Kit CU 07 Spiritualite Complet
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Construire une
animation à la
spiritualité
www.lesscouts.be
RÉCAPITULATIF DU KIT CU
Enjeux de la thématique
pour le conseil d’unité
SAVOIR-ÊTRE SAVOIR-FAIRE
Être acteur de la formation et du développement Développer des animations scoutes variées sur
spirituel dans son unité. ce domaine de développement en fonction de
Être ouvert aux propositions d’ouverture spiri- l’âge des scouts.
tuelle proposée par les scouts de sa section.
$$Se sentir à l’aise dans la proposition d’activités
spirituelles.
L’équipe d’unité retranscrit ci-dessous les demandes et attentes des animateurs par rapport à ce
point. Ces attentes seront évaluées en fin de dispositif par le conseil d’unité.
APPORT 60 min
Comment et pourquoi vivre une animation spi-
rituelle ? Quels sont les freins et les leviers qui
peuvent nous aider dans la conception de ce type
d’animation ?
Accroche 10 min
Apport 60 min
Pour aider les staffs à vivre avec leurs scouts une animation spirituelle, voici les décisions prises en staff.
Sections Décisions
Baladins
Louveteaux
éclaireurs
Pionniers
Une conviction profonde qui a imprégné Baden- Cette conviction de BP provenait de deux sources,
Powell tout au long de sa vie était l’importance de la première étant une observation aiguë de la situa-
l’éducation plutôt que de la simple instruction, si tion changeante des jeunes à son époque (la géné-
la société veut former de vrais citoyens, des jeunes ration montante) : « […] Pendant les trente dernières
ayant un "caractère". Cette observation s’applique années, la jeune génération s’est détachée du co-
aussi à l’éducation dans le domaine spirituel. con de la discipline victorienne, qui était imposée
de l’extérieur pour parvenir à un comportement ré-
En 1918 déjà, écrivant dans le Headquarters Gazette, git par leur boussole intérieure. ».
Baden-Powell observait : Et la deuxième, sa conviction affirmée que l’éduca-
« La religion ne peut qu’être saisie par intuition tion active est plus adaptée à la nature des jeunes :
et non pas enseignée. Ce n’est pas un vêtement « […] puisque le garçon est toujours disposé à faire
qu’on endosse le dimanche. C’est une dimension plutôt qu’à digérer. ».
fondamentale de la personnalité du garçon, un dé-
veloppement de l’âme et non un revêtement qui Avant de clore cette section, un bref commentaire
peut se détacher. Le comportement d’un très grand sur ce qui précède nous paraît opportun : il est inté-
nombre d’hommes n’est pas guidé par une convic- ressant de comparer les phrases de BP écrites au dé-
tion religieuse et, dans une large mesure, ceci peut but du XXe siècle avec les conclusions de deux rap-
être attribué au fait qu’on a utilisé l’instruction plu- ports sur l’éducation élaborés par les commissions
tôt que l’éducation dans la formation religieuse des internationales sous la responsabilité de l’UNESCO,
enfants. » le premier publié en 1972 et le deuxième en 1996.
BP développa cette observation en 1926 dans son Ils soulignent tous les deux l’importance d’une édu-
discours La religion dans le Mouvement scout et cation qui comprenne non seulement la connais-
guide : « L’étude de la nature est la méthode d’en- sance mais aussi les compétences et les attitudes
seignement la plus compréhensible et rapide… à et montrent que « apprendre à connaitre » n’est pas
l’intérieur de l’école, nous essayons d’enseigner suffisant dans le monde d’aujourd’hui et que cet
aux enfants à travers des préceptes et de la théo- élément doit être accompagné de « apprendre à
logie élémentaire, alors qu’à l’extérieur, le soleil faire », « apprendre à être » et « apprendre à vivre »
brille et que la nature les appelle pour leur montrer avec les autres.
à travers leurs yeux, leurs oreilles, leur nez et leur
toucher les merveilles et les beautés du Créateur. »
Les animateurs ne sont pas préparés Le sens de la vie n’est pas une affaire de professionnel. C’est une question
à discuter du sens de la vie. C’est qui appartient à chacun.
une affaire de professionnels. Les "professionnels" sont les premiers à dire qu’ils se posent encore plein
de questions et que s’il fallait attendre de "savoir", il n’y aurait que les
morts qui pourraient s’exprimer, et encore !
L’animation spirituelle, ce n’est pas la transmission d’un savoir, mais la
construction d’une démarche où l’on se pose des questions tout "sim-
plement".
Peut-être les animateurs ne sont-ils pas préparés à cela, mais pas grand
monde ne l’est…
Comme animateur, je ne souhaite C’est légitime. Chacun a droit à sa pudeur, les animateurs aussi. Il faut
pas avoir à m’exposer et à dire pu- donc construire des animations qui permettent aux animateurs de ne pas
bliquement ce que je pense, ce que s’exposer.
je crois. Ceci dit, rien n’empêchera jamais un louveteau à côté de qui tu marches
pour aller au bois, ou un éclaireur avec qui tu creuses le trou d’une feuillée
de te demander, sans préavis : « Dis, tu crois en Dieu, toi ? ». Là, c’est une
affaire de relation personnelle entre vous…
Il suffit que tu annonces que tu vas Avant de lancer les constructions au camp, annoncez-vous aux éclaireurs
faire une animation spirituelle et la en rassemblement que vous allez mener à bien une « activité qui déve-
moitié des scouts ont déjà juste en- loppera leur sens du travail en équipe et partant de leurs aptitudes so-
vie de s’enfuir. ciales » ?
On ne dit pas aux scouts, avant une activité, qu’on développera davan-
tage telle ou telle dimension de leur personnalité. Pourquoi devrait-il en
aller autrement des animations spirituelles ? Le mieux serait qu’ils y par-
ticipent sans se rendre compte…
De toute façon, il suffit de laisser le Le temps de la réflexion personnelle est important parce qu’il permet de
temps aux scouts de rester un peu mettre les choses en place, de digérer. Toutefois, une personne qui ne
seuls et alors, forcément, ils réflé- reçoit rien à manger n’a pas grand-chose à digérer.
chissent à tout ça. C’est pourquoi, il importe de se mettre en contact avec des idées que
l’on ne connaissait peut-être pas. Elles font surgir de nouvelles questions,
alimentent la curiosité. On ne peut donc pas se satisfaire de laisser les
scouts « réfléchir en rond ». Il importe qu’ils puissent entendre d’autres
points de vue, ou des propositions de réponses à des questions qu’ils
n’imaginaient pas.
Les scouts ont le droit à avoir leurs En effet. Les convictions de chacun doivent être scrupuleusement res-
propres convictions, même si elles pectées.
ne sont pas celles du plus grand Il va de soi que les animateurs seront attentifs à offrir une attention parti-
nombre. culière à un scout dont les convictions seraient incompatibles avec celles
du scoutisme (racisme, xénophobie, homophobie, machisme, etc.).
Une animation spirituelle, c’est en- En effet. Une animation spirituelle est une animation scoute. Elle doit
nuyant. Tout le monde en rond pen- donc être construite selon les mêmes principes que les autres activités
dant deux heures, à prendre des al- scoutes. On y valorisera donc, par exemple, l’action et les petits groupes.
lures de curé… Non merci !
Idéalement, il faudrait donner aux Ce n’est pas souhaitable, non plus. Ce qui compte, c’est d’ouvrir les es-
scouts tous les points de vue du prits, pas d’être exhaustif. Une fois, on proposera la rencontre de tel
monde pour qu’ils puissent faire leur témoin. Une autre fois, on proposera d’autres références…
marché. Ce n’est pas possible !
On n’a jamais fait de telles anima- La fédération est là pour t’aider. Les fiches Sensaction offrent des idées
tions. On ne sait pas très bien par d’animations toutes faites que tu adapteras si tu le souhaites.
quel bout prendre ça.
La vie chez les scouts est déjà une Ce qu’on vit – ou ce qu’on s’efforce de vivre – à l’instar de la Loi scoute, ce
animation spirituelle permanente en sont des valeurs. La tolérance, la fraternité, le respect, l’amitié, le partage,
soi puisqu’on y vit concrètement le la préservation de la nature résultent logiquement soit d’un conditionne-
respect de l’autre, le partage, le re- ment (on nous a répété depuis notre enfance que la tolérance, c’est bien,
spect de la nature et tout ce qui se alors on le répète par réflexe, comme des chiens de Pavlov) soit d’une
trouve dans la Loi scoute. réflexion que nous avons du sens de la vie. C’est parce que nous pensons
que la vie, le monde, les autres ont tel ou tel sens que la tolérance, la
fraternité, le respect, l’amitié, le partage, la préservation de la nature se
justifient.
Les valeurs trouvent leur source dans une conception de la vie et du
monde qui les dépasse. C’est sur cela, et non sur les valeurs, que porte
l’animation spirituelle.
Je suis tout seul dans mon staff à Il faut espérer qu’un staff est un lieu où on peut aussi lancer des projets
être intéressé. plus personnels. Rien ne dit qu’en te lançant, tu ne trouveras pas vite un
partenaire, voire plusieurs. Certains peuvent jouer un rôle plus discret ou
plus logistique s’ils ne se sentent vraiment pas à l’aise.
N’en va-t-il pas de même pour d’autres types d’animations. Il y a sou-
vent, dans le staff, un ou deux animateurs plus doués pour les veillées,
par exemple. Cela n’empêche pas les autres animateurs de les laisser en
première ligne et d’y trouver quand même leur place. L’animation spiritu-
elle, c’est pareil : ce n’est pas forcément la tasse de thé de chacun, mais
chacun y aura son rôle à jouer.
Pas de scoutisme sans veillées ! Pas de scoutisme sans animation spiritu-
elle !
On n’a pas le temps d’ajouter cela à Heu… Une petite heure à un moment plus calme, après une activité in-
notre programme d’activités. tense. Avec des outils quasi tout fait (cf. les fiches Sensaction) : et si on en
profitait tous pour tenter une expérience ?
On ne dit pas que tout sera réussi à la première fois, c’est une autre ques-
tion !
Tous nos scouts ne sont pas sensi- Bien sûr, il faut s’efforcer d’aider chacun à faire un petit bout de chemin
bles à ce type d’animation. dans sa réflexion sur le sens de la vie grâce à l’animation spirituelle. Mais
il faut être lucide aussi. Dans tous les aspects de notre animation, il en
est qui en profitent davantage que les autres pour grandir bien. C’est vrai
pour les grands jeux, pour les veillées, etc. Cette animation n’échappe
pas à la règle. Il ne faut pas en faire une maladie.
On offre des occasions de réfléchir et on ne sait jamais ce que cela don-
nera. On sème, on jardine avec passion. Il finira toujours par pousser
quelque chose de beau quelque part…