LGC - Presentation
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Vue du dehors
Ceux qui se situaient en dehors de la zone au moment de sa création ont été préservés des effets de
distorsion spatio-temporelle – par conséquent, ils ne sont pas témoins de l’évolution des phénomènes
à l’intérieur. Ils n’y voient qu’un mur translucide et épais, comme fait à partir d’une lumière ondulante
et visqueuse, qui définit le périmètre original. La Thébaïde est inaccessible de l’extérieur, car cette
barrière est d’un froid glacial qui brûle gravement ceux qui daignent s’y approcher. Il est possible de
distinguer les formes des villes à l’intérieur, mais il n’y a vraisemblablement aucune trace de vie.
Vue du dedans
Un phénomène singulier se produit pour ceux qui se trouvaient à l’intérieur au moment de la première
Torsion (la création de la Thébaïde). En effet, pour les nouveaux habitants de ce microcosme, il n’y
a aucune barrière comme celle que l’on voit du dehors : au contraire, leur nouvelle demeure est
vraisemblablement dotée d’un espace infini, qui dépasse largement ses frontières originales.
Cependant, bien que l’espace qu’ils ont à parcourir soit vraiment infini, il n’y a pas une variété infinie
des lieux dans cet espace : les frontières originales sont toujours présentes, mais à chaque pas que
l’on fait pour s’y approcher, l’espace se tord et s’allonge afin d’éloigner les barrières : il est donc
impossible d’atteindre la limite originale de la Thébaïde.
Figure
3: Tableau d'équivalence entre la distance qui aurait été parcourue en réalité (axe des abscisses, en km) contre la
distance que l'on traverse dans la Thébaïde (axe des ordonnées, en km).
Figure 4: Superposition des aires de distorsion sur la zone originale.
Cette distorsion se divise selon quatre aires principales, en fonction de la gravité de ses effets, selon
quatre catégories, nommées d’a à d. Les distances sont décrites dans la distance que l’on parcourt à
l’intérieur de la Thébaïde (cf. tableau de concordance).
• Zone A (de 0 à 15km) – Aucune distorsion visible. A part le réarrangement régulier de la ville
de Montpellier, il n’y a aucun changement dans les paysages environnants, qui restent plus ou
moins abandonnés. Il s’agit de la zone la plus peuplée, étant habitée par la plupart des êtres
créent par la redistribution carnavalesque des rôles identitaires par Daphnis.
• Zone B (de 15 à 210km) – Répétition de portions de terrain, avec peu de distorsion. Des
anneaux d’environ 7,5km d’épaisseur se répètent périodiquement, étant des copies presque
parfaites les unes des autres. Partiellement habitée par des nomades et les parias de la ville
principale ; la distorsion agit sur leur corps et sur leurs esprits.
• Zone C (de 210 à 600km) – Distorsion grave et évidente, des petits bouts de terrain s’allongent
en prairies et les paysages prennent une ampleur colossale. Cela prend des heures à pied pour
traverser l’étendue d’un galet. Seules les créatures les plus difformes et les plus étrangères à
la vie humaine peuvent y habiter, et elles sont habituellement dotées de proportions
gigantesques.
• Zone D (600km et au-delà) – Le terrain devient presque intraversable à la suite d’une tortion
extrême. Le plus souvent, lorsqu’on arrive à ce stade, il n’y a plus rien à explorer, car le monde
tout entier devient une plaine monotone et fixe au-delà d’un point donné. Aucun être vivant
ne peut vivre dans cette Asphodèle, cette infinité vidée de son contenu.
La ville de Montpellier
Montpellier devient la capitale et seule ville légitime dans toute la Thébaïde. Par conséquent, elle est
peuplée de bout en bout par ses anciens habitants, qui ont été rendus difformes et méconnaissables en
corps et en esprit par l’instauration répétée du Grand Carnaval. Ceux-ci peinent parfois à naviguer les
rues tournoyantes de la ville, convertie en un labyrinthe gigantesque et dont les rues et les quartiers
se disloquent et se réorganisent sans cesse, dans un mouvement tectonique et dédaléen. Cela a pour
effet de décourager une quelconque entrée dans la ville (car celui qui essaye de passer vers le centre
sera repoussé en dehors par l’agencement des rues) et d’en empêcher la sortie. Les Montpelliérains
sont donc piégés, au deça de la ville et au-delà, et ce sans s’en rendre compte : car aucune tentative
d’échappatoire n’a été faite depuis le premier Carnaval.
Cependant, il est possible de naviguer correctement dans la ville si l’on possède certaines
connaissances techniques : bien qu’elle paraisse aléatoire, le croulement labyrinthique des rues suit
une logique interne confuse mais stricte. Quelques individus rares et exceptionnels peuvent ainsi
prévoir la suite des agencements, et connaître les endroits donnés, et à quel instant précis s’y rendre,
afin de sortir des limites de la ville ou bien d’y retourner. Les six chevaux blancs qui traînent un long
araire en bois sur le béton de la ville sont habitués à de tels déplacements, et peuvent aider certains
citoyens pour le prix de la sciure dont ils ont tant besoin. Il est également possible d’esquiver le
labyrinthe en volant au-dessus de ses limites, mais peu d’habitants naturels en sont capables.
La délimitation de la Thébaïde commence en 202X lorsque deux esprits jumelles, nommées Daphnis
et Léonore, usurpent les pouvoirs de création réservés aux Théosides (équivalents des anges dans cet
univers). Daphnis surtout est envahie par une jalousie farouche envers cette capacité, et prétend
pouvoir créer son propre monde rien qu’avec ses propres forces. Cependant, elle ne possède pas le
stock inépuisable d’énergie dont sont dotés les Théosides, étant ainsi dépourvue, malgré elle, du
pouvoir de créer de la matière ex nihilo ; tous ses efforts de création doivent alors passer par la
corruption et la réappropriation d’éléments existants.
Elle exerce son influence dans la ville de Montpellier, où elle met en œuvre le processus du Grand
Carnaval – il s’agit d’une fête reprenant les motifs visuels et les procédés d’un carnaval, mais qui a
un effet dévastateur sur l’identité de l’individu, car celle-ci est remplacée par un nouveau rôle qui
change progressivement les attributs physiques et mentaux des personnes concernées. Par exemple,
les six chevaux laboureurs cités ci-dessus, au moment de leur prise de ce rôle, perdent leur apparence
humaine et ont leur structure osseuse déformée afin de correspondre, tant bien que mal, à celle d’un
cheval. Il perdra ensuite cette forme au prochain carnaval pour reprendre celle d’un cerf, ou d’un
vendeur de cloches, ou d’un diable, ou d’un fou. Cette réassignation des rôles se répété chaque année,
au cours d’une semaine environ au début de février. Au moment de l’intrigue du roman, plus d’une
centaine de répétitions du Grand Carnaval ont déjà eu lieu.
A force de répéter ce cycle d’innombrables fois, la ville de Montpellier s’est progressivement érodée
en ruines éparses. Certains bâtiments historiques ont été miraculeusement préservés de l’écoulement
des rues et du festin des carnavaliers, comme la faculté de médecine, l’église néo-gothique Saint
Roch, ou la médiathèque Émile Zola ; presque rien qui ait été bâti après le XXe siècle n’a survécu à
ces changements radicaux et soutenus. La métropole est à présent méconnaissable si ce n’est pour
lesdits monuments et pour les chantiers de travaux qui si manifestent encore, et ce très farouchement.
Les lignes de tram et les voies ferrées sont complètement inutilisables depuis longtemps, rompues par
le disloquement incessant des blocs de la ville ; de toute façon, les citoyens de la Thébaïde n’y prêtent
aucun intérêt, préférant sauter par-dessus les collines de fer et de brut pour mener leurs vies chaotiques
et soigneusement réglées.
→ Faculté de médecine
Daphnis, satisfaite de son travail, s’établit en tant que reine ou déesse à l’Opéra Comédie et gère de
façon détachée les affaires de son monde. La plupart du temps, elle s’amuse à son bon gré, et ses
divertissements tournent le plus souvent à la débauche ; ses terribles plaisirs et ses affreuses douceurs
retentissent dans les rues et dans les cœurs de ses sujets, à leur grande horreur et envie. Léonore, quant
à elle, discrète, muette depuis le début de l’histoire, hante la cour du théâtre et l’intérieur des bâtiments
préservés, sans mot dire et sans un bruit. Sa présence inspire le malaise à ceux qui la voient, mais son
absence se fait plus palpable encore : car chacune de ses longues disparitions invoque un désastre,
souvent mortel, dans la Thébaïde, que ce soit dans la ville même ou dans un coin reculé de son étendue
infinie.
II – Personnages
Son caractère
Limites et vulnérabilités
Cette puissance extraordinaire reflète le caractère surhumain des Théosides, quelle que soit leur
forme ; cependant, ils ne peuvent pas transposer leur force infinie sur une forme physique et bornée,
et sont donc contraints par de nombreuses limites lors de leur passage sur Terre.
La plus importante d’entre-elles est la limite qui s’impose sur leurs capacités corporelles, car leur
stock inépuisable d’énergie céleste ne peut pas être directement prélevé par une quelconque source
physique. Les Théosides doivent donc se contenter de leur source interne d’énergie, qui contient
l’ensemble de leur être (l’âme englobant leur personnalité et leurs mémoires), mais qui est limitée
puisque ancrée sur Terre, bien qu’elle soit tout de même extraordinairement puissante. Chacune de
leurs actions (que ce soit la locomotion du corps, le combat, l’aspergement de sang, la création
d’objets ou d’armes etc.) consomme une certaine portion de cette énergie vitale : si elle s’épuisait
jusqu’à un certain point, ils sentiraient les symptômes d’une fatigue extrême qui les empêcheraient,
dans un cas normal, de s’exténuer encore. Mais ceci n’est qu’une mesure de sécurité, car si jamais
leur source interne se dessèche complètement, ils mourront sur Terre, et même leur essence céleste
serait détruite, sans possibilité de rejoindre les siens ni de se réincarner à nouveau ; ainsi, chaque
Théoside qui se présente sur Terre prends le risque d’être complètement anéanti par la perte de son
essence-même.
De même, la création d’objets dont sont capables les Théosides est limitée par la quantité de fibres
qu’il reste à tisser. En effet, lors du tissage d’un vêtement, d’une chaise ou d’une hallebarde, les
cheveux se consomment proportionnellement à la taille de l’objet en question et de sa rigidité, et ils
peuvent l’être jusqu’à ce qu’il n’en reste que les bouts de fil autour du crâne. En effet, chaque objet
créé d’une telle manière comporte l’essence de l’artisan qui le créa, car celui-ci puise directement
dans sa source d’énergie interne. Néanmoins, les fibres repoussent à une grande vitesse, et un
Théoside peut retrouver sa chevelure complète au bout de quelques jours seulement, sauf lorsqu’il se
retrouve dans un état d’épuisement. Ainsi, la reconstitution de ses fibres énergétiques est assujettie à
l’état de fatigue de son utilisateur.
La fatigue ou l’exténuation chez les Théosides se traduisent principalement par une décoloration des
yeux et de la bouche (qui sont en réalité des fentes qui laissent passer la lumière de l’énergie interne)
ainsi que des cheveux (qui sont, comme nous l’avons vu, des extensions fibreuses de cette même
source) ; ceux-ci passent alors d’un blanc scintillant et pur à un gris mat et poudreux. Cet effet se
traduit même dans les objets tissés à partir des sources épuisées, car ils sont toujours imbibés de
l’essence de leur créateur. Ces créations perdent alors leur luminosité et la netteté de leurs détails (s’il
y en a), et même leur efficacité s’amenuise pendant aussi longtemps que la fatigue persiste. Par
exemple, si Vera tisse une épée à deux tranchants, brillante et aiguisée à blanc, à partir de son essence,
alors celle-ci lui sera liée même si elle était maniée par un autre ; lors d’un épisode de fatigue extrême,
cette arme perdrait son éclat et s’émousserait jusqu’à la rendre presque inutilisable, mais elle
retrouverait son tranchant en même temps que Vera reprendrait ses forces. Cependant, lors de la mort
d’un Théoside, toutes ses créations s’effondrent et se pulvérisent en du sable noirâtre, de la même
couleur que ses cheveux desséchés et de ses yeux vidés de leur contenu.
Un Théoside reprendra naturellement ses forces au bout d’une période de sept heures environ, si ce
premier ne fait rien de plus exténuant que de lire ou de discuter pendant ce temps. Il ne « dormira »
pas pour autant, car il lui suffit de maintenir une période d’inactivité pour que sa chevelure reprenne
sa coloration et qu’il retrouve sa vigueur.
Notons néanmoins que leur plus grande vulnérabilité reste celle face aux armes tissées par eux ou par
d’autres Théosides. En effet, toute arme qui ait été créé à partir de leur essence interne est létale et
venimeuse pour ceux de leur propre espèce. Face à un glaive humain, construit en fer solide, ils ne
courent presque aucun risque grâce à la rigidité de leur peau minérale ; cependant, ils seront toujours
en danger contre la plus petite dague Théosidienne, car ses coups auraient sur eux le même effet qu’un
poignard en acier aurait sur de la chair humaine. De plus, lorsqu’il s’agit d’une arme tissée par un
autre que soi, une quelconque perforation de la peau aurait l’effet supplémentaire et néfaste d’un
« empoisonnement » provoqué par le mélange de deux essences incompatibles. Cette condition
pathologique induit une déstabilisation de sa source interne qui se traduit par des nausées, des pertes
d’équilibre, une hémorragie constante au niveau de la plaie, une fragilisation de la peau, une perte
importante de la chevelure et une fatigue chronique. Cette condition ne peut être guérie que par un
autre Théoside, qui mènera l’opération d’extraire l’essence étrangère au corps du patient, un protocole
simple et sans danger apparent : cependant, si le patient se retrouve loin de la présence d’un frère qui
puisse le guérir, alors il devra extraire le venin lui-même, ce qui est considérablement plus difficile et
dangereux, car le malade risque d’encourir une exsanguination létale.
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Ce changement arbitraire de la durée du cycle jour-nuit s’impose aussi dans le cycle de récupération des Théosides.
Lors de ces fluctuations, il est possible que Vera soit figée dans un état de fatigue extrême pendant une semaine, ou bien
qu’elle fasse une récupération complète en quelques heures seulement. D’où l’ambivalence concernant le bénéfice de
telles déstabilisations.
contrôle de la part de Daphnis est ce qui a permis l’apparition spontanée du premier humain depuis
l’instauration du premier carnaval, Alexandre ; il sera un facteur décisif dans le sort de la Thébaïde et
de ses habitants.