Foucault, Deleuze, Michaux
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AndréPierreCOLOMB AT
Le Philosophe
critiqueetpoète:
Deleuze,Foucaultetl'œuvrede
Michaux
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210 FRENCH FORUM
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ANDRÉ PIERRE COLOMBAT 211
rendentaccessibleà la fois"le mondedu dedans"et "le mondedu
dehors."Danslestravaux plusrécents dupoète,cettetâcheestpoursuivie
à traversla nécessitéd'explorer"le lointainintérieur" ou "l'infini
turbulent."14Pour ce genredevoyage,iln'estnulbesoindesortir dechez
soi.Toutefois, commedansl'œuvrede Deleuze,de nouveauxconcepts
et un nouveaustyledoiventêtreinventéspourmenerà bien cette
explorationdeterritoires quidemeurent inaccessibles à la représentation
classique.Unprocessusd'invention d'unnouveaulangagepeutalorsse
en marche '
mettreprogressivement grâceà 1 expérimentation denouveaux
rapportsentre les mots et la des
multiplicité points de vue possiblessur
le réel.Ces nouveauxrapportscaractérisent toutd'abordun certain
"style."
Dansuncontexte deleuzien, le stylepeutsedéfinir commeunefaille
tracédansla représentation classiqueparunartiste. Il agitcommeune
forcedifférenciante dansle kaléidoscoped'une œuvredonnée.Cette
définitions'oppose directement à une conceptiondéfinissant le style
commeun "savoirbienécrire"acquis pardes annéesd'un patientet
studieuxapprentissage. AinsipourDeleuze:" [Le style]c 'estla propriété
de ceux donton dit d'habitude'ils n'ontpas de style'"(10). Nous
sommesalorsen droitde nousdemander ce que le problèmedu style
ainsiposé ajouteà la rigueuret à la précisionnécessairesdu travail
philosophique etcomment il nouspermet de découvrir etd'explorerle
"lointainintérieur." Ou encore,de façonplus générale:Dans quelle
mesureles discoursdu critiqueet du philosophepeuvent-ilsêtre
comparables à la création poétiqueetquegagnent-ils à untelrapproche-
ment?
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212 FRENCH FORUM
métaphore.Mais la métaphoreest
C'est dire que le style est essentiellement
essentiellement et
métamorphose, indique commentles deux objetschangentleurs
déterminations, mêmele nomquiles désigne,dansle milieunouveauquileur
changent
confèrela qualitécommune.(61)
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ANDRÉ PIERRE COLOMBAT 213
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214 FRENCH FORUM
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ANDRÉ PIERRE COLOMB AT 215
En utilisantuneexpression de Michaux,nouspouvonsajouterque
si un"énoncé"31 estseulement une"positiond'équilibre"de la pensée,
les textesde Foucaultqui analysent ces "énoncés"nepeuventêtrequ'à
la foisfictifs
etréels.En fait,danscetincessant va-et-vient,c 'estla seule
(double)réalitéqui existerait. CommeDeleuze l'a souventindiquélors
de son séminairesurFoucault,il n'y a pas de véritécachée.Toutest
toujoursdit.Il s'agit de savoirlire ou écouteravec attention et de
développerdes pointsde vue afin de savoiroù ils nousconduisent.32
Commela poésiedanssonsensétymologique, la philosophie etla
critiquelittérairepeuvent ainsi devenir des non
processuscréateurs, pas
dansle sensoù elles élaboreraient de pureschimèresde l'imagination
maisenunsensplusbergsonien oùellesselanceraient dans1' exploration
de mondesvirtuels. D'après cetteinterprétation, la philosophieet son
kaléidoscopedévelopperait des mondes fictifs
et réelsdontautrement
nous n'aurionsjamais connul'existence.Nous pouvonsalors nous
souvenir que Deleuze conçoitla créationde l'œuvred'artdansle texte
proustienselon le même critère,en fonctionde sa puissancede
métamorphose et de sonhabilitéà explorerdes mondesinconnus.De
plus,Deleuzerecommande ausside lireses livresde la manièredonton
liraitunromanpolicier.33 Ce pointmériterait cependant uneétudeà lui
seuletnousentraînerait trop loindu problèmequi nous préoccupeici.
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216 FRENCH FORUM
La puissanced'unepenséepeutseulement êtreévaluéeenfonction
de ses habilitésà créerde nouveaux"énoncés,"de nouveauxconcepts
et un nouveaustyle.C'est seulementà cetteconditionqu'elle peut
espérerse "connecter" surles "flux"de la vie etde la penséepurequi
débordent en permanence de la représentation classique.A ce pointil
devientpossibleà uneœuvred'entrer enrapport à la foisavecl'inouïet
l'exprimable.34
Les signes,les idéeselles-mêmes seraient desformes de transition,
des positionsd'équilibremomentanées de la pensée.Aprèsla distinc-
tionsaussurienne entrele signifiantetle signifié, aprèsl'insistancede
Lacan surla barrede l'algorithme qui les sépare,le problème principal
se développerait pourDeleuze etMichauxdansl'entre-deux, avec les
forcesdifférenciantes qui "fendent" une fois pour toutes l'unitédu
représentantetdureprésenté, des propositions etétatsde choses.C'est
précisément danscet"entre-deux" que la poésied'HenriMichauxse
glisse,unepoésiedontles images,en tantque "rapports," doiventêtre
confrontées auxconceptsmisenplaceparles philosophies de Deleuze
etde Foucault.
entreunteltexteetl'articlede Foucault"Qu'est-ce
Les similarités
qu'un auteur" sontfrappantes.Elles insistent surla proximitéde deux
problématiques. PourMichauxcommepourFoucaultla notiond'auteur
elle-même constitueuneillusionde l'espritoupourle moinsunesimple
commodité d'expressionà l'intérieur classique.En
de la représentation
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ANDRÉ PIERRE COLOMBAT 217
faitMichauxn'hésitepas à affirmer qu'il n'est pas l'auteurde ses
poèmes dans le sens où l'unitéde son moi est purement illusoire:
"Lecteur, tutiensdoncici,commeil arrivesouvent, unlivrequen'a pas
quoiqu'unmondeyaitparticipé.
faitl'auteur, Etqu'importe?" (220).En
effet,qu'importe?Ainsi que Deleuze l'a écriten paraphrasant une
expression de Foucault:"II a de
n'y pas quoipleurer" ( 1 Le
38).35 poème
lui-mêmedevientun rapportde forces,un champ de bataille,et
seulement sousces conditions ilpeutatteindre la penséepureetexplorer
le "lointainintérieur"ou "l'infiniturbulent" dontparleMichaux.Ces
deuxnotionssontalorstoutà faitcomparables au "dehors"de Foucault
etde Blanchotainsiqu'au "chaosmos"dansl'œuvrede Deleuze.
Cetteprise de consciencede l'existenced'un universintensif
inconnujoue unrôlefondateur danstoutel'œuvrede Michaux:
1914à 1918,Bruxelles
Cinq ans d'occupationallemande.
Premièrecompositionfrançaise.Un choc pour lui. Tout ce qu'il trouveen son
imagination!Un chocmêmepourle professeur qui le pousseversla littérature.
Mais il
se débarrassede la tentation d'écrire,qui pourraitle détournerde l'essentiel.Quel
Le secretqu'il a depuissa première
essentiel? enfancesoupçonnéd'existerquelquepart
etdontvisiblement ceuxde sonentourage nesontpas au courant.(PubliédansL'Herne:
12)
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218 FRENCH FORUM
II seraitbienécrivain,caril a de continuelles
inventionsmaisil voudraitles voir,non
écrites,mais réalisées,et que nos conditionsd'existencechangentdu toutau tout,
au reboursde l'écrivain,il veutvoir
peude ses inventions,
suivantelles.Il se gargarise
l'impossiblemiracle, c'est-à-direleurpassagedansla vie.(C'est doncplutôtà la magie
qu'il aspire.)39
unefoisde plussoussondoubleaspect.
A ce stade,le styleapparaît
de la représentation
En tantque faille,il brisela rigidité classiqueetil
donneune formed'expressionà une confrontation inconsciente de
forcesvitales.En ce sens,il aideà déplier(à "expliquer")unenouvelle
vie auxlimitesde la représentation classiqueetdu "dehors"absolu.La
poésie etla philosophie seraientalorscapables,chacunedansla sériequi
lui est propre,de développerun nouveaulangageet une nouvelle
pensée.
Ces processuscommuns peuvent maintenant nousaiderà analyser,
dans un autremouvementde va-et-vient, quelques similaritéset
différences entreles travauxde Michaux,Deleuze et Foucault.Tout
d'abord,commedenombreux autresniveauxdudiscours, la philosophie
et la poésieutilisent un certainlangage,des concepts,des signes,des
symboles, desimagesetautresformes d'expression traditionnellement
combinéesparl'intelligence. Le problème en
pourl'artisteconsisterait
grandepartie à éviterles piègesde la représentationqui prétend rendre
comptede la seuleet uniqueréalitéen utilisant le langagesurlequel
précisément cettereprésentation a été élaborée.On peut alors se
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ANDRÉ PIERRE COLOMBAT 219
demander dansquellemesureunenouvellephilosophie, littératureou
poésiepeutespérerréussirdanscettetâche.Il semblerait alorsque la
poésie offreune ouverture toute
particulière versdes solutions possibles
à ce problème.
Le poète,etMichauxenparticulier, se placed'embléeà la limitede
ce qui a étéditavantluietde ce qui peutêtreditau moment où il parle.
C'est aussi dans ce contexteque pour utiliserune expressionde
Foucault,lestextesdupoète"rassemblent le langage"(citéparDeleuze
139).Il s'agitunefoisencorede "fendre" la représentation,les motset
leschoses,fairesurgir de nouvellesalliances,de nouvellesimagesetde
nouvellesconnections qui métamorphosent en permanence l'ordrede
notrediscours.Dans les premières œuvresde Michaux,ce mouvement
se traduitsouventparle surgissement brutalde l'incongru, de l'animal,
de l'absurde,ou de l'inexplicabledans le récitd'une existencepar
ailleurstoutà faitbanale (voir Plume). A partirde là une vie est
entièrement métamorphosée:
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220 FRENCH FORUM
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ANDRÉ PIERRE COLOMBAT 221
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222 FRENCH FORUM
LoyolaCollege
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ANDRÉ PIERRE COLOMBAT 223
quelqu'unqui inventede nouveauxconcepts."L'Arc49 (1980): 101. Voiraussi"Entretien avec
GillesDeleuze,"L'AutreJournal8 (octobre1985): 13.
2
"Signesetévénements," MagazineLittéraire 257 (1988): 19.
3Voir
parexemple:Foucault(Paris:Minuit,1986) 130,où toutela lecturedeleuziennede
Foucaultconvergefinalement versuneévocationde "la vie dansles plis" selonMichaux.
4Cette
expression de Foucaulta étéutiliséeau moinsà deuxreprises parDeleuze,dansson
entretien avec Foucaultintitulé "Les Intellectuelset le pouvoir,"L'Arc49 (1980): 5, et aussià la
dernière page de Rhizome(Paris:Minuit,1976),écritavec Guattari.
5VoirProustetles
signes(Paris:PUF, 1964; 1979) 61-65,134-39,192-203.L Anti-Œdipe
(Paris: Minuit,1972) a aussi été loué dès sa parutionparce qu'il inventait un nouveaustyle
philosophique. A ce sujet,voirla noticede MichelContât,"Le Succèsd'unlivre,"Le Monde(10
octobre1980).
6 Roussel(Paris:Gallimard,1963).
Raymond
7Les textesde Deleuzeetde Guattari surArtaudse trouvent dansLogiquedusens
principaux
(Paris:Minuit,1969) 101-14,L Anti-Œdipe,14-59,etMillePlateaux(Paris:Minuit,1980) 185-
87.
8Dans etrépétition (Paris:PUF, 1968),Deleuze remarque que "s'il y a, comme
Différence
Foucaultl'a si bienmontré, un mondeclassiquede la représentation, il se définitparces quatre
principes dela raison:1' identitéduconceptquiseréfléchit dansuneratiocognoscendi; l'opposition
du prédicatdéveloppéedansuneratiofiendi;l'analogiedujugement, distribuée dansuneratio
essendi;la ressemblance de la perception,qui détermine uneratioagendi"{331).Quelquespages
plus loin Deleuze ajoute:"L'histoirede la longueerreur, c'est l'histoirede la représentation,
l'histoiredes icônes"(385).
9"Entretien avec GillesDeleuze,"L'AutreJournal8 (octobre1985): 12.
wCettenotiond un univers entre dinérentessénés ou "plateaux de la pensée est
développéedans l'ensemblede l'œuvrede Deleuze et toutparticulièrement dansDifférence et
répétition (218-87),Logiquedu sens(63-91) etMillePlateaux(285-380).
11A la recherche du temps perdu3: 895,citéparDeleuzedansProustetlessignes(56). Cette
citationet son emploiparDeleuze ontété analyséspar VincentDescombesdans son ouvrage
intituléProust(Paris:Minuit,1987) 54-60.
12HenriMichaux,Ecuador.Journalde voyage(Paris:La NouvelleRevueFrançaise,1929).
13HenriMichaux,
Voyageen GrandeGarabagne(Pans: Gallimard,1936).
14HenriMichaux, (Paris:Mercurede France,1957).
L'Infiniturbulent
15Sauf indicationcontraire, les citationsde Deleuze sontprisesde son ouvrageintitulé
Foucault.
16Dans Proustet les
signesaussi bienque dans l'œuvrede Deleuze en général,le verbe
"expliquer"estutiliséen son sensétymologique de "déplier."Une des principales fonctions du
stylepourDeleuze serad'"expliquer"ou de déplierles signesde façonà atteindre les limitesd'un
pointdevueetà le multiplier enuneprolifération dedifférents pointsdevueà l'intérieur d'untexte
ou d'uneœuvre:"II [le style]estnon-style,parcequ'il se confondavec Tinterpréter' puretsans
sujet,et multiplieles pointsde vue surla phrase,à l'intérieur de la phrase.... Le styleest
l'explicationdes signes"{Proustet les signes199).
17La notion à Γœuvrede Spinozajoue unroleclé dansla pensée
d'"expression,empruntée
deleuzienne.Elle permetprincipalement au philosophede définirune relationparticulière,
l'incessantva-et-vient entrel'unique et le multiple,sans opposerces deux termesde façon
contradictoire. Deleuze a analyséen profondeur la notiond'expressiondanssonlivreSpinozaet
le problèmede l'expression.
18Cettedistinction entreles signeset les expressionsrenvoieà la lecturedeleuziennede
Spinozaselonlaquelle:"L'essentiel, pourSpinoza,c'estde séparerle domainedessignes,toujours
équivoque,etceluides expressions" {Spinozaet le problèmede l'expression307).
19Saufindication contraire,les citationsde Michauxsontextraites de sa postfaceà Plume
(Paris:Gallimard,1985).
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224 FRENCH FORUM
20VoirHenri
Bergson,L'Evolutioncréatrice(Paris:Alcan,1907) et Essai surles données
immédiates de la conscience(Paris:PUF, 1982); Léon Brunschwicg Les Agesde Vintelligence
(Paris:Alcan,1947).DeleuzeécritdansProustetlessignes:"Elle [Γintelligence] nouspousseà la
conversation, où nouséchangeons etcommuniquons desidées.Elle nousinciteà Γamitié,fondée
sur la communauté des idées et des sentiments. Elle nous inviteau travail,par lequel nous
arriverons à découvrir de nouvellesvéritéscommunicables. Elle nousconvieà laphilosophie. . ."
(40). Il estimportant ici de remarquer que Deleuze lui-même reprend la critiquede l'intelligence
tellequ'elle a été formulée parBergsonet Proust.L'auteurde La Recherchea expriméainsile
paradoxedéveloppédanssonContreSainteBeuve(Paris:Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade,
1971):"Bienque chaquejourj'attachemoinsde prixà l'intelligence, c'est aujourd'huià elleque
je meconfiepourécrireuneœuvretoutecritique"(216).
21MichelSerres, La Naissancede la physiquedansle textedeLucrèce(Paris:Minuit,1977).
22Surce
pointvoir"GillesDeleuze: 'fendreles mots,fendre les choses,'"Libération(2 et3
octobre1986).
23Avantla findu XIXesiècle,un texteet ses étaientliés à des rapports très
interprétations
différents que Foucaulta analysésde façondétailléedansLes Motsetleschoses(Paris:Gallimard,
1966) et de façonplus succinctedans son article"Nietzsche,Freud,Marx" dans Cahiersde
Royaumont. Nietzsche(Paris:Minuit,1967) 185.
24Voirdans
Κάβα (Paris:Minuit,1975)le chapitre intitulé "Contenuetexpression" (7-16).
25Voirl'essai de Deleuze "A le structuralisme?" dansLa Philosophieau
quoi reconnaît-on
XXesiècle(Verviers, Belgique:Marabout,1979) 302-03,318-24.
26MichelFoucault,La Penséedu dehors FataMorgana,1986).
(Montpellier:
27Séminairedu mardi22 octobre1985.Université de Vincennesà SaintDenis.
2*Périclèset Verdi(Paris:Minuit,1998) 17.
29La desnotions desenscommun etdebonsensa étédéveloppéetoutparticulièrement
critique
parOeleuzedansNietzscheetla philosophie(Paris:PUF, 1962) US, Différence etrépétition 173-
75, 178,182,289-93et dansLogiquedu sens94-96,119.
^L'analysede l'œuvrede LewisCarrollparDeleuzefournit unexempleprécisd unelecture
qui se développeensuivantla logiqueinterne d'untextecontraire au bonsensetau senscommun.
VoirprincipalementLog^we dusens7-62,70-114,142,167,273-78.Si le texteétudiése fondesur
le senscommunetle bonsens,l'approchede Deleuze consistera alorsà rechercher les faillesqui
indiquent surla belleapparencelogiqueque "quelquechosed'autre"estenjeu etpoussel'auteur
à écrire,à constituer unecertainereprésentation de la réalité.Un exempletypiquede ce genre
d'analysenousestencorefourni lorsqueDeleuzeremarque que soudainement, danssonmonumen-
talPsychopathia sexualis(citéparDeleuze),Krafft Ebingperdle contrôlede sonimmuableton
scientifique pourexprimer violemment son indignation devantla perversité des "coupeursde
nattes."Présentation de Sacher-Masoch(Paris:Minuit,1967) 29n5.
31La notiond'"énoncé" dansFoucault.Elle ydemeure
joue unrôletrèsimportant cependant
trèsmystérieuse. En effet, de nombreuses pagesde ce livresemblent chercher uneréponseà la
question"qu'est-cequ'un énoncé?"Le seul exempledonnépar Foucaultétant"AZERT," les
premières lettresd'unclavierfrançais de machineà écrirequandon les recopie{Foucault12,21;
MichelFoucault, L'Archéologie dusavoir[Paris:Gallimard, 1969] 109,114-17).Unetellenotion
neseraitalorsqu'indirectement liéeauxnombreuses connotations qui l'accompagnent souventen
français, principalement danslesdomainesdesmathématiques (l'énoncéd'unproblème), dudroit
(l'énoncéd'uneloi) ou de la linguistique.
32Ce
pointa étéclairement développéà la foisdansles travauxde Deleuze etdansceuxde
Foucaultà partir de la formule nietszchéenne:"II n'ya que desinterprétations." Voirenparticulier,
pourDeleuze,Nietzscheetlaphilosophie4-5,26-27,59-69,etpourFoucault,"Nietzsche, Freud,
Marx,"187-192.
33"Un livrede
philosophiedoitêtrepourune partune espèce trèsparticulière de roman
policier, pouruneautrepartunesortede science-fiction," Différence etrépétition 3. Voiraussi:"Ce
livreestunessai de romanlogiqueetpsychanalytique" {Logiquedu sens7).
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ANDRÉ PIERRE COLOMBAT 225
34Ces
conceptsontdeux originesdifférentes dans la philosophiede Deleuze. L'"inouï"
renvoieà la célèbrelettreécriteparRimbaudà PaulDemenyle 15mai 1871, unedesdeux"lettres
duVoyant." L'exprimable renvoieà la penséestoïcienne.Surla premièrenotionvoirFoucault141,
surla secondevoirLogiquedu sens 161, 167-73.
35Cette faitéchoà celle de Foucault:"Retenonsnos larmes. . .," dans"Qu'est-
expression
ce qu'unauteur?" Bulletinde la SociétéFrançaisedePhilosophie3 (juillet-septembre1969): 101.
MExtraitsde Connaissance
par les gouffrescitéspar StéphaneLupasco, Michauxet la
folie,"L'Herne.HenriMichaux,2eéd. (1983): 97; 99.
37Voiraussid'HenriMichauxLa Viedansles
plis (Paris:Gallimard,1969)etde DeleuzeLe
Pli: Leibnizet le baroque(Paris:Minuit,1988).
38La menaced'une
lignedemortsurdetellesexpérimentations estanalyséedanspresquetous
les ouvragesde Deleuze. Elle a étébrièvement décritedansDifférence etrépétition
148,333-34
etdansDialoguesavec ClaireParnet(Paris:Flammarion, 1977) 50.
39"Portraitd'homme,"Mesure2 (avril1936). CitédansL'Herne:335.
wSurcettenotionde lignede mortrepriseen partiede 1 œuvrede MauriceBlanchot,voir
aussiDifférence etrépétition 148-49,333,Logiquedu sens 188-89etDialogues 50.
41Surce dernier
pointvoirNietzscheet la philosophie223-26.
42Cette
critiqueestdéveloppéeparDeleuze dansNietzscheet la philosophie118-20.
43Martin
Heidegger, "Pourquoides poètes?"dansCheminsqui nemènent nullepart(Paris:
Gallimard,1980) 376-77.
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