Synthese - Crise de 29

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1.

SYNTHESE : LA CRISE DE 29

Cette crise, qui toucha l'ensemble de la planète à l'exception de l'U.R.S.S., sembla


démontrer l'échec voire l'écroulement prophétisé par Marx du système capitaliste. Elle
prélude aussi dramatiquement à la guerre.
1.1. LA CRISE BOURSIÈRE
La crise de '29 s'amorça suite à une crise boursière catastrophique due elle-
même pour une large part à l'ampleur des mouvements spéculatifs.
1.1.1. La spéculation
Depuis la fin de la guerre, le cours des actions monte de façon
spectaculaire pour chuter brutalement à partir d'octobre 1929. Cette
hausse généralisée a pour cause première la bonne santé de
l'économie américaine et, pour cette partie, repose sur des bases
saines. Mais, à cette tendance normale, s'ajoutent des achats massifs
d'actions à caractère purement spéculatif. En effet, dans un marché
haussier, l'acheteur peut espérer une montée rapide du cours de
l'action pour la revendre ensuite avec un important bénéfice. Or, ces
mouvements spéculatifs sont à quatre cinquièmes financés par des
crédits bancaires. En outre, les entreprises investissent une part de
plus en plus grande de leurs fonds propres en bourse. Ainsi de 25 %
en 1924 on est passé à 78 % en 1929. C'est dans ce contexte
euphorique que survient le krach d'octobre.
1.1.2. Le krach de Wall Street
Le "jeudi noir" du 24 octobre 1929, 16,5 millions de titres à la
vente restent sans trouver d'acheteurs. À partir de ce moment, la
bourse chute de manière soudaine et quasi ininterrompue jusqu'en
1932 pour atteindre des cours inférieurs à ceux de 1913. La baisse
brutale de Wall Street avait pourtant été annoncée par des
mouvements comparables, bien que de moindre ampleur, dans
plusieurs pays européens dès 1927. Elle était en outre prévisible
dans la mesure où les actions étaient très largement surévaluées par
rapport aux résultats réels des entreprises américaines et où le
rendement de l'action, c'est-à-dire le rapport entre le capital investi
et le dividende perçu, devenait de moins en moins intéressant.
1.1.3. Les réactions en chaîne
Le krach prit rapidement de l'ampleur par un effet boule de neige.
En effet, puisque la spéculation était basée sur le crédit, la chute des
cours entraîna le retrait des lignes de crédits en provenance des
banques et leur volonté de récupérer rapidement leurs créances. Les
spéculateurs doivent donc vendre des actions pour rembourser leurs
dettes, ce qui accélère encore le mouvement amorcé fin octobre. À
ce stade, la crise ne touche encore que le monde boursier, mais, très
vite, c'est toute l'économie américaine et mondiale qui sera frappée.
1.2. LA CRISE ÉCONOMIQUE
1.2.1. De la crise boursière à la crise économique
La cessation des crédits bancaires atteint immédiatement les
entreprises dont les possibilités d'investissements se virent limitées.

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Plus grave, de nombreuses firmes américaines qui jouaient leurs
fonds en bourse ont perdu énormément d'argent suite au krach et
sont acculées à la faillite. Dès lors, le mécanisme fatal est
enclenché.
1.2.2. L'effet boule de neige
Les faillites engendrent un chômage important qui a pour
conséquence une baisse généralisée du pouvoir d'achat. Cette baisse
touche bien sûr directement les chômeurs qui, à l'époque, ne sont
pas socialement couverts, mais aussi l'ensemble de la population car
les salaires, qui varient en fonction de l'offre d'emploi inexistante et
de la très forte demande, enregistrent également une baisse
importante. Un pouvoir d'achat raboté ne permet plus de soutenir la
demande, ce qui entraîne un nombre de faillites supplémentaire et
donc de nouveaux chômeurs.
Autre effet indirect de la diminution de la demande, les
entreprises doivent baisser leur prix de vente pour rester
concurrentielles. Les salaires baissant moins vite que les prix, les
bénéfices sont diminués d'autant, ce qui engendre de nouvelles
faillites et une baisse de la production industrielle.
On le voit, la crise s'auto-allimente et rien ne semble pouvoir la
stopper. Plus grave, elle se propage à l'ensemble de la planète.
1.3. LA MONDIALISATION DE LA CRISE
La prépondérance économique des États-Unis explique aisément la
propagation de la crise pour des raisons à la fois commerciales et financières.
1.3.1. Les facteurs commerciaux
Les U.S.A. assurent en 1929 environ 40 % de la production
mondiale et représentent un marché énorme. La baisse des prix
américains oblige leurs concurrents à suivre le mouvement pour
rester compétitifs, ce qui diminue leur marge bénéficiaire et
engendre faillites et chômage. De plus, le marché intérieur U.S. se
ferme progressivement aux importations pour tenter de protéger ses
industries en déroute. Cette évolution touche de plein fouet les
entreprises européennes tournées vers l'exportation y entraînant de
nouvelles faillites.
1.3.2. Les facteurs financiers
Les U.S.A. sont devenus après la guerre les principaux bailleurs
de fonds de l'Europe. En outre, le dollar apparaît au sortir de la
guerre comme la seule monnaie stable, car les Américains ont
maîtrisé leur inflation et sont les seuls à avoir pu conserver la
convertibilité de leur monnaie en or grâce à l'accroissement de leur
réserve aurifère au cours de la guerre. Pour contrer la dépréciation
monétaire de l'après-guerre, les capitaux européens se sont donc
tournés vers le refuge du dollar et s'investissent massivement aux
États-Unis. L'Europe est donc doublement vulnérable puiqu'elle
dépend des crédits américains et qu'elle a lié son sort à la prospérité
U.S. Aussi, dès le début de la crise, les Européens perdent beaucoup
d'argent aux U.S.A. et se voient réclamer le remboursement des
prêts consentis. La crise se propage ainsi très rapidement au reste du
monde.
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1.4. LA RÉPONSE À LA CRISE : L'INTERVENTIONNISME D'ÉTAT
1.4.1. L'arrivée de Roosevelt au pouvoir
Franklin Delano Roosevelt, le candidat démocrate, est élu en
1932 à la Présidence (il le sera encore à deux reprises) et prend ses
fonctions en mars 1933. Dès son accession au pouvoir, Roosevelt
rompt avec la tradition américaine de non-interventionnisme de
l'État dans l'économie et propose au pays un New Deal, c'est-à-dire
une nouvelle donne, un nouveau contrat.
1.4.2. Le New Deal
Il s'agit de mesures souvent ponctuelles réparties sur plusieurs
années et non d'une politique prédéterminée. L'équipe du Président
prend plusieurs séries de décisions.
réduction de la production
Roosevelt espère faire remonter les prix par la limitation de
l'offre, ce qui rétablirait la marge bénéficiaire des entreprises. Pour
ce faire, l'administration fédérale encourage la signature d'accords
industriels organisant la répartition de la production entre les
principales entreprises. Dans l'agriculture, l'État octroie des
subventions en contrepartie de la destruction des stocks et de
l'abandon des cultures.

mesures inflatoires
Au prix d'un déficit budgétaire qu'il espère modéré, Roosevelt
parie ici sur une augmentation de la demande suscitée par
l'injection d'argent frais dans l'économie nationale. Plusieurs
moyens doivent permettre ce résultat.
le salaire minimum garanti
vise à augmenter le pouvoir d'achat de la population et donc
à relancer la demande
la réduction du temps de travail
doit diminuer le chômage, permettre une meilleure
répartition du travail, donc, relancer la demande
la politique de grands travaux
Par la réalisation d'aménagements importants tels la
construction de routes, de ponts, de logements ou des travaux
d'électrification, l'État réamorce la machine économique.

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1.4.3. Les résultats
les mesures de contrôle de la production
Ces mesures aboutissent à l'échec le plus total. En effet, des
firmes importantes, par exemple Ford dans l'automobile, ne signent
pas les accords et en profitent pour augmenter leur production.
les mesures inflatoires
Elles eurent plus de succès. Ainsi, la production industrielle qui
avait chuté en 1932 au tiers des chiffres de 1929 a repris son
souffle en 1937 (indice 92 par rapport à 1929). Parallèlement, le
chômage qui avait touché jusqu'à 25,2 % de la population active en
1933 (pour 3,2 % en 1929) diminue lentement pour atteindre les
13,8 % en 1937. Le New Deal a donc eu incontestablement des
effets bénéfiques, mais au prix d'un déficit permanent du budget
fédéral. Cette amélioration dépend donc pour une large part de
l'intervention de l'État. Dès que celui-ci diminue ses dépenses
(1937), on assiste dans l'année qui suit à une remontée
spectaculaire du chômage (+ 4,9 %). La reprise est donc loin d'être
complète et ce n'est qu'avec le déclenchement de la guerre que les
États-Unis retrouveront leur prospérité perdue. Quant aux
économies européennes, bien que stimulées par la reprise
américaine et des mesures comparables au New Deal rooseveltien,
elles s'effondreront dans la tourmente de la guerre.
1.5. LES CONSÉQUENCES DE LA CRISE
Au-delà des drames humains provoqués par la crise (chômage, misère, suicides, etc...),
la grande dépression sembla apporter la preuve de l'échec du système capitaliste prédit
par Marx. Les démocraties libérales, qui ne parviennent pas, au début des années
trente, à trouver les réponses adéquates aux problèmes sociaux et économiques, sont
d'autant plus gravement affaiblies qu'elles doivent affronter à gauche et à droite les
"modèles" communiste et fascistes. La crise contribua ainsi fortement à l'avènement
de systèmes autoritaires ou totalitaires au Japon, en Europe et tout particulièrement en
Allemagne avec les conséquences tragiques que l'on sait.

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