°233 :
pp. 5-10
L’état des locaux et du matériel dédiés à l’activité de préparation constitue un frein très
important. Deux analyses permettent de s’en convaincre et d’illustrer ce point : les
inspections en routine réalisées au cours de l’année 2006 d’une part et le décryptage des
résultats de l’enquête sur les préparations magistrales réalisées en officine, enquête
menée fin 2006 sur demande de la DGS (Direction Générale de la Santé) d’autre part.
La grille d’inspection utilisée par l’IRPen région Bretagne (annexe n°5) contient
des items relatifs à la préparation magistrale notamment en rapport avec les locaux,
l’identification des matières premières, la mise en œuvre de la préparation et son contrôle.
L’exploitation annuelle de cette grille permet de définir des conditions satisfaisantes de
préparation ou au contraire insuffisantes. Sur 288 officines inspectées en 2006, 172
(59,7%) avaient un préparatoire dont le fonctionnement a été jugé insuffisant.
Une enquête récente publiée dans la presse professionnelle fait le point sur la
réalisation des préparations magistrales en officine de pharmacie. 20 % des pharmaciens
interrogés estiment réaliser souvent des préparations magistrales, 44%, de temps en
temps, 34 % rarement et 2% jamais. Ce sont à 88 % les préparateurs qui les fabriquent.
61 % des pharmaciens avouent ne jamais réaliser de contrôles sur les matières
premières. 66 % indiquent faire appel à la sous-traitance de temps en temps, 13 %
systématiquement. 62 % estiment la rémunération de ces préparations insuffisante. De
plus, 43 % d’entre eux seraient prêts à abandonner les préparations magistrales contre
54 %29.
Lors des entretiens mais aussi au cours de l’enquête DGS, les pharmaciens officinaux
interrogés ont indiqué fréquemment faire appel à une officine sous-traitante pour réaliser
les préparations qu’ils n’étaient pas en mesure de faire. Cette pratique, courante, n’est
pas sous-tendue par un texte réglementaire. Les recommandations de bonnes pratiques
publiées mais non opposables, indiquent : « Un pharmacien peut exceptionnellement,
dans certaines circonstances bien définies, notamment lorsqu’il ne dispose pas de
moyens techniques lui permettant d’assurer la qualité de la préparation demandée,
confier la réalisation d’une préparation ou la mise en œuvre de contrôles à un tiers, à
l’exclusion des identifications. La répartition entre les deux parties des opérations et
vérifications effectuées devrait être consignée par écrit. Cette pratique n’exonère pas le
donneur d’ordres de sa propre responsabilité ». 30
Rendre officielle la sous-traitance pour les officines de pharmacie, pourrait consister à
autoriser certaines d’entre-elles à fabriquer des préparations pour d’autres pharmaciens.
En pratique, cela reviendrait donc à créer deux classes de pharmaciens : ceux autorisés à
préparer d’une part, ceux non autorisés d’autre part, les premiers pouvant justifier d’un
local adapté, de matériels de préparation étalonnés, de matières premières identifiées et
de produits finis contrôlés. Bref, ils pourraient prouver respecter au mieux les
recommandations de bonnes pratiques. Reste à savoir s’il faudrait se placer dans un
régime d’autorisation ou de déclaration. Qui dit autorisation, dit visite de conformité. Cela
reviendrait à créer deux corps de pharmaciens d’officine et rappellerait les expériences
passées des pharmaciens de 1e et 2e classe !
La loi du 26 février 2007 a récemment tranché le débat en reconsidérant la définition
de la préparation magistrale comme « tout médicament préparé extemporanément au vu
de la prescription destinée à un malade déterminé soit dans la pharmacie dispensatrice,
soit, dans les conditions définies par décret, dans une pharmacie à laquelle celle-ci confie
l’exécution de la préparation par un contrat écrit et qui est soumise pour l’exercice de
cette activité de sous-traitance à une autorisation préalable délivrée par le représentant
de l’État dans le département après avis du DRASS (Directeur Régional des Affaires
Sanitaires et Sociales) »31. Si le décret d’application n’est pas encore paru, il est
cependant bien question d’autorisation préalable, de visite de conformité et d’une sévère
29
LORIOL M. Le grand Pilon. Le Moniteur des pharmacies, 2006, n°2650, pp. 18-21.
30
Bonnes pratiques de préparations officinales. Fascicule spécial n°88/7 bis, [en ligne], 1985,
[consulté le 5 février 2007], site Internet http://rhone-alpes.sante.gouv.fr
Pour anecdote, la loi du 21 germinal an XI (11 avril 1803) avait créé deux ordres de
pharmaciens, reçus à la suite d’un examen identique :
- Les pharmaciens de 1e classe poursuivaient trois années d’études théoriques dans
une des trois écoles de pharmacie créées par la loi et trois années de stage en officine. Ils
étaient examinés par le jury de l’école et pouvaient s’établir dans toute la France.
- Les pharmaciens de 2e classe suivaient exclusivement un stage de huit ans dans
une officine, ils passaient leur examen devant un jury départemental et ne pouvaient
exercer que dans le département de leur réception. 32)
Au-delà de ces problématiques règlementaires et ordinales (organisation de la
profession), force est de constater que la réalisation actuelle officieuse de la sous-
traitance entre pharmaciens officinaux, ne résout pas les incertitudes concernant la
qualité de l’acte professionnel de préparation. Interrogé sur la question, l’Ordre des
Pharmaciens n’a pu nous donner un point de vue professionnel représentatif de la
profession. La mise en place d’une nouvelle répartition des prérogatives entre les
pharmaciens officinaux et l’entrée de la préparation magistrale comme « activité
optionnelle va-t-elle être source de qualité et de sécurité ou au contraire de l’abandon de
ces préparations réalisées en ville ?
31
Loi n°2007-248 du 26 février 2007, JO du 27 février 2007.
33 34 35
3.4.1 Des bonnes pratiques de préparation publiées mais non opposables
32
Archives nationales. Professions de santé. Certificats d’aptitude aux grades universitaire 1810-
1905 par Didier Chatelus sous la direction d’Anne Lejeune 1993.
33
Bonnes pratiques de préparations officinales. Fascicule spécial n°88/7 bis, op.cit.
34
Recommandations relatives aux bonnes pratiques pour la réalisation des préparations à
l’officine. Adrapharm, mai 2003.
35
AFSSAPS. Bonnes pratiques de préparations en établissements de santé, en établissements
médico-Sociaux et en Officines de pharmacie, [en ligne], 26 sept 2006, [consulté le 12 décembre
2006], site Internet : http://www.agmed.fr
36
BRION F. Extemporaneous (magistral) preparation of oral medicines for children in European
hospitals, Acta Paediatrica, 2003, 92 (4), p. 4
37
NUNN AJ. Making medicines that children can take. The role of pharmacist. Téléchargé sur
www.archkischil.com le 12 décembre 2006
38
TURNER S. Adverse drug reactions to unlicensed and off-label drugs on paediatric wards : a
prospective study. Acta paediatr 1999, 88, pp. 965-968.
39
CHALUMEAU J.M. et Coll. Off label and unlicensed drug use among French office based
paediatricians. Arch J Dis Child 2000 ; 83, pp.502-505.
40
En pratique, il a été demandé aux pharmaciens de réaliser des fiches de fabrication et le texte
réglementaire demande que toutes les mentions utiles pour la traçabilité soient inscrites sur
l’ordonnancier.
41
Europe et médicaments : Les médicaments utilisés en pédiatrie, La revue Prescrire, 2005, 25,
n°267, p. 863.
42
Assessement of the paediatric needs cardiovascular products [en ligne] 2006, [consulté le 12
décembre 2006], site Internet www.enea.ue,.
43
Règlement CDE n°1901/2006, op. cit.
44
Programme financé par le Fond pour l’Amélioration de la Qualité des Soins de Ville.
45
L’annexe n° 9 montre un exemple d’ordonnance recueillie dans une pharmacie ciblée pour
l’enquête DGS. On peut légitimement s’interroger sur la légitimité de la prescription de Mopral 18
mg quand il existe du Mopral 20 mg sur le marché et se demander si réaliser la préparation n’est
pas plus à risque que d’administrer le médicament industriel avec ses 2 mg supplémentaires
d’oméprazole ?
Line LEGRAND- Mémoire de l’École Nationale de la Santé Publique – 2006-2007 - 23 -
Conclusion
Articles
6- Préparations pédiatriques à l’hôpital, La Revue Prescrire, 2000, 20, n°212, pp. 869-
870.
9 - Better formulations for children. Industrial pharmacist, février 2005, pp. 140-143.
10 - Splitting tablets in half. Am J Hosp Pharm, 1994, Vol 51, n° 15, pp. 548-552.
13 - CHALUMEAU J.M. et Coll. Off label and unlicensed drug use among French office
based paediatricians. Arch J Dis Child 2000 ; n°83, pp.502-505.
16 - LORIOL M. Le grand Pilon. Le moniteur des pharmacies, 2006, n°2650, pp. 18-19.
17 - VAN DEN BRINK H. Quel avenir pour les préparations magistrales ? Bulletin de
l’Ordre des pharmaciens, 2006, n°391, pp. 265-270.
R. 5124-2
R. 5125-9
R. 5126-104
- 28 - Line LEGRAND- Mémoire de l’École Nationale de la Santé Publique – 2006-2007
20 - Décret n° 2007-157 du 5 février 2007 relatif aux substances vénéneuses
Documents électroniques
24 - Assessement of the paediatric needs cardiovascular products [en ligne] site Internet
www.enea.ue, consulté le 12 décembre 2006.
26 - Bonnes pratiques de préparations officinales. Fascicule spécial n°88/7 bis, 1985, [en
ligne], site Internet http://rhone-alpes.sante.gouv.fr consulté le 5 février 2007
32 - NUNN AJ. Making medicines that children can take. The role of pharmacist. [en
ligne], 2005, [consulté le 12 décembre 2006], Site Internet : www.archkischil.com
Annexe n°1 : liste exhaustive des 52 spécialités incorporées dans les préparations de
l’enquête cité dans le corps du texte 46 .
Annexe n°3 : Tableau synoptique des entretiens avec les pharmaciens d’officine
Annexe n°6 : Tableau synoptique des entretiens avec les pharmaciens hospitaliers
46
Mimoun J., Le relais en ville des préparations magistrales pédiatriques hospitalières, thèse de
docteur en pharmacie, université Paris-IX, 2005, 64 pages.
Le Premier Ministre,
Sur le rapport du ministre de la santé,
Vu l’article L. 626 de la santé publique ;
Vu l’avis de l’Académie nationale de médecine et l’avis de l’Académise nationale de
pharmacie ;
Vu l’avis du Conseil national de l’Ordre des médecins et l’avis du Conseil national de
l’Ordre des pharmaciens ;
Le conseil d’État –section sociale) entendu,
Décrète :
Art 2- le ministre de la santé est chargé de l’exécution du présent décret, qui sera publié
au Journal Officiel de la république française.
N° Date Situation Que représente la préparation magistrale dans Que pensez-vous du règlement
d’ordre d’obtention professionne l’exercice de votre métier ? européen sur le médicament
du diplôme lle pédiatrique ?
Phof1 1982 Titulaire depuis Je ne fais pas de préparations magistrales si ce C’est parfait.
15 ans n’est quelques déconditionnements de
Officine pommades prescrites par des dermato, de façon
moyenne exceptionnelle. Je délègue tout à une pharmacie
2ph en sous -traitance. Les préparations magistrales
4p ne m’intéressent pas. Je trouverais parfait que
l’industrie pharmaceutique ait le monopole de la
préparation ; ça n’a rien à faire dans les officines
dans les conditions dans lesquelles nous
travaillons. Je n’ai pas besoin de cela pour être
un bon pharmacien.
Phoff2 1978 Titulaire On n’en fait plus. Les matières premières Ça ne me choque pas du tout que ces
Petite officine s’altèrent très vite. Pour ma part, je continue à préparations soient confiées à
1 titulaire faire faire à mes apprentis de la pâte Saint-Louis l’industrie. Je préfère cela plutôt que de
2p pour les fesses des bébés pour faire apprendre savoir que les préparations sont
comment faire une pommade sans grumeaux ; réalisées sur un coin de table, n’importe
mon préparatoire n’est pas très grand et très bien comment, au moins dans l’industrie, les
équipé. Mais vous savez, ça ne me frustre pas du médicaments sont préparés dans de
tout de ne plus faire de préparations. Si j’avais bonnes conditions. Moi, la préparation,
des travaux à faire, je ne demanderais pas à mon ça ne m’intéresse pas !
agenceur de me faire un grand préparatoire
puisque je sais qu’on n’en fait plus.
Phof03 1972 Titulaire La préparation magistrale est ridicule, il y a bien Je ne suis pas d’accord avec ce
Petite officine suffisamment de spécialités sur le marché sans règlement. Ce ne devrait pas être un
1 titulaire qu’on ait besoin de fabriquer soi-même. Pour moi, problème d’économie de marché mais
1 préparateur être pharmacien n’implique pas du tout réaliser un problème de prise de conscience.
des préparations magistrales. Pourquoi des incitations financières ?
Les industriels sont assez grands pour
savoir quand il y a lieu de concevoir
des formes pédiatriques.
Phof04 1996 Titulaire Je réalise des préparations magistrales pour une Avant de donner n’importe quoi aux
Petite officine seule raison : parce que j’ai des demandes ! enfants, il faudrait faire des études
1 titulaire Pensez-vous que cette activité soit indispensable cliniques. Souvent, on se base sur des
1 préparateur à l’exercice de votre profession ? habitudes de prescriptions (ex ranitidine
Définition dictionnaire Littré XM : pharmacie : L’art injectable chez l’enfant).
de reconnaître, de recueillir, de conserver les Ce qui me choque, c’est la carence
drogues simples et de préparer les médicaments d’essai clinique. Or qui est capable de
composés. faire un essai clinique à grand échelle,
S’il faut abandonner les préparations, j’ouvre un je pense que ça relève de l’industrie. Il
SPA dans ma pharmacie. est normal de concevoir des produits
Vous pensez donc que ces médicaments sont adaptés à l’enfant. Cependant il existait
indispensables ? des spécialités qui n’existent plus car
Préparation magistrale : Terme de pharmacie. pas assez d’enfants. Donc est ce que
Médicaments magistraux, ceux que le l’industrie pharmaceutique va accepter
Phof05 1996 Adjointe Nous réalisons différentes préparations dans un Dans un certain nombre de cas, il
Officine petit préparatoire qui depuis les travaux de existe des spécialités aux propriétés
moyenne réaménagement ne nous sert plus également de thérapeutiques proches mais par
2 préparateurs coin café. C’est un lieu sommaire qui ne sert plus habitudes les médecins prescrivent
Campagne qu’à la réalisation des préparations prescrites par toujours ces préparations. Pourquoi ?
les médecins, assez fréquemment des économie pour la sécurité sociale ?
dermatologues ou des centres spécialisés qui
veulent, je pense, éviter les excipients que l’on
trouve dans les spécialités, ou qui n’ont pas
Phof06 1957 Titulaire C’est une part certes faible en chiffre d’affaire Ce règlement se justifie par des raisons
(R22) Officine mais importante en matière d’image de marque de santé publique et de difficultés
moyenne de notre métier. techniques à réaliser ce type de
1 préparateur préparation à l’officine. Mais les
pharmaciens doivent rester capables
de préparer des médicaments.
Phof07(R 1977 Titulaire Ce n’est en aucun cas une obligation pour être un Je trouve normal que dans le contexte
29) Officine bon pharmacien. Il faut être réaliste : on n’a plus d’erreurs possibles très graves, de
importante la technicité et le matériel nécessaire à la confier à l’industrie la fabrication de ces
réalisation de toutes les préparations magistrales. préparations.
Pour ma part, je délègue à l’hôpital sans aucun
problème et lje sous-traite.
27 officines enquêtées
17 officines réalisent des préparations magistrales
5 officines réalisent des préparations par déconditionnement de spécialités
pharmaceutiques
Cotation adoptée :
S = satisfaisant
A = acceptable
M = moyen
I = insuffisant
items I S M A total
Evaluation globale de la gestion des matières premières 11 1 4 6 27
Vérification des articles de conditionnement 11 1 7 8 27
Contrôle des pesées 22 0 5 0 27
Evaluation du contrôle des préparations 22 0 1 4 27
Evaluation globale du système documentaire 16 0 9 2 27
Considérez -vous cette collaboration Oui (enrichissante , le patient Selon les cas : en fonction de la volonté de
comme intéressante ? étant au bout de la chaîne …) collaboration du pharmacien d'officine
Avez-vous déjà été sollicité par des Oui, lorsque le pédiatre exerçait Non, c'est plutôt l'inverse, car les pédiatres nous les
pharmaciens d’officine pour réaliser au CH ( il y a 5 ans environ ) envoient directement sans savoir que en Mayenne
des préparations magistrales ces préparations sont remboursées même si
pédiatriques ? réalisées par une officine ou son sous traitant
Comment pensez-vous qu’il faille Pour une demande ponctuelle , Accueil favorable (notion de service public) pour
accueillir cette demande ? favorablement, après achat des toutes les préparations qui ne peuvent être sous
matières premières et en traitée à une officine spécialisé. Cependant utilise
disposant d’instruments de les moyens d'une pharmacie théoriquement à
pesées précis et validés usage intérieur de l'hôpital avec des préparations
annuellement. hautement chronophage type gélules de "Mopral",
En tout état de cause, il faut ou pour des préparations coûteuses pour l'hôpital :
disposer de moyens humains et péremption de quantité importante de matière
matériels ; ce serait maintenant première, remboursement de la préparation selon le
plutôt l’apanage des Centres Tarex dont les tarifs n'ont pas été revue depuis
Hospitaliers de Référence ou des 1974 je crois (exemple main d'œuvre de 30 gélules
CHU. facturées 2,4 euros alors que cela représente une à
deux heures de travail…).
Annexe 7
Synoptique des entretiens réalisés auprès de quelques industriels
- XII - Line LEGRAND- Mémoire de l’École Nationale de la Santé Publique – 2006-2007
Industriels Pierre Fabre MSD Cenexi - Roche Pfizer
Chibret
Votre groupe est- il Oui, pas sur ce site Non, pas Beaucoup moins Pas de production de forme
producteur de mais nous avons sur ce site. qu’autrefois pédiatrique sur le site d’Amboise
médicament effectivement Sinon oui, Vitamine K1 nourrisson
pédiatriques ? Primalan sirop, Singulair Bactrim sirop
ATB, carbocystéine, 5mg
pansoral…
Est-ce une part Marginal Marginal non Sans objet
importante de votre
revenu
Un nouveau Oui, vaguement Non Oui car j’ai participé à Oui
règlement européen la commission du LEEM qui
vient d’être publié sur a étudié le règlement
le médicament
pédiatrique. En
aveez -vous
connaissance ?
Ce règlement met en Pas vraiment. Je ? Si on compare le nombre Oui, je partage cet avis. Je peux
évidence le manque pense qu’il y a de méd pour adulte et pour vous parler de mon expérience
de médicaments quelques formes enfant, c’est vrai personnelle
pédiatriques, qu’en effectivement - J’ai été sollicité par des hôpitaux
pensez -vous ? inadaptées pour faire de la sous division de
formes adultes du viagra 50 mg
(sildenafil) pour traiter
l’hypertension pulmonaire chez
l’enfant. Ceci était très délicat,
subdiviser 50mg en 5 mg posaient
des questions : cette opération
permettait-elle de garantir
l’homogénéité de la préparation ?
quid de la stabilité ? depuis, le
revatio (sildenafil 10mg) a été
commercialisé.
- j’ai aussi eu le cas où des
hôpitaux me demandaient s’il était
possible de subdiviser triflucan
IV !!
Il est donc tout à fait normal d’avoir
cette législation.
Il veut faire la Favoriser le Plutôt La question est déjà de Je suggère des procédures
promotion de la développmeent d’accord savoir si il faut concevoir simplifiées pour la soumission du
fabrication des des formes particulières ou dossier. Par exemple, si un
médicaments si les formes que nous médicament injectable est déjà
pédiatriques par fabriquons actuellement disponible sur le marché en 100 ml
l’industrie. Quelles sont utilisables pour les pour adulte et que le laboratoire
mesures seraient- enfants. souhaite commercialiser une
elles favorables à On aura des stabilités forme pédiatrique de 20 ml, le
votre avis ? différentes par exemple et dossier devrait être simplifié (la
tout ça est énormément de partie chimique et pharmaceutique
développement du dossier seraient une
extrapolation des données du
dossier d’AMM de la forme adulte).
Bien entendu, la partie clinique
devra être réalisée par le
laboratoire.
En réalité incitations Bonnes idées a Plutôt bien Prolongation du brevet Compte tenu du coût élevé des
financières et priori initiative qui devrait investissements, un allongement
augmentation de marcher. Quant au de la durée du brevet est une
durée de brevet : financier peut-être aussi mesure i ncitative. J’y suis
manque cde mais ce qui reste problème, favorable mais je pense que cela
connaissance sur les ce sont les essais cliniques ne suffira pas pour que les
préocés de chez l’enfant. laboratoires investissent dans ce
fabricationqu’en domaine.
pensez -vous ?
-----Message d'origine-----
De : Line LEGRAND [mailto:[email protected]]
Envoyé : lundi 5 mars 2007 10:31
À : LASSALE, Catherine
Objet : médicaments pédiatriques
bonjour Madame,
Pourriez- vous me donner votre opinion ou celle des industriels sur cette question ?
Estiment- ils à travers la fabrication de ces médicaments remplir un rôle de Santé Publique
? Est ce pour cette raison qu'ils ont soutenu ce règlement ?
Je vous remercie par avance des réponses que vous pourriez me donner et reste à votre
disposition.
Lien Legrand
-----Message d'origine-----
De : LASSALE, Catherine
Envoyé : lundi 5 mars 2007 11:08
À : CARPENTIER, Anne
Objet : TR: médicaments pédiatriques
Bonjour,
Je travaille avec Catherine Lassale à la Direction Scientifique du Leem, et notamment dans le
domaine de la pédiatrie.
Si les laboratoires pharmaceutiques sont les mieux placés pour vous répondre, je peux toutefois
vous donner quelques éléments de réponse à vos interrogations.
En effet, les entreprises ont depuis de nombreuses années déjà mené des développements
pédiatriques dans un souci de Santé Publique, et dans le but de répondre aux besoins essentiels
dans les différents pathologies spécifiques ou non à la pédiatrie. Ainsi existent de nombreuses
Line LEGRAND- Mémoire de l’École Nationale de la Santé Publique – 2006-2007 - XV -
spécialités déjà utilisables chez l'enfant. Toutefois, il reste nombre de situations dans lesquelles les
besoins ne sont pas couverts; le réglement devrait aider à combler le retard aussi bien qu'à
systématiser la réflexion concernant les besoins chez l'enfant lors du développement des
nouveaux médicaments. Les principaux points positifs :
- le règlement va donner de la lisibilité aux entreprises dans plusieurs domaines liés aux
développements pédiatriques:
1. lisibilité sur les besoins prioritaires en terme de développement pédiatrique, puisque l'EMEA
va publier une liste européenne des besoins dans les deux prochaines années
2. lisibilité sur les développements à mener : conseil facilité et gratuit aux entreprises, liens entre
CHMP et comité pédiatrique ...pour la soumission de Plans d'Investigation Pédiatrique en phase
avec les besoins, et pour une évaluation communautaire des données soumises...
-le règlement incite très fortement à la soumission des données dans l'ensemble des états
européens, il devrait donc favoriser la mise sur le marché des médicaments pédiatriques
simultanément dans l'ensemble des états
-le règlement prévoit des incitations aux entreprises (prolongation de 6 mois des certificats
complémentaires de protection, extension de 2 ans de l'exclusivité de marché pour les produits
orphelins pédiatriques, protection des données de l'AMM de 10 ans pour les anciens
produits ayant fait l'objet d'un nouveau développement en pédiatrie...) .
On peut aussi espérer une meilleure compréhension générale, allant du public aux médecins et
aux familles concernées par les essais cliniques chez l'enfant, liée à la portée médiatique du
règlement, pouvant faciliter l'adhésion des différents acteurs à la nécessité de mener des essais
chez l'enfant dans l'intérêt général. Le consentement des parents est un autre facteur parmi les
plus limitants pour la réalisation des essais cliniques chez l'enfant.
Bien évidemment, ces éléments ne pourront pas solutionner les difficultés techniques liées au
développement des formes pédiatriques, ni pallier le problème de petitesse des marchés. Une
politique gouvernementale incitative, portant notamment sur les prix de ces médicaments, doit
accompagner les mesures réglementaires aujourd'hui prévues.
Bien à vous
Anne Carpentier
Directeur des Affaires Pharmaceutiques
Leem
88, Rue de la Faisanderie
75116 - Paris
Tél. (33) 01 45 03 88 14
mailto:[email protected]
Pharmacie Y
Rue …….
00000 ZZZZZZZZZ
Enfant XXXXXX
18 Kg
Mopral 20 mg
1mg / Kg
Motilium
Une dose selon le poids avant les repas