E PERCEPTION ACTIVE
E PERCEPTION ACTIVE
E PERCEPTION ACTIVE
PERCEPTION ACTIVE
Deuxième Édition, Rvise
Copyright © 2008 par Alex Podolinsky Tous droits rservs
Publi en anglais sous le titre
Active Perception, The Gavermer Foundation, Sydney, 1990.
Aucune partie de cette publication ne peut +tre reproduite, ni mise en mmoire dans un
système informatique, ou transmise sous quelque forme que ce soit ou quelque moyen
lectronique, mcanique, de photocopie ou d’enregistrement, ou autre, sans l’autorisation
crite pralable de l’diteur et d’Alex Podolinsky.
Remerciements
Nous tenons à remercier le Goethanum à Dornach, pour son aimable autorisation de
reproduire les photographies des maquettes et formes architecturales de Rudolf Steiner, ainsi
que les ditions Weleda à Arlesheim pour l’utilisation des illustrations reprsentant les
cristallisations de chlorure de cuivre ; et M. Andrew Clunies-Ross pour son autorisation de
republier une planche de L’Agriculture du Futur d’E & L. Kolisko, appartenant au fond de The
Kolisko Archive Publications, 8 Albemarle Road, Bournemouth, Angleterre, RU.
INTRODUCTION....................................................................................................2
LIQUIDITÉ............................................................................................................46
EXEMPLES DU GOETHÉANUM.........................................................................53
LIQUIDITÉ ET ACOUSTIQUE..............................................................................60
ÉTHER DE LUMIÈRE...........................................................................................61
VERS LE MODELAGE DE L’ÉTHER DE LUMIÈRE............................................64
ÉTHER DE VIE.....................................................................................................83
CONCLUSION......................................................................................................87
1
INTRODUCTION
Avec l’apparition de la philosophie grecque quelque 700 ans avant av. J.-C, l’être
humain a graduellement développé une capacité intellectuelle intérieure et
personnelle, qui commença à le séparer du monde de la Nature et de la Création,
dont il constituait une partie naturelle.
À mesure que l’être humain commençait à faire l’expérience de l’isolement qui en
résultait, le besoin naquit d’examiner et de comprendre intellectuellement le
monde environnant, ainsi que de justifier la méthode intellectuelle nécessaire à cet
effet. Des philosophies de l’être, ou ontologies, ainsi que des théories de la
connaissance, ou épistémologies, se développèrent.
Avec le temps, l’intensité intellectuelle de ces activités philosophiques éloigna
l’être humain encore davantage d’un contact réaliste avec la Nature et la Création.
Puis, progressivement, la « Science » naturelle, initialement une faculté de la
philosophie, remplaça cette dernière. À l’observation de la Nature réelle, base de
la recherche et de la connaissance que cette Nature procure, s’est graduellement
substituée une « hypothèse de travail » formulée par l’homme ; et une
« connaissance », reposant sur des preuves statistiques – les « effets
secondaires » imprévisibles de la thalidomide constituant un exemple des
conséquences d’une telle évolution. De nombreux médicaments et produits
chimiques pour l’agriculture posent de semblables problèmes – car nous devons
encore nous attendre à de futurs effets auxquels nous exposent les modifications
génétiques et les nanotechnologies.
Une scission dualiste dangereuse s’est ainsi opérée entre l’Homme et la Création.
2
Face à cette dualité et à ses manifestations lourdes de dangers – peut-être par
instinct et aversion, et sans nécessairement une vision très claire – est né ce
constat de « plus en plus de connaissances sur de moins en moins de choses »,
qui signale en même temps un manque de vision d’ensemble, holistique.
Goethe, très proche à la fois des philosophes et des scientifiques, utilisait une
méthode saine, naturelle, moniste, dans ses travaux scientifiques. Manifestement
peu intéressé par les théories, il procédait en observant intensément la Nature
– en tant qu’humain ouvert – conscient de son appartenance à la Nature et à la
Création.
3
1ʳᵉ PARTIE :
EXERCICE : VERS LA VISION FONDAMENTALE
Il ne s’agit pas de graphologie1. Ces écritures manuscrites sont des outils de base
pour exercer le regard, parce qu’elles sont toutes différentes et néanmoins
comparables. Une « vision d’image » ouverte est le prérequis pour ce travail. On
doit écarter ses préférences d’écritures et ne pas se laisser influencer par celles-ci.
Prenons, pour commencer, un exercice de visualisation de la Nature, afin de nous
préparer aux exercices de base, parce qu’on est moins influencé sur le plan
intellectuel-esthétique ou personnel lorsqu’on s’exerce dans le cadre de la Nature.
Représentez-vous dans une barque près de la rive d’un lac paisible. Plongez votre
regard dans l’eau. Sa profondeur peut tirer le regard vers des abîmes infinis.
Parfois, cependant, une opacité locale de l’eau fait obstacle à la pénétration du
regard. C’est un simple fait, qui se décrit objectivement.
Prenons un autre exercice, tout aussi simple. Considérez la structure d’un vitrail
gothique sans ses pièces de verre, avec ses multiples ouvertures découpées dans
la maçonnerie. Ou représentez-vous les « trous » dans l’ensemble de la structure
d’une flèche d’église, par exemple celle de la tour de la cathédrale de Fribourg
(voir p. 12).
4
présentent une structure en forme de grille qui empêche la pénétration du regard
(comme dans l’image de l’eau, avec ou sans opacités).
Revenons au tableau des graphismes et commençons par l’exercice fondamental.
Pour pouvoir progresser, il faut commencer par lui.
5
S’EXERCER À L’AIDE DU TABLEAU DES GRAPHISMES
3 4 8
5 1 2 10
9
6 13 12
7
11
6
7
Dirigez votre regard sur la totalité de l’image que représente le graphisme n°1 au
centre du tableau.
Les structures manuscrites, tracées à l’encre et sectionnant l’image totale, peuvent
être comparées à la structure découpée de la maçonnerie de pierre des
ouvertures de fenêtres ou de balcons gothiques, et regardées de la même façon.
Plongez le regard dans l’image totale du graphisme 1, et essayez de voir à travers
cette image-structure totale, comme dans une profondeur infinie, lorsque le regard
cherche à pénétrer aussi loin que possible une eau claire et profonde.
Puis portez le regard – pour comparer – sur l’image totale du graphisme 2 (à droite
du graphisme 1). Votre regard parvient-il à pénétrer « plus profondément » à
travers le graphisme 2 ou le graphisme 1 ?
En général, la plupart des participants voient plus profondément à travers le
graphisme 1. Mais pour certains c’est à travers le 2. En réponse, je les dirige alors
vers le 3 (dans le coin supérieur gauche). Voyez-le comme une image totale.
Essayez de regarder au travers.
Que se passe-t-il en fait avec votre regard sondeur qui tente de regarder le
graphisme 3 comme une image totale ?
Une réponse « rapide » peut consister à dire qu’il est possible de regarder plus
profondément à travers ce graphisme qu’à travers le 1 ou le 2 ; toutefois, il me faut
vous demander de noter la manière dont on est influencé par la « noirceur » de
l’encre et par l’intensité qui en résulte.
Regardez de nouveau l’image totale du graphisme 3. Il faut regarder longtemps, et
intensément.
Qu’arrive-t-il en fait à votre regard scrutateur lorsque vous essayez de voir le
graphisme 3 comme une image totale ?
À ce stade, presque tous les participants à cet exercice de groupe se seront
progressivement rendu compte qu’il n’est pas possible de voir l’image totale de ce
graphisme. Le regard s’accroche involontairement aux « traînées » noires de
l’écriture, ainsi qu’aux longues lignes obliques (/), monotones et répétitives, de ce
graphisme.
L’observation par chacun individuellement de cette limitation inattendue de la vue,
et la découverte d’observations différentes d’une vue à l’autre (comparaison entre
1 et 3) stimulent immanquablement le désir d’aller plus loin dans ce travail. Un
regard concentré, et toujours renouvelé à travers le graphisme 1, et sa
comparaison avec des tentatives de vision tout aussi concentrées à travers les
graphismes 3 et 2, permettent un renforcement de l’expérience fondamentale du
voir.
8
Il est très important que les graphismes, une fois « reconnus », ne soient pas
automatiquement « enregistrés ». Il ne faut pas les comparer de mémoire, mais
chaque fois les regarder activement d’un œil neuf. C’est seulement de cette
manière que la nouvelle capacité de voir peut être développée. Continuons à
interroger ces graphismes.
Nous sommes d’accord que le graphisme 1 permet la pénétration du regard.
Qu’est-ce qui empêche alors la vue de pénétrer à travers le graphisme 2 ?
Une réponse habituelle est de dire : « La régularité de toutes les lettres en traits
parallèles inclinés constitue une sorte de grille qui ne se laisse pas traverser par le
regard. »
Ensuite, la question suivante est souvent posée par le groupe : « Les lignes et les
mots du graphisme 1 sont séparés par de plus grands espaces que dans le
graphisme 2. N’est-ce pas la raison d’une meilleure pénétrabilité ? » Regardez
l’espace entre les lignes du graphisme 3 et comparez.
Pour élargir le champ de cet exercice fondamental du voir, considérons à présent
le graphisme 4 (au-dessus du graphisme 1).
Généralement, les participants « voient » assez facilement que le regard peut
traverser plus profondément le graphisme 4 que le graphisme 3, et aussi plus
profondément que le graphisme 2.
À présent, comparez les graphismes 4 et 1.
À première vue, le graphisme 4 peut sembler plus pénétrable, mais en prolongeant
l’exercice, on s’aperçoit que le regard est entravé. Bien que le graphisme 4 se
laisse considérablement mieux pénétrer que le graphisme 2, la régularité des
lettres « arrondies », (u, a, m, n), dans le graphisme 4, gêne quelque peu la
pénétration du regard.
Afin de consolider les progrès réalisés, tout en élargissant l’expérience de vue et
en la rendant plus sûre, confrontons-nous à présent au défi que représente le
graphisme 5 (à gauche du graphisme 1).
La pénétrabilité du graphisme 5 est-elle plus proche de celle des graphismes 1 et
4 ou des graphismes 2 et 3 ?
Au début, seuls quelques participants voient le graphisme 5 plus proche du
graphisme 1. Je n’insiste pas davantage et attire leur attention vers les graphismes
6 et 7. Tous remarquent avec assurance que les formes quelque peu
« fantaisistes » et forcées de ces deux graphismes permettent aussi peu la
perception d’une image totale d’écriture que le graphisme 3, où la vue
« s’accroche » aux traits et aux formes forcés (le graphisme 7 étant encore moins
pénétrable que le 6).
9
Après ces comparaisons, les participants remarquent généralement que le
graphisme 5 peut être vu comme l’image totale d’un graphisme, en dépit de
l’extraordinaire originalité de certaines de ses formes.
Pour saisir la pénétrabilité inhabituelle, et aussi des plus faciles, du graphisme 5,
c’est le moment d’introduire le graphisme 8 (coin droit supérieur).
Comparez les graphismes 5 et 8.
À ce stade de l’exercice, seuls quelques-uns considèrent le graphisme 8 plus
pénétrable que le graphisme 1 : les larges interlignes peuvent bien sûr induire en
erreur. La plupart disent : « On ne peut pas regarder profondément dans l’eau.
C’est comme si une opacité empêchait une profondeur de regard. »
Le graphisme 8 peut-il être vu comme une image totale ? Si non, qu’est-ce qui
empêche une telle vue totale ?
Au début de cet exercice fondamental, beaucoup de participants énoncent des
réponses toutes faites – de type esthétique et intellectuel. On note des preuves de
sympathies ou d’antipathies personnelles face à ces écritures (généralement en
référence à des personnes auxquelles ces écritures ont pu être associées
antérieurement). De nouveau, on est confronté à la nécessité de s’exercer à une
perception objective.
Je suis toujours reconnaissant quand cette réponse vient d’un participant actif
sans que j’aie besoin de la provoquer. Une fois mentionnés, les autres participants
voient également les « trous ».
À présent, ajoutons les graphismes 9, 10, 11 et 12. Les graphismes 9 et 10
permettent une pénétration plus profonde du regard. Mais ce n’est pas le cas des
graphismes 11 et 12.
10
renouvelée, plongée en un regard profond, en se concentrant sur le graphisme 1.
Le graphisme 5 apparaît étonnamment perméable à la vue, n’est-ce pas ?
Poursuivez ce travail en considérant les graphismes 5, 1 et 2. Regardez-les
séparément. Le graphisme 5 est pétillant de vie ! Le graphisme 2 est dominé par
une régularité de forme monotone. Le graphisme 1 réunit vie et forme de manière
équilibrée.
Cela peut se traduire schématiquement – en mettant les graphismes en rapport
avec des formes d’arceaux, pour donner une autre dimension à cette expérience
de base.
11
12
Revenons au tableau des graphismes. Nous devons nous interroger à propos du
graphisme 13 (sous le graphisme 1). Il ne fait apparaître aucune tendance
« durcissante » particulière, ni de vie très pétillante. Pourtant, notre regard ne peut
le traverser aussi profondément que le graphisme 1.
À cette étape du stage, le tableau complet des graphismes est retiré et remplacé
par une copie du graphisme 14 ci-après.
13
14
Le graphisme 14 fait-il partie de ceux qui peuvent être traversés plus
profondément du regard ou de ceux qui sont le moins traversables ?
Il fait partie des plus profondément traversables.
Supposez à présent que vous n’avez que le graphisme 14 devant les yeux.
Comment procédez-vous précisément pour le classifier ?
Après un moment de silence et peut-être quelques questions, un participant
répond : « Je regarde ce graphisme en procédant par comparaison. Je le
confronte au tableau complet précédent. D’avoir le graphisme 1 en « toile de
fond » a été particulièrement utile. »
15
ACTIVER LA VUE : PROGRESSER VERS LA PERCEPTION
ACTIVE
Dans chaque échantillon de graphisme, nous avons par conséquent deux images.
Chaque observateur peut choisir l’intensité avec laquelle il veut regarder un
graphisme donné. Il est important de noter qu’un regard passif (habituel) n’est pas
en mesure d’observer la seconde image d’un graphisme. Il ne permet pas
d’accéder aux étapes suivantes de l’exercice fondamental de vision. L’activation
du regard est nécessaire pour une nouvelle prise de conscience.
Dans nos stages, nous abordons à présent une nouvelle étape, qu’il est difficile
d’accomplir par le truchement de la parole écrite.
Placez de nouveau le tableau devant vous. Plongez aussi profondément que
possible votre regard, (à présent) quelque peu exercé, dans le graphisme 1. Puis
regardez un moment au-dedans du graphisme 2. Puis de nouveau du graphisme
1. Que se passe-t-il avec votre regard ?
Réponse – après un court moment – d’un participant : « Quand mon regard
pénètre infiniment à travers le graphisme 1 puis aborde le graphisme 2, c’est
comme si le profond rayon de mon regard m’était, presque physiquement, renvoyé
dans l’œil ! »
Autre question : lorsque vous pénétrez aussi intensément dans le graphisme 1, où
êtes-vous ? Ou lorsque vous êtes confronté à un graphisme totalement nouveau
(par exemple le graphisme 14), et que vous y plongez intensément le regard, où
êtes-vous vous-même ?
L’observation montre que tant que je suis intensément engagé dans l’acte de
regarder, je suis « à l’extérieur » dans l’acte de regarder. Je suis engagé dans
l’objet – et ne peux en même temps être conscient de moi-même, assis sur une
chaise. Observation exacte. Pourtant, jusque-là, nous nous sommes simplement
exercés, sans nous lancer dans des explications théoriques sur les différences
perçues entre graphismes.
16
Rien que des vues indépendantes chez chaque participant – exactitude de
l’observation. Aucune erreur induite par une interprétation, une pensée ou un
ressenti rationnels ; mais tout le contraire. Toute rationalisation extérieure, ajoutée,
annihilerait immédiatement l’exactitude de la simple observation fondamentale.
Une Observation indépendante. Bien que le participant passif ne donne pas de
réponses personnelles, il a en toute indépendance fait l’expérience des
graphismes de la même manière (avec le même degré de pénétration).
L’observation elle-même demeure généralement inconsciente. À mesure que nous
nous exerçons à l’aide des graphismes, nous élevons à la conscience de simples
distinctions visuelles – un processus d’éclairage. Je le répète, aucune erreur due à
une « interprétation » ne peut se produire.
17
LA QUESTION FONDAMENTALE :
SUBJECTIVITÉ OU OBJECTIVITÉ ?
Nous voici à présent face à la question essentielle : Les multiples « visions » (des
participants dans l’exercice d’observation) naissent-elles « dans » le regard
« subjectif » de chaque personne ? Ou ces différences étonnantes entre les
écritures (que tous les participants évaluent de manière similaire) sont-elles
« objectivement » contenues dans l’image ?
Dans un premier temps, les avis diffèrent. Certains répondent après réflexion
« cela doit être contenu dans les graphismes puisque nous y voyons tous les
mêmes différences ».
D’autres le ressentent différemment et disent : « seule ma vision me permet
d’établir des distinctions ».
Dieu merci, quelqu’un qui ne s’était pas prononcé jusque-là vient apporter la vraie
réponse : « les deux en même temps ».
18
Dans le langage de la psychologie moderne, la personne « idéaliste » est
« l’introverti » et la personne « réaliste » « l’extraverti » (tirant ses affirmations de
« l’extérieur »).
De tout temps, la grande difficulté pour chacune de ces deux unilatéralités assez
rigides, a été de se rejoindre.
Nous avons pratiqué l’activation de la vue, exercé la Perception Active, nous nous
sommes interrogés sur les notions de subjectivité et d’objectivité.
De nouveau : est-ce que ces multiples « perceptions visuelles » surviennent dans
le regard subjectif de la personne ? Ou les différences étonnantes entre ces
écritures sont-elles objectivement contenues dans l’image ? Nombre de personnes
recourent à une vision active de la globalité, lorsqu’elles ont une décision
importante à prendre. Beaucoup en sont influencées dans leur travail
professionnel. Par exemple, le médecin ou le vétérinaire pourra prendre en
considération son impression globale du patient avant de le soumettre à des
examens plus détaillés. Beaucoup de fermiers travaillent à partir d’observations
globales. Mais en général, ce type d’approche se voit crédité de peu de
reconnaissance. Il est souvent taxé de « subjectif », ou de « ressenti ».
On parle aussi de vision holistique ou « goethéenne consciente », d’une
observation « passive » suivie d’une réflexion « inspirée ». Mais ceci ne clarifie
nullement la question. Et parler de « phénoménologie » est tout aussi insuffisant.
Il faut une approche praticable et réellement méthodique.
Notre exercice fondamental repose sur un objet qui existe physiquement : le
graphisme. Il peut être vu à l’aide de l’œil physique inactif. Mais cela ne suffit pas
– il convient d’activer la vue. En pleine conscience, un changement s’opère : on
se détache alors des détails physiques des graphismes et on s’engage dans une
perception active de la globalité du graphisme.
Perception Active ; par auto-activation ; en pleine conscience.
Il faut pratiquer la Perception Active. Il est essentiel de percevoir chaque fois de
façon nouvelle – de voir « positivement ». Il ne suffit pas de se relier aux
graphismes à l’aide de concepts ou d’une mémoire immobile.
Subjectif ou objectif ? Une observation exacte montre que ce qui doit être vu « à
l’extérieur » peut seulement être trouvé lorsque le regard subjectif passif est éveillé
à la Perception Active. Ce qui devient alors objectivement accessible est de toute
évidence aussi réel que tout objet physiquement observable.
Dans l’activité de Perception Active, le subjectif et l’objectif s’unissent. On peut dire
que l’aspect « introverti », « humain » ou peut-être « platonicien » du potentiel
humain, et l’aspect « réaliste », ou « aristotélicien », ne font plus qu’un.
19
Le regard a été utilisé pour mettre en évidence le caractère méthodique de la
Perception Active, qui s’applique pareillement à toute perception humaine en tant
que telle. L’intelligence n’est pas une faculté de l’intellect, mais plutôt l’extrême et
inattendu éveil de tout organe d’observation de l’humain, y compris l’intellect. La
Perception Active permet un regard pénétrant objectif. Aucune pensée ni
sentiment subjectif n’y sont associés. Un contact direct est établi entre
l’observateur et la réalité observée. C’est pourquoi la Perception Active garantit,
pour ainsi dire, la réalité de la chose vue. Sur le plan méthodologique, cela est en
contraste avec une « connaissance de l’esprit » uniquement acquise par l’effort
« concentré » d’une activité individuelle « intérieure », exposée au risque de
l’éventuel syndrome « des habits neufs de l’empereur2 ».
20
La Vie, interrogée en son essence, exprime d’elle-même le mouvement (sans
nécessiter aucun apport de pensée). S’interroger sur l’essence du mouvement de
la Vie, notamment en ce qui concerne son futur : la Vie – observée en tant que
mouvement / essence inhérents – exprime (contient) l’infinitude : en direction du
futur comme en provenance du passé.
Martin Heidegger n’a pas accordé d’intérêt à cet aspect et mentionna Schelling qui
avait anticipé en utilisant le terme de Volonté. Volonté ne convient pas tout à fait.
La Volonté, pour exister, nécessite un être qui veuille. La Vie a une qualité
d’existence indépendante, objective.
21
QUELQUES APPLICATIONS PRATIQUES
22
Ci-dessous est reproduit dans une typographie identique un même texte en
allemand, en français et en anglais (provenant d’un monument de Bern, Suisse).
Une perception activée reconnaît des variations dans l’image totale, qui font
référence à des traits typiques de langue ou de caractère national :
Im Wasser schwimmen Les ours aiment nager et Bears like to swim and
und spielen Bären gerne jouer dans l’eau. Ils le font play in water regularly.
und regelmässig. souvent. Ils ramènent Floating blocks of ice are
Schwimmende Eisblöcke parfois des blocs de glace pulled ashore and
warden an Land gezogen 'ottants à terre et les searched for food. A bath
und nach Futter examinent pour voir s’ils y is appreciated even in
abgesucht. Ein Bad wird trouvent de quoi satisfaire winter at low
sogar im Winter bei tiefen leur appétit. Ils n’hésitent temperatures. A thick
Temperaturen geschätzt. pas à se baigner même layer of fat protects from
Eine dicke Fettschicht vor lorsque la température the cold.
der Kälte. est très basse. Une
épaisse couche de graisse
les protège en effet du
froid.
Regarder des graphismes est une méthode efficace pour s’exercer à la Perception
Active.
Une vision holistique de l’image totale permet de voir de manière réaliste tout type
d’organisation ou de réalité. En regardant une plante, par exemple, on ne « verra »
pas au début ses différentes parties telles que feuilles, tiges, fleurs. Le regard se
centre plutôt sur la totalité de la plante. Le majestueux chêne rond parle comme
une entité vivante au regard activé. On peut, par exemple, comparer sa totalité à la
triangularité cristalline d’un pin. Diverses caractéristiques se révèlent par cette
méthode d’observation.
La phytologie moderne ne peut pas véritablement justifier son utilisation du terme
« croissance végétale » – elle se contente de comptabiliser la « masse accumulée,
et ne peut ni rechercher ni dire pourquoi un chêne a des feuilles arrondies et une
forme globale ronde alors qu’un pin qui pousse non loin du chêne et est à peu près
constitué des mêmes substances que le chêne, a une forme aussi différente. »
(Même le « code génétique » moderne ne réussit pas à expliquer ces différences,
23
dans la mesure où, pour cette science, par exemple, les êtres humains et les rats
sont identiques à 97 %).
Et pourtant, il est fondamentalement important, n’est-ce pas, de noter la forme
(celle du chêne, celle du pin) ? – Aussi important que de rechercher de quelles
particules chaque arbre est « constitué ». Ne considérer que les parties ne permet
pas une approche réelle de chaque arbre. Et les parties changent constamment,
alors que la « forme » reste fondamentalement la même, à savoir, dans son
essence, celle d’un pin ou d’un chêne.
La nature de cette essence est de toute évidence une capacité de « forme » et de
« croissance », autrement dit une « force formatrice ». Justus von Liebig en parlait
dans la vingt-troisième de ses lettres sur la chimie. Dans l’ancienne sagesse, cet
ensemble de forces formatrices ou « corps » d’une plante était dénommé « corps
éthérique ».
Rudolf Steiner a attiré l’attention sur une interrelation entre mouvement
(croissance) et forme : une unité forme-mouvement.
L’essence, ou corps éthérique, d’une plante ne peut être explorée au moyen d’une
méthode scientifique limitée à la considération des seules particules (mortes) qui
constituent physiquement la plante. De toute évidence, une telle méthode
scientifique ne peut absolument pas se prononcer sur, par exemple, l’existence ou
non d’un corps éthérique.
Or un scientifique se doit d’explorer chaque réalité dont il a conscience. C’était le
cas de Rudolf Steiner. Il suggéra à la scientifique Lily Kolisko de mener des
recherches plus poussées sur les forces formatrices. C’est ainsi qu’elle développa
une nouvelle méthode d’évaluation de la qualité, la dynamolyse capillaire,
permettant qu’une substance se manifeste comme une totalité. La cristallisation
selon Pfeiffer, la chromatographie et la méthode des gouttes sensibles de
Schwenk recourent à ce même principe – représenter l’essence entière d’une
substance.
La qualité d’entités vivantes de la nature (leur essence de vie, dans leur totalité) ne
peut être évaluée par une approche basée sur des particules mortes. On n’oserait
pas juger une peinture de Rembrandt en se basant sur la composition chimique et
le poids des couleurs utilisées.
Cela nous confronte à la nécessité de développer de nouvelles méthodes de
recherche. Il faut une méthode qui, dès le départ, vise à donner une expression
imagée de la totalité de la substance étudiée ; donc une méthode capable
d’explorer le domaine des forces formatrices. (Voir A. Podolinsky, Conférences
d’introduction à l’agriculture biodynamique, Tome I, Conférence 3).
24
EN RÉSUMÉ
Revenons aux graphismes pour explorer un peu plus cet aspect de l’unité forme-
mouvement, notamment en ce qui concerne la qualité particulière de la verticalité
dans le graphisme 1.
À la fin de sa vie, Rudolf Steiner écrivit un livre intitulé Directives
anthroposophiques. Il y employa un langage moderne et des concepts objectifs.
« Par la méditation, il est possible de trouver trois autres formes en plus de celles
dans lesquelles le « Moi » apparaît dans la conscience ordinaire.
1. Dans la conscience qui se saisit du corps éthérique, le « Moi » apparaît comme
image qui, est en même temps être actif et donne en tant que tel à l’être humain
forme, croissance, forces formatrices. […] »
25
Cette directive peut également se représenter par un schéma :
Notre expérience de vision avec des graphismes nous a appris que l’unité forme-
mouvement se manifeste tout particulièrement dans la verticalité. L’utilisation de la
double lemniscate évoque cette verticalité.
Revenons au graphisme 13. Nous avions remarqué qu’il n’était « figé » d’aucune
manière ; en même temps, nous ne retrouvions que peu de la verticalité du
graphisme 1.
Considérez de nouveau le 13 et essayez de trouver sa relation à l’ensemble du
Tableau, et en particulier au graphisme 1.
Le graphisme 13 est celui d’un adolescent. L’Ego n’est pas aussi incarné que chez
une personne âgée de 21 ans. Perception Active – conduisant à une certaine
perception de l’Ego.
Poursuivons.
26
CONSIDÉRATIONS SUR LA SCULPTURE DE RUDOLF
STEINER
À cette époque, il ne s’était pas encore exercé à la sculpture (voir la Figure 27).
La première étude de l’artiste (Figure 24) ne correspondit manifestement pas à ses
attentes. Aussi réalisa-t-il une maquette (Figure 27). En comparant les deux
figures et en visualisant la verticalité, on conviendra que la « forme corporelle » de
la Figure 24 ressemble à un banal « saint » lié à la terre, avec une tête
« rapportée ». Le bras gauche « s’envole » en diagonale – un peu comme une
épée flamboyante. Tandis que la Figure 27 exprime une étonnante force de
tension vers le haut, malgré l’existence d’une force primitive et le poids du
matériau à modeler. Le bras gauche paraît « bloqué » – pourtant, il « tient » en
position levée, comme pour une admonition. Il est suspendu. La figure est
empreinte d’une puissance solitaire. La figure complète d’Edith Marion (Figure 29)
vient ensuite dans l’ordre chronologique. C’est une figure charpentée, avec une
tête et des bras lourds comme ceux d’un nageur en dos crawlé. La quatrième
étude (Figure 30), à nouveau de Rudolf Steiner, se tient en toute indépendance.
La force de verticalité contrebalance le poids considérable du matériau de
modelage.
Dans la cinquième étude, réalisée par Rudolf Steiner (Figure 23), le bras gauche,
notamment, est amené à exprimer une totale verticalité. Ce bras continue
néanmoins à « tenir » de sa propre force en position levée. Le bras droit rayonne
vers l’avant avec une semblable puissance, mais dirigée vers le bas.
La sixième étude (Figure 50) a été travaillée ensemble par E. Marion et R. Steiner.
C’est toujours une figure terrestre comme les autres d’E. Marion. Le « mince »
bras gauche s’élève sans force. Il ne se « tient » pas dans la verticalité et paraît
vidé de son sang. La tête, toutefois, a été mieux travaillée. Devant la figure finale,
sculptée dans du bois, on est frappé par sa singularité – sa verticalité. La tête se
tient à présent parfaitement dans la verticalité. Dans les têtes et visages des
Figures 3, 66, 12, une force singulière est perceptible.
27
Figure 27
28
Figure 24
29
Figure 29
30
Figure 30
31
Figure 23
32
Figure 50
33
Figure 3
34
Figure 66
35
Figure 12
36
PERCEPTION ACTIVE APPLIQUÉE AUX PRÉPARATIONS
BIODYNAMIQUES
37
Qu’est-ce qui transforme la bouse durant cette période défavorable à l’activité
biologique ?
En quoi cette bouse est-elle transsubstantiée ?
Quelle est la force à l’œuvre dans la « 500 » ?
Dans la chromatographie1 ci-dessous, la bouse de vache fraîche apparaît comme
une flamme naturelle, pleine de « vie ». Elle fait penser d’une certaine manière au
graphisme 5.
La deuxième chromatographie représente la préparation « 500 » testée de la
même manière. La partie supérieure, pleinement développée, de cette
chromatographie, montre une unité de mouvement et de forme semblable en force
à l’arceau 1.
L’expérience avec la méthode chromatographique enseigne que des formes d’une
telle puissance sont rares.
38
Bouse de vache fraîche 500
39
L’image 5 montre une verticalité, et des formes formatrices jusqu’en bas dans les
« ramifications » les plus fines. Dans l’image 6, cette finesse de trait est bien
moins « claire ». L’image 7 est la moins claire.
N° 6 N° 7
N° 5 Sol pulvérisé avec de l’eau de Sol pulvérisé avec préparation de
Sol pulvérisé avec de la 500 pluie bouse enfouie dans une boîte
N° 8 N° 10
N° 9
Lupins blancs Lupins blancs Lupins blancs
Semences ayant trempé dans Semences ayant trempé de l’eau Semences ayant trempé dans
préparation 500 de pluie préparation enfouie dans une
boîte
Planche II
40
Faisons une pause, pour considérer comment les sols productifs de notre Terre
ont été dégradés durant les vingtième et vingt-et-unième siècles, et comment des
poisons plus que douteux servent à produire de la nourriture. Peut-être que nous
devrions moins nous vanter, sur le plan scientifique, de ces résultats. Peut-être
conviendrait-il d’apprécier de nouveau nos ancêtres agriculteurs. N’étaient-ils pas
capables de préserver la fertilité naturelle des sols sur de longues périodes ? Dans
ce processus, une fertilisation équilibrée à l’aide de bouse de vache joua un rôle
important. Et l’ancien dicton germanique « Mistus (fumier de vache) ist Christos »
peut être entendu avec un peu plus de modestie.
5 Voir A. Podolinsky, Bio-Dynamics Agriculture of the Future (La biodynamie, agriculture du futur).
41
LES TESTS DE CRISTALLISATION EN MÉDECINE
42
N° 34 Foie (bovin) N° 35 Foie (bovin)
N° 36 N° 37 Hepatodoron N° 38
Concentration renforcée Carduus Image de sang avec forme de foie
marianus (fruit)
Planche VIII
43
2ᵉ PARTIE
LES FORCES ÉTHÉRIQUES
Le corps éthérique est invisible à la vue physique, bien qu’il soit proche du corps
physique. En fait, les deux sont en général intimement liés. Cela est utile dans le
travail professionnel : au médecin, au fermier, au professeur, à l’architecte, à ceux
qui ont essentiellement affaire à des entités vivantes et non à des particules
mortes. Le corps physique d’une entité vivante constitue alors une sorte de
support pour la Perception Active, comme ce fut le cas des écritures physiques
dans l’exercice de base sur les graphismes.
Il est fondamental de garder à l’esprit le changement méthodologique dans le
passage de la vision passive à la vision active. Par ailleurs, il faut prendre
conscience du fait que la Perception Active peut être considérablement
développée.
Dans la Perception Active, l’« intelligence », si elle est suffisamment éveillée,
peut souvent voir l’inattendu. Cela surprend toujours. Il était surprenant de voir les
diagonales tomber (comme un château de cartes), dans le graphisme 3, durant les
premiers exercices de base. Surprenant aussi « l’envol » dans le graphisme 8.
Devant tout nouvel objet, les « résultats antérieurs » obtenus avec un autre
objet ne sont d’aucune utilité. Une nouvelle élaboration est nécessaire. « L’éveil de
l’intelligence » (voir pages 20-21) sera examiné plus loin, quand nous aurons
progressé.
Si nous voulons vraiment nous intéresser au corps éthérique, il faut nous
demander de nouveau : de quoi se compose ce corps éthérique ?
Durant nos exercices en stage, je pose souvent une question préparatoire. De
quoi est fait le corps physique ?
Les premières réponses sont en général très « physiques » : « d’os, de peau et
de chair ». Je refuse la réponse : « d’atomes », dans la mesure où ils ne
constituent qu’une substance physique hypothétique. Après une pause, quelqu’un
parlera « d’eau ». De toute évidence, le corps n’existerait pas sans eau, sans
parler de la haute teneur en eau du corps. Parfois « l’air » aussi est mentionné – il
est certain que le corps ne pourrait pas du tout exister sans air. Quelques
participants mentionnent la « chaleur ». Même si on en a entendu parler ou si on a
lu à son sujet, elle entre difficilement dans notre conscience vivante personnelle
dans ce contexte. Rares sont ceux qui étaient « éveillés » de son apport pour
notre question.
44
Beaucoup de réponses se situent sur un « plan physique » élémentaire. Leur
notion du corps physique est plutôt matérialiste. Et peut-être en même temps,
aussi, idéaliste et hypothétique.
La substance physique est beaucoup plus riche de détails que tout autre type
de substance. Le corps physique se compose à égalité (en ce qui concerne
l’essentiel) de quatre éléments de base : la matière « physique », l’eau, l’air, la
chaleur. Ces quatre doivent être présents, sinon le métabolisme du corps physique
cesse de fonctionner. Et seule la « matière » morte du corps physique subsiste.
Dès l’instant où cette réalité est intégrée – à savoir que le corps physique est
fait non seulement de matière « physique » mais tout autant des substances
distinctes que sont l’eau, l’air et la chaleur ; dès cet instant, le participant a fait un
pas en avant. Cette expérience lui fait traverser une frontière essentielle – même
si c’est en général de manière inconsciente, quoiqu’en même temps aussi
vivifiante. Il est passé d’un matérialisme invétéré à l’existence terrestre véritable.
Un réalisme de ce type est un préalable à tout travail véritable avec l’éthérique.
S’il fait défaut, l’on n’a pas la capacité de différencier les substances physiques
des substances éthériques.
Si le physique est vu trop « physiquement », c’est-à-dire de façon matérialiste
– l’éducation ainsi que l’environnement induisent souvent en erreur – des erreurs
de jugement se produisent. La dimension rythmique de l’eau ou les mouvements
qui se produisent dans l’air peuvent être considérés comme « éthériques ».
Certes, l’eau physique est « mobile », et possède également un « métabolisme »
– mais cette mobilité est physique. Il suffit de considérer la puissance d’une vague
qui vous renverse sur la plage ; ou la force de l’air dans une tempête.
45
LIQUIDITÉ
Commençons par la deuxième des quatre substances éthériques, celle qui est la
plus proche de l’eau physique.
1ʳ étape : considérez une vague « brisante », déferlant sur une plage de sable
lisse. Les participants essaieront de la modeler dans de l’argile.
Cette forme de vague ne doit pas être trop « fermée ». Elle ne doit pas apparaître
fossilisée, mais devrait « tomber » vers le bas et vers l’avant. Ainsi sera montré le
poids de l’eau physique – bien que, de toute évidence, ce ne sera pas aussi
« immobile » que le coin physique d’une table (à laquelle ma cuisse peut se
heurter).
46
Étape suivante : modelage d’une « coquille-son ».
Elle peut être modelée de façon que la forme en coquille « demeure » dans
l’espace – comme un son – tout à l’opposé de la lourdeur d’une vague. La hauteur
de cette coquille-son doit être soigneusement proportionnée à la largeur de sa
base. Les deux doivent être en « résonance ».
De même, la surface de la coquille doit être régulière – sans creux ni bosses. Et
l’ensemble de la structure doit diminuer en épaisseur vers le haut et vers les bords
extérieurs. Une « tension » particulière doit être créée à l’intérieur de la coquille et
vers son bord.
De cette façon, la coquille-son « grandit » presque – vers le haut et les côtés.
Dans l’acte même de modeler, elle doit être « élevée » à partir de la motte de terre
initiale qui, au début, aura été fermement pressée contre la planche à modeler.
Pour qu’elle « monte » correctement, elle ne doit pas « tomber en arrière », ni
pencher vers l’avant.
Les coquilles-son trop « hautes » par rapport à leur base semblent « tomber ».
Et « creusées » trop profondément, elles « s’écroulent » sur elles-mêmes. La
« tension » y est insuffisante. Des similitudes avec une coquille-son apparaissent
dans l’image de la 500, page 39.
Des coquilles d’apparence « oppressée » ou en forme de « grottes basses » ne
montent pas du tout.
47
Une fois qu’une coquille-son appropriée a été montée, une nouvelle question se
pose : il y a là une force manifeste « d’élévation » de cette forme, mais que peut-
on remarquer d’autre ?
Durant une telle activité de modelage, un calme « tendu » règne dans la pièce.
Lentement, l’intensité d’un tel travail détend les participants. Ils sont capables de
quitter les réponses habituelles, induites par un matérialisme coutumier.
De nouveau, on se demande : quelle autre observation peut-on faire ?
Une réponse vient facilement : « le silence » de cette forme « sonne », bien qu’il
n’y ait rien à entendre, physiquement. La forme est silencieuse – et pourtant elle
sonne.
48
Ce même principe de liquidité peut s’éprouver de nombreuses manières
différentes en pratiquant le modelage.
Une autre forme facile à réaliser est celle d’une sorte de plante – simple ou
double.
Dans cet exercice, il est essentiel que la forme des forces formatrices de la
plante « pousse » réellement, en hauteur comme en largeur. Et que ce
mouvement se poursuive, même au-delà de la forme d’argile, bien que cette
dernière soit, bien sûr, physiquement « achevée et fixe ». (Voir illustrations ci-
dessus).
Puis une autre difficulté peut se présenter. On peut d’abord obtenir quelque chose
de l’ordre d’une croissance et d’une force formatrice – puis la perdre. Ce type de
problème est à l’opposé de celui de la « coquille-son ». Il se produit parce que la
« peau extérieure » de cette forme de plante est trop travaillée, « trop finement »
49
travaillée. Une telle peau risque d’étouffer, de plomber la force de vie et de
« paralyser » la puissance de croissance qui était encore manifeste un peu plus tôt
dans ce travail.
50
51
• Si la partie médiane qui les relie est trop « mince », ou si l’une des
extrémités de la goutte est trop « lourde », déséquilibrante, l’ensemble ne
fonctionne plus.
• Si les deux gouttes ainsi que la forme entière sont trop « droites »,
l’ensemble peut devenir un « os physique » et sera inefficace.
• Si les extrémités de la goutte pendent trop vers le bas, elles ressemblent à
des chaussettes remplies de sable. Elles sont trop lourdes – ce qui est contraire à
leur force de « suspension ».
52
EXEMPLES DU GOETHÉANUM
Une grande variété de telles formes de liquidité était à découvrir dans le premier
bâtiment du « Goethéanum », conçu par Rudolf Steiner, à Dornach.
Par exemple, la forme de double-goutte (image 50) au-dessus de la principale
ouverture intérieure de la double coupole. Permettez à votre œil, déjà un peu
exercé au travers de vos premiers modelages, de l’explorer. Cette forme semble
suspendue là, sans poids, et se déplacer vers ses extrémités (sans changer
physiquement) tout en étant solidement fixée dans le bois :
Image 50
53
Image 42
Ces images sont utiles dans les stages de modelage. Il est rare que les
participants ne parviennent pas, au bout de quelques séances, à modeler une
coquille-son ou une double goutte, etc. En tel cas – exceptionnel – un exercice de
fluidité avec l’image 41 ci-dessous peut aider. (Toutefois, aucune de ces images ne
sont montrées avant un travail de modelage sur le thème proposé. Il n’en
résulterait, en général, qu’une copie morte).
Image 41
54
Considérons la forme de l’image 41 – pour la présenter, on peut la dessiner dans
l’air d’un geste du bras ou de la main, comme ci-dessous :
Lorsqu’une telle forme sinuante est complète et s’étend sur une très longue
planche à modeler (cette forme n’agit qu’à grande échelle), on peut s’interroger sur
son début et sa fin, et l’on « découvre » qu’une telle forme-mouvement parle d’elle-
même et dit : « Je n’ai ni commencement, ni fin ». Elle convient tout à fait au
pourtour d’une colonne.
55
L’image 46 ci-dessous montre une variation de cette forme. Considérée en elle-
même, on peut y voir une force de pulsation rythmique, qui va au-delà de ce que
communique l’exemple de l’image 41.
Image 46
56
Dans l’image 44, nous avons une activité similaire – en une seule forme – qui
grandit vers le bas.
Image 44
Image 45
57
La liquidité ne peut se modeler que dans la forme du demi-relief. Ceci vaut même
pour le bourgeon de la plante archétypale qui se dresse sur la planche à modeler.
Une fois que cela a été compris, il n’est pas surprenant de découvrir que toutes les
diverses formes de liquidité du premier Goethéanum se présentent en demi-relief.
La liquidité – ou éther fluide – est une substance totalement différente de l’eau
physique.
La vapeur d’eau naturelle, ou une brume de la nature la plus subtile, ne sont que
de l’eau physique allégée. Elles sont plus « légères » que l’eau physique, mais pas
comparables, en réalité, à la force de suspension de la liquidité qui a été modelée
ici. De telles manifestations de nature fluide, allégée (brouillard dans les phares de
la voiture) ont une substance physique ténue, et leur « légèreté » peut plutôt être
comparée à celle du graphisme 8 – fines substances physiques, éparses dans le
vent. Elles ne contiennent pas de forces formatrices et n’obéissent pas aux lois
rigoureuses dont relèvent de telles forces éthériques.
Les lois rigoureuses qui régissent la liquidité de l’état liquide sont évidentes et ont
été évoquées lors des exercices de formation de la goutte et de la coquille-son. On
s’attendrait à trouver de telles lois en chimie, mais la chimie moderne est devenue
d’une part un nominalisme idéaliste, et d’autre part une ingénierie technologique
basée sur les « particules ».
58
Dans la Science de l’occulte, Rudolf Steiner décrit une époque ancienne de
l’évolution terrestre, un « stade d’Ancienne Lune »7. À cette époque, des formes
de liquidité apparurent momentanément, (comme provenant d’une mer totale),
puis disparurent de nouveau, mais seulement pour réapparaître sous une forme
différente.
Le modelage de la liquidité relève de cette loi de fugacité. Sans elle, les formes
modelées tombent dans la lourdeur.
L’expression « force formatrice » s’applique essentiellement à la liquidité. Parmi
les éthers, la liquidité est le sculpteur.
Dans la sculpture, il se produit quelque chose de l’ordre d’un versement de la
forme.
Considérez une forme effectivement sculptée ; une statue originale, en bois, pierre
ou argile. Notez sa « plénitude », c’est-à-dire une fluidité interne ; une
substantialité sonnante.
À l’opposé, considérez-en une copie exacte. Elle ne présente pas cette
substantialité. Une œuvre sculptée réelle paraît presque vivante – la force
formatrice en émane, comme sortant de son intérieur (tel le bourgeon d’une
plante). La copie, souvent « vide », semble « figée » – comme un homme à peau
gris-cendre. Le vide est évident, et l’on a envie de frapper des doigts contre la
peau de la coquille vide.
59
LIQUIDITÉ ET ACOUSTIQUE
60
ÉTHER DE LUMIÈRE
61
Des quatre éléments physiques, la chaleur physique est certainement le moins
« solide », le plus « fin ». Je peux heurter ma cuisse contre le coin solide de la
table. Avec de l’eau, cela ne pourrait pas arriver – mais une vague peut m’aplatir.
L’air est encore plus fin, mais dans une grande tempête, l’air revêt tout de même
une solidité inattendue. En revanche, on ne peut pas faire de la même manière
l’expérience de la chaleur physique (qui n’équivaut pas à « une brûlure »).
Pour autant, cela n’indique nullement que la chaleur physique serait plus proche
de la chaleur éthérique que l’eau physique ne l’est de la liquidité. La chaleur
physique nous parvient de l’extérieur et en tant que telle, est fixe. Le métabolisme
de notre corps peut produire de la chaleur, sous l’effet d’un apport extérieur de
nourriture et d’une combustion. Un tel processus nous fait nous sentir bien. Ou
bien nous pouvons, en étant assis près d’un feu en hiver, sentir venir la fatigue et
l’envie de dormir.
L’activité et le potentiel de la chaleur éthérique sont différents. Cette chaleur peut
être donnée par l’Être générateur sans avoir existé auparavant. Elle peut être
donnée et parvenir à une substantialité indépendante, qui peut encore s’accroître
par la suite. La chaleur éthérique est à ce point exempte de substance qu’elle n’a
pas besoin d’avoir préexisté, même en l’Être qui la génère. Elle ne lui
« appartient » pas. Et son être ne perd rien en transmettant de la chaleur. Cette
chaleur, préalablement inexistante, est générée par la puissance d’être de celui qui
l’active. La chaleur éthérique est bien trop immatérielle pour être modelée
directement. C’est pourquoi il n’y a pas de chapitre sur l’éther chaleur dans les
exercices entrepris dans le présent ouvrage. (Pour la même raison, le
questionnement important au début de ce chapitre aurait pu perdre en efficacité si
le titre choisi avait été « chaleur »).
Si nous pénétrons dans le domaine de la substance-espace de la chaleur
éthérique, nous nous trouvons dans la substance laissée par l’Être créateur
correspondant. Ce serait un état semblable à celui de l’Ancien Saturne, que Rudolf
Steiner décrit dans sa Science de l’Occulte.
Une création artistique, personnelle et originale, comme celle dont il est question
ici, passe par un processus similaire. Indépendamment de la manière dont elle ou
l’artiste paraissent, une telle activité de création n’est pas égoïste. Elle sert les
nécessités profondes d’une époque. Bien que l’artiste puisse ne pas en avoir
conscience, un tel service rendu aux besoins d’une époque repose sur la capacité
de don de la chaleur éthérique. Cette dernière est suffisamment immatérielle pour
que le créé soit objectif, et indépendant de l’ego de l’artiste. Quel que soit le rôle
que l’impulsion spirituelle puisse jouer dans un tel évènement, un processus
62
passant par la matière doit avoir lieu – tout comme ce fut le cas pour la Création.
Et nous retrouvons ici notre thème.
L’éther de chaleur ne peut pas être modelé isolément, mais peut agir sur nous en
tant que efficience « invisible » – par exemple dans tout l’arrière-plan de l’espace
de la coupole du premier Goethéanum. C’est seulement par un modelage avancé,
centré sur un objet nécessaire, que l’éther de chaleur peut se manifester. Un
architecte peut trouver une telle possibilité dans, par exemple, la conception d’une
salle particulière. La substantialité de l’éther de chaleur de l’Ancien Saturne
nécessitait, comme toute substance, la possibilité d’un plus ample développement.
Elle ne peut se figer et doit se métamorphoser.
Observez un tel « développement » dans un phénomène de la Nature. En été en
Sibérie, sur la plus grande étendue de terre au monde, il peut régner dans l’air une
sécheresse extrême en même temps qu’une chaleur toute estivale. Cela peut
arriver à un point tel que la situation nécessite un développement. Cela peut
aboutir finalement à une décharge de l’énergie concentrée sous la forme d’éclairs
dans un ciel bleu.
Une telle décharge n’était pas possible dans les conditions de l’Ancien Saturne.
Mais il y avait une issue : la chaleur éthérique pouvait se cristalliser
« graduellement ».
Une atmosphère chaude, active, turbulente, tel un mirage dans le désert, peut se
densifier, et des plans singuliers cristallisés se former. Les limites extérieures des
surfaces de ces plans paraissent plus densifiées (comme des vitres). Ces plans
peuvent aussi se manifester sous forme de lignes cristallines. Ils sont dans une
relation particulière les uns par rapport aux autres, mais sans en fait se toucher.
Cette relation – semblable à un plan de surface – peut se modeler dans de l’argile.
(Pour un tel modelage, il faut se munir d’un couteau plat et aiguisé.) Ceci est plus
difficile à réaliser que de modeler la liquidité. Il faut du courage pour modeler les
contrastes de surfaces inattendus, originaux, surprenants, et souvent abrupts de
l’éther de lumière. Il est difficile de trouver les contrastes nécessaires. La tiède
médiocrité de l’éducation conventionnelle et de l’influence culturelle nous a
conditionnés à des conformités prévisibles. De même que la liquidité trouve un
parallèle dans l’eau physique, de même l’éther de lumière est en rapport avec la
lumière physique.
La lumière physique permet à nos yeux de voir des objets physiques. Au-delà, la
lumière physique n’a pas de capacité réelle à manifester la forme.
63
VERS LE MODELAGE DE L’ÉTHER DE LUMIÈRE
Dans mes cours de modelage, je commence par montrer les surfaces de lumière
par des gestes de mes mains.
Cela n’est bien sûr pas possible au moyen de l’écrit. Il faut donc donner diverses
descriptions.
Au lieu de mettre en évidence des surfaces par le mouvement des mains, nous
pouvons dessiner des lignes contrastées. (Voir page 65).
L’exemple 1 montre un contraste de l’éther de lumière. L’exemple 2 est beaucoup
plus conventionnel. L’exemple 3 montre de nouveau un contraste.
Au début, il est difficile de se libérer des angles conventionnels, habituels ; en
voulant modifier un plan conventionnel, on en coupe souvent un autre tout aussi
inintéressant. On peut ainsi s’enferrer dans un processus de négation et perdre la
nouveauté de vue. Patience et courage.
Lorsque le contraste dynamique est enfin obtenu à l’aide de deux surfaces ou
davantage, on ressent un effet qu’on peut qualifier de libérateur. Comme si on
s’était libéré d’un joug.
Dans l’ancien stade de développement de la Terre, correspondant au stade de
l’éther de chaleur, des surfaces de contraste d’éther de lumière se sont lentement
formées. Puis une autre métamorphose s’est produite. Entre deux ou plusieurs de
ces surfaces de contraste, une zone d’intensité se développe, qui n’existe pas en
dehors de ces surfaces en relation.
La substance d’éther de chaleur présente de manière générale s’intensifie entre
ces surfaces en relation. De sorte qu’il se produit graduellement une sorte de
densification, de « précipitation », une métamorphose vers la liquidité.
64
En s’exerçant au moyen du modelage, des surfaces d’éther de lumière peuvent
être amenées sur la liquidité plus substantielle, plus « solide ». Ainsi, une goutte
ou une double goutte peut par exemple servir de base. Il est essentiel – et en
accord avec le développement initial – que les surfaces « flottent » pour ainsi dire
vers leur base et s’y « adaptent parfaitement » avec légèreté.
65
Le mieux est de commencer sur une goutte, en essayant de créer seulement une
telle surface. Essayez avec une double goutte.
Prenez votre couteau et tranchez une fois, dans la masse… un plan… un plan
« impertinent » qui contraste fortement avec le plan horizontal matérialisé par la
planche à modeler, sur la table. Évitez de reproduire les rapports conventionnels.
Puis coupez une deuxième surface – en contraste dynamique avec la première.
Elle devrait être orientée « en opposition » à la fois à la norme de la verticalité et à
la première surface.
Si la première surface a été découpée sur une double goutte, le mieux est alors
souvent de couper la deuxième surface à l’autre extrémité de la double goutte.
C’est seulement par un gros effort de concentration qu’on peut trouver une
troisième surface appropriée. Ensuite, lors des premiers exercices, il devient de
plus en plus difficile de trouver d’autres surfaces en contraste. On a tendance à
tomber dans une régularité monotone, conventionnelle, ou à être influencé par des
corps platoniciens géométriques. Le caractère conventionnel est manifeste dans
les « formes plaisantes ». On a le sentiment que cela doit « faire joli », ce qui ne
conduit souvent qu’à une « égalisation » ou à un « équilibrage ». À notre insu, on
peut être influencé par notre culture, et s’en tenir à des qualités, disons, baroques.
66
Certains participants trouvent presque impossible d’échapper aux plans
« conventionnels ». En pareil cas, il faut recommencer, mais sans partir de la
liquidité. Pas de goutte. Prenez juste une motte d’argile, pressez-la un peu vers le
haut, puis ajoutez les surfaces contrastantes (en ajoutant une par une des
surfaces supplémentaires à la motte initiale – voir Figure A).
67
Considérez la figure B. Elle est trop « martelée ». Beaucoup de petites surfaces
inessentielles. Pas de force de contraste. Pas de relation avec l’éther de lumière.
L’effet « coin dégagé » est évident – une tentative pour obtenir un équilibre
agréable.
Figure B
68
Figure C1
Figure C2
Des travaux d’élèves sont utilisés dans cette partie sur l’éther de lumière – des
pièces nées de la problématique d’une classe. Des objets trop parfaits ne feraient
qu’influencer et favoriser un copiage stérile en raison de la forte tendance de
l’éther de lumière à créer de la forme. Avec la liquidité, par exemple, le modèle
relativement parfait de la coquille-son ne peut être copié de manière stérile étant
donné la nature de la liquidité.
69
Il est rare, dans des exercices de modelage, que toute la surface d’une forme
basique de liquidité puisse être « revêtue » d’éther de lumière. D’ailleurs, ce n’est
absolument pas nécessaire.
Mais cela peut se produire plus facilement avec un double bourgeon de plante
archétypale. Ce dernier peut être « revêtu » de telle manière que la poussée des
forces formatrices intérieures de liquidité vers le haut et vers l’extérieur soit accrue
par les surfaces « structurelles » inférieures. Simultanément, les surfaces
supérieures d’éther de lumière sont placées « en flottant » par-dessus la forme de
liquidité initiale, ainsi que sur les surfaces structurelles de support. Voir figure D.
Figure D
70
Certains débutants s’enferment dans des formes cristallines. Des imitations de
cristal « surgissent » à la place de surfaces contrastantes d’éther de lumière
« flottant vers le bas ». Il est bon de faire l’expérience de la qualité figée,
emprisonnante, d’un exemple de forme cristalline (voir figure E). Ici, les surfaces
supérieures sont davantage un produit des surfaces inférieures.
Figure E
71
Figure 45 : regardez la partie supérieure de la goutte qui tend vers le haut. De
même, voyez, dans les figures 46 et 54, la forme la plus pure d’éther de lumière.
Voir aussi figure 29. (Voir pages suivantes).
Figure 45
Figure 46
72
Figures 54,55,56
73
Figure 28
Figure 29
74
La force de l’éther de lumière a été représentée graphiquement sous une forme
triangulaire par Wachsmut8.
Triangle a Triangle b
Un triangle tel que (a) est manifestement statique. L’éther de lumière est mieux
mis en évidence en (b). Aussi régulier que puisse être le tracé du triangle (b), il
n’en est pas statique pour autant. Les petites impulsions en pointes de flèches font
« tourner » le regard tout autour du triangle. Il en va ainsi lorsqu’on préserve la
puissance formatrice de l’éther de lumière. Elle est suffisamment forte pour briser
la morne monotonie de la page imprimée.
Comme il était moins cher de changer de moule de mur tous les douze étages que
de réparer les anciens moules, je fus autorisé à utiliser deux formats différents.
Les possibilités de conception se limitaient donc à des multiples de rectangles.
8 Wachsmut, The Etheric Formatrice Forces in Cosmos, Earth and Man (Les forces formatrices éthériques dans le Cosmos, sur
Terre et en l’Homme).
75
Aussi ai-je utilisé la force-forme vivante triangulaire de l’éther de lumière. La
conception de l’immeuble était celle d’une répétition de triangles – en contraste
avec les fenêtres oblongues et les élévations rectangulaires. Structurellement, la
façade est autoporteuse. Il n’est pas nécessaire de l’adosser à une armature en
acier.
76
77
78
79
80
81
82
ÉTHER DE VIE
Nous avons commencé par modeler la liquidité parce que cette force formatrice en
offre plus facilement la possibilité. Par le travail sur la liquidité, l’éther de lumière a
été rendu visible. Et ces deux, ensemble, ont permis d’énoncer des considérations
sur l’éther de chaleur en arrière-plan. L’expérience du « sculpteur éthérique »
(liquidité) et du pouvoir formateur de l’éther de lumière peuvent également aider à
la manifestation de l’éther de vie. L’attention a été dirigée sur la richesse et la
variété sans pareille qui existent dans le règne physique. L’éther de vie témoigne
également d’une telle richesse. En cela, il reflète le physique et peut être
considéré comme en constituant une base. Cet éther pourrait également être
appelé « éther de finalité ».
L’éther de vie n’est rendu perceptible que lorsque le modelage va plus loin que le
stade de l’exercice – lorsqu’il sert un dessein indépendant et essentiel.
L’architecte, par exemple, peut l’utiliser lorsqu’il est sollicité pour concevoir un
édifice particulier. Il étudie tout d’abord les spécifications spatiales du lieu, et à
partir de celles-ci, les dimensions et besoins en réseaux correspondants, etc.
L’ampleur totale du projet devient bientôt perceptible. À ce stade, il pourrait
dessiner avec soin un plan qui réponde à ces spécifications – et construire une
maquette. Toutefois, cette approche ne conduit pas à la conception d’un bâtiment
vivant, d’une entité complète.
83
Après davantage d’effort concentré, la réalité du bâtiment recherché émergera
plus clairement ; il évaluera soigneusement l’espace et trouvera le bon
emplacement pour chacune des spécifications initiales. Un tel processus implique
plus que le mental de l’architecte, plus que l’implication du cerveau; cela va plus
loin que le plan des idéaux. C’est une création substantielle – une création de
substance. De quelle substance ?
84
Figure F
85
Pour la vivification de ce cube, tous les éthers ont apporté leur soutien actif :
On peut découvrir l’effet des éthers de chaleur et de vie en voyant comment même
une forme aussi morte que celle d’un cube monotone peut être amenée à la vie.
La verticalité surprenante de ce cube total contient quelque chose de la puissance
d’une double lemniscate – similaire à la puissance de l’Ego.
86
CONCLUSION
Rudolf Steiner disait : « Lorsque vous regardez un âne, votre corps éthérique
devient un âne ». Le corps éthérique est engagé dans l’activité du voir. De la
substance éthérique est utilisée.
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