Le Nickel

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Le Nickel

PARIS
Mai 2005
Au cours des années à venir, le secteur du Nickel est appelé à se développer en Nouvelle-
Calédonie comme dans les autres pays producteurs, alors que la demande mondiale en matières
premières est en pleine croissance.
Établissement public – Dotation 10 000 000 € - SIRET 78 430 111 100 – APE 651 A – Siège social : 5 rue Roland Barthes 75598 Paris cedex 12 – Tél. : 33+1 53 44 41 41 – Fax : 33+1 43 47 51 34
Note de l’Institut d’émission

Cette note a comme objectif de présenter de façon synthétique, la situation de la filière nickel,
dans le monde ainsi qu’en Nouvelle-Calédonie.

QU’ EST CE QUE LE NICKEL ?

Le nickel est un métal de couleur gris-argent de


la famille des métaux non-ferreux. Ses propriétés
physiques en font un matériau recherché dans de LES MINERAIS
nombreux secteurs d’activité.
Les minerais de nickel, se présentent sous deux
LES QUALITES DU NICKEL formes :
Le nickel est malléable et ductile, conducteur de • les minerais sulfurés (65 % de la production
chaleur et d’électricité, fortement résistant à la mondiale) ont des teneurs variant de 0,7 à 3 %
corrosion et à l’oxydation, capable d’être magnétisé de nickel. Ils peuvent également contenir du
et d’être combiné avec d’autres métaux pour créer cuivre, du cobalt, du platine, du palladium, de
des alliages. Il peut être rendu brillant par l’argent ou de l’or.
polissage. Ces qualités font que son usage est
largement répandu dans l’industrie, l’architecture et • les minerais oxydés (35 % de la production
la construction navale. mondiale). Ils ne contiennent pas de métaux
précieux, mais renferment du cobalt.
www.ieom.fr

Parmi les minerais oxydés, on distingue deux


LES PRINCIPALES UTILISATIONS catégories :

Le public peut ainsi le retrouver dans • les saprolites, appelés aussi garniérites, ont
l’électroménager, le verre, la bijouterie, … il est des teneurs en nickel de 2 à 3 % et
aussi présent dans l’industrie sous forme d’alliages contiennent du fer (10 à 30 %) ainsi que du
et même de super-alliages (pour l’aéronautique ou cobalt,
l’industrie de pointe par exemple). La production
• les latérites, sont des minerais plus pauvres :
d’aciers inoxydables représente aujourd’hui le
ils contiennent de 1 à 1,5 % de nickel, du fer
principal débouché de consommation du nickel
(entre 40 à 50 %), du cobalt et du chrome.
(passant de 30 à 70 % de la consommation
mondiale en trente ans). Les minerais oxydés, actuellement moins exploités
au niveau mondial, représentent 70 à 80 % des
réserves mondiales. La Nouvelle-Calédonie
renferme dans ses gisements les deux types de
Utilisation du nicke l par se cte ur minerais oxydés et 25 % des réserves mondiales de
nickel latéritique.
3% 2%
2%
8% Aciers inoxydables

7% Alliages au nickel
Métallurgie ferreuse
Galvanoplastie
9%
Monnaie
Batteries
69%
Autres

Source : Eramet
Minerai de nickel
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LA METALLURGIE DU NICKEL
La raffinerie d’Eramet, située à Sandouville, près du Havre, produit
Procédés métallurgiques et techniques d’affinage dépendent des ensuite du nickel de haute pureté et des sels (chlorures de nickel
minerais traités. et de cobalt), à partir des mattes en provenance de Nouvelle-
Calédonie.
Les minerais sulfurés sont exploités dans des mines souterraines. Le
nickel extrait est concentré par voie physique et traité dans des fours Les latérites seront traitées à Goro par un procédé
par pyrométallurgie. hydrométallurgique (lixiviation). Le nickel est extrait par des
processus chimiques successifs (l’acide sulfurique attaque les
Les minerais oxydés, présents en Nouvelle-Calédonie, sont exploités
oxydes et libère le nickel). Le procédé, fruit de nombreuses
dans des mines à ciel ouvert. Le nickel qu’il contient peut ensuite être
années de recherche, a été testé au niveau industriel dans une
traité suivant deux procédés : pyrométallurgique ou
unité pilote. Il serait particulièrement efficient, permettant de
hydrométallurgique.
récupérer près de 95 % du Nickel contenu et du Cobalt.
Les garniérites, plus riches en Nickel, sont traitées par
Le projet « Koniambo » vise à traiter les garniérites du massif de
pyrométallurgie. Le traitement conduit à la production de ferronickel
Koniambo (province Nord) par un procédé pyrométallurgique. Une
(25 % de Ni) et des mattes à haute teneur (75 % de Ni). La voie deuxième unité de traitement est envisagée, permettant de
pyrométallurgique est utilisée par la SLN, dans son usine traiter les latérites du massif, par la voie hydrométallurgique.
métallurgique de Doniambo, à Nouméa.

LES RESERVES MONDIALES


… une ressource répandue dans près de 20 pays sur les cinq P rincip ale s ré se rve s d e nicke l (12/2004)
continents et encore sous exploitée …
Australie
Certains pays producteurs voient leurs réserves diminuer (Russie) alors 14% 5% 5%
Afrique du Sud
7%
que d’autres disposent de réserves encore sous exploitées, comme 8% Indonésie
Cuba (38 % des réserves mondiales estimées) et la Nouvelle- 10% Nouvelle-Calédonie
Calédonie (10% des réserves mondiales). Les réserves actuelles Canada
découvertes seraient épuisées dans 100 ans environ au rythme de 13% Cuba
production actuel. 38% Autres
Russie
Les nodules riches en nickel, présents au fond des océans
représenteraient encore plusieurs fois le total des réserves
actuellement connues. Source : CNUCED
Le recyclage est une autre source d’approvisionnement
complémentaire pour la filière : d’après les experts, 4 à 5 millions de
tonnes de métaux sont ainsi recyclées chaque année, qui contiennent
350 milliers de tonnes de nickel environ (soit environ un quart de la
production mondiale totale).

LE MARCHE MONDIAL DU NICKEL


L’OFFRE Pr oducti on mondiale de ni cke l
… un secteur intégré mais une offre difficile à prévoir … 4%
32% 20%
Afrique
Plus d’un million de tonnes sont produites chaque année, contre dix à Amériques
douze fois plus pour le cuivre et 800 fois pour l’acier. Vingt pays Asie

l’exploitent, situés sur les cinq continents. 14% Europe


Océanie (dont NC)
Le marché est relativement intégré, les six premiers opérateurs 15% Europe de l'est
mondiaux fournissant plus de la moitié de l’offre mondiale : Norilsk 15%
(Russie), INCO (Canada), Falconbridge (Canada), BHP Billiton 2003
(Australie/UK), Western Mining (Australie) et Eramet (France).
Source : INSG
L’offre varie en fonction de divers facteurs : l’écoulement aléatoire des
stocks (Russie), la mise en production de nouvelles usines, la découverte
E xportations de la filière nickel
de nouveaux gisements, l’application de sanctions commerciales (Cuba) de Nouvelle-Calédonie en valeur (XPF Mds)
ou le développement du recyclage, notamment des aciers inoxydables. 10,3
13,1
5,5
garniérites
latérites
… la Nouvelle-Calédonie est un acteur important du marché … ferronickel
mattes
2004
55,8
En 2003, la Nouvelle-Calédonie était le cinquième producteur mondial
de nickel (7 % du marché), le premier exportateur de minerais (37 % des
exportations mondiales) et le premier exportateur de ferronickel (36 % Source : Service des Mines et de l’Energie
du marché).
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LA DEMANDE
La demande mondiale de nickel a progressé de manière assez régulière
depuis les années 50, puis s’est accélérée au cours des dix dernières Co nso mmatio n d e nickel
millions de tonnes
années (+4 % par an entre 1994 et 2004), pour atteindre près de 1,3 2,00
1,33
million de tonnes en 2004. Après une période de stagnation au début des 1,50
1,25 1,26
1,08 1,13 1,05 1,11
années 2000, la consommation s’est redressée, en 2003, tirée 1,00 dont chinoise

principalement par la demande chinoise. La demande de nickel est elle- 0,50


mondiale

même corrélée aux besoins en aciers inoxydables. 0,00


1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
La part de l’Asie dans la demande mondiale est en nette progression sur (*)

10 ans, à 34 % (+4,4 points), au détriment des Amériques (-6,7 points),


alors que la demande européenne (-0,1 point) et des pays de l’Est (+0,5
point) stagne. Cons ommati on mondi al e de ni c k el

Selon les prévisionnistes, le marché, qui était en déficit d’offre en 2003, 14% 13%
reviendrait progressivement à l’équilibre. Amériques

4% Asie
E quilibre offre / demande

millions de tonnes Europe


1,350 1,326 1,312
1,300 34% Autres pays
1,251 1,263 1,259 consommation
européens
1,250 production
1,192 Europe de l'est
1,200 35%
1,150
2003
1,100
2003 2004 2005 (*)

Sources : INSG et ERAMET (*) prévision

LES COURS DU NICKEL


… le déficit chronique de l’offre et la baisse du dollar soutiennent Ev olution des cours du nic k el et du doll ar
la tendance haussière des cours … USD la livre F CFP/USD
Le nickel fait l’objet depuis 1979 d’une cotation au « London Metal 8 160
7 140 Cours du
Exchange » (LME), l’une des principales bourses des produits de base et 6 120
nickel
de matières premières. Le rôle du LME consiste à organiser le marché, 5 100
4 80
fournir des prix de référence et livrer les métaux non ferreux aux 3 60
participants du marché. Le niveau de stock du LME est l’un des 2 40
1 20 Dollar
indicateurs de référence suivi par les opérateurs. Un niveau
0 0 américain
anormalement bas du stock, reflète une tension entre l’offre et la
demande.
8

5
-9

-9

-0

-0

-0

-0

-0

-0
nv

nv

nv

nv

nv

nv

nv

nv

Les cours du nickel, qui étaient en baisse au début des années 2000, se
ja

ja

ja

ja

ja

ja

ja

ja

sont orientés suivant une tendance haussière depuis début 2002,


passant de 2,4 à 6,2 USD/ Lb en trois ans. Ce mouvement est corrélé Source : Service des Mines et de l’Energie
négativement avec le dollar, en baisse de 33 % depuis cette même date.
La volatilité des cours est accrue par la recherche de performances
financières de la part des fonds spéculatifs.

LE NICKEL DANS L’ECONOMIE CALEDONIENNE


LA FILIERE
La filière nickel de Nouvelle-Calédonie occupe une place La filière est organisée essentiellement autour d’un grand
déterminante dans l’économie et la société calédonienne dans son opérateur et de sociétés minières :
ensemble. Plusieurs indicateurs témoignent de cette importance :
• la SLN, filiale du groupe ERAMET, est le principal opérateur
• Le nickel est l’avantage comparé principal de la Nouvelle- minier. Elle est aussi le seul métallurgiste et contribue à
Calédonie : les exportations de minerais et de produits environ 85 % du chiffre d’affaires du secteur ;
métallurgiques représentent 90 % du total des exportations
calédoniennes en valeur, dépassant largement la facture • la SMSP (Société Minière du Sud Pacifique) est une entreprise
alimentaire et énergétique de la Collectivité ; contrôlée par la Province Nord. Sa production est
essentiellement destinée à l’exportation ;
• Les réserves de Nouvelle-Calédonie, estimées à 20 millions de
tonnes, représentent entre 30 et 50 années de PIB, suivant la • la SMT (Société des Mines de Tontouta) est un fournisseur de
valeur du cours retenu (3 ou 5 USD/Lb, 1 USD= 100 XPF). Avec la SLN. Deux de ses filiales (la Société des Mines de Nakéty et
seulement 6 millions de tonnes extraites depuis le début de la Société des Mines de Cap Bocage) extraient du minerai.
l’extraction minière, les gisements y sont encore sous-exploités. Une quinzaine d’autres sociétés de taille et de statuts différents
interviennent à côté de ces entreprises, en tant que miniers ou
prestataires de services.
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• Le projet d’usine pyrométallurgique de


LES GRANDS PROJETS Koniambo, associant la SMSP et la société
canadienne Falconbridge, concerne le traitement
Note de l’Institut d’émission
La filière nickel en Nouvelle-Calédonie est appelée à se développer des garniérites du massif de Koniambo. La mise
sensiblement avec la réalisation de trois grands projets : en route de l’usine, d’une capacité de production
• Le programme 75 000 tonnes de la SLN. Engagé en 2000, ce de 60 000 tonnes par an, est prévue en 2009.
projet a pour objectif d’accroître la capacité de l’usine Le montant prévisionnel des investissements
pyrométallurgique de Doniambo de 60 à 75 000 tonnes par an s’élève à 2,2 Mds de dollars US.
à l’horizon 2006-2007. Un nouveau four «Demag 10» a été mis Au total, la réalisation de ces trois projets, devrait
en production en 2004. Les garniérites extraites, notamment conduire au triplement de la capacité de production
du massif de Tiébaghi (province Nord), seront traitées dans actuelle de la Nouvelle-Calédonie, qui serait portée à
une unité d’enrichissement. Le montant des investissements 190 000 tonnes vers 2009/2010 contre 60 000 tonnes
est estimé à 33,4 Mds de XPF (280 M €) ; actuellement.
• Le projet Goro-Nickel, porté par la société canadienne INCO
avec la participation d’investisseurs japonais et la SPMSC Avec un taux de croissance annuel de 4 % par an
(Société de Participation Minière du Sud Calédonien), vise à (moyenne observée entre 1994 et 2004), la
construire une unité d’enrichissement hydrométallurgique demande mondiale augmenterait de 50 à 60 000
d’une capacité annuelle de 60 000 tonnes de nickel et de tonnes supplémentaires, chaque année, dépassant
5 000 tonnes de cobalt. Les latérites seront extraites du ainsi l’offre complémentaire produite par les seuls
massif de Goro (province Sud). Le montant des sites calédoniens. La mise en œuvre de projets dans
investissements s’élève à 1,9 Md de dollars US, pour une mise d’autres lieux (Cuba, Australie, Canada et Côte
en exploitation prévue fin 2007 ; d’Ivoire) pourrait cependant créer un surcroît
d’offre, à horizon 2008, et entraîner une diminution
des tensions sur les prix.

CONTRIBUTION DU SECTEUR NICKEL CONTRIBUTION DU SECTEUR A


L’EMPLOI
A LA VALEUR AJOUTEE
En 1999, le nickel (extraction et métallurgie) représentait le
premier pôle industriel de Nouvelle-Calédonie, avec 28,3 Mds de Les activités minières sont traditionnellement peu
XPF de valeur ajoutée (6,9 % de la VA totale), se situant à un pourvoyeuses d’emplois : le secteur nickel
niveau comparable au secteur du BTP (32,7 Mds) ou au secteur (extraction et métallurgie) représentait ainsi 3 325
des Transports et Communications (29,1 Mds). La réalisation des emplois en 2004, soit 5,7 % de l’emploi salarié. Les
3 projets cités ci-dessus, qui triplerait la capacité de production effectifs employés sont comparables au secteur du
actuelle, contribuerait de façon significative à augmenter le poids transport, mais deux fois moindres que ceux du BTP
du secteur nickel dans la Collectivité : elle pourrait atteindre et trois fois que ceux du commerce.
ainsi 20 % de la valeur ajoutée totale, à l’horizon 2010. La mise La montée en puissance des projets miniers aura
en oeuvre des nouveaux projets produira également des effets nécessairement des effets sur l’emploi, avec la
d’entraînement importants sur d’autres branches de l’économie création prévisible d’emplois directs et indirects
(BTP, Services, Industries, Transports …). dépassant les effectifs actuels du secteur nickel
dans l’économie. Selon les prévisions actuelles, les
chantiers de construction devraient ainsi procurer
3 800 emplois directs d’ici à 2008, dont 20 % serait
confié à des Calédoniens (800 postes). Les emplois
directs offerts par les projets en phase de
fonctionnement devraient être de l’ordre de 2 000.
Les emplois indirects, induits dans le reste de
l’économie, pourraient atteindre, 5000 emplois en
phase d’investissement et 4 200 en phase de
fonctionnement.

QUELQUES DEFINITIONS …
pyrométallurgie : technique physique de réduction du minerai (oxydé ou sulfuré), basée sur l’utilisation de fours à hautes
températures
hydrométallurgie : ensemble de procédés chimiques, permettant de libérer les métaux contenus dans les minerais oxydés
(attaque par acide sulfurique concentré à chaud et sous-pression)
mattes : produit de première fusion, riche en nickel (75 % de Ni), les mattes sont affinées pour obtenir un métal de haute
pureté
ferronickel : produit de fusion moins riche en nickel (25 % de Ni), utilisé principalement dans la production d’aciers
inoxydable

Directeur de la publication : T.Cornaille - Responsable de la rédaction : T.Beltrand - Éditeur : IEOM - Achevé d’imprimer en mai 2005
Siège social – 5, rue Roland Barthes – 75 598 Paris Cedex 12

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