1.la Main Arnau de Meeus
1.la Main Arnau de Meeus
1.la Main Arnau de Meeus
Arnau de Meeûs
INTRODUCTION
1L. Cattiaux, Le Message Retrouvé, dans Art et Hermétisme (Œuvres Complètes), Grez-
Doiceau, Beya, 2005, X, 64.
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de les ouvrir, car eux seuls peuvent nous reconduire à l’unique
symbole, qui est l’homme essentiel, reconnu et expérimenté au
moyen de son aide naturelle. Les symboles traditionnels sont autant
d’expressions diverses de cet unique mystère intérieur.
L’homme déchu, au contraire, tend à les projeter à l’extérieur, c’est-
à-dire qu’il cherche à appréhender la révélation physique, transmise
par ce symbole, au moyen de ses sens impurs et extérieurs, fruit de
la chute originelle.
L’écriture nous en avertit fréquemment, par exemple lorsqu’elle
affirme : Qui potest capere capiat ! (Matthieu XIX, 12), « Que celui qui
peut comprendre saisisse ! », ou « Que celui qui a des oreilles
entende ! ».
De quels sens s’agit-il donc ? Ce sont les sens purifiés qui nous
permettent d’entendre, de voir, et de capter les choses de Dieu, car
les sens de l’homme exilé sont devenus grossiers et charnels2.
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Car de même que le toucher, en touchant les choses perçues par les
autres sens, les récapitule et les confirme, par l’épreuve du dur, du
chaud ou du gluant, de même le cinquième livre de la Loi est une
récapitulation des cinq livres précédents3.
LE SENS
3 Hippolyte de Rome, Réfutation de toutes les hérésies, Beya, Grez-Doiceau, 2019, p. 190.
4 Homère, Odyssée, IV, 400 et suivants.
5
E. d’Hooghvorst, Le Fil de Pénélope, t. I, Beya, Grez-Doiceau, 2009, p. 24.
6 Voir les références citées dans les vidéos de H. van Kasteel, « La mort d’après les
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- l’esprit des astres,
- l’âme vient de Dieu7.
L’âme, ou le sens, est la partie divine de l’homme. Les Grecs
l’appellent νους (noûs).
Chez les philosophes, le νους désigne généralement l’organe sensoriel
divin. De même que les cinq sens ordinaires mettent l’homme en
contact avec le monde sensible, de même le νους lui permet
d’appréhender le monde dit « intelligible », c’est pourquoi νους est
souvent traduit aussi par « sens »8.
À l’époque hellénistique, νους signifiait « sens » signifiant
connaissance, car il n’y a de connaissance que sensible9.
7 MR II, 88.
8 H. van Kasteel, « Petite étude sur l’étymologie traditionnelle », Arca - Revue du Nouveau
Monde, n° 3, 2019, p. 138.
9 Emmanuel d’Hooghvorst, lettre du 27 juin 1984, dans H. van Kasteel, « Petite étude sur
trouvée grâce au Glossaire Hermétique publié sur le site internet de la librairie Arca.
12 Littéralement : « (engendrements) du νους ».
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puisqu’il n’est aucune partie du monde que n’habite un démon (…),
lequel étant venu s’insinuer dans l’intellect, y a semé la semence de
son énergie propre13.
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LA MAIN
22 Origène, Homélies sur l’Exode, Sources Chrétiennes, Cerf, Paris, 1985, pp. 313-314 ; voir
aussi par exemple Bebescourt, La Vérité – Les Mystères du Christianisme approfondis
radicalement et reconnus physiquement vrais, Londres, 1771, t. II, p. 255 : à propos de Ponce
Pilate « Quiconque réfléchira quelles sont les mains de ce personnage et de quelle eau elles
durent pour lors être lavées ».
23 Origène, op. cit., p. 323.
24 Pierre de Meeûs, « L’âme, l’esprit et le sens – compte-rendu du livre de Pere Sánchez Ferré,
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Dans le récit de la Genèse, Ève, suggestionnée en esprit par
Satan, cueille le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du
mal, en mange elle-même et le présente ensuite à Adam.
La femme vit que le fruit de l’arbre était bon à manger, agréable à la
vue et désirable pour acquérir l’intelligence ; elle prit de son fruit et
en mangea ; elle en donna aussi à son mari qui était avec elle, et il en
mangea25.
« (…) je vais l’entraîner pour qu’il en mange avec moi ! Si nous
mourons nous mourrons tous les deux ; si nous avons la vie nous
aurons la vie tous les deux ». Elle prit des fruits de l’arbre et en
mangea et en donna à son époux aussi. Ses yeux à lui s’ouvrirent et
ses dents furent agacées (Jérémie XXXI, 29)26.
Par cet accident, le sens divin a été mis en sommeil, alors que
les sens ordinaires ont été exaltés.
En un corps de bête est logé le pur nom nié, muet, congelé29.
L’âme de l’homme, tant qu’elle est dans le corps, est comme une
bougie enfermée dans une lanterne sourde, ou comme un feu qui est
presque étouffé par manque d’air30. (…) L’Arbre de la Connaissance
obscurcit et assombrit les parties supérieures, mais éveilla et stimula
la partie animale et pécheresse. (…) L’homme, tant qu’il perdura dans
son union avec Dieu, ne connut que le bien, c’est à dire les choses
25 Genèse III, 6.
26 Le Bahir (Livre de la Splendeur), Introduction, traduction et notes de Nicolas Sed, Archè,
Milan, 1987, ch. CC (141), p. 159.
27 Genèse III, suite.
28 Th. Vaughan, op. cit., p. 58.
29 E. d’Hooghvorst, Le Fil de Pénélope, op. cit., p. 67.
30 Th. Vaughan, op. cit, p. 64.
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qui étaient de Dieu ; mais dès qu’il tendit la main et mangea du fruit
défendu, c’est-à-dire de l’Esprit Moyen ou Esprit du Grand Monde,
dès sa désobéissance et sa transgression du commandement, son
union avec la nature divine fut dissoute et son esprit étant uni à
l’esprit du monde, il ne connut que le mal, c’est-à-dire les choses qui
étaient du monde. Il connut certes le bien et le mal, mais il connut le
mal en une beaucoup plus large mesure que le bien31.
31 Ibid., p. 61.
32 Cf. supra.
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fort désir de se multiplier, de sorte que la forme céleste stimule et
excite l’élémentale33.
Du mélange de la femme avec cet extérieur (ou : dès qu’elle a saisi les
semences démoniques37 pour les présenter à l’intellect) est apparu le mal.
Le mal qui est la crasse n’a pas d’être en soi, mais quand il est
accidentellement mélangé à la substance, il devient un ralentisseur
de celle-ci et la mort et la naissance prennent effet. Quand, au
contraire, la séparation de la substance d’avec la crasse s’accomplit
(qui est le secret de la rédemption), la vie éternelle, substantielle et
essentielle subsiste seule38.
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La séparation serait donc le secret de la rédemption, qui redonnerait à
Adam la vie éternelle.
Le monde actuel n’est ni réel, ni irréel, ni bon, ni mauvais. Il est formé
par une portion de la lumière divine fractionnée à l’infini dans les
ténèbres du non-être. Voilà la chute de Lucifer et l’exil d’Adam.
Le retour à Dieu est comme la séparation d’avec les ténèbres et
comme la réunion avec la lumière primordiale. Voilà la rédemption
d’Adam39.
39 MR IX, 5 à 8.
40 MR XX, 9.
41 E. d’Hooghvorst, op. cit, pp. 70 et 71.
42 MR XIX, 68.
43 MR XII, 3.
44 Apocalypse II, 11.
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ce fruit retourneront dans le paradis de Dieu, et ils n’en ressortiront
plus grâce à leur expérience de la mort45.
S’il faut accorder que par l’Arbre de Vie est figuré l’Esprit divin (car
c’est l’Esprit qui vivifie et qui un jour fera passer de la corruptibilité
à l’incorruptibilité) il ne sera pas inconsidéré de déduire qu’au
contraire, par l’Arbre de la Connaissance soit signifiée quelque nature
sensuelle, répugnante au spirituel, en laquelle nos affections
pécheresses et mondaines, comme la luxure, la colère et le reste,
résident et règnent46.
45 MR XXXIV, 70
46 Th. Vaughan, op. cit., p. 55.
47 MR XIX, 68 et 68’.
48 MR VI, 42.
49 MR XXXVI, 57 et 57’.
50 Th. Vaughan, op. cit., p. 64.
51 Bebescourt, op. cit., t. I, p. 250.
52 Psaumes CXIII, 12.
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Ta quête est trop ardue, Seigneur, et si tu ne viens pas à notre
secours, nous échouerons certainement, car nos oreilles sont
sourdes, nos yeux sont aveugles, nos mains sont impuissantes et ton
salut est proprement incroyable !53
Ô voile épais qui nous enlace, nous voilà comme des momies qui ne
peuvent atteindre l’eau de la résurrection, qui ne savent pas tendre
la main vers celui qui l’offre gratuitement et qui ne voient même pas
sa lumière sainte !54
53 MR XX, 21.
54 MR XXII, 12.
55 MR II, 37 et 38.
56 MR XXXVI, 64.
57 MR XXIV, 34.
58 Actes XVII 27, 28.
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Celui qui cherche inlassablement Dieu et sa vérité, a une chance de
les trouver ici-bas et la sainte assurance de les approcher dans le
ciel59.
« Tout ceci est présent devant vos yeux et à la portée de vos mains,
tous les jours de votre vie. Veillez donc pour voir, et priez pour
connaître, avant d’être engloutis par la mort. »60
Si nous n’allons pas audacieusement au Seigneur les yeux fermés, le
Seigneur ne viendra pas à nous et il n’enlèvera pas le bandeau qui
nous aveugle et qui protège notre approche de la lumière stupéfiante
de l’Unique61.
Recherchons imprudemment le vivant qui peut nous sauver de la
fosse d’immondices (…)62.
Quand le mur implacable de l’absurde et du désespoir se dressera
devant nous dans le monde, nous avancerons quand même, par l’effet
de la foi absurde et désespérée, jusqu’à toucher l’obstacle de nos
mains et ainsi nous constaterons, à notre immense surprise, que
c’est un mirage dressé par le malin pour nous décourager de
persévérer jusqu’au royaume de Dieu63.
59 MR XIX, 57.
60 MR XXXVII, 66’’.
61 MR XXI, 20’.
62 MR XVIII, 35.
63 MR XXXVIII, 66.
64 « Figure de l’École Magique » dans Th. Vaughan, « Lumen de lumine », OEuvres complètes,
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(…) ET SAISIR !67
67 En cuisine, « saisir » signifie exposer à un feu vif en début de cuisson afin de faire cuire
l’extérieur tout en conservant l’intérieur saignant et mou.
68 Par exemple, Michel-Ange, La Création d’Adam, chapelle Sixtine, Rome (Vatican).
69 MR XXV, 57 et 57’.
70 MR VII, 2.
71 MR IV, 96 (variante).
72 MR XXIX, 17.
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Ézéchiel I, 3-4.
74 Ézéchiel VIII, 3.
75 E. d’Hooghvorst, op. cit, « Aphorismes du Nouveau-Monde », n°2, p. 411.
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Selon les rabbins, le don de la Torah c’est le souffle divin tenu
dans la main d’Adam. Le souffle divin est symbolisé par la lettre ה
(hé) et la paume de la main est symbolisée par la lettre ( כkhaf). Ces
deux lettres forment le mot ( כהainsi), que l’on retrouve dans כה תעשה
(ainsi tu feras). Tous les commandements se résument par
conséquent en réalité, disent les rabbins, à un seul, celui de tenir le
souffle divin dans la main.
CONCLUSION
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Cet esprit, pur au niveau zodiacal, se mélange, dans l’air
atmosphérique, aux impuretés qu’il contient, se chargeant ainsi
d’une certaine humeur corruptive.
Outre les impuretés corporelles qui sont déjà mêlées à son corps
physique, l’homme, au moment de sa naissance, est généré par un
esprit astral qui contient aussi en lui les germes de sa dissolution.
Les anciens Grecs appelaient le monde sublunaire le « monde des
générations et des corruptions »80.
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