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de la COTE D’IVOIRE
Résumé
La mise en place des politiques de développement urbain en Côte d’Ivoire laisse transparaître
l’existence des problèmes environnementaux dans les capitales régionales et dans les villes
secondaires (Diby, 2017). A ces difficultés environnementales, s’ajoutent les problèmes
d’aménagement et de développement de l’espace urbain. La ville de Bonoua est l’une des
villes secondaires en Côte d’Ivoire. Elle est située à l’est de la ville d’Abidjan. Bonoua
connaît des problèmes d’aménagement et de développement de son cadre spatial urbain.
Cette étude se propose non seulement d’identifier les problèmes d’aménagement et de
développement mais aussi d’analyser les impacts de ces problèmes sur le développement
spatial de la ville. La démarche méthodologique utilisée a combiné la revue documentaire et
les enquêtes de terrain qui a permis de rassembler les informations nécessaires à la
compréhension de la problématique. Comme résultats, l’étude révèle que les problèmes de
développement et d’aménagement à Bonoua sont liés aux caractéristiques topographiques du
site de la ville. Ces caractéristiques topographiques ont un impact sur l’organisation spatiale
de la ville.
Mots clés : Bonoua – Problèmes de développement – Site urbain – Aménagement –
Planification
Abstract
The installation of the policies of urban development in Côte d'Ivoire lets show through the
existence of the environmental problems in the regional capitals and the secondary cities
(Diby, 2017). With these environmental difficulties, the problems of adjustment and
development of urban space are added. The town of Bonoua is one of the secondary cities in
Côte d'Ivoire. It is located at the east of the town of Abidjan. Bonoua knows problems of
installation and development of its urban space framework.
This study not only proposes to identify the problems of installation and development but also
to analyze the impacts of these problems on the space development of the city. The
methodological step used combined the documentary review and the investigations of ground
which made it possible to gather information necessary to the comprehension of the problems.
145
Like results, the study reveals that the problems of development and installation with Bonoua
are related to the topographic characteristics of the site of the city. These topographic
characteristics have an impact on the space organization of the city.
Key words: Bonoua – Problems of development – urban Site – Installation – Planning
مشبكم إعذاد و تىمٍة مذٌىة بىوىا خىىة شزق سبحم انعبج
:ملخص
تضبف إنى.ٌظهز تىفٍذ سٍبسبت انتىمٍة انحضزٌة بسبحم انعبج تىاخذ مشبكم بٍئٍة فً انعىاصم اندهىٌة و انمذن انثبوىٌة
.أبٍذخبن شزق انثبوىٌة بىوىا نمذٌىة انحضزي انمدبل تىمٍة و إعذاد قضبٌب انمشبكم هذي
تقتزذ هذي انذراسة نٍس فقط تحذٌذ مشبكم اإلعذاد و انتىمٍة و نكه كذاك تحهٍم تأثٍز هذي انمشبكم عهى انتىمٍة انمدبنٍة
.نهمذٌىة
مه بٍه.مىهدٍة انبحث تزاوج بٍه انبحث انمزخعً و انمٍذاوً و هى مب مكه مه خمع انمعطٍبت انضزورٌة نفهم اإلشكبنٍة
تظهز انذراسة أن مشبكم انتىمٍة و انتهٍئة ببىاوى مزتبطة ببنخصىصٍة انطبىغزافٍة نمىضع انمذٌىة و هى مب اثز،انىتبئح
.عهى تىظٍم مدبنهب انحضزي
انتخطٍط، انتهٍئة، انمىضع انحضزي، مشبكم انتىمٍة، بىوىا:الكلمات المفاتيح
Introduction
Bonoua est une ville secondaire de la zone atlantique ivoirienne. Elle est située précisément
au sud-est de la Côte d’Ivoire. Elle est distante respectivement de 17 km et 32 km de la ville
de Grand-Bassam et la ville d’Abidjan (Carte 1).
La ville de Bonoua a été créée par le peuple Abouré, venu de l’actuel Ghana en 1765. Le site
de Bonoua fut découvert par le clan « Honlonin ». Il fut choisi pour bâtir leur habitat. C’est un
site stratégique pour la sécurité de la population car il est suffisamment surélevé pour
permettre de voir venir l’ennemi. Traversé par trois cours d’eau, le fleuve Comoé à l’ouest, la
lagune Kodjoboué au sud et la lagune Ono au nord (BNETD, 1998, p. 13), le site fut
rapidement envahi par les autres clans entre 1755 et 1790 pour fonder le village « Obolwon »
qui signifie en Abouré « à l’orée de la forêt » dont la transcription a donné Bonoua.
146
Carte 1 : La localisation de Bonoua
Ces noms de quartiers rappellent les origines du peuple Abouré. En souvenir de la capitale du
royaume Ashanti et de l’Appolonie, respectivement Koumassi et Begneri furent donnés
comme noms à ces deux premiers quartiers. Pour assurer la sécurité, le chef de guerre Kadjo
Amangoua a recruté des guerriers dans ces deux quartiers pour former une troupe d’élite qu’il
installa sur un site qui séparait le quartier Koumassi et le quartier Begneri afin de surveiller et
de contenir les assauts de leur voisin Agni du royaume de Krindjabo. Ce fut la création du
quartier Bronoukro qui signifie les « hommes forts » (Diby, 2017). Peuplée de 21154
habitants en 1988, sa population est passée à 69983 habitants selon le Recensement Général
de la Population et de l’habitat de 2014 (RGPH-2014). Cette dynamique démographique
s’accompagne d’une dynamique spatiale, commandée par la création de nouveaux quartiers
lotis. Bonoua est construite sur un plateau encaissé par deux grandes vallées. La forte
croissance démographique et spatiale et les caractéristiques physiques du site urbain soulèvent
des questions de développement, d’aménagement, surtout des problèmes d’organisation
spatiale auxquels les différents acteurs initient diverses stratégies pour y remédier.
147
Cette étude se propose non seulement d’identifier les problèmes de développement et
d’aménagement auxquels la ville de Bonoua est confrontée, mais aussi d’analyser les impacts
de ces problèmes sur le développement de la ville et les réponses des acteurs pour y remédier.
Les premiers quartiers créés furent Koumassi et Begneri (Carte 2).
2. Données et méthodes
Deux méthodes ont été utilisées dans cette étude sur la ville de Bonoua en Côte d’Ivoire à
savoir la recherche documentaire et l’enquête de terrain. Pour mener à bien l’enquête de
terrain, un choix d’échantillon a été déterminé. En 2014, 8047 ménages (INS, 2014) ont été
répertoriés dans les quartiers Begneri, Bronoukro, Koumassi et Mimbi de Bonoua. Cet
échantillon doit être représentatif de la population-mère. Cela suppose que tout individu de la
population-mère est susceptible de figurer dans l’échantillon, et ce, avec une probabilité
connue. Le cas le plus simple est celui où tous les individus de la population-mère ont une
probabilité égale, une équiprobabilité d’être figurés dans l’échantillon. En prenant en compte
tous ces aspects dans la détermination d’un échantillon, l’échantillonnage systématique au
1/20e des chefs de ménages issus du Recensement Général de la Population et de l’Habitat de
148
2014 a été choisi. Avec cette méthode, chaque chef de ménage a une chance égale au taux de
sondage d’être tiré. L’enquête de terrain à Bonoua s’est déroulée sur une période de 2 mois,
(mai - juin 2016). Elle a porté sur un échantillon de 403 chefs de ménage distribués par
quartier (Tableau 1).
Il repartit les ménages entre les principaux quartiers Begneri, Bronoukro, Koumassi et Mimbi
de la ville de Bonoua. Les données statistiques issues du Recensement Général de la
Population et de l’Habitat (RGPH-2014) montre que les 4 quartiers concentrent un volume
total de 8047 chefs de ménage. L’application de l’échantillonnage systématique au 1/20e des
chefs de ménage donne une taille de 403 chefs de ménage à interroger. L’enquête s’est
étendue aux chefs et sous chefs de quartiers, aux autorités municipales et les agents
municipaux de Bonoua (Tableau 2).
Tableau 2 : Population interviewée hors les chefs de ménage
Les autorités municipales interviewées sont un adjoint au Maire, le Secrétaire Général, les
chefs des Services Techniques et des Services Financiers et un Conseiller municipal. En
dehors des autorités municipales, 20 agents municipaux, principalement des agents des
Services Techniques, des Services Financiers et les agents de la Direction d’Urbanisme et la
Planification et des éboueurs ont été également interrogés. Les éboueurs ont été interrogés
pour une meilleure connaissance du circuit de ramassage des ordures ménagères de la ville.
Le tableau 2 donne un effectif de 81 personnes interrogées dans ce deuxième lot d’acteurs.
149
2.1. Recherche documentaire
La recherche documentaire fait allusion aux ouvrages consultés, aux documents statistiques,
cartographiques. Les données de population sont recueillies auprès de l’Institut National de la
Statistique (INS RGP 1975 ; RGPH 1988, 1998, 2014). La Mairie de Bonoua a été sollicitée
pour s’enquérir de la gestion du cadre de vie des populations surtout en matière de gestion des
ordures ménagères, des risques naturels, de l’occupation des sols. Nous nous sommes
également rendu au Bureau National d’Etudes Techniques et de Développement (BNETD)
pour consulter le document de planification de la commune de Bonoua.
Un fond de carte fournie par le Centre de Cartographie et de Télédétection (CCT) du BNETD
conçu à l’échelle de 1/14000, composé des limites de quartiers, de zones marécageuses a été
utilisé. Ce document cartographique a permis de visiter la ville entière, les ménages tirés pour
l’enquête de terrain.
150
mieux juger les niveaux de dysfonctionnement, de dégradation de l’environnement et les
modes de gestion de ces dysfonctionnements par les différents acteurs qui pratiquent la ville.
151
Plateau de l’ancien quartier Plateau du quartier résidentiel
N S
m
Vallée de la voie principale
60
Vallée du parc
50 M’Ploussoué
40
30
20
10 Km
0
1 3 5 7 9 11 13 15 17 19
Echelle : Hauteur : 1 cm 10 m
Longueur : 2 cm 500 m
152
Carte 3 : La Carte topographique de la ville de Bonoua
En plus des plateaux et des vallées, on note la présence d’une lagune et d’un fleuve. Le site de
Bonoua renferme une lagune nommée Kodjoboué située au sud-est et le fleuve Comoé à
l’ouest de la commune. En effet, la lagune de Kodjoboué s’étend sur près de 823 m de long
avec une largeur qui n’excède pas 164 m. Sa profondeur moyenne est très faible avec un
maximum de 2 m. Cette lagune se déverse dans la mer et reçoit les eaux du fleuve Comoé. En
ce qui concerne le fleuve Comoé, il s’étend sur 813 km de long avec un débit moyen de 106
m3/S. Sa profondeur moyenne est de 20 m et une superficie de 82408 km2. Le fleuve Comoé
débouche à l’extrémité orientale du système de la lagune ébrié (Photo 1). Sa dénivellation ne
peut pas permettre un aménagement important.
153
Photo 1 : une vue du fleuve Comoé
Les quartiers sont disposés le long de la voie principale tout en évoluant sur les versants de la
vallée du centre ville jusqu’à l’interfluve du côté nord. Nous avons 5 grands quartiers à
Bonoua : Bronoukro, Koumassi, Begnery, Mimbi, Kodjoboué. Du nord jusqu’à la vallée du
centre ville, du quartier Begnery au quartier Koumassi, l’ensemble des quartiers forme un
grand bloque desservi par un réseau de vue parallèle et perpendiculaire qui se coupe à des
angles droits et qui découpe les îlots en formes rectangulaires réguliers. Ce qui donne un
ensemble de plan en damier. Ainsi, les quartiers sont ordonnés et juxtaposés les uns par
rapport aux autres. Le sud abrite le quartier de Koumassi III extension situé sur un interfluve
étroit et dans les fonds de vallée se détachent quelque peu des autres quartiers du sud à cause
de la lagune Kodjoboué. Au sud-Est, se concentrent les quartiers Mimbi, Bronoukro et leurs
extensions situées sur les versants à pentes fortes et dans les fonds de la vallée du centre ville.
A l’extrême sud, le quartier Kodjoboué nouveau quartier en lotissement se situe au sud de la
lagune. Il est presque isolé des autres quartiers du sud à cause de la lagune et de la plantation.
On remarque que la disposition générale des quartiers de Bonoua lui imprime une forme
154
géométrique et cette configuration de ville en plan damier bien que le centre ville, service
administratif suivent la voie principale.
La configuration du site a été intégrée dans l’aménagement du site. Ce qui impose à la ville un
plan damier caractérisé par des rues qui se coupent en angle droit (Photos 2 et 3), ayant les
mêmes largeurs et les mêmes importances. Toutefois, ces rues ont tendance à converger vers
la route principale qui est une voie internationale qui relie Bonoua – Aboisso – Accra.
Photo 2 Photo3
Avec ses limites naturelles, la lagune Kodjoboué au Sud-Est, le fleuve Comoé à l’Ouest, la
zone marécageuse et les plantations de hévéa et d’ananas au Sud-Est, Bonoua est obligée de
s’étendre vers le Nord, l’Est et le Sud.
Les caractéristiques topographiques du site sur lequel est née la ville de Bonoua influence son
organisation spatiale et engendre d’énormes problèmes de développement auxquels est
confrontée la ville.
3.3. Les problèmes de développement de la ville de Bonoua
Ce site, constitué de pentes fortes subit les différentes formes d’érosion qui dégradent les
routes et rendent inaccessibles certains quartiers (Photo 4). La construction sur ce site en
pente nécessite de gros travaux d’aménagement. Ce qui entraine des coûts financiers
importants. La route principale de la ville construite dans le fond de la vallée est très souvent
inondée en cas de forte pluie. Ce qui perturbe le trafic routier urbain et interurbain de la
région. Le talweg situé dans le quartier Begniri subit une forte érosion régressive sur un
155
kilomètre1 (crevasse de 2 à 5 m de profondeur) et met en péril plusieurs habitations et la voirie
(Photo 4). Ce ravinement participe aussi au transport de sable et au comblement rapide du
canal principal.
1
Source : BNETD, document de planification de Bonoua
2
Source mairie
156
Photo 5 : voie en terre rendue Photo 6 : voie bitumée en dégradation
impraticable par l’érosion avec des nids de poule
157
3.3.4. L’approvisionnement en eau potable et en électricité, source de difficultés pour
certaines populations
La ville de Bonoua est alimentée en eau potable à partir de deux forages : un forage de 81
m3/h et un autre de 22 m3/h. le château de la ville a une capacité de 500 m3. Aujourd’hui, ce
volume d’eau est insuffisant pour desservir toute la ville. Les quartiers situés dans certaines
zones à fortes dénivellations connaissent des baisses de pression ou des interruptions de
fourniture d’eau notamment à Mimbi où l’on constate des baisses de pression et des coupures
fréquentes. La capacité de consommation journalière est de 1600 m3/j pour une production
de1500m3/j. Le taux d’abonnement de la ville est de 132 abonnés3 pour 1000 habitants. La
SODECI est le principal opérateur de la ville. A Bonoua, la SODECI éprouve d’énormes
difficultés pour la fourniture d’eau potable à la population. Par conséquent, certaines
personnes, n’ayant pas accès à l’eau potable utilisent l’eau de puits pour la consommation, la
cuisson, les toilettes, surtout pour satisfaire leurs besoins primordiaux quotidiens. Elles sont
exposées à certaines maladies infectieuses. Cette situation touche les nouveaux quartiers qui
sont dépourvus d’équipements d’installation d’eau potable. Cela constitue un obstacle pour
les propriétaires de lots urbains pour leur mise en valeur.
Au niveau de l’électricité, Bonoua est connectée au réseau électrique national. Le taux
d’abonnés est 106‰. Certains quartiers en extension sont mal approvisionnés. D’autres ne le
sont pas. Seuls les anciens quartiers sont bien éclairés mais les équipements sont vétustes.
L’extension du réseau ne suit pas l’évolution de la ville.
3
BNETD : document de planification de la ville de Bonoua
158
originaires des trois premiers quartiers traditionnels de la localité, eu égard aux coutumes,
doivent s’installer dans leur quartier respectif où ils construisent dans les cours familiales.
Ainsi tant que cet accueil dans le quartier d’origine est possible le passage dans un autre
quartier n’est pas envisagé. Plusieurs lotissement ont été réalisés mais demeurent à ce jour peu
occupés ou vides. On constate une proportion importante de maisons inachevées. Aussi, la
forte pression foncière à Abidjan et à Bassam entraine une ruée des acquéreurs vers Bonoua
pour l’achat des terrains lotis, mais ces terrains ne sont pas construits. Ils sont laissés en gel
par les propriétaires dans le but d’une spéculation foncière. Cet état des choses contribue à
l’extension spatiale de la ville faisant apparaitre plusieurs terrains vagues.
Par ailleurs, le site très accidenté nécessite des aménagements dont les coûts élevés ne sont
pas à la portée de tous.
La rareté de logement a des répercutions sur le cadre et les conditions de vie des populations.
L’insuffisance et la cherté de logement oblige certaines personnes à vivre dans la promiscuité
dans les cours familiales. C’est le cas des élèves qui vivent à plusieurs dans une chambre. Ce
qui entraine des échecs scolaires. Quant aux fonctionnaires, certains préfèrent aller se loger
dans les villages environnant tels que Samo, Yahou et à Moossou situé dans la commune de
Grand-Bassam. A Bonoua, les offres de logements sont inférieures à la demande.
Carte 4: Les modes d’occupation du sol à Bonoua
159
3.3.6. Des équipements scolaires et de santé insuffisants
En ce qui concerne les équipements scolaires primaires et secondaires, lors de nos
investigations à Bonoua, nous avons dénombré dix établissements secondaires dont deux
publics et huit privés. La plupart de ces établissements rencontre des problèmes de surcharge
des salles de classe et ils sont, en général, en état de dégradation. Par exemple, nous avons pu
visiter le lycée moderne parce que son portail principal était défectueux et ses sanitaires sont
hors d’usage. Ce qui oblige les élèves à utiliser les broussailles environnantes pour satisfaire
leur besoin d’évacuation des excréta avec tous les risques encourus.
Au niveau du primaire, Bonoua compte plusieurs établissements publics comme privés.
Seulement, les établissements publics sont surchargés et délabrés comme dans les
établissements secondaires. D’une manière générale, les élèves rencontrent des problèmes de
tuteurs, de logements. Ils ont le plus souvent recours aux foyers privés.
En Côte d’Ivoire, la santé publique bénéficie de 4,71% du budget national au lieu de 15%
dans les normes internationales. C’est ce budget qui est reparti entre tous les services de santé
publique du pays. La ville de Bonoua est dotée d’équipements publics et privés. Au niveau
des équipements publics, la ville dispose d’un hôpital général qui se trouve sur l’axe national.
160
Cet hôpital ne bénéficie pas de tous les services et il est sous équipé. Par exemple, il n’y a pas
de bloc opératoire, de service de gynécologie obstétrique et de cabinet dentaire. De ce fait,
pour tous les accouchements difficiles, il faut envisager une évacuation du patient vers
Abidjan. On note parfois des pertes en vie au cours de l’évacuation. Aussi, le personnel
médical est sous représenté dans les différents services existants au sein de l’hôpital. L’hôpital
général compte 11 médecins, 10 infirmiers, 2 pharmaciens, 17 sages-femmes, 2 techniciens de
laboratoire, 1 Préparateur Gestionnaire en Pharmacie, (PGP). Ce personnel est très insuffisant
pour une ville de la taille de Bonoua qui accueille 69 983 habitants (INS, 2014). Les ratios
sont très élevés, soit 6362 habitants pour un médecin et 34 992 habitants pour un technicien
de laboratoire. L’hôpital dispose de 2 ambulances dont une fonctionnelle âgée de 9 ans et
l’autre de 21 ans non fonctionnelle (Photo 10).
Les autorités administratives de l’hôpital jugent que le niveau de santé publique de la ville ne
permet pas de définir un niveau de développement humain honorable. Face aux faiblesses de
l’hôpital général, plusieurs centres de santés privés, disséminés dans la ville sont plus ou
moins homologués. Ce sont des infirmeries privées plus ou moins dotées de personnels
qualifiés qui font les petits soins aux malades. Néanmoins, le centre italien Don Orione est un
établissement privé spécialisé qui joue un rôle social important dans la ville et s’occupe des
handicapés.
A l’instar de toutes les villes de la Côte d’Ivoire, la Mairie de Bonoua se trouve confronter à
d’énormes problèmes de ressources financières. Principal organe du développement de la
161
ville, la Mairie rencontre des problèmes pour la constitution de son budget. En effet, le budget
de la Mairie se constitue à partir de ses ressources propres (recettes fiscales, taxes divers) et
de l’apport de l’Etat à travers une subvention. Dans l’exercice de l’année 2009, le budget
municipal était de 432 millions dont 163 million orientés à l’investissement et 269 millions
pour le fonctionnement. Ce budget est faible par rapport à l’ampleur des problèmes que
rencontre la Mairie. De 2009 à 2016, soit 7 ans le budget n’a pas connu une véritable
augmentation. Le budget conserve à peu près le même montant de l’exercice 2009.
De ce fait, la Mairie initie très peu de projets de développement. Cette insuffisance de
ressources financières ralentit les opérations de fournitures des équipements de base pour les
nouveaux quartiers.
Les problèmes de ressources financières et des investissements ont engendrés une dégradation
des infrastructures et des équipements existants. C’est le constat fait au niveau de la voirie,
des bâtiments du lycée et des écoles primaires publiques. Ensuite les collectes des ordures
ménagères ne sont pas faites dans toute la ville. Cela entraine quelques dépôts sauvages
d’ordures ménagères vecteurs de maladie.
4
AREBO : Association des cadres de la Région de Bonoua
162
Carte 5 : le réseau routier de la ville de Bonoua
3.4. Les actions des autorités locales face aux problèmes de développement
La Mairie poursuit l’action de développement mais dispose de très peu de moyens financiers
et intervient difficilement dans l’action de développement hors mis les taches de ramassage,
de collecte d’ordure ménagère et de curage de caniveaux. A ce niveau, elle rencontre des
difficultés pour couvrir toute la ville. De ce fait, il faut sensibiliser les cadres et la population
de Bonoua qui doivent comprendre la nécessité d’aider les autorités administrative pour
améliorer les conditions de vie des populations. Il faut également Laisser pleinement le sous-
préfet jouir de ses prérogatives afin de soigner l’image de Bonoua vis-à-vis de
l’administration centrale. Ce dernier doit comprendre la place de choix des autorités
traditionnelles pour accompagner l’action administrative dans de développement.
163
Enfin, l’Etat doit accroitre l’aide budgétaire de la Mairie. Le Conseil Régional doit participer
aux actions de développement de la ville de Bonoua en investissant dans certains projets de
développement, surtout les projets d’aménagement du site accidenté qui demande plus de
moyens financiers pour la réalisation des infrastructures et des équipements.
Conclusion
Bonoua, érigée en commune dans les années 1980 connaît un développement remarquable à
travers les activités économiques agricoles surtout aux infrastructures, équipements sanitaires
collectifs présents sur son site. L’étude conclut que le site de Bonoua est un relief peu
contrasté dominé par deux grands plateaux et des vallées qui influencent son organisation
spatial dans la mesure où son plan, son réseau de circulation et son extension spatiale sont
orientés par le site. Ce site, très accidenté est caractérisé par de fortes pentes qui impose un
développement de la ville sur les versants. L’érosion entraine parfois des éboulements de
terrain et favorise le déplacement de la terre qui bouche les caniveaux qui sont de véritables
dangers pour les habitations. La ville connait de nombres problèmes de développement au
niveau de la voirie urbaine, de l’assainissement et de la gestion des ordures ménagères, de
l’approvisionnement en eau potable et en électricité, de l’habitat et du cadre de vie, en
équipement scolaire et de santé, en ressources économiques et financières et de gouvernance
territoriale. Face à ces problèmes, la Mairie qui est la principale structure de développement
n’arrive pas à élaborer de bons plans pour le développement de la ville à cause du manque de
ressources économiques et financières. Les problèmes financiers découlent de la faiblesse du
budget de la ville. Une insuffisance budgétaire qui ne permet pas à la Mairie de satisfaire les
besoins de la population. Malgré leur bonne volonté, les autorités municipales apparaissent
impuissantes face à ces nombreux problèmes. Cette situation expose toute la ville aux
problèmes environnementaux et de dégradation du cadre de vie de la population auxquels les
acteurs urbains développent des stratégies de gestion.
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