Conte
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La beauté du roi lui garantissait non seulement la confiance aveugle de ses sujets, mais
aussi une vie plus longue que celle de tout autre mortel. La Mort, qui avait toujours accompli
son travail sans encombre pendant toute l'éternité, tomba amoureuse dès la première fois
qu'elle le vit. Désobéissant à ses ordres, comme à ses désirs, elle se promit de ne jamais
toucher cet homme, pour ainsi ne pas lui tuer ni se priver du plaisir de le voir. Rien ne lui
aurait plus plu que sentir la peau parfaite du roi dans ses mains, mais elle savait que cela
mettrait fin à sa vie, et elle ne pouvait supporter l'idée de le perdre pour toujours.
Cependant, tout dans le monde naturel suit un cycle, et les forces naturelles comme la vie et
la mort doivent être remplacées. Ainsi, la Mort savait qu'il était temps de se retirer et elle
formait un successeur. Celui-ci n'était qu'un enfant, mais il était déjà presque prêt à prendre
la relève de sa maîtresse, après tout, la mort est un métier qu’on commence jeune. C'est
pourquoi la Mort lui confia sa première tâche: "Écoute-moi très attentivement, je vais te
permettre d'aller dans le royaume pour que tu me ramènes ta première âme. Tu ne pourras
pas tuer qui tu veux, tu dois me rapporter une âme dont le départ n'affectera pas
négativement la vie des autres. Ainsi, tu comprendras que ce travail a des conséquences
permanentes et inévitables."
Alors, l'enfant partit pour la première fois dans le royaume. Il était très curieux et voulait
découvrir le monde, mais il savait qu'il avait une mission très importante à accomplir. La
première chose qu'il vit en arrivant fut un vieil homme endormi dans la rue. Il avait des
vêtements usés, les mains sales et une longue barbe. "Que c'est dégoûtant!" pensa l'enfant,
"Si je prends son âme, cela ne dérangera sûrement personne...". L'enfant toucha la main du
vieil homme dans une tentative de prendre son âme, mais au lieu de le tuer, il eut une vision
: il vit le vieil homme apportant de la nourriture à sa fille enceinte, luttant pour la protéger. S’il
le tuait, sa fille se retrouverait complètement seule et désespérée. L'enfant se sentit accablé
par la culpabilité d'avoir tenté de prendre son âme.
Au milieu de sa frustration, il vit une petite fleur émergeant du sol. Il était désespéré de
remplir sa mission et d'éviter de causer des dommages irréparables, il se demanda alors :
"Une âme aussi insignifiante que celle d'une fleur n'affectera personne, n'est-ce pas ?". Il
toucha la fleur et eut une autre vision : une abeille pollinisait la fleur, et grâce à cela, au
printemps, le royaume se remplissait de fleurs. C'étaient les seules choses belles qui
restaient dans le royaume, car toutes les maisons étaient en ruine et les gens vivaient dans
la misère, à l'exception du roi. L'enfant comprit qu'une âme aussi petite pouvait avoir
beaucoup de valeur entre de bonnes mains, car les fleurs étaient parmi les rares choses qui
rendaient un peu plus belle la vie des gens, mais il sentit aussi une profonde rancune envers
le roi.
Immédiatement, il se dirigea vers le palais, sans but précis mais avec beaucoup de colère
dans son cœur. Quand il arriva au palais, il fut stupéfait par toutes les richesses qu'il y avait.
Quand il vit le roi assis sur son trône, il lui cria de toutes ses forces combien il le détestait et
combien il méprisait son égoïsme. Même si le roi ne pouvait ni le voir ni l'entendre, à chaque
mot qu'il prononçait, sa colère augmentait, jusqu'à ce qu'il devienne aveuglé par la colère et
pousse le roi. En touchant le roi, l'enfant eut une vision, mais il ne vit que l'obscurité absolue.
En un clin d'œil, le roi mourut et son âme se sépara de son corps. L'enfant fut surpris, il
comprit qu'il avait accompli sa mission sans l'avoir planifiée.
L'enfant observa le corps sans vie du roi. Il ne ressentait aucune pitié pour sa mort, car il
savait que le roi avait causé d'immenses souffrances à son peuple. Quelques secondes plus
tard, la Mort arriva au palais, s'approcha de l'enfant et, avec un soupir, le remercia d'avoir le
courage de faire ce qu'elle n'avait jamais pu faire. Enfin, elle put toucher le roi et l'emporter
avec elle.
Tandis que la Mort se préparait à emporter l'âme du roi, l'enfant remarqua une lueur de
tristesse dans ses yeux vides. Il comprit que la Mort souffrait aussi de perdre l'être qu'elle
aimait, que chaque mort causait de la douleur, mais que c'était une partie nécessaire de la
vie. Tous deux savaient que c'était la décision correcte, et bien que cela lui coûte de
l'accepter, la Mort le regarda et lui dit : "Tu es prêt" avant de disparaître du royaume avec
l'âme du roi dans ses bras.
FIN.